Biladi n°685

Transcription

Biladi n°685
Yahya Ould Ahmed El Waqf à Biladi
N° 685 du 05 Décembre 2012 - hebdomadaire d’informations générales
B’IL A DIT
Prix : 200 UM
Trois balles
et un entêtement…
Il est resté parmi nous, pendant six jours,
après son retour de sa quarantaine parisienne. Il a dit, et redit, lui aussi, des tas
de choses. A Messaoud Ould Boulkheïr,
le président de l’assemblée nationale, président de l’alliance populaire progressiste,
initiateur de la Convergence pour une Alternance Pacifique, Mohamed Ould Abdel
a révélé quelques confidences sur ses
blessures, sur le nombre de balles, qu’il a
reçues, dans son organisme, en Mauritanie, par erreur, de la part d’un officier de
son armée, sur le nombre et d’opérations
subies à Percy, à Paris. Lire en page 4
B’IL A DIT
Appel, à concurrences,
aux vendettas…
De l’interview qu’il a accordée à nos
confrères de la presse privée, le président
de la République a, peut-être, souhaité
faire passer un message. ‘’Ecoutez raconteuses, raconteurs et analystes, il n’y
a qu’un seul Mohamed Ould Abdel Aziz.
Lire en page 4
LITTÉRATURE /NOUVELLE
Le blé qui tombe…
C’est la Journée de fête, dans ce petit
quartier excentré de la ville. Où les demeures se résument à des baraques, faites
de bois récupéré. La journée du blé.
Hanna se lève difficilement. Elle fait un
pas, deux pas, se masse le dos, étire ses
bras, pour mieux réfléchir, peut-être, à la
besogne qui l’attendait.
Lire en page 6
“Seule, aujourd’hui, l’initiative de Messaoud peut nous délivrer de ce cercle infernal...”
M
ÉDITO
essaoud Ould Boulkheïr, leader bien aimé
au sein de sa communauté et personnage
central du jeu politique, dans notre pays,
depuis un peu plus de deux décennies, a certainement le profil du pacificateur. Ce qui l’autorise à
tenter de rapprocher les deux camps qui se regardent en chiens de faïence depuis quelques années.
Le vieux militant de la cause harratine, connu dans
le passé par sa fougue et son verbe acerbe à l’égard
du pouvoir de Ould Taya, dont il fut pourtant ministre, a été rattrapé par l’âge et sans nul doute par
l’expérience. Et s’est bien assagi, à tel point qu’il
met en garde contre l’extrémisme et ne cesse d’appeler ses partenaires politiques à s’asseoir sur la
table de négociations afin d’éviter au pays la catastrophe. Aujourd’hui, il appelle à la mise sur pied
d’un gouvernement d’union nationale chargé de
gérer les prochaines élections, toujours annoncées
pour imminentes, depuis au moins deux années,
mais qui n’arrivent jamais à être tenues. C’est
presque l’unique point de sa fameuse initiative que
personne, à la majorité et à l’opposition, ne rejette
catégoriquement, ni la soutient.
Le chef de l’Etat déclare publiquement aux autres
qu’il n’y a pas lieu de songer à la formation d’un
gouvernement d’union nationale parce qu’il dispose d’une majorité qualifiée au parlement, ce qui
lui donne la latitude de gouverner sans avoir besoin
de l’apport des autres. En aparté, il tient un autre
langage à Messaoud en soutenant qu’il répondra à
son initiative dès son retour de France dans ‘’cinq
jours, dix jours ou deux semaines…’’.
Le président de l’Assemblée nationale semble bien
croire à la bonne foi du président ; et est loin de
penser que son interlocuteur chercherait uniquement à gagner du temps. Mais ce qu’il ne sait pas,
c’est qu’il parait qu’il compose avec Boidiel pour
lui faire avaler la pilule, avec le temps.
Même stratégie de l’autre bord de l’échiquier où la
COD, sans rejeter ouvertement les propositions de
Messaoud, a lancé sa propre initiative et est allée
rencontrer certains membres de la majorité présidentielle en plus des partis de la coalition pour une
alternance pacifique (CAP), les quelque partis amis
de Messaoud. Ce qui a provoqué l’ire de ce dernier.
Une colère qui plait si bien le pouvoir qu’il essaie
d’exploiter, par personnes interposées, afin de
gâter définitivement les rapports entre lui et ses
anciens compagnons. Et de convaincre Messaoud
d’aller avec le pouvoir pour organiser des élections
sans les partis de la COD. En contrepartie, on
pourrait empêcher les transfuges de l’APP de créer
leur formation politique… Si cela arrive à se
confirmer, il risque de ne pas arranger les affaires
du leader harratine dans le secret des urnes.
Hebdomadaire d’informations
et d’analyses
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eme
N° 685 du 05 décembre 2012
2
INSOLITES
INSOLITES
Un siècle après,
sur les traces de Shackelton
SYDNEY (Reuters) - Une équipe d'aventuriers britanniques
et australiens s'apprête à revivre le voyage épique entrepris
par Ernest Shackelton après l'échec de sa tentative pour atteindre le pôle Sud en 1914.
Pris dans les glaces, l'Endurance, bateau de l'explorateur britannique, a fini par se briser, et l'aventure dans laquelle il
s'est lancé pour aller chercher des secours est considérée
comme l'un des plus grands exploits jamais réalisés dans le
domaine de la survie.
Avec quelques membres de l'équipage, Ernest Shackelton
s'est embarqué à bord d'un canot de sauvetage pour effectuer
1.287 km à la rame, de l'île de l'Eléphant à la Géorgie du
Sud, où il connaissait l'existence d'une station baleinière. La
traversée suivie d'une longue marche à travers les montagnes
et les glaciers de Géorgie du Sud leur prit deux ans.
Le scientifique australien Tim Jarvis et son équipe entendent
rééditer l'exploit avec une réplique du canot de Shackelton
et un équipement similaire.
Ils se lanceront donc début janvier sur les eaux glacées de
l'Antarctique à bord de cette embarcation de 6,85 mètres dépourvue de quille, qu'il se sont entraînés à redresser en cas
de chavirage.
Notre nez nous trahit
vraiment quand on ment
Deux chercheurs espagnols en Psychologie expérimentale
de l’université de Grenade ont mis en images l’Effet Pinocchio (et pas que) grâce à la thermographie. Explications.
Pinocchio, personnage inventé par l'écrivain italien Carlo
Collodi au XIXème siècle, ne se résume pas qu'à la littérature. Le prénom de la marionnette qui devient un petit garçon à la fin de l'histoire sert aussi dans le champ médical.
Après le Complexe de Pinocchio et le Syndrome de Pinocchio, voici l'Effet Pinocchio.
"Quand quelqu'un danse le Flamenco, la température intérieure des fesses augmente et se propage ensuite dans les
avant-bras. Il s'agit de l'empreinte thermique du Flamenco et
toutes les danses en ont une qui leur est propre." L'auteur de
cette tirade est Elvira Salazar López, chercheur à l'université
de Grenade en Espagne. Elle a livré récemment avec son
confrère Emilio Gômez Milán des résultats de travaux sur
les empruntes thermiques.
Différentes parties du corps humain ont été passées au crible.
Grâce à un thermographe, ils ont même mis en images le fameux Effet Pinocchio. Il a été constaté que lorsqu'une personne ment, son nez gonfle (à défaut de s'allonger) et sa
température augmente par la même. Phénomène également
constatée si la personne est plongée dans une situation
anxiogène. La température augmente ou baisse en fonction
de l'humeur. Autre morceau de choix : les deux chercheurs
peuvent aussi détecter le désir et l'excitation sexuelle. Peutêtre plus précis que le Love Computer des Sous-doués en
vacances, Salazar et Gômez avancent qu'une montée de libido se traduit par une augmentation de la température dans
les parties génitales et la poitrine. A quand des thermographes portables en vente dans le commerce ?
Ce journaliste de Moto Journal
a fini dans le port avec sa moto !
Confiant, un motard roule dans une zone portuaire sans se
soucier du danger d'une éventuelle perte de contrôle de
son véhicule. Et pourtant, il aurait dû se montrer moins
tranquille ! Cet homme roule en moto dans une zone portuaire sans être conscient de ce que la perte du contrôle de
son véhicule peut engendrer. En l'espace de quelques secondes c'est le drame !
Si des accidents stupides existent, il semblerait que celuici dépasse toute attente. En effet, en l'espace de quelques
secondes, ce journaliste de Moto Journal en plein test
perd le contrôle de sa moto, une Yamaha FJR 1300. Roulant au bord de l'eau, sa perte de contrôle le fait donc
plonger tête la première dans une embarcation dans le
port de Saint Martin en Ré, une petite commune de moins
de 3 000 habitants de l'Ouest de la France.
Si cette vidéo ne promeut pas réellement le véhicule, il
faut avouer qu'elle n'en reste pas moins très comique, en
espérant que nos confrères étaient bien assurés... Découvrez la séquence dans la vidéo ci-dessus.
Ils se jettent dans le plus
gros tas de feuilles du monde
Qui dit automne, dit aussi feuilles mortes. Quoi de mieux
pour permettre à des casse-cous de s'amuser comme des
fous en sautant dans un gros tas de feuilles destiné à
amortir leur chute depuis le toit d'une maison.
Haut de 5 mètres et faisant une circonférence de plus de
18 mètres de large, ce gros tas de feuilles mortes a dernièrement été constitué par une bande d'amis qui voulaient
s'amuser à sauter dedans. Oui, mais pas de n'importe
quelle manière puisqu'ils ont tout simplement eu l'idée de
s'élancer... depuis le toit de la maison!
Après avoir fait venir un plein semi-remorque contenant
plus de 1000 gros sacs de feuilles mortes, ces jeunes gens
en ont constitué un énorme tas pour par la suite faire le
grand saut dedans. Filmant leurs exploits à l'aide de caméras HD embarquées, ces casse-cous nous invitent à
partager leurs chutes et autres plongeons dans les feuilles
mortes, le tout sans jamais se faire mal. Normal lorsque
l'on voit le tas en question et les milliers de feuilles qui le
composent!
Quand les caméras de surveillance
filment le meilleur du quotidien
Très souvent utilisées pour surveiller le trafic ou garder
un oeil sur les agressions et les vols, il arrive aussi parfois
que les caméras de surveillance enregistrent les belles actions réalisées par nos concitoyens. À tous ceux qui se
plaignent ou regrettent parfois de voir de plus en plus de
caméras de surveillance investir notre espace quotidien,
voilà une très jolie vidéo qui va les réconcilier avec cet
objet de contrôle. Car loin d'être uniquement les instruments de prédilection de Big Brother, les caméras de surveillance de cette vidéo ont eu la charge d'enregistrer ici
non pas les agressions et les vols à la sauvette, mais plutôt
les belles actions du quotidien. De jolis gestes réalisés
par d'honnêtes citoyens, soucieux de vivre en harmonie
avec leurs semblables. Solidarité, entraide, amour, partage, don de soi... Les bonnes actions ici ne manquent pas
dans ce très joli spot en réalité réalisé pour Coca-Cola.
