Le miroir à deux faces (Michel Tournier)
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Le miroir à deux faces (Michel Tournier)
*Le miroir à deux faces (Michel Tournier) Seuil Jeunesse, 1994 Amandine ou les deux jardins Acrylique sur papier - 45 / 64 - Archives de l’artiste * Oeuvres et originaux exposés Exposition réalisée avec l’aide de la Direction Régionale des Affaires culturelles et le Conseil Régional de Picardie et grâce à la disponibilité d’Elisabeth et Alain Gauthier que nous remercions chaleureusement Merci de leur aide à Sandie Houas pour la bibliographie des couvertures, à Marie-Thérèse Devèze et Jeanne Robillard pour le calendrier des expositions, à Jane Amboise et Sandie Houas pour la mise en page ISBN : 978-2-9539047-3-4 Centre André François Catalogue conçu et rédigé par Janine Kotwica Témoignages de Christiane Abbadie-Clerc, Janine Despinette, Nicole Maymat, Jean Perrot, François Ruy-Vidal 1er juin - 31 août 2012 Centre Régional de Ressources sur l’Album et l’Illustration 70 rue Aimé Dennel 60280 Margny-lès-Compiègne 03 44 36 31 59 [email protected] Mon chaperon rouge (Anne Ikhlef) Seuil Jeunesse, 1998 Alain Gauthier, biographie Ancien élève de Paul Colin, Alain Gauthier, artiste né en 1931, est beaucoup plus célèbre (et célébré) comme affichiste que comme illustrateur alors qu’on lui doit les images de quelques albums exceptionnels qui ont fait date dans l’histoire littéraire de ces dernières années. Son premier livre, Zizou, artichaut, coquelicot, oiseau, publié chez Grasset en 1974, révèle d’emblée un réel talent d’illustrateur. François-Ruy-Vidal lui confie le recueil de comptines des Papillons de Pimpanicaille qui démontre son délicieux humour (1980) et il a, avec Nicole Maymat donné de La Belle et la Bête une exceptionnelle interprétation qui conjugue avec élégance Cocteau et Madame Leprince de Beaumont (1988). Il a revisité magistralement Peau d’âne (2002) et le Chaperon rouge (1988) dont les versions, déconcertantes et ambiguës, s’adressent autant à l’adulte qu’à la prime enfance. En 1991, il donne d’Alice une version très personnelle qui préfigure les variations écrites et illustrées autour des thèmes carrolliens (Alice ou les chemins de la mémoire) dont L’Art à la page fera un beau livre d’artiste. Michel Tournier a été touché et admiratif de l’interprétation qu’il fit de plusieurs de ses textes dont La Fugue du Petit Poucet (1979) ou Le miroir à deux faces (1994). L’association avec François David pour Est-elle Estelle ?, belle réussite éditoriale, lui valut une plaque d’or à Bratislava (2002). Son dernier livre, Nous, les loups, édité par Christine-Marie Léveillé chez Bilboquet sur un texte de la jeune Edith de Cornulier-Lucinière, reprend superbement, avec une rare subtilité, quelques-unes de ses intimes obsessions (2007). 4 Virtuose de l’affiche commerciale ou culturelle et dessinateur de presse magazines, il a obtenu de très nombreuses distinctions internationales en France -les campagnes publicitaires, entre autres, de Bally ou du Champagne de Castellane ont été brillamment primées-, mais aussi à Londres, Essen, Tokyo, New York... Alain Gauthier est aussi peintre et l’univers, très musical, de ses tableaux reflète la même atmosphère sensuelle et mystérieuse que ses œuvres sur papier. Il conjugue là aussi l’audace anachronique à une touche de surréalisme et à un onirisme profondément intériorisé. Avec, toujours, un sens subtil des demi-teintes, un talent particulier de la mise en page et une harmonieuse structuration de l’espace. Son oeuvre, qui rencontre Balthus, Delvaux ou Hammershoï, est une merveilleuse invitation au rêve éclaboussée d’humour taquin, lancée par un artiste de l’intime qui ne s’est jamais départi de sa modestie malgré une gloire internationale attestée par le prestige de nombreux prix. Des silhouettes élégantes de femmes dont les poses au hiératisme très étudié diffusent un érotisme contenu, troublants portraits de fillettes balthusiennes, vagues et mélancoliques, faussement chastes, comme absentes, à la séduction distante, petits garçons rêveurs, mystère de vies intérieures à peine devinées, le monde créé par Alain Gauthier, où l’humour et l’insolence trouvent aussi parfois leur place, est fascinant. Ainsi son malicieux Petit Train de ceinture fut-il la toile la plus admirée et, partant, la plus médiatisée, de l’exposition Pour adultes seulement... Le Petit train de ceinture Acrylique sur toile - 45/60 JK 5 6 Alain Gauthier Le Masque Carte postale - Edition C. VdC, 2005 Tirage 500 exemplaires Les Félins d’Alain Gauthier « Petit cri, petit cra Tu ne seras pas Le chat » C’est au-dessus de cette comptine des Papillons de Pimpanicaille (1980) qu’est reproduit, pour la faire malicieusement mentir, un auto-portrait d’Alain Gauthier en chat qui servira à Metz, en 1985, de visuel pour sa première rétrospective personnelle. Fortement influencé par les mains anthropomorphes d’André François, cet amusant dessin anticipe la place doucement surréaliste que les félidés, et en particulier les chats domestiques, prendront dans l’œuvre à venir d’Alain Gauthier. Car chatteries sensuelles et mystérieux félins se loveront un peu partout, avec délices, dans son monde élégant et sensible, dans ses illustrations, ses dessins de presse, ses peintures, ses affiches commerciales et culturelles... Femmes, chats, fauves, luxe et volupté... La filiation avec Baudelaire est évidente, d’autant plus que, chez Alain Gauthier aussi, couleurs et musique se répondent en subtiles correspondance, mais dans les brumes d’une nostalgie qui s’attarde, avec une joie parfois douloureuse, en pays d’enfance. En 2007, L’Art à la Page publiait dans sa collection Images Images, un fort intéressant abécédaire consacré à Alain Gauthier où l’on pouvait découvrir, à l’article Elisabeth, une maternité datée de 1964, une de ses plus anciennes peintures. Cette Vierge à l’Enfant est tout à fait exceptionnelle dans son iconographie. Et dans ses toiles, et dans ses illustrations, ainsi L’Artiste et son modèle du même abécédaire ou une superbe lithographie intitulée Le Masque, il s’inscrira plutôt dans la lignée de Jean-Baptiste Perronneau et de sa Fillette au Chat. En variation quelque peu iconoclaste sur ce thème du portrait de jeune fille avec un animal, un garçonnet, enfantloup, pose avec un chat noir enrubanné de rose sur un banc public (Nous, les loups). Dans Les Larmes du Monstre de Françoise Kérisel, Sibyl, la ravissante petite héroïne aux longs cheveux blonds ondulés, se console de la pluie, pelotonnée dans un confortable fauteuil violet, en câlinant un chat roux tigré figé dans son indifférence. La charmante Mouna aux cheveux longs ondulés, elle aussi, mais auburn (André Hodeir), partage son lit avec le même chat roux tigré aux yeux infiniment verts dont la queue se déploie en un énigmatique point d’interrogation. Car le chat partage bien des secrets, ceux de la mère, et ceux de sa fille (Alice ou les chemins de la mémoire). Compagnon de l’enfant, le chat est souvent présent dans son univers familier même si, la plupart du temps, il est absent du texte et même si le héros animal du livre est un chien (Moi Matthieu j’habite chez mon père et Un Chien de saison) … ou un loup : celui de Mon Chaperon rouge (Anne Ikhlef) tient un chat noir aux yeux dorés, ô combien démoniaque, sous le regard fasciné de la fillette dont la chevelure est toujours aussi longue et toujours aussi ondulée, mais rouquine, cette fois, perte de l’innocence oblige. Les broderies illustratrices d’Alain Gauthier ne sont guère esclaves des mots de l’auteur et recréent un monde parallèle très personnel qui n’est jamais redondant et où le chat a une existence indispensable. Le chat roux tigré, présent aussi dans la peinture d’Alain Gauthier, investit même son ombre (Images Images). Il allait de soi, alors, que ce serait la chanson de la Brave Margot «qui donnait la gougoutte à son chat» qu’Alain Gauthier choisirait d’illustrer dans le répertoire de Brassens ! 