Angélique Henriot [Boillot]: Notre-Dame de Bellevaux: une abbaye

Transcription

Angélique Henriot [Boillot]: Notre-Dame de Bellevaux: une abbaye
Illustration de couverture:
Porte de l’enclos abbatial de Notre-Dame de Bellevaux.
Sur son fronton figure la date de 1764.
 Remerciements 
Je souhaite tout d’abord remercier ma directrice de maîtrise, Madame Nicole Brocard
pour ses nombreux conseils et surtout sa disponibilité, son écoute et ses encouragements.
J’adresse également toute ma reconnaissance à monsieur Theurot et monsieur Gresser qui ont
toujours répondu au mieux à nos besoins de connaissances, nos attentes et nos interrogations.
Je remercie aussi le personnel des archives départementales du Doubs, de la
bibliothèque d’étude et de la bibliothèque Hérodote pour toute leur sympathie et leur
attention.
A toi, Aurélie, c’est toute ma gratitude que j’adresse. Dès le début, tu m’as encouragée,
guidée et soutenue. Tu t’es toujours rendue disponible pour m’aider et surtout m’écouter.
Merci pour ces nombreux instants de partage.
Merci à toi maman. Tu as toujours su te rendre présente pour me comprendre, m’aider et
m’encourager. Je te suis reconnaissante pour tous tes nombreux efforts et ta patience.
Un merci tout particulier à Julien pour sa précieuse « aide technique ». Tu n’as pas
hésité à t’investir pour mettre en forme mes projets.
A ma petite sœur, pour ses encouragements, sa motivation, ses conseils et surtout son
réconfort.
Enfin, je souhaite également remercier toutes celles et ceux qui ont su prendre le temps
de me comprendre, de m’écouter et de m’encourager. Leur soutien et leur patience m’ont
beaucoup touchée.
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1
 Sommaire 
Sources et bibliographie.
p 6.
Introduction.
p 9.
Partie I.
« Heureux ceux qui habitent ta maison
Ils feront encore et toujours retentir la louange »
p 11.
I. « Seigneur, j’aime la beauté de ta maison et le lieu de ta gloire »
p 11.
A. Un espace de prière.
p 11.
1. L’église et les chapelles
2. La sacristie.
3. Le cloître.
p 14.
p 17.
p 17.
B. Les quartiers conventuels et le logis abbatial.
1. Cuisine, réfectoire et caves.
2. Salle capitulaire, infirmerie, dortoir et autres chambres.
3. Le logis abbatial.
p 19.
p 19.
p 22.
p 26.
C. Clôture, porterie et réseau hydraulique.
p 27.
1. La clôture.
2. Les autres bâtiments de l’abbaye.
3. Le réseau hydraulique.
p 27.
p 29.
p 32.
II. « Seigneur mon Dieu, force qui sauve, Tu protèges ma tête au matin du combat »
A. Bellevaux : la volonté de la famille de La Roche…
1. Un prestige éphémère.
2. Les origines de ce prestige.
3. Des dons pour des prières.
p 35.
p 35.
p 35.
p 37.
p 39.
B. …et le repos d’âme des Vienne, Rougemont et autres familles.
1. L’Amiral au chœur.
2. La Toussaint des Rougemont.
3. Des chapelles pour d’autres saluts.
C. D’autres seigneurs et l’assurance d’autres saluts
2
p 40.
p 40.
p 42.
p 43.
p 44.
1.
2.
D’autres fondateurs et donateurs.
Un clergé bienveillant.
III. « Répandre l’évangile de la charité »
p 47.
A. Fille de Morimond, sous l’autorité de Cîteaux.
1. Cîteaux la fondatrice.
2. Morimond la mère.
p 51.
De la volonté de croisés.
Une nouvelle abbaye pour une nouvelle seigneurie.
C. Les filles d’Europe Occidentale.
1.
2.
3.
p 47.
p 47.
p 49.
B. Un essaimage lointain.
1.
2.
p 44.
p 45.
p 51.
p 53.
p 55.
En Comté et au-delà : Lucelle.
Près de Salins : Rosières.
La Charité, « la rapportée ».
p 56.
p 57.
p 58.
Partie II.
« J’ai gardé le chemin tracé par Ta parole »
p 61.
I. « Tu fus égorgé et tu rachetas pour Dieu, au pris de ton sang, des hommes de toute race,
langue, peuple et nation »
p 61.
A. Les saints présents au cœur de Notre-Dame de Bellevaux.
1.
2.
Reliques et reliquaires.
Peintures et statues.
p 61.
p 69.
B. Sainte Ursule et les Onze Mille Vierges.
1.
2.
Vie et légende de sainte Ursule.
Culte et reliques.
p 76.
p 76.
p 77.
C. Entre saint Pierre de Tarentaise et Notre-Dame de Bellevaux.
1.
2.
3.
p 61.
Du premier abbé de Tamié à l’archevêque de Tarentaise.
Saint Pierre de Tarentaise, saint Pierre de Bellevaux.
Saint Pierre et Bellevaux.
II. « Ses prêtres, je les vêtirai de salut ».
p 77.
p 77.
p 78.
p 79.
p 82.
A. Orner la simplicité.
p 82.
3
1.
2.
Devants d’autels, nombreux et riches.
D’autres ornements.
p 82.
p 84.
B. Revêtir les officiants, lire et chanter les cantiques.
p 86.
1.
2.
Des vêtements liturgiques.
Des livres.
p 86.
p 89.
III. « Ah ! qu’il est bon d’habiter tous ensemble, d’être comme des frères, tous unis »
A. Ce sont les âmes de l’abbaye.
1.
2.
p 92.
Une communauté de religieux et de convers…
…dont « L’oisiveté est ennemie de l’âme ».
B. Des vies de prières.
1.
2.
p 92.
p 92.
p 94.
p 97.
Chaque jour et toujours, priez et méditez.
« Priez pour nous pauvres pêcheurs ».
p 97.
p 98.
Partie III.
« Le Seigneur, ce qu’Il désire, Il le fait au ciel et sur la terre »
p 101.
I. « Tu as distribué à profusion Tes cadeaux »
p 101.
A. Des titres : pour un inventaire du domaine et des ses revenus.
1.
2.
3.
p 101.
Exploitation et revenus des terres.
D’autres revenus.
Défense des acquis.
p 102.
p 105.
p 108.
B. Une accumulation de dons et d’achats.
p 109.
1.
2.
La générosité des laïcs.
Les achats de l’abbaye.
p 109.
p 112.
II. « Que Tes œuvres rayonnent, en nombre et en variété, Seigneur ! ».
A. Une exploitation particulière : les granges.
1.
2.
Qu’est-ce qu’une grange ?
Au sein de ces exploitations, des convers.
B. Les granges de Notre-Dame de Bellevaux.
1. Des certitudes et des doutes.
2. Fondation des granges.
p 115.
p 115.
p 115.
p 116.
p 117.
p 118.
p 120.
4
C. Le devenir des granges : reflet des difficultés de l’Ordre.
1.
2.
p 123.
Des granges aux villages.
L’amodiation ou le faire-valoir indirect.
p 123.
p 125.
III. « Tu combles chacun à la mesure de ses actes et de son attente ».
p 128.
A. De l’usage de l’eau au sein de l’économie cistercienne.
1.
2.
p 128.
Pour la pisciculture.
Pour les moulins.
p 128.
p 129.
B. De l’exploitation des fours.
1.
2.
p 132.
lace et fonction au sein de l’économie cistercienne.
Les fours de l’abbaye.
p 132.
p 133.
C. De l’importance du bois et des vignes.
1.
2.
p 134.
Le nécessaire bois.
privilège de la vigne.
p 134.
p 136.
Conclusion.
p 140.
Annexes :
p I.
Annexe 1 : transcription du procès-verbal de 1584.
p III.
Annexe 2 : transcription du procès- verbal de 1616.
p XX.
Annexe 3 : transcription du procès-verbal de 1632.
p XLI.
Annexe 4 : transcription de l’inventaire de la sacristie vers 1600.
p LXX.
Annexes 5 : transcription d’un parchemin concernant l’amodiation de la grange de
Braillans.
p LXXII.
Annexes 6 : extrait des archives ecclésiastiques de Haute-Saône.
p LXXVI.
Annexes 7 : tableaux.
p XCV.
Annexes 8 : lieux non localisés.
p CVIII.
Lexique.
p CIX.
Tables des matières.
p CII.

5
 Sources et Bibliographie 
Sources.
L’étude présentée ici est fondée sur plusieurs documents conservés archives
départementales du Doubs.
A.D.D. 55 H 3 : “Procès-verbal de 1584”.
“ Visite de 1616”.
“ Visite de 1632”.
Les référence à ces sources sont présentées sous la forme « Cf procès-verbal de…, f°…,
p… », indiquant ainsi à quelle visite il faut se référer et le folio et la page où se trouve
l’information.
A.D.D. 55 H 6 : “Inventaire de la sacristie vers 1600”
Ce document consiste uniquement en une seule page rédigée recto et verso. Plusieurs
éléments de cette feuille, comme l’écriture ou encore le chiffre « 2 » en haut à droite, laisse à
penser qu’il s’agit de la page manquante de la visite de 1616. En effet, la rédaction de cet
inventaire passe du folio 1 verso au folio 3 recto. C’est pourquoi, lors de notre étude,
l’inventaire de la sacristie est considéré comme faisant partie de la visite de 1616.
A.D.D. 55 H 11 : « La grange de Braillans, 1546 ».
Extrait de l’inventaire sommaire des archives ecclésiastiques de Haute-Saône
concernant l’abbaye de Bellevaux.
Afin de faciliter le renvoi à ce type de source, elles sont indiquées, dans notre étude, sous la
forme : A.D.H.S.
Bibliographie.
Actes du colloque international de l’université du Littoral Côte d’Opale (Boulogne-sur-Mer),
4-6 septembre 1997, Les reliques, objets, cultes, symboles, édité par Edina Bozöky et AnneMarie Helvétius, édition Brépols Pulishers, 1999.
Annales franc-comtoises, tome XI, 1869, Généalogie, maison de Vienne, Histoire générale de
France, tome VII, p 793.
AUBERT (Anne-Marie), Histoire et développement économique d’une abbaye cistercienne :
Bellevaux en Franche-Comté, du XIIe à la fin du XVIe siècle, thèse de l’école nationale des
Chartes, 1926.
6
AUBERT (Anne-Marie), « Une maison cistercienne franc-comtoise. L’abbaye de
Bellevaux. » in Bulletin de la société d’agriculture. Lettres, sciences et arts du département
de Haute-Saône fondée le 14 avril 1801, Vesoul, Marcel Bon imprimeur, 1928.
AUBERT (Anne-Marie), PIETRESSON DE SAINT AUBIN, « La fondation de l’abbaye de
Bellevaux », in Mémoire de la société pour l’histoire du droit et des institutions des anciens
pays bourguignons, comtois et romans, 15e fascicule, 1953.
BAZIN (Jean-François), QUENARDEL (F. Olivier), ROUCHON MOUILLERON
(Véronique), VANNIER (Paul), ABCdaire des Cisterciens et du monde de Cîteaux, Paris,
Flammarion, 1998.
BERGNHEN (Christian Vanden), Saint Ursule et les Onze Mille Vierges, in
http://www.kyberco.com/Rotasolis/ursule.htm.
FAGET DE CASTELJAU (Henri de), Lignées féodales et comtoises (lignages de
Montfaucon, Neufchatel, Rougemont), extrait du T.II, actes du 99e congrès national des
sociétés savantes. Besançon, 1974, section de philologie et d’histoire jusqu’en 1610, Paris,
bibliothèque nationale, 1977.
GIRARD (Jean), La Roche et l’épopée comtoise de Grèce, Thise, Atelier du Grand Tétras,
1998.
GODEFROY (Frédéric), Dictionnaire de l’ancienne langue française et de tous les dialectes
du IXe au XVe siècle, Paris, 1883.
HOURS (Henri), Fasti Ecclesiae Gallicanae, Tome 4, Diocèse de Besançon, Répertoire
prosopographique des évêques, dignitaires et chanoines de France de 1200 à 1500, Orléans,
1999.
LEMAÎTRE (Nicole), QUINSON (Marie-Thérèse), SOT (Véronique), Dictionnaire culturel
du christianisme, Maxéville, cerf, Flammarion, 1994.
LOCATELLI (René), Sur les chemins de la perfection, moines et chanoines dans le diocèse
de Besançon vers 1060-1220, Saint-Etienne, C.E.R.C.O.R., 1992.
LOCATELLI (René), COURTIEUX (Jean), Lumières cisterciennes le modèle franc-comtois,
CD-Rom, Les amis des archives du Doubs et de la Franche-Comté, 2003.
MILLET (Gabriel), Le monastère de Daphni, histoire, architecture, mosaïques, Paris, édition
Ernest-Leroux, 1899.
MIQUEL (Pierre), PICARD (Paula, sœur), Dictionnaire des symboles liturgiques, Paris, éd.
Le léopard d’or, 1995.
PACAUT (Marcel), Les moines blancs, Histoire de l’ordre de Cîteaux, Saint AmandMontrond, Fayard, 1993.
PACAUT (Marcel), Les ordres monastiques et religieux au Moyen-Age, Tours, Nathan, 1999.
7
PINGAUD (L.), L’amiral Jean de Vienne, Extrait des Annales franc-comtoises, Besançon,
J.Jacquin, 1869.
PRESSOUYRE (Léon) (dir), L’espace cistercien, Comité des travaux historiques et
scientifiques, Paris, 1194.
PROST (Bernard), « Notice sur l’abbaye de Rosières de l’ordre de Cîteaux » in Bulletin de la
société de Poligny, 1869, p 269-302.
PY (Jean-Michel), L’abbaye de Bellevaux et son réseau hydraulique, Centre local d’histoire
vivante, Association de centre de Baumotte, 1986.
SCHAAD (A.) (monographie), « L’abbaye de La Charité » in Le pays comtois, 20 avril 1935,
n° 63, p131.
UCHET-SUCHAUX (Gaston), PASTOUREAU (Michel), La Bible et les Saints, guide
iconographique, Tours, Flammarion, 1990.

8
 Introduction 
L’ordre cistercien naît à l’initiative de Robert de Molesme. Il participe, en cette
fin de XIe siècle, avec la réforme grégorienne, au renouvellement du monachisme. Il
s’installe d’abord, avec sa communauté, dans les bois de Molesme, d’où son nom, et
établit un régime s’inspirant du régime clunisien. Toutefois, cela ne convient pas à
tous, certains aspirent à plus de rigueur, au retour à la tradition. C’est pourquoi, à la
fin de l’année 1097, Robert part avec ces moines pour s’installer, le 21 mars 1098, en
un domaine, au milieu des bois et des marécages, appelé Cîteaux. Le « Nouveau
Monastère » adopte alors la règle bénédictine et s’applique à un retour à la simplicité
et à la pauvreté.
La croissance de Cîteaux lui permet de fonder de nouvelles abbayes qui, à leur tour,
en établissent d’autres.
C’est ainsi que l’ordre cistercien voit le jour et s’étend à travers le monde.
En 1115, Cîteaux crée l’abbaye de Morimond qui, quatre années plus tard, en
1119, donne naissance à son premier monastère : Notre-Dame de Bellevaux,
première abbaye cistercienne à s’établir en Franche-Comté, au sein de la vallée de
l’Ognon, plus précisément. 1
Comme la plupart des abbayes cisterciennes, elle est édifiée à l’initiative de
seigneurs locaux, les La Roche. Puis, une colonie de douze moines venant de
Morimond s’y installent pour être rejoint, plus tard, par des laïcs souhaitant
embrasser la religion au sein de l’ordre cistercien.
La Comté fait alors partie du comté de Bourgogne gouverné par Guillaume III
l’Enfant. Cette région semble être particulièrement privilégiée par les ordres
monastiques puisque c’est sur ces terres que sont établis Cluny et Cîteaux, les deux
grands mouvements religieux de ce XIIe siècle.
Cependant, à la sérénité et à la prospérité des XIIe et XIIIe siècles, succèdent les
guerres, épidémies et catastrophes des XIVe et XVe siècles.
Les ordres monastiques sont les premiers touchés par ces difficultés venant souvent
s’ajouter à d’autres préoccupations internes. Afin de faire face, ils doivent, pour la
plupart, se réformer.
C’est dans ce contexte qu’évolue la première abbaye cistercienne comtoise. Cette
caractéristique la désigne particulièrement à être un exemple pour les autres abbayes
de l’Ordre venant s’installer en Comté. Mais également pour rendre compte de la vie
et de l’évolution cistercienne en Franche-Comté de 1119 au XVIIe siècle.
Parmi les sources étudiées, des inventaires nous renseignent sur l’état, tant
matériel que spirituel, de l’abbaye. Cependant, cette nature de documents que sont
les procès-verbaux n’apparaît que vers le XVIe siècle. Il est alors difficile d’évoquer
avec exactitude l’évolution de Notre-Dame de Bellevaux jusqu’à ce siècle. De plus,
1
Une carte présentée dans la première partie de notre étude indique plus précisément la position
géographique et topographique de l’abbaye, page 32.
9
dans l’ensemble des archives concernant l’abbaye, aucune antérieure à celles
étudiées ne nous a été présenté.
La rédaction de ces documents est alors réalisée lors du décès d’un abbé et de
l’entrée en abbatiat du suivant. Un greffier et autres administrateurs détachés du
Parlement de Dôle, instance administrative gérant la Bourgogne, établissent un état
des lieux et un inventaire de l’abbaye.
Ainsi, le 15 octobre 1584, 2 un procès-verbal est rédigé à la suite de la mort de l’abbé
Louis du Tartre et pour la succession de Pierre d’Albamey.
Lorsque ce dernier meurt à son tour, un autre procès-verbal est rédigé le 6 avril
1616. 3 Son successeur n’est pas présenté, il est probable qu’il s’agit de l’abbé
commendataire, puis régulier, Philippe Boitouset. 4
Enfin, suite au décès de l’abbé Jean-Baptiste de Cusance le 13 juillet 1632, 5 un
nouvel inventaire est rédigé le 16. 6 Comme précédemment, le nom de l’abbé
succédant à Jean-Baptiste Boitouset n’est pas mentionné. Mais il semble que, durant
une année, l’abbaye soit sous le régime de Jean Claude Loriot « docteur es drois
super intendant, deputé par le reverendissime general de Cisteau ». 7 Puis, le 20
novembre 1633, Louis de la Tour Saint Quentin devient abbé de Bellevaux. 8
C’est donc à travers ces trois procès-verbaux de 1584, 1616 et 1632, et un extrait
des archives ecclésiastique de Haute-Saône que nous tenterons d’esquisser
l’évolution de Notre-Dame de Bellevaux. Cette étude permet également de constater
en quelles mesures l’abbaye applique ou non les prescriptions de l’Ordre.
Ces procès-verbaux sont comme des états des lieux permettant alors de parcourir,
voir même de visiter les bâtiments de l’abbaye et de constater leur situation. Et, de là,
d’aborder la fondation de l’établissement.
Les bâtiments et leur contenu étant inventorié, cela permet également de prendre
connaissance des divers objets ornant l’église ou utilisés pour le culte ou la liturgie.
Ils sont autant d'indications de la vie spirituelle de la communauté.
Enfin, en parcourant ces documents, il est, à plusieurs reprises, fait référence à des
titres, des propriétés composant le vaste patrimoine de l’abbaye. L’étude du
parchemin concernant l’amodiation de la grange de Braillans 9 fournit une des
spécificités du système économique cistercien et de son évolution. 10
Ainsi, c’est avec l’aide de ces divers documents et de la connaissance de l’ordre
cistercien que nous tentons d’aborder Notre-Dame de Bellevaux, tant au temporel
qu’au spirituel.

2
Cf procès-verbal de 1584, f° 1r, p III.
Cf procès-verbal de 1616, f° 17v, p XL.
4
Aubert (Anne-Marie), Histoire et développement économique d’une abbaye cistercienne : Bellevaux
en Franche-Comté (du XIIe à la fin du XVIe)., fin du document sans pagination.
5
Aubert (Anne-Marie), Histoire…op. cit., fin du document sans pagination.
6
Cf procès-verbal de 1632, f° 1r, p XLI.
7
Cf procès-verbal de 1632, f° 1r, p XLI.
8
Aubert (Anne-Marie), Histoire…op. cit., fin du document sans pagination.
9
Braillans est un village, du canton de Marchaux, de l’arrondissement de Besançon, dans le Doubs.
10
La grange de Braillans, annexe 5, p LXXI.
3
10
Partie I.
« Heureux ceux qui habitent ta maison
Ils feront encore et toujours retentir la louange »11
Grâce aux documents étudiés, nous pénétrons au cœur de l’abbaye de Bellevaux.
Ils guident le lecteur à travers les bâtiments qui la composent. Ils nous présentent la
communauté des religieux présents en 1584, 1616 et 1632. On découvre des objets
de leur quotidien et cultuels.
Puis, des mots, des noms, des indices interpellent notre curiosité. En fouillant, en
cherchant leur signification, leur origine ils apportent d’autres précisions sur
l’abbaye. Ainsi, ils nous entraînent, après la visite de Bellevaux, vers ses origines, et
ses créations.
I. « Seigneur, j’aime la beauté de ta maison et le lieu de ta gloire »
Parmi les sources étudiées, trois procès-verbaux, tels des états des lieux, offrent
nombre de détails sur l’abbaye en 1584, 1616 et 1632. Ce fourmillement de
renseignements permet au lecteur d’esquisser une représentation du monastère aux
différentes dates indiquées. Parfois même de remonter à ses origines.
Tandis que la comparaison de ces documents rend compte des diverses évolutions de
Bellevaux dans le crépuscule de ce XVIesiècle et l’aube du XVIIe siècle.
Afin de mieux mettre en évidence les informations nécessaires à cette étude, deux
tableaux recensent les bâtiments présentés dans les procès-verbaux et l’ordre des
visites. 12
A. Un espace de prière.
Une abbaye cistercienne est avant tout un lieu clos, ceint d’une muraille. Cela
répond aux prescriptions de l’ordre qui recommandent l’installation dans un lieu
désert, loin des villes et des villages. Toutefois, ce n’est pas tout à fait le cas pour
Bellevaux, puisqu’elle se situe dans une reculée, entre les villages de Chambornay et
de Cirey. 13 Cette visite de Notre-Dame de Bellevaux commence donc par le
franchissement de cette muraille, détaillée ci-après, pour nous diriger vers le cœur de
cet espace de prière.
11
Rougier (Stan), Montre-moi Ton Visage, Variation sur les psaumes, Paris, 4e édition, Desclée de
Brouwer, 1995. Psaume 83, « J’aime Ta maison », p 159.
12
Un de ces deux tableau est présenté à la page 13, l’autre, plus conséquent est en annexe 7, p
13
Cf carte p 12.
11
12
Recensement des lieux internes à l'abbaye, dans l'ordre où ils apparaissent
dans les procès-verbaux.
1584
Ref
chambre basse
cuisine
chambre haute
une autre chambre
haute
chambre joignant
à la vieille cuisine
grande cuverie
petite cave
une autre cave
cuisine haute
poil
sacristie
église
f5r
f5v
f6r
f6v
f6v
f6v
f7r
f7r
f7r
f7v
f7v
f7v
1616
église
chapelles et autels:
autel de l'amiral (dans
le cœur)
chapelle Notre Dame
chapelle St Antoine
chapelle de Toussaint
chapelle St Jean
chapelle de la Trinité
chapelle St Sébastien
chapelle St Humbert
chapelle des Trois Rois
chapelle St Laurent
chapelle St Pierre
autel St Anne ( proche
de la porte du cœur )
fossé (derrière les
chapelles)
cloître
chapitre
grande cuisine
réfectoire
dortoir (à l'étage)
chambre (infirmerie)
4 chambres
clôture
verger Guichard
greniers
dans le logis abbatial:
escalier
grande cuisine
poil
chambre
5 chambres (à l'étage)
four
cuverie
petite cour (proche
de la cuisine)
grangeage
une des étables
horloge de l'abbaye
vacherie
colombier
13
Ref
1632
f 2 r sacristie
f 3 v infirmerie
f 3 v dortoir
greniers
f 3 v quartier abbatial:
f 3 v salle d'entrée
f 3 v chambre
f 3 v poil (à l'étage)
f 4 r cœur de l'église
f 4 r chapelles
f 4 r cloître
f 4 r chapitre
f 4 r réfectoire
f 4 r cuisine
f 4 r landrecy
cabinet y joignant
f 5 r chambre aux dames
grande cuisine
f 5 r salette basse
f 5 v cour
f 5 v cuverie
f 5 v sellier
f 6 r cave
f 6 v grand grenier
f 6 v autre grenier
f 7 r chambre sur
f 7 v la porterie
f 7 v maison d'Argirés
f 8 r moulin de Marloz
étables du
même lieu
four banal
de Vallerois
four banal
f 8 r de Cirey
f 8 r four banal
f 8 r de Magny
vigne du
f 8 r côté de Cirey
f 8 v four banal
f 8 v de Rioz
f 8 v moulin de
f 9 v Gourdepain
abbaye
sacristie
Ref
f1v
f3r
f3r
f3r
f3r
f4r
f4v
f4v
f4v
f4v
f4v
f5r
f5r
f5r
f5v
f5v
f5v
f5v
f6r
f6r
f6r
f6r
f6r
f7v
f8v
f8v
f9r
f9v
f9v
f 10 r
f 10 r
f 10 r
f 10 v
f 10 v
1.
L’église et les chapelles.
• L’église.
En 1120, l’église en place n’est qu’un bâtiment provisoire. Elle est construite
progressivement, et dédicacée le premier août 1143. Conformément aux usages
cisterciens, elle est placée sous la protection de Notre-Dame. Elle devient alors
Notre-Dame de Bellevaux. Puis la Révolution voit sa destruction.
Les sources étudiées nous apportent peu d’éléments en ce qui la concerne, en dehors
de ses ornements et des chapelles qui la composent. Les exigences cisterciennes
insistent sur une extrême simplicité des lieux afin de ne pas être distrait, dans la
contemplation du Christ, par quelques parures que ce soit. L’église se doit d’être le
lieu du plus haut dépouillement. Cependant cette extrême simplicité n’apparaît pas
dans nos documents. Aucune indication ne permet d’affirmer que l’église de
Bellevaux est conforme aux usages de l’ordre.
•
Les chapelles.
Les procès-verbaux de 1616 et de 1632 donnent une description plus précise des
chapelles, plus exactement de leur contenu, abordé dans la suite de notre étude. 14
Elles sont au nombre de treize, « tant chapelles que petit aultels ». 15 Cependant dans
le récapitulatif des visites, 16 nous n’en dénombrons que douze, chiffre symbolique,
très utilisé par les Cisterciens. Ce sont toujours douze moines, qui quittent le
monastère pour fonder une nouvelle abbaye. Ici, douze chapelles, et avec le maître
autel, treize lieux de recueillement, tels les douze apôtres et le Christ autour de la
table au soir de la Cène. Dès le début, la visite de 1616 présente un grand autel sur
lequel repose le tabernacle, cet autel se situe donc dans le chœur. Au même endroit,
se trouve également l’autel de l’Amiral, qui n’est autre que Jean de Vienne, Amiral
de France et sire de Roulans. Ainsi deux autels se trouvent dans le chœur de l’église.
Toutefois, cet autel, comme d’autres, ne fait pas partie des constructions primitives.
Il s’insère dans l’église, à la volonté du seigneur de Vienne, entre 1341 et 1396, date
de sa naissance et de sa mort. Il faut donc comprendre qu’une partie des autels et
chapelles fondés en l’abbaye ne relèvent pas de l’architecture originelle de l’église.
Ils sont construits progressivement, au gré des demandes des seigneurs.
La visite nous conduit ensuite vers ces chapelles et autels, dont l’ordre de leur
présentation est précisé dans le tableau récapitulatif des lieux internes à l’abbaye.
Selon Anne-Marie Aubert 17 l’église ne possède qu’un seul bas côté, donc les
chapelles se situent toutes sur le même flanc. Cette hypothèse est corroborée par le
constat que l’architecture cistercienne adopte volontiers le plan d’un chevet à
chapelles alignées à mur droit. 18
Toutefois, cette architecture paraît altérée l’humidité ambiante. L’église semble
également nécessiter quelques réparations.
14
15
16
Les ornements et les reliques de l’abbaye sont abordés dans une seconde partie.
Cf procès-verbal de 1632, f° 4v, p XLV.
Tableau présenté à la page 13.
Aubert (Anne-Marie), Une maison cistercienne franc-comtoise. L’abbaye de Bellevaux., p 3.
18
ABCdaire des Cisterciens et de l’ordre de Cîteaux., p32.
17
14
•
Humidité et réfections du lieu.
Ainsi, lors de la visite de 1616, on évoque « l’umidité […] du côtés des
chapelles ».
Cette humidité est mentionnée plusieurs fois dans le procès-verbal de 1616 et dans
celui de 1632 elle endommage les chapelles et leurs ornements. Plus particulièrement
la chapelle Saint-Pierre et le grand portail. 19 Les religieux eux-même reconnaissent
que l’humidité est « fort grande » et que tous les tableaux ou autres ornements
servant aux chapelles sont « incontinent pourris »20 dès qu’ils s’y trouvent. La
« verdeur » présente sur les murailles atteste ces propos. Cependant nous ne savons
pas si le mot « muraille » désigne les murs des chapelles ou le mur d’enceinte de
l’abbaye. En effet, plusieurs fois au long de ce procès-verbal de 1616, ce mot désigne
cette clôture. De plus, on note entre cette dernière et les chapelles, la présence d’un
fossé qui, parce que mal entretenu, est la cause de cette humidité.
Au cours de cette même visite de 1616, l’abbé de Bellevaux, Pierre d’Albamey, a
fait faire des réfections entre la nef et le chœur. Elles consistent en la fermeture de ce
dernier, également appelé le chœur des moines, par « une porte neusve en bois de
chasne » avec « des ballustres a tour » 21 et le nettoyage d’anciens balustres. Il est
précisé que cette séparation répond à une ordonnance du sire de Cîteaux qui souhaite
que les convers 22 ne participent pas au service divin. Parce que se ne sont pas des
clercs, l’entrée du chœur leur est interdite, tout comme celle du cloître.
•
La cloche et l’horloge.
Pierre d’Albamey a également fait refondre, avec des matériaux pris en
l’abbaye, 23 la cloche Saint-Pierre car elle était cassée. 24 Elle est la plus grosse des
quatre cloches que possède l’abbaye dans son « béfroi ». 25
A l’origine, les églises cisterciennes ne comportent pas de clocher, les laïcs ne sont
pas conviés aux offices, il est inutile de les y appeler. Ce n’est que vers les années
1170 qu’ils intègrent l’architecture cistercienne.
Puis, l’abbé, à ses frais, renouvelle l’horloge, peu décrite dans les sources. On peut
supposer qu’elle se trouve sur le clocher. En 1632, on constate que la toiture de ce
dernier à besoin d’être refaite. 26
Le procès-verbal de 1632, informe seulement du « bon et dehu » 27 état de l’église.
Et constate qu’il en est de même pour ses voûtes, ses formes, ses vitres (les
Cisterciens ne faisant pas usage des vitraux) ses fenêtres mais que quelques carreaux
recouvrant le sol sont rompus. En ce qui concerne le toit de l’église, et la plus grande
partie des bâtiments de l’abbaye, ils sont couverts de « tuiles plattes et coupés ». 28
19
20
21
Cf procès-verbal de 1616, f° 5r, p XXIV.
Cf procès-verbal de 1616, f° 4v, p XXII.
Cf procès-verbal de 1616, f° 4v, p XXII.
22
Ce mot est illisible dans le document original mais d’après les règles cisterciennes, il semblerait
que ce soit le plus probable.
23
Cf procès-verbal de 1616, f° 8v, p XXIX.
24
Cf procès-verbal de 1616, f° 15r, p XXXVII.
25
Le béfroi est, en réalité, le clocher de l’église.
26
Cf procès-verbal de 1632, f° 7r, p XLIX.
27
Cf procès-verbal de 1632, f° 4v, p XLV.
28
Cf procès-verbal de 1616, f° 5r, p XXIV.
15
•
Les toitures.
C’est en tant que « couvertures » qu’elles sont présentées dans les procès-verbaux
de 1616 et de 1632.
La visite de 1616 décrit d’abord les toitures de l’abbaye et de l’église, recouvertes,
pour la majeure partie, de tuiles plates et coupées. 29 La couverture du cloître est bien
entretenue. 30 Cet entretien est peut-être facilité par les possessions de l’abbaye
comme la tuilerie de Cirey ou encore celle de Braillans. Les religieux ont donc à leur
disposition les matériaux nécessaires à ce type de réfections.
Plusieurs entrées sont surmontées d’un avant toit recouvert de tavaillons. Il en est
ainsi pour l’entrée du verger Guichard, 31 de même pour une autre entrée du côté des
prés. 32
Il y a donc une distinction entre les bâtiments de l’abbaye, mis en valeur par une
couverture de tuiles, et d’autres constructions annexes, en tavaillons.
Lors de cette même visite, plusieurs travaux concernant les toitures sont constatés.
Ainsi, celles d’une des étables et celles de la maison de Besançon en ont bénéficiés. 33
La visite de 1632, présente des toitures toutes autres. Celle du dortoir est en très
mauvais état, puisque lorsqu’il neige ou pleut il est plein d’eau. 34 Il en est de même
pour la couverture du cloître. 35 Celle du pigeonnier nécessite également des travaux.
C’est pourquoi ces toitures ont toutes été refaites. 36
Cependant, on constate que les toitures des moulins et fours banaux, présentés lors de
cette visite, sont très souvent défectueuses. L’abbaye a-t-elle alors des difficultés
avec ses tuileries ? Les a-t-elle vendues ? 37
Au XIVe siècle, lors d’une nécessaire restauration de l’édifice, une rose
surmontant le portail est construite.
Aujourd’hui, seul un culot d’ogive et un chapiteau du XIIe siècle, 38 encadrés dans un
mur de la façade ouest du logis abbatial, ont traversé le temps pour nous témoigner
de la présence de cette église dont, paraît-il, les moines s’enorgueillissaient.
La visite nous conduit ensuite en cette petite pièce contiguë à l’église : la
sacristie.
29
Cf procès-verbal de 1616, avant dernier paragraphe du f° 5r, p XXIV.
Cf procès-verbal de 1616, f° 5r, p XXIV,dernier paragraphe.
31
Cf procès-verbal de 1616, f° 7v, p XXVIII.
32
Cf procès-verbal de 1616, respectivement, cinquième paragraphe du f° 15v, et deuxième
paragraphe du f° 16r, p XXXVII et XXXVIII.
33
Cf procès-verbal de 1632, f° 3r, p XLII.
34
Cf procès-verbal de 1632, f° 4v, p XLV.
35
Cf procès-verbal de 1632, f° 4v, p XLV.
36
Cf procès-verbal de 1632, f° 7v, p L.
37
On sait que Bellevaux possède une tuilerie à Cirey.
38
CD rom, visite détaillée, Haute-Saône, Bellevaux, p 4, les deux dernières icônes du texte.
30
16
2.
La sacristie.
Elle se situe sur le côté gauche de l’église, mais elle n’est pas décrite. Les procèsverbaux nous informent seulement de son contenu qui consiste, pour la plupart, en
des objets liturgiques. 39
Au verso du folio 7 de la visite de 1584, débute l’énumération de tous les objets et
vêtements nécessaires au culte, y compris les reliquaires. Ces derniers semblent être,
pour la majeure partie, mis à l’abri dans la sacristie et ne sont donc pas exposés dans
l’église. Les moines craignent peut-être qu’ils ne soient dérobés.
La visite de 1616, présente plus précisément les reliques placées dans la sacristie et
celles placées dans l’église. 40
Enfin, le procès-verbal de 1632, précise qu’il se trouve en ce même lieu deux
coffres renfermant tous les papiers concernant l’abbaye. 41 C’est-à-dire les titres de
propriété, les attestations de revenus ou encore les minutes de plusieurs procès. 42
L’un des coffres est fermé par deux clés, l’une détenue par le sacristain et l’autre par
l’administrateur de l’abbaye, Jean-Baptiste Chapuis. Ceci montre l’importance de ces
papiers. L’abbaye n’est pas uniquement un lieu de prière, mais une petite société qui
assure sa propre gestion.
Au vu des éléments décrits dans la sacristie, nous nous interrogeons sur son rôle.
Elle ne conserve pas uniquement les objets cultuels. Parce qu’elle renferme ces
importants papiers, elle laisse à penser que c’est aussi un lieu d’archives, voir même
un coffre fort : n’y trouve-t-on pas de précieux reliquaires ?
Toutefois, ce rôle de lieu d’archives n’est pas improbable, c’est même assez courrant
à l’époque. Non seulement c’est une petite pièce plutôt facile à protéger, mais,
surtout, c’est un lieu sacré, et on ne conçoit pas que l’on puisse le profaner.
De là, le procès-verbal guide le lecteur en un autre lieu de recueillement, un lieu
de prière individuelle et de méditation : le cloître.
3. Le cloître.
C’est autour du cloître que s’ordonne toute l’abbaye. Il est au cœur de la vie
communautaire.
De ce fait il permet l’accès à de nombreux lieux. D’abord à l’église, mais il est
également joint au chapitre, 43 à la grande cuisine 44 ou encore à deux chambres. 45
Il est pavé, de deux côtés, de dalles de vielles tombes et de « tables de pierre en assez
bonne forme ». 46 Les deux autres galeries sont pavées de carreaux ; dans l’une, ils
39
L’essentiel de ces objets consiste en des reliquaires qui sont répertoriés dans un tableau à la page
Cf procès-verbal de 1616, f° 2 recto et verso, p XX et XXI.
41
Tous les titres de l’abbaye contenus dans ces coffres sont répertoriés dans un tableau à la page
42
Cf procès-verbal de 1632, f° 10v, p LII.
43
Cf procès-verbal de 1616, f° 5v, p XXVI.
44
Cf procès-verbal de 1616, f° 5v, p XXVI.
45
Cf procès-verbal de 1616, f° 6v, p XXVI.
46
Cf procès-verbal de 1616, dernier paragraphe du f° 5r, et premier paragraphe du f° 5v, p XXV.
40
17
sont endommagés, parfois même cassés. L’abbé d’Albamey y remédie en les faisant
réparer. 47
Dans le modèle cistercien, la galerie orientale dessert l’église, la sacristie et
l’armarium, qui est la bibliothèque de l’abbaye. Mais, il n’est pas fait mention de
cette pièce dans les visites. C’est dans cette même galerie que les religieux se
rassemblent pour la lecture des textes sacrés ou encore la répétition des chants
liturgiques.
Une autre galerie, appelée « cloître de la collatio », 48 est adossée à l’église. Elle
dessert la cuisine et le réfectoire. Elle est également utilisée pour la lecture avant
complies et, chaque samedi soir, s’y déroule la cérémonie du mandatum ou lavement
des pieds. On la célèbre en souvenir du Christ qui s’est fait serviteur en lavant les
pieds des apôtres. De ce fait, on trouve à cet endroit du cloître le lavabo.
Enfin, la galerie orientale, ou galerie des convers, accède aux bâtiments des frères
convers.
Au cœur du cloître, participant aussi aux rites de purification, une fontaine remise
en état par l’abbé d’Albamey « pour la commodité des religieux » et du couvent. Les
moines y puisent peut-être l’eau pour la cuisine, s’y rassasient ou encore s’y lavent
les mains.
Depuis sa réparation, l’eau y coule abondamment dans une « saulge » de pierre. Sans
définition exacte de ce terme, nous pouvons penser qu’il s’agit d’un grand bassin en
pierre.
La visite de 1616, précise que le cloître est lambrissé; donc que ses murs sont
recouverts, jusqu’à une hauteur non précisée, de planches de bois.
En 1632, la toiture a besoin de promptes réparations, car il y pleut en plusieurs
endroits. 49
Si par sa position centrale au sein de l’abbaye, le cloître est un lieu de passage, il
est avant tout un lieu de méditation et de prière.
On imagine aisément les moines blancs s’y promenant en récitant des psaumes et
autres litanies ou, assis sur un banc, un livre entre les mains, attentifs à leur lecture
spirituelle. Quelle que soit leur activité, ils s’y retrouvent dans un seul et même but :
la contemplation de Dieu qui rapproche les âmes vers son fils, Jésus-Christ.
La prière est le fondement de la vie monastique et particulièrement de la vie
cistercienne. C’est pour cela que les lieux de prière sont au centre de cette vie
communautaire, ils sont la raison d’être et les bases de l’établissement du monastère.
Ils bénéficient d’une attention particulière dans leur construction, leur ornementation,
malgré la simplicité et le dénuement souhaités aux origines. On veut en faire le reflet
de l’amour des hommes pour Dieu, de la grandeur de Dieu.
Cependant, un monastère n’est pas seulement un lieu de prière, c’est aussi un
lieu de vie. En tant que tel il comporte des bâtiments nécessaires à cette fonction.
47
Cf procès-verbal de 1616, f° 12v, p XXXIV.
ABCdaire…op. cit., p 50.
49
Cf procès-verbal de 1632, f° 4v, p XLV.
48
18
B. Les quartiers conventuels et le logis abbatial.
Les quartiers conventuels sont les quartiers du couvent, du monastère. Ce sont des
lieux de vie quotidienne comme la cuisine, le dortoir, le logis abbatial et tout ce qui
dépend de ces divers endroits.
Ainsi se poursuit notre visite au sein de l’abbaye de Bellevaux.
1. Cuisine, réfectoire et caves.
•
La cuisine.
Selon les sources, plusieurs pièces sont citées sous l’appellation de cuisine. Mais,
l’insuffisance de détails, quant à leur contenu ou à leur utilisation par les moines, ne
permet pas de déterminer pour chacune d’elle leur fonction exacte.
Le procès-verbal de 1584 mentionne trois « cuisines » : la cuisine, la vielle cuisine
et la cuisine haute.
Lors de cette visite, la cuisine est la seconde pièce inventoriée après la chambre
basse. Le texte laisse à supposer que ces deux pièces sont proches, voire contiguës.
Toutefois, aucune autre précision n’est apportée, il est simplement fait mention des
meubles et de la vaisselle trouvés en ce lieu. 50
Puis, après la traversée de trois chambres, il est précisé que la dernière joint à la
vielle cuisine. 51 Mais, elle ne semble pas être visitée et c’est la seule référence de
cette pièce dans nos sources. Il est à supposer, qu’autrefois, elle était la cuisine
initiale de l’abbaye. Pour des raisons qui nous échappent, les moines ont choisi un
autre endroit, peut-être plus commode, pour établir une nouvelle cuisine qui doit être
celle présentée dans un premier temps.
Enfin, après la visite des caves et de la « cuverie », sur lesquelles nous
reviendrons ci-après, on entre dans la cuisine haute, également appelée le
laudrechy, 52 et voisine du poil. 53 En raison de la similitude phonétique et
orthographique de laudrechy avec le terme anglais « laundry », dont l’étymologie
provient de mots français, il est probable que le laudrechy soit la laverie, la
blanchisserie du monastère.
Un mobilier assez semblable à celui de la cuisine, avec moins de vaisselle
cependant, est décrit. Il est aussi précisé que ces meubles sont la propriété de
l’amodiateur de l’abbaye, Antoine Midoz. 54
En effet, l’abbaye et quelques biens sont amodiés. Ils sont laissés à une personne, en
l’occurrence le sieur Midoz, en échange d’une somme d’argent. Les moines
continuent à jouir des biens amodiés, mais une partie des revenus et les produits de
50
Cf procès-verbal de 1584, f° 5v et 6r, p VI et VII.
Cf procès-verbal de 1584, f° 6v, p VII.
52
Nous n’avons pu définir précisément ce terme présent dans le procès-verbal de 1584 au f° 7r, p
VIII. On le trouve également sous la forme de « landrecy » dans le procès-verbal de 1632, f° 5r, p
XLVI.
53
Cf procès-verbal de 1584, f° 7r, p VIII.
54
Cf procès-verbal de 1584, f° 7v, p IX.
51
19
ces derniers reviennent à l’amodiateur. Ce système permet à l’abbaye de percevoir
plus sûrement de l’argent, tout en étant moins tributaire des aléas climatiques et des
guerres.
La visite de 1616, ne fait mention que d’une grande cuisine, « appelé la cuisine du
couvent ». 55 Cette dernière est accessible par le cloître. Elle dispose de deux
cheminées dont l’une est quelque peu détériorée, « tombée », en raison de la
réfection du plancher, « refaict tout a neuf ». L’autre est munie d’une « platine » de
fonte qui donne sur le réfectoire voisin. Elle permet de le chauffer en hiver. Cette
cheminée se situe donc sur le côté de la cuisine adjacent au réfectoire. Des ouvertures
ont été réalisées dans ce même mur afin de faciliter le service entre les deux pièces.
Comme indiqué précédemment la cuisine est l’objet de travaux. Ainsi, elle est
repavée de « grandes laves de pierre taillées ». 56
Cette même visite nous guide dans une petite cour jointe à la cuisine. Elle donne sur
d’autres bâtiments qui abritent la volaille. 57
Après le réfectoire, le procès-verbal de 1632 pénètre dans une grande cuisine et en
décrit son contenu, au demeurant assez sommaire. 58 Il est précisé plus loin qu’elle est
proche de la cave.
Une « chambre du landrecy »59 est également mentionnée, on y retrouve le vieux
« chalict »60 de bois.
L’agencement des pièces répond à une volonté logique de facilité l’accès à
chacune d’elles et entre elles. C’est donc sans étonnement qu’après la cuisine, on
entre dans le réfectoire.
•
Le réfectoire.
Le procès-verbal de 1584 n’en fait pas mention. Tandis que celui de 1616 apporte
plus d’éléments. Ainsi, se présente à nous un réfectoire refait à neuf. 61 D’abord le
plancher qui, de même que la cuisine sera pavé de « grandes laves de pierres
taillées », 62 car les travaux sont en cours. Les vitres sont également neuves. Ce n’est
pas encore tout à fait terminé puisque les murs vont être plâtrés et blanchis. Mais il y
a déjà de nouveaux meubles, tels une table, un tranchoir ou encore des placards
« pour la commodité des religieux », 63 et d’autres placards sont à installer aux
armoires.
On peut alors constater que le réfectoire est « fai beau et commode », 64 deux adjectifs
qui ne semblent pas coïncider avec l’idéal de vie des moines cisterciens. Même si ces
travaux sont nécessaires, leur fonction première n’est pas de rendre une pièce belle et
commode, mais propre et commode.
55
Cf procès-verbal de 1616, f° 5v, dernier paragraphe, p XXV.
Cf procès-verbal de 1616, f° 6r, premier paragraphe, p XXV.
57
Cf procès-verbal de 1616, f° 8r, avant dernier paragraphe, p XXIX.
58
Cf procès-verbal de 1632, f° 5v, p XLVII.
59
Cf procès-verbal de 1632, f° 5r, p XLVI.
60
Le chalict est un mot d’ancien français qui désigne les montures du lit.
61
Cf procès-verbal de 1616, f° 5v, dernier paragraphe, p XXV.
62
Cf procès-verbal de 1616, f° 6r, premier paragraphe, p XXV.
63
Cf procès-verbal de 1616, f° 5v, dernier paragraphe, p XXV.
64
Cf procès-verbal de 1616, f° 5v, dernier paragraphe, p XXV.
56
20
De plus, il est précisé que le monastère doit comporter deux réfectoires : un pour les
jours maigres et un pour les jours de chair. Les moines ne mangent pas au même
endroit selon qu’ils jeûnent ou non. Le réfectoire des jours maigres est usité pour le
Carême, l’Avent, et tous les jours de jeûn existant dans l’usage cistercien.
Ce souci de posséder deux réfectoires répond à la volonté de l’ancien institut de
l’ordre de Cîteaux, c’est-à-dire aux exigences primitives. Cette pièce n’est pas
inventoriée, il en est simplement fait mention. Le prieur de Montarlot rapporte
qu’elle est aujourd’hui vide et éloignée de la cuisine. 65 Mais au folio treize, nous
apprenons que s’est une salle grande et spacieuse qui se situe à côté du cloître,
« environ le milieu d’iceluy » et que maintenant des menuisiers y travaillent. 66
La visite de 1632 donne une description sommaire du mobilier présent dans le
réfectoire. Puis inventorie la vaisselle et le linge nécessaires au service des religieux.
Selon le modèle d’organisation cistercien, le réfectoire, avec la cuisine, sont
généralement situés en face de l’église, de façon perpendiculaire à la galerie destinée
aux besoins corporels et matériels.
Les moines s’y rendent en procession, et se lavent les mains avant d’y entrer. Lors
des repas, les religieux écoutent les lectures, car ils doivent recevoir les nourritures
de l’esprit en même temps que celles du corps. Ces lectures sont faites dans une
chaire, 67 le plus souvent construite dans l’épaisseur du mur ouest. Cependant, il n’en
est pas fait mention dans nos sources.
Plus tard, dans un certain souci de confort, mais surtout pour faciliter son chauffage,
la taille du réfectoire est diminuée.
Proche de la cuisine, le procès-verbal guide le lecteur vers les caves.
•
Les caves.
Le procès-verbal de 1584 nous guide à travers une grande cuverie, puis vers une
petite cave et une autre cave.
La cuverie contient six tonneaux de quantité variable. 68 Leur contenance n’est pas
indiquée contrairement à leur mesure de capacité : la muid qui est utilisée pour les
liquides et les grains. Deux de ces tonneaux sont des « rondelz », c’est-à-dire qu’il
sont cerclés.
Il y a également un treuil ou pressoir. Nous pouvons supposer que les religieux
l’utilisaient lors de la confection du cidre. En effet, ce sont les moines cisterciens qui
ont introduit les graines de pommier « à cidre » en Franche-Comté. Ces dernières
sont un don de l’abbé de Vaux-Richier, monastère situé dans l’Auge, région cidrière
par excellence. Anne-Marie Aubert 69 rapporte également qu’un moine a écrit la
recette de la fabrication de cette boisson sur une page, laissée blanche, d’un cartulaire
du XIVe siècle. On trouve une copie de cette dernière, rédigée en latin, dans les
annexes de ses recherches, « Histoire et développement économique d’une abbaye
cistercienne … ».
65
Cf procès-verbal de 1616, f° 10v, dernières lignes, p XXXII.
Cf procès-verbal de 1616, f° 13r, fin du premier paragraphe, p XXXIV.
67
La chaire est une tribune que l’on trouve également dans l’église. Au réfectoire, un religieux y
prend place pour faire la lecture. A l’église, le prêtre y monte pour prêcher.
68
Cf procès-verbal de 1584, f° 6v, dernier paragraphe, p VIII.
69
Aubert (Anne-Marie), Une maison…op. cit., p 11.
66
21
De la cuverie, nous passons en une petite cave, proche du «treuil »70 On y trouve
trois tonneaux dont la capacité est exprimée cette fois ci, en « quehues ». Une queue
est une futaille, un fut ou un baril, d’un muid et demi. Ces tonneaux contiennent donc
de l’huile, du vin ou d’autres alcools.
La visite nous conduit ensuite dans une autre cave proche, elle aussi, du « treuil ».
On y découvre seulement un grand tonneau de six queues. 71
La visite de 1616, ne présente qu’une nouvelle cuverie au-dessous du logis
abbatial. 72 Il s’y trouve le pressoir refait à neuf. 73
Enfin, en 1632, il est fait mention, en plus de la cave et de la cuverie, d’un sellier.
C’est après la visite de la « salette basse », 74 proche de la grande cuisine, et de la
cour, que nous entrons dans la cuverie. Il s’y trouve d’abord « deux grandes cuves
fort caduques » 75 autrement dit assez vieilles. On peut supposer qu’il s’agit de deux
des six tonneaux présents en 1584. De même, deux autres cuves, dont l’une a été
faite à partir du bois d’un ancien tonneau, par les amodiateurs.
On remarque également un burillon. 76 Et un aivie de bois ou dechargeoir, c’est-à-dire
un réceptacle pour recevoir les produits que l’on décharge d’un chariot ou autre
véhicule.
Puis, se présente le sellier où se trouve le pressoir et vingt et une queues de vin
pour les religieux.
Enfin, la cave, 77 proche de la grande cuisine, qui renferme plusieurs provisions,
tels du vin ou de la farine. Mais une partie de ces denrées appartient aux amodiateurs
Aymé Marchand et Claude Couseret.
Cette visite des quartiers conventuels se poursuit avec la découverte des lieux
de réunion, de soin et de repos.
2.
Salle capitulaire, infirmerie, dortoir et autres chambres.
•
La salle capitulaire.
C’est la pièce où se réunit le chapitre. Ce dernier désigne la réunion des moines
après la première heure de l’office, prime, pour écouter l’abbé leur lire un chapitre de
la règle, d’où cette appellation. Ils y discutent également des affaires de l’abbaye et
organisent la vie communautaire.
La visite de 1584 n’en fait pas mention.
70
Cf procès-verbal de 1584, f° 7r, p VIII.
Cf procès-verbal de 1584, f° 7r, p VIII.
72
Cf procès-verbal de 1616, f° 8r, troisième paragraphe, p XXIX.
73
Cf procès-verbal de 1616, f° 15v, avant dernier paragraphe.
74
Cf procès-verbal de 1632, f° 5v, p XLVII. C’est une petite salle à plafond bas où les religieux
entreposent des meubles dont ils n’avaient plus une grande utilité.
75
Cf procès-verbal de 1632, fin du f° 5v et début du f° 6r, p XLVII.
76
La définition de ce terme n’a pu être trouvée.
77
Cf procès-verbal de 1632, f° 6r, p XLVII.
71
22
En 1616, nous accédons, dès le cloître, à la salle capitulaire qui est en bon état et
dont le plancher en chêne a été refait. 78
La visite de 1632, présente une pièce en assez bon état, bien que le pavement soit
rompu par endroits.
Notons que la maison de Besançon dispose également d’une salle du chapitre. 79
Au sein de l’abbaye, il y a la salle capitulaire pour les difficultés morales de
l’abbaye et des religieux et, pour les soins « physiques », une infirmerie.
•
L’infirmerie.
Elle ne semble pas encore tout à fait établie en 1616. Il n’est alors question que
d’une chambre, près du dortoir, dont les dispositions conviendraient à l’établissement
d’une salle de soin. En effet, elle possède une cheminée et, est « dehument
accomodée ». 80 Cependant, elle semble être destinée au sire official. De plus, la
chambre nécessite certaines réparations, en ce qui concerne le plancher notamment.
C’est pourquoi, le prêtre Jean Anteme recommande d’utiliser la chambre proche de
la chambre basse pour y établir une infirmerie. Avec un nouveau mobilier, elle est
convenable pour recevoir les étrangers et les malades. 81
Le procès-verbal de 1632, nous guide, après la sacristie, en une chambre servant
d’infirmerie. 82 On y trouve un lit de plume avec son coussin, il s’agit peut-être plus
exactement d’un matelas. Il y a également du linge, des couvertures et un « chalit »,
c’est-à-dire les montants en chêne du lit. Cette même pièce est aussi destinée à
accueillir des visiteurs.
Cependant, il est également fait mention d’une maisonnette, près de l’enclos proche
de la vieille étable, où sont logés « ordinairement » les malades.
Nous pouvons donc penser que l’infirmerie relève de la salle de soins, tandis que
cette petite maison, à l’écart des quartiers conventuels, accueille les religieux
souffrants. De part son emplacement, on veut éviter tout risque de contagion.
De là, nous montons au dortoir.
•
Le dortoir.
Le procès-verbal de 1584 n’en fait pas mention. Il est présenté, après la visite du
réfectoire, en 1616, et après celle de l’infirmerie en 1632.
En 1616, c’est un « aul pacieux », une grande pièce, d’environ dix-sept toises de
longueur et cinq de largeur. 83 Elle est recouverte, « à neuf », de planches de chêne.
Cette grande pièce comporte neuf cellules, toutes d’un même côté donnant sur le
78
Cf procès-verbal de 1616, f° 5v, troisième paragraphe, p XXV.
Cf procès-verbal de 1632, f° 17v, p LXII.
80
Cf procès-verbal de 1616, f° 6v, premier paragraphe, p XXVI.
81
Cf procès-verbal de 1616, fin du f° 12v, début du f° 13r, p XXXIV.
82
Cf procès-verbal de 1632, f° 3r, p XLII.
83
Cf procès-verbal de 1616, f° 6r, second paragraphe, p XXVI. La toise est une ancienne mesure de
longueur valant six pieds, soit près de deux mètres. La pièce mesure donc 34 mètres de long sur 10
mètres de large.
79
23
jardin, et dont les cloisons sont également en planches de chêne. Cependant, le
plancher de certaines de ces chambrettes est en mauvais état. L’abbé remédie à cela
en finançant des réfections. Ainsi, le sol de deux cellules a déjà été refait.
Il faut savoir qu’aux origines de l’ordre, le dortoir ne devait consister qu’en une
seule pièce. Ce n’est qu’en 1666, que les abbayes obtiennent l’autorisation de créer
des cellules individuelles. Toutefois, cette modification de l’espace relève plus de la
recherche du confort que d’une utilité particulière. Hors, le confort ne doit pas être
une préoccupation pour les religieux.
La nécessité des travaux du dortoir est évoquée lors d’une précédente visite. Elle
décrit ce dernier comme ruiné et en très mauvais état. 84 Il est même comparé à une
étable tant son plancher est disjoint, mal accordé et usé. 85 En attendant la fin de ces
réparations, les religieux dorment dans des chambres qui reçoivent, ordinairement,
les visiteurs. 86
En 1632, c’est un dortoir tout autre, puisqu’il est «ruyneux et caduque ». 87 Sa
toiture a également besoin de réparations : les religieux témoignent que, lorsqu’il
pleut ou neige, le dortoir, comme les chambres, sont pleins d’eau. Devant ces
déclarations, le maçon de Chambornay, Germain Millot, présent lors de la visite,
promet d’effectuer les travaux nécessaires.
Selon le plan type d’une abbaye cistercienne, le dortoir occupe tout l’étage de
l’aile orientale du cloître. Il est desservi par deux escaliers : un escalier de jour qui
descend sur une galerie du cloître, et un escalier de nuit qui permet un accès direct à
l’église pour les offices nocturnes. 88
Les moines peuvent se rendre au dortoir à toute heure de la journée.
Cependant le dortoir n’est pas, au sein de l’abbaye, le seul lieu de repos, il
existe d’autres chambres.
•
Les autres chambres.
Il est difficile de les dénombrer et de les situer avec exactitude. Il faut les
distinguer suivant les bâtiments. Car, certaines sont dans les quartiers conventuels,
d’autres au logis abbatial et d’autres encore à la porterie. Nous ne visitons ici que
celles que nous pensons être situées au sein des quartiers des moines, ainsi que le
« poil », une pièce chauffée. Les autres chambres sont présentées lors de la visite des
bâtiments où il est probable qu’elles se situent.
Le procès-verbal de 1584 présente d’abord une chambre basse 89 où logeait le feu
abbé Louis du Tartre. Un mobilier assez fourni est mentionné : deux lits, deux grands
84
Cf procès-verbal de 1616, fin du f° 6r, p XXVI.
Cf procès-verbal de 1616, fin du f° 11v, début du f° 12r, p XXXIII.
86
Cf procès-verbal de 1616, f° 6v, p XXVI.
87
Cf procès-verbal de 1632, f° 3r, p XLIII.
88
Les activités des moines et la prière sont traitées dans le troisième temps de la seconde partie de
cette étude de l’abbaye.
89
Cf procès-verbal de 1584, f° 5r, p VI.
85
24
coffres avec du linge, un dressoir, une table et six chaises, plusieurs tableaux, quatre
andiers et un vieux buffet.
Puis, après la cuisine, nous entrons dans une autre chambre, dite la chambre aux
dames. 90 Il s’y trouve deux lits, un buffet, une table et deux andiers. De part son
appellation, peut-on penser que, parfois, l’abbaye recevait des femmes ?
La visite se poursuit en « une autre chambre haute »; 91 cette désignation laisse
supposer que la chambre précédente se situe également à l’étage. Cette autre
chambre comporte deux lits, deux gros coffres et deux andiers.
De là, nous entrons en une chambre qui, de part son contenu se rapproche plus d’une
pièce servant à la cuisine que d’une chambre pour les hôtes. En effet, il s’y trouve un
tonneau de vin et une table.
Le « poil », contigu à la cuisine haute, peut être considéré comme une chambre
puisqu’on y trouve « un petit chalit de camp », 92 mais aussi une table, des bancs, une
chaise et un buffet.
Le procès-verbal de 1616 nous a déjà présenté la chambre proche du dortoir qui
est destinée à l’infirmerie. 93
Il mentionne également quatre autres chambres, « deux joignants au dortoir et deux
proche le cloistre ». 94 Leur mobilier n’est pas indiqué, mais elles sont commodes et
bien restaurées. En effet, la ramure, c’est-à-dire les bois, et la couverture des deux
chambres près du cloître ont nécessité des réparations. 95 Elles sont également
chauffées, puisqu’elles sont qualifiées de « chambres a feug ». 96 De plus, chacune
des chambres possède un cabinet, c’est-à-dire une petite pièce à l’écart et dont
l’utilisation n’est pas précisée, peut-être est-ce simplement pour y étudier. Ces
chambres sont occupées par l’officier présent pour la rédaction du procès-verbal et
par les religieux, en raison des réparations effectuées au dortoir.
Nous voici de nouveau en la chambre basse, à laquelle nous accédons dès le
cloître. 97 Il s’y trouve une cheminée, et on peut y mettre deux lits, ainsi, et avec
d’autres meubles, elle est commode pour y établir l’infirmerie. Mais elle n’est pas
usitée comme telle.
L’inventaire de 1632, fait mention de la chambre aux dames qui n’est pas
désignée ou, du moins, pas comme telle, dans celui de 1616. Elle est située comme
joignante « au su du poille du landrecy ». Elle contient toujours deux chalits, un
buffet et les deux andiers. Il y a aussi deux coffres renfermant du linge pour la
table. 98
90
Cf procès-verbal de 1584, f° 6r, p VII.
Cf procès-verbal de 1584, f° 6v, p VII.
92
Cf procès-verbal de 1584, f° 7v, p IX.
93
Cf procès-verbal de 1616, f° 6v, p XXVI.
94
Cf procès-verbal de 1616, f° 6v, avant dernier paragraphe, p XXV.
95
Cf procès-verbal de 1616, f° 7r, dernier paragraphe, p XXVII.
96
Cf procès-verbal de 1616, f° 11v, p XXXIII.
97
Cf procès-verbal de 1616, f° 11v, p XXXIII.
98
Cf procès-verbal de 1632, f° 5r et début du f° 5v, p XLVI.
91
25
La lecture de ce procès-verbal nous conduit en la chambre de dom Claude Loys, à
présent prieur à la Charité. Il y reste quelques meubles dont deux lits, deux
couvertures, quatre chaises, de la vaisselle et des linges. 99
D’autres chambres sont répertoriées dans ce procès-verbal, mais soit elles
appartiennent au logis abbatial, soit elles ne se situent pas dans l’enceinte de
l’abbaye.
Le « poil », mentionné dans les visites de 1616 et de 1632, est une pièce du logis
abbatial abordé ci-après.
Les diverses chambres que nous venons de parcourir font partie des quartiers
conventuels et sont, de ce fait, usitées par les religieux. L’abbé, lui, bénéficie de ses
propres quartiers.
3. Le logis abbatial.
Le logis abbatial apparaît avec l’institution, à la tête de l’abbaye, d’abbés
commendataires. Ce sont des clercs séculiers 100 ou encore de seigneurs laïques, ni
élus, ni choisis par la communauté des religieux mais imposés par les pouvoirs
laïques ou ecclésiastiques. Ils n’ont pas toujours une vocation monastique, mais
doivent diriger le temporel et le spirituel de l’abbaye : c’est la commende.
Ces abbés n’ayant pas épousé la vie monastique, ils ne respectent donc pas les
prescriptions cisterciennes demandant à l’abbé de vivre parmi et, au-milieu, de ses
frères. C’est pourquoi, ils font construire leur propre demeure au sein de l’abbaye : le
logis abbatial, dont la richesse contraste parfois avec la pureté des autres bâtiments.
La commende est introduite à Bellevaux en 1455 avec Jean Rolins, fils du chancelier
de Bourgogne. Puis elle disparaît pour s’établir définitivement en 1551, avec
l’abbatiat de Pierre d’Andelot.
Le logis abbatial, maintenant appelé le château, et la porterie, sont aujourd’hui les
derniers témoins de la présence du monastère.
Le logis n’est pas présenté en 1584.
En 1616, il est ceint d’une clôture, bien qu’il se trouve déjà à l’intérieur de celle
de l’abbaye. 101 L’abbé y fait faire une porte de pierre, et fait mettre une porte neuve
au logis.
Au rez-de-chaussée, se trouve une grande cuisine, jointe au « poil » et à une chambre
« en forme de salette ». 102
Puis, l’accès au second étage se fait par un « fort bel escalier » en pierre de taille
comportant trente à trente-six marches, séparées par trois paliers. Il ne s’agit
cependant pas du magnifique escalier, à la rampe en fer forgé, que nous pouvons
encore admirer aujourd’hui. Ce dernier est construit au XVIIIe siècle, lors de la
remise en état de l’abbaye par son abbé commendataire Lezay-Marnésia.
L’escalier du logis est éclairé par des fenêtres flamanches.
99
Cf procès-verbal de 1632, f° 6v, p XLVIII.
Toute personne faisant partie du clergé et ne vivant pas retranché du monde.
101
Cf procès-verbal de 1616, f° 7v, dernier paragraphe, p XXVIII.
102
Cf procès-verbal de 1616, f° 8r, premier paragraphe, p XXVIII.
100
26
A l’étage, cinq chambres, toutes « bien logeables », sont accompagnées d’un cabinet
et d’une garde-robe, autrement dit une petite pièce pour y mettre les vêtements. Tous
deux sont joints à chacune des chambres. 103
L’accès au corps de logis peut se faire depuis l’église, le dortoir ou encore par une
grande galerie voisine. 104
En dessous dudit logis, une nouvelle cuverie avec un pressoir ont été nouvellement
aménagés. 105
Le procès-verbal de 1632 apporte plus de précisions, en particulier sur le mobilier
du logis. 106
Ainsi, en pénétrant dans la salle d’entrée, nous découvrons une table de noyer, deux
bancs couverts de cuir doré, des chaises ornées de même, un coffre et un buffet. Un
mobilier assez éloigné de la simplicité cistercienne !
De là, la visite se poursuit en une chambre contenant un lit, deux chaises couvertes
de tapisseries et deux andiers. Un cabinet avec un petit lit y est joint.
Puis, une autre chambre, à l’étage, dite « la chambre du milieu aultrement le poil »,
est richement et amplement meublée. 107
Cette richesse montre que l’abbé n’a pas choisi d’adopter la vie monastique, et qu’il
est plus versé dans la vie extérieure à l’abbaye. Peut-être même qu’il n’y réside que
ponctuellement.
Ainsi s’achève notre visite des bâtiments communautaires et du logis abbatial.
L’abbaye est un lieu de prière mais aussi une grande et vaste maison qui se veut
avant tout fonctionnelle et empreinte de simplicité. Néanmoins, ce n’est pas toujours
le cas comme cela est parfois esquissé lors de la visite.
Cependant, il existe, dans l’enceinte de l’abbaye, d’autres bâtiments et d’autres lieux
spécifiques à l’organisation cistercienne.
C. Clôture, porterie et réseau hydraulique.
L’abbaye, ce n’est pas seulement l’église, le cloître, les quartiers conventuels et le
logis abbatial avec un petit peu d’espace pour le jardin ou la promenade. Non. La
reconstitution du plan de l’abbaye par René Locatelli, 108 montre combien, déjà intra
muros, le domaine est vaste. Ce besoin d’espace n’est pas sans raison, il répond à
certaines nécessités, et, à la volonté des abbayes cisterciennes, de vivre le plus
possible en autarcie.
Nous pouvons estimer l’étendue des terres autour de l’abbaye grâce aux diverses
indications, fournies dans les sources, sur le mur de clôture.
103
Cf procès-verbal de 1616, f° 8r, p XXVIII.
Cf procès-verbal de 1616, f° 8r, p XXVIII.
105
Cf procès-verbal de 1616, f° 8r, p XXVIII, troisième paragraphe.
106
Cf procès-verbal de 1632, f° 3r, p XLIII.
107
Cf procès-verbal de 1632, f° 3v, p XLIII.
108
Cf carte p 34.
104
27
1
La clôture.
Elle est, pour le visiteur, la première partie visible de l’abbaye et la première
barrière. Sa valeur symbolique, importante, marque la volonté d’isolement des
religieux et concrétise leur vœu de solitude. Elle signifie la coupure avec le monde
extérieur où il ne se trouve que des choses futiles, non essentielles à l’élévation de
l’esprit vers Dieu et son fils.
Cette volonté de fuir le monde est déjà manifeste dans le choix de l’emplacement de
l’abbaye : un lieu écarté, loin des villages et de toutes habitations.
On multiplie les « précautions » pour se retirer le plus possible dans la solitude et
ainsi se disposer au mieux à la contemplation.
A plusieurs reprises, lors des visites de 1616 et de 1632, il est question de la
« muraille » servant de clôture à ladite abbaye.
Le procès-verbal de 1616, indique que cette même clôture est l’objet de
réparations parce qu’elle est rompue à divers endroits. 109 Elle est recouverte de laves,
c’est-à-dire de pierres plates, et mesure près de six cents toises. 110 Ainsi, il est refait
« plus de cent toisée » de « basches »111 et murailles neuves.
Puis, peu après, il est précisé que l’abbaye est enfermée d’une muraille d’une toise
(environ deux mètres) de haut et de plus de quatre cents toises (près de huit cents
mètres) de long. 112
Comme nous avons pu le constater lors de la visite du logis abbatial, il existe
d’autres clôtures à l’intérieur du mur d’enceinte. Ceci se confirme quand il est
question qu’au-dedans de la précédente muraille, il est « encore une aultre clotture de
muraille enfermant les bastiments », 113 mais nous n’avons pas de précision quant à
ses dimensions.
La visite de 1632, présente un mur en moins bon état. 114 En effet, il est l’objet de
plusieurs brèches qu’il convient de réparer.
L’enceinte principale est « escorchée » sur environ une toise et un peu plus loin sur
près de quatre pieds. Ces failles se situent près de la vieille étable, du côté du
prélot 115 en direction de Neuve-Grange. Toujours sur cette même enceinte, proche du
coin des « besoignes », se trouve une autre écorchure d’environ huit toises. Une
brèche, de même taille, est remarquée depuis le précédent endroit en suivant le
chemin longeant l’abbaye. Il faut aussi « reaulser » et recouvrir le mur, sur ce même
lieu.
Enfin, un petit enclos, près de la vieille étable, du côté des vignes, nécessite
également quelques réparations.
Ces différentes enceintes sont agrémentées de plusieurs portes ou entrées.
109
Cf procès-verbal de 1616, fin du f° 6v et début du f° 7r, p XXVII.
La toise est une mesure de longueur équivalente à six pieds, soit près de deux mètres. Nous
pouvons donc admettre que la clôture s’étend sur approximativement 1 200 mètres
111
Les basches sont des goulets ou des tranchées permettant l’évacuation et la conduite de l’eau.
112
Cf procès-verbal de 1616, f° 7r, p XXVII.
113
Cf procès-verbal de 1616, fin du f° 6v et début du f° 7r, p XXVII.
114
Cf procès-verbal de 1632, f° 7r, p XLIX.
115
Un prélot est un petit pré.
110
28
Ainsi, du côté du verger Guichard, se trouve une entrée dont l’abbé a fait redresser
l’arc et l’appui de deux ogives de pierre. La porte, « de bonne planche », ferme à clé
et, est surmontée d’un avant toit couvert de tavaillons. 116
Une autre entrée, du côté du pré, est fermée d’un portail de bois constitué de portes à
ferrements, également surmontées d’un avant toit de tavaillons.
Il en est de même pour le portail de pierre de l’entrée du logis abbatial, abordé lors
de la visite de ce dernier.
Un autre portail, qui était ruineux et sans porte, a été remis en état. On a construit
deux angles de pierres et remis une « bonne porte de bois » ferrée et fermant à clé, le
tout surmonté aussi d’un avant toit. C’est par cette porte que l’on rentre les foins.
Pareilles réparations sont faites sur un second portail. 117
L’enceinte de l’abbaye est un donc un rempart contre l’extérieur, contre toutes
tentations. Il faut en franchir plusieurs pour découvrir ce qu’il renferme en son sein :
l’abbaye et son domaine.
2.
Les autres bâtiments de l’abbaye.
Le premier édifice qui se présente dès que nous franchissons la grande porte
d’entrée - de part son appellation nous supposons qu’il se situe à cet endroit- est
l’hôtellerie ou encore, la porterie.
•
La porterie.
Bien que retranchés, les moines blancs accueillent néanmoins tous ceux qui
demandent l’hospitalité : vagabonds, mendiants, pèlerins… Charité et hospitalité sont
aussi les devoirs des Cisterciens. Ils se doivent d’accueillir leurs hôtes comme le
Christ.
La porterie a également une autre fonction : elle garde l’entrée. Les laïcs ne peuvent
pénétrer impunément dans l’abbaye et les moines ne peuvent en sortir sans
autorisation. L’entrée à l’abbaye est contrôlée, réglementée. 118
Seule la visite de 1632 nous guide quelque peu au travers de ce bâtiment.
Dans une chambre, un lit est inventorié, apparemment en assez mauvais état, et un
vieux buffet. 119
Au devant de la porterie, se trouve une chapelle et oratoire, en bon état mais sans
porte. Elle permet aux hôtes de se recueillir et de prier puisqu’ils ne peuvent accéder
à l’église, sauf sur invitation de l’abbé. 120
Une grange et des étables, convenables, sont également mentionnés, bien qu’il n’y ait
pas de plancher dans ces dernières. 121
Notons que le serrurier Claude Roussel réside à la porterie, 122 mais nous ne savons si
c’est de manière provisoire ou non. Au quel cas, il pourrait être le « gardien » de
l’abbaye.
116
Cf procès-verbal de 1616, f° 7v, p XXVIII.
Cf procès-verbal de 1616, fin du f° 14v, p XXXVI.
118
ADHS, H 43, 1198; p LXXVI.
119
Cf procès-verbal de 1632, fin du f° 6r, p XLVIII.
120
Cf procès-verbal de 1632, début du f° 7v, p L.
121
Nous aborderons plus en détail les granges et étables de l’abbaye ci-après, p 29.
117
29
Evoquées précédemment, étables et granges sont aussi des composantes de
l’abbaye.
•
Granges et étables.
Elles sont nécessaires à l’abbaye qui doit vivre le plus possible en autarcie. Il lui
faut donc des granges et des étables pour recevoir les animaux et le fourrage dont ils
ont besoin.
Le procès-verbal de 1584 ne les mentionne pas.
La visite de 1616, indique, près du verger, une grange dont une partie est refaite à
neuf. 123
Les étables ont également bénéficié de travaux. La ramure, c’est-à-dire les bois, de
l’une des étables est « pourrie » et sa muraille menace de tomber en ruine. 124 On
construit alors des pignons pour le renforcer et on remplace les bois. 125 L’autre écurie
est entièrement découverte. La toiture, mais aussi le pavement - il s’agit peut-être de
l’étable près de la porterie- sont ainsi refaits.
Près de l’abbaye et d’un fossé, cette même visite nous guide vers une vacherie avec
un pré attenant. 126 Elle semble être laissée à l’abandon car elle est encombrée par de
la végétation et inondée. Mais l’abbé s’est enquis de la remettre en état.
Le procès-verbal de 1632, conduit à nouveau, près de la porterie, vers la grange et
les étables. Ces dernières n’ont pas de plancher mais il s’y trouve « environ
cinquante chariots de foin provenant des prés de ladicte abbaye ». 127
Une autre étable, assez vieille, est présente dans le grand enclos, du côté du prelot ou
le petit pré. 128
C’est dans ces mêmes étables que se trouve tout le bétail de l’abbaye, amodié lui
aussi. 129
Prés et champs abordent ces granges et étables, et d’autres encore qui sont
exposés ci-après.
•
Verger, colombier, four et grenier.
Le verger.
Il apporte aux religieux les fruits et surtout les pommes nécessaires à la fabrication
du cidre.
La visite de 1616, présente un grand verger tout débarrassé des ronces et broussailles
qui l’encombraient auparavant. 130 Il s’agit du verger Guichard, traversé par un fossé
qui le rend plus fertile. 131
122
Cf procès-verbal de 1632, f° 11r, p LIV.
Cf procès-verbal de 1616, fin du f° 8r, p XXIX.
124
Cf procès-verbal de 1616, cinquième paragraphe du f° 15v, p XXXVIII.
125
Cf procès-verbal de 1616, f° 8v, p XXIX.
126
Cf procès-verbal de 1616, f° 8v, troisième paragraphe, p XXIX, pour le pré, f° 15v, second
paragraphe, p XXXV II, pour l’état du bâtiment.
127
Cf procès-verbal de 1632, f° 7v, p L.
128
Cf procès-verbal de 1632, f° 7r, p XLIX.
129
Cf procès-verbal de 1632, f° 8v, p LI.
123
30
Dans le verger nous apercevons également le colombier.
Le colombier.
En 1616, il semble inutile car petit, plein de vermine et entouré d’orties et de
broussailles.
Après quelques restaurations, nous découvrons un colombier nettoyé, reblanchi,
recouvert de laves et peuplé de nombreux pigeons. 132
En 1632, le pigeonnier est en assez bon état. La toiture est refaite cette même
année. Toutefois, les amodiateurs nous font remarqué qu’au début de leur amodiation
il n’y avait plus de pigeons et qu’aujourd’hui il n’y en a qu’une quinzaine. 133
De là, nous nous rendons au four.
Le four.
Son utilité et sa nécessité sont démontrées lors de la visite de 1616 où deux fours
sont présentés. Un four à pain, grand et ample, refait à neuf. Et un second four pour
la cuisson des poteries. 134
En 1632, le four nécessite quelques réparations : son cintre, c’est-à-dire la
courbure de la voûte, est rompu en divers endroits.
Puis, nous terminons notre visite par les greniers.
Les greniers.
Il n’est pas, ici, seulement question de la pièce qui se trouve sous la toiture. Les
greniers sont aussi des bâtisses dans lesquelles on entrepose fourrages et outils.
Ainsi, en 1616, les greniers sont refaits à neuf, car, auparavant, ils étaient infestés
de vermines et mal pavés. 135 Maintenant rendus salubres, ils sont pleins de grains
d’avoine et de froment. 136
Le procès-verbal de 1632, apporte plus de précisions. Il nous conduit d’abord vers un
grand grenier, proche du cloître, dans lequel se trouve du froment, du vieil orge, des
cousels et des navettes.
Puis, vers un autre grenier, appelé Morimont où se trouve cinq quartes de navettes,
dix quartes de boisses et un grand pot de cuivre d’environ deux soilles. 137
Au cour de notre visite, à plusieurs reprises, il est fait mention de fossés. Ils sont
la partie visible du réseau hydraulique qui dessert l’abbaye.
130
Cf procès-verbal de 1616, f° 7v, p XXVIII.
Cf procès-verbal de 1616, quatrième paragraphe du f° 8v, p XXIX.
132
Cf procès-verbal de 1616, second paragraphe du f° 9v, p XXXI.
133
Cf procès-verbal de 1632, f° 7v, p L.
134
Cf procès-verbal de1616, second paragraphe du f° 8r, p XXIX.
135
Cf procès-verbal de 1616, avant dernier paragraphe du f° 7v, p XXVIII.
136
Cf procès-verbal de 1616, troisième paragraphe du f° 15r, p XXXVII.
137
Cf procès-verbal de 1632, f° 6r, p XLVIII.
131
31
3.
Le réseau hydraulique.
C’est une spécificité des constructions cisterciennes. Le lieu d’installation d’une
abbaye se doit d’être pourvu en eau et en bois, matières nécessaires à une vie
autarcique. Les religieux n’établissent pas leur monastère sur un cour d’eau, mais
dévient celui-ci, et construisent canaux, digues et retenues pour l’alimenter.
L’abbaye est alimentée en eau par de petits ruisseaux qui descendent des bois
environnants et se dirigent vers Cirey.
Ces travaux d’aménagement sont d’autant plus nécessaires à l’abbaye qu’elle est
établie sur des marécages que les moines ont pris soin d’assécher auparavant.
Ensuite, ils ont creusé et aménagé plusieurs canaux.
Aujourd’hui encore, une partie du réseau est visible. Les archéologues l’ont exploré
et rapportent qu’une grande partie est voûtée en arc bombé et le sol est pavé. 138
Enfin, la construction des bâtiments s’ordonne en fonction de la distribution de l’eau.
Le parcours du réseau ne peut être retracé uniquement à partir des sources
exploitées, mais d’autres documents ont permis la réalisation d’un schéma
approximatif du réseau hydraulique de l’abbaye, présenté à la page 34.
Les sources rendent cependant compte des inconvénients quelques fois engendrés par
ces canaux.
Les procès-verbaux de 1584 et 1632 n’évoquent pas le réseau.
Celui de 1632 apporte plus d’informations.
Un fossé est creusé derrière les chapelles pour canaliser les écoulements car le terrain
est « fort hau du costé desdictes chapelles ». 139 Mais il rend l’église humide et verdit
les murs des chapelles. C’est pourquoi, il a besoin d’être purgé et réparé en
profondeur, notamment depuis l’angle de la chapelle Saint-Pierre jusque près de la
muraille joignante au grand portail. L’entretien du fossé permet d’éviter que la
proche fontaine ne regorge plus dans l’église lors de grandes pluies.
Ces travaux sont effectués : des buissons qui entretiennent l’humidité sont enlevés,
mais le fossé a encore besoin de nouvelles réparations. 140
Près de la vacherie, proche de l’église, il y également un fossé, en bon état, mais
la vacherie est tout de même inondée. 141
Il est aussi fait mention de canaux et d’égouts qui, de part leur mauvais entretien,
endommagent tous les murs de l’église. 142 D’autres conduits, pour les même raisons,
rejettent « les eaux en immondices de ladicte abbaye ». C’est pourquoi ils sont
nettoyés et recouverts aux endroits où ils sont rompus et enfoncés. 143
La fontaine, dans le « vuyde dudict cloistre », est tarie. Mais les canaux passant par
le cloître sont nettoyés, recouverts et repavés. Ainsi, la fontaine coule à nouveau
138
Py (Jean-Michel), Cirey-les-Bellevaux, rapport de 1986. p 7.
Cf procès-verbal de 1616, second paragraphe du f° 5r, p XXIV.
140
Cf procès-verbal de 1616, second paragraphe du f° 7r, et f° 14v, p XXVII et XXXVI.
141
Cf procès-verbal de 1616, second paragraphe du f° 15v, p XXXVII.
142
Cf procès-verbal de 1616, second paragraphe du f° 14v, p XXXVI.
143
Cf procès-verbal de 1616, troisième paragraphe du f° 7v, p XXVIII.
139
32
« abondamment dans un saulge de pierre pour l’usage du couvent et des
religieux ». 144
Selon les études de Jean-Michel Py, et d’après le schéma du tracé du réseau, nous
savons que les religieux ont canalisé le ruisseau. Ils l’ont ensuite dévié au niveau de
la limite de l’enclos monastique et, par un aqueduc souterrain, il passe sous le mur et
l’allée de ce dernier. Puis, le ruisseau ressort dans un bassin de distribution, à
l’intérieur de l’enceinte, pour être distribué, à l’aide de vannes, dans deux réseaux
latéraux. 145
La canalisation du cours d’eau permet également l’alimentation d’un moulin qui
n’est pas présenté dans les procès-verbaux.
Comme les bâtiments de l’abbaye, le réseau hydraulique a besoin d’entretien. Il
est une des originalités des constructions cisterciennes et permet une meilleure
hygiène pour les religieux.