L’Association des Amis de Habib Ould Mahfoudh prie les lecteurs
qui détiendraient les éditions suivantes des Journaux Le Calame : 52, Mauritanie
Demain: 18 , Al Bayane: 7 - 12 - 66, de bien vouloir les signaler
à la direction du journal.
Merci
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À LA UNE
YAHYA OULD AHMED EL WAQF À BILADI
“Seule, aujourd’hui, l’initiative de Messaoud peut nous délivrer de ce cercle infernal...”
Yahya Ould Ahmed EL Waqf ( Y.O.A.W),
ancien et dernier Premier ministre sous Sidi
Mohamed Ould Cheikh Abdallahi, déposés,
tous les deux, par le général Aziz, le 06 août
2008, président de l’ancêtre de l’UPR, ADIL.
Formation politique qu’il continue de diriger.
Et qui a rejoint la majorité présidentielle
à la fin de l’année 2011. Une alliance qui ne fait
pas entendre la voix de cette formation. Dont
la voix demeure inaudible ou presque. Floue,
tellement, floue qu’on peine à situer
une formation dont le président ce réclame
toujours de la majorité. Ould Ahmed El Waqf
revient sur son parcours d’opposant au régime
en place à son intégration à la majorité
présidentielle dans l’interview que voici :
Biladi : Où se situe Adil sur l’échiquier politique national? Il n’est plus à l’opposition, pas totalement à la majorité. Où est-il votre parti, Mr le président ?
Yahya O. Waghf : Le parti de ADIL est un parti de la
majorité. Il a rejoint la majorité sur la base d’un accord
politique qui prévoit un dialogue entre le pouvoir et l’opposition et qui doit conduire à des réformes politiques
consensuelles et à l’organisation d’élections libres et
transparentes auxquelles participeront tous les partis politiques. Nous avions pensé, au moment où nous étions à
la COD, que l’opposition ne faisait pas assez pour favoriser ce dialogue. Cependant, nous nous sommes rendu
compte, une fois à la majorité, que le pouvoir, de son côté,
ne fournit aucun effort pour mettre en œuvre notre accord
politique.
C’est cette situation qui fait que certains ont du mal à
comprendre notre discours politique. Pendant que nous
étions à la COD, notre discours était nuancé, voire critique, vis-à-vis de l’opposition. Quand nous avons rejoint
la majorité, notre discours est devenu critique vis-à-vis
du pouvoir. Il n’est pas courant dans notre pays de voir
des partis de la majorité qui ont leurs propres positions et
qui peuvent prendre des distances vis-à-vis du discours
officiel. Mais pour notre part, nous avons choisi d’exprimer librement nos opinions. Seul l’intérêt du pays compte
pour nous. Nous partageons certaines idées de la majorité.
Nous partageons aussi certaines idées de l’opposition.
Biladi : Depuis quelque temps, on vous voit sur beaucoup de fronts : avec des personnalités, des syndicats,
des ONGS, des partis politiques de la majorité ou de
l’opposition dialoguiste. Qu’est-ce qui vous agite et où
voulez-vous en venir ?
YOG : Pour bien faire comprendre les démarches et
contacts que nous avons entrepris depuis le début de l’année 2012, je suis obligé de revenir un peu en arrière pour
avoir une vue d’ensemble. Nous avons rejoint la majorité
au mois de décembre 2010. Dans un premier temps, nous
nous sommes attelés à expliquer à nos nouveaux partenaires notre conception de la situation politique et ce que
nous attendons d’eux. Nous pensons que les élections de
juillet 2009 n’ont pas réglé le conflit politique. C’est dans
cet esprit que l’accord de Dakar avait prévu la continuation du dialogue pour trouver des solutions aux problèmes
structurels. Depuis ces élections, le pays a connu un recul
au niveau du fonctionnement des institutions et une
concentration des pouvoirs sans précédent. Pour nous, la
responsabilité première revient à la majorité. C’est au Président de la République de prendre l’initiative et
d’entreprendre toutes les démarches possibles pour que ce dialogue ait lieu. Nous
avons continué ce débat au sein de la majorité et nous avons constaté que certains
partis partageaient notre démarche pour
l’apaisement de la situation politique et
l’introduction de véritables réformes, de
nature à nous sortir de cette situation. Ils
partageaient avec nous le danger que
présente le pouvoir personnel pour la
démocratie et le risque que constitue
pour notre pays, le bras de fer entre les
deux camps politiques.
Nous avons accueilli avec enthousiasme
l’appel au dialogue lancé par le Président
et les premiers contacts pour la définition
du format de ce dialogue. Nous pensions
que deux des conditions préalables posées par la COD étaient recevables. Il
s’agissait de l’ouverture des médias publics et l’autorisation des manifestations pacifiques. Le
Gouvernement devait nécessairement accéder à ces deux
doléances qui constituent par ailleurs des droits garantis
par la Constitution. Pour le reste des conditions, on n’est
pas loin des soupçons de mauvaise volonté. Aucun des
protagonistes n’était, de notre point de vue, irréprochable.
Rien n’empêchait l’opposition d’aller vers ce dialogue et
d’inscrire ces questions en priorité au niveau de son ordre
du jour. Son attitude peut être perçue comme une intransigeance peu constructive et de nature à crédibiliser les
thèses de ceux qui la qualifient d’extrémiste. Le printemps arabe est certainement passé par là. Le pouvoir qui
est le premier concerné par l’apaisement, était resté peu
conciliant et bien plus intéressé par la division de l’opposition que par le dialogue. Il n’échappait à personne, surtout au pouvoir, que l’opposition était divisée sur les
conditions minimales de participation au dialogue. Les
concessions du pouvoir ont juste ciblé la ligne de partage
des deux composantes de l’opposition. L’ouverture était
beaucoup plus tactique que stratégique. Le printemps
arabe est certainement passé par là.
vantage de radicalisation en appelant au départ du Président de la République. Elle s’est mobilisée pour organiser
des manifestations qui présentaient un véritable risque de
déstabilisation du pays.
C’est désormais la confrontation entre deux camps qui ne
donnent aucun signe d’apaisement.
Ce bras de fer se déroulait dans un contexte difficile aussi
bien au niveau national qu’au niveau régional. Le pays
faisait face à une des plus graves sécheresses qu’il a
connu ces dernières années et à une crise économique et
sociale caractérisée par des niveaux de chômage insupportables et une flambée des prix sans précédent. Le calendrier électoral ne pouvait pas être respecté, en raison
du retard de l’enrôlement au niveau de l’état civil. Le
mandat du parlement avait été prorogé dans des conditions à la limite de la légalité et non consensuelles. La
crise du Mali venait d’éclater, avec tous les risques de déstabilisation qu’elle présente pour notre pays. Le Sénégal
faisait lui aussi face à une crise politique qui menaçait sa
stabilité et donc celle de toute la sous région. Au Maghreb, le printemps arabe a déjà donné lieu à la révolution
tunisienne et les autres pays connaissaient des mouve-
Seule, aujourd’hui, l’initiative de Messaoud peut nous délivrer de ce cercle infernal et éviter des tempêtes
pouvant constituer des risques graves pour le pays...
Biladi : Pourquoi avez-vous participé à ce dialogue qui ments populaires, parfois violents.
n’est pas consensuel ?
YOW : Malgré le refus de la COD de participer au dia- Le contexte que je viens de vous décrire nous inquiétait.
logue, nous avons pensé qu’il pourra contribuer à apaiser Nous sommes conscients de la fragilité de notre pays et de
la situation. Nous espérions qu’il pouvait parvenir à des la faiblesse de l’Etat. Un mouvement populaire violent
réformes de nature à mettre tout le monde en confiance, constitue une véritable menace pour le pays. C’est pourmême ceux qui l’ont boycotté. Nous avons accompagné quoi au niveau de ADIL, nous avons pris l’initiative, en
ce dialogue et considérons que ses résultats constituent janvier 2012, d’inviter tous les acteurs politiques à débatune avancée notable au niveau du système électoral. Il tre de l’avenir du pays et des défis auxquels il faisait face.
était néanmoins regrettable que certaines questions pri- Nous avions réussi à rassembler toutes les parties qui ont
mordiales, comme les équilibres entre les pouvoirs exécu- discuté dans une atmosphère cordiale. Nous avions
tif, législatif et judiciaire et au sein même du pouvoir conclu ce débat par un appel à toutes les parties pour le
respect du mandat constitutionnel du Président de la Réexécutif, n’ont pas connu d’avancées significatives.
Au lieu de contribuer à l’apaisement recherché, le dia- publique et pour l’organisation d’un nouveau dialogue inlogue a creusé le fossé entre les différents protagonistes, cluant la COD. Parallèlement, nous avons entamé des
particulièrement entre les deux groupes de l’opposition. discussions avec certains partis de la majorité pour une
Les parties au dialogue considèrent que la voie est désor- position commune par rapport à ce contexte politique.
mais ouverte pour organiser les élections avec ou sans la Avec deux partis de cette majorité, le Renouveau DémoCOD. Cette dernière franchit un nouveau pas vers da- cratique (RD) et le Mouvement Pour
Suite en page 5 et 8
N° 685 du 05 décembre 2012
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ACTUALITÉ
B’ il a dit
parmi nous, pendant six jours, après son retour de sa quarantaine parisienne. Il a dit, et redit, lui aussi, des tas de
choses. Au président, aussi, on dit et redit des tas de
Trois balles et un entêtement…
choses. Boidiel Ould Hoummeïd lui a dit de ces choses.
Pour Ould Hoummeid, les choses sont claires. Il n’y a pas
B’il a dit et redit
lieu, dira-t-il, au président de la République d’associer
des tas de
quiconque. Il ne faut surtout pas accorder un intérêt à
choses sur la
l’initiative de Messaoud. Il faudrait, peut-être, selon Boisérie présidendiel, accorder d’autres concessions à Ould Boulkheïr,
tielle. B’il dira
mais pas un second dialogue, ni une intention d’ouverture
et redira des tas
envers les opposants radicaux. Les récentes mesures,
de choses sur
prises dans le conseil des ministres, inscrites, déjà, dans
cette série. Le
le cadre du dialogue national précédent, versent justement
président est redans cette veine. Les conseils d’Ould Hoummeid, visant
tourné
en
à ménager Ould Boulkheïr, en maintenant l’opposition raFrance. Il est
dicale à l’écart, ont été, visiblement, bien entendus. C’est
resté
parmi
à la lumière de ces conseils que le nouveau parti, transnous, pendant
fuge de l’APP, Mohamed Ould Bourbouss et ses amis,
six jours, après
même s’il a déjà obtenu un récépissé, est jugé, par le préson retour de sa
sident de la République, s’appuyant sur l’appréciation de
quarantaine parisienne. Il a dit, et redit, lui aussi, des tas de choses. A son ministre de l’intérieur, grand connaisseur des lois et
Messaoud Ould Boulkheïr, le président de l’assemblée ses esprits, illégal et n’a aucun droit. On ménage Mesnationale, président de l’alliance populaire progressiste, saoud. L'initiative devrait attendre.
initiateur de la Convergence pour une Alternance Pacifique, Mohamed Ould Abdel a révélé quelques confidences sur ses blessures, sur le nombre de balles, qu’il a
Un nouveau cap pour la C.A.P ?
reçues, dans son organisme, en Mauritanie, par erreur, de
la part d’un officier de son armée, sur le nombre et d’opé- B’il a dit et redit
rations subies à Percy , à Paris. Les balles étaient, au des tas de choses
moins trois. Une a touché le poumon. Une a frôlé le rein. sur la série présiEt, la troisième a affecté les intestins. Les opérations chi- dentielle.