7 *L’Homme qui rêvait d’être un canapé ou La Nuisette rose Acrylique sur toile - 160 / 160 - Collection Alain Gauthier 8 C’est un témoin impénétrable, curieusement dépourvu de regard et de moustache, dont la queue est poétiquement remplacée par un croissant de lune, qui préside à une magnifique scène nocturne de Ma Peau d’âne (Anne Ikhlef). Dans une peinture intitulée L’Homme qui rêvait d’être un canapé ou La nuisette rose, il sort des canines menaçantes et hérisse un poil désapprobateur sous la caresse de la belle abandonnée. On ne peut s’empêcher de penser à cette surprenante Annonciation de Lorenzo Lotto où un chat, témoin effrayé de la scène, fuit devant l’Archange en faisant le gros dos tandis que la Vierge s’effarouche sous le double bras tendu du Créateur et de son messager. Témoin de la tristesse de Matthieu, il est, à l’encontre du chien fugueur, symboliquement emprisonné dans une cage d’oiseau. Attentif, il veille sur le sommeil de la reine du Miroir à deux faces. Témoin, et là aussi sans doute protecteur, le chat de La Fugue du Petit Poucet (première version), juché tel un sphynx gourmand, poisson en bouche, sur un pilier devant le pavillon familial, ou campé, immense, queue dressée, devant le lit des coquines ogresses. Singulièrement, il disparait de la seconde version du conte de Michel Tournier, grand amateur de chats lui aussi. Omniprésent, ce chat ! Dans Praliné en vogue, c’est lui qui, enrubanné de rose (Alain Gauthier aime les faveurs!), fait la pâtisserie. Dans Plexus N°15 (1968), la première publication connue d’Alain Gauthier, sur une page monochrome orange, une belle (Eve?) toute nue charme, de sa flûte enchanteresse, non un serpent paradisiaque, mais un chat littéralement médusé, yeux écarquillés, assis sur une chaise. Un chat ocelé est perché sur un arbre de la cour de récréation du Papillon de toutes les couleurs, cet album qui valut à son illustrateur le Prix Alphonse Daudet. Chat de cirque, il saute dans un cerceau de Images Images. Magnifiquement multicolore, il est magistralement juché sur un mur au-dessus de la célèbre affiche Bally qui valut un grand prix à son créateur (Qui est Prunella Banana ?). Joue rose et, encore, queue dressée (Qu’en penserait Sigmund?), il emprisonne un rat enrubanné dans les rayures bleues de son pelage en contrepoint de la comptine «Il y a un rat dans le grenier» des Papillons de Pimpanicaille, rappelant les barreaux de l’une des Cent vues d’Edo de Hiroshige. Dans une grande toile, Ô trouble, la queue d’un chat anthracite se déroule pour emprisonner un couple dans ses méandres. Il est aussi le véritable héros de l’une des Histoires de la Forêt profonde, celle de Simon. Jude, le matou aux yeux bleu-pâle et au pelage de nuit sans lune, guide un jeune garçon mélancolique dans un monde parallèle, onirique, où il va gagner l’amour de la belle et mystérieuse Monna. L’intrigue est de Jean Joubert, mais l’image au crayon gris d’Alain Gauthier déifie le félin en une idole tutélaire immense, semblable à une énigmatique statue khmer dont il partage la force tranquille. C’est à une autre initiation que nous convie le Double Je d’Alain Gauthier et de Michel Tournier dans Amandine ou les deux jardins où Kamicha(tte), la petite femelle à l’oeil au beurre blanc, la queue droite comme un cierge, va emmener religieusement l’héroïne dans le jardin mystérieux de l’adolescence. La connivence qui unit l’écrivain à l’illustrateur a donné naissance à un petit chef-d’œuvre de sensibilité et de poésie. Il est fréquent que les chats d’Alain Gauthier soient soumis à des métamorphoses. Alors, son pinceau ou son crayon peuvent donner libre cours à leur intelligence imaginative. Il en est ainsi dans Alice, l’un de ses albums les plus célèbres, où la disparition du souriant Chat du Comté de Chester devient un cadavre exquis iconographique. La première transformation des Avatars de Pilou est, nul ne s’en étonnera, en chat. L’enfant, déçu par ses relations familiales, souhaite «la vie rêvée des chats», ne pas aller à l’école, dormir toute la journée, n’avoir jamais le vertige, et même toucher les étoiles. On sait aussi l’attrait d’Alain Gauthier pour les loups-garous. Les êtres hybrides, mi-humains, mi-animaux le plongent dans une admirative perplexité. Aussi se plait-il à représenter de séduisantes therianthropes, telle la très 9 10 *L’arbre-gingembre (Jacqueline Kelen) Ipomée, 1985 Acrylique sur toile - 27 / 37,5 – encadré - Archives de l’artiste érotique panthère à pois de L’Arbre-gingembre, à la beauté cruelle. Rien à voir avec la mode des Fandom Furry des années 80. Ici, il n’y a aucune facilité graphique, et, bien évidemment, pas la moindre once de vulgarité. Tout est dans l’élégance, contenue, et même hiératique, comme dans l’affiche de la Place Vendôme tirée en lithographie. C’est cette noblesse des représentations et une intelligence qui n’exclut pas le lyrisme qui ont fait le renom de La Belle et la Bête où l’illustration d’Alain Gauthier ajoute aux textes conjugués de Jeanne-Marie Leprince de Beaumont et de Jean Cocteau des réminiscences de Gustave Doré. Un livre magnifique, servi par l’esthétique bibliophile des éditions Ipomée, où la métamorphose de la Bête en Prince se double malicieusement de celle de la Belle en chatte... Une grande harmonie dans tous ces livres, mais aussi dans les affiches où traînent nonchalamment quelques orgueilleux lions ou tigres, et les estampes où sommeillent quelques chats paresseux : Bastet était déesse de la musique. Elle a, sans aucun doute, guidé la main d’Alain Gauthier. JK *Alain Gauthier Place Vendôme Lithographie - Épreuve d’artiste N° 19/50 signée au crayon Alain Gauthier non datée 70 x 50 cm - Collection du Centre André François - Acquis en 2012 11 . 12 *Ma Peau d’âne (Anne Ikhlef) Seuil Jeunesse, 2002 Acrylique sur carton toilé - 38 / 55 - Archives de l’artiste Témoignages Christiane Abbadie-Clerc Conservateur en Chef honoraire des Bibliothèques Créatrice de la Bibliothèque des enfants à la BPI du Centre Pompîdou Janine Despinette Critique internationale Fondatrice du CIELJ Créatrice, avec son mari, Jean-Marie Despinette, du site Ricochet Nicole Maymat Ecrivain et éditrice Créatrice des Editions Ipomée Jean Perrot Professeur émérite de l’Université Paris XIII Fondateur de l’Institut Charles Perrault François Ruy-Vidal Ecrivain et éditeur (Harlin Quist, Grasset J, Delarge, Des Lires…) Découvreur de talents (Danièle Bour, Etienne Delessert, Jacqueline Duhême, Henri Galeron, Alain Gauthier, Michel Gay…) *Essai du visuel de l’exposition Félines, 2012 Crayon 13 14 *Alice aux pays des merveilles (Lewis Caroll) Rageot, 1991 Original de la couverture - Acrylique sur carton - 55 / 47 Archives de l’artiste Alain Gauthier ou L’extase du regard Arrêt sur image : le temps d’Alice s’est arrêté sur la rivière Isis. Isis déesse-mère, miroir du temps qui se fige sous l’écriture d’Alain Gauthier-Carroll-Nabokov. Toute une vie dans une bulle irisée, goutte d’eau qui condense dans sa loupe, l’univers des rêves nocturnes sur les plantes-feuilles sensuelles de livres libres. D’autant plus libres en pensées, que leurs figures se figent en jardins statuaires, forêts-temples où de lisses piliers laissent passer de troublantes paroles. La personnalité discrète d’Alain Gauthier au sourire malicieux, affichiste dans le « petit théâtre » des livres pour enfants, contraste avec l’univers flamboyant de ses images qui s’imposent dans une trajectoire fulgurante et immuable pourtant depuis le début des années 70. Il attire et détourne dans son univers visuel magnétique les grands classiques du merveilleux et de la littérature. Son voyage graphique, masqué par les symboles qui intériorisent ses sensations, est rythmé par ses coups de cœur pour François Ruy-Vidal et Michel Tournier, Nicole Maymat et Jean Cocteau, Jacques Binzstock, François David… entre d’autres, sans omettre les conceptrices de l’ « Art à la page » et bien sûr Janine Kotwica qui ont su privilégier une esthétique de l’idée dans l’image jubilatoire et activer, transmettre les précieux chemins de mémoire et leurs « trains de petite ceinture » ! Pâles poupées-papillons en extase, sous les ors de châteaux fantômes, les petites filles enchantent son imaginaire. Elles se mirent dans le regard et les pinceaux de leur pygmalion qui se pare de métamorphoses incessantes, tour à tour ange et démon, entre chat et loup, humain automate fondu dans le décor d’une fiction visuelle plus éloquente que le texte ou la lettre, annexée dans l’image. Alice, depuis toujours, Belle et sa Bête, Petit Chaperon-rouge et son loup, Peau d’Ane, Estelle… violon d’Ingres de leur créateur, elles se réfléchissent et se répondent dans un jeu de miroirs en abime, hiératiques, masquées, sphinx alanguies dans une petite mort qui est celle du plaisir toujours distancié et chaste à la lueur de la lune ou des bougies qui attisent le feu intérieur. Avec Alain Gauthier, c’est une pudique « histoire de l’œil » qui s’est invitée dans l’espace du livre pour enfant… éternel vert paradis qui est aussi celui d’amitiés professionnelles intenses, parfois simplement exprimées dans une dédicace. Les relectures de quelques-unes d’entre elles ont réveillé en moi une forte émotion. Entre Alice et les îles, deux balises lumineuses, les multiples odyssées et célébrations graphiques, exposées à partir de la Bibliothèque des Enfants de la Bpi au Centre Pompidou, entre les années 70 et 90, ont dessiné mon univers mental hanté par ces mythes fondateurs qui revivent parfois de manière subliminale, à travers leurs « imagiers » démiurges que leur modestie rend parfois invisibles. Par la grâce d’une fragile feuille volante cachée entre les pages d’ « Alice » revisitée avec une liberté inouïe par Alain Gauthier, j’ai retrouvé pour écrire ces lignes, le message secret de l’ami, un trait libre et intime que sa peinture ne laisse pas toujours soupçonner, un humour tendre et décalé. 