Des médias et des maux - Ecole de Journalisme de Toulouse

Transcription

Des médias et des maux - Ecole de Journalisme de Toulouse
Politique
Focus
Société
Cohen, le bilan
de l’alternance
Mix’Art Myrys,
lieu de création
4 000 SDF
à Toulouse
Trajectoires
n°02-2014 hiver
le journal de l’école de journalisme de Toulouse
Des médias et des maux
#traj • sommaire
Dossier
Une presse aux pieds d’argile
p.4-5
Sud Radio : transformer l’essai
p.6
Paie ta pub !
p.7
Futur conditionnel pour TLT
p.8
Touléco sort de sa niche
p.9
France/Monde
Les djihadistes en herbe au tribunal
p.10
La famille avance, hollande recule
p.11
Politique
Qu’a fait Cohen ?
p.12
Cohen recalé à l’examen Moudenc
p.13
Moudenc tisse sa toile
p.14
Michèle Alliot-Marie : « Choisie »
p.15
Focus
La vie d’artiste au Myrys
p.16-17
Économie
L’imbroglio des chiffres chez Astrium
p.18
À Toulouse, l’autopartage est toujours en première
p.19
Société
SDF : les assos à la rescousse
p.20
Squats : la vie en sursis
p.21
Consommer sans dépenser
p.22
Culture
Sports
Barthet et Brunet en piste
p.26
Rugby féminin : et maintenant l’Italie
p.27
J’ai testé : le football australien
p.28
Sciences
L’horloge qui défie Einstein
p.29
Gastronomie
La tendance du « fast-good »
p.30
« Ma gourmandise m’a donné envie de faire ce métier »
p.31
Portrait
Le « French architect » toulousain
2
p.32
L’exil espagnol en exposition
p.23
L’actu des festivals
p.24
Un demi-siècle sur grand écran
p.25
#traj • édito
Pronostic vital engagé pour
médias sous perfusion
À
Directeur de la publication : Bertrand Thomas
Directeur de la rédaction : Jean-Paul Bobin
Rédactrice en chef : Valentine Arama
Secrétaire de rédaction : Jade Peychieras
Responsables photos : Lucie Nolorgues et Alexis Raison
Chefs de rubrique : Simon Hamy (dossier), Jules Pecnard
(France & Monde), Louis Nadau (politique), Vincent Guiraud
(économie), Anne-Laure Thomas (société), Adrien Morcuende
(culture), Marine Couturier (sports), Jérémie Cazaux (sciences
& santé), Sarah Gilmant (gastronomie)
Photo de Une : Jules Pecnard
l’heure où le mot « crise »
est sur les lèvres de tous
les Français, les médias
toulousains ne font pas figure
d’exception. Le jeudi 30 janvier
restera une journée marquée
d’une brique rouge. Carré d’Info,
Le Journal Toulousain, France
3 Midi-Pyrénées, TLT... Autant
de médias, qui, contrairement à
ce que chantait Alain Bashung,
connaissent la crise. Les plus
réputés ne sont plus à l’abri du
naufrage. Le secteur privé et les
régies publicitaires se retirent
petit à petit du marché tandis que
les subventions publiques – dernier
souffle de vie pour les médias
déficitaires – sont mal réparties.
Les médias locaux vont mal, le
pluralisme est en danger. Le constat
est frappant. La contradiction l’est
d’autant plus alors que les élections
municipales approchent, apportant
avec elles des vagues de promesses et
d’engagements.
Beaucoup ont décidé de se battre,
multipliant les grèves et les coups
de gueules. Sans succès ? Pas
nécessairement, à en croire ceux qui
ont décidé de faire cavalier seul et de
s’émanciper des contraintes des « plus
grands ».
Ceux qui pensaient que la seule
difficulté serait de se passer du
support papier pour entrer dans l’ère
2.0, ils devront se faire une raison : le
problème est plus large, plus dense.
D’autres ont trouvé des solutions
efficaces. Du média alternatif au titre
de presse qui s’installe dans une niche
inattendue, plusieurs options existent.
Il faudra donc s’adapter, avant de
revoir la vie en rose.
Valentine Arama,
rédactrice en chef
3
#traj • dossier
Une presse aux pieds d’argile
Carré d’Info et le Journal Toulousain ont ouvert, jeudi 30 janvier, une véritable semaine noire pour
la presse de la Ville rose. Si les raisons de cette débâcle sont diverses, la question qui reste en
suspens est celle de la conservation du pluralisme sur un plan local.
S
ale temps pour la presse régionale :
en l’espace de huit jours, quatre
mauvaises nouvelles sont venues
s’ajouter à un tableau général plus morose
que rose. Le pure player généraliste
Carré d’Info, à l’agonie depuis quelques
mois, ferme boutique. Dans la presse
écrite, c’est aussi la panique à tous les
étages : le quotidien Midi-Libre ferme
son bureau de ­ Rodez, l’hebdomadaire Le
Journal Toulousain se retrouve en pleine
tourmente judiciaire (voir encadré), tandis
qu’un mensuel, Toulouse Mag, disparaît en
laissant ses troupes rejoindre la maisonmère, le groupe La Dépêche. Après la
tempête cependant, un nouveau grain
Xavier Lalu. © S.H.
Xavier Lalu, cofondateur du défunt
site Carré d’Info,
revient sur la
fermeture de son
pure player.
4
se prépare notamment pour TLT et les
antennes locales de l’audiovisuel public.
De Charybde en Scylla
À l’origine d’un bilan social forcément
négatif – 15 rédacteurs sur le carreau
pour Carré d’Info, 18 au Journal Toulousain
et 20 pour Toulouse Mag – l’on retrouve
une bourse aux cordons de plus en plus
serrés. « Même si nous avons serré les
boulons pendant cinq ans, nous avons été
plombés par les dettes structurelles et des
coûts de fonctionnement trop élevés »,
peste Franck Demay, ancien directeur de
TLT, qui n’hésite pas à évoquer une « dette
cumulée abyssale ». Si ailleurs les mots ne
Quelle a été la principale
raison de cet échec ?
Il s’agit d’une question de
moyens. Au départ, B2X
productions,
composée
des trois créateurs de Carré
d’Info (Bertrand Enjalbal,
Xavier Drouot et moimême), s’est lancée sur
nos fonds propres. Vu que
nous étions tous les trois
inscrits à Pôle Emploi, nous
avons bénéficié de l’Aide
aux chômeurs créateurs
ou repreneurs d’entreprise
(Accre).
Comme
nous
avions choisi un modèle
gratuit financé par la pub,
malgré nos audiences, nous
sont pas aussi tranchants, le constat est
cependant le même. Un impayé remboursé
engage d’autres emprunts, qu’il faut aller
parfois chercher dans des recoins peu
reluisants. Ces impayés ont bien souvent
des répercussions sur les journalistes,
confrontés à une précarité salariale de plus
en plus forte. La grève du 5 février à France
Télévisons en est symptomatique. La
direction nationale n’arrive plus à assurer
financièrement les heures accumulées par
ses rédacteurs.
Pour parachever ce diagnostic, la place des
fonds publics, tant par les aides à la presse
(qui ont doublé depuis les états généraux
de la presse sous Nicolas Sarkozy en 2009)
avons eu le plus grand mal
à rentabiliser, les régies
locales ne payant que
très modestement leurs
emplacements.
Un modèle payant aurait-il
pu vous sauver ?
Nous aurions dû envisager
notre
manière
de
travailler
complètement
différemment. Même si
avec l’abaissement de la
TVA aux taux de la presse
écrite (entrée en vigueur
le 1er février, ndlr), il y a de
quoi réfléchir.
La fin de Carré d’Info est-
elle un mauvais présage ?
Elle porte surtout un coup
au pluralisme de la presse,
dont les pouvoirs publics
doivent se porter garants.
Mais quand 80% des
subventions vont à un seul
titre, il y a un réel problème.
Nos bons résultats (70 000
visites/mois)
prouvent
que personne n’est à l’abri.
Le modèle économique
des pure players locaux,
même si c’est en train de
changer, n’est toujours pas
viable sans coup de pouce
externe.
Propos recueillis par Simon
Hamy
#traj • dossier
que par la participation directe ou indirecte
au capital des entreprises d’information,
croît de manière inquiétante : de perfusion
au compte-gouttes, les versements de l’État
aux médias sont devenus de véritables
transfusions vitales. Ainsi, TLT ne survit par
exemple que grâce à la mairie de Toulouse,
devenue actionnaire majoritaire en l’espace
de quatre ans.
Pas-de-deux politico-médiatique
La course au Capitole pourrait bien d’ailleurs
s’avérer salutaire : en pleine campagne,
les candidats redoublent d’intérêt pour
la santé des médias, enjeux cruciaux
et acteurs clés de leur communication.
Cette instrumentalisation passe aussi
par l’emphase du discours politique qui,
à défaut d’être nuancé, sert de sonnette
d’alarme. « Pour une mairie de gauche,
laisser en rade plus d’une centaine de
travailleurs pour une somme qui équivaut
au millième du budget culture annuel [de la
mairie], ça la fout mal, très mal », tonnait
ainsi Jean-Christophe Sellin, le candidat du
Front de gauche, le 4 février, à la réunion de
crise des producteurs de TLT.
D’autres se rêvent en justiciers défenseurs
d’une presse plurielle et indépendante,
clouant les responsables au pilori : Antoine
Maurice (EELV) exige de la « transparence »
à tour de bras, dénonçant l’ « espèce
hégémonique qui nuirait à la biodiversité
de l’écosystème médiatique ». Derrière cette
métaphore colorée se dessine la silhouette
du géant régional, lui aussi en proie à une
baisse des diffusions (perte de 30 000
lecteurs en l’espace de cinq ans, chiffre OJD)
: le groupe La Dépêche en difficulté accapare
les financements publics et publicitaires. «
La Dépêche est implantée historiquement
dans le paysage. Aussi, les annonceurs
ont une certaine confiance envers ce titre,
et il est plus compliqué pour un média
plus jeune dans la région de capter leur
attention », regrette Stéphane Beaumont,
chroniqueur politique et animateur du
comité de soutien au Journal Toulousain.
Xavier Lalu (co-fondateur de Carré d’Info),
qui vient d’enterrer un projet financé sur
ses propres deniers, acquiesce: « Je ne dirais
pas que La Dépêche contrôle tout, mais elle
est clairement en situation de monopole sur
les annonceurs de la région. Difficile dans ce
contexte de se financer uniquement par des
revenus publicitaires. »
Rappel des faits:
des crevettes font trembler
les journalistes du Journal
Toulousain
18 employés dont 15 journalistes sur la sellette. Les
salariés du Journal Toulousain ne savent pas si leur
journal pourra se maintenir.
Le directeur de publication,
Marcial Layani, a été mis en
examen pour « escroquerie en
bande organisée, association
de malfaiteur et blanchiment
d’argent». Sans administrateur
pouvant signer les chèques, Le
Journal ­Toulousain n’est plus
Un coin de ciel bleu
en kiosque.
Pourtant, un petit groupe résiste encore et
toujours à la pression centralisatrice : les
médias de niche et alternatifs, par nature
forcés d’être créatifs dans leurs plans de
financement, passent par de nouveaux
moyens pour joindre les deux bouts. De
la diversification spécialisée dans le cas
de Touléco, qui répond aux demandes
directes de ses lecteurs par de nouvelles
publications, aux appels solidaires relayés
par les réseaux sociaux (Le Brigadier,
magazine de spectacles toulousain s’en est
ainsi sorti grâce à des campagnes de dons
successives), la nouvelle cuvée s’annonce
avant tout citoyenne. Tout horizon n’est
donc pas bouché pour la presse qui, après
la transition numérique, doit à nouveau
s’adresser à un lecteur dont le mode de
consommation de l’information est encore
en pleine mutation.
D’après le parquet de
­Bordeaux, en charge de l’affaire, M. Layani aurait proposé
des investissements périlleux
dans des élevages de crevettes
au Brésil. Le préjudice a été
évalué à près de 16 millions
d’euros. Pour l’heure, le parquet bordelais estime entre
120 et 150 personnes abusées
par l’homme d’affaires.
Au printemps 2012, M. Layani
a décidé de reprendre en main
Le Journal
Toulousain n’est
plus en kiosque
Le Journal Toulousain. « Je
pense avoir plutôt réussi dans
les affaires, et avoir un média
Simion Hamy et Olivier Ceyrac
sera aujourd’hui utile à mes
activités », expliquait-il à ce
moment à ses proches.
L’histoire personnelle de Mike
Layani montre qu’il a fait
fortune dans le commerce de
crustacés. Mais ce n’est pas
la première fois qu’il est dans
l’œil de la justice. La Dépêche
du Midi du 31 janvier dernier
fait état d’une ancienne affaire
brésilienne. M. Layani y est
poursuivi pour escroquerie,
fraude et corruption. En
résumé, Le Journal Toulousain
c’est comme les crevettes: tout
est bon sauf la tête.
Stéphane Beaumont, à la tête du comité de soutien à l’hebdomadaire (au micro). © Olivier Ceyrac
Olivier Ceyrac
5
#traj • dossier
Sud Radio : transformer l’essai
Sauvée du dépôt de bilan par
Fiducial en septembre 2013,
la radio toulousaine entend
bien récupérer ses auditeurs et
s’imposer à l’échelle nationale.
«P
endant les travaux, la vente
continue ». Claude Hemmer,
directeur fraîchement nommé
à la tête de Sud Radio, a le sens de la formule. Arrivé en janvier, il récupère les rênes
d’une radio qui « a beaucoup souffert ».
Laissée à l’abandon par un actionnaire qui
ne la finançait plus, Sud Radio « ne compte
Claude Hemmer, le nouveau directeur. © LN
plus beaucoup d’auditeurs » et ses programmes se sont dégradés. Claude Hemmer
veut donc progressivement « apporter de la
consistance au contenu », afin de redonner
ses lettres de noblesse à Sud Radio.
Une radio nationale à l’accent
du Sud-Ouest
L’objectif est clair : « Une radio générale qui
a son cœur à Toulouse et qui irrigue l’ensemble du territoire. » Le groupe Fiducial
souhaite donc racheter des fréquences en
candidatant systématiquement dès qu’un
appel d’offres se présentera. Déjà présente
à Paris, Biarritz et Marseille, la radio compte malgré tout conserver son ADN sudiste.
« La radio du soleil » fera toujours du rugby
sa priorité. Avant que la nouvelle grille ne
soit lancée en août 2014, la rédaction « se
repose sur ce qui existe » et apporte des
améliorations au jour le jour. L’émission
Rugby et Compagnie a déjà fait son retour.
Et l’information reprend progressivement
de l’importance avec un flash info toutes les
heures et un journal de trente minutes le
soir. La matinale changera de formule pour
les municipales avec « une surprise » quant
à l’animateur choisi pour cette tranche 6h9h. Les studios, eux, devraient reprendre
vie avec un retour du live. La priorité reste
« de faire revenir l’auditeur et de le faire participer ». Les programmateurs planchent
encore sur le programme du week-end.
Nouvelles recrues
Pour concrétiser ces ambitions, de nouveaux bras seront recrutés dans les mois à
venir. Impossible encore de communiquer
le nombre de postes créés, « cela se fera chaque fois que nécessaire ». Le groupe Fiducial
a « les reins solides », mais reste prudent :
« Ce n’est pas parce que le groupe a de l’argent que l’on doit dépenser sans compter »,
justifie le directeur. Des journalistes, des
animateurs et des standardistes devraient
donc venir gonfler les rangs de l’actuelle
équipe. Déjà des renforts ont été recrutés
pour le rugby. Et, bien qu’ayant le souci de
conserver l’équipe, un nouveau rédacteur
en chef, Christophe Bordet, a pris ses fonctions le 4 février dernier. Le directeur de
Sud Radio se dit « serein ». Il se donne trois
ans pour achever son chantier.
Lucie Nolorgues
Bio express
1977 – 2002 : RTL
2004 - 2007 : Radio France, créateur de
l’émission « On fait la route ensemble »
2007 - 2011 : Radio des autoroutes 107.7
Depuis 2012 : Consultant indépendant
La crise de la PQR : Késako?
