13 Fiscalité automobile: enfin du changement
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13 Fiscalité automobile: enfin du changement
mai 2003 Fiscalité automobile: enfin du changement ? A l'occasion des élections, de la formation d'un nouveau gouvernement et avec son arrivée l'espoir de voir enfin aboutir les dossiers concernant la révision de la fiscalité automobile, nous avons voulu faire le point sur la situation en Belgique. FEBIAC réitère par la même occasion à nos nouveaux dirigeants sa demande d'une refonte totale du système de taxation des voitures dans notre pays. Un constat Le secteur automobile est extrêmement préoccupé par l’absence de décision en matière de fiscalité automobile. La Belgique se doit d’agir à l’instar de la plupart des pays européens. Entre autres parce que notre industrie automobile, exportatrice à 97 %, profite pleinement des décisions de rajeunissement des parcs automobiles étrangers et, par-là, de la relance de l’économie. Mais aussi parce que le vieillissement du parc automobile belge s’est accéléré de manière inquiétante au cours de ces dernières années plus particulièrement depuis l'introduction de la TMC (en juin 1992), phénomène qui a atteint son apogée entre 1994 et 1997. • Evolution de l'âge moyen du parc des voitures (en années) 8,00 7,50 7,00 6,50 40% 35% 30% 25% 20% 36,6% 32,6% 14,8% 27,3% 22,7% 25,8% 20,7% 15% 10% 5% 13,4% 5,9% 0,1% 0% Euro 0 Euro 1 Euro 2 Euro 3 Diesel Essence Euro 4 Immatriculations de voitures neuves EURO 4 Depuis début 2002, une réduction de TMC est appliquée pour les voitures répondant déjà à la norme EURO 4. Les montants de réduction accordés sont les suivants (à concurrence de la valeur de la TMC à payer) EURO4 essence EURO4 diesel LPG 2002 2003 620 € 323 € 297 € 496 € 248 € 297 € Parallèlement et depuis le 1er mai 2002 les montants de TMC pour les voitures d'un âge supérieur à 5 ans sont dégressifs de 5% par année supplémentaire et ce jusqu'à 15 ans. 19 8 2 5,00 4,50 4 19 86 19 88 19 90 19 92 19 94 19 96 19 98 20 00 20 02 6,00 5,50 19 8 • Répartition du parc automobile au 1/1/2003 Le système fiscal actuellement en vigueur en Belgique est complètement à contre-courant: la TMC appliquée aux voitures neuves décourage leur achat et la TMC appliquée aux voitures d’occasion encourage l’achat des plus anciennes (donc plus polluantes) puisqu’elle est dégressive. Cette disparité de taxation entre les voitures neuves et d'occasion implique par ailleurs des effets pervers tels que l'évasion fiscale des voitures "haut de gamme". Au 1er janvier 2003, 24,8% du parc total des voitures circulant en Belgique, ne répondait pas aux normes d’émissions les moins sévères, à savoir EURO 1, obligatoires pour les voitures neuves depuis le 1er janvier 1993. En 2002, 84.830 nouvelles voitures EURO 4 ont été immatriculées. Sur le total des immatriculations de voitures neuves, 49,8% des voitures à essence et 0,6% des voitures diesel répondaient ainsi à la norme EURO 4. FEBIAC INFO 13 fiscalité mai 2003 Le montant total de TMC payée pour ces voitures s'est élevé à 10,73 millions d'Euros au lieu des 26,25 millions d'Euros qui auraient été perçus sans réduction (soit une réduction totale de 15,52 millions d'Euros. Cette réduction de TMC accordée pour les voitures les moins polluantes constitue sans conteste un pas dans la bonne direction. 70% 60% 50% 40% 30% 20% 10% 0% Euro4/Total .0 1 ay .0 Ju 1 l.0 1 Se pt .0 No 1 v. 0 Ja 1 n. 02 M ar .0 M 2 ay .0 Ju 2 l.0 2 Se pt .0 No 2 v. 0 Ja 2 n. 03 M ar n. 01 Les éléments-clés de la taxation M Ja Euro4/Essence Des solutions... Il est maintenant admis partout en Europe que des mesures s’imposent en matière de qualité de l’air. Une des causes de pollution étant l’automobile, il convient, à l’instar d’autres pays européens, de promouvoir les technologies les moins polluantes (et en même temps les plus avancées sur le plan de la sécurité routière), en suscitant le rajeunissement d’un parc automobile vieillissant et, en même temps, d’améliorer la situation socio-économique du secteur. S'obstiner dans le maintien de la taxation actuelle, c’est inciter les propriétaires des véhicules les plus anciens à les conserver encore plus longtemps et, plus grave encore, à en encourager l’achat étant donné les baisses sensibles de valeur de ces véhicules à court et moyen terme en Europe occidentale. 