Nous voilà au terme de notre visite de Notre Dame de Bellevaux en ces années
1584, 1616 et 1632.
Au fil du temps, les travaux et réfections effectués sont souvent à refaire. L’entretien
de l’abbaye est un travail constant et onéreux, bien qu’il en soit rarement question.
Les moines doivent se consacrer avant tout à la prière et ne peuvent pas toujours faire
face aux diverses réparations, ils n’ont pas toujours les compétences. Ils se vouent à
une vie retirée mais ont tout de même besoin de leur prochain, tel le maçon de
Chambornay, présent en 1632.
Cependant, l’établissement et la construction de l’abbaye en ces lieux sont avant
tout rendus possibles par la volonté de seigneurs laïques : la famille de La Roche.

144
145
Cf procès-verbal de 1616, f° 15r, p XXXVII.
Py (Jean-Michel), Cirey-les-Bellevaux, rapport de 1986, p 6.
33
34
II.
« Seigneur mon Dieu, force qui sauve, Tu protèges ma tête au
matin du combat »146
La construction de la première abbaye cistercienne en Franche-Comté ne relève
pas uniquement de la décision des moines de Morimond. Ces deniers ont, bien
entendu, le souhait d’essaimer, mais c’est également une nécessité : la communauté
ne cesse de s’agrandir, il n’y a plus assez de place, plus assez de moyens, des moines
doivent partir.
Une petite colonie de douze moines, tels les douze apôtres qui portent la Bonne
Nouvelle, répondent donc à ce besoin mais aussi à un appel. C’est celui d’une famille
de seigneurs francs-comtois : les La Roche.
Ainsi, Notre Dame de Bellevaux est le fruit d’hommes de religion et d’hommes de
guerre. Elle est leur Salut, mais elle leur doit son prestige.
A. Bellevaux : la volonté de la famille de La Roche…147
Pourquoi des seigneurs laïques souhaitent-ils la présence d’un monastère ?
Les moines prient pour leur salut et pour celui des autres. Ils sont considérés comme
des intercesseurs entre Dieu et les hommes. C’est pourquoi, l’encouragement de
l’établissement d’un monastère sur son domaine, permet au seigneur d’assurer sa
rédemption et celle de son lignage.
1.
Un prestige éphémère.
Depuis longtemps les eaux poissonneuses de l’Ognon attirent les hommes, tout
comme la proximité d’un massif forestier assez dense, notamment sur la rive droite.
C’est dans ce cadre géographique, qu’à l’aube du XIIe siècle, s’élève, au détour d’un
méandre de la rivière, le château de la famille. 148
La vallée de l’Ognon n’est peut-être pas le berceau des La Roche. Ils seraient issus
d’une branche de la famille des Traves. Cependant c’est dans cette vallée qu’ils
s’illustrent, qu’ils fondent leur lignée et y établissent leur domaine.
Autour du château, quelques maisons, un petit hameau ; à son pied, un moulin, et en
son cœur, une chapelle, consacrée à saint Etienne Protomartyr. Son culte se propage
depuis l’une des cathédrales de Besançon et, devient très populaire dans toute La
Comté.
L’action des La Roche s’étend sur deux bandes inégales de part et d’autre de la
rivière. Sur la rive droite, cette influence jouxte celle de la seigneurie de Cromary,
puis se déploie de Chambornay149 jusque vers les dépendances de Montbozon. 150 Sur
146
Rougier (Stan), Montre-moi…, op. cit., psaume 139 « Protège-moi », p 257.
L’essentiel des renseignements concernant la famille provient de l’ouvrage de Jean Girard, La
Roche et l’épopée comtoise de Grèce.
148
Le bâtiment que nous pouvons voir aujourd’hui est un remaniement, presque total, au XVIe siècle,
du château médiéval.
149
Chambornay est un petit village du canton de Rioz, dans l’arrondissement de Vesoul, en HauteSaône, à environ quarante kilomètres de Besançon.
150
Montbozon est le chef-lieu de canton de la Haute-Saône, dans l’arrondissement de Vesoul.
Montbozon se situe sur les rives de l’Ognon.
147
35
la rive gauche, le domaine est plus étendu. Il débute aux abords de la forêt de
Chailluz,151 s’étire un peu sur Braillans 152 avec quelques possessions, enserre Venise
et Palise 153 pour prendre fin aux portes de Cirey. 154 En plusieurs endroits, des
collines et des plateaux séparent ces terres de la vallée du Doubs.
La fondation de l’abbaye, détaillée ci-après, va projeter en avant le premier des La
Roche connu : Pons. Il est l’époux de Sybille de Scey, sœur d’Humbert de Scey,
archevêque de Chrysopolis (1134-1161), c’est-à-dire « la ville d’or ». C’est ainsi
qu’est nommée, dans les textes ecclésiastiques, la ville de Besançon, en raison de la
grande beauté de son site, de la présence de ses deux cathédrales, Saint- Jean et la
Madeleine, et de nombreuses maisons religieuses.
Humbert a également un rôle dans l’implantation des Cisterciens en Franche-Comté.
Pons et Sybille ont trois enfants, dont Pons qui deviendra le premier abbé de
Bellevaux.
Au cours du XIIe siècle, la famille gagne en prestige et devient l’une des plus
importantes du Comté. Cette renommée lui permet de contracter des mariages avec
d’autres grands lignages, tels les Ray et les Cicon ou encore les Fondremand ou les
Rosière, qui interviennent également dans l’installation de l’abbaye.
Les La Roche, chevaliers de père en fils, partent, sous l’impulsion de l’Eglise,
défendre le Christ et la Terre Sainte. Et, c’est ainsi qu’ils portent, au-delà de
l’Empire, leur affection pour Bellevaux. Affection telle, qu’elle entraîne, en Grèce, la
fondation d’une nouvelle abbaye : Daphni, près d’Athènes. 155
Mais, peu à peu, la famille s’efface. Certaines descendances, comme celle de Jean
(vers 1240-1290), sont décimées par les maladies ou les guerres. Après sa mort,
Othon, son fils, lui succède, jusqu’en 1312. Son jeune frère, Odat, reprend le fief. Il
meurt en 1321 et est enseveli à Bellevaux. Puis, son fils, Ferry, poursuit la lignée. En
1345, il dote l’abbaye et meurt peu après. Le dernier des La Roche, Thibaut, lui
succède. A cette succession de seigneurs sans grand charisme, il faut aussi ajouter le
dépérissement progressif du domaine et des possessions de la famille, en raison
notamment de dons ou de perte d’influence. Le XIIIe siècle voit l’affaiblissement de
la puissance de la famille. Ainsi, en 1386, la seigneurie est la nouvelle propriété d’un
modeste seigneur, originaire des environs de Vesoul, Jean de Velle.
Bien qu’il subsiste des ambiguïtés en ce qui concerne les armoiries de la famille,
des éléments sont avérés comme certains. Les armes sont ainsi composées
« d’équipollées à cinq points d’or et quatre de gueules ». 156
C’est-à-dire qu’elles sont constituées de neuf carrés. Cinq sont de couleurs or et les
quatre autres sont pampelonnés : ils ressemblent à des plaques d’écailles
superposées, comme le montre le premier blason présenté ci-dessous.
Toutefois, lors de l’épopée en Grèce, ces « plaques d’écailles » sont remplacées par
des hermines, c’est-à-dire des carrés blancs avec des « bouts de queues noires », il
s’agit du second écu figuré ci-après.
151
La forêt de Chailluz se situe au nord de Besançon.
Braillans est un village du canton de Marchaux.
153
Palise et Venise sont deux villages du canton du Marchaux, dans l’arrondissement de Besançon
dans le Doubs.
154
Cirey est un village du canton de Rioz dans l’arrondissement de Vesoul en Haute-Saône.
155
Nous reviendrons sur cette épopée dans notre étude sur la filiation de l’abbaye, page 50.
156
Girard (Jean), La Roche…op. cit., p 28 et 160.
152
36
Les premières armoiries de la famille. 157
Les armoiries de la famille après leur
épopée en Grèce. 158
Le choix des couleurs apposées sur l’écu a une signification particulière en
héraldique. 159
Ainsi, l’or et le pourpre utilisés sur le blason primitif des La Roche, sont le signe
d’une certaine noblesse. Car, plus une couleur est lumineuse, plus elle est noble.
Cependant, la possibilité de fonder la première et la plus prestigieuse abbaye
cistercienne de la Comté n’est pas à la portée de tous. Comme nous l’avons esquissé
auparavant, la famille de La Roche a un rôle fondamental dans l’établissement de la
communauté en ces lieux. Quel est-il ?
2. Les origines de ce prestige.
Ils sont liés à l’abbaye, puisque c’est avec sa fondation que les La Roche sortent
de l’ombre.
En 1119, Pons de La Roche invite des moines de l’abbaye de Morimond, à s’installer
sur ses terres. Cette décision est le fruit d’une démarche collective, car, comme le
veut l’usage au Moyen-Age, Pons consulte d’abord sa famille, ses frères, sa mère et
même ses vassaux. 160 Cette initiative est également approuvée par l’archevêque de
Besançon, Anséri de Montréal (1117-1134).
Arnould, abbé de Morimond, répond à cet appel en envoyant, le 22 mars 1120, une
colonie de douze moines, tels les douze apôtres, sous la direction de Pons, premier
abbé de Bellevaux.
Ils s’installent dans une reculée entre Cirey et Chambornay. Ce désert marécageux
est rapidement défriché et asséché pour permettre la construction des premiers
bâtiments.
157
Girard (Jean), La Roche… op. cit., p 161.
Est Républicain Magazine, 9 mars 2003, n° 204, p 13.
159
L’héraldique est la science des blasons, c’est-à-dire la connaissance des armoiries et des droits qui
en découlent
160
Girard (Jean), La Roche…op. cit., p 14.
158
37
Comme toutes les abbayes cisterciennes, elle est dédiée à la Vierge Marie. C’est
pourquoi elle porte le vocable de Notre Dame. Puis, après avoir porté plusieurs
noms, seul celui de « Bella Valis », «la belle vallée », « Bellevaux », demeure.
Pour établir son influence sur l’abbaye, Pons de La Roche place à sa tête son fils
Pons. Ce dernier acquiert une réputation de sainteté qui s’étend au-delà de la Comté
et attire de nombreux disciples. On dit même que l’abbaye aurait compté jusqu'à cinq
cents religieux. Est-ce proche de la vérité ou souhaite-t-on simplement mettre
l’accent sur le prestige du monastère? Quoi qu’il en soit, en 1124, l’abbaye est alors
suffisamment peuplée pour envoyer, à son tour, une colonie de religieux en HauteAlsace. 161
La notoriété de Pons en tant que saint peut être due aux miracles qu’il aurait réalisés
grâce à l’étole que saint Bernard lui a donné en signe d’amitié.
Tout cela lui vaut l’admiration de l’archevêque Anséri, et sûrement d’autres, lors de
son long sacerdoce de 37 ans (1119-1156).
L’abbé Pons meurt en 1203. Il est inhumé à l’abbaye. Cette perte entraîne alors de
nombreux troubles au sein de la communauté. Mais cela témoigne aussi de
l’importance de l’engagement et du prestige de la famille de La Roche dans l’abbaye.
Bucard succède au premier abbé. Formé à Clairveaux, il est aussi l’instigateur, en
1176, de la construction de l’hôtel de Bellevaux à Besançon.
Tout comme Pons d’autres membres de la famille sont enterrés au monastère, bien
que cela soit contraire aux prescriptions cisterciennes. Toutefois, une bulle, non
datée, du pape Grégoire IX, « permet aux religieux de l’ordre de Cîteaux d’inhumer
en leurs églises les fondateurs de leurs abbayes ou autres fidèles sur leur
demande »162
Ainsi, en 1184, c’est Othon de La Roche, neveu de l’abbé Pons, qui vient reposer à
l’abbaye. Jean, qui a croisé en Orient, est inhumé dans la chapelle de Saint- Pierre de
Tarentaise. Sa tombe est marquée de cette épitaphe :
« Ci gist Jehan de La Roche donquel Dieu hait lâme qui fust trepassé
l’an de nostre seigneur corrant MCCXC (1290) ». 163
En 1304, c’est sa femme, Isabelle de Rougemont qui prend place à ses côtés.
Puis, Odat, un des derniers de La Roche, y est également enseveli.
Cette ingérence dans la fondation et l’épanouissement de l’abbaye ne cesse pas avec
le décès de Pons. Non. L’abbaye et les seigneurs de La Roche semblent désormais
étroitement liés. C’est pourquoi elle bénéficie, tout-au-long de l’existence de la
famille, de dons divers de la part d’un grand nombre de ses membres.
L’abbaye doit beaucoup à la famille de La Roche, car elle lui apporte, avec
d’autres seigneurs, « les assises sans lesquelles elle ne [ peut ] subsister ». 164
161
Ces religieux établissent une nouvelle abbaye à Lucelle. Nous y reviendrons dans notre étude sur la
filiation de l’abbaye, p 55.
162
ADHS, H 44, non daté, p LXXVII.
163
Girard (Jean), La Roche…op. cit., p 215.
164
Pacaut (Marcel), Les moines blancs, p 80.
38
3.
Des dons pour des prières.
L’abondance des donations faites à l’abbaye s’explique par le fait que tout don au
monastère est associé aux prières des religieux. C’est assurer son salut éternel.
Les liens particuliers qui unissent l’abbaye et la famille de La Roche font d’elle la
plus généreuse des bienfaitrices et la gardienne de l’abbaye en tant que famille
fondatrice. De plus, ce sont les seigneurs les plus importants de ce coin de la Comté.
Pour ces raisons elle fonde, au sein de l’église de l’abbaye, une chapelle : la chapelle
de la Vierge dans laquelle est inhumé saint Pierre de Tarantaise. 165 Une bulle du pape
Alexandre III atteste de l’inhumation du corps de saint Pierre en l’abbaye de
Bellevaux. 166 D’autres dons provenant de membres de la famille, font suite aux
premiers.
C’est ainsi qu’en 1203, Gui de La Roche permet aux religieux l’usage des bois et
forêts de Marchaux, Chaudefontaine 167 et Vauregilain. 168 Ce dernier lieu est
vraisemblablement situé sur les pentes boisées faisant face à la grange de Braillans.
Puis, en 1218, avant de partir en croisade, il donne à l’abbaye le moulin Martin, situé
sur la Corcelle, avec des terres pour y construire une maison. Il lègue également le
four à pain de Chaudefontaine et une mine de fer.
En 1230, avant de mourir, le châtelain d’Athènes, Pierre Bovat, c’est-à-dire « le
bœuf », laisse à l’abbaye tous les biens qu’il possède sur Venise et Moncey.
Jean, dernier La Roche d’importance, lègue des terres à Vandelans et Chaudefontaine
et un moulin, construit par son père, et proche du moulin Martin. Lorsqu’il revient
d’Orient, il donne encore à Bellevaux, en 1265, une nouvelle mine de fer. Ces
dotations en mine de fer permettent la construction d’un haut fourneau et d’une
forge.
En 1345, peu avant son décès, Ferry, le fils d’Odat, dote l’abbaye de terres à
Aubertans et Baumotte. 169
Voici donc quelques exemples de dons faits par la famille de La Roche. Elle ne
cesse de contribuer à l’expansion du domaine de l’abbaye même lorsque son lignage
décline. Bellevaux semble faire partie du patrimoine de la famille. Et c’est une
richesse d’autant plus importante qu’elle leur survit et porte leur nom au-delà des
siècles malgré la disparition de la famille.
Certains bienfaiteurs dotent l’abbaye peu avant leur mort. Ceci corrobore l’idée de
l’assurance de son salut en contre-partie d’un legs. Les seigneurs espèrent, au travers
de ce geste, expier leurs fautes et, paient, en quelque sorte, leur entrée au paradis.
Toutefois, cette « assurance » n’est pas uniquement réservée aux fondateurs de
l’abbaye. D’autres seigneurs, de plus ou moins grande importance, dotent également
le monastère, et, parfois même, de manière plus spéciale.
165
Aubert (Anne-Marie), Une maison…op. cit., p 3.
ADHS, H 45, 1178, p LXXVII.
167
Chaudefontaine est un village du canton de Marchaux, dans l’arrondissement de Besançon, dans le
Doubs
168
Vauregilain n’est pas localisé.Afin de mieux situer ces donations nous pouvons nous reporter à la
carte de situation de l’abbaye, p 12.
169
Nous reviendrons plus précisément sur les possessions de l’abbaye dans le troisième temps de
notre étude.
166
39
B. … et le repos d’âme des Vienne, Rougemont et autres
familles.
La visite de 1616 présente différentes chapelles situées dans l’église. 170 Treize
autels et chapelles, dont huit sont fondés par des seigneurs. Ces fondations sont une
autre forme de don. Elles ont souvent pour but d’accueillir les défunts de la famille,
bien que cela soit contraire aux prescriptions cisterciennes, et les prières des moines
lors des messes anniversaires notamment. C’est une manière de se rappeler au
souvenir des religieux afin que ces derniers n’oublient pas de prier pour le salut des
familles.
Notre propos n’est pas ici de faire l’histoire de chacune des familles fondatrices,
mais seulement de les présenter brièvement et, si cela est possible, de montrer leurs
liens avec l’abbaye.
Cette présentation débute par une famille, plus précisément un personnage, dont la
place au sein de l’église laisse entrevoir son importance.
1. L’Amiral au chœur.
L’Amiral n’est autre que Jean de Vienne (vers 1341-1396), sire de Roulans et de
Bonnencontre, et amiral de France.
C’est un des hommes qui a marqué le XIVe siècle.
Il est le fils aîné des huit enfants de Guillaume de Vienne, sire de Roulans et
d’Annoires, et de Marguerite de Chaudenay. Au crépuscule du XIIIe siècle, la famille
de Vienne est l’une des plus considérables de Bourgogne. Guillaume de Vienne
combat dans les armées du roi Jean II le Bon (1350-1364). Jean lui succède dans ces
engagements militaires et porte au comble la renommée de la famille.
Il acquiert son titre d’amiral en luttant au côté de Du Guesclin lors de la guerre de
Cent Ans. En mer, il empêche toute retraite aux Anglais, mais aussi tout renfort. Pour
cela, le 27 décembre 1373, le roi de France, Charles V (1364-1380), le récompense
en lui conférant la charge d’Amiral de France. Longtemps, Jean combat les Anglais,
il va même jusqu’en Ecosse. Plus tard, le roi lui demande de faire partie du conseil
de régence en raison de la minorité du futur Charles VI (1380-1422). Ces diverses
fonctions l’obligent à être très souvent auprès du roi. Il acquiert ainsi une notoriété
qui fait de lui un personnage considérable tant en France qu’en Bourgogne.
Alors que la Franche-Comté est assaillie par des bandes de Routiers, 171 Jean tente
de la libérer. Il les poursuit jusqu’à l’Ognon, les disperse près de l’abbaye et les
combat une dernière fois près de Chambornay.
Le 28 mars 1356, Jean épouse Jeanne d’Oiselay, fille de Jean Ier d’Oiselay, comte
de Montbéliard et d’Isabelle de Villersexel. Comme certains de ses aïeux, Jean Ier est
inhumé, avec sa femme, en l’église de la Charité, fille de Notre Dame de Bellevaux.
Jeanne et Jean ont deux enfants : Philippe de Vienne, qui succède à son père, et
Marguerite dont le destin n’est pas connu. 172
170
Cf procès-verbal de 1616, f° 3v et f° 4r, p XXII et XXIII.
Les routiers sont des guerriers engagés dans les armées lors de la guerre de Cent Ans. En 1360, le
traité de Bretigny proclame un arrêt momentané des hostilités. Ces mercenaires, qui ne savant faire
que la guerre, sont alors livrés à eux-mêmes et pillent les régions qu’ils traversent. On les retrouve en
Comté de 1360 à 1370.
171
40
Vers 1393, avec sa femme, l’Amiral fonde, à Besançon, le couvent des Grands
Carmes tel un témoignage de sa foi. 173
Il en manifeste à nouveau lorsqu’en 1395, le roi de Hongrie, Sigismond, vient
demander de l’aide afin de combattre les Turcs. Comme de nombreux chevaliers, il
se rallie à cette cause et quitte la France vers le milieu du mois de mars 1396.
Mais, le 26 septembre de cette même année, l’Amiral trouve la mort alors qu’il
défend la ville de Nicopolis 174 avec ses troupes. La défaite des Chrétiens laisse ainsi
la porte ouverte aux Turcs sur les Balkans.
Son combat sans relâche pour l’honneur du royaume chrétien qu’est la France, son
grand respect pour les traditions de la chevalerie et son importante dévotion à la
Vierge apportent à Jean de Vienne une grande et noble renommée qui honore la
Franche-Comté.
C’est peut-être pour cette dernière raison que sa femme choisit l’abbaye de
Bellevaux pour y ériger, en sa mémoire, un magnifique cénotaphe 175 auprès duquel
elle est inhumée.
Les historiens ne sont pas unanimes quant au fait que le corps de l’Amiral repose
bien en l’abbaye. En 1398, les religieux célèbrent un service pour le repos de son
âme. Cependant, si les restes de Jean de Vienne ont bien été rapportés, il s’agit alors
peut-être de ses obsèques solennelles. 176
Un nécrologue 177 donne une liste des épitaphes que l’on pouvait trouver en
l’abbaye. On peut y lire cette dernière :
« Epitaphia quoe jacent in presbyterio
Ci gist messire Jehan de Vienne, chevalier, seigneur de Roulans, admiral de France,
qui trepassa en l’an de grâce 1340. Priez pour luy. Amen. »178
La différence entre les dates du décès de l’Amiral attire notre attention : 1398 et
1340. Le copiste du nécrologue a pu faire une erreur en recueillant les
informations. 179
Lors de l’inventaire, en 1616, et des ornements de l’église, 180 il est fait mention
d’un devant d’autel servant à parer la chapelle « dicte de l’Admiral des maisons de
Vienne et d’Oiselet ». 181
L’autel de l’Amiral se situe dans le chœur, pour être encore plus près du Seigneur.
On peut supposer que la lutte de l’Amiral pour défendre le royaume chrétien, lui vaut
cet honneur.
172
ADD BC 14.630, Faget de Casteljau (Henri de), La maison de Vienne.
Une plaque commémorant cette fondation se trouve à l’entrée du petit parking Granvelle, à
Besançon.
174
Nicopolis est l’ancienne appellation de la petite ville de Bulgarie, Nikopol, située sur le Danube.
175
Un cénotaphe est un tombeau élevé à la mémoire d’une personne, mais ne contenant pas le corps
de cette dernière.
176
Pingaud (L), L’amiral Jean de Vienne, dernière page.
177
Archives municipales de Besançon, manuscrit de la collection Droz.
178
Pingaud (L), L’amiral…op. cit., dernière page.
179
Pingaud (L), L’amiral…op. cit., dernière page.
180
Cf procès-verbal de 1616, dernier paragraphe du f° 3r, p XXII.
181
Cf procès-verbal de 1616, dernier paragraphe du f° 3r, p XXII.
173
41
Au Moyen-Age, les nobles achètent leur place pour être ensevelis dans les églises,
au plus près de Dieu. Cette promiscuité s’accroît avec la proximité de l’autel central
de l’église qui renferme des reliques de saints, les meilleurs intercesseurs entre Dieu
et les hommes. Plus on est proche des reliques, plus on est proche de Dieu et du
paradis.
Tout comme la maison de Vienne, d’autres familles « s’installent » dans l’abbaye
pour assurer leur salut.
2.
La Toussaint des Rougemont.
La famille Rougemont est présente au sein de l’abbaye, par la chapelle de
Toussaint « dicte de Rougemont ». 182
Le nom de cette famille lui vient certainement de sa possession de la baronnie du
même nom. 183 Elle est alors connue dans toute la Comté pour avoir donné trois
archevêques au diocèse de Besançon.
Le premier des Rougemont, Thiébaud Ier, est le fils d’Humbert de Montbéliard.
Thiébaut épouse Poncette de Traves, lignage dont seraient issus les La Roche. 184 Elle
lui donne deux fils :Thiébaud II, seigneur de Rougemont, et Humbert, vicomte de
Besançon.
Gérard de Rougemont, fils de Thiébaut, devient, en 1203, doyen du chapitre de la
cathédrale Saint-Etienne à Besançon, puis, en 1220, évêque de Lausanne. En 1221, il
est élu archevêque de Besançon. Cependant l’insurrection de la communauté
bisontine, demandant une charte de franchise, 185 l’oblige a quitter son poste. Il meurt
à l’abbaye de Bellevaux en 1225. Le jour exact de son décès n’est pas connu, mais
une messe anniversaire est célébrée le 15 mars. 186
En 1269, c’est le chanoine Eudes, fils d’Humbert de Rougemont, qui succède à
l’archevêque Guillaume de La Tour. Eudes meurt en 1301.
Enfin, en 1405, c’est Thiébaut de Rougemont, d’abord évêque de Mâcon, puis
archevêque de Vienne, qui est nommé au poste archi-épiscopal bisontin. Il
s’implique beaucoup dans le concile de Constance (1414-1418) convoqué afin de
mettre fin au schisme d’Occident. 187 Après un épiscopat de 24 ans, il meurt à Rome
le 16 septembre 1429.
182
Cf procès-verbal de 1616, avant dernier paragraphe du f° 3v, p XXII.
La ville de Rougemont existe encore aujourd’hui. Elle se situe au Sud-Est de Vesoul et garde
encore quelques traces de son passé.
184
Faget de Casteljau (Henri de), Lignées féodales et comtoises, p 18.
185
La charte de franchise ou charte de coutume, permet à une communauté urbaine de bénéficier d’un
certain nombre de privilèges, droits et libertés vis-à-vis des seigneurs. Généralement l’obtention de
cette charte s’effectue dans des conditions paisibles. Mais parfois, comme à Besançon, la charte est
« arrachée » au seigneur de la ville, surtout lorsque celui-ci est un ecclésiastique. Les Bisontins
obtiennent leur charte en 1290.
186
Hours (Henri), Fasti Ecclesiae Gallicanae, T 4. p 51.
187
A la mort du pape Grégoire XI, les Romains, ne voulant pas d’un pape français, élisent, en 1378,
Urbain VI. Ce dernier se révèle vite despotique. Beaucoup de cardinaux, surtout français, quittent
Rome. Ils élisent en septembre 1378, Clément VII qui s’établi à Avignon. Toute la chrétienté
occidentale est alors partagée entre les deux papes. C’est le schisme.
183
42
Aucun élément ne permet de savoir si la chapelle de Toussaint est la volonté d’un
des membres de la famille de Rougemont ou simplement celle des religieux. Ces
derniers ont peut-être voulu rendre hommage à cette lignée ; il est possible que
l’archevêque Gérard y soit inhumé. Néanmoins, elle témoigne de la présence morale
de seigneurs laïques, mais aussi d’archevêques au sein de l’abbaye.
Le choix de la chapelle de Toussaint peut s’expliquer par le fait que les premiers
évêques étaient considérés comme des saints. Et les religieux ont ainsi souhaité
honorer la famille et surtout ses évêques.
Il n’est pas possible d’attester de la volonté de présence ou nom de la famille
Rougemont dans l’église de l’abbaye. Mais nous sommes en mesure de le faire pour
d’autres maisons qui manifestent également leur présence par la fondation de
chapelles.
3.
Des chapelles pour d’autres saluts.
Cinq autres chapelles sont fondées par des seigneurs plus ou moins en relation
avec l’abbaye. Comme précédemment, essayons de comprendre la présence de ces
seigneurs et leurs liens avec cette dernière.
La troisième chapelle mentionnée dans la visite de 1616, est celle de SaintAntoine « bastie et fonder par la maison de Montmartin ». 188 Toutefois, nos
recherches en ce qui concerne ce lignage, n’ont abouti.
Ensuite, cette même visite fait découvrir au lecteur la chapelle de Toussaint, déjà
présentée. La chapelle Saint- Jean fondée par « les seigneurs (d’Ache) ». 189
Cependant, ce nom ne fait pas l’objet de plus de précisions car il n’est pas clairement
identifié dans notre transcription. Mais, il est à supposer qu’il s’agit des seigneurs
« d’Achaï », autre nom donner aux seigneurs de La Roche depuis leur conquête
d’une partie de territoire en Grèce portant cette même appellation.
Toujours lors de la même visite de 1616, après la chapelle de Saint-Jean, vient
celle de la Trinité abritant les sépultures de « quelques seigneurs de la maisons de la
Rian ». 190 Cependant nos recherches sont infructueuses en ce qui concerne ce
lignage.
Jouxtant la chapelle de la Trinité, la chapelle Saint-Sébastien est créée par les sires
d’Andelot. 191 Le nom de cette famille provient du village d’Andelot-en-Montagne,
près de Salins-les-Bains. Elle s’établit en Franche-Comté du XIIIe au XVIe siècle.
En 1151, Pierre d’Andelot devient le trente-troisième abbé de Bellevaux. Il meurt en
1558. Il n’est pas inhumé à l’abbaye, mais en la « chapelle d’Andelot », dans l’église
de Pesme, avec son frère, Jean, mort en 1556.
Son neveu, du même nom, est nommé, par l’Empereur, abbé de Bellevaux, en 1553.
Cependant, n’ayant pas la vocation cléricale, il abandonne sa charge à la mort de son
oncle en 1558.
188
Cf procès-verbal de 1616, f° 3v, p XXII.
Cf procès-verbal de 1616, f° 4r, p XXIII.
190
Cf procès-verbal de 1616, f° 4r, p XXIII.
191
Cf procès-verbal de 1616, f° 4r, p XXIII.
189
43
Il n’est pas facile de comprendre le choix de ce saint. Officier romain martyr, saint
Sébastien est le patron des archers, il protège également contre la peste et les
maladies contagieuses. Il est aussi sollicité en tant que défenseur de l’Eglise. C’est
peut-être pour cette dernière qualité que la famille d’Andelot a choisi sa protection.
De même, il n’est pas évident d’établir un lien entre les sires de Châtillon et les
Trois Rois, patrons de la chapelle fondée par ces seigneurs. 192 Les Trois Rois est
alors une autre façon de désigner les Rois Mages.
La famille de Châtillon est une branche des La Roche. Leur château est à misdistance entre Neufchâtel et Maîche. Un acte de 1242, précise que Guillaume de
Châtillon est l’époux de la comtesse de La Roche et père d’Eudes, comte de La
Roche. 193 Ainsi, les fondateurs de Bellevaux, de part leurs alliances et leurs
descendances, sont aussi les seigneurs de Châtillon.
Fonder une chapelle est une façon, pour les seigneurs, de faire un don à leur
profit. En effet, le but de ce lègs est d’assurer le salut de toute une famille voir un
lignage.
C’est ainsi que d’autres types de donations vont gratifier la première abbaye
cistercienne de la Comté.
C. D’autres seigneurs et l’assurance d’autres saluts.
La fondation de l’abbaye, l’extension de son domaine, ses revenus sont aussi le
résultat d’autres dons. Ce sont des laïcs, seigneurs ou petites gens, et parfois même
de clercs, qui sollicitent, des religieux, quelques prières pour le repos de leurs âmes.
Ici sont uniquement présentés les personnages importants au sein de la Comté, afin
de comprendre quelles sont leurs relations avec l’abbaye. 194
1.
D’autres fondateurs et donateurs.
Le don primitif des terres sur lesquelles est sise l’abbaye n’incombe pas
uniquement à la famille de La Roche. Les domaines et les villages proches du
monastère sont sous la main d’autres seigneurs. C’est en acceptant de laisser aux
moines une partie de leurs terres, qu’ils contribuent également à la fondation du
nouvel établissement.
Ces cofondateurs sont Etienne de Traves, seigneurs de Chambornay, et Bernard et
Ebrard de Cirey, détenteur du village du même nom. Ces derniers sont les vassaux de
Richard de Montfaucon, et requièrent l’accord de leur suzerain. Ainsi, la famille de
Montfaucon se trouve associée à l’installation de l’abbaye. 195 Cette même famille
s’illustre plus directement dans la fondation de Lucelle, fille de Bellevaux.
Lorsqu’Amédée Ier, fils de Richard de Montfaucon, reçoit de l’archevêque les biens
de Pierre de Scey, mort sans enfant en 1084, il reprend également en fief son château
192
Cf procès-verbal de 1616, f° 4r, p XXIII.
Faget de Casteljau (Henri de), Lignées…op. cit., p 12.
194
Le domaine de l’abbaye est l’objet d’une troisième partie de notre étude.
195
Girard (Jean), La Roche…op. cit., p 13-14.
193
44
de Montfaucon. 196 Le domaine de la famille s’agrandit quand le fils d’Amédée Ier,
Richard, épouse Sophie de Montbéliard. Leur aîné, Amédée hérite de Montbéliard en
1162. Tandis qu’un autre de leurs fils, Thierry, devient archevêque de Besançon en
1180 (il quitte sa charge en 1190). 197 Par de nombreuses alliances, la famille de
Montfaucon s’assure un vaste domaine qui lui permet de participer à la fondation de
Bellevaux mais surtout à celle de Lucelle.
Etienne de Traves, lui, semble être un parent de Pons de La Roche. On donne
d’ailleurs la famille de Traves comme les ancêtres vraisemblables de celle des La
Roche.
Les trois procès-verbaux mentionnent des titres de redevance ou d’appartenance
sur le territoire de Chambornay. La générosité des seigneurs de Traves ne s’arrête
donc pas aux débuts de l’abbaye.
2.
Un clergé bienveillant.
Les Cisterciens sont uniquement soumis à l’autorité de l’évêque, et non à celle
épiscopale. Chaque abbaye vit indépendamment du pouvoir exercé par l’évêque sur
le diocèse. Lorsqu’ils s’installent, les Cisterciens proposent seulement la Charte de
Charité à ce dernier qui s’engage alors à l’accepter et à ne pas aller contre l’ordre de
Cîteaux.
Les procès-verbaux de 1584 et de 1632 mentionnent tous deux, à plusieurs
reprises, la présence de bulles 198 parmi les titres possédés par l’abbaye. Elles
témoignent d’un lien entre l’abbaye et la papauté. Ceci nous apparaît plus clairement
dans l’inventaire sommaire des archives ecclésiastiques de Haute-Saône où se trouve
toute une liste de bulles papales.
Nombreuses sont celles qui confirment l’établissement et les possessions de
Bellevaux. 199 Il est important pour le monastère de se faire confirmer les donations
dont il bénéficie : en cas de litige avec les donateurs, il peut alors affirmer
l’acquisition.
A partir du XIII e siècle, ces bulles confirmatives laissent la place à d’autres types de
bulles.
Plusieurs concernent l’abbé de Tarantaise et notamment sa canonisation. 200 D’autres
sont des interventions papales pour la défense de l’abbaye. Telles celles de 1347, du
pape Grégoire X, « qui soumet l’ordre de Cîteaux à la seule autorité du Saint Siège
[et] défend à tous les clercs et laïcss de le poursuivre en justice ». 201
Il y a également des bulles pour la nomination d’un abbé à la tête du monastère ou
pour l’approbation de son élection. 202
196
Il subsiste aujourd’hui encore quelques vestiges de ce château situé au nord-est de Besançon.
Faget de Casteljau (Henri de), Lignées…op. cit., p 8 à 10.
198
ADHS, H 43, H 44 ET H 46, non datés, p LXXVI à LXXVIII.
199
ADHS, H43 et H 44, non datés, p LXXVI et LXXVII.
200
Saint Pierre de Tarentaise est l’objet d’une étude plus précise dans un second temps de notre
travail.
201
ADHS, H 44, non daté, p LXXVII.
202
ADHS, H 47, non daté, p LXXVIII.
197
45
Ainsi, ces bulles nous éclairent sur la nature des rapports de l’abbaye avec la
papauté. Toutefois, les relations de Bellevaux ne se limitent pas au Saint Siège et à
l’ordre de Cîteaux. Car, bien qu’elle ne soit pas soumise à son autorité, l’évêque de
Besançon se montre attentif à la première maison cistercienne de la Comté.
L’archevêque Anséri de Montréal (1117-1134), en fonction lors de la fondation de
l’abbaye, a une bienveillance toute particulière pour cette dernière. On peut penser
qu’elle est due à son affection pour l’ordre cistercien. De ce fait il fait tout pour
favoriser au mieux l’installation de l’abbaye : il soutient l’initiative de la famille de
La Roche.
En 1131, il confirme les nouvelles donations faites à l’abbaye. 203
Ses successeurs poursuivent cette bienveillante protection. Ils sont présents pour les
grandes célébrations données en l’abbaye : messes anniversaires, funérailles. C’est
Humbert de Scey (1134-1161), successeur d’Anséri, qui dédicace l’église de
Bellevaux le premier août 1143.
Les archevêques sont également témoins de donations faites à l’abbaye. C’est le cas
le 28 décembre 1144, lors de la cession à l’abbé de Bellevaux de l’église SaintMaurice de Cirey, Humbert est présent. 204
Certains archevêques, tels Gérard et Eudes de Rougemont ou encore Nicolas de
Flavigny en 1235 se font inhumer en l’abbaye. On peut penser qu’au-delà de leur
attention pour cette dernière, ils ont aussi un attachement particulier envers elle et
l’ordre cistercien.
Nous pouvons ainsi multiplier les exemples d’actes de bienveillance des
archevêques envers Bellevaux, mais là n’est pas notre but. Il importe seulement de
constater aux travers de ces quelques faits que l’épiscopat bisontin compte parmi les
premiers bienfaiteurs de l’abbaye et que, lui aussi sollicite les prières des moines.
Cependant, il ne faut pas penser que les relations entre les archevêques et l’abbaye
ont toujours été idylliques. C’est majoritairement le cas, certes. Mais il y a quelques
bémols abordés lors de notre étude du domaine de l’abbaye.
D’autres membres du clergé manifestent également leur sympathie pour la
nouvelle et première abbaye cistercienne de la Comté. Le premier don fait à
Bellevaux, après ceux des fondateurs, est celui, en 1128, de Manasses, doyen du
chapitre Saint-Jean de Besançon, de la terre de Champoux. 205 A l’image de
Manasses, l’abbé et les religieux de Saint-Etienne de Dijon cèdent, en 1497, au
monastère, un os de la tête de saint Etienne.
L’abbaye de Bellevaux est donc l’objet de nombreuses attentions de la part du
clergé. Et sa réussite n’est pas seulement l’œuvre de seigneurs laïques.
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203
Girard (Jean), La Roche…op. cit., p20.
Aubert (Anne-Marie), Une maison…op. cit., p 2.
205
ADHS, H 48, non daté, p LXXIX.
204
46
III. « Répandre l’évangile de la charité »206
Notre Dame de Bellevaux s’inscrit dans un vaste réseau d’abbayes cisterciennes à
la tête duquel se trouve celle de Cîteaux. Chaque abbaye est la prolongation de la
précédente. Et chacune a pour but d’essaimer, c’est-à-dire de fonder de nouvelles
abbayes dont elle est la mère. Ainsi, depuis Cîteaux, chaque établissement a une
mère et, elle-même a parfois des filles, donc est parfois mère.
Après notre visite des lieux de l’abbaye de Bellevaux, il est utile de comprendre
quelles sont les ramifications, auxquelles il est parfois fait référence dans les sources,
et les extensions de cette dernière. Quelle est sa mère, quelles sont ses filles ?
A. Fille de Morimond, sous l’autorité de Cîteaux.
Notre Dame de Bellevaux est la fille de l’abbaye de Morimont, et la petite-fille de
Cîteaux. Pour remonter aux origines de l’abbaye de Bellevaux, on doit remonter bien
au-delà de sa fondation. Il faut comprendre d’où et pourquoi des moines quittent leur
abbaye pour en établir une autre. Mais l’ordre cistercien ne peut réellement se
comprendre sans aborder son abbaye fondatrice : Cîteaux.
1.
Cîteaux la fondatrice.
Notre but n’est pas ici de retracer toute l’histoire de Cîteaux et de sa spiritualité,
mais simplement de donner quelques éléments nous aidant à la compréhension du
monde cistercien. 207
•
Les origines.
L’expérience cistercienne débute avec Robert de Molesme. Dans cette fin de XIe
siècle, il cherche un nouveau monachisme. 208 En 1075, il fonde un premier
monastère dans les bois de Molesme. 209 Il établit un régime proche du régime
clunisien. Mais, après quelques temps des contestations s’élèvent parmi les moines :
certains souhaitent un renouveau et d’autres un retour à la tradition. Robert quitte le
monastère et se retire durant trois années dans la solitude.
A la fin de l’an 1097, il se rend à Lyon avec six frères pour solliciter l’archevêque. Il
lui demande l’autorisation de se retirer « dans un lieu que la largesse divine leur
indiquerait [pour] y servir le Seigneur dans la meilleure tranquillité ». 210 C’est alors
que le vicomte de Beaune leur offre quelques terres au milieu des bois et des
marécages. Le 21 mars 1098, Robert et ses religieux s’y installent officiellement. Les
bâtiments qui s’y élèvent portent d’abord le nom de « Nouveau Monastère », puis
celui de Cîteaux, du nom du domaine offert par le vicomte, « cistel », c’est-à-dire
« jonc ». La fondation de Cîteaux est confirmée en 1100, par le pape Pascal II.
206
Parole du pape Jean-Paul II, lors de son discours d’entrée en Carême 2003.
Pour cela nous nous appuyons essentiellement sur l’ouvrage de Marcel Pacaut, Les ordres
monastiques et religieux eu Moyen-Age, qui nous permet une approche plus directe.
208
Le monachisme est la vie des moines, c’est la vie en monastère.
209
Actuellement, le village de Molesme se situe au Sud-Est de Troyes.
210
Pacaut (Marcel), Les ordres…op. cit., p 141.
207
47
Aubry, premier abbé après Robert, organise le monastère selon la règle de saint
Benoît et impose aux religieux une ascèse très rude.
•
L’élaboration de la règle cistercienne.
C’est avec Etienne Harding (1109-1133), qui lui succède que Cîteaux prend de
l’ampleur. Ce dynamisme lui permet de fonder de nouvelles abbayes. Ainsi, après La
Ferté en 1113, Pontigny en 1114 puis Clairvaux en 1115. L’abbaye de Morimond
voit le jour cette même année.
En 1119, Etienne fait rédiger l’Exorde primitif ou Petit Exorde, qui retrace et met en
valeur la fondation et l’ordre de Cîteaux.
Il élabore également la Charte de Charité et d’Unanimité, approuvée par le pape
Calixte II. Elle donne les principes d’organisation de l’ordre et surtout, insiste sur
l’unanimité des abbayes : elles doivent toutes observer les mêmes règles et les
mêmes pratiques. Chaque abbaye est indépendante mais doit soutient et charité à ses
sœurs, tant matériellement que spirituellement comme le précise l’article de la charte
concernant ces relations inter-abbatiales :
« Parce que nous nous reconnaissons tous comme les serviteurs du seul vrai roi,
seigneur et maître, nous n’imposerons pour cela aucune contribution, que ce soit sous
forme d’avantages matériels ou biens temporels, aux abbés qui sont aussi nos frères
dans la vie monastique et que la bonté de Dieu a établi en différents lieux sous la
discipline régulière par notre intermédiaire. Désirant en effet leur être utile ainsi qu’à
tous les fidèles de la sainte Eglise, nous arrêtons que nous ne voulons rien faire à leur
endroit qui les accable, rien qui diminue leur avoir, de peur qu’en désirant pour nous
une abondance dont leur pauvreté ferait les frais, nous ne puissions éviter le culte de
l’avarice qui est dénoncé comme un culte idolâtrique » 211
Ce n’est pas un lien hiérarchique qui lie les abbayes entre elles, souvent matérialisé
par une redevance de la fille à la mère. Mais, c’est le respect de cette « charité
mutuelle » qui entraîne un certain droit de regard d’un monastère sur un autre. C’est
donc une autonomie contrôlée et assistée et les seules contraintes du monastère sont
celles de la règle bénédictine.
Cependant l’abbé de Cîteaux garde une forte autorité spirituelle et, bien entendu
toutes les charges qui en découlent. Il est notamment à la tête d’un seul « organe
institutionnel » de l’ordre cistercien : le chapitre général. Il se tient une fois par an à
Cîteaux et réunit tous les abbés. Ces derniers se doivent d’y être et toute absence doit
être dûment justifiée par le prieur qui remplace alors l’abbé. Lors de cette réunion
annuelle il est question des redressements, des déviations constatées, de la bonne
observances des prescriptions de l’ordre et de tous les problèmes qui peuvent surgir
au sein des abbayes.
•
Bellevaux et Cîteaux.
Cette autorité spirituelle de Cîteaux se retrouve dans nos sources. Lors de la visite
de 1616, « l’ancien institut de l’ordre de Cisteau » est cité, 212 il apparaît comme une
référence. Cîteaux la fondatrice est, pour beaucoup de ses filles et au-delà, un autre
lien, comme une marque d’appartenance.
211
212
Pacaut (Marcel), Les moines…op. cit., p 65.
Cf procès-verbal de 1616, f° 13r, p XXXIV.
48
En 1632, il est d’abord mentionné, au sein de l’inventaire des titres de l’abbaye, une
visite « de l’abbaye des Trois Roy, par Guillaume, abbé de Cisteau pour reformer les
religieux ». 213 Il y a encore quatre autres occurrences de Cîteaux. Une première à
l’abbé, une seconde comme légitimation de l’autorité du superintendant venu réaliser
l’inventaire. La troisième occurrence est celle du feu abbé de Cîteaux : l’abbé
Boucherat. Enfin, une dernière occurrence fait référence à Cîteaux et Morimond pour
l’exécution des travaux dans l’abbaye. 214
La force spirituelle de l’abbaye fondatrice la rend présente au sein de chacune des
abbayes de l’ordre.
C’est ainsi que, depuis la mère fondatrice, Cîteaux, sont régit les relations entre
les abbayes de l’ordre cistercien.
Comme nous l’avons abordé ci-dessus, cette mère donne naissance à quatre filles
dont Morimond.
2.
Morimond la mère.
•
Les débuts.
Morimond est la quatrième fille de Cîteaux. Elle est fondée le 15 juillet 1115,
après Clairveaux, par le seigneur d’Aigremont, Oury, et sa femme Adeline de
Choiseul. Ils établissent le monastère entre Fresnoy et Damblain 215 « sur les confins
de la Lingorie, de la Lorraine et de La Comté ». 216 La situation géographique de
Morimond la met face à un vaste espace a essaimé. En effet, elle se situe à la jonction
des trois diocèses de Langres, Toul et Besançon. Mais aussi à la croisée de la route
conduisant de Lyon à Toul et menant également vers l’Allemagne de l’ouest, et de
celle reliant Paris à Bâle et se dirigeant vers la Suisse Alémanique. 217
C’est vers la fin de l’année 1115, qu’une colonie de douze religieux, comme le veut
l’usage, quitte l’abbaye de Cîteaux afin de s’établir sur les terres cédées par les
seigneurs d’Aigremont.
Arnold de Carinthie, le premier abbé de Morimond donne à l’abbaye l’essor dont elle
a besoin pour diffuser à son tour l’idéal cistercien. Ses origines germaniques -on le
dit frère de l’archevêque de Cologne- oriente sa volonté d’essaimage vers l’est.
Ainsi, en 1119 une première colonie de moines part fonder Bellevaux. En 1118, les
Trois-Fontaines et Fontenay voit le jour. Puis, en 1121, c’est au tour de La Crête et
Foigny. Enfin, en 1123, il fonde Camp, à Cologne. 218
Cependant, mis à part Bellevaux, ces premières abbayes n’ont pas le retentissement
des suivantes qui, souvent, les éclipsent. On retient, en effet, plus souvent le nom de
ces dernières en tant que filles de Morimond.
213
Cf procès-verbal de 1632, f° 13r, p LVII. Nous reviendrons plus en détail sur cette visite dans la
suite de notre étude
214
Ces occurrences sont tirées du procès-verbal de 1632, respectivement aux f° 18r, p LXII, 21v, p
LXVI, 22v, p LXVII, 23r, p LXVIII.
215
Au Sud de Neufchâteau, il s’agit de Fresnoy-en-Bassigny et Damblain, un peu plus au Nord-Ouest
de ce dernier.
216
Aubert (Anne-Marie), Piétresson de Saint Aubin, La fondation de l’abbaye de Bellevaux, p 5.
217
Locatelli (René), Les chemins de la perfection., p203.
218
Locatelli (René), Les chemins…op. cit., p 203.
49
•
Un nouveau départ.
Toutes ces fondations demandent beaucoup d’énergie et des moyens de la part de
l’abbaye mère : Morimond. Elles accroissent les difficultés existantes, notamment
matérielles. C’est donc au détriment de la propre santé du monastère qu’Arnold
poursuit sa politique d’expansion. Le rigoureux hiver de 1124 aggrave la crise
matérielle et créé des mécontentements puis des dissensions au sein de la
communauté. Et c’est accompagné de quelques moines, qu’Arnold quitte l’abbaye.
Cîteaux et Clairvaux appliquent alors la charte de charité mutuelle : Etienne de
Harding et Bernard se rendent à Morimond. La priorité est de redonner un abbé au
monastère. C’est le prieur de Clairvaux, Gaucher, qui se propose pour ce poste.
Il rétablit, dans un premier temps, la « santé physique puis morale » de l’abbaye. Il se
tourne vers les fondateurs, les seigneurs d’Aigremont, afin de rétablir matériellement
le monastère, de le doter à nouveau de tout ce qui lui manque. Puis, il voit le retour
des « moines fugitifs »219 mais sans Arnold, décédé entre-temps.
Ainsi, Morimond retrouve petit à petit son dynamisme qui lui permet de fonder en
1130, l’abbaye de Theuley. Puis vient celle de Clairefontaine, en 1132, Bithaine en
1133.
Cet élan retrouvé est relayé par ses filles, et notamment Bellevaux.
•
Bellevaux et Morimond.
Morimond est présente à cinq reprises dans le procès-verbal de 1632. Les autres
procès-verbaux n’en font aucunement mention.
Lors de la présentation de la communauté de l’abbaye (de Bellevaux), il est précisé
que trois frères sont absents. Il s’agit notamment de dom Claude Nelaton et dom
Claude Loys, prieur de la Charité, qui résident tous deux à Morimond. Ensuite, il est
fait mention d’un grenier portant le nom de Morimond. Puis, il est à nouveau
question du prieur du même lieu. Enfin, il est fait référence à Cîteaux et Morimond
pour l’exécution des travaux. 220
Les sources ne nous apportent pas d’information sur les liens existant entre la
mère, Morimond, et la fille, Bellevaux. On constate seulement que Bellevaux
bénéficie de la charité mutuelle puisque le prieur de La Charité vient officier en ces
lieux.221
Afin de rendre plus aisée la compréhension des origines et des expansions de
Notre-Dame de Bellevaux voici, présenté assez succinctement afin de le rendre le
plus clair possible, son arbre généalogique.
219
Locatelli (René), Les chemins…op. cit., p 203.
Ces occurrences proviennent du procès-verbal de 1632, respectivement aux f° 1r, p XLI, 6r, p
XLVII, 22v, p LXVII, 23r, p LXVIII.
221
Cf procès-verbal de 1632, f° 1r, p XLI, et f° 22v, p LXVII.
220
50
Cîteaux
La Ferté
Morimond
Clairvaux
Pontigny
Bellevaux
Lucelle
Rosières
La Charité
Daphni
L’étude des origines de Notre-Dame de Bellevaux permet de mieux comprendre la
façon dont une abbaye cistercienne peut en fonder d’autres. Cependant, Bellevaux a
la particularité d’avoir de lointaines filles, bien au-delà des frontières.
B. Un essaimage lointain.
De toutes les abbayes cisterciennes comtoises, il semble que Notre Dame de
Bellevaux soit celle qui ait porté le plus loin ses ramifications. Elle s’étend, par le
biais de sa fille Daphni, jusqu’en Grèce.
Toutefois, l’histoire de cette fondation laisse à penser qu’elle n’aurait pas été
possible sans le concours des gardiens de Bellevaux : la maison des La Roche.
1.
De la volonté de croisés.
•
222
Genèse.
Libérer la Terre Sainte des mains des Sarrasins, tel est le but des croisés. Ils y
parviennent une première fois en 1099. Mais Jérusalem retombe sous le joux
musulman en 1187. L’Occident organise alors, en 1190, une troisième croisade,
menée par le souverain anglais, Richard Cœur de Lion. Ce n’est qu’une conquête
partielle. C’est pourquoi, Lothaire de Segni, plus connu sous le nom d’Innocent III,
encourage les seigneurs à une nouvelle croisade. Il est soutenu, dans cette entreprise,
par l’ordre de Cîteaux et notamment l’un de ses curés, l’éloquent Foulque de Neuilly.
Ce dernier rallie nombre de seigneurs à cette cause lors de son sermon prononcé au
grand tournoi organisé le 28 novembre 1199. Le duc de Bourgogne est alors désigné
comme leur chef. Mais, il meurt avant le départ pour la ville sainte. Boniface de
Montferrat, marquis et prince de la région du même nom, 223 lui succède. Déjà
plusieurs membres de sa famille se sont illustrés dans les précédentes croisades.
Avant son départ, il fait un détour, avec les croisés, par Cîteaux. Ils y parviennent le
jour de la fête de la Sainte Croix où beaucoup de religieux et de seigneurs y sont
présents. Lors de la célébration, Foulque, accompagnant les croisés, prêche à
nouveau pour la cause de ces derniers. Et, à nouveau, il rallie de nombreux seigneurs,
dont Othon de La Roche.
222
La majorité des informations concernant la famille de La Roche, proviennent de l’ouvrage de Jean
Girard, La Roche…op. cit., pp 33-40.
223
« Montferrato », en italien, est une région du Piémont.
51
•
L’engagement d’Othon de La Roche.
Othon est l’arrière-petit-fils de Pons, fondateur de Bellevaux. Il est le fils aîné de
Pons de La Roche et de sa première femme, Mathilde.
Guerrier de père en fils, c’est un devoir pour Othon de partir défendre la Terre
Sainte. De plus, l’aventure des croisades ne lui est pas totalement inconnue. Othon
compte parmi sa famille, ou ses proches, plusieurs exemples de croisés. Tel celui de
Guillaume de Traves, ancêtre supposé des La Roche, qui s’illustre au siège de Nicée
avant d’entrer dans Jérusalem. De même les exploits de son cousin, Jean
d’Aigremont, ont certainement été relatés à Othon. Jean part pour l’Orient avec
l’archevêque Thierry de Montfaucon -l’inventeur « d’un bélier en bois garni de
fer ». 224 Ils participent au siège de Saint-Jean d’Acre. Le prélat y laisse la vie sous
ces murs. Tandis que les croisés, une fois dans la ville, se font assiéger par les
Sarrasins. Famine et maladies sévissent. Les soldats tuent leurs destriers pour se
nourrir, ils mangent l’herbe. De nombreux récits rapportent les difficultés et les
heures glorieuses de ce siège remporté par les croisés le 12 juillet 1191.
Selon Jean Girard, Othon se situe dans un contexte familial -esquissé auparavant- et
social favorable à cette décision de départ. Les croisades sont populaires. Elles sont
vivement soutenues par Cîteaux, l’ordre le plus engagé envers cette cause. Et, il n’est
pas utile, ici, de rappeler les liens entre ce dernier et les La Roche.
De plus, Othon ne semble pas avoir d’attache en Comté : il est veuf et n’est pas
présenté comme le futur seigneur de la vallée de l’Ognon. 225
Autant d’éléments qui favorisent son départ, au début du printemps 1202, pour la
Terre Sainte.
•
D’Othon au seigneur d’Athènes.
Les croisés partent donc sous les ordres de Boniface de Montferrat, chef de
l’armée. A mesure de l’avancée des conquêtes ce dernier devient un grand seigneur.
A son image, Othon, au départ chevalier inconnu, se distingue par ses actes et
connaît une ascension fulgurante. Tout d’abord, sous les murs de Constantinople, ses
actions lui valent le titre de chef des Bourguignons. Puis, il devient un haut-baron,
conseiller et familier de Boniface.
Progressivement, les croisés s’avancent vers la Terre Sainte en repoussant devant eux
les Sarrasins. C’est ainsi qu’après une rapide conquête d’Athènes et de ses environs,
Othon est sollicité pour achever de pacifier et de maîtriser cette région du nom
d’Attique. Afin de l’encourager, elle lui est promise en fief. En moins d’une année,
Othon et son principal lieutenant, le nordiste Gauthier des Tombes, matent toutes
résistances.
Ainsi, la fin de l’année 1205, voit l’établissement de l’autorité du seigneur
comtois sur toute l’Attique. Il devient alors le seigneur d’Athènes. C’est pourquoi il
s’établit, sur l’Acropole, un château qu’il renforce d’une grande tour défensive.
224
225
Girard (Jean), La Roche…op. cit., p 38.
Girard (Jean), La Roche…op. cit., p 40.
52
2.
Une nouvelle abbaye pour une nouvelle seigneurie.
•
La participation de la Comté.
Othon règne maintenant sur toute l’Attique. Ses troupes s’y installent et colonisent
le territoire. Cependant, les Francs sont en nombre infime sur de vastes domaines.
C’est pourquoi, Othon fait appel à sa famille et au Comté de Bourgogne. Il invite
tous ceux qui le souhaitent à venir s’installer en Grèce. De plus, il est nécessaire de
perpétrer la dynastie naissante : Othon doit avoir des héritiers.
Ainsi, il accueille en 1206, sa sœur Sybille, veuve de Jacques de Cicon. En 1208, il
reçoit trois de ses neveux qui, selon Jean Girard, sont en réalité ses fils. 226 Il n’est pas
rare, qu’avant leur départ pour de si long et périlleux voyages, les seigneurs,
souhaitant s’attirer la protection divine, fassent des dons aux abbayes proches. C’est
le cas de Sybille qui fait plusieurs donations, notamment à Bellevaux.
Othon assied son pouvoir en plaçant des membres de sa famille à des postes de
confiance.
Il n’oublie pas non plus ces liens avec l’ordre cistercien et Bellevaux. Et, comme en
Comté, il lui est bon de s’assurer son salut et celui de sa descendance. Le
catholicisme romain est, bien entendu, présent sur le territoire, mais Othon favorise
tout particulièrement les moines blancs. Ceux de Bellevaux et de La Charité viennent
alors « envahir les monastères byzantins ». 227
226
227
Girard (Jean), La Roche…op. cit., p 93.
Girard (Jean), La Roche…op. cit., p 93.
53
•
Des grecs aux bénédictins.
Le monastère de Daphni, présenté ci-après, se situe à dix kilomètres de la ville
d’Athènes. Il est aujourd’hui connu pour ses mosaïques. Ce qui semble contraire à la
simplicité cistercienne. Ces mosaïques sont déjà présentes lorsque les moines blancs
de Bellevaux s’installent à Daphni. Car, à l’image de La Charité, Daphni n’est pas
fondée par les Cisterciens. Ils ne font que s’y installer, Othon ayant, au préalable,
chassé les moines grecs. C’est le cas de nombreux monastères cisterciens installés en
Grèce.
Bien avant ces derniers, sur le même emplacement que le monastère, il existait un
temple dédié à la divinité grec Apollon, 228 dieu du soleil, protecteur de la vérité, de la
médecine et des oracles.
Gabriel Millet remonte l’édification du premier monastère à l’époque de Justinien,
empereur Byzantin de 482 à 565. 229 Cette première abbaye est alors consacrée à la
Dormition de la Vierge. 230 Ses constructions sont aujourd’hui enfouies.
Daphni se situe au bord de la Voie Sacrée, route assez fréquentée.
Source : Jean Girard, La Roche et l’épopée comtoise, p 162.
Toujours selon Gabriel Millet, le monastère n’est pas constamment occupé. Lors
de ces vacances, il est alors confié à des bienfaiteurs qui l’entretiennent et le
228
Millet (Gabriel), Le monastère de Daphni, histoire architecture et mosaïques., p 4.
Millet (Gabriel), Le monastère…op. cit., p 9.
230
Millet (Gabriel), Le monastère…op. cit., p 3. Le mot « dormition » proviendrait de « dormitif » qui
signifie « qui a pour effet de faire dormir ». Dès lors, on peut supposer que le monastère était dédié au
repos de la Vierge.
229
54
restaurent. 231 C’est pourquoi il est assez difficile de donner une description des
bâtiments lors de l’occupation cistercienne.
Gabriel Millet donne une reconstitution, vieille déjà d’un siècle, 232 du monastère, elle
s’apparente, sous certains aspects, au monastère cistercien. Proche de l’entrée, une
grande bâtisse accueille l’hôtellerie, l’hôpital et peut-être une école. En la traversant,
on découvre l’église, à gauche une salle d’honneur, peut-être salle capitulaire. Audelà de cette dernière, sur le côté de l’église, une cour « retirée, loin du mouvement
des pèlerins et des hôtes »233 donnant accès aux cellules. Cette cour permet
également de se rendre au conseil ou à l’office.
L’église comporte une chapelle latérale oùrepose Othon et sa descendance. Daphni
est « le sanctuaire des pèlerins bourguignons ». 234 Tous ceux qui ont assuré leur salut
par des prières cisterciennes y sont enterrés.
En 1211, une première communauté cistercienne s’installe à Daphni. Elle
bénéficie, tout comme en Occident, de nombreux privilèges. Elle reçoit notamment
une part des bénéfices de la conquête des territoires grecs. De plus, Cîteaux n’astreint
pas les abbayes éloignées à une participation annuelle au chapitre général. Ces
dernières doivent seulement s’y présenter une fois tous les sept ans. Le premier abbé
de Daphni qui s’y rend, apporte à Cîteaux, de la part d’Othon de Cicon, sire de
Carystos, un bras de saint Jean-Baptiste.
Pour la visite annuelle que se doit d’effectuer l’abbé de la maison mère envers ses
filles, un statut de 1217, restreint cette obligation à toutes les trois années. On sait
ainsi qu’en 1263, un abbé de Bellevaux, peut-être un certain Humbert, 235 est à
Athènes.
Il arrive parfois que l’abbé de Daphni se rende à Bellevaux. C’est le cas de Jean de
Fondremand qui, en visite au cours du XIVe siècle, décède en l’abbaye comtoise. Il y
est alors inhumé dans la salle du chapitre. 236
L’histoire des Cisterciens à Daphni prend fin avec en 1458, avec l’entrée à Athènes
de Mahomet II. On atteste dès le XVIe siècle, l’installation de moines orthodoxes
dans le monastère.
Grâce à ses fondateurs, les La Roche, Bellevaux se rapproche de la Terre Sainte et
s’étend jusqu’en Grèce. Mais, avant Daphni, l’abbaye a déjà donné naissance à
d’autres filles.
C. Les filles d’Europe Occidentale.
Tandis que les La Roche créent Daphni, Notre-Dame de Bellevaux engendre, plus
proche d’elle, d’autres monastères. Ces fondations témoignent du dynamisme de
Bellevaux. Et, surtout, en tant que première abbaye comtoise, de la réussite de son
intégration. Ses filles suivent-elles ses traces ?
231
Millet (Gabriel), Le monastère…op. cit., p 17 à 22.
Millet (Gabriel), Le monastère…op. cit., p 8.
233
Millet (Gabriel), Le monastère…op. cit., p 8.
234
Millet (Gabriel), Le monastère…op. cit., p38.
235
Aubert (Anne-Marie), Histoire…op. cit., fin du manuscrit, pas de pagination.
236
Millet (Gabriel), Le monastère…op. cit., p33.
232
55
1.
En Comté et au-delà : Lucelle.
On peut penser que Bellevaux connaît les mêmes débuts que Morimond, sa mère :
elle essaime rapidement et en direction de l’est.
L’aînée est Lucelle, dans le diocèse de Bâle. Cinq ans après la fondation de
Bellevaux, le 25 mars 1124, une colonie de moines s’installe dans ce nouveau
monastère.
Comme toutes les abbayes, Lucelle bénéficie des faveurs de seigneurs. Sa position
particulière, à la frontière des diocèses de Bâle et de Besançon, lui vaut d’ailleurs des
faveurs supplémentaires. Mais, c’est aux seigneurs de Montfaucon, ayant déjà
gratifié Bellevaux, que revient l’initiative de la fondation. Cette dernière est
officiellement reconnue en 1125 par le roi Henri V.
Trois membres de la famille de Montfaucon sont à l’origine de cette abbaye :
Hugues, Amédée et Richard, tous trois cousins germains. Ils lèguent aux douze
moines venus de Bellevaux, un domaine situé sur les terres de l’église de Bâle,
appelé Lucicella. D’où le nom de Lucelle.
Il est également interessant de noter que Richard est le beau-frère de l’évêque de
Bâle, Berthold de Neuchâtel. Cela permet donc à l’abbaye de bénéficier du soutien
de ce dernier.
Bien qu’établie en dehors du diocèse de Besançon, Lucelle voit pourtant son
domaine s’étendre de ce côté de la frontière. En effet les principaux donateurs : les
Montfaucon ont leurs fiefs et leur seigneurie dans ce diocèse. L’abbaye jouit donc
également du patronage de l’archevêque de Besançon.
Ce double patronage, une position géographique proche d’une route conduisant au
Rhin, et à la jonction des parlers roman et germanique permettent à l’abbaye
d’étendre l’idéal cistercien en direction des pays alsaciens, germaniques et au-delà
encore. 237
Le nom de Lucelle est d’abord cité dans les sources sous une forme ancienne :
« lucolam » et « Lucelau ». 238 Plusieurs procès démontrent que Bellevaux est bien
reconnue comme étant la mère de l’abbaye de Lucelle.
Puis, il est plusieurs fois question de l’abbaye dans l’extrait des archives
ecclésiastiques de Haute-Saône. En 1541, l’abbé de Bellevaux nomme, par le biais
d’une lettre, son religieux, Guillaume de Salins, abbé de Lucelle. Il précise
également qu’il est le seul à pouvoir nommé un abbé lors des vacances de
l’abbaye. 239 Plus loin, il est fait mention d’une lettre de l’abbé de Lucelle qui
reconnaît sa dépendance vis-à-vis de celui de Bellevaux. 240
Environ six années après Lucelle, une autre fille accroît la présence cistercienne
en Comté.
237
Locatelli (René), Les chemins…op. cit., p 205.
Cf procès-verbal de 1632, f° 16 r, bas de la page LIX.
239
ADHS, H 48, 1541, p LXXIX.
240
ADHS, H 49, 1597, p LXXIX.
238
56
2.
Près de Salins : Rosières. 241
1130, le comte de Salins, Humbert III, part en pèlerinage en Terre Sainte. Afin de
s’attirer la protection divine lors de ce long et dangereux voyage, il offre à Pons,
abbé de Bellevaux, un domaine, près de Poligny, du nom de Rosières. Il souhaite
ainsi réaliser un projet conçu depuis longtemps : établir un monastère sur ses
terres. 242
C’est la première fois que les seigneurs de Salins s’engagent envers un ordre
religieux. 243 C’est pourquoi, Humbert dépose la fondation de cette nouvelle abbaye
entre les mains de l’archevêque Anséri.
Il part en Terre Sainte en laissant à l’archevêque et à l’abbé le soin de réaliser ses
volontés. Des moines venant de Morimond s’installent sur le domaine et y bâtissent
progressivement les bâtiments nécessaires au nouvel établisssement. Ainsi, le 25 août
1133, le monastère voit le jour, dans le sud de la forêt de Chaux. Son premier abbé,
Bernard, est un pieux moine de Morimond, également cellérier de La Charité.
L’église est consacrée bien plus tard, le 7 des ides d’octobre, 244 selon le père
Chifflet, 245 par l’archevêque de Besançon, Evrard qui, tout comme ses prédécesseurs,
prend l’abbaye sous sa protection. Selon Bernard Prost, « l’église est de style ogival
et, [est] composée de trois nefs ». 246 Elle est également « remarquablement belle ».
Elle comporte nombre de chapelles fondées par des seigneurs qui, tout comme à
Bellevaux, souhaitent être inhumés en l’abbaye. 247
Cependant, le généreux fondateur, Humbert III, ne peut voir l’accomplissement de
ses vœux. De retour de son pèlerinage, la maladie l’oblige à s’arrêter à Lausanne où
il meurt, croit-on, en 1133. 248 Son corps est inhumé dans l’abbaye.
Son fils, Gaucher III, poursuit l’œuvre de son père. De grandes familles seigneuriales
se joignent à lui et, ainsi, deviennent de généreux bienfaiteurs de l’abbaye. Parmi ces
seigneurs, le comte de Bourgogne, fidèle gardien de l’établissement, protecteur
dévoué, pourvoit largement l’abbaye en biens et en privilèges.
Une charte, établie en 1135-1136, confirme toutes les donations faites à l’abbaye
jusqu’alors.
Rapidement, Rosières gagne en importance et devient une des maisons religieuses
les plus considérables de La Comté. Les XIIe et XIIIe siècles sont pour elle des
siècles de prospérité et de grandeur.
Cela lui permet, en 1200, de fonder l’abbaye de Saint- Thomas en Grèce qui, à son
tour, acquiert une grande notoriété.
Cependant, de part sa renommée, Rosières reçoit de nombreuses richesses qui,
progressivement, entraîne un relâchement de la morale cistercienne. A l’abondance
succède alors la décadence, à laquelle s’ajoutent les calamités du XIVe siècle : les
guerres des barons comtois contre le duc de Bourgogne, leur suzerain, les
destructions et pillages des Routiers et des Grandes Compagnies.
241
L’essentiel des renseignements concernant cette abbaye provient de l’article de Bernard Prost,
« Notice historique sur l’abbaye de Rosières», pp 296-302.
242
Prost (Bernard), « Notice historique…op. cit.,», p 297.
243
Locatelli (René), Les chemins…op. cit., p 207.
244
Dans le calendrier romain, les ides d’octobre correspondent au quinzième jour de ce mois.
245
Prost (Bernard), « Notice historique…op. cit.,»,p 299.
246
Prost (Bernard), « Notice historique…op. cit.,»,p 299.
247
Prost (Bernard), « Notice historique…op. cit.,»,p 299.
248
Prost (Bernard), « Notice historique…op. cit.,»,p 297.
57
Le début du XVIe siècle apporte un peu de répit à l’établissement qui tente de se
relever. Mais, rapidement, les conflits reprennent et portent un coup funeste à
l’abbaye. L’introduction de la commende n’aide pas le monastère dans ses efforts de
reconstruction et de réforme morale. Son état est affligeant et il ne reste que quelques
religieux.
Aujourd’hui, il ne subsiste rien de cette fille de Bellevaux. Seule une ferme
occupe l’emplacement de l’établissement.
Seule la visite de 1616, mentionne le nom de Rosières. Cependant, il n’est pas
directement fait référence à l’abbaye, mais à « dom frere Jean Pier, prieur de
Montailer de Rosieres », présent à Bellevaux lors de l’établissement du procèsverbal. 249 Remplace-t-il le prieur de La Charité ?
Après Rosières, l’abbaye de La Charité rejoint, d’une autre façon, la famille
cistercienne comtoise.
3.
La Charité, « la rapportée ».
Elle est une exception dans l’essaimage de Bellevaux, puisqu’elle n’est pas fondée
mais substituée. Ce procédé de substitution est beaucoup plus utilisé par Clairvaux. Il
consiste à reprendre, sur sa demande, un monastère déjà installé, à en conserver les
coutumes mais d’y établir la règle bénédictine et d’introduire ce « nouveau venu »
dans « la famille cistercienne ».
De plus, la fondation de La Charité est antérieure de sept années à celle de
Bellevaux.
L’abbaye de La Charité est fondée en 1112 par Alix, femme du seigneur Thibaut
II de Traves, pour les chanoines de Saint- Paul de Besançon. Ce n’est qu’en 1148,
que le pape Eugène III, consacre l’église.
En 1133, suite à diverses difficultés traversées par la communauté, les religieux de
La Charité remettent l’établissement entre les mains de l’archevêque Anséri. Ce
dernier la confie à l’abbé de Bellevaux, Pons. Il y envoie alors une colonie de treize
moines pour reprendre le monastère. Parmi eux, leur premier abbé, Pierre de
Vadans. 250 Ainsi, vingt et un ans après sa fondation, La Charité se place sous
l’observance cistercienne. Une charte, datée du 25 juillet 1133, notifie ce
changement. 251
Cette petite communauté prend rapidement de l’ampleur, ce qui lui permet
d’essaimer et de créer, en 1139, l’abbaye de La Grâce Dieu.
Selon Schaad, les moines se comportent comme de véritables seigneurs. 252 Ils
exercent une forte influence sur leurs environs et même au-delà, jusqu’à Besançon et
Salins. Ils imposent et perçoivent de nombreuses redevances. Mais, ceci leur attire
beaucoup de rancunes et d’animosités.
249
Cf procès-verbal de 1616, f° 10 r, p XXX.
Schaad (A), « L’abbaye de La Charité», p 321.
251
Locatelli (René), Les chemins…op. cit., p 208.
252
Schaad (A), « L’abbaye…op. cit.», p 321 et 322.
250
58
Fréquemment, l’abbaye bénéficie des dons des suzerains de la région, les
seigneurs d’Oiselay. Malgré leur pouvoir, ces derniers s’effacent peu à peu devant
l’extension de la puissance, tant spirituelle que temporelle, de l’abbaye.
Cependant, les barons d’Oiselay exercent un curieux droit sur le monastère : un droit
de gardienneté. 253 Il consiste en une visite annuelle, à chaque dernier jour d’avril et à
chaque vacance du siège abbatial. Le seigneur, sa famille et sa suite, se présentent à
l’abbaye au premier coup des Vêpres jusqu’au terme des dernières du lendemain. A
cette occasion, l’abbé remet au baron les clefs de l’abbaye, comme pour se
reconnaître vassal de ce dernier. Bien qu’une abbaye cistercienne dépende
uniquement de l’autorité papale. L’abbé doit aussi assurer le coucher et la nourriture
de ces hôtes.
Cette vie monastique perdure ainsi durant six siècles. Les tourments de la Révolution
y mettent un terme. Les villageois laissent éclater leur rancune. Ils se dirigent,
révoltés, vers l’abbaye afin d’y brûler papiers et titres concernant toutes les
redevances et autres paiements qu’ils doivent à l’établissement. Les religieux fuient
alors le monastère.
Abandonné, il est plus tard considéré comme bien national et, est vendu le 1er juillet
1791 à monsieur Gigot de Garville, 254 pour la somme de 400 000 francs.
Puis, le monastère est démoli. Seuls subsistent le bas côté de l’église, érigés en
chapelle, et la plupart des communs. Dans la chapelle se trouvent plusieurs pierres
tombales. Elles témoignent que, comme à Bellevaux et à Rosières, des seigneurs,
dont ceux d’Oiselay ou encore les comtes et comtesses de Bourgogne, ont souhaité
être inhumés en l’abbaye.
Par trois fois, dans les sources, il est fait référence à La Charité. Tout d’abord, à la
fin de la visite de 1616 où il est fait mention d’une lettre du sire Niselle « datter de la
Charité ». 255 Puis, le procès-verbal de 1632 mentionne à deux reprises dom Claude
Loye, prieur à La Charité, résidant à Bellevaux-il y a une chambre- et étant absent
lors de la visite. 256

Notre Dame de Bellevaux est donc, d’abord, un ensemble de bâtiments
contribuant chacun à la vie monastique et autarcique menée par les moines blancs.
L’emplacement sur lequel ils se situent doit répondre à des conditions particulières
résultant, encore une fois, du choix de vie des religieux de l’ordre.
La naissance d’une abbaye cistercienne conjugue des désirs laïques et religieux. En
effet, la fondation d’un monastère est d’abord le souhait de seigneurs qui souhaitent
bénéficier des prières des moines pour s’attirer la protection divine et assurer leur
salut. C’est le cas de la famille de La Roche qui sollicite Morimond afin qu’elle leur
envoie une colonie de moines ; les La Roche ayant, au préalable, proposé un lieu
pour qu’ils s’y établissent. L’abbaye bénéficie ensuite d’une succession de dons de
seigneurs mais également de petites gens qui sollicitent, eux aussi, les prières des
moines blancs.
253
Schaad (A), « L’abbaye…op. cit.», p 323.
Schaad (A), « L’abbaye…op. cit.», p323.
255
Cf procès-verbal de 1616, f° 17 r, p XXXVIII.
256
Cf procès-verbal de 1632, respectivement f° 1r, p XL, et f° 6 v, p XLVII.
254
59
L’histoire de Bellevaux se poursuit avec la création, par elle, de nouvelles abbayes,
ses filles.
Une abbaye cistercienne se veut avant tout coupée du monde. Mais, après une brève
étude des fondations de Bellevaux et de ses filles, il semble qu’elle ne puisse exister
sans le concours extérieur de puissances laïques.
Les divers apports qu’elles procurent au monastère modifient d’ailleurs des aspects
de la règle bénédictine suivie par les moines blancs. L’étude de la vie religieuse et de
tout ce qui y contribue le démontre bien.