Panique dans les rédactions. « En trente ans, la
PQR (presse quotidienne régionale) a perdu, selon les
villes, entre 30 % et 50 % de
son lectorat en n’ayant pas
su s’adapter aux nouveaux
publics des grandes villes »,
s’alarme Jean-Marie Charon, enseignant à l’EHESS,
dans Les Échos. Aujourd’hui,
il y a Internet. Alors pourquoi faire don d’1€ chaque
jour pour pouvoir feuilleter
La Dépêche ? « Il y aura toujours un besoin d’information régionale, le journal ne
6
va pas mal », tempère José
Biosca, directeur général du
quotidien basé à Toulouse.
« Il y a un problème de diffusion. La question est surtout
de savoir sur quel support se
développera cette information. Avec les possibilités offertes par les nouvelles technologies, le support est plus
agréable pour le lecteur. »
Autant se connecter gratuitement sur le site de son
quotidien pour retrouver
le score du dernier match
de rugby, ou payer pour un
supplément si besoin. « Ce
qu’il faut retenir, c’est que le
papier ne sera plus le seul, les
deux coexisteront. » La PQR
n’a pas dit son dernier mot.
Ava Mergy
#traj • dossier
Paie ta pub !
Pour contrer la crise de la
presse, les quotidiens gratuits
confient leurs pages locales
aux journalistes de la PQR.
Un nouveau système se
dessine autour des revenus
publicitaires.
L
es gratuits s’organisent comme ils
peuvent. Metronews est contraint de
centraliser sa rédaction à Paris et n’a
qu’un reporter pour Toulouse. 20 Minutes,
le deuxième quotidien gratuit implanté
dans la ville a, lui, la chance d’avoir sa propre rédaction locale. Plusieurs journalistes,
deux agents commerciaux chargés de vendre la publicité… l’équipe s’active et le jounal touche ainsi des revenus publicitaires.
De quoi lui permettre, à défaut de rouler
sur l’or, d’avoir un peu de recul sur sa situation économique.
De son côté, l’édition toulousaine de Direct
Matin survit en lien étroit avec La Dépêche
du Midi. En réaction à la crise, son système
de financement a été changé pour l’année
2014. Auparavant, le groupe empochait les
revenus publicitaires des pages locales lors
À Toulouse, les gratuits dans la tourmente. © Olivier Ceyrac
de la diffusion du gratuit. Avec le nouveau
processus en vigueur, les quatre premières
pages de Direct Matin Toulouse, désormais,
sont directement facturées au siège, à Paris.
Un système qui permet toujours au groupe
de la DDM de faire tourner deux de ses filiales : O2 Pub, sa régie publicitaire en contact
direct avec les entrepreneurs toulousains,
et La Dépêche News, son agence de presse.
Alexandre Ferrer, en charge du montage des
4 pages locales, n’est ainsi pas un salarié de
Direct Matin. Chaque jour, le journaliste de
Toulouse Mag en sursis
arrêt permet de continuer
La radio RTL a sorti l’info le
la parution mensuelle
31 janvier dernier, dans un
jusqu’à la fin des abonne-
contexte déjà délicat pour
ments, mais l’été prochain
les médias toulousains :
risque d’être fatal au maga-
le groupe Dépêche du Midi
zine. Du côté du groupe La
va arrêter la commerciali-
Dépêche, on reste prudent :
sation des abonnements
« Quoi qu’il advienne les
de ses magazines, parmi
salariés seront reclassés, au
lesquels Midi Presse Service
sens juridique du terme »,
et surtout le mensuel géné-
explique la directrice des
raliste Toulouse Mag, lancé
ressources humaines
en 2001 et racheté par le
Marie-Bénédicte Rolfo.
groupe il y a une dizaine
« L’urgence est de gérer ce
d’années. Le magazine, qui
dossier du mieux possible,
compte 20 salariés dont 12
il est donc hors de question
permanents, enregistrerait
que l’on s’exprime dessus
un déficit de 500 000 € par
avant que tout soit réglé. »
an. L’arrêt de la commercia-
Contacté par France 3,
lisation des abonnements
Jean-Nicolas Baylet, direc-
a été confirmé par la rédac-
teur général adjoint du
trice en chef de Toulouse
groupe La Dépêche, n’a pas
Mag, Joëlle Porcher, qui n’a
non plus souhaité répondre
cependant pas souhaité
aux questions.
s’exprimer sur le sujet. Cet
Marien Regnault
La Dépêche News s’occupe de l’information
à l’aide du travail de l’agence de presse. Les
4 premières pages de Direct Matin peuvent
alors être incorporées à l’édition nationale,
et La Dépêche prend le relais pour imprimer
le résultat final avant qu’il ne soit diffusé
dans l’agglomération de Toulouse. « C’est
une tentative, nous ne sommes sûrs de rien,
mais nous nous devions de réagir », explique
Pascal Lemoine, rédacteur en chef de Direct
Matin Toulouse.
Raphaël Moury
L’État au chevet
de la presse écrite
Entre 2010 et 2012, les aides à la presse ont augmenté, tant dans la presse
quotidienne nationale que dans la presse quotidienne régionale. En 2012,
l’État français a versé 1,2 milliard d’euros d’aides, ce qui représente 11 %
du chiffre d’affaires du secteur (estimé à 10 milliards d’euros).
7
#traj • dossier
Futur conditionnel pour TLT
La direction de Télé ­Toulouse,
qui accuse une dette cumulée
de 4,6 millions d’euros,
se retrouve face à d’importants
problèmes financiers
qui pourraient remettre son
avenir en jeu.
«4
13 020 euros, multipliés par
sept ou dix. » Voilà le chiffre
qui, lors d’une tribune tenue à
l’Esav le 4 février, revient dans les bouches
des producteurs locaux de contenu audiovisuel. Chiffre qui symbolise pour eux à la
fois un manque à gagner et un réel dysfonctionnement au sein de TLT. Accusée d’avoir
utilisé une convention de financement
passée entre le Casino Barrière, la mairie
de Toulouse et un collectif de partenaires
régionaux pour régler ses impayés, la plus
ancienne chaîne locale hertzienne du PAF
se retrouve au centre d’une polémique qui
pourrait vite enfler dans un contexte électoral décisif.
La crise de la chaîne concerne en premier lieu ceux qui sont derrière la caméra. ©DR
La mairie a en effet toujours eu un rôle central dans l’avenir de TLT, de la « télé de M. le
Maire » sous Baudis à l’actuelle participation publique au capital de la chaîne, qui en
six ans est passée de 23 à 60%. Une véritable perfusion qui a permis, selon Catherine
Guien, adjointe au maire et co-administratrice de Toulouse Télévisions, de « réduire
le déficit annuel courant de la chaîne de
1,6 M€ à 200 000€ ».
Survivre, un enjeu partagé
Pierre Lacaze (à d.) face aux producteurs. ©SH
À contre-courant de ce bilan plus que
moyen, producteurs, administrateurs et
élus en charge du dossier en conviennent
toutefois : il faut que Télé Toulouse vive.
La question de purement et simplement
arrêter la diffusion avait déjà été abordée
puis écartée au terme de houleux débats
en 2008. Même les mécontents du 4 février
Heures supplémentaires et France Télévisions : la tension monte
France Télévisions n’est pas épargnée par la crise. Mercredi 5 février, les rédactions régionales de
sont tombés d’accord là-dessus : l’arrêt de
la chaîne serait fortement dommageable,
tant en terme d’image pour une ville qui
se veut métropolitaine et décentralisatrice
que du point de vue économique.
Si TLT accuse des défauts de paiement,
elle finance encore, et notamment par
le biais de la convention mise en cause,
de nombreux contenus créatifs qui s’exportent bien. Pour perdurer, Emmanuel
Schwartzenberg et Pierre Lacaze, respectivement directeur général et élu en charge
de la commission de financement de TLT,
souhaitent tous deux l’instauration d’une
« économie mixte » de fait, avant une possible « réorientation générale vers un statut
de télé publique ». Une implication plus forte des élus, déjà aux cordons de la bourse,
créerait de nouveaux remous dans une eau
déjà bien trouble. À TLT donc, et tous les
candidats à l’élection municipale l’y exhortent, de prouver sa transparence, tant sur
les fonds que sur la forme.
France 3 étaient en grève. Un mouvement particulièrement suivi en Midi-Pyrénées puisque 40%
des journalistes ont montré leur mécontentement. « La situation est de plus en plus compli-
Un avenir citoyen ?
quée », affirme Karine Deroche, déléguée SNJ (Syndicat national des journalistes) auprès de la
« Nous avons tous été mis devant le fait accompli », déclare encore E. Schwartzenberg
au site d’informations locales Touléco.
Sommé par les administrateurs d’apurer le
contentieux qui l’oppose aux producteurs,
le DG aux manettes depuis moins d’un an
semble quelque peu déboussolé. Pourquoi
ne pas se tourner vers le futur ? Avec des
audiences toujours en bonne forme (environ 375 000 spectateurs journaliers selon
Régie télé régions), surtout sur la plateforme web, TLT a probablement un coup à
jouer en pariant sur son public.
Simon Hamy
locale de la chaîne publique. « La direction nationale de France Télé a décidé, unilatéralement,
en janvier dernier, de revoir le calcul des heures supplémentaires. » La direction nationale de
la télévision publique propose deux solutions. Soit un paiement forfaitaire journalier, soit un
décompte horaire ne pouvant dépasser les 220 heures par an. Pour la représentante du SNJ, « les
heures supplémentaires sont courantes dans notre métier. On ne peut pas les calculer comme ça
à la louche ».
La journaliste constate un décalage réel entre sa direction et les obligations de son métier. Selon
elle, les journées de douze heures sont nombreuses. « Si on dépasse ce volume horaire que faiton ? On arrête de tourner, de poser nos questions et on remballe le matériel parce que l’on ne
sera pas payés ? » demande-t-elle excédée. Pour l’heure, la situation reste au point mort. Une
réunion nationale est prévue en juin. Jusque-là, les journalistes accumulent les heures supplémentaires sans être payés. « On ne peut pas faire autrement. Mais il faut trouver une solution et
vite. Ce n’est plus vivable pour certains d’entre nous. »
8
#traj • dossier
Touléco sort de sa niche
Fuite des lecteurs. Manque d’intérêt. Peu de demandes. En 2007, La Dépêche du Midi dit stop
à la publication de son supplément économique. Cet arrêt a mis une dizaine de journalistes sur le
carreau. Depuis, un titre indépendant est né et semble avoir trouvé sa voie.
Après neuf mois de gestation, Touléco a
pointé son nez en juin 2008. « Nous étions
tous issus de La Dépêche, habités par l’envie de poursuivre l’aventure », présente,
non sans émotion, le rédacteur en chef,
Martin Venzal. « Ce n’est pas simple de se
lancer alors que le titre que l’on “remplace”
vient de s’arrêter. Nous avons fait le pari de
nous enfoncer dans une niche : l’économie
locale. » Depuis six ans, Touléco enquête,
reporte et interroge la vie économique
toulousaine et ça marche. Les chiffres
de diffusion annoncent 8 000 exemplaires vendus, pour une audience évaluée à
40 000 lecteurs. En 2011, la société éditrice
de Touléco « Dark Side Média » annonçait
un chiffre d’affaires annuel de 260 000 €
dont 115 300 € de charges et salaires. D’où
Plus chère, la web Tv travaille par partenariats.
M. Venzal (à droite) intervient sur France Bleu.
un besoin de vendre un maximum d’exemplaires. D’autant que, depuis sa création,
la rédaction du journal s’est étoffée. Elle
compte treize rédacteurs et quatre photographes. Chaque trimestre, Touléco produit
un magazine de 100 à 120 pages. « La pagination est déterminée par les annonceurs,
c’est évident. Notre lecteur moyen est issu
des CSP plus (Catégories socioprofessionnelles supérieures). On est loin de la ménagère de moins de 50 ans », s’amuse-t-il. Si le
trimestriel présente un bilan de santé positif, c’est aussi le cas de son compère numérique. Touléco.fr permet aux lecteurs de se
familiariser avec la discipline économique.
« La crise l’a fait entrer dans les chaumières», remarque Martin Venzal. « Sans être
des vulgarisateurs, les lecteurs sont assidus
et demandeurs d’explications. C’est la magie
du commentaire sur Internet. Nous sommes
liés à eux. »
« Dark Side Média » a vu l’éclosion de nouveaux titres : Touléco Tarn, Toulemploi,
Touléco TV et le petit dernier ToulécoGreen. Pour ces titres spécialisés, la rédaction reste la même. Une réunion hebdomadaire suffit à organiser le travail et faire
avancer la réflexion du groupe. Le reste du
temps, les journalistes sont sur le terrain
ou travaillent chez eux. « Chacun s’organise comme il l’entend. Le télétravail nous
permet de voir l’avancée des travaux durant
trois mois. Ce n’est pas beaucoup, mais assez
pour avancer avec sérénité. »
Viables, les niches spécialisées le sont. Reste à savoir si les lecteurs resteront attachés
à ces publications payantes.
oLiViER CEyRaC
Trois mois pour un magazine. Photos © Touléco
Alternatifs mais toujours au courant
9
#traj • france/monde
Les djihadistes en
herbe au tribunal
Justice. Depuis leur capture à
la frontière turco-syrienne, les
deux jeunes Toulousains partis
faire le djihad contre le régime
Al-Assad ont vu leur dossier
transmis au parquet de Paris.
L
e périple des deux adolescents
toulousains n’aura finalement été
qu’une escale. Candidats au djihad
en Syrie, ils ont été arrêtés la semaine
dernière à la frontière turque. Leur identité
est désormais protégée par le secret de
l’instruction. Âgés de 15 et 16 ans, ils ont
été rapatriés en France par la Direction
centrale du renseignement intérieur (DCRI),
puis placés en garde à vue. Leur dossier,
pris en charge par Me Agnès DufetelCordier, a été transféré par le tribunal de
grande instance de Toulouse au parquet
de Paris. Une information judiciaire a été
ouverte pour « association de malfaiteurs
en relation avec une entreprise terroriste ».
Du fait de leur minorité, ils risquent cinq
ans de prison ferme au lieu de dix.
Selon La Dépêche du Midi, ils étaient partis
le 6 janvier rejoindre la frange intégriste
de la rébellion syrienne. Il s’agirait
probablement du front Al-Nosra, affilié
à Al-Qaïda. Rien ne les prédestinait, du
moins en apparence, à prendre cette grave
décision. Il s’agit là d’une spécificité de ces
nouveaux convertis. Amis proches au lycée,
leur radicalisme religieux est apparu de
façon très soudaine. Selon Agnès ThibaultLecuivre, porte-parole du parquet de Paris,
ils sont plutôt issus « de la classe moyenne »
que d’un milieu précaire.
Un jeune djihadiste sur le front en Syrie © AFP
Une filière toulousaine ?
Du fait de la multiplication de ces cas
d’endoctrinement dans la région, les médias
ont très vite fait état d’une possible « filière
toulousaine ». On pense notamment aux
frères Bons, qui ont réussi à entrer en Syrie
et qui ont péri à quelques mois d’écart, âgés
de 21 et 30 ans ; l’un au front, l’autre dans
une attaque à la voiture piégée. D’après le
parquet, « il n’y a rien d’avéré » sur une telle
filière de recrutement. Même son de cloche
chez la plupart des experts de la question
djihadiste. Les services de renseignement
européens dénombrent environ 2 000
ressortissants communautaires, tous
plutôt jeunes, qui feraient le djihad au
Proche-Orient. Une somme de cas isolés,
liés davantage par un destin malheureux
que par un réseau structuré.
Jules Pecnard
Sotchi : Poutine serre les boulons
À l’aube des JO
d’hiver, la prise
d’otages de Moscou
a relancé l’enjeu
sécuritaire que le
président russe
a dû affronter avec
autorité.
Après
les
attentats
meurtriers de Volgograd,
d’autres coups de feu ont
réussi à ébranler le rocher
Poutine. Un lycéen armé a
fait irruption dans une école
de Moscou, le 3 février,
pour prendre une vingtaine
d’élèves en otages, avant
d’être neutralisé par les
forces de l’ordre. Le tireur,
« un
excellent
élève »
selon les enquêteurs, a
10
© Sarah Gilmant
assassiné un professeur de
géographie et un policier.
Un pays écorné par son
insécurité chronique
Cet événement a incité les
autorités russes à renforcer
les mesures de police au sein
de la capitale. Il a surtout
aggravé l’image d’un pays
en proie à d’importants
problèmes
sécuritaires,
alors même que la Russie
inaugure son plus grand
moment médiatique depuis
la dislocation de l’URSS
en 1991. Les attentats de
Volgograd du 29 décembre
dernier avaient fait 34
morts.