15 Alice aux pays des merveilles (Lewis Caroll) Rageot, 1991 16 Qu’il me pardonne de le dévoiler ainsi et de le partager, en gage de mon admiration. Le poignet du dessinateur au premier plan est celui du narrateur dont le regard collectionneur proche de Nabokov se focalise à travers une loupe sur une petite fille-papillon capturée dans sa boîte… Cette écriture-là, éphémère, est sans doute la plus belle et la plus mélancolique, en ce qu’elle capte une pensée fugitive, celle du désir transcendé par la création. Mon chaperon rouge (Anne Ikhlef) Seuil Jeunesse, 1998 Christiane Abbadie-Clerc 17 *Moi, Matthieu, j’habite chez mon père (Françoise Kérisel) Ipomée-Albin Michel, 1991 Acrylique sur carton toilé - 35 / 27 - Archives de l’artiste 18 Alain Gauthier, du côté des Jardins secrets de l’Enfance Arrive pour un artiste le temps des expositions en rétrospective de l’œuvre créée au fil des années. Depuis qu’a paru, dans la collection Images Images, l’Alain Gauthier publié par la Galerie de L’Art à la page, la critique que je suis s’interroge souvent sur les 47 mots et les 47 images inédites choisies pour représenter Alain Gauthier, en marge d’une exposition itinérant à travers la France et évoquant son regard sur la part de sa recherche graphique consacrée à l’illustration. Alice au pays des merveilles de Lewis Carroll, La Belle et la Bête de Madame Leprince de Beaumont, mais aussi Qui est Prunella Banana ? de Clotilde Bernos, L’Arbre-gingembre de Jacqueline Kelen, Zizou artichaut coquelicot oiseau de Jean Chalon, Moi, Mathieu... j’habite chez mon père de Françoise Kerisel, Est-elle Estelle ? de François David, des titres évocateurs pour moi, aussi, de mes chroniques au fil du temps dans la revue Loisirs Jeunes, informations hebdomadaires pour les lecteurs parisiens… Alain Gauthier peintre d’affiches reconnu dans le monde entier, accumulant les Grands Prix en ce domaine - une affiche Paris-Tokyo entrée au Musée d’Art Moderne de Paris, celle du Prix d’Amérique à la Pinacothèque de Munich -, a cultivé l’art de la relation entre une idée et sa représentation visuelle. Mais, parfois, comme André François il a, aussi, regardé du côté des Jardins secrets de l’Enfance… Il a accepté de se laisser prendre aux propositions des jeux de métamorphoses des « littéraires » fabulateurs classiques ou modernes. Et chaque fois, de toute évidence, il cosigne l’œuvre qui sera publiée. Il a 60 ans lorsqu’il nous offre son Alice liée à la traduction du texte intégral de Jacques Papy. L’Alice qui parait en 1991 chez G.T. Rageot est son Alice autant que celle de Lewis Carroll car il en a assuré même la conception graphique avec Gilbert Guedon. Il la présente comme un légitime hommage d’un homme adulte en paiement de sa dette envers l’œuvre de Lewis Carroll dont la lecture dans son enfance a laissé tant d’empreintes en lui, dit-il, qu’il la considère intimement liée à sa propre thématique en peinture. Apprendre qu’il menait, en même temps, la création de Moi Matthieu... j’habite chez mon père écrit par Françoise Kerisel (publié chez Ipomée) nous révélait aussi combien la création d’un livre illustré, qu’il soit ou non pour enfants, semble associée aux propres émotions et interrogations d’un artiste face à la Vie. Et, comme l’écrivait Christiane Abbadie-Clerc, Moi Matthieu pourrait être une « robinsonnade » d’une certaine manière symétrique au Voyage au Pays des Merveilles carrollien, rétablissant l’équilibre masculin-féminin de l’univers enfantin dans l’œuvre d’Alain Gauthier. Dans tous les livres illustrés par lui, en créant son propre rythme de rêverie éveillée créatrice d’images, il a fait sienne, il est vrai, la logique du sens des mots de Lewis Carroll et de la représentation du désir comme alibi de la perception de l’angoisse de vivre enfantine et adolescente. Je l’ai écrit, ailleurs, mais je le répète encore, ici, « les petites filles de craie, les personnages à l’élégance figée des mannequins des Ateliers d’accessoiristes pour Publicité de commerce de Luxe, signent les illustrations de l’artiste Alain Gauthier autant que son nom ». Dans les livres illustrés par lui la mise en page du Texte prévoit les arrêts sur Images parce que ses Personnages aux gestes suspendus, en captant notre regard et notre attention, rétablissent la distance entre nous, les lecteurs, et la Fiction du récit écrit et à lire. Ses Images sont spectaculaires et les acteurs du Spectacle offert par lui, Alain Gauthier, à commencer par Alice, y jouent un jeu de rôles, masqués, dont nous pourrions peut-être trouver la référence dans la symbolique surréaliste. 19 20 *La fugue du Petit Poucet (Michel Tournier) Editions GP, 1979 Acrylique sur carton toilé - 34 /25 x 2 - Archives de l’artiste Il s’est toujours reconnu comme le type même du peintre qui se raconte, acceptant de se prendre aux propositions des jeux de métamorphoses dans les Contes pour que de jeunes lecteurs puissent, à leur tour, en percevoir tous les non-dits. En illustrant La Belle et la Bête, l’un des plus beaux livres de l’année 1988, avec son double texte, la prose de Madame Leprince de Beaumont et les dialogues de Jean Cocteau faits pour le film qui est l’un des trésors de la Cinémathèque française, et aussi La Fugue du Petit Poucet de Michel Tournier (GP, 1980), avec ses dessins, à la limite de l’hypersophistication de sensualité, le peintre et graphiste qu’est Alain Gauthier a su, aussi, être dans le domaine de la Littérature en couleurs l’un de ceux qui conduisent le mieux parents et enfants aux joies des lectures partagées. Janine Despinette Couverture de La littérature en couleurs, François Ruy-Vidal, Production SPME avec le concours de Loisirs Jeunes 21 *La Belle et la Bête (Madame Leprince de Beaumont, Jean Cocteau) Ipomée, 1988 (Jardins secrets) Acrylique sur toile - 41 / 33 x 2 - Archives de l’artiste 22 Alain Gauthier et ipomée Alain Gauthier ? Il est arrivé sur une carte postale qui se terminait pas ces mots : « La balle est dans votre camp. ». On était en 1984… Fierté d’ipomée d’être reconnu par un « grand »… C’est que ce Monsieur avait déjà illustré Tournier, Joubert, Garcia Marquez, Sabatier et quelques autres… Ses affiches se retrouvaient dans les musées du monde entier. Surprise d’ipomée, lors de leur première rencontre, devant son aimable réserve et cette pointe de doute que l’on retrouve aux détours de ses mots. Sourire devant ses illustrations à l’humour subtil et parfois inquiétant. Rire devant ses pirouettes et ses détournements inattendus. Émerveillement devant la délicatesse et la transparence inimitable de ses couleurs, la construction déconcertante de ses images. L’Arbre-gingembre (Jacqueline Kelen) La Belle et la Bête, (Jean Cocteau, Madame Leprince Beaumont) Moi Matthieu, j’habite chez mon père (Françoise Kérisel), Prunella Banana (Clotilde Bernos) … Alain Gauthier ?… C’est le mystère. Le non-dit. L’amitié. Fidèle. Le plaisir donné par une image belle à voir et à décrypter. Alain Gauthier ?