60
Partie II.
« J’ai gardé le chemin tracé par Ta parole »257
La richesse des détails apportés par les sources permet au lecteur d’esquisser un
tableau de l’abbaye et d’en faire la visite. Cette abondance d’informations offre plus
que cela. Elle rend compte de la vie cultuelle des religieux et de l’abbaye. Les
procès-verbaux de 1584, 1616 et 1632, dressent, tous trois, un long et minutieux
inventaire des divers objets dévolus au culte. Il est alors question de reliquaires,
d’ornements d’église, de livres et de vêtements liturgiques. Ils sont autant d’indices
sur l’évolution de la vie et de la piété des religieux et de l’abbaye.
I. « Tu fus égorgé et tu rachetas pour Dieu, au pris de ton sang, des
hommes de toute race, langue, peuple et nation »258
L’époque médiévale voit le développement d’un important culte tourné vers les
saints, témoignant de leur foi par le choix de leur existence. Ce sont les martyrs, mais
aussi tous ceux qui mènent une vie à l’image du Christ.
Ils sont considérés comme des intercesseurs entre les hommes et Dieu, et même
comme le « Temple de Dieu ». 259 Ainsi, en vénérant un saint on espère atteindre
Dieu : « le culte d’un saint conduit au culte de Dieu » 260
Ce culte connaît un long développement, permis notamment, par l’importance
donnée aux reliques.
A. Les saints présents au cœur de Notre Dame de Bellevaux.
Les chapelles et autels situés dans l’église sont toutes et tous placés sous la
protection d’un saint. Elle est spécifiée par la présence en ces lieux de reliquaires,
statues ou tableaux du saint sollicité. Les visites en donnent, toutes trois, un
inventaire. Leur mise en commun permet de rendre compte des richesses existantes
au sein de l’abbaye.
1.
Reliques et reliquaires.
Tenant une place importante au sein de la société médiévale, les reliques sont des
parties, des ossements d’un corps vertueux. L’imputrescibilité 261 et la préservation de
257
Rougier (Stan), Montre-moi…op. cit., psaume 16, « Je suis innocent », p 37.
Livre de l’Apocalypse, chapitre V, versets 9-10.
259
Les reliques objets, cultes, symboles, p 149.
260
Les reliques…op. cit., p 244.
261
Un corps imputrescible est un corps qui ne peut se décomposer.
258
61
ce dernier sont la preuve de sa sainteté. A travers les reliques, les fidèles honorent le
saint et, à travers ce dernier, Dieu. Les reliques sont, sur terre, une partie de son
royaume. Elles sont un lien entre la terre et les cieux.
Le culte des reliques connaît un développement considérable à partir des VIIIe et IXe
siècles. Puis, il se renforce aux XIe et XIIe siècles avec la multiplication des fêtes de
saints.
Si on compare l’inventaire des reliques 262 présentes au sein de l’abbaye à chacune
des visites, on constate une permanence de la majorité d’entres elles, mais aussi
plusieurs différences. Afin de rendre plus évidente ces comparaisons, un répertoire
des reliques est présenté ci-après.
•
Saint Théodore.
Parmi les reliques mentionnées dans les trois procès-verbaux, figure « un chief de
saint Theodose »263 qui est, en fait, saint Théodore. En 1632, on apprend que ce
«chief », c’est-à-dire sa tête, est enchâssé « dans du cuivre avec deux petits cloux
d’argent » 264 La visite de 1616 précise que Théodore est un martyr.
Théodore est d’abord un soldat romain du IVe siècle. Il se convertie au christianisme
et, au nom de ses nouvelles convictions, il incendie le temple de la déesse Cybèle à
Amassée. Il est alors supplicié et brûlé vif. Saint Théodore est considéré comme le
patron des armées byzantines et, est fêté le 9 novembre. Son culte est surtout répandu
en Orient.
Toutefois, des doutes sont à émettre quant à l’authenticité de la relique présentée à
Bellevaux. Car, selon la vie des Saints le chef de saint Théodore est apporté en 1120,
à la cathédrale des Chartres.
Les sources et documents étudiés ne permettent pas toujours de connaître la
provenance des reliques et d’attester de leur authenticité.
Un autre chef figure parmi les reliques de l’abbaye, celui de saint Etienne.
•
Saint Etienne Protomartyr.
Le chef de saint Etienne est aussi une des reliques mentionnées dans les trois
procès-verbaux. 265 L’inventaire de 1632 précise que c’est un « chef d’argent »
renfermant une parcelle de la tête d’un saint. Cet objet n’est pas connu en raison des
difficultés de lecture des sources.
On apprend également que ce chef est saisi par l’archevêque de Besançon qui met en
doute son authenticité. La relique est finalement rendue à Bellevaux. 266
Saint Etienne est le premier des sept diacres nommés par les Apôtres. Menant une vie
semblable à celle du Christ, il s’efforce de faire reconnaître au plus grand nombre
que Jésus est le Messie. Il remporte alors un grand succès qui provoque la crainte des
262
Tableau présenté en page suivante.
Cf procès-verbal de 1584, f° 8r, p IX ; procès-verbal de 1616, f° 2r, p XX ; procès-verbal de 1632,
f° 1v, p XLII.
264
Cf procès-verbal de 1632, f° 1v, p XLII.
265
Cf procès-verbal de 1584, f° 8r, p IX ; procès-verbal de 1616, f° 2v, p XXI ; procès-verbal de 1632,
f° 1v, p XLII.
266
ADHS, H 48, 1497, p LXXX.
263
62
63
Reliques
bras d'argent de saint Jean-Baptiste
plusieurs autres saints
f8r
Jacques Majeur, et de l'encens des Trois Rois
de saint Laurent, de saint Sébastien, de saint
Apôtre, de saint Bernard, de saint Paul, 2 dents
ossements de saints, même de saint Pierre
reliques de saint Pierre, saint Paul et de
]
2 reliquaires dans lesquels sont plusieurs
le doigt de [
un os de saint Jean Chrisostome
f 2 v une côte de sainte Madelaine
Chrisostomes et saint Nicolas
f 2 r le chef de sainct Theodore enchassé
le chef de saint Theodo[ ], sainte Madelaine
f 2 v un chef d'argent dans lequel est le [ ] de la
tête de saint Estienne Protomartir
un bras couvert de lame d'argent dans lequel
f 2 v sont enclose les reliques des saint Jean
Ref
1632
un reliquaire de laiton doré contenant les
f9r
f8r
un reliquiaire d'argent avec
un doigt de saint Luc
f9r
ont autrefois été enchassés dans un bras
f 8 r plusieurs ossements enveloppés dans un
linge avec quelques lamelles d'argent, ils
le benedixiti enchassé de sainct Antoine
des côtes de sainte Marie-Madaleine
f 8 r les reliques de saint Jean Chrisostome
et de saint Nicolas, des ossements
le bras de saint Nicolas enchassé d'argent
de saints enchassés
f 8 r le chef de saint Estienne, premier martyr
le chef de saint Estienne Prothomartir
Reliques
f 8 r le chef de saint Theodose martyr
Ref
1616
un chief de saint Theodose
Reliques
1584
Répertoire des reliques mentionnées dans les procès-verbaux.
f1v
f 22 r
f2r
f2r
f1v
f1v
f 22 r
f1v
Ref
64
le calice saint Pierre de Vienne
celle dudit saint Pierre
une aube que l'on dit être
f8v
un tabernacle de bois
f9r
un matheras que l'on dit être
f9v
f9r
la mitre saint Pierre
celui de saint Pierre
f 8 r un chef d'une des Onze mille Vierges
f 8 r le chef de saint Pierre,
f 8 r archevêque de Tarantaise
f9r
un chief des Onze mille Vierges enchassé
des ossements du bras de saint Pierre
le chef de monseigneur saint Pierre
une couppe d'argent de saint Pierre
Reliques
Reliques
Ref
1616
1584
un petit reliquaire d'argent, dans le pied
Reliques
un petit chef enrichi de perles
f 2 r une grande croix d'argent au pied de laquelle
sont les images de 6 apostres
ses gants, son lodier
2 ceintures de saint Pierre, sa mitre,
duquel sont plusieurs ossement de sainct
f 2 r un chef des Onze mille Vierges enchassé
f 2 v le chef de saint Pierre de Bellevaux enchassé
d'argent avec une mitre de cuivre argentée
les os d'un bras de saint Pierre de Bellevaux
Ref
1632
f1v
f1v
f2r
f2r
f1v
f1v
f1v
Ref
responsables juifs. C’est pourquoi ils le font lapider. Lors de son supplice, Etienne
demande au Christ le pardon de ses bourreaux.
La date de sa mort n’est pas connue. Ce n’est qu’en 415, qu’est retrouvé le corps du
saint près de Jérusalem. Il est rapidement dispersé en raison des miracles qui lui sont
attribués. Ces prodiges répandent très loin le culte du saint et le rendent très
populaire. Saint Etienne est considéré comme le « médecin des âmes et des corps ».
Il est fêté le 26 décembre.
Selon la vie des Saints un bras de saint Etienne est reçu à Besançon par l’évêque
Célidoine.
Mais, c’est en 1497, que l’abbaye reçoit un os de la tête du saint. C’est un don de
l’abbé et des religieux du monastère Saint-Etienne de Dijon. 267
•
Saint Nicolas et saint Jean Chrysostome.
Les reliques de saint Nicolas sont mentionnées lors des trois visites, 268 tandis que
celles de saint Jean Chrysostome n’apparaissent que dans les procès-verbaux de 1616
et de 1632. 269 Est-ce un oubli de la part de Nicolas Toytot, juré au greffe de la cour
du parlement de Dole et chargé de la rédaction du procès-verbal ? Les reliques de
saint Jean sont-elles offertes après 1584 à l’abbaye ou sont-elles comprises dans
d’autres reliquaires ? Autant de questions, qui concernent également d’autres
reliques, et auxquels nous ne pouvons malheureusement pas répondre.
En 1584, il est simplement fait mention du bras de saint Nicolas enchâssé
d’argent. Tout laisse à supposer qu’il s’agisse d’un reliquaire « parlant » ou
anthropomorphe, c’est-à-dire dont la forme reflète le contenu. Ici, en l’occurrence le
reliquaire ressemble à un bras en argent « aux doigs duquel il y a quatre aneaulx
assortiz de pierreries » 270
Les richesses du reliquaire proviennent du fait qu’il est considéré comme « l’image
glorieuse du corps saint » 271 Les reliques doivent être conservées dans des matériaux
dignes de leur contenu. On dit des saints qu’ils sont plus précieux que l’or, car ils
sont une promesse de vie éternelle pour les croyants.
En 1616 et 1632, saint Jean Chrysostome apparaît aux cotés de saint Nicolas. Le
dernier procès-verbal précise également que les reliques des deux saints sont gardées
dans le même reliquaire : « un bras couvert de lames d’argent ». 272 Mais il est
simplement fait mention d’un os de saint Jean Chrysostome. 273 Est-ce un doigt, un
bras ?
Saint Nicolas est, encore aujourd’hui, un des saints les plus populaires. Né vers
270 en Asie Mineure, il est rapidement nommé évêque de Myre. C’est un ardent
défenseur de la foi chrétienne, surtout contre l’hérésie arienne. Il meurt en 343. Fêté
le 6 décembre, il est considéré comme le saint patron des voyageurs et des marins.
267
ADHS, H 48, 1497, p LXXIX
Cf procès-verbal de 1584, f° 8r, p IX ; procès-verbal de 1616, f° 2v, p XXI ; procès-verbal de 1632,
f° 1v, p XLII.
269
Cf procès-verbal de 1616, f° 2v, p XXI ; procès-verbal de 1632, f° 1v, p XLII, et f° 2r, inventaire
de la sacristie vers 1600, p LXIX.
270
Cf procès-verbal de 1584, f° 8r, p IX.
271
Les reliques…op. cit., p 244.
272
Cf procès-verbal de 1632, f° 1v, p XLII.
273
Inventaire de la sacristie vers 1600, f° 2r, p LXIX.
268
65
Mais ce n’est que vers la fin du Moyen-Age qu’il devient le saint Nicolas que nous
connaissons aujourd’hui.
En 1087, son corps est translaté 274 à Bari qui devient, dès la fin du XIe siècle, l’un
des pèlerinages les plus importants. Sur la route de Jérusalem, les reliques du saint
deviennent alors un passage obligé. Le bras de saint Nicolas présent à l’abbaye est-il
un don d’un riche pèlerin ?
Saint Jean doit son nom, Chrysostome- c’est-à-dire « bouche d’or »- à sa
réputation de grand orateur. Cependant cette particule ne lui est attribuée que vers le
VIIIe siècle.
Né à Antioche vers 355, il devient un grand orateur et moraliste en cherchant à
enseigner la catéchèse au travers de ses homélies. Pour lui, les Ecritures sont un
moyen de communication entre Dieu et les hommes et il évangélise les païens. Le 26
février 398, il est ordonné archevêque de Constantinople. Cependant, ses efforts et sa
renommée son une menace pour certains. C’est pourquoi, il est exilé à deux reprises.
Le 14 septembre 407, alors qu’on l’emmène dans une forteresse, il meurt dans une
chapelle, en chemin.
En 451, le concile de Chalcedoine le reconnaît comme Père de l’Eglise.
Il est difficile d’établir une hypothèse expliquant comment des reliques de saint Jean
se trouvent à Bellevaux.
•
Sainte Marie-Madeleine.
Seuls les procès-verbaux de 1584 et de 1632, mentionnent ses reliques. Lors de la
visite de 1584, il est question de deux petites bourses « que l’on dict estre une des
cotes de sainte Marie-Magdaleine » 275 Cette formulation semble soulever le doute
sur l’authenticité de ces reliques. De plus ces petites bourses sont enveloppées dans
un linge avec des ossements d’autres saints.
L’inventaire de 1632 précise que ces reliques de sainte Madeleine sont dans un linge
blanc, sans enchâssure, avec les os d’un bras de saint Pierre de Bellevaux. 276
En 1616, les reliques de sainte Marie-Madeleine ne sont pas inventoriées. Cependant,
il est fait mention « de plusieurs ossements enveloppés dans un linge avec quelques
lamelles d’argent, ils ont autrefois été enchassés dans un bras » 277 Puis, il est encore
précisé que les reliques étaient auparavant enchâssées mais qu’elles furent volées il y
a plus de vingt ans. Elles sont retrouvées, en 1607, dans un bois.
C’est Marie-Madeleine qui accompagne le Christ au calvaire. Elle est aussi la
première à annoncer la résurrection. Elle apparaît, pour la première fois en Occident,
au VIIIe siècle, sous la plume de Bède le Vénérable qui la mentionne dans son
martyrologe. Son culte se déploie depuis Vézelay, lorsque ses reliques y sont
ramenées de Judée vers 880-884. Toutefois, sa vénération perd de son ampleur dès le
XIIIe siècle.
274
La translation est le déplacement du corps ou d’un morceau du corps d’un saint.
Cf procès-verbal de 1584, f° 8r, p IX.
276
Cf inventaire de la sacristie vers 1600, f° 2r, p LXIX.
277
Cf procès-verbal de 1616, f° 2v, p XXI.
275
66
•
Saint Antoine.
Seule la visite de 1584 mentionne les reliques de saint Antoine. Elle précise qu’il
s’agit du « benedixiti enchassé de louthon où sont des reliques de sainct Antoine et
d’aultres sainctz » 278
Le fait que ces reliques ne soient pas mentionnées lors des visites suivantes
soulève certaines questions. Est-ce une omission ? Les reliques ont-elles été
dérobées ? Questions auxquels il est difficile de répondre.
Saint Antoine est considéré comme le fondateur du cénobitisme, c’est-à-dire de la
vie en communauté des religieux. Il est né vers 251 en Haute Egypte. C’est en se
retirant dans le désert, où il passe la majorité de sa vie, qu’il organise le mouvement
cénobitique. En 356, la mort le frappe en plein désert. Ses reliques sont alors
translatées à Constantinople, avant d’être apportées en Dauphiné vers le milieu du
XIe siècle, dans une abbaye qui prend le nom de Saint-Antoine-en-Viennois. En
raison des guérisons opérées par les reliques du saint, l’ordre des Antonins est fondé.
Il a pour mission l’accueil et l’encadrement des malades, notamment lors des grandes
épidémies et de toutes maladies contagieuses.
Vers le milieu du XIIIe siècle, l’ordre des Antonins s’installent en Comté et
notamment sur les bords de l’Ognon y développant des hôpitaux avec le soutien de la
famille de Vienne. La présence de reliques de saint Antoine en l’abbaye est peut-être
un don de la famille.
•
Saint Luc.
Les reliques de saint Luc sont uniquement mentionnées dans les visites de 1584 et
de 1632. Le procès-verbal de 1584 précise qu’il s’agit d’un doigt de saint Luc,
conservé dans un reliquaire d’argent. 279
Dans l’inventaire de 1632, les difficultés de lecture ne permettent pas d’affirmer qu’il
s’agit du doigt du saint puisque nous lisons seulement « le doigt de [
] ».280
Toutefois, c’est la seule relique de ce type indiquée dans les sources.
Saint Luc l’évangéliste est aussi l’auteur du livre des Actes des Apôtres. De par sa
profession de médecin il en devient le saint patron.
•
Saint Pierre, saint Paul, les Trois Rois et autres saints.
Les procès-verbaux de 1584 et de 1632, mentionnent, tous deux, les reliques de
saint Paul et saint Pierre auxquelles sont mêlés plusieurs ossements d’autres saints.
L’inventaire de 1632 offre plus de détails quant à ces autres saints répartis dans deux
reliquaires.
En 1584, ces ossements sont renfermés dans un reliquaire de laiton. 281 Tandis qu’en
1632, ce sont deux reliquaires qui contiennent les ossements de saint Pierre Apôtre,
278
Cf procès-verbal de 1584, f° 9v, p XI
Cf procès-verbal de 1584, f° 8r, p IX.
280
Cf procès-verbal de 1632, f° 22r, p LXVII.
281
Cf procès-verbal de 1584, f° 9r, p X.
279
67
de saint Bernard, de saint Paul, de saint Laurent, de saint Sébastien, de saint Jacques
Majeur et de l’encens des Trois Rois. 282
Il serait trop fastidieux de retracer ici la vie de chacun de ces saints. Toutefois, si
la majorité de ces saints sont connus, les Trois Rois le sont peut-être beaucoup
moins. En réalité, ils sont encore fêtés aujourd’hui mais sous l’appellation de « Rois
Mages ». Ils sont présents à plusieurs reprises dans nos documents c’est pourquoi ils
méritent que l’on s’y attarde quelque peu.
Gaspar, Melchior et Balthazard, respectivement Arabe, Perse et Indien, apportent,
tous trois, de la myrrhe, de l’or et de l’encens à l’enfant Jésus. La myrrhe est le
symbole du sacerdoce, l’or celui de la royauté et, enfin, l’encens est le signe de la
divinité.
Ils sont les saints patrons des voyageurs. Mais, ils sont également invoqués contre le
mauvais temps et certaines maladies. Les régions rhénanes croient beaucoup en leurs
bienfaits.
En 1164, l’empereur Frédéric Ier Barberousse s’empare de la ville de Milan où sont
conservés les corps des Trois Rois. L’archevêque de Cologne, Renaud de Dassel,
profite alors de cette occasion pour transférer les reliques en sa ville. Cologne
devient ensuite le témoin d’un important pèlerinage qui se développe autour de leur
tombeau.
Cités à plusieurs reprises dans les sources, les Trois Rois semblent être un lien
entre certaines abbayes cisterciennes.
Morimond et La Charité possèdent leurs reliques. L’abbaye de Lieucroissant, fille de
Lucelle, est également appelée « abbaye des trois Rois ». 283 Outre le fait que
Bellevaux garde une de leurs reliques, elle a aussi une chapelle à leur nom, fondée
par les « sires de Chastillon »284 Puis, lors de la visite de 1632, il est fait mention
d’un « sac intitulé les Trois Rois ». Il contient une fulmination de bulle apostolique,
c’est-à-dire un jugement du pape, attestant, entre autres, que Loys du Tartre, abbé de
Bellevaux, appartient à son abbaye et à celle des Trois Rois. 285 Ce qui atteste notre
propos concernant Morimond.
Il est difficile d’expliquer le rôle que tiennent ces reliques entre les différentes
abbayes. Là encore, nous ne pouvons qu’émettre des hypothèses. La présence de ces
dernières peut peut-être s’expliquer par la proximité de leur pèlerinage. Ou encore
est-ce un don des empereurs, souvent protecteurs des abbayes.
•
Saint Jean-Baptiste.
Les reliques de saint Jean-Baptiste sont uniquement mentionnées dans le procèsverbal de 1584. 286 Elles sont renfermées dans un bras d’argent « munye alentour de
plusieurs pierreries aux doigs duquel bras y a cinq anneaux assortiz de pierreries » 287
282
Cf procès-verbal de 1632, f° 1v, p XLII.
Cf procès-verbal de 1632, f° 13r, p LVII.
284
Cf procès-verbal de 1616, f° 4r, p XXIII.
285
Cf procès-verbal de 1632, f° 12v, p LVI.
286
Cf procès-verbal de 1584, f° 8r, p IX
287
Cf procès-verbal de 1584, f° 8r, p IX.
283
68
Il s’agit, là encore, d’un reliquaire anthropomorphe qui nous indique la nature de la
relique. L’abbaye est en possession du bras, ou d’un morceau du bras de saint JeanBaptiste.
Saint Jean-Baptiste est considéré comme le dernier des prophètes avant le Christ.
Il annonce la venue de ce dernier, qu’il baptise ensuite. C’est pourquoi, il est parfois
appelé « le précurseur ».
Il est jeté en prison, puis décapité pour avoir dénoncé une liaison incestueuse entre sa
mère et le beau-frère de cette dernière.
Jean-Baptiste, à l’image du Christ et de la Vierge, est le seul saint dont on fête la
nativité, le 5 juin.
En 362, sous l’empereur Julien l’Apostat, des païens profanent la tombe du saint. Ses
restes sont brûlés, et les cendres dispersées. Il n’existe donc pas de reliques de saint
Jean-Baptiste. Nonobstant ce fait, il y a ultérieurement, une grande diffusion de son
culte et de ses…reliques ! En effet, il est fréquemment attesté de la présence de ses
reliques, surtout de sa tête et de ses doigts.
Il est donc très probable que les reliques présentent en l’abbaye ne soient pas
authentiques ou bien que le reliquaire soit vide.
•
Les anonymes.
Ces anonymes sont ces autres saints cités mais pas nommés. Ils figurent
notamment dans le procès-verbal 1632. Il y a également toutes ces autres reliques,
abordées auparavant, enfermées avec de plus prestigieuses, et qui ne sont pas
désignées.
La visite de 1632 mentionne « un petit reliquaire d’argent, dans le pied duquel sont
plusieurs ossements de saints ». 288 Ne connaissant pas même leur nom, il est
impossible d’établir leur éventuelle provenance. Toutefois, l’étude d’autres sources
concernant l’abbaye peut parfois apporter plus d’informations sur l’ensemble des
reliques présentes au sein de Bellevaux.
Outre les reliquaires, très souvent richement ornés, la présence des saints à
l’abbaye est également manifestée par leur représentation picturale et leur statuaire.
2.
Tableaux et statues.
C’est vers la fin du Moyen Age que le culte des saints connaît quelques
changements. On observe d’abord une multiplication des reliques, soit par fraction
des corps saints, soit par la création de reliques de contact. Il s’agit de tous les objets
ayant été en relation avec le saint de son vivant, ou avec ses ossements ou même son
tombeau.
Mais, une mutation des mentalités et des croyances permet la multiplication de
statues de saints. Leur présence est alors plus reconnue dans leur image, sculptée ou
peinte, que dans leurs ossements.
288
Cf procès-verbal de 1632, f° 1v, p XLII.
69
•
Les statues.
On constate, d’après l’inventaire des représentations iconographiques présentes en
l’abbaye, que les sculptures y sont assez peu nombreuses. 289 De plus, elles sont
uniquement mentionnées dans le procès-verbal de 1616 qui en dénombre dix. Elles
sont le plus souvent situées dans les chapelles dédiées au saint qu’elles représentent.
La visite montre tout d’abord, « deux figures d’anges taillées de bois » 290 qui
entourent le tabernacle. Lors de son abbatiat, le feu abbé d’Albamey fait repeindre et
redorer ces deux figures.
Puis, c’est au cœur de la chapelle Saint-Antoine que sont présentées la statue de
Notre-Dame de Pitié et celle de saint Antoine. 291 Notre Dame de pitié est un type de
représentation fréquent au XVe siècle. C’est toujours sous le même abbatiat qu’elles
sont peintes et dorées. Il est également fait mention de leur état. On apprend alors
qu’elles sont vieilles mais, néanmoins en assez bon état. Tenter de donner une
période approximative de la présence de ces statues en l’abbaye est impossible,
d’autant qu’elles ne sont pas inventoriées dans le procès-verbal précédent, celui de
1584, et qui est le premier état des lieux dont nous disposons ; à notre connaissance,
il n’en existe pas de plus ancien. Toutefois, rien n’exclut que cette mention
d’ancienneté place les origines de ces statues à l’époque médiévale.
En la chapelle Saint-Jean figurent trois statues : l’une de Notre-Dame, une
seconde de saint Jean et une troisième de saint François. 292 Il est précisé qu’elles sont
en relief. Peut-être veut-on spécifier qu’elles sont en ronde-bosse, c’est-à-dire que
ces statues sont représentées en trois dimensions, elles sont détachées de leur fond.
Les autres sculptures, dont on ne précise rien, peuvent être soit en demi-relief ou
demi-bosse : les figures se dissocient alors à moitié seulement de leur fond, soit en
haut relief où elles se dégagent presque entièrement du fond.
Une autre statue en relief, celle de Saint- Sébastien, est présentée lors de la visite
de la chapelle du même nom. 293
Enfin, deux sculptures sont mentionnées dans la chapelle de Saint-Humbert : l’une
du saint et l’autre de Notre-Dame. 294 Il est aussi indiqué qu’elles sont « bien peinct et
dorée ». On peut alors supposer que le feu abbé d’Albamey s’est enquis de restaurer
toutes les statues de l’abbaye qui en avaient besoin.
La récurrence, par trois fois, de sculptures à l’effigie de la Vierge ne doit pas
étonner puisque ce sont les Cisterciens et saint Bernard qui développent le culte de
cette dernière. De plus toutes les abbayes cisterciennes sont placées sous le vocable
de Notre-Dame.
Bien plus que de statues, l’église de Bellevaux est ornée de tableaux.
289
Tableau présenté page suivante.
Cf procès-verbal de 1616, f° 2 r, p XX.
291
Cf procès-verbal de 1616, f° 3 v, p XXII.
292
Cf procès-verbal de 1616, f° 3 v, p XXII.
293
Cf procès-verbal de 1616, f° 4 r, p XXIII.
294
Cf procès-verbal de 1616, f° 4 r, p XXIII.
290
70
71
1616
f2r
1616
f4r
1616
f4r
1616
f3v
1616
f3v
Ref
Statues
2 figures d'anges
taillées de bois
1 statue de Notre Dame de
pitié, 1 statue de saint
Antoine en la chapelle
du même nom
3 statutes en relief:
1 de Notre Dame,
1 de saint Jean,
1 de saint François
1 statue en relief
de saint Sébastien
1 statue de N-D,
1 statue de saint
Humbert, en la
chapelle du même nom
1 tableaux d'un crucifix
1 tableau de l'effigie du pape Paul Pie
1 image de sainte Lucie
1 chasuble avec plusieurs image de N-D et d'autres saints
1 image de sainte Madeleine
1 tableau derrière le tabernacle
1 image de sainte Lucie
2 images en relief sur 1 devant d'autel de cuir en la chap. de l'Amiral
1 tableau de plate peinture en la chap. de N-D
1 tableau de plate peinture en la chap. de Toussaint
1 tableau de plate peinture en la chap. de La Trinité
1 tableau en la chapelle de Saint Sébastien
1 tableau de sire Humbert
1 tableau en la chapelle des Trois Rois
1 tableau en la chapelle Saint Laurent
2 tableaux en la chapelle Saint Pierre
1 tableau de bois en relief, 1 image de ste Solenne
près de l'autel Sainte Anne
des images de N-D et st Jean, en bois et relief sur l'autel du chœur
les images de 6 apôtres
1 image de sainte Lucie
la coiffe d'un lit étant 1 Assomption Notre Dame
1 image de sainte Véronique, enchâssée
1 image de sainte Madeleine, enchâssée
11 tableaux ou détrempes de la vie de saint Bernard
1 image de la Flagellation de Notre Seigneur
Tableaux et Images
Répertoire des représentations iconographiques inventoriées en l'abbaye.
Ref
1584, f 5 v
1584, f 5 v
1584, f 8 r
1584, f 10 r
1584, f 11 r
1616, f 2 r
1616, f 2 v
1616, f 3 v
1616, f 3 v
1616, f 3 v
1616, f 4 r
1616, f 4 r
1616, f 4 r
1616, f 4 r
1616, f 4 r
1616, f 4 r
1616
f4v
1616, f 4 r
1632, f 1 v
1632, f 1 v
1632, f 3 v
1632, f 3 v
1632, f 3 v
1632, f 4 v
1632, f 5 v
•
Peintures et images.
Comme les statues, les tableaux sont présentés dans les textes comme des
« images ».
L’une et l’autre sont en nombre suffisant pour bien orner l’église et les chapelles. Ce
qui, d’ailleurs ne correspond pas aux prescriptions cisterciennes. Là encore, nous
constatons une déviance. Un relâchement qui peut, peut-être, s’expliquer par la
fondation de chapelles au sein de l’église. Les fondateurs ornent leur chapelle afin de
s’attirer les grâces divines. Du reste, le procès-verbal de 1616 précise que l’entretien
de ces dernières est aux bons soins des seigneurs. 295 Remarquons toutefois que,
précédemment, les restaurations effectuées sur les statues ont été réalisées par le feu
abbé d’Albamey.
La visite de 1584 inventorie d’abord deux tableaux trouvés en la chambre du feu
abbé Loys du Tartre. L’un représente un crucifix et l’autre est à l’effigie du pape
Paul Pie. 296 Dans cette même pièce, se trouvent également cinq petits tableaux en
papier. 297 Cette précision « en papier », indique sûrement le support utilisé pour la
peinture.
Une image de sainte Madeleine, embrassant une croix, incrustée sur un tapis est
mentionnée comme un don du feu abbé Loys du Tartre. 298
D’autres tableaux et images sont présentés dans le procès-verbal de 1616.
Derrière le tabernacle, un grand tableau « contenant les figures de Notre Seigneur et
des douze appostres, en relief pains et doré à l’anticque, avec les vantaux de platte
peinture, le tout en bon estat sauf que paroist estre antich » 299 C’est donc un
triptyque, dont le centre est en « platte peinture », c’est-à-dire qu’il n’est pas en
relief, par opposition à d’autres tableaux présentés ci-après. On insiste sur
l’ancienneté de l’œuvre qui pourrait dater de l’époque médiévale.
Sont ensuite présentées deux images en relief dans la chapelle de l’Amiral. 300
Elles sont « assez bien toinées formées ». La précision « en relief » indique peut-être
qu’elles sont gravées. Les différences de niveaux présentes sur une image sont une
résultante de ce type de procédé. Ces images sont aussi « tornées formées », c’est àdire encadrées d’une bordure travaillée, ornée.
Puis, c’est en la chapelle Notre-Dame qu’est présenté un « tableau de platte
peinture presque tout neuf et en bon estat »301 Sans plus de précisions, on peut penser
qu’il s’agit d’une représentation de la Vierge. Il est « presque tout neuf », peut-être
est-ce un don assez récent de la part de seigneurs, un achat, ou un don de l’abbé.
Un autre tableau de « platte peinture » est mentionné dans la chapelle de la
Toussaint. Il est « tout gasté et rompu de viellesse » 302 Là encore, il est difficile de
définir avec plus de précisions ce que représente le tableau. L’indication de son état
295
Cf procès-verbal de 1616, f° 4 r, p XXIII.
Cf procès-verbal de 1584, f° 5 v, p VI.
297
Cf procès-verbal de 1584, f° 5 v, p VI.
298
Cf procès-verbal de 1584, f° 11 r, p XII.
299
Cf procès-verbal de 1616, f° 2 r, p XX.
300
Cf procès-verbal de 1616, f°3 v, p XXII.
301
Cf procès-verbal de 1616, f°3 v, p XXII.
302
Cf procès-verbal de 1616, f°3 v, p XXII.
296
72
indique que, bien qu’il ne soit pas mentionné dans le procès-verbal précédent, il est
assurément beaucoup plus ancien.
En la chapelle Saint-Jean est présenté un tableau « de toille peincte a
destrempe ». 303 Il n’est pas certain que cette peinture représente saint Jean car,
auparavant elle servait « en paremen au grand autel ».
La détrempe est un type de peinture qui consiste à délayer la couleur de l’eau
additionnée d’un agglutinant tel la colle ou l’œuf.
En la chapelle de La Trinité se trouve un autre tableau de « platte peinture »304
Sans plus de précisions, il est difficile de dire, avec certitude, ce que représente cette
peinture. Les visages de La Trinité sont multiples.
La visite de 1616 se poursuit par celle de la chapelle Saint-Sébastien où est
mentionné « un viel tableau tout gasté sans aucun ornement ». 305 Ce saint est souvent
peint, à partir du XIVe siècle, sous les traits d’un jeune homme criblé de flèches,
objets de son supplice. 306
Tout comme en la chapelle de la Toussaint, la notion d’ancienneté de ce tableau peut
vouloir ancrer ses origines à l’époque médiévale.
La chapelle Saint-Humbert est ornée « d’un tableau de sire Humbert, qui est
décoré, assez beau, n’estant gasté que par l’humidité du lieu »307
Dans la chapelle des Trois Rois, un tableau « peinct de bois » est aussi altéré par
l’humidité : les couleurs « tombent en escaillent ». 308 La précision « peinct de bois »
indique le support sur lequel est réalisée la peinture : le bois.
Il en est de même pour la chapelle Saint-Laurent. Comme beaucoup d’autres
saints, saint Laurent est souvent représenté avec l’objet de son supplice : le gril
accompagné de la palme du martyre, du Livre de l’Evangile et de la dalmatique 309 du
diacre.
Dans la chapelle Saint-Pierre, sont mentionnés deux tableaux « tout
escourchez »310 Pierre est généralement placé à la gauche du Christ avec une barque
ou une tiare pontificale.
Un autre tableau « de bois en relief » avec « une image en broderie de saincte
Solaine » orne l’autel Sainte-Anne. 311 Sainte Anne, mère de la Vierge Marie, est
généralement peinte alors qu’elle reçoit la visite de l’ange qui lui annonce la
naissance de sa fille ou encore lorsqu’elle lui apprend à lire.
303
Cf procès-verbal de 1616, f°3 v, p XXII.
Cf procès-verbal de 1616, f° 4 r, p XXIII.
305
Cf procès-verbal de 1616, f° 4 r, p XXIII.
306
La Bible et les saints, guide iconographique., p286.
307
Cf procès-verbal de 1616, f° 4 r, p XXIII.
308
Cf procès-verbal de 1616, f° 4 r, p XXIII.
309
La dalmatique est une longe robe blanche à manches très amples, décorée de deux bandes
pourpres.
310
Cf procès-verbal de 1616, f° 4 r, p XXIII.
311
Cf procès-verbal de 1616, f° 4 r, p XXIII.
304
73
Enfin, les dernières représentations iconographiques présentées par le procèsverbal de 1616 sont des images de Notre Dame et de saint Jean. Elles sont « taillées
de bois de relief » et « repeintes tout a neuf aux frais dudict sire de Bellevaux »312
L’image de saint Jean est souvent celle d’un jeune homme tenant une palme ou
rédigeant l’Evangile ou encore l’Apocalypse, un aigle lui servant de pupitre.
Si le procès-verbal de 1616 est riche d’allusions aux représentations
iconographiques, celui de 1632 apporte quelques compléments.
Il mentionne d’abord, au pied d’une grande croix d’argent, les images de six Apôtres
« aussi d’argent dorée » 313
Puis, en la chambre du milieu, la coiffe d’un lit qui est une « Assumption Nostre
Dame » est présenté 314 Tout laisse à penser qu’il s’agit d’une représentation de
l’Ascension de la Vierge accrochée au-dessus de la tête du lit.
Toujours dans la même chambre, se trouvent deux images : l’une de sainte
Véronique, enchâssée de noyer, et une autre de sainte Madeleine, également
enchâssée.
Depuis le XIIIe et le XIVe siècle, sainte Véronique est presque toujours représentée
de la même façon. Elle porte un de ses attributs, un turban ou une coiffe, tenant
devant elle son second attribut, un voile à l’effigie du Christ.
Sainte Marie-Madeleine, elle, est très fréquemment figurée avec de longs cheveux.
Parfois, elle porte un vase à parfum, avec lequel elle a oint les pieds du Seigneur et
elle est allée l’embaumer. D’ailleurs, la scène où elle est le plus souvent représentée
est celle où elle rencontre le Christ ressuscité. 315
Puis, lors de la visite de l’église, seulement onze petits tableaux « en destrempe »
sont inventoriés. Figurant la vie de saint Bernard, ils sont accrochés à chacun des
piliers de la nef, tel un chemin de croix. 316 Saint Bernard donne à l’ordre cistercien
ses principes et son dynamisme. Il est la figure de l’ordre. Souvent, il est considéré
comme son fondateur alors qu’en réalité il s’agit de Robert de Molesme.
Saint Bernard est surtout reconnaissable à la robe blanche portée par les Cisterciens.
Il est aussi très souvent représenté amaigri par le jeûne et l’ascèse. 317
Enfin, en une autre chambre appelée la chambre aux dames, l’inventaire note la
présence d’un « viel buffet de chesne a l’antique, ouvragé de plusieurs ouvrages sur
lequel est une image de la Flagellation Nostre Seigneur »318
La Flagellation du Christ montre fréquemment trois personnes : le Christ, attaché à
une colonne, et deux bourreaux le fouettant avec des lanières de cuir ou des bâtons.
Il est intéressant de noter ici le support sur lequel figure cette représentation : un
buffet. La scène est-elle peinte à-même le chêne ou est-ce une toile ou autre matière
accroché au meuble ? On perçoit alors l’importance de la religion, son imprégnation
à travers la vie quotidienne à l’époque médiévale et encore bien après.
312
Cf procès-verbal de 1616, f° 4 v, p XXIV.
Cf procès-verbal de 1632, f° 1 v, p XLII.
314
Cf procès-verbal de 1632, f° 3 v, p XLIII.
315
La Bible…op. cit., p 308-309 pour saint Véronique, p 222-223 pour sainte Marie-Madeleine.
316
Cf procès-verbal de 1632, f° 4 v, p XLV.
317
La Bible…op. cit., p 62.
318
Cf procès-verbal de 1632, f° 5 v, p XLVII.
313
74
En comparant chacun des trois procès-verbaux, il est à remarquer qu’aucune des
représentations iconographiques présentes en l’abbaye n’est mentionnée d’un
inventaire à l’autre. Il semble que d’une visite à l’autre les greffiers n’attachent pas la
même importance aux objets à répertorier.
Toutefois, le tableau de l’inventaire des représentations iconographiques montre la
constance d’une image : celle de sainte Lucie.
•
Sainte Lucie.
Elle est répertoriée lors des trois visites. Elle est simplement mentionnée dans le
procès-verbal de 1584 et on précise que le pied de cette image est doré. 319
En 1616, on apprend que cette petite figure est haute de deux pieds, 320 qu’elle est en
argent sauf sa base qui est en cuivre. 321
Puis, en 1632, on semble seulement vouloir indiquer sa valeur en précisant qu’elle
est en argent. 322
Lucie est une riche Sicilienne qui refuse le mariage et se consacre aux pauvres en
leur distribuant ses biens. Dénoncée aux autorités par un prétendant éconduit, elle est
condamnée à être violée. Miraculeusement protégée, elle ne périt pas sur le bûcher.
Elle est alors égorgée en 304. 323 Lucie est une des victimes de Dioclétien, empereur
romain, qui lance en 303, et pour dix années, une des vagues de persécution les plus
dures que l’Eglise ai connu.
Sainte Lucie est donc une vierge martyre dont la vie est largement diffusée par La
Légende Dorée de Jacques de Voragine.
Elle est fréquemment représentée portant une paire d’yeux sur un plateau ou dans
une coupe, avec une épée et un cierge ou une lampe.
L’attribut des yeux que porte sainte Lucie est dû a une légende tardive qui veut
qu’elle les aient arrachés pour les offrir à un prétendant, mais ces derniers ce sont
miraculeusement remis en place.
L’épée montre l’objet de son supplice. Et la lumière représente l’origine latine de son
nom, lux, qui signifie lumière.
A travers l’inventaire et la description de ces tableaux et de ces sculptures, le
lecteur peut se rendre compte des richesses présentes au sein de l’abbaye. Mais
surtout, elles sont le fait d’une déviance aux prescriptions et à la morale de l’ordre, la
marque d’un changement en son sein.
Lors de cette présentation des saints occupant l’abbaye, deux sont omis. De par leur
importance, ils méritent un peu plus d’attention.
319
Cf procès-verbal de 1584, f° 8 r, p IX.
Le pied est une ancienne unité de longueur qui équivaut à environ 0,324 m. L’image de sainte
Lucie mesure donc environ 650 cm de hauteur. C’est déjà une grande image !
321
Cf procès-verbal de 1616, f° 2 v, p XXI.
322
Cf procès-verbal de 1632, f° 1 v, p XLII.
323
La Bible…op. cit., p 208.
320
75
B. Sainte Ursule et les Onze Milles Vierges.
Comme le montre le récapitulatif des reliques, 324 celles des onze milles vierges
sont mentionnées dans les trois procès-verbaux. Elles semblent méconnues, voir
ignorées, c’est pourquoi elles attirent notre attention.
1. Vie et légende de sainte Ursule.
Il n’y a aucune certitude quant à la vie de sainte Ursule. Plusieurs versions de sa
légende existent aujourd’hui mais celle de Christian Vanden Berghen 325 paraît être la
plus vraisemblable.
Ursule est une jeune bretonne, 326 fille de roi chrétien. Elle naît en cette fin du IIIe
siècle. Un jour, un jeune prince païen, d’origine germanique, demande sa main. Cette
alliance est importante et le refus de la jeune fille peut porter de sérieux préjudices à
son père. Cependant, Ursule souhaite rester vierge et chrétienne. Alors, elle fait le
choix de s’enfuir accompagnée de ses amies, dix vierges.
Selon d’autres versions de la légende, chacune des dix vierges est accompagnée
d’encore mille vierges afin de consoler Ursule. 327 Il est aussi dit que onze mille
vierges traversent la mer en formant un cortège pour Ursule.
Elles partent à l’aventure, se rendent en pèlerinage à Rome puis remontent le Rhin en
direction de Cologne. Ursule souhaitait-elle finalement honorer ce mariage ? Lors de
leur voyage, elles sont capturées par les Huns qui n’hésitent pas à les martyriser.
Devant le refus de ces vierges à trahir leur foi, ils les tuent. Toujours selon Christian
Vanden Berghen, elles sont ensuite inhumées en l’église de Cologne.
La vie de sainte Ursule semble quelque peu tomber dans l’oubli jusqu’en 1155 où
on découvre dans une église, aujourd’hui du nom de Sainte-Ursule, une inscription
latine. Elle date du Ve siècle, un siècle après la mort de la sainte et de ses compagnes.
Il est alors gravé sur cette pierre : XIMV. Dans un premier temps, on attribue cette
épitaphe au martyre de plusieurs vierges lors du IIIe siècle. Puis, la découverte, au
début du XIIe siècle, de plusieurs ossements de femmes décédées quelques siècles
plus tôt, amène, dès lors, la croyance populaire à les attribuer à sainte Ursule et ses
compagnes.
L’Eglise suit cette opinion car elle lui permet d’honorer une martyre représentante de
toutes les autres. Auparavant, ces femmes, avérées comme telles ne pouvaient l’être
car aucune n’était nommée.
C’est au XIe siècle que l’on fixe le nombre des compagnes de la sainte à 11 OOO.
Ce chiffre est dû à une mauvaise interprétation de l’épitaphe. On peut lire XIMV, on
pense alors XI pour « onze », M pour « mille » et V pour vierges. Un mot peut tout
changer car il s’agit en réalité de M pour « martyres » et non « mille ». L’inscription
signifie donc « onze martyres vierges » et non pas « onze mille vierges ». Cependant,
324
Tableau présenté à la page 61 à 63.
Bergnhen (Christian Vanden), Sainte Ursule et les Onze Mille Vierge..
326
La Bretagne médiévale est aujourd’hui la Grande-Bretagne.
327
La Bible…op. cit., p 305.
325
76
c’est cette dernière interprétation qui, en ce XIe siècle, est acceptée et qui donne
naissance à la légende de sainte Ursule et des Onze Mille Vierges.
2. Culte et reliques.
La légende de sainte Ursule et de Onze Mille Vierge connaît un grand succès au
Moyen-Age. Cette renommée vaut à ces vierges martyres un important culte qui se
développe particulièrement en Allemagne, aux Pays-Bas, et dans le nord de la
France. Un pèlerinage considérable se développe donc autour de Cologne.
La proximité de ce pèlerinage, tout comme celui des Trois Rois, également à
Cologne, peut expliquer la présence de ces reliques en l’abbaye.
Les jeunes filles, mais aussi les drapiers réclament la protection de sainte Ursule.
En effet, durant ses périples la sainte est miraculeusement protégée par un manteau.
Toutefois, il n’est pas expliqué comment sainte Ursule est martyrisée et tuée malgré
la protection de ce manteau.
Bien que le culte de sainte Ursule et des Onze Mille Vierges se développe
rapidement dès le XIIe siècle, l’iconographie les concernant apparaît seulement à
partir du XIVe siècle.
Les représentations les plus connues sont des cycles figurant la vie de la sainte. Le
cycle le plus célèbre est La châsse de sainte Ursule, actuellement exposé à l’hôpital
Saint-Jean de Bruges. C’est l’artiste Memling qui le réalise, en six panneaux, en
1489. A son image, d’autres artistes représentent la vie et l’épopée de la vierge
martyre. 328
Tout comme saint Sébastien, on reconnaît sainte Ursule à une flèche. Cet attribut lui
vient justement du cycle de Memling qui dépeint Ursule tuée par une flèche, devant
la tente du chef des Huns.
Le répertoire des reliques met également en évidence l’abondante présence des
reliques d’un autre saint dont la notoriété est salutaire à Notre Dame de Bellevaux.
C.Entre saint Pierre de Tarentaise et N- D de Bellevaux.
La Tarentaise est une région de Savoie dont Moûtiers en est aujourd’hui le cheflieu. Auparavant, elle en était la capitale.
Quel peut-être le lien entre Bellevaux et ce territoire situé à plusieurs centaines de
kilomètres ? Un homme, cistercien.
1.
Du premier abbé de Tamié à l’archevêque de Tarentaise.
Pierre naît en 1202 à Saint-Maurice-l’Exil. 329 A vingt ans il entre, en tant que
moine, à l’abbaye de Bonnevaux en Dauphiné. 330 Il semble posséder nombre de
328
La Bible…op. cit., p 306
Saint Maurice-l’Exil se situe dans le canton du Roussillon.
330
L’abbaye de Bonnevaux se situe près de Lieudieu, dans la région Rhône-Alpes
329
77
qualités qui le porte au siège d’abbé. Durant son abbatiat, il fonde et dirige l’abbaye
de Tamié, 331 située dans le col du même nom. Comme pour toutes fondations
cisterciennes, Pierre sollicite les seigneurs du lieu et les diocésains. Ainsi, le 16
février 1132, une petite colonie de moines, venant de Bonnevaux, s’installe dans le
nouveau monastère dont Pierre est l’abbé.
Lors de l’un de ses voyages en Italie, pour la visite annuelle des filles de l’abbaye,
il est sollicité par les habitants de Moûtiers. Ils sont en quête d’un évêque. Ils
connaissent Pierre non seulement par ses voyages mais également en raison de sa
renommée qui ne cesse de s’accroître. C’est pourquoi, ils insistent auprès de lui afin
qu’il devienne leur nouvel archevêque. Il est ainsi élu archevêque de Tarentaise en
1141. Malgré son épiscopat (1141-1174), Pierre garde des liens très étroits avec
l’abbaye de Tamié. En 1150, il vient lui-même consacrer l’église du monastère.
Cependant, Pierre ne néglige pas sa tâche d’archevêque, bien au contraire. Il s’y
attèle avec zèle.
L’archevêque de Tarentaise s’enquiert de sa charge en effectuant de nombreuses
visites dans ses paroisses. Il tente de réformer le clergé. Il marque la ville de
Moûtiers de son épiscopat en y faisant construire une cathédrale.
Il se consacre surtout aux pauvres en instituant, chaque année, au mois de mai, alors
que les réserves sont épuisées et les récoltes pas encore mûres, une distribution de
pain aux plus démunis. C’est sous le nom de Pain de mai que cette institution perdure
à Moutiers jusqu’au XVIIIe siècle.
Mais Pierre de Tarentaise est particulièrement connu pour ses actions en faveur
d’une plus grande paix. Il intervient notamment dans la réconciliation entre des
communautés religieuses ou encore entre l’Eglise et les grands seigneurs laïques. Il
soutient ardemment le pape Alexandre III contre l’empereur Frédéric Barberousse et
l’antipape à sa solde, Victor IV.
De retour d’une de ses nombreuses missions de médiation et de pacification, il est
pris d’un malaise. Pierre s’arrête alors à une fontaine proche de l’abbaye de
Bellevaux. Il y ait transporté plus tard et il y meurt le 14 septembre 1174.
2.
Saint Pierre de Tarentaise, saint Pierre de Bellevaux.
Conformément à ses dernières volontés, Pierre est inhumé en l’église de l’abbaye,
en la chapelle de la Vierge. 332 Toutefois, ce privilège, accordé par l’archevêque à
Bellevaux, n’est pas sans conséquence. En effet, les religieux de Tamié réclament le
corps de leur fondateur. A plusieurs reprises cela génère des conflits entre les deux
abbayes.
Bien que l’abbaye possède le corps du saint, les procès-verbaux mentionnent
plusieurs de ces reliques. Au fil des siècles son corps a-t-il été fractionné afin de
répandre les bienfaits prodigués par ces dernières ?
331
L’abbaye de Tamié se situe près d’Alberville, dans les Alpes du Nord. Les bâtiments actuels datent
du XVIIe siècle. Tamié est très réputée pour sa liturgie et son fromage.
332
Aubert (Anne-Marie), Une maison…op. cit., p 3.
78
C’est la visite de 1584 qui inventorie le plus de reliques de saint Pierre. Il y a
d’abord « le chiefz de monseigneur saint Pierre enchassé en argent, doré aux
bordures »333 La tête est une des reliques les plus précieuses. Cette importance est
soulignée par les diverses matières, tout aussi précieuses, dans lesquelles est
enchâssé le chef de saint Pierre de Tarentaise.
Le procès-verbal ne mentionne ensuite que des reliques de contact. Ainsi, l’église de
Bellevaux possède « une couppe d’argent dorée que l’on dict estre celle dudit saint
Pierre »334 De même, il y a aussi une mitre « que l’on dict estre la mytre Saint
Pierre »335 ou encore « ung matheras avec le lodier que l’on oit estre celluy Sainct
Pierre ». 336 Et enfin une aube richement ornée « que l’on dict estre celle dudcit saint
Pierre ». 337 Chacune des présentations de ces objets n’est pas totalement formelle
quant à l’authenticité de ces reliques.
En 1616, il est uniquement fait mention d’un chef d’argent « de la grosseur du
naturel » dans lequel est la tête de saint Pierre « archevesque de Taraisque ». 338 On
peut considérer que ce procès-verbal présente seulement les reliques les plus riches et
les plus importantes. C’est pourquoi les reliques de contacts ne figurent pas.
Le fait que ces reliques de contact soient répertoriées en 1632, affirme cette
hypothèse.
En effet, lors de cette visite, on découvre d’abord « le chef de messir sainct Piere de
Bellevaux, enchassé d’argent avec une mittre de cuivre argentée ». 339 On retrouve,
avec plus de détails, la mitre inventoriée en 1584. Remarquons également que saint
Pierre de Tarentaise devient saint Pierre de Bellevaux. Est-ce une exception ou un
fait général ? On peut cependant penser qu’avec les années et l’important pèlerinage
qui s’est développé en l’abbaye du fait de la présence du saint, il s’est opéré une
assimilation entre le nom du saint et le lieu de son pèlerinage.
Les os d’un bras de saint Pierre de Bellevaux sont également répertoriés dans un
linge blanc, avec une côte de sainte Madeleine. 340
Le procès-verbal de 1632 mentionne à nouveau la mitre de saint Pierre accompagnée
de deux de ses ceintures, enfermées dans une boîte d’airain, de ses gants et de son
lodier. 341 Le prestige et l’importance de ces reliques sont ici encore soulignés par la
boîte d’airain c’est-à-dire dure, implacable, voir inviolable. Ces ceintures méritent
une grande protection car elles sont très précieuses.
3.
Saint Pierre et Bellevaux.
Pierre de Tarentaise est canonisé en 1191. Plusieurs documents mentionnés dans
l’extrait des archives ecclésiastiques de Haute-Saône font référence à cette
333
Cf procès-verbal de 1584, f° 8r, p IX.
Cf procès-verbal de 1584, f° 8v, p X.
335
Cf procès-verbal de 1584, f° 9r, p X
336
Cf procès-verbal de 1584, f° 9r, p X.
337
Cf procès-verbal de 1584, f° 9r, p X.
338
Cf procès-verbal de 1616, f° 2v, p XXI.
339
Cf procès-verbal de 1632, f° 1v, p XLII.
340
Inventaire de la sacristie vers 1600, f° 2r, p LXX.
341
Inventaire de la sacristie vers 1600, f° 2r, p LXX. Le lodier est un couvre pieds, une petite
couverture que l’on place au bout du lit, sur ces pieds.
334
79
canonisation. Ainsi, une bulle de Célestin III, de cette même année, et contenant la
canonisation du saint, est envoyée à tous les évêques. 342
La grande renommée de saint Pierre de Tarentaise est un apport précieux pour
l’abbaye. En effet, saint Pierre est reconnu, déjà avant sa mort, comme un saint
thaumaturge, c’est-à-dire qui a le pouvoir de guérir.
Il ne perd pas de sa popularité avec son décès. Il attire à Bellevaux des foules, si bien
que l’abbaye devient un important centre de pèlerinage et ce, au grand détriment du
règlement cistercien qui interdit à tous laïcs de franchir la clôture.
Toutefois, les religieux et l’abbé de Bellevaux sont conscients que ces reliques sont
une ressource considérable. Lorsque les pèlerins viennent solliciter le saint, ils font
une offrande à ce dernier, donc à l’abbaye, afin que leurs prières se réalisent. Si cette
supplique est exaucée, ils renouvellent leurs dons.
Cependant, il semble qu’avec le temps et les évènements, le pèlerinage
s’essouffle. Le pape Nicolas IV promulgue, en 1289, une bulle qui accorde quarante
jours d’indulgence à toutes les personnes qui visitent l’église de Bellevaux à certains
jours de fête dont celui de saint Pierre de Tarentaise, le 8 mai. 343
Puis, vers la fin du XVe siècle l’abbaye tente d’acquérir de nécessaires revenus en
exposant et en portant les reliques de saint Pierre à la vue des fidèles. Pour cela,
l’abbé et les religieux de Bellevaux sollicitent l’abbé de Cîteaux et Jean de Chalon,
gouverneur du comté de Bourgogne. 344
Les précieuses reliques de saint Pierre de Tarentaise sont ainsi conservées en
l’abbaye de Bellevaux jusqu’à la Révolution. Mais, le 11 fructidor an II, 345 un
commissaire de Vesoul vient à Cirey « pour mettre en arrestation un ci-devant saint
Pierre de Tarentaise qui attirait les fanatiques du département pour être témoins de
ses prétendus miracles » 346 Apprenant cela, les habitants de Cirey sauvent un bras et
le chef du saint tandis que ses autres reliques sont emportées et oubliées au fond
d’une armoire à Vesoul.
Le chef et le bras de saint Pierre sont donnés à l’abbé Baudet qui les lègue à sa nièce
avant de mourir. Un moine de Tamié les retrouve et ramène, en son monastère, le
précieux chef. Saint Pierre revient finalement chez lui.
La jambe et le pied droit du saint sont restitués à Bellevaux en 1815, lorsque des
moines réintègrent l’abbaye.
Mais, quinze années plus tard, en 1830, à l’approche des habitants de Baumotte,
venant piller l’abbaye, les religieux fuient vers la Grâce-Dieu, emportant avec eux les
reliques. Elles suivent les moines dans leur émigration à Tamié qui possède
désormais une jambe, la mitre, le peigne et un ciboire du saint, en plus de son chef.
D’autres reliques du saint sont conservées en l’église Saint-Georges de Vesoul et en
l’église de Cirey.
342
ADHS, H 45, 1191, p LXXVII.
ADHS, H 45, 1289, p LXXVII.
344
ADHS, H 45, 1495, 1496, p LXXIX
345
Le fructidor est le douzième et dernier mois du calendrier républicain. Il s’étend du 18-19 août au
21-23 septembre.
346
Aubert (Anne-Marie), Histoire… op. cit., p 39.
343
80

Nombres de reliquaires et de tableaux ornent l’église de Bellevaux où sont
précieusement gardés dans la sacristie. Tant de richesses dans ce monde cistercien ne
peuvent qu’interpeller : les procès-verbaux sont loin de refléter la simplicité
cistercienne. Dès lors l’évidence d’un manquement à la règle de l’Ordre s’impose.
Les religieux de Bellevaux, comme dans d’autres abbayes, sont, en quelque sorte,
victimes de leur succès qui leur apporte nombre de biens précieux.
Cette richesse se retrouve dans d’autres objets tels les ornements et les vêtements
liturgiques.

81
II.
« Ses prêtres, Je les vêtirai de salut. »347
La vie cistercienne est tournée vers la prière : offices mais aussi prières
individuelles. Tout comme aujourd’hui, la célébration de la liturgie astreint à une
ornementation et à des vêtements spécifiques.
A. Orner la simplicité.
Dans le répertoire des représentations iconographiques sont parfois mentionnés
des devants d’autel ou encore des tapis d’autel. Ce sont autant de linges nécessaires à
l’ornementation de l’église, notamment lors de la célébration du culte.
1.
Devants d’autel, nombreux et riches.
Les procès-verbaux de 1616 et 1632, ne manquent de mentionner nombre
d’ornements servant à parer les autels. Leur description nous rend compte d’autres
richesses présentes en l’abbaye.
La visite de 1616, débute par une description de l’autel majeur au-devant duquel
se trouve un voile de taffetas rouge, don fait à l’abbé. Aujourd’hui encore, le taffetas
est une étoffe recherchée donc chère.
Le devant du grand autel est également paré d’un devant « de tapisserie en cuyr doré
assez usé». 348 Il s’agit certainement d’une pièce de cuir, d’assez grande taille, brodée
et accrochée devant l’autel. La mention « assez usé » renvoie à une notion
d’ancienneté de ce parement. Il est aussi fait mention d’un autre devant d’autel, don
du feu Pierre d’Albamey, sur lequel sont représentées ses armes. 349
Après la présentation de l’autel majeur, « au grand autel », le greffier fait
l’inventaire de tous les objets cultuels présents en l’abbaye. Il inventorie d’abord
« un devant d'haultel de damas rouge cramoisi, enrichi de passemens d'or et des
armes dudict sire de Bellevaux pour servir au grand haultel ». 350 Sont aussi
répertoriés deux autres devants d’autel de damas blanc, également parés des armes
du feu abbé. Et, un peu plus loin le greffier mentionne encore d’autres devants
d’autel en « mi-soye », figurés, là aussi des armes du feu abbé. L’un de ces
parements est destiné à l’autel Notre Dame et l’autre à l’autel situé en la chapelle
Saint-Pierre.
Le grand autel est-il toujours orné des armes de l’abbé ?
Peut-être est-ce simplement une manière de préciser que ces devants d’autel sont des
dons venant de lui. Au verso du folio 15, le greffier indique qu’à l’arrivée du feu
Pierre d’Albamey, l’église est presque totalement dépourvue de ces linges
d’ornement. L’abbé a simplement rempli ses obligations en dotant à nouveau l’église
de ces objets.
347
Rougier (Stan), Montre-moi…op. cit., psaume 131, « Je vêtirai ses prêtres de salut », p 247.
Cf procès-verbal de 1616, f° 2r, p XX.
349
Cf procès-verbal de 1616, f° 2r, p XX..
350
Cf procès-verbal de 1616, f° 3r, p XXIII.
348
82
Cependant, la richesse de ces ornements indique que l’abbé dispose d’une certaine
fortune car le damas est une riche étoffe, tout comme la soie. De même, seules les
personnes d’un certain rang et de condition assez noble possèdent des armoiries.
Ces ornements d’autel font plus que nous renseigner sur la vie cultuelle de l’abbaye,
ils nous informent également de la condition sociale du feu abbé Pierre d’Albamey.
Toutefois, il semble qu’à l’arrivée de l’abbé, l’église manque de ces ornements car
l’abbé a dû en fournir. 351
Outre ces parures aux armes du feu abbé, deux draps noirs figurés d’une croix
blanche, servent à orner l’autel et les fenêtre lors des cérémonies funéraires. 352
Puis, en la sacristie, on découvre un autre devant d’autel servant à orner l’autel de
la chapelle de l’Amiral et des maisons de Vienne et d’Oiselay. Il est en étoffe de
Flandres sur laquelle sont brodées des armoiries, certainement celles de l’Amiral.
Le procès-verbal de 1616 se poursuit par la visite des chapelles dont certaines sont
parées de devants d’autel.
En la chapelle de l’Amiral se trouve un « devant d'aultel de cuyr doré avec deux
images en reliefz assez bien tornées formées », 353 c’est-à-dire que ces images sont
encadrées de bordures moulées, travaillées.
Un autre devant d’autel, de matière verte, et qui semble de toute simplicité est
mentionnée en la chapelle Notre Dame. 354
D’autres devants d’autels, de cuir doré, sont présentés en la chapelle SaintAntoine, 355 la chapelle de la Toussaint. 356 Le devant de l’autel Sainte-Anne est plus
simplement orné d’« un ancien parement de violet avec une image en broderie de
saincte Solaine »357
Lors de l’inventaire de la sacristie en 1632, plusieurs devants d’autel sont
répertoriés. Ils sont tous qualifiés de « fort usé » et « fort vielle » 358 En raison de
l’humidité présente en certains endroits de l’église, il est difficile de dire si l’usure de
ces ornements est due à cette moiteur ou, effectivement, au temps.
Il se retrouve, dans cet inventaire, le voile de taffetas rouge, six devants d’autel de
cuir doré avec les images, le devant d’autel de damas blanc ou encore celui en étoffe
de Flandres. Puis, d’autres parements, non répertoriés auparavant, tels trois devants
d’autel en « lassy ».
Au fil des inventaires, nous découvrons également d’autres linges servant à orner
l’église ou utilisés durant les offices.
351
Cf procès-verbal de 1616, f° 15v, p XXXVII.
Cf procès-verbal de 1616, f° 15v, p XXXVII.
353
Cf procès-verbal de 1616, f° 3v, p XXII.
354
Cf procès-verbal de 1616, f° 3v, p XXII.
355
Cf procès-verbal de 1616, f° 3v, p XXII.
356
Cf procès-verbal de 1616, f° 3v, p XXII.
357
Cf procès-verbal de 1616, f° 4r, p XXII.
358
Inventaire de la sacristie, f° 2v, p LXX.
352
83
2.
D’autres ornements.
Nappes, serviettes, tapis sont autant de linges répertoriés lors des visites de
l’église ou de la sacristie. Il ne fait alors aucun doute qu’ils font partie des ornements
utiles à l’église et aux célébrations.
Ces linges, posés sur l’autel, symbolisent, autour du corps eucharistique du Christ,
les langes qui enveloppent l’enfant Jésus à sa naissance ou encore les linceuls du
Christ.
•
Nappes et tapis.
Durant la visite de la sacristie en 1584, des nappes pour couvrir les autels durant
le service divin sont répertoriées. 359 Elles sont au nombre de dix. 360 Il y a également
un tapis en soie et une nappe damassée. 361 Ils semblent être uniquement utilisés pour
l’autel majeur. Une nappe richement ornée de fleurs en or et en argent avec une
image de sainte Madeleine embrassant la croix est offerte par le feu abbé Louis du
Tartre. 362
Cependant, selon Durand de Mende, les linges d’autel doivent être uniquement de
lin blanc : « Nous avons établi que personne ne doit célébrer le sacrifice de l’autel
avec une étoffe de soie ou de couleur, mais avec un linge blanc consacré par
l’évêque. Ce linge sera le produit d’une plante [non d’un animal comme la laine] »363
Ainsi, lors de la visite de 1616, on répertorie, entre autres, plus de douze nappes
ouvrées, dont deux en lin. La matière dont sont faites les autres nappes n’est pas
indiquée. Il est également précisé qu’il y a deux nappes par autel. 364 Cependant, il y a
treize autels. Plus loin, le sacristain précise que, lors d’une précédente visite, le 26
juillet 1615, seulement neuf nappes sont inventoriées. Nous pouvons donc penser que
l’abbaye a renouvelé certains de ses linges d’ornement.
Puis, l’autel majeur est décrit recouvert d’un grand tapis donné par le feu abbé
d’Albamey. 365
D’autres nappes et tapis sont mentionnés lors de la visite des chapelles. En la
chapelle Saint-Antoine, une nappe et un tapis, sont inventoriés. Toutefois, il y a plus
d’autels sans aucun parement à l’image de celui de la chapelle de La Trinité, ou
encore celui de la chapelle Saint-Sébastien. 366
Le procès-verbal de 1632 juge l’église et les chapelles assez bien garnies de nappes
et de devants d’autel. 367
359
Cf procès-verbal de 1584, f° 9v, p XI.
Cf procès-verbal de 1584, f° 11r, p XII.
361
Cf procès-verbal de 1584, f° 9v, p XI.
362
Cf procès-verbal de 1584, f° 11r, p XII.
363
Miquel (Pierre), Picard (Paula), Dictionnaire des symboles liturgiques, p 179.
364
Cf procès-verbal de 1616, f° 3v, p XXII.
365
Cf procès-verbal de 1616, f° 2r, p XX.
° 2r, p XX.
366
Cf procès-verbal de 1616, f° 2r, p XX.
367
Cf procès-verbal de 1632, f° 4v, p XLV.
360
84
En le logis abbatial, sont inventoriées dix vieilles nappes d’autel. 368 Puis, en la
chambre aux dames, plusieurs nappes et serviettes sont trouvées dans un coffre. 369
Cependant, il est difficile de définir s’il s’agit ou non des linges usités en l’église.
La visite de 1632 mentionne les remontrances des religieux qui déplorent le manque
de ces ornements et le mauvais état de ceux étant en l’abbaye. 370 Il n’y a pas assez
d’ornements pour les funérailles et seulement dix-sept nappes, assez vielles, pour
mettre sur les autels.
De nombreux autres linges, nécessaires au culte, font également défaut. Essayons
de les détailler et d’en comprendre leur utilité.
•
Quelques linges nécessaires au culte.
Notre propos ne concerne pas ici les vêtements revêtus par le prêtre mais les
divers objets usités par ce dernier lors des célébrations.
Il s’agit notamment des corporaux, c’est-à-dire des linges bénis sur lesquels on pose
le calice et des fragments d’hostie. Selon les moines, il manque, en 1632, une demie
douzaine de corporaux. 371 Le corporal se doit d’être en lin blanc et non teinté,
conformément à l’usage rapporté par Durand de Mende.
Lors de la visite de 1584, il est fait mention d’une petite bourse dans laquelle on
dispose les corporaux. 372 Ce sont donc des linges auxquels on accorde beaucoup
d’égards.
Trois ou quatre serviettes pour « l’esbenation de la patene » manquent également
au nécessaire cultuel. 373
La patène est le petit plat rond sur lequel les hosties sont déposées. Elle est le
symbole de la pierre ronde qui fermait l’entrée du tombeau. L’hostie, le corps du
Christ ressuscité, posée sur la pierre pour redire que Jésus a vaincu la mort.
Les religieux déplorent également le manque de voiles usités pour recouvrir le
ciboire. En dehors des célébrations ce dernier doit en être recouvert. Les moines
précisent que ces voiles doivent être de quatre couleurs, les quatre couleurs
liturgiques : le blanc, pour les fêtes des confesseurs et des vierges, le rouge lorsque
l’on fête les apôtres et les martyrs, le noir pour l’Avent, le Carême, les jours de jeûne
et de funérailles et le vert pour les jours ordinaires.
Il manque aussi des « chapinettes », c’est-à-dire de petites chapes, des
purificatoires servant à essuyer le calice et la patène après la communion, et des
serviettes d’autel. Peut-être s’agit-il de la pale servant à couvrir le calice durant les
célébrations. Carré et rigide, elle est effectivement semblable à une serviette.
Là encore, nous constatons la richesse de ces ornements au travers de leur matière
ou de leur tissu. Si l’architecture de l’église se doit d’être d’une grande simplicité,
368
Cf procès-verbal de 1632, f° 4r, p XLIV.
Cf procès-verbal de 1632, f° 5r, p XLIV.
370
Cf procès-verbal de 1632, f° 22r, p LXVII.
371
Cf procès-verbal de 1632, f° 22r, p LXVII.
372
Cf procès-verbal de 1584, f° 9r, p X.
373
Cf procès-verbal de 1584, f° 9r, p X.
369
85
elle est parée de richesses qui montrent, ici encore, une certaine déviance dans la
morale cistercienne.
Outre ces ornements et ces linges cultuels, les procès-verbaux mentionnent
également d’autres objets nécessaires aux offices.
B. Revêtir les officiants, lire et chanter les cantiques.
Nombre de vêtements utilisés durant les célébrations sont mentionnés lors des
visites. Puis, plus parcimonieusement, on découvre les quelques livres utilisés par les
religieux pendant les offices.
1.
Des vêtements liturgiques.
Ils sont nombreux et souvent mentionnés lors des visites de la sacristie, et avec les
reliques. Ils semblent ainsi aussi précieux que ces dernières. Tout comme les linges
précédemment présentés, ces vêtements sont nécessaires à la liturgie.
Notre but n’est pas ici de répertorier tous les vêtements inventoriés durant les visites,
mais seulement d’esquisser leur importance et de comprendre leur utilité.
•
Les aubes.
L’aube est un long vêtement blanc porté par tous les clercs, sans distinction.
Depuis l’Antiquité, il est le seul vêtement liturgique à n’avoir subi aucune
modification.
Dans les Ecritures le blanc est la couleur portée par les anges, par les élus et par le
Christ lors de la Transfiguration. Le blanc est aussi, et encore aujourd’hui, la couleur
portée par les baptisés et les mariés.
L’aube se doit d’être en lin, tissu végétal considéré plus pur qu’un tissu animal
telle la laine ou la peau. Revêtir une aube est le symbole d’une attirance vers la paix
et d’une grande pureté intérieure. L’aube est aussi le signe de la joie, de l’innocence
et de la victoire.
Elle se porte serrée à la taille, en signe de chasteté. Puis, elle est évasée et plissée
vers le bas symbolisant ainsi la charité. 374
La visite de 1584, répertorie dix aubes utilisées pour les célébrations. 375 Une autre
aube richement ornée est également mentionnée. Il s’agit de celle de saint Pierre de
Tarentaise. Elle est donc conservée en qualité de relique. 376
En 1616, on indique qu’à l’arrivée du feu Pierre d’Albamey, l’abbaye manque
d’aubes notamment. Ce dernier pourvoit donc les religieux et l’église de ces
374
Miquel (Pierre), Picard (Paula), Dictionnaire…op. cit., p 43.
Cf procès-verbal de 1584, f° 9v, p XI.
376
Cf procès-verbal de 1584, f° 9r, p X.
375
86
vêtements. 377 Lors de l’inventaire, quatorze aubes sont alors répertoriées, sept sont
en bon état mais les sept autres sont très usées. 378
En 1632, il y a seulement huit aubes qui sont très vieilles. Les religieux en réclament
dix-huit au minimum afin de remplacer celles étant déjà en l’église. 379
L’église de Notre Dame de Bellevaux possède assez peu d’aubes pourtant
utilisées lors de chaque office.
D’autres vêtements liturgiques sont également nécessaires aux offices, telle la chape.
•
Les chapes.
Il s’agit d’une grande cape utilisée par les officiants lors des cérémonies
solennelles et des processions. L’amplitude de la chape est le symbole de la charité
qui recouvre les péchés. 380
Le procès-verbal de 1584, mentionne plusieurs chapes en damas et souvent
richement ornées. 381 Il y a également trois chapes de camelot noir, certainement
portées durant les cérémonies de funérailles.
Le feu abbé, Louis du Tartre, fait un don de plusieurs ornements et vêtements
liturgiques dont des chapes.
Aucune chape n’est répertoriée lors de la visite de 1616. 382
Tandis qu’en 1632, les religieux semblent manquer de chapes violettes et
noires. 383 Le violet est une couleur liturgique portée le jour des saints Innocents et le
quatrième dimanche de Carême.
Lors de l’inventaire de la sacristie, six chapes de satin et de camelot sont
mentionnées. 384
Des chasubles, en grand nombre dans les procès-verbaux, sont également
mentionnées parmi les vêtements liturgiques.
•
Les chasubles.
La chasuble est un ample vêtement, sans manche, avec une seule ouverture pour
la tête et descendant jusqu’aux genoux. Elle est portée par le prêtre sur son aube. Sa
couleur varie en fonction de l’époque de l’année liturgique. De plus, elle est presque
toujours brodée.
C’est aussi un symbole de charité que doit revêtir l’homme tout entier.
Plusieurs chasubles en précieuses étoffes et richement ornées, parfois de perles ou
de pierreries, sont inventoriées lors de la visite de 1584. 385
377
Cf procès-verbal de 1616, f° 15v, p XXXVII.
Cf procès-verbal de 1616, f° 3v, p XXII.
379
Cf procès-verbal de 1632, f° 22r, p LXVII.
380
Miquel (Pierre), Picard (Paula), Dictionnaire…op. cit., p 68.
381
Cf procès-verbal de 1584, f° 10v et 11r, p XI et XII.
382
Cf procès-verbal de 1616, f° 9v, p XI.
383
Cf procès-verbal de 1632, f° 22r, p LXVII.
384
Inventaire de la sacristie, f° 2v, p LXXI.
385
Cf procès-verbal de 1584, f° 9v à 10v, p XI et XII.
378
87
Une chasuble de « samye » gris est confectionnée « à la vieille façon ». 386 On peut
alors comprendre qu’il y a une évolution dans la réalisation de ces vêtements.
Evolution qui s’opère peut-être avec le passage à l’ère moderne.
D’autres chasubles comportent des images ou encore des armoiries. Toutes les
armoiries mentionnées durant les visites sont répertoriées dans un tableau présenté
ci-après. La majorité, voire tous ces emblèmes, sont figurés sur des linges et des
vêtements liturgiques.
En 1584, deux chasubles sont brodées, l’une aux armoiries du lion, 387 l’autre aux
armoiries de messire de Grandmont. 388
Tout comme les chapes, aucune chasuble n’est mentionnée lors de la visite de 1616.
De nombreuses chasubles sont répertoriées lors de l’inventaire de la sacristie en
1632. 389 La plupart sont vieilles. Certaines sont déjà mentionnées dans le procèsverbal de 1584, telle « une vieille chasuble de velour rouge [ ] avec les armes de
Bourgougnes » 390 Les « armoiries au lion » désignent donc probablement les armes
des ducs de Bourgogne et l’adjectif « vieille » indique que cette chasuble est
antérieure à la direction du dernier abbé.
Une autre chasuble est aux armes de Vergy, « Verger » dans les textes. 391 En janvier
1371, Guillaume de Vergy est nommé archevêque de Besançon. Il occupe le siège
archiépiscopal jusqu’en 1391.
A l’image de Thiebaut, Eudes et Gérard de Rougemont, également archevêques, la
famille de Vergy est présente au sein de l’abbaye par ses armes.
La présence de ces armoiries sur les objets cultuels montre l’ingérence des laïcss
au sein de la communauté religieuse. Ces derniers souhaitent peut-être « signer »
leurs dons. En apposant leurs armoiries sur tel ou tel objet, ils indiquent que c’est un
don de leur part.
Accompagnant souvent les chasubles, les tuniques comptent aussi parmi les
vêtements liturgiques.
•
Les tuniques.
La tunique est un large vêtement, en soie, portée par certains prélats, sous la
chasuble ou la chape, dans les cérémonies solennelles. La tunique et la chasuble vont
donc de paire. C’est pourquoi, elles sont très souvent de la même couleur et
présentées ensemble dans les inventaires.
Lors de l’inventaire de 1584, plusieurs tuniques de soie, mais aussi de damas et de
taffetas sont répertoriées. 392 Une tunique, en toile blanche, dénote parmi la richesse
des autres étoffes. Elle semble, en raison de sa simplicité, être beaucoup plus proche
de l’idéal cistercien.
Les tuniques ne sont pas ou rarement, ouvragées et ornées.
386
Cf procès-verbal de 1584, f° 10v, p XII.
Cf procès-verbal de 1584, f° 10v, p XI.
388
Cf procès-verbal de 1584, f° 10v, p XII.
389
Inventaire de la sacristie, f° 2r et 2v, p LXX et LXXI.
390
Inventaire de la sacristie, f° 2r, p LXX.
391
Cf procès-verbal de 1632, f° 3r, p XLIII.
392
Cf procès-verbal de 1584, f° 10r et 10v, p XI et XII.
387
88
En 1632, les tuniques font aussi défaut. 393 Elles sont, à chaque fois, mentionnées
avec les chasubles qui les accompagnent. Tout comme ces dernières, nombre des
tuniques sont fort usées. 394
Deux d’entre elles sont aux armes de Bourgogne. 395
Beaucoup moins mentionnées, étoles et manipules font cependant partie de la
tenue vestimentaire du prêtre.
•
Etoles et manipules.
L’étole est une bande de tissu portée sur le coup, tel un joug, par le prêtre.
Le manipule est une bande d’étoffe, semblable à un mouchoir, de même couleur et
de même matière que la chasuble. Il se porte au bras gauche et, est utilisé pour
essuyer la sueur, les larmes et la salive.
Outre le fait que le feu abbé Louis du Tartre fournit l’abbaye de ces ornements
vestimentaires, étoles et manipules sont uniquement mentionnés en 1632. Une étole
et un manipule, accompagnant une chasuble et sa tunique, sont mentionnés dans
l’inventaire de la sacristie. Ils sont figurés des armes du feu abbé Jean-Baptiste de
Cusance. 396 Une autre chasuble de cuir doré est également accompagnée de son étole
et son manipule de même matière. 397
A l’image des ornements, les vêtements liturgiques présentent, eux aussi, une
grande richesse. Tandis que l’usage cistercien étend la simplicité de l’ordre jusqu’à
ces derniers :
« Les linges d’autel et les vêtements des ministres ne seront pas de soie, sauf pour
l’étole et le manipule. La chasuble sera d’une seule couleur. Tous les ornements,
vases sacrés, ustensiles du culte seront sans or ni argent ni pierres précieuses, sauf le
calice et la patène, pour lesquels il est permis qu’ils soient en argent doré, mais
absolument pas en or. »398 La comparaison entre cette règle et les sources montre
bien une déviance de la piété des religieux.
Cependant, ces objets liturgiques sont aussi des témoins de la vie religieuse de
l’abbaye, des relations de cette dernière avec l’abbé et les grand féodaux.
L’office divin pare l’église de divers ornements, habille les prêtres et ouvre les
livres de cantiques.
1
Des livres.
La vie cistercienne repose sur la volonté d’atteindre l’amour de Dieu. C’est donc
dans ce but que les moines consacrent la majeure partie de leur temps à la prière et à
la méditation. Ils prient seuls ou en communauté. Les prières, comme les offices
393
Cf procès-verbal de 1632, f° 22r, p LXVII.
Inventaire de la sacristie, f° 2r et 2v, p LXX et LXXI.
395
Inventaire de la sacristie, f° 2r, p LXX.
396
Cf procès-verbal de 1632, f° 2r, p LXX.
397
Cf procès-verbal de 1632, f° 2v, p LXXI.
398
Pacaut (Marcel), Les moines…op. cit., p 87.
394
89
divins, suivent un rite particulier qui est mentionné dans des livres et qui est visible
au travers des vêtements portés par l’officiant ou le prêtre.
Les procès-verbaux de 1616 et de 1632 permettent de prendre connaissance de
quelques ouvrages usités à l’abbaye. En 1616, des « livres, graduelz, antiphonaire et
autre » sont mentionnés. 399
Le graduel est un recueil de chants interprétés entre les deux lectures de la messe,
c’est-à-dire l’Epître et l’Evangile ; l’antiphonaire est un livre liturgique qui contient
les antiennes 400 et les répons chantées par le chœur lors des offices de la nuit. La
position en vue de l’antiphonaire, sur un lutrin, lui vaut souvent une belle
ornementation, telle celle des enluminures souvent pratiquées par les Cisterciens.
Les ouvrages paraissent être en assez mauvais état, puisque le prêtre dom Claude
Cichet s’exprime sur les difficultés qu’il a eues d’en trouver « des neuf a vendre ».
Pour cette raison, l’abbé de Bellevaux a proposé une somme d’argent pour leur
réfection, conformément à un usage ancien dans le monastère. On peut alors
constater que, lors de la visite de 1616, deux graduels et livres des Heures de matines
sont « raccommodé ». 401 Toutefois, il n’est pas précisé si ces restaurations ont été
réalisées à l’abbaye.
Le procès-verbal de 1632 inventorie plus précisément les livres utilisés à l’église :
trois missels, trois graduels, cinq antiphonaires, deux psautiers, deux vieux livres et
enfin un livre contenant les sermons de saint Bernard. 402 Le missel est un livre
liturgique contenant les prières et indications du rituel de la messe pour les différents
jours de l’année. Le psautier, lui, est un recueil de chants bibliques : les psaumes. On
les chante tout au long de chacun des offices, ils font partie de la liturgie des Heures.
Ces poèmes bibliques étaient utilisés par le Christ, les Apôtres et les premières
communautés chrétiennes afin de pratiquer la prière continuelle. 403 Cette dernière
était recommandée par Jésus. Cela nous montre donc la volonté des Cisterciens, de
toujours être plus proches de Dieu en suivant au mieux les commandements de son
fils.
Saint Bernard met au cœur de la vie cistercienne la psalmodie et le chant liturgique.
Ils ont pour but, comme le reste de la liturgie de « diriger les âmes vers la
contemplation du Christ ». 404
De plus, le procès-verbal de 1616, indique que ces ouvrages et d’autres, comme
des missels neufs 405 sont nécessaires à « l’entretien de la discipline monastique ». En
effet la journée des Cisterciens est rythmée par les Heures qui sont des moments de
prière au cours desquels les moines récitent le bréviaire ou le livre d’Heures. L’un
comme l’autre réunissent, en abrégé, les textes nécessaires à la célébration de ces
offices liturgiques. Ainsi, au cours d’une même journée, les moines se réunissent huit
fois afin de psalmodier.
399
Cf procès-verbal de1616, f° 4v, dernier paragraphe et premier paragraphe du f° 5r.
Les antiennes sont des versets chantés, en partie ou en entier, par l’officiant, avant un psaume ou
un cantique, et que l’on répète ensuite tout entier.
401
Cf procès-verbal de 1616, f° 5r, p XXIV.
402
Cf procès-verbal de 1632, f° 4r, dernier paragraphe, p XLV.
403
Cf Mt 27, 46 ; Lc 23, 46 ; Col 3, 16.
404
Pacaut (Marcel), Les moines…op. cit., p 213.
405
Cf procès-verbal de 1616, f° 11r, premier paragraphe, p XXXII.
400
90
Tout d’abord à Mâtines ou Vigiles, qui se déroulent durant la nuit : entre une et
trois heures en hiver et plus tôt en été. Cet office se divise en trois parties ou
nocturnes, au cours de chacun de ces moments sont récités trois psaumes et faites
trois lectures ou leçons.
Le premier office de la journée est Prime ou Laudes. On le chante aussitôt après le
lever du soleil et juste avant la messe. Son horaire varie donc suivant les saisons.
Un nouvel office, chanté, est célébré vers le milieu de la matinée, après la messe,
vers la troisième heure, d’où son nom : Tierce.
Puis vient Sexte, vers la sixième heure, soit vers midi. C’est également un office
chanté.
Il est suivit, à la neuvième heure, de None qui est chanté vers le milieu de l’aprèsmidi.
La fin de l’après-midi, vers seize heures en hiver, dix-huit en été, voit la célébration
des Vêpres au cours desquelles sont chantés cinq psaumes qui varient selon les jours
et les fêtes.
Enfin, la journée se clôt par la célébration de Complies, la dernière heure de l’office
divin, qui se récite ou se chante après le repas.
On constate donc l’importance des livres liturgiques au sein de la vie spirituelle de
la communauté. Cependant la quantité de ces ouvrages peut paraître moindre. Il nous
faut alors prendre en compte, comme il l’a été esquissé dans le procès-verbal de
1616, la rareté et la cherté, à cette époque, des livres. De plus les moines possèdent
leur propre missel ou psautier.
Il nous faut également prendre en compte la lectio divina, c’est-à-dire la lecture
d’ouvrages pieux. Comme son nom l’indique, cette pratique demande d’autres types
d’ouvrages qui n’apparaissent pas dans les différents procès-verbaux, sauf, peut-être
le recueil de sermons de saint Bernard.
La culture est un moyen de servir le Seigneur et de mieux le connaître à travers la
lecture d’ouvrages pieux et la méditation de textes sacrés. De ce fait, une brillante
littérature mystique se développe au sein de l’ordre cistercien, tout au long des XIIe
et XIII e siècles.