L’identité
des
responsables a été révélée
la semaine dernière : il
s’agirait de membres d’un
groupe extrémiste du
Daguestan,
république
instable du Caucase qui, il y
a quelques semaines, fut le
théâtre d’une attaque à la
voiture piégée.
Ce bilan, qui rejaillit
inévitablement sur Vladimir
Poutine, donne une teneur
particulière aux JO d’hiver,
les plus chers de l’histoire
(36 milliards d’euros). Le
« tsar rouge » a toujours
vanté sa gestion musclée
des rapports diplomatiques
et des tensions séparatistes.
Il lui incombe de colmater
les brèches du paquebot
Sotchi avant sa mise à flot.
Jules Pecnard
#traj • france/monde
La famille recule,
Hollande avance
A
près plusieurs déclarations contradictoires, le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, a
annoncé que le projet de loi
Famille ne sera finalement
pas étudié au Parlement
en 2014. Suite au succès
de la Manif pour tous, le
gouvernement ne souhaite
pas que des amendements
sensibles sur la gestation
pour autrui (GPA) et la
procréation médicalement
assistée (PMA) y soient débattus. Matignon repousse
l’échéance et attendra l’avis
du Comité national d’éthique. « Le temps de la PMA
n’est pas venu », affirme
Dominique Bertinotti, ministre déléguée à la Famille.
Cependant, la future loi,
reportée à 2015, sera examinée par le gouvernement
Le leader mondial du réseau
social en ligne Facebook a fêté
ses dix ans d’existence le 4
février. Depuis sa création à
via les propositions de loi,
des députés. Au risque d’accentuer les clivages au sein
de la gauche. Selon un sondage Harris Interactive réalisé pour La Chaîne Parlementaire, 55 % des Français
approuvent le retrait de la
loi Famille, qui ne prévoyait
ni légalisation de la GPA, ni
élargissement de la PMA
aux couples lesbiens. Cela
fait plus de deux ans qu’un
flottement perdure autour
de la question de la PMA.
Depuis l’arrivée au pouvoir de François Hollande,
gouvernement et majorité
n’ont cessé d’ajuster leurs
violons en ce qui concerne
l’élargissement de la PMA
aux couples de même sexe.
L’an dernier la gauche, unie
autour du mariage homosexuel, avait réussi à diviser
la droite. Sur la PMA, les
fêlures au sein du PS ont
poussé François Hollande à
rebrousser chemin. À l’aube
des élections municipales,
le chef de l’État, au plus bas
dans les sondages (19% de
soutien selon le dernier
sondage TNS Sofres), ne
peut se permettre une majorité chancelante. Il a besoin d’une gauche qui fasse
bloc.
en bref
Sous une pression
considérable
à un mois des
municipales, le chef
de l’État reporte
une loi qui divise
même à gauche.
Facebook fête ses 10 ans
Harvard en 2004, Facebook
s’est transformé en une entreprise liant plus d’un milliard
d’internautes et pesant plus
de 150 milliards de dollars en
valeur boursière.
François Hollande aux USA
Le président de la République
est en visite officielle aux
États-Unis du 10 au 12 février,
la première d’un chef d’État
français depuis Jacques Chirac
en 1996. MM. Hollande et
Obama évoqueront ensemble
la Syrie, l’Iran et l’Ukraine, ainsi
que le brûlant dossier de l’espionnage américain en Europe.
Charlotte Van Ouwerkerk
Réforme constitutionnelle
en Ukraine
Le président ukrainien Viktor
Ianoukovitch a déclaré le
6 février qu’il souhaitait mener
« le plus rapidement possible »
une réforme constitutionnelle.
Il a également annoncé des
mesures pour «accélerer la
remise en liberté» des manifestants arrêtés lors des récents
heurts avec la police.
Sondage Harris Interactive effectué pour LCP. © Jade Peychieras
La bible de la femme moderne
Pour s’épanouir, rien de plus
simple : Marie-toi et sois
soumise, un livre dont les
ventes explosent en Espagne.
« Le pouvoir n’est pas fait pour les femmes. »
Scandale ! s’indignent les féministes. Ce
sont pourtant les conseils que prodigue
Costanza Miriano, journaliste italienne,
dans son livre Marie-toi et sois soumise, un
manuel de la parfaite femme docile. Pour
les intéressés, la version française est en
cours de traduction et devrait sortir en
2014. Ce recueil de lettres, publié il y a quel-
ques semaines, provoque déjà un tollé. La
ministre espagnole de la Santé, Ana Mato,
a même exigé son retrait des ventes.
Mais sous un titre provocateur, Costanza
Miriano se défend d’inciter à la violence
faite aux femmes : « Mes détracteurs n’ont
pas lu mon livre, c’était le mot “soumise”
qui leur créait un problème », expliquet-elle dans une interview au journal
catholique L’Homme nouveau. « La société
d’aujourd’hui veut être dégagée de tout
lien. Le mariage, c’est exactement l’inverse :
accepter volontairement d’être dépendant »,
poursuit-elle. Jusque-là, pourquoi pas.
Mais lorsqu’elle écrit : « Nous, les femmes,
nous aimons l’humiliation », ou encore
« vous devez être sa soumise », il y a de quoi
frémir.
Il y a 2000 ans, l’apôtre Saint-Paul, auquel
Costanza Miriano fait sans cesse référence,
écrivait : « Que vos femmes se taisent dans
les assemblées, car elles n’ont pas mission de
parler. Si elles veulent s’instruire sur quelque
point, qu’elles interrogent leurs maris à la
maison. » Bref, une femme en accord avec
son temps.
Jade Peychieras
11
#traj • politique
Qu’a fait Pierre Cohen ?
Municipales. Après trente-sept
ans de domination droitière,
Toulouse basculait à gauche
en 2008. Six ans plus tard,
quel est le bilan du mandat
Cohen ?
«U
n bilan ne fait pas gagner »,
a déclaré Pierre Cohen en
lançant sa campagne, le
9 ­­­décembre. Le sien fera-t-il perdre le maire
de l’alternance ? S’il a tenu ses engagements sur des thèmes traditionnellement
confortables pour la gauche, au premier
rang desquels figure l’éducation, l’édile
socialiste est en revanche attaqué sur le
budget (voir en bas de page), la sécurité
et les transports. La fin de la dette zéro, le
chapelet de faits divers liés à l’islamisme et
la polémique du tram ébrèchent le marbre
rose du Capitole.
Du propre aveu de Pierre Cohen, le programme qui lui avait ouvert les portes de
la mairie demeure inachevé : « Finalement,
on a réussi à bien penser la ville de demain.
Ce qui est plus compliqué, c’est de la mettre
en œuvre. » Le maire, qui conserve une certaine amertume à l’encontre d’une démocratie locale qu’il pensait plus malléable,
n’est pas parvenu à tenir la cadence des
promesses.
Ce que demandera Pierre Cohen à ses administrés pour ce nouveau mandat, c’est
Légende légende légende légende légende légende légende légende légende. © Crédit Photo
L’actuel locataire du Capitole ne compte pas résilier son bail en 2014. © SCDS
donc du temps. Du temps pour achever les
150 kilomètres de lignes de bus destinés à
établir un « maillage » de transport en commun ; du temps pour développer le ­Quartier
des sciences et l’espace ­ Montaudran
­Aérospace ; du temps pour bâtir les deux
mosquées qui manquent encore à l’appel
des quatre promises en 2008.
« Nous avons rattrapé le retard », s’est félicité le premier magistrat mardi 4 février,
alors qu’il dévoilait son programme. Les
60 millions d’euros investis dans les écoles
ont en effet remis à flot le système éducatif
toulousain. « Globalement positif », « rien à
redire » : Jean-Christophe Sellin et Jean-Luc
Moudenc concèdent l’efficacité de l’action
municipale en la matière.
Le consensus s’arrête là. Dans une ville
encore traumatisée par l’affaire Merah
et les troubles récurrents dans le quartier
des Izards, la sécurité semble être le talon
d’Achille du mandat de Pierre Cohen. En
dépit du succès de l’Office de la tranquillité – 600 000 appels reçus en six ans –, les
hausses annuelles de 10 et 17 % des violences physiques et du trafic de stupéfiants
entachent les résultats du maire sortant.
Sur la fiscalité, le président de Toulouse
Métropole a respecté son engagement :
pas de hausse d’impôt. Mieux, la taxe d’habitation a baissé : de 19,55% en 2008, elle
est passée à 15,87 % en 2013. Au prix d’un
petit emprunt de 15 millions ?
Louis Nadau et Yohan Blavignat
Le Capitole frappé par la dette
Le changement, c’était il y a
six ans. En 2008, un arrêté
préfectoral crée Toulouse
Métropole autour de 37
communes. Une initiative
qui a permis à la ville de
diminuer ses dépenses de
11 %, alors que la communauté urbaine a doublé son
budget entre 2008 et 2014.
Les Toulousains s’y retrouvent, avec une baisse des
impôts locaux de 7 %. Les
chefs d’entreprise, moins.
Les charges sur les entreprises ont en effet augmenté,
pour atteindre 32,90 %
aujourd’hui, la moyenne
12
nationale se situant à 28 %.
Alors que le maire sortant
défend son bilan financier
à la tête de la quatrième
ville de France, la dette
revient, et ternit la fin de
son mandat.
Lors du dernier conseil municipal, le 24 janvier 2014,
l’équipe en place a voté un
recours à l’endettement de
15 millions d’euros dans
le but de développer les
transports. Un recours qui
marque la fin d’un équilibre budgétaire qui tenait
depuis vingt-deux ans. La
dette de Tisséo, estimée
à 1,5 milliard d’euros, est
la cause principale de cet
abysse budgétaire. Un
gouffre dont MM. Cohen
et Moudenc se rejettent la
responsabilité. Toutefois,
lors de la prise de fonction
de Pierre Cohen en 2008,
Tisséo avait cependant déjà
contracté plus d’1,3 milliard
d’euros de dettes.
L’analyse est différente du
côté de la Chambre régionale des comptes. Dans son
rapport 2013, elle engage
les collectivités locales à
« augmenter leur participation » dans Tisséo. Les
magistrats poursuivent en
critiquant « une politique
généreuse à bout de souffle ». La gratuité pour les
seniors de plus de 65 ans,
en vigueur depuis 1972, et
l’abonnement annuel à 10
euros pour les moins de
26 ans, prônés par Pierre
Cohen, coûteraient 22 millions d’euros par an. Dans
ce règlement de comptes,
les électeurs resteront seuls
juges.
Yohan Blavignat
#traj • politique
Cohen recalé à l’examen
Moudenc
Jean-Luc Moudenc n’est pas
toujours mauvais joueur pour
juger Pierre Cohen. Mais il ne
faudrait tout de même pas qu’il
sorte de son rôle d’opposant.
Bilan.
1
Les transports : « insuffisant »
La seule réalisation « concrète » de
Pierre Cohen, « les 3,5 km de tramway », résume l’ancien maire. Le record du nombre
de voyageurs a été atteint le 20 décembre dernier, avec 30 659 utilisateurs. « À
l’échelle de l’agglomération, c’est ridicule »,
assure Jean-Luc Moudenc. Cela représente
tout de même une augmentation de la fréquentation du tram de 44,6 % entre janvier
2013 et janvier 2014. Quant à l’annonce du
leader PS d’un métro jusqu’à 3 h du matin,
«c’est uniquement parce que j’ai fait cette
proposition qu’il en a parlé », s’amuse la tête
de liste de droite.
2
Le budget : « désastreux »
Le maire sortant a annoncé, lors du
conseil municipal du 24 janvier, un emprunt
de 15 millions d’euros. « Une collectivité bien
gérée est capable de s’autofinancer ! » s’indigne l’ancien occupant du Capitole. Avant
2013, la ville n’avait plus emprunté depuis
1992. « C’est une gestion catastrophique »,
estime Jean-Luc Moudenc. Selon lui, la capacité d’épargne de la ville a fondu comme
neige au soleil : « Elle était de 140 millions
en début de mandat, elle est aujourd’hui de
20 millions. »
3
La sécurité : « médiocre »
« Pierre Cohen est aux abonnés absents ,
considère Jean-Luc Moudenc. Les effectifs
de police ont stagné », alors que le candidat
UMP s’engage à les doubler. Seul l’Office de
la tranquillité, qui permet à tout un chacun
d’avoir un interlocuteur en cas de problème,
trouve grâce à ses yeux. À ce volet d’écoute,
il veut ajouter l’intervention d’une brigade
«en trois minutes ».
4
L’emploi : « moyen »
« La création d’emplois a ralenti sous le
mandat Cohen. Plus aucune entreprise ne
s’est installée à l’Oncopole depuis six ans »,
précise le candidat UMP. Selon lui, la situation est au point mort. Quant à la proposition de Pierre Cohen de créer un « comptoir
de l’initiative » pour aller à la rencontre des
entrepreneurs, rien de nouveau, selon JeanLuc Moudenc. Juste un « joli petit coup de
Jean-Luc Moudenc, candidat UMP. © DR
com ».
5
L’éducation : « passable »
Sur le thème de l’éducation, l’ancien
maire n’a rien à redire : « Il n’y a pas de divergence entre nous sur ce sujet. C’est une
continuité. »
Comme quoi, même s’il fallait chercher, un
point de consensus existe bel et bien entre
les deux candidats.
Jade Peychieras
3 questions à... Jean-Christophe Sellin
Le candidat Front de gauche
critique les suppressions
d’emplois d’Astrium.
La manifestation du 6 février était-elle seulement une réaction aux suppressions de
postes chez Astrium ?
Non, elle entrait dans un contexte plus général qui réunit les inquiétudes sur l’emploi, les salaires et la protection sociale.
Nous soutenons le mouvement des syndicats devant Airbus. Nous sommes surpris
par la logique de cette grande entreprise
où la hausse de l’activité entraîne la hausse
des licenciements.
Selon l’Ifrap*, Toulouse occupe la 8e place
fainéants et improductifs, alors que le pays
tourne grâce à ces personnes.
Sellin dans les locaux du Front de gauche. © GP
du classement des taux d’absentéisme des
agents de la fonction publique. Quelle est
votre réaction ?
Je n’ai aucun commentaire à faire sur cette
enquête. J’en aurais eu s’il y avait un comparatif avec le secteur privé. On veut me
faire dire que les fonctionnaires seraient
Un ralliement à Pierre Cohen au second
tour est-il possible ?
Je pense seulement au premier tour. Jusqu’au 3 mars, date de dépôt des listes,
je tends la main aux écologistes et au
­Nouveau Parti anticapitaliste pour former
un groupe commun. S’il y a discussion avec
Pierre Cohen entre les deux tours, nous
nous concentrerons sur trois thèmes : les
transports, la régie publique de l’eau et la
politique de logement.
Propos recueillis par Geoffrey Priol
* Ifrap : Institut français de recherche sur les administrations et les politiques publiques
13
#traj • politique
Moudenc tisse sa toile
Le principal candidat de l’opposition fait d’Internet un champ
de bataille privilégié dans sa
course au Capitole. Sur le
Web, ce sont les jeunes qui
donnent du canon.
«L
es jeunes ont partagé une dynamique, le groupe s’en est imprégné », confie Jean Baryla, 20
ans, sympathisant de Jean-Luc Moudenc.
Présent sur Twitter (1 314 followers),
­Facebook (5 475 « j’aime ») et Dailymotion
(49 000 vues), M. Moudenc s’est accaparé
la Toile. Programme, présentation des colistiers, réactions : tout passe désormais
par les gazouillis virtuels. Sur Twitter, 49%
des messages relatifs aux municipales le
concernent. « C’est significatif de l’effort »,
réagit Jean Baryla, en découvrant le résultat du baromètre mesurant « l’e-popularité », enquête réalisée par Semiocast et
l’­Observatoire du webjournalisme.
Une armée de tweetos
Le mot est bien passé. Jean-Luc Moudenc
voulait rayonner sur Internet, c’est chose
faite. Les tweets filent tous azimuts sur
le réseau social et donnent du relief à ses
actions. Lors de son meeting de lancement
de campagne, jeudi 16 janvier, une cinquantaine de jeunes rendaient compte de
son discours inaugural en direct. Un « live
tweet » qui leur a valu de « rester premier
hashtag de France de 19 à 22 heures »,
selon Jean Baryla. Une performance que
Jean-Luc Moudenc n’a pas manqué de saluer. « La cellule jeune a été créée sous l’initiative de M. Moudenc », explique l’étudiant
à l’Institut supérieur de communication de
Toulouse. « C’est aujourd’hui un grand rassemblement. C’est une entité indépendante
composée de différents partis, de droite et
du centre, de syndicats et de sympathisants.
