16 décembre 2012 – “Scandaleux, choquant…, les ministres outrés

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16 décembre 2012 – “Scandaleux, choquant…, les ministres outrés
POLITIQUE ET SOCIETE
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« Scandaleux, choquant... », les ministres
outrés par la décision de Depardieu
Par Les Echos | 16/12 |
Le ministre du Travail, Michel Sapin, parle de « déchéance personnelle»
après l'annonce de l'acteur de rendre son passeport français. La ministre de
la Culture, Aurélie Filippetti, s'est dite «scandalisée », le ministre des
Relations avec le Parlement, Alain Vidalies, « choqué ».
Aurélie Filippetti « scandalisée » par la décision de Gérard Depardieu. - AFP/ Fred Doubourg
Les réactions se multiplient après la décision de Gérard Depardieu qui, en butte aux critiques sur son
exil fiscal en Belgique, a décidé de rendre son passeport français. S'estimant « injurié » par ces
critiques, il a une lettre ouverte au Premier ministre Jean-Marc Ayrault publiée par le Journal du
dimanche (JDD), dans laquelle il annonce sa décision de rendre passeport français.
« Au-delà de la personnalité, au-delà du talent, c'est une forme de déchéance personnelle que je
trouve dommageable. Je ne dis pas déchéance pour la personne, je dis que c'est une attitude pas à la
hauteur de l'acteur », a déclaré le ministre du Travail, Michel Sapin, dimanche lors du Grand rendezvous Europe 1/iTélé/Le Parisien.
La ministre de la Culture, Aurélie Filippetti, s'est dite « tout à fait scandalisée » sur BFMTV, par la
décision de l'acteur. « La citoyenneté française c'est un honneur, ce sont des droits et des devoirs
aussi, parmi lesquels le fait de pouvoir payer l'impôt. Payer l'impôt dans son pays, participer à l'effort
national face à à la crise économique, c'est un acte de patriotisme ». Selon elle, Gérard Depardieu
« déserte le terrain de bataille en pleine guerre contre la crise », a-t-elle ajouté. « Le Premier ministre
a dit que cet acte était assez minable, mettre en balance le fait de payer un peu plus d'impôts pendant
un an face à la crise économique et de l'autre côté la citoyenneté française qui est un honneur, pour
laquelle des milliers de gens se sont battus », a-t-elle souligné.
Choqué
Alain Vidalies, a pour sa part jugé « très choquants » les propos de l'acteur Gérard Depardieu. Invité
dimanche sur de Radio J, le ministre des Relations avec le Parlement, s'est dit choqué par la phrase de
l'acteur disant: « Nous n'avons plus la même patrie ». « Je pense que quand on aime la France, on (l')
aime sous Sarkozy, (...) sous Hollande, on aime la France tout court. Ce qui est à craindre avec cette
déclaration-là, c'est que ce qu'il aimait dans la France, c'était le bouclier fiscal. Je crois que c'est en
cela que c'est très choquant », a-t-il ajouté.
Le premier secrétaire du parti socialiste, Harlem Désir (PS) a estimé sur France 3 qu' « on ne choisit
pas son passeport en fonction de sa feuille d'impôt ». « Dans un moment de crise, où on demande des
efforts, (..) on attend des grandes personnalités qu'elles soient là, qu'elles restent sur le bateau, ce
n'est pas parce que c'est la tempête qu'on part ailleurs », a déclaré le premier secrétaire du Parti
socialiste . « C'est vrai qu'il y a des efforts qui sont demandés, en particulier aux revenus les plus
élevés, mais tout le monde a à faire des efforts, et je pense que Gérard Depardieu ne sera pas un des
plus malheureux, même après les efforts qui sont demandés », a-t-il poursuivi.
Pression fiscale
Dans un communiqué, Roger-Gérard Schwartzenberg, député, à la tête du groupe des Radicaux de
gauche à l'Assemblée, suggère au gouvernement de retirer sa Légion d'honneur à Gérard Depardieu et
à Bernard Arnault (propriétaire des Echos) . « Préférer son patrimoine à sa patrie, s'exiler pour
échapper à l'impôt (...) apparaissent comme des manquements à la dignité et au civisme. Bernard
Arnault et Gérard Depardieu sont respectivement grand officier et chevalier de la Légion d'honneur.
Selon les articles R89 à R96 du Code de la Légion d'honneur, des sanctions disciplinaires (censure,
suspension, exclusion) +peuvent être prises contre tout membre de l'Ordre qui aura commis un acte
contraire à l'honneur+. Tel est précisément le cas ».
Rama Yade (UDI), ancienne secrétaire d'Etat, vice-présidente du Parti radical s'est interrogée au cours
d' un entretien avec la Radio de la communauté juive. « Je ne suis pas de ceux qui vont l'accabler
(Depardieu, Ndlr) parce que c'est la solution la plus facile (...) Est-ce qu'on a intérêt à ce que ceux qui
ont de l'argent partent? Est-ce que la France a intérêt à ça? Non, tout le monde dira non. (...) La
question qu'il faut vraiment se poser au-delà du +pourquoi il part+, c'est peut-être comment on fait
pour éviter que d'autres partent? »
Yves Pozzo di Borgo, sénateur (UDI-UC), conseiller de Paris, se dit lui aussi « choqué »... mais par les
propos des membres du gouvernement qui s'en sont pris à l'acteur : « A quel titre MM. Ayrault et Sapin
et Mme Filippetti qui vivent depuis le début de leur carrière de l'argent de l'Etat, comme
fonctionnaires ou élus, peuvent critiquer un artiste et un chef d'entreprise emblématique de la réussite
et de la culture française, eux qui ne sont pour le moment que les gestionnaires d'un chômage qui ne
fait que s'étendre ? ». Selon lui, le gouvernement « ferait mieux de s'inquiéter de la fuite des jeunes
diplômés ou des entrepreneurs français aux Etats-Unis, au Canada ou ailleurs, que d'injurier un
grand acteur qui devant la pression fiscale stupide de ce gouvernement a voulu montrer que la
situation en Europe n'était pas partout comparable à celle de la France ».
LES ECHOS

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