Des médias et des maux - Ecole de Journalisme de Toulouse
Transcription
Des médias et des maux - Ecole de Journalisme de Toulouse
Politique Focus Société Cohen, le bilan de l’alternance Mix’Art Myrys, lieu de création 4 000 SDF à Toulouse Trajectoires n°02-2014 hiver le journal de l’école de journalisme de Toulouse Des médias et des maux #traj • sommaire Dossier Une presse aux pieds d’argile p.4-5 Sud Radio : transformer l’essai p.6 Paie ta pub ! p.7 Futur conditionnel pour TLT p.8 Touléco sort de sa niche p.9 France/Monde Les djihadistes en herbe au tribunal p.10 La famille avance, hollande recule p.11 Politique Qu’a fait Cohen ? p.12 Cohen recalé à l’examen Moudenc p.13 Moudenc tisse sa toile p.14 Michèle Alliot-Marie : « Choisie » p.15 Focus La vie d’artiste au Myrys p.16-17 Économie L’imbroglio des chiffres chez Astrium p.18 À Toulouse, l’autopartage est toujours en première p.19 Société SDF : les assos à la rescousse p.20 Squats : la vie en sursis p.21 Consommer sans dépenser p.22 Culture Sports Barthet et Brunet en piste p.26 Rugby féminin : et maintenant l’Italie p.27 J’ai testé : le football australien p.28 Sciences L’horloge qui défie Einstein p.29 Gastronomie La tendance du « fast-good » p.30 « Ma gourmandise m’a donné envie de faire ce métier » p.31 Portrait Le « French architect » toulousain 2 p.32 L’exil espagnol en exposition p.23 L’actu des festivals p.24 Un demi-siècle sur grand écran p.25 #traj • édito Pronostic vital engagé pour médias sous perfusion À Directeur de la publication : Bertrand Thomas Directeur de la rédaction : Jean-Paul Bobin Rédactrice en chef : Valentine Arama Secrétaire de rédaction : Jade Peychieras Responsables photos : Lucie Nolorgues et Alexis Raison Chefs de rubrique : Simon Hamy (dossier), Jules Pecnard (France & Monde), Louis Nadau (politique), Vincent Guiraud (économie), Anne-Laure Thomas (société), Adrien Morcuende (culture), Marine Couturier (sports), Jérémie Cazaux (sciences & santé), Sarah Gilmant (gastronomie) Photo de Une : Jules Pecnard l’heure où le mot « crise » est sur les lèvres de tous les Français, les médias toulousains ne font pas figure d’exception. Le jeudi 30 janvier restera une journée marquée d’une brique rouge. Carré d’Info, Le Journal Toulousain, France 3 Midi-Pyrénées, TLT... Autant de médias, qui, contrairement à ce que chantait Alain Bashung, connaissent la crise. Les plus réputés ne sont plus à l’abri du naufrage. Le secteur privé et les régies publicitaires se retirent petit à petit du marché tandis que les subventions publiques – dernier souffle de vie pour les médias déficitaires – sont mal réparties. Les médias locaux vont mal, le pluralisme est en danger. Le constat est frappant. La contradiction l’est d’autant plus alors que les élections municipales approchent, apportant avec elles des vagues de promesses et d’engagements. Beaucoup ont décidé de se battre, multipliant les grèves et les coups de gueules. Sans succès ? Pas nécessairement, à en croire ceux qui ont décidé de faire cavalier seul et de s’émanciper des contraintes des « plus grands ». Ceux qui pensaient que la seule difficulté serait de se passer du support papier pour entrer dans l’ère 2.0, ils devront se faire une raison : le problème est plus large, plus dense. D’autres ont trouvé des solutions efficaces. Du média alternatif au titre de presse qui s’installe dans une niche inattendue, plusieurs options existent. Il faudra donc s’adapter, avant de revoir la vie en rose. Valentine Arama, rédactrice en chef 3 #traj • dossier Une presse aux pieds d’argile Carré d’Info et le Journal Toulousain ont ouvert, jeudi 30 janvier, une véritable semaine noire pour la presse de la Ville rose. Si les raisons de cette débâcle sont diverses, la question qui reste en suspens est celle de la conservation du pluralisme sur un plan local. S ale temps pour la presse régionale : en l’espace de huit jours, quatre mauvaises nouvelles sont venues s’ajouter à un tableau général plus morose que rose. Le pure player généraliste Carré d’Info, à l’agonie depuis quelques mois, ferme boutique. Dans la presse écrite, c’est aussi la panique à tous les étages : le quotidien Midi-Libre ferme son bureau de Rodez, l’hebdomadaire Le Journal Toulousain se retrouve en pleine tourmente judiciaire (voir encadré), tandis qu’un mensuel, Toulouse Mag, disparaît en laissant ses troupes rejoindre la maisonmère, le groupe La Dépêche. Après la tempête cependant, un nouveau grain Xavier Lalu. © S.H. Xavier Lalu, cofondateur du défunt site Carré d’Info, revient sur la fermeture de son pure player. 4 se prépare notamment pour TLT et les antennes locales de l’audiovisuel public. De Charybde en Scylla À l’origine d’un bilan social forcément négatif – 15 rédacteurs sur le carreau pour Carré d’Info, 18 au Journal Toulousain et 20 pour Toulouse Mag – l’on retrouve une bourse aux cordons de plus en plus serrés. « Même si nous avons serré les boulons pendant cinq ans, nous avons été plombés par les dettes structurelles et des coûts de fonctionnement trop élevés », peste Franck Demay, ancien directeur de TLT, qui n’hésite pas à évoquer une « dette cumulée abyssale ». Si ailleurs les mots ne Quelle a été la principale raison de cet échec ? Il s’agit d’une question de moyens. Au départ, B2X productions, composée des trois créateurs de Carré d’Info (Bertrand Enjalbal, Xavier Drouot et moimême), s’est lancée sur nos fonds propres. Vu que nous étions tous les trois inscrits à Pôle Emploi, nous avons bénéficié de l’Aide aux chômeurs créateurs ou repreneurs d’entreprise (Accre). Comme nous avions choisi un modèle gratuit financé par la pub, malgré nos audiences, nous sont pas aussi tranchants, le constat est cependant le même. Un impayé remboursé engage d’autres emprunts, qu’il faut aller parfois chercher dans des recoins peu reluisants. Ces impayés ont bien souvent des répercussions sur les journalistes, confrontés à une précarité salariale de plus en plus forte. La grève du 5 février à France Télévisons en est symptomatique. La direction nationale n’arrive plus à assurer financièrement les heures accumulées par ses rédacteurs. Pour parachever ce diagnostic, la place des fonds publics, tant par les aides à la presse (qui ont doublé depuis les états généraux de la presse sous Nicolas Sarkozy en 2009) avons eu le plus grand mal à rentabiliser, les régies locales ne payant que très modestement leurs emplacements. Un modèle payant aurait-il pu vous sauver ? Nous aurions dû envisager notre manière de travailler complètement différemment. Même si avec l’abaissement de la TVA aux taux de la presse écrite (entrée en vigueur le 1er février, ndlr), il y a de quoi réfléchir. La fin de Carré d’Info est- elle un mauvais présage ? Elle porte surtout un coup au pluralisme de la presse, dont les pouvoirs publics doivent se porter garants. Mais quand 80% des subventions vont à un seul titre, il y a un réel problème. Nos bons résultats (70 000 visites/mois) prouvent que personne n’est à l’abri. Le modèle économique des pure players locaux, même si c’est en train de changer, n’est toujours pas viable sans coup de pouce externe. Propos recueillis par Simon Hamy #traj • dossier que par la participation directe ou indirecte au capital des entreprises d’information, croît de manière inquiétante : de perfusion au compte-gouttes, les versements de l’État aux médias sont devenus de véritables transfusions vitales. Ainsi, TLT ne survit par exemple que grâce à la mairie de Toulouse, devenue actionnaire majoritaire en l’espace de quatre ans. Pas-de-deux politico-médiatique La course au Capitole pourrait bien d’ailleurs s’avérer salutaire : en pleine campagne, les candidats redoublent d’intérêt pour la santé des médias, enjeux cruciaux et acteurs clés de leur communication. Cette instrumentalisation passe aussi par l’emphase du discours politique qui, à défaut d’être nuancé, sert de sonnette d’alarme. « Pour une mairie de gauche, laisser en rade plus d’une centaine de travailleurs pour une somme qui équivaut au millième du budget culture annuel [de la mairie], ça la fout mal, très mal », tonnait ainsi Jean-Christophe Sellin, le candidat du Front de gauche, le 4 février, à la réunion de crise des producteurs de TLT. D’autres se rêvent en justiciers défenseurs d’une presse plurielle et indépendante, clouant les responsables au pilori : Antoine Maurice (EELV) exige de la « transparence » à tour de bras, dénonçant l’ « espèce hégémonique qui nuirait à la biodiversité de l’écosystème médiatique ». Derrière cette métaphore colorée se dessine la silhouette du géant régional, lui aussi en proie à une baisse des diffusions (perte de 30 000 lecteurs en l’espace de cinq ans, chiffre OJD) : le groupe La Dépêche en difficulté accapare les financements publics et publicitaires. « La Dépêche est implantée historiquement dans le paysage. Aussi, les annonceurs ont une certaine confiance envers ce titre, et il est plus compliqué pour un média plus jeune dans la région de capter leur attention », regrette Stéphane Beaumont, chroniqueur politique et animateur du comité de soutien au Journal Toulousain. Xavier Lalu (co-fondateur de Carré d’Info), qui vient d’enterrer un projet financé sur ses propres deniers, acquiesce: « Je ne dirais pas que La Dépêche contrôle tout, mais elle est clairement en situation de monopole sur les annonceurs de la région. Difficile dans ce contexte de se financer uniquement par des revenus publicitaires. » Rappel des faits: des crevettes font trembler les journalistes du Journal Toulousain 18 employés dont 15 journalistes sur la sellette. Les salariés du Journal Toulousain ne savent pas si leur journal pourra se maintenir. Le directeur de publication, Marcial Layani, a été mis en examen pour « escroquerie en bande organisée, association de malfaiteur et blanchiment d’argent». Sans administrateur pouvant signer les chèques, Le Journal Toulousain n’est plus Un coin de ciel bleu en kiosque. Pourtant, un petit groupe résiste encore et toujours à la pression centralisatrice : les médias de niche et alternatifs, par nature forcés d’être créatifs dans leurs plans de financement, passent par de nouveaux moyens pour joindre les deux bouts. De la diversification spécialisée dans le cas de Touléco, qui répond aux demandes directes de ses lecteurs par de nouvelles publications, aux appels solidaires relayés par les réseaux sociaux (Le Brigadier, magazine de spectacles toulousain s’en est ainsi sorti grâce à des campagnes de dons successives), la nouvelle cuvée s’annonce avant tout citoyenne. Tout horizon n’est donc pas bouché pour la presse qui, après la transition numérique, doit à nouveau s’adresser à un lecteur dont le mode de consommation de l’information est encore en pleine mutation. D’après le parquet de Bordeaux, en charge de l’affaire, M. Layani aurait proposé des investissements périlleux dans des élevages de crevettes au Brésil. Le préjudice a été évalué à près de 16 millions d’euros. Pour l’heure, le parquet bordelais estime entre 120 et 150 personnes abusées par l’homme d’affaires. Au printemps 2012, M. Layani a décidé de reprendre en main Le Journal Toulousain n’est plus en kiosque Le Journal Toulousain. « Je pense avoir plutôt réussi dans les affaires, et avoir un média Simion Hamy et Olivier Ceyrac sera aujourd’hui utile à mes activités », expliquait-il à ce moment à ses proches. L’histoire personnelle de Mike Layani montre qu’il a fait fortune dans le commerce de crustacés. Mais ce n’est pas la première fois qu’il est dans l’œil de la justice. La Dépêche du Midi du 31 janvier dernier fait état d’une ancienne affaire brésilienne. M. Layani y est poursuivi pour escroquerie, fraude et corruption. En résumé, Le Journal Toulousain c’est comme les crevettes: tout est bon sauf la tête. Stéphane Beaumont, à la tête du comité de soutien à l’hebdomadaire (au micro). © Olivier Ceyrac Olivier Ceyrac 5 #traj • dossier Sud Radio : transformer l’essai Sauvée du dépôt de bilan par Fiducial en septembre 2013, la radio toulousaine entend bien récupérer ses auditeurs et s’imposer à l’échelle nationale. «P endant les travaux, la vente continue ». Claude Hemmer, directeur fraîchement nommé à la tête de Sud Radio, a le sens de la formule. Arrivé en janvier, il récupère les rênes d’une radio qui « a beaucoup souffert ». Laissée à l’abandon par un actionnaire qui ne la finançait plus, Sud Radio « ne compte Claude Hemmer, le nouveau directeur. © LN plus beaucoup d’auditeurs » et ses programmes se sont dégradés. Claude Hemmer veut donc progressivement « apporter de la consistance au contenu », afin de redonner ses lettres de noblesse à Sud Radio. Une radio nationale à l’accent du Sud-Ouest L’objectif est clair : « Une radio générale qui a son cœur à Toulouse et qui irrigue l’ensemble du territoire. » Le groupe Fiducial souhaite donc racheter des fréquences en candidatant systématiquement dès qu’un appel d’offres se présentera. Déjà présente à Paris, Biarritz et Marseille, la radio compte malgré tout conserver son ADN sudiste. « La radio du soleil » fera toujours du rugby sa priorité. Avant que la nouvelle grille ne soit lancée en août 2014, la rédaction « se repose sur ce qui existe » et apporte des améliorations au jour le jour. L’émission Rugby et Compagnie a déjà fait son retour. Et l’information reprend progressivement de l’importance avec un flash info toutes les heures et un journal de trente minutes le soir. La matinale changera de formule pour les municipales avec « une surprise » quant à l’animateur choisi pour cette tranche 6h9h. Les studios, eux, devraient reprendre vie avec un retour du live. La priorité reste « de faire revenir l’auditeur et de le faire participer ». Les programmateurs planchent encore sur le programme du week-end. Nouvelles recrues Pour concrétiser ces ambitions, de nouveaux bras seront recrutés dans les mois à venir. Impossible encore de communiquer le nombre de postes créés, « cela se fera chaque fois que nécessaire ». Le groupe Fiducial a « les reins solides », mais reste prudent : « Ce n’est pas parce que le groupe a de l’argent que l’on doit dépenser sans compter », justifie le directeur. Des journalistes, des animateurs et des standardistes devraient donc venir gonfler les rangs de l’actuelle équipe. Déjà des renforts ont été recrutés pour le rugby. Et, bien qu’ayant le souci de conserver l’équipe, un nouveau rédacteur en chef, Christophe Bordet, a pris ses fonctions le 4 février dernier. Le directeur de Sud Radio se dit « serein ». Il se donne trois ans pour achever son chantier. Lucie Nolorgues Bio express 1977 – 2002 : RTL 2004 - 2007 : Radio France, créateur de l’émission « On fait la route ensemble » 2007 - 2011 : Radio des autoroutes 107.7 Depuis 2012 : Consultant indépendant La crise de la PQR : Késako? Panique dans les rédactions. « En trente ans, la PQR (presse quotidienne régionale) a perdu, selon les villes, entre 30 % et 50 % de son lectorat en n’ayant pas su s’adapter aux nouveaux publics des grandes villes », s’alarme Jean-Marie Charon, enseignant à l’EHESS, dans Les Échos. Aujourd’hui, il y a Internet. Alors pourquoi faire don d’1€ chaque jour pour pouvoir feuilleter La Dépêche ? « Il y aura toujours un besoin d’information régionale, le journal ne 6 va pas mal », tempère José Biosca, directeur général du quotidien basé à Toulouse. « Il y a un problème de diffusion. La question est surtout de savoir sur quel support se développera cette information. Avec les possibilités offertes par les nouvelles technologies, le support est plus agréable pour le lecteur. » Autant se connecter gratuitement sur le site de son quotidien pour retrouver le score du dernier match de rugby, ou payer pour un supplément si besoin. « Ce qu’il faut retenir, c’est que le papier ne sera plus le seul, les deux coexisteront. » La PQR n’a pas dit son dernier mot. Ava Mergy #traj • dossier Paie ta pub ! Pour contrer la crise de la presse, les quotidiens gratuits confient leurs pages locales aux journalistes de la PQR. Un nouveau système se dessine autour des revenus publicitaires. L es gratuits s’organisent comme ils peuvent. Metronews est contraint de centraliser sa rédaction à Paris et n’a qu’un reporter pour Toulouse. 