Il y a de tout. »
Autre raison de la suprématie Moudenc sur
Internet : il a été précoce. Le candidat UMP
a initié son marathon communicatif en
septembre dernier. Bien qu’il soit de coutume pour un maire en exercice d’entrer
en campagne tardivement, Pierre Cohen
s’est fait désirer sur les réseaux sociaux.
Le maire sortant a attendu le 1er février
pour appeler au rassemblement sur Twitter. L’an dernier déjà, le candidat socialiste
démontrait le peu d’intérêt qu’il y portait :
après la diffusion de son premier tweet le
4 février 2013, il a fallu attendre le mois de
novembre pour en lire un deuxième. Pour
l’heure, l’oiseau bleu préfère le chêne UMP
à la rose PS.
Sébastien Cabrita dos Santos
Pour Cohen, Delanoë fait le show
Le maire de Paris, Bertrand
Delanoë, était de passage
à Toulouse, le 6 février,
pour l’entrée en campagne
de Pierre Cohen.
semble en forme, à la grande joie des militants toulousains. Il faut dire que l’intervention du maire-candidat, qui ne s’est pas détourné de la sobriété qui le caractérise, n’a
pas soulevé les foules. Seul frémissement
de l’assistance à son actif : l’annonce d’un
débat à venir avec le candidat UMP. Mais
l’effet créé par la nouvelle d’une confrontation longtemps repoussée retombe vite.
L’attraction de la soirée reste parisienne.
« Une gauche de gauche »
Comme en 2008, Bertrand Delanoë vient soutenir son ami Pierre Cohen. © SCDS
« Salut, Toulouse ! » Au restaurant « Le ­
Télégramme », tout illuminé de rose, le
show Delanoë démarre. Le maire de Paris
14
Pour Cohen, dont « la campagne commence
ici, ce soir », être éclipsé est loin d’être préjudiciable. Le poids politique et les talents
d’orateur de Delanoë sont les meilleurs défenseurs de son bilan : « Ici, la gauche mène
une politique de gauche, et ça marche ! »
Logement, transports, innovations… Le
maire de Paris salue longuement la politique citoyenne « visionnaire » de son homologue et ami. « On parle de plus en plus
de Toulouse, on en parle mieux ! Toulouse
par-ci, Toulouse par-là, j’ai été jaloux moi ! »
La foule se délecte, l’édile s’enflamme.
Porté par les « Bertrand, avec nous » scandés par le public, il entame une déclaration d’amour à la démocratie, à la France.
Effacé, Cohen jette un œil à sa montre. Le
temps paraît long, loin des projecteurs. Le
final de la rock star parisienne lui est plus
plaisant : « Si vous n’êtes pas convaincus par
la gauche au pouvoir, ne sanctionnez pas la
gauche locale, celle qui vous fait réussir ! »
Rémi Vallez et Sébastien Cabrita dos Santos
#traj • politique
Michèle Alliot-Marie:
« choisie »
Tête de liste UMP aux
­européennes dans le Grand
Sud-Ouest, Michèle ­Alliot­Marie est certaine d’être élue.
Les « voitures volantes »
de Jean-Pierre Plancade
Le sénateur, leader d’une liste
« apolitique » pour les élections européennes, compte
doter Toulouse d’un réseau
de transport individuel aérien.
Baptisé SkyTran, ce projet
Vous avez justement déclaré sur I>télé
« avoir accepté d’être tête de liste quand des
élus vous l’ont demandé ». Qui sont-ils et
pourquoi souhaitent-ils votre retour ?
vient de la Nasa. Le candidat
envisage d’expérimenter le
concept en équipant 40 km
de périphérique de stations
«permettant de relier les 4 ter-
© Simon Hamy
T : L’héritage gaulliste est-il compatible
avec l’Europe d’aujourd’hui ?
Il n’y a pas de retour en tant que tel. J’ai
fait plus de politique internationale, voilà
pourquoi les journalistes nationaux m’ont
moins vue. Ce sont principalement des
maires qui ont demandé mon retour. Au
départ, je ne pensais pas participer à un
projet intermédiaire, mais il y a aujourd’hui
une véritable fracture entre les Français et
le monde médiatico-politique. Avec Le Chêne (ndlr : son microparti), je travaille sur ces
problèmes, pour 2017.
minus des lignes de métro ».
De Veyrac veut transférer le salon du Bourget à
Toulouse
L’eurodéputée UDI, chef de
file d’une liste « apolitique »
aux municipales 2014, évoque
la candidature de Toulouse
pour organiser le salon
aéronautique du Bourget.
Elle propose le futur parc des
Quel est votre projet européen ?
M.A.M : Ne l’oubliez pas, c’est le général
De Gaulle qui a voulu l’Europe. Une ­Europe
forte, capable d’apporter la paix sur le
continent, d’améliorer les conditions de vie
et de faire face à l’émergence de grandes
puissances comme la Chine.
Nicolas Domenach, journaliste à ­Marianne,
parle de « grand retour des battus de
l’UMP » à propos des élections européennes. Qu’en pensez-vous ?
L’UMP a fait le choix de présenter des listes de personnes reconnues dans toute
­l’Europe, combinant ainsi la nouvelle génération avec ceux qui ont de l’expérience.
Dans ces listes, l’autorité de ces personnalités portera l’intérêt de la France et des
Français.
expositions pour accueillir
l’événement mondial. Avec
Je milite pour une France et une Europe fortes. Je souhaite faire en sorte que l’Europe
défende mieux les intérêts de ses citoyens
et de ses entreprises, la rendre plus proche
des habitants européens qui la connaissent
mal et la rejettent.
ses 114 000 m2, on est loin
des 322 000 m2 utilisés par le
Bourget.
Dieudonné à Toulouse
Persona non grata en Angleterre, l’humoriste controversé
Le débat sur l’égalité hommes/femmes a
récemment été relancé par le projet de loi
de Najat Vallaud-Belkacem. En tant que
femme ancienne ministre d’État, quel regard portez-vous sur cette polémique ?
sera présent au Zénith de
Toulouse le 22 février pour
présenter son nouveau spectacle ASU ZOA. Pour l’heure,
aucune manifestation n’est
prévue pour empêcher cette
C’est une fausse polémique. Trop souvent,
les politiques prennent une position extrême pour faire parler d’eux. On ne doit pas
nommer des personnes en fonction de leur
sexe mais de leurs compétences.
représentation, même si Pierre
Cohen avait annoncé, le 10
janvier 2014, vouloir interdire
l’humoriste.
Municipales : une 10e liste
Le Chêne, votre microparti, a récemment
été épinglé par la Commission nationale
des comptes de campagne. Est-ce une entorse au principe d’exemplarité que vous
défendez ?
Je n’ai pas devancé qui que ce soit, j’ai été
sollicitée et choisie. Il ne faut pas oublier
que j’ai été ministre des Affaires ­étrangères
et européennes. J’ai aussi travaillé dans
d’autres ministères, et j’y ai étudié des problématiques de politiques étrangères. La
lutte contre le terrorisme par exemple.
Il y a eu un problème de transmission de documents. Nous étions en train de changer
de trésorier et le passage de l’un à l’autre
s’est mal passé. Il y a eu simplement un tableau sur lequel il y a eu une erreur.
Eva Deroualle et Louis Nadau
Lutte ouvrière présente une
en bref
Vous avez devancé en tête de liste UMP
l’ancien ministre des Affaires européennes, Alain Lamassoure. Fort de cette expérience, était-il mieux placé pour briguer un
mandat à Strasbourg ?
liste aux élections municipales
de Toulouse. Conduite par
Sandra Torremocha, elle est la
dixième en lice pour briguer le
Capitole. Avec cette candidature, Sandra Torremocha
refuse ainsi la proposition
d’alliance de Jean-Christophe
Sellin, la tête de lise du Front
de gauche.
15
#traj • focus
La vie d’artiste au Myrys
Un des espaces réservés aux artistes plasticiens.
Art. Le collectif Mix’Art Myrys fêtera ses 20 ans en 2015 et s’apprête à déménager
pour la quatrième fois dans le nouveau quartier de la Cartoucherie.
U
ne zone industrielle pour seul
décor. L’endroit paraît désert
et, pourtant, au bout de la rue
­Ferdinand-Lassalle, un lieu intrigue plus
qu’un autre. Il s’agit d’un ancien entrepôt.
Une pancarte indique « Collectif d’artistes.
Mix’Art Myrys ». Depuis neuf ans, ce groupement d’artistes s’est réapproprié ces locaux désaffectés. Un lieu offert par la mairie après plus de dix ans de lutte. Créé en
1995 dans les usines de chaussures ­Myrys,
le collectif s’installe en 2001 à l’ancienne
préfecture. Face à l’engouement, la mairie
de ­ Toulouse, décide alors de lui donner le
local actuel. « Cet endroit, c’était un test.
Une façon de faire nos preuves », explique
Élie, artiste au Mix’Art depuis sa création.
Le test passé avec succès, la municipalité
leur propose un nouvel espace, dans l’écoquartier de la Cartoucherie. « Normalement,
le projet va aboutir. Nous sommes en pleine
réflexion pour savoir comment l’on va transposer le Mix’Art dans le nouveau quartier »,
16
explique Sophie, la médiatrice culturelle.
Cependant, les appréhensions et les peurs
sont palpables. « Les gens sont tellement attachés à ce lieu qu’ils sont réticents à partir.
Le collectif est en train de vivre une nouvelle
étape et cela effraie. Mais ce sentiment passera », analyse Sophie.
L’entrepôt, plus de 6 000 m ², est labyrinthi-
Élie dans son atelier à l’univers robotique et décalé.
Adrien Gallaup, sur scène, lors d’une répétition de la pièce « Burn Baby Burn ».
que, un dédale parsemé de gigantesques
conteneurs. Si bien qu’il est difficile de deviner la provenance des différentes musiques
qui résonnent de toute part, mêlant Brassens et les tubes disco de ­ Nostalgie. Heureusement,
­Matthieu, le
régisseur, a
bien
voulu
s’improviser
guide. « Le
pavillon central est réservé aux plasticiens. Ensuite il y a deux salles pour les arts
vivants, une salle de concert, un espace exposition, un pour la construction. Puis il y a
tous les ateliers : couture, ferraille, bois, arts
plastiques ». Un espace de mutualisation,
où les artistes se rencontrent et échangent,
est également mis à leur disposition. À
l’entrée du hangar, des énormes sculptures
robotiques intriguent. Ce sont les œuvres
d’Élie. « Cela m’est venu en recyclant. J’ai récupéré beaucoup de débris après l’explosion
AZF. Et puis, petit à petit, j’ai commencé à
faire des robots. Des personnages qui m’ont
toujours fasciné. » Son atelier semble
d’ailleurs tout droit sorti de Star Wars. Un
vaisseau spatial qui permet à l’imagination
débordante d’Élie de s’exprimer librement.
« On ne peut pas rêver mieux comme endroit », confie t-il.
Le Mix’Art est également un lieu de résidence pour des compagnies théâtrales.
Adrien Gallaup, metteur en scène, loue une
des salles pendant deux semaines. Avec la
compagnie l’Étoile d’Araignée, il prépare
leur nouveau spectacle « Burn Baby Burn ».
les mix’artistes
#traj • focus
Tonton TH
Il fait partie de l’association
Tetaneutral, fournisseur
associatif d’accès à Internet.
En ce moment, Tonton s’est
lancé dans les gifs, images
animées numériques, «une
excellente combinaison d’art
et d’informatique», selon lui.
« C’est un endroit accessible à tous. Tu peux
tenter ta chance même si tu n’es qu’une petite compagnie. Et puis les espaces de travail
sont super, il y a un très bon accueil autant
technique qu’humain. » Une ambiance décontractée
et simple qui
séduit
les
Nathy
Cette céramiste dispose d’un
artistes.
La
atelier en retrait, dans lequel
troupe paye
elle expérimente la verrerie.
quatre euros
Elle travaille notamment sur
par personne
la fusion des matières.
pour bénéficier de l’espace de travail. Prix auquel il faut ajouter la vivre ensemble exigeant, parfois difficile,
consommation en électricité et chauffage. mais qui semble en valoir la peine.
« Il y a également un investissement personnel. On participe aux tâches collectives, on
Textes de Claire Villalon
s’autogère », ajoute Adrien. L’autogestion,
Photos d’Aliénor Adrey
un principe fort, qui régit le collectif depuis
ses débuts. « Les artistes doivent participer au ménage, aider
lors des événements
ou des chantiers collectifs. C’est très intéressant car cela permet de sortir l’artiste
de son individualité
et donc de mettre en
place des échanges »,
raconte
Sophie.
Une confrontation
Les sculptures d’Élie trônent dans la vitrine de son laboratoire.
finalement nécessaire pour le processus créatif et qui fait
du Mix’Art un lieu de vie haut en couleur.
« Cet endroit a une âme. Je m’y suis fait une
famille », avoue Nathy, potière et résidente
au Mix’Art depuis quatre ans et demi. Un
« Les gens sont
tellement attachés
à ce lieu qu’ils sont
réticents à partir »
17
#traj • économie
L’imbroglio des chiffres
chez Astrium
Emploi. Après l’annonce de
la suppression de 396 postes
chez Astrium à Toulouse,
les salariés de la filiale
d’Airbus Group (ex-EADS)
ont manifesté devant le
siège social du groupe,
jeudi 6 février.
«O
n ne s’attendait pas à ce que
la manifestation prenne une
telle ampleur. On ne doit pas
être loin de 2 000 », estime Philippe Ayache,
salarié d’Astrium syndiqué à la CGT.
Le 27 janvier, la direction d’Airbus Group
annonce la suppression de « 396 postes
sur 3 417 » chez Astrium Toulouse. Cinq
jours plus tard, les salariés, réunis en intersyndicale décident d’organiser une manifestation, devant le siège du groupe, le 6
février. Ils dénoncent un plan social « sans
justification économique » et des chiffres
donnés par la direction qui ne correspondraient à rien. « Déjà, nous n’avons jamais
été 3 417 salariés », s’insurge Thierry Prefol,
délégué syndical central CFE-CGC. « Cela
montre bien que ce sont des décisions prises
à la tête du groupe par des personnes qui ne
connaissent rien de nos activités. Mais notre
reproche principal, c’est bien les 396 postes
supprimés. »
Le jour de la manifestation, au rond-point
Bellonte, devant l’entrée d’Airbus, les sa-
Début de cortège pour la manifestation regroupant la CGT, CFTC, CFE-CGC, FO et la CFDT. © GP
lariés d’Astrium affluent. Chaque syndicat
descend de son bus. « FO, on y va », peuton entendre au moment du départ. Trente minutes plus tard, le cortège retrouve
les salariés d’Airbus devant le siège du
groupe. Certains enfilent alors un masque
blanc. 500 exactement. « Ils représentent
les 500 postes sacrifiés au profit des actionnaires. 396 chez Astrium et plus de 110 au
siège d’Airbus à Toulouse », précise Philippe
Ayache. Pour beaucoup, c’est la première fois qu’ils manifestent. « Moi, c’est la
deuxième fois. Mais la première fois, c’était
en 1988 », s’amuse Jacques, 54 ans.
Les syndicats reçus par la direction
Il est bientôt 14h30. Voilà une heure que
la manifestation a débuté. Cinq représen-
tants syndicaux sont reçus par le directeur
des ressources humaines, Thierry Baril, et
le directeur de la branche Espace, François
Auque. « On avait demandé à être reçu par
Tom Enders (PDG d’ Airbus, ndlr), mais il
devait avoir mieux à faire », peste Philippe
Ayache.
À la sortie, Hervé Bry, représentant de la
CFTC s’exprime : « Ce qu’il faut retenir, c’est
que le nombre de suppressions de postes ne
correspond à rien. La direction l’a reconnu.
Le nombre va encore bouger. Il va certainement diminuer. » Et il ajoute : « Il va maintenant falloir faire retomber la pression du
côté des salariés, mais ça ne sera pas chose
facile. »
Vincent Guiraud
3 questions à... Guillaume Duval
Le rédacteur en chef d’Alternatives économiques revient sur les licenciements à Astrium.
Comprenez-vous les syndicats d’Astrium qui jugent
les suppressions de postes
aberrantes ?