Ces objets cultuels rendent compte de la vie spirituelle de l’abbaye. Les
ornements, comme les vêtements, sont d’une grande richesse. Toutefois, cette
dernière s’oppose très souvent à la vieillesse et l’usure de ces outils, témoignant
parfois du dénuement de l’abbaye en ce qui les concerne.
En découvrant ces divers objets nécessaires, nous avons quelque peu esquisser la vie
des religieux au sein de l’abbaye. Cependant, bien que la vie cistercienne soit en
majeure partie tournée vers la prière et la méditation, les moines se doivent
également de subvenir à leurs besoins.

91
III.
« Ah ! qu’il est bon d’habiter tous ensemble,
d’être comme des frères, tous unis ! »406
Une abbaye est une communauté d’hommes qui ont fait le vœu de vivre ensemble,
retirés du monde, sous l’autorité de l’abbé. Cependant, toute la gérance de cette
petite société n’incombe pas uniquement à l’abbé, chacun a un rôle particulier qui
permet une meilleure gestion.
Ces hommes doivent eux-même subvenir à leurs besoins bien que la prière et la
méditation occupent la plus grande partie de leur temps. Ils doivent donc faire preuve
d’une grande organisation.
A. Ce sont les âmes de l’abbaye.
On appelle généralement ces âmes les « religieux » ou les « moines ». En réalité,
tous ces hommes n’ont pas le même statut. En fonction de ce dernier, les religieux
n’ont pas la même place, ni la même importance au sein de l’abbaye. La
communauté se compose donc de novices, de profès, de convers et de l’abbé.
1.
Une communauté de religieux et de convers…
•
Les novices.
En latin, « novice » signifie « nouveau » car le novice est celui qui, après avoir
demandé son entrée dans la communauté religieuse, connaît une période
d’apprentissage et d’épreuve, appelée le noviciat.
Ce postulant peut-être un laïc, un clerc ou un moine d’un autre ordre sollicitant
son admission dans une nouvelle communauté. Ce nouveau candidat est d’abord
présenté à l’abbé qui décide ou non, de son entrée.
Le novice est ensuite placé dans un bâtiment spécial, souvent séparé du reste de la
communauté. Toutefois, aucun bâtiment spécifié à cet usage n’est mentionné dans
nos sources.
Puis, cet aspirant est placé sous l’autorité d’un profès, maître des novices chargé de
leur éducation. Le candidat est soumis à plusieurs épreuves et à un règlement très
rude. Il doit apprendre, par cœur, la règle de saint Benoît qui régit toute communauté
cistercienne.
Le noviciat s’étend sur une année au minimum. Cependant, sa durée peut varier
selon l’appréciation de l’abbé et un novice ne peut prononcer ses vœux définitifs
avant ses vingt ans. 407
Lors de la présentation de la communauté de l’abbaye en 1616, on note la
présence du prêtre Jean Grand, également maître des novices. Il a, sous son autorité,
deux novices qui ont débuté leur noviciat dès le Jeudi Saint « derrier passé ». 408
406
Rougier (Stan), Montre-moi…op. cit., psaume 132, «Vivons en frères », p 248.
Pacaut (Marcel), Les moines…op. cit., p 74.
408
Cf procès-verbal de 1616, f° 10r, p XXXII.
407
92
En 1632, le greffier indique, entre autres, les quantités de nourriture auxquelles
ont droits les religieux. Une distinction est alors faite entre les novices qui n’ont
qu’un chaveaux de vin tandis que les autres moines ont droit à deux pintes de vin. 409
Lorsque le novice entre en l’abbaye, il aspire à devenir profès.
•
Les profès.
Le profès est le religieux qui a fait profession, c’est-à-dire qui a prononcé ses
vœux et qui s’est alors engagé définitivement et pleinement au sein de la
communauté.
L’ordre cistercien est fondamentalement constitué de ces moines profès.
Contrairement au novice, le profès chante aux offices, il a une « voix au chapitre », il
peut notamment élire l’abbé et, s’il le souhaite il peut être ordonné prêtre. 410
La visite de 1584, débute par la présentation de la communauté religieuse et
précise le statut et la fonction de chacun. 411
En 1616, le greffier précise même depuis combien de temps les profès ont
prononcé leurs vœux. Ainsi, on trouve « , frere Claude Loye religieux profes dez dix
mois en ça et frere Valentin Barbier, aussi religieux profes de le mesme temps »412
Ils semblent être les seuls profès « simples », six autres profès sont prêtres. 413
On reconnaît ces religieux profès à leur tenue. Ils portent une robe blanche, serrée
à la taille par une large ceinture, d’où l’appellation de « moines blancs » donnée aux
Cisterciens. Par-dessus ils mettent la coule, grande robe sans manche, non cousue sur
les côtés et comportant un capuchon.
Quelque peu à par des novices et des profès, la dernière catégorie de religieux.
•
Les convers.
Les convers sont chargés des travaux manuels. Ils suppléent les moines qui
doivent revenir toutes les trois heures à l’église pour les offices. Ceci n’est plus
possible lorsque les terres à cultiver sont trop éloignées de l’abbaye. C’est pourquoi,
Etienne de Harding instaure cette nouvelle catégorie de religieux en s’inspirant des
Chartreux et des Prémontrés qui ont recours à ces clercs depuis le XIIe siècle.
Les convers sont des laïcs célibataires vivant à l’intérieur de l’enceinte abbatiale
mais à l’écart des religieux, dans des bâtiments conventuels, non mentionnés dans les
sources. Après une année de noviciat, les frères convers prononcent uniquement le
vœu d’obéissance et se remettent entre les mains de l’abbé. Ils ne se mélangent pas
aux moines. Ils se doivent d’assister aux offices du matin et aux vêpres, sans pour
409
Cf procès-verbal de 1632, f° 22v, p LXVIII.
Lemaître (Nicole), Dictionnaire culturel du christianisme, p 243.
Pacaut (Marcel), Les moines…op. cit., p 75.
411
Cf procès-verbal de 1584, f° 1r, p III.
412
Cf procès-verbal de 1616, f° 10r, p XXXII.
413
Cf procès-verbal de 1616, f° 16r, p XXXIX.
410
93
autant y participer car l’entrée du chœur leur est interdite. Comme les novices, ils
n’ont pas voix au chapitre.
Très souvent ils portent la barbe et sont vêtus d’une robe gris-brun. Mais, ils ne
portent pas la coule, sorte de grand capuchon, qui est le vêtement monacal par
excellence. Les moines la revêtent quand ils se rendent aux offices.
Lorsque l’ordre instaure les granges, 414 ils y vivent en communauté et sont en charge
des travaux des champs et de l’entretien de cette dernière.
Une règle promulguée par le chapitre général désigne ainsi les convers au sein de
l’ordre cistercien :
« Nous prenons les convers comme nos proches et nos aides, de la même façon que
nous accueillons les moines. Pour nous ce sont des frères et ils participent à nos
biens, tant spirituels que matériels, au même titre que les moines. Mais, la profession
faite, le convers ne deviendra jamais moine même s’il insiste. Il restera dans la
vocation à laquelle il a été appelé » 415
Les convers subviennent ainsi aux besoins matériels tandis que les autres religieux
assurent la vie spirituelle de l’abbaye.
Nombre de moines occupent des charges particulières permettant une bonne gestion
de la communauté.
2.
… dont « L’oisiveté est ennemie de l’âme ».
Cette citation provient de la règle de saint Benoît et insiste sur l’importance des
activités au sein de l’abbaye. Le travail, la méditation ou encore la prière doivent
tourner l’âme et l’esprit vers la contemplation du Christ. Dans le loisir et l’inaction, il
y a les tentations de tous les plaisirs auxquels ont renoncé les religieux en se retirant
du monde.
La gestion de la communauté repose donc sur l’abbé mais, également, sur les
fonctions et le travail d’autres religieux.
•
Le prieur.
Après l’abbé, il est le personnage le plus important de l’abbaye. Il est le second de
l’abbé et le remplace lorsque qu’il est absent. Il a donc les compétences nécessaires
en tous les domaines. Mais, il a pour charge principale la surveillance de la vie
quotidienne au sein de la communauté religieuse.
En 1584, le prieur est Pierre Pariser, il est le premier à être mentionné. 416
La visite de 1616 nomme d’abord le prieur de « Montailer de Rosieres au
priorez». 417 Doit-on comprendre qu’il s’agit du prieur du prieuré de Rosières ?
Puis, on présente le sacristain comme étant également « soubprieur » ; il remplace le
prieur durant ses absences. 418
414
Le troisième temps de notre étude développe cette caractéristique cistercienne.
Pacaut (Marcel), Les moines…op. cit., p 78.
416
Cf procès-verbal de 1584, f° 1r, p III.
417
Cf procès-verbal de 1616, f° 10r, p XXXII.
415
94
Mais, l’inventaire terminé, il est soumis à « dom Jean Anteme, prebstre, bachelier
en saincte Theologie et prieur en ladicte abbaye de Bellevaux ». 419 Il est donc
désigné comme le prieur de Bellevaux, cependant il n’est pas cité lors de la
présentation des religieux.
Il est aussi question du prieur de Montarlot qui est présent, mais il ne fait pas
partie de la communauté. 420
Lors de la visite de 1632, on note aussi la présence du prieur de La Charité, en
plus de celui de l’abbaye et d’un sous-prieur. 421
Régulièrement, au cours de la rédaction du procès-verbal, le prieur et les autres
administrateurs de l’abbaye apposent leur signature en guise d’approbation. 422
Durant cette même visite, on inventorie les meubles étant en la chambre de dom
Claude Louis. Il semblait être prieur en l’abbaye de Bellevaux et il l’est désormais en
celle de La Charité. 423
Après le prieur, le cellérier occupe aussi une place importante.
•
Le cellérier.
S’il n’est pas le second de l’abbé, il est cependant en relation étroite avec ce
dernier. Le cellérier est chargé de la gestion des domaines et de la distribution des
tâches au sein de ces derniers, mais aussi de l’organisation de tous les travaux
nécessaires à l’abbaye et à ses dépendances.
Seul le cellérier présent lors de la visite 1616, est porté à notre connaissance. Il
s’agit du frère Antoine Bourgerie chargé par l’abbé, absent, de recevoir les hôtes se
présentant à l’abbaye. 424 Plus loin, il est précisé que frère Antoine Bourgerie est
avant tout profès. 425
Une autre charge, à laquelle il est plusieurs fois fait référence dans les sources,
celle de sacriste ou sacristain.
•
Le sacristain.
Le sacristain est, comme son nom l’indique, responsable de la sacristie, de l’église
et de leur entretien. Il est aussi le maître d’œuvre du culte et de la liturgie, il doit
préparer et prendre soin des vêtements et des objets nécessaires aux offices.
Il est également chargé de sonner les cloches pour le réveil des religieux et pour les
offices.
418
Cf procès-verbal de 1616, f° 10v, p XXXII.
Cf procès-verbal de 1616, f° 12v, XXXIV.
420
Cf procès-verbal de 1616, f° 10v, p XXXII.
421
Cf procès-verbal de 1632, f° 1r, p XLI.
422
Cf procès-verbal de 1632, f° 1v, p XLII.
423
Cf procès-verbal de 1632, f° 6v, p XLVIII et XLIX.
424
Cf procès-verbal de 1616, f° 6v, p XXVII.
425
Cf procès-verbal de 1616, f° 10r, p XXXII.
419
95
Lors de la visite de 1616, des ornements restaurés sont confiés au sacristain.426
Ceci illustre bien l’un des aspects de son rôle au sein de l’abbaye.
Le procès-verbal de 1632 fait également référence aux fonctions du sacristain à
qui sont remis ornements et reliquaires afin que ce dernier en face « bonne et sayne
garde » et qu’il puisse assurer le service divin. 427
Durant la visite de la sacristie, un coffre est inventorié. Il est scellé de deux serrures
dont l’une des clés est détenue par le sacristain. 428 Il apparaît alors comme le
véritable gardien des trésors de l’abbaye.
Cependant, la vie d’une communauté religieuse ne s’appuie pas uniquement sur
ces trois fonctions de prieur, de cellérier et de sacristain. Beaucoup d’autres moines
oeuvrent afin de satisfaire les besoins de chacun.
•
D’autres fonctions.
L’abbaye doit subvenir elle-même à tous ses besoins. La vie, en autarcie, de cette
petite société fait appel à de nombreuses compétences assurées par chacun des
religieux.
Ainsi, au sein de la communauté se trouve un cuisinier, un linger, un infirmier, un
boulanger ou encore un portier. Plus le nombre des religieux est important, mieux ses
diverses fonctions sont assurées.
Aucune de ces tâches n’est mentionnée dans les sources. Toutefois, durant la
visite de 1632, on fait appel à un serrurier résidant en la porterie. 429 Occupe-t-il
également le poste de portier ? Il est probable que, lorsqu’il y a peu de religieux en
l’abbaye, ces derniers doivent assurer plusieurs fonctions.
Enfin, faisant autorité en l’abbaye : l’abbé.
•
L’abbé.
L’abbé est un religieux élu à vie, à la tête de l’abbaye. L’usage veut qu’il soit élu
par les moines profès, sous la présidence de l’abbé de l’abbaye mère, en l’occurrence
Morimond, et avec la participation des abbés des maisons filles. 430
La bulle du pape Alexandre VI nomme et approuve l’élection de l’abbé Antoine et le
défait de toute excommunication ou autres sentences. Antoine n’est pas un religieux
de Bellevaux, avant d’y être nommé, il est abbé de Vaux-la-Douce, dans le diocèse
de Langres. 431
Il ne semble donc pas nécessaire que le dirigeant de l’abbaye soit un des religieux,
cela peut-être un clerc, extérieur à cette dernière.
426
Cf procès-verbal de 1616, f° 3r, p XXI.
Cf procès-verbal de 1632, f° 4r, p XLIV.
428
Cf procès-verbal de 1632, f° 10v, p LIV.
429
Cf procès-verbal de 1632, f° 11r, p LIX.
430
Pacaut (Marcel), Les moines…op. cit., p 78.
431
ADHS, H 44, 1493, p LXXVIII.
427
96
Lorsqu’il est élu, l’abbé devient le chef de toute l’abbaye. Il est aussi, et avant
tout, le père et le maître spirituel des moines et des frères. De ce fait, il doit
scrupuleusement veiller au respect de la règle et des obligations engendrées par la vie
monastique. Il doit également faire appliquer les décisions promulguées par le
chapitre, et, si besoin punir.
Et, en tant que dirigeant d’une communauté, il en assure la gestion.
Cependant, l’introduction de la commende, dès 1455, à Bellevaux, place à la tête
de l’abbaye, non plus des religieux élus mais des laïcs désignés par les seigneurs. 432
Dans sa bulle de 1139, Innocent II accorde à l’abbé les pleins pouvoirs et pleine
juridiction, c’est-à-dire pleine autorité, 433 sur les religieux.
La bulle d’Innocent III, en 1198, précise que l’autorisation de l’abbé est
nécessaire à tous les religieux souhaitant sortir de l’enceinte de l’abbaye. 434
L’abbé représente donc l’abbaye et l’autorité en cette dernière.
Le bon fonctionnement d’une abbaye repose sur une communauté hiérarchisée,
cohérente et organisée. Le rôle de chacun est fondamental afin de subvenir aux
besoins de tous.
Cependant, l’accomplissement de ces tâches ne constitue pas le premier devoir des
religieux qu’est la prière.
B. Des vies de prières.
La prière est au cœur de la vie cistercienne. Les moines se retirent du monde afin
de se soustraire à toutes tentations et à quelconques formes de déviance dans leur
contemplation du Christ. Car tel est le motif de leur vie de cénobite. Ils souhaitent se
consacrer, à travers la prière, à la vénération de Dieu
La vie des religieux est donc rythmée par ces temps de prière. Prières également très
sollicitées par les seigneurs qui s’impliquent de plus en plus dans la vie de l’abbaye.
1.
Chaque jour et toujours, priez et méditez.
La journée des religieux est ponctuée par la célébration des offices des Heures,
précédemment détaillés lors de l’étude des livres liturgiques présents en l’abbaye. 435
Depuis le premier office de la journée, Matines, les moines psalmodient jusqu’à la
célébration des Laudes qui est suivie d’un temps de méditation.
Ensuite, ils se rendent à la salle capitulaire où se tient le chapitre, évoqué lors de
l’étude des bâtiments de l’abbaye.
Puis, ils débutent leurs travaux manuels et leurs occupations respectives en les
interrompant pour se rendre aux offices. 436
La journée des religieux est ordonnée par la célébration de la liturgie.
432
Des détails relatifs à la commende sont donnés dans l’étude du logis abbatial, p 26.
ADHS, H 43, 1139, p LXXVII.
434
ADHS, H 43, 1198, p LXXVII.
435
Cf « des livres », p 87.
436
Pacaut (Marcel), Les moines…op. cit., p 76.
433
97
Le travail est considéré comme une ascèse permettant de s’approcher du royaume
de Dieu. Toute tâche n’est donc pas une interruption dans le devoir et la volonté
première des religieux qui est d’atteindre les Cieux.
Lors des dimanches et des jours de fêtes, les matinées sont davantage consacrées à
la méditation de leçons avant une grande messe solennelle.
L’ordre cistercien insiste beaucoup sur la célébration des divers offices rythmant
la journée. Les religieux prient alors de façon collective et orale en récitant et
chantant. En dehors des offices, les moines se doivent de méditer la liturgie, les
leçons qui leur sont inculquées ou encore diverses lectures mis à leur disposition.
C’est la lectio divina. La méditation permet de mieux comprendre les préceptes
laissés par le Christ et, est aussi un moyen d’élever son âme vers Lui.
Prière et méditation nécessitent le silence qui est une des conditions de la vie
cistercienne. Le silence permet de se recueillir, d’écouter et d’intérioriser la Parole.
Il est aussi une forme de pénitence c’est pourquoi les moines communiquent par
signes. Ils se doivent, le plus possible, au silence.
Selon Marcel Pacaut, le silence est également un moyen, pour les religieux de
« s’isoler de l’autre et des autres, tout en étant soudé par la charité à la communauté
et à l’abbé par lesquels on peut aider et aimer l’autre, sans prendre en considération
immédiate son existence et ses problèmes »437 Le silence permet donc de dépasser la
vie matérielle et soi-même pour ne vivre que dans l’amour de Dieu et des autres.
Cette sérénité n’est interrompue que par les lectures et les chants. Il y a plusieurs
sortes de chants : les chants de louanges, de joie, de repentir ou encore d’action de
grâce.
N’omettons pas également les psaumes chantés, dans leur ensemble, chaque semaine
lors des offices. Ces poèmes pouvant être récités ou chantés sont particulièrement
appréciés des Cisterciens qui psalmodient beaucoup comme le recommande saint
Bernard.
Les Cisterciens sont donc connus pour leurs nombreuses prières. C’est pourquoi,
ils sont sollicités par les laïcs afin qu’ils intercèdent en leur faveur auprès de Dieu.
2.
« Priez pour nous pauvres pêcheurs ».
De diverses manières, les seigneurs se recommandent aux prières des moines de
Bellevaux. Ces prières sont un moyen, pour eux, d’espérer le salut et celui de leur
descendance.
Ainsi, nombre de laïcs sollicitent les prières des religieux en échange de leur
générosité envers l’abbaye.
Cependant, il faut différencier ce type de dons des donations primitives faites à
l’abbaye lors de son établissement et pour son épanouissement.
437
Pacaut (Marcel), Les moines…op. cit., p 71 et 72.
98
A partir des XIVe et XVe siècles, les dons ne sont plus de simples actes de
générosité. Les seigneurs précisent leurs intentions et souhaitent, en retour de leurs
offrandes, des prières.
Ces vœux auprès des moines sont, toutefois, rarement et implicitement formulés
dans les quelques traces restantes de ces dons.
Les legs par testament ou avant un long voyage sont effectivement des demandes de
prières. Ces seigneurs souhaitent que, par ces dernières, les moines recommandent
leur âme ou leur protection à Dieu. C’est le cas, par exemple, en 1405, où, dans son
testament, Jean de Ville, seigneur de La Roche-sur-l’Ognon, lègue à l’abbaye « tout
ce qu’il possède dans les dîmes de Vandelans et de Rigney ». 438
Ainsi, c’est à chacun de comprendre dans le don de tel ou tel laïc, une sollicitation ou
non des prières des moines.
Toutefois, les laïcs ne sont pas les seuls à se mettre sous la protection des prières
cisterciennes. Le chanoine bisontin, Thibaut de Rougemont, lègue, dans son
testament tout ce qui lui appartient à Uzelle. 439 Sa sollicitation n’est certes pas
explicite, mais elle en est bien l’objet.
Jean de Sémoutier, seigneur de Sorans, demande plus que des prières. Il exprime sa
volonté d’être inhumé en l’église de Bellevaux, plus précisément en la chapelle de la
Vierge. Puis, il « fonde trois messes de requiem » en la même église afin que l’on
honore son âme et sa famille. 440
Cependant, en 1220, un acte du chapitre général insiste sur le fait que seules les
personnes ayant vécu à l’abbaye ou à son service direct peuvent être inhumées en
l’église d’icelle. Toutefois, ce même acte autorise les messes privées, à l’exemple de
celles demandées par Jean de Sémoutier, car elles ont « justement pour fin
d’implorer Dieu pour une intention particulière ». 441
Autant de dons, afin d’obtenir la promesse de quelques prières salutaires.
L’importance de la prière au sein de la vie des Cisterciens fait d’eux des
intercesseurs entre Dieu et les hommes. C’est la raison des nombreuses sollicitations
dont ils font l’objet.

Les visites de 1584, 1616 et 1632 portent aux yeux de tous les richesses que
renferme l’abbaye de Bellevaux. Ce sont les objets cultuels, tant ornements que
vêtements, qui, de par leurs précieuses matières, constituent ces importants biens.
Richesses qui contrastent d’ailleurs avec les prescriptions de simplicité et de pauvreté
de l’ordre.
Cependant, ces divers objets reflètent la vie spirituelle de l’abbaye. Ils témoignent
d’une vie de prière au sein d’une communauté autonome et organisée.
438
ADHS, H 212, 1405, p XCV.
ADHS, H 205, 1333, p XCIV. Uzelle est un village du canton de Rougemont dans
l’arrondissement de Besançon, dans le Doubs.
440
ADHS, H 47, 1460, p LXXX.
441
Pacaut (Marcel), Les moines…op. cit., p 170.
439
99
Cependant, cette dévotion à la prière fait aussi l’objet de nombreux dons. Souvent,
ces donations viennent agrandir le domaine de l’abbaye. Une autre vaste ressource de
richesses.

100
Partie III.
« Le Seigneur, ce qu’Il désire,
Il le fait, au ciel et sur la terre »442
L’ordre cistercien est, par excellence, un ordre rural. Les moines blancs sont de
grands cultivateurs, ils savent mettre en valeur chaque espace, prairie ou forêt. Ainsi,
l’abbaye assure son autonomie par l’exploitation d’un vaste domaine en majeure
partie constitué de diverses donations.
L’étude de ce patrimoine permet l’approche de l’une des spécificités de l’ordre: les
granges.
L’abbaye rentabilise au mieux ses terres. Elles sont d’abord exploitées afin de
subvenir aux besoins des religieux. Puis, l’abondance des dons, pas seulement
fonciers, assure progressivement un revenu à l’abbaye.
I.
« Tu as distribué à profusion Tes cadeaux »443
Notre-Dame de Bellevaux est donc détentrice de nombreuses terres. Les procèsverbaux de 1584 et de 1632 fournissent une liste exhaustive des diverses possessions
et sources de revenus de l’abbaye. Autant de biens attirent des convoitises. C’est
pourquoi, l’abbaye les défend jalousement. Ces possessions sont d’abord le résultat
de nombreux dons. Puis, elles permettent au monastère de faire de nouvelles
acquisitions, des achats.
A. Des titres : pour un inventaire du domaine et de ses
revenus.
Lors des visites de 1584 et de 1616, il est fait l’inventaire de nombreux papiers,
précieusement conservés dans des coffres en la sacristie. Ils sont tous répertoriés sous
la mention de « titres » accompagnée de plusieurs nom de villages. Il s’agit de
documents attestant de la propriété de l’abbaye en tel ou tel lieu.
Ces titres apportent donc d’importants renseignements concernant le domaine de
Notre Dame de Bellevaux.
442
443
Rougier (Stan), Montre-moi…op. cit., psaume 134, « Alleluia ! », p 249.
Rougier (Stan), Montre-moi…op. cit., psaume 39, « Ton désir me fera vivre », p 82.
101
1.
Exploitation et revenus des terres.
Nombre de titres répertoriés dans les sources font référence à des terres
appartenant à l’abbaye. Ces nombreuses propriétés permettent à l’abbaye de vivre en
autonomie et lui assurent des revenus.
Ces titres, et autres documents, sont plus particulièrement inventoriés dans les
procès-verbaux de 1584 et de 1632. 444 Ces diverses archives sont précieusement
conservées en des coffres, eux-même enfermés en la sacristie.
Puis, les titres sont rangés dans des sacs. Toutefois, aucun élément ne permet de
préciser le motif rassemblant tel ou tel titre dans un même sac. Et, afin que cet
inventaire soit rendu aisé dans sa compréhension et dans son utilisation, le greffier
insère entre chaque paragraphe, décrivant le contenu de chacun des sacs, une lettre
seule ou doublée, 445 un chiffre ou un nombre 446 ou encore des syllabes ou des
mots. 447
Ainsi, en 1584, le greffier sait qu’à la double lettre G.G correspond un sac contenant
des titres concernant le village de Filain.
Ce système permet de coter les archives de l’abbaye.
Ces papiers mentionnent donc tous les endroits où se situent les possessions de
Notre Dame de Bellevaux.
Ces propriétés sont reconnues comme appartenant bien à l’abbaye par les habitants
des lieux. Ces actes sont alors mentionnés comme suit :
« Reconnaissances faites à l’abbaye par divers habitants de Marloz, de maisons,
jardins, terres et chènevières 448 sis audit Marloz ». 449
Ces attestations, telles des assurances, sont autant de marques des bonnes relations
des habitants avec l’abbaye, ce qui n’est pas toujours le cas. 450 Quelques fois, ces
reconnaissances sont classées avec les titres les concernant. 451
Nombre de documents répertoriés dans l’inventaire des archives ecclésiastiques
de Haute-Saône, affirment les possessions de l’abbaye notifiées lors des visites de
1584 et de 1632. Toutefois, rien ne permet de préciser s’il s’agit bien de ces papiers
dont il est fait référence dans les procès-verbaux.
Par exemple, en 1584, le greffier inventorie des titres de propriété au lieu de
Villerpater. 452 Puis, les archives ecclésiastiques de Haute-Saône mentionnent, en
1327, une donation de Gérard de Villerpater, de tous ses biens sis audit lieu.453
S’agit-il, entre autres, de ce lègue dont il est question en 1584 ? Le manque de détails
émanant des inventaires, et concernant ces documents, ne permet pas d’apporter plus
de précisions.
444
Cf procès-verbal de 1584, f° 11v à 16v, p XIII à XVIII. Cf procès-verbal de 1632, f° 11r à 16v, p
LIV à LXI.
445
Cf procès-verbal de 1584, f° 13r, p XIV.
446
Cf procès-verbal de 1632, f° 11v, p LV.
447
Cf procès-verbal de 1584, f° 15r à 16v, p XVI à XVII.
448
Une chènevière est un champ dans lequel le chanvre est cultivé.
449
ADHS, H 166, 1557-1758, p LXXXVIII.
450
Les difficultés rencontrées par l’abbaye lors de ses acquisitions ou de son exploitation de certaines
terres, sont étudiées ci-après.
451
Cf tableau de recensement des titres en annexes 7, p CIV à CVII.
452
Cf procès-verbal de 1584, f° 14v, p XVI.
453
ADHS, H 215, 1327, p XCIV.
102
Dans un premier temps, les religieux sollicitent des terres proches de l’abbaye.
C’est pourquoi, les chevaliers de Chambornay et de Cirey dotent les moines d’un
domaine foncier situé aux abords du monastère. Ils peuvent alors l’exploiter par euxmême.
Bellevaux respecte ainsi l’idéal primitif visant à rassembler les terres autour de
l’abbaye afin que seuls les religieux ou quelques salariés, les exploitent. 454 Cette
particularité est une des plus marquantes du régime économique cistercien, il s’agit
du faire valoir direct.
Il arrive parfois que les seigneurs soient quelque peu hypocrites dans leurs
donations et cèdent à l’abbaye leurs terres les moins fertiles. Mais, très souvent, « le
labeur patient » des religieux valorise ces terres. C’est pourquoi, il arrive que ces
seigneurs regrettent leurs dons, et se retournent alors vers l’abbaye afin d’obtenir une
compensation.
Ce mode d’exploitation reste possible tant qu’il y a assez de moines à l’abbaye et
que les terres sont proches du monastère. Lorsque ce n’est pas le cas, l’abbé place ses
terres en amodiation ou en faire valoir indirect. Cet aspect de la gestion du domaine
est traité dans un second temps de notre étude.
Cependant, la renommée de Notre-Dame de Bellevaux lui apporte de nombreux
dons. L’exploitation de ces terres entraîne la croissance économique de l’abbaye qui
peut ainsi revendre une partie de sa production.
En comparant la liste des titres mentionnés lors des procès-verbaux de 1584 et de
1632, 455 on recense environ 97 noms de lieu en 1584, et 85 en 1632. 456
Cette différence peut s’expliquer soit par la perte de titres, soit par la vente de
certaines terres. Cependant, le XVIe siècle est une époque relativement calme pour
l’abbaye, elle lui permet de redresser sa situation financière. Mais, les religieux y
sont peu nombreux et par conséquent les exploitations sont peu actives. On peut donc
penser que l’abbé a souhaité vendre quelques biens afin d’améliorer, dans un premier
temps, la condition de l’abbaye.
Les ressources et les revenus de l’abbaye varient donc en fonction du gestionnaire de
ces derniers, c’est-à-dire l’abbé.
Ces diverses sources de revenus et les possessions de l’abbaye sont localisés sur la
carte présentée ci-après. Ne sont mentionnés que les noms répertoriés dans les
procès-verbaux de 1584 et de 1632.
Afin de compléter la lecture de cette carte, on peut se reporter aux répertoires des
titres de l’abbaye en annexe 7.
Toutefois, l’abbaye ne perçoit pas uniquement des revenus fonciers, elle est
également détentrice d’autres types de ressources.
454
Pacaut (Marcel), Les moines…op. cit., p 254.
Cf tableaux de recensement des titres de propriété mentionnés lors des visites de 1584 et de 1632,
en annexe 7 à la page CIV à CVII.
456
Ces chiffres sont approximatifs car le nom d’un même lieu à parfois plusieurs orthographes ou une
phonétique différente. Il est donc possible qu’un nom soit compté deux fois.
455
103
Localisation des titres de propriété le l’abbaye, mentionnés dans les
procès-verbaux de 1584 et de 1632.
104
2.
D’autres revenus.
Accompagnant parfois les titres, des redevances ou des dîmes témoignent que les
religieux de Bellevaux ne vivent pas uniquement du travail de la terre. 457
•
Les dîmes.
La dîme est une redevance versée à l’Eglise et qui porte sur un dixième des
récoltes de chaque village. En réalité, le montant de la dîme perçue est souvent en
dessous de celui exigé. De plus, cette charge est régulièrement usurpée par les
seigneurs laïcs ou ecclésiastiques.
Très tôt en certaines abbayes, puis plus couramment en d’autres à partir de 1140
et, enfin régulièrement dès les années 1160, les abbayes perçoivent dîmes, rentes et
autres revenus seigneuriaux. Ressources qui ne proviennent pas de leur propre labeur
et qui sont, par conséquent, à l’encontre des prescriptions cisterciennes. 458
C’est pourquoi, en 1202, un acte du chapitre général interdit la perception des
dîmes. 459
Notre Dame de Bellevaux possède plusieurs dîmes. Elles résultent 460 parfois de
dons, tel l’extrait du testament de Jean de Ville, seigneur de Roche-sur-l’Ognon, par
lequel il cède tout ce qu’il possède dans les dîmes de Vandelans et de Rigney.
D’autres fois, les donateurs ne cèdent pas la totalité de la dîme à l’abbaye. C’est le
cas de Guillaume, curé de Marchaux, qui cède à Bellevaux, dans son testament, la
moitié des dîmes de Chaudefontaine. 461 Ou encore en 1266, où Guillaume de Cuse
fait seulement don de la neuvième partie des dîmes. 462
Les dîmes ne consistent pas uniquement en somme d’argent, elles peuvent aussi
être des quantités de céréales comme en 1322, où les dîmes de Rougemont sont
composées de froment et d’avoine. 463
En 1617, il est précisé en quoi consistent les dîmes dues à l’abbaye par les villages de
Valleroy et de Magny. Ainsi, les habitants de Valleroy paient une dîme annuelle de
quinze quartes de seigle, quinze quartes d’orge, 190 quartes, moitié froment et
avoine, deux voitures de regain, trois livres de cire. 464
Il arrive parfois que la dîme ne soit pas un don mais un échange. L’abbé de
Baume, Hugues, cède à Bellevaux, la dîme de ses possessions à Cirey contre un cens
annuel, consistant en un bichot de pois. 465
Outre des dîmes, l’abbaye perçoit également d’autres nombreux droits.
457
Cf tableau de recensement des titres en annexes, page CIV à CVII.
Pacaut (Marcel), Les moines…op. cit., p 254.
459
Pacaut (Marcel), Les moines…op. cit., p 170.
460
ADHS, H 212, 1405, p XCIV.
461
ADHS, H 137, 1311, p LXXXIII.
462
ADHS, H 148, 1266, p LXXXV.
463
ADHS, H 148, 1322, p LXXXV.
464
ADHS, H 54, 1617, p LXXXI.
465
ADHS, H 139, vers 1143-44, p LXXXIII. Le bichot, ou bichet est une mesure de grain.
458
105
•
Le droit de terrier.
Il consiste en une main-mise de l’abbaye sur plusieurs villages, notamment ceux
de Cirey, de Neuve-Grange, de Magny et de Valleroy. 466 Les nombreux privilèges
que confère ce droit en fait de lui un droit seigneurial. La possession de ce dernier
donne à l’abbaye, non plus une image de modestie et de pauvreté, mais celle d’un
seigneur et suzerain.
En effet, ce droit consiste en l’application, par l’abbé, de la haute, moyenne et
basse justice sur les habitants de ces villages.
La haute justice permet de juger les crimes de sang et les délits tels les incendies
volontaires, le viol ou la trahison. Elle peut décider de la peine de mort ou d’une
amende égale ou supérieure à 60 sous. La basse justice ne peut qu’imposer des
amendes inférieures. Ce n’est qu’a la fin du Moyen-Age que la moyenne justice
apparaît, elle permet de désengorger la basse justice.
Cette justice ne s’exerce qu’à l’échelon local, et détenir la haute justice est une
marque de prestige.
L’abbaye exerce également sur les villageois un droit de mainmorte et y perçoit
une taille et une dîme. La mainmorte est aussi une taxe, payée au seigneur,
permettant au paysan d’hériter de ses biens.
En 1287, le cellérier de Bellevaux prétend à la mainmorte sur les hommes et les
sujets de l’abbaye de Fontenois. 467
Tout comme des vassaux, les villageois doivent aussi des jours de corvées à
l’abbaye, notamment trois corvées de fenaison par an. Ils doivent effectuer les
vendanges de l’abbaye avant les leurs et ils ne peuvent vendre du vin sans
l’autorisation de l’abbé.
Tous ces droits s’appliquent aussi sur les villages de Neuve-Grange, de Magny, de
Valleroy et de Thurey. 468
Bellevaux est également détentrice de droits sur les serfs d’Authoison, don de
Pierre et Gérard de Saulx.469 Les serfs sont dès lors sous la dépendance de l’abbaye,
ils lui doivent corvées, obligations et redevances.
Autant de contraintes imposées aux villageois qui confère à l’abbaye le visage
d’un seigneur et non plus celui d’une abbaye cistercienne.
Parmi ces nombreuses rétributions figure la taille, payée par d’autres villages pas
pour autant vassaux de l’abbaye.
•
Les tailles.
La taille est généralement prélevée par le seigneur en vertu de son droit de ban sur
les ressources de ses vassaux. Par le droit de ban, il s’arroge l’autorité sur ses
hommes, il peut les contraindre et les punir.
466
ADHS, H 52, 1557, p LXXX.
ADHS, H 156, 1287, p LXXXVI.
468
ADHS, H 197, 1486, p XCII.
469
ADHS, H 90, 1175, p LXXXII.
467
106
L’abbaye de Bellevaux perçoit ainsi des tailles en les seigneuries de Bouhans,
Villers-Pater, Roche-sur-Linotte, Fontenoy, Trevey, Senans, Ollans, Maussans,
Verchamp, Rougemontot, Flaigey, Aubertans, Germondans, Dampierre. 470 Elle a les
même droits sur les village de Cirey471 et à Thurey et Chaudefontaine. 472
Le prélèvement de cette charge octroie donc à l’abbaye une forte autorité sur les
habitants de ces villages.
Toutefois, la perception de rentes seigneuriales par l’abbaye peut s’expliquer par
le fait que depuis 1551, Bellevaux est sous le régime de la commende. Les abbés
commendataires voient dans la direction d’une abbaye, avant tout une source de
revenus.
De 1607 à 1620, Philippe Boitouset dirige Bellevaux. 473 Il y rentre en tant qu’abbé
commendataire puis devient religieux et gouverne en tant qu’abbé régulier.
Mais, la plus grande partie de ces tailles est perçue par l’abbaye avant 1607.
Les comptes généraux de l’abbaye, dressés en 1611, permettent de mieux discerner
la nature des divers revenus perçus Notre Dame de Bellevaux. 474 Ces revenus
consistent en : - le produit des tailles dans les villages de la seigneurie de Bellevaux,
- le produit des cens en argent et en grain, dans les mêmes villages,
- le produit des cens en cire, c’est-à-dire des cens payer en une certaine
quantité de cire,
- les cens en poules, tuiles, chaux, bois, foin, paille,
- le patronage 475 des cures de Quenoche, Cirey, Roche, Rigney,
Champbornay et Marchaux,
- les revenus provenant des domaines de l’abbaye,
- le droit de lods et de ventes 476 de cette dernière,
- le produit des moulins, pêche des rivières,
- le produit des corvées de bras, c’est-à-dire du travail effectué par les
serfs et autres personnes sous sa dépendance,
- le produit des justices qu’elle exerce,
- le produit de la pêche des étangs et des baux payés en herbe.
Notre-Dame de Bellevaux bénéficie également d’autres sources de revenu qui
sont détaillées dans la suite de notre étude.
Toutefois, il arrive parfois que ces terres ou ces biens soient objets de litiges.
L’abbaye les défend alors soigneusement car elles sont la source fondamentale de sa
richesse.
470
ADHS, H 53, 1567-72, p LXXXI.
ADHS, H 54, 1600-04, p LXXXI.
472
ADHS, H 54, 1610, p LXXXI.
473
Aubert (Anne-Marie), Histoire…op. cit., fin du manuscrit, sans pagination.
474
ADHS, H 56, 1611, p LXXX.
475
Parce qu’un seigneur est propriétaire du terrain où est édifié une église et qu’il la dote, il s’arroge le
droit de lui imposer un desservant. Il doit aussi veiller à l’entretien du bâtiment et de son patrimoine.
De par ce droit, Bellevaux se comporte en seigneur.
476
Les lods et les ventes sont des droits perçus par le seigneur lorsqu’un paysan vend une tenure.
471
107
3.
Défense des acquis.
Lors de l’inventaire des documents relatifs aux possessions de l’abbaye, il est
quelque fois fait mention de pièces de procès. Litiges liés aux possessions de
Bellevaux.
Toutefois, en raison du manque de précisions il n’est pas possible d’indiquer les
raisons et les aboutissements de chacun des procès mentionnés lors des visites de
1584 et de 1632.
De plus, majoritairement, les laïcs se rétractent donnant ainsi raison à l’abbaye.
Pourquoi intenter un procès contre l’abbaye de Bellevaux ?
En raison de divergences sur les limites de certains terrains, le seigneur reprochant
aux religieux d’empiéter sur les terres voisines.
Ou encore parce que l’on n’est plus en accord avec les dons faits par un aïeul,
donc la famille revendique cette donation. D’où l’importance pour l’abbaye, dès ses
débuts de faire confirmer ses acquis.
L’inventaire de 1632, mentionne un procès contre les héritiers du feu abbé
Cusemenet. Rien ne permet de savoir qui ils sont exactement. Ils revendiquent
sûrement les biens de leur aïeul. 477
En 1576, les héritiers de Jacques de Gaudillon, de Trevey, s’opposent ou
n’approuvent pas tous les legs de leur feu père. 478
Il peut y avoir également procès car un paysan est venu prendre du bois, chasser
ou cueillir des fruits dans les bois appartenant à l’abbaye. Il est ainsi fait mention, en
1632, d’un procès contre Noël Clément de Dornon 479 « au faict de coupage de bois
dans les grands bois de Bellevaux ». 480 Cet acte nous renseigne également sur les
possessions de l’abbaye au lieu de Dornon : Bellevaux y dispose d’un bois.
La mise à ferme, c’est-à-dire la location par l’abbaye de plusieurs de ses biens 481
semble aussi faire parfois l’objet de litiges. A plusieurs reprises, les archives
ecclésiastiques de Haute Saône mentionnent des procès au sujet de plusieurs moulins
mis à ferme. Ainsi, en 1601, Jacques Bassot d’Argirey, est en procès contre l’abbaye
au sujet du moulin d’Authoison qu’il tient à ferme. 482 Cependant, il n’est pas précisé
quel est l’objet de ce litige. Ledit Bassot peut solliciter l’abbaye à propos de
réparations nécessaires au moulin ou il peut contester la redevance annuelle qu’il doit
à cette dernière.
Il en est de même en 1585 au sujet du four banal de Germondans, et en 1630-32 au
sujet du moulin de Gondenans. 483
D’autre procès contestent certains droits exercés par l’abbaye. C’est le cas de
1499 à 1545, où Jean et Guillaume de Grammont, seigneur de Châtillon-Guiyotte
477
Cf procès-verbal de 1632, f° 15v, p LX.
ADHS, H 204, 1576, p XCIII.
479
Il s’agit certainement du village de Dournon au nord-ouest de l’abbaye.
480
Cf procès-verbal de 1632, f° 14v, p LVIII.
481
L’affermage comme l’amodiation sont l’objet de notre étude ci-après.
482
ADHS, H 95, 1601, p LXXXI.
483
ADHS, H 158, 1585, 1630-32, p LXXXVII.
478
108
semblent contester les droits de justice de l’abbaye de Bellevaux en les territoires de
Thurey, Money et Chaudefontaine. 484
Voici donc les principales raisons des procès entraînant Bellevaux dans des
actions en justice.
L’abbé se doit de résoudre ces divers litiges et, avant tout, de préserver au mieux les
biens et les intérêts de l’abbaye.
Il est également à remarquer que ces pièces de procès apparaissent surtout à partir du
XIIIe siècle. Ils interviennent alors que l’abbaye est déjà généreusement dotée. A-ton alors moins de scrupules pour intenter des actions en justice contre l’abbaye ?
Seul un procès opposant l’abbé de Bellevaux et l’abbesse de Baume-les-Dames au
sujet de la seigneurie de Chaudefontaine, appartenant à ladite abbaye de Bellevaux,
fait exception car il est daté de 1170. 485
De part ces divers procès on remet donc en cause nombre de possessions de
l’abbaye. Cependant, l’essentiel de ces biens provient de ceux qui les contestent : les
laïcs.
B. Une accumulation de dons et d’achats.
A plusieurs reprises, depuis le début de notre étude, il est question des nombreux
legs dont l’abbaye est l’objet. Au travers de la présentation des fondateurs, les dons
primitifs, assises de l’abbaye, sont abordés. Toutefois, les La Roche, les Montfaucon
ou d’autres grands seigneurs, sollicitant les prières protectrices et salutaires des
religieux, ne sont pas les seuls à exprimer leur générosité envers Notre Dame de
Bellevaux.
1.
La générosité des laïcs.
Il est trop fastidieux et très difficile de vouloir énumérer ici toutes les personnes
ayant contribué à l’élaboration du domaine foncier de l’abbaye de Bellevaux.
Toutefois, il est intéressant de répertorier les différentes natures de ces dons : s’agit-il
de vignes, de prés, d’une maison, de droits, d’une rente ou autre ?
Selon les capitula 486 émis par le chapitre général, les moines doivent vivre « du
travail de leurs mains, de la culture des terres et de l’élevage des troupeaux, ce pour
quoi il est permis de posséder, pour un usage personnel, des étangs, des forêts, des
vignes, des pâturages, des terrains écartés des habitations séculières et des
animaux »487
Ces donations sont donc nécessaires à la survie des religieux et de l’abbaye.
Toutefois, la pauvreté est l’idéal cistercien. Il faut alors veiller à ce que le nécessaire
ne devienne pas du superflu afin de maintenir et d’entretenir la pauvreté. Les moines
484
ADHS, H 198, 1499-1545, p XCII.
ADHS, H 137, 1170, p LXXXII.
486
Les capitula sont règles émises par le chapitre général. Capitula signifie chapitre.
487
Pacaut (Marcel), Les moines…op. cit., p 87.
485
109
doivent travailler afin de subvenir à leurs besoins tout en gardant cette condition
ascétique. 488
Cependant, la notoriété acquise par la première abbaye cistercienne de la Comté
lui confère l’attention de nombreuses personnes. Attention qui se manifeste à travers
autant de dons, essentiellement fonciers.
La majorité de ces dons consiste donc en des terres comme en témoigne les
nombreux titres inventoriés en 1584 et en 1632.
Néanmoins, la désignation de « terre » reste trop vague et, à la lecture des procèsverbaux et des extraits des archives ecclésiastiques de Haute-Saône, on découvre
qu’elles sont plus précisément ces « terres ».
Des prés.
Ils sont nécessaires à l’élevage. En 1295, un acte de Jean de Montot laisse la libre
jouissance des ses prés, sis à Guiseuil, à ladite abbaye. 489 Dans ce cas les prés
n’appartiennent pas à l’abbaye mais lui sont simplement confiés.
Othon, duc de Méranie, cède à l’abbaye tous ses pâturages « compris dans sa terre de
Montbozon ». 490
A plusieurs reprises des reconnaissances ou des dons de maisons, terres, vignes et
prés sont mentionnés. 491
Des vignes et des bois.
L’importance de la culture viticole et de l’exploitation forestière au sein de
l’abbaye fait l’objet de la dernière partie de notre étude.
A plusieurs reconnaissances de vignes appartenant à l’abbaye, il faut ajouter
d’autres dons.
Ainsi, en 1233, Hugues de Scey cède à Bellevaux tous ses droits sur deux vignes
sises sur le territoire de Besançon. 492 En transmettant ses droits Hugues de Scey ne
fait pas pour autant don des vignes à l’abbaye.
Cependant, elle possède un domaine viticole à Beure. 493 Puis, à Chaudefontaine mais
elle le cède plus tard. 494 Il en est de même à Cirey. 495
Indispensable à l’installation et à l’entretien de l’abbaye : le bois. Lors de la visite
de 1632, l’état des lieux des bois proches de l’abbaye est dressé. Il est fréquent qu’ils
soient pillés : des paysans s’y servent en bois pour la construction ou en fruits sans
l’autorisation de l’abbaye.
Guillaume de La Roche fait don, en 1244, à l’abbaye de toutes ses possessions en les
bois de Bellevaux et du Magny. 496
488
Pacaut (Marcel), Les moines…op. cit., p 72.
ADHS, H 159, 1295, p LXXXVII.
490
ADHS, H 172, 1217, p LXXXIX.
491
H 171, non daté, p LXXXIX / H 177, non daté, p XC / H 180,non daté, p XC.
492
ADHS, H 104, 1233, p LXXXII.
493
ADHS, H 111, 1264, p LXXXII.
494
ADHS, respectivement H 138 et H 137, 1278 et 1419, p LXXXII.
495
ADHS, H 139, 1379, p LXXXIV.
496
ADHS, H 161, 1244, p LXXXVII.
489
110
A ces terres nécessaires à l’abbaye pour ses cultures, s’ajoutent également des
meix.
Des meix.
Un meix consiste en un territoire et les constructions qu’il comporte. L’abbaye
peut alors les louer ou les exploiter.
En 1244, l’abbaye est dotée par Eude Vandelans d’un meix sis au même lieu.497
Cinquante quatre années plus tard, en 1298, Béatrix, dame de Vandelans dote à
nouveau l’abbaye d’un meix dit « Bataillard » près de Frotey. 498
Parfois, l’abbaye cède un meix. C’est le cas en 1419 où l’abbé de Bellevaux concède
à Girard Fournier de Chaudefontaine, un meix mais aussi des terres et des vignes
situées au même lieu. 499
Nombreuses sont aussi les reconnaissances de meix appartenant à l’abbaye.
Notre Dame de Bellevaux est également détentrice de quelques maisons.
Des maisons.
En 1171, l’archevêque de Besançon, Evrard, confirme une donation faite à l’abbé
de Bellevaux par Hugues, dit « Bysche », d’un terrain, à Besançon, dans la rue
Battant afin d’y construire une maison. 500
Bellevaux y élève donc une maison, 501 acquiert également d’autres bâtisses proches.
Il est fait référence à cette maison lors de la visite de 1632. 502 Elle est un relais de
l’abbaye en la ville et l’abbé y réside lorsqu’il a à faire à Besançon.
L’abbaye reçoit également d’autres maisons à Moncey par exemple 503 ou encore à
Montigny-les-Arsures, 504 et encore en d’autres lieux. A cela s’ajoutent toutes celles
qu’elle possède déjà, évoquées au travers des reconnaissances.
Ces maisons sont occupées par de petits groupes de convers et sont utilisées comme
entrepôts, pour les biens produits par ces derniers, et relais pour les échanges
commerciaux.
Parmi ces maisons, est mentionné, à Morchamp, un immeuble. Il s’agit d’une
importante maison de plusieurs étages, trois ou quatre maximum.
Un autre type de ressources est offert à l’abbaye : des mines.
497
ADHS, H 212, 1244, p XCIV.
ADHS, H 157, 1298, p LXXXVI.
499
ADHS, H 137, 1419, p LXXXIII.
500
ADHS, H 104, 1171, p LXXXII.
501
Il s’agit aujourd’hui de l’hôpital de Bellevaux situé rue des quais de Strasbourg à Besançon.
502
Cf procès-verbal de 1632, f° 17v, p LXII.
503
ADHS, H 169, non daté, p LXXXIX.
504
ADHS, H 171, non daté, p LXXXIX.
498
111
Des mines.
En 1218, l’abbaye reçoit de Damathe de Thurey, veuve du chevalier Huon de
Quenoche, un four situé à Chaudefontaine et une mine de fer sise à Quenoche. 505
L’acquisition de ces ressources permet aux Cisterciens d’installer des forges et ainsi
de fabriquer eux-même et plus aisément les outils nécessaires à la culture, la
construction et l’artisanat.
Les moines blancs convoitent beaucoup ces mines car ils y développent nombre de
forges et déploient ainsi de nouvelles sources de subsistance et de revenus. Ainsi, au
début de XVIe, l’abbaye possède d’importantes forges notamment à Cirey ou encore
au moulin Martin.
Toutefois, la métallurgie cistercienne décline à mesure que disparaît l’économie
autarcique de chaque abbaye. 506
A ces biens fonciers s’ajoutent des biens consommables, tel le sel.
Du sel.
C’est, au Moyen-Age, une denrée convoitée car elle sert surtout à la conservation
des aliments. Le sel est donc nécessaire à la communauté religieuse afin de conserver
au mieux les denrées périssables et, bien entendu d’assaisonner les plats.
Ainsi, en 1195, l’abbaye reçoit d’Etienne, frère de Gérard,comte de Macon, deux
« montées » de sel issues de sa saunerie de Lons-le-Saunier. 507
En 1213, Reynaud, fils de Fromont de Balerme, s’engage à rendre à l’abbaye les 18
bichots de sel, don de son père, et qu’il a injustement confisqués. 508
Enfin, le comte d’Auxerre, Jean de Chalon, accorde un laisser-passer à l’abbaye, en
la saline de Salins, afin qu’elle puisse y prendre 8 buillons de sel. 509
Prés, vignes, bois, meix, maisons, sel constituent donc les différentes natures des
offrandes dont l’abbaye est bénéficiaire. Cependant, si dans les premières années ces
donations sont de simples actes de charité, progressivement les intentions changent.
En effet, à partir des XIVe et XVe siècles les généreux donateurs accompagnent leurs
gestes d’intentions de prières ou encore demandent à être, en retour, inhumés à
l’abbaye.
Cependant, l’abondance de ces donations apporte nombre de richesses à l’abbaye
et lui permet ainsi d’effectuer des achats.
2.
Les achats de l’abbaye.
Dès les années 1140, puis plus fréquemment à partir des années 1160, les abbayes
cisterciennes achètent des terres et commercialisent une partie de leur production. 510
505
ADHS, H 47, 1218, p LXXVIII.
ABCédaire…op. cit., p 84.
507
ADHS, H 161, 1195, p LXXXVIII.
508
Aubert (Anne-Marie), Histoire…op. cit., p 255 à 257. ADHS, H183.
509
Aubert (Anne-Marie), Histoire…op. cit., p 289. ADHS, H 183.
506
112
Ces achats montrent la richesse de l’abbaye. La commercialisation de ses produits
entretien cette richesse et montre une abbaye qui ne travaille pas uniquement pour sa
subsistance, ne respectant donc pas l’idéal de pauvreté.
Notre Dame de Bellevaux semble convoiter plus qu’elle ne possède, puisqu’elle
effectue plusieurs achats en des domaines aussi variés que ceux étudiés
précédemment.
Parfois, il n’y a pas uniquement vente mais échange comme en témoigne une
mention des archives ecclésiastiques de Haute-Saône. 511
En 1303, l’abbaye se dote d’un meix situé à Germondans. 512
Ou encore, en 1334, elle acquiert une vigne sise au lieu dit Changin à Arbois. 513
Ces achats donnent le sentiment que l’abbaye n’est pas satisfaite des donations dont
elle est l’objet.
En1269, elle achète à Jean de La Roche, tout ce qu’il possède à
Chaudefontaine. 514 Elle semble alors se constituer la seigneurie dont il est déjà
question en 1170. 515
Il en est de même sur le territoire de Cirey où elle acquiert meix, prés, champs,
vergers et autres possessions en 1275. 516
Par ces achats l’abbaye agrandit sa propriété proche. Elle applique l’idéal primitif qui
vise à rassembler les terres et autres biens situés à proximité de l’abbaye afin qu’ils
soient exploités par les religieux. Elle achète donc maisons, terres, prés et vignes
étant sur le territoire du Magny, tout proche. 517 Elle fait de même au lieu de NeuveGrange, également tout proche. . 518
Lorsque l’abbaye achète des maisons à Cromary en 1418 et 1421 519 souhaite-t-elle
se constituer un plus grand capital foncier en ce lieu ? Ou peut-être désire-t-elle
rassembler le plus possible de biens en un même endroit afin d’y optimiser son
exploitation en cet endroit. Son attitude envers le territoire de Thurey, à une dizaine
de kilomètres de l’abbaye, semble répondre à cette hypothèse puisqu’elle y acquiert
maisons, terres, vignes et prés. 520
De par cette « politique » elle se constitue de petits domaines, s’imposant ainsi en
seigneur sur ces territoires. Elle peut alors soit les exploiter, soit les affermer.
Condamné par l’ordre mais aussi par l’Eglise tout entière, Bellevaux pratique le
prêt à intérêt. Il est exercé sous la forme de l’engagement.
Les richesses de l’abbaye ne sont plus à démontrées, ses terres et les produits qu’elle
en tire afin de les vendre, lui apportent un important capital financier.
510
Pacaut (Marcel), Les moins…op. cit., p 254.
ADHS, H 155, 1590-1785, p LXXXVII.
512
ADHS, H 155, 1590-1785, p LXXXVII.
513
ADHS, H 82, 1334, LXXXI.
514
ADHS, H 137, 1269, p LXXXIII.
515
ADHS, H 137, 1170, p LXXXII.
516
ADHS, H 140, 1275, p LXXXIV.
517
ADHS, H 162, non daté, p LXXXVIII.
518
ADHS, H 177, non daté, p XC.
519
ADHS, H 148, 1418, 1421, p LXXXV.
520
ADHS, H 195, non daté, p XCI.
511
113
Conscients de cette fortune et pressé d’argent, ses voisins la sollicitent pour des
emprunts. Ils remettent alors, à l’abbaye, en échange ou en gage une terre, un champ
ou une vigne afin que cette dernière puisse en jouir jusqu’au remboursement de la
somme due.
Lorsque le débiteur ne peut s’acquitter de sa dette, ou meurt avant le remboursement,
les terres reviennent à Bellevaux. D’une certaine manière l’abbaye à acheter ces
biens.
C’est une autre façon pour elle d’accroître son temporel foncier.
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L’abbaye de Bellevaux, par les dons et ses achats, se constitue ainsi un vaste
domaine dont elle tire plus de denrées qui ne sont nécessaires à sa subsistance. Les
religieux deviennent alors des rentiers du sol.
Toutefois, dans cette exploitation, les Cisterciens se distinguent par un type
particulier de mise en valeur des terres : les granges.
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114
II. « Que Tes œuvres rayonnent, en nombre et en variété, Seigneur ! »521
Devant l’accumulation de tant de biens, l’abbaye doit s’organiser afin de gérer au
mieux son vaste domaine. Selon Anne-Marie Aubert, il s’étend sur près de 115
localités dans toute La Comté. 522 Notre Dame de Bellevaux doit donc, comme au
sein de sa communauté, se montrer cohérente dans la gestion de son patrimoine.
C’est pourquoi elle suit l’exemple des autres abbayes cisterciennes et met en place un
modèle d’exploitation tout particulier à l’ordre : les granges.
Bellevaux devient donc détentrice de plusieurs granges plus ou moins éloignées de
l’abbaye. Elles représentent une spécificité de l’ordre tant dans leur administration
que dans leur devenir.
A. Une exploitation particulière : les granges.
Spécificité de l’ordre cistercien, la grange résulte de la nécessité pour une abbaye
d’organiser et de cultiver au mieux ses terres éloignées. Il s’agit ensuite d’organiser
le travail au sein de ces centres d’exploitation. Ils s’organisent généralement dans un
périmètre variable autour de l’abbaye dont ils dépendent.
Comment se forment ces centres de culture, de quelle manière sont-ils exploités ?
1.
Qu’est-ce qu’une grange ?
Elles sont le fruit de dons et d’achats visant à regrouper, en un même lieu, des lots
de terres destinés à l’élevage et la culture.
C’est l’objectif de Bellevaux lorsqu’elle acquiert, sur un même territoire meix,
vignes, prés et champs.
Toutefois, les dates de ces acquisitions, par dons ou par achats, sont souvent
postérieures à la date de fondation de la grange. L’abbaye décide-t-elle très tôt
qu’elle établit une grange en un lieu, puis l’agrandit et l’enrichit plus tard ou ne faitelle que remembrer des dons en sur un même territoire.
Selon Marcel Pacaut, dans un premier temps, une abbaye cistercienne reçoit diverses
dotations, « un peu au hasard » à partir desquelles elle organise une grange. 523
Si c’est le cas, alors pourquoi Chaudefontaine, par exemple ne fait pas partie de ce
type d’exploitation ? Dès 1170, elle est qualifiée de seigneurie, et ce territoire semble
avoir été aussi bien, sinon mieux, que d’autres ensuite érigé en grange. En effet, il s’y
trouve une mine, 524 des meix,525 mais aussi four, moulin et étangs. 526
Pour des raisons qui sont inconnues, Chaudefontaine ne figure pas parmi les granges
de l’abbaye. Alors sur quels critères Bellevaux s’appuie-t-elle pour fonder ses centres
d’exploitation ?
521
Rougier (Stan), Montre-moi…op. cit., psaume 103, « Rendez-vous de la Création », p 193.
Aubert, Pietresson, La fondation…op. cit., p 144.
523
Pacaut (Marcel), Les moines…op. cit., p 260.
524
ADHS, H 47, 1218, p LXXVIII.
525
ADHS, H 137, 1254, p LXXXII.
526
ADHS, H 137, 1263, p LXXXIII.
522
115
Ce remembrement permet donc de mettre en place des cellules de production et
d’administration.
Elles sont généralement situées sur un territoire que l’on ne peut atteindre en moins
d’une journée de marche. Ainsi, d’après Marcel Pacaut ces centres d’exploitation se
fixent dans un rayon de 5 à 25 kilomètres autour de l’abbaye. 527 En 1152, le chapitre
général insiste sur cette notion d’éloignement qui semble importante, car l’obligation
d’une distance minimum équivalente à plus d’un jour de marche n’est pas toujours
observée.
A Bellevaux, les granges de Cirey, Le Magny, et Valleroy ne respectent pas cette
règle puisqu’elles sont, respectivement, à 1, 2 et, à nouveau, 2 kilomètres de
l’abbaye. Distances qui peuvent être aisément effectuées, à pied, et en une journée.
De même, les granges doivent avoir, entre elles, un éloignement d’au moins deux
lieues, c’est-à-dire environ 8 kilomètres. Mesure nécessaire afin que l’une n’excède
sur l’autre.
Une grange se doit donc d’être une exploitation cohérente recouvrant, au
minimum quelques dizaines d’hectares de terres cultivés et une ou plusieurs
centaines d’hectares de prés, bois et étendues d’eau. Cependant, toutes les granges ne
se ressemblent pas.
Dans le cas de l’exploitation viticole, les cultures s’organisent sur un territoire plus
restreint et la vigne y est uniquement cultivée.
L’essentiel de ces cellules d’exploitation et d’administration se mettent en place
entre la fondation de l’abbaye et les années 1170-1180. Ensuite, au XIIIe siècle, la
création de grange se ralentit, au profit de l’agrandissement de celles en place, afin
d’accroître leur productivité et de diversifier leurs activités économiques.
Au sein de ces centres d’exploitation, vit une communauté de convers oeuvrant à
afin de mettre au mieux les terres en valeur.
2.
Au sein de ces exploitations, des convers.
Eloignées de l’abbaye et destinées essentiellement à la culture, les granges ne
peuvent donc pas recevoir des religieux. Les frères convers sont alors en charge des
grands travaux ruraux. Car les moines et les profès se doivent de rester en l’abbaye,
contraint par la célébration des offices liturgiques auxquels ils sont tenus d’assister.
Etablis à l’initiative d’Etienne de Harding, les convers, vivant dans la clôture mais ne
partageant pas la vie des religieux, doivent obéir à l’abbé. Ils ne sont pas forcés non
plus de rester au sein de l’enclos.
Les granges sont sous l’autorité du cellérier de l’abbaye, chargé de la gestion et de
l’administration des domaines de l’abbaye. Anne-Marie Aubert fait référence à un
« grangarius », moine, et non convers ayant en charge l’organisation des granges. 528
Il est possible que ce soit un autre nom pour désigner le cellérier. Mais, il peut s’agir
également d’un relais de ce dernier. Un moine peut se trouver à la tête de chaque
grange afin de s’assurer de son bon fonctionnement.
527
528
Pacaut (Marcel), Les moines…op. cit., p 257
Aubert (Anne-Marie), Une maison…op. cit., p 8.
116
On constate également souvent que le cellérier fait partie des profès illettrés, en
l’occurrence ne connaissant pas le latin. Dès lors, le sacerdoce leur étant refusé, on
leur confie tout particulièrement « la gestion matérielle de la communauté ». 529
Le cellérier a donc sous son autorité plusieurs équipes de convers, chacune
exploitant une grange. Les convers constituent le personnel de ces établissements, ils
sont à la fois défricheurs, laboureurs, vignerons, bûcherons. Ils assurent toutes les
tâches nécessaires à la mise en valeur des terres.
Selon Bernadette Barrière, une grange dispose en moyenne, au cours du XIIe siècle,
de cinq à quinze convers. Et, en fonction de son importance, une abbaye ordinaire
peut en compter entre trente et cent vingt. 530
Le terme de grange renvoie généralement à un vaste ensemble de terres cultivées.
Toutefois, il s’agit avant tout d’un ensemble de bâtiments ceints d’un enclos, comme
à l’abbaye. Une maison accueille les convers, des dépendances abritent bétail, outils
et récoltes.
Parfois, il y aussi une petite chapelle. Cependant, en 1180, une ordonnance du
chapitre général défend d’y chanter l’office, et, en 1204, commande de détruire ces
oratoires car il arrive que certaines granges soient perçues comme des monastères. 531
L’accès à ces bâtiments est strictement interdit aux femmes. Car, si le convers
n’est pas un moine il a tout de même prononcer des vœux dont celui de chasteté.
Parmi, les convers il y a également des domestiques, des paysans laïcs aidant les
convers pour certain gros travaux tels les moissons. Ils sont entretenus ou salariés et
ils sont reconnus par les statuts de 1134.
De par l’institution des convers le labeur, nécessaire à l’autonomie et au fairevaloir des terres de l’abbaye, est plus aisé à organiser et plus productif. Le temps de
travail n’est pas scandé par les offices divins. Les convers se consacrent pleinement à
la mise en valeur des sols. Ils vivent et font vivre l’abbaye de leur travail.
Sans les convers, l’établissement des granges semble difficilement envisageable.
Ils participent à l’organisation du patrimoine abbatial et leur nombre varie en
fonction de son importance et du nombre de grange. Ce dernier est significatif de la
richesse des abbayes. Qu’en est-il pour Bellevaux ?
B. Les granges de Notre-Dame de Bellevaux.
Aujourd’hui encore les recherches se poursuivent quant à la détermination de leur
nombre et de leur emplacement. Car, malgré leur importance tant géographique,
qu’économique, il ne subsiste, pour ainsi dire, rien des granges de Notre-Dame de
Bellevaux.
529
Pacaut (Marcel), Les moines…op. cit., p 268.
Barrière (Bernadette), « Les patrimoines cisterciens», in L’espace cistercien, p 47.
531
Barrière (Bernadette), « Les patrimoines…op. cit.», in L’espace cistercien, p 258.
530
117
1.
Des certitudes et des doutes.
La majorité des auteurs s’accorde à dire que les granges de l’abbaye de Bellevaux
sont au nombre de huit. Toutefois, Anne-Marie Aubert, ayant beaucoup écrit à
propos de Notre Dame de Bellevaux, en dénombre une quinzaine au début du XIIIe
siècle. Chiffre au-delà de la moyenne avérée en Bourgogne et en Comté qui est de 10
à 12 granges par établissement. Cette donnée traduit alors une certaine opulence
financière et foncière de Notre Dame de Bellevaux.
Toutefois, sans plus de précisions quant aux sources d’où émane cette information,
on peut supposer qu’à l’image des 500 religieux ayant résidés en l’abbaye, 532 ce
chiffre à pour seul but de mettre en valeur le prestige de Bellevaux.
Aujourd’hui, grâce aux travaux effectués par Nathalie Bonvalot et son équipe
d’archéologues, seules huit granges sont dévoilées.
Quelles sont-elles ? 533 Il s’agit des granges - d’Argirey,
- de Baslières,
- de Braillans,
- de Champoux,
- de Cirey,
- Le Magny,
- de Trevey,
- de Valleroy.
A ces huit centres d’exploitation, Anne-Marie Aubert ajoute la grange de
Morchamps, mentionnée dans les archives ecclésiastiques de Haute-Saône. Elle est
alors acensée depuis 1564. 534
Anne-Marie Aubert y adjoint également celle de Battenans, de Neuve-Grange, de
Verjoulot, de la Vernoye et de Montarlot-les-Rioz. 535
Des titres concernant Battenans, « Bathenaux » dans les sources, mais également
Morchamps, sont répertoriés dans le procès-verbal de 1584. 536 Toutefois, rien
n’indique qu’il est question de granges.
En 1290, les Cisterciens de La Grâce-Dieu hypothèquent, au profit de Bellevaux, leur
domaine de Morchamp. Ce dernier devient définitivement propriété de l’abbaye en
1299. 537
Verjoulot (Vergoulot) n’est répertorié qu’à une seule reprise lors de la visite de
1632. Des titres la concernent, et une mention « et les granges » permet de penser
qu’il est aussi question de Verjoulot. 538
Des titres et des reconnaissances à propos de Neuve-Grange figurent parmi les
inventaires de 1584 et de 1632. 539 Mais aucune précision n’indique qu’il s’agit d’une
grange.
532
Aubert (Anne-Marie), Une maison…op. cit., p 2.
Nous présentons ici, brièvement les huit sites de granges ayant été l’objet de fouilles
archéologiques. Leur formation et devenir et l’objet de la suite de notre étude.
534
ADHS, H 175, non daté, p LXXXIX.
535
Aubert (Anne-Marie), Une maison…op. cit., p 9.
536
Cf procès-verbal de 1584, f° 13v, p XV.
537
Bonvalot (Nathalie), Granges cisterciennes de Franche-Comté, p 71.
538
Cf procès-verbal de 1632, f° 11v, p LV.
533
118
Localisation des granges de l’abbaye.
539
Cf procès-verbal de 1584, f°13v, p XV, et procès-verbal de 1632, f° 12r, p LVI pour les titres. Cf
procès-verbal de 1632, f° 11v, p LV pour les reconnaissances.
119
Vernoye ne figure pas parmi les sources tandis qu’il est fait référence, non pas à
Montarlot-les-Rioz, mais simplement au prieuré de Montarlot. 540 Il s’agit du même
lieu. C’est une abbaye de femmes unie, en 1391, à Bellevaux, suite aux difficultés du
XIVe siècle. Elle devient un prieuré en même temps qu’une grange. 541
De plus, dans une bulle datée de 1139, le pape Innocent II reconnaît la possession
par l’abbaye de la grange de Mesnil. 542 Elle est à nouveau admise comme
appartenant à Bellevaux en 1145, dans une bulle du pape Eugène III. 543
Les terres des Billantins ou Billardins, mentionnées de manière assez
parcimonieuse parmi les sources, et dans d’autres documents également,
entretiennent certaines questions quant à leurs statuts et relations avec l’abbaye. Elles
semblent assez proches de Bellevaux mais s’agit-il d’une grange ?
Dès 1139, une bulle du pape Innocent II reconnaît que Bellevaux possède une terre
du nom de Bullantins. Puis, un diplôme d’Henri IV confirme, en 1196, cette
exploitation en tant que grange. 544
La variation de l’orthographe et même de la prononciation du nom, laisse peser des
doutes sur chacune des informations.
Les recherches se poursuivent.
Cette brève présentation des granges de l’abbaye de Bellevaux n’explique
cependant pas leur fondation.
2.
Fondation des granges.
Bellevaux développe ses propres granges au fil des dons et de ses achats. Elle
structure et met alors en valeur la vallée de l’Ognon.
La grange d’Argirey :
Elle est située à 9 kilomètres de l’abbaye. Elle est, à ce jour, un village faisant
partie de la commune de Villers-Pater, dans le canton de Montbozon en HauteSaône.
En 1150, le chevalier Thibaut, frère d’Hugues de Rosey, religieux en l’abbaye,
fait don à cette dernière de tous ses biens sis à Argirey.
En 1174, Henri d’Authoison fait de même.
Argirey est mentionné dès 1156 parmi les possessions de Bellevaux. Puis, son
établissement en tant que grange est confirmé en 1178, 545 jusqu’en 1399, où, faute de
personnel, elle est concédée, par l’abbé, à titre d’héritage personnel, à plusieurs
habitants d’Authoison, de Villers-Pater et d’Aubertans. Ils ont à charge d’habiter ces
lieux et les meix qu’ils édifient sur ces territoires à perpétuité.
540
Cf procès-verbal de 1584, f° 11v, p XIII.
Bonvalot (Nathalie), Granges…op. cit., p 71.
542
ADHS, H 43, 1139, p LXXVI.
543
ADHS, H 43, 1145, p LXXVI.
544
Aubert (Anne-Marie), Une maison…op. cit., p 9. ADHS, H 46, 1196.
545
Bonvalot (Nathalie), Granges…op. cit., p 72-73.
541
120
La grange de Baslières :
Le village de Baslières est également situé en Haute-Saône, entre Vesoul et
Villersexel. A 21 kilomètres au nord-ouest de l’abbaye et à l’ouest de la commune de
Valleroy-le-Bois dont il fait partie. 546
Sous l’épiscopat d’Anséric (1117-1134), Richard de Calmoutier, sa femme Eve et
son fils Guillaume, donnent à Bellevaux une terre qu’ils possèdent à Baslières et
qu’ils tiennent en fief d’Anséric. Il doit abandonner sa seigneurie lorsque Guy de
Calmoutier et Humbert, surnommé « li béjure » cèdent, eux-aussi leurs terres situées
sur le territoire de Baslières.
La grange est d’abord confirmée, avec ses dépendances, en 1139 par Innocent II. 547
Puis, Baslières et ses terres sont à nouveau confirmées, à plusieurs reprises, dans les
archives ecclésiastiques de Haute-Saône. 548
Cependant, en 1154, la grange est objet de litiges. L’archevêque Humbert doit
défendre les possessions de l’abbaye en ces lieux contre les prétentions des habitants
de Moroy et fixe les limites de la grange du côté de ce village.
La grange de Braillans :
Braillans est à 11 kilomètres, à vol d’oiseau, de l’abbaye, et à 4 kilomètres à
l’ouest de la commune de Marchaux dont elle fait partie. 549
La grange de Braillans est d’abord issue du don d’une terre, de la part d’un certain
Gilinus, mentionné dans une charte, non datée de l’archevêque Humbert. Il y figure
également les dons de Guillaume de Durner Nardirin et de Guy, fils d’Humbert le
Maréchal, dotant l’abbaye de tout ce qu’il possède au lieu de Braillans.
A l’image de Baslières, la grange de Braillans est confirmée en 1139 par Innocent II.
Puis une seconde fois en 1145, par Eugène III. 550
La grange de Champoux :
Elle est également située dans le canton de Marchaux, à 1 kilomètre au nord de ce
village et à 8 kilomètres, à vol d’oiseau, de l’abbaye.
Le nom de Champoux provient du latin Campus ursus, c’est-à-dire « champ de
l’ours ». Ce domaine est ainsi nommé dans une charte de 1162.
La terre de Champoux est un des premiers dons fait à l’abbaye après ceux des
fondateurs. En 1128, le doyen de l’église Saint- Jean de Besançon, Manassès, cède à
Bellevaux la terre de Champoux. Dans un premier temps, il exige un cens de trois
bichets de froment et autant d’avoine, puis il abandonne tout à l’abbaye en 1177.
Cette donation est, plus tard, enrichie de celles d’Hugues de La Roche et de son fils
Othon, seigneur de Roulans. Ce dernier dote, en 1181, l’abbaye du territoire du
« Chasaux », pour quarante ans. Puis, en 1184, il cède définitivement le Chasaux à
546
Bonvalot (Nathalie), Granges…op. cit., p 74-75.
ADHS, H 43, 1139, p LXXVI.
548
ADHS, H 43, 1145, p LXXVI / H 47, 1131, p LXXVIII.
549
Bonvalot (Nathalie), Granges…op. cit., p 76-77.
550
ADHS, H 43, 1145, p LXXVI.
547
121
Bellevaux. On situe approximativement cette propriété à l’ouest de l’actuel village,
sur le flanc de la colline appelé « Chazot ».
En 1131, l’archevêque de Besançon, Anséric, garantit à Bellevaux la possession de
terres au lieu de Champoux.551 Comme précédemment, la grange est confirmée en
tant que telle en 1139.
Au XVe siècle, Bellevaux possède tout le territoire de Champoux.
En 2000, les fouilles archéologiques se sont révélées fructueuses et ont mis à jour
l’emplacement de la grange médiévale à l’orée de la forêt de Chailluz, à 2oo mètres
au nord-ouest de l’actuel village de Champoux. Ces vestiges consistent en quatre
constructions au sein d’un enclos polygonal. 552
Il existe encore également un petit sentier, partant du lieu-dit « La vie des moines »,
traversant la forêt pour gagner le val d’Ognon. Les moines devaient certainement
l’emprunter pour se rendre à la grange ou à l’abbaye.
La grange de Cirey :
La grange de Cirey est à seulement 1 kilomètre au sud-est de l’abbaye. Elle se
situe sur la commune de Cirey-les-Bellevaux, dans le canton de Montbozon, en
Haute-Saône.
C’est lors de sa fondation que l’abbaye reçoit une partie des terres de Cirey et
l’usage des bois, prairies et eaux du même lieu.
En 1190, Richard de Montfaucon, insatisfait de cette première donation dote de
nouveau l’abbaye de tout ce qu’il possède sur le territoire de Cirey. Renaud de
Traves, son vassal, fait de même. Bellevaux possède dès lors tout le domaine de
Cirey et y érige rapidement une grange.
Depuis 1145, l’église de Cirey fait partie des possessions de l’abbaye, don de
l’archevêque Humbert.
A ce jour, l’emplacement de la grange n’est pas précisément localisé. Cependant,
il est probable qu’elle se situe à proximité d’une ancienne tuilerie, à 500 mètres au
nord de Cirey, qui appartenait à l’abbaye. Il demeure également deux bâtiments, une
habitation en cours de rénovation et une construction en ruine. 553
La grange de Cirey est confirmée tardivement, en 1178. Sa fondation est-elle
ultérieure aux précédentes granges ?
La grange Le Magny :
Elle est également très proche de l’abbaye puisqu’elle se situe seulement à 2
kilomètres de cette dernière, sur le territoire de la commune de BeaumotteAubertans, dans le canton de Montbozon, en Haute-Saône. 554
Elle fait partie, avec Valleroy, Baslières et Champoux, des premières granges créées
par l’abbaye. Elle est confirmée en 1139.
551
ADHS,, H 47, 1131, p LXXVIII.
Bonvalot (Nathalie), Granges…op. cit., p 78-79.
553
Bonvalot (Nathalie), Granges…op. cit., p 80-81.
554
Bonvalot (Nathalie), Granges…op. cit., p 82-83.
552
122
La grange de Trevey :
Toujours dans le canton de Montbozon, sur la commune de Dampierre-surLinotte, à 16 kilomètres de Bellevaux, un ancien village occupe aujourd’hui la place
de la grange qui n’est toutefois pas localisée. 555
Comme Argirey, elle est confirmée en 1156.
La grange de Valleroy :
Tout comme celle de Cirey ou du Magny, elle est à seulement 2 kilomètres, à vol
d’oiseau, de l’abbaye. Egalement non localisée, la grange se situe sur la commune du
même nom, dans le canton de Marchaux.
Evoqué ci-dessus, la grange de Valleroy est une des premières constituées par
l’abbaye et confirmée en 1139. 556
C. Le devenir des granges : reflet des difficultés de
l’Ordre.
Selon Robert Fossier, à partir du XIIIe siècle, il y a une « inadéquation » entre les
préceptes de l’Ordre et la réalité des fonctionnements économiques. 557 La volonté
autarcique et l’idéal de pauvreté souhaité par les Cisterciens est battu en brèche
devant l’abondance des biens et les profits qu’ils apportent.
De plus, les difficultés économiques et sociales des XIVe et XVe siècles, notamment
la guerre de Cent Ans, exacerbent ces déviances et engagent définitivement les
abbayes dans cette voie.
1.
Des granges aux villages.
A partir de 1360, les granges de Baslières, Valleroy et de Champoux sont érigées
en village. Cette décision ne semble pas être la seule volonté de Bellevaux,
puisqu’elle adresse d’abord, la même année, une requête au chapitre général de
Cîteaux.558
Pourquoi une telle démarche ?
La confiscation, le 24 mai 1337, par Philippe VI du duché de Guyenne, terre
anglaise, marque le début du plus long conflit féodal, qui perdure jusqu’en 1453.
A cette première guerre, s’ajoute celle des ducs de Bourgogne, opposant Jean de
Chalon-Arlay, allié à l’Empereur, et le comte palatin de Bourgogne. Durant ce
conflit, les troupes du comte s’arrêtent sur les terres de l’abbaye malgré un acte de
Jean de Chalon qui accorde, en 1346, une sauvegarde à l’abbaye « pour tous ses
hommes et tous ses biens ». 559 Bellevaux doit alors subvenir aux besoins des soldats,
ce qui lui nuit gravement.
555
Bonvalot (Nathalie), Granges…op. cit., p 82-83.
Bonvalot (Nathalie), Granges…op. cit., p 86-87.
557
Bonvalot (Nathalie), Granges…op. cit., p 86-87.
558
ADHS, H 47, 1360, p LXXVIII.
559
ADHS, H 47, 1346, p LXXVIII.
556
123
Dix ans plus tard, et jusqu’en 1353, la peste noire sévit dans toute la France,
réduisant considérablement les données démographiques.
De plus, en 1352, l’abbaye est lourdement endettée : les cultures de l’année
précédente ayant été très mauvaises, elle est contrainte d’acheter blé, avoine et autres
nécessités.
Et, à partir de 1360, et durant toute une décennie, les Routiers ravagent la région.
Depuis la seconde moitié du XIIIe siècle, il est difficile d’engager de nouveaux
frères convers et, avec un tel contexte, leur nombre ne cesse de s’affaiblir. Si bien
que le recrutement des moines comme des convers diminue fortement.
Autant de raisons qui poussent l’abbaye de Bellevaux à effectuer des changements
afin de mieux gérer son patrimoine. Comme beaucoup d’autres monastères, dans une
situation semblable, elle se détache d’abord de ses terres les plus éloignées et les
moins rentables.
La grange de Baslières est à 21 kilomètres de l’abbaye et celle de Champoux à 8
kilomètres à vol d’oiseau. Etait-elle moins productive que celle de Braillans, pourtant
plus éloignée de trois kilomètres. Aucun élément ne permet de l’affirmer
aujourd’hui. Etait-ce également le cas de la grange de Valleroy étant seulement à 2
kilomètres à vol d’oiseau de l’abbaye ?
Un acte de l’abbé du chapitre général de Cîteaux autorise, en 1360, l’abbaye de
Bellevaux à « établir des villages aux endroits où se trouvaient les granges de
Valleroy, de Champoux et de Baslière ». 560
Toutefois, il ne faut pas penser que l’abbaye se détache totalement de ses
possessions. Elle y garde des droits seigneuriaux. En témoigne le terrier général de
Cirey, identique à celui de Valleroy. 561 La datation de ce document soulève la
question de savoir si ces droits s’exercent dès l’établissement de la grange en village
ou s’ils interviennent plus tardivement.
En raison du manque de main-d’œuvre, l’abbaye « abandonne » ses granges.
Cependant, elle agit toujours au mieux de ses intérêts. C’est pourquoi, il est fort
probable que le passage de la grange au village soit accompagné de la suzeraineté de
l’abbaye sur ce dernier.
Ces droits consistent en l’exercice de la justice, sanctionnant beaucoup par
amendes qui sont alors perçues par l’abbaye. Elle reçoit également tailles, dîmes,
droits de mainmorte et corvées.
Néanmoins, rien ne permet d’affirmer qu’il en soit de même pour Champoux et
Baslières.
Cirey, Magny, Neuve-Grange, 562 Argirey563 sont également soumis à ces même
obligations. Est-ce la marque de leur érection en village ?
A Trevey, Bellevaux exerce haute, moyenne et basse justice en 1562. 564 On peut dès
lors considérer qu’elle n’est plus exploiter en tant que grange, et il est probable que
l’abbaye y a également les autres droits.
560
ADHS, H 95, 1360, p LXXXII.
ADHS, H 52, 1557, f° 309, p LXXX.
562
ADHS, H 52, f° 255 et 187, p LXXX.
563
ADHS, H 83, 1159, p LXXXI.
564
ADHS, H 204, 1562, p XCIII.
561
124
Il est également question de la « seigneurie » de Chaudefontaine. 565 L’abbaye se
comportant en seigneur sur les autres villages, ce terme laisse à penser qu’il en est de
même en ce lieu et plus prématurément.
Il semble que l’attitude suzeraine de l’abbaye ne s’applique pas uniquement aux
« nouveaux villages », si toutefois, Chaudefontaine n’a jamais été une grange ou
considérée comme telle.
Bellevaux exerce donc plusieurs pouvoirs seigneuriaux sur les « nouveaux
villages », et d’autres possessions, qui deviennent alors des seigneuries. C’est une
façon, pour l’abbaye, de pallier le manque de frères convers tout en gardant des
droits et des profits sur ce qui faisait partie de son patrimoine.
Une autre pratique permet à l’abbaye de garder ses biens sans pour autant les
exploiter elle-même. Il s’agit de l’amodiation.
2.
L’amodiation ou le faire-valoir indirect.
•
L’amodiation ?
L’amodiation est la concession d’une terre moyennant une prestation périodique,
en nature ou en argent.
L’abbaye a recours à ce type d’exploitation pour les mêmes raisons qui la poussent à
transformer certaines de ses granges en village : le manque de convers sans lesquels
les granges ne peuvent exister. Elle fait alors appel aux tenanciers qui louent les
terres.
Par le biais de l’amodiation, l’abbaye passe d’une exploitation en faire-valoir direct,
c’est-à-dire exploitée par ses moyens à une exploitation en faire-valoir indirect,
cultivée par des laïcs. Elle renonce à cultiver directement les terres, mais elle a le
souci de gérer au mieux les intérêts de l’abbaye en ayant recours à ce procédé.
Cette pratique est autorisée, mais avec restrictions, par le chapitre général en 1208 et
1220.
L’amodiation ou l’affermage c’est-à-dire la location d’un bien rural, peut
s’exercer sur des granges entières, sur plusieurs domaines ou sur de petites tenures :
des parcelles d’une grange ou d’un grand domaine.
La crise des XIVé et XVe siècles accélère ce mouvement de transformation au sein
des abbayes cisterciennes. Puis, du XVe siècles à la Révolution les abbayes gèrent
leur patrimoine en laissant une large part à l’amodiation, mais aussi aux tenures et
aux censives, procédés proches de celui de l’amodiation.
Cependant, le domaine de l’abbaye et ses environs sont encore exploités par les
religieux et quelques convers. Le faire-valoir direct ne disparaît pas totalement. 566
En déléguant la gestion de leurs possessions aux laïcs, les religieux se déchargent
du souci de gestion de ce dernier. L’utilisation, trop fréquente de cette solution leur
confère une image de « rentiers du sol ».
565
566
ADHS, H 137, 1170, p LXXXII.
Barrière (Bernadette), « Les patrimoines…op. cit.», in L’espace cistercien, p 49.
125
Il arrive parfois que l’abbé amodie également l’abbaye. C’est le cas de Bellevaux.
Lors de la visite de 1584, on découvre qu’au sein de l’abbaye des objets
appartiennent à un certain Antoine Midoz, alors amodiateur de cette dernière.
Le procès-verbal de 1616, indique qu’en 1578 et durant six années, l’abbaye est
amodiée pour la somme de trois mille francs. 567 Il s’agit donc de l’amodiation dont il
est déjà question lors de l’inventaire de 1584.
En 1632, Bellevaux semble partagée entre deux amodiateurs : Aymé Maublan et
Claude Cousseret. 568 L’inventaire mentionne tout ce qui leur appartient en l’abbaye.
Il est également fait référence à leur prédécesseur, Guillaume Roussel de Rioz. 569
Avant d’amodier son propre domaine, Bellevaux à déjà amodié certaines de ses
granges à l’exemple de celle de Braillans.
•
Un exemple : la grange de Braillans. 570
Le 30 juillet 1546, Marc Cussenier, abbé de Bellevaux, renouvelle le « contrat »
d’amodiation concernant la grange de Braillans, à la suite d’un incendie de cette
dernière.
Les amodiateurs sont Jehan le Nairet, dit Guillepin, et sa famille, et Jehan
Billequin et ses frères. 571 Ils se partagent la grange dont le territoire est scindé en
deux. L’une des parties s’étend des bois et finages des villages de Marchaux, Vielley,
Thise au bois de Chailluz. 572 L’autre partie de la grange n’est pas détaillée.
En contre partie de l’exploitation du domaine de la grange de Braillans, lesdits
amodiateurs doivent à l’abbaye une rente annuelle et perpétuelle. Elle consiste en :
- 24 quartes de céréales, 573 dont 12 d’avoine et 12 de froment, à payer à l’abbaye
chaque saint Martin d’hiver, c’est-à-dire chaque 11 novembre.
- 14 gros, 574 payables à la saint Michel Archange, le 29 septembre.
- 2 francs, 1 franc doit être versé à la fête de l’Annonciation Notre-Dame, le 25
mars ; et l’autre franc, le 29 septembre, à la saint Michel Archange.
- la moitié de trois « voitures eschielles », 575 « l’une de bon foin et l’autre de bonne
estran de froment blanche » 576 qui sont à verser le 11 novembre, en la maison de
l’abbaye à Besançon.
567
Cf procès-verbal de 1616, f° 9r, p XXX.
Cf procès-verbal de 1632, f° 5v p XLVII.
569
Cf procès-verbal de 1632, f°6r, p XLVIII.
570
La grange de Braillans, p LXXII.
571
La grange de Braillans, p LXXII.
572
La grange de Braillans, haut de la page LXXIII.
573
La quarte est une mesure de capacité, elle équivaut parfois au quart
574
Le gros est une monnaie.
575
Il s’agit certainement des voitures chariots dont les côtés sont ajourés et ressemblent ainsi à des
échelles.
576
La grange de Braillans, p LXXIII.
568
126
- des corvées.
Jehan Guillepin doit également à l’abbaye deux voitures et demie de bois,
payables à la saint Martin d’hiver.
L’abbé de Bellevaux, Marc Cussenier laisse aux amodiateurs le droit de construire
un four afin qu’ils puissent y cuire leur pain.
Il leur demande aussi de faire construire, dans l’année qui suit, et à leurs frais, une
tuilerie. En cette dernière seront fabriqués des tuiles, de la chaux et des carreaux pour
le pavage. Là encore, Jehan Guillepin et Jehan Billequin sont redevables à l’abbaye
– d’un millier de tuiles, payables à la saint Martin d’hiver,
- de deux quehues de chaux.
Ce parchemin montre dans quelles conditions l’abbaye de Bellevaux cède son
patrimoine en amodiation. Il rend compte de l’importante rente payée par les
amodiateurs en plus des frais d’entretien de la grange.
Ces rentes comblent-elles tous les besoins de l’abbaye, sont-elles vraiment
préférables au faire-valoir direct ?

