Journée mondiale de lutte contre le sida: C`est le sida qu`il faut

Transcription

Journée mondiale de lutte contre le sida: C`est le sida qu`il faut
REPUBLIQUE ET CANTON DE GENEVE
Département de l'économie et de la santé
Secrétariat général
Genève, le 25 novembre 2008
Journée mondiale de lutte contre le sida:
C'est le sida qu'il faut exclure, pas les séropositifs!
Intervention de Monsieur Pierre-François Unger,
conseiller d'Etat en charge du Département de l'économie et de la santé
Le texte dit fait foi.
Mesdames et Messieurs,
C'est avec grand plaisir que je prends la parole à l'occasion de cette traditionnelle conférence
de presse qui se tient à quelques jours du 1er décembre, Journée mondiale de lutte contre le
sida.
Lorsque vous avez reçu l'invitation à cette conférence, vous aurez remarqué que j'ai posé
pour la campagne qui a été lancée depuis quelques temps pour interpeller la population sur
son attitude face aux personnes atteintes de la maladie. "Me feriez-vous confiance comme
Conseiller d'Etat si j'étais séropositif?" En m'affichant personnellement en compagnie d'autres
personnes engagées dans la lutte contre le sida, mon objectif est donc de faire réfléchir tout
un chacun pour qu'il s'interroge sur le regard qu'il ou elle pose sur les personnes vivant avec
le VIH. Un regard qui pourrait bien être celui de la discrimination, de la stigmatisation, voire de
l'exclusion.
Je voudrais vous inviter, vous les représentants des médias, à oublier un instant votre
profession pour vous imaginer simple citoyen sur le point de voter, par exemple pour votre
politicien favori. Dans quelle mesure le savoir séropositif va-t-il changer votre appréciation et
votre vote ? Lui confierez-vous la direction d'un département ? Lui accorderez-vous la même
confiance ? Ou allez-vous tout à coup considérer qu'il est moins responsable, moins fiable et
moins apte à assumer de lourdes tâches au sein de l'Etat ?
La population, les collègues, vous tous, le regarderiez-vous différemment s'il était séropositif ?
N'allez vous pas imaginer que sa séropositivité n'est pas due au hasard et révèle des côtés
obscurs et indicibles de son passé ? Cette question, quelque 25'000 personnes vivant avec le
VIH en Suisse ont malheureusement dû un jour se la poser
Après cette brève évocation du thème choisi cette année pour la journée mondiale du Sida, je
voudrais dire quelques mots sur la situation épidémiologique et sur la signature de contrats de
prestation entre le canton et les associations actives dans le domaine du VIH/Sida.
Secrétariat général • Rue de l'Hôtel-de-Ville 14 • 1204 Genève
Tél. +41 (22) 327 29 06 • Fax +41 (22) 327 04 44 • www.geneve.ch
Page : 2/2
Les données épidémiologiques pour l'année 2008 sont plutôt mauvaises et assez
inquiétantes. On observe, en effet, une augmentation claire des nouveaux diagnostics
d'infection au VIH en Suisse. Et Genève, qui est déjà le canton le plus touché de Suisse en
proportion du nombre d'habitants, suit malheureusement aussi cette tendance. On verra les
chiffres plus en détails tout à l'heure, mais on peut d'ores et déjà dire que le nombre des
personnes qui ont découvert leur séropositivité cette année à Genève est le plus élevé depuis
1996.
Ce constat est heureusement tempéré par deux bonnes nouvelles:
1). En 2008 à Genève aucun diagnostic positif n'a été annoncé chez les moins de 20 ans.
C'est un succès important dont on peut se réjouir et se féliciter.
2). Et pour la première fois depuis 25 ans, aucun diagnostic positif n'a été annoncé chez des
usagers de drogue par injection. A quelques jours de la votation fédérale sur la révision de la
Loi sur les stupéfiants, ce résultat est à souligner et à faire connaître, car il démontre la
pertinence et l'efficacité de la politique des quatre piliers inscrits dans cette loi et soutenu
depuis le premier jour par le canton de Genève (bus d'échange de seringues BIPS, local
d'injection Quai9).
Ces chiffres doivent bien sûr être interprétés avec prudence. Mais ils confirment la nécessité
de poursuivre la politique de prévention mise en place dans notre canton, de la renforcer et de
l'adapter sans cesse au contexte épidémiologique.
La continuité et le renforcement de la politique cantonale en matière d'infection VIH s'est
matérialisée cette année par la préparation de contrats de prestation avec les 5 associations:
Groupe sida Genève, Première ligne, Dialogai, Association des personnes vivant avec le
VIH/Sida et Association Solidarité Femmes Africaines de Genève (ASFAG). Ces contrats qui
attestent de l'expertise et du travail de terrain de ces associations, assurent la coordination et
la complémentarité de leurs actions. Ils permettent la continuité d'une stratégie cohérente.
L'aboutissement de ces contrats de prestation est sans nul doute l'un des faits marquant de
l'année 2008 en matière de VIH/sida.
On le sait, de nombreuses personnes séropositives craignent les conséquences que
l'annonce de leur statut sérologique peut entraîner pour leur vie professionnelle: discrimination
à l'embauche, violation de la protection des données, mobbing, licenciement abusif. Par
ailleurs, dans le cadre de l’assurance indemnités journalières/assurance perte de gain,
l'inégalité de traitement qui leur est appliquée compromet leur intégration dans l'entreprise
ainsi que leur accès à la sécurité sociale.
Comme le dit si bien la campagne cette année, "c'est le sida qu'il faut exclure, pas les
séropositifs". La société doit s’engager dans la lutte contre la discrimination des personnes
vivant avec le virus, car non seulement celle-ci a des effets négatifs sur leur état psychique et
leur porte préjudice dans leur vie quotidienne et professionnelle, mais elle menace également
les efforts considérables menés pour enrayer l'épidémie.
Le jour où l'on fera confiance à un conseiller d'Etat séropositif, à un médecin séropositif, le
jour où la séropositivité ne changera plus le regard que l'on peut porter sur quelqu'un, quel
qu'il soit, les personnes séropositives pourront en parler ouvertement au quotidien et adopter
plus facilement un comportement de protection vis-à-vis des autres.

Documents pareils