14 fiscalité culation) en "additionnel environnement" ou en "prime environnement". Par ailleurs, il convient de noter l’effet de relance de la consommation et les conséquences positives sur l’emploi de telles mesures. A cet égard, il serait souhaitable que, tout en veillant aux équilibres politiques, on ne perde pas de vue que l’emploi, la rentabilité des entreprises et les revenus de l’Etat sont fonction, non seulement du nombre de véhicules vendus, mais surtout d’une bonne répartition selon les "classes" (mix-product). Un excès de taxation des voitures de moyennes et grosses cylindrées est, de ce point de vue, contre-productif. La taxe à l’immatriculation (TMC) Comme nous l'avons toujours souligné, il s'agit de réduire progressivement, voire d'abolir cette taxe (en l'occurrence, la TMC), et de l’intégrer à la taxe annuelle de circulation (de façon que la charge fiscale reste inchangée mais qu'elle soit liée à l'utilisation d'une voiture plutôt qu'à son acquisition). Les principales raisons que l'on peut avancer sont les suivantes: • plus grande stabilité fiscale pour le budget: la taxe de circulation annuelle est une recette fiscale plus stable que la TMC (puisque celle-ci dépend des ventes annuelles); • favoriserait un rapprochement des prix pour les particuliers dans l'UE; • se traduirait par un rapprochement plus important des taxes automobiles dans l'UE; • favoriserait un meilleur fonctionnement du marché intérieur et un accroissement de la compétitivité de l'industrie automobile européenne au bénéfice des citoyens; L’argument selon lequel ces véhicules roulent peu est sans doute exact. Il n’empêche qu’entre des véhicules d’avant 93 (EURO O) et ceux d’après 93 (EURO 1), la diminution de certains polluants est de l’ordre de 90 % ! Il s’agit donc clairement en l’occurrence d’un problème d’intérêt général qui doit primer sur l’intérêt individuel des propriétaires de vieilles voitures polluantes. L'abolition de la taxe de mise en circulation (TMC) et son intégration dans la taxe de circulation annuelle (à recettes totales inchangées) est depuis l'instauration de la taxe un des cheval de bataille de FEBIAC. Outre la stabilité fiscale pour le budget, cette mesure combattrait l'encouragement à l'achat de voitures plus anciennes (la TMC étant dégressive dans le temps) et concourrait à réaliser de surplus l'objectif environnemental recherché (voir infra). La succession des normes (EURO1 1993, EURO 2 1997, EURO 3 2000, EURO 4 2005 et future EURO 5), permet une politique proactive idéale pour promouvoir de manière permanente le rajeunissement du parc automobile en modulant la taxation (taxe de cir- La taxe annuelle de circulation Ici aussi, des mesures doivent être prises en vue d'assurer un certain degré de convergence entre les États membres et particulièrement en matière d'assiette de la taxe. FEBIAC INFO mai 2003 Depuis plusieurs années, FEBIAC plaide pour la suppression de la TMC et son intégration dans la taxe de circulation annuelle. L'utilisation de critères plus pertinents que la cylindrée, à savoir, la puissance réelle en kW et la conformité aux normes d'émissions EURO ont fait l'objet de propositions concrètes, sans résultat ! A moyen terme, la priorité doit être de faire disparaître du parc les véhicules ne répondant même pas à la norme EURO 1 (avant 1/1/1993), soit 30% du parc des voitures. Une modulation – évolutive dans le temps - de la taxe en fonction de ces normes EURO nous paraît à cet effet la meilleure solution. Les taxes sur les carburants Les droits d'accises sur les carburants sont considérés comme un instrument fiscal efficace pour collecter des recettes, influencer le niveau d'utilisation des véhicules (!!!) ou internaliser les coûts environnementaux et sociaux liés à l'utilisation des voitures particulières, tels que les coûts d'infrastructure, les coûts imputables aux accidents et les coûts