… On le dirait toujours sur le point de… Dire ? Faire ? Aimer ? Et si c’était là, justement, son lieu de prédilection ? Cette vibration ténue, cette émotion suscitée par le regard de ses femmes-enfants, simplement traduite par le tremblement d’un doigt au bord des lèvres… Vous voyez bien que c’est un « intrigant ». Un point d’interrogation ? Nicole Maymat 23 *La Belle et la Bête (Madame Leprince de Beaumont, Jean Cocteau) Ipomée, 1988 (Jardins secrets) Acrylique sur toile - 41 / 33 x 2 - Archives de l’artiste 24 Les yeux bleus d’Alain Gauthier Johannes Itten dans Art de la couleur établit un rapport entre la couleur des yeux et les traits physiques d’une personnalité permettant de définir les caractéristiques d’une œuvre graphique. Sans vouloir le suivre dans cette appréciation hasardeuse, on ne peut manquer d’être frappé par l’acuité du regard et par les yeux d’un bleu lumineux d’Alain Gauthier. Des yeux qui s’ouvrent en permanence sur le rêve éveillé d’un poète surréaliste, sur une malice bon enfant et qui transportent le lecteur-spectateur dans un monde onirique sans égal. Considérons la couverture qu’Alain a réalisée en 1991 pour le volume Jeux graphiques dans l’album pour la jeunesse : on y voit un personnage féminin rappelant Alice avec son innocente collerette de dentelle, sa chair claire et le sérieux tragique de son visage impassible : elle a le maintien d’une élégance retenue, mais elle tient à la bride et chevauche un cheval à tête d’homme qui pourrait bien être Lewis Carroll. Et il s’agit d’un cheval à bascule dont le support n’est autre que l’arc-en-ciel où le bleu et le rouge dominent et se conjuguent. Va et vient du désir et envolée permanente vers les cintres d’un théâtre de la sensation sublimée. Couple mythique qui hante toute la création de l’artiste. Mais, remarquons le détail, les sourcils des deux partenaires sont deux petits arcs bleus qui se répondent. Alice, « objet de toutes mes attentions », écrit Alain dans Images Images en 2007: la Belle va croiser l’arc-en-ciel à dominance jaune de la Bête, revêtir le bandeau noir de colin-maillard et un masque plus obscur encore dans l’alphabet de la biographie. Mais rassurons-nous, sous le masque plâtreux, le bleu des sourcils est toujours vivace, les pommettes roses et la bouche rouge pour absorber le ciel assombri : « Prime jeunesse. Fraîcheur et rosée du matin » ! Laconisme du poète ! Les ressources et les voies de la création, comme de la nature matinale, sont infinies... Jean Perrot 25 26 *Les papillons de Pimpanicaille (François Ruy-Vidal) Ed. de l’Amitié, 1980 Acrylique sur carton toilé - 35 / 27 - Archives de l’artiste Alain Gauthier, le langage du diable En remontant dans le souvenir que j’ai gardé de la deuxième moitié des années soixante, je sais que ma première rencontre avec Alain Gauthier s’est faite par l’intermédiaire de mon goût pour les affiches. Un goût que j’avais pu satisfaire pleinement lors de ma première visite à Paris, alors que j’avais vingt ans, en été 1951, à la fin de mon voyage de fin d’année de formation, en Savoie, une fois mon certificat d’aptitude pédagogique en poche. Paris, où les affiches en tous genres abondaient (publicités commerciales, de cinéma, de théâtre, de musique) et où que mon regard se tourne, je pouvais, pour peu qu’on soit atteint comme moi d’un désir de savourer et de comprendre les images, en découvrir de toutes sortes et jusqu’à satiété. Elles étaient là, offertes à mes regards, dans les couloirs de métro, dans les abribus, parfois sur des pans de murs entre deux immeubles collées sauvagement et illégalement ou bien réglementairement et en bon ordre sur les panneaux d’affichage prévus à cet effet... Un plaisir que je retrouvais intact, plus de dix ans après, une fois installé définitivement dans la capitale et déterminé à la découvrir à pied, avec la même gourmandise de lecture, toujours disposé à consacrer à ce ravissement, en marchant mais au vol, la plus grande partie de mon temps au hasard de mes déplacements ou de mes promenades. Moi qui, dans mon enfance, avais longuement rêvassé sur les affiches de voyage de Paul Colin ou de Cassandre, retrouvais en celles d’Alain Gauthier, la même esthétique allusive, sobre et raffinée, faite de synthèse graphique et de formes élégantes, qui happait le regard, le captait, pour le renvoyer ensuite, mais c’était accessoire pour moi, vers la cible publicitaire visée, en suscitant en moi en raison de l’harmonie sensuelle qui s’en dégageait, la même charge d’émotion et de plaisir. Je veux dire par là que, comme Tomi Ungerer et comme André François, Jacques Carelman, Alain Le Foll ou Jacques Le Scanff, artistes à part entière, je ne rangeais pas particulièrement Alain Gauthier dans la catégorie des illustrateurs, et encore moins parmi les illustrateurs pour enfants, mais plutôt dans celle des affichistes et des artistes contemporains classés pour adultes. Tout en n’oubliant pas cependant qu’André François et Tomi Ungerer, sans avoir fait de concession au genre, avaient mis leurs talents à illustrer aussi des livres pour enfants et qu’Alain Le Foll et Jacques Le Scanff peintres, affichistes et plasticiens, étaient les illustrateurs attitrés de la collection La Bible racontée aux enfants, initiée par le Père Cocagnac, directeur du département pour la jeunesse aux Éditions du Cerf, avec qui je sympathiserais plus tard, tout en m’affrontant amicalement à ses conceptions pour conforter les miennes. En somme je peux dire, puisque mes options bien déterminées étaient de ne pas avoir recours à des illustrateurs spécialisés du genre livres pour enfants, qu’Alain Gauthier entrait de plain-pied dans la catégorie des artistes que j’aurais bien aimé solliciter. Encore que, comme après chaque nouvelle 27 28 *Un chien de saison (Maurice Denuzière) Ed. de l’Amitié,1979 Acrylique sur carton toilé - 33 / 24 - Archives de l’artiste rencontre et comme un cas de figure, il resterait néanmoins, après nous être rencontrés, à vérifier si notre prise de contact nous donnait envie de faire un bout de chemin ensemble et, condition sine qua non pour moi, que la personne en question n’ait pas d’idées préconçues, de répulsion ou d’allergie contre le genre «livres pour la jeunesse», puis que nous puissions avoir assez d’empathie et d’affinités à échanger pour envisager ensemble, le partage et la mise en commun d’un projet. Quel que soit ce projet. [...] Je vis... Alain Gauthier pour la première fois chez Jean-Pierre Declozeaux, dans son appartement de l’impasse d’Alésia, un soir de printemps autour d’un repas assez gargantuesque préparée par son épouse Marie-Claude. Il y avait de la joie autour de la table. L’ambiance était amicale et on était heureux de se découvrir et d’apprendre à se connaître. D’Alain Gauthier, accompagnée de sa douce Elisabeth, je ne vis pourtant, autant que je me souvienne, que les yeux. Des yeux d’un beau bleu profond. Embués et nacrés par un voile intérieur diaphane donnant à son regard mansuétude, indulgence et compréhension, accompagné d’une sorte de caresse inconsciente lorsqu’il le posait sur les gens. Il entra dans mon univers immédiatement et je suppose que nous nous reconnûmes et que ce fut réciproque. Je peux dire que nous comprîmes que nous portions le même regard attentivement observateur, compatissant et curieux, avide de comprendre et de connaître, sur les êtres, les bêtes, les objets et sur toutes choses. Il avait ce regard à la fois furtif et scrutateur d’un œil qui survole et pourtant envisage en profondeur mais sans violence et sans dévisager vraiment, comme si ce regard qui passait sur les choses obéissait à un sonar évaluateur, sélectif et enregistreur de son cerveau. Le regard d’un œil alerte, ailé, d’un papillon se nourrissant et faisant son miel de-ci de-là, toujours en quête d’un mouvement de vie ou d’une expression à saisir, voire à dérober comme le ferait un épervier pillard. Un œil critique, tendrement critique, qui comprenait et synthétisait sans besoin d’analyser. Qui enregistrait et faisait la part des choses, sans condescendance mais sans concession non plus. Qui semblait voir le dessous ou l’envers des choses et s’en étonnait à peine. [...] Très peu de mots ont été échangés entre nous lors de cette première rencontre. Et très peu de mots par la suite. Nous n’en avions pas besoin. Il me semble même que, pour ce qui était de nos manières de voir et de concevoir nos livres, notre entente se passa de mots. Je n’avais qu’à lui apporter un projet, un projet spécialement choisi pour lui, pour qu’il le prenne et que ses yeux commencent à briller. Je suis donc intimement persuadé qu’il comprit, pour sa part, la résonance et les émotions que ses créations suscitaient en moi. Qu’il comprit mon attachement. Qu’il sut que j’admirais son travail et que je le remerciais d’être tel qu’il était. Et, à son côté, omniprésente quoique presque transparente, veillait son épouse, Elisabeth. Discrète, presque effacée, nous observant d’un regard intense. Je crois qu’elle m’avait admis d’emblée et me faisait confiance. Par l’attitude et la réserve, par l’intensité du regard, elle ressemblait à mon épouse. C’était un autre point de rapprochement entre nous... 29 Brave Margot Georges Brassens (François Ruy-Vidal) Alain Pierson, 1977 30 Ma relation avec Alain Gauthier était plus amicale et plus franche que celles que j’entretenais en général avec les illustrateurs... Je me souviens bien des conversations que nous eûmes après nos deux premières rencontres… , des questions