Il n’y a rien de choquant
qu’un gain de productivité
d’une entreprise puisse être
suivi d’une baisse de l’emploi à l’intérieur même de
sa structure. (ndlr : certains
emplois deviennent non
18
rentables et les supprimer
revient à rationaliser la production des entreprises et à
augmenter leurs profits).
En Allemagne, les syndicats
ont plus de pouvoir. Est-ce
la solution pour la France ?
Les syndicats allemands
sont dans un cadre institutionnel différent. Outre-
Rhin, ils peuvent dire non
à la délocalisation d’une
entreprise. Mais, si celle-ci
tombe en faillite, les syndicats doivent prendre leurs
responsabilités. En France,
ils ne sont pas encore prêts
à cela.
Toulouse constitue-t-il un
pôle scientifique et écono-
mique important pour la
France ?
La ville est très réputée pour
son pôle sciences-éco. Mais
les entreprises considèrent
les chiffres comme unique
indicateur de leur santé
économique. Ils devraient
prendre en compte d’autres
approches sociales.
Propos recueillis par G.P.
#traj • économie
L’auto-partage en première
La société
Citiz peine à faire
entrer dans les
mentalités son
concept de véhicules partagés.
Salon international
de l’innovation
L’ICS, salon international
de l’innovation, aura lieu
«I
en bref
ci, la plupart des
gens ont leur propre
voiture. » Nicolas,
utilisateur des véhicules
Citiz, comprend le faible
entrain des Toulousains
pour le concept d’autopartage. Créée en 2009, la
société Citiz tente d’œuvrer
pour le développement
durable en diminuant le
nombre de voitures en ville.
Un paradoxe quand on sait
que la plupart des véhicules
de la société roulent au
diesel. Selon la directrice
adjointe, Véronique Métro,
« un véhicule d’autopartage remplace jusqu’à
huit voitures particulières».
Mais il n’y a pas foule aux
portières. Après quatre
ans, la société compte à
peine 833 adhérents, soit
0,18 % de la population
toulousaine.
À
titre
comparatif, Autolib’ à Paris
dépasse depuis septembre
dernier la barre des 100 000
abonnés.
Citiz dispose désormais de 4 véhicules électriques. © Arthur Tirat
agenda
du 16 au 18 septembre
prochain au Parc des
Expositions de Toulouse.
La décision a été annoncée
par Jean Michel Baylet,
président du groupe
La Dépêche, maître
d’œuvre du salon, et Anne
Lauvergeon, marraine de
la manifestation. En trois
jours, le salon devrait
accueillir 700 exposants.
« Ne comparons pas ce
qui n’est pas comparable !
s’exclame Véronique Métro.
Avec Autolib’, Bolloré veut
gagner de l’argent. Alors
que nous, nous sommes
une société coopérative. »
Avec le système d’Autolib’,
chaque utilisateur peut
prendre un véhicule et le
déposer à la borne la plus
proche de sa destination. À
l’inverse, avec Citiz, chaque
voiture doit être ramenée à
sa place après utilisation.
Faire évoluer
les mentalités
d’avenir
»,
Veronique
Métro
est
consciente
que les habitudes et les
mentalités devront changer
pour que ce système se
généralise. Et pour faire
évoluer les mentalités,
Citiz Toulouse a commencé
l’expérimentation de quatre
véhicules électriques. Mais
le remplacement de toute
la flotte par des voitures
essentiellement électriques
est cependant exclu : « Ces
véhicules ont une autonomie
de seulement 100 km, ils ne
sont pas adaptés à tous les
trajets. »
Même si, pour elle, « l’autopartage est un transport
20 000 visiteurs y sont
attendus.
Hôtellerie-restauration
Du 9 au 12 février 2014
est organisée, au Parc des
Expositions de Toulouse,
la 3e édition du Salon des
métiers de l’alimentation
et de l’hôtellerie-restauration. Le salon est parrainé
par le Toulousain Yannick
Delpech, chef doublement étoilé du restaurant
L’Amphitryon, à Colomiers.
Il devrait accueillir
250 exposants sur un espace total de 12 000 m2.
Arthur Tirat
Starbucks se lance en
franchise à Toulouse
Bilan de l’aménagement
toulousain
Toulouse, ville dynamique
Selon un sondage des Échos
Conseil général, budget
en hausse
Starbucks Coffee, la chaîne
Oppidea, bras armé de la
réalisé dans le cadre du 21e
Le conseil général de Haute-
américaine veut s’implanter
communauté urbaine Tou-
salon des entrepreneurs,
Garonne a voté le 6 janvier
à Toulouse. Déjà présent en
louse Métropole en matière
Toulouse serait la deuxième
son budget pour 2014. Il sera
France sous forme de licence
d’aménagement, a réalisé, en
ville française la plus
de 1,49 milliard d’euros, en
de marque, le groupe veut se
2013, 53 millions de travaux
dynamique derrière Bordeaux
hausse de 4,38% : 676 millions
lancer dans la franchise. Le
et livré 1 600 logements. En
et devant Paris. Pour 34%
pour l’action sociale, 271 pour
franchiseur et ses franchisés
2014, l’entreprise doit réaliser
des Français, Toulouse serait
les investissements, 68 pour
sont juridiquement et finan-
l’aménagement des espaces
une ville propice à la création
l’aide aux communes, 32 pour
cièrement distincts et indé-
publics de La Cartoucherie, du
d’entreprises. D’après la CCI
l’aide aux transports urbains,
pendants. Starbucks cherche
futur quartier Toulouse Mon-
toulousaine, 5 000 nouvelles
12 pour la participation à la
des candidats à Toulouse afin
taudran Aerospace ainsi que la
entreprises sont créées chaque
LGV Bordeaux-Toulouse et
d’ouvrir une quinzaine de filia-
zone Las Fonses, à Villeneuve-
année dans le Grand Toulouse.
enfin, 10 millions d’euros pour
les dans les cinq ans à venir.
Tolosane.
les logements.
19
#traj • société
SDF: les assos à la rescousse
Logement. Le dernier rapport
de la Fondation Abbé Pierre
fait état d’une progression
de 50 % du nombre de SDF
depuis 2001. À Toulouse, selon
Emmaüs, 4 000 personnes
seraient sans domicile.
Les associations tentent
de pallier les manquements
des pouvoirs publics.
C
’est comme si le téléphone sonnait
dans le vide. En Haute-Garonne, près
de 90 % des appels au 115, le numéro d’urgence qui oriente les sans-abris vers
des lieux d’hébergement, se soldent par
un refus. Faute d’une offre d’hébergement
d’urgence suffisante, la municipalité apporte son soutien aux initiatives citoyennes
qui prennent le relais des pouvoirs publics.
Ainsi, grâce à l’action conjointe de trois
associations militantes, les habitants du
squat situé dans les anciens locaux d’EDF
du quai Saint-Pierre ont obtenu de ne pas
être délogés avant le mois d’avril.
Les associations restent un pilier de l’offre
d’hébergement. Emmaüs dispose ainsi de
trois centres communautaires en périphérie
de la ville, accueillant au total 110 personnes, couples ou personnes seules uniquement. Pour aller plus loin, Paul Hartmann,
coordinateur d’Emmaüs Toulouse, s’efforce
de développer des opérations de solidarité :
« Nous apportons notre soutien en mobilier
d’hiver pour les réquisitions en squat », où se
retrouvent les familles avec enfants, comme au quai Saint-Pierre.
« S’ils se rendent seuls à la préfecture, ils n’ont aucune chance »
A l’antenne Ostalada, du Secours catholique, centre d’accueil de jour pour les
personnes à la rue, la liste d’attente aux
600 000
appels composés en 2013
115
60 000
décrochés
9 000
solutions d’hébergement
trouvées
Les associations proposent un accompagnement global pour les personnes sans domicile. ©AFP
cours d’alphabétisation s’allonge. Impossible pour une population majoritairement
étrangère, et souvent en situation irrégulière, de se retrouver dans les méandres
administratifs du Dalo (Droit au logement
opposable, voir page suivante). Lui seul permet de pérenniser leur situation. Sébastien
Oget, porte-parole du Collectif SDF 31, s’insurge : « S’ils se rendent seuls à la préfecture,
ils n’ont aucune chance de voir leur dossier
aboutir. » D’autant qu’«il y a beaucoup de
passe-droit », selon Patricia Rollando, responsable de l’Ostalada, qui regrette de ne
plus offrir de service Dalo depuis décembre
2012 faute de bénévole compétent.
En un an, Sébastien Oget a fait aboutir une
vingtaine de dossiers. Les personnes ont
été relogées en centre d’accueil pour demandeurs d’asile, centre d’hébergement ou
hôtel. « C’est peu. » D’autant que la solution
en hôtel lui paraît bancale : « Les familles
s’entassent à 4 ou 5 dans une chambre et
les hôtels sont souvent situés en banlieue,
coupant les familles du tissu associatif. Elles
préfèreraient vivre en squat. Le problème,
c’est que si elles refusent l’hôtel, elles sortent
du système et ne peuvent plus prétendre au
Dalo. » Il pointe en outre le coût des nui-
4 000 604
SDF
selon Emmaüs
places en centre
d’hébergement
d’urgence
tées d’hôtel. À raison de 50 euros par jour,
la somme suffirait à payer un loyer.
4 344 logements réquisitionnables
Sébastien Oget pointe une offre de logements sociaux déficiente : « Il manque 600
places à Toulouse pour être dans la moyenne nationale. » Si la mairie n’a pas confirmé
cette donnée, elle indique en revanche que
4 344 logements seraient potentiellement
réquisitionnables. En s’appuyant sur ce
chiffre, le militant travaille à faire aboutir
une démarche commune avec la municipalité, consistant à réquisitionner locaux
commerciaux et bâtiments vides en vue
d’en faire des logements pour les familles.
« Cette solution coûterait moins à la collectivité que l’hôtel. » Satisfait de ses rapports
actuels avec la Ville de Toulouse, Sébastien
Oget regrette en revanche le manque de
dialogue avec la préfecture, dont dépend
la procédure Dalo. « Le préfet Pierre-Henri
Comet n’a jamais daigné nous rencontrer. »
Nous avons tenté de joindre la préfecture.
Mais c’est comme si le téléphone sonnait
dans le vide.
harmonie paCione, Kalidou Sy & anne-laure thomaS
?
500 984 000
personnes vivent en
squat
budget annuel en euros
dédié par la mairie aux
nuitées d’hôtel social
À Toulouse, les solutions d’hébergement d’urgence restent insuffisantes.
20
#traj • société
Squat : la vie en sursis
Au 10/12, quai Saint-Pierre,
une centaine de personnes
squattent le futur Sciences po.
Un bâtiment de 3 800 m²,
vide depuis deux ans.
cas de relogement, ils continueront d’en
bénéficier. « La réquisition n’est pas une
fin en soi. Les familles vivant dans un squat
sont menacées d’être expulsées chaque
jour. Les enfants sont ensuite déscolarisés.
Les sans-papiers vivent avec la peur de la
police », raconte Sébastien Oget. Préoccupé
par l’avenir des squatteurs, il s’efforce
de multiplier les projets : réquisition de
locaux commerciaux vides, construction
de maisons en bois et aménagement de
camions pour les jeunes.
D
ans un large couloir aux murs
boisés, deux enfants mongols
s’amusent à faire glisser leurs
petites voitures sur le carrelage. Les
immenses fenêtres offrent une vue de la
Garonne et du dôme de La Grave. Devant
les bureaux devenus des chambres
traînent des poussettes. Une trentaine
d’enfants vivent ici. « Tous sont scolarisés»
souligne Sébastien Oget, porte-parole du
collectif SDF31 et « habitant-militant » du
squat. Douze nationalités cohabitent dans
l’immeuble depuis le mois de septembre,
après la réquisition organisée par trois
associations réunies en collectif (Droit au
logement, SDF31 et Groupement pour la
défense du travail social). Les militants ont
installé douches démontables, machines à
laver et plaques électriques pour cuisiner.
Une salle de jeu a été aménagée pour
les enfants. À leur arrivée, l’électricité a
été installée par des Robins des bois, des
agents EDF luttant contre les coupures. Des
bénévoles assurent des cours de français
Clémentine
delarue
& harmonie pacione
Le DAL, SDF31 et GPS appellent à manifester devant le
Un bureau devenu chambre d’enfant. © HP
et de soutien scolaire. Vasile, Roumain, en
France depuis cinq ans, avait trouvé un
appartement grâce à Médecins du monde.
Expulsé à cause du non-renouvellement
de son titre de séjour, il se retrouve à la rue
avant de s’installer dans des squats. Dans
sa chambre, tout le mobilier provient de la
récup. « Tous les soirs, je prends mon vélo
et je fais le tour de Toulouse pour récupérer
des choses dans les poubelles. Je les revends
ensuite au marché Saint-Aubin. » Tous
les squatteurs sont inscrits aux Restos
du cœur et à l’Aide médicale d’État. En
squat samedi 15 février pour dénoncer les délais abusifs
de la préfecture et le coût des nuitées d’hôtels sociaux.
Qu’est-ce que le Dalo ?
Le Droit au logement opposable (Dalo)
est une procédure qui existe depuis
2008. Elle permet à toute personne ayant
effectué une demande de logement et
qui n’a pas reçu de proposition adaptée
de saisir une commission de médiation
dans son département, puis d’exercer,
dans certains cas, un recours devant le
tribunal administratif.
Un grain de solidarité
Le « café suspendu » arrive à
Colomiers. Depuis
décembre, cette
pratique solidaire
prend son envol
à l’Airbus café.
« Un café carré, s’il vous
plaît. » La commande a de
quoi surprendre. Un coup
d’œil à la carte de l’Airbus
Café ne permet pas d’en savoir plus : aucune boisson
d’une forme particulière n’y
figure. Et pour cause : « Ce
n’est rien d’autre qu’un mot
de passe », s’amuse MarieHélène Lacoste, la proprié-
taire de l’établissement.
Un code, qui permet à une
personne dans le besoin
d’accéder à un café avancé
par un autre client. Le « cafè
sospeso » ou « suspendu »,
l’intitulé officiel de cette
pratique originaire de Naples, s’est donc mué en café
« carré ». Carré, comme la
vignette accrochée à une
pince à linge, suspendue
au-dessus du bar, qui indique qu’un petit noir est en
attente. « On l’a surtout
renommée par respect pour
les personnes qui en bénéficient. Elles sont souvent gênées d’avoir recours à cette
La vignette du café suspendu.
© Rémi Vallez
initiative. » Malgré l’embarras, le succès se confirme.
«On en sert deux ou trois par
jour. Mais personne ne vient
exprès pour le café. Ceux qui
en profitent sont des ha-
bitués du bar, en situation
précaire. » Une précarité
très souvent ­insoupçonnée.
« Cet acte solidaire ne doit
pas servir de révélateur de
pauvreté, d’où une nécessaire discrétion », insiste
­Marie-Hélène. Consciente
que le produit n’est pas de
première nécessité, la gérante relève son caractère
très symbolique. « Un café,
c’est un plaisir. Pourquoi certains n’auraient droit qu’à
l’essentiel, et se priveraient
de ce genre de petits bonheurs ? »
Claire villalon & remi vallez
21
#traj • société
Consommer sans dépenser
Loin de l’utopie, consommer
gratuit, même aujourd’hui,
c’est possible. Du moins,
dans les zones de gratuité.
«L
’idée, c’est de donner, récupérer
et partager sans rien demander
en retour », explique Damien,
enthousiaste. À 25 ans, ce jeune homme organise depuis quelques mois à Toulouse les
opérations « Zone de gratui’thé ». Pour quelques heures, il instaure un espace en plein
air, ouvert à tous, dans lequel chacun peut
déposer des objets à donner et se retrouver autour d’un thé (gratuit, bien entendu).
L’idée de cette zone lui est venue alors qu’il
s’intéressait au troc : « J’ai entendu parler
d’une zone de gratuité à Montreuil et le
concept m’a plu. » Donner sans contrepartie,
et pas uniquement des objets : « On partage aussi des savoirs. Des musiciens sont déjà
venus jouer et un prof de méditation viendra prochainement pour donner des cours. »
Damien n’est rattaché à aucun organisme. Il définit son action comme « purement citoyenne ». À Toulouse, c’est le
sixième événement qu’il organise, et ça
marche plutôt bien. Près d’une quarantaine de personnes sont fidèles au rendez-vous. « Il y a des bobos, des familles
et des jeunes, s’amuse Damien. Un vrai
­melting-pot de la population toulousaine. »
Au-delà de la simple convivialité, les zones de gratuité portent une ambition plus
large : changer notre rapport à la consommation en recyclant les objets usagés. Selon l’Ademe (Agence de l’environnement et
de la maîtrise de l’énergie), en pratiquant
Les vêtements de Damien proviennent de zones
de gratuité ou du troc. © Aliénor Adrey
le réemploi, on pourrait éviter près de
13 kg de déchets par personne et par an.