20 Minutes, le deuxième quotidien gratuit implanté dans la ville a, lui, la chance d’avoir sa propre rédaction locale. Plusieurs journalistes, deux agents commerciaux chargés de vendre la publicité… l’équipe s’active et le jounal touche ainsi des revenus publicitaires. De quoi lui permettre, à défaut de rouler sur l’or, d’avoir un peu de recul sur sa situation économique. De son côté, l’édition toulousaine de Direct Matin survit en lien étroit avec La Dépêche du Midi. En réaction à la crise, son système de financement a été changé pour l’année 2014. Auparavant, le groupe empochait les revenus publicitaires des pages locales lors À Toulouse, les gratuits dans la tourmente. © Olivier Ceyrac de la diffusion du gratuit. Avec le nouveau processus en vigueur, les quatre premières pages de Direct Matin Toulouse, désormais, sont directement facturées au siège, à Paris. Un système qui permet toujours au groupe de la DDM de faire tourner deux de ses filiales : O2 Pub, sa régie publicitaire en contact direct avec les entrepreneurs toulousains, et La Dépêche News, son agence de presse. Alexandre Ferrer, en charge du montage des 4 pages locales, n’est ainsi pas un salarié de Direct Matin. Chaque jour, le journaliste de Toulouse Mag en sursis arrêt permet de continuer La radio RTL a sorti l’info le la parution mensuelle 31 janvier dernier, dans un jusqu’à la fin des abonne- contexte déjà délicat pour ments, mais l’été prochain les médias toulousains : risque d’être fatal au maga- le groupe Dépêche du Midi zine. Du côté du groupe La va arrêter la commerciali- Dépêche, on reste prudent : sation des abonnements « Quoi qu’il advienne les de ses magazines, parmi salariés seront reclassés, au lesquels Midi Presse Service sens juridique du terme », et surtout le mensuel géné- explique la directrice des raliste Toulouse Mag, lancé ressources humaines en 2001 et racheté par le Marie-Bénédicte Rolfo. groupe il y a une dizaine « L’urgence est de gérer ce d’années. Le magazine, qui dossier du mieux possible, compte 20 salariés dont 12 il est donc hors de question permanents, enregistrerait que l’on s’exprime dessus un déficit de 500 000 € par avant que tout soit réglé. » an. L’arrêt de la commercia- Contacté par France 3, lisation des abonnements Jean-Nicolas Baylet, direc- a été confirmé par la rédac- teur général adjoint du trice en chef de Toulouse groupe La Dépêche, n’a pas Mag, Joëlle Porcher, qui n’a non plus souhaité répondre cependant pas souhaité aux questions. s’exprimer sur le sujet. Cet Marien Regnault La Dépêche News s’occupe de l’information à l’aide du travail de l’agence de presse. Les 4 premières pages de Direct Matin peuvent alors être incorporées à l’édition nationale, et La Dépêche prend le relais pour imprimer le résultat final avant qu’il ne soit diffusé dans l’agglomération de Toulouse. « C’est une tentative, nous ne sommes sûrs de rien, mais nous nous devions de réagir », explique Pascal Lemoine, rédacteur en chef de Direct Matin Toulouse. Raphaël Moury L’État au chevet de la presse écrite Entre 2010 et 2012, les aides à la presse ont augmenté, tant dans la presse quotidienne nationale que dans la presse quotidienne régionale. En 2012, l’État français a versé 1,2 milliard d’euros d’aides, ce qui représente 11 % du chiffre d’affaires du secteur (estimé à 10 milliards d’euros). 7 #traj • dossier Futur conditionnel pour TLT La direction de Télé Toulouse, qui accuse une dette cumulée de 4,6 millions d’euros, se retrouve face à d’importants problèmes financiers qui pourraient remettre son avenir en jeu. «4 13 020 euros, multipliés par sept ou dix. » Voilà le chiffre qui, lors d’une tribune tenue à l’Esav le 4 février, revient dans les bouches des producteurs locaux de contenu audiovisuel. Chiffre qui symbolise pour eux à la fois un manque à gagner et un réel dysfonctionnement au sein de TLT. Accusée d’avoir utilisé une convention de financement passée entre le Casino Barrière, la mairie de Toulouse et un collectif de partenaires régionaux pour régler ses impayés, la plus ancienne chaîne locale hertzienne du PAF se retrouve au centre d’une polémique qui pourrait vite enfler dans un contexte électoral décisif. La crise de la chaîne concerne en premier lieu ceux qui sont derrière la caméra. ©DR La mairie a en effet toujours eu un rôle central dans l’avenir de TLT, de la « télé de M. le Maire » sous Baudis à l’actuelle participation publique au capital de la chaîne, qui en six ans est passée de 23 à 60%. Une véritable perfusion qui a permis, selon Catherine Guien, adjointe au maire et co-administratrice de Toulouse Télévisions, de « réduire le déficit annuel courant de la chaîne de 1,6 M€ à 200 000€ ». Survivre, un enjeu partagé Pierre Lacaze (à d.) face aux producteurs. ©SH À contre-courant de ce bilan plus que moyen, producteurs, administrateurs et élus en charge du dossier en conviennent toutefois : il faut que Télé Toulouse vive. La question de purement et simplement arrêter la diffusion avait déjà été abordée puis écartée au terme de houleux débats en 2008. Même les mécontents du 4 février Heures supplémentaires et France Télévisions : la tension monte France Télévisions n’est pas épargnée par la crise. Mercredi 5 février, les rédactions régionales de sont tombés d’accord là-dessus : l’arrêt de la chaîne serait fortement dommageable, tant en terme d’image pour une ville qui se veut métropolitaine et décentralisatrice que du point de vue économique. Si TLT accuse des défauts de paiement, elle finance encore, et notamment par le biais de la convention mise en cause, de nombreux contenus créatifs qui s’exportent bien. Pour perdurer, Emmanuel Schwartzenberg et Pierre Lacaze, respectivement directeur général et élu en charge de la commission de financement de TLT, souhaitent tous deux l’instauration d’une « économie mixte » de fait, avant une possible « réorientation générale vers un statut de télé publique ». Une implication plus forte des élus, déjà aux cordons de la bourse, créerait de nouveaux remous dans une eau déjà bien trouble. À TLT donc, et tous les candidats à l’élection municipale l’y exhortent, de prouver sa transparence, tant sur les fonds que sur la forme. France 3 étaient en grève. Un mouvement particulièrement suivi en Midi-Pyrénées puisque 40% des journalistes ont montré leur mécontentement. « La situation est de plus en plus compli- Un avenir citoyen ? quée », affirme Karine Deroche, déléguée SNJ (Syndicat national des journalistes) auprès de la « Nous avons tous été mis devant le fait accompli », déclare encore E. Schwartzenberg au site d’informations locales Touléco. Sommé par les administrateurs d’apurer le contentieux qui l’oppose aux producteurs, le DG aux manettes depuis moins d’un an semble quelque peu déboussolé. Pourquoi ne pas se tourner vers le futur ? Avec des audiences toujours en bonne forme (environ 375 000 spectateurs journaliers selon Régie télé régions), surtout sur la plateforme web, TLT a probablement un coup à jouer en pariant sur son public. Simon Hamy locale de la chaîne publique. « La direction nationale de France Télé a décidé, unilatéralement, en janvier dernier, de revoir le calcul des heures supplémentaires. » La direction nationale de la télévision publique propose deux solutions. Soit un paiement forfaitaire journalier, soit un décompte horaire ne pouvant dépasser les 220 heures par an. Pour la représentante du SNJ, « les heures supplémentaires sont courantes dans notre métier. On ne peut pas les calculer comme ça à la louche ». La journaliste constate un décalage réel entre sa direction et les obligations de son métier. Selon elle, les journées de douze heures sont nombreuses. « Si on dépasse ce volume horaire que faiton ? On arrête de tourner, de poser nos questions et on remballe le matériel parce que l’on ne sera pas payés ? » demande-t-elle excédée. Pour l’heure, la situation reste au point mort. Une réunion nationale est prévue en juin. Jusque-là, les journalistes accumulent les heures supplémentaires sans être payés. « On ne peut pas faire autrement. Mais il faut trouver une solution et vite. Ce n’est plus vivable pour certains d’entre nous. » 8 #traj • dossier Touléco sort de sa niche Fuite des lecteurs. Manque d’intérêt. Peu de demandes. En 2007, La Dépêche du Midi dit stop à la publication de son supplément économique. Cet arrêt a mis une dizaine de journalistes sur le carreau. Depuis, un titre indépendant est né et semble avoir trouvé sa voie. Après neuf mois de gestation, Touléco a pointé son nez en juin 2008. « Nous étions tous issus de La Dépêche, habités par l’envie de poursuivre l’aventure », présente, non sans émotion, le rédacteur en chef, Martin Venzal. « Ce n’est pas simple de se lancer alors que le titre que l’on “remplace” vient de s’arrêter. Nous avons fait le pari de nous enfoncer dans une niche : l’économie locale. » Depuis six ans, Touléco enquête, reporte et interroge la vie économique toulousaine et ça marche. Les chiffres de diffusion annoncent 8 000 exemplaires vendus, pour une audience évaluée à 40 000 lecteurs. En 2011, la société éditrice de Touléco « Dark Side Média » annonçait un chiffre d’affaires annuel de 260 000 € dont 115 300 € de charges et salaires. D’où Plus chère, la web Tv travaille par partenariats. M. Venzal (à droite) intervient sur France Bleu. un besoin de vendre un maximum d’exemplaires. D’autant que, depuis sa création, la rédaction du journal s’est étoffée. Elle compte treize rédacteurs et quatre photographes. Chaque trimestre, Touléco produit un magazine de 100 à 120 pages. « La pagination est déterminée par les annonceurs, c’est évident. Notre lecteur moyen est issu des CSP plus (Catégories socioprofessionnelles supérieures). On est loin de la ménagère de moins de 50 ans », s’amuse-t-il. Si le trimestriel présente un bilan de santé positif, c’est aussi le cas de son compère numérique. Touléco.fr permet aux lecteurs de se familiariser avec la discipline économique. « La crise l’a fait entrer dans les chaumières», remarque Martin Venzal. « Sans être des vulgarisateurs, les lecteurs sont assidus et demandeurs d’explications. C’est la magie du commentaire sur Internet. Nous sommes liés à eux. » « Dark Side Média » a vu l’éclosion de nouveaux titres : Touléco Tarn, Toulemploi, Touléco TV et le petit dernier ToulécoGreen. Pour ces titres spécialisés, la rédaction reste la même. Une réunion hebdomadaire suffit à organiser le travail et faire avancer la réflexion du groupe. Le reste du temps, les journalistes sont sur le terrain ou travaillent chez eux. « Chacun s’organise comme il l’entend. Le télétravail nous permet de voir l’avancée des travaux durant trois mois. Ce n’est pas beaucoup, mais assez pour avancer avec sérénité. » Viables, les niches spécialisées le sont. Reste à savoir si les lecteurs resteront attachés à ces publications payantes. oLiViER CEyRaC Trois mois pour un magazine. Photos © Touléco Alternatifs mais toujours au courant 9 #traj • france/monde Les djihadistes en herbe au tribunal Justice. Depuis leur capture à la frontière turco-syrienne, les deux jeunes Toulousains partis faire le djihad contre le régime Al-Assad ont vu leur dossier transmis au parquet de Paris. L e périple des deux adolescents toulousains n’aura finalement été qu’une escale. Candidats au djihad en Syrie, ils ont été arrêtés la semaine dernière à la frontière turque. Leur identité est désormais protégée par le secret de l’instruction. Âgés de 15 et 16 ans, ils ont été rapatriés en France par la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI), puis placés en garde à vue. Leur dossier, pris en charge par Me Agnès DufetelCordier, a été transféré par le tribunal de grande instance de Toulouse au parquet de Paris. Une information judiciaire a été ouverte pour « association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste ». Du fait de leur minorité, ils risquent cinq ans de prison ferme au lieu de dix. Selon La Dépêche du Midi, ils étaient partis le 6 janvier rejoindre la frange intégriste de la rébellion syrienne. Il s’agirait probablement du front Al-Nosra, affilié à Al-Qaïda. Rien ne les prédestinait, du moins en apparence, à prendre cette grave décision. Il s’agit là d’une spécificité de ces nouveaux convertis. Amis proches au lycée, leur radicalisme religieux est apparu de façon très soudaine. Selon Agnès ThibaultLecuivre, porte-parole du parquet de Paris, ils sont plutôt issus « de la classe moyenne » que d’un milieu précaire. Un jeune djihadiste sur le front en Syrie © AFP Une filière toulousaine ? Du fait de la multiplication de ces cas d’endoctrinement dans la région, les médias ont très vite fait état d’une possible « filière toulousaine ». On pense notamment aux frères Bons, qui ont réussi à entrer en Syrie et qui ont péri à quelques mois d’écart, âgés de 21 et 30 ans ; l’un au front, l’autre dans une attaque à la voiture piégée. D’après le parquet, « il n’y a rien d’avéré » sur une telle filière de recrutement. Même son de cloche chez la plupart des experts de la question djihadiste. Les services de renseignement européens dénombrent environ 2 000 ressortissants communautaires, tous plutôt jeunes, qui feraient le djihad au Proche-Orient. Une somme de cas isolés, liés davantage par un destin malheureux que par un réseau structuré. Jules Pecnard Sotchi : Poutine serre les boulons À l’aube des JO d’hiver, la prise d’otages de Moscou a relancé l’enjeu sécuritaire que le président russe a dû affronter avec autorité. Après les attentats meurtriers de Volgograd, d’autres coups de feu ont réussi à ébranler le rocher Poutine. Un lycéen armé a fait irruption dans une école de Moscou, le 3 février, pour prendre une vingtaine d’élèves en otages, avant d’être neutralisé par les forces de l’ordre. Le tireur, « un excellent élève » selon les enquêteurs, a 10 © Sarah Gilmant assassiné un professeur de géographie et un policier. Un pays écorné par son insécurité chronique Cet événement a incité les autorités russes à renforcer les mesures de police au sein