B’il
rurgicales, à Percy, étaient au nombre de deux.
dira et redira des
Après la santé, Messaoud a rappelé au président son pro- tas de choses sur
jet d’initiative politique. En bon allié, Ould Boulkheïr cette série. Le
s’attendait, peut-être, à une entière adhésion et disponibi- président est relité, sans équivoques, de la part d’Aziz. Aziz, pour lequel tourné en France.
il a décidé de surseoir aux discussions relatives à son ini- Il est resté parmi
tiative politique, en attendant son retour guéri et en bonne nous, pendant six
forme. Aziz auquel, il a téléphoné, pour, par la suite, ras- jours, après son
surer les Mauritaniens, perdus dans des nuages de ru- retour de sa quameurs et de contre rumeurs indescriptibles, de rantaine
paril’amélioration notable de son état de santé. Pour le com- sienne. Il a dit, et
mun des mortels, les reconnaissants, parmi eux, bien en- redit, lui aussi, des tas de choses. D’autres, aussi, ont dit
tendu, le retour serait des plus positifs.
et redit des tas de choses. Messaoud, toujours. Il dit des
C’est assuré. Or, pour Ould Abdel Aziz, l’initiative de choses. Maintenant, il les dits à propos de la coordination
Messaoud n’est pas une priorité du moment. Et, Mes- de l’opposition démocratique. Qui l’énerve et l’irrite et la
saoud devra encore attendre le second retour de France. trouve peu coopérative. Elle essaie, de lui porter ombrage,
Mais, entretemps, Aziz donne son verdict. Au cours de en proposant une autre initiative. Elle lui fait le coup. A
son interview, la veille de son départ, il a écarté toute lui. Un couteau dans son dos, lui, qui s’est employé à élaréventualité de gouvernement d’union nationale. Un gou- gir le débat pour qu’elle soit associée, dans le cadre de sa
vernement d’union nationale, qui est, on le sait, la résolu- nouvelle initiative. Il est remonté contre elle. Et, il l’a dit.
tion maîtresse de l’initiative de Messaoud.
Il a même dit qu’il ne s’empêcherait pas de nouer avec
On ne sait pas si, pour Ould Abdel Aziz, le fait de donner Mohamed Ould Abdel Aziz des relations plus solides,
tous ces détails sur les balles et leurs trajectoires, dans dans l’avenir, si celui-ci allait lui faire une proposition
son organisme, ne serait pas un peu une manière de dévier politique honorable. Il n’est pas à exclure que la Converla trajectoire de l’initiative de Messaoud. Trois balles et gence pour une Alternance Pacifique (C.A.P) prendrait,
un enterrement de l’initiative, en quelque sorte. Trois dans ce cas, un nouveau cap.
balles et un entêtement…
B’...
B’...
Boidiel, le nouveau conseiller d’Aziz
B’il a dit et redit
des tas de choses
sur la série présidentielle. B’il dira
et redira des tas de
choses sur cette
série. Le président
est retourné en
France. Il est resté
N° 685 du 05 décembre 2012
B’...
B’...
Appel, à concurrences, aux vendettas…
B’il a dit et redit des tas de choses sur la série présidentielle. B’il dira et redira des tas de choses sur cette série.
Le président est retourné en France. Il est resté parmi
nous, pendant six jours, après son retour de sa quarantaine
parisienne. Il a dit, et redit, lui aussi, des tas de choses.
Aux journalistes de la presse écrite, il a dit et redit des tas
des choses.
De l’interview qu’il a accordée à nos confrères de la
presse privée, le président de la République a, peut-être,
souhaité faire passer un message. ‘’Ecoutez raconteuses,
raconteurs et analystes, il n’y a qu’un seul Mohamed
Ould Abdel Aziz. Il n’y en a pas deux, ni trois. Et, il n’y
en aura pas deux, ni trois. Je suis le même d’avant le 13
octobre et après.’’ Que des milliers de balles aient traversé, par erreur, ou préméditation, mon organisme en
long et en large, Toueilà, ou ailleurs, dans n’importe quel
endroit, l’endroit que vous aimeriez, le plus, voyons, je
ne changerai pas, je ne fléchirai pas. Je continuerai à vous
mépriser copieusement. A vous ignorer, indéfiniment,
vous et vos dires.
Mohamed Ould Abdel Aziz n’a pas pu s’empêcher, au
cours de cette interview, d’aller un peu très loin. Il s’est
un peu oublier, en quelque sorte. Oublier qu’il est le président de la République. Le président de tous les Mauritaniens. Enfin, bref, on l’espère, on l’espérait. A la
question relative à l’agression dont a été victime Jemil
Mansour, Mohamed Ould Abdel Aziz s’est un trop éloigné de la posture présidentielle. Il a minimisé les attaques
contre Ould Mansour. Des agressions morales, disait-il !
J’en subies, à toutes les heures de la journée. Tant que ce
n’est pas physique, une agression, allez-y, chers compatriotes, jetez-vous l’anathème et l’opprobre, autant que
vous le voulez. Sur l’agression du journaliste Ould Wadia,
il disait, tout simplement que ce sont les risques du métier.
C’est un peu dire, aux Mauritaniens, aux journalistes, en
particuliers, attentions, vous êtes dans une situation de
guerre. Vous êtes sur le front. Ecrivez, mais sachez, qu’il
y a toujours un risque de représailles. Assumez-en les
conséquences. Etait-il, vraiment, en ce moment, dans la
peau du président de la République.
Celle, la peau, qui a réagi, qui s’est exprimée, l’autre
soir, à ces deux questions, était plus celle d’un chef de
clan, un chef tribal, au mieux… L’opinion en a tout
simplement retenu un appel, à concurrences, en plus,
aux vendettas…
B’...
Autant de pierres, autant d’inaugurations…
Dans son discours, à l’occasion du 52ème anniversaire de
l’indépendance nationale, le président de la République,
Mohamed Ould Abdel Aziz, parlant des réalisations impressionnantes, qu’il a faites aux Mauritaniens, et qu’ils
ne pourront, jamais, payer, même s’ils devaient vivre
aussi longtemps qu’allait vivre leur pays, a dit des choses
et des choses, qu’il a toujours dites. Parmi ses réalisations,
il a mentionné les états généraux de l’éducation nationale,
tenus, disait-il, dans l’année écoulée. Bien sûr, pendant
l’année écoulée, il n’y pas eu d’états généraux de l’éducation nationale. Comme, il n’y a pas de l’eau potable à
Maghtaa Lahjar.
Cela n’a pas empêché le premier magistrat du pays de dire
des réalisations jamais réalisées. Mais, il faut dire que cela
se comprend un peu. On est un peu habitué à voir s’inaugurer des ouvrages, inaugurés, pour la seconde fois, pour
la troisième fois et même a quatrième fois. On a même
vu l’inauguration des idées.
On mobilise le président de la République, on le déplace,
un tintamarre, télévisions, radions, médias, et on vient
faire la pose d’une idée, la première pierre d’une idée. A
la seconde pierre, on pourrait bien revenir inaugurer. Puis,
la troisième, puis la quatrième. Autant de pierres, autant
d’inauguration pour paraphraser Samuel Beckett. L’absurde est bien parmi nous. Tout le décor est là. Les
pierres. A inaugurer, une à une. On y est. On accompagne Molloy. Les pierres on les a vues. La reptation.
On la voit chaque jour. On est dans l’absurde. Moins le
talent becketien…
B’...
5
INTERVIEW
ACTUALITÉ
Yahya Ould Ahmed El Waqf à Biladi
la Refondation (MPR), nous avons constitué une alliance
politique au sein de la majorité, la Convergence Patriotique, lancé un appel pour un dialogue renforcé et
confirmé notre attachement au respect de la constitution.
Bialdi : Et vos contacts avec la société civile ?
YOW : Dans un contexte de crise politique grave, la société civile peut jouer un rôle important, étant donné sa
neutralité par rapport aux acteurs politiques. C’est dans
ce cadre que je me suis concerté avec d’éminentes personnalités nationales, dont certains dirigeants de ADIL,
pour constituer une initiative visant le règlement de la
crise politique. Cette initiative a été coordonnée par son
Excellence, Monsieur Cheikh Sidahmed Ould Baba
Mine, connu pour son indépendance et sa modération. Il
a dirigé, à la satisfaction de tous, d’importantes institutions nationales, civiles et militaires, dont la CENI, en
2006-2007. L’Initiative, « Appel pour la Patrie », a pris
contact avec l’ensemble des protagonistes et a proposé
une sortie de crise basée sur un dialogue inclusif et la
mise en place d’un gouvernement consensuel pour superviser des élections législatives et municipales avec la participation de toutes les parties.
Au même moment, le Président de l’Assemblée Nationale, Messaoud Ould Boulkheir, annonçait une nouvelle
initiative qui va dans le même sens. ADIL, la Convergence Patriotique et l’Initiative « Appel pour la Patrie »
ont salué le courage du Président Messaoud et ont décidé
d’apporter leur appui à son initiative. C’est pour élargir la
base de soutien à cette initiative que nous avons pris
contact avec un large pan de la société civile (le collectif
des ONGs, l’Association des Maires de Mauritanie, le
collectif des syndicats, les partis politiques, etc.) qui a
confirmé son appui à l’initiative du Président Messaoud.
Petite annonce
Hadja Okiki
Tradi praticienne confirmée
Adresse : 6 ème arrondissement près de la mos-
quée du Qatar, en allant vers le marché du 6 ème
arrondissement soigne de nombreuses maladies.
Tél: 36 17 02 00
Cette initiative bénéficie aujourd’hui d’un large soutien
au niveau du pays.
Notre démarche se caractérise par sa cohérence et sa persévérance. Nous avons opté pour le dialogue et la recherche du consensus. Nous pensons que toute démarche
exclusive risque de constituer une menace de déstabilisation et ne peut en aucun cas régler le problème politique.
Tout ce que nous avons fait depuis 2009 va dans ce sens.
Nous avions quitté l’opposition sur la base d’un accord
qui engage le pouvoir à initier certaines réformes politiques consensuelles à partir d’un dialogue inclusif. Nous
continuons, dans le cadre de la majorité, d’œuvrer pour ce
consensus et pour le règlement de la crise politique. Nous
avons suscité ou appuyé toutes les initiatives qui vont
dans le sens de l’apaisement et qui contribuent à rapprocher les protagonistes, au risque chaque fois de contrarier
Suite de la page 3
transparentes.