Alienor Adrey
Rendez-vous le samedi 8 février de 10 h à 18 h, métro
Rangueil. D’autres éditions suivront.
L’éphémère prend racine
Les ventes éphémères séduisent les clients. ©CD
Chapeaux cloches, melons,
chapkas… Les clients sautent
d’un couvre-chef à l’autre.
Dans cette boutique, rue
­Rémusat, l’ambiance est à
l’urgence : le magasin s’autodétruira dans deux jours,
après deux mois d’activité.
Les tenanciers ont choisi
d’ouvrir une boutique éphémère pour vider leur stock.
L’idée n’est pas neuve, mais
elle séduit de plus en plus de
commerçants toulousains.
Et de clients : « Quand on
voit que les prix sont au ra-
22
Éviter les charges
Si certains en font une stratégie marketing, l’éphémère est surtout une solution
de secours. Dominique Sellem a signé un bail de deux
mois dans la rue Saint-Rome.
Après avoir parcouru les marchés pendant treize ans, elle
a trouvé ce moyen pour se
poser sans prendre trop de
risques. « Cela me permet de
souffler : plus besoin de décharger la marchandise chaque jour. » Elle y a tellement
pris goût qu’elle recherche
déjà un autre local pour trois
mois de plus. Le concept a surtout séduit les jeunes créateurs. C’est le cas de Mélanie,
styliste toulousaine d’une
marque de vêtements, qui
enchaîne les ventes éphémères depuis l’an dernier. Le bon
compromis, selon elle : « Sur ­
le site Popmyshop.fr, on peut
louer un local à la journée ou
à la semaine. Ça permet de
faire connaître la marque sans
les charges d’une boutique à
plein temps : un bail, une vendeuse. Je vends beaucoup plus
en une journée que toute l’année sur ­Internet. »
Rustine de secours ou véritable choix, l’éphémère est bien
parti pour perdurer dans les
commerces toulousains.
Clémentine Delarue
Partie de la place Saint­Cyprien, une manifestation
des agents publics s’est dérou-
en bref
bais et que la vente ne dure
pas longtemps, on est tentés
d’acheter pour ne pas manquer une bonne affaire. »
La maison « Comptoirs du
monde » surfe sur la vague.
Grossiste pour la grande distribution, l’entreprise propose certains articles directement aux consommateurs,
à des prix plus intéressants
qu’en supermarché. Pour ne
pas concurrencer les grandes surfaces, elle ouvre des
« bric-à-brac » pour des durées limitées. Martin Hubert,
vendeur dans cette enseigne,
souligne : « Avec une boutique permanente, ce serait du
suicide : on perdrait le marché
des grandes surfaces. »
Les fonctionnaires
dans la rue…
lée jeudi 6 février. Les revendications étaient multiples :
salaires, emplois, conditions
de travail, protection sociale et
service public. La mise en place
d’une réforme fiscale afin de
« renforcer la justice sociale »
était aussi à l’ordre du jour.
… suivis par les agriculteurs
Suite à l’appel de la FNSEA
(Fédération nationale des
­syndicats d’exploitants agricoles) et des Jeunes Agriculteurs,
une manifestation aura lieu le
14 février, à Toulouse.
Ils protesteront contre des restrictions d’épandage d’engrais.
Taux de pauvreté : Toulouse
peut mieux faire
Les journaux « Compas » et
« La Gazette des communes »
dressent le palmarès de la
pauvreté dans les 100 plus
grandes villes de France.
­Toulouse occupe la 54e place.
#traj • culture
L’exil espagnol en exposition
Mémoire. Le musée de la
Résistance consacre une
exposition à la « Retirada »
jusqu’au 16 juin prochain.
L’occasion de rendre
hommage aux Espagnols
qui ont fui la dictature en
1939 et de revenir sur une
période sombre de l’histoire
transpyrénéenne.
«P
ar dizaines de mille, les réfugiés
catalans affluent à la frontière. » Le 30 janvier 1939, le journal La Dépêche titre sur l’arrivée en HauteGaronne du peuple espagnol chassé par
la guerre civile et la répression franquiste.
C’est la « Retirada » (la retraite, en français).
Soixante et onze ans plus tard, une exposition éponyme, proposée par le musée de
la Résistance et de la Déportation de Toulouse, revient sur ce sombre épisode.
La « Retirada » en 34 panneaux
Si de nombreux visiteurs sont des curieux,
d’autres sont liés par leur propre histoire à
cet exil forcé. « Je suis fille et petite-fille de
réfugiés », explique Sylvie Fabia. « Ma mère
s’est retrouvée orpheline à l’âge de 2 ans
dans le camp de réfugiés de Bram, avant
À partir du 26 janvier 1939, la France voit l’arrivée de 400 000 Espagnols . © Adrien Morcuende
d’être recueillie par une famille du Tarn-etGaronne. C’était important de venir ici. »
Au total, 34 panneaux et plusieurs dizaines de documents issus d’archives privées
(coupures de presse, décorations militaires,
photos) jalonnent l’exposition. Autant de
façons de montrer au public ce que fut la
« Retirada ». Qu’il s’agisse de l’exode des Républicains, de leur accueil dans des camps,
ou encore de leur rôle dans la Résistance
française, l’exposition répond à un double
objectif : évoquer l’arrivée des Espagnols en
Haute-Garonne, en particulier à Toulouse,
et montrer qu’ils y ont forgé une identité
singulière. Le témoignage est au cœur de la
démarche. Chacun peut visionner 7 vidéos
dans lesquelles exilés et descendants nourrissent le récit de cette période noyée dans
l’histoire de la Seconde Guerre mondiale.
Adrien Morcuende
Zoom sur l’intime
Comment travaillez-vous
au quotidien ?
Souvent par le biais de l’intimité. J’aime rencontrer
des gens dans leur quoti-
Trees est nominé dans la
catégorie Album révélation
dien. C’est le lien avec mon
ancien métier d’éducateur.
Cette idée de la rencontre est primordiale dans
ma photographie. Pour les
photos sur ma famille, au
contraire, il a fallu que je
prenne de la distance. Et les
retours sont bons.
Propos recueillis par
A. Morcuende et M. Regnault
de 2013 pour son album
éponyme, face à Hollysiz et La
Femme. Verdict le 14 février !
24 Heures radio
Le 15 février à partir de 7h00,
les étudiants de l’École de journalisme de Toulouse prennent
en bref
Pourquoi avoir quitté votre
métier d’éducateur pour
vous lancer dans la photo ?
J’ai découvert la photo ici,
au Château d’eau. C’est
devenu tout de suite quelque chose de fort. Comme
le métier d’éducateur est
aussi très prenant, il a fallu
faire un choix. J’ai suivi une
formation photo et ça a été
évident pour moi.
Pourquoi avoir choisi un
sujet aussi intime ?
Mes sujets sont souvent liés
à ce que je vis, à ce qui est
proche de moi. C’est venu
en traitant d’abord des angoisses de jeune papa. Ce
qui m’intéresse, ce n’est
pas de percevoir l’enfance
et la famille comme une
sphère douce, gentille, mais
comme un monde avec sa
part d’étrangeté.
Le duo toulousain Cats on
© Marien Regnault
Photographe à
plein temps depuis
3 ans, Arno Brignon
expose au Château
d’eau sa série
« Joséphine ».
29e Victoires de la musique
d’assaut les ondes de Radio
FMR sur 89.1 pour 24 heures
de direct.
Abattoirs
Exposition « Perturbations »,
de Céleste Boursier-Mougenot,
jusqu’au 4 mai. Première
exposition monographique de
l’artiste en Europe.
23
#traj • culture
Festivals
Viet Art
Plusieurs festivals ont lieu actuellement à
Toulouse. Petit tour d’horizon.
Le ciné pour tous
Le septième Festival de films
lesbiens, gays, bisexuels
et transsexuels (LGBT) se
déroule jusqu’au 21 février
dans toute la région MidiPyrénées. Huit mois après
les débats pour la loi sur le
mariage pour tous, « Des
images aux mots » (DIAM)
ouvre la discussion au travers de 30 films LGBT et 3
expositions photographiques. Des portraits de couples vietnamiens exposés à
l’espace des diversités, rue
d’Aubuisson à Toulouse, à
la projection du film espagnol « 20 cm », en passant
par « Yves Saint Laurent »,
de Jalil Lespert, l’éclectisme
est au rendez-vous. La diversité des nationalités et
des thèmes était un critère
ouvert possible. L’objectif est
de s’informer, de découvrir
et d’échanger. » C’est pour
cette raison que les lieux
de projection ne sont pas
spécifiques. Le festival se
déroule à l’institut Cervantes, au Goethe Institut ou
à la librairie Ombres blanches, de Toulouse. Le choix
des cinémas d’art et essai
s’explique par la volonté de
permettre la discussion, la
convivialité et la rencontre
dans des salles de moins
de 200 places. « En plus,
cela correspond à un public
toulousain qui connait déjà
bien l’art et essai », souligne
Laure Faghol.
de choix pour les organisateurs. « De ce fait, les polémiques nationales autour
de la question LGBT s’estompent », explique Laure
Faghol qui préside avec Jacques Baran le festival DIAM.
« Le festival se veut le plus
24
Un parfum de lotus flotte
sur la Ville rose. Jusqu’au
15 février, la 7e édition du
festival Made in Asia célèbre
le Vietnam à Toulouse.
« Lors de mes voyages,
je me suis aperçu que le
Vietnam, ça n’était pas que
les mariages sur l’eau et les
traditions », explique Didier
Kimmoun, fondateur du
festival. « Il y a une vraie
scène contemporaine, très
dynamique, qui mérite
notre attention. » Peu de
moines bouddhistes et de
costumes traditionnels à
l’Espace
Croix-Baragnon
ou à la Fondation Ecureuil,
mais une flopée de toiles et
de films modernes d’artistes
vietnamiens et français. Peu
Dans la salle des Illustres
du Capitole, lors de l’inauguration du festival le lundi
3 février, Laure Faghol rappelle qu’il ne s’agit pas d’un
festival
communautaire,
spécifique aux LGBT de la
région. Le festival participe
pourtant à « l’évolution
des consciences », rappelle
Buny Gallorini, la directrice
du cinéma ABC où a eu lieu
la projection d’ouverture.
DIAM présente une image
dépassionnée et variée des
homosexuels pour informer
et entamer une discussion.
février à Toulouse et du 11
au 21 février dans 13 autres
villes de Midi-Pyrénées
(Auzielle, Albi, Tarbes,
Montauban,
Blagnac,
Auch, Plaisance, Cahors,
Muret, Mirande, Mirepoix,
Carbonne, Ramonville).
Guillaume Gibergue
100 artistes, 18 pays et
3 jours de fête. Jusqu’au
9 février, Tournefeuille
se trémousse au son des
maracas et des rythmes
© DR
vietnamiens à l’école Hip
Hop Arts aujourd’hui à 21h,
le musicien Tran Quang
Hai, salle du Sénéchal, jeudi
13 février, à 12h30.
latins. Cette 17e édition
est placée sous le signe des
« terres de rencontres ».
« Les spectacles entremêlent
les
disciplines
et
les
cultures », précise Christine
Weber, directrice de ce
festival hispanophile. « Des
comédiens franco-cubains
expriment l’ailleurs, un cinéconcert lie cinéma argentin
et musiciens français et des
illustrateurs dessinent sur
de la musique hispanique. »
Le tout dans un univers
« onirique et poétique,
avec des spectacles qui
parlent de solitude, d’exil
ou de rencontre ». Espagne,
Argentine,
France
et
République dominicaine
sont donc réunies sur une
même scène ! Dépaysement
garanti pour le public,
invité à « porter un regard
différent sur les cultures
latino-américaines », mais
aussi à découvrir, à débattre
et à se déhancher.
Pratique : Aujourd’hui, à
18 heures, le duo d’illustrateurs Cleruu défie la toile
blanche et illustre les rythmes du groupe Trafiko Duo.
Demain à 17 heures : « Barrio Caleidoscopio », troupe
équatorienne Teatro de la
vuelta.
Ava Mergy
Ava Mergy
Un festival ouvert
Pratique : jusqu’au 9
© Guillaume Gibergue
Cuba Hoy, fidèle
au poste
© Ava Mergy
de chances, aussi, de croiser
Rambo dans un remake
de la guerre du Vietnam
ou un opposant farouche
à la censure du régime au
parti unique. Le festival fait
la part belle à la diversité
des arts, mais n’oublie pas
d’afficher ses convictions.
«On n’a pas invité les artistes
les plus révolutionnaires.
Néanmoins, les autorités
vietnamiennes n’auraient
pas choisi ceux-là. »
Pratique : les danseurs
#traj • culture
Un demi-siècle sur grand écran
Anniversaire.Voilà 50 ans
qu’elle nous embobine. Et pour
fêter cela, la cinémathèque de
Toulouse propose 50 moments
de cinéma.
premier film, Le Bar de la fourche, d’Alain
Levent, avec Jacques Brel, sorti en 1972.
50 moments pour 50 ans
Outre la rétrospective consacrée à Isabelle
Huppert, 50 autres « moments » sont
prévus : de « Sombres Éclats du vampire »,
en passant par la rencontre avec Isabella
Rossellini et le festival Zoom Arrière.
Autrement dit, cinquante bonnes raisons
de se rendre à la cinémathèque.
R
estaurer et diffuser le patrimoine cinématographique en direction d’un
large public, c’est l’objectif poursuivi
par la cinémathèque de Toulouse depuis
1964. En 50 ans de collecte, 42 300 films et
75 000 affiches ont été stockés et présentés
dans ce qui est devenu l’un des principaux
fonds européens en matière de cinéma.
C’est également la seule cinémathèque de
France, avec celle de Paris, reconnue d’intérêt national par le ministère de la Culture.
Elle propose quotidiennement des séances
aux Toulousains.
L’année 2014 sera rythmée par « 50 moments » et autant d’occasions de redécouvrir ce qui est la raison d’être de la cinémathèque depuis tant d’années. Natacha
Laurent, déléguée générale, le résume
ainsi : « Un anniversaire n’est pas tant l’occasion de se réjouir de ce qui est passé que de
célébrer la vie, l’énergie du présent et l’espoir
du lendemain. »
#Ciné
par
American Bluff
Un ébouriffant retour dans
les années 70, un superbe
jeu d’arnaques et de fauxsemblants, porté avec brio
par un réalisateur et une
brochette d’acteurs au pic
de leur forme. Courez-y.
Marien Regnault
Isabelle Huppert, une marraine à l’honneur. © DR
DU CINEMA PLEIN LES YEUX
Isabelle Huppert pour marraine
Parmi
Avec plus de cent films à son actif,
Isabelle Huppert a glané de nombreuses
récompenses. Et notamment le Prix
d’interprétation féminine au Festival de
Cannes en 2001 pour La Pianiste, présenté
au public toulousain lundi dernier en
inauguration de la rétrospective la
concernant. « Les cinémathèques sont des
lieux qui célèbrent le passé, le présent et
donc le futur du cinéma », explique l’actrice.
Surtout le passé, lorsque l’on sait que la
cinémathèque conserve l’original de son
cinquantenaire, l’exposition « Du cinéma
les
rendez-vous
phares
du
plein les yeux », présentée au Bazacle du
1er février au 27 avril. Au total, ce sont 22
affiches peintes par l’affichiste toulousain
André Azaïs (1918-1989) qui sont montrées
au public, dont celles de L’Inspecteur Harry,
Rio Bravo, ou encore 2001, l’Odyssée de
l’espace. La totalité des 184 affiches géantes
– réalisées par l’artiste pour l’ancien cinéma
« Le Royal » – seront projetées sur grand
écran le temps de l’exposition.
@JulesPec
Dallas Buyers Club
Rien que pour son rôle
principal, ce film mérite
d’être vu. Dans la peau
amaigrie d’un des premiers
séropositifs, Matthew
McConaughey est tout
simplement éblouissant.