de la capitale. Il a surtout aggravé l’image d’un pays en proie à d’importants problèmes sécuritaires, alors même que la Russie inaugure son plus grand moment médiatique depuis la dislocation de l’URSS en 1991. Les attentats de Volgograd du 29 décembre dernier avaient fait 34 morts. L’identité des responsables a été révélée la semaine dernière : il s’agirait de membres d’un groupe extrémiste du Daguestan, république instable du Caucase qui, il y a quelques semaines, fut le théâtre d’une attaque à la voiture piégée. Ce bilan, qui rejaillit inévitablement sur Vladimir Poutine, donne une teneur particulière aux JO d’hiver, les plus chers de l’histoire (36 milliards d’euros). Le « tsar rouge » a toujours vanté sa gestion musclée des rapports diplomatiques et des tensions séparatistes. Il lui incombe de colmater les brèches du paquebot Sotchi avant sa mise à flot. Jules Pecnard #traj • france/monde La famille recule, Hollande avance A près plusieurs déclarations contradictoires, le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, a annoncé que le projet de loi Famille ne sera finalement pas étudié au Parlement en 2014. Suite au succès de la Manif pour tous, le gouvernement ne souhaite pas que des amendements sensibles sur la gestation pour autrui (GPA) et la procréation médicalement assistée (PMA) y soient débattus. Matignon repousse l’échéance et attendra l’avis du Comité national d’éthique. « Le temps de la PMA n’est pas venu », affirme Dominique Bertinotti, ministre déléguée à la Famille. Cependant, la future loi, reportée à 2015, sera examinée par le gouvernement Le leader mondial du réseau social en ligne Facebook a fêté ses dix ans d’existence le 4 février. Depuis sa création à via les propositions de loi, des députés. Au risque d’accentuer les clivages au sein de la gauche. Selon un sondage Harris Interactive réalisé pour La Chaîne Parlementaire, 55 % des Français approuvent le retrait de la loi Famille, qui ne prévoyait ni légalisation de la GPA, ni élargissement de la PMA aux couples lesbiens. Cela fait plus de deux ans qu’un flottement perdure autour de la question de la PMA. Depuis l’arrivée au pouvoir de François Hollande, gouvernement et majorité n’ont cessé d’ajuster leurs violons en ce qui concerne l’élargissement de la PMA aux couples de même sexe. L’an dernier la gauche, unie autour du mariage homosexuel, avait réussi à diviser la droite. Sur la PMA, les fêlures au sein du PS ont poussé François Hollande à rebrousser chemin. À l’aube des élections municipales, le chef de l’État, au plus bas dans les sondages (19% de soutien selon le dernier sondage TNS Sofres), ne peut se permettre une majorité chancelante. Il a besoin d’une gauche qui fasse bloc. en bref Sous une pression considérable à un mois des municipales, le chef de l’État reporte une loi qui divise même à gauche. Facebook fête ses 10 ans Harvard en 2004, Facebook s’est transformé en une entreprise liant plus d’un milliard d’internautes et pesant plus de 150 milliards de dollars en valeur boursière. François Hollande aux USA Le président de la République est en visite officielle aux États-Unis du 10 au 12 février, la première d’un chef d’État français depuis Jacques Chirac en 1996. MM. Hollande et Obama évoqueront ensemble la Syrie, l’Iran et l’Ukraine, ainsi que le brûlant dossier de l’espionnage américain en Europe. Charlotte Van Ouwerkerk Réforme constitutionnelle en Ukraine Le président ukrainien Viktor Ianoukovitch a déclaré le 6 février qu’il souhaitait mener « le plus rapidement possible » une réforme constitutionnelle. Il a également annoncé des mesures pour «accélerer la remise en liberté» des manifestants arrêtés lors des récents heurts avec la police. Sondage Harris Interactive effectué pour LCP. © Jade Peychieras La bible de la femme moderne Pour s’épanouir, rien de plus simple : Marie-toi et sois soumise, un livre dont les ventes explosent en Espagne. « Le pouvoir n’est pas fait pour les femmes. » Scandale ! s’indignent les féministes. Ce sont pourtant les conseils que prodigue Costanza Miriano, journaliste italienne, dans son livre Marie-toi et sois soumise, un manuel de la parfaite femme docile. Pour les intéressés, la version française est en cours de traduction et devrait sortir en 2014. Ce recueil de lettres, publié il y a quel- ques semaines, provoque déjà un tollé. La ministre espagnole de la Santé, Ana Mato, a même exigé son retrait des ventes. Mais sous un titre provocateur, Costanza Miriano se défend d’inciter à la violence faite aux femmes : « Mes détracteurs n’ont pas lu mon livre, c’était le mot “soumise” qui leur créait un problème », expliquet-elle dans une interview au journal catholique L’Homme nouveau. « La société d’aujourd’hui veut être dégagée de tout lien. Le mariage, c’est exactement l’inverse : accepter volontairement d’être dépendant », poursuit-elle. Jusque-là, pourquoi pas. Mais lorsqu’elle écrit : « Nous, les femmes, nous aimons l’humiliation », ou encore « vous devez être sa soumise », il y a de quoi frémir. Il y a 2000 ans, l’apôtre Saint-Paul, auquel Costanza Miriano fait sans cesse référence, écrivait : « Que vos femmes se taisent dans les assemblées, car elles n’ont pas mission de parler. Si elles veulent s’instruire sur quelque point, qu’elles interrogent leurs maris à la maison. » Bref, une femme en accord avec son temps. Jade Peychieras 11 #traj • politique Qu’a fait Pierre Cohen ? Municipales. Après trente-sept ans de domination droitière, Toulouse basculait à gauche en 2008. Six ans plus tard, quel est le bilan du mandat Cohen ? «U n bilan ne fait pas gagner », a déclaré Pierre Cohen en lançant sa campagne, le 9 décembre. Le sien fera-t-il perdre le maire de l’alternance ? S’il a tenu ses engagements sur des thèmes traditionnellement confortables pour la gauche, au premier rang desquels figure l’éducation, l’édile socialiste est en revanche attaqué sur le budget (voir en bas de page), la sécurité et les transports. La fin de la dette zéro, le chapelet de faits divers liés à l’islamisme et la polémique du tram ébrèchent le marbre rose du Capitole. Du propre aveu de Pierre Cohen, le programme qui lui avait ouvert les portes de la mairie demeure inachevé : « Finalement, on a réussi à bien penser la ville de demain. Ce qui est plus compliqué, c’est de la mettre en œuvre. » Le maire, qui conserve une certaine amertume à l’encontre d’une démocratie locale qu’il pensait plus malléable, n’est pas parvenu à tenir la cadence des promesses. Ce que demandera Pierre Cohen à ses administrés pour ce nouveau mandat, c’est Légende légende légende légende légende légende légende légende légende. © Crédit Photo L’actuel locataire du Capitole ne compte pas résilier son bail en 2014. © SCDS donc du temps. Du temps pour achever les 150 kilomètres de lignes de bus destinés à établir un « maillage » de transport en commun ; du temps pour développer le Quartier des sciences et l’espace Montaudran Aérospace ; du temps pour bâtir les deux mosquées qui manquent encore à l’appel des quatre promises en 2008. « Nous avons rattrapé le retard », s’est félicité le premier magistrat mardi 4 février, alors qu’il dévoilait son programme. Les 60 millions d’euros investis dans les écoles ont en effet remis à flot le système éducatif toulousain. « Globalement positif », « rien à redire » : Jean-Christophe Sellin et Jean-Luc Moudenc concèdent l’efficacité de l’action municipale en la matière. Le consensus s’arrête là. Dans une ville encore traumatisée par l’affaire Merah et les troubles récurrents dans le quartier des Izards, la sécurité semble être le talon d’Achille du mandat de Pierre Cohen. En dépit du succès de l’Office de la tranquillité – 600 000 appels reçus en six ans –, les hausses annuelles de 10 et 17 % des violences physiques et du trafic de stupéfiants entachent les résultats du maire sortant. Sur la fiscalité, le président de Toulouse Métropole a respecté son engagement : pas de hausse d’impôt. Mieux, la taxe d’habitation a baissé : de 19,55% en 2008, elle est passée à 15,87 % en 2013. Au prix d’un petit emprunt de 15 millions ? Louis Nadau et Yohan Blavignat Le Capitole frappé par la dette Le changement, c’était il y a six ans. En 2008, un arrêté préfectoral crée Toulouse Métropole autour de 37 communes. Une initiative qui a permis à la ville de diminuer ses dépenses de 11 %, alors que la communauté urbaine a doublé son budget entre 2008 et 2014. Les Toulousains s’y retrouvent, avec une baisse des impôts locaux de 7 %. Les chefs d’entreprise, moins. Les charges sur les entreprises ont en effet augmenté, pour atteindre 32,90 % aujourd’hui, la moyenne 12 nationale se situant à 28 %. Alors que le maire sortant défend son bilan financier à la tête de la quatrième ville de France, la dette revient, et ternit la fin de son mandat. Lors du dernier conseil municipal, le 24 janvier 2014, l’équipe en place a voté un recours à l’endettement de 15 millions d’euros dans le but de développer les transports. Un recours qui marque la fin d’un équilibre budgétaire qui tenait depuis vingt-deux ans. La dette de Tisséo, estimée à 1,5 milliard d’euros, est la cause principale de cet abysse budgétaire. Un gouffre dont MM. Cohen et Moudenc se rejettent la responsabilité. Toutefois, lors de la prise de fonction de Pierre Cohen en 2008, Tisséo avait cependant déjà contracté plus d’1,3 milliard d’euros de dettes. L’analyse est différente du côté de la Chambre régionale des comptes. Dans son rapport 2013, elle engage les collectivités locales à « augmenter leur participation » dans Tisséo. Les magistrats poursuivent en critiquant « une politique généreuse à bout de souffle ». La gratuité pour les seniors de plus de 65 ans, en vigueur depuis 1972, et l’abonnement annuel à 10 euros pour les moins de 26 ans, prônés par Pierre Cohen, coûteraient 22 millions d’euros par an. Dans ce règlement de comptes, les électeurs resteront seuls juges. Yohan Blavignat #traj • politique Cohen recalé à l’examen Moudenc Jean-Luc Moudenc n’est pas toujours mauvais joueur pour juger Pierre Cohen. Mais il ne faudrait tout de même pas qu’il sorte de son rôle d’opposant. Bilan. 1 Les transports : « insuffisant » La seule réalisation « concrète » de Pierre Cohen, « les 3,5 km de tramway », résume l’ancien maire. Le record du nombre de voyageurs a été atteint le 20 décembre dernier, avec 30 659 utilisateurs. « À l’échelle de l’agglomération, c’est ridicule », assure Jean-Luc Moudenc. Cela représente tout de même une augmentation de la fréquentation du tram de 44,6 % entre janvier 2013 et janvier 2014. Quant à l’annonce du leader PS d’un métro jusqu’à 3 h du matin, «c’est uniquement parce que j’ai fait cette proposition qu’il en a parlé », s’amuse la tête de liste de droite. 2 Le budget : « désastreux » Le maire sortant a annoncé, lors du conseil municipal du 24 janvier, un emprunt de 15 millions d’euros. « Une collectivité bien gérée est capable de s’autofinancer ! » s’indigne l’ancien occupant du Capitole. Avant 2013, la ville n’avait plus emprunté depuis 1992. « C’est une gestion catastrophique », estime Jean-Luc Moudenc. Selon lui, la capacité d’épargne de la ville a fondu comme neige au soleil : « Elle était de 140 millions en début de mandat, elle est aujourd’hui de 20 millions. » 3 La sécurité : « médiocre » « Pierre Cohen est aux abonnés absents , considère Jean-Luc Moudenc. Les effectifs de police ont stagné », alors que le candidat UMP s’engage à les doubler. Seul l’Office de la tranquillité, qui permet à tout un chacun d’avoir un interlocuteur en cas de problème, trouve grâce à ses yeux. À ce volet d’écoute, il veut ajouter l’intervention d’une brigade «en trois minutes ». 4 L’emploi : « moyen » « La création d’emplois a ralenti sous le mandat Cohen. Plus aucune entreprise ne s’est installée à l’Oncopole depuis six ans », précise le candidat UMP. Selon lui, la situation est au point mort. Quant à la proposition de Pierre Cohen de créer un « comptoir de l’initiative » pour aller à la rencontre des entrepreneurs, rien de nouveau, selon JeanLuc Moudenc. Juste un « joli petit coup de Jean-Luc Moudenc, candidat UMP. © DR com ». 5 L’éducation : « passable » Sur le thème de l’éducation, l’ancien maire n’a rien à redire : « Il n’y a pas de divergence entre nous sur ce sujet. C’est une continuité. » Comme quoi, même s’il fallait chercher, un point de consensus existe bel et bien entre les deux candidats. Jade Peychieras 3 questions à... Jean-Christophe Sellin Le candidat Front de gauche critique les suppressions d’emplois d’Astrium. La manifestation du 6 février était-elle seulement une réaction aux suppressions de postes chez Astrium ? Non, elle entrait dans un contexte plus général qui réunit les inquiétudes sur l’emploi, les salaires et la protection sociale. Nous soutenons le mouvement des syndicats devant Airbus. Nous sommes surpris par la logique de cette grande entreprise où la hausse de l’activité entraîne la hausse des licenciements. Selon l’Ifrap*, Toulouse occupe la 8e place fainéants et improductifs, alors que le pays tourne grâce à ces personnes. Sellin dans les locaux du Front de gauche. © GP du classement des taux d’absentéisme des agents de la fonction publique. Quelle est votre réaction ? Je n’ai aucun commentaire à faire sur cette enquête. J’en aurais eu s’il y avait un comparatif avec le secteur privé. On veut me faire dire que les fonctionnaires seraient Un ralliement à Pierre Cohen au second tour est-il possible ? Je pense seulement au premier tour. Jusqu’au 3 mars, date de dépôt des listes, je tends la main aux écologistes et au Nouveau Parti anticapitaliste pour former un groupe commun. S’il y a discussion avec Pierre Cohen entre les deux tours, nous nous concentrerons sur trois thèmes : les transports, la régie publique de l’eau et la politique de logement. Propos recueillis par Geoffrey Priol * Ifrap : Institut français de recherche sur les administrations et les politiques publiques 13 #traj • politique Moudenc tisse sa toile Le principal candidat de l’opposition fait d’Internet un champ de bataille privilégié dans sa course au Capitole. Sur le Web, ce sont les jeunes qui donnent du canon. «L es jeunes ont partagé une dynamique, le groupe s’en est imprégné », confie Jean Baryla, 20 ans, sympathisant de Jean-Luc Moudenc. Présent sur Twitter (1 314 followers), Facebook (5 475 « j’aime ») et Dailymotion (49 000 vues), M. Moudenc s’est accaparé la Toile. Programme, présentation des colistiers, réactions : tout passe désormais par les gazouillis virtuels. Sur Twitter, 49% des messages relatifs aux municipales le concernent. « C’est significatif de l’effort », réagit Jean Baryla, en découvrant le résultat du baromètre mesurant « l’e-popularité », enquête réalisée par Semiocast et l’Observatoire du webjournalisme. Une armée de tweetos Le mot est bien passé. Jean-Luc Moudenc voulait rayonner sur Internet, c’est chose faite. Les tweets filent tous azimuts sur le réseau social et donnent du relief à ses actions. Lors de son meeting de lancement de campagne, jeudi 16 janvier, une cinquantaine de jeunes rendaient compte de son discours inaugural