Bialdi : Qu’en est-il de l’état de vos relations avec la
majorité, surtout son chef, le président Aziz ?
YOW : Nous entretenons de bonnes relations avec la plupart des partis de la majorité, en particulier, le parti majoritaire, l’UPR. Les rapports du Président de la
République avec les partis de sa majorité ne sont pas des
rapports de collaboration et de partenariat. Les contacts
sont très espacés et formels. Je n’exclue pas que les démarches que j’ai exposées plus haut lui soient présentées,
un peu à l’envers.
Bialdi : Comment
jourd’hui ?
jugez-vous l’état du pays, au-
YOW : Je pense qu’il y a des résultats appréciables qui
ont été réalisés ou en
cours de réalisation au
Seule aujourd’hui, l’initiative de Messaoud peut nous délivrer de ce cercle infernal et éviter des tempêtes pouvant constituer des risques graves niveau de l’armée et des
forces de sécurité, des
pour le pays.
infrastructures (énergie,
notre camp.
eau et routes) et de la gestion macroéconomique (équiliNous continuons à penser que la démarche de la COD et
bres internes et externes). Tous les autres secteurs ont
celle du pouvoir nous conduisent tout droit vers l’inconnu malheureusement un fort déclin. L’administration
connu. Seule aujourd’hui, l’initiative de Messaoud peut
a été déstructurée, l’Etat de droit a fortement reculé, les
nous délivrer de ce cercle infernal et éviter des tempêtes
procédures sont inexistantes et celles qui existent sont bapouvant constituer des risques graves pour le pays. Le
fouées, le clientélisme a atteint son paroxysme, le pouvoir
principal objectif de cette initiative est la cogestion du
personnel s’est renforcé, le contrôle parlementaire est
processus électoral et la garantie de neutralité de l’admiinexistant (aucune commission d’enquête ni de proposinistration. Nous ne devons pas oublier les conditions dans
tion de loi depuis 2009), les budgets approuvés par le Parlesquelles les élections présidentielles de 2009 ont été orlement ne sont pas respectés (depuis 2008, les budgets
ganisées. Nous avons tous observé l’accueil présidentiel
rectificatifs sont la règle et n’ont rien à voir avec les buddu 24 novembre 2012 et pouvons noter qu’une telle admigets initiaux), les adversaires politiques
nistration ne peut pas organiser des élections libres et
Suite en page 8
sont muselés, etc.
WWW.Beyrouk.Com
C’EST LE NOUVEAU SITE
QUE VIENT DE LANCER
NOTRE CONFRERE Mbareck Ould Beyrouk et qui est
consacré exclusivement à la
culture. Il s’agissait d’abord,
a-t-il dit, « d’un site d’auteur
destiné avant tout à me présenter, à présenter mes œuvres
et mes activités Mais j’ai vite
décidé d’en faire une vitrine
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rapport au monde »
On y retrouvera une rubrique
quotidienne et des articles de
haut niveau écrits par des
spécialistes et des hommes
de lettres.
www.beyrouk.com
N° 685 du 05 décembre 2012
LITTÉRATURE
NOUVELLE
C
’est la Journée de fête, dans ce petit quartier
excentré de la ville. Où les demeures se résument à des baraques, faites de bois récupéré.
La journée du blé. Hanna se lève difficilement. Elle
fait un pas, deux pas, se masse le dos, étire ses bras,
pour mieux réfléchir, peut-être, à la besogne qui l’attendait. Elle sort de la petite baraque, et, narines
ouvertes, respire à grands traits l’air marin, tout en
scrutant l’horizon. Quelques véhicules passent sur
le ruban noir. Hanna observe les voitures. Des voitures légères, toutes. Sans intérêt. Hanna n’a jamais vraiment compris les petites voitures. C’est
vrai, se dit-elle intérieurement, qu’elles transportent les personnes. Mais, des personnes, rien ne
tombe. Les personnes ne laissent jamais rien d’utile
derrière elles. Sauf, peut-être, une salve de salive,
crachée en direction des tranquilles passants qui
restent sur le tro;oir. Ou des mégots de cigare;es
brûlants.
Visage fade, yeux lointains, joues creuses, front raviné par les rides, mains d’une rugosité de papier
de verre, elle contemple, en ce début de journée de
mars, par delà le goudron qui relie le port et la métropole, le sable amassé en dune qui cache la mer.
Dans la mer, il y a une merveille. Chez les femmes,
il y a deux merveilles, se souvient-elle : c’était la
phrase leitmotiv que débitait son défunt mari, portefaix au port d’à côté, à chaque fois qu’il rentrait
d’une journée de labeur. C’est comme si elle le revoyait encore, dire et redire cet aphorisme arabe,
pendant qu’il déballait son aubaine inespérée du
jour, faite de barres de savons mouillées, de sucre
avarié, de pâtes alimentaires endommagées et de
bien d’autres menus produits altérés par les eaux
de la mer, au cours des longs trajets des bateaux.
Le blé qui tombe…
La veille, la soirée avait été longue. Très longue,
pour Hanna qui a;endait, depuis bien longtemps,
l’arrivée du bateau au port. Au crépuscule, Hanna
était allée s’assurer par elle-même de l’arrivée du
blé. Tous les camionneurs étaient bien là. Les camions stationnés, en file indienne, dans l’a;ente du
déchargement de la marchandise. L’ami intime de
son défunt époux s’était déplacé chez elle, pour lui
annoncer l’heureuse nouvelle : le déchargement est
prévu pour sept heures trente du matin. Quand
toutes les formalités seront terminées, le premier camion qui;era le quai vers neuf heures.
Hanna doit se me;re à préparer une journée de labeur. Une journée de soleil, de vents, tantôt froids,
tantôt chauds, selon l’humeur d’un climat capricieux, changeant d’une heure à l’autre. Elle fait sortir quelques sacs vides d’une vieille malle installée
au coin de sa baraque. Elle appelle sa fille aînée pour
lui demander de les ne;oyer et les déposer à côté de
la porte. Ensuite elle ramasse quelques morceaux
de tissus, déchirés, comme hachés ; qui ne diffèrent
pas vraiment de ses propres habits, de son voile et de
sa robe usés.
6
térieur du sac. Non loin d’elle, sa fille : mêmes
gestes, même besogne ; agrippée à son blé, elle en
emplit ses petites mains, avant de le reverser dans
son sac, à la même cadence que sa mère.
Le bateau du blé vient de loin, très loin. De
l’Ukraine, souvent, du Brésil, parfois, ou de l’autre
côté des Amériques. Les grains de blé que Hanna
caresse affectueusement ont parcouru bien des
routes, de longues routes, terrestres et maritimes.
Et, voilà que des vastes et lointains territoires, les
grains échouent, à des milliers de kilomètres, dans
le petit territoire de Hanna.
Plus le camion est vétuste, plus les sacs sont fendus, plus il y a de bonheurs pour les petites ramasseuses de blé agenouillées, tout au long de la route
en asphalte. Si bien alignées, de la sortie du port,
jusqu’à l’entrée de la société des moulins.
Le soleil, au zénith, commence à plomber de toute sa
chaleur les minuscules territoires. Hanna se retire
dans la hu;e, où l’a;end déjà sa fille, accompagnée,
depuis peu par ses frères, rentrés de l’école. Le déjeuner se prépare ici-même. Le blé est là. Quelques
morceaux de charbons de bois, de l’eau, un peu de
sel et de l’huile, et la marmite commence à bouillir.
Les enfants préfèrent toujours manger le blé cuit en
grains, à la bouillie. La journée du blé est une fête,
pour eux, et un dur labeur pour la maman et la
grande sœur. Laisser les camions passer, le temps
d’une sieste après le repas, sous la petite hu;e,
avant de reprendre le ramassage vespéral. Levezvous, il faut bien remplir tous les sacs, les ramener
chez nous, tant qu’on y voit encore clair, dit Hanna
à ses fils.
Il est presque huit heures. Les enfants ont pris le
chemin de l’école. Elle et sa fille aînée prennent celui
du blé. Elles se partagent les charges. Pour elle,
l’espèce de toile faite de lambeaux cousus ensemble,
qui servira à dresser une hu;e, au bord de la route
des camions ; cet abri leur perme;ra de se reposer et
de stocker provisoirement le blé ; et pour sa fille, les
sacs, où la capture sera déposée.
Arrivées au bord de la route en asphalte sur laquelle
devait passer les camions, Hanna et sa fille commencent à monter la petite hu;e : quatre piquets fichés dans le sol, de manière à former un petit carré Le soleil décline un peu. La corvée reprend. Hanna
Hanna sait déjà très bien que dans la mer, il y a bien ; au-dessus, elles étalent leur haillon mité.
remet à ses enfants, un sac pour deux. Elle en garde
des merveilles. Il y a le poisson, c’est vrai. Il y aussi
un, elle en donne un autre à sa fille ainée. Le petit
ces fabuleux bateaux qui transportent mille et mille Hanna a choisi d’installer sa tente, juste en face de territoire de Hanna a repris une nouvelle aspérité
choses impressionnantes. Elle sait très bien aussi la partie la plus abîmée du goudron. Là, les camion- après la sieste. Plusieurs amas de grains de céréale
que ce;e ville, l’autre ville, la vraie, qui est à neurs ne sauraient éviter tant de crevasses sans se- se forment, telles des petites pyramides, un peu parquelques kilomètres de là, est générée par la mer. cousses. Et les secousses produisent le blé. Autant tout. On s’accroupit. Et, on ramasse. Les camions
Elle doit son existence à la mer, d’où des milliers de de secousses autant de grains de blé qui tombent continuent de passer, encore plus vétustes, encore
produits sortent chaque jour que Dieu fait. Des mil- sur les bords de la route.
plus débordant de sacs, encore plus généreux envers
Le voilà. Il avance, en filant. Le premier camion. les ramasseuses.
liers de produits qui font de la ville une vraie ville.
Qui lui donnent la vie et l’existence. Une seule mer- Juste ce qu’il faut. Un camion, un vieux camion,
veille capable de donner toutes ces belles choses à la dont le caisson est criblé de partout. Et, les sacs sur- Au crépuscule, les sacs étaient déjà relativement
ville. De donner une ville. La faire naître du néant passent sa hauteur. Beaucoup de grains, en perspec- bien remplis. Hanna et sa fille ainée tirent les sacs,
des sables. Et lui permet de se relever. De se tenir tive.
un à un vers la petite hu;e. De l’autre côté de la
debout. Deux merveilles, ricane-t-elle. Qu’est-ce
route en asphalte, le benjamin et le cadet s’emqu’elles donnent aux femmes ? Où sont-elles, d’ail- Les concurrentes de Hanna sont, elles aussi, déjà ploient à tirer leur sac. C’est bien lourd, mais ils tileurs, ces deux merveilles ? Pas de réponse à ce;e installées. Chacune a son petit territoire. Chacune rent. Ils ne veulent pas laisser un seul grain et ils
question. Question qu’elle a toujours posée à son respecte scrupuleusement les frontières et l’intégrité tirent. Il fait noir déjà. Ils tirent encore. Pendant ce
mari. Mais, à laquelle, il ne trouvait à dire : Elles territoriale de l’autre. Ce sont des petits états qui se temps, la mère, l’aînée et les deux autres enfants
sont là-bas, elles sont là-bas, dans tes profondeurs. construisent, le temps d’une saison. La saison du s’affairent à combler les sacs mi-remplis. Les deux
blé.