12 Years a Slave
Le meilleur film de 2013
(sorti récemment en
France) est toujours en
salle. L’occasion de voir un
chef-d’œuvre. Un magnifique document sur l’horreur
de l’esclavage.
Les trois
frères : le
retour
Tout le
monde
sait plus
ou moins
à quoi s’attendre avec
cette réapparition des
trois icônes
du rire. Il ne
reste plus
qu’à s’y
rendre.
La Belle et
la Bête
Énième
version du
conte rendu
célèbre
par Jean
Cocteau.
Mais avec
Christophe
Gans aux
commandes. Un
nouveau
Pacte des
loups ?
RoboCop
Remake du
polar futuriste de Paul
Verhoeven,
27 ans plus
tard. Donc
meilleurs
effets,
meilleur
son,
meilleure
image. Mais
la même
verve satirique ?
25
#traj •sport
Barthet et Brunet en piste
Sotchi. Anne-Sophie Barthet,
en ski alpin, et Marie-Laure
Brunet, en biathlon, représentent Midi-Pyrénées à Sotchi.
Leurs impressions avant de
rentrer dans la compétition.
S
otchi, c’est parti. Enfin, pas pour
tout le monde. Si Marie-Laure
Brunet a participé à la cérémonie
d’ouverture, Anne-Sophie Barthet n’a
pas eu cette chance. Et pour cause : la
jeune Toulousaine – licenciée à Chambéry
– ne prendra la direction de la Russie que
le 14 février. Sa première épreuve, le slalom
géant, est programmée quatre jours plus
tard. Marie-Laure Brunet sera, elle, en piste
dès dimanche 9 février pour le sprint 7,5 km,
et enchaînera cinq autres courses jusqu’au
21 février. Un marathon d’épreuves qui fait
« le charme du biathlon », pour cette native
de Lannemezan. « Je sais désormais gérer
mon corps et la fatigue. Et disposer de six
chances, c’est moins frustrant que d’en avoir
une seule. »
Stress et sérénité
À 25 ans, les deux sportives ont déjà
l’expérience des Jeux olympiques : Turin
et Vancouver pour la skieuse, seulement
Vancouver pour la biathlète. Pour autant,
elles ne les abordent pas de la même
manière. Alors que confiance et sérénité
règnent chez Marie-Laure Brunet, sa
Anne-Sophie Barthet et Marie-Laure Brunet ont faim de médailles pour les JO. © DR
coéquipière est partagée entre stress et
excitation. « C’est la dernière ligne droite, il
me faut régler les derniers détails pour être
prête le jour J. » Deuxième au classement
général de la Coupe d’Europe, mais à la
peine en Coupe du monde – 33e en slalom
géant et 22e en slalom – la Toulousaine
n’est ni favorite ni outsider. Elle compte
bien créer la surprise : « J’ai eu beaucoup
de sorties de piste, je sais que je ne suis pas
attendue pour une médaille, mais je skie
pour cela. »
Marie-Laure Brunet a déjà glané l’argent en
relais et le bronze en poursuite il y a quatre
ans. Et elle espère ramener de Sotchi le seul
métal qui manque à sa collection. « Mon
objectif est la médaille d’or. » Fin janvier, elle
est partie en stage dans le Val d’Aoste, en
Italie, où elle a fait de « l’excellent travail ».
« Tout m’a conforté dans mes sensations, je
suis concentrée sur mes objectifs. » Il ne lui
reste plus qu’à faire ses preuves à Sotchi.
À propos des différentes polémiques qui
entourent ces Jeux, Anne-Sophie Barthet
refuse « de se servir de cette compétition
comme un instrument politique ». Pour la
jeune femme, son travail consiste à « faire
rayonner son pays à travers le sport ». Alors
quand elle déclare « si on ne vise pas de
médaille, ça ne sert à rien de participer aux
Jeux», on ne peut qu’être sûr de sa motivation. Les paroles doivent maintenant laisser
place aux actes.
Marine Couturier
Stade : attention danger ?
26
par Philippe Saint-André.
De même que Yacouba
Camara, sélectionné avec
les moins de vingt ans la
semaine dernière et laissé
à disposition de son club
ce week-end. Vincent Clerc
sera également présent
après neuf mois d’absence.
Patricio Albacete, capitaine pour ce match, est
conscient de l’ampleur de
la tâche qui attend son
équipe. « Montpellier est
une très belle équipe, le MHR
a fait un gros recrutement
l’été dernier. » Une équipe
qui avait fait vivre un véritable enfer aux hommes de
Guy Novès au match aller.
Le Stade était reparti fanny
du stade Yves du Manoir,
rossé, 25-0. Nul doute que,
cette fois-ci, même amoindri, le Stade voudra prendre
sa revanche et faire parler
son orgueil.
Enzo Diaz
Toulouse-Meudon
samedi 8 février à 18h00
agenda
Le match entre Toulouse
et Montpellier ce samedi
(20h35) va valoir cher dans
la course aux barrages.
Les deux équipes, 5e et 6e
au classement du Top 14,
vont devoir se passer de
nombreux internationaux,
retenus pour le Tournoi
des Six Nations. Le Stade
devra faire sans six de
ses cadres, mais pourra
compter sur le retour de
Maxime Médard, libéré
Hockey-sur-glace (D2)
Basketball féminin (LFB)
Bourges-Toulouse
samedi 08 février à 20h
Handball (D1)
Tremblay-Toulouse
samedi 08 février à 20h30
Football (L1)
Toulouse-Bastia
mardi 11 février à 20h30
#traj • sport
Et maintenant, l’Italie
Victorieuses de l’Angleterre
samedi dernier (18-6) pour
la levée du Tournoi des Six
Nations, les féminines du XV
de France se sont retrouvées
cette semaine à Blagnac pour
préparer le match face
à l’Italie.
M
ardi 4 février, le complexe
sportif des Barradels et sa
pelouse
synthétique
ont
accueilli les Bleues. À l’arrivée, les vingttrois se changent illico presto, sous le
soleil. Les survêtements sont délaissés au
profit des shorts, et les crampons moulés,
chaussés. Quelques badauds sont venus
voir les tombeuses des vice-championnes
du monde. La séance prend une tournure
sérieuse.
Succès médiatique
Nathalie Amiel et Christian Galonnier, les
deux entraîneurs de l’Equipe de France, donnent de la voix, encouragent, conseillent,
réprimandent. Le tout avec le souci du détail et l’envie de bien faire. Le succès face
à l’Angleterre a permis aux Françaises de
Les Françaises sont prêtes au combat. © MC
croire en leur potentiel, et de pouvoir espérer une victoire finale dans le Tournoi des
Six Nations. Chose qui n’est plus arrivée
depuis le Grand Chelem de 2005. Ajoutez à
cela une cote d’amour qui ne cesse de monter, comme en témoigne le succès médiatique du match France-Angleterre : 673 000
téléspectateurs samedi soir sur France 4.
Preuve s’il en est de l’attrait nouveau pour
le XV féminin.
L’Italie, un souvenir amer
La capitaine Gaëlle Mignot ne cache pas les
ambitions des Bleues, « le Tournoi fait partie de nos objectifs cette année ». Un objectif
qui en prépare un autre plus lointain. Dans
cinq mois, la France accueille la Coupe du
monde de rugby féminin.
En attendant, c’est l’Italie qui se dresse samedi à 17h30 sur le chemin de ces drôles
de dames. Une équipe qui avait vaincu la
France (13-12) l’an dernier en ouverture
du Tournoi des Six Nations, dans un match
disputé dans des conditions dantesques.
« Un vrai torrent de boue. Le match avait
été âpre », se souvient la centre Marjorie
Mayans, joueuse de Blagnac-Saint-Orens,
le club local. Elle sera accompagnée pour
l’occasion de Manon André, troisième ligne
et coéquipière en club qui fait son retour
dans le groupe.
La partie ne s’annonce pas de tout plaisir,
les Italiennes sont « accrocheuses, déterminées ». Les Transalpines ont, elles aussi,
démarré le Tournoi par une victoire en allant gagner au Pays de Galles (11-12). Pour
espérer quelque chose, il faudra donner le
meilleur de soi-même et « faire simple »
comme le rappellent à la fin de la séance
les deux coachs. En attendant des lendemains encore plus radieux. Avant Paris, il y
a Blagnac.
Enzo Diaz
3 questions à... Valentin Porte
Après l’Euro de handball,
Valentin Porte a connu un
mois de janvier exceptionnel.
Ce week-end, il revient sur les
parquets avec le Fénix.
Vous avez eu beaucoup de sollicitations
médiatiques après le championnat d’Europe. Cela a-t-il parasité votre préparation
et votre retour au club ?
Pas vraiment. J’ai pris une semaine pour
couper l’activité après l’Euro. J’ai fait quelques sorties dans les médias mais, depuis
lundi, je suis de retour à l’entraînement. Je
reprends tranquillement pour soigner des
pépins physiques, rien de grave. J’ai été
dans la lumière suite à mes prestations,
c’est normal, mais je ne m’enflamme surtout pas avec ça.
Le Fénix entame la deuxième partie de saison à la quatrième place du classement.
Quels sont vos objectifs pour les mois à
venir ?
En début de saison, on s’était dit qu’on pouvait décrocher une place européenne, donc,
pour l’instant, on est dans les cordes. En revanche, viser le podium, c’est peut-être un
peu ambitieux puisqu’on a un calendrier
compliqué en deuxième partie de saison.
L’objectif minimal fixé, en tout cas, c’est la
cinquième ou sixième place.
Valentin Porte, révélation de l’Euro 2014. © DR
Votre avenir dans le club, vous y pensez ?
Je pense être là la saison prochaine, mais
ensuite je me poserai des questions. On
verra où en est le Fénix, comment j’évolue,
les sollicitations qui arriveront. C’est ma
sixième année ici et j’ai vécu cinq ans de
galère. Cette saison, c’est la première fois
que l’équipe évolue avec un vrai projet et
de l’ambition. Et faire entrer le club dans
une nouvelle ère est forcément un objectif
pour moi.
Propos recueillis par Alexis Raison
27
#traj •sport
J’ai testé : le football australien
Champions de France, vice-champions
d’Europe, les Hawks de Toulouse excellent dans ce sport méconnu.Trajectoires a
chaussé les crampons.
S
tade de Sordelo, sur
les hauteurs de Pech
David. Le QG des
Hawks porte bien son nom.
Encore noyée sous les averses de ces dernières semaines, la pelouse a des allures
de piscine olympique. Une
piscine de boue, dont la forme m’interpelle : « Il est pas
censé être ovale le terrain ? »
Grégoire, le capitaine de
l’équipe, se marre : « Si, si!
Il n’y a pas de vrai terrain de
footy en France. La mairie
nous peint des lignes seulement les jours de match. » Ni
rugby, ni basket, ni volley, le
footy – le surnom du foot
australien – est un beau bazar qui peine à franchir les
eaux de l’océan Indien. En
France, ils seraient à peine
200 licenciés. Les Hawks
ont vu en moi un potentiel
201e. Je n’ai plus qu’à faire
mes preuves. Et une prière.
Bien que novice, je sais que
le footy est un sport rude.
Si l’idée de me faire secouer m’amuse un temps,
la crainte monte lorsqu’un
joueur me prévient : « On
s’est tous pété un truc au
moins une fois. »
Ma première passe ne me
rassure pas. Pour transmettre la lourde ovale de cuir,
deux options : la main, ou
le pied. Pour le handpass,
elle doit être tenue dans la
paume et frappée avec le
poing de l’autre main. Au
pied, le kick n’est qu’une
sorte de chandelle, comme
on en voit au rugby. Point
commun : mes phalanges
en craquent encore. Il fau-
De la boue, de la sueur et du contact. © Marine Couturier
dra souffrir pour me faire
une place. D’autant que je
ne corresponds pas au profil
type des Hawks. « Il y a deux
types de joueurs chez nous :
des agriculteurs et des informaticiens. » Pas plus à l’aise
sur un tracteur que derrière
un ordinateur, je me découvre des talents de laboureur,
ratissant de mes crampons
le terrain usé. Ainsi, je compense ma faible technique
par des chevauchées – presque – fantastiques. Mais les
courses manquent de me
rendre malade, et me renvoient à une certaine morale : « Rien ne sert de courir,
surtout si c’est pour vomir. »
Après deux heures au cours
desquelles je n’ai toujours
pas saisi les règles du footy,
je quitte les « Faucons », en
y laissant quelques plumes.
Rémi Vallez
Les Ours attaquent
Alors que le Super Bowl vient de clôturer la saison 2013 de football américain, l’équipe de Toulouse
entame l’édition française 2013-2014.
Objectif play-off cette saison. © MC
Les Ours entrent dans la compétition !
L’équipe toulousaine de football américain
jouera son premier match contre les Giants
de Saint-Étienne dimanche 16 février.
28
La catégorie des seniors (à partir de 20
ans) fourbit ses armes depuis septembre
dernier. « Il y a un énorme besoin de
préparation physique. On commence avec
des exercices sans tenue et, au fur et à
mesure, on augmente le nombre de contacts
physiques avec tout l’équipement», explique
Rudy Fonkoué, ancien coach des Flash
de la Courneuve et membre du staff de
l’équipe de France. Arrivé en juillet, l’avocat
de profession veut commencer fort. Avec
soixante licenciés dans cette catégorie,
le club, aujourd’hui en 2e Division, a
l’ambition de retrouver les play-offs
atteints l’an passé. Le stade des Argoulets
lui sert de base. Un véritable marquage
en yards sur le terrain et tout le matériel
nécessaire permettent aux joueurs de bien
se préparer. Rudy Fonkoué apprécie : « C’est
agréable de travailler dans ces conditions
malgré la relative popularité du sport. J’ai
bien conscience qu’ici on passe après le Stade
Toulousain, le TFC, voire le handball. Une
centaine de spectateurs sont tout de même
régulièrement attirés par les matchs. »
Les rires des joueurs se font entendre.
L’entraînement va commencer. « C’est une
ambiance proche de celle qu’on retrouve au
rugby, chaleureuse et familiale, même entre
adversaires », explique un joueur. Mais sur
le terrain, les Ours sortiront leurs griffes.
Raphael Moury
#traj • science
L’horloge qui défie Einstein
Espace. L’horloge atomique PHARAO,
dernier joyau du Centre Spatial de
Toulouse, ira briller parmi les astres en
2016 à bord de la Station spatiale internationale. Son objectif : tester la théorie
de la relativité d’Albert Einstein.
U
ne fois de plus, Toulouse s’envoie
en l’air avec les étoiles. Le
Projet d’Horloge Atomique par
Refroidissement d’Atome en Orbite est une
véritable révolution technologique. Alors
qu’une horloge terrestre retarde d’une
seconde toutes les 50 millions d’années,
l’horloge atomique ne se déréglera qu’au
bout de 300 millions d’années. Financée
par le Centre national d’études spatiales
(CNES) à hauteur de 120 millions d’euros,
elle est aujourd’hui une des plus précises
jamais conçues. « Composé d’un cube en
titane doublé de nickel d’un mètre de long,
l’instrument de 90 kg sera protégé des
champs magnétiques qui pourraient réduire
sa précision » explique le chef du projet
Didier Massonnet.
Il s’agira de compter le temps. Ou plutôt de
le comparer. Selon la théorie de la relativité
d’Albert Einstein, la vitesse d’écoulement
du temps dépend de la vitesse mais aussi
de la gravitation. Une fois à 400 km d’altitude, l’horloge spatiale devrait donc être
retardée par rapport à l’horloge au sol. « Cent ans après l’énoncé du célèbre physicien, notre horloge est là pour vérifier cette
théorie, l’effet de gravitation étant l’objectif
de l’expérience » résume le chef de projet.
Dans la marmite du Centre national
d’études spatiales depuis 1999, la machine
à explorer le temps a franchi une nouvelle
étape en recevant son ingrédient essentiel :
la source laser. Ce sous-système permettra
la comparaison avec les horloges au sol.
« Grâce aux tirs lasers, PHARAO sera capable
de comparer des horloges encore plus précises
et ne sera jamais dépassée par le progrès
technique » témoigne Didier Massonnet.
Une horloge du temps intemporelle, donc.
L’horloge PHARAO © CNES/S. Girard
Suivi opérationnel depuis Toulouse
L’horloge pourra ainsi transporter le temps
jusqu’en 2024. Initialement fixé à 18 mois, le
voyage pourra être prolongé. Une fois dans
l’espace, elle sera suivie par les ingénieurs
du Centre d’Aide au Développement
des Activités en Micropesanteur et des
Opérations spatiales (CADMOS), basé à
Toulouse. « L’horloge sera embarquée à bord
du laboratoire spatial européen Columbus,
qui nous enverra les données » rapporte
l’ingénieur du CADMOS Alain Maillet.