résultant de la pollution atmosphérique. Si, a priori, il n'existe aucune raison environnementale d'appliquer des taux d'accises différenciés, il n'en reste pas moins qu'à l'heure actuelle la moindre pollution – en termes de CO2 - des véhicules diesel est indiscutable. Il convient également de noter qu'une augmentation des accises devrait être accompagnée d'une baisse comparable des taxes de circulation – plus élevées - applicables aux voitures diesel. Par ailleurs, les conséquences économiques d'un relèvement des accises sur le diesel – non harmonisé au niveau européen – pourraient revêtir un caractère catastrophique pour les sociétés de transport nationales et internationales. FEBIAC émet donc les plus grandes réserves quant à une modification "sauvage" des taux d'accises actuels. Taxation des voitures de société Les voitures de société représentent une part importante des voitures particulières neuves vendues chaque année (entre 35% et 45% du total des ventes enregistrées sur les principaux marchés de l'UE. Les voitures de société étant remplacées périodiquement (tous les 3 à 4 ans), leur âge est moins élevé que la moyenne du parc (7 ans et 6 mois), elles sont donc moins polluantes. Etant donné qu'elles sont presque exclusivement équipées de moteurs diesel, leurs émissions en CO2 par km sont elles aussi moins élevées (les émissions de CO2 par les voitures neuves diesel ont baissé de quelques 12% entre 1995 et 2001). Par ailleurs, il ressort des résultats de l'enquête mobilité réalisée pour FEBIAC en octobre 2001, que la voitures de société est pour 98% des utilisateurs avant tout un outil de travail: plus de la moitié des personnes professionnellement actives l’utilisent quotidiennement pour rendre visite à des clients ou assister à des réunions. Une éventuelle augmentation de la taxe sur les voitures de société doit maintenir ce groupe totalement à l’écart. Sans quoi, la mesure ne fera qu’accroître la pression fiscale sur le travailleur et sur l’employeur et alimenter les caisses de l’Etat plutôt que réduire l’usage "impropre" des voitures de société et la circulation automobile. Télépéage Certains pensent que le télépéage est le remède aux problèmes de congestion en faisant payer les automobilistes en fonction de la "rareté" de cer- FEBIAC INFO 15 fiscalité mai 2003 taines infrastructures routières par rapport à une demande élevée de mobilité à certains endroits et à certaines heures. Avec l'infrastructure et les moyens de transport (pas d'alternatives satisfaisantes) dont nous disposons actuellement, la solution du télépéage conduit inévitablement à une hausse des coûts pour les entreprises et les citoyens. Ne faisant ainsi que diminuer davantage le pouvoir d'achat du consommateur et la compétitivité de nos entreprises. CONCLUSION GÉNÉRALE Dans le cadre d'une utilisation plus responsable de la voiture, la variabilisation des coûts doit être le but ultime. La variabilisation totale, à savoir le transfert de toutes les taxes liées à l'achat (TMC) et à la possession de la voiture, vers la taxation au kilomètre parcouru - via les carburants - n'est, dans le contexte actuel, pas concevable. Cependant, une réflexion doit être menée à l'échelle européenne, pour viser à une harmonisation sur ce plan également. Tout ceci dans un contexte budgétaire global neutre. Les points d'action prioritaires pour une révision à court et moyen termes de la fiscalité automobile peuvent être résumés comme suit: - abolition de la TMC; - intégration des recettes TMC qui étaient générées dans la taxe de circulation annuelle; - révision des critères de calcul de la TC (kW – normes EURO); - modulation de la taxe de circulation en fonction des normes EURO; - non discrimination des voitures de société; - pas de mesures pénalisant les voitures diesel. FEBIAC a confiance en l'attention que nos nouveaux dirigeants voudront bien apporter à ce sujet et se propose de collaborer de manière constructive avec eux à la mise au point d'une fiscalité automobile efficace et garante des attentes de notre société. J Nadine ATANASSOFF Conseiller Économique 16 fiscalité FEBIAC INFO