que je lui posais et des réponses que je lui faisais pour exposer et détailler ma philosophie d’édition, en insistant particulièrement sur ma foi pédagogique, pour qu’il comprenne bien que cette foi n’était pas dogmatique et que je n’avais pas l’intention de lui demander en rien de changer sa manière, artistique, de réaliser des illustrations à l’intention des enfants. C’était devenu pour moi une litanie : il devait faire confiance en ces capacités innées et intuitives des enfants de percevoir, derrière ce qui était montré et représenté par les artistes de l'intelligibilité des réalités du monde, que ce soit en écrits ou bien en images, ces zones de l’indicible qui ne pouvaient être que suggérées, esquissées et ébauchées, – « dévoilées » selon Jean-Paul Sartre – dans le sous-texte et l’intertexte, ou dans l’en-dedans des images et qui, à la lecture, si l’artiste les y avaient mises, seraient pressenties subliminalement d’abord, par ces zones irrationnelles de notre cerveau. Je lui disais aussi qu’il ne devait pas se croire obligé d'être absolument fidèle et "assujetti" aux données du texte, qu’il s’agissait d'enrichir l'œuvre littéraire qui lui était confiée par une œuvre illustrée équivalente, aussi importante en place, en valeur et en signification, que celle que proposait l'auteur lui-même. Qu'il ne s'agissait pas, simplement d'accommoder, par un habillage visuel, sorte de costume de parade, un texte considéré comme valeur essentielle – ce qui était habituellement le cas auparavant dans l'édition traditionnelle pour enfants – mais de réaliser, face au texte, ou en contrepoint de celui-ci, un équivalant graphique et iconique, qui pouvait aller jusqu'à contredire ou concurrencer les données du texte : une œuvre conjointe certes, se rapportant aux thématiques ou au climat du texte, mais une œuvre à part entière tout de même. [...] A l’issue de ces entretiens à bâtons rompus où Alain m’en apprenait autant que je lui en apprenais, j’obtins un texte de Jean Chalon, journaliste au Figaro littéraire qui me semblait correspondre, en potentialités diverses, perçue intuitivement, à celles que j’avais pressenties en Alain Gauthier. Et comme Jean Chalon, pourtant homme méticuleux et un brin suspicieux m’avait donné carte blanche pour le choix de l’illustrateur de son texte, je le proposais comme première expérience à Alain Gauthier. Je n’avais pas l’impression de prendre des risques et je peux même dire que j’y allais de confiance et sans hésitation. La première étape franchie, il n’en restait pas moins à attendre la sanction des gens de métier mais je ne fus pas déçu car, une fois le livre réalisé (Zizou, artichaut, coquelicot, oiseau), je peux me flatter de dire qu’il remportait, à l’inverse du peu d’enthousiasme que suscitaient les originaux épars d’Alain Gauthier, tous les suffrages. 31 Pour moi, ce fut même une victoire, car les expectatives de ceux qui m’entouraient chez Grasset et suivaient la réalisation des livres depuis les projets déposés (Jean-Claude Fasquelle, Bernard Privat, Monique Maillot...) étaient plutôt peu encourageantes pour ce livre. Aussi, le double succès qu’il remporta, d’estime auprès des critiques, et de librairie sur le plan commercial, me vengea quelque peu de toutes les remarques pessimistes que j’avais entendues. Au point que Jean-Claude Jacquin, le directeur des représentants chargés de placer les offices en librairie, qui prétendait ne pas trop «sentir» le style d’Alain Gauthier fut bien forcé d’en rabattre et de m’avouer qu’il s’était trompé. Pour moi, la démonstration était faite et je pouvais sans hésiter confier à Alain Gauthier un autre livre. Entre-temps, nous voyant plus souvent, nous avions appris à nous connaître et nous appréciant mieux l’un et l’autre, je pus avoir le plaisir d’être invité chez lui et d’admirer ses tableaux, toutes les affiches publicitaires qu’il avait réalisées et celles qui étaient en projet ou qui avaient été refusées. Je pus ainsi mieux expliquer la fascination qu’exerçait sur moi la tonalité particulière de ses illustrations et leur composition, toujours à l’identique quels que soient les sujets, en aplat, à la manière des icônes russes, sans perspective ou avec une perspective en trompe-l’œil, les motifs étant au premier plan dans un éclairage uniforme. Repensant à une phrase d’André Malraux, que j’avais retranscrite dans les années cinquante, à propos de la peinture en général et des tableaux de Fra Angelico en particulier, je remarquai alors qu’Alain Gauthier, selon une approche et une conception de peintre plus que d’illustrateur, grâce à une parfaite maîtrise technique de la gouache acrylique qu’il utilisait et grâce surtout à sa gamme de couleurs, subtile et délicatement nuancée, où dominaient des tons de roses, de parme et de bleus intenses, tandis que d’autres étaient plombés de gris et de bistres, le tout étant assorti et contrebalancé par des blancs d’albâtre et de nacre, obtenait aussi des matités qui, à l’œil, indépendamment des touches de lumière dictées par l’angle d’éclairage qu’il avait choisi, irradiaient d’une sorte d’opalescence intrinsèque. Une lueur indépendante de l’angle d’éclairage choisi, qui résultait certainement de la matière même dont Alain Gauthier se servait, de ses fonds et des sous couches de préparation, des contrastes subtils de ses gammes de couleurs et de la composition de ses ensembles qui, forcément, parce qu’inexplicable à première vue, ne pouvait paraître que diabolique puisqu’elle était saisie plutôt par nos centres émotionnels que par ceux du raisonnement de notre cerveau. [...] C’est en 1977, alors que je venais de publier, le deuxième livre d’Alain Gauthier Les avatars de Pilou écrit par Jean Joubert, aux Éditions Universitaires/Delarge, que Marie-Hélène About m’appela pour me demander si je ne voyais pas d’objections à ce qu’elle sollicite Alain Gauthier pour illustrer un nouveau texte de Michel Tournier. «Non, bien sûr, lui répondis-je un peu étourdiment, puisque ça ne peut que mieux établir la notoriété d’Alain Gauthier et que je ne peux rien refuser à Michel Tournier.» 32 J’ignorais alors que le livre qu’elle avait en tête et qu’elle se préparait à publier aux Éditions G.P. traitait du même sujet que j’avais traité en 1974 : Le Petit Poucet. Aussi, découvrant le pot aux roses en somme lorsque La Fugue du Petit Poucet, en 1978, parut et qu’il fit grand bruit dans le landernau des livres pour la jeunesse, je considérai qu’il était une suite et un pendant à la version que j’avais publiée moi-même chez Grasset, quatre années auparavant. Bien que, comme l’auteur de cette douce mais sulfureuse Fugue... me le fera remarquer, la première fois où je le rencontrerai vraiment – à une séance débat organisée par Marc Soriano avec des étudiants de l’Institut des Hautes Études en Sciences Sociales autour du Roi des aulnes où il m’avait exceptionnellement invité – il estimait que je n’étais «pas allé assez loin dans la modernité» de ma retranscription du conte célèbre de la tradition orale et de la version classique de Charles Perrault. [...] Alain Gauthier et moi, réalisâmes plusieurs livres ensemble, publiés dans plusieurs maisons d’édition, sans jamais nous heurter et, pour ma part, sans jamais avoir été déçu. Sans jamais avoir eu à désapprouver une quelconque de ses initiatives ou de ses hardiesses. Je suppose qu’il savait, parce que j’avais confiance en lui, que je ne remettrais jamais en question les points de vue qu’il aurait choisis et, qu’avant d’être critique, j’étais surtout naïvement curieux de ce qu’il oserait. Je n’avais aucune raison d’être anxieux puisque j’étais pleinement convaincu que ce que j’avais perçu dans son regard, cette mansuétude caressante et compatissante, sublimerait tous les sujets qu’il aborderait et particulièrement ceux qui auraient pu, exprimés par d’autres, paraître grossiers, vulgaires, triviaux ou libidineux. Il y avait de l’élégance et du raffinement dans toute son œuvre. D’ailleurs, tous les constats que j’ai pu faire par la suite, à la pratique de ses livres avec des enfants par exemple, ou avec des prescripteurs pointilleux, ont toujours confirmé ces intuitions que j’avais de lui. Je me souviens particulièrement de cette cascade de rires étouffés que déclenchaient, chaque fois que j’ai eu l’occasion de les montrer aux enfants, les illustrations qui accompagnaient les comptines du recueil grand format que je publiai aux Éditions Hatier/L’Amitié. Celle particulièrement du père soulevant les jupes de sa fille pour lui administrer une fessée – « Mon père, fouettez-moi ! », disait le texte – où