Voilà ce qu’il lui lançait à chaque fois.
gamins tirent toujours. De la main du cadet glisse
le bout du sac. Une trainée de blé s’éparpille sur la
Ses enfants crient et emplissent la minuscule ba- Le premier camion passe. Quelques grains tombent route. Le petit s’agenouille pour ramasser le butin
raque de leurs piaillements et de leurs cris. Les qua- au sol. Hanna a;end le passage du cinquième ca- perdu.
tre garçons doivent prendre le chemin de l’école mion, pour avoir une quantité de blé qu’elle peut
publique à quelques encablures d’ici. Leurs outils ramasser facilement. Autrement, il lui faut l’habi- Il emplit ses deux mains de grains. Son frère crie :
d’écoliers se résument à deux ardoises fissurées, lité et la persévérance d’un bec de poule afin de pi- A;ention ! Lâche le blé ! Trop tard : le camion a déjà
quatre bouts de cahiers, deux manuels scolaires, corer les grains. Au passage du sixième camion, il écrasé la tête du petit. La mère, l’ainée et les autres
sans âge, et quatre stylos, sans capuchon. Elle fait y avait déjà des petits amas de grains çà et là, sur le frères courent en hurlant rejoindre le cadet de la fachauffer les restes du repas de la veille. Un peu de territoire de Hanna. Un sourire monte sur ses lè- mille. Le camion immobilisé, l’enfant au-dessous du
bouillie qu’elle répartit dans quatre jarres en plas- vres desséchées. Munie de son sac, elle s’accroupit châssis. Sa main droite, tendue, conserve, encore
tique, avant que chaque écolier ne saute sur son bol devant un monticule de grains de blé. Elle remplit quelques grains de blés dans sa paume.
les paumes de ses deux mains, collées côte-à-côte,
et en ingurgite le contenu, en un rien de temps.
de grains de blé qu’elle déverse, par la suite à l’inAbdelvetah Ould Mohamed
N° 685 du 05 décembre 2012
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NOUAKCHOTT
ACTUALITÉ
Rencontres Littéraires Internationales
L’association Traversées Mauritanides organise
la 3ème édition de ses Rencontres Littéraires Internationales sous le thème « Ecrits et cris » du 9
au 19 décembre.
A Nouakchott, du 9 au 14 décembre, se dérouleront à l’Institut français de Mauritanie, l’Alliance
franco-mauritanienne, la Commission de
l’UNESCO, l’Espace Culturel Diadié Camara,
l’Université et au Village de la Biodiversité rencontres, spectacles, ateliers d’écriture et autres
festivités littéraires.
Des écrivains prestigieux, venus de plusieurs horizons seront là. Il s’agit des Sénégalais Ken
Bugul et Felwine Sarr, de l’Algérien Amin Zaoui,
du Franco-togolais Sami Tchak, de la Belge Geneviève Damas, du Tchadien Noël Djékéry. Sans
oublier la présence des Mauritaniens Abdoul Ali
War, Djibril Sall, Beyrouk, Mamoudou Lamine
Kane, Abdel Kader Mohamed, Jemal Oumar, Harouna
Rachid Ly, Mohamedou Hdana et Sidi Nemjad. Ces
plumes seront là à des tables-rondes, des face-à-face, des
rencontres-découvertes pendant lesquelles vous pourrez
venir discuter, écouter, vous émouvoir et échanger sur
leurs cris en littérature.
Nous accueillerons également la comédienne Marie
Ruggeri qui nous présentera son spectacle « Louise Michel - écrits et cris » (dimanche 9/12), mais aussi Bernard Magnier, directeur de la collection « Lettres
africaines » aux éditions Actes Sud, ainsi que la cinéaste Françoise Dexmier.
Les grands moments de ces rencontres seront les différentes tables-rondes sur les écritures en arabe et en dialectes arabes (lundi 10/12), la littérature du cri et de
l’espoir (mardi 11/12), les Mauritanides d’Habib Ould
Mahfoudh (mercredi 12/12) et le cri au théâtre et en littérature (jeudi 13/12).
Dans le cadre de sa deuxième phase, le projet « Eradication de la pauvreté des femmes par l’amélioration de leurs
accès aux services publics
»(OFID-CAWTAR) organise, en ce mois de décembre,
trois importantes activités pour clore la phase « Renforcement des capacités » de son action pour l’année
2012.
Ces activités consistent en une table ronde et deux ateliers de formation.
Tout d’abord la table ronde «Dialogue des acteurs
pour la réduction de la pauvreté féminine : les activités génératrices de revenus (AGR) comme outil»
prévue à Nouakchott le 4 décembre à Hôtel El Khater
et qui sera l’occasion d’un échange/concertation entre
les différents acteurs des droits des femmes et de la
lutte contre la pauvreté ainsi que les départements impliqués et quelques partenaires au développement.
Les auteurs seront mobiles toute la semaine. Ils se rendront dans plusieurs établissements scolaires pour y rencontrer les élèves. La journée du mercredi 12 décembre se
déroulera entièrement à l’Université (Faculté des Lettres).
Les Génies en herbe (Epelle-moi/ Super Crack), le vendredi 14 décembre au Village de la Biodiversité, lanceront
leur grand concours annuel. Des spectacles de théâtre, de
lecture, de slam et de poésie, viendront ouvrir, ponctuer
et refermer cette 3ème édition qui sera pleine de surprises
!
A Kaédi, les 18 et 19 décembre, Abdoul Ali War, Mahjoub Boye, Mamoudou Lamine Kane et Jemal Oumar
iront animer de leurs talents des tables-rondes consacrées
aux écrivains du Gorgol, à la diversité culturelle et à
l’unité nationale.
Le festival traversera la Mauritanie, ira à votre rencontre
pour vous faire entendre les voix, entre murmures et cris,
des grandes plumes étrangères et mauritaniennes contemporaines. Qu’on se le dise, les muets seront entendus !
Communique de presse
BANQUE NATIONALE DE MAURITANIE
La BNM à la conquête
du Hodh El Gharbi…
La Banque Nationale de Mauritanie a organisé, lundi 26
novembre 2012, une cérémonie d’inauguration de sa nouvelle agence, établie, désormais, à Aïoun, la capitale du
Hodh occidentale. Effectuée, à l’occasion du 52ème anniversaire de l’indépendance nationale, l’inauguration a
été présidée par, Mohamed Ould Noueiguedh, président
directeur général de cette institution.
L’événement a été célébré, en présence des autorités locales régionales et de bien d’autres invités venus pour témoigner leur gratitude ; et, par de-là, exprimer l’intérêt
qu’ils portent à cet important projet.
Pour marquer la sacralité de l’occasion, une banque de
plus en plus tournée vers les opérations et transactions islamique, l’ouverture de la cérémonie a été faite par la récitation de quelques versets du Saint Coran. Par la suite,
la parole a été donnée aux personnalités locales.
Dans ce cadre, le maire de la ville, Saadna Ould Hammadi, a tenu à remercier l’institution pour son choix, son
orientation vers la finance islamique. Tout en rappelant le
rôle, toujours constant, que la BNM n’a cessé de jouer en
matière de promotion et de développement de l’économie
nationale. Pour sa part, le directeur de la nouvelle agence,
Cheikh Ould Mohamed Vall, après ses remerciements
aux autorités et l’assistance, a présenté les différents services et prestations que la banque envisage offrir à sa
clientèle. Il a également rassuré le public sur la détermination, ferme et inébranlable, de son institution à se conformer, dans ses transactions, aux préceptes de l’Islam.
De son coté, Mohamed Ould Noueïguedh a souligné que
l’objectif de l’ouverture de cette antenne, ici-même, à
Aïoun, est de mettre à la disposition de tous les usagers
de la banque des services financiers développés, à jour et
accessible à tous les clients et distributeurs.
C’est aussi, là, une étape dans le respect des engagements
pris par la banque consistant à faire évoluer son système
vers les pratiques islamiques, en matière de finances.
ration ces conditions d’accès sur le plan national en
général et dans les deux régions cibles de l’étude effectuée dans le cadre de ce projet OFID-Cawtar, sur
les disparités de Genre dans l’accès aux services
(Trarza et Brakna) ;
3) De promouvoir l’accès des femmes à ces services
par la recherche d’axes de stratégies/actions/projets
pour appuyer certaines initiatives locales aussi bien au
niveau des populations qu’au niveau des organisations
et départements qui oeuvrent dans le domaine des
prestations de services.
femmes et de la lutte contre la pauvreté dans la région
du Brakna dont les ONG qui ont participé à l’étude. Le
même atelier ayant déjà été organisé, en début juillet
dernier, à Rosso au profit des acteurs de la société civile
duTrarza ainsi que quelques prestataires publics de services .
Enfin et pour rappel, le projet « Eradication de pauvreté des femmes par l’amélioration de leurs conditions d’accès aux services publics » est un projet
initié par le centre de la femme arabe pour la formation
et la recherche (Cawtar) et financé par le fonds de
l’OPEP pour le développement international (OFID). Il
4) De dégager un projet national ou deux projets lo- a démarré en juillet 2011, simultanément, dans les trois
caux porteurs, issus des deux régions ciblées que les pays arabes où la situation des femmes est des plus prédifférents partenaires présents s’engageront à appuyer caires à savoir la Mauritanie, le Soudan et le Yémen.
dans sa réalisation/exécution.
Sa première phase (2011) a consisté, comme mentionné
Ensuite, les deux ateliers qui porteront l’un, sur « Le plus haut, en une étude qui visait à mesurer l’état des
renforcement des capacités de leadership féminin » lieux des disparités femmes/hommes dans l’accès aux
Elle a pour objectifs, entre autres :
et se tiendra à Nouakchott les 5-6-7 décembre tou- services publics dans deux régions de Mauritanie : le
1) D’insister sur l’importance de l’accès des femmes jours à l’hôtel El Khater. Il bénéficiera à plus d’une Brakna et le Trarza et dont les résultats ont été diffusés
aux services s publics dans la promotion de leur sta- quinzaine de leaders d’Ong du Brakna, du Trarza et de et validés lors d’un atelier, le 15 décembre 2011 à l’hôtut économique et social (alphabétisation, éducation, Nouakchott. L’autre, organisé à Aleg, les 9-10-11 dé- tel El Khaima.
santé, emploi, état civil,…);
cembre sera sur « La planification stratégique basée Pour toute information s’adresser à la coordinatrice nasur les droits humains et le genre » et bénéficiera tionale du projet : Mme Fatma Mint Elkory, fel2) De trouver les meilleurs moyens pour l’amélio- aux acteurs oeuvrant dans le domaine des droits des [email protected] – tél : 20 86 97 11, Nouakchott.