en direct. Un « live tweet » qui leur a valu de « rester premier hashtag de France de 19 à 22 heures », selon Jean Baryla. Une performance que Jean-Luc Moudenc n’a pas manqué de saluer. « La cellule jeune a été créée sous l’initiative de M. Moudenc », explique l’étudiant à l’Institut supérieur de communication de Toulouse. « C’est aujourd’hui un grand rassemblement. C’est une entité indépendante composée de différents partis, de droite et du centre, de syndicats et de sympathisants. Il y a de tout. » Autre raison de la suprématie Moudenc sur Internet : il a été précoce. Le candidat UMP a initié son marathon communicatif en septembre dernier. Bien qu’il soit de coutume pour un maire en exercice d’entrer en campagne tardivement, Pierre Cohen s’est fait désirer sur les réseaux sociaux. Le maire sortant a attendu le 1er février pour appeler au rassemblement sur Twitter. L’an dernier déjà, le candidat socialiste démontrait le peu d’intérêt qu’il y portait : après la diffusion de son premier tweet le 4 février 2013, il a fallu attendre le mois de novembre pour en lire un deuxième. Pour l’heure, l’oiseau bleu préfère le chêne UMP à la rose PS. Sébastien Cabrita dos Santos Pour Cohen, Delanoë fait le show Le maire de Paris, Bertrand Delanoë, était de passage à Toulouse, le 6 février, pour l’entrée en campagne de Pierre Cohen. semble en forme, à la grande joie des militants toulousains. Il faut dire que l’intervention du maire-candidat, qui ne s’est pas détourné de la sobriété qui le caractérise, n’a pas soulevé les foules. Seul frémissement de l’assistance à son actif : l’annonce d’un débat à venir avec le candidat UMP. Mais l’effet créé par la nouvelle d’une confrontation longtemps repoussée retombe vite. L’attraction de la soirée reste parisienne. « Une gauche de gauche » Comme en 2008, Bertrand Delanoë vient soutenir son ami Pierre Cohen. © SCDS « Salut, Toulouse ! » Au restaurant « Le Télégramme », tout illuminé de rose, le show Delanoë démarre. Le maire de Paris 14 Pour Cohen, dont « la campagne commence ici, ce soir », être éclipsé est loin d’être préjudiciable. Le poids politique et les talents d’orateur de Delanoë sont les meilleurs défenseurs de son bilan : « Ici, la gauche mène une politique de gauche, et ça marche ! » Logement, transports, innovations… Le maire de Paris salue longuement la politique citoyenne « visionnaire » de son homologue et ami. « On parle de plus en plus de Toulouse, on en parle mieux ! Toulouse par-ci, Toulouse par-là, j’ai été jaloux moi ! » La foule se délecte, l’édile s’enflamme. Porté par les « Bertrand, avec nous » scandés par le public, il entame une déclaration d’amour à la démocratie, à la France. Effacé, Cohen jette un œil à sa montre. Le temps paraît long, loin des projecteurs. Le final de la rock star parisienne lui est plus plaisant : « Si vous n’êtes pas convaincus par la gauche au pouvoir, ne sanctionnez pas la gauche locale, celle qui vous fait réussir ! » Rémi Vallez et Sébastien Cabrita dos Santos #traj • politique Michèle Alliot-Marie: « choisie » Tête de liste UMP aux européennes dans le Grand Sud-Ouest, Michèle AlliotMarie est certaine d’être élue. Les « voitures volantes » de Jean-Pierre Plancade Le sénateur, leader d’une liste « apolitique » pour les élections européennes, compte doter Toulouse d’un réseau de transport individuel aérien. Baptisé SkyTran, ce projet Vous avez justement déclaré sur I>télé « avoir accepté d’être tête de liste quand des élus vous l’ont demandé ». Qui sont-ils et pourquoi souhaitent-ils votre retour ? vient de la Nasa. Le candidat envisage d’expérimenter le concept en équipant 40 km de périphérique de stations «permettant de relier les 4 ter- © Simon Hamy T : L’héritage gaulliste est-il compatible avec l’Europe d’aujourd’hui ? Il n’y a pas de retour en tant que tel. J’ai fait plus de politique internationale, voilà pourquoi les journalistes nationaux m’ont moins vue. Ce sont principalement des maires qui ont demandé mon retour. Au départ, je ne pensais pas participer à un projet intermédiaire, mais il y a aujourd’hui une véritable fracture entre les Français et le monde médiatico-politique. Avec Le Chêne (ndlr : son microparti), je travaille sur ces problèmes, pour 2017. minus des lignes de métro ». De Veyrac veut transférer le salon du Bourget à Toulouse L’eurodéputée UDI, chef de file d’une liste « apolitique » aux municipales 2014, évoque la candidature de Toulouse pour organiser le salon aéronautique du Bourget. Elle propose le futur parc des Quel est votre projet européen ? M.A.M : Ne l’oubliez pas, c’est le général De Gaulle qui a voulu l’Europe. Une Europe forte, capable d’apporter la paix sur le continent, d’améliorer les conditions de vie et de faire face à l’émergence de grandes puissances comme la Chine. Nicolas Domenach, journaliste à Marianne, parle de « grand retour des battus de l’UMP » à propos des élections européennes. Qu’en pensez-vous ? L’UMP a fait le choix de présenter des listes de personnes reconnues dans toute l’Europe, combinant ainsi la nouvelle génération avec ceux qui ont de l’expérience. Dans ces listes, l’autorité de ces personnalités portera l’intérêt de la France et des Français. expositions pour accueillir l’événement mondial. Avec Je milite pour une France et une Europe fortes. Je souhaite faire en sorte que l’Europe défende mieux les intérêts de ses citoyens et de ses entreprises, la rendre plus proche des habitants européens qui la connaissent mal et la rejettent. ses 114 000 m2, on est loin des 322 000 m2 utilisés par le Bourget. Dieudonné à Toulouse Persona non grata en Angleterre, l’humoriste controversé Le débat sur l’égalité hommes/femmes a récemment été relancé par le projet de loi de Najat Vallaud-Belkacem. En tant que femme ancienne ministre d’État, quel regard portez-vous sur cette polémique ? sera présent au Zénith de Toulouse le 22 février pour présenter son nouveau spectacle ASU ZOA. Pour l’heure, aucune manifestation n’est prévue pour empêcher cette C’est une fausse polémique. Trop souvent, les politiques prennent une position extrême pour faire parler d’eux. On ne doit pas nommer des personnes en fonction de leur sexe mais de leurs compétences. représentation, même si Pierre Cohen avait annoncé, le 10 janvier 2014, vouloir interdire l’humoriste. Municipales : une 10e liste Le Chêne, votre microparti, a récemment été épinglé par la Commission nationale des comptes de campagne. Est-ce une entorse au principe d’exemplarité que vous défendez ? Je n’ai pas devancé qui que ce soit, j’ai été sollicitée et choisie. Il ne faut pas oublier que j’ai été ministre des Affaires étrangères et européennes. J’ai aussi travaillé dans d’autres ministères, et j’y ai étudié des problématiques de politiques étrangères. La lutte contre le terrorisme par exemple. Il y a eu un problème de transmission de documents. Nous étions en train de changer de trésorier et le passage de l’un à l’autre s’est mal passé. Il y a eu simplement un tableau sur lequel il y a eu une erreur. Eva Deroualle et Louis Nadau Lutte ouvrière présente une en bref Vous avez devancé en tête de liste UMP l’ancien ministre des Affaires européennes, Alain Lamassoure. Fort de cette expérience, était-il mieux placé pour briguer un mandat à Strasbourg ? liste aux élections municipales de Toulouse. Conduite par Sandra Torremocha, elle est la dixième en lice pour briguer le Capitole. Avec cette candidature, Sandra Torremocha refuse ainsi la proposition d’alliance de Jean-Christophe Sellin, la tête de lise du Front de gauche. 15 #traj • focus La vie d’artiste au Myrys Un des espaces réservés aux artistes plasticiens. Art. Le collectif Mix’Art Myrys fêtera ses 20 ans en 2015 et s’apprête à déménager pour la quatrième fois dans le nouveau quartier de la Cartoucherie. U ne zone industrielle pour seul décor. L’endroit paraît désert et, pourtant, au bout de la rue Ferdinand-Lassalle, un lieu intrigue plus qu’un autre. Il s’agit d’un ancien entrepôt. Une pancarte indique « Collectif d’artistes. Mix’Art Myrys ». Depuis neuf ans, ce groupement d’artistes s’est réapproprié ces locaux désaffectés. Un lieu offert par la mairie après plus de dix ans de lutte. Créé en 1995 dans les usines de chaussures Myrys, le collectif s’installe en 2001 à l’ancienne préfecture. Face à l’engouement, la mairie de Toulouse, décide alors de lui donner le local actuel. « Cet endroit, c’était un test. Une façon de faire nos preuves », explique Élie, artiste au Mix’Art depuis sa création. Le test passé avec succès, la municipalité leur propose un nouvel espace, dans l’écoquartier de la Cartoucherie. « Normalement, le projet va aboutir. Nous sommes en pleine réflexion pour savoir comment l’on va transposer le Mix’Art dans le nouveau quartier », 16 explique Sophie, la médiatrice culturelle. Cependant, les appréhensions et les peurs sont palpables. « Les gens sont tellement attachés à ce lieu qu’ils sont réticents à partir. Le collectif est en train de vivre une nouvelle étape et cela effraie. Mais ce sentiment passera », analyse Sophie. L’entrepôt, plus de 6 000 m ², est labyrinthi- Élie dans son atelier à l’univers robotique et décalé. Adrien Gallaup, sur scène, lors d’une répétition de la pièce « Burn Baby Burn ». que, un dédale parsemé de gigantesques conteneurs. Si bien qu’il est difficile de deviner la provenance des différentes musiques qui résonnent de toute part, mêlant Brassens et les tubes disco de Nostalgie. Heureusement, Matthieu, le régisseur, a bien voulu s’improviser guide. « Le pavillon central est réservé aux plasticiens. Ensuite il y a deux salles pour les arts vivants, une salle de concert, un espace exposition, un pour la construction. Puis il y a tous les ateliers : couture, ferraille, bois, arts plastiques ». Un espace de mutualisation, où les artistes se rencontrent et échangent, est également mis à leur disposition. À l’entrée du hangar, des énormes sculptures robotiques intriguent. Ce sont les œuvres d’Élie. « Cela m’est venu en recyclant. J’ai récupéré beaucoup de débris après l’explosion AZF. Et puis, petit à petit, j’ai commencé à faire des robots. Des personnages qui m’ont toujours fasciné. » Son atelier semble d’ailleurs tout droit sorti de Star Wars. Un vaisseau spatial qui permet à l’imagination débordante d’Élie de s’exprimer librement. « On ne peut pas rêver mieux comme endroit », confie t-il. Le Mix’Art est également un lieu de résidence pour des compagnies théâtrales. Adrien Gallaup, metteur en scène, loue une des salles pendant deux semaines. Avec la compagnie l’Étoile d’Araignée, il prépare leur nouveau spectacle « Burn Baby Burn ». les mix’artistes #traj • focus Tonton TH Il fait partie de l’association Tetaneutral, fournisseur associatif d’accès à Internet. En ce moment, Tonton s’est lancé dans les gifs, images animées numériques, «une excellente combinaison d’art et d’informatique», selon lui. « C’est un endroit accessible à tous. Tu peux tenter ta chance même si tu n’es qu’une petite compagnie. Et puis les espaces de travail sont super, il y a un très bon accueil autant technique qu’humain. » Une ambiance décontractée et simple qui séduit les Nathy Cette céramiste dispose d’un artistes. La atelier en retrait, dans lequel troupe paye elle expérimente la verrerie. quatre euros Elle travaille notamment sur par personne la fusion des matières. pour bénéficier de l’espace de travail. Prix auquel il faut ajouter la vivre ensemble exigeant, parfois difficile, consommation en électricité et chauffage. mais qui semble en valoir la peine. « Il y a également un investissement personnel. On participe aux tâches collectives, on Textes de Claire Villalon s’autogère », ajoute Adrien. L’autogestion, Photos d’Aliénor Adrey un principe fort, qui régit le collectif depuis ses débuts. « Les artistes doivent participer au ménage, aider lors des événements ou des chantiers collectifs. C’est très intéressant car cela permet de sortir l’artiste de son individualité et donc de mettre en place des échanges », raconte Sophie. Une confrontation Les sculptures d’Élie trônent dans la vitrine de son laboratoire. finalement nécessaire pour le processus créatif et qui fait du Mix’Art un lieu de vie haut en couleur. « Cet endroit a une âme. Je m’y suis fait une famille », avoue Nathy, potière et résidente au Mix’Art depuis quatre ans et demi. Un « Les gens sont tellement attachés à ce lieu qu’ils sont réticents à partir » 17 #traj • économie L’imbroglio des chiffres chez Astrium Emploi. Après l’annonce de la suppression de 396 postes chez Astrium à Toulouse, les salariés de la filiale d’Airbus Group (ex-EADS) ont manifesté devant le siège social du groupe, jeudi 6 février. «O n ne s’attendait pas à ce que la manifestation prenne une telle ampleur. On ne doit pas être loin de 2 000 », estime Philippe Ayache, salarié d’Astrium syndiqué à la CGT. Le 27 janvier, la direction d’Airbus Group annonce la suppression de « 396 postes sur 3 417 » chez Astrium Toulouse. Cinq jours plus tard, les salariés, réunis en intersyndicale décident d’organiser une manifestation, devant le siège du groupe, le 6 février. Ils dénoncent un plan social « sans justification économique » et des chiffres donnés par la direction qui ne correspondraient à rien. « Déjà, nous n’avons jamais été 3 417 salariés », s’insurge Thierry Prefol, délégué syndical central CFE-CGC. « Cela montre bien que ce sont des décisions prises à la tête du groupe par des personnes qui ne connaissent rien de nos activités. Mais notre reproche principal, c’est bien les 396 postes supprimés. » Le jour de la manifestation, au rond-point Bellonte, devant l’entrée d’Airbus, les sa- Début de cortège pour la manifestation regroupant la CGT, CFTC, CFE-CGC, FO et la CFDT. © GP lariés d’Astrium affluent. Chaque syndicat descend de son bus. « FO, on y va », peuton entendre au moment du départ. Trente minutes plus tard, le cortège retrouve les salariés d’Airbus devant le siège du groupe. Certains enfilent alors un masque blanc. 500 exactement. « Ils représentent les 500 postes sacrifiés au profit des actionnaires. 