on ne voyait plus, dans le motif d’ensemble, que les fesses rebondies de la fillette qui se faisait tanner par un père, hilare et rubicond, à qui Alain Gauthier avait donné le visage de la vache qui rit... Les papillons de Pimpanicaille (François Ruy-Vidal) Ed. de l’Amitié, 1980 33 Un chien de saison (Maurice Denuzière), Ed. de l’Amitié,1979 Puis, dans Les avatars de Pilou de Jean Joubert, je me souviens aussi de la connivence enfantsadultes, garçons et filles, qui s’établissait lorsqu’on arrivait à une certaine page où on retrouvait cette même fillette, ou une de ses sosies, belle, lisse et radieuse – car la plupart d’entre elles avaient les mêmes joues roses, les mêmes yeux clairs, et le même regard brillant et finaud de sa fille Bénédicte et de l’ingénue classique, celui d’Agnès de L’école des femmes – épiée et convoitée d’un peu trop près, avec insistance même, par des cygnes aux longs cols insinuants. Il fallait être moine ou nonnette pour ne pas sourire et s’attendrir à ce genre de malice ! [...] Quand je repense aux illustrations des livres d’Alain Gauthier celles que j’ai eu le bonheur de publier et celles des confrères et consœurs qui l’ont publiés après moi, ce sont toujours les mêmes illustrations qui me reviennent en tête, gravées dans ma mémoire et inoubliables : ce petit élève besogneux, trop studieux – Le petit Jésus s’en va-t-à l’école – Sisyphe gravissant son Golgotha en portant sa croix sur son épaule... , ce Chien de saison de Maurice Denuzière, venu se poster près du téléphone pour entendre la voix de ce maître de remplacement, célibataire, qui n’avait cessé de rechigner avant d’accepter à prendre soin de lui pendant une absence de ses maîtres habituels, mais qui, progressivement, avait fini par convenir qu’il ne pouvait plus se passer de lui... Et puis il y a, bien sûr, l’illustration de Margot, celle qui accompagnait, dans le répertoire des chansons de Georges Brassens que j’ai publié chez Alain Pierson, la chanson où elle dégrafait son corsage « pour donner la gougoutte à son chat »... et enfin la plus belle, la plus poétique, une véritable affiche, merveille d’équilibre, de dynamisme, et d’accroche, la couverture des Papillons de Pimpanicaille, idéale pour appâter le regard et le retenir, le modèle des couvertures, celle qui, parmi toutes les couvertures de livres que j’ai publiés, est bien la plus efficace et la plus aboutie. Je ne serai pas honnête dans cet éloge si je n’évoquais pas aussi ses tableaux. Encore que je sois persuadé de n’avoir pas tout vu. L’un d’eux pourtant retint particulièrement mon attention. Au point, chose rare, moi qui ne suis pas collectionneur, d’être obnubilé par l’idée de le posséder et donc de l’acheter. J’aurais fait, si j’avais pu, n‘importe quoi pour l’avoir. Mais je m’étais, à l’époque, engagé à rembourser les dettes laissées par la première société Harlin Quist et n’avais pas un sou disponible. Ce tableau me hantait presque... Plus tard, Alain Gauthier, à qui je n’avais pas caché mon emballement, m’offrit une copie réduite de ce tableau (acheté par mon amie Julie Saget). Copie qui est toujours accrochée à un des murs de mon appartement, que je regarde souvent et qui me séduit toujours autant. Il représente une drôle 34 François Ruy-Vidal Extraits de Un parcours d’ambitions simples Relu fin mars 2012 *Les avatars de Pilou (Jean Joubert) Delarge, 1977 Acrylique sur carton toilé - 35 / 27 x 2 - Archives de l’artiste Alice aux pays des merveilles (Lewis Caroll), Rageot, 1991 de triplette en virée. Celle de trois jeunes mâles impavides qu’on pourrait dire masqués qui transporte un précieux fardeau. L’un affublé d’une tête d’oiseau, l’autre de lapin et enfin le troisième, chose inattendue et inexplicable, vêtu d’un beau rouge capucin, coccinelle sans ses pois, avec des oreilles d’un noir de jais, qu’on pourrait croire à première vue échappé d’une création de Walt Disney alors qu’il semble plus vrai que l’original : Mickey en personne. Tous trois soutenant et portant sur leurs épaules comme on porterait une chasse, un trophée ou une statue de marbre : une nymphette au corps gracile mais dévitalisé, blanc nacré comme de l’albâtre, tandis que brille dans son visage, au teint fardé et aux joues roses, auréolé d’une longue chevelure auburn retenue par un large nœud de ruban bleu ciel, des yeux pétillants d’expectative et de vitalité... 35 Bibliographie Livres illustrés par Alain Gauthier L’homme au sable (E.T.A. Hoffmann) Chaix-Desfossés-Néogravure, 1969 (le fil d’Ariane) Zizou, artichaut, coquelicot, oiseau (Jean Chalon) Grasset J, 1974 Les avatars de Pilou (Jean Joubert) Delarge, 1977 Au jardin public Editions de l’Amitié, 1979 (Animagier) La fugue du Petit Poucet (Michel Tournier) Editions GP, 1979 Un chien de saison et la philosophie dans le chenil (Maurice Denuzière) Ed. de l’Amitié, 1979 Mouna et le petit fantôme (André Hodeir) Ed. de l’Amitié, 1980 (Rose et noire) Les papillons de Pimpanicaille : comptines et formulettes d’ici, de là-bas et d’ailleurs (François Ruy-Vidal) Ed. de l’Amitié, 1980 Le voleur du Tokaïdo (Katherine Paterson) Ed. de l’Amitié, 1983 Histoires de la forêt profonde (Jean Joubert) Ecole des loisirs, 1984 L’Arbre-gingembre (Jacqueline Kelen) Ipomée, 1985 Verts paradis Magnard, 1986 (Atelier nuaginaire) La Belle et la Bête (Madame Leprince de Beaumont, Jean Cocteau) Ipomée, 1988 (Jardins secrets) Praliné en vogue (Ulrich Klever) Munich - Mosaik Verlag, 1988 Les larmes du monstre (François Kerisel) Messidor, 1990 Alice aux pays des merveilles (Lewis Caroll) Rageot, 1991 Moi Matthieu, j’habite chez mon père (Françoise Kérisel) Ipomée-Albin Michel, 1991 Le papillon de toutes les couleurs (Didier Daeninckx) Scandéditions, 1993 Le miroir à deux faces (Michel Tournier) Seuil J, 1994 Drogs la Menace contre Drag la Vie (Florence Marie) Ed. Jeanne Develle, 1995 Qui est Prunella Banana ? (Clotilde Bernos) Ipomée-Albin Michel, 1996 Mon chaperon rouge (Anne Ikhlef) Seuil J, 1998 La vache bleue (Yvon Mauffret) Liv’éditions, 1999 (Létavia Jeunesse) Bleu de peur (Sarah Cohen-Scali) Rageot, 2000 (Cascade-Contes) Ma Peau d’âne (Anne Ikhlef) Seuil J, (2002) Est-elle Estelle ? (François David) Motus, 2002 Alice ou les chemins de la mémoire L’Art à la Page, 2005 (Livre d’artiste) Images images L’Art à la Page, 2007 Nous les loups (Edith de Cornulier-Lucenière) Bilboquet, 2007 36 Participation à des ouvrages collectifs Plexus : interdit au moins de 18 ans N° 15 (directeur Louis Pauwels) « Art érotique » par Alain Gauthier ; autres participants : Moraes, Jacques Mousseau, Bernard Thomas, Emil Perauer, Pierre Restany, François Chevais, Esspé, Anna Gaël, Claude Valin, Topin, Catherine Cliff, Yves de Saint-Agnès, Pol Quentin, F.K. Waetcher, G.K. Chesterton, Mitschké, Max Walter Svanberg, Neüssus, Wolinski, Guillois, Pichon, Jacques Sternberg Publications L.P., 1968 Histoire du Prince Pipo et de la Princesse Popi (Pierre Gripari) avec Boiry, Gérard Brun, Robert Constantin, Jean-Marie Gauthier, Bernard Girodroux, Gérard Hauducoeur, René Hausman, Claude Lapointe, Alain Letort, Jean-Claude Marol, Michel Trichet Grasset J, 1976 - Rééd., 1990 Georges Brassens (François Ruy-Vidal) Ill. d’Alain Letort, Gérard Hauducoeur, Bernard Durin, Serge Cecarelli, Bruno Raffaelli, Claude Lapointe, Alain Gauthier et Jean-Michel Folon (Couverture) Alain Pierson, 1977 Claude Nougaro 94 chansons : A mort et à vie (François Ruy-Vidal) Ill. de Fabrice Boissière, Serge Ceccarelli, François Garcia-Panzani, Alain Letort, Alain Gauthier, Gérard Hauducoeur, Frédéric Joos, Bernard Reyboz, André Vial, Sato Yamamoto et Daniel Jan (Couverture) Ed. de l’Amitié, 1979 Tino Rossi, premières chansons : de « Amapola » à « vole, colombe (François Ruy-Vidal) Ill. de Serge Ceccarelli, François Garcia-Panzani, Alain Letort, Alain Gauthier, Olivier Renou, Gloria Spontex, Nicolas Vial et Sata Yamamoto (Couverture) Alain Pierson, 1982 25 Chansons de Léo Ferré : de « Saint Germain des Prés » à « Avec le temps » (François Ruy-Vidal) Ill. de François Garcia-Panzani, Alain Gauthier, Nicolas Guilbert, Alain Letort, André Vial, Nicolas Vial, Sato Yamamoto, Reynald Destrez, Olivier Renou et Bernard Durin (Couverture) Alain Pierson, 1982 25 Chansons d’Edith Piaf (François Ruy-Vidal) Ill. De Alain Gauthier, Nicolas Vial, Alain Letort, Gloria Spontex, François Garcia-Panzani, Serge Ceccarelli, Sato Yamamoto (couverture) Alain Pierson, 1983 20 Chansons françaises, tome 1 De 1866 à 1962 : Du « Temps des cerises » à « Et maintenant » (François Ruy-Vidal) Illustrations d’Alain Letort, Raymond Busillet, Tito Topin, Robert Constantin, Alain