Les granges sont d’abord des « blocs de faire-valoir » témoins d’une organisation
économique cistercienne cohérente. Elles transforment des paysages, mettant en
valeur chaque terre et tirant profit de chaque élément qui peuvent la composer.
Les exigences de l’Ordre, sont alors rapidement négligées devant l’abondance des
biens produits par ces exploitations notamment. Néanmoins, ces importants profits
ne permettent pas à l’abbaye de faire face aux nombreuses difficultés des XIVe et
XVe siècles. C’est pourquoi, Bellevaux se voit dans l’obligation de confier leur
gestion à des laïcs, donc d’amodier une partie de ses biens.
L’abbaye bénéficie d’autres ressources qui semblent également amodiées.

127
III. « Tu combles chacun à la mesure de ses actes et de son attente »577
En diverses localités l’abbaye possède moulins, viviers, fours, vignes ou encore
bois nécessaires à ses propres besoins mais également à ceux des habitants. En effet,
dans les sources il est question de moulins et fours banaux appartenant à l’abbaye.
Cette mention renvoie, une fois encore, à une abbaye suzeraine.
Où se situent ces autres ressources de Bellevaux, comment les exploite-t-elle, à
quelles fins ?
A. De l’usage de l’eau au sein de l’économie cistercienne
« Fils de l’eau », 578 c’est le nom parfois donné aux Cisterciens. Déviant les
rivières, créant canaux et barrages, l’eau est au cœur de leur vie. Nécessaires à la vie
quotidienne de la communauté, l’eau et la force hydraulique sont également mis à
profit dans l’économie cistercienne.
1.
Pour la pisciculture
La présence de l’eau est une condition indispensable à l’installation d’une abbaye.
Les religieux détournent alors les cours d’eau afin d’alimenter l’établissement en eau
clair. Ils mettent également en place un important réseau hydraulique pour les
conduire et drainer les eaux usées. 579
En d’autres lieux, les moines blancs érigent digues et barrages permettant la mise
en place de viviers et de bassins de pisciculture.
Exploitation nécessaire à la vie de la communauté puisque le poisson est à la base de
l’alimentation des religieux. La règle de l’Ordre enjoint chaque abbaye de subvenir
elle-même à ses propres besoins. C’est pourquoi, les frères convers entretiennent et
exploitent ces réserves qui apportent l’essentiel de l’alimentation de la communauté.
De plus, comme d’autres produits, le poisson n’est pas seulement réservé aux
repas des moines, mais est également mis en vente. Sa commercialisation est
d’autant plus aisée que son élevage est uniquement assuré par les frères convers,
main d’œuvre bénévole. Son coût est donc moindre puisque aucune charge salariale
n’entre en compte.
Ce type de rétributions pour l’abbaye est attesté dans les comptes généraux de 1611
où il est mentionné que les revenus de l’abbaye comprennent notamment « des
produits des moulins, pêches des rivières, [ ] et de la pêche des étangs». 580 La vallée
de l’Ognon est richement dotée de ces derniers, toutefois rien n’indique qu’ils soient
l’œuvre des religieux et convers de l’abbaye.
Les procès-verbaux mentionnent plusieurs pêcheries exploitées par les frères
convers de Bellevaux et parfois même par les habitants des proches villages.
577
Rougier (Stan), Montre-moi…op. cit., psaume 61, « Sur Dieu seul », p 119.
ABCdaire…op. cit., p 75.
579
Le réseau hydraulique est le sujet de notre étude en page 31.
580
ADHS, H 56, 1611, p LXXXI.
578
128
Le terrier général rédiger en 1557, précise que Notre-Dame de Bellevaux possède un
droit de pêche exclusif en la localité de Cirey, mais aussi en celles de Valleroy et du
Magny. 581
Dès 1174, le droit de pêche de l’abbaye en la rivière de l’Ognon est remis en cause
par l’église Saint-Etienne de Besançon. 582
Par la pisciculture, les moines blancs exploitent une partie des ressources
hydrauliques. Par les moulins, ils en exploitent une autre.
2.
Pour les moulins
Les Cisterciens ne sont nullement à l’origine d’innovations techniques en ce
domaine. Ils contribuent simplement et largement à la diffusion et à l’utilisation des
moulins.
De par leur travail sur les voies d’eau, c’est tout naturellement qu’ils pensent à
l'emploi de la force hydraulique en aménageant des moulins. Ils n’utilisent cependant
pas uniquement les moulins à roue à aube, ils mettent également en place des
moulins à vent.
Ces deux types d’installations montrent que les Cisterciens savent tirer profit de tous
les avantages naturels qui s’offrent à eux.
Lorsqu’ils ne les construisent pas, les religieux achètent les moulins existant,
provoquant parfois la colère des populations voisines.
Ils sont alors utiliser pour moudre le grain, les noix et fouler les toiles de laine.
Parfois, les moulins sont aussi utilisés pour actionner les martinets, c’est-à-dire les
marteaux des forges. C’est en cette association forge-moulin que les Cisterciens
innovent.
Les procès-verbaux ne précisent pas l’utilisation des moulins. Toutefois, des
rapprochements peuvent permettre de fonder quelques hypothèses. On note la
présence d’une forge et d’un moulin à Quenoche. La détermination de leur
emplacement permettrait de définir si ces deux éléments fonctionnaient ensemble ou
non.
Il est également attesté que Bellevaux possède une importante forge au Moulin
Martin situé à Rigney. 583 La représentation, figurée ci-après, atteste que forge et
moulin fonctionnent ensemble.
L’importante utilisation des moulins au sein de l’économie cistercienne à
certainement contribuée à la popularisation de leur emploi. Au XIIIe siècle les
abbayes bourguignonnes possèdent en moyenne quatre moulins situés soit à
l’intérieur de l’enceinte abbatial soit dans les granges.
Bellevaux en compterait une vingtaine. 584 Cependant, seules quinze sont présentés
dans nos sources, 585 auxquels il faut ajouter celui présent dans le domaine abbatial
dont la présence est attestée dans le travail de Michel Py. 586
581
ADHS, H 52, 1557, p LXXX.
ADHS, H 205, 1174, p XCIII.
583
ADHS, 55 H 14,, 1786.
584
ABCdaire…op. cit., p 86.
582
129
Le procès-verbal de 1616 présente certaines de ces propriétés. Le moulin de
Gordepain et ses écluses, celui de Quenoche ayant été refait « tout à neuf »587 Des
réparations sont également effectuées sur les moulins de Terdepain, Rapigney et
Voudenans, car ils étaient en mauvais état et n’avaient, parfois même, pas de
meule. 588
La visite de 1632, détaille plus précisément les moulins et en donne un état des
lieux.
Il y a d’abord le moulin de Marlos, en assez bon état et acensé par l’abbé. 589
Puis, il est fait l’état des lieux du moulin de Gourdepain dont les chambres, servant
au logement du meunier, sont « entièrement ruineuses » 590 et la roue est « toute
pourrie ». Cet établissement semble faire face au village de Valleroy car les habitants
traversent la rivière pour venir moudre leurs grains au moulin. 591
D’autres moulins sont mentionnés au village de Gondenans. 592
En 1263, un traité fait référence au moulin de Chaudefontaine. 593
Tout comme les granges, certains de ces moulins sont exploités en faire-valoir
indirect. Ainsi, celui de Quenoche est amodié pour la somme de deux cent quartes de
froment à la mesure de Fondremand. 594
En 1601, un procès oppose l’abbaye à Jacques Bassot à propos du moulin
d’Authoison que ce dernier tient à ferme. 595
Un bourgeois de Vesoul tient à ferme le quart du moulin de Frotey pour une
quittance de 25 livres et 10 sols viennois. 596
Le revenu des moulins, amodiés ou non, participe donc aux revenus de l’abbaye
comme il l’est spécifié dans les comptes de Bellevaux en 1611. 597 Il en est de même
pour les moulins banaux mentionnés dans le terrier général de l’abbaye de 1557. 598
Parfois, l’abbaye ne possède pas entièrement le moulin comme le montre une bulle
du pape Grégoire IX, qui assure à Bellevaux la possession de la moitié du moulin de
Noroy. 599
585
Une carte présentée à la page suivante indique, entre autres, la localisation des différents moulins
mentionnés dans les sources.
586
Py (Michel), Cirey-les-Bellevaux, p 5.
587
Cf procès-verbal de 1616, f° 8v, p XXX.
588
Cf procès-verbal de 1616, f° 16r, p XXXVIII.
589
Cf procès-verbal de 1632, f° 8r, p LI.
590
Cf procès-verbal de 1632, f° 10r, p LIII.
591
Cf procès-verbal de 1632, f° 10v, p LIV.
592
Cf procès-verbal de 1632, f° 17v, p LXII.
593
ADHS, H 137, 1263, p LXXXIII.
594
Cf procès-verbal de 1632, f° 18v, p LXIII.
595
ADHS, H 85, 1601, p LXXXI.
ADHS, H 56, 1611, p 81.
596
ADHS, H 157, 1268, p LXXXVI.
597
ADHS, H 56, 1611, p 81.
598
ADHS, H 52, 1557, p LXXX. Le droit de ban et les privilèges qui en découlent sont l’objet de
notre étude ci-après.
599
ADHS, H 44, 1229, p LXXVII.
130
Localisation des moulins et fours banaux de l’abbaye.
131
Les moulins sont donc une autre des spécificités de l’économie cistercienne. Ils
participent à l’exploitation des biens naturels mis à disposition de l’abbaye et que les
Cisterciens savent particulièrement mettre en valeur.
Ils organisent au mieux tout ce dont ils disposent afin d’y puiser un meilleur profit.
C’est ainsi qu’ils exploitent les fours.
B. De l’exploitation des fours
Ils ne semblent pas avoir, au sein de l’économie cistercienne, autant d’importance
que les moulins. Toutefois, ils sont à maintes reprises mentionnés. C’est pourquoi il
semble intéressant de tenter d’en comprendre l’utilité, la fonction et de les localiser
au sein de l’espace économique de Bellevaux.
1.
Place et fonction au sein de l’économie cistercienne
Il est difficile de les déterminer exactement car peu de précisions sont apportées
dans les sources.
Comme les moulins, l’abbaye possède son propre four, mentionné lors de la
présentation de ses bâtiments, usité pour la cuisson du pain notamment.
D’autres fours sont mentionnés lors des visites et, plusieurs fois il est question de
fours banaux, c’est-à-dire soumis aux banalités.
Le procès-verbal de 1632 présente ainsi les fours banaux de Valleroy, 600 Thurey, 601
Cirey, 602 Magny603 et de Rioz.604 A Cirey, Valleroy et au Magny, les religieux ont un
droit exclusif sur le four et le moulin banal. 605
Les banalités consistent en des profits économiques provenant de l’exercice du droit
de ban. Par l’exercice de ce droit, l’abbaye adopte une attitude seigneuriale de
suzerain, car ce privilège lui offre la possibilité de punir et de commander. Ainsi, elle
contraint les habitants de tel ou tel lieu à l’utilisation des fours lui appartenant. Parce
qu’ils font usage de ces fours, les villageois doivent alors à l’abbaye une redevance.
Ces localités, mis à part Rioz, sont toutes d’anciennes granges de l’abbaye, comme
évoqué précédemment Bellevaux y exerce des droits seigneuriaux. Il n’est donc pas
étonnant d’y découvrir ces fours. Cependant, rien ne permet de préciser si, en
d’autres lieux, l’abbaye a construit des fours ou si elle a bénéficié de ce type de don à
l’exemple du four de Germondans
En effet, en 1298, l’abbaye reçoit de Jeanne, fille de Jean, seigneur de La Rochesur-l’Ognon, le four banal de Germondans. 606 L’abbaye perçoit donc les redevances
600
Cf procès-verbal de 1632, f° 9r, p LII.
Cf procès-verbal de 1632, f° 9r, p LII..
602
Cf procès-verbal de 1632, f° 9v, p LII.
603
Cf procès-verbal de 1632, f° 9v, p LIII.
604
Cf procès-verbal de 1632, f° 10r, p LIII.
605
ADHS, H 52, 1557, p LXXX.
606
ADHS, H 158, 1298, p LXXXVI.
601
132
dues au seigneur. Puis, elle amodie ce même four pour la somme de quarante-huit
quartes de froment. 607
A la lumière des sources, il semble que les fours possédés par Bellevaux, soient
exploités indirectement, n’apportant à l’abbaye que les quittances qui en découlent.
Cette situation découle-t-elle des difficultés rencontrées par l’abbaye ou existe-t-elle
dès les débuts de cette dernière. En raison de leur finalité envers l’abbaye, il est plus
probable que ces fondations résultent de dons ou de l’établissement de la suzeraineté
abbatiale en un territoire donné, que de la volonté de construction des religieux, à
l’image des moulins.
L’abbaye possède donc plusieurs fours établis en plusieurs lieux de son
patrimoine.
2.
Les fours de l’abbaye.
Dix sont répertoriés dans les sources, accompagnant régulièrement la mention des
moulins. Ils sont, comme les moulins, localisés sur une carte présentée ci-avant.
Tout comme les moulins, les fours sont l’objet de réparation. Ainsi, le procèsverbal de 1616, indique que les fours de Chambornay, Rioz, Curey, Valleroy et
Germondant ont été refaits à neuf aux frais du feu Pierre d’Albamey. 608
La visite de 1632 présente un état des lieux de plusieurs fours possédés par
l’abbaye.
Il y a d’abord le four banal de Valleroy « fort ruineux et caduc », il est prêt à tomber.
L’amodiateur de ce dernier, Guillaume Jaiquot, est alors prié de le réparer sans quoi
il lui sera retiré. 609
Le four banal de Thurey est entièrement découvert, le toit étant tombé car trop
vieux selon les dires de l’amodiateur dudit four, Jehan Gaudot, dit Lobet. 610
Le four banal de Cirey est en assez bon état. 611 A l’inverse du celui du Magny,
dont les habitants doivent se rendre en un autre lieu pour cuir leur pain tellement leur
four est ruineux. 612 De même que le four banal de Rioz qui, depuis trois ou quatre
ans n’est plus utilisé en raison de son mauvais état. 613
Il semble que tantôt l’entretien des fours incombe à l’abbaye tantôt aux
amodiateurs. Mais, pour des raisons financières ou autres, les fours ne sont pas
toujours entretenus convenablement et parfois même ne sont plus utilisés en raison
de leur trop mauvais état.
607
Cf procès-verbal de 1632, f° 18v, p LXIII.
Cf procès-verbal de 1616, f° 8v, p XXX.
609
Cf procès-verbal de 1632, f° 9r, p LII.
610
Cf procès-verbal de 1632, f° 9r, p LII.
611
Cf procès-verbal de 1632, f° 9v, p LII.
612
Cf procès-verbal de 1632, f° 9v, p LIII.
613
Cf procès-verbal de 1632, f° 10r, p LIII.
608
133
A Chaudefontaine, on remarque la présence à la fois d’un moulin et d’un four, un
don de la veuve du chevalier Huon de Quenoche en 1218, 614
Comme évoqué précédemment, beaucoup de lieux mentionnant la présence d’un
four sont d’anciennes granges, tels Cirey, Valleroy, Thurey ou encore Magny. En
chacun de ces villages on relève la présence d’un four banal, comme si la présence
de ce dernier marquait la suzeraineté de l’abbaye en ces territoires.
Les fours ne semblent pas occuper une place d’importance au sein de l’économie
cistercienne, à l’inverse des bois et des vignes.
C. De l’importance du bois et de la vigne.
Les bois et les vignes occupent non seulement une place importante dans le
patrimoine de l’abbaye, mais sont également deux ressources nécessaires à
l’établissement des religieux.
L’une comme l’autre sont abondamment mentionnées dans les sources.
1.
Le nécessaire bois.
•
Son utilisation.
Tout comme l’eau, le bois est un élément indispensable à l’installation des moines
blancs. Il est d’abord à la base des constructions. Il est ensuite essentiel à la cuisine et
au chauffage, bien qu’en principe les seules pièces chauffées soient le chauffoir,
l’infirmerie et la cuisine.
Le bois est également exploité pour la fabrication de meubles. Des meubles en bois
sont fréquemment mentionnés lors des visites, tels un vieux châlit de bois, des
coffres en bois ou encore le tabernacle ou des figures d’anges en bois. 615
On incombe souvent aux moines blancs la réputation de grands défricheurs. Ces
travaux sont parfois nécessaires pour permettre la construction des bâtiments de
l’abbaye ou des granges, pour étendre leur espace de culture. Mais, ces
défrichements ne sont pas de grande ampleur et pas systématiquement pratiqués par
toutes les abbayes. Les Cisterciens sont donc simplement des défricheurs.
Par des dons ou des achats, Bellevaux acquiert plusieurs terres boisées. Ainsi,
Othon de La Roche fait don à l’abbaye, en 1244, de toutes ses possessions dans les
bois de Bellevaux et du Magny. 616
Les forêts sont exploitées pour le bois, mais également pour les fruits qui y poussent
tels les champignons, les mûres et autres baies. On y fait également paître les
animaux comme en témoigne une mention de 1342, au sujet d’un droit de pâturage
d’un chanoine prébendier dans les bois de Chaudefontaine. 617
614
ADHS, H 47, 1218, p LXXVIII.
Cf procès-verbal de 1616, f° 2r, p XX.
616
ADHS, H 161, 1244, p LXXXVII.
617
ADHS, H 137, 1342, p LXXXIII.
615
134
L’importance et la convoitise de ces bois se lisent à travers les divers préjudices
portés aux possessions de l’abbaye par des laïcs ou d’autres religieux.
En 1340, le seigneur de Châtillon, Jean Jussien, avoue avoir commis « excès et
délits » dans les bois de l’abbaye. Il est probable que ce dernier ait coupé plus de bois
qui lui était autorisé, ou en ait coupé trop et sans autorisation.
Girard de Tabardey avoue également avoir été pris par le forestier de
Chaudefontaine, alors qu’il chargeait un chêne dans son chariot. 618 Cet aveu montre
combien l’abbaye surveille ses territoires et combien ils sont convoités.
Parfois, c’est un village entier qui prétend à la possession de ces bois. Ainsi, les
habitants de Valleroy et l’abbaye passent un compromis pour l’usage des bois dudit
lieu. 619
En 1181, une sentence arbitrale est rendue entre les habitants de Quenoche et
l’abbaye, à propos du droit d’usage de cette dernière en les bois dudit lieu. 620 Il est
possible que les villageois s’opposent à l’exploitation des bois par l’abbaye.
Ces quelques remarques permettent d’aborder les possessions forestières de
l’abbaye.
Ces exploitations s’appliquent en plusieurs lieux du domaine de l’abbaye.
•
Les bois de Bellevaux.
L’objectif n’est pas ici de déterminer, avec le plus de précisions, le domaine
forestier de l’abbaye, car les sources ne le permettent pas. A l’image des bâtiments,
le procès-verbal de 1632 dresse un état des lieux des bois proches de l’abbaye. Il est
un exemple de l’importance du bois pour chacun et des convoitises que cela peut
générer.
Lors des visites de 1584 et de 1616, il n’est pas fait référence à ce type de
ressource exploitée par l’abbaye. Seul le procès-verbal de 1632, les mentionne.
Les religieux et les amodiateurs de l’abbaye font remarquer au greffier que, depuis
plusieurs années, les sujets de l’abbaye se sont librement et amplement servis dans
les bois de cette dernière en y créant de nombreux dégâts, si bien qu’ils sont
« ruinés ». Ils craignent alors que les communautés à venir n’aient plus de bois si
elles sont touchées par « quelques orvales de fouly ou autres accidents »621 Un
« orvale de fouly » est une tempête avec de la foudre.
Suite à cette remarque, il est décidé de procéder à l’inventaire desdits bois afin de
mieux rendre compte de leur état.
La visite conduit alors « du côté du soleil levant », c’est-à-dire à l’est, à cent
cinquante pas de l’abbaye, environ autant de mètres, en un bois appelé le Chesnois,
certainement en raison du nombre de chêne s’y trouvant. En plusieurs endroits, des
« applatifs » sont constatés. Ils s’agit de surfaces de bois coupé.
Le chemin traversant cette forêt conduit au village du Magny. 622 En arrivant en ce
lieu, il est présenté une maison neuve, bâtie en bois de chêne coupé en un autre
Chesnois sis sur le territoire du Magny. 623
618
ADHS, H 137, 1342, p LXXXIII.
ADHS, H 205, 1507, p XCIII.
620
ADHS, H 181, 1184, p XC.
621
Cf procès-verbal de 1632, fin du f° 19r, début du f° 19v, p LXIV.
622
Cf procès-verbal de 1632, f° 19v et 20r, p LXIV.
619
135
Puis, la visite se poursuit en un bois appelé « le bois de Frosse », distant du village
de Marlot d’environ cent mètres. Il est alors décrit comme entièrement dégradé,
particulièrement depuis la mort du feu abbé Jean-Baptiste de Cusance. Ces
dommages sont reconnus plus importants du côté de Dournon. 624
Le bois d’Averne, dépendant également de l’abbaye, ne semble pas avoir subi de
dommage, il est « rempli de plusieurs beaux arbres » utiles aux réparations de
l’abbaye. 625 Il en est de même pour le bois des Chouliers. 626
Enfin, dans leurs remontrances, les religieux se plaignent de « l’éminente ruine
des bois ». 627 C’est pourquoi, les administrateurs du parlement de Dôle, formule une
ordonnance à la cour de ce dernier afin que des « fourretiers », autrement dit des
« forestiers », assurent la garde et la conservation des bois de l’abbaye. 628
Le bois constitue donc une ressource importante pour l’abbaye, tant en quantité
qu’en utilité. Toutefois, elle est régulièrement pillée. A l’inverse d’un autre bien,
moindre en quantité, mais néanmoins tout aussi nécessaire à la vie cistercienne.
2. Le privilège de la vigne.
Les moines blancs convoitent les vignes : ils consentent à plusieurs efforts pour en
détenir.
En 1223, Hugues de Scey cède à Bellevaux tous ses droits sur deux vignes sises à
Besançon. 629 Puis, l’abbaye reçoit une confirmation d’un don d’une vigne située à
Beure. 630
Et, lorsque cela lui est possible, Bellevaux acquiert des vignes. Ainsi, en 1344 et
1347, elle achète des vignes sises sur le territoire de Pirey. 631 Ou encore, en 1334, où
elle achète des vignes sur le territoire d’Arbois. 632
A l’époque médiévale, la culture de la vigne est beaucoup plus répandue que de
nos jours. Les religieux, en général, participe à cette expansion en raison de leur
besoin en vin pour les cérémonies eucharistiques.
Cependant, cette tradition monastique est renforcée par les importants besoins des
Cisterciens dus à la règle bénédictine autorisant la consommation de vin durant les
repas. Selon Marcel Pacaut, elle est même ordonnée. 633
Lorsque les religieux formulent leurs remontrances dans le procès-verbal de 1632,
ils précisent qu’ils ne bénéficient, par jour, que d’une pinte de vin. Ils en sollicitent
une seconde car ils ont ainsi été accoutumés. 634
623
Cf procès-verbal de 1632, f° 20r,p LXIV-LXV.
Cf procès-verbal de 1632, f° 20v, p LXV.
625
Cf procès-verbal de 1632, f° 21r, p LXVI.
626
Cf procès-verbal de 1632, f° 21r, p LXVI.
627
Cf procès-verbal de 1632, f° 23r, p LXIX.
628
Cf procès-verbal de 1632, f° 23r, p LXIX.
629
ADHS, H 104, 1223, p LXXXII.
630
ADHS, H 101, 1264, p LXXXII.
631
ADHS, H 180, 1344, 1347, p XC.
632
ADHS, H 82, 1334, p LXXXI.
633
Pacaut (Marcel), Les moines…, op. cit., p 256.
624
136
Quand cela est possible, la viticulture tient une place privilégiée dans les cultures
des moines blancs. Parfois même, des granges entières lui sont consacrées.
Rien ne permet d’affirmer que c’est le cas pour Bellevaux. Toutefois, elle bénéficie
de nombreuses terres viticoles.
La visite de 1616 fait état de vignes, proches de l’abbaye, étant en « bonnes
réparations », mais peu « peuplées », car elles ont manqué de soin en raison de la
rigueur des saisons. 635 Selon Anne-Marie Aubert, les coteaux entourant l’abbaye sont
plantés de vignes. 636
Il est également probable que la viticulture soit pratiquée à l’intérieure de l’enclos
monastique, comme l’indique une mention de la visite de 1632 évoquant l’étable du
coté des vignes. 637 Lors de la même visite, il est présenté une vigne du côté de Cirey
cultivée par environ cinquante ouvriers, 638 supposant déjà une parcelle d’une relative
importance.
En 1379, certainement en raison de difficultés de gestion, l’abbaye cède aux
habitants de Cirey une partie de ses vignes sises sur le territoire, exigeant, en retour
le tiers des fruits de ladite vigne. 639
On relève ainsi, 16 localités sur lesquelles Bellevaux exploite des vignes. Il s’agit
de : - Arbois, au lieu-dit Changin, 640
- Besançon, 641
- Beure, 642
- Beynans, 643
- Chaudefontaine, 644
- Cirey, 645
- Gy, 646
- Magny, 647
- Moncey, 648
- Montbozon, 649
- Montigny-les-Arsures, 650
- Neuve-Grange, 651
- Ollans, 652
634
Cf procès-verbal de 1632, f° 22v, p LXVIII.
Cf procès-verbal de 1616, f° 9r, p XXX.
636
Aubert (Anne-Marie), Une maison…op. cit., p 11.
637
Cf procès-verbal de 1632, f° 7r, p XLIX.
638
Cf procès-verbal de 1632, f° 10r, p LIII.
639
ADHS, H 139, 1379, p LXXXIV.
640
ADHS, H 82, 1334, p LXXXI.
641
ADHS, H 104, 1223, p LXXXII.
642
ADHS, H 111, 1264, p LXXXII.
643
ADHS, H 47, 1306, p LXXVIII.
644
ADHS, H 137, 1419, p LXXXIII / H 138, 1278, p LXXXIII.
645
ADHS, H 139, 1379, p LXXXIV.
646
ADHS, H 159, 1628, p LXXXVII / H 160, 1537, p LXXXVII.
647
ADHS, H 162, non daté, p LXXXVIII.
648
ADHS, H 169, non daté, p LXXXIX.
649
ADHS, H 172, non daté, p LXXXIX.
650
ADHS, H 171, non daté, p LXXXIX.
651
ADHS, H 177, non daté, p XC.
652
ADHS, H 180, non daté, p XC.
635
137
- Pirey, 653
- Thurey, 654
- Vandelans. 655
La carte présentée ci-après permet une meilleure localisation de ces territoires.

Notre-Dame de Bellevaux est donc détentrice d’un vaste temporel lui permettant
une vie autonome mais pas réellement autarcique comme le souhaite la règle. En
raison de l’ampleur de son patrimoine et surtout par l’importance des biens qu’il
fournit, l’abbaye c’est inséré dans le système économique féodal et en tire une partie
de ses revenus.
Les Cisterciens sont victimes de leurs succès. Ce dernier leur apporte nombre de
terres, sources fondamentales de la richesse, qui produisent plus de biens que
nécessaires à la communauté. L’abbaye n’a d’autre choix que de les vendre et ainsi
entrer sur le marché.
Mais, au-delà de cet aspect économique, les moines blancs ont su, par un labeur
patient et leur intelligence, mettre en valeur et façonner ce paysage de la vallée de
l’Ognon.

653
ADHS, H 180, 1344, 1347, p XC.
ADHS, H 195, non daté, p XCII.
655
ADHS, H 212, 1246, p XCIV.
654
138
Localisation des vignes de l’abbaye.
139
 Conclusion 
Par sa condition de première abbaye cistercienne franc-comtoise, Notre-Dame de
Bellevaux est l’objet de nombreuses attentions qui font d’elle une des abbayes les plus
importantes de La Comté.
Dès sa fondation au XIIIe siècle, l’abbaye connaît la prospérité. La paix lui permet de mettre
en valeur les nombreux dons qu’elle reçoit et ainsi de se constituer un important domaine
économique. L’abbaye érige alors ses granges.
Cette prospérité s’accompagne d’une abondance de biens. Les moines ne produisent plus
uniquement pour leur propre subsistance, comme le demande la règle, mais destinent une
partie de leur production à la vente. Ils rentrent dans une économie de marché délaissant ainsi
l’autarcie économique voulue par l’Ordre.
La richesse est également présente à travers les divers objets cultuels : vêtements en
précieuses étoffes, nombreux reliquaires et ornements. Autant d’éléments contraires au mode
de vie cistercien insistant sur la simplicité et la pauvreté.
Il est difficile d’apporter un même témoignage pour la vie spirituelle de l’abbaye. Toutefois,
la tradition voulant que Bellevaux ait compté jusqu’à cinq cents religieux, est un autre
indicateur de la prospérité de l’abbaye. Car, sans ressources elle ne peut se permettre
d’accueillir trop de moines, elle ne pourrait subvenir à leurs besoins. L’importance de ce
nombre témoigne également de l’attirance de ce genre de vie cénobitique.
La vie spirituelle de Bellevaux devait donc être assez importante, tenant certainement plus du
nombre de religieux que du respect de la règle.
En effet, on constate que l’abondance de richesses entraîne l’abbaye dans une certaine
décadence morale. La vie communautaire est délaissée pour un mode de vie plus
individualiste, comme en témoigne la présence de cellules dans le dortoir.
Les religieux sont victimes de leur succès.
Cependant, à la prospérité du XIIIe siècle, succède la décadence économique des XIVe et XVe
siècle. Les guerres s’abattent sur La Comté, les établissements religieux sont les premières
victimes. L’importance et les richesses de Bellevaux attirent d’autant plus les Routiers qui
pillent et dégradent les exploitations de l’abbaye.
Les mauvaises conditions climatiques obligent Bellevaux à acheter des vivres, les bâtiments
demandent des réparations, comme il est plusieurs mentionnés dans les procès-verbaux.
L’abbaye s’endette. A la fin du XVe siècle, elle demande l’autorisation au chapitre générale
de porter à la vénération des fidèles les reliques de saint Pierre de Tarentaise, afin d’obtenir
quelques aumônes pour l’achat d nouveau objets cultuels faisant alors défaut en l’église de
l’abbaye.
Puis, les convers sont de moins en moins nombreux, les terres deviennent alors incultes fautes
de bras. L’abbaye ne peut plus assurer l’exploitation de ces granges. Dès la seconde moitié du
XIVe siècle, elle les érige en village mais continue à marquer sa présence en agissant en ces
lieux tel un seigneur. Elle impose à ces nouveaux villages des droits seigneuriaux dont elle est
140
seule bénéficiaire, elle se comporte comme un suzerain et tire ainsi de ces terres des revenus
d’une autre nature.
Toutefois, malgré ces nombreuses difficultés Notre-Dame de Bellevaux reste une des plus
riches abbayes cisterciennes du diocèse de Besançon.
La grande peste de 1348-1350 décime la communauté religieuse. En 1497, on ne compte plus
que six religieux en l’abbaye. C’est pourquoi Notre-Dame de Bellevaux passe
progressivement sous le régime de la commende.
Enfin, les XVIe et XVIIe siècles semblent marquer une période de détente pour l’abbaye. Elle
effectue diverses réparations comme le montre les procès verbaux et effectue même des
achats de terres, indiqués dans l’extrait des archives ecclésiastiques de Haute-Saône.
La communauté compte sept religieux en 1584, trente-cinq en 1616, et de nouveau sept en
1632.
Notre-Dame de Bellevaux survit ainsi jusqu’à la Révolution. Après, une petite communauté
d’une vingtaine de moines s’y installe de nouveau pour fuir devant les habitants de Baumotte
venu envahir l’abbaye. Les religieux se retirent alors en Suisse, puis au Val Sainte Marie et
enfin à la Grâce-Dieu.
Aujourd’hui, seuls le palais abbatial, quelques annexes, la grande porte de pierre à l’entrée,
datant du XVIIIe siècle, et, pour les plus curieux quelques canalisations du réseau hydraulique
témoignent de la présence de cette abbaye. Mais rien ne laisse apparaître qu’elle fut, en son
temps l’une des plus grande et des plus importante abbaye de La Comté.

141
 Annexes 

Sommaire 
Annexe 1.
A.D.D. 55 H 3. Procès-verbal de 1584.
Annexe 2.
A.D.D. 55 H 3. Visite de 1616.
p III.
p XX.
Annexe 3.
A.D.D. 55 H 3.Visite de 1632.
p XL.
Annexe 4.
A.D.D. 55 H 6. Inventaire de la sacristie vers 1600.
p LXX.
Annexe 5.
A.D.D 55 H 11. La grange de Braillans.
p LXXII.
Annexe 6.
Extrait de l’inventaire sommaire des archives ecclésiastiques
de Haute-Saône concernant l’abbaye de Bellevaux.
p LXXVI.
Annexe 7.
Tableaux.
p XCIV.
Annexe 8.
Liste des lieux non localisés
p CVIII.
Lexique.
p CIX.
- II -
Annexe 1.
 Procès-verbal de 1584 
[Folio 1 recto]
Domp Pierre d'Albamey, futeur successeur et pourveu de l'abbaye Notre Dame de
Bellevaulx, comme par auctorité de la court souveraine du parlement a Dole en
ceste partie; scavoir faisons que le quinzieme jour d'octobre l'an mil cinq cent
octante quatre, environ les huit heures du matin en ladicte abbaye ou les religieulx
d'icelle ont accoustumer eulx assembler et tenir le chappitre, et ou estoient
assemblez le prieur et le religieulx d'icelle abbaye: assavoir, Pierre Pariset, prieur,
Claude Belin, Claude Jacques, Fernands Seguin, Jehan Payet, prebstres, Jehan
Mary et Valentin Patel, religieulx proffes par devant nous appelé avec nous pour
scribe Nicolas Toytot, jurée au greffe de ladicte court. S'est representé messir
Henry Camus, conseilliée du royaume sire et son procureure general en se pays et
parlement de Bourgougne, lequel nous a remonstré qu'ayant esté informé et
adverty du deces de fut messire Loys du Tartre, evesque de Nicopolis, suffragent
en l'archevesches de Besançon, et abbé dudit Bellevaulx, advenu le jour de feste
saint Michel derrier, il avait pour raion des grandes vacances.
[Folio 1 verso]
Et de ladicte court presente requeste a messiours les conseillers d'icelle estant pour
lors assemblez audict Dole. Et que icelle remonstre ledict deces. Et requis de par
les raisons y contenues que ladicte abbaye et revenuz d'icelle furrent mis soubz la
main de ladicte Majesté et commis fust depputé pour le regime et gouvernement
de ladicte abbaye et revenu d'icelle, a ce que le divin service y fut faict, la pieuse
intention des fondateurs et les religieulx norriz et entretenuz convenablement, et
que les biens en deppendant conservez au successeur, selon qu'en tel cas ladicte
court avoit accoustumé de faire; sur lesquelles requisitions et aultres requeste par
nous, ledict d'Albamey presente commis pourveu de ladicte abbaye selon qu'il
apparissoit par placet de sa majesté, et provision tant de coadjutorie que de futeur
successeur en icelle. Le tout registré au registre de ladicte court.
Lesdict sires conseilliers nous avoient commis et depputé, selon que plus
amplement apparissoit par nostre commission que ledict sire procureur general
nous exhiboit promptement pour
[Folio 2 recto]
en sa presence et instance appellé avec nous, les greffiers de ladicte court, son
commis ou l'ung de ses clercs jurez, mectre et assoir ladicte abbaye soubz la main
de sa Majesté, ensemble les biens et revenuz d'icelle et les y regir jusques
aultrement fut ordonné, a charge de prester caution; faire faire description et
inventaire des biens, tiltres, lectraiges et reliquiaires en dependant, nous requierant
de suyvant ladicte commission, vouloir proceder a ladicte mainmise desquelles
requisitions ayant au prealable acceptée notre dicte commission; avons ouctroyé
- III -
acte audict sire procureur general et declairé comme nous declairons que nous
mectons soubz la main de ladicte Majesté, ladicte abbaye de Belevaulx, fruictz et
revenuz en dependant, et que soubz icelle, ilz seront par nous regiz jusques
aultrement soit ordonné, interdisant a tous de par sadite Majesté et ladicte court y
donner aulcung empeschement, declarant en oultre que suyvant ladicte
commission, y sera faicte resception et inventaire desdict biens, tiltres, lectraiges
et reliquiaires dependant de ladicte abbaye, et pour le
[Folio 2 verso]
regard de ladicte caution a nous ordonner de prester; declarons aussi que y
satisferont estant au lieu de Dole auquel sir procureur general avons intimé et fait
apparoir que par le placet que nous avons obtenu de ladicte Majesté et provision
sure ensuyvie pour le faict de ladicte abbaye, nous estant seullement tenu et
chargé de avant que prendre possession d'icelle de prealablement y faire
profession solempnelle pour prendre l'habit et en obtenir dispense ce que nous
avons faict selon que coustait par les actes et epesches au sire abbé de Theulley
comme grand vicaire du reverand sire et abbé de Cîteaulx general et superieur de
ladicte abbaye de Bellevaulx. Et comme ce que ledict sire procureur nous avait
veu et vesti ordinairement porter l'habit dudict ordre. Et ce a cette fin que il ne
pretendast cause d'ignorance et qui l'attesta a ladicte court ce que aulcune doubte
n'y soit mise. Laquelle mainmise avons faict assavoir audict prieur et religieulx
illec present. Lesquel ont respondu qu'ils estoient tres humbles
[Folio 3 recto]
orateurs de sa Majesté et qu'ilz obeyraient faict et donné soubz notre soin manuel
cy mis avec celluy dudict juré. Les an et les jour susdictz presens.
Et le mesme jour, ayant faict venir par devers nous, maistre Claude Roussel de
Ryoz, juge en la justice de ladicte abbaye et Claude Loye procureur en icelle,
ausquelx avons faict scavoir ladicte mainmise leur interdisant y contrevenir a
quoy ils ont dit qu'ilz obeiraient.
S 'en suyt notre commission.
Sur reqeste par escript presentes aux conseilliers de la cour souveraine du
parlement estant presentement a Dole, par le procureur general en icelle disant
qu'il estoit dehument informé et adverty qu'il auroit peu a Dieu prendre a sa part
messire Loye du Tartre, abbé de l'abbaye de Bellevaulx.
[Folio 3 verso]
Par le moyen duquel deces ladicte abbaye estoit vacante et despourveue
d'administrateur, a raison dequoy il requeroit que commis fut depputé pour asseoir
et mectre soubz la main de sa Majesté ladicte abbaye, fruictz et prouffictz et
revenuz en dependant pour soubz icelle estre regie et administrée, jusque
aultrement fut ordonné.
- IV -
A ce que le divin service soit fait et desservy selon l'intention des fondateurs, les
religieulx nourriz et entretenuz convenablement. Et les biens d'icelle abbaye
consernez aux successeurs selon qu'en tel cas ladicte court avait accoustumé de
faire; dont ladicte requeste et vue aultre surce presenté par domp Pierre d'Albamey
se disant estre pourveu de ladicte abbaye. Commis aussi cet placet et provision par
luy obtenue d'icelle abbaye. Reposant rier ladicte court lesdict conseilliers ont
commis et depputé commiectait et depputait ledict domp Pierre d'Albamey pour a
l'instance et en presence dudict procureur general et du greffier de ladicte court
sur son commis en l'ung de ses clercz jurez Moche soubz la
[Folio 4 recto]
main de sadicte Majesté ladicte abbaye, fruitz et revenuz d'icelle et les y regir
jusques aultrement soit ordonné a caution qu'il prestera, et a charge de procurer
que le divin service y dehu soit faict et administré; ledict lieu conservez et les
religieulx nouriz et entretenuz selon la fondation d'icelle abbaye, et oultre, de
faire faire description et inventaire des biens, tiltres, lectraiges et reliquiaires en
dependant par commis que a ce sera deputé.
Lequel inventaire demeurera es main dudit procureur general, donnant de ce faire
audict domp Pierre d'Albamey toute puissance neccessaire. Mandant au premier
huissier ou sergent de sa Majesté requis faire fonct deploict a ce que dessue
necessaire et qu'il en rectiffie. Faict a Dole en la chambre dudict conseil de ladicte
court, le premier jour du mois d'octobre, l'an mil cinq cent octante et quatre.
Et depuis ladicte court a commis et deputé, commect et deputé a faire ledict
inventaire. Le greffier d'icelle soit commis en l'ung de ses clercs jurez an greffe
luy donnant de ce tous pouvoirs pertinens.
[Folio 4 verso]
Ce quinzieme jour d'octobre l'an mil cinq cent octante quatre, en l'abbaye de
Bellevaulx, par moy Nicolas Toytot, juré en greffe de la court souveraine du
parlement a Dole et par elle commis en respartie, et a la requisition du noble
mestre Henry Camu, conseillier de sa Majesté et son procureur general en ses
pays et parlement de Bourgougne, aussi en presence de domp Pierre d'Albamey,
futeur successeur et pourveu de ladicte abbaye, commis a tenir icelle soubz la
main de sa Majesté, ont esté inventorié les biens tiltres, lectraiges, reliquiaires et
aultres meubles cy apres retionnez en icelle abbaye. Ayant prealablement declaré
ledict sire d'Albamey, que le revenu de ladicte abbaye avait esté laissé en
admodiation par fut domp Loys du Tartre, luy vivant abbé de ladicte abbaye a
Antoine Midoz de Moindon pour le prix de cinq mil deux cent frans, et que les
grains et vins qui se retrouveroient en ladicte abbaye appartiennent audict Midoz,
et n'en avoit delaissé aulcungs, ledict fut sire abbé
[Folio 5 recto]
et que comme ledit fut sieur faisant sa residence actuelle au lieu de Besançon,
cede meubles qu'il avoit estoit cellepart et n'en tenoit que bien peu audit
-V-
Bellevaux. Et si une porction d'iceulx avoit esté prinse et emmenée ne scoit par
cuy. Mais il estoit apres pour s'en informer.
trouvez:
En la chambre basse ou logeoit ledit fut sieur abbé ont esté
Ung lict de plume avec son cussin avec ung lodier, lanarchement estant sur ledict
lict a esté appourté par ledit sieur d'Albamey comm'il a declaré.
Item ung chalict de bois de chasne.
Item ung matherat servant a une couchette dressée en ladicte chambre sur des
lahons, garny d'ung ciel de lacy avec custode de toille.
Item deux grandz coffrez de bois ferrez, deans lesquels ne sest trouvé
[Folio 5 verso]
aulcungs meubles, fois deux vieilles robbes données auparavant en aulmones aux
serviteurs dudict sieur Deffanet.
Item ung dressoir de bois de chasne
Une table de nouhier avec son pied quarré
Item six petites chaires a dol et une petite basse tapissés
Une grande chaire a dol
Item ung tableau d'ung crucifix
Un tableau de l'effigie du pape Paul Pye
Cinq petitz tableaulz en papier
Deux andiers de fonte
En la cuysine
Deux aultres andiers de fonte
Ung viel buffet
[Folio 6 recto]
Une vieille chaire
- VI -
Trois potz de fer tant grandz que petitz
Une grille de fer
Cinq chandeliers de louthon
Deux potz de cuyvre
Deux chauldieres
Ung chauderon
Quinze platz d'estaing
Dix huict assiettes
Deux escuelles
Quatre potz tant grandz que petitz, le tout d'estaing.
En la chambre haulte dicte la chambre des dames
Deux lictz de plume avec leurs couvertes de poil de chien estais sur des charlictz
de bois anciens
Ung viel buffet
Une table avec son pied
Deux andiers de fonte
[Folio 6 verso]
En une aultre chambre haulte
Deux lictz de plume avec leurs couvertes de poil de chien, ledict lictz estant sur
des anciens charlictz de bois attachez.
Deux gros coffres de bois de chasne
Deux andiers de fonte.
En la chambre joignant a la vieille cuysine
Ung tonneau a cuver vin tenant environ trois ou quatre quehues.
Une longue table de sapin avec deux trateaulx
- VII -
En la grande cuverie sont les meubles suigans
Trois grandz tonneaulx contenant chacun environ dix huict muidz.
Ung aultre moyen tonneaulx contenant environ six ou sept muidz.
Deux aultres tonneaulx appellez rondelz en deschargent.
[Folio 7 recto]
Ung grand treul fourny de toutes pieces.
En la petite cave proche ledict treul
Deux tonneaulx contenant chacun quatre quehues.
Ung aultre tonneaulx d'environ deux quehues.
En une aultre cave proche ledict treul
Ung grand tonneaul tenant environ six quehues.
joignant
En la cuysine haulte appellée la laudrechy et au poille y
Deux gros andiers de fonte
Ung vieul chalict de chasne
Deux vieux coffres de bois
Ung buffet a l'ancienne façon
Une vielle table de cuisine
[Folio 7 verso]
Au poille
Ung petit chalict de camp
Deux bancz et une chaire a doz
- VIII -
Ung buffet de chasne
Une table de sapin, le pied quarré et tourné.
Et quant aux aultres meubles estans esdict cuisine et poille il a esté veriffié par
messire Hugues Febvre, prebstre et damoiselle Anne Fremond, femme d'Antoine
Midoz, admodiateur de ladicte abbaye, qu'ilz appartenoient a icelluy Midoz.
En la sacristie et en l'eglise sont esté retrouvez les reliquiaires
joyaulx, habitz d'aultez et aultres choses suygantes :
Scavoir une croix d'argent sur laquelle esté erigé un crucifix aussi d'argent. Le
pied de ladicte croix de louthon muny de pierreries et feullaiges d'argent.
[Folio 8 recto]
Item le chiefz de monseigneur Saint Pierre enchassé en argent, doré aux bordures.
Item le chiefz saint Estienne prothomarti, enchassé aussi en argent et doré.
Item ung reliquiaire d'argent, le pied duquel est de louthon, auquel est l'ung des
doibtz de saint Luc.
Item le bras saint Nicolas enchassé d'argent. La platine en dessoubz duquel est de
louthon aux doigs duquel il y a quatre aneaulx assortiz de pierreries.
Item une aultre ymage de sainte Lucie. Le pied d'icelle doré.
Item ung aultre bras d'argent ou l'on ont esté des reliques de saint Jehan-Baptiste
munye alentour de plusieurs pierreries aux doigs duquel bras y a cinq aneaux
assortiz aussi de pierreries.
Item en ladicte sacristie se sont retrouvez plusieurs ossemens de plusieurs sainctz
enveloupez dedans ung linge avec deux petites bources ou que l'on dict estre une
des coste de sainte Marie-Magdaleine. Des ossemens du bras Saint Pierre et de
plusieurs aultres sainctz.
[Folio 8 verso]
Item six calice d'argent, l'ung desquelx l'on dict estre le calice saint Pierre de
Vienne, la platine d'icelluy aussi l'ung des aultres doré ou sont les armoiries de
messieurs de Grandmont.
Item une couppe d'argent dorée que l'on dict estre celle dudit saint Pierre.
Item deux petites chanettes d'argent.
- IX -
Item ung encenssier avec les chaines. Le sont d'argent.
Item ung bois de longueur de deux pied sur lequel il y a de petitz feuillaiges
d'argent et, au milieu, est enclavé une croix double du Saint-Esprit enclavé sans
qu'il y aye aulcung reliquiaire.
Item audict lieu s'est retrouvé une couppe de bois au milieu de laquelle est une
rose d'argent.
Item deux mytres de satin blanc, la plus grande bordée alentour de passement d'or
et en icelle y a quatre
[Folio 9 recto]
pierres et l'aultre est celle que l'on dict estre la mytre Saint Pierre avec ce est ung
linge alentour duquel, mesme aux quatres coings sont des mouchiers de soye,
ledict linge propre a mectre a une crosse.
Item une bource a mectre des corporaulx, couverte d'ung cousté de soille d'or et de
l'autre de velour noir.
Item ung matheras avec le lodier que l'on oit estre celluy Sainct Pierre.
Item dedans une boytte de louthon s'est retrouvé une ceinture que l'on dit estre
celle dudit saint Pierre.
Item une aulbe ou il y a deux paremens en broderie devant et derrier, sur les
manches, les epaules et soubz les bras aorné de tissu faict en broderie d'or que l'on
dict estre celle dudict Saint Pierre, avec thunicque de taffetas blanc bordee de
satin rouge.
Item une croix darquemyé servant sur le grand haultel et aux pommeaulx y des
croisons de cuyvre.
Item sur ledict grand haultel est un reliquiaire de louthon doré, les reliques d’icelle
de saint Pierre, saint Paul et de plusieurs autres sainctz selon les escriptz d’icelluy.
[Folio 9 verso]
Item sur ung derrier le grand aultel sont deux chiefz, l'ung de sainct Theodore et
l'aultre des onze mille vierges enchassées de louthon en cuyvre.
Item sur le mesme aultel est ung aultre reliquiaire que l'on dit le benedixiti
enchassé de louthon ou sont des reliques de saint Antoine et d'aultres sainctz.
Item ung tapi que sert sur le grand aultel, tissu de beaulcoup façons de soie avec
une nappe damassée.
-X-
Item en l'eglise de l'abbaye dudict Bellevaulx sont dix haube pour faire le service
divin et sur les autelz et en ladicte sacristie sont des nappes y servans.
Item en ladicte sacristie et en ladicte eglise et pour le service que l'on faict en
icelle sont les chasubles tunicques et chappes de son suyvent.
Scavoir une chasuble et deux tunicques de satin turquin, de plusieurs couleurs
doublée de bougran noir.
Item une chasuble, deux tunicques et deux chappes jaulne.
[Folio 10 recto]
Item une chasuble de velour bleu, l'ouffroy de laquelle est de velour rouge enrichy
et bordé d'or par derrier et par devant est une croix de taftas rouge doublée de
bougran rouge.
Item une aultre chasuble de velour rouge, figurée de bleu l'ouffroy de laquelle est
de fil d'or, de soye blanche, verde et grise.
Item une chasuble de velour bleu figuré l'ouffroy de laquelle est de broderie et en
icelluy sont plusieurs [
] 1 et ung Agnus Dei icelle doublés de bougran rouge.
Item une chasuble de damas vert, figure l'ouffroy de laquelle est de broderie et y a
plusieurs ymages de Notre Dame et aultres sainctz.
Item une chappe de damas semé par le dessus a plusieurs endroictz de fleurs d'or.
Item une chasuble et deux tunicques de damas blanc figuré, l'ouffroy de laquelle
chasuble en broderie de fil d'or. Et aussi y a deux chappes de damas blanc.
[Folio 10 verso]
Item deux tunicques de taftas gris, l'une tirant sur couleur bleue.
Item une chasuble et deux tunicques faictes de broderies en or, ladicte chasuble
semée de pierrreries.
Item une chasuble de velour rouge ou il y a plusieurs armoiries au lyon enrichies
de perles avec les deux tunicques de taffetas rouge.
Item une chasuble de samy orangiers et les tunicques de mesme matiere.
Item trois chappes noir avec une chasuble et deux tunicques, le sont de camelot
noir.
1
Illisible sur le document
- XI -
Item une chasuble et deux tunicques de taftas vert.
Item une chasuble a la vieille façon de samye gris.
Item une tunicque de taftas rouge.
Item deux tunicques de toille blanche.
Item une chasuble verde ou sont les armoiries de messire de Grantmont.
[Folio 11 recto]
Item une vieille chasuble de couleur orange figuré de rozes bordés avec deux
vieilles tunicques de taftas bleu. Aussi une vieille chasuble de taffetas rouge et
encore une aultre de samys.
Item le poille et ciel servant a porter le Corpus Domini avec sa chapelle de cuyr
doré.
Item dix nappes servantz aux aultez pour le service divin.
Item par fut reverand sieur messire Loyd du Tartre, evecque de Nicopoly,
suffragent de Besançon et ledict abbé dudit Bellevaulx, sont esté donnez en
ladicte abbaye: une chappe, une chasuble et deux tunicques de taftas blanc avec
les estoles et manipules. Lequel a aussi donné ung parement et devant d'aultre en
forme d'ung tapis figuré d'or et d'argent en fleurs et au mylieu y a une ymage de
saincte Magdeleine embrassant une croix.
Item une crosse d'argent doré de l'haulteur de plus d'ung homme, icelle estant de
cinq pieces et laquelle de toute ancienneté appartient a ladicte abbaye.
Item une mytre bordée et enrichie de perles appartenant aussi audict couvent de
toute ancieneté .
[Folio 11 verso]
Bellevaulx.
S'ensuyvent plusieurs tiltres retrouvez en l'abbaye dudict
Scavoir plusieurs tiltres estans dedans ung sac servantz pour les drois que les
sieurs dudict Bellevaulx ont, au lieu de Braillans escript sur le dict sac Braillans
entre lesquelx est l'accenssement de la grange dudict Braillans. Lesdict tiltres en
nombre de douze. Ledict sac cothé.
A
Ung aultre sac sur lequel est escript Vieilley, Merey et Venize en sont douze
tiltres tant en papier que parchemin. Ung commencement d'inventaire celhe ledict
sac.
- XII -
B
Ung aultre sac ou sont plusieurs tiltres servans auxdict sieurs des redelvances a
eulx dehues a Montaigney, Arbois et Salins desquelles redelvances l'on ne jouy
presentement comme il a esté attesté par frere Pierre Parisot, prieur de ladicte
abbaye. Lesdict tiltres en nombre de quarante. Icelluy sac cothé.
C
Ung aultre sac lequel est escript Dampierre, Fontenoy et Noroy duquel y a vingt
six tiltres. Ledict sac cothé.
D
Ung aultre sac de plusieurs tiltres escript au-dessus Monstarlot concernant le
priorey dudict Monstarlot annexé a ladicte abbaye. Les bulles de ladicte abbaye
annexé y estans et y a treize tiltres en parchemin et aultres en papier, mesme ung
commencement d'inventaire desdict tiltres. Icelluy sac cothé.
E
[Folio 12 recto]
Ung aultre de plusieurs tiltres cothé au dessus Baulmotte ou il y a vingt deux
tiltres en parchemin et trois en papier. Ledict sac cothé.
F
Item ung aultre sac sur lequel est escript Menoux et Moydan estant icelluy huit
tiltres en parchemin. Cothé.
G
Ung aultre escript Ebertans ou sont dix huict tiltres en parchemin . Ledict sac
cothé.
H
Ung aultre sac escript dessus Rouland et Rougemont, deans lequel sont neuf tiltres
en parchemin. Cothé.
J
Ung aultre sac ou il y a trente tiltres en parchemin, sur lequel est escript
Verchamps, Rougemont, Guillon, Coudrey, Fran et Lartan. Cothé.
K
Item dedans ung aultre sac sont trente tiltres en parchemin et deux en papier, sur
ledict sac est escript Pirey, Geneulles, Genevrey, Cuegney, Moilley, Villerchemin,
Russey, Poloingnon, Cicon, Myollot, Ucelle, Villersgrelot, Saultoyson, Ryol,
Gonhenans, Mesandans, Cromary, Noroz, Mons, ledict Villers espres Malussy
aux Montbresson. Ledict sac cothé.
L
[Folio 12 verso]
Ung aultre sac auquel sont neuf tiltres en parchemin et ung en papier, sur lequel
sac est escript Nensvelles, Breurey et Chey. Cothé.
M
Ung aultre sac escript au-dessus Besançon, Arbois et Lyon-le-Saulnier deans
lequel sont quinze tiltres en parchemin et six en papier. Cothé.
N
Ung aultre escript au-dessus Vandelans ou sont dix huict tiltres en parchemin et
deux en papier. Cothé.
- XIII -
O
Ung aultre escript Hyvre, Salins, Bahle sur le deux et Banlins ou il y a onze tiltres
en parchemin et trois en papier. Cothé.
P
Ung aultre escript au-dessus Dornoy ou il y a trois tiltres avec quelques papiers
attaichés. Cothez.
Q
Ung aultre sur lequel est escript pour messieurs les procureur general et frere Loys
du Tartre supplians contre François Ronssenot de Quenviche ou il y a plusieurs
missives et aultres papiers. Cothé.
R
Ung aultre sac ou sont plusieurs pieces sur lequel est escript pour les Flagey
contre les maitres des forges. Cothé.
S
[Folio 13 recto]
Ung sac d'ung proces des sires venerables contre Claude Gresllemont. Cothé.
T
Ung aultre sac d'ung proces pour les sires dudict Bellevaulx contre messire
Estienne de Crusille concernant le faict de la cure de Chambornay. Cothé.
U
Ung aultre sac d'ung proces desdict sires venerables contre Claude Gresllemont au
faict d'une recreance des fruictz d'aulcung heritaiges deppendans de la grange de
Montarlot. Cothé.
V
Item ung aultre sac retrenus au cabinet dedans ung coffre de cuyr bonlir avec
d'aultres ou sont quarante trois tiltres en parchemin et trois en papier sur lequel est
escript Marchault et Chasault. Cothé.
A.A
Ung aultre sac sur lequel est escript lettres de constitution de rentes au prouffit des
sires venerables de Bellevaulx. Et deans icelluy sont cinquante trois tiltres en
parchemin et cinq en papier. Cothé.
B.B
Ung aultre est escript Valleroy pres Bellevaulx ou il y a trente deux tiltres en
parchemin et sept en papier. Cothé.
C.C
[Folio 13 verso]
Ung aultre escript Thurey, Chambornay et Neufvegrange ou sont cinquante quatre
tiltres en parchemin et six en papier avec plusieurs quictance de patronaige de
Chambornay. Cothé.
D.D
Ung aultre d'ung proces pour le sire de Bellevaulx contre messire Estienne de
Crusille au tant de la cure de Chambornay et Cyrey y estans dix sept tiltres en
parchemin et quatre en papier avec ung inventaire des pieces exhibées audict
proces. Cothé.
- XIV -
E.E
Ung aultre escript dessus Behans ou sont vingt-cinq tiltres en parchemin et huit en
papier. Cothé.
F.F
Ung proces en ung sac contre le curé de Quenoche pour le faict de ladicte cure,
deans lequel sont quatre vieulx tiltres et ung aultre. Cothé.
G.G
Ung aultre sac sur lequel est escript les granges Tronchierfontene et Verjoulet ou
sont quatre tiltres en parchemin. Cothé.
H.H
Ung aultre escript Bathenaux et Morchamps ou sont treize tiltres en parchemin et
cinq en papier. Ledict sac cothé.
J.J
[Folio 14 recto ]
Ung sac d'ung proces pour les sires de Bellevaulx contre le procureur de
Montbozon deans lequel sont dix huict tiltres oultre la procedure dudict proces
avec une sentence en parchemin rendue au siege de Vesoul confirmatin a celle
rendue par le juge dudict Bellevaulx. Ledict sac cothé.
K.K
Ung aultre sac qu'est ung proces au faict des dismes de Baulmotte y estans deux
tiltres en parchemin. Cothé.
L.L
Ung aultre escript au-dessus Chambornay ou sont soixante quatre tiltres en
parchemin et six en papier. Cothé.
M.M
Ung aultre escript au-dessus Vaivre, Eschenoz-le-sec, Filay et Cheney ou sont
trente ung tiltres en parchemin et quatre en papier. Cothé.
N.N
Ung aultre escript Germondans ou sont ving ung tiltres en parchemin et ung en
papier. Cothé.
O.O
Deux aultres accouplez ensemble, escript sur l'ung Cocelles, Regney, Myellot et
sur l'aultre Molin, Martin, Regney et Rignosot. Cothé le premier.
P.P
Et l'aultre, Q.Q sestans tenuz en celluy de P.P quatorze tiltres en parchemin et six
en papier et l'aultre cothé Q.Q quinze tiltres en parchemin et six en papier.
Q.Q
Ung aultre escript au-dessus pour noble Guillaume Vollier ou sont trente cinq
tiltres en parchemin et six en papier. Cothé.
R.R
[Folio 14 verso]
Ung aultre escript tiltres de Quenoche ou sont quarante tiltres en parchemin.
Cothé.
S.S
Ung aultre escript dessus Marluz ou sont neufz tiltres en parchemin et ung en
papier. Cothé.
- XV -
T.T
Deux aultres sac accouplez ensemble, l'ung escript dessus sac des dîmes et l'aultre
d'ung proces pour les sirs de Bellevaux contre le procureur general du parlement
de Dole. S'estans retenuez en celluy des dimes vingt neufz tiltres en parchemin et
ung en papier et en l'aultre trente ung tiltres en parchemin. Ledict sac cothé.
U.U
Ung aultre escript Argyrez, Villerspater et Cromary ou sont tente deux tiltres en
parchemin et six en papier. Cothé.
V.V
Ung aultre ou est escript bulles aplicques ou il y a tant bulles que tiltres, vingt
trois et huict papier. Cothé.
Y.Y
Ung aultre d'ung proces sur Michiel Moris de Tienez, deans lequel est le tiltre, la
cense de trente cinq quartes froment. Cothé.
Z.Z
Ung aultre des tiltres d'Aulthoyson ou sont soixante cinq tiltres en parchemin et
dix sept en papier. Ledict sac cothé.
G.G
Ung aultre sac sur lequel est escript tiltres de Filain y estant sept tiltres en
parchemin et austant en papier. Cothé.
Pa
[Folio 15 recto]
Ung aultre d'ung proces contre les Merot de Chauldefontaine ou n'y a que des
pieces en papier. Cothé.
Ter
Ung aultre d'ung proces contre Paris Gilbert ou sont quatre tiltres en parchemin.
Cothé.
No
Ung aultre d'ung proces contre monsire d'Audeloc ou sont soixante deux tiltres en
parchemin et seize en papier. Cothé.
Ster
Sur ung aultre des tiltres de Chambornet ou sont vingt tiltres en parchemin et huict
en papier. Cothé.
Qui
Ung aultre escript dessus previlegia ou sont soixante sept tiltres en parchemin et
treize en papier. Cothé.
Es
Ung aultre des tiltres du Frostan, Andelarot, de Vellefaux ou sont quarante six
tiltres en parchemin et vingtz en papier. Cothé.
In
Ung aultre de Chastillon Guyotte ou sont six tiltres en parchemin et austang en
papier avec plusieurs aultres proces en parchemin et papier attaichers ensemble.
Cothé.
Coe
Ung aultre escript au-dessus Anthonson ou sont dix neufz tiltres en parchemin et
quatre en papier. Cothé.
- XVI -
Lis
Ung aultre escript dessus Moncey et Venize ou sont quarante trois tiltres en
parchemin. Cothé.
Sanc
[Folio 15 verso]
Ung aultre escript au-dessus Griseulle, Maulfans, Mancenan, Olanz et
Villersuccon ou sont dix neuf tiltres en parchemin et deux en papier. Cothé.
Ti
Ung aultre escript au-dessus Cirey ou sont quatre vingtz neufz tiltres en
parchemin et seize en papier. Cothé.
Fi
Ung aultre escript dessus Roiche-sur-Longnon ou sont cinquante ung tiltres en
parchemin et dix sept en papier. Cothé.
Ce
Ung aultre escript dessus Magnyd ou sont onze tiltres en parchemin et quatre en
papier. Cothé.
Tur
Ung aultre escript dessus Chauldefontaine ou sont vingt quatre tiltres en
parchemin et cinq en papier. Cothé.
No
Ung aultre escript dessus Polongney ou sont six tiltres en parchemin et ung en
papier. Cothé.
Men
Ung sac escript au-dessus Ryol, Fondrement et les granges ou sont quarantes ung
tiltres en parchemin et douze en papier. Cothé.
Tu
Item ung aultre grand sac ou sont plusieurs minutes de recongnoisance servant a
ladicte abbaye que les officiers dudict Bellevaulx ont declaré debvoit estre de
expediées par les heritiers servent maistre.
[Folio 16 recto]
Guillaume Crenoiseret et Johan Goluz dont proces est pendant en ladicte court es
mains desquelx heritiers comme l'on dit se trouvera le commencement de la greffe
desdict recongnoissances pour la multitude et grand nombre desqelles minutes
nous a esté faicte aultre decription. Sur lequel sac est et escript les recongnoissans
retriées heritiers Jehan Goluz.
En ung grand sac se sont retrouvez neufz aultres sacz de papiers et tiltres amassez,
non encores separez n'y distinguez pour recognoistre a quy ilz servent sinon en
termes generaulx. Ledict grand sac cothé.
Ave
Sur l'ung desquelx sacz est escript tiltres pour l'abbaye de Bellevaulx et en icelluy
ont esté tenuz quatre vung seize tiltres en parchemin et vung cinq en papier.
Ledict sac cothé.
- XVII -
Maria
Item ung aultre sac sur lequel est escript Bellevaulx et deans lequel icelluy sont
plusieurs pieces de proces tenuz contre divers tant subjectz de ladicte abbaye que
aultres. Ledict sac cothé.
Gracia
[Folio 16 verso]
Ung aultre sac sur lequel est escript tiltres et recongnoissances concernans
l'abbaye de Bellevaulx. Cothé.
Plena
Deux aultres sacz attaichez ensemble concernans l'admodiation faicte de ladicte
abbaye et revenuz d'icelle à Nicolas Berens et Aymé, norrice de Dole et
subadmodiation à Nicolas brut. Ledict sac cothé.
Dominus
Ung sac ou sont huict tiltres en parchemin et plusieurs papier concernans une
cause demeurer en l'officialité contre Jehanne Hastot. Ledict sac cothé.
Tecum
Ung aultre sac sur lequel est escript Monteignez ou sont vung sept tiltres en
parchemin. Cothé.
Benedicta
Plus deans ledict sac, grand sac cothé, avec sont esté trouvez divers papiers et
tiltres pour la multitude desquelx nous a esté faicte aultre description.
Surattendant le Loy sire dudict sire abbé. Deans lequel sont estez remis ledict
susdict sac.
Item ung viel inventaire des livres, meubles et joyaulx de ladicte abbaye.
[Folio 17 recto]
mesmes de ceulx qu'estoient en la maison de Besançon. En l'an mil quatre cens
octante et ung.
Item cinq comptes du revenu de ladicte abbaye des années quinze cens cinquante
ung, soixante deux, soixante trois, septante ung et septante huict.
Item deux manuels et ung papier des fermes du revenu de ladicte abbaye.
La grosse des enquestes en papier contenant C III
Villier de Salin et Guyd des Haultz.
XX
VII fuilletz signés en fin
Item ung repertoire en parchemin, des biens et revenuz de ladicte abbaye
commenteant, descriptiones, locorum et villarum et finissant au penultiesme
fuillet Manssuy [
] 2 dira Carloz.