396 chez Astrium et plus de 110 au siège d’Airbus à Toulouse », précise Philippe Ayache. Pour beaucoup, c’est la première fois qu’ils manifestent. « Moi, c’est la deuxième fois. Mais la première fois, c’était en 1988 », s’amuse Jacques, 54 ans. Les syndicats reçus par la direction Il est bientôt 14h30. Voilà une heure que la manifestation a débuté. Cinq représen- tants syndicaux sont reçus par le directeur des ressources humaines, Thierry Baril, et le directeur de la branche Espace, François Auque. « On avait demandé à être reçu par Tom Enders (PDG d’ Airbus, ndlr), mais il devait avoir mieux à faire », peste Philippe Ayache. À la sortie, Hervé Bry, représentant de la CFTC s’exprime : « Ce qu’il faut retenir, c’est que le nombre de suppressions de postes ne correspond à rien. La direction l’a reconnu. Le nombre va encore bouger. Il va certainement diminuer. » Et il ajoute : « Il va maintenant falloir faire retomber la pression du côté des salariés, mais ça ne sera pas chose facile. » Vincent Guiraud 3 questions à... Guillaume Duval Le rédacteur en chef d’Alternatives économiques revient sur les licenciements à Astrium. Comprenez-vous les syndicats d’Astrium qui jugent les suppressions de postes aberrantes ? Il n’y a rien de choquant qu’un gain de productivité d’une entreprise puisse être suivi d’une baisse de l’emploi à l’intérieur même de sa structure. (ndlr : certains emplois deviennent non 18 rentables et les supprimer revient à rationaliser la production des entreprises et à augmenter leurs profits). En Allemagne, les syndicats ont plus de pouvoir. Est-ce la solution pour la France ? Les syndicats allemands sont dans un cadre institutionnel différent. Outre- Rhin, ils peuvent dire non à la délocalisation d’une entreprise. Mais, si celle-ci tombe en faillite, les syndicats doivent prendre leurs responsabilités. En France, ils ne sont pas encore prêts à cela. Toulouse constitue-t-il un pôle scientifique et écono- mique important pour la France ? La ville est très réputée pour son pôle sciences-éco. Mais les entreprises considèrent les chiffres comme unique indicateur de leur santé économique. Ils devraient prendre en compte d’autres approches sociales. Propos recueillis par G.P. #traj • économie L’auto-partage en première La société Citiz peine à faire entrer dans les mentalités son concept de véhicules partagés. Salon international de l’innovation L’ICS, salon international de l’innovation, aura lieu «I en bref ci, la plupart des gens ont leur propre voiture. » Nicolas, utilisateur des véhicules Citiz, comprend le faible entrain des Toulousains pour le concept d’autopartage. Créée en 2009, la société Citiz tente d’œuvrer pour le développement durable en diminuant le nombre de voitures en ville. Un paradoxe quand on sait que la plupart des véhicules de la société roulent au diesel. Selon la directrice adjointe, Véronique Métro, « un véhicule d’autopartage remplace jusqu’à huit voitures particulières». Mais il n’y a pas foule aux portières. Après quatre ans, la société compte à peine 833 adhérents, soit 0,18 % de la population toulousaine. À titre comparatif, Autolib’ à Paris dépasse depuis septembre dernier la barre des 100 000 abonnés. Citiz dispose désormais de 4 véhicules électriques. © Arthur Tirat agenda du 16 au 18 septembre prochain au Parc des Expositions de Toulouse. La décision a été annoncée par Jean Michel Baylet, président du groupe La Dépêche, maître d’œuvre du salon, et Anne Lauvergeon, marraine de la manifestation. En trois jours, le salon devrait accueillir 700 exposants. « Ne comparons pas ce qui n’est pas comparable ! s’exclame Véronique Métro. Avec Autolib’, Bolloré veut gagner de l’argent. Alors que nous, nous sommes une société coopérative. » Avec le système d’Autolib’, chaque utilisateur peut prendre un véhicule et le déposer à la borne la plus proche de sa destination. À l’inverse, avec Citiz, chaque voiture doit être ramenée à sa place après utilisation. Faire évoluer les mentalités d’avenir », Veronique Métro est consciente que les habitudes et les mentalités devront changer pour que ce système se généralise. Et pour faire évoluer les mentalités, Citiz Toulouse a commencé l’expérimentation de quatre véhicules électriques. Mais le remplacement de toute la flotte par des voitures essentiellement électriques est cependant exclu : « Ces véhicules ont une autonomie de seulement 100 km, ils ne sont pas adaptés à tous les trajets. » Même si, pour elle, « l’autopartage est un transport 20 000 visiteurs y sont attendus. Hôtellerie-restauration Du 9 au 12 février 2014 est organisée, au Parc des Expositions de Toulouse, la 3e édition du Salon des métiers de l’alimentation et de l’hôtellerie-restauration. Le salon est parrainé par le Toulousain Yannick Delpech, chef doublement étoilé du restaurant L’Amphitryon, à Colomiers. Il devrait accueillir 250 exposants sur un espace total de 12 000 m2. Arthur Tirat Starbucks se lance en franchise à Toulouse Bilan de l’aménagement toulousain Toulouse, ville dynamique Selon un sondage des Échos Conseil général, budget en hausse Starbucks Coffee, la chaîne Oppidea, bras armé de la réalisé dans le cadre du 21e Le conseil général de Haute- américaine veut s’implanter communauté urbaine Tou- salon des entrepreneurs, Garonne a voté le 6 janvier à Toulouse. Déjà présent en louse Métropole en matière Toulouse serait la deuxième son budget pour 2014. Il sera France sous forme de licence d’aménagement, a réalisé, en ville française la plus de 1,49 milliard d’euros, en de marque, le groupe veut se 2013, 53 millions de travaux dynamique derrière Bordeaux hausse de 4,38% : 676 millions lancer dans la franchise. Le et livré 1 600 logements. En et devant Paris. Pour 34% pour l’action sociale, 271 pour franchiseur et ses franchisés 2014, l’entreprise doit réaliser des Français, Toulouse serait les investissements, 68 pour sont juridiquement et finan- l’aménagement des espaces une ville propice à la création l’aide aux communes, 32 pour cièrement distincts et indé- publics de La Cartoucherie, du d’entreprises. D’après la CCI l’aide aux transports urbains, pendants. Starbucks cherche futur quartier Toulouse Mon- toulousaine, 5 000 nouvelles 12 pour la participation à la des candidats à Toulouse afin taudran Aerospace ainsi que la entreprises sont créées chaque LGV Bordeaux-Toulouse et d’ouvrir une quinzaine de filia- zone Las Fonses, à Villeneuve- année dans le Grand Toulouse. enfin, 10 millions d’euros pour les dans les cinq ans à venir. Tolosane. les logements. 19 #traj • société SDF: les assos à la rescousse Logement. Le dernier rapport de la Fondation Abbé Pierre fait état d’une progression de 50 % du nombre de SDF depuis 2001. À Toulouse, selon Emmaüs, 4 000 personnes seraient sans domicile. Les associations tentent de pallier les manquements des pouvoirs publics. C ’est comme si le téléphone sonnait dans le vide. En Haute-Garonne, près de 90 % des appels au 115, le numéro d’urgence qui oriente les sans-abris vers des lieux d’hébergement, se soldent par un refus. Faute d’une offre d’hébergement d’urgence suffisante, la municipalité apporte son soutien aux initiatives citoyennes qui prennent le relais des pouvoirs publics. Ainsi, grâce à l’action conjointe de trois associations militantes, les habitants du squat situé dans les anciens locaux d’EDF du quai Saint-Pierre ont obtenu de ne pas être délogés avant le mois d’avril. Les associations restent un pilier de l’offre d’hébergement. Emmaüs dispose ainsi de trois centres communautaires en périphérie de la ville, accueillant au total 110 personnes, couples ou personnes seules uniquement. Pour aller plus loin, Paul Hartmann, coordinateur d’Emmaüs Toulouse, s’efforce de développer des opérations de solidarité : « Nous apportons notre soutien en mobilier d’hiver pour les réquisitions en squat », où se retrouvent les familles avec enfants, comme au quai Saint-Pierre. « S’ils se rendent seuls à la préfecture, ils n’ont aucune chance » A l’antenne Ostalada, du Secours catholique, centre d’accueil de jour pour les personnes à la rue, la liste d’attente aux 600 000 appels composés en 2013 115 60 000 décrochés 9 000 solutions d’hébergement trouvées Les associations proposent un accompagnement global pour les personnes sans domicile. ©AFP cours d’alphabétisation s’allonge. Impossible pour une population majoritairement étrangère, et souvent en situation irrégulière, de se retrouver dans les méandres administratifs du Dalo (Droit au logement opposable, voir page suivante). Lui seul permet de pérenniser leur situation. Sébastien Oget, porte-parole du Collectif SDF 31, s’insurge : « S’ils se rendent seuls à la préfecture, ils n’ont aucune chance de voir leur dossier aboutir. » D’autant qu’«il y a beaucoup de passe-droit », selon Patricia Rollando, responsable de l’Ostalada, qui regrette de ne plus offrir de service Dalo depuis décembre 2012 faute de bénévole compétent. En un an, Sébastien Oget a fait aboutir une vingtaine de dossiers. Les personnes ont été relogées en centre d’accueil pour demandeurs d’asile, centre d’hébergement ou hôtel. « C’est peu. » D’autant que la solution en hôtel lui paraît bancale : « Les familles s’entassent à 4 ou 5 dans une chambre et les hôtels sont souvent situés en banlieue, coupant les familles du tissu associatif. Elles préfèreraient vivre en squat. Le problème, c’est que si elles refusent l’hôtel, elles sortent du système et ne peuvent plus prétendre au Dalo. » Il pointe en outre le coût des nui- 4 000 604 SDF selon Emmaüs places en centre d’hébergement d’urgence tées d’hôtel. À raison de 50 euros par jour, la somme suffirait à payer un loyer. 4 344 logements réquisitionnables Sébastien Oget pointe une offre de logements sociaux déficiente : « Il manque 600 places à Toulouse pour être dans la moyenne nationale. » Si la mairie n’a pas confirmé cette donnée, elle indique en revanche que 4 344 logements seraient potentiellement réquisitionnables. En s’appuyant sur ce chiffre, le militant travaille à faire aboutir une démarche commune avec la municipalité, consistant à réquisitionner locaux commerciaux et bâtiments vides en vue d’en faire des logements pour les familles. « Cette solution coûterait moins à la collectivité que l’hôtel. » Satisfait de ses rapports actuels avec la Ville de Toulouse, Sébastien Oget regrette en revanche le manque de dialogue avec la préfecture, dont dépend la procédure Dalo. « Le préfet Pierre-Henri Comet n’a jamais daigné nous rencontrer. » Nous avons tenté de joindre la préfecture. Mais c’est comme si le téléphone sonnait dans le vide. harmonie paCione, Kalidou Sy & anne-laure thomaS ? 500 984 000 personnes vivent en squat budget annuel en euros dédié par la mairie aux nuitées d’hôtel social À Toulouse, les solutions d’hébergement d’urgence restent insuffisantes. 20 #traj • société Squat : la vie en sursis Au 10/12, quai Saint-Pierre, une centaine de personnes squattent le futur Sciences po. Un bâtiment de 3 800 m², vide depuis deux ans. cas de relogement, ils continueront d’en bénéficier. « La réquisition n’est pas une fin en soi. Les familles vivant dans un squat sont menacées d’être expulsées chaque jour. Les enfants sont ensuite déscolarisés. Les sans-papiers vivent avec la peur de la police », raconte Sébastien Oget. Préoccupé par l’avenir des squatteurs, il s’efforce de multiplier les projets : réquisition de locaux commerciaux vides, construction de maisons en bois et aménagement de camions pour les jeunes. D ans un large couloir aux murs boisés, deux enfants mongols s’amusent à faire glisser leurs petites voitures sur le carrelage. Les immenses fenêtres offrent une vue de la Garonne et du dôme de La Grave. Devant les bureaux devenus des chambres traînent des poussettes. Une trentaine d’enfants vivent ici. « Tous sont scolarisés» souligne Sébastien Oget, porte-parole du collectif SDF31 et « habitant-militant » du squat. Douze nationalités cohabitent dans l’immeuble depuis le mois de septembre, après la réquisition organisée par trois associations réunies en collectif (Droit au logement, SDF31 et Groupement pour la défense du travail social). Les militants ont installé douches démontables, machines à laver et plaques électriques pour cuisiner. Une salle de jeu a été aménagée pour les enfants. À leur arrivée, l’électricité a été installée par des Robins des bois, des agents EDF luttant contre les coupures. Des bénévoles assurent des cours de français Clémentine delarue & harmonie pacione Le DAL, SDF31 et GPS appellent à manifester devant le Un bureau devenu chambre d’enfant. © HP et de soutien scolaire. Vasile, Roumain, en France depuis cinq ans, avait trouvé un appartement grâce à Médecins du monde. Expulsé à cause du non-renouvellement de son titre de séjour, il se retrouve à la rue avant de s’installer dans des squats. Dans sa chambre, tout le mobilier provient de la récup. « Tous les soirs, je prends mon vélo et je fais le tour de Toulouse pour récupérer des choses dans les poubelles. Je les revends ensuite au marché Saint-Aubin. » Tous les squatteurs sont inscrits aux Restos du cœur et à l’Aide médicale d’État. En squat samedi 15 février pour dénoncer les délais abusifs de la préfecture et le coût des nuitées d’hôtels sociaux. Qu’est-ce que le Dalo ? Le Droit au logement opposable (Dalo) est une procédure qui existe depuis 2008. Elle permet à toute personne ayant effectué une demande de logement et qui n’a pas reçu de proposition adaptée de saisir une commission de médiation dans son département, puis d’exercer, dans certains cas, un recours devant le tribunal administratif. Un grain de solidarité Le « café suspendu » arrive à Colomiers. Depuis décembre, cette pratique solidaire prend son envol à l’Airbus café. « Un café carré, s’il vous plaît. » La commande a de quoi surprendre. Un coup d’œil à la carte de l’Airbus Café ne permet pas d’en savoir plus : aucune boisson d’une forme particulière n’y figure. Et pour cause : « Ce n’est rien d’autre qu’un mot de passe », s’amuse MarieHélène Lacoste, la proprié- taire de l’établissement. Un code, qui permet à une personne dans le besoin d’accéder à un café avancé par un autre client. Le « cafè sospeso » ou « suspendu », l’intitulé officiel de cette pratique originaire de Naples, s’est donc mué en café « carré ». Carré, comme la vignette accrochée à une pince à linge, suspendue au-dessus du bar, qui indique qu’un petit noir est en attente. « On l’a surtout renommée par respect pour les personnes qui en bénéficient. Elles sont souvent gênées d’avoir recours à cette La vignette du café suspendu. © Rémi Vallez initiative. » Malgré l’embarras, le succès se confirme. «On en sert deux ou trois par jour. Mais personne ne vient exprès pour le café. Ceux qui en profitent sont des ha- bitués du bar, en situation précaire. » Une précarité très souvent insoupçonnée. « Cet acte solidaire ne doit pas servir de révélateur de pauvreté, d’où une nécessaire discrétion », insiste Marie-Hélène. Consciente que le produit n’est pas de première nécessité, la gérante relève son caractère très symbolique. « Un café, c’est un plaisir. Pourquoi certains n’auraient droit qu’à l’essentiel, et se priveraient de ce genre de petits bonheurs ? » Claire villalon & remi vallez 21 #traj • société Consommer sans dépenser Loin de l’utopie, consommer gratuit, même aujourd’hui, c’est possible. Du moins, dans les zones de gratuité. «L ’idée, c’est de donner, récupérer et partager sans rien demander en retour », explique Damien, enthousiaste. À 25 ans, ce jeune homme organise depuis quelques mois à Toulouse les opérations « Zone de gratui’thé ». Pour quelques heures, il instaure un espace en plein air, ouvert à tous, dans lequel chacun peut déposer des objets à donner et se retrouver autour d’un thé (gratuit, bien entendu). L’idée de cette zone lui est venue alors qu’il s’intéressait au troc : « J’ai entendu parler d’une zone de gratuité à Montreuil et le concept m’a plu. » Donner sans contrepartie, et pas uniquement des objets : « On partage aussi des savoirs. Des musiciens sont déjà venus jouer et un prof de méditation viendra prochainement pour donner des cours. » Damien