Gauthier, Rosine Daems, Serge Ceccarelli, Jean-Jacques Maquaire et Savignac (Couverture) Alain Pierson, 1983 20 Chansons françaises, tome 2 De 1962 à 1977 : De « Le Jazz et la java » à « J’ai oublié de vivre » (François RuyVidal) Ill de Pierre Bassard, Sege Ceccarelli, Nicolas Vial, Alain Letort, Alain Gauthier, Gilbert Macé, Gloria Spontex, Sato Yamamoto (couverture) I.D.Music, nd Maxime Le Forestier : 16 chansons (François Ruy-Vidal) Illustrations d’Alain Letort, Charles-Louis Lasalle, Julie SagetGilbert, Serge Ceccarelli, André Vial, Alain Gauthier (Couverture), Sato Yamamoto, François Garcia-Panzani, Daniel Jan, Fabrice Boissière, Jacques Lerouge, Monique Michel-Dansac Alain Pierson, 1983 L’Enfant et le Troisième millénaire Breniaux, Bridenne, Brito, Cardon, Casanave, Chéreau, Dom, André François, Gabs, Alain Gauthier, Geluck, Haddad, Kerleroux, Léo Kouper, Lefred-Thouron, Rémi Malingrëy, Moine, Nicoulaud, Roberto, Soulas, Tignoux, Trez, Tomi Ungerer, Wozniak, Zacot Visualia, 2000 37 Pochettes de disques Technique Spatio-dynamic : Plus près de la vérité… Pochette d’un disque 33 tours de démonstration édité par Teppaz, 1959 Couvertures Poil de carotte (Jules Renard) J’ai lu, 1974 & 1986 L’épouse américaine (Mario Soldati) J’ai lu, 1977 Les invités du bon Dieu (Armand Salacrou) Gallimard, 1978 (Folio) Le Coq de bruyère (Michel Tournier) Gallimard, 1978 (Folio) Orient-Express (Pierre-Jean Remy) Albin Michel, 1979 Pandora (Pierre-Jean Remy) Albin Michel, 1980 Adieu à Berlin (Christopher Isherwood) J’ai lu, 1981 Chronicle of a death foretold (Gabriel Garcia Marquez) Translate from the Spanish by Gregory Rabassa New York - Alfred A.Knopf, 1982 La littérature en couleurs (François Ruy-Vidal) SPME - Loisirs Jeunes, 1984 Orient-Express 2 (Pierre-Jean Remy) Albin Michel, 1984 The art of the Knock (Philip Graham) New York - William Morrow & Co, 1984 Le perroquet d’Americo (Huguette Pirotte) Ill. de Bernard Ducourant Ed. de l’Amitié - Hatier, 1985 (Les maîtres de l’aventure) L’abbé Constantin (Ludovic Halevy) J’ai lu, 1985 Nouveaux contes de Bustos Domecq (Jorge Luis Borges & Adolfo Bioy Casares) J’ai lu, 1985 Les trois femmes de Jed Morris (John Dos Passos) J’ai lu, 1985 Le nègre (Philippe Soupault) J’ai lu, 1985 Hollaran’s World War (Tim Mahoney) New York - Delacorte press, 1985 After the Ball Was Over (Rosemary Kingsland) New York - Viking, 1985 Murder in the Family (Mark Brandel) New York - Avon, 1985 Les dernières nuits de Paris (Philippe Soupault) J’ai lu, 1986 La trahison des apparences (Maurice Denuzière) Ed. de l’Amitié, 1986 En joue ! (Philippe Soupault) J’ai lu, 1986 & 1999 Eugène Onéguine (Alexandre Pouchkine) J’ai lu, 1986 & 1999 Orient Express 2ème époque (Pierre-Jean Remy) J’ai lu, 1987 La croix et la bannière (William Boyd) J’ai lu, 1987 Our Father (Bernice Rubens) New York - Delacorte press, 1987 Betrayed by Rita Hayworth (Manuel Puig) New York - Obelisk, 1987 Cassata (Rosemary Kingsland) New York - Viking, 1987 Les heureux jours de M. Ghichka (Alain Gerber) J’ai lu, 1987 Le feu des origines (Dongala) Albin-Michel, 1987 Leader of the band (Fay Weldon) New York - Viking, 1988 The heart of the country (Fay Weldon) New York - Viking, 1988 38 L’Amour flou (Maurice Denuzière) Denoël, 1988 Joy Ride (Barbara Howell) Simon & Schuster, 1989 Le gang des raleurs (Jane Sutton) Ill. de Michel Palomba Rageot, 1989 (Cascade) La piste des caribous (Annie Paquet) Ill. de Christian Heinrich Rageot, 1989 (Cascade) Bravoure (Emmanuel Carrère) J’ai lu, 1990 Sept contes (Michel Tournier) Ill. de Pierre Hézard Gallimard, 1990 (Folio junior) Jeux graphiques dans l’album pour la jeunesse : actes du congrès international de 1988 (sous la direction de Jean Perrot) CRDP de l’Académie de Créteil - Université Paris-Nord, 1991 (Argos) Family Fictions (Richard Hall) New York - Viking, 1991 Vanishing rooms (Melvin Dixon) NewYork - Dutton, 1991 L’acrobate de Minos (Louise-Noëlle Lavolle) Ill. de Christian Heinrich Rageot, 1991 (Cascade) Catalogue jeunesse 1992 des éditions Rageot 1992 Le perroquet d’Americo (Huguette Pirotte) Ill. de Christian Heinrich Ed. de l’Amitié - Rageot, 1992 (Cascade) Le paradis des autres (Michel Grimaud) Rageot, 1992 (Cascade aventure) Une lilliputienne (Béatrix Beck) Grasset, 1993 Une vie à tout prix (Roger Judenne) Rageot, 1994 (Cascade pluriel) Les fleurs du mal et autres poèmes (Charles Baudelaire) J’ai lu, 1995 La trahison des apparences (Maurice Denuzière) J’ai lu, 1995 Rendez-vous au collège (Stéphane Méliade) Ill. de Michel Politzer Rageot, 1995 (Cascade) Une sirène dans la ville (Sarah Cohen-Scali) Ill. de Maïté Laboudigue Rageot, 1996 (Cascade contes) Catalogue 1997 de la collection Cascade Rageot, 1997 Le trouble-fête (Roselyne Bertin) Rageot, 1999 (Cascade pluriel) Les ficelles du crime (Nathalie Charles) Rageot, 1999 (Cascade policier) Arrêtez la musique ! (Christian Grenier) Rageot, 1999 (Cascade policier) Journal sans faim (Marie et Roselyne Bertin) Rageot, 1999 (Cascade pluriel) L’ours sort ses griffes (Jean Alessandrini) Rageot, 1999 & 2004 (Cascade policier) Une ombre sur le toit (Michel Grimaud) Rageot, 2002 (Cascade policier) La trahison des apparences et autres nouvelles (Maurice Denuzière) Fayard, 2002 VST N° 89 : Domination et révolte – Ed. Eres 2006 Catalogues collectifs François Ruy-Vidal La littérature en couleurs SPME – Loisirs Jeunes, 1984 Janine Kotwica Les Trains d’Alain Gauthier Lire en Fête à Margny-lès-Compiègne, octobre 2000 André, Alain, Yvon et les autres... Librairie Chrétien, 2011 Images d’Alice au pays des merveilles Les Champs Libres-Beaux Arts éditions, 2011 Vincent Pachès L’image des mots au pied de la lettre Atelier An. Girard, 2012 39 Prix *Ô trouble Acrylique sur toile avec des rehauts de stylo-bille - 91 / 73 - encadré Collection Alain Gauthier Grand prix de l’image 1985 du 3ème salon international de l’illustration de Paris pour l’ensemble de son œuvre Très nombreuses distinctions internationales pour son travail d’affichiste, d’illustrateur et de dessinateur de presse-magazine Grand Prix Martini (Tourisme) 1960 Ier Prix The International Outdoor Advertising (Coca Cola) Londres 1967 Grand Prix International de l’affiche de tourisme Essen 1970 Grand Prix pour la meilleure affiche de tourisme (Cameroun) 1978 Médaille de bronze au Festival International du Livre d’Art Essen, 1979 Creativity Certificate of Distinction New York 1984 Society of Illustrators 31st Annual Certificate of merite Grand Prix de l’affiche 1988 (Bally) Grand Prix du public Grand Palais-1989 (Bally) Grand Prix de l’affiche 1991 (Champagne de Castellane) Palme d’or Opalivre 1991 Mention Graphique à la Foire de Bologne 1992 Octogone d’ardoise 1993 Prix Alphonse Daudet 1994 décerné par L’Académie Goncourt, 1993 Print’s regional design annual 1991 Certificate design of excellence Allemagne Grand Prix annuel de l’affiche 1992 (Champagne de Castellane) Grand Prix de l’affiche culturelle 2000 Marker d’argent Mecanorama Grand Prix de l’Illustration 2003 Plaque d’or de Bratislava 2005 40 Affiches (Liste non exhaustive) *Affiches commerciales Bleu Guimet (la 1ère affiche en 1955-56) Couches Polive, Draps Agalys, Sanrival Petits pots Gerber, Yoghourt Yoplait, Yoghourt Danone (2 affiches, dont l’affiche du mois en 1958) Pâtes Lustucru, Pâtes Milliat Frères Fromages Bel Pease, Fromage de Hollande, Crème de Gruyère Tartinette Glaces Motta, Glaces Gervais-Heudebert Biscottes Prior Huile Lesieur Thé de l’éléphant Jus de fruits Joker, Jus de fruits Pampryl, Jus de fruits Fruité, Jus de fruits Reina Coca Cola (Prix du Pinceau d’or en Angleterre), Cidre du Fruit défendu Vins du Postillon, Clairette de Die, Mousseux Royal Cellier Champagne de Castellane (3 affiches, Grand Prix de l’Affiche 1991), Champagne Billecart Liqueur Rocher Bière Carlsberg, Bière Météor Eau minérale Badoit, Vitelloise l’eau qui chante et qui danse, Vittel Fournisseur officiel des JO de Grenoble (1968) Aviation postale 1986 Canaries Compagnie de navigation, Cameroun Tourisme(1978) 1976, Apéritif Marysol (1957) Transports Aériens Intercontinentaux, Koweit Airlines (Plusieurs affiches) Bally HommeBally Femme (1985 : Grand Prix de l’affiche, Grand Prix du Public) Collants-slips de Gerbe, Choco BN (Tour de France des plages) Arnoux-Salamander Cigarettes Saint Michel-Dansac, Cigarettes Gitanes, Job mat ivoire Electrophones Teppaz (3 affiches) Aspirateur Hoover (Noël), Aspirateur Hoover (Fête des mères), Aspirateurs Rhône Machines à laver Laden, Machines à laver Brandt (1960) Machines à coudre Omnia Gazinières Rosières, Chaffoteaux et Maury, Cocottes