2
Abbreviation incomprehensible.
- XVIII -
Annexe 2.
 Procès-verbal de 1616 
[Folio 1 recto]
Avoit sur ledict grand haultel, un tabernacle de bois[ ] 3 menuserie painct de doré
tout à neuf, dans lequel repose le tres Sainct Sacrement de l'aultel, que dessus
present nous ont declaré avoir este ainsi orné [ ] 4 ledict sire de Bellevaux, sont
environ six ans de [ ] 5 serment sur ledict haultel, au lieu qu'au paravant il estoit
referre en certaine (areuaire) de sur ledict devant, avons veu un voile de teffetas
rouge, de quel il est connu que lesdict religieux nous ont vraiment declaré avoir
este donné pour ledict sire de Bellevaux, et que avoit faict repeindre et redoré
deux figures d'ange taillées de bois, qui accompagnent ledict tabernacle, derrier
lequel est un grand tableau, aussi contenant les figures de Notre Seigneur et des
douze appostres, en relief pains et doré a l’anticque, avec les vantaux de platte
peinture, le tout en bon estat sauf que paroist estre antich.
En oultre, avons relegué que ledict grand haultel se pare d'un devant de tapisserie
en cuyr doré, assez usé et aljustant [ ] 6 et a esté representé un aultre de matiere
de [ ] 7 des armes dudict sire de Bellevaux que lesdicts religieux nous ont dict
avoir esté donné par luy, avec un grand tapis de mesme estoffe qui couvre le
grand haultel et deux carreaux, de mesme que sont les mesmes ornemens, dont
ledict haultel estoit paré lors que ledict sire abbé de Niselle eu faict la visitte au
mois de juin de l'an mil six cens et quinze, et qu'il y souloit avoir un aultre avec en
devant ledict aultel avec les armes du fut sire d'Albamey, [ ] 8 abbé, dont l'haultel
Notre Dame est presentement paré. Encore avons vu sur ledict grand haultel deux
vases et deux chandeliers d’eglise, le tout estans que ledict sire de Bellevaux y a
donné ; et quant aux reliquiaires, y en avons vu deux que l'on nous a dict estre des
chefz : l'un de sainct Theodose martir, et l'aultre d'une des onze milz vierges qui
sont enchassé dans des bulles de cuyvre soustenus, declaré [ ] 9 lesquels [ ]10
sur ledict grand haultel et n’ont esté plus richement enchassés, crainte qu’elles ne
fussent esrobées.
[Folio 1 verso]
comme lesdicts religieux ont dit [ ] 11 aultre (roue), mais nous ont declaré que
dans la sacristie il y auroit plusieurs aultres reliquiaires enchassez d'argent, pour la
recongnoissance, lesquelx avons esté en ladicte sacristie conduict par ledict dom
3
Document altéré.
Document altéré.
5
Document altéré.
6
Document altéré.
7
Document altéré.
8
Document altéré.
9
Document altéré.
10
Document altéré.
11
Document altéré.
4
- XIX -
Fernands Seguin ou il nous a faict veoir deux chefz d'argent de la grosseur du
naturel et dans l'un esquelx est le chef de sainct Pierre archevesque de Taraisque,
et l'aultre de sainct Estienn, premier martir, avec une croix d'argent de la haulteur
d’environ troie pieds soustenue par un pied de cuyvre et une petite figure de
saincte Lucie de la haulteur de deux pied, ausi d'argent sauf que la base est de
cuyvre.
Oultre quelques aultres reliquiaires de cuyvre doré et nous estant dequel où
estoient les reliques de sainct Jehan Chrisostome et de sainct Nicolas, mentionnée
en la visitte dudict sire de Niselle. Ledict dom Seguin nous a faict veoir plusieurs
ossemens enveloppez dans un linge, avec quelques lamel d'argen qui ont aultrefois
servi à un bras auquel lesdict ossemens de sainct estoient enchassez, mais avoit
esté desrobez et perdus espace de plus de vint ans. Ilz furent retreuvez dans un
bois entre Plessure et Quenoche en l'an mil six cens et sept.
Et a la requisition dudict sire official, avons interrogier ledict dom Fernands
Seguin, si ledict sire de Niselle faisant sadicte visitte l'an passé, avoit visitté
ladicte sacristie et releguier lesdict reliquiaires. Il nous a respndu que non, mais
qu'il se contenta de recquerir de luy combien il avoit d’aubes et aultres ornemens
d’eglise et si les reliques estoyent convenablement enchassées. De quoy, il luy
declaré la verité en ayant faict voir audict sire sacristain la copie signé Tuiseau
d'un inventaire faict le vung sixieme juillet de l'an mil six cens et quinze, de tous
les ornemens d’haultel et sanctuaires de ladicte abbaye ; cy apres en avoir
entendu la lecture d'article à aultre, il nous a dit que le tout estoie encore en estre
presentement de ce que il rendront compte,
[Folio 3 recto]
toutes et quanteffois pour ce que au regard qui pour a sa charge et quant à ceux
qui ont estez a Besançon avec la crosse abbatiale, ilz sont en la puissance dudict
sire de Bellevaux pour estre comprins plus surement. En demandant si ledict sire
de Niselle avoit particulierement visitté et regardé tous lesdicts ornemens et
sanctuaires rapportés audict inventaire, et qui nous ont este presentez, il nous a dit
que non et qu'il ne fait aultre que recquerir verbalement et ce qui estoit en la
sacristie.
En escripvant ledict sire Official est offer de metre encore entre les mains dudict
sacristain, d'aultre ornemens que ledict sire de Bellevaux a faict faire tout à neuf
pour l’ornemen de ladicte eglise et du service divin qui se celebre en icelle, et par
effet ledict a reputé de remettre en puissance dudict sacristain, tel qu'ilz sont cy
apres declarez :
Premierement un devant d'haultel de damas rouge cramoisi , enrichi de passemens
d'or et des armes dudict sire de Bellevaux pour servir au grand haultel.
Uung aultre de damas blanc orné, enrichi de mesmes passemens et armes pour
l’usage dudict grand haultel.
- XX -
Ung aultre de drap noir avec une grande croix de boucassin blanc et un aultre de
mesme, propre à metre sur le fenestre lors que l'on chante pour les trepassés.
Encore deux aultres devant d'haultel de matiere de mi soye figuré de jaulne et de
blanc en forme de devant avec deux passemens vert en l'un et rouge et bleu de
l'aultre des arames dudict sire de Bellevaux en broderie comme aux broderis, l'un
pour servir a l'haultel Notre Dame et l'aultre pour celuy de la chapelle Sainct
Pierre.
Un aultre devant d'haultel d'etoffe de Flandres, figuré de jaulne et rouge avec
mesme passemen rouge et bleu et armes en broderie pour orner l'haultel de la
chapelle dicte de l'Admiral des maisons de Vienne et d’Oiselet.
[Folio 3 verso]
Plus douze nappes ouvrées, deux de lin, deux de chaque pour couvrir lesdict
haultels.
Le tout remis en notre presence es main dudict Fernands Seguin, sacristain qui
s'est chargé des garde avec les aultres sanctuaires de ladicte eglise.
Interrogié combien il y avoit de nappes et d'autres en ladicte eglise au cours de la
visitte dudict sire de Niselle, dict qu'il y avoit quatorze aubes, tant bonnes que
vielles, dont sept present bonnes et les aultres fort usées et neuf nappes.
Ce faict, avons visitté tous les haultels et chapelles de ladicte eglise. Et
premierement celuy qui est dans le cœur appelé l'haultel de l'Admiral, nous
l'avons tenue paré d'un devant d'aultel de cuyr doré avec deux images en reliefz
assez bien toinées formées.
Hors du cœur, celuy de la chappelle Notre Dame paré d'un devant d'haultel de
matiere verte et avec un tableau de platte peinture presque tout neuf et en bon
estat.
Celuy de la chappelle Sainct Antoine, avec deux statues: l'une de Notre Dame de
pitié et l'aultre de sainct Antoine, peintes et dorées et sont vielles et neanmoins en
assez bon estat et un devant d'haultel en cuyr doré avec la nappe et le tapis. Nous
ayant esté declaré que ladicte chappelle avoit esté bastie et fonder par la maison
de Montmartin.
En la chappelle de Toussainctz, dicte de Rougemont, avons tenue l'haultel
senblables, paré d'un devant de cuyr doré avec un viel tableau de platte peinture
tou gasté de viellesse.
En la chappelle Sainct Jean, n'avons treuvé aucun parement en l'haultel, sur lequel
sont trois statues en relief de Notre Dame, de sainct Jehan et de sainct François et
un tableau de toille peincte a destrempe qui a servi en paremen au grand haultel.
- XXI -
Et nous a esté declaré par lesdict religieux qu'ilz avoient entendu que le tableau
estat aultrefois en ladicte chappelle avoit esté aultrefois transporté
[Folio 4 recto]
par les seigneurs (d’Ache) 12, fondateurs de ladicte chappelle au lieu d’Avilley ou
il est encore presentement.
La chappelle suivante, appellé la Trinité ou sont la sepulture quelques seigneurs
de la maison de La Rian n'a aucun parement et haultel et et selement un viel
tableau de platte peinture tout gasté et rompu de viellesse.
En celle de Sainct Sebastien, fondé par les sire d’Andelot, il y a une statue de
sainct Sebastien en relief et un viel tableau tout gasté sans ancun ornement.
Celle de Sainct Humbert a une statue de Notre Dame et une de sainct Humbert
bien peinct et dorée, et un tableau de sire Humbert a qu’elle, qui est decoré, assez
beau, n'estant gasté que par l'umidité du lieu. Nous ayant esté declaré par lesdict
religieux qu'il n'y avoit pas quinze ans qu'il avoit esté faict.
La chappelle des Trois Roys, fondé par les sire de Chastillon a un tableau peinct
de bois,dont les couleurs paraissent encore assez bien et neanmois tombent et
ecaillent toutes par l'umidité du lieu.
Celle de Sainct Laurent de mesme.
Et quant a celle de Sainct Pierre, estant tout au bout de ladicte eglise, fonder par
les Contes de la Roche, nous avons tenus l'haultel paré d'un grand cuyr avec deux
tableau tout escourchez.
Encore proche la porte du cœur, est un aultre haultel appellé de Sainct Anne avec
un viel tableau de bois en relief et un ancien parement de violet avec une image en
broderie de saincte Solaine.
Sur quoy ledict sire Official nous a remonstré que toutes lesdictes chapelles ayant
esté fondées par les seigneurs presentemen du pays, selon que les armes et
sepultures de leur maison. Lesquelx est à la charge d’eux les entretenir et non du
sire abbé. Aussi pensere notre [ ], 13 ont
[Folio 4 verso]
declaré audict sire religieux que dit intention estant d'y faire faire des tableaux.
Nous ayant depuis remonstré que si l’on tenoit lesdicts haultelz paré, les ornemens
seroient incontinent pourris ce que les religieux presents ont adjugé. Aussi avons
nous recognu alors que l'umidité est fort grande, selon que la verdeur des
murailles le demonstrant.
12
13
Ce mot est difficilement lisible dans le document. Ce terme semble le plus probable.
Mot illisible dans le document.
- XXII -
De plus, ledict sire Official nous a faict veoir le crucifix estant sur l'haultel du
coeur avec des images de Notre Dame et sainct Jehan, taillées de bois de relief,
ont esté repeintes tout a neuf aux frais dudict sire de Bellevaux, les armes duquel
sont peintes au pied de la croix avec le miliaire de l'an mil six cens et quinze.
Plus, nous a monstré une porte neusve de bois de chasne, qu'il y a faict faire avec
des ballustres a tour pour fermer l’entrée du coeur et d'aultre ancienes balustres
qu'il a faict propre de partout, d'aultres des allées joignantes audict coeur afin que
les[
] n’y puissent estre pendant la celebration du service, conformemen a
l'ordonnance du sire de Cîteau.
Quand aux vitres de ladicte eglise, les avons tenus toutes en assez bon estat sans
aucune ruyne notable, soit au coeur, a la nef ou aux chappelles.
Et pour le regard des livres, graduelz, antiplionaires et aultres, dom Claude Cichet,
prebstre, religieux en ladicte abbaye, nous a declaré que sur la difficulté que l’en a
heu de treuver des neuf a vendre, le sire de Bellevaux a marchandé a luy de
rabiller et remettre au besoing les anciens.
[Folio 5 recto]
moyennant la somme de quarante huict francs, selon qu'il nous en a aussi apparu
par le marché en datte du troizieme janvier mil six cens et seize, suyvant lequel il
en a este raccommodé quatre : scavoir les deux graduez, deux des heures de
mattine. Lesquelx il nous faict veoir et les avons recognu, proprement recouvert,
referrez et reliottez au dedans ou il a esté besoing en sorte que cy apres l'un s'en
pourra commodement servir.
Et pour recognoistre la cause de l’umidité de ladicte eglise indehument du coté
des chappelles et particulierement estre la chappelle Sainct Pierre et le grand
portal, somme sortis hors de icelle et tournant a le tour, avons regardé que le
terrain est fort (hau) du costé desdictes chappelles, ce que pour les ecoulements a
aultrefois creusé un fossé tout du long. Lequel a besoin d'estre de nouveau
repurgé, resparé en profondeur davantage a l'endroict qui commence de l'angle de
ladicte chappelle Sainct Pierre. Il sera mieux de le continuer encore jusques
proche la muraille joignant audict grand pourtal, afin de donnez [ ] 14 qui tombe
du couvent de l'eglise en cest endroit et de certaine fontaine y joignant jusqu’au
destourner, qu'elle ne regorge plus avant dedans l'eglise pendant les grandes
pluyes.
Et toinant aux environs de ladicte abbaye, avons remarqué qu'elle est souvent
entretenue de couverture tant au regard de l'eglise que de tous les aultres
bastimens, tous recouvers, de moins pour la plus grande partie de tuiles plattes et
coupés.
14
Mot illisible dans le document.
- XXIII -
De la, somme retirés au cloistre joignant ladicte eglise; la massonerie duquel nous
avons tenue en bon estat la couverture bien entretenue. Le lambrissage en dedans
en aussez bon estat, sauf qu'il a besoing de quelques menues reparation. Le
pavement des deux costez faict pour la plupart de vielles tombes et tables de
pierres en assez bonne
[Folio 5 verso]
forme. Les deux aultres allées parées de carraus, l'une bien entoré et en bon estat
et l'aultre un peu ruynée a raison de plusieurs carraus que l’on voit lesdicts en
ruyne et rompus en divers endrois. Sur quoy ledict sire Official nous a remonstré
que ledict sire de Bellevaux en avoit marchandé la reparation il y a deux mois.
Et en dedans dudict cloistre joignant a li cloz est une belle et vive fontaine que
ledict sire de Bellevaux y a faict redresser et reconduyre pour la commodité des
religieux, selon qu’il avoit esté admise advisé lore que le sire consellier Rosler a
fait la visitte en l’an mil six cens et sept.
Dez ledict cloistre, sommes esté au chapitre y joignant que nous avons treuvé en
bon estat, mesme que le planchier a esté refaict tout a neuf, de planches et platons
de chesne.
Encore au joignant dudict cloistre, nous a esté montré une grande cuisine, appellé
la cuisine du couvent avec deux cheminées, dont l’une est tombée en redresant le
plancher, qu’avons veu estre refaict tout a neuf. De l’aultre est entiere avec une
grande plattine de fonte, et tout aupres est le nouveau refectoir qu’avons veu avoir
esté platonné tout a neuf, dont de chesne, avec un beau plancher de mesme; une
table neusve, un tranchoir et des placards pour la commodité des religieux qui
conviennent estre de manger ensemble au refectoir, ne restant plus que de plastré
et blanchir les murailles et poser quelques placards aux armoires. Aussi avons vu
que les vitres y ont esté faicts toutes neusves et nous a semblés que ledict refectoir
fu fai beau et commode, d’autan plus qu’il joint a ladicte cuisine, l’une des
cheminées dans laquelle le plus eschauffer en hiver par le moyen de la plattine y
estant du costel du refectoir oultre la commodité du service qui se fera par les
ouvertures estimées a cet effet.
Estant ladicte cuisine, il a
[Folio 6 recto]
repavée de grandes laves de pierres taillees. Nous ayant esté declaré par ledict sire
Official que le reste du pavement estoit ja marchandé et les placards prest a metre
audict refectoir, et qu’en plus, soit le sire de Bellevaux eschargié de faire redresser
la cheminée rompue et blanchir ledict refectoir, moyennant quoy, lesdicts cuisine
et refectoire se trouveront bien accommodez de chaleur convenable. Et nous a esté
declaré Jehan Tousseler, qui a prins de les sires religieux sont passez [ ] 15 qu’ilz
avoient accoustumé de manger cy devant en ladicte cuisine qu’en leur venoit du
15
Mot illisible dans le document.
- XXIV -
refectoir et que le lieu auquel a esté dressé le refectoir nouveau estoien jubte et
ruyneulx sans planchez n’y pavements.
Dez la, sommes monté au dortoir qu’avons treuvé en un aul pacieux, de la
longueur d’environ dix sept toises cinq de largeur. Lequel avons recogneu avoir
esté platonné tout a neuf de platons de chasne, et ce depuis la visitte du sire de
Niselle et sont audict dortoir neuf cellules ou chambrettes fermées de lahons de
chesne. Les planchers desquelles sont ruinez, sauf de deux que le sire de
Bellevaux a esté faict raccommodé, nous ayant esté declaré par ledict sire Official
que la reparation et parachevement de tout le surplus, estoit marchandé, sont
passez quatre mois, et les materiaux tous prestz et avons recougnu qu’il n’y avoit
jamais heu, que lesdicts neuf sellules audict dortoir toutes d’un mesme costé,
prenant jour sur le jardin et qu’il n’y pouvoit avoir davantage pour ce que l’en ne
peut prendre jour d’aultre costel. Item d’aultre costé, sauf en un coing vu, lesdict
religieux nous ont dict que y avoit aultrefois une chambrette qui a esté rompu
parce quelle n’estoit pas en lieu commode, et ce avant la provision dudict sire de
Bellevaux, avant laquelle ledict dortoir estoit treuvé ruiné, estant en tres piteux
estat.
[Folio 6 verso]
En sortant dudict dortoir, ledict sire Official nous a faict monter en une chambre
fort prochaine estre lui, laquelle il nous a dict avoir esté y devant estimée pour
l’infirmerie; de faict avons recougnu qu’elle est assez capable, qu’il y a une
cheminée et que l’on peut y loger et recevoir des malades trouvant quelle soit
dehument accomodée, estant pour le present [ ]. 16
Et sur ce que, nous avons demandé s’il y avoit les propre a recepvoir les hostes
religieux estrangers et passans, ledict sire Official nous a dict que pendant le
seront dudict sire de Bellevaux en ceste abbaye, il les a receues a sa table, logé au
corps du logis qui nous sera tantost monstré, et fourny de toutes leurs necessitez,
et que quant sa santé n’a pas permis de delivrer, il a donné charge a frere Antoine
Bourgerie, celerier de les recepvoir, de loger et traicter a bien fournir de toutes
choses. Nous et luy a passé pour cela les parcelles qu’il luy a par apres rapporté.
Ce que ledict sieure Antoine Bourgerie present nous a adveré et dict que suyvant
ledict avons [ ] 17 il avoit logé et receu en sa mesme chambre.
Et apres pour reconoistre le logement des religieux, avons esté conduit en quatre
chambres a [
] 18 deux joignantes au dortoir et deux proche le cloistre, dans
lesquelles logent ledict officier et avec eulx les aultres religieux, tant aux
chambres qu’aux cabinet y joignant, attendant la reparation du dortoir, lesdictes
chambres estans bien commodes et en assez bonnes reparations.
16
Mot illisible dans le document.
Mot illisible dans le document.
18
Mot illisible dans le document.
17
- XXV -
Ce faict, ledict sire Official pour nous faire veoir particulierement les reparations
que ledict sire de Bellevaux a faict dans sa pemsion en ladicte abbaye nous a
requis, delivré, ledict Official de la justice oficelle, a quoy a acquiesant , nous
avons receu le serment de messire Jehan Jannot, juge en la justice dudict
Bellevaux, Jacquis Tonlu, procureur de Guillaume Tonlu scribe en icelle.
Lesquelx en premier lieu nous ont dict qu’au temps de la pension dudict sire de
Bellevaux la muraille, servant de cloture a ladicte abbaye, estoit rompue en divers
endroits et que sont reparées.
[Folio 7 recto]
Les basches, il y a faict faire plus de ceur toisée et murailles neusve et a faict
recouvrir toute ladicte clotture de laves, qui contient pres de si cens toises en
longueur, selon qu’il en apparastra par les comptes qu’ilz en ont rendu en qualité
de recepteur et par effet nous avons recogneu a l’œil que toute ladicte abbaye est
refermee d’une muraille de la haulteur d’une toise et de plus de quatre cens toise
de long. En laquelle se voyent plusieurs endrois reparer de peu d’années, et le tout
couvert, de sorte qu’il n’y esté aucune ouverture et au-dedans est encore une
aultre clotture de muraille enfermant les bastiments, en laquelle se remarquent
encore plusieurs reparations, sans aultre basche que une ou deux que l’on nous a
dict estre arrivées dez peu de jours et en la reparation es quelles l’on travaille
presentement.
De plus nous ont dict que pour esgoutter les deux qui rendent l’eglise moytte
comme elle est, ledict sire de Bellevaux dez aussi tot [ ] 19 fort creusé un fossé du
costé des chappelles et rosarter plusieurs buissailles qui treuent les chappelles,
obstruent et entretiennent l’umidité, sur quoy avons recogneru a l’œil qu’il y a un
fossé le long desdictes chappelles, selon que l’avons rapporté cy dessus et que
l’on y a essarté plusieurs buissailles, encore que ledict fossé a besoing de
nouvelles reparations et estoit continue jusque a la muraille joignant au portal de
ladicte eglise.
D’ailleurs, ont dict qu’au temps de ladicte entremise, tous les bastimens ont
besoing de recouvrir et que ledict sire de Bellevaux a faict entierement refaire la
couverture et remplacer en la ramure plusieurs putres de bois au lieu de celles qui
estoyent pourries et gastées, mesme que sur les chambres joignants au cloistre, la
ramure avoit esté redressée tout a neuf, ayant esté par nous recogneu, par la
lecture du verbal du feu sire Rarler, que les ruynes des ramures et couvertures
estoyent telles que lesdicts officiers les rapportent, et a bien dire avons remarqué
qu’a present les couvertures et ramures sont en bon estat.
[Folio 7 verso]
Plus nous ont declaré qu’a l’une des entrées de ladicte abbaye, du costé du verger
Guichard, ledict sire avoit faict redressé l’arc de la porte, l’appuys de deux ogives
de piere, avec une porte de bonne planche fermée et fermant a clefz et un avant
19
Mot illisible dans le document.
- XXVI -
toitz par dessus couvert de tavaillons. Et en un aultre yssue du costé des prelz, y
avoit aussi esté faict un portal de bois avec des portes a ferremens et semblable
couverture de tavaillons. Lesquelx ouvrages nous avons recognu.
Dieut estre que ledict sire a faict extirpé plusieurs ronces, buissailles et epines
estant au grand verger par convention expresse estant faictes dans des [ ] 20, dont
la depense est rapportée audicts comptes, l’ayant bien esté remarqué par nous que
ledict verger est nettoyé desdictes brossailles.
Item avec que les conduites, resurgeans les eaux en immondices de ladicte
abbbaye, ont esté reveuz, relivrez et recouverts en divers endrois ou ils seront
treuvés rompus et enfoncez. Surquoy nous avons remarqué a l’endroit ou lesdicts
conduictz passant par le cloistre qu’ilz ont esté reparez et recouvertz a neuf.
Davantage dient qu’aux greniers y avoit ertane vermine appellé mouchettes ou
cousrmiottes et que pour y remediez, il a fallu relier les pavemens, replatrir tout a
neuf ledict greniers. Aussi avons nous vu par la besougne dudict sire Racler que
telles reparations estoyent neusves; en visittant lesdicts greniers avons recognut
qu’elles ont esté faictes avec plusieurs aultres besougnes, tant en pouvaux et
colonnes pour soustenir les planches nouvelles, plusieures pour donner air et
[ ], 21 icelles qui repavement de maniere qu’a present il y a notable quantité de
graviers.
En oultre nous ont faict veoir que pour fermer le costé delogis abbatial, ledict sire
de Bellevaux a faict faire un portal de piere a l’entrée de la clotture d’icelluy et
une aultre porte neufve dans ledict corps de logis, de [ ] 22 d’une vielle viorbe de
bois y estant.
[Folio 8 recto]
Au tenps de la visitte dudict sire Racler, il y a faict bastir tout a neuf un fort bel
escalier de piere de taille a trois montées de chacune dix a douze marches, de
quatre a cinq pieds de long, avec des fenestres flamanche pour esclairer. Et
qu’audict corps de logis sont presentement plusieurs chambres commodes et dehu
mobilier parees et reblanchies a neuf. Mesme en estage d’en bas une grande
cuisine, un poille y joignant et une aultre chambre en forme de salette. Et en
l’estaige d’en hault, cinq chambres a [
], 23 toutes bien logeables, sans y
comprendre les garde robbes et cabinetz voisins. Aultre quelques nouvelles portes
pour enpecher que les chambres ne fussent (sububte) 24 les unes aux aultres
comme elles estoyent auparavant, et pour pouvoir entrer dans ledict corps de
logie, en l’eglise, au dortoir et en une grande galerie voisine.
20
Mot illisible dans le document.
Mot illisible dans le document.
22
Mot illisible dans le document.
23
. Mot illisible dans le document.
24
La lecture de ce mot n’est pas certaine, ce terme est celui qui semble le plus probable.
21
- XXVII -
De plus nous ont monstré un fourg, grand et ample, que ledict sire a faict bastir de
nouveau pour cuyre le pain des religieux, et un aultre pour la pourterie.
Et d’aultre part, une nouvelle cuverie avec un pressoir, au-dessoubz dudict corps
de logis abbatial. Pour la construction de quoy a esté retranché un viel galata, en
faict une nouvelle muraille que nous avons veu avec des fenestres françaises
baronnelles.
En oultre, nous ont faict voir au joignant de la cuisine, une petite court qu’ilz ont
dict avoir esté aparavant toute encombrée de ronces et buissons au lieu qu’elle est
presentement fort plaine et nette avec quelques petitz bastimens aux evirons pour
[ ] 25de la vollaille.
Et hors du cercuy dudict logis abbatial, est un grangeage ou nous avons vu une
[ ] 26 bastie a neuf du costé du verger, qu’ilz nous ont dict avoir esté construicte
aux frais dudict sire de Bellevaux.
[Folio 8 verso]
Adjoustons de plus qu’en l’un des estableries le pavement a esté refaict et le tout
distingué de pouteaux en l’aultre ont esté bastie deux pignons de muraille du costé
de ven en bize avec plusieurs aultres moindres reparations que nous avons
recogner a l’œil.
Et comme au temps de la visitte dudict sire Racler fut recogner que l’orlloge de
ladicte abbaye estoit for viel et inubtil. Ledict sire de Bellevaux en a faict faire un
metre tout a neuf, y estant presentement comme lesdicts religieux nous ont adveré.
Et que l’on a faict refondre la cloche de Sainct Pierre qui estoit cassée dont les
materiaux ont esté pris en la maison.
Dient encore que le prel de la vacherie au temps de la vacance de ladicte abbaye
estoit du tout infructueux a raison des buissons dont ils estoient remplis et des
eaux qui l’innondoyent, selon que ledict sire Racler le remarqua par sa visitte.
Pour a quoy remedier, ledict sire de Bellevaux l’a faict extirper et faict dresser un
fossel dois la porte desoubz dudict grand verger jusque a la riviere de l’Oignon, de
la longueur d’environ sept vingtz toises, par le moyen de quoy, ledict pres est
rendu plus fertille et admodier beaucoup davantage qu’il ne soulois faire.
Oultre lesquelles reparations, ilz assurent que ledict sire de Bellevaux en a faict
faire plusieurs aultres de tres grands frais: molins, fourgs et bapteur et aultres
biens dependans de ladicte abbaye. Mesmement au moulin de Gordepain qui a
presque esté rebasti tout a neuf avec la foulle y joignante qui a esté transportee
aultrepart, les escluses dudict moulin reparées. Celuy de Quenoche refaict tout a
neuf de muraille couverte de lave. Les fourgs de Chambornay, Rioz, Curey,
25
26
Mot illisible dans le document.
Mot illisible dans le document.
- XXVIII -
Valeroy et Germondans aussi refaicts et repasiez et une cuverie rebastie au lieu de
Gy
[Folio 9 recto]
avec plusieurs aultres [ ] 27 meliorations et reparations, plus particulierement
rapportees au verbal qu’ilz ont faict et soubzsigné de leur noms. Lequel ilz nous
ont remis en main pour estre faict a notre presente besougne si besoing faict. De
toutes lesquelles reparations, le pris se pourra recognoistre par les comptes de
ladicte abbaye.
Et de que sur l’estat des vignes et dependans et s’il est pas vray, qu’elles sont en
friche, faulte d’y avoir touché et provignées d’année a aultre. Respondent que ces
vignes ont toujours esté for bien culturées et que l’on n’a jamais delaissé d’y
toucher, sinon lorsque par la rigueur des saisons, des gresles ou icelles le bois esté
teuvé gasté et mal propre a provigner. Et comme nous avons consideré lesdictes
vignes qui sont aux environs de ladicte abbaye selon que l’on les plus remarquer
dez icelle et en passant, il nous a semblés qu’elles sont en bonne reparations et
mediocrement peuplées.
Interroguer combien peut valoir ladicte abbaye de revenu pour le plat de l’abbé,
toutes charges deduites.
Respondent que cela se pourra mieux recognoistre par les comptes, mais qu’a
l’advis, elle ne peut pas valoir plus de trois milz francs, pour ce que par
admodition qu’il fut faicte en l’an mil cinq cens septante et huict par le sire du
Tartre, abbé Nicolas Beren de Dole, marchant pour le temps de six ans elle ne fut
point admodier davantage, quoy que n’y est aultres reservee que de quelques
herbes de prel grand et une qu’il ne pouroyent valoir deux cens francs par an avec
la moictié des mainmortes en espaices qui sont parties casuelles et inculaines et y
avoit seulement advancé de deux cens [ ] 28 don par dessue les six années selon
qu’ilz nous ont faict aparoir par une copie de ladicte admodiation datter audict
Bellevaux l’onzieme de febvrier audict an mil cinq cens septante huict.
[Folio 9 verso]
Bien est vray que deppuis un nommé Antoine Midaul de Mondon l’admodia pour
environ quatre milz frans, par an du temps dudict fut sire du Tartre mais avec s’il
mauvais [ ] 29 qu’en deux ans il y perdu ses moyens et soit que ses biens furent
tous vendus et s’il convient consideré que ledict [
] 30 n’estoit chargé que de
vingt frans de reparations par an au lieu que l’entretien de ladicte abbaye et aultres
bastimens et maisons en dependans est beaucoup plus grand et ne couste guere
moins de trois cens frans par communes années.
27
Mot illisible dans le document.
Mot illisible dans le document.
29
Mot illisible dans le document.
30
Mot illisible dans le document.
28
- XXIX -
Et adjoustant a ce qu’ilz nous ont dict en devant des reparations, nous ont declaré
qu’an plus, le colombier estant au vergier de ladicte maison estoit inubtil a cause
des vermines, qu’ilz estoyent petiz et les bruissailles et orties croient aux environs.
A quoy ledict sire de Bellevaux a pourvé, ayant faict nettoyé et reblanchir ledict
colombier, tant dedans que dehors et le recouvrir de laves, tellement que
presentement il est bien entretenu et peuplé de pigeons. Sur quoy avons remarquer
a l’oeile que ledict colombier est bien blanchy et recouvert et que sur le toit se
voyent d’ordinaires des pigeons en bon nombre.
Et ayant esté esclaircy de la grandeur et contenance de la pinte de laquelle on use
communement audict Bellevaux et suivant laquelle se distribuent les [ ] 31 aux
religieux et avons faict anvoyer une marque et recogner pour telle en plus les deux
aultres : l’une estant la mesure ordinaire de Besançon et l’aultre celle du pays de
laquelle on use en la ville de Dole. Et les ayant faict mesurer en nostre presence
de conferer l’une avec l’autre, avons regardé que celle de Besançon contient cinq
verres communs, celle de Dole six et celle de Bellevaux sept, de sorte que les cinq
pinte de Bellevaux en valent sept de Besançon et les six de Bellevaux sept d’icelle
de la ville de Dole, de maniere que ladicte pinte de Bellevaux contient plus de
quatre tiers de Besançon voire trois channeaux moins demy verre.
[Folio 10 recto]
Et le lendemain sixiesme dudict mois d’apvri mil six cens et seize, pour
masmament des partularitez de la visitte dudict sire de Nicelle et de l’estat
spirituelle de ladicte abbaye et aultres poincts cy apres declarez. Avons faict venir
par devant nous les religieux profes de ladicte abbaye, assavoir : dom frere Jean
Piez, prieur de Montailer de Rosieres au priorez, illec prebstre des religieux profes
de ladicte abbaye, sont passez trent cinq avec dom Fernands Seguin sacristain et
soubprieur de ladicte abbaye, ayant faict profession des environ trente huict avec
dom Antoine Bourgeois aussi prebstre, celerier en icelle abbaye, y profes de dix
huict ans en ça, dom Claude Gresler, aussi prebstre, aulmosnier, profes des douze
ans, dom Jean Grand, prebstre, maistre des novices, ayant dict profession des sont
passez onze ans, dom Claude Robelin aussi prebstre profes en ladicte abbaye dez
dix ans et plus, frere Claude Loye religieux profes dez dix mois en ça et frere
Valentin Barbier, aussi religieux profes de le mesme temps que sont tous les
religieux profes estans presentement en ladicte abbaye, en l’absence du sieur
Pauler, n’estant encore de retour du lieu de Fondremant ou il a presché sur la fin
du Caresme et pandant ces festes de Paques.
Tous lesquelx par nous interroguez, nous ont dict qu’il n’y a pour le present
aultres religieux en icelle abbaye, sinon deux novices receuz au novicial dez le
Jeudy Sainct derrier passé et qu’il n’y a qu’environ trois sepmaines que mourru
l’un des anciens prestres religieux de ceste maison, nommé Claude Doroz, et que
[Folio 10 verso]
d’ancienneté lesdicts dom Piey et Seguin ont veu qu’il y avoit quatorze religieux
tous y comptans. Le reverend abbé et le prieur residant audict Montarlot qu’ilz
31
Mot illisible dans le document.
- XXX -
croyent estre le bon nombre qu’il croit estre retenu. Surquoy, les aultres nous ont
dict que par la quarte de sire reverend, issue de Citeau et du sire de Niselle, il est
parlé de quatorze religieux, entre lesquelx ilz tiennent que le sire abbé et ledict
prieur de Montarlot ne sont pas compris. Et qu’an surplus la desserte et
celebration des divins offices se faict fort bien et decement en ladicte abbaye, sans
aucune omission et que pour ce regard la quarte de leur [ ] 32general est bien
observée et la dissipline monastique bien entretenue, et que le present abbé de
Bellevaux dans sa provision y a souvent faict residence actuelle, principalement
en temps estre present au quelques fois par l’espace de six mois, quelques fois
trois, plus ou moins, jusques a ce que sont environ deux ans, il tomba malade en
une griesve maladie, de laquelle il a esté detenu par plus d’un an et y a esté
retombé d’aultres fois, n’ayant dez lors faict residence actuelle en celule. Mais le
sire prieur, et en son absence, le souprieur ont gouverné les religieux, lesquelx ont
toujours mangé en table commune dans le refectoir, si ce n’est pendant que l’on a
reparé le planché d’icellui qu’ilz ne pouroyent y estre receuz commodement et
non poinct veu ny sceu qu’en ladicte abbaye, il y eus un refectoir particulier pour
les jours maigres, n’ayant jamais mangé ensemble qu’en un mesme refectoir, soit
aux jours maigres ou, mangeant chair et en peuveut commodement passer.
Seulement dict ledict prieur de Montarlot avoit entendu qu’il y en avoit aultrefois
un en un lieu qui est a present vuyde et for esloigné de la cuisine. Mais il ne l’a
poinct veu de sa souvenance ny aucune des aultres en estat de refectoir, disent de
plus n’avoir poinct seu veu ou entendu qu’il se sont presenté en ceste abbaye
aucun religieux du pays ou qu’aucun y ayent
[Folio 11 recto]
esté envoyés par les superieurs qui n’ayent esté relié. Et disent que pour la
decoration de l’eglise et l’entretien de la dissipline monasticque, il seroit besoing
qu’ilz lissent, oultre les livres que le sire de Bellevaux faict reparer, une couples
de missel neuf et quelques livres pour lire tant au cloistre, avant complie, qu’au
refectoir avant le repas.
Et leur ayant faict veoir hors memoriaux, des meubles que ledict sire reverend
abbé a envoyé pour servir en leur couvent en datte des septieme et dernier jour de
mars de l’an mil six cent et quinze, deux d’iceulx soubsigner de la pluspart des
religieux et l’aultre par le sire prieur seulement, il nous ont dict qu’ilz valent en
verité et que les meubles y mentionnez sont encore en ladicte abbaye pour servir a
leur usage.
Quand a leurs pensions et prebende, il a plu que le penultiesme jour du mois de
mars de l’an mil six cens et seize, ledict sire abbé a accordé a chacun prebstre,
augmentation de douze quartes de froment par an et quatre frans d’argent pour le
vestiaire, oultre ce qui leur avoit esté reglé par la quarte de visitte dudict sieure
reverend de Cîteau, en l’an mil six cent et sept avec certaines minute qu’en
commun et avec le couvent, leur estre payé du passé et avant ladict visitte, selon
que nous l’avons aussi recogneu par l’extrait qui nous a esté mis en main par eulx
soubsigné dont ilz declairent contans et pour que leurs pension et prebende leur
ont esté fidellement distribuees du passé.
32
Mot illisible dans le document.
- XXXI -
[Folio 11 verso]
Et chaqune ou l’on pourroit dresser une chambre pour l’infirmerie, comme aussi
pour recevoir les estrangers, respondent qu’a leur advis celle nous fut hier
monstrée, joignante au dortoir et au souloit resider fut dom Doroz, estoit un peu
raccommodé et meublée convenablement, sera bien propre et commode pour
l’infirmerie, et que pour les [ ] 33 si ledict sire abbé n’y est et ne veulle donner
entrer dans son corps de logis abbatial. Il y a une plus chambre basse ou l’on entre
dez le cloistre, en laquelle y a cheminer et place pour metre deux licts qui pourroit
bien servir a cet effet en la meublant et ornant comm’il fault. Et pour le regard du
dortoir, ilz esperent qu’estant parachevé de reparé comm’il pourra estre dans peu
de temps si l’on continue les ouvrages commencez, l’on y pourra commodement
loger neuf religieux, laissant pour les officiers les chambres a feug aucquelles ilz
resident desja et que de tout temps, les religieus n’ayant poinct d’office ont esté
loger audict dortoir, et qu’encor au temps de la visitte faicte par ledict sire de
Niselle, il y en avoit trois y resident, encor que ledict dortoir estoit en for pauvre
estat, a raison que le planché dessus et dessoubz estoit rompu, particulierement
celuy dessoubz qui estoit pourry et gasté en beaucoup d’endrois et les planches
mal joinctes et mal adjancées : les unes plus haultes, les aultres plus basses.
Qu’est ce qu’ilz pensent avoir voulu dire ledict sire de Niselle, quant par sa
[Folio 12 recto]
derniere visitte, a ce que l’on dict, il a rapporté que ledict dortoir ressembloit une
estable, bien que lors eus poinct d’immondices et presentement le planches d’en
bas est for bien raccommodé, applainy comme nous l’avons pu voir alors, ne
restant qu’a parachever la couverture des chambres, les garnir de chaly et
d’aultres choses nous [
] 34 de y faire quelques aultres menues reparations, a
quoy l’on travaille journellement, qu’est tout ce qu’ilz nous peuvent dire, oultre ce
que desja il nous ont declaré faisant la visitte de l’eglise et des bastimens,
adjoustans seulement qu’ilz ne peuvent se plaindre dudict sire reverend abbé qui
les a toujours doucement et paternellement traité.
Et sur ce que les avons interroqué et si les vignes aux environs de la dicte abbaye
et dependances d’icelles estoient bien entretenues ou delaissees en tache, ont
respondu que par deux ou trois avec le procureur d’office auquel ledict sire abbé
avoit donné charge et la culture n’y a pas faict faire des fosses [ ] 35 pour les
peupler et entretenir, encor qu’il s’excuse sur l’incommodité des saisons et sur le
peu de bois qu’il dict estre propre a coucher. A quoy pourra estre en [
] 36
facilement pourveu. Et quant a la culture admarsé, elle n’a pas esté delaissée se
resultans du surplus a ce que nous en pourrons recognoistre d’aillieurs, n’estant a
eulx de se donner plus de gouvernement du temporel de ladicte abbaye qu’ilz
remetent a la prudence et disrection dudict sire abbé et ne pensent avoir aultre
chose a nous presenté pour le lieu et advancement de ladicte abbaye.
33
Mot illisible dans le document.
Mot illisible dans le document.
35
Mot illisible dans le document.
36
Mot illisible dans le document.
34
- XXXII -
[Folio 12 verso]
Ce faict comme dom Jean Anteme, prebstre, bachelier en saincte Theologie et
prieur en ladicte abbaye de Bellevaux est retourné a Fondremant, nous luy avons
faict veoir notre besougne cy dessu, lequel luy avons faict lecture de [
] 37 a
aultre et l’avons prié et requis de nous declaré sur ce a la verité ce qu’il estoit de
l’estat de ladicte abbaye, ses ruynes et mancqement estans en icelle, les
reparations y faictes par le sire a present abbé et generalement de tout ce qui
contenans les biens honneurs et avancemens de ladicte abbaye.
Surquoy il nous a dict qu’il n’y a qu’un an et demy qu’il est resident en ceste
abbaye, en laquelle il n’avoit pas esté auparavant tellement qu’il ne peut as
respondre de l’ancien estat spirituel et temporel d’icelle, ny des reparations y
faictes precedement par le sire a present abbé, mais dez lors il srait bien que sont
passez neuf mois et de la visitte y faicte par le sire abbé de Niselle au mois de juin
de l’an mil six cens et quinze, ledict sire abbé de Bellevaux a tasché de reparer
beaucoup de manquemens y estans tout pour le redressement et reparement du
dortoir qui estoit tout ruyneux que pour un refectoir nouveau, ajancement du pavé
du cloistre, fournitures d’ornemens d’eglise et de linges, tant pour la decoration
d’icelle que pour la commodité des religieux avec aultres meubles servans a leur
necessité. Et que, continuant a faire semblables reparations, il croit que letout se
pourra bien restablir luy senblant du tout nouveau d’avoir une chambre pour
l’infirmerie. A quoy, il n’estime pas trop propre celle ou logea fut dom Doroz par
ce que les planchers sont ouvertz dessus et dessoubz et qu’il vauldroit mieux
[Folio 13 recto]
prendre l’une des chambres des religieux que [
] 38 au dortoir oignant a la
chambre basse, proche le cloîstre, elle pourra estre commode pour loger les
survenans, y metant une couple de licts garnis d’aultres meubles nouveaux et qu’il
pourra servir a la necessité des pauvres religieux malades. Et enquis sur le faict du
refectoir des jours maigres dont il est parlé en la visitte dudict sire de Niselle, dict
que peut estre les religieux de sceans ne scavent pas que s’est par ce qu’ilz n’en
ont poinct un en estat en ceste abbaye, mais la verité est que par l’ancien institut
de l’ordre de Cisteau il y avoit anciennement en chascune abbaye, comm’il se
treuvent encore en celles qui sont bien ordonnees, deux refectoirs : l’un pour les
jours qu’il est posible de manger chair et l’aultre pour le Caresme, advent jour de
jeusne et aultres que l’usage de la chair est prohibé par les constitutions desdicts
ordre, et croit qu’en l’abbaye declaré, le lieu qui est a costé cloistre, environ le
milieu d’iceluy auquel travaillent a present quelques menuisiers a esté destiné
aultrefois a servir pour le refectoir des jours maigres. Aussi n’est employé a aucun
usage et est grand et spacieux, assez pour un refectoir.
Bien est vray qu’en plusieurs abbayes l’on se contente a present d’en avoit un seul
pour tous les jours, ne scachant aultre raison de tel institut, sinon pour la defence.
37
38
Mot illisible dans le document.
Mot illisible dans le document.
- XXXIII -
Au surplus, dict sur ce par nous interogué que dez qu’il delivre en ceste abbaye le
sire reverend n’y a pas
[Folio 13 verso]
residé actuellement, croyant que cest pour crainte d’y estre incommodé en sa
santé mais il l’y a bien venuz trois ou quatre fois et y sejourné tantot cinct jours,
tantost trois ou quatre, plus ou moins.
Et, l’ayant interogué a la requisition dudict sire Official combien de temps il a esté
luy mesme hors de l’abbaye pour quel et s’il a permission dudict sire abbé.
Respond qu’il n’en est pas sorty pour coucher dehors, sinon par commandement
de monseigneur son reverend general ou vicairce, mesmement pour assisiter le
sire de Niselle a la visitte, et quelques aultres semblables occasions. Bien à en
estre quelques fois a Besançon pour prendre advis et sejours faictes d’une
maladie, et dernierement allé pour demander congé audict sire abbé d’aller passer
le reste du Caresme a Fondremant ou par effet il a esté pendant les trois sepmaines
dernieres du Caresme et y a sejourné jusques ce jourd’huy, sans qu’il est retorné
visitter l’abbaye deux ou trois fois. Ayant esté prescher audict lieu selon la
permission qu’il en a de son general par letttres expresses et autenticques.
S’il fut en la sacristie avec le sire de Niselle au temps de la visitte, qu’il fist de
ceste abbaye.
Dict que non.
Si au jour de sa reception le sire Official de Besançon luy declara pas qu’ilz
deusent regarder par
[Folio 14 recto]
ensemble ce qui estoit noctee pour la reparation de la maison et si dez lors n’y a
pas travailler continuellement .
Respond qu’a la verité, ledict sire Official luy parla qu’il failloit adviser ce qui
estoit a telle reparation. Aussi en a t-il advisé de temps a aultre ledict sire abbé
quant il l’a jugé a propos. Et a bien veu que l’on y a fait quelques reparations,
particulierement neuf ou dix mois, en ça, selon qu’il l’a desja cy dessus declaré.
Et luy ayant faict bien les trois memoriaux des meubles que ledict sire abbé a faict
apporter en ceste maison pour l’usage commun des religieux, tous de luy
soubsignez et particulierement celuy des meubles destinez a l’usage de sa
chambre soubsigné de luy seul. Il les a recognut et advons le contenu en iceux.
- XXXIV -
Au surplus dict que quant au spirituel de ceste abbaye, il y a tousjours tenu et
tiendra la main a son possible tant qu’il aura la charge de prieur et s’est efforcé
d’y redresser toutes choses a l’honneur de Dieu et la decoration de l’eglise, de
quoy nous pourrons nous informer des religieux si nous le treuvons covenable.
Ce faict, ledict sire Official Bartoisier pour, et au nom dudict sire reverend abbé,
sur ce nous a requis de reveoir particulierement la besougne faict par ledict fut sire
Cousellier Raclet le [
] 39 de l’an mil six cens et six pour recognoistre
particulierement toutes les ruynes, deffaux et manquements qui estoyent lors en
ladicte abbaye et les conferer avec les reparations que ledict sire abbé
[Folio 14 verso]
y a faict du depuis. En suitte de quoy ayant reveu les besougne, avons tenus
particulierement que l’eglise fut par luy recogneus for humide a cause d’esgoutes
qui noiyent les fondements et advise qu’il fauldroit faire un grant canal ou
rechercher et nettoyer les anciens. Sur quoy avons remarqué un fossé faict le long
de ladicte eglise au dehors du costé des chappelles et que plusieurs bois et
buissailles empeschant la clarté d’icelle ont esté essartez, bien que comme nous
avons dict en dessus, ledict fossé aye besoing d’estre curé de nouveau et tiré
jusqu’aupres du portal.
En second lieu est pourté audictes besougne que les estgoux et canaux, pour estre
mal entretenus, gastoyent tous les pans de l’eglise et qu’il les couvrent et eslargent
et repurger et remetre dans le vuyde dudict cloistre une fontaine. Laquelle y
estre anciennement et que lors en avoit laissé tairi. Sur quoy nous avons veu que
lesdicts canaux passans par le cloistre ont esté nettoyez, recouvres et repavez tout
a neuf et que ladicte fontaine a esté remise et redressée au vuyde dudict cloistre ou
elle coule abondamment dans un saulge de pierre pour l’usage du couvent et des
religieux.
Tiercement ledict sire Racler treuva plusieurs bresches en la muraille sevant de
clotture a ladicte abbaye. Lesquelles nous avons avoir estre reparées jusque
environ cen toises et toute ladicte clotture recouverte de laves.
En quatrieme lieu fut tenus le portal ruyneux du costé que l’on faict entrer les
foings en ladicte abbaye, sans qu’il y eus aucune porte de bois, lequel portal nous
avons tenus redressé a neuf avec deux angues de pierre et une bonne porte bois
ferrer et fermant a clef avec un avant toit sur le tout, et que mesme reparations ont
esté faictes en un aultre portal de la mesme abbaye.
[Folio 15 recto]
En cinquiesme lieu, les besougne porté que failloit recevoir tous les tiltres des
bastimens et granges, lesquelx estoyent tout ruyneux et remplacés plusieurs pieces
neufves en la ramure au lieu d’icelles y estant pourries, gastees. A quoy a esté
satysfaict, attendu que nous avons recogneu tous les bastimens d’icelle abbaye et
39
Mot illisible dans le document.
- XXXV -
granges y joignantes, dehuement entretenus de couverture et les ramures rabillees
et renforcees de plusieurs pieces neufves en divers endrois.
Fut encore remarqué pour le sixieme clef que tous les planchefz des bastimens
estoyent pourris et gaster. Ceux estant sur la sale basse et cuisine enjourer au
milieu et celuy du dortoir, ouvert et rompu en plusieurs endrois, tous lesquelx se
tiennent presentement redressez et refaict a neuf comme nous l’avons plus
particulierement touché en dessus.
Plus est dict audict besougne qu’il convenoit relever le pavement des greniers et
raccommoder les planchefz dessus, estant pour la pluspart pourris et remplis de
vermines en si grande abondance, qu’il estoit impossible d’y conserver la graine,
au lieu que presentement nous avons treuvé lesdicts greniers replanchefz, reparer
et reblanchiz tout a neuf, purger de vermine et remplie de for grande quantité de
grains, tant de froment que d’avoine.
Encore fut remarqué que la grosse cloche apellé la cloche Sainct Pierre estoit
cassee et l’orloge si viel, qu’il convenoit la faire renouveller ; a quoy il a esté
remedié par ce que ladicte cloche a esté refondue et refaicte a neuf et que ledict
sire abbé y a faict metre un horeloge tout nouveau qu’il a faict faire a ses frais.
Fut dict encore que les aisances debvoient estre rabillées tout a neuf, a quoy nous
avons veu avoir esté satisfaict.
[Folio 15 verso]
Plus est dict les degrez par lesquels on monte es chambres et aux greniers
estoyent tout gastez et rompus. Surquoy avons veu que ledict sire abbé a faict
faire un escallier de pierre tout a neuf, plus particulierement descript cy devant.
Davantage fut recogneu que le pavé de la vacherie proche l’abbaye susdicte estoit
tout remply de buissons et innondé par les eaux au lieu que presentement l’on y
void un grand fossé servant pour esgoutter les eaux et que tous les buissons ont
esté extirpez de sorte que est reduit en for bon estat.
Fut encore recogneu qu’en l’eglise, deffailloit des nappes pour couvrir des
haultelz, des aubes pour revestir les religieux et des ornemens pour la decoration
de l’eglise ; pour a quoy remedier ledict sire abbé y a fourny plusieurs devant
d’haultelz, tapis, carreaux, aubes, nappes et aultres ornemens dont mention est
faicte cy dessus.
Les livres [ ] 40 tout gastez, rompus et deschirez en sorte que l’on ne s’en pouroit
plus servir. A quoy a esté pourveu par le moyen de la refection desdicts biens,
livres comme nous avons dict cy devant.
En oultre par les besougne, la ramure de l’une des estableries fut treuvé pourrie et
la muraille d’icelle menassant ruine et l’aultre escurie estant entierement
40
Mot illisible dans le document.
- XXXVI -
descouverte, toutes lesquelles ramures, murailles et couvertures nous avons tenus
desament reparés.
Aussi fut treuvé le treul et pressoir de ladicte abbaye tout descouvert et un tirant
de la ramure rompu. Ce que nous avons veu estre reparé et un pressoir faict tout a
neuf.
Finalement fut recogneu qu’il n’y avoit aucuns utensilz ny linges pour la cuisine
et pour l’usage des religieux au refectoir. A quoy ledict sire abbé a pourveu, les
fournissant de linges et aultres utensilz descritz en l’inventaire et de nouveal cy
devant mentionné.
[Folio 16 recto]
En oultre cest ruines et mancquemens remarquer par les besougnes au dedans de
ladicte abbaye et aux environs d’icelle fut encore adveré que le prieurey de
Montarlot en dependant estoit du tout ruiné. La vaste ouverte et soustenue de
plusieurs restancons et tout le reste en piteux estat. Comme aussi que les fourges
de Cirey, Turey, Termondans, Vallerois et le Maigny estoient ruineux et
pareillement les moulins de Terdepain, Rapugney et Voudenans ayant tous
besoing de reparations et de meulles. Sur quoy, bien que nous n’ayons peu
recognoistre alors les reparations faictes en ces prieurey, fourgs et moulins pour
n’avoir esté sur les lieux. Si est ce que nous a esté adveré et declaré par suivant
par lesdicts officiers cy devant nommez, que ledict prieurey a esté remis en bon
estat, tous lesdits fourges reparez, les moulins de Tourdepain rebastiz avec
adjoustance d’un bastiment nouveau pour la foulle. Le moulin de Quenoche
refaict tout a neuf et tous les aultres reparez et entretenus dehuement. Aussi avons
nous recogneu par les comptes de ladicte abbaye qu’il y a plusieurs sommes
rapportées en despence pour cest reparations et nouveaux ouvrages.
Et par le mesme besougne estoit dit que soit retenu la couverture de la maison de
Besançon que lesdicts officiers nous ont affirmé estre convenablement recouverte.
Et pour le regard du nombre des religieux estants en icelle abbaye au temps de la
vacance et visitte dudict sire Railer, fut treuvé qu’il y en avoit dix
sans y comprendre le prieur de Montarlot et rapporte par lesdicts religieux que y
en souloit avoir quatorze y comprenant le sire abbé et ledict prieur de Montarlot
et presentement avons tenus qu’il y a six prebstres, du nombre desquelx est ledict
prieur de Montarlot, deux freres profes et deux novices qui font en tout le nombre
d’onze ausquelx adjoustant ledict sire reverend abbé avec un religieux nommé
Doroz decedé depuis peu de jours et un aultre que l’on nous a dict estre receut d’y
entrer feroit en tout ledict nombre de quatorze.
[Folio 16 verso]
Et pour plus grande verification du contenu en la requeste presenter a ladicte cour
sur laquelle il luy a plu nous declarer, la presente commisssion, ledict sire Official
- XXXVII -
audict nom nous a requie de benir les pieces cy apres mentionees qui nous a mis
en main a cest effet et en faire particuliere mention.
Premierement les comptes rendus audict sire abbé des biens et revenus de ladicte
abbaye et annees mil six cens et sept, six cens et cinct, six cens et neuf, dix, onze,
douze, treize et quatorze, lesquelx ayant parcouru la despense y avons remarqué
de grandes et notables sommes rapportees en mission pour reparations faictes en
ladicte abbaye. Oultre plusieurs aultres que ledict sire Official nous a affirme
avoir esté impetrée au lieu de Besançon pour la reparation de la maison dependant
d’icelle abbaye dont la despence n’est couchee apres comptes, non plus que
plusieurs aultres fournitures faictes par les propres mains dudict sire abbé donner
a aultre et particulierement en l’an mil six cens et seize, il nous a presenté des
parcelles et
Item certaines remonstances presentées par ledict sire abbé au reverendissime
[ ] 41 de Cîteau en l’an mil six cens et sept ou sont rapportées plusieurs grandes
reparations que ledict sire abbé deja commencées en ladicte abbaye, au bas
desquelles est l’escript dudict sire de Cîteau soubsigné de sa main et datté du
huichiesme d’octobre audict an, attestant avoit recogneu alors toutes cest
reparations et remetant a la disposition dudict sire abbé le redressement des
bastimens et aultres choses y estans selon que jugeroit pour le mieux au proffit et
bienseance a ladicte abbaye.
Plus une lettre missive du sire abbé de Niselle adressee audict sire abbé de
Bellevaux et datter à Cîteau le vingtieme febvrié mil six cens et huict,soubsignée
present « Vostre plus humble serviteur [ ] 42 Fouguard, abbé de Niselle » au texte
de laquelle sont les mots qui s’ensuyvent : « Vos religieux n’ont aucun sujet de se
plaindre du retranchement de leur portion de vin
[Folio 17 recto]
Ilz ne ont pas davantage ceans, ny a Clerevaux et aultres premieres des principales
maisons qui neanmoins se contentent… »
Encore une aultre missive envoyee par ledict sire de Niselle audict sire de
Bellevaux, datter de la Charité le dixseptieme juin mil six cens et quinze et
soubscript de votre reverend le plus humble et affectionné serviteur frere Jean,
abbé de Niselle ou, parlant de la derniere visitte que venoit de faire en ladicte
abbaye et s’excusant de la commission que en avoit accepté par commandement et
monsieur de Cîteau, il adjouste ces mots : « en suite de laquelle joy, faict debvoir
au mieux qu’il m’a esté possible en une maison. Laquelle, a la verité, j’ay treuvé
en pauvre estat tant spirituel que temporel mais le mal n’est d’aujourd’huy, estant
cause par le mauvais gouvernement que passes longues années voz devancers ont
treuvé. »
41
42
Mot illisible dans le document.
Mot illisible dans le document.
- XXXVIII -
Finalement, une attestation des sires Marius Docinal, doyen des medecins en la
cité de Besançon, Jean Garnier, aussi docteur en medicine et Sobrel Taston,
appoticaire, soubsignée de leurs noms et seings manuels et datter audict
Besançon, le neufvieme apvril mil six cens et seize, par laquelle il atteste qu’ayant
des long temps gouverné la santé dict sire abbé de Bellevaux, ilz ont recogneu que
dez treuvans en ça [ ] 43 a esté quinze jours entiers sans maladie [ ] ayant esté
attainct de plusieurs grandes [ ] longues y rapportee plus particulierement [
] qu’ilz estiment avoir esté
causees pour [ ] le sejour qu’il auroit faict au lieu de [ ] ou la trop grande
humidité y estant [ ] a sa completion luy peut avoir app[ ] incommoditer, pour
raison desquelles [ ] septuagenaire, ilz luy ont conseillé [ ] delivrance en un
sejour ou le [ ]
[Folio 17 verso]
et l’air plus descouvert et ou il puisse estre secouru en toutes occasions,
aultrement qu’il tomberoit en for grand peril de sa vie, tous lesquelx papiers nous
avons remis es mains dudict sire Official, luy octroyant acte de tout ce que dessus
pour vouloir et servir audict sire reverend abbé de Bellevaux [
] tant que de
raison faict et passé en ladicte abbaye soub nostre seing manuel avec celuy dcit
juré en mil, le sixieme jour du mois d’apvril au [ ] mil six cens et seize.
Jean B.