n’est rattaché à aucun organisme. Il définit son action comme « purement citoyenne ». À Toulouse, c’est le sixième événement qu’il organise, et ça marche plutôt bien. Près d’une quarantaine de personnes sont fidèles au rendez-vous. « Il y a des bobos, des familles et des jeunes, s’amuse Damien. Un vrai melting-pot de la population toulousaine. » Au-delà de la simple convivialité, les zones de gratuité portent une ambition plus large : changer notre rapport à la consommation en recyclant les objets usagés. Selon l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie), en pratiquant Les vêtements de Damien proviennent de zones de gratuité ou du troc. © Aliénor Adrey le réemploi, on pourrait éviter près de 13 kg de déchets par personne et par an. Alienor Adrey Rendez-vous le samedi 8 février de 10 h à 18 h, métro Rangueil. D’autres éditions suivront. L’éphémère prend racine Les ventes éphémères séduisent les clients. ©CD Chapeaux cloches, melons, chapkas… Les clients sautent d’un couvre-chef à l’autre. Dans cette boutique, rue Rémusat, l’ambiance est à l’urgence : le magasin s’autodétruira dans deux jours, après deux mois d’activité. Les tenanciers ont choisi d’ouvrir une boutique éphémère pour vider leur stock. L’idée n’est pas neuve, mais elle séduit de plus en plus de commerçants toulousains. Et de clients : « Quand on voit que les prix sont au ra- 22 Éviter les charges Si certains en font une stratégie marketing, l’éphémère est surtout une solution de secours. Dominique Sellem a signé un bail de deux mois dans la rue Saint-Rome. Après avoir parcouru les marchés pendant treize ans, elle a trouvé ce moyen pour se poser sans prendre trop de risques. « Cela me permet de souffler : plus besoin de décharger la marchandise chaque jour. » Elle y a tellement pris goût qu’elle recherche déjà un autre local pour trois mois de plus. Le concept a surtout séduit les jeunes créateurs. C’est le cas de Mélanie, styliste toulousaine d’une marque de vêtements, qui enchaîne les ventes éphémères depuis l’an dernier. Le bon compromis, selon elle : « Sur le site Popmyshop.fr, on peut louer un local à la journée ou à la semaine. Ça permet de faire connaître la marque sans les charges d’une boutique à plein temps : un bail, une vendeuse. Je vends beaucoup plus en une journée que toute l’année sur Internet. » Rustine de secours ou véritable choix, l’éphémère est bien parti pour perdurer dans les commerces toulousains. Clémentine Delarue Partie de la place SaintCyprien, une manifestation des agents publics s’est dérou- en bref bais et que la vente ne dure pas longtemps, on est tentés d’acheter pour ne pas manquer une bonne affaire. » La maison « Comptoirs du monde » surfe sur la vague. Grossiste pour la grande distribution, l’entreprise propose certains articles directement aux consommateurs, à des prix plus intéressants qu’en supermarché. Pour ne pas concurrencer les grandes surfaces, elle ouvre des « bric-à-brac » pour des durées limitées. Martin Hubert, vendeur dans cette enseigne, souligne : « Avec une boutique permanente, ce serait du suicide : on perdrait le marché des grandes surfaces. » Les fonctionnaires dans la rue… lée jeudi 6 février. Les revendications étaient multiples : salaires, emplois, conditions de travail, protection sociale et service public. La mise en place d’une réforme fiscale afin de « renforcer la justice sociale » était aussi à l’ordre du jour. … suivis par les agriculteurs Suite à l’appel de la FNSEA (Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles) et des Jeunes Agriculteurs, une manifestation aura lieu le 14 février, à Toulouse. Ils protesteront contre des restrictions d’épandage d’engrais. Taux de pauvreté : Toulouse peut mieux faire Les journaux « Compas » et « La Gazette des communes » dressent le palmarès de la pauvreté dans les 100 plus grandes villes de France. Toulouse occupe la 54e place. #traj • culture L’exil espagnol en exposition Mémoire. Le musée de la Résistance consacre une exposition à la « Retirada » jusqu’au 16 juin prochain. L’occasion de rendre hommage aux Espagnols qui ont fui la dictature en 1939 et de revenir sur une période sombre de l’histoire transpyrénéenne. «P ar dizaines de mille, les réfugiés catalans affluent à la frontière. » Le 30 janvier 1939, le journal La Dépêche titre sur l’arrivée en HauteGaronne du peuple espagnol chassé par la guerre civile et la répression franquiste. C’est la « Retirada » (la retraite, en français). Soixante et onze ans plus tard, une exposition éponyme, proposée par le musée de la Résistance et de la Déportation de Toulouse, revient sur ce sombre épisode. La « Retirada » en 34 panneaux Si de nombreux visiteurs sont des curieux, d’autres sont liés par leur propre histoire à cet exil forcé. « Je suis fille et petite-fille de réfugiés », explique Sylvie Fabia. « Ma mère s’est retrouvée orpheline à l’âge de 2 ans dans le camp de réfugiés de Bram, avant À partir du 26 janvier 1939, la France voit l’arrivée de 400 000 Espagnols . © Adrien Morcuende d’être recueillie par une famille du Tarn-etGaronne. C’était important de venir ici. » Au total, 34 panneaux et plusieurs dizaines de documents issus d’archives privées (coupures de presse, décorations militaires, photos) jalonnent l’exposition. Autant de façons de montrer au public ce que fut la « Retirada ». Qu’il s’agisse de l’exode des Républicains, de leur accueil dans des camps, ou encore de leur rôle dans la Résistance française, l’exposition répond à un double objectif : évoquer l’arrivée des Espagnols en Haute-Garonne, en particulier à Toulouse, et montrer qu’ils y ont forgé une identité singulière. Le témoignage est au cœur de la démarche. Chacun peut visionner 7 vidéos dans lesquelles exilés et descendants nourrissent le récit de cette période noyée dans l’histoire de la Seconde Guerre mondiale. Adrien Morcuende Zoom sur l’intime Comment travaillez-vous au quotidien ? Souvent par le biais de l’intimité. J’aime rencontrer des gens dans leur quoti- Trees est nominé dans la catégorie Album révélation dien. C’est le lien avec mon ancien métier d’éducateur. Cette idée de la rencontre est primordiale dans ma photographie. Pour les photos sur ma famille, au contraire, il a fallu que je prenne de la distance. Et les retours sont bons. Propos recueillis par A. Morcuende et M. Regnault de 2013 pour son album éponyme, face à Hollysiz et La Femme. Verdict le 14 février ! 24 Heures radio Le 15 février à partir de 7h00, les étudiants de l’École de journalisme de Toulouse prennent en bref Pourquoi avoir quitté votre métier d’éducateur pour vous lancer dans la photo ? J’ai découvert la photo ici, au Château d’eau. C’est devenu tout de suite quelque chose de fort. Comme le métier d’éducateur est aussi très prenant, il a fallu faire un choix. J’ai suivi une formation photo et ça a été évident pour moi. Pourquoi avoir choisi un sujet aussi intime ? Mes sujets sont souvent liés à ce que je vis, à ce qui est proche de moi. C’est venu en traitant d’abord des angoisses de jeune papa. Ce qui m’intéresse, ce n’est pas de percevoir l’enfance et la famille comme une sphère douce, gentille, mais comme un monde avec sa part d’étrangeté. Le duo toulousain Cats on © Marien Regnault Photographe à plein temps depuis 3 ans, Arno Brignon expose au Château d’eau sa série « Joséphine ». 29e Victoires de la musique d’assaut les ondes de Radio FMR sur 89.1 pour 24 heures de direct. Abattoirs Exposition « Perturbations », de Céleste Boursier-Mougenot, jusqu’au 4 mai. Première exposition monographique de l’artiste en Europe. 23 #traj • culture Festivals Viet Art Plusieurs festivals ont lieu actuellement à Toulouse. Petit tour d’horizon. Le ciné pour tous Le septième Festival de films lesbiens, gays, bisexuels et transsexuels (LGBT) se déroule jusqu’au 21 février dans toute la région MidiPyrénées. Huit mois après les débats pour la loi sur le mariage pour tous, « Des images aux mots » (DIAM) ouvre la discussion au travers de 30 films LGBT et 3 expositions photographiques. Des portraits de couples vietnamiens exposés à l’espace des diversités, rue d’Aubuisson à Toulouse, à la projection du film espagnol « 20 cm », en passant par « Yves Saint Laurent », de Jalil Lespert, l’éclectisme est au rendez-vous. La diversité des nationalités et des thèmes était un critère ouvert possible. L’objectif est de s’informer, de découvrir et d’échanger. » C’est pour cette raison que les lieux de projection ne sont pas spécifiques. Le festival se déroule à l’institut Cervantes, au Goethe Institut ou à la librairie Ombres blanches, de Toulouse. Le choix des cinémas d’art et essai s’explique par la volonté de permettre la discussion, la convivialité et la rencontre dans des salles de moins de 200 places. « En plus, cela correspond à un public toulousain qui connait déjà bien l’art et essai », souligne Laure Faghol. de choix pour les organisateurs. « De ce fait, les polémiques nationales autour de la question LGBT s’estompent », explique Laure Faghol qui préside avec Jacques Baran le festival DIAM. « Le festival se veut le plus 24 Un parfum de lotus flotte sur la Ville rose. Jusqu’au 15 février, la 7e édition du festival Made in Asia célèbre le Vietnam à Toulouse. « Lors de mes voyages, je me suis aperçu que le Vietnam, ça n’était pas que les mariages sur l’eau et les traditions », explique Didier Kimmoun, fondateur du festival. « Il y a une vraie scène contemporaine, très dynamique, qui mérite notre attention. » Peu de moines bouddhistes et de costumes traditionnels à l’Espace Croix-Baragnon ou à la Fondation Ecureuil, mais une flopée de toiles et de films modernes d’artistes vietnamiens et français. Peu Dans la salle des Illustres du Capitole, lors de l’inauguration du festival le lundi 3 février, Laure Faghol rappelle qu’il ne s’agit pas d’un festival communautaire, spécifique aux LGBT de la région. Le festival participe pourtant à « l’évolution des consciences », rappelle Buny Gallorini, la directrice du cinéma ABC où a eu lieu la projection d’ouverture. DIAM présente une image dépassionnée et variée des homosexuels pour informer et entamer une discussion. février à Toulouse et du 11 au 21 février dans 13 autres villes de Midi-Pyrénées (Auzielle, Albi, Tarbes, Montauban, Blagnac, Auch, Plaisance, Cahors, Muret, Mirande, Mirepoix, Carbonne, Ramonville). Guillaume Gibergue 100 artistes, 18 pays et 3 jours de fête. Jusqu’au 9 février, Tournefeuille se trémousse au son des maracas et des rythmes © DR vietnamiens à l’école Hip Hop Arts aujourd’hui à 21h, le musicien Tran Quang Hai, salle du Sénéchal, jeudi 13 février, à 12h30. latins. Cette 17e édition est placée sous le signe des « terres de rencontres ». « Les spectacles entremêlent les disciplines et les cultures », précise Christine Weber, directrice de ce festival hispanophile. « Des comédiens franco-cubains expriment l’ailleurs, un cinéconcert lie cinéma argentin et musiciens français et des illustrateurs dessinent sur de la musique hispanique. » Le tout dans un univers « onirique et poétique, avec des spectacles qui parlent de solitude, d’exil ou de rencontre ». Espagne, Argentine, France et République dominicaine sont donc réunies sur une même scène ! Dépaysement garanti pour le public, invité à « porter un regard différent sur les cultures latino-américaines », mais aussi à découvrir, à débattre et à se déhancher. Pratique : Aujourd’hui, à 18 heures, le duo d’illustrateurs Cleruu défie la toile blanche et illustre les rythmes du groupe Trafiko Duo. Demain à 17 heures : « Barrio Caleidoscopio », troupe équatorienne Teatro de la vuelta. Ava Mergy Ava Mergy Un festival ouvert Pratique : jusqu’au 9 © Guillaume Gibergue Cuba Hoy, fidèle au poste © Ava Mergy de chances, aussi, de croiser Rambo dans un remake de la guerre du Vietnam ou un opposant farouche à la censure du régime au parti unique. Le festival fait la part belle à la diversité des arts, mais n’oublie pas d’afficher ses convictions. «On n’a pas invité les artistes les plus révolutionnaires. Néanmoins, les autorités vietnamiennes n’auraient pas choisi ceux-là. » Pratique : les danseurs #traj • culture Un demi-siècle sur grand écran Anniversaire.Voilà 50 ans qu’elle nous embobine. Et pour fêter cela, la cinémathèque de Toulouse propose 50 moments de cinéma. premier film, Le Bar de la fourche, d’Alain Levent, avec Jacques Brel, sorti en 1972. 50 moments pour 50 ans Outre la rétrospective consacrée à Isabelle Huppert, 50 autres « moments » sont prévus : de « Sombres Éclats du vampire », en passant par la rencontre avec Isabella Rossellini et le festival Zoom Arrière. Autrement dit, cinquante bonnes raisons de se rendre à la cinémathèque. R estaurer et diffuser le patrimoine cinématographique en direction d’un large public, c’est l’objectif poursuivi par la cinémathèque de Toulouse depuis 1964. En 50 ans de collecte, 42 300 films et 75 000 affiches ont été stockés et présentés dans ce qui est devenu l’un des principaux fonds européens en matière de cinéma. C’est également la seule cinémathèque de France, avec celle de Paris, reconnue d’intérêt national par le ministère de la Culture. Elle propose quotidiennement des séances aux Toulousains. L’année 2014 sera rythmée par « 50 moments » et autant d’occasions de redécouvrir ce qui est la raison d’être de la cinémathèque depuis tant d’années. Natacha Laurent, déléguée générale, le résume ainsi : « Un anniversaire n’est pas tant l’occasion de se réjouir de ce qui est passé que de célébrer la vie, l’énergie du présent et l’espoir du lendemain. » #Ciné par American Bluff Un ébouriffant retour dans les années 70, un superbe jeu d’arnaques et de fauxsemblants, porté avec brio par un réalisateur et une brochette d’acteurs au pic de leur forme. Courez-y. Marien Regnault Isabelle Huppert, une marraine à l’honneur. © DR DU CINEMA PLEIN LES YEUX Isabelle Huppert pour marraine Parmi Avec plus de cent films à son actif, Isabelle Huppert a glané de nombreuses récompenses. Et notamment le Prix d’interprétation féminine au Festival de Cannes en 2001 pour La Pianiste, présenté au public toulousain lundi dernier en inauguration de la rétrospective la concernant. « Les cinémathèques sont des lieux qui célèbrent le passé, le présent et donc le futur du cinéma », explique l’actrice. Surtout le passé, lorsque l’on sait que la cinémathèque conserve l’original de son cinquantenaire, l’exposition « Du cinéma les rendez-vous phares du plein les yeux », présentée au Bazacle du 1er février au 27 avril. Au total, ce sont 22 affiches peintes par l’affichiste toulousain André Azaïs (1918-1989) qui sont montrées au public, dont celles de L’Inspecteur Harry, Rio Bravo, ou encore 2001, l’Odyssée de l’espace. La totalité des 184 affiches géantes – réalisées par l’artiste pour l’ancien cinéma « Le Royal » – seront projetées sur grand écran le temps de l’exposition. @JulesPec Dallas Buyers Club Rien que pour son rôle principal, ce film mérite d’être vu. Dans la peau amaigrie d’un des premiers séropositifs, Matthew McConaughey est tout simplement éblouissant. 