N°685 du 05 décembre 2012
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ACTUALITÉ
INTERVIEW
Yahya Ould Ahmed El Waqf à Biladi
Suite de la page 5
Biladi : Qu’est ce que vous pensez de l’unité nationale? leur égard. Pour garantir l’unité et la cohésion du pays,
YOW : En Mauritanie, nous connaissons des problèmes des mesures fortes doivent être entreprises pour que jasérieux qui nous interpellent et pour lesquels des solutions mais des événements semblables ne puissent se produire.
justes doivent être trouvées. Je considère que le premier Un dialogue ouvert et sincère doit être engagé pour mettre
problème est celui de l’esclavage. Nous pouvons être fiers sur la table toutes les questions qui sont de nature à rasd’avoir criminalisé les pratiques esclavagistes et de les surer toutes les composantes du pays.
avoir qualifiées de crimes contre l’humanité, même si cela La lutte des femmes pour gagner leur autonomie polia été tardif et que certains soupçons sérieux de persistance tique, économique, sociale et culturelle constitue un enjeu
de pratiques esclavagistes demeurent. Nous devons dé- majeur de l’unité nationale et du développement du pays.
passer le débat sur l’existence de pratiques esclavagistes Une discrimination positive est nécessaire pour permettre
ou de séquelles de l’esclavage. La loi est là et l’adminis- à la femme de rattraper son retard et de contribuer pleinetration et la justice doivent sévir avec détermination et in- ment au développement de son pays. Un développement
transigeance. La société civile doit suivre, contrôler et régional équitable est un facteur déterminant pour favoriaccompagner les autorités sans parti pris et sans compro- ser l’unité nationale et la stabilité du pays. Un plan de démission. Des mesures énergiques doivent être prises, dans veloppement régional qui corrige les déséquilibres actuels
le cadre d’un schéma institutionnel approprié, pour une est impératif. En définitive, une solution juste et durable
discrimination positive, en faveur des populations qui ont
souffert de ce fléau, en matière d’éducation, d’infrastructures, d’emploi, de crédit, de logement, etc.
Les populations négro-africaines de la vallée ont souffert
lors des événements de 89 et 91. Elles doivent être rétablies dans leurs droits. Les réfugiés de retour doivent être
réinsérés dans des conditions satisfaisantes, récupérer
leurs biens, retrouver leurs emplois, recouvrer leurs
droits, etc. Le passif humanitaire doit trouver une solution
juste et consensuelle, garantissant aux victimes leur droit
à la vérité et à une juste indemnisation et au pays son
unité et sa stabilité. Nous avons un devoir de mémoire à
années d’être un pays démocratique et stable. Il était
perçu comme un modèle et un succès au niveau de la sous
région. Les observateurs avertis ont toujours attiré l’attention sur deux problèmes latents dont l’un date de la
création de l’Etat malien et l’autre depuis seulement
moins de dix ans. Il s’agit du problème du Nord avec des
rébellions successives et des accords restés lettre morte
et celui des groupes terroristes qui se sont installés au
nord du pays. Le report du règlement de ces problèmes a
conduit à la crise actuelle (nous devons profiter de cette
expérience pour ne pas reporter la solution de nos problèmes). Je pense que je suis assez d’accord avec le Président de la République sur la position qui doit être celle
de la Mauritanie. Notre premier devoir est de sécuriser
nos frontières en s’abstenant d’envoyer des troupes su le
territoire malien. Le renforcement de l’unité de notre front
intérieur constitue
une condition priSeule aujourd’hui, l’initiative de Messaoud peut nous délivrer de ce cercle infernal et
mordiale pour une
éviter des tempêtes pouvant constituer des risques graves pour le pays.
bonne gestion des
de nos problèmes, à la satisfaction de tous, ne peut être répercussions de ce conflit sur notre pays. Nous devons
obtenue qu’à travers la mise en place de véritables insti- collaborer pleinement avec la CEDEAO, l’UA, les NU et
tutions démocratiques garantissant un équilibre entre les les autres partenaires pour un règlement pacifique de la
différents pouvoirs et prenant en compte la nécessité crise qui garantit les objectifs suivants :
d’une justice sociale.
- Préserver l’intégrité du territoire malien et favoriser son
unité dans le respect des droits et des aspirations légitimes
Biladi : Comment voyez-vous la crise au Mali et ses ré- des populations du nord;
percussions sur la Mauritanie ?
- Chasser de façon définitive les groupes armés terroristes.
YOW : Le Mali nous a donné l’impression ces dernières Le dialogue doit être privilégié, mais l’usage de la force
ne peut être écarté.
Bialdi : Certains parlent d’un accord entre la France
et Aziz pour l’intervention de la Mauritanie au nord du
Mali, qu’en pensez-vous.
YOW :Je ne pense pas qu’un tel accord existe. La
France, de mon point de vue, ne demande pas à la Mauritanie d’intervenir au nord du Mali. Nos partenaires, la
France en premier lieu, ne peuvent pas nous demander
plus que ce que nous pouvons faire. Nos intérêts dans
cette affaire sont convergents. Le meilleur schéma, pour
une solution durable, exige de la Mauritanie de se préserver du conflit interne malien, de collaborer avec la
communauté internationale pour chasser les groupes terroristes et rétablir l’intégrité territoriale et l’unité nationale du Mali. La position mauritanienne par rapport à
cette question est la même quelque soit son Président.
Propos recueillis par Biladi
N
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SALAM
TRANSPORTS
Nouvelle Ligne
Nouakchott-Dakar
et
Dakar-Nouakchott
Départ Nouakchott: tous les
dimanche à 7 heures du matin.
Départ de Dakar: tous les
lundi à 23 heures.
N° 685 du 05 décembre 2012
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SPORT
COUPE DES CONFÉDÉRATIONS
MANCHE ALLER DES ÉLIMINATOIRES DE LA CHAN
La neuvième édition de la Coupe des Confédérations de
la FIFA, particulièrement attendue, a commencé à prendre forme ce samedi 1er décembre avec le tirage au sort
final, qui s’est déroulé au Centro de Convenciones Anhembi de Saõ Paulo, au Brésil. Au cours de cette cérémonie, présidée par le Secrétaire Général de la FIFA
Jérôme Valcke, la composition des deux groupes de la
première phase a été dévoilée. La compétition se déroulera du 15 au 30 juin 2013.
Les Mourabitoune, combatifs
et
déterminés sont
venus à bout,
dimanche 2 décembre, du Liberia,
au
Samuel Kanyon
Doe Stadium,
en match aller des éliminatoires de la CHAN .Yacoub
Fall, le capitaine du FC Nouadhibou a marqué sur penalty
à la 22èmn. Les Mourabitoune ont dominé de bout en
bout cette rencontre, se créant des occasions franches. Ils
auraient pu corser l’addition et réduire à néant les chances
des Lone Stars du Liberia .Les coéquipiers de Ely Cheikh
Ould Voulany prennent ainsi une sérieuse option. Ils sont
arrivés à prendre un ascendant sur les libériens.
C’est la première fois que la sélection nationale dans son
histoire gagne une rencontre à l’extérieur.C’est aussi la
première victoire en match officiel du sélectionneur français des Mourabitoune, en quatre sorties, face à des
équipes nationales. Après deux défaites face à l’Egypte (0
à 3) et l’Iran (0 à 2), les Mourabitoune de l’ère Patrice
Neveu avaient du mal à vaincre le signe indien et à décrocher une victoire. Ils s’étaient contentés d’un nul, le face
au Silly national de Guinée, le15 novembre, au stade du
28 septembre, à Conakry.Toutefois, pour la manche retour, rien n’est encore joué. Ils devront faire preuve de
réalisme et de détermination pour se qualifier, le 15 décembre, à Nouakchott.
Rassemblés par Saydou Nourou T.
Le Japon et le Brésil lanceront le Festival des Champions 2013
Groupe A : Brésil, Japon, Mexique, Italie
Groupe B : Espagne, Uruguay, le champion
d'Afrique, Tahiti
Sous le regard attentif des sélectionneurs, notamment
Luiz Felipe Scolari, le hasard a décidé que l’adversaire
du Brésil pour le match d’ouverture, le 15 juin au Stade
national de Brasilia, serait le Japon.Mais le premier tour
réserve bien d’autres rencontres passionnantes, comme
un duel de demi-finalistes d'Afrique du Sud 2010 entre
l'Espagne et l'Uruguay ou un face-à-face entre habitués
du haut de l'affiche mondiale, le Brésil et l'Italie.Il faudra
attendre la finale de la Coupe d’Afrique des Nations de la
CAF, le 10 février prochain, pour connaître l’identité du
représentant africain en Coupe des Confédérations de la
FIFA.
Le Président de la FIFA voit dans cette compétition un
rendez-vous majeur pour le football : "Cette Coupe des
Confédérations de la FIFA sera bien plus qu’une répétition générale. Avec pas moins de 12 étoiles de Coupe du
Monde de la FIFA présentes, le tournoi représentera un
authentique Festival des champions." Joseph S. Blatter
en a également profité pour réitérer sa confiance dans le
pays organisateur. "Je suis sûr que le Brésil organisera
une magnifique compétition en 2014."De son coté, Dilma
Rousseff, la Présidente du Brésil, a affiché la profonde
conviction que son pays serait à la hauteur de l’événement. "Ce samedi 1er décembre marque le lancement du
compte à rebours pour la Coupe des Confédérations de la
FIFA. Nous sommes conscients que le Brésil a une double
responsabilité dans ce tournoi : déployer un beau football
dans la lignée de sa tradition et réussir hors du terrain la
mission d’organiser un tournoi inoubliable, au niveau de
notre préparation et de la manière dont seront reçues les
sept autres équipes nationales et leurs supporters. Nos six
villes hôtes seront prêtes et démontreront que le Brésil
possède toutes les ressources pour accueillir la Coupe du
Monde en 2014."
Exploit
des Mourabitoune à Monrovia
N°685 du 05 décembre 2012
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ÉCONOMIES
ALLEMAGNE
L'ORÉAL LUXE
Berlin s'attend à un budget total équilibré dès 2012 au
sens des critères de Maastricht, alors qu'il tablait précédemment sur un déficit public de 0,5% du Produit intérieur brut (PIB) pour cette année, a annoncé lundi le
ministère allemand des Finances.
Le déficit public allemand, qui s'était établi à 0,8% du
PIB l'an passé, regroupe le déficit de l'Etat fédéral, celui
des Etats régionaux (Länder), des communes et des
caisses de sécurité sociale.
"Sur la base d'une actualisation des projections de moyen
terme, l'Allemagne va atteindre un budget à l'équilibre
dès 2012", a déclaré le ministère allemand des Finances
dans un communiqué.