43
Ce manque, et les suivants, est du a une altérartion de la dernière page du document. Enn effet,
elle est tachée en plusieurs endroits.
- XXXIX -
Annexe 3.
 Procès-verbal de 1632 
[Page de garde recto]
Copie de besougne de monsir Garnier, au regard de l’abbaye de Bellevaux.
[Page de garde verso]
visite de Bellevaux par maistre Garnier.
[Folio 1 recto]
Commission
adressée en
qualité de
super-intendant
du temporel
du séminaire
Nous Claude Garnier, docteur es drois, conseiller de sa Majesté et premier
advocat fiscal en son souverain parlement de Bourgougne, scavoir faisons que le
seixiesme de juilet mille six cent trente deux, nous sommes sorti de Dole pour
nous transporté a Bellevaux a l’effect d’ensuitte la commision de ladicte cour cy
apres informé, mettre et asseoir soub la main de sa Majesté le revenu par parole
de ladicte abaye a cause du deces dudict messir Jehan Baptiste de Cusance,
dernier abbé d’icelle, estant arrivé le dixhuictiesme dudict mois et an, appelle au
et nous par scribe Claude Baverel, jurer au gref de ladicte cour, avons faict
assembler les religieux de ladice abbaye, scavoir : dom Gabriel Monterby, prieur,
dom Thomas Voland, soubprieur, dom Antoine Bourgeois, dom Claude Grelet,
dom Jehan Grand, dom Valentin Barbier, dom Jehan Vagolet,( en absence de dom
Claude Nelaton residant a present a Morimont, dom Claude Loys, prieur a la
Charité, frere Claude, cler residant audict Morimont et frere Jehan Baptiste
Blampignon estudiant au séminaire de Dole) aux sieur religieux present avons fait
entendre que ladicte cour dehuement informer du deces dudcit sire abbé, avoit sur
requeste par escript a elle presenter a la part du sieur procureur general en ladicte
cour, mis soubs la main de sa Majesté le revenu et temporel de ladicte abbaye,
leur faisant interdicte et a tout aultres d’y attoucher, leur ayant de plus faict
scavoir que ladicte cour l’avt commis au regime pour une année dudict sieur Jehan
Claude Loriot, docteur es drois super intendant, deputé par le reverendissime
general de Cisteau et vacances du dependant a charge de faire a faire le service
divin suyvent l’intention des fondateurs, entretenir les religieux, edifices et
bastiment de ladicte
[Folio 1 verso ]
abbaye et aultres en dependans de faire a faire inventaire des sanctuaires,
ornement d’autels et meubles de ladicte abbaye por estre le tout conserver et
en ternir conte quand, et a qu’il appartiendra, mesme a celuy qui sera
nommee par sa Majesté, futur abbé de ladicte abbaye, le tout en conformité
de la susdicte commission, de laquelle leur en avons faict faire lecture ayant
lesdict sieur Lorioz, commis susdict cy present accepee ladicte commission
- XL -
et permis de conformer a ycelle, aussy signee Jehan Claude Loriot, frere
Gabriel Monterby, prieur, Thomas Volais, soubprieur, frere Antoine
Bourgeois, frere Claude Grelet, frere Jehan Grand, frere Valentin Barbier,
frere Jehan Vagolet.
Claude Garnier
Reliquiares
Et suyvantment por donner comencement audict inventaire avons esté
conduict en la sacristie restant a costé gauche de ladicte esglise en laquel se
sont retrouver les reliquiares suyvant.
Premierement une grande croix d’argent avec le crucifix au pied de laquelle
sont les images de six apostres aussi d’argent doree.
Item le chef de messir sainct Piere de Bellevaux, enchassée d’argent avec
une mittre de cuivre argentée.
Item un chef d’argent dans lequel est le [ ] 44 de la teste de sainct Estiene
Protomartire.
Item un bras couvert de lame d’argent dans lequel sont encloses les reliques
des saincts Chrisostomes et sainct Nicolas, au milieu duquel sont les armes
de fut messir Boitouset, cy devant abbé dudict Bellevaux.
Item une image de Sainct Lucie d’argent, un chef des onze mille vierge
enchassé dans du cuivre, un aultre petit chef enrichy de perle et couvert d’un
drap de velour rouge cramoisy.
Le chef de monseigneur sainct Theodore, enchassé dans du cuivre avec
deux petit cloux d’argent.
Un petit reliquiaire d’argent, sauf le pied dans lequel sont plusieurs
ossement de saincts.
Deux reliquiares de cuyvre dans lesquels sont aussy plusieurs ossement de
sainct, mesme de Sainct Piere apostre, de sainct Bernard, de sainct Paul,
deux dents de sainct Laurent, de sainct Sebastien, de sainct Jaque majeur et
de l’encent des Troys Roys.
[Folio 3 recto]
Infirmerie
Dortoir
De la passant en une chambre servant d’infirmerie, y avons tenue un lict de
plume avec son coussin, deux linceulx, deux couverte de [ ] 45 fort usée un
[ ] 46vielle chalict de chesne, le tout servant a recepvoir les estrangées.
Et apres, montant au dortoir, l’avons recogneu (bellement) 47 ruyneux et
caduque par lesdict sieur prieur et religieux, nous ont asseuré que quand il
pleuvoit ou negoit il estoit entierement plein d’eau, come aussi les chambres
desdict religieux, dont il en resentoient de grandes incommodité en leurs
44
Mot illisible dans le document.
Mot illisible dans le document.
46
Mot illisible dans le document.
47
Mot difficilement lisible dans le document. Ce terme est le plus probable.
45
- XLI -
Na
Logis
abbatial
meubles
trouvés en
iceluy.
personnes, sur quoy avons desclarer que por recoqnoiser plus certainement
l’estat des ramures et couvertures tant
dudict dortoir que du reste du bastiment et particulierement de ladicte eglise,
ledict Baverel, juré l’y transporeroit aux greniers avec lesdict officiers de
ladicte abbaye et Germain Millot de Chambornay, masson, desquels avons
pris le serment de rapourter fidellement les ruynes et manquement qu’il y
recognoistront, que sera inferé cy apres.
De la estant parvenu au quartier abatial, avons trouvé en iceluy les meusbles
que sensuyvent :
Premierement, en la sale d’entree, une table de noyer, le tyrant des deux
costes.
Deux banc couvert de cuir doree.
Item, sept cheres couvertes de mesme cuir doree au dos desquels sont les armes de
Vergis.
Item un vielle coffre de chasne sans serrures.
Item un vielle buffet de chasne ouvragé.
Et en la chambre joignant ladicte sale, un chalit de noyer et trois pomes dorees sur
les colombettes d’iceluy.
Item deux petites cheres couvertes de drapt bleu avec quelques tapisseries et
ouvrage, sur icelles a demis usé.
Deux vieux andiers de fontes sur lesquel est le melliare 1483.
Et dans le cabinet joignant ladicte chambre, un petit chali de bois et un viel escrin
de sapin.
De la montant en chambre dicte la chambre du milieu aultrement le poile, se sont
trouvé les meusbles suyvant :
[Folio 3 verso ]
Premier un chalit de nouhier tourné, a l’entour duquel il y a deux pantes de ciel de
velour rouge incarnadié et ravagé assortie de franges de soye rouges, comme aussi
quatre rideaux comprins, le dernier du lict estant de sergette rouge, fort usé et le
chevet du lict de mesme estoffe.
La coiffe du lict est une Assumption Nostre Dame ; dans un lict de plume avec le
travers, les tayes estant de toilz de Flandre.
Une vielle couverte de [
] rouge et une jaune fort usé et une bache.
Un aultre lict de plume estant sur le chalict, les tayes estant de toille simple avec
un petit oreiller.
Un tapis de violet brodé d’ouvrages de tapisserie de soye de divers couleur, tout
plein de trous.
Un tour de lict servant au lict de fut messir, de couleur violet enrichy de broderie
de soye de diverses couleurs, le tout consistant en cinq pieces.
Un tapis de matiere ries, tout usé.
- XLII -
Item un aultre tapis estant sur la table, tout troué.
Une table de noyer fort usé.
Cinq vieux carreaux garni de cuir doré.
Une cochette de bois de noyer assortie d’un pavillon jaune sur laquelle il y a un
lict entoyé d’une vielle toille avec le traversin. Nous ayant esté remonstré que sur
ladicte couchette il y vouloit avoir deux lict et que l’aultre a esté delivré par
l’ageant dudict sieur au sieur Monterby, lesdict lict entoyé de trely blanc.
Une vielle chere de noyer a l’antique.
Un andier de fonte.
Une vielle pinte d’estaing sans couvercle ny anse.
Un libvre de droict d’Henri Bouhi, sur les decretales.
Une image de Veronique enchassé de noyer.
Une aultre de saincte Magdeleine enchassé [ ].
[Folio 4 recto]
Quatres oreilles de serge violette, tous usees.
Une panse de tapis de velour rouge avec les franges de laines por le poile de la
Feste Dieu en l’ornement usée.
Six chandeliers d’estaing, deux d’iceux rompus.
Deux pairs de chainettes d’estaing.
Deux crois et deux chandeliers de cuivre.
Dix fort vielle nappe d’autel et huict aubbes.
Lesquels reliquiares et sainctuaires et ornement cy desus inventories ont esté
delaissé en la charge dudict dom Thomas Vollard, sacristain por l’entretien du
service divin et por en faire bonne et sayne garde, ce qu’il a permis faire en
presence des sieurs adminnistrateures ainsy que frere Claude Monterby, prieur,
frere Jehan Voland, soubprieur, Jehan Claude Lorioz.
Et le lendemain dixneufvieme dudict mois de juillet, nous estant transporté au
ceur de ladicte eglise, nous avons continué audict inventaire que sensuyt :
Livres
servant a
l’eglise.
Premierement le sont trovés trois messels assé bon et deux aultres fort usés.
Item deux graduels en papiers a demi user et dans lesquels avons recogneu
plusieurs feullet rompus et laceres.
Item un aultre graduel de parchemin aussy user.
Item trois antiphonaires, un d’iceux sans couverture et les deux aultres a demi
usés.
Deux aultres vieux antiphonaires en parchemint, aussy usés.
Deux psaultier relier en veaux noir ausquel il y manque plusieurs feullet.
Deux aultres vieux livres ausquel y manque plusieurs feullet.
Item un vieux livre sans couvertures ou sont le sermons de Sainct Bernard.
En surplus, passant au grand autel l’avons trové bien orné, le tableau entier et
aussi le ciboire.
- XLIII -
[Folio 4 verso]
Eglise
Chapelles
Cloistre
De plus avons recogneu que le ceur de la nef de ladicte esglise sont en bon et
dehu estat, que aussy les voutes, les formes, les vitres et fenestres, sauf qu’en
quelques endroict il s’y trouve des pavements rompus.
Devan le grand autel, pand une lampe de cuivre et un peult plus bas une de
fert. Et au regard des chapelles, elles se sont trouvé en bon dehu estat et assez bien
orné de tableau, nappes et devant d’aultels, estant au nombre de treize, tant
chapelle que petit aultels.
Item onze tableaux ou destrempe ou est la vie de Sainct Bernard attaché a chaque
pilier de la nef.
Estant au cloistre avons trouvé la couverture d’iceluy toute ruineuse, nous
ayant esté assouré par ledict sieur Monterby, prieur q’il y pleuvoit en plusieurs
endroict et qu’il estoit besoing de prompte reparations.
De la nous avons trouvé le chapitre en asser bon estat, sauf le pavement qui est
rompus.
Chapitre
Refectoire
Suyvamment passant au refectoir et cuissine y joignant avons touvé les meuble
suyvant :
Premierement au refectoir, une gande table de noyer avec deux vieux banc.
Un petit viel armoir de sapin.
Item ont declairés lesdict sieur prieur et soubprieur qu’il y avoeint en maniente
por le service desdict sieurs religieux vingt deux plat, deux douzaine d’assietes,
deux aisguierres, dix escuelles, troi sellieres, cinq pot tant grand que petit, le tout
d’estaing.
Item quatre napes, trois de toilles et une ouvrés.
Quatre douzaine de serviettes, trois de toille et une ouvré.
Trois pot de fer, un grand de cuivre tenant douze pintes.
Une chaudiere de mesme contenance, deux chauderons, deux moustardier et une
vinaigrette d’estaing.
Quatre poille a frier, tant grande que petites.
Deux gros andiers de fontes en ladicte cuisine avec un covacle, une grande [ ] 48
de fonte, une vielle table, un banc y mansquant, deux fenestres.
[Folio 5 recto]
En la chambre du landrecy ne s’est trouvé, sinon un viel chalict de bois, les
colombettes rompues.
En un cabinet pres, se sont trouvé quatre roue d’horeloge avec le quadre de fer.
48
Mot illisible dans le document.
- XLIV -
En la chambre joignant au sus du poille du landrecy, appellé la chambre aus
dames, se sont trouvés deux chalict, un trouvé assorty de ferrement, a l’entour
duquel est un meschant ciel et les custodes d’une petite matiere for usé.
L’aultre est un chalict de nouhier a colombettes quarrés, autour duquel est un ciel
de serge bleue en broderie de satin blanc autour de deux custodes et banettes de
trelly rié.
Linges
Deux coffres, l’ung estant ouvert qu’est le plus grand dans lequel n’y a aulcune
chose, l’autre fermé a la clef.
Suyvamment, le post lendemain, vingtiesme dudict mois, avons ouvrey lesdict
coffre en presance dudict sieur prieur, comis administrateur et officiers dudict
Bellevaux dans lequel sont esté trouves les meubles suyvant :
Une nappe ouvragé toute troué.
Onze servietes de lin ouvrages a my … usé …
Une douzaine d’aultres serviettes de lin a petite menise a my usé.
Sept serviettes damasses a my usé.
Une aultre douzaine de grosses serviettes fort usees.
Une aultre douzaine fort usé.
Dix serviette de gros buret fort vielles.
Une aultre douzaine de serviette de filet ouvragés a my usé.
Une grande nappe de lin contenant cinq aulnes a my usé.
Une aultre contenant trois aulnes fort usé, encour une aultre tout de mesme, usé.
Une aultre de mesme fibre de lin d’environ deux aulnes et demis a my usé.
Une serviette de banquet de deux aulnes fort usé.
Une aultre grande nappe de lin rié aux deux bout de laine d’environ cinq aulnes et
demy.
Deux aultres de fibre toute troués.
Quatre linceux de toille quarré a demy usé.
Trois pand de vielle sergette rouge avec son pand de diverses couleurs, le tout fort
usé.
Un aultre pand de tapis de velour de tanné tout usé.
[Folio 5 verso]
Un aultre de matiere de Flandre de laine avec une toille derrier tout usé.
Un demy pand de sergette gros rouge tout usé.
Lequel coffre ayant esté refermé avons continué en ladicte chambre et trouvé les
meubles suyvans ;
Deux leschefroye de fer battu, un grand pot de cuivre tenant une soille.
Une vielle bassignoire.
Un viel buffet de chesne a l’antique, ouvragé de plusieurs ouvrages sur lequel est
une image de la Flagellation Nostre Seigneur et de panneaux de verre en losyange
quarrés.
Deux andiers de fonte, l’un desquel le pied est rompu.
- XLV -
En la grande cuisine sont esté trouvé :
Deux andiers de fontes,
Une vielle cochette,
Un viel buffet sans serrures,
Un viel banc a dos,
Un garde robe sans serrure.
En la salette basse :
Un viel chali de noier sur lequel est un ciel de vielle matiere rié avec les rideaux
de banettes de mesme matiere, le tout for usé.
Un buffet en forme de comptoir fermant a trois estage a la clef, dans lesquels
fermetures et icelluy se sont retrouvé plusieurs papiers que Aymé Manbland et
Claude Conseret, admodiateur de ladicte abbaye ont desclaré par serment presté
sainct leur conpoter et apartenir et qu’en iceux il n’y en avoit aulcun concernant
l’abbaye.
Item une table, le pied tourné avec un banc de noyer fort usé et ceronné.
Un dressoir de noyer, les pieds et bras tournés.
Un banc a dos de chasne ferré et fermant a la clef.
En la cour l’est retrouvé un icelly de fert appuyé contre la muraille.
En la cuverie se sont trouvé deux grandes cuves fort caduques, un tonneau d’une
queheue, un aultre de trois sillettes et trois demis queheue a vide que les
admodiateurs ont declarer avoir faict faire du bois d’une vielle cuve qu’estoit en
ladicte cuverie.
[Folio 6 recto]
Deux doubles queheues avec leur fond vuides.
Un burillon tenant une queheue.
Un aivié de bois de chesne, qu’est un deschargeoir.
Un grand tonneau tout neuf plain de vin tenant environ trois queheues, que ledict
Maublanc et Couseret ont declaré par mesme serment leur apartenir et permanent.
Ledict vin des vignes qu’il tiennent d’admodiation dudict Bellevaux.
De la au sellier ou souloit ester le pressoir s’est retrouvé :
Une grande cuve contenant environ huict queheue assortie de cercles en belle
fonte qu’elle est pressé a y a verger du vin que lesdict admodiateurs ont declaré
apartenir a Guillaume Roussel de Ryos, jadis admodiateur.
Item deux queheues et deux demys, pleines de vin rouge, que les mesme
admodiateurs ont aussy declarez par mesme serment leur apartenir et ledict vin
estre destiné por la mansion desdict religieux.
- XLVI -
En la cave proche la grande cuisine :
Un farinier en trois enchastré, lequel a de sapin et sans couvercle.
Un pot de cuivre tenant environ douze pinte avec son ance de fer.
Six demis queheues desquels deux sont plennes de vin rouge et les aultres, quatres
muids, que lesdict admodiateurs ont declaré leur apartenir.
Grenier
De la, passant au grand grenier proche ledict cloistre ou sont esté
trouvés les quantites de graines cy apres :
quarante sept quartes de froment, mesure dudict Bellevaux dont les trois font
quatre mesure et demis, mesure de Dole.
Dix sept quartes d’orges viel a le mesme mesure.
Sept quartes de cousels.
Cinq penaul de navette, a susdict mesure.
De la somme passé en un aultre grenier apellé Morimont ou se sont
trouvé
Cinq quartes de navette aussy nouvelle.
Dix quartes de boisses, mesurer susdict.
Un grand pot de cuivre tenant environ deux soilles.
En la chambre sur la porterie s’est trouvé un meschant chalit de
chesne, un vielle buffet sans serrure.
[Folio 6 verso]
Les meubles
trouvés en la
chambre du
prieur.
Et sur ce de la part dudict sieur de Montreby, a present prieur, nous a esté
remonstré qu’a la sortie de ladicte abbaye de dom Claude Loys, a present
prieur a la Charité il avoit laissé en sa chambre quelques meubles desquels il
s’est servi et se sert presentement. Nous nous sommes transporté en sa chambre et
y avons trouvé ce que s’ensuyt :
Premier, deux licts tant bon que meschant.
Deux couverture de mante, l’une verte et l’aultre rouge.
Un bache de toille.
Deux cheres doré et deux aultres de bois.
Un plat bassin et un chandelier d’estaing.
Deux plat d’estaing et six assietes.
Un pintet et un tier d’estaing.
Un assortiment de lict, de rideaux, de serges rouges.
Deux tapis : l’un de toille, l’aultre de tapisserie.
Lesquels meubles contenus sont en cour demeurés en sa chambre et a la garde
dudict sieur prieur de Monterby jusque aultrement soit ordonné ainsi. Sygné frere
Gabriel de Monterby, prieur et Jeannot.
Et s’estant representé par devant lesdict Jehan Jeanot, Jaque Goulu et
Claude Paulhier, officiés audict Bellevaux avec ledict Gremaire
- XLVII -
Les ruines
Millot, nous ont declairé avoir visité l’estat du bastiment de ladicte abbaye en
conformité de l’ordonance du jourd’huy et raporté par leur avant dict serment ce
que s’ensuit :
Premier, en la grande gallerie tirant dois l’escaillier du logis abbatial tirant au
dortois y convient meltre quatre estançons du cousté du jardin du couvent por
retenir la couverture, relier la rameure en plusieurs endroict a eviter sa choutte,
convient aussy reparer des carreaux le bout de ladicte gallerie, du costé dudcit
escallier.
Au dortoir se trouve que dedans la cour ou pand la lampe dudict dortoir et
joignant le tuyau de la cheminé du couvent sont quatres chevront desjoinct qu’il
convient racommoder, ranfletrer la rameure du lect tout du long et refair la
couverture pour estre troué en plusieurs endroict.
[Folio 7 recto]
Au clocher, lesquel d’iceluy la besoing de recouvrir a neuf et au plus tost.
Le beufrois ou sont possé les quatre cloches, y et plusieurs pieces qui par
pourritures ont abandonné leurs places et convient en remettre d’aultre
incontinent.
En ladicte esqueille y manque une des principalles (deques) 49 qu’il convient
racommoder dois la livre plate, formé en hault.
Le toit des petites voutes a besoing de retenir en quelques endrois a cause qu’il s’y
trove des goutieres.
Au cloistre siquamment du costé de collation, y a plusieurs goutieres qu’il
convient recouvrir.
Quand a celuy de costé du refectoir nouveau, il est covert au neuf par une moitié
et convient couvrir le reste.
Le four des religieux se trouve que le ceintre est rompu en divers lieux et convient
le refaire et recouvrir a neuf.
La muraille du grand enclos de ladicte abbaye du costé du prelot, tyrant a Neusve
Grange, s’est troué a l’endroit de la vielle estable escorchee de la longueur
d’environ une toise, qu’il convient racommoder et austre d’environ quatre pied.
Et plus hault et proche le coing leurs besoignes, il y a aussi une escorchure qu’il
convient raccommoder et recouvrir de l’aultre parti de ladicte muraille comme
d’environ huict toise.
Dois ledict quarrer suyvant le chemin contre ladicte abbaye est une escorchure
comme la precedente, a quoy yl convient d’y mesme remedier, tant a reausler la
muraille que couvrir.
Dans le petit enclos se trove qu’auprès de la vielle estable, du costé des vignes y a
trois escorchures dans la muraille qui convient contenir, comprin ce qui est
adjacent qu’il convient abatre, d’environ huict toise de longueur et demie toise
d’haulteur.
Au joignant dudict enclos est une maisonnete ou se logent ordinairement les
malades que la (navement) 50 souvent audict Bellevaux, laquelle est toute
descouverte, a quoy il convient porvoir a plustot.
49
50
Mot difficilement lisible dans le document. Ce terme est le plus probable.
Mot difficilement lisible dans le document. Ce terme est le plus probable.
- XLVIII -
[Folio 7 verso]
Et au devan de ladicte porterie est une chapelle et oratoire en bon estat sauf les
porte qui manque.
Le grangage de la porterie se trove en asser bon ordre sauf au regard des establerie
qu’il n’y a aulcun plancher et convient y en faire au plustot.
Sur lesdictes estableries a … proche la porterie et au sus es grangage sont abergé
environ cinquante chariot de foin provenant des pres de ladicte abbaye que lesdict
admodiateur on faict fauscher la presente annee.
Au bout du jardin, un pigeonnier a pied, lequel est en deheu estat, mesme la
couverture de ladicte auroit esté reparé en la presente année, mais que au
commencement de l’admodiation desdict Maublans et Couseret il estoient
entierement depeuplé il n’a peult jusque a present estre repeuplé et n’y peult avoir
qu’environ quinze ou seize pigeons.
Encour nous estant transporté au lieu d’Argiré, en la maison dependant de ladicte
abbaye en la presence dudict commis administrateur et dudict Maublans souvent,
en l’estage d’en bas d’icelle maison composé de trois grande chambre en deux
desquelles y a chemines, les murailles a l’endroict desdictes chambres sont
grandement ruineuses, comme aussi l’estendue faisant la separation desdictes
chambres estant de terrasse et rompue en divers endroict, estant de plus lesdictes
chambres sans portes ny fenestres, ny fermeture quelconques, mesme y manque la
porte devant et sont lesdictes chambre sans plancher en bas, ains simple terrasse et
sans aulcun meubles.
Le cartier d’en hault consiste de mesme, en trois chambre, toute trois a
les fenestrages sans vitres ny venteaux, sauf le milieu garnie d’un venteau.
Le planché d’en hault de la premiere chambre derers la grande porte est
entierement ruineux celuy de devant estant en assé bon estat.
Il y a deux andiers de fontes por la chambre du milieu, le planchers tant de hault
que de bas sont en assé bon estat.
[Folio 8 recto]
Les ruines
d’Argiés
En la troisieme qu’est la plus grande, il y a deux forme de cabinet entierement
ruyneux n’y restant que les posteaux avec quelques terrasse, la cheminé
entierement ruyné et sans fouyers, les plancher d’en bas en assé bon estat, celuy
d’en hault est tant pourry, mesme a l’endroict de ladicte cheminé manque
plusieurs lahons ainsi qu’a d’aultres endroict.
La rameure de ladicte maison est en assé bon estat sauf les deux coing du costé de
ladicte entré qu’il y a plusieurs chevront rompu, mesme les deux faisant les deu
angles de ladicte ramure audict endroict.
Por la couverture, elle est grandement ruineuse, estant necessaire de la retenir, la
pluie y coulant en divers endroict, mesme le pied droict de lesquel est entierement
pourry y ayant une grande ouverture, tellement qu’au moyen de telle porriture et
caducité, la banderete serait toute par terre.
Et quand aux meusbles estant ausdictes chambres haultes y n’ont esté inventorié,
d’aultant qu’il ne partiennent a ladicte abbaye, ains a maitre Jehan Bricot,
chirurgien, selon qu’il est esté declaré par Lemment, proffé, par Mathieu Dusault
- XLIX -
et Nicolas Dusault dudict siege, qu’avons faict venir estre present, comis originels
dudict lieu, Mathieu de soixante ans et ledict Nicolas de vingt six ans.
L’aultre cartier de la maison est tout entierement ruiné et n’y a aulcun plancher ny
aisance por y eberger du fourage y ayant seulement une cresche ou l’on vouloit
loger les chevaux dudict sieur abbé.
La rameure et couverture de ladicte sont en bon estat, y manquant toutefois une
coulonne, laquelle auroit esté bruslé par le pied au temps que la contagion a regné
audict Argiré.
Il n’y a aulcune porte en tout les endroict de ladicte grange, sauf du grand portal
que la porte est de sapin rompue en divers endroict.
Le four que souloit estre en ladicte maison est entierement ruiné.
[Folio 8 verso]
Et a l’instant est survenu Jehan Bricot le jeusne fil dudict Bricot, lequel a presté
mesme serment que ledict Dusault et que lesdict meubles apartenoit a son dict
pere et que ladicte maison avec ses adjacences et heritage en dependant avoit esté
assensé par leurdict pere, dois environs trois audict sieur abbé defunt de Bellevaux
moyennant le cense de quatre vingt carte moitié froment, avoine, mesure dudict
Bellevaux et douze franc d’argent, ce payable a la Saint Martin d’hyver ainsi
signé Jehan Claude Lorioz comme presentement Maublans, Jeannot, Bricaud et
Jean Gouhu.
Et le mesme jour, vingtiesme desdict mois et ans repassant au moulin de Marlos il
est esté recognu en bon estat sauf la cheminé rompue et devenu sans aulcune
bande nous ayant esté declaré que le munier presentement absent le tenoit en
assencement dudict fut abbé.
Et le lendemain vingt et unieme dudict mois, ans susdict mil six cent trente deux
nous somme pourté au establerie de ladicte abbaye ou se sont trouvé quarante sinq
bestes a cornes, scavoir trois beuf d’age de trois a quatre ans, trois armaux et
dixhuict vasches pourtant fruict, quatre genise, un aultre beuf de deux ans, seize
vaux de la presente annee, vingt tant brebis que moutons, quatre chevaux, trois
bayes, l’un de six ans, le grand quatre et le troisieme, un cornal fort viel et un
aultre brun d’age environ douze ans, item sept poulain d’age de dix mois, sur pois
baye.
Devant laquelle establerie s’est trouvé un gros materat auquelle pouvoit avoir cent
voitures.
Tout lesquels bestiaux et materat, ledicts admodiateurs ont desclarer leurs
conpeter et apartenir par serment a eux pesté ainsi que les aultres meubles par cy
devant precisier et por eux. J’ai desclaré ce qui nous a esté confirmé, tant par
ledict sieur reverend prieur dudict monastere, que aultres religieux sougsigné que
par lesdicts officiers de ladicte justice, qui tout unanimement ont assouré que
lesdicts bestiaux apertenoit ausdicts admodiateurs, dont il preste serment ainsi
signéJehan Claude Lorioz, Maublans, Claude Couseret.
-L-
[Folio 9 recto]
Le mesme jour sommes passés a Velroy, vilage dependant de ladicte abbaye por
faire visite du four banal y estant, avons recogneu qu’il estoit fort ruineux et caduc
et presque descouvert partout, la porte devant d’iceluy entierement rompue, nous
ayant esté asseuré par Guillaume Jaiquot, admodiateur dudict four que si bien tost
il n’est aux reparations , aux reparations d’iceluy il sera contraint de l’abandonner
d’aultant qu’il en rend trente deux quartes de froment por chascunes annees et
neanmoins ledict four est prest a tomber nous ayant faict voir la astre dudict four
entierement rompue et quant a la coife elle est assé bonne, estant besoin de
porvoir au plus tost a la couverture aultant qu’il y pleust partout non en presence
dudict sieur administrateur et dudict sieur Maublans et de Denis Lelin dudict
Valerois et sur l’interrogat por nous faict audict sieur Maublans s’il y avoit aultre
chefs audict Valeroy depandant de ladicte abbaye, yl nous a respondu que non
sauf les dismes, tailles, censes et le droict de mainmorte tellement que continuant
ladicte visite sommes passés au lieu de Turé, ou estant parvenu sommes entré
dans le four banal dudict lieu, lequel avons trouvé entierement descouvert et le
bois de le ramure et les tuiles qui souloient servir de couverture gisantes par
terres, nous ayant estant declaré par Jehan Gaudot dict Lobet admodiateur dudict
four que seulement la nuict passé, ladicte couverture estoit tombé par caducité,
ainsi que avons recognu par le bois de ladicte ramure qui la soustenoit, lequel
avons recognus entierement pourris et les tuilles rompue.
Et au regard du four ledict fournier [
] pareillement remonstrer que la coiffe
estoit preste a tomber et n’avoit jaymais esté bien faicte,
[Folio 9 verso]
non plus que l’astre que ne valloit rien du tout, comme aussi le fouier, ce qui a
esté affirmé en presence de Piere Vienot, Huguenin Paradis et Claude Vienot,
Estienne Vienot et Jehan Paradis et Claude Vienot, s’estant subsigné sachant les
aultres escripres ainsi signé est Jehan Claude Lorioz et Claude Vienot.
De la, sommes passé a Cirer, vilage dependant de ladicte abbaye et ayant faict
exacte visite du four bannal d’illec, l’avons trouvé en bon et deheu estat, sauf
qelques peult de tuilles et lattes avec une petite ruine du costé de la porte a la main
droicte qui se peult reparer a peult de frais, nous ayant Nicolas Vodrine, fournier
dudcit Sirer remonstré qu’icy manquoit une cheminé, la bande de laquelle manque
et laquelle il convient reparer et un surplus nous a esté de mesme desclaré qu’il
n’estoit deheu audict vilage aultre chose a l’abbaye sauf les censes, courvées et
aultres prestations de maimmortables.
Subsentivement avons passé au lieu de Magny dependant de ladicte abbaye et
avons trevé le four banal dudict lieu entierement ruiné, la coiffe enfoncée et sans
aulcune couverture, au moyen de quoy l’on ne peult cuir presentement et lesdicts
subjects dudict lieu sont alles cuire leur pain ailleurs, a quoy il convient remedier
presentement par la grande necessité qu’il en ont.
- LI -
Nous ayant de meme esté declaré par lesdicts admodiateurs n’y avoir aultre chose
dependant de ladicte abbaye sauf les senses, courvées et aultres semblables
prestations por eux deheu comme subiect mainmortable d’icelle abbaye ainsi
signé Jehan Claude Lorioz, Aymé Maublans.
[Folio 10 recto]
Et le mesme jour avons passé en une vigne dependant de ladicte abbaye et que
souloit cy devant faite et cullier lesdicts religieux apellé la vigne du costé de Siré
contennant environt cinquante ouvrié, peuplé de tout plant, laquelle avoit
recogneu s’en aller en defaic s’il n’y estoit pareu incontinent, ainsi signé Jehan
Claude Lorioz, Aymé Maublans.
Encour ledict mesme jour, au lieu de Rioz a esté visité le four banal d’illec
depedant de ladicte abbaye de Bellevaux, en presence dudict sieur Maublans et
recogneu iceluy estre entierement en ruine, tant en la monte et voute du four qui
est enseré comme au reste du bastiment, ayant esté declaré tant par ledict sieur
Maublans que par messire Anthoine Bougrand, prebstre et curé audict Riolz et
Claude Pillods, mestre d’escholle audict lieu, que ledict four est resduict en ruine
entiere des trois ou quatre ans en sa et que l’on n’y a cuist aulcune paste pains
cuisent lesdicts habitans ailleurs, ainsi signé mestre Anthoine Bougrand, prebstre
curé de Rioz, Aymé Maublans et Claude Pillods, mestre d’escholle.
Depuis le vingtdeussieme dudict mois et ans, avons passé un moulin de
Gourdepain dependant de ladicte abbaye en presence dudict sieur prieur, sieur
administrateur et desdicts admodiateur, en estant avons trové Pierre Grillot de
Chambornay, musnier en iceluy lequel nous a faict voir le quartier dudict moulin
et celuy de la ville ; auquel cartier dudcit moulin avons recogneu deux meubles …
en assez bon estat et quand au demourant dudict moulinier consistant en deux
chambres, elle sont entierement ruineuses, tant aux planchiers d‘en hault et d’en
bas que tandu de terrase toute rompues.
[Folio 10 verso]
L’une des roues dudict moulin est toute pourrie, ensemble le roulet et l’arbre et
convient au plustot le refaire a neuf.
Les murailles dudict bastiment sont en assés bones reparations.
Il y a plusieurs goutieres dans la couverture qu’il convient retenir.
De la, passant au bastiment de la rible avons recogneu que les murailles sont en
assé bon estat mais que la ramure est pourrie et pleu partout. La roule de ladicte
rible est pourri, de mesme que celle du moullin.
Nous ayans remonstré ledict mugnier qu’il y souloit avoir un grand navoir sur la
riviere por passer les sugject de ladicte abbaye, scavoir ceux de Valleroy pour
venir mouldre audict moulin, et que dois environ un ans et demis les grandes eaux
l’ont emmenes tellement que por le present il n’y a qu’un petit navoir que
quelques pescheurs entretiennent, lesdicts subiet n’osoient se confier avec leurs
- LII -
grains principalement en grande eaux et ainsy en ay receupt ledict mugrier de
grand interret, dont il pretend diminution de pris de son admodiation qu’est de
seize vingt quartes froment et avoine a chacun mois de juillet, signé Jehan Claude
Lorioz, Aymé Maublans.
Et le mesme jour, repassant en ladicte abbaye, sommes entres en la sacristie ou
repose un coffre ou l’on nous a dict estoient enfermé les papiers concernans
ladicte abbaye, fermant a deux clefs, l’une desquel estoit entre les mains dudict
sieur sacristain et l’aultre en celle de Jehan Baptiste Chapuis, agent du fut sieur
abbé, lequel, present, a declaré que sa clef estoient a Besançon, mortuaire du fut
sieur, su quoy en sa presence et dudict sieur admodiateur, prieur et soubprieur
[Folio 11 recto]
Titres
a esté faict ouverture, l’une par ledict sieur sacristain, et de l’aultre, faulte de clef,
par Claude Roussel, serrurier demeurant a la porterier de ladicte abbaye, lequel
ouvert s’est trové ce que s’en suit :
Premier, un sac de toilles sur lequel est un billet contenant bulles apostoliques
en nombre : douze concernant la canonisation de sainct Piere, ausquels est joinct
un tiltre concernant les reliques de sainct Estiennes, demeurant sans cothe.
Item un sac dans lequel sont plusieurs billes de redevances deheue a Montagny
que s’est trouvé.
Premier
Quatre aultres tiltres estant en sac, des redebvances deheus a ladicte abbaye sur le
vilage de Poulignés, que c’est trevé costé.
2
Plusieurs tiltres dan un aultre sac touhant les redebvances audict couvent par les
habitans d’Argirey, Villerpater, Aubetan et Lainé. Coté.
3
Plusieurs tiltres contenans les redbvances deheues a Vuillefaux, Moidain, Viellé,
Merey. Coté.
4
Dans un aultre sac ont esté trové un vendage faict par Guillaumotte, femme de
Perrin Boudot a dom Estienne de Montbozon, abbé de Bellevaux en datte de l’an
mil six cent vingt et un ; une sentence faisans un partit desdicts sieur abbés sur un
sieur Despré de la mainmorte alias de Scey.
Le testament de fut mestre Thiebault de Rougemont. Le tout costé sur le billet.
5
Plusieurs tiltres et redebvances, eulx deheues tant au lieu de lieu de Montbozon,
Bouhans que Thienaux, en nombre de soixante six estant dans un sac cothé.
6
[Folio 11 verso]
Aultres tiltres de redebvances dehues tant a Riol, Fondrement, Vergoulot et les
granges. Cothé.
7
- LIII -
Plusieurs aultres tiltres estant en sac des redebvances dehues a ladicte abbaye au
lieu de Thurez, Moncey et Venise.
8
Un sac sur lequel est escript Bellevaux ou sont plusieurs pieces et proces d’entre
les habitans de Vallerois et lesdicts sieurs abbé et religieux. Cothé.
9
Un sac dans lequel sont plusieurs tiltres des redebvances deheues a ladicte abbaye
au vilage de Sirey. Cothé.
10
Item trente neuf pieces estant dans un sac que sont aultres tiltres concernans les
redebvances deheus a ladicte abbaye sur plusieur vilages. Cothé.
11
Un aultre sac dan lequel sont plusieurs tiltres des redebvances deheus a
Nensicelle, Breurey et They. Cothé.
12
Un aultre sac dan lequel sont plusieurs tiltres concernant les redebvances deheues
a ladicte abbaye au lieu de Vallerois. Cothé.
13
Un sac dan lequel sont plusieurs tiltres touchant la maison de Bellevaux. Cothé.
14
Plusieurs aultres tiltres tiltrés concernant les redebvances de Rigney et Rignozot,
Corcelle et Miellot. Cothé.
15
Item seize volumes de recognoissance faictes aux profict de ladicte abbaye par les
habitans des vilages de Magny, Thuré, Menselle, Neufvegrange, Dornon, Cirey,
Valeroy et Marloz, lesdictes recognoissances receptions par sont Guilaume
Crenoiseret d’Hugie et Jehan Goulu de Vallay noté
[Folio 12 recto]
Tous lesdicts volumes liés et mis ensemble et non signé. Cothé le tout.
16
Quelques comptes, procedures, registres et aultres papiers concernant le revenu de
ladicte abbaye.
Item rouleaux et volumes de recognoissances touchant la signeurie d’Yeure que
n’ont esté estendue ny d’aulcune, signé avec d’aultres des habitant de Dennon, le
tout joinct ensemble et cothé.
17
Un sac intitulé Bastiere et Valeroy le Bois dans lequel se sont trouvé plusieurs
titres et papiers, entre aultre douze en parchemin. Cothé. Jusque a la lettre «M»
incluse. Le tout cothé.
18
En un aultre sac intitulé Neufvegrange se sont trouvé dix tiltres que sont
donnations faictes d’icelles Neufvegranges a ladicte abbaye. Cothé.
19
Une procedure faicte entre Louy du Traitre, jaidict abbé dudict Bellevaux, entre
Nicolas Benreur, deffenseur et ledict impetrant par garantie contre Charle Petre et
Nicolas Broc au faict de sept cent franc. Cothé.
- LIV -
20
Item quatorze tiltres concernant les droiches apertenants audict couvent touchant
Le Magny entre lesquels y en a un que porte comme les habitants de Cirey
doibvent residence audict lieu. Cothé.
21
Plusieurs aultres tiltres concernant les biens et revenu qu’apartienent ausdicts
sieur Albert, religieux au lieu d’Argiré, Villerpater et Antoison. Le tout remis
dans ledict sac cothé.
22
Dans un aultre sac apellé Montarlot et Vilerchemin ont esté trové plusieurs tiltres
et papiers, entre aultre treize tiltres en parchemin cothé jusqu'à la lettre N. Le tout
remis dans ledict sac cothé.
23
[Folio 12 verso]
Dans un aultre sac ont esté trové disneuf tiltres concernant les redebvances
deheues ausdicts sieurs de Bellevaux au lieu d’Obertain, lieu de Tise remis dans
ledict sac cothé.
24
En un aultre sac ont esté trouvé trente six tiltre en parchemin des droictures
deheues ausdicts sieurs abbés et religieux aux vilages de Dampiere, Treve, Probe
et Fontenois. Cothé.
25
Dans un aultre sac ont esté trové huict titres en parchemin contenant les droictures
apartenant ausdicts sieurs abbé et religieux. Cothé.
26
Dans un aultre sac se sont trové trente un tiltres en parchemin concernant les
redebvances deheues au lieu de Rigney, Rouland, Vaudnan, Moulin, Martin,
Larians, Ormonans et Loulands. Cothé.
27
Encore dans un aultre sac se sont trovés vingt tiltres en parchemin concernant la
maison de Chaudefontaine apartenant ausdicts sieur abbé et religieux. Item un
aultre en papier de dation de tutelle par lequel apart du drois qu’il ont de se faire.
Cothé.
28
Dans un aultre sac intitulé les Trois Rois se sont trouvé les tiltres suivant : scavoir
une fulmination de bulles apostoliques sur le faict que l’abbé du Tartre disoit
apartenir a son abbaye, sur plusieurs prieres et abbayes, mesme sur celle des Trois
Rois. Lesdicts tiltres cothé.
[Folio 13 recto]
Une permutation en lieu Croisant dict l’abbaye des Trois Roy en l’encontre de
Chenaux Levrette, Chaselot, un moix taillable et audict Levrette, le sizieme partie
de gros disme audict Chaselot, une maison taillable de la datte mil deux cent
nonante neuf. Cothé.
C
- LV -
Une visite faicte de l’abbaye des Trois Roy par Guillaume, abbé de Cisteau pour
refformer les religieux. Cothé.
D
Tout les aultres tiltres y estant sont procuration, quiltances et aultres pieces
servant de peult saulf celle cy apres qu’est une procuration du prioré d’Harbois
avec l’abbé de Velley en Brabam, et reverend pere messire Philbert, prevost et
archidiacre du prieur commenditaire du prioré d’Arboy en ce compte de
Bourgogne en datte de l’anné mil sinq cent trois. Cothé.
E
Le tout remis remis dans ledict sac cothé.
29
Encour en un aultre sac sont esté trové quarante sept pieces tant en papier que
parchemin concernant la redebvances seigneuri, celes deheues a Marchaux,
Champours et Chesseur dans lequel y a un tiltre des disme de Braslans. Le tout
cothé.
30
En un aultre sac se sont trové onze tiltres en parchemin concernant les droitures et
revenus qu’apartiennent ausdict sieur abbé et religieux au lieu de Gis et vignoble
d’illec consistant an meix maison et vignes. Cothé.
31
[Folio 13 verso]
Dans un aultre sac sont esté trové plusieurs confirmations et privileges concedés
par les papes et archevesques de Besançon. Cothé.
32
Par apres en un sac intitulé Salin se sont trouvé vingt tiltres en parchemins,
chascun d’iceulx costé par lettres alphabetiques et quelques aultres papiers, le tout
costé, ainsi signé frere Grabriel de Montarby, Jehan Claude Lorioz, frere Thomas
Veland soubprieur, Aimé Maublans et Jehan Baptiste Chapuis.
Suyvamment, en ladicte abbaye, le vingtneuvieme juillet ans susdict avons
continués comme s’ensuyt en presence des [ ] 51
Premier, se sont trové dans un sac intitulé Braslan, treize tiltres en parchemin avec
un inventaire d’iceux non signé, jusque a la coste N et quant a la costhe O c’est un
assensement faict par ledict fut sieur abbé de ladicte grange de Bralan sise entre
lesdict vilages de Marchaulx, Viellés et aultres et le bois de Chalu, signé Miellin
non comprise la costhe L parce qu’elle manque dans ledict sac, lequel inventaire
avons faict signer par ledict juré Baverel. Costhé.
34
Un aultre sac dans lequel sont quelques papiers et missives touchant
l’administration de ladicte abbaye comise cy devant audict sieur du Tartre, le tiltre
duquel pourte qu’il y avoit proces entre ledict fut sieur du Tartre contre François
Rouselet de Quenoche. Cothé.
34
51
Mot illisible dans le document.
- LVI -
Un aultre sac intiulé Gilley concernant ledict disme de Bellevaux dans lequel il y
a trente et un tiltres en parchemin, remis dans ledict sac cothé.
35
[Folio 14 recto]
Un aultre intitulé Chastillon, Guiette dans sont plusieurs tiltres avec un inventaire
non signé, jusque a la coste F incluse, qu’a esté revestit et signé par ledict juré ….
Cothé.
36
Un aultre grand sac intitulé bulles apostoliques et archiepiscopales dan lequel se
sont trové cinquante huict tiltres sans inventés. Le tout remis dans ledict sac cothé
au do du tillat.
37
Item un aultre sac dans lequel sont les pieces d’un proces pendant en ladicte cour
entre le fut sir abbé d’Andelost supresent contre Jehan de Grosselle, vivant,
procureur fiscal d’Amont, au faict d’une succession sur luy pretendue selon
inventaire estant dans lesdictes pieces, revestit jusque a la coste M M, celle de N
N manquant. Cosé sur le tillat.
38
Un aultre sac dans lequel se sont trové soixante et seize tiltres de parchemin et
quelques papiers intitulé commissions et papiers concernant auchrite de
Bellevaux. Costhé.
39
Un aultre sac intitulé Quilles, Scay, Coudray, Verchamps, Rougemons, Olanc,
Senans, Marchaux, Gusenlte, Maucenaus dans lequelle sac s’y sont trové quarante
six tiltres an parchemin fort ancien avec une recognoissance en papier concernant
la declaration des biens de Piere Bardot d’Olans, signé Michelet. Ledict sac
costhé.
40
Un aultre sac dans lequel se sont trouvé sept tiltres en parchemin servant por
Cromaris avec quelques papiers. Costhé.
41
[Folio 14 verso]
Un aultre sac dans lequel se son trouvé cinquante quatre tiltres an parchemin
concernant Roche sur Doubs. Costhé.
42
Un aultre sac dans lequel sont plusieurs pieces de divers proces sans inventaires, y
ayant six tiltres en parchemin. Costhé.
43
Un aultre sac dans lequel sont les pieces d’un proces contre Noel Clement de
Dornon, au faict de coupage de bois dans les grands bois de Bellevaux, lesdictes
pieces joinctes ensembles avec l’inventaire revesti sans la costhe B que sont les
fins posessoires et la costhe R qu’est une procuration, les aultres pieces qui sont
dans ledict sac sont confuses et sans suitte de costat, y manquant la plus part, yl y
a encour deux lettres en parchemin joinctes et costhé H. Le tout remis dans le sac
costhé.
44
- LVII -
Item en un aultre sac intitulé proces por le sire abbé de Bellevaux impetrant por
recognoissance contre Claude Gellemont ou si sont trouvé lesdictes pieces
joinctes ensembles avec quelques aultres contuses. Le tout remis dans ledict sac
costhé.
45
Aultre sac dans lequel sont les pieces d’un proces contre François Clerenaux et
Pouceette Fillet, Simon Bassan de Syrez, deffendeur pour crime selon l’inventaire
recosté avec quelques aultres pieces confuses ne meritant inventorier. Le tout
remis dans ledict sac costhé.
46
Un aultre sac intitulé Broc ou sont quelques pieces concernant ledict Broc et deux
inventaires que n’ont peult estre revesti por y avoir trop de manquemant. Tout
remis dans ledict sac costhé.
47
[Folio 15 recto]
Item un grand nombre de pieces en parchemins en nombre de soixante et dix qui
sont grosses des redebvances de ladicte abbaye avec un petit manuel des tailles
deheues a Montbozon et quelques aultres papiers concernant les mesmes droict.
Le tout remis dans lesdicts sac costhé.
48
Sept tiltres en parchemin et un en papier des redebvances deheues a ladicte
abbaye par comy de Tylains. Costhé.
49
Un aultre sac dans lequel sont vingt et un tiltres en parhemin concernans les
redebvances de Senans Lusans, Germondans, Verchamps et Loulands que dismes.
Remis dans ldict sac costhé au dos du tillat.
50
Item un aultre grand sac intitulé Chambornay les Bellevaux et Chambornay les
Pins dans lequel se sont trové quatre vingt onze tiltre en parchemin concernant les
redebvances deheues audict Bellevaux par lesdicts de Chambornay. Le tout remis
dans ledict sac costhé.
51
se sont retrouvé quatre vingt quatre tiltres en parchemins et plusieurs papiers avec
un petit sac intitulé Tise, dans lequel sont douze tiltre en parchemin et quelques
missives. Et dans l’aultre sac auquel il n’i et aulcun tiltre, se sont trové trente deux
concernant le revenu de Besançon. Item un viel manuel des anses deheues de
ceulx dudict Besançon couvert de viel parchemin, avec plusieurs fragments de
proces pendant a Besançon et un petit sac ou il y a neuf tiltres en parchemin
concernant les redebvances a ladicte abbaye riere ledict Besançon. Le tout
cousthé.
52
[Folio 15 verso]
Deux sac attaché ensemble dans l’un desquel sont les pieces d’un proces que le fut
sieur abbé avoit contre Jehan Sain le vieux et le sensne, deffendeurs au fait de
dishuict tisnes de vin y ayant trois lectre en parchemins et dans l’aultres sont les
pieces desdicts saints du mesme proces. Costhé.
53
- LVIII -
Un aultre sac ou sont les pieces des proces contre heritier de fut sieur Cusmenet et
en oultre un compte rendu par fut maistre Jehan Baptiste d’Andelost au fut sieur
Boustechox de Basterant conseillez. Costhé.
54
Dans un aultre sac intitulé privelege se sont trové vingt neuf, tant bulles que tiltres
de parchemin, avec une infiormation des franchises et immunition de ladicte
abbaye de Bellevaux. Costhé.
55
Item un aultre sac dans lequel sont les pieces du proces du fut sieur d’Albamé
contre maistre André Faitout, por leur rendre compte selon l’inventaire remist
sans la coste B qu’estan traicté en papier. Costhé.
56
Dans un aultre sac intitulé papier rendu par le procureur Got. Le tout trouvé sinq
lettres en parchemins avec un manuel de recognoissance non signé et quelque
aultre piece du procé. Costhé.
57
Dans un aultre sac intitulé maistre Estienbe de Grusit, prebstre, curé de
Cambornay contre l’abbé de Bellevaux se sont trové plusieurs pieces concernant
lesdicts proces avec deux inventaires diverses qui n’ont peult estre revestu por
estre les pieces confuses sans ordres et que les costhe ne se rencontre, y manquant
plusieurs pieces et particulierement un viel tiltre inventorié. Sac costhé.
[Folio 16 recto]
qu’est une donation faicte par le reverend l’arshevesque de Besançon, nommé
Humbert, au sieur abbé de Bellevaux de l’authorités et totale juridiction sur
l’eglise de Chambornay et de prendre et percepvoir le revenu en dependant. Costé.
58
Item un aultre sac intitulé Vayme, Vallerois, Lorios, Eschenos le Sec, Andelans,
Larrot, Freltoy, Vesoul, Nasle dans lequel sont soixant huict tiltres et lettres en
parchemin et quelques papiers concernant les redebvances desdicts vilages.
Costhé.
59
Un sac intitulé proces de l’abbaye de (lucolam) por demonstrer que ladicte abbaye
de Bellevaux est mere immediate dudict Lucelau selon qu’il a part par plusieurs
lettres missives escriptes aux abbés de Bellevaux par les abbés dudict por lesquels
il les califie de pere et leur recommande les affaires de leur abbayes envers leur
reverend abbé et general dudict ordre, sont aussi dans le mesme sac plusieurs
aultres tiltres servant au mesme effect. Costé sur la toille du sac.
60
Un aultre sac intitulé sieur et venerable de Bellevaux et d’Argirés, entreve et
opposant contre les habitant d’Autoisons dans lequelle sac sont plusieurs pieces
confuses et de diverses costhes sans suytte tellement qu’il a esté impossible de
revestir l’inventaire au moyen des manquement desdictes costhes. Ledict sac
costhé.
61
- LIX -
[Folio 16 verso]
Un aultre sac dans lequel sont plusieurs tiltres et papiers confus que ne meritent
inventorier. Ledict sac costhé.
62
Un aultre sac intitulé Riole dans lequel se sont trové quinze vieux tiltres
concernant les droicts de ladicte abbaye au village dudict Riole.Costhé.
63
Un aultre sac intitulé por Noble Guillaume Vellis dans lequel sont trente cinq tant
tiltres que lettrages. Tout remis dans ledict sac costhé.
63
Un aultre sac apellé Montagné dans lequel sont dishuict vieux tiltres escript en
parchemin touchant les droict de ladicte abbaye sur ledict Montagnés. Costhé.
64
Item un aultre sac intitulé Aurignés dans lequel sont quelques proces et memoire
de peult d’importance, sauf la copie du arest par lequel le sieur de Bellevaux est
mainteneut et gardé en la possesion du dot et mariage de Beatrice Lanffard et de
ses troussels meubles et biens et de ce qui est en nature de troussels et biens
meubles qu’elle avoit aporté de la mainmorte de Bellevaux, ausquel arest est un
traicté faict avec ledict sieur d’Albamé, abbé dudict Bellevaux et Guillaume Jehan
Damil, Richard d’Aurigné, frere d’aultre part sur ce qui estoit porté par ledict
arest, ledict traicté datté du vingtiesme d’octobre de la mille cinq cent nonante,
signé Bresllet. Le tout remis dans ledict sac cotter.
65
[Folio 17 recto]
Tout lesquel tiltres, lettrages et papiers sus inventoriés ont esté remis audict coffre
dans ladicte sacristie, le coffre auroit esté refermé par deux clef ayant esté remise
celle cy devant levé par notre ordonnance et faicte nouvelle clef par ledict Claude
Roussel, serrurier, laquel auroit esté mise en mains desdicts sieur administrateur et
l’autre entre le mains dudict dom Thomas Veland, sacristain ainsi qu’il a esté usé
du passé et sur le droict que ledict dom Thomas declare apartenir et competer
ausdicts sieurs religieux de ladicte abbaye et quand et aux vielle coffre de sapin
estant en ladicte sacristie, iceluy ayant esté ouvert on a recognu qu’il y avoit
plusieurs papiers confus que ledict sacristain et dom Jehan Grand aussy ont
declaré n’avoir jaymays esté inventorié cy devant et n’estre que fragment non
servant ayant por plus grande sureté et asseurance faict mettre en notre presence
par ledict serrurier une serrure neusve audict coffre et a esté fermé a clef, laquelle
a esté aussi mise en notre presence dans l’aultre coffre por estre le tout gardé
fidellement, desquels clef tant ledict comis que ledict sacristain selon sa charge
permettant en faire leur garde s’estante signé de ce soubsigné frere Gerard de
Monterby, prieur, Jehan Claude Lorios, Claude Couseret, frere Jehan Voland,
soubprieur et Aymé Maublans.
Et a l’instant, ayant faict venir par devant nous ledict Jehan Baptiste Chapuis,
superintendant des affaires dudict fut sieur abbé, luy avons ordonné de nous
declarer par serment, que luy avois faict prester en nos mains s’il scavois qu’il y
heut aultres tiltres papiers, lectrages et en seigneury concernant ladicte abbaye soit
dans
- LX -
[Folio 17 verso]
la maison abbatiale ou en la cité de Besançon ou alleurs, l’ayant admonesté
serieusement de nous dire et declarer ce qu’il en scavoit por le grand interest
qu’en pourroit ressentir ladicte abbaye,sur quoy il nous a declaré premierement
qu’il avoit un coffre a luy apartenant en la maison mortuaire dudict sieur abbé size
au chapitre dudict Besançon, dans lequel coffre estoit un cartulaire contenant tout
les titres et droictures d’icelles mais, neanmoins qu’il avoit que depuis le deces
dudict fut sieur abbé les gouverneurs de la cité de Besançon avoient de leur
authorité faict meltre et apposer les seaulx, non seulement audict coffre mais
encore a tout les meubles de ladicte maison, se submettant de rendre ledict
cartulaire et tout aultre papier qui pouvoit concerner ladicte abbaye, lors et quand,
luy serat ordonné par justice, ayant adjousté que dans le mesme coffre, ou dans un
aultre sont les habit servant a sa personne. Il y avoit un aultre tiltre concernant les
moulins de Gondenans, es moulins qu’il auroit lire par commandement dudict fut
sieur reverend abbé por servir en nostre cause qu’il a pendante au parlement de
Dole concernant ledict moulin, lequel tiltre il se submect de delibvrer apres la
levation desdicts seaulx soit audict administrateur ou a telle aultre qu’il plaira a
ladicte cour ordonner, a l’effect de quoy il s’est soubsigné ainsi signé frere Jehan
Voland, soubprieur, Jehan Claude Lorios, Jehan Baptiste Chapuis.
[Folio 18 recto]
Subsecutivement se sont reputés par devant nous ledicts sieurs prieur et religieux
lesquels nous ont remonstré que depuis le temps qu’estions arrivé en la presente
abbaye, nous aurions peult recognestre avec combien de devotion et assiduité il
celebroient les offices divins, a quoy ils desirent continuer encor a l’advenir avec
la plus grande ferveur et pieté qui leur sera possible. Mais, neanmoings,
qu’encoure que par toutes les visites precedentes qui ont esté faicte en la maison
de Conus par les sieurs commis de leur reverendissime general, ils leur auroient
faict diverses plainctes du petit traitement et prebende qu’il avoient qui ne sont
suffisantes et capables de les nourrir et entretenir selon leur qualité et profession,
toutefois, jusqu'a present il n’auroient esté pourveu sur leur requisitions et
remonstrances si justes et si raisonables nous requerant, pour ce, en presence
dudict administrateur de vouloir prendre et recepvoir de leur part les tres humbles
remonstrances qu’il nous en faisoient et d’en faire raport a ladicte cour, sur quoy,
nous ayant mis en mains lesdictes remonstrances contenant deux feuillet et demi
et iceux soubsigné, avons declaré qu’en ferions raport a ladicte cour por par elle y
estre ordonné ce qu’en justice elle trouveroit convenir, a quoy ledict
administrateur auroit encour adjousté que par la bonne volonté et effection qu’il
desiroit tesmogner ausdicts sieurs religieux. Il en conferroit avec ledict sieur
reverendissime de Cisteaux et tascheroit de procurer l’exemtions des reglement ja
sur ce faict ayant, en oultre desclaré que lesdictes remontrances seroient joinctes a
notre presente besogne.
- LXI -
[Folio 18 verso]
Finablement, le lendemain vingt cinquiesme jour dudict mois estant en ladicte
abbaye, ledict sieur administrateur nous a faict scavoir que les moulins de
Quenoche, Rapigney et Gondenans dependoient de ladicte abbaye que aussy le
moulin de Gondenans, sur quoy avons faict venir lesdicts admodiateur lesquels
par leur serment on declaré scavoir que le moulin de Quenoche estoit en assé bon
estat, y manquant seulement une meule du gisant et qu’il estoit admodié por deux
cent quartes de froment, mesure de Fondremand.
Celuy de Rapigney de mesme en bon estat, admodié por mesme quantité que le
susdict.
Celluy de Gondenans en bon estat mais qu’il ne dependoit de ladicte abbaye que
por les deux tiers et estoit admodié, le louhage a cent quartes de froment.
Et quand au four de Germondan, il estoit aussy en assé bon estat, admodié por
environ quarante huict quartes de froment.
Nous ayant, en oultre, lesdicts admodiateurs declaré qu’il avoient ensemencé tout
les heritages apartenant a la pourterie de ladicte abbaye, tant de froment, orge que
de bouguette et sur ce duquel ont encour affirmé par serment n’avoir en leur
puissances aulcuns papiers dependants de ladicte abbaye ny enseignement por la
recepte du revenu d’icelle, ainsi signé Jehan Claude Lorios, Aymé Maublans et
Claude Couseret.
Lesquls bien papiers, letrages et aultres cy desus inventorié avons delaissé en la
charge de Jehan Claude Lorios, docteur en drois, comis a l’administration de
ladicte abbaye por les regir, administrer
[Folio 19 recto]
et gouverner selon le pouvoir a luy donné par ladicte cour aux charges de cautions
et aultres portées en ladicte commission et de servir deheument aux prebendes des
religieux et tenir compte desdicts bon fruit, proffit, revenu et esmoluement de
ladicte abbaye et deans huict jours prochain prester caution receante audict effect,
ce qu’il a promis faire sauf l’obligation de tous et quelconques ses biens present a
advenir, ceux de ses caulx sans le privilege du sel de sa majesté, renonceant a
toutes exemptions contraires, mesme au droit disant que general si la speciale ne
precede et par mesme, conffesse ledict Aymé Maublans et Claude Couseret,
admodiateurs susdict estant en leur personne, soubs mesme obligation de faire
bonne et seure garde des meubles, tant mor que nef retreuvé en ladicte abbaye
despendant de ce qu’est de leur admodiation et de ce que vouloit estre tenu et
possedé par ledict fut sieur abbé soub protestations audict Jehan Baptiste Chapuis,
superintendant aus affaires dudict sieur de Bellevaux et au nom du sieur son
heritier comme ausdict admodiateurs de porveoir a la cour de ce qu’il ont
declairés leur conpeter faict et passé et clos en presence desdicts sieurs religieux
et autre soubsigné, ainsi signé Jehan Claude Monterby, Jehan Claude Lorios,
Claude Couseret, Aymé Maublans, Bricaud et Jehan Baptiste Chapuis.
- LXII -
Subsecutivement, sur les remonstrances et plainctes a nous faicte, tant de la part
desdicts religieux que des admodiateurs et officiers de ladicte abbaye, disant que
depuis quelques annés en ça, les subject de ladicte abbaye se seroient donné telle
liberté
[Folio 19 verso]
que d’aller impudemment dans les bois d’icelle ausquels il auroient commis tant
de desgaists, qu’il estoient a present presque ruinés aux grand prejudices desdicts
sieurs abbé qui succederont a l’adevenir et mesme desdictes communauté
esquelles arivant quelques orvale de fouly ou aultre accident. Il leur seroient
impossible de treuvé des bois propres et suffisant por les ayder a rebastir ce que
par nous entendu et a la requisition mesme dudict sieur administrateur nous avons
declarer que procederions a la visite desdics bois por recognoistre plus
particulierement l’estat d’iceux.
Sur quoy, sortant de ladicte abbaye avons esté conduict du costel de soleil levant
ou un grand bois apellé le Chesnois, distant de ladicte abbaye de la longueur
d’environ cent cinquante pas, auquel estant esté avons recogneu a main gauche au
grand applatifs qui peut porter environ cinquante toise, tant de longeur que de
largeur, y ayant remarqué une grande quantité de faulx coupées et abastu
fraischement, selon qu’il se voit par les tronc, ayant faict venir a nous par notre
commandement Claude Bruson, sergent en ladicte justice de Bellevaux, lequel
nous a dict estoit tres bien informé des desgat comis dans lesdicts bois, tellement
qu’ayant prins de luy le serment en nos mains, aussi de nous monstrer et faire voir
les endrois et granstons desdicts bois les plus endomagés. Il nous a premierement
mené du costel de la main droicte dudict bois de Chasnois ou il nous a aussy faict
voir un applatifs de mesme grandeur et estendu que le precedent.
[Folio 20 recto]
Et de la, porsuyvant notre chemin un peult plus avant, nous avons aussy recogneu
des aultres deci et dela d’un chemin qui tyre au vilage du Magny.
A la sortie duquel bois, sommes entré audict village ou ont recogneu une maison
bastie tout a neuf par un particulier dudict lieu nommé Adam Tuillier auquel
n’avons peult parler, estant lors absent du village et travaillait a ses maisons mais,
ayant contourné ladicte maison du lon et large qu’elle l’estant et comporte, nous
avons recogneu que, non soutenues, la ramure d’icelle, mais encor toutes les
aultres partie dont elle est composé estoit de bois de chasne, sur quoy ledict
sergent nous a dict qu’il nous feroit bien voir les endroict ou ledict particulier
avoit coupé et pris ledict bois, tellement que traversant un aultre bois apellé le
Chasnois, sur Magny y avons veu grande quantité de troncs de chasnes
fraischement couppé et dont ledict particulier se seroit servir por son bastiment
selon que ledict sergent nous l’auroit asseuré.
Et encor porsuyvant plus avant notre chemin, avons trouvé un grand essards faict
depuis naguerre, selon que ce recognoist par les tronc et les eschaille estant
alentour d’iceluy ; ledict essard estant de longueur d’environ soixante pas et trente
de largeur, parmis lequel y a aussi grande quantité de tronc de bois de chasne que
- LXIII -
ledict sergent nous a asseuré avoir esté faict par des particuliers du village de
Marlots, ainsi que le pourrions recognoistre plus clairement en voyant les
clostures de heritage qu’il ont a l’entour de leur village, comme aussy de leur
jardin et vergés, tellement que de la nous aurions esté occasionné de passer audict
village de Marlot ou nous aurion recogneu a veue d’œil la verité de ce que desus
et que le plus grand abus qui estoit dans les bois de ladicte abbaye parvenoit de ce
que non seulement ceux dudict village mais encour presque tout les subject de
[Folio 20 verso]
ladicte abbaye servoient leurs heritages de jeusnes plansons de chasnes selon que
l’auriont remarqué les jours precedent, lorsque nous vaquions a la visite des fours
de ladicte abbaye, nous esté remonstré de la part dudict procureur d’offices que
par le debvoir de sa charge il estoit obligé d’en former la plainte et nous prié d’en
reservir promptement la cour affin d’y aporter par son authorité, les amendes
convenables por la melleur messagerie, et conservations desdicts bois aultrement
qu’il en arriveroit avec succession de temps une entiere ruyne.
De la, continuant notre visite, avons esté conduict en un aultre bois dependant de
ladicte abbaye, appellé le bois de Frosse, distant dudict de Marlot d’environ cent
pas ou estant avons recogneu qu’il estoit telement ruiner, perdus qu’il y a en
iceluy beaucoup plus de vuidage que de [ ]uit 52; y ayait de ladicte abbaye et
nommement ceux dudict Marlot qui sont la plus part françois, gens ramagés de
divers lieux comis tant d’exces et desgats qu’il estoit au plus pauvre estat qu’il
pouvoit estre, adjouste ledict sergent que depuis la mort dudict fut abbé dernier
decedé, l’on y seroit venir de tout costé por y prendre, couper et et pourter telle
quantité de bois que l’en auroit volut ce qu’avons recogneu avoir une grande
aparence de verité par le moyen d’une si grande quantité de bois de chasnes et
aultres qui ont estés abbatus et les tronc d’iceux encorre tout frais et resemment
couppés.
Lesquels desgast, porsuyvant notre chemin, avons recognu estre plus grand du
costé de Dormon, ne nous ayant peult estre asseurré si ceulx dudict village les
auroient comis ou non.
[Folio 21 recto]
Encour avons estés conduict en un aultre bois apellé le bois d’Averne, despendant
de ladicte abbaye, lequel avons recogneu estre beau, grand et spacieux, rempli de
plusieurs beaux arbres ; lequel estant bien [
] 53 l’on se pourrat servir por les
reparation a faire dans ladicte abbaye.
Et finalement, sortant dudict bois, avons passé en un aultre apellé le bois des
Chouliers que nous avons aussi trové en assé bon estat, sur quoy avons ordonner
ausdict procureur d’offices d’informer diligemment contre ceulx qui pourroient
52
53
Document altéré.
Mot illisible dans le document.
- LXIV -
avoir commis lesdicts abus et coupages indisirables voir de visiter les [ ] 54 de
ceulx qu’il scauroit y avoir participer, et quand audict administrateur il a dict qu’il
se pourvoiroit por doners ladicte cour por avoir une ordonnance ausdictes
communautés de fournir des fourretiers por la garde desdicts bois et conservation
d’iceulx, a quoy elle estoit tenues et obligé puisqu’elle pretendes y avoir droict
soub notre soing manuel. Cy mis avec celuy dudict juré, ainsi signé Jehan Claude
Loriot et Jehan Goulu.
Claude Garnierd
Teneur de la comission.
La cour souveraine de parlement a Dole ayant veu la requeste et la prebende a la
part de maistre Anthoine Brun, docteur es drois, conseiller et procureur general en
Bourgougne, disant qu’estant adverty du deces de messire Jehan Baptiste de
Cusance, abbé de Bellevaux, il estoit important de porvoir a la confection de
l’inventaire, tiltres, ornement et reliquiaires d’icelle abbaye et aultre chose
dependant du temporel d’icelle, come il esoit acoustumé faire en semblable cas. Il
la suplioit por ce de mestre le revenu de ladicte abbaye soub la main de sa Majesté
[Folio 21 verso]
et resputer comis par le regime et administration a charge de faire a faire
inventaire et prester ceulx pour en rendre compte quand il serat ordonné, ladicte
cour ayant veu ladicte requeste a mis et mis por ceste le revenu et temporel de
ladicte abbaye soub la main de sa Majesté et comis un regime et gouvernement
d’icelluy Jehan Claude Loriot, docteur es drois, superintendant de present por le
reverendissime general de Cisteaux au gouvernement du temporel du seminaire
dudict Cisteaux et vacances en dependant a charge de faire a faire le service divin
suyvant l’obligation des fondateurs, entretenir des religieux et edifices et
bastiment de ladicte abbaye et inventaire et description des reliquiaires,
sanctuaires, habits d’aultels et aultre meuble despendant de ladicte abbaye et de
prester ceulx por en rendre compte et payer le reliquat quand ordoné serat, luy
donnant de ce faire apellé avec luy por scribe le greffier, son comis ou l’un de ses
clers juré au gref tout pouvoir pertinent mandant au premier huissier ou sergent
requis faire tout exploix necessaire faict au conseil, le quinziesme juillet mil six
cent trente deux, signé Jehan Richard.
Teneurs des remonstrances desdicts religieux.
Plaisent a messieurs les conseiller Garnier et le docteur Lorio, comis deputé de la
cour souveraine de parlement a Dole por l’inventaire faict a l’abbaye Notre Dame
de Bellevaux, apres la mort et deces de fut Monseigneur de Cuisance, jadict abbé
de ladicte abbaye avoir esgard aux manquemans, tant au spirituel que temporelles
a eux representer par les religieux et prefect de ladicte abbaye soubsigné.
54
Mot illisible dans le document.
- LXV -
[Folio 22 recto]
Premier, il en peult recogn[ ] 55 sainctes reliques estant audict [ ] une sont en
partie dehuement [ ] en chasse comme elle debvroient estre [ ] notamment
cele de monsir saint [ ] et sainct Paul, deux chef des [ ] vierges, le chef de
sainct
Theodo[ ] sainct Magdelaine, le doibt de [ ], deux dent de sainct Laurent, un
[ ] desquelles sont fort mal dans [ ]. Le reste sans enchassure [ ]. Il ont peult
recognoistre que por le [ ] d’eglise il sont en tres pauvre esta [ ] les habit que
l’on porte le plus [ ] scavoir blanc, rouge, noir, il [ ] chappes violette, trois
noires [ ] et tuniques des habits conplt de rou[ ] de blanc.
Il n’y a poinct de devant d’aultel ny de couverte noire, tant por le maistre autelque
por la chapelle des mort, ny pour la biere, poinct de couverture por les linges. Il y
a en l’eglise quatorze, il y a seulement dix sept nappes assés vielles, huic aulbes
qu’est trop peul, il en faudroit dix huict en consideration que celle qui sont fort
assé vielles.
Il n’y a poin de cortine ni aulcun linges por mettre devant les images et Caresme.
Fauldroit aussi une demie douzaine de corporaulx, trois ou quatres serviettes por
l’esbenation de la patene de diverses couleurs.
Il ont recognu qu’il n’y a aulcun voilles capable por le ciboire, il en fauldrois de
quatre couleurs au moings.
Des chapinettes, il en fauldroict une demie douzaine, des purificatoires et
serviettes d’aultels.
Le luminaire de l’eglise est de treize libvre de cire, c’est trop peult, il faudroit
donner toute la cire dehues a ladicte abbaye por lesdits luminaire.
[Folio 22 verso]
[
] le sainct service et pour les lecture [
manquement
[ ] default des libures.
] couvent il ont recognu le
[ ] l’entretient et satisfaction du sainct service [ ] il ne sont au present resident
audict que sept [ ] religieux, prebstre, le prieur qu’est de Morimont [ ] prin est
trop peult en consideration [
] revenu et ordonnance de fut deuceuse [
]
memoire Boucherat, abbé de Cisteaux [ ] lequel l’avoit reglé a quinze religieux
[ ] si bien que chasque prebstres par jour a deux [ ] de viande, il en fauldroit
por y aller [ ] raisonablement chascun trois gros por le pain [ ]accepte quarante
huict quarte froment [ ] ans, les jeusne a moitié deux.
Lesdict religieux ont par jour : une pinte de vin, c’est trop peult, il avoit cy devant
acoustumé d’en avoir chascun deux pintes, les diacres et soudiacres chascun une
pinte, les prefet et novices, un chaveaux.
Leur vestiaire est de seize franc, il en fauldroit avoir trent six les jeusnes a moitié.
55
Ce manque, comme les suivants, est du à une forte altération du document. En effet, la partie
supérieure du côté droit des dernières pages de ce dernier, est fortement endommagée.
- LXVI -
Lesdict religieux n’ont que douze bovates de sel, il en faudroit vingt par ans.
Et du beure, il en ont dix pinctes, c’est bien peult por une communauté, il en
faudroit au moing avoir par ans soixante.
Por le Caresme en Avent, il ont dis pinctes d’huiles, sept quartes de legumes.
Por les espices, il n’ont que trente gros cenest, pas por faire grande cuysine, il en
fauldroit avoir quatre libvres de toute espices.
Quand aux recreations, il n’ont que sept franc d’argent, sept quartes de froment et
trois tine de vin, c’est bien peult.
Por la chandoille, tan du couvent que de leurs chambre, il n’ont que douze franc.
[Folio 23 recto]
et por l’entretien de quelques beste [ ] 56 mesnagerie, il n’ont que douze quartes
[ ] et leur pres entre les deux terreains [ ] la croix devant la porte basse de
ladicte [ ] jusquea la riviere de l’Oignon [ ].
Il ont tousjour en deheu avoir sept [
Une fillette vierges par ans [
].
], une queheu de petit [ ].
Il demande por les suremans la [
frais dudict abbé.
Le chirurgien doibt avoir qu[
prebende de prebstre avec les [
] palle por les lient et aultre chose [
] religieux prebstre par ans [
] receupt au
] por faire les courones ou aultres [
] esens par ans.
Por les cuiseniets et boulougier [ ] de jens chascun.
Les infirmeries, chambres des [ ] por la communauté se le tombe au [
Les linges des religieux dolient [ ] aux fraix du sieur abbé et [
] une
].
].
Et pour le couvent, chaufoirs, fours [ ] rie et chambre des hostes por leurs [
ledict abbé les doibt fournir raisonnab[ ].
]
Demandent le droict de la pesite des [ ] jouissances de leur vergés, jardind et
curtils [ ] droicts desquels ils jouissent.
Lesdict religieux se plaignent de l’eminante ruine des bois ja fort advancés por
aultant que l’on [ ] leur a tollit la cognoissance a esté tres mal a propos, estant
fort ridicule qu’un sieur aye la marge du bois ny moing la garde ce que ne se
pratique ny doibt pratiquer es monastere de notre ordre mais en conformité des
[ ] monastere de Cisteaux et Morimont, le marteau du bois doit estre entre les
mains d’un religieux [
] comis et deputé par les sieurs abbé prieur et [
]
religieux.
56
Ce manque, comme les suivants, est du à la forte altération des dernières pages du document.
- LXVII -
[Folio 23 verso]
[ ] les accensement vendaiges et changé [ ] aultreacte ce sont et passent faus le
sont [ ] prieur et religieux en qu’est cause des abus et [ ] du bien de Bellevaux,
par quoy demende lesdict [ ] que leurs seaulx et consentement soit cy [ ] et
apposé en telle acte necessaire de quoy [ ] nous supplions mesdicts sieurs avoir
[ ] nous estant a la cour [ ] de parlement [ ] et nous prierons par notre santé
et [ ] faict a Bellevaux le vingtroisieme juillet [ ] six cent trente deux, ainsi
signé frere Thom [ ] soubprieur, frere Claude Greslet, frere Jehan Grand, [ ]
Bourgeois, frere V Barbier et frere Jehan Vagolet.
Claude Garnierd
L. Bavrel
Employé a la confection dudict inventaire [ ] jours et avons esté payé par ledict
sieurs [ ] rateur, scavoir nous, ledict conseiller Garnier [ ] mis au fourt d’un
d’or par jours [
] louages de nos chevaux et les jurés en de la quittances en
deliburé audict [ ] administrateur oultre nos despend de [ ] qu’il a suporté, tant
a aller retour [ ] sesjours soubs notre sain manuelle cy mis.
Claude Garnier
D. Bavrel

- LXVIII -
Annexe 4.
 Inventaire de la sacristie vers 1600 
[Folio 2 recto]
Les os d’un bras de Sainct Pierre de Bellevaux avec une coste de Saincte
Magdelaine estant dans un linge blanc sans aulcunes enchassure.
Un os de Sainct Jehan Chrisostome.
Deux ceintures de Sainct Pierre dans une boitte d’airain, sa miltre, ses gands, son
lodier.
Cinq calices d’argent avec les patenes aussy d’argent.
Quatres petites chainnettes d’argent sans couvercle.
Un encensoir d’argent.
Ornements Une grande crosse d’argent dorré et esmaillée en divers endroict.
d’autels et
Une miltre fort riche et couverte de perles avec quelques piereries.
habits
Encorre une aultre miltre d’estoffe de soye blanche brodée.
pontificaultz. Encorre une aultre miltre de satin blanc ravagée.
Une chasuble avec deux tuniques de damas violet enrichie de passement d’or avec
les estolles et manipules au bas desquels sont les armes de fut maistre de
Bellevaux, dernier decedée.
Item un devant d’autel des mesme estoffe avec des passement et frange d’or, au
milieu desquels sont aussy les armes en broderie dudict sieur.
Une chassuble avec les deux tuniques fort anciennes estant de broderie d’or, de
soye et d’argent avec quelques faules pierres.
Une chasuble avec les deux tuniques d’armoisin blance des passement d’or.
Une chassuble avec les deux tuniques de satin rouge cramoysi et enrichie de large
passement et gallion d’or.
Une vielle chasuble de velour rouge et les deux tuniques de tafftat de mesme
couleur sur lesquels sont les armes de Bourgougnes.
Une chasuble de velour bleu et deux tuniques d’armoisin de mesme couleur avec
la croix et les offrois en broderie d’or et de soye.
Une vielle chasuble avec les deux tuniques de satin bleu.
Une chasuble avec les deux tuniques de satin jaune retouré avec la croix et les
offrois en broderie.
[Folio 2 verso]
Une chasuble et les deux tuniques de clers couleurs faicte au petit mestier.
Une chassuble avec les deux tuniques de tafftat colombin fort vielles.
Une chasuble avec les deux tuniques d’armoisin blanc avec du passement de soye.
Une chasuble avec les deux tuniques de camelot de levant noir, entierement usées.
Deux chasuble de cuir doré avec les estoles et manipules de mesme.
Une chasuble d’estoffe de Flandre a fond de soye orangé au bas de laquel sont les
armes de Vergez, donné par feut madame de Belvoir.
- LXIX -
Une chasuble de satin de couleur de rose seiche, ouvragé d’or a feuillage.
Une chasuble de velour rouge et bleu, la croix de broderie a petit mestier de soye
et d’argent.
Une chasuble de damas verd, la croix en broderie d’or fin.
Une chasuble noir de camelot de levant, la croix de satin blanc.
Une chappe de satin violet et rié d’or avec les offrois de brocadelle d’argent a
fond de soye incarnate.
Deux chappes de camelot blanc avec les offrois de satin bleu ouvragé.
Une chappe de satin jaune retourné, fort vielle.
Deux chappes de camelot rouges avec avec les offrois de satin blanc a flames de
satin bleu.
Un voile de satin jaune pour le tabernacle, entierement usée.
Un aultre de tafftat rouge en partie et le surplus d’estoffe rouge et jaune, fort usés.
Un aultre de damas blanc fort vielle.
Six devant d’autel de cuir doré avec les images.
Un devant d’autel de damas blanc fort usé et pourry.
Trois devant d’aultel de lassy for vielles.
Deux devan d’autel d’estoffe de Flandre bleu et jaune, entierement usé.
Un devant d’autel avec le tapis de filoselle, fort vielle.
Trois oreillés de mesme estoffe.

- LXX -
Annexe 5.
 La grange de Braillans, 1546 
[Indications postérieures jointes au parchemin]
Renouvellement, ensuite d’incendie, de l’admodiation de la grange de Braillans, et
dependances, appartenant à l’abbaye de Bellevaulx, ordre de Cîteaux, diocèse de
Besançon, par Marc Cussenet, abbé dudit Bellevaulx.
1546. 30 juillet. Besançon.
[Le parchemin]
Nous, Marc Cussenier, abbé de Bellevaulx de l’ordre de Cisteaul, du diocese de Besançon,
scavoir faisons et conoistre, que comme aultrefoys, pour le bien et evident prouffit de
nostre esglise et couvent dudict Bellevaulx, eussions laissé et admodier a Jehan le Nairet
dict Guillepin, au present demeurant en nostre grange de Braillant cy apres declairée, ses
femme et enffans cy apres denommez, la juste mitié et eugale portion de nostre grange de
Braillant et desja partie indivisé avec l’aultre juste mitié qu’avons laissé et admodié a grant
Jehan Billequin, Jehan petit Billequin, Jehan Manquin dict Billequin, desja freres et a leurs
consort, pour le temps pris et tenue estoit amplement narré et descript es lettres
admodiation par nous a eulx en faittes et passés lesquelles il y ont dictz avoir esté perdues
par orvale de feug qui avoit brief quasé tous leurs biens et la en grange d’icelluy temps de
leur admodiation, a raison de quoy il estoient grandement empouriz et despourveuz de
biens, tellement qu’il estoients a nous redevable et doigeans en grand de grains et deniers
que leur estoit impossible, nous payer de long temps.
Ainsi comm’ilz nous ont remonstrez et qu’ilz ne nous pourroient aulcunement satisfaire,
nous requerans user envers eux de pitié et leur laissé doresnavant ladicte mitié de nostre
grange, affin de pouvoir cy apres plus facillement satisfaire. A quoy ayant egard et pluir
nous dehuement informé pour plusieurs bonnes et justes considerations, aussi aggreables
services a nous par eulx faictz, esperant qu’ilz feront encores [ ] 57 por cy apres comm’il
nous ont promis, que de nostre certaine science et liberté, volunté, pour aussi le bien
prouffit de nostre abbaye, reparation et restauration de nostre grange, aussi melioration des
terres en prouvenans et dependans. Nous en nostre dict nom et audict couvent, pour nous
aussi et nos successeurs, par devant Hylaire de Quenviche, notaire de la court et citien
dudict Besançon, tabellion general en comté de Bourgoingne, avons de nouveaul laissé et
admodié, laissons et admodions audict Jehan Guillepin, sadicte femme, sa [ ] 58 Guillepin,
Jaquel et Claudot Guillepin, freres et seur, ses enffans, absens, ledict pere, por luy et
sesdicts enffans present stipulant acceptant et aggreablement, recepvantec le notaire et
tabellion soubscript et ce neantmoings par ledict Jehan Guillepin, comm’il a promis et
promect faire ratiffier, approuver, consentir et omologuer tont le contenu aux presentes par
lesdicts ses enffans, deans ung mois prouchain par nos commis et lettres, pour eulx aussi,
leurs hoirs et ayans cause, a l’advenir nez et a naistre en leal mariage, ladicte juste mitié de
nostredicte grange de Braillant ensemble des drois, prouffitz et emolumois, appartenances
57
58
Document altéré.
Document altéré.
- LXXI -
et appendices d’icelle mitié selon les divisions et de bonnement en faictz entre lesdicts
Naretz et Billequin a nous et nostre couvent competant et appartenant et que nous y
peullons compter et appartenir, tant en meix, maison et aultres terres et heritaiges
quelxconques, arible et non arible et jusque entierement es limites, confins et boyennes y
plantées entre deux, faisant separation des dependances, appartenances et appendices de
nostre grange, juste mitié et eugale portion d’icelle diversement comme dict est ainsi
connue ladicte mitié se extend de toutes pars, assise et située entre les fins, finaiges et boys
des vilaiges de Marchault, Vielley, Tize, et les bois de Chailluz appartenant a ladicte cité
de Besançon. Et ce a perpetuité et pour tousjours, pour eulx et leursdicts hoirs et ayant
cause en directe ligne comme dict est nez, a naistre et procrées en leal mariaige, pour et
moyen que iceulx Manretz retenans, leursdicts hoirs et successeurs seront tenuz comm’ilz
ont promis de nous payer ou a nosdicts successeurs et couvent ou a nos commis, les censes,
debtes, et revenuz suyvans et en la forme et maniere que s’ensuyt, assavoir de faire parfaire
et du tout accomplir le contenu aux presente et soubz les pennes, conditions et
modifications y designées, assavoir le cens ou rente annuelle et perpetuelle de vingt quatre
quartes par mitié froment et avoine, bonne graine leale et marchandé a la mesure dudict
Bellevaux. A rendre, payer et delivré retenans ou leursdicts hoirs et successeurs, a nous ou
aussi a nosdicts successeurs et abbé et couvent dudict Bellevaux et en nostre grenier audict
Besançon, ung chascun en le jour d’une feste sainct Martin d’hyvers, sa penne de tous
costz, frais, missions et despens.
Item la cause ou rente annuelle et perpetuelle de quatorze gros, a nous dehue et payable
chascung an par ledict retenans le jour donné, chascune feste sainct Michiel Aarchange, a
penne de trois solz stevenantes d’amende, semblablement la somme de deux frans couvrant
et taille a nous dehue et payable annuellement a deux termes : assavoir ung chascun jour de
feste Annonciation Nostre Dame, ung franc et l’aultre franc a chascun jour de feste saint
Michiel Archange, en suygant et prouchain et en commencement premier terme et
payement desdictes cense et tailles, assavoir desdicts vingt quatre quartes, par mitié
froment et avoine par jour de feste sainct Martin d’hyvers prochain, devant semblablement
desdicts quatorze gros cens et ung franc taille au jour de feste sainct Michiel Archange,
prouchain et l’aultre franc de cense au jour de feste Annonciation Notre Dame, en suygant
et prouchain, sous penne que dessus.
Item seront tenuz lesdicts Retenans, leursdicts hoirs et successeurs, rendre et delivrer
chascung an audict jour de feste sainct Martin d’hyvers, en notredicte maison de
Bellevaulx audict Besançon, la mitié de trois voyture eschielles : assavoir l’une de bon foin
et l’autre de bonne estran de froment blanche, le tout leal et marchant.
Item avec ce seront tenuz lesdicts Guillepins, nous rendre et devoir et nosdicts successeurs
et en notredicte maison de Besançon ung chascun an audict jour de feste sainct Martin
d’hyvers avec lesdicts foing et estrain, deux voytures et demye de bon boys, apte et
convenable a chauffaige. Et ou commenceront les premiers services rendues et payement
desdictes voytures au jour de feste sainct Martin d’hyvers prouchain en rent venant. Et
ainsi cense commandement, le tout dan en aultre et de terme en terme, perpetuellement,
avec ce seront tenuz lesdicts Guillepin, leurs hoirs et ayans cause, nous payer et faire les
corvées se nous dehuees, es saisons sur ce requises et telles que font noz hommes et
subjectz, tant de Turey, Valeroy, La Neusve-Grange, que ceulx de Marloz, payer aussi la
poule ou geline annuellement, ung chascun an et pour ung chascung feug, au jour de
Caresme entrant et par ce demeurreront comme demeurerent presentement noz homme et
subjectz mainmortables ainsi que sont noz aultres hommes et subjects et noz vilaiges cy
dessus nommez, en toutes justice haulte, moyenne et basse, et ce moyennant pourront
- LXXII -
lesdicts Guillepins, leurs hoirs et successeurs faire erigir et construir ung four pour leur
commodité, a cuyr leurs pastes et pain sans dangier d’aulcune amendes.
Item pourront leursdicts hoirs et successeurs aller moldre leur froment et aultres grainnes
ou bon leur semblera, nous reservans toutfoys, comme nous sumes reservez et reservons
pour nous, nosdicts successeurs, toute justices et seignories, haultes, moyennes et basses et
tant rulles que personelles, avec toutes espaves que en toute ladicte grange, fin finaige et
territoire en deppendant pourront estre treuvées quelque maniere que ce soit.
Item est esté traicté que lesdicts Guillepin, Relenans, ny leursdicts hoirs n’auront esdicts
boys dependans de notredictes grange, que la vive et morte pasture ensemble, leur usaige
desdicts boys pour seullement edifier leur maison et thylerie suygante, tans desdicts boys
aulcunement en pouvoir vendre, distraire ou allever par eulx ou leur commendement, a
personne que ce fait directement ou indirectement, tant le vouloir congé, licence et
punission de nous ou nosdicts successeurs, et soubs penne de amender envers nous
condignement.
Item aussi seront tenuz lesdicts Guillepins faire, parfaire, construire, edifier et en font
accomplir, bien et dehuement , en ladicte grange ou prés d’icelle, deans ung ans prouchain
une thielerie apte et convenable a faire thelles, carrons, chaulx et aultres ouvraiges y
appartenans et commodes a thielieres a leurs frais missions et despens pluire d’icelle,nous
rendre, expedier et delivrer en nostre maison audict Besançon ou a nosdicts successeurs et
commis, ung chascun an, ledict jour de feste sainct Martin d’hyvers, ung millier de thielles,
bonnes, leales et marchandes et deux quehuees de chaulx, et en cas que iceulx Guillepin
facent plus de cent quehuees de chaulx par an en icelluy tas, payeront a nous ou a nosdicts
successeurs de ladicte chaulx une quehue, au four de cinquante quehuees de chaulx, et ce
moyennant pourront lesdicts Guillepin et leur sera loisible et a leursdicts hoirs, prendre
terre et boys de ladicte grange, comm’il fera de besoing pour commodité de ladicte
thieliere et en mesurer comme est predict. Et nous demeuront au surplus soulves et
reservées toutes obligations et debtes a nous dehues par lesdicts Guillepins avant la date
des presentes, en meme force et vigueur de leurs dates et sustances que sont ypothequés
leurs terres et possessions, affin de collation en icelles jusques a entiere solution et
payement de ce que par eulx nous est dehu.
Et en cas que ledict Jehan Mairet, sesdictes femmes et enffans ou leurs hoirs predictz
deffauldroit ou deffaldroient de a nous ou a nosdicts successeurs payer et satisfaire par
trois ans entiers et de accomplir toutes et surgulieres les choses dessusictes en icelluy cas,
nous ou nosdicts successeurs, nous pourront remectre et rentré esdicte grange, terres et
dependances d’icelle, et iceulx en jouyr et user paisiblement comme nous avons faict du
passé, du moing jusques ilz nous auront satisfaict entierement de ce que nous sera dehu, et
ce sans offense de pluire ou injure de partie, car ainsi nous a pleu et plait et par traicté
surce fait entré nous et ledict Mairet ou nom predict, promectans en bonne foy comme
nous promectons par nostre serment qu’avons accoustumé prester soubs le veul de nostre
religion comme respectivement et comm’il ledict Jehan Mairet es [
] 59 du notaire et
tabellion soubscript en son nom et de sesdictes femmes et enffans, toutes et singulieres les
choses predictes et une chascune de tenir, entretenir, maintenir, garder et accomplir
fermement et judicierement obserever, sans aller, venir ou souffrir venir au contraire,
tacitement, expressemens ny en affert directement ou indirectement en jugement ny dehors
a solemnelle et legitime stipulation sur ce a la part dudict Jehan ou nous predict
entrevenans, soubs aussi l’expresse ypotheque et general obligation de tous et singuliers
59
Mot difficilement lisisble dans le document.
- LXXIII -
ses biens et de sesdicts hoirs predictz, meubles, immeubles, debtz et nous dedebtz presents
et advenir acquis et pluire [ ] 60 quelconques, lesquels et chascung d’iceulx, pour ce il a
submis, obligé et ypothequé, submect oblige et ypotheque es noms et qualitez susdictes,
soubs le privilege du seelle de l’Empereur, nostre sire en son comté de Bourgoigne et
pluire de Chastillon le duc aussi de celluy de mondict sire, l’Official de ladicte court dudict
Besançon par lui commis et [ ] 61 lectres et desdictes cours, non cessans pour l’aultre de
payer, satisfaire et du tout accomplir ce en quoy luy et sesdictes femmes et enffans nous
sont ou seront entretenuz et doigeans, comme dessus est declairé.
Remmectans en ce fait respectuement a toutes exceptions, raisons, deffenses et oblegations
de droict, de faict ou de coustume au contenu de cestes contraires cessant [ ] 62 et arriere
[ ] 63 mesme au droict disant general renunciation ne valoit si les tache ne precede.
En tesmoingnaige de verité et coroboration desquelles choses susdictes pluire chascune
d’icelles renunciation d’un mesme vouloir et consentement avec ledict Jehan Mairet ou
nous predict, avons faict mectre et affixer a cesdictes presentes le seaul duquel avons
accoustumé user en noz contrulx, ensemble celuy dudict couvent et prieur y estre mis et
affixé, de mesme celluy de sadicte Magesté, et de notredict sire l’Official de ladicte court
de Besançon. Desquelx semblablement l’on accoustumé user en tel contract et a la
coroboration tenir clairement fait et passé en ladicte cité de Besançon et nostre maison
abbatiale le penultiesme jour du mois de juillet, l’an Nostre Seigneur courrant l’an mil cinq
cens quarante six. Presents discrete personne, messire Richard Tissot, prebstre chappelain
en l’eglise de la Magdeleine de Besançon. Guillaulme [ ]. 64
Dimensions du parchemin : 57 cm de hauteur sur 71 cm de longueur.