12 Years a Slave Le meilleur film de 2013 (sorti récemment en France) est toujours en salle. L’occasion de voir un chef-d’œuvre. Un magnifique document sur l’horreur de l’esclavage. Les trois frères : le retour Tout le monde sait plus ou moins à quoi s’attendre avec cette réapparition des trois icônes du rire. Il ne reste plus qu’à s’y rendre. La Belle et la Bête Énième version du conte rendu célèbre par Jean Cocteau. Mais avec Christophe Gans aux commandes. Un nouveau Pacte des loups ? RoboCop Remake du polar futuriste de Paul Verhoeven, 27 ans plus tard. Donc meilleurs effets, meilleur son, meilleure image. Mais la même verve satirique ? 25 #traj •sport Barthet et Brunet en piste Sotchi. Anne-Sophie Barthet, en ski alpin, et Marie-Laure Brunet, en biathlon, représentent Midi-Pyrénées à Sotchi. Leurs impressions avant de rentrer dans la compétition. S otchi, c’est parti. Enfin, pas pour tout le monde. Si Marie-Laure Brunet a participé à la cérémonie d’ouverture, Anne-Sophie Barthet n’a pas eu cette chance. Et pour cause : la jeune Toulousaine – licenciée à Chambéry – ne prendra la direction de la Russie que le 14 février. Sa première épreuve, le slalom géant, est programmée quatre jours plus tard. Marie-Laure Brunet sera, elle, en piste dès dimanche 9 février pour le sprint 7,5 km, et enchaînera cinq autres courses jusqu’au 21 février. Un marathon d’épreuves qui fait « le charme du biathlon », pour cette native de Lannemezan. « Je sais désormais gérer mon corps et la fatigue. Et disposer de six chances, c’est moins frustrant que d’en avoir une seule. » Stress et sérénité À 25 ans, les deux sportives ont déjà l’expérience des Jeux olympiques : Turin et Vancouver pour la skieuse, seulement Vancouver pour la biathlète. Pour autant, elles ne les abordent pas de la même manière. Alors que confiance et sérénité règnent chez Marie-Laure Brunet, sa Anne-Sophie Barthet et Marie-Laure Brunet ont faim de médailles pour les JO. © DR coéquipière est partagée entre stress et excitation. « C’est la dernière ligne droite, il me faut régler les derniers détails pour être prête le jour J. » Deuxième au classement général de la Coupe d’Europe, mais à la peine en Coupe du monde – 33e en slalom géant et 22e en slalom – la Toulousaine n’est ni favorite ni outsider. Elle compte bien créer la surprise : « J’ai eu beaucoup de sorties de piste, je sais que je ne suis pas attendue pour une médaille, mais je skie pour cela. » Marie-Laure Brunet a déjà glané l’argent en relais et le bronze en poursuite il y a quatre ans. Et elle espère ramener de Sotchi le seul métal qui manque à sa collection. « Mon objectif est la médaille d’or. » Fin janvier, elle est partie en stage dans le Val d’Aoste, en Italie, où elle a fait de « l’excellent travail ». « Tout m’a conforté dans mes sensations, je suis concentrée sur mes objectifs. » Il ne lui reste plus qu’à faire ses preuves à Sotchi. À propos des différentes polémiques qui entourent ces Jeux, Anne-Sophie Barthet refuse « de se servir de cette compétition comme un instrument politique ». Pour la jeune femme, son travail consiste à « faire rayonner son pays à travers le sport ». Alors quand elle déclare « si on ne vise pas de médaille, ça ne sert à rien de participer aux Jeux», on ne peut qu’être sûr de sa motivation. Les paroles doivent maintenant laisser place aux actes. Marine Couturier Stade : attention danger ? 26 par Philippe Saint-André. De même que Yacouba Camara, sélectionné avec les moins de vingt ans la semaine dernière et laissé à disposition de son club ce week-end. Vincent Clerc sera également présent après neuf mois d’absence. Patricio Albacete, capitaine pour ce match, est conscient de l’ampleur de la tâche qui attend son équipe. « Montpellier est une très belle équipe, le MHR a fait un gros recrutement l’été dernier. » Une équipe qui avait fait vivre un véritable enfer aux hommes de Guy Novès au match aller. Le Stade était reparti fanny du stade Yves du Manoir, rossé, 25-0. Nul doute que, cette fois-ci, même amoindri, le Stade voudra prendre sa revanche et faire parler son orgueil. Enzo Diaz Toulouse-Meudon samedi 8 février à 18h00 agenda Le match entre Toulouse et Montpellier ce samedi (20h35) va valoir cher dans la course aux barrages. Les deux équipes, 5e et 6e au classement du Top 14, vont devoir se passer de nombreux internationaux, retenus pour le Tournoi des Six Nations. Le Stade devra faire sans six de ses cadres, mais pourra compter sur le retour de Maxime Médard, libéré Hockey-sur-glace (D2) Basketball féminin (LFB) Bourges-Toulouse samedi 08 février à 20h Handball (D1) Tremblay-Toulouse samedi 08 février à 20h30 Football (L1) Toulouse-Bastia mardi 11 février à 20h30 #traj • sport Et maintenant, l’Italie Victorieuses de l’Angleterre samedi dernier (18-6) pour la levée du Tournoi des Six Nations, les féminines du XV de France se sont retrouvées cette semaine à Blagnac pour préparer le match face à l’Italie. M ardi 4 février, le complexe sportif des Barradels et sa pelouse synthétique ont accueilli les Bleues. À l’arrivée, les vingttrois se changent illico presto, sous le soleil. Les survêtements sont délaissés au profit des shorts, et les crampons moulés, chaussés. Quelques badauds sont venus voir les tombeuses des vice-championnes du monde. La séance prend une tournure sérieuse. Succès médiatique Nathalie Amiel et Christian Galonnier, les deux entraîneurs de l’Equipe de France, donnent de la voix, encouragent, conseillent, réprimandent. Le tout avec le souci du détail et l’envie de bien faire. Le succès face à l’Angleterre a permis aux Françaises de Les Françaises sont prêtes au combat. © MC croire en leur potentiel, et de pouvoir espérer une victoire finale dans le Tournoi des Six Nations. Chose qui n’est plus arrivée depuis le Grand Chelem de 2005. Ajoutez à cela une cote d’amour qui ne cesse de monter, comme en témoigne le succès médiatique du match France-Angleterre : 673 000 téléspectateurs samedi soir sur France 4. Preuve s’il en est de l’attrait nouveau pour le XV féminin. L’Italie, un souvenir amer La capitaine Gaëlle Mignot ne cache pas les ambitions des Bleues, « le Tournoi fait partie de nos objectifs cette année ». Un objectif qui en prépare un autre plus lointain. Dans cinq mois, la France accueille la Coupe du monde de rugby féminin. En attendant, c’est l’Italie qui se dresse samedi à 17h30 sur le chemin de ces drôles de dames. Une équipe qui avait vaincu la France (13-12) l’an dernier en ouverture du Tournoi des Six Nations, dans un match disputé dans des conditions dantesques. « Un vrai torrent de boue. Le match avait été âpre », se souvient la centre Marjorie Mayans, joueuse de Blagnac-Saint-Orens, le club local. Elle sera accompagnée pour l’occasion de Manon André, troisième ligne et coéquipière en club qui fait son retour dans le groupe. La partie ne s’annonce pas de tout plaisir, les Italiennes sont « accrocheuses, déterminées ». Les Transalpines ont, elles aussi, démarré le Tournoi par une victoire en allant gagner au Pays de Galles (11-12). Pour espérer quelque chose, il faudra donner le meilleur de soi-même et « faire simple » comme le rappellent à la fin de la séance les deux coachs. En attendant des lendemains encore plus radieux. Avant Paris, il y a Blagnac. Enzo Diaz 3 questions à... Valentin Porte Après l’Euro de handball, Valentin Porte a connu un mois de janvier exceptionnel. Ce week-end, il revient sur les parquets avec le Fénix. Vous avez eu beaucoup de sollicitations médiatiques après le championnat d’Europe. Cela a-t-il parasité votre préparation et votre retour au club ? Pas vraiment. J’ai pris une semaine pour couper l’activité après l’Euro. J’ai fait quelques sorties dans les médias mais, depuis lundi, je suis de retour à l’entraînement. Je reprends tranquillement pour soigner des pépins physiques, rien de grave. J’ai été dans la lumière suite à mes prestations, c’est normal, mais je ne m’enflamme surtout pas avec ça. Le Fénix entame la deuxième partie de saison à la quatrième place du classement. Quels sont vos objectifs pour les mois à venir ? En début de saison, on s’était dit qu’on pouvait décrocher une place européenne, donc, pour l’instant, on est dans les cordes. En revanche, viser le podium, c’est peut-être un peu ambitieux puisqu’on a un calendrier compliqué en deuxième partie de saison. L’objectif minimal fixé, en tout cas, c’est la cinquième ou sixième place. Valentin Porte, révélation de l’Euro 2014. © DR Votre avenir dans le club, vous y pensez ? Je pense être là la saison prochaine, mais ensuite je me poserai des questions. On verra où en est le Fénix, comment j’évolue, les sollicitations qui arriveront. C’est ma sixième année ici et j’ai vécu cinq ans de galère. Cette saison, c’est la première fois que l’équipe évolue avec un vrai projet et de l’ambition. Et faire entrer le club dans une nouvelle ère est forcément un objectif pour moi. Propos recueillis par Alexis Raison 27 #traj •sport J’ai testé : le football australien Champions de France, vice-champions d’Europe, les Hawks de Toulouse excellent dans ce sport méconnu.Trajectoires a chaussé les crampons. S tade de Sordelo, sur les hauteurs de Pech David. Le QG des Hawks porte bien son nom. Encore noyée sous les averses de ces dernières semaines, la pelouse a des allures de piscine olympique. Une piscine de boue, dont la forme m’interpelle : « Il est pas censé être ovale le terrain ? » Grégoire, le capitaine de l’équipe, se marre : « Si, si! Il n’y a pas de vrai terrain de footy en France. La mairie nous peint des lignes seulement les jours de match. » Ni rugby, ni basket, ni volley, le footy – le surnom du foot australien – est un beau bazar qui peine à franchir les eaux de l’océan Indien. En France, ils seraient à peine 200 licenciés. Les Hawks ont vu en moi un potentiel 201e. Je n’ai plus qu’à faire mes preuves. Et une prière. Bien que novice, je sais que le footy est un sport rude. Si l’idée de me faire secouer m’amuse un temps, la crainte monte lorsqu’un joueur me prévient : « On s’est tous pété un truc au moins une fois. » Ma première passe ne me rassure pas. Pour transmettre la lourde ovale de cuir, deux options : la main, ou le pied. Pour le handpass, elle doit être tenue dans la paume et frappée avec le poing de l’autre main. Au pied, le kick n’est qu’une sorte de chandelle, comme on en voit au rugby. Point commun : mes phalanges en craquent encore. Il fau- De la boue, de la sueur et du contact. © Marine Couturier dra souffrir pour me faire une place. D’autant que je ne corresponds pas au profil type des Hawks. « Il y a deux types de joueurs chez nous : des agriculteurs et des informaticiens. » Pas plus à l’aise sur un tracteur que derrière un ordinateur, je me découvre des talents de laboureur, ratissant de mes crampons le terrain usé. Ainsi, je compense ma faible technique par des chevauchées – presque – fantastiques. Mais les courses manquent de me rendre malade, et me renvoient à une certaine morale : « Rien ne sert de courir, surtout si c’est pour vomir. » Après deux heures au cours desquelles je n’ai toujours pas saisi les règles du footy, je quitte les « Faucons », en y laissant quelques plumes. Rémi Vallez Les Ours attaquent Alors que le Super Bowl vient de clôturer la saison 2013 de football américain, l’équipe de Toulouse entame l’édition française 2013-2014. Objectif play-off cette saison. © MC Les Ours entrent dans la compétition ! L’équipe toulousaine de football américain jouera son premier match contre les Giants de Saint-Étienne dimanche 16 février. 28 La catégorie des seniors (à partir de 20 ans) fourbit ses armes depuis septembre dernier. « Il y a un énorme besoin de préparation physique. On commence avec des exercices sans tenue et, au fur et à mesure, on augmente le nombre de contacts physiques avec tout l’équipement», explique Rudy Fonkoué, ancien coach des Flash de la Courneuve et membre du staff de l’équipe de France. Arrivé en juillet, l’avocat de profession veut commencer fort. Avec soixante licenciés dans cette catégorie, le club, aujourd’hui en 2e Division, a l’ambition de retrouver les play-offs atteints l’an passé. Le stade des Argoulets lui sert de base. Un véritable marquage en yards sur le terrain et tout le matériel nécessaire permettent aux joueurs de bien se préparer. Rudy Fonkoué apprécie : « C’est agréable de travailler dans ces conditions malgré la relative popularité du sport. J’ai bien conscience qu’ici on passe après le Stade Toulousain, le TFC, voire le handball. Une centaine de spectateurs sont tout de même régulièrement attirés par les matchs. » Les rires des joueurs se font entendre. L’entraînement va commencer. « C’est une ambiance proche de celle qu’on retrouve au rugby, chaleureuse et familiale, même entre adversaires », explique un joueur. Mais sur le terrain, les Ours sortiront leurs griffes. Raphael Moury #traj • science L’horloge qui défie Einstein Espace. L’horloge atomique PHARAO, dernier joyau du Centre Spatial de Toulouse, ira briller parmi les astres en 2016 à bord de la Station spatiale internationale. Son objectif : tester la théorie de la relativité d’Albert Einstein. U ne fois de plus, Toulouse s’envoie en l’air avec les étoiles. Le Projet d’Horloge Atomique par Refroidissement d’Atome en Orbite est une véritable révolution technologique. Alors qu’une horloge terrestre retarde d’une seconde toutes les 50 millions d’années, l’horloge atomique ne se déréglera qu’au bout de 300 millions d’années. Financée par le Centre national d’études spatiales (CNES) à hauteur de 120 millions d’euros, elle est aujourd’hui une des plus précises jamais conçues. « Composé d’un cube en titane doublé de nickel d’un mètre de long, l’instrument de 90 kg sera protégé des champs magnétiques qui pourraient réduire sa précision » explique le chef du projet Didier Massonnet. Il s’agira de compter le temps. Ou plutôt de le comparer. Selon la théorie de la relativité d’Albert Einstein, la vitesse d’écoulement du temps dépend de la vitesse mais aussi de la gravitation. Une fois à 400 km d’altitude, l’horloge spatiale devrait donc être retardée par rapport à l’horloge au sol. « Cent ans après l’énoncé du célèbre physicien, notre horloge est là pour vérifier cette théorie, l’effet de gravitation étant l’objectif de l’expérience » résume le chef de projet. Dans la marmite du Centre national d’études spatiales depuis 1999, la machine à explorer le temps a franchi une nouvelle étape en recevant son ingrédient essentiel : la source laser. Ce sous-système permettra la comparaison avec les horloges au sol. « Grâce aux tirs lasers, PHARAO sera capable de comparer des horloges encore plus précises et ne sera jamais dépassée par le progrès technique » témoigne Didier Massonnet. Une horloge du temps intemporelle, donc. L’horloge PHARAO © CNES/S. Girard Suivi opérationnel depuis Toulouse L’horloge pourra ainsi transporter le temps jusqu’en 2024. Initialement fixé à 18 mois, le voyage pourra être prolongé. Une fois dans l’espace, elle sera suivie par les ingénieurs du Centre d’Aide au Développement des Activités en Micropesanteur et des Opérations spatiales (CADMOS), basé à Toulouse. « L’horloge