Jusqu'à présent, le gouvernement prévoyait un retour à
l'équilibre budgétaire en 2014, a rappelé à l'AFP un porteparole de ce ministère.
L'Etat fédéral, les Länder et les villes allemandes ont
notamment profité de recettes fiscales en hausse ces
derniers mois, et de l'amélioration du marché du travail,
a-t-il expliqué.
La conjoncture allemande a beau montrer quelques signes
d'essoufflement, le marché du travail reste robuste, avec
un taux de chômage brut de 6,5% en novembre. Cela se
traduit par une amélioration des recettes fiscales et une
baisse des prestations sociales, et profite aussi bien au
budget de l'Etat qu'à ceux des communes, qui supportent
une partie de l'indemnisation des chômeurs.
En outre, l'Allemagne a tiré parti de très bonnes conditions de financement, car ses emprunts bénéficient de
taux d'intérêt historiquement bas, le pays ayant un statut
de "valeur sûre" sur fond de crise de la zone euro.
La prévision de la dette publique a par conséquent également été révisée à la baisse: elle devrait s'établir à 81,5%
du PIB cette année, en recul de 2 points par rapport à la
précédente estimation du gouvernement en juillet, selon
un communiqué du ministère.
Toutefois le budget fédéral sera encore affecté cette année
par le coût financier de "la stabilisation à long terme de la
zone euro", pour laquelle l'Etat fédéral devrait débourser
Le numéro un
mondial des
cosmétiques,
L'Oréal,
va
faire de son
usine de Caudry (Nord) un
"leader mondial de la production des
soins, mascara et fond de teint de la division L'Oréal
Luxe", avec un plan d'investissement de plusieurs millions d'euros, a-t-il annoncé lundi.
"L'usine de Sicos, basée à Caudry dans le Nord, a annoncé un projet de développement qui la ferait devenir
le leader mondial de la production des soins, mascara et
fond de teint de la division L'Oréal Luxe", a indiqué
L'Oréal, dans une déclaration transmise à l'AFP, confirmant partiellement des informations du magazine LSA la
semaine dernière.
Le "projet de développement" de Caudry "se traduit par
une croissance de la production du site et par la mise en
oeuvre d'une modernisation des flux logistiques de
l'usine", explique le groupe.
"Il s'agit d'un plan d'investissements productifs de plusieurs millions d'euros", ajoute-t-il.
Interrogée sur l'information de LSA selon laquelle la spécialisation de l'usine de Caudry entraînerait le transfert
sur ce site d'une part de la production des soins de la
gamme Lancôme réalisée aux Etats-Unis, une porte-parole du groupe a précisé qu'"il ne s'agit pas d'une relocalisation", mais "du renforcement du pôle d'excellence
industrielle de L'Oréal Luxe en France".
L'objectif est "d'accompagner la croissance mondiale de
la division" Luxe, a souligné L'Oréal. Le groupe n'a pas
chiffré l'augmentation de la production à Caudry, mais
LSA a mentionné une hausse de près de 15%.
Berlin prévoit un budget équilibré dès 2012, plus tôt que prévu
BOURSE
"plus de 10 milliards d'euros". Un montant qui comprend
notamment sa participation au Mécanisme européen de
stabilité (MES) et l'augmentation des moyens de la
Banque européenne d'investissement (BEI).
A moyen terme, Berlin s'attend à un excédent budgétaire
de 0,5% pour 2013 et 2014, puis autour de l'équilibre en
2015 et 2016.
L'Allemagne devrait ainsi respecter dans les années à
venir "la règle d'or" prescrite par le pacte budgétaire européen, qui consiste à limiter le "déficit structurel" des
Etats signataires à 0,5% du PIB maximum.
Le déficit structurel est le déficit public d'un pays corrigé
des variations conjoncturelles, c'est-à-dire le déficit public que connaîtrait le pays si sa production effective correspondait à sa production potentielle sur le long terme.
Au niveau de la dette publique, l'Allemagne devrait en
revanche être toujours au-dessus des exigences du traité
de Maastricht, selon lesquels la dette d'un Etat ne doit pas
excéder 60% du PIB.
Mais l'Allemagne s'efforce de se rapprocher de ce niveau.
Sa dette publique devrait ainsi se réduire à 73% du PIB en
2016, selon le ministère des Finances.
Paris en hausse soutenue par un indicateur chinois
La Bourse de Paris était en hausse lundi à mi-journée
(+0,80%), profitant d'une bonne nouvelle sur l'économie
chinoise et du repli des tensions en zone euro, mais dans
un marché toujours vulnérable à l'issue des discussions
sur le débat budgétaire américain.
A 12H50 (11H50 GMT), l'indice CAC 40 prenait 31,72
points pour s'inscrire à 3.589,27 points dans un volume
d'échanges de 700 millions d'euros.
Dès l'ouverture, le marché a profité de l'annonce d'une
activité manufacturière en Chine qui a connu, en novembre, sa première expansion en 13 mois. Un élément favorable pour les marchés actions qui sont très sensibles à
l'évolution de l'économie chinoise.
Cette bonne nouvelle soutient la cote mais le marché reste
fragilisé par l'incertitude qui entoure l'issue du débat budgétaire américain.
Les dernières nouvelles venant des Etats-Unis laissent
penser que les négociations politiques font du surplace.
Démocrates et Républicains doivent s'entendre pour éviter la mise en place de hausses d'impôts et des réductions
de dépenses publiques, risquant à partir de 2013 de faire
plonger les Etats-Unis dans la récession.
Dimanche le secrétaire au Trésor américain, Timothy
Geithner, a déclaré qu'il n'y aura pas d'accord au Congrès
sur le budget sans augmentation des impôts pour les plus
riches, renvoyant la balle aux Républicains qui continuent
de juger ses propositions "pas sérieuses".
"Tant qu'un accord ne sera pas trouvé, une incertitude plaN° 685 du 05 décembre 2012
nera sur les marchés et les indices boursiers ne pourront
pas se redresser de manière durable", indique Saxo
Banque. En attendant la suite des évènements outre-Atlantique, les investisseurs trouvent du réconfort en zone
euro où la détente se poursuit sur le front obligataire et
où les ministres des finances doivent se rencontrer une
nouvelle fois lundi et mardi pour finaliser l'accord sur la
Grèce et chercher un consensus sur la supervision bancaire. "De manière générale en Europe des avancées importantes ont été réalisées", font remarquer les analystes
chez Aurel, citant la recapitalisation des banques espagnoles, la restructuration de la dette grecque, la poursuite
du recul du risque souverain....
Sur le front des valeurs on note, parmi les hausses, la
bonne performance de EADS (+2,90% à 26,64 euros),
alors que se poursuivent les négociations sur la restructuration de son actionnariat.
L'Oréal va investir plusieurs
millions dans son usine de Caudry
TRAVAIL DE NUIT
Sephora fait
du chantage à l'emploi
Poursuivi par une intersyndicale dénonçant le recours au
travail de nuit, l'enseigne a publié ce week-end dans la
presse un communiqué pour souligner le "préjudice social, économique et touristique" d'une fermeture avancée
à 21 heures. Le tribunal rendra son verdict le 6 décembre.
C'est une campagne publicitaire un peu particulière à laquelle s'est livré Sephora se week-end. Samedi dans Le
Figaro, puis dimanche dans Le Parisien et le JDD, l'enseigne a publié un communiqué titré "l'emploi menacé
aux Champs-Elysées", dans lequel elle détaille le "préjudice social, économique et touristique" qu'entraînerait la
fermeture forcée, après 21 heures, de son plus grand point
de vente.
Assigné en référé par le Comité de liaison intersyndicale
du commerce à Paris (CLIC-P), organisme qui regroupe
la majorité des grands syndicats français, Sephora déplore dans son communiqué des motivations "uniquement idéologiques". L'enseigne rappelle que les horaires
en vigeur dans son magasin du 8ème arrondissement depuis 1996 "rencontre à plus de 90% une très large adhésion", et que le travail nocturne repose uniquement sur le
volontariat. Les salariés reçoivent une majoration de 25%
de leur salaire pour les heures travaillées après 22 heures.
Le magasin des Champs-Elysées est le plus vaste point de
vente de l'enseigne dans le monde. Il est ouvert 7 jours
sur 7, jusqu'à minuit en semaine et 1 heure le weekend.
11
INTERNATIONALES
EGYPTE
L'opposition se prépare à marcher sur le palais présidentiel
L'opposition égyptienne a prévu de marcher mardi sur le
palais présidentiel pour protester contre les nouveaux
pouvoirs du président Mohamed Morsi, qu'elle qualifie
de "dictatoriaux", et contre un projet de Constitution devant être soumis à référendum dans moins de 15 jours.
Plusieurs groupes et partis d'opposition ont appelé les
Egyptiens à se rassembler à travers la capitale puis à se diriger en fin d'après-midi vers le palais d'Al-Ittihadiya à
Héliopolis, en banlieue du Caire, pour cette manifestation
dite du "dernier avertissement".
Parmi eux figurent les jeunes du 6-Avril, qui avaient
contribué à lancer la révolte contre Hosni Moubarak
début 2011, et le parti de la Constitution du Prix Nobel de
la paix Mohamed ElBaradei.
L'Egypte vit une profonde crise politique qui divise le
pays depuis le décret du 22 novembre, par lequel M.
Morsi, premier président islamiste du pays, a considérablement élargi ses pouvoirs. Il a notamment mis ses décisions et la commission chargée de rédiger la future
Constitution à l'abri de tout recours en justice.
Le décret de M. Morsi a provoqué une grave crise politique à l'origine d'une forte mobilisation dans la rue, de la
part de ses opposants mais aussi de ses partisans. L'annonce d'un référendum dans les 15 jours a creusé le fossé
entre les deux camps.
Le président affirme que son décret est "temporaire" et
vise à accélérer les réformes démocratiques.
L'opposition, elle, estime qu'il s'est arrogé des pouvoirs
"dictatoriaux", exige qu'il annule son décret ainsi que le
référendum sur le projet de Constitution qu'il a convoqué
pour le 15 décembre. Le texte, adopté en toute hâte par
une instance dominée par les islamistes, est accusé de ne
pas protéger certains droits fondamentaux, dont la liberté
d'expression, et d'ouvrir la porte à une application plus
stricte de la loi islamique.
Mardi, l'opposant et ancien patron de la Ligue arabe Amr
Moussa, qui s'est retiré de la commission constituante, a
dit lors d'une conférence de presse que le texte ne contenait pas les libertés qui devraient être garanties au XXIè
siècle. "Le document doit être quelque chose qui rend la
vie plus facile pour les Egyptiens (...), pas quelque chose
qui requiert des interprétations difficiles, qui fait peur aux
gens. Nous sommes au XXIè siècle", a-t-il dit.
WIKILEAKS
"L'Egypte va-t-elle accepter qu'un groupe impose sa
Constitution?", s'est interrogé de son côté l'analyste politique Hassan Nafaa. Pour protester "contre la tyrannie" et
contre les articles concernant la presse et les libertés dans
le projet de Constitution, plusieurs quotidiens indépendants et d'opposition ont décidé de ne pas paraître mardi.