SEB, Flandria Galerie Instants (1993) Lombard & Associés Auberge d’chez eux *Cinéma El Norte (1985) *Edition Loto de l’Amitié – Hatier, Collection Cascade, Hatier) (Plusieurs affiches) Ipomée 20 ans d’illustration (Moulins, 1997) Garcia Marquez Chronique d’une mort annoncée Bilboquet (2 affiches, 2007) 41 *Banques et services BNP Noël, Société générale (Plusieurs affiches), Banque populaire, BPC Épargne logement AXA assurances, Assurances de la Mutuelle agricole Loterie nationale (plusieurs affiches), Loterie nationale : Prix d’Amérique Trésors des Postes et Télégraphes Urbanisme, Coopération, SNCF Ouvrons la France aux Enfants (Ministère des Affaires sociales), Service social des Jeunes Journée mondiale de la Santé (1992), Ministère de la Santé (Plusieurs affiches) SIDA, Le Tétanos *Affiches culturelles et évènements *La Belle et la Bête (Madame Leprince de Beaumont, Jean Cocteau) Ipomée, 1988 (Jardins secrets) Acrylique sur papier - 30 / 25 - Archives de l’artiste Festival de l’ESSEC (1958), Premier Festival de l’Erotisme (Bastille, 1982) Festival de Troyes, Brest, Festival de Nha Trang 2003, Alain Gauthier (Metz, 1984), Alain Gauthier Peintre-illustrateur (Chaumont, 1991), Double Je (Angers, 2004) La Littérature en couleurs (1984), Paris-Tokyo 1986, RegArt d’Enfant (Dammarie les Lys, 1992), Un Musée Dix illustrateurs (Quesnel Morinière, 2003) Premier Symposium de l’affiche de Toulouse (1993), L’Affiche s’affiche (Clermont, 2002), Saveurs d’enfance (Toulouse 2007) Voyage à Nantes en lisant - Voyages Voyageurs (Nantes, 1995), Rêver à Nantes en lisant - Mythes et Mythe (Nantes, 1995), S’aventurer à Nantes en lisant – L’Aventure (Nantes, 1997) Corrida pédestre internationale (Houilles, 1989 & 1995) Sixième Semaine du Livre de Jeunesse (Royan, 1995) Et regardons les fleurs... (Poitiers, 1995) Carrefour du Fantastique (Saint Médard, 1995) Salon du Livre (Fougères, 1996), Salon du livre maritime de Concarneau (3 affiches) Sixième Salon des collectionneurs (Cholet, 1997) Cartexpo 39 (Mutualité, 2002) Merveilleuses Merveilles (Beauvais, 1996), Alice et Alain in Wonderland (Margny-lès-Compiègne, 2008) Surprenants Etats-Unis (Suresnes, 2008), Félines (Centre André François, 2012) 42 Presse et magazines (Liste non exhaustive) France : Plexus, BAT (Illustrateur du mois), Le Nouvel Observateur, Le Point, L’Expansion, Elle, Technique et industrie, Médecine Enfance, Le Nouvel Économiste, Science et vie, Play Boy, Télérama.... Suisse : Graphis Annual, Graphis Magazine, Graphis Covers, Who’s Who in Graphic Art... Japon : Illustration Shiseido magazine... Allemagne : Burda, Petra, Novum Gebrausgraphic, Transatlantik, Magazine... *Les larmes du monstre (François Kerisel ) Messidor, 1990 Acrylique sur toile - 32 / 24 - Archives de l’artiste USA : Cosmopolitan, Geo, New York Times, New York Times magazine.... 43 Expositions (Liste non exhaustive) *1970 -Paris, Galerie GR *1982 -Paris, Centre Georges Pompidou (La Fugue du Petit Poucet Audio-visuel réalisé à partir de l’album écrit par Michel Tournier, GP) *1983 -Tokyo, Japon, Ministère de la Culture *1984 -Sénégal Regards croisés *1985 -Metz, Centre culturel Rétrospective *1990 -Laon Rétrospective -Brest, Maison de la Culture Rétrospective *1991 -Chaumont, Maison des Arts Alain Gauthier Peintre-illustrateur -Heidelberg, Allemagne *1992 -Erfurt, Allemagne *1994 -Eaubonne, Bibliothèque municipale Maurice Genevoix Alain Gauthier illustrateur *1996 -Paris, Galerie L’Art à la page *1998 -Amiens Librairie Pages d’encre Mon Chaperon rouge *2000 -Margny-lès-Compiègne Les trains d’Alain Gauthier *2002 -Paris, Galerie L’Art à la page Ma Peau d’âne & Est-elle Estelle ? *2005 -Paris, Galerie L’Art à la page Alice ou Les Chemins de la mémoire *2008 -Paris, Galerie L‘Art à la page Images Images -Margny-lès-Compiègne, Médiathèque Jean Moulin Alice et Alain (Gauthier) in Wonderland *2012 -Margny-lès-Compiègne, Centre André François Félines 44 *Les avatars de Pilou (Jean Joubert) Delarge, 1977 Acrylique sur carton toilé - 35 / 27 x 2 Archives de l’artiste Expositions personnelles *1970 -Paris, Galerie de la Baume *1980 -Paris, Forum d’Ecom -Shidosha, Japon Exposition d’illustrateurs -Tokyo, Japon Exposition d’illustrateurs -Paris, Galerie Naïfs et Primitifs -Paris, Grand Palais Les Américains aux Indépendants -Croissy-sur-Seine et Chatou Les Affichistes chez les impressionnistes *1982 -Paris, Galerie Le Nouvel Observateur-Delpire Chat plus que Chats -Paris, Galerie ZL -Paris, Premier Salon des Illustrateurs *1983 -Paris, ancienne gare de la Bastille Premier Salon de l’Érotisme (création de l’affiche) -Leipzig, Festival du Livre d’Art (Médaille de bronze) -Paris, Centre graphique Mécanorma (Marker d’argent) *1984 -Paris, Espace Cardin Dix peintres illustrateurs -Garches, Maison de la Culture -Japon, exposition itinérante -Montreuil, Salon du Livre de Jeunesse -Paris, Musée d’Art Moderne La Littérature en couleurs (Réalisation de l’affiche) -Lorient, Maison de la Culture *1985 -Paris, Galerie 8/25 Le Jardin des Illustrateurs -Paris, Centre Georges Pompidou Images à la page -Paris, Troisième Salon international de l’Illustration (Grand Prix de l’édition) *1986 -Montluçon, Centre Athanor -Japon, 20th Exhibition of Original Pictures of International Chidren Books *1987 - 1990 -Belgique, Exposition itinérante D’Alice à Zoé *1987 -Angers Images dans la ville -Japon Paris-Tokyo -New York, Jacob Jewitt Center Exposition d’Art contemporain -Paris, Palais des Congrès Exposition d’Art contemporain -Paris, Grand Palais Les Meilleures affiches du monde (Grand Prix du public pour Bally) *Couleur menthe à l’eau Acrylique sur carton toilé - 35 / 27 Archives de l’artiste Expositions collectives 45 46 *Le papillon de toutes les couleurs (Didier Daeninckx) Scandéditions, 1993 Acrylique sur carton souple - 41 / 26 - Archives de l’artiste *1989 -Paris, Grand Palais Les Meilleures affiches du monde *1990,1991, 1992, 1993, 1994, 19958, 1996 -Bologne, Italie Mostra Internazionale d’Illustrazione per l’Infanzia *1993-1994 Nantes Les Fables de La Fontaine *1994 -Vauréal Familles, montrez-vous... (création de l’affiche) -Beauvais, Conseil général Sage comme une image? *1996 -Flers Forêts fantastiques de Contes d’hier et d’aujourd’hui -Beauvais Merveilleuses Merveilles (Création de l’affiche) *1997 -Bibliothèque départementale de l’Oise Mariolettes *1999 -Beauvais, Bibliothèque départementale de l’Oise Impressions d’Afrique *2000-2001 -Italiennes Beauvais, Bibliothèque départementale de l’Oise Amiens, Bibliothèque départementale de la Somme Amiens, Bibliothèques municipales Amiens, Librairie Pages d’encre Italiennes Compiègne, Espace Jean Legendre Italiennes *2001 -Boulogne-Billancourt Le Tour du Monde de l’Affiche 2001 (Création de l’affiche) *2002 -Les Mille et une nuits Beauvais, Bibliothèque départementale de l’Oise Amiens, Bibliothèque départementale de la Somme Amiens, Bibliothèques municipales Amiens, Librairie Pages d’encre *2004 -Carros, Médiathèque André Verdet Les techniques de l’illustration *2005 -Saint Riquier, Bibliothèque départementale de la Somme Le petit cochon illustré -Saint-Riquier, Musée départemental de l’abbaye Le cochon, portraits d’un séducteur *2005 à 2009 -Un posthume sur mesure Hommage à André François Margny-lès-Compiègne, Médiathèque Jean Moulin Timisoara, Centre culturel français Cluj-Napoca, Musée d’art Bucarest, Institut culturel français Iasi, Centre culturel français Beaugency, Eglise Saint Etienne Reims, Médiathèque Jean Falala Paris, Institut culturel roumain Cherbourg, Médiathèque Jacques Prévert Arles, Chapelle Saint Martin du Méjan, Exposition Delpire & Cie *2007 -Paris, Galerie Jeanne Robillard Carte blanche *2010 -Amiens, Ordre des avocats Censored Exhibition Pour adultes seulement *2011 -Moulins, Musée Anne de Beaujeu Festival des Illustrateurs -Lille, Grand Palais Pour adultes seulement *2011-2012 -Issy les Moulineaux, Musée français de la Carte à jouer Alice au Royaume des Cartes à jouer -Paris, Librairie Chrétien André, Alain, Yvon et les autres... -Rennes, Les Champs libres Images d’Alice au Pays des Merveilles *2012 -Paris, Atelier An Girard L’image des mots au pied de la lettre -Sucé sur Erdre Trois illustrateurs pour Alice - Oxford, 150 ans de Lewis Carroll Un thé chez les fous *Original de l’affiche Merveilleuses merveilles Acrylique sur papier Bibliothèque départementales de l’Oise, Beauvais, octobre 1996 Copyright l’Art à la Page et Alain Gauthier - 24x27 cm Collection JK 47 *Essais pour le visuel de l’exposition Félines, 2012 Crayons de couleurs Imprimé en Mai 2012 par Imprimerie Houdeville