sera embarquée à bord du laboratoire spatial européen Columbus, qui nous enverra les données » rapporte l’ingénieur du CADMOS Alain Maillet. Grâce aux ingénieurs toulousains, bien déterminés à remettre les pendules à l’heure, la physique fondamentale s’apprête à faire un grand pas. Jérémie Cazaux Mission Rosetta: la fin approche Le premier lancement d’Ariane 5 en 2014 s’est déroulé le 6 février en Guyane. Deux satellites, militaire et civil, © CNES/E. Grimault ment des données récoltées » affirme le responsable de la mission. Philae pèse à peine cent kilos. Ce petit robot d’un mètre cube a embarqué dix instruments qui permettront d’effectuer des prélèvements. Quant à Rosetta, elle commence à ralentir. Au mois d’octobre, elle devrait se trouver à dix kilomètres de la comète pour larguer le module. Ensuite mystère. Cédric Delmas trépigne d’impatience : « on ne sait pas du tout à quoi va ressembler la comète ». Constantin Peltier pourront apporter la 3G aux armées française et italienne. Les militaires des deux pays pourront transférer d’importantes données sécurisées. en bref Des plans sur la comète ? Pas si fou ! La sonde Rosetta qui transporte un atterrisseur nommé Philae a parcouru 6,5 milliards de kilomètres. Le 28 mars, le Centre Spatial de Toulouse réveillera ce module et le préparera à atterrir sur la comète TchourioumovGuérassimenko pour le mois de novembre. « Il y a une forte présomption qu’il y ait de la matière organique sur cette comète, qui pourrait être à l’origine de la vie sur terre » déclare Cédric Delmas, le responsable de la mission Rosetta au CNES. Il ajoute par ailleurs que « les comètes se sont créées en même temps que le système solaire et n’ont pas été modifiées. Leur cœur garde en fait la structure primaire du système solaire ». De quoi alimenter les bouquins de sciencefiction. Près d’un milliard d’euros ont été investis dans ce projet. « À Toulouse, notre rôle est de déterminer la zone d’atterrissage de Philae. Ensuite, nous assurerons le traite- La fusée Ariane 5 lance la 3G pour l’armée française Vénus et Jupiter bientôt visibles à l’œil nu Le 10 février, peu après le coucher du soleil, Jupiter sera visible. Pour Vénus, il faudra attendre le 26 du mois. L’étoile du berger sera visible deux heures avant le lever du Soleil, tout juste à côté du croissant de Lune. 29 #traj • gastronomie La tendance du « fast-good » Pause déj. Un jambon-beurre avalé en une bouchée devant l’ordinateur ou dans la voiture, coincé dans les bouchons, c’est le quotidien des Français. V ingt-deux minutes de pause déjeuner pour les salariés, selon une étude réalisée en 2011 pour Le Figaro. C’est une heure de moins qu’il y a vingt ans. Pour Annie Roques, diététicienne et spécialiste du comportement alimentaire, « nos habitudes de vie font que nous avons écourté notre temps de pause le midi ». La spécialiste propose « d’adapter l’alimentation au rythme de travail et pas le contraire ». « Le menu ‘entrée, plat, dessert’ est totalement désuet » Selon la diététicienne, l’alimentation rapide répond à la fois aux besoins nutritionnels et à cette consommation nouvelle. Les Français, pressés à l’heure du déjeuner, veulent tout : du goût, du sain et du rapide. De la restauration rapide et chic. © SG Les grands chefs s’y mettent La famille Bras mise sur le fast-cook, avec l’ouverture toute récente du Capucin, à Toulouse. Michel et Sébastien Bras revisitent le sandwich à leur manière, façon galette de sarrasin et produits locaux. (cf. encadré) Le menu de Gourmet Trotteur, lancé depuis septembre 2013, foisonne de plats cuisinés maison à bord d’un tricycle. Dans quelques mois, le projet de foodtruck Épicurieux (restauration nomade dans un camion) lancé par deux jeunes Toulousains proposera des menus élaborés par une diététicienne. « C’est une manière Un déjeuner étoilé « Sur place ou à emporter ? » L’atmosphère du Capucin, le nouveau restaurant de Michel Bras, ouvert le 25 janvier, rappelle les fast-foods par le bip-bip strident des caisses et l’agitation des préparateurs, la tête dans le plan de travail. Mais, ici, des produits frais entourés d’un capucin préparé minute attendent les clients. C’est dans un décor chic et sobre que l’on peut dégus- Capucin au chou farci © SG 30 ter cette galette de sarrasin, produit phare de leur nouveau concept permettant de manger vite et bien: le fastcook. Lors de l’inauguration, qui s’est tenue ce mercredi, André Bras, responsable technique, avertit : « Ce n’est pas de la gastronomie. » Les recettes sont élaborées avec les producteurs locaux, qui préparent la garniture puis l’envoient au restaurant. Les capucins sont servis couronnés d’un pic racontant l’histoire de la recette et donnant les coordonnées du producteur. Premier à proposer ce concept, le restaurant est pris d’assaut. Temps d’attente ? « Une bonne heure », selon une cliente. Le capucin n’a pas encore atteint son rythme de croisière. Caroline Félix de changer l’image de junk-food qui colle à l’alimentation rapide », s’enthousiasme Annie Roques. Fini les pizzas dégoulinantes de graisses, le fast-good utilise des produits frais souvent issus de l’agriculture locale. La tendance met en avant des producteurs de la région, toujours avec l’envie d’informer le consommateur et de le rassurer sur la provenance et la qualité des produits. La street-food, les plats à emporter et toute la tendance du fast-good permettent maintenant de bien manger et rapidement. So good ! Sarah Gilmant À suivre... L’Épicurieux, c’est le projet de food-truck de Théo et Hugo. Récompensés pour leur initiative, les jeunes ambitieux proposeront des repas équilibrés. « Pas de régime non plus, il faut rester dans le plaisir », rassure Hugo. Le plus : travailler avec une diététicienne pour l’élaboration des menus. Rendez-vous, si tout roule, avant l’été. Les gourmets sont en selle Du coq au vin au menu du tricycle ce lundi. Gourmet Trotteur propose des menus sains, frais et équilibrés à petits prix. De quoi ravir les gourmands pressés. À l’ombre du Capitole, le nez rougi, emmitouflé dans un pull en laine, Yannick plonge la tête dans son garde-manger insolite. Le gaillard, habitué de la cuisine privée pour les fortunés de ce monde, en sort un bagel qu’il tend à une cliente impatiente. « Je viens tous les jours depuis le début », confie-t-elle en saisissant son déjeuner. Maixent, son associé, est plus volubile au guidon de son engin à trois roues. « Le tricycle répond à une vo- lonté écologique et permet d’être plus proche des gens », confie-t-il dans un sourire. Les curieux sont attirés. Ils s’approchent, hésitent, avant de se laisser tenter. Leur petite entreprise ne connaît pas la crise, loin s’en faut. « Gourmet Trotteur » existe depuis septembre 2013 et propose des produits « frais, locaux et équilibrés qui répondent à l’exigence croissante des consommateurs ». Et les habitués répondent présents du lundi au samedi. Les formules, entre 7 et 11 euros, sont variées et amorcent le début d’un cycle… à trois roues. Yohan Blavignat «Être proche des gens » #traj • gastronomie « J’aime partager ma cuisine » Interview.Toulousain d’origine, Alexis Braconnier a fait ses armes au restaurant Le Bristol, à Paris. Cette année, le cuisinier de 23 ans ressort le tablier pour la cinquième saison de l’émission Top Chef. En 2011, vous avez fini cinquième lors de la saison 2 de Top Chef . Pourquoi retenter l’expérience ? Déjà parce qu’on a la chance de partager notre cuisine avec trois millions de personnes. Et puis, ça vaut le coup de retenter l’expérience pour les 100 000 euros. Top Chef est un concours de cuisine très long et très intense. Vu l’engagement que l’on a mis, je trouve dommage qu’à l’écran on ne voit pas assez les étapes de réalisation des plats. Par contre, je m’aperçois que je jure trop souvent ! (Rires) Vous avez tenu un food-truck pendant une semaine à Paris il y a un an et demi pour l’opération « Novembre, le mois des produits tripiers ». Un nouveau défi ? On a concocté et distribué gratuitement des burgers à la langue et à la joue de bœuf, au foie de porc, etc. Pour moi, la restauration rapide n’est pas incompatible avec une alimentation équilibrée, bonne et saine. Alexis, candidat en 2011 et 2014 ©P.Olivier/M6 Que pensez-vous du niveau de cette année ? Le niveau est bon. J’aime cette cuisine que l’on trouve en ce moment, complètement libérée. J’ai d’ailleurs testé le restaurant de poissons de Thibault Sombardier « Antoine », dans le XVIe arrondissement à Paris. Une merveille. Face à ces nouveaux talents, mon principal atout pour gagner, c’est l’amour dévorant que j’ai pour ce métier. Vous ne changeriez rien à la recette du cassoulet. Une cuisine simple vous suffit-elle ? Il faut penser autrement. Avec peu de produits, on peut faire des plats sublimes. À Toulouse, je recommande le nan au fromage de l’Oasis, rue des Pargaminières. Parfois, je craque. J’adore les M & M’s, c’est mon petit péché mignon. Mais, sinon, j’essaie de rester raisonnable ! Propos recueillis par C.Félix et S.Gilmant Fast and curious Criquets à croquer Le gaspillage à la poubelle Ô Fiel, leur « restô » Des gourmandises aux insectes. ©EAP Group Bel apéritif en perspective. © SG Le chef a le goût de l’humour. © GP Des macarons ornés d’un grillon, un panaché de vers de farine à l’apéritif, ça vous étonne ? C’est pourtant ce que propose Micronutris, basée à Labège depuis 2011. Première entreprise à élever des insectes comestibles, elle élargit aujourd’hui sa gamme de produits avec des biscuits à base de farine d’insectes. Son principal argument de vente : le faible impact environnemental et la haute teneur en protéines de ses produits. Avec Micronutris, c’est Jiminy Cricket qui passe à la casserole. Sebastien cabrita dos santos Partage ton frigo, premier réseau social antigaspillage en France. Lancée en mars 2013, l’association veut en finir avec la gabegie alimentaire. Partie de Nancy, l’initiative s’est exportée à Toulouse. Leur site permet de partager le surplus de son frigo entre les membres. L’association propose des « apéros frigo ». Un moment de partage des restes entre participants rythmé par des animations ludiques. En cette année européenne de lutte contre le gaspillage alimentaire, le partage est peut-être la meilleure arme. Yohan Blavignat Après l’humour, les Chevaliers du Fiel se frottent à la restauration. Fiel mon restô a ouvert le 16 janvier, à côté de leur cabaret le Rex de l’Humour, situé avenue HonoréSerres, à Toulouse. Les humoristes vantent un « stand-up culinaire », mais le spectacle est plus dans les assiettes que derrière le bar. Mathieu Doumerc, le chef toulousain, « plaisante avec les clients ». Pour le show, il faudra attendre les improvisations d’amateurs bientôt au menu. D’ici là, il faudra se contenter de l’humour du chef. Goeffrey Priol 31 #traj • portrait Le « French Architect » toulousain Jean-Paul Viguier. Créateur d’innombrables ouvrages internationaux, Jean-Paul Viguier est un homme qui voyage. Il aime aussi venir se ressourcer dans sa ville natale. N e jamais, au grand jamais, demander à un passionné en quoi consiste son métier. C’est pourtant inévitable devant une figure emblématique de l’architecture. Pour expliquer son métier, l’homme n’est pas avare de mots. Les jambes croisées, nonchalamment accoudé à la table, il est à l’aise. À croire qu’il a préparé son texte. Mais ses réponses spontanées et ses éclats de rire montrent son authenticité. Alors, peut-être, est-ce là ce qui caractérise Jean-Paul Viguier : son ambiguïté. Fuir la logique métro, boulot, dodo. « Ce qui m’excite dans ce métier, c’est que tous les instants que l’on vit ne sont jamais identiques », lance-t-il avec un sourire. Son agence est son jardin secret. Mais, sur le terrain, il s’applique à imaginer et à cultiver celui des autres. Architecte, et pas archi-bête. Pianiste et clarinettiste, il est un grand amateur de jazz. Le côté rêveur des artistes n’est pas à prendre au premier degré. Il explique : «On ne peut pas exercer ce métier si on n’a pas autant de force que ses bâtiments. » Superman n’a plus qu’à aller se rhabiller. Né dans les calques et la poussière de crayon, sa vocation s’est imposée à lui. « Mon père exerçait ce métier, je ne me suis même pas posé la question. » D’un côté, une immersion dans les milieux intellectuels citadins grâce à son père. De l’autre, une influence rurale, et un goût prononcé pour la nature. Né à Azas (Haute-Garonne), son grand-père était régisseur du domaine Jean-Paul Viguier en 5 bâtiments Pavillon de France à Séville Museum de Toulouse Sofitel à Chicago Tour Majunga à la Défense Canceropôle à Toulouse 32 © Eva Deroualle du marquis. Il se souvient en s’esclaffant : « Quand j’étais petit, je sautais sur les genoux de la marquise. » Architecte de père en fils ? La dynamique s’est cassée, son fils souhaitant s’éloigner de ce milieu. « Je suppose qu’il a dû observer les relations que j’avais avec mon père, et n’a pas voulu les reproduire avec moi », confie t-il. « C’est étrange comme le destin m’a toujours ramené ici. » Ici, c’est évidemment Toulouse. Passé par les Beaux-Arts, à Paris, « la voie royale à l’époque », puis Harvard, il avoue « n’avoir eu qu’une idée en tête : trouver de nouveau l’occasion de faire un projet ici ». Il y sera pour « vociférer sur les barricades de Toulouse », en mai 68, et y reviendra après avoir gagné des concours. Il commence par le rassemblement des services de la météorologie nationale, et se chargera ensuite de la reconstruction du Museum d’histoire naturelle. Il porte pourtant un jugement sévère sur la Ville rose : « Elle a eu du mal à affronter la modernité et sa production architecturale est un peu médiocre. Elle s’en relève, mais c’est récent. » De ses voyages, il a su tirer un regard critique, et profiter de sa position. « Les étrangers ont pour exem- ple l’architecture française. À Chicago, j’étais The French Architect », s’enorgueillit-il. Sa dernière œuvre toulousaine est l’Institut universitaire du cancer, qui s’achèvera sous peu, sur l’ancien site d’AZF. Fraîchement rasé, en costume strict, l’architecte s’apprête à s’exprimer lors d’un séminaire sur la Journée mondiale du cancer, à l’espace Vanel de Toulouse. Ce lieu éveille en lui beaucoup d’émotions. Peu importe son lot de récompenses nationales, il préfère évoquer le Prix de l’Occitanie qu’il a reçu, très touché, dans ce même endroit. C’est pourtant à Paris que se trouve son agence. Aux commandes de 120 personnes, son rayonnement international a de quoi lui donner la grosse tête : « Je suis probablement un des architectes français qui ont le plus construit. » Et lorsqu’il dessine un hôpital, il affirme faire de l’architecture qui soigne. « Un peu prétentieux », concède t-il. Guérir grâce à ses bâtiments, l’idée lui plaît. Il s’intéresse ainsi au lien entre la forme des constructions et leur potentiel à encourager les personnes à guérir. Santé publique, questions de durabilité et de respect environnemental : il estime avoir une responsabilité directe. Alors, avec une cape, ça donne un super-archi ? Eva Deroualle « Avoir autant de force que ses bâtiments »