Des chaînes privées doivent rejoindre le mouvement de
protestation mercredi.
Le pouvoir judiciaire, à qui le président a interdit de
contester ses décisions, est aussi divisé que le pays.
Le Conseil supérieur de la justice a décidé lundi de déléguer des magistrats pour superviser le référendum malgré
l'appel au boycott de plusieurs juges, ouvrant la voie à la
tenue du scrutin. Les élections doivent en effet être placées sous supervision judiciaire en Egypte.
Le Club des juges, un syndicat professionnel représentant
des magistrats à travers le pays, avait annoncé dimanche
qu'il boycotterait le référendum convoqué par M. Morsi.
Et la Haute cour constitutionnelle a rejoint la Cour de cassation et d'autres tribunaux du pays dans une grève illimitée pour dénoncer les "pressions" du camp islamiste.
Selon des experts, la décision du Conseil supérieur de la
justice n'est pas contraignante mais elle signifie que des
juges sont prêts à superviser le référendum. "Il n'y aura
peut-être pas de juge pour chaque urne, mais peut-être un
juge pour chaque bureau de vote", a dit à l'AFP l'enseignant en sciences politiques à l'Université du Caire Mustapha Kamel al-Sayyed.
La Cour martiale, le "meilleur système judiciaire" pour Manning
"La Cour martiale est de loin le meilleur système judiciaire" et le "plus juste" pour juger le soldat américain
Bradley Manning, accusé d'avoir transmis à WikiLeaks
des centaines de milliers de documents militaires et diplomatiques, a estimé lundi son avocat David Coombs.
Dans sa première apparition publique depuis l'arrestation
du soldat, "taupe" présumée de WikiLeaks, David
Coombs, qui n'accorde pas la moindre interview à la
presse, a déclaré que, malgré la grande "suspicion" et son
caractère "inconnu", "le système militaire dépassait à bien
des égards" le système de droit commun fédéral ou des
Etats américains.
"La Cour martiale est le meilleur système, et de loin", a
dit contre toute attente l'avocat, s'exprimant devant une
église pleine de sympathisants de Bradley Manning, réunis par son réseau de soutien. Me Coombs plaide, ces
jours-ci, pour l'abandon de toutes les charges, estimant
que les conditions de détention de Bradley Manning
constituent une "punition illégale préventive", proscrite
par le code militaire.
L'ancien analyste du renseignement en Irak encourt la prison à perpétuité pour "collusion avec l'ennemi", lors de
son procès prévu pour débuter en mars 2013. "C'est une
infraction très grave pour mon client mais aussi pour
n'importe qui", a encore déclaré Me Coombs à la tribune,
"j'espère que cela signifie plus que juste donner des informations à la presse", a ajouté ce réserviste qui a servi
l'armée pendant douze ans.
Evoquant son combat pour "un procès juste", il a ajouté
que les juges militaires n'occupaient pas seulement cette
fonction mais avaient aussi été procureurs militaires puis
avocats de la défense et "voyaient donc les deux côtés",
"une perspective qui leur procure une grande expérience"
et un grand "sérieux".
Il a justifié son refus de s'exprimer devant la presse par la
volonté même de son client, qui ne veut pas "être jugé
dans la presse" et estime que les déclarations aux médias
ne font rien avancer dans la salle du tribunal. "Il mérite un
avocat qui se concentre uniquement sur ce qui se passe
au tribunal", a ajouté Me Coombs.
L'avocat a ajouté qu'il s'efforçait de tout faire pour que
cette affaire ne tombe pas "aux oubliettes", estimant
qu'elle avait "une signification pour nombre d'entre
nous dans un pays construit autour de la liberté d'expression, la responsabilité du gouvernement et des citoyens informés".
ALLEMAGNE
Angela Merkel s'attribue le meilleur
bilan depuis la Réunification
La chancelière
allemande Angela Merkel a
martelé mardi
que son gouvernement était le
meilleur qu'ait
connu l'Allemagne depuis
la Réunification, lors du
congrès de l'Union chrétienne-démocrate (CDU). "Le
gouvernement est le meilleur gouvernement fédéral depuis la Réunification", a répété à plusieurs reprises la présidente de la CDU qui doit être réélue pour la septième
fois dans l'après-midi à la tête du parti, lançant sa campagne pour conquérir un troisième mandat de chancelière
dans dix mois.
"Nous avons conduit l'Allemagne hors de la crise plus
forte qu'elle n'y était entrée", a-t-elle affirmé.
Puis elle a égréné les points positifs de son bilan selon
elle: un nombre d'emplois et des dépenses en recherches
et en éducation au plus haut, ainsi que la sortie du nucléaire, notamment.
"Pendant que d'autres pays d'Europe sont en récession,
nous sommes le moteur de la croissance en Europe", a-telle dit, s'attribuant le mérite de ce succès.
"Tout cela n'est pas tombé du ciel (...) nous devons être
fiers" de l'action du gouvernement a-t-elle déclaré.
"Ce que nous avons réalisé cherche son équivalent", a-telle affirmé, insistant sur les nombreux défis à relever:
crise financière, instabilité politique au Proche-Orient et
en Afrique, changement climatique, essor des nouvelles
technologies de l'information, notamment.
"Nous devons relever tous ces défis en même temps. La
CDU conduit notre pays en sécurité sur cette mer", a-telle encore déclaré.
AFFAIRE DIALLO-DSK
Audience le 10 décembre
au tribunal du Bronx
Une audience aura le lieu le 10 décembre au tribunal du
Bronx à New York en vue de finaliser un accord entre
Dominique Strauss-Kahn et la femme de chambre qui
l'accusait d'agression sexuelle, probable épilogue d'une
formidable saga judiciaire américaine de 18 mois.
Le juge en charge du dossier, Douglas McKeon, a indiqué
tard lundi à l'AFP que l'audience était prévue à 14H00
(19H00 GMT), pour "faire le point sur les discussions en
cours" entre les deux parties. "S'il y a un accord, il sera
annoncé ce jour là", a précisé le juge. Nafissatou Diallo,
33 ans, devrait être présente, a également indiqué le juge,
ajoutant qu'il ne pensait pas que M. Strauss-Kahn, 63 ans,
viendrait. "Il n'y a pas de raison pour qu'il vienne", a-t-il
expliqué. Si cet accord est finalisé, il mettra fin à la procédure civile, et à 18 mois d'une formidable saga judiciaire aux Etats-Unis, qui a coûté à DSK son poste à la
tête du FMI et ses ambitions présidentielles en France. Il
s'est aussi depuis séparé de sa femme, la journaliste Anne
Sinclair. Mme Diallo, 33 ans, avait porté plainte au civil
contre lui le 8 août 2011. Elle l'accusait de l'avoir
contrainte à une fellation dans sa suite du Sofitel le 14
mai 2011 à New York. M. Strauss-Kahn, 63 ans, a reconnu une relation "inappropriée" avec la femme de
chambre guinéenne qu'il ne connaissait pas, mais a démenti toute violence et contrainte. Le montant de l'accord
restera probablement confidentiel mais pourrait, selon
certains experts, se chiffrer en millions de dollars.
N° 685 du 05 décembre 2012
12
DERNIÈRE
MAURICHRONIQUE
Maurichronique : “Mon nombril, je le regarde et le contemple…’’
Dans l’interview qu’il a accordée aux journalistes de pour le moment. Il y’en d’autres, aussi impropres nemi, tel qu’il soit, à Toueïla, ou ailleurs, dans mon
la presse écrite, le président de la République a donné que celui-ci, à la stature de la personne. Mais, je les palais, à l’Ilot C, au Ksar, ou dans n’importe quel
quelques détails, tout de même, sur son accident. Et, laisse, pour un autre jour. Je vous conterai ces dé- autre quartier, selon vos désirs et souhaits, cette balle
les détails, lorsqu’ils se rapportent au premier citoyen tails. Promis. Comme d’ailleurs, vous vous en sou- n’oserait, jamais, passer au-dessus de mon nombril
du pays, ils quittent, forcément, l’aspect ‘’détail’’. Et venez, les autres contes, en instance, que le président que je regarde et que je contemple, là, maintenant,
s’amplifient, jusqu’aux summums de la pyramide du vous a promis, dans un autre jour, la semaine der- aujourd’hui, hier et demain.’’
pouvoir. Associer un détail à un président, c’est un nière, où je lui ai cédé, cet espace, pour vous racon- ‘’Et, je n’ai pas fini, comme disait l’autre, qui encore,
peu vouloir réduire, confiner, le dernier au nanisme. ter ses histoires.
je l’ai oublié, ça se dit, en tout cas. Je n’ai pas fini.
Alors, qu’il s’agit du Président de la République. La Evoquer, publiquement son nombril, quelle qu’en Pour vous dire à vous tous, majorité et opposition,
sphère de la grandeur. La sphère de la publicité. Et, soit, par ailleurs la raison, objective, ou non, est un que cela n’est pas propre à cette balle .Il vous
un détail n’admet ni grandeur, ni publicité. Tout le peu une manière de ‘’regarder son nombril, le concerne vous aussi. Je vais vous dire pourquoi, ah
contraire du président qui admet, aussi bien, l’un, contempler.’’ ‘’ La balle est passée au-dessous de ! C’était Sarkozy, qui disait cela, j’assimile bien.
que l’autre.
mon nombril. ‘’ Il regarde son nombril déjà. Tou- Laissez-moi vous dire pourquoi. Un second mois, à
Aux journalistes, l’autre soir, il a dit, dans ce qu’il a jours. Il le contemple. Il est sain. Il est sauf. Il est in- Paris, et je fonctionnerais comme les présidents de
dit, comme disait un émérite poète Maure, spécialiste tact. Surtout.
la France. Oui, je vais vous le dire. Tous, majorité et
dans l’allusion littéraire sur le registre des amours, je En d’autres termes, le président dit : ‘’ Mon nombril opposition. Vous n’arriverez jamais à passer au-des-
parle du poète, gardez le cap, que la balle, celle dont n’a pas été altéré.’’ Autrement dit : ‘’Mon nombril sus de mon nombril. Puisque, mon nombril, je le re-
il a parlée, ce soir-là, parce qu’il lui arrive d’évoquer là, que je regarde et que je contemple, la balle est pas- garde et je le contemple. Et, lorsqu’on regarde et
d’autres, l’a pénétré par le dos, fait un itinéraire dans sée, au-dessous. ’Est-ce clair, pour vous ?’’ ‘’ Laissez- contemple, sérieusement, son nombre aucune force
les intestins, avant de sortir, et passer au-dessous du moi vous dire une chose, comme disait mon ami au monde ne saurait passer dessus.’’
nombril.
Sarkozy.’’ ‘’ C’est-à-dire, d’où qu’elle vient, d’où
Le nombril. C’est cela. C’est le détail qui m’intéresse, vous le voulez-vous, cette balle, d’un tir ami, ou en-
N° 685 du 05 décembre 2012
Mouna Mint Ennas

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