Grâce aux ingénieurs toulousains, bien déterminés à remettre les pendules à l’heure,
la physique fondamentale s’apprête à faire
un grand pas.
Jérémie Cazaux
Mission Rosetta: la fin approche
Le premier lancement d’Ariane
5 en 2014 s’est déroulé le
6 février en Guyane. Deux
satellites, militaire et civil,
© CNES/E. Grimault
ment des données récoltées » affirme le responsable de la mission. Philae pèse à peine
cent kilos. Ce petit robot d’un mètre cube
a embarqué dix instruments qui permettront d’effectuer des prélèvements. Quant à
Rosetta, elle commence à ralentir. Au mois
d’octobre, elle devrait se trouver à dix kilomètres de la comète pour larguer le module.
Ensuite mystère. Cédric Delmas trépigne
d’impatience : « on ne sait pas du tout à quoi
va ressembler la comète ».
Constantin Peltier
pourront apporter la 3G aux
armées française et italienne.
Les militaires des deux pays
pourront transférer d’importantes données sécurisées.
en bref
Des plans sur la comète ? Pas si fou ! La sonde Rosetta qui transporte un atterrisseur
nommé Philae a parcouru 6,5 milliards de
kilomètres. Le 28 mars, le Centre Spatial de
Toulouse réveillera ce module et le préparera à atterrir sur la comète TchourioumovGuérassimenko pour le mois de novembre.
« Il y a une forte présomption qu’il y ait de
la matière organique sur cette comète, qui
pourrait être à l’origine de la vie sur terre »
déclare Cédric Delmas, le responsable de
la mission Rosetta au CNES. Il ajoute par
ailleurs que « les comètes se sont créées en
même temps que le système solaire et n’ont
pas été modifiées. Leur cœur garde en fait
la structure primaire du système solaire ».
De quoi alimenter les bouquins de sciencefiction. Près d’un milliard d’euros ont été
investis dans ce projet. « À Toulouse, notre
rôle est de déterminer la zone d’atterrissage
de Philae. Ensuite, nous assurerons le traite-
La fusée Ariane 5 lance la
3G pour l’armée française
Vénus et Jupiter bientôt
visibles à l’œil nu
Le 10 février, peu après le
coucher du soleil, Jupiter sera
visible. Pour Vénus, il faudra
attendre le 26 du mois. L’étoile
du berger sera visible deux
heures avant le lever du Soleil,
tout juste à côté du croissant
de Lune.
29
#traj • gastronomie
La tendance du « fast-good »
Pause déj. Un jambon-beurre
avalé en une bouchée devant
l’ordinateur ou dans la voiture,
coincé dans les bouchons,
c’est le quotidien des Français.
V
ingt-deux minutes de pause déjeuner pour les salariés, selon une étude réalisée en 2011 pour Le Figaro.
C’est une heure de moins qu’il y a vingt ans.
Pour Annie Roques, diététicienne et spécialiste du comportement alimentaire, « nos
habitudes de vie font que nous avons écourté notre temps de pause le midi ». La spécialiste propose « d’adapter l’alimentation au
rythme de travail et pas le contraire ».
« Le menu ‘entrée, plat, dessert’ est
totalement désuet »
Selon la diététicienne, l’alimentation rapide
répond à la fois aux besoins nutritionnels et
à cette consommation nouvelle. Les Français, pressés à l’heure du déjeuner, veulent
tout : du goût, du sain et du rapide.
De la restauration rapide et chic. © SG
Les grands chefs s’y mettent
La famille Bras mise sur le fast-cook, avec
l’ouverture toute récente du Capucin,
à Toulouse. Michel et Sébastien Bras
revisitent le sandwich à leur manière, façon
galette de sarrasin et produits locaux. (cf.
encadré) Le menu de Gourmet Trotteur,
lancé depuis septembre 2013, foisonne de
plats cuisinés maison à bord d’un tricycle.
Dans quelques mois, le projet de foodtruck Épicurieux (restauration nomade
dans un camion) lancé par deux jeunes
Toulousains proposera des menus élaborés
par une diététicienne. « C’est une manière
Un déjeuner étoilé
« Sur place ou à emporter ? »
L’atmosphère du Capucin, le
nouveau restaurant de Michel Bras, ouvert le 25 janvier,
rappelle les fast-foods par le
bip-bip strident des caisses et
l’agitation des préparateurs,
la tête dans le plan de travail.
Mais, ici, des produits frais entourés d’un capucin préparé
minute attendent les clients.
C’est dans un décor chic et
sobre que l’on peut dégus-
Capucin au chou farci © SG
30
ter cette galette de sarrasin,
produit phare de leur nouveau concept permettant de
manger vite et bien: le fastcook. Lors de l’inauguration,
qui s’est tenue ce mercredi,
André Bras, responsable technique, avertit : « Ce n’est pas
de la gastronomie. » Les recettes sont élaborées avec
les producteurs locaux, qui
préparent la garniture puis
l’envoient au restaurant. Les
capucins sont servis couronnés d’un pic racontant l’histoire de la recette et donnant
les coordonnées du producteur. Premier à proposer ce
concept, le restaurant est pris
d’assaut. Temps d’attente ?
« Une bonne heure », selon
une cliente. Le capucin n’a
pas encore atteint son rythme de croisière.
Caroline Félix
de changer l’image de junk-food qui colle
à l’alimentation rapide », s’enthousiasme
Annie Roques. Fini les pizzas dégoulinantes
de graisses, le fast-good utilise des produits
frais souvent issus de l’agriculture locale. La
tendance met en avant des producteurs de
la région, toujours avec l’envie d’informer
le consommateur et de le rassurer sur la
provenance et la qualité des produits. La
street-food, les plats à emporter et toute
la tendance du fast-good permettent
maintenant de bien manger et rapidement.
So good !
Sarah Gilmant
À suivre...
L’Épicurieux, c’est le projet de food-truck
de Théo et Hugo. Récompensés pour leur
initiative, les jeunes ambitieux proposeront des repas équilibrés. « Pas de régime
non plus, il faut rester dans le plaisir »,
rassure Hugo. Le plus : travailler avec une
diététicienne pour l’élaboration des menus. Rendez-vous, si tout roule, avant l’été.
Les gourmets
sont en selle
Du coq au vin au menu du
tricycle ce lundi. Gourmet
Trotteur propose des menus
sains, frais et équilibrés à
petits prix. De quoi ravir les
gourmands pressés. À l’ombre du Capitole, le nez rougi,
emmitouflé dans un pull en
laine, Yannick plonge la tête
dans son garde-manger
insolite. Le
gaillard, habitué de la cuisine privée pour
les fortunés de ce monde, en
sort un bagel qu’il tend à une
cliente impatiente. « Je viens
tous les jours depuis le début »,
confie-t-elle en saisissant son
déjeuner. Maixent, son associé, est plus volubile au guidon de son engin à trois roues.
« Le tricycle répond à une vo-
lonté écologique et permet
d’être plus proche des gens »,
confie-t-il dans un sourire. Les
curieux sont attirés. Ils s’approchent, hésitent, avant de
se laisser tenter. Leur petite
entreprise ne connaît pas la
crise, loin s’en faut. « Gourmet Trotteur » existe depuis
septembre 2013
et propose
des produits « frais, locaux et équilibrés qui répondent à l’exigence croissante des consommateurs ». Et les habitués
répondent présents du lundi
au samedi. Les formules, entre 7 et 11 euros, sont variées
et amorcent le début d’un cycle… à trois roues.
Yohan Blavignat
«Être proche
des gens »
#traj • gastronomie
« J’aime partager ma cuisine »
Interview.Toulousain d’origine,
Alexis Braconnier a fait ses
armes au restaurant Le Bristol,
à Paris. Cette année, le cuisinier de 23 ans ressort le tablier
pour la cinquième saison de
l’émission Top Chef.
En 2011, vous avez fini cinquième lors
de la saison 2 de Top Chef . Pourquoi retenter
l’expérience ?
Déjà parce qu’on a la chance de partager
notre cuisine avec trois millions de personnes. Et puis, ça vaut le coup de retenter l’expérience pour les 100 000 euros. Top Chef
est un concours de cuisine très long et très
intense. Vu l’engagement que l’on a mis, je
trouve dommage qu’à l’écran on ne voit pas
assez les étapes de réalisation des plats. Par
contre, je m’aperçois que je jure trop souvent ! (Rires)
Vous avez tenu un food-truck pendant une
semaine à Paris il y a un an et demi pour l’opération « Novembre, le mois des produits tripiers ». Un nouveau défi ?
On a concocté et distribué gratuitement des
burgers à la langue et à la joue de bœuf, au
foie de porc, etc. Pour moi, la restauration
rapide n’est pas incompatible avec une alimentation équilibrée, bonne et saine.
Alexis, candidat en 2011 et 2014 ©P.Olivier/M6
Que pensez-vous du niveau de cette année ?
Le niveau est bon. J’aime cette cuisine que l’on
trouve en ce moment, complètement libérée.
J’ai d’ailleurs testé le restaurant de poissons
de Thibault Sombardier « Antoine », dans le
XVIe arrondissement à Paris. Une merveille.
Face à ces nouveaux talents, mon principal
atout pour gagner, c’est l’amour dévorant
que j’ai pour ce métier.
Vous ne changeriez rien à la recette du cassoulet. Une cuisine simple vous suffit-elle ?
Il faut penser autrement. Avec peu de produits, on peut faire des plats sublimes. À Toulouse, je recommande le nan au fromage
de l’Oasis, rue des Pargaminières. Parfois, je
craque. J’adore les M & M’s, c’est mon petit
péché mignon. Mais, sinon, j’essaie de rester
raisonnable !
Propos recueillis par C.Félix et S.Gilmant
Fast and curious
Criquets
à croquer
Le gaspillage
à la poubelle
Ô Fiel, leur
« restô »
Des gourmandises aux insectes. ©EAP Group
Bel apéritif en perspective. © SG
Le chef a le goût de l’humour. © GP
Des macarons ornés d’un grillon, un panaché de vers de farine à l’apéritif, ça vous
étonne ? C’est pourtant ce que propose
Micronutris, basée à Labège depuis 2011.
Première entreprise à élever des insectes comestibles, elle élargit aujourd’hui
sa gamme de produits avec des biscuits
à base de farine d’insectes. Son principal
argument de vente : le faible impact environnemental et la haute teneur en protéines de ses produits. Avec Micronutris,
c’est Jiminy Cricket qui passe à la casserole.
Sebastien cabrita dos santos
Partage ton frigo, premier réseau social antigaspillage en France. Lancée en mars 2013,
l’association veut en finir avec la gabegie
alimentaire. Partie de Nancy, l’initiative
s’est exportée à Toulouse. Leur site permet
de partager le surplus de son frigo entre les
membres. L’association propose des « apéros frigo ». Un moment de partage des restes
entre participants rythmé par des animations ludiques. En cette année européenne
de lutte contre le gaspillage alimentaire,
le partage est peut-être la meilleure arme.
Yohan Blavignat
Après l’humour, les Chevaliers du Fiel se
frottent à la restauration. Fiel mon restô a
ouvert le 16 janvier, à côté de leur cabaret
le Rex de l’Humour, situé avenue HonoréSerres, à Toulouse. Les humoristes vantent
un « stand-up culinaire », mais le spectacle est plus dans les assiettes que derrière
le bar. Mathieu Doumerc, le chef toulousain, « plaisante avec les clients ». Pour le
show, il faudra attendre les improvisations
d’amateurs bientôt au menu. D’ici là, il
faudra se contenter de l’humour du chef.
Goeffrey Priol
31
#traj • portrait
Le « French Architect »
toulousain
Jean-Paul Viguier. Créateur
d’innombrables ouvrages internationaux, Jean-Paul Viguier
est un homme qui voyage.
Il aime aussi venir se ressourcer dans sa ville natale.
N
e jamais, au grand jamais, demander à un passionné en quoi consiste son métier. C’est pourtant inévitable devant une figure emblématique de
l’architecture. Pour expliquer son métier,
l’homme n’est pas avare de mots. Les jambes croisées, nonchalamment accoudé à la
table, il est à l’aise. À croire qu’il a préparé
son texte. Mais ses réponses spontanées et
ses éclats de rire montrent son authenticité. Alors, peut-être, est-ce là ce qui caractérise Jean-Paul Viguier : son ambiguïté.
Fuir la logique métro, boulot, dodo. « Ce qui
m’excite dans ce métier, c’est que tous les
instants que l’on vit ne sont jamais identiques », lance-t-il avec un sourire. Son agence est son jardin secret. Mais, sur le terrain,
il s’applique à imaginer et à cultiver celui
des autres.
Architecte, et pas archi-bête. Pianiste et
clarinettiste, il est un grand amateur de
jazz. Le côté rêveur des artistes n’est pas
à prendre au premier degré. Il explique :
«On ne peut pas exercer ce métier si on n’a
pas autant de force que ses bâtiments. »
Superman n’a plus qu’à aller se rhabiller.
Né dans les calques et la poussière de
crayon, sa vocation s’est imposée à lui.
« Mon père exerçait ce métier, je ne me suis
même pas posé la question. » D’un côté,
une immersion dans les milieux intellectuels citadins grâce à son père. De l’autre,
une influence rurale, et un goût prononcé
pour la nature. Né à Azas (Haute-Garonne),
son grand-père était régisseur du domaine
Jean-Paul Viguier en 5 bâtiments
Pavillon de France à Séville
Museum de Toulouse
Sofitel à Chicago
Tour Majunga à la Défense
Canceropôle à Toulouse
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© Eva Deroualle
du marquis. Il se souvient en s’esclaffant :
« Quand j’étais petit, je sautais sur les genoux de la marquise. » Architecte de père
en fils ? La dynamique s’est cassée, son
fils souhaitant s’éloigner de ce milieu. « Je
suppose qu’il a dû observer les relations que
j’avais avec mon père, et n’a pas voulu les reproduire avec moi », confie t-il.
« C’est étrange comme le destin m’a toujours ramené ici. » Ici, c’est évidemment
Toulouse. Passé par les Beaux-Arts, à Paris,
« la voie royale
à l’époque »,
puis Harvard, il
avoue « n’avoir
eu qu’une idée
en tête : trouver
de nouveau l’occasion de faire
un projet ici ». Il
y sera pour « vociférer sur les barricades de
Toulouse », en mai 68, et y reviendra après
avoir gagné des concours. Il commence par
le rassemblement des services de la météorologie nationale, et se chargera ensuite
de la reconstruction du Museum d’histoire
naturelle. Il porte pourtant un jugement
sévère sur la Ville rose : « Elle a eu du mal
à affronter la modernité et sa production
architecturale est un peu médiocre. Elle s’en
relève, mais c’est récent. » De ses voyages, il
a su tirer un regard critique, et profiter de
sa position. « Les étrangers ont pour exem-
ple l’architecture française. À Chicago, j’étais
The French Architect », s’enorgueillit-il.
Sa dernière œuvre toulousaine est l’Institut
universitaire du cancer, qui s’achèvera sous
peu, sur l’ancien site d’AZF. Fraîchement
rasé, en costume strict, l’architecte s’apprête à s’exprimer lors d’un séminaire sur
la Journée mondiale du cancer, à l’espace
Vanel de Toulouse. Ce lieu éveille en lui
beaucoup d’émotions. Peu importe son lot
de récompenses nationales, il préfère évoquer le Prix de l’Occitanie
qu’il a reçu, très touché,
dans ce même endroit.
C’est pourtant à Paris que
se trouve son agence.
Aux commandes de 120
personnes, son rayonnement international a de
quoi lui donner la grosse
tête : « Je suis probablement un des architectes français qui ont le plus construit. » Et
lorsqu’il dessine un hôpital, il affirme faire
de l’architecture qui soigne. « Un peu prétentieux », concède t-il. Guérir grâce à ses
bâtiments, l’idée lui plaît. Il s’intéresse ainsi
au lien entre la forme des constructions et
leur potentiel à encourager les personnes à
guérir. Santé publique, questions de durabilité et de respect environnemental : il estime avoir une responsabilité directe. Alors,
avec une cape, ça donne un super-archi ?
Eva Deroualle
« Avoir autant
de force que
ses bâtiments »