60
Document altéré.
Document altéré.
62
Document altéré.
63
Document altéré.
64
Document altéré.
61
- LXXIV -
Annexe 6.
 Extraits de l’inventaire sommaire des archives
ecclésiastiques de Haute-Saône concernant l’abbaye
de Bellevaux 
H 42. vers 1500
Inventaire des titres de l’abbaye.
H 43. 1131 Bulle du pape Innocent II adressée à Pons, abbé de Bellevaux, et aux
religieux de cette abbaye par laquelle le pape en approuve l’établissement,
confirme les dons qui lui ont été et qui lui seront faits, interdit de leur
réclamer aucune dîme, et excommunie ceux qui troubleront ou molesteront
les religieux en leur exercice, bien et maison.
1139 Bulle du pape Innocent II adressée à Pons, abbé de Bellevaux : le pape
approuve l’établissement du monastère de Bellevaux édifié avec l’agrément
d’Anséric, archevêque de Besançon ; il autorise les religieux à recevoir des
dons et à conserver ce qui leur a déjà été donné, savoir : la grange de
Champoux, la grange de Vallerois, la grange de Mesnil, la grange de
Baslières avec ses dépendances, la terre d’Arlens, celle de Bellechesne, celle
de Bullantin, un meix donné par Guillaume de Vellefaux, la terre de
Braillans, la terre de Rapigney, la justice dans la prévôté de Cirey donnée
par Richard de Montfaucon et Guy de Traves, l’exemption de toutes dîmes
sur les terres cultivés par les religieux ; le pape les exempte de la juridiction
des évêques, accorde à l’abbé plein pouvoir et pleine juridiction sur les
religieux, défend à toutes personnes de les molester ou inquiéter.
Beaucoup de bulles pour confirmer les biens et possessions de l’abbaye.
1145 Bulle du pape Eugène III qui confirme tous les dons faits à l’abbaye de
Bellevaux par concession générale, et en particulier le don de la grange de
Vallerois avec ses dépendances, des granges de Baslières, de Champoux, du
Mesnil, les terre de Vallerois, de Marloz, d’Arlens, de Bullentin, de
Rapigney, de Braillans, de Chasant, l’église de Cirey avec ses dépendances.
1198 Bulle du pape Innocent III où les biens donnés à l’abbaye sont énumérés.
Innocent III défend à tout religieux ayant fait profession, de sortir du
monastère sans la permission de l’abbé ; s’il sort sans cette autorisation, il
est interdit à toute personne de le recevoir, et l’abbé peut prononcer une
sentence régulière contre le moine ou convers qui aurait enfreins cette
défense.
- LXXV -
1199 Bulle d’Innocent III adressée aux archevêques et évêques, leur enjoignant de
prononcer l’excommunication contre les malfaiteurs qui volaient et
dévastaient l’abbaye de Bellevaux.
1201
H 44. 1229
Bulle du pape Innocent III par laquelle il permet à l’abbaye de Bellevaux
d’accepter et de posséder les biens de ceux qui seront reçus en cette abbaye
et y feront profession, à l’exception des biens de fief.
Bulle du pape Grégoire IX qui assure à l’abbaye de Bellevaux l’acquisition
de la moitié du moulin de Noroy.
1493
Quatre bulles du pape Alexandre VI, qui nomme Antoine, abbé de Vaux-laDouce, diocèse de Langres, en qualité d’abbé de Bellevaux, approuve
l’élection dudit Antoine par les religieux de Bellevaux, le délie de toutes les
excommunications et censures ecclésiastiques qu’il aurait pu encourir, et
charge les évêques de Châlon et de Mâcon de recevoir son serment.
1525
Deux bulles du pape Clément VII ( l’une en double exemplaire ) qui nomme
Jean Reynaud de Maulette, évêque de Mégare, coadjuteur perpétuel
d’Antoine de Nanthon, abbé de Bellevaux.
Bulle non datée du pape Grégoire IX qui permet aux religieux de l’ordre de
Cîteaux d’inhumer en leurs églises les fondateurs de leurs abbayes ou autres
fidèles sur leur demande.
H 45. 1178
Bulle du pape Alexandre III adressée à l’archevêque et au chapitre de
Tarantaise : le pape, ayant appris que le vénérable Pierre, archevêque de
Tarantaise, avait demandé à être inhumé dans un lieu sacré, s’il en existait à
l’endroit où il décéderait, qu’étant décédé dans l’abbaye de Bellevaux il y
avait été inhumé, défend à l’archevêque et au chapitre de faire aucune
démarche pour recouvrer son corps.
Bulle du pape Alexandre III adressée à l’abbé et aux religieux de Bellevaux
pour interdire l’enlèvement du corps de Saint Pierre de Tarantaise.
1191 Bulle du pape Célestin III adressée à tous les archevêques, contenant la
canonisation de saint Pierre de Tarentaise.
1289 Bulle du pape Nicolas IV qui accorde quarante jours d’indulgence aux
fidèles pénitents et confessés qui visiteront l’église de Bellevaux à certains
jours de fêtes, parmi lesquels le jour de fête de saint Pierre de Tarentaise.
1347 L’officialité de Besançon fulmine deux bulle du pape Grégoire X qui
soumet l’ordre de Cîteaux à la seule juridiction du Saint-Siège, défend à
tous les clercs et laïques de le poursuivre en justice.
- LXXVI -
1495 Lettre patentes de frère Jean, abbé de Cîteaux, et du chapitre général de
Cîteaux, par lesquelles, sur l’exposé des abbés et religieux de Bellevaux
qu’ils avaient eu plusieurs procès au sujet de la dignité d’abbé, qu’ils
manquaient de livres, de vases sacrés, d’ornements d’église, qu’ils étaient
réduits à une extrême pauvreté, il leur est permis de porter et exposer à la
vénération des fidèles les reliques de saint Pierre de Tarentaise.
1496 Jean de Chalon, prince d’Orange, gouverneur du Comté de Bourgogne,
permet aux abbés et religieux de Bellevaux d’exposer à la vénération des
fidèles les reliques conservées en ladite abbaye, particulièrement le chef de
saint Pierre de Tarentaise, afin que les aumônes et offrandes des fidèles
aident les religieux à réparer leur église et la fournir de calice, vases sacrés,
ornements et autres objets nécessaires au service divin.
H 46. 1196
L’empereur Henri IV met l’abbaye et ses possessions, qui sont longuement
énumérées, sous sa sauvegarde impériale et sous celle de ses successeurs.
1217 Othon, duc de Méranie, comte palatin de Bourgogne, et Béatrix, duchesse
de Méranie, comtesse palatine de Bourgogne, donnent à l’abbaye de
Bellevaux le droit de pâturage sur leurs terres pour toutes sortes d’animaux
et en tout temps.
1544 Lettre de l’empereur Charles Quint par lesquelles il prend sous sa
sauvegarde et protection l’abbaye de Bellevaux entre autre, et fait défense à
ses gens d’armes d’y toucher et de s’y loger.
H 47. 1131
Lettres d’Anséric, archevêque de Besançon, adressée à Pons, abbé de
Bellevaux, par lesquelles l’archevêque confirme toutes les donations faites à
ladite abbaye, qu’il dit avoir été nouvellement édifiée ; notamment la
donation de la terre de Champoux, de la terre de Baslières, de la terre de
Marloz, etc.
1218
Damathe de Thurey, veuve de Huon de Quenoche, chevalier, donne aux
religieux un four à Chaudefontaine, et une mine de fer sur sa terre.
1306
Copie par extraits du testament de Jean de Rougemont, trésorier de l’Eglise
de Besançon ; il choisit l’église de Bellevaux pour sa sépulture, nomme
exécuteur testamentaire, Hugue, archevêque de Besançon, à qui il donne
tout ce qui lui appartient en la ville et territoire de Montbozon, ainsi que
deux vignes à Beynans, sous condition de payer chaque année sur les
revenus, soixante sous estevenants à l’abbaye de Bellevaux pour célébrer
l’anniversaire du testataire.
1346
Jean de Châlon, sire d’Arloy, en guerre avec le duc de Bourgogne, accorde
une sauvegarde à l’abbaye de Bellevaux pour tous ses hommes et tous ses
biens.
- LXXVII -
1360
Les religieux de Bellevaux adressent une requête au chapitre général de
l’ordre de Cîteaux pour obtenir l’autorisation de transformer en village deux
granges dépendant de l’abbaye de Cîteaux.
1460
Jean de Semoutier, seigneur de Sorans, fonde trois messes de requiem en
l’abbaye de Bellevaux, lesquelles seront célébrées en la chapelle de la
Vierge où le corps dudit seigneur devra être inhumé.
1493
Décret du chapitre général de Cîteaux pour envoyer des religieux de l’ordre
faire leurs études au monastère Saint-Bernard, de Paris, du ême ordre et
règlement.
1495
Procès verbal de remise en l’abbaye de Bellevaux par Thibault de
Gevigney, prévôt des maréchaux du Roi, de la personne de Claude Guenard,
arrêté au préjudice des immunités de l’abbaye.
H 48. 1497
L’abbé et les religieux de saint Etienne de Dijon cède à Antoine de Nanton,
abbé de Bellevaux, et à son monastère, un os de la tête de saint Etienne,
premier martyr, conservé dans ledit monastère de saint Etienne.
Sentence rendue par l’official de Besançon dans l’instance entre Pierre
Rebillot, procureur fiscal de Charles de Neufchâtel, archevêque de
Besançon, et les religieux de Bellevaux, par laquelle l’official ordonne de
restituer aux religieux les reliques de saint Etienne que ledit Rebillot avait
fait saisir en mettant en doute leur authenticité.
1506 Procédure au Parlement de Dôle par suite de l’arrestation dans l’enceinte de
l’abbaye de Bellevaux du sieur Pierre Crusille au mépris des franchises et
privilèges de ladite abbaye.
1541
Dom Marc Cusemenet, abbé de Bellevaux, nomme Guillaume de Salins,
son religieux, abbé de Lucelle ; dans lesdites lettres de nomination, l’abbé
de Bellevaux prétend qu’à lui seul appartient ce droit de nomination à
l’abbaye de Lucelle en cas de vacances.
H 49. 1528.
Antoine de Nanton, abbé de Bellevaux, choisit pour son vicaire, tant au
spirituel qu’au temporel, Marc Cusemenet, coadjuteur de l’abbaye.
1529
L’abbé de Cîteaux et le chapitre général de l’ordre confirment l’élection de
dom Marc Cusemenet en qualité d’abbé de Bellevaux.
1584
Lettre de coadjutorie de l’abaye de Bellevaux conférée à dom Pierre
d’Albaney sur la demande de dom Louis du Tartre (abbé de Bellevaux).
1593
Dom Edme de la Croix, abbé de Cîteaux, donne sa bénédiction à dom Pierre
d’Albaney en l’église de Cîteaux.
- LXXVIII -
1595
Pierre d’Albaney, abbé de Bellevaux, et Jacques de Montrichard, abbé de
Buillon, sont chargés d’administrer l’abbaye de Cîteau en l’absence de dom
Edme de la Croix.
1597 Lettre de l’abbé de Lucelle à l’abbé de Bellevaux où il reconnaît sa
dépendance.
H 52. 1557
Folio 187
Folio 255
Folio 309
H 53. 1567-72
Terrier général de l’abbaye de Bellevaux. Le mandement de terrier est
accordé sur la requête de dom Pierre d’Andelot, abbé de Bellevaux. Les
religieux de Bellevaux possèdent à Cirey : la haute, moyenne et basse
justice, avec droit d’instituer des officiers pour l’exercer, et droit à toutes les
amendes et autres profits de ladite justice ; les habitants de Cirey sont
taillables et mainmortables ; les religieux possèdent le droit exclusif
« d’armoyer et eschantillonner » les mesures de vin et de raines dont on use
sur le territoire, et il est interdit d’en employer d’autres ; les religieux ou
leurs officiers reçoivent le serment des échevins, messiers et banvers
nommés par les habitants, et ces agents ne peuvent entrer en charge
qu’après la prestation de serment ; les habitants ne peuvent s’assembler
pour traiter de leurs affaires sans le congé et consentement du sieur abbé ;
nul ne peut vendre du vin au détail si ce n’est avec l’autorisation de l’abbé,
en se servant de mesures « armoyées » aux armes de l’abbé et en vendant du
vin de l’abbé, s’il juge à propos d’en fournir, ou du vin provenant des
vignes de l’abbaye ; tout habitant de Cirey doit aux religieux une « géline »
le jour de Carême-entrant, trois corvées de fenaison par an, et les jours de
corvées, le corvéable est nourri par les religieux ; les religieux possèdent le
droit exclusif de pêche dans la rivière, four banal et moulin banal ; dans ce
dernier on prélève une coupe par quarte de blé, ladite coupe vaut la vingtquatrième partie de la quarte ; les habitants sont tenus de charrier les
vendanges des religieux et ne peuvent vendanger eux-mêmes que lorsque
les vendanges de l’abbaye sont terminées ; ils paient la dîme du vin et de
toutes espèces de graines.
Pour la commune de Neuve-Grange, le terrier se borne à enregistrer les
déclarations des tenanciers.
Dans la commune de Magny, l’abbaye possède la haute, moyenne et basse
justice, avec droit d’instituer des officiers, de percevoir les amendes,
d’exercer la justice en tout endroit du territoire, « tant hors que soubs toit, »
etc ; comme à Cirey, les habitants sont mainmortables, recoivent des
mesures marquées par les religieux, ne s’assemble pas, ne vendent pas du
vin sans autorisation, etc, en un mot possèdent exactement les mêmes droits
qu’à Cirey.
Il en est de même dans la commune de Vallerois.
Rôle de quelques tailles dues à l’abbaye de Bellevaux en ses terres et
seigneuries de Bouhans, Villers-Pater, Roche-sur-Linotte, Fontenoy,
- LXXIX -
Trevey, Senans, Ollans, Maussans, Verchamp, Rougemontot, Flaigey,
Aubertans, Germondans, Dampierre.
H 54. 1600-04
Rôle des tailles dues à l’abbaye de Bellevaux de village de Cirey.
1610
Rôle de tailles dues à l’abbaye surtout à Thurey et Chaudefontaine.
1617
Rôle des dîmes de l’abbaye. A Vallerois, la dîme consiste en quinze
quartes de seigle, quinze quartes d’orge, 190 quartes moitié froment et
avoine, deux voitures de regain, trois livres de cire ; au Magny, dix
quartes de seigle, dix quartes d’orge, 140 quartes moitié froment et
avoine, deux voitures de regain, deux livres de cire, etc.
H 56. 1611
Comptes généraux de l’abbaye. Compte rendu par Philibert Chappuis,
curé de Mont, à dom Philippe Boytouset, abbé de Bellevaux, des revenus
de son abbaye pour l’année 1611. Ces revenus comprennent : produit des
tailles dans les villages de la seigneurie de Bellevaux ( f° 1-10) ; produit
des cens en argent et en grain toujours dans les mêmes villages (f° 1042) ; produit des cens en cire dans quelques villages (f°42) ; cens en
poules, tuiles, chaux, bois, foin, paille (f° 42-43) ; patronage des cures de
Quenoche, Cirey, Roche, Rigney, Chambornay, Marchaux (f° 43, v°) ;
domaine propre de l’abbaye de Bellevaux (f° 44) ; droit de lods et ventes,
produit des moulins, pêche des rivières (f° 45-46) ; produit des corvées de
bras, produit des justices, pêche des étangs, baux des herbes (f° 47-54).
H 82. 1334
Vente faite à Bellevaux par Humbert dit de Cromary, d’Arbois, de deux
vignes sises sur le territoire de ladite ville, au lieu dit Changin.
H 83. 1160
Humbert, archevêque de Besançon, ratifie les dons faits à l’abbaye de
Bellevaux sur les territoires de Villers, Argirey, Authoison, par Thibaut,
chevalier et son frère Hugues de Rosey, religieux de Bellevaux ; par
Etienne, clerc, Etienne de Guiseuil et Manassès, clerc de Til ; par Aymon,
Hugues, Gilbert et Guillaume de Quenoche.
1174
Henri d’Authoison donne à l’abbaye tout ce qui lui appartient au territoire
d’Argirey.
1559
Acte par lequel les habitants d’Argirey reconnaissent que l’abbaye de
Bellevaux possède, à l’exclusion de tous autres, sur ledit village d’Argirey,
droit de haute, moyenne et basse justice, droit de cens et rentes sur les
maisons, et declarent qu’ils sont obligés de payer annuellement à ladite
abbaye certains droits énnoncés par ledit acte.
- LXXX -
H 85. 1601
Procès entre Jacques Bassot, d’Argirey, et l’abbaye, à propos du moulin
d’Authoison, que ledit Bassot tenait à ferme de ladite abbaye.
H 88. 1254
Guy d’Auhoison, dit Saillate donne à l’abbaye tout ce qu’il possédait au
finage d’Aubertans, excepté le fief de Sorans.
H 90. 1175
Pierre et Gérard de Saulx cèdent à l’abbaye de Bellevaux tous les droits
qu’ils possédaient sur les serfs d’Authoison.
1197
Michelle, femme de Pierre de Bonnay, cède à l’abbaye tout ce qu’elle
possède à titre d’héritage à Authoison.
1226
Henri d’Authoison cède à l’abbaye tout ce qu’il possède à Authoison.
XIIIe siècle Aymon de Vesoul cède à l’abbaye le fief que les héritiers de Gilbert
d’Authoison tenaient de lui.
H 91. 1239
Pierre d’Avilley, surnommé « li coutre », donne à l’abbaye des terres sises
audit lieu.
H 95. 1360
L’abbé et le chapitre général de Cîteaux autorisent Bellevaux à établir des
villages aux endroits où se trouvaient les granges de Vallerois, de
Champoux et de Baslière, appartenant à ladite abbaye.
H 104. 1171
Evrard, archevêque de Besançon, confirme à l’abbé de Bellevaux la
donation que lui avait faite Hugues, dit « Bysche », d’un terrain sis à
Besançon, dans la rue Battant, pour y construire une maison.
Suivent plusieurs ventes ou dons de maisons au même endroit.
1223
Hugues de Sçay, cède à Bellevaux tous ses droits sur deux vignes sises à
Besançon.
H 111. 1264
Confirmation, par Jacques et Aymery d’Arguel, de la dotation faite à
l’abbaye par Pierre d’Arguel, leur aïeul, d’une vigne sise au territoire de
Beure.
H 137. 1170
Traité sur procès entre Etiennette, abbesse de Baume-les-Dames, et
Bernard, abbé de Bellevaux, au sujet de la seigneurie que ladite abbaye de
Bellevaux possédait à Chaudefontaine.
- LXXXI -
1254
Donation faite à Bellevaux par Jean de Roche, du consentement de sa
femme Isabelle, de deux meix à Chaudefontaine, avec leurs dépendances.
1263
Traité conclu en présence de Mahaut, dame de Montfaucon, entre l’abbaye
et Poncet, dit Boissal, au sujet des revenus des moulin, étang, four et dîmes
de Chaudefontaine.
1269
Confirmation faite par Jean, seigneur de Roche, de la qu’il a faite à l’abbaye
de tout ce qu’il possédait à Chaudefontaine.
1311
Extrait du testament de Guillaume, curé de Marchaux, par lequel il cède à
l’abbaye la moitié des dîmes de Chaudefontaine.
1340
Aveu fait à l’abbé de Bellevaux par Jean Jussien, de Chaudefontaine,
homme du seigneur de Châtillon, d’avoir commis excès et délits dans les
bois de l’abbaye.
1342
Compromis entre l’abbaye de Bellevaux et le chanoine prébendier de
Chaudefontaine au sujet du droit de pâturage que ledit prébendier avait sur
les bois dudit village.
1342
Aveu de Girard, dit Tabardey, de Chaudefontaine, homme du chapître de
Besançon, d’avoir été trouvé par le forestier des bois de Chaudefontaine
chargeant un chêne sur un chariot.
1367
Déclaration de Guy, abbé de Bellevaux, que l’héritage tenu par Girard, dit
Simonin, de Chaudefontaine, tient de son abbaye.
1419
Cession faite par l’abbé de Bellevaux à Girard Fournier, de Chaudefontaine,
de meix, terres et vignes sis sur le territoire de Chaudefontaine.
H 138. 1278
Reconnaissance faites à l’abbaye de Bellevaux de meix, terres et vignes sis
sur le territoire de Chaudefontaine.
1560-69
Copie d’un traité passé entre Jean de Grammont, seigneur de Châtillon et
les habitants de Châtillon et de Chaudefontaine, d’une part, et l’abbaye de
Bellevaux, de l’autre, au sujet des droits du seigneur de Châtillon dans les
bois de Champoux et de Chasault.
H 139.1130
Richard de Montfaucon, en présence de l’archevêque Anséric de Besançon,
donne à Bellevaux tout ce qu’il possède à Cirey, et Regnaud de Traves
donne à ladite abbaye le tiers de la juridiction de Cirey, cette dernière
donation faite sous les auspices dudit Richard en qualité de suzerain.
- LXXXII -
Vers 1143-44 Hugues ; abbé de Baume, cède à Bellevaux la dîme de ses possessions à
Cirey, moyennant le cens annuel d’un bichot de pois.
Entre 1134-45 Humbert, archevêque de Besançon, cède à Bellevaux l’église de Cirey avec
ses dépendances.
1144-1145
Confirmation de ladite donation par bulle du pape Lucien II.
1141
Pons, fils de Richard de Cirey, institue l’abbaye de Bellevaux héritière de
tous ses terres, alleux et fief.
1143
Humbert, archevêque de Besançon, atteste que Richard de Montfaucon a
cédé en aumône à Bellevaux la juridiction, que Bernard de Rosière a cédé à
ladite abbaye le tiers de la juridiction dudit village et que Pons de Cirey et
Renaud de Traves ont fait la même donation.
1145
Pierre, abbé se Saint-Vincent de Besançon, cède à Bellevaux l’église de
Cirey.
1182
Etiennette, abbesse de Baume, cède à Bernard, abbé de Bellevaux, un pré
sis sur le territoire de Cirey, moyennant la redevance annuelle d’une livre de
cire.
1189
Othon de Larians, chevalier, confirme la donation faite à Bellevaux par son
père Guillaume du quart de la forêt de Venère.
1245
Jean, damoiseau de Saône, et Marguerite, sa sœur, cèdent à l’abbaye tout ce
qu’il leur appartient à la grange de Cirey.
1311
Hugues V, comte de Bourgogne, remet pour toujours aux habitants de
Cirey, hommes de l’abbaye de Bellevaux, la prestation annuelle de dix
livres de cire qu’ils lui doivent.
1379
L’abbaye cède à plusieurs habitants de Cirey une partie d’une vigne sise à
Cirey, à condition de lui abandonner le tiers des fruits de ladite vigne.
1540
Marc Cusemenet, abbé de Bellevaux, autorise Léonard Niquet, de Cirey, à
vendre du vin à Didier Haslot et à ses serviteurs.
H 140. 1275
Vente de meix, prés, champs, vergers, etc, sis sur le territoire de Cirey,
faites à l’abbaye de Bellevaux par diverses personnes.
H 144. 1300-1714
Reconnaissances de maisons et terres sises à Cirey, faites à l’abbaye
de Bellevaux par diverses personnes.
- LXXXIII -
H 148.
Promesse sous seing privé par le nommé Menestrier de payer à l’abbaye de
Bellevaux sept mesures, moitié froment et moitié avoine, comme produit de
la dîme de Courcuire pendant les années 1616 et 1618.
1418
1421
Ventes faites à l’abbaye par -Huguenin, dit Brigeney, et Antoine
Chapoillet, de Comary, d’une maison sise audit lieu.
-Guillemette, femme de Perrin Boudot, de
Moyon, d’une maison sise à Cromary.
1266
Donation faite à Bellevaux par Guillaume de Cuse de la neuvième partie des
dîmes dudit lieu.
1322
Reconnaissance à Bellevaux par Pierre, doyen des Granges et curé de
Rougemont, du quart des grosses dîmes de froment et d’avoine à Cuse.
H 149.
Reconnaissance des maisons, terres, etc., sises à Dampière, faie à l’abbaye
de Bellevaux par diverses personnes.
1613-1788
Titres de propriété de l’abbaye de Bellevaux à Dournon : actes, coppies
d’actes de ventes.
1577-1578
Pièces de procédures entre l’abbaye de Bellevaux Noël Clément, de
Dournon, pour blasphèmes.
H 150. 1244 Copie de la donation faite à Bellevaux par Jacques de Vellefaux, de
deux bichots de froment à recevoir chaque année sur les dîmes de
Villacastrum, à la mesure de Vesoul.
1378
Le bailli d’Amont fait mainlevée à l’abbaye de la mainmise sur les biens de
Jean dit de Monget, d’Echenoz -le-Sec, homme de ladite abbaye.
Vente de meix et terres sis à Echenoz-le-Sec par diverses personnes.
1533
Reconnaissances de meix et terres sis à Echenoz-le-Sec, faites en l’abbaye
de Bellevaux par diverses personnes dont les habitants du lieu.
H 156. 1247-1270
Donation faite à Bellevaux par Jean , seigneur de Faucogney, de ses
droits sur diverses terres et de deux parties de la dîme sur les dîmes ;
attestation de ladite donation par l’official de Besançon.
1159
Donation faite à Bellevaux par Humbert, prieur de Marteroy, et ses
chanoines, de tout ce qu’il possèdent à Filain.
1240
Donation faite à Bellevaux par – Renaud, seigneur de Gouhelans, sa femme
et ses enfants de tous leurs droits sur deux meix à Filain.
- LXXXIV -
1270
- Renaud de Cheurot, de tout ce qu’il
possède en hommes, terres, prés et autres biens à Filain.
1570
Reconnaissance faite à l’abbaye de meix et terres sis à Filain par Jean
Leuillard, de Filain.
1559
Reconnaissances de biens sis à Flagey faites à l’abbaye par Jean Henriot, de
Flagey.
1287
Le cellerier de Bellevaux prétend, devant le balli de Montbozon, à la
mainmorte sur les hommes et sujets de ladite abbaye de Fontenois.
1297-1302
1262
1270
1295
Prorogation du compromis fait entre l’abbé de Saint-Vincent de Besançon et
l’abbé de Bellevaux au sujet de la moitié des grosses dîmes de Fontenois.
Donations faites à Bellevaux par – Etienne de Vesoul, chanoine de l’église
cathédrale de Besançon et doyen de Faverney, de tout ce qui lui appartient à
Mailley.
- Villiers de Chariez, et Mabile, sa
femme, d’un prés à Fontenois.
- Mabile de Fontenois, fille de Guy de
Maizières, d’une chenevière à Fontenois.
Reconnaissances de meix et de terres sis à Fontenois faites à Bellevaux par
diverses personnes.
H 157. 1268
Quittance de 25 livres 10 sols viennois donnée à l’abbaye par Etienne, dit
Buvarz, bourgeois e Vesoul, pour laquelle somme le quart du moulin de
Frotey était engagé envers lui.
1298
Donation à l’abbaye par Béatrix, dame de Vandelans, du meix dit
Bataillard, près de Frotez.
Ventes de meix et terres sis à Frotey à Bellevaux par diverses personnes.
1596
1536-1566
Marché fait par le fermier des biens de l’abbaye en la prévoté de Vesoul
pour faire plusieurs réparations aux moulins de ladite abbaye à Frotey.
Reconnaissances générales des habitants de Frotey.
1327
Reconnaissances de meix et de terres sis à Frotey faites à l’abbaye par
divers habitants dudit lieu.
H 158. 1298
Donation faite à l’abbaye de Bellevaux par Jeanne, fille de Jean, seigneur de
Roche-sur-l’Ognon, de son four banal de Germondans.
- LXXXV -
1302
1422
1590-1785
1585
Vente faite à Bellevaux par – Renaud, dit Effernons, damoiseau, d’un meix
à Germondans.
- Etienne, fils d’Amiot le Mol, de la Roche-surl’Ognon, de la moitié par indivis des grosses et menues dîmes de
Germondans .
Ventes diverses, acquisitions et échanges.
Pièces de procès entre l’abbaye et Nicolas Broch, de Vesoul, au sujet de la
réparation du four banal de Germondans.
1630-32
Pièces d’un procès entre l’abbaye et dame Guillemette de Mandre, veuve
d’Antoine de Précipiano, baron de Soye et seigneur de Gondenans, au sujet
du moulin dudit Gondenans.
H 159. 1226
Copie d’une charte de Nicolas, archevêque de Besançon, par laquelle il
certifie qu’Etienne de Verchamp a cédé à l’abbaye pour 25 livres tout ce
qui lui appartenait à Guiseuil.
1285
Jean de Montot, damoiseau, déclare que les prés possédés par l’abbaye à
Guiseuil sont de son fief, mais qu’il leur en laisse la libre jouissance.
1226
Jean, archevêque de Besançon, atteste que Gérard IER , son prédécesseur, a
cédé à l’abbaye la moitié d’un moulin sis à Noroy-l’Archevêque.
1628
Visites et reconnaissances faites par experts de vignes sises à Gy et
appartenant à Bellevaux.
1548
Ventes de meix et terres sises à Gy par Nicolas de Diesbach, prieur de
Grandson, à Marc Cusemenet, abbé de Bellevaux.
1401
Echange entre Gérard II, archevêque de Besançon, et Jean abbé de
Bellevaux, de la moitié d’un moulin à Noroy-l’Archevêque, contre un cens
annuel et perpétuel de deux bichots de froment, livrable à Avrigney à la
Saint-Martin d’hiver.
H 160. 1537
Mémoire contenant le détail des maisons, vignes et prés sis à Gy
appartenant à Bellevaux.
H 161. 1284
Donation faite à Bellevaux par Thibaut, chevalier, seigneur de Rougemont,
de toutes ses possessions à Hyèvre.
1244
Donation faite à Bellevaux par Guillaume de la Roche de toutes ses
possessions dans le bois de Bellevaux et du Magny, ainsi que de la sixième
partie des dîmes de La Barre et de Blarians.
- LXXXVI -
1195
Amédée IER , archevêque de Besançon, atteste qu’Etienne, frère de Gérard,
comte de Mâcon, a donné à Bellevaux deux montée de sel de sa saunerie de
Lons-le-Saulnier.
H 162. 1244
Donation faite à l’abbaye par Vuillemin de la Roche de tous ses droits sur
les bois de Bellevaux et du Magny.
1436
Donation faite à l’abbaye par Viénot, dit Vytasse, de Moncey, de tout ce qui
lui appartenait au Magny.
Ventes de maisons, terres, prés et vignes sis au Magny faites par diverses
personnes.
H 163. 1570
Marché pour la reconstruction du four banal du Magny.
H 164. 1260
Donations faites par Humbert, abbé de Bellevaux, à Etienne de Vesoul,
archidiacre de Flavigny, sa vie durant de tout ce que l’abbaye possédait à
Mailley, Chazelot et Andelarrot.
Plusieurs donations faites à l’abbaye par les habitants de Marchaux.
1325
Pièces relatives au patronage par l’abbaye sur l’église de Marchaux :
amodiation du droit de patronage à Nicolas, curé de Marchaux, pour la
somme de 27 sols, 6 deniers, à payer deux fois par ans.
H 165. 1189
Lettres patentes d’Othon, comte palatin de Bourgogne, par lesquelles il
prend sous sa sauvegarde et protection l’abbaye de Bellevaux et ses
possessions contre les agissements des habitants de Quenoche.
H 166. 1557-1758
Reconnaissances faites à l’abbaye par divers habitants de Marloz, de
maisons, jardins, terres et chenevières sis audit Marloz.
H 168. 1236
Donations faites à l’abbaye par Mathieu, damoiseau de Cromary, et son
frère Guy, des meix de Boissière.
Diverses donations et ventes faites à l’abbaye au lieu de Maussans.
Reconnaissances des biens sis sur le territoire de Merey faites à l’abbaye par
diverses personnes.
- LXXXVII -
H 169. 1226
Traité entre Anselme, abbé de Bellevaux, et Guillaume de Thise et Pierre,
fils de Huon de Quenoche, par lequel ceux-ci abandonnent à l’abbaye tous
leurs droits sur les pâturages de Moncey moyennant la somme de 8 livres.
Donations de maisons, terres, vignes et prés sis à Moncey.
H 171.
Donations et cessions faites à Bellevaux de maisons, terres, vignes et prés
sis à Montigny-les-Arsures.
1446
Mémoire des cens et des biens sis à Montigny et dépendants de Bellevaux,
dressé par Guillaume Richard, notaire.
H 172. 1217
Donations et cessions faites à l’abbaye de Bellevaux par – Othon, duc de
Méranie et comte palatin de Bourgogne, de tous les pâturages compris dans
sa terre de Montbozon.
Renaud
de
Montbozon, d’une maison sise audit lieu et d’une portion des dîmes dudit
village.
1236
Reconnaissances de maisons, terres, vignes et prés sis sur le territoire de
Montbozon.
H 174. 1333
Reconnaissances d’immeubles sis à Morchamps faites à Bellevaux.
H 175.
Comptes rendus par Jacques Leullard, de Filain, résidant à Villers-Pater, à
messire Jean-Baptiste d’Andelot, chevalier, des revenus de la grange de
Morchamps, qu’il tenait en acensement de l’abbaye de Bellevaux (année
1564, 1565, 1566, 1567 et 1568 ).
1578
Traité passé entre l’abbaye de Bellevaux et messire Jean-Baptiste
d’Andelot, seigneur d’Ollans, au sujet de l’acensement de la grange de
Morchamps, faite par l’abbaye audit seigneur.
1556
Mandement de nouvelleté obtenu par Bellevaux du Parlement de Dôle au
sujet des droits de justice de ladite abbaye sur le territoire de Morchamps.
H 177. 1297
Perrin, fils de Thiébaut de Cicon, cède à l’église de Bellevaux le tiers des
dîmes de Nans et le quart des dîmes de Thurey.
1285
Donation faite à Bellevax par Guy, dit Cheveillate, de Chambornay, d’un
champ sis sur le territoire de Neuves-Granges.
- LXXXVIII -
1352
Requête présentée au chapitre général de Cîteaux par l’abbaye de
Bellevaux, tendant à obtenir l’autorisation d’acenser aux mainmortable des
terres sises sur le territoire de Neuves-Granges, afin de pouvoir payer un
emprunt par un temps de disette.
Titres de propriété de l’abbaye aux Neuves-Granges : ventes de maisons,
terres, vignes et prés sis sur le territoire de Neuves-Granges.
H 179. 1733
Plan des bois de Neuvelle-les-Cromary dressé par Etienne Rougemont,
géomètre.
1602
Pièces de procédure entre l’abbaye et les habitants de Neuvelle-les-Cromary
au sujet du pré Baussey.
H 180. 1470
Attestation par l’official de Besançon de la donation à Bellevaux par
Catherine, fille d’Etienne dit Griffon, de Mailley, en 1343, d’une chapelle
fondée par ladite Catherine à Noidans-les-Vesoul.
1366
Amodiation par l’abbaye de la moitié du moulin Dubreuille, à Noroy-leBourg.
Reconnaissances de maisons, terres, vignes et prés sis à Ollans.
1298
Confirmation par Marguerite, dame de Marnay et d’Andelot, de la donation
faite à Bellevaux par sa mère, Agnès de Chatillon, de deux bichots de
froment à prendre sur les revenus du moulin de Pelousey.
1286
Donation faite à Bellevaux par Pierre de Bonnay, de plusieurs pièces de
terres sises à Pirey et à Ecole.
Ventes faites à l’abbaye par – Perrin, fils d’Aymon, dit Badeillot, de Pirey,
d’une vigne sise audit lieu ;
1347
-Jean Rotelier, de Besançon, d’une vigne sise
audit Pirey.
1344
Reconnaissances de biens sis à Pouligney faites à l’abbaye.
1189
Abandon fait à Bellevaux par Gilbert, vicomte de Vesoul, du droit de
parcours, pour le bétail appartenant à ladite abbaye, sur les terres dudit
Gilbert à Auxon, Pusey et Pusy.
H 181. 1184
Sentence arbitrale de Daniel, légat de l’empereur Frédéric IER dans le comté
de Bourgogne, entre l’abbaye de Bellevaux et les habitants de Quenoche au
sujet des droits d’usage de l’abbaye dans les bois dudit lieu.
- LXXXIX -
1189
1194
1219
1226
1231
1234
1239
1271
1283
1295
1332
Donation faite à l’abbaye par – Othon, clerc de Quenoche, de tous ses biens
sis en ce lieu.
-Thierry II, archevêque de Besançon, de la moitié
de l’église de Quenoche tenue en fief par Henri, clerc dudit lieu.
- Amédée, archevêque de Besançon, de l’autre
moitié de ladite église de Quenoche.
- Richard, comte de Montbéliard, de la terre de
Cirey et de ses dépendances.
- Othon, duc de Méranie, comte palatin de
Bourgogne, et Béatrix, sa femme, de deux moulins près de Quenoche.
- Etienne, fils de Richard de Fondremand, de tout
ce qui lui appartenait à Quenoche.
- Pierre de Thurey, damoiseau, d’un pré et d’un
champ sis à Quenoche.
- Pierre de Lavoncourt, d’un meix à Quenoche.
- Aymon, clerc de Quenoche, d’une chenevière
audit lieu.
- Alexandre de Quenoche, de ses droitsr les
moulins de l’abbaye audit lieu.
- Othon de Quenoche, chevalier, de tout ce q’il
possédait audit Quenoche.
- Hugues de Thise, de tous ses biens sis à
Quenoche.
- Jean de Quenoche, curé de Fondremand, de tout
ce qui lui appartenait audit Quenoche.
H 182.
Reconnaissances faites à l’abbaye des biens sis à Quenoche.
H 194. 1526
Etienne de Mostellot écuyer, et Marguerite de Voisey, sa femme, vendent à
l’abbaye leurs biens sis à They et à Cromary.
1305
Acensement perpetuel fait par l’abbaye à Etienne de Neuvelle, d’une
maison sise à They, avec toutes ses dépendances, pour un cens annuel de 2
sols.
Reconnaissances de biens sis à Sorans faites à l’abbaye.
1246
Donation faite à l’abbaye par Pons de Dampierre et ses sœurs de tous leurs
biens à Thieffrans.
H 195. 1295
Extrait du testament d’Agnès, femme de Gaucher de Châtillon, contenant
plusieurs legs en faveur de Bellevaux.
1296
Reprise de fief par l’abbaye à Etiennette de Chalise, d’une terre sise à
Thurey.
- XC -
1218
Donation faite à l’abbaye par Pierre et Jean de Filain, de toutes leurs
possessions à Thurey, Moncey, Filain et Cendrey.
1244
Donation faite à l’abbaye par Pons, fils de Hugues de Fondremand, de
toutes ses possessions à Thurey, Moncey et Venise.
1252
Donation faite à l’abbaye par Guy de Roulans, d’un fief à Thurey.
1275
Donation faite à l’abbaye par Pierre de Thise, de toutes ses possessions à
Thise, Aubertans et La Barre.
1297
Donation faite à l’abbaye par Viénot de Thise, de plusieurs biens sis audit
lieu.
1300
Etiennette de Chalise, de toutes ses possessions à Thurey et à Moncey.
1313
Donation faite à l’abbaye par Maurette, veuve de Jean de Thise, de tous ses
droits sur les prés dudit lieu.
1314
Donation faite à l’abbaye par Guillaume, fils de ladite Maurette, de
plusieurs prés sis à Thise.
1386
Confirmation par Jean de Vienne, seigneur de Roulans, amiral de France, de
tous les dons faits à l’abbaye par lui et ses ancêtres à Thurey, à Moncey et à
Chaudefontaine.
H 195.
Ventes de maisons, terre, vignes et prés sis à Thurey faites à l’abbaye par
plusieurs personnes.
H 196. 1779
Plan du territoire de Thurey levés par le sieur Saillard, pour servir à la
réfection du terrier de l’abbaye.
H 197. 1486
Mandement de nouvelleté obtenu par l’abbaye de Bellevaux, concernant la
haute, moyenne et basse justice et les droits seigneuriaux de ladite abbaye à
Thurey.
H 198. 1499-1545
Pièces de plusieurs procès entre l’abbaye de Bellevaux et Jean et
Guillaume de Grammont, seigneurs de Châtillon-Guyotte, au sujet des
droits de justice sur les territoires de Thurey, Moncey et Chaudefontaine, du
four banal de Chaudefontaine et d’un pré sis dans la prairie de Thise.
- XCI -
H 200. 1143
1224
Donations faites à l’abbaye par – Humbert Piper, de la terre de Trevey avec
toutes ses dépendances.
- Gérard, archevêque de Besançon, de la moitié
des moulins de Trevey.
H 202.
Reconnaissances de biens sis à Trevey, faites à l’abbaye par les habitants
dudit lieu entre autre.
H 204. 1562
Pièces d’un procès entre l’abbaye et les habitants de Trevey, d’un côté, et le
seigneur de Rougemont et ses officiers, de l’autre, au sujet du droit de
haute, moyenne et basse justice à Trevey.
1576
Pièces d’un procès entre l’abbaye et les héritiers de Jacques de Gaudillon,
de Trevey, au sujet de la succession de ce dernier.
H 205. 1333
Extrait du testament de Thiebaud de Rougemont, chanoine de Besançon, par
lequel il lègue à l’abbaye tout ce qui lui appartenait à Uzelle.
Vente de biens sis à Vaivre à l’abbaye.
1268
Donation à l’abbaye par Hugues de Vellefaux, chevaliers, d’un meix avec
ses dépendances sis à Vallerois-Lorioz.
XIIe siècle
Copie d’une bulle d’Eugène II blâmant le chapitre de Saint Etienne
de Besançon de s’être emparé des pâturages de Valleroy, appartenant à
l’abbaye de Bellevaux.
1174
Sentence arbitrale d’Evrard, archevêque de Besançon, dans une difficulté
entre l’abbaye et l’église Saint-Etienne, de Besançon, au sujet du droit de
pêche dans l’Ognon.
1507
Compromis entre l’abbaye et les habitants de Valleroy au sujet des bois
dudit lieu.
1624
Compromis entre les mêmes au sujet d’un pré sis audit Valleroy.
1159
Donation faite à l’abbaye par Hugues de Roche, Pons et Eudes, ses frères,
de toutes leurs possessions à Valleroy et au Magny.
H 207. 1433
Reconnaissances de biens sis à Valleroy faites à l’abbaye par les habitants
de Valleroy.
- XCII -
H 212. 1405
Extrait du testament de Jean de Ville, chevalier, seigneur de Roche-surl’Ognon, par lequel il cède tout ce qu’il possède dans les dîmes de
Vandelans et de Rigney.
1239
Donations faites à l’abbaye par : - Eudes de Vandelans, de toutes ses
possessions audit lieu.
1244
- le même, d’un meix, sis à Vandelans.
1246
- Sara de Vandelans, d’un pré sis audit lieu.
1250
- Guy de Maizières, d’un meix sis à
Vandelans.
1246
Ventes de maisons, terres, vignes et pré sis à Vandelans par Jean, seigneur
de Roche, à l’abbaye.
1327
Donation à l’abbaye par Fromond de Vanne, de tout ce qui lui appartenait
audit lieu.
1260
Traité entre l’abbaye et Pierre de Vellefaux au sujet du droit de mouture au
moulin de la Rochotte, à Vellefaux.
1380
Donation faite à l’abbaye par Gérard, bourgeois de Baume, d’une maison
sise en ladite ville et d’un pré sis à Vergranne.
H 213. 1288
Pierre de Scey, chevalier, dit Polains, promet de remettre à l’abbaye les
chartes scellées du sceau de l’archevêque de Besançon, contenant la
donation à l’abbaye du village de Venise.
1249
Guillaume, archevêque de Besançon, ratifie les donations faites à l’abbaye
par Guillaume, Pierre et Pons, fils de Gérard de Sorans, de tout ce qui leur
appartenait à Villers-le-Sec.
H 215. 1362
Constitution par Jean Dyenez, seigneur de Vesoul, d’une rente annuelle de 5
sols au profit de l’abbaye, à prendre sur une vigne sise près des fossés du
château dudit Vesoul.
1275
Traité entre les abbaye de Saint-Vincent de Besançon et de Bellevaux au
sujet des droits de Bellevaux au territoire de Villerspater.
1327
Donation faite à l’abbaye par Gérard de Villerspater de tout c qu’il
possédait audit lieu.

- XCIII -
Annexe 7.
 Tableaux 
Répertoire des lieux internes à l’abbaye et des mentions les concernant.
p XCVI.
Inventaire du mobilier répertorié lors des visites de 1584, 1616 et 1632.
p XCIX.
Répertoire des titres de propriété mentionnés lors de la visite de 1584.
p CIV.
Recensement des titres de propriété mentionnés lors de la visite de 1632.
p CVI.

- XCIV -
-XCV-
mention d'une
au-dessus "du poille du landrecy"
en dessous de la chambre des
dames, il est mentionné comme
étant le poilledu landrecy.
mention d'une chambre à l'étage,
dite la chambre du milieu ou le poil
mention d'une "salette basse"
mention d'une gande cuisine
proche de la cave
1632
l'église
la laudrechy
la sacristie
mention de la "chambre du landrecy"
du coté gauche de l'église; s'y trouve
un coffre à 2 clés contenant les titres
autres chambres "chambre sur la porterie"
la chambre
basse
la chambre
haute
le poil
la cuisine haute
la vielle cuisine
la cuisine
lieux
Répertoire des lieux internes à l'abbaye et des mentions les concernant.
il s'y trouve plusieurs reliquaires
mention de 4 chambres, deux
joignantes au dortoire et deux proches
du cloître des cabinets y sont contiguë;
mention d'une chambre à feu
on y entre dès le cloître; serait
l'infirmerie; elle est jointe au dortoir
appelée la cuisine du couvent, contiguë
au cloître et au réfectoire, il y a 2
cheminées, dont l'une chauffe le
refectoire. La cuisine est pavée.
1616
il s'y trouve également des reliquaires
mentionnée comme étant celle du sieur
abbé avec le mobilier y figurant
mentionnée comme étant celle des
dames avec le mobilier y figurant
mention d'une autre chambre haute avec
son mobilier et d'une chambre joignant
à la vielle cuisine, également avec son
mobilier
également appellée la cuisine haute
il s'y trouve les reliquaires et les titres
mentionnée mais non décrite
mentionnée également comme étant la
landrechy.Description des meubles y
figurant ainsi qu'au poille y joignant
mentionnée avec les meubles y figurant
Il est contigüe à la cuisine haute
description des meubles et objets y
figurant
1584
-XCVI-
le grand autel
la chapelle Notre
Dame
la chapelle saint
Antoine
la chapelle de
Toussaint
la chapelle saint
Jean
la chapelle de la
Trinité
la chapelle de saint
Sébastien
la chapelle de saint
Humbert
la chapelle des
Trois Rois
la chapelle de saint
Laurent
la chapelle de saint
Pierre
la chapelle saint
Anne
lieux
1632
fondée par les contes de La Roche,
de même, description de ses ornements
proche du cœur, desription de ses
ornements
fondée par les sires de Chatillon,
description de ses ornements
de même
mention de plusieurs sépultures de la
maison de La Rian
fondée par la maison d'Andelot,
description de ses ornements
de même
dite de Rougemont, de même,
dscription de ses ornements
description de ses ornements
de même
description de ses ornements
il est richement paré
1616
1584
-XCVII-
proche de la grande cuisine
1632
la porterie
mention d'une chapelle et oratoire au
au-devant de ladite porterie
petit enclos
où logent les malades, proche du
elle possède un cheminée. Elle est
mention également d'une maisonnette
l'infirmerie
refait à neuf
il se trouve dans le sellier
la vacherie
le pressoir
également une chambre d'hôtes.
proche de l'abbaye
jours.
il n'y a qu'un réfectoire pour tous les
mais il n'est plus usité en tant que tel,
maigres en un lieu proche du cloître,
et de ceux de la cuisine
mention d'un réfectoire pour les jours
description des meubles y étant
le refectoire
au verger
mention d'un pigeonnier à pied
été refaite
des vignes, dans le petit enclos
le colombier
description sommaire du lieu; elle a
mention d'une vieille étable, du côté
l'étable
du coté du vergé, bâtie à neuf
mention d'un grangeage de la porterie
des bâtiments pour la volaille
du logis abbatial, dans ses environs,
1616
le grangeage
une petite cour contre la muraille"
la cave
lieux
la petite cave et une autre cave sont
proche du treul
1584
-XCVIII-
une est mentionnée au verger
à besoin de réparations
le pavement en est rompu
à l'étage
en assez mauvais état
la couverture de ce dernier est en
assez mauvais état, il a besoin de
réparations
1632
le fourg
la cuverie
le corps de logis
abbatial
l'un est appelé grenier Morimont
comprend une salle d'entrée, une
chambre et un cabinet y joignant
à l'étage mention d'une chambre, dite
la chambre du milieu ou le poil.
à besoin de réparations
description de son mobilier
le grand verger mention du verger Guichard
le grenier
mention de plusieurs greniers, dont
les entrées
la muraille
le dortoir
le chapitre
le cloître
le grand fossé
lieux
comprend plusieurs chambres, l'accés
peut s'y faire par un escalier, par l'église
le dortoire et en une grande galerie
voisine
bati de nouveau
une nouvelle cuverie au-dessous du
logis abbatial; il s'y trouve un pressoir
derrière les chapelles, est la cause de
l'humidité reignant dans ces dernières
1 fossé de 720 toises traverse le verger
joint à l'église, description de son état
mention d'une fontaine. Il est pavé en
2 allées de carraux et en 2 autres de
vielles tombes et tables de pierre
joint au cloître, description de son état
9 cellules donnant sur le jardin,
en assez mauvais état, joint à la
chambre basse
toute réparée, mesurant près de 600
toises de long, 1 toise de haut, elle
enferme tous les bâtiments de l'abbaye
dans la muraille, certaines sont decrites
1 du côté des prés, 1 du côté du verger
débarrasser des broussailles
description de l'état du lieu; refait
1616
1584
-XCIX-
le
réfectoire
la cuisine
Pièces
2 andiers de fonte
1 vieux buffet
1 vieille "chaire" (chaise)
3 pots de fer
1 grille de fer
5 chandeliers de laiton
2 pots de cuivre
2 chaudières
1 chaudron
15 plats d'etain
18 assiettes
2 écuelles
4 pots en étain
1584
1616
1 table
1 tranchoir
des placards
des placards aux armoires
Inventaire du mobilier répertorié lors des visites de 1584, 1616 et 1632.
1 grande table en noyer
1 petite armoire en sapin
22 plats
24 assiettes
2 "aisguierres"
10 écuelles
3 "sellieres"
5 pots en étain
3 pots en fer
1 chaudière de 12 pintes
2 chauderons
2 moutardiers
1 "vinaigrette" d'étain
4 poilles à frire
2 gros "andiers" de fonte
1 vieille table
1632
-C-
le sellier
la petite
cave
une cave
la cave
proche la
grande
cuisine
La grande
cuverie
la grande
cuisine
la cuisine
haute
Pièces
2 tonneaux de 4 queues
1 autre d'environ 2 queues
1grand tonneaux d'environ 6 queues
3 grands tonneaux de 18 muids
1 autre de 6 ou 7 muids
2 autres appelés "rondels"
2 gros andiers de fonte
1 vieux "chalict" de chêne
2 vieux coffres en bois
1 buffet
1 vieille table de cuisine
1584
une nouvelle cuverie a été
construite sous le logis
abbatial. Il s'y trouve le pressoir
1616
1 farinier et 3 "enchastes"
1 pot de cuivre de 12 pintes
6 demis queues
4 muids
1 grande cuve d'environ 8 queues
1 autre de 2 queues et demie
2 "andiers" en fonte
1 vieille couchette
1 buffet sans serrure
1 vieux banc "a dos"
1 garde-robe
2 grandes cuves
1 tonneau d'1 queue
1autre de 3 "sillettes" et 3 demis
a vide
2 double queues avec leur fond
1 "burillon" d'1 queue
1 "aivié" en chêne
1 tonneau d'environ 3 queues
1632
-CI-
l'infirmerie
la chambre
des dames
la chambre
basse
le poil
Pièces
1 petit"chalict"de camp
2 bancs
1 "chaire a doz"
1 buffet eb chêne
1 table en sapin avec le pied tourné
et carré
1 lit de plume avec son coussin et
1 "lodier"
1 "chalict" en chêne
1"matherat" dressé sur des "lahons"
2 grands coffres ferrés
1 "dressoir" en chêne
1 table de noyer avec son pied carré
6 petites "chaires a dol"
1 petite "chaire" basse et tapissée
1 grande "chaire a dol"
7 tableaux divers
2 "andiers" en fonte
2 lits de plume sur des "chalicts" de
bois anciens
1 vieux buffet
1 table avec son pied
2 andiers de fonte
1584
1616
1 "chalict" assorti de ferrements
2 "andiers" en fonte
1autre, en noyer, avec colombettes
2 coffres
2 "leschefroyes" en fer
1 grand pot de cuivre
1 vieille "bassignoire"
1 vieux buffet en chêne, ouvragé
1 lit de plume avec son coussin
1"chalict" de chêne
1632
-CII-
la salette
basse
la salette
basse
la chambre de
la porterie
la chambre
du prieur
la chambre
joignant
à la vieille
cuisine
une autre
chambre
haute
Pièces
2 lits de plume sur des anciens
"chalicts" de bois attaché
2 gros coffres en chêne
2 andiers en fonte
1 tonneau à "cuver vin"
d'environ 3 ou 4 queues
1 longue table en sapin avec 2
tréteaux
1584
1616
2 lits
2 chaises dorées et 2 autres en bois
1 plat bassin
1 chandelier en étain
1 "pintet" et 1 "tier" en étain
1 "chalict" de chêne
1 vieux buffet sans serrure
1 vieux "chalict" de noyer
1 buffet en forme de comptoir
fermant à trois étages à clé
1 table avec un pied tourné
1 banc en noyer, usé et céronné
1 dressoir en boyer, les pieds et
bras tournés
1 banc "a dos", en chêne, feré et
fermant à clé
1 vieux "chalict" avec colombettes
rompues
1632
-CIII-
le logis
abbatial
Pièces
1584
1616
la chambre du milieu:
1"chalict" de noyer tourné avec 1
coiffe et 1 lit de plume avec le travers
1 autre lit de plume
1 table de noyer
5 vieux carreaux garnis de cuir
1 couchette en bois avec 2 lits
1 chaises de noyer
1 "andier" en fonte, 2 chandeliers
1 vieille pinte en étain
6 chandeliers en étain, 2 croix
en la chambre y joignant:
1 "chalict" en noyer avec
des colombettes
2 chaises de drap bleu
2 "andiers" de fonte
dans le cabinet contiguë:
1 petit "chalict" de bois
1 vieil écrin de sapin
dans l'entrée:
1 table de noyer avec des
tiroirs des 2 côtés
2 bancs couverts de cuir
7 chaises de même
couverture
1 vieux coffre de chêne
1 vieux buffet en chêne, ouvragé
1632
-CIV-
Behans
les granges Tronchierfontene et Verjoulet
Thurey, Chambornay et Neufvegrange
Baulmotte
Menoux et Moydan
Ebertans
Rouland et Rougemont
Verchamps, Rougemont, Guillon, Coudrey, Fran et Lartan.
Pirey, Geneulles, Genevrey, Cugney, Moilley, Villerchemin,
Russey, Poloingnon, Cicon, Myollot, Ucelle, Villersgrelot,
Saultoyson, Ryol, Gonhenans, Mesandans, Cromary, Noroz
Mons, Villers, Malussy, Montbresson
Nensvelles, Breurey et Chey
Besançon, Arbois et Lyon-le-Saulnier
Vandelans
Hyvre, Salins, Bahle
Dornoy
Marchault et Chasault
Valleroy
Montaigney, Arbois et Salins
Dampierre, Fontenoy, Noroy
Monstarlot (prioré)
Braillans
Vieilley, Merey et Venize
Nom de lieux
1584
Répertoire des titres de propriété mentionnés lors de la visite de 1584.
plusieurs
12, tant papier
que parchemin
40
26
13 titres en
parchemin et
autre en papier
22 en parchemin, 3 en papier
8, en parchemin
18, en parchemin
9, en parchemin
30, en parchemin
30 en parchemin
2 en papier
9 en parchemin, 1 en papier
15 en parchemin, 6 en papier
18 en parchemin, 2 en papier
11 en parchemin, 3 en papier
3
43 en parchemin, 3 en papier
32 en parchemin, 7 en papier
54 en parchemin, 6 en papier
25 en parchemin, 8 en papier
4 en parchemin
titres
titres
titres
titres
titres
titres
titres
titres quittance de
patronage de Chambornay
titres
titres
Nombre
titres et acenssement
titres et un début
d'inventaire
titres de redevances
titres
bulles de l'abbaye de
Montarlot, titres et
début d'inventaire
titres
titres
titres
titres
titres
titres
Nature
f 13 v
f 13 v
f 12 v
f 12 v
f 12 v
f 12 v
f 12 v
f 13 r
f 13 r
f 13 v
f 12 r
f 12 r
f 12 r
f 12 r
f 12 r
f 12 r
f 11 v
f 11 v
f 11 v
f 11 v
f 11 v
Ref
-CV-
Moncey et Venize
Griseulle, Maulfans, Mancenan, Olanz et Villersuccon
Cirey
Roiche-sur-Longnon
Magnyd
Chauldefontaine
Polongney
Ryol, Fondrement et les granges
Anthonson
Bathenaux et Morchamps
Chambornay
Vaivre, Eschenoz-le-sec, Filay et Cheney
Germondans
Cocelles, Regney, Myellot
Molin Martin, Regney et Cocelles.
Quenoche
Marluz
Argyrez, Villerspater et Cromary
Aulthoyson
Filain
Chambornet
Frostan, Andelarot, Vellefaux
Chatillon Guyotte
Nom de lieux
1584
titres
titres
titres
titres
titres
titres
titres
titres
titres
titres
titres
titres
titres
titres
titres
titres
titres
titres
titres
titres
titres
titres
titres
Nature
13 en parchemin, 5 en papier
64 en parchemin, 6 en papier
31 en parchemin, 4 en papier
21 en parchemin, 1 en papier
14 en parchemin, 6 en papier
15 en parchemin, 6 en papier
40 en parchemin
9 en parchemin, 1 en papier
32 en parchemin, 6 en papier
65 en parchemin, 17 en papier
7 en parchemin, 7 en papier
20 en parchemin, 8 en papier
46 en parchemin, 20 en papier
6 en parchemin, 6 en papier
19 en parchemin, 4 en papier
43 en parchemin
19 en parchemin, 4 en papier
89 en parchemin, 16 en papier
51 en parchemin, 17 en papier
11 en parchemin, 4 en papier
24 en parchemin, 5 en papier
6 en parchemin, 1 en papier
41 en parchemin, 12 en papier
Nombre
f 13 v
f 14 r
f 14 r
f 14 r
f 14 r
f 14 r
f 14 v
f 14 v
f 14 v
f 15 r
f 15 r
f 15 r
f 15 r
f 15 r
f 15 r
f 15 r
f 15 v
f 15 v
f 15 v
f 15 v
f 15 v
f 15 v
f 15 v
Ref
-CVI-
Obertain, Thise
Dampiere, Treve, Probe et Fontenois
non précisé
Rigney, Rouland, Vaudnan, Moulin, Martin, Larians, Ormonans
et Loulands.
Neufvegrange
Le Magny
Argiré, Villerpater et Antoison
Montarlot et Vilerchemin
Montagny
Poulignés
Argirey, Villerpater, Aubetan et Lainé
Vuillefaux, Moidain, Viellé, Merey.
Montbozon, Bouhans, Thienaux
Riol, Fondrement, Vergoulot et les granges
Thurez, Moncey et Venise
Sirey
non précisé
Nensicelle, Breurey et They.
Vallerois
Rigney et Rignozot, Corcelle et Miellot.
Magny, Thuré, Menselle, Neufvegrange, Dornon, Cirey, Valeroy
et Marlot.
segneurie d'Yeure, Dennon
Bastiere et Valeroy le Bois
Nom des titres
billes et redevances
titres et redevances
titres et redevances
titres et redevances
titres et redevances
titres et redevances
titres et redevances
titres et redevances
titres et redevances
titres et redevances
titres et redevances
titres et redevances
volumes et reconnaissances
1632
Nature
titres et redevances
titres et droitures
titres et droitures
titres et redevances
titres et donations
titres, droits de l'abbaye
titres, biens et revenus
titres
rouleaux, volumes et reconnaissances
titres
Recensement des titres de propriété mentionnés dans le procès-verbal de 1632.
plusieurs en papiers,
12 en parchemin
10
14
plusieurs
plusieurs en papier,
13 en parchemin
19
36, en parchemin
8, en parchemin
31, en parchemin
plusieurs
plusieurs
39
plusieurs
plusieurs
plusieurs
16
plusieurs
4
plusieurs
plusieurs
66
Nombre
f 12 v
f 12 v
f 12 v
f 12 v
f 12 r
f 12 r
f 12 r
f 12 r
f 12 r
f 12 r
f 11 r
f 11 r
f 11 r
f 11 r
f 11 r
f 11 v
f 11 v
f 11 v
f 11 v
f 11 v
f 11 v
f 11 v
f 11 v
Ref
-CVII-
Senans Lusans, Germondans, Verchamps et Loulands
Chambornay les Bellevaux et Chambornay les Pins
Tise
Besançon
Vayme, Vallerois, Lorios, Eschenos le Sec, Andelans, Larrot,
Freltoy, Vesoul, Nasle
Riole
Montagnés
Aurignès
la maison de Chaudefontaine
le prioré d'Arbois
Marchaux, Champours, Chesseur, Braslan
Gis ( meix, maisons et vignes )
Salin
Bralan ( grange )
Gilley
Chatillon, Guiette
Quilles, Scay, Coudray, Verchamps, Rougemons, Olanc,
Senans, Marchaux, Gusenlte, Maucenaus
Cromary
Roche-sur-Doubs
Montbozon ( redevances et tailles duent par l'abbaye )
Tylains
Nom des titres
20, en parchemin
plusieurs
47
11, en parchemin
20, en parchemin
13, en parchemin
31, en parchemin
plusieurs
46, en parchemin
en papier
7, en parchemin
54, en parchemin
70, en parchemin
7, en parchemin
en papier
21, en parchemin
91, en parchemin
12, en parchemin
32
68
15
18, en parchemin
titres ( droit de l'abbaye en ce lieu )
titres ( droit de l'abbaye en ce lieu )
pocès et mémoire
Nombre
titres
titres et procuration
pièces, redevances et dîmes
titres
titres
titres et 1inventaire
titres
titres, inventaires
titres
reconnaissance
titres
titres
pièces
titres
redevance
titres, redevances, dîmes
titres, redevances
titres, missives (quelques)
revenus
titres, lettres, redevances
1632
Nature
f 16 v
f 16 v
f 16 v
f 15 r
f 15 r
f 15 r
f 15 r
f 15 v
f 14 r
f 14 v
f 15 r
f 15 r
f 12 v
f 13 r
f 13 r
f 13 r
f 13 v
f 13 v
f 13 v
f 14 r
f 14 r
Ref
Annexe 8.
 Liste des lieux non identifiés
et localisés 
Cicon
Dornoy
Eschenoz-le-Sec
Fontenoy
Fran
Frostan
Genevrey
Gondenans
Griseulle
Malsy
Mancenan
Maulfans
Menoux
Moilley
Mons
Montbresson
Neusvelles
Noroy
Roche-sur-l’Ognon
Russez
Termondans
Tronchiefontaine
Vellefaux
Villerchemin

CVIII
 Lexique 
Ce lexique contient des mots en ancien français et des mots qui peuvent être mal ou méconnu.
Antiphnonaire : (antiplionaire) livre de chants liturgiques qui contient les antiennes. Il se
constitue peu à peu à partir du VIIIe siècle. On distingue l’antiphonaire de la messe (aussi
appelé graduel) et celui de l’office.
Les livres inventoriés en l’abbaye et leur utilisation sont traités en page
Bache : goulet, tranchée pour conduire l’eau.
Bichetée : mesure de terre.
Bougran : toile forte, employée dans les doublures de vêtements.
Buret, burette : petit vase contenant l’eau ou le vin de la messe.
Casuel : qui peut arriver ou non, éventuel.
Camelot : étoffe fine de laine et de soie.
Celet : boîte, coffre, châsse.
Cens : redevance que le possesseur d’une terre paye à son seigneur.
Chaire : chaise.
Chalict : monture d’un lit.
Chapitre : réunion des moines.
Chaudeille : chaudeau, bouillon chaud.
Chaveau : mesure de liquide.
Chief : tête.
Ciboire : vase sacrée, munie d’un couvercle. Il contient les hosties consacrée et, est conservé
dans le tabernacle.
Cielée : chambre, salle pourvue d’un ciel ou plafond orné.
Coadjuteur : (coadjutorie) ecclésiastique nommé pour aider un pélat à remplir ses fonctions.
CIX
Cocet : jeune coq.
Complies : dernière heure de l’office divin qui se récite ou se chante le soir après les vêpres.
Convers : religieux chargés des travaux manuels.
Corporal : (corporaulx) linge béni sur lequel l’officiant pose le calice et les fragments
d’hostie.
Cubarie : lieu où l’on met les cuves, cellier.
Custode : boîte à parois de verre dans laquelle on place l’hostie pour l’exposer dans
l’ostensoir.
Damas : riche étoffe.
Entoier: (entoyer) recouvrir d’une taie, d’un linge ou d’une étoffe quelconque.
Graduel : livre liturgique contenant les pièces chantées à la messe.
Illec : là, en ce lieu.
Lahon, laon : planche.
Lodier : couvre pied.
Mui : (muid) mesure de capacité (pour les liquides, les grains) variablelon les provinces et les
marchandises.
Navette : petit récipient, accompagnant l’encensoir, et contenant l’encens.
Orvale : destruction, grande catastrophe survenant par le feu tel un incendie, ou les
conséquences de la foudre.
Penal : (penaul) sorte de mesure équivalent au bichet.
Penultieme : avant-dernier.
Pied : ancienne unité de mesure de longueur équivalent à près de 0,324 m.
Prieuré : couvent dirigé par un prieur qui est nommé par l’abbé de l’abbaye mère.
Porterie : dans une communauté religieuse, loge du portier.
Profes : personne qui a prononcé ses vœux dans un ordre religieux.
Provigner : multiplier les provins de vigne, c’est-à-dire obtenir de nouvelles souches à partir
des sarments ou des ceps.
CX
Quarte : mesure de capacité.
Queue : futaille d’une mui et demi.
Rier : en arrière.
Samit : étoffe de soie sergée.
Toise : mesure de longueur valent six pieds, soit près de deux mètres.
Treuil : (treul) pressoir.
Treü, tru : tribut, redevance, taxe.
Turquin : turc.
Viorbe : escalier à vis.

CXI
 Table des matières 
Sources et bibliographie.
p 6.
Introduction.
p 9.
Partie I.
« Heureux ceux qui habitent ta maison
Ils feront encore et toujours retentir la louange »
p 11.
I. « Seigneur, j’aime la beauté de ta maison et le lieu de ta gloire »
p 11.
A. Un espace de prière.
p 11.
1. L’église et les chapelles.
- L’église
- Les chapelles
- Humidité et réfection du lieu
- La cloche et l’horloge
- Les toitures
2. La sacristie.
3. Le cloître.
B. Les quartiers conventuels et le logis abbatial.
1. Cuisine, réfectoire et caves.
- La cuisine
- Le réfectoire
- Les caves
2. Salle capitulaire, infirmerie, dortoir et autres chambres.
- La salle capitulaire
- L’infirmerie
- Le dortoir
- Les autres chambresp
3. Le logis abbatial.
C. Clôture, porterie et réseau hydraulique.
1. La clôture.
2. Les autres bâtiments de l’abbaye.
- La porterie
- Granges et étables
- Verger, colombier, four et grenier
3. Le réseau hydraulique.
p 14.
p 14.
p 14.
p 15.
p 15.
p 16.
p 17.
p 17.
p 19.
p 19.
p 19.
p 20.
p 21.
p 22.
p 22.
p 23.
p 23.
p 24.
p 26.
p 27.
p 27.
p 29.
p 29.
p 30.
p 30.
p 32.
II. « Seigneur mon Dieu, force qui sauve, Tu protèges ma tête au matin du combat » p 35.
CXII
A. Bellevaux : la volonté de la famille de La Roche…
1. Un prestige éphémère.
2. Les origines de ce prestige.
3. Des dons pour des prières.
p 35.
p 37.
p 39.
B. …et le repos d’âme des Viennes, Rougemont et autres familles.
1. L’Amiral au chœur.
2. La Toussaint des Rougemont.
3. Des chapelles pour d’autres saluts.
C. D’autres seigneurs et l’assurance d’autres saluts.
1. D’autres fondateurs et donateurs.
2. Un clergé bienveillant.
III. « Répandre l’évangile de la charité »
1. Cîteaux la fondatrice.
- Les origines
- L’élaboration de la règle cistercienne
- Bellevaux et Cîteaux
2. Morimond la mère.
- Les débuts
- Un nouveau départ
- Bellevaux et Morimond
B. Un essaimage lointain.
2.
p 40.
p 42.
p 43.
p 44.
p 44.
p 45.
p 47.
p 47.
p 47.
p 48.
p 48.
p 49.
p 49.
p 50.
p 50.
p 51.
De la volonté de croisés.
- Genèse
- L’engagement d’Othon de La Roche
- D’Othon au seigneur d’Athènes
Une nouvelle abbaye pour une nouvelle seigneurie.
- La participation de la Comté
- Des grecs aux bénédictins
C. Les filles d’Europe Occidentale
1.
2.
3.
p 40.
p 47.
A. Fille de Morimond, sous l’autorité de Cîteaux.
1.
p 35.
p 51.
p 51.
p 52.
p 52.
p 53.
p 53.
p 54.
p 55.
En Comté et au-delà : Lucelle.
Près de Salins : Rosières.
La Charité, « la rapportée ».
CXIII
p 56.
p 57.
p 58.
Partie II.
« J’ai gardé le chemin tracé par Ta parole »
p 61.
I. « Tu fus égorgé et tu rachetas pour Dieu, au pris de ton sang, des hommes de toute race,
langue, peuple et nation »
p 61.
A. Les saints présents au cœur de Notre-Dame de Bellevaux.
p 61.
1.
Reliques et reliquaires.
- Saint Théodore
- Saint Etienne Protomartyr
- Saint Nicolas et saint Jean Chrysostome
- Sainte Marie-Madeleine
- Saint Antoine
- Saint Luc
- Saint Pierre, saint Paul, les Trois Rois et autres saints
- Saint Jean-Baptiste
- Les anonymes
p 61.
p 62.
p 62.
p 65.
p 66.
p 67.
p 67.
p 67.
p 68.
p 69.
2.
Peintures et statues.
- Les statues
- Peintures et images
- Sainte Lucie
p 69.
p 70.
p 72.
p 75.
B. Sainte Ursule et les Onze Mille Vierges.
p 76.
1.
2.
Vie et légende de sainte Ursule.
Culte et reliques.
C. Entre saint Pierre de Tarentaise et Notre-Dame de Bellevaux.
1.
2.
3.
Du premier abbé de Tamié à l’archevêque de Tarentaise.
Saint Pierre de Tarentaise, saint Pierre de Bellevaux.
Saint Pierre et Bellevaux.
II. « Ses prêtres, je les vêtirai de salut ».
p 77.
p 77.
p 78.
p 79.
p 82.
A. Orner la simplicité.
1.
2.
p 76.
p 77.
p 82.
Devants dautel, nombreux et riches.
D’autres ornements.
- Nappes et tapis
- Quelques linges nécessaires au culte
p 82.
p 84.
p 84.
p 85.
B. Revêtir les officiants, lire et chanter les cantiques.
p 86.
1.
Des vêtements liturgiques.
- Les aubes
- Les chapes
p 86.
p 86.
p 87.
CXIV
2.
- Les chasubles
- Les tuniques
- Etoles et manipules
Des livres.
p 87.
p 88.
p 89.
p 89.
III. « Ah ! qu’il est bon d’habiter tous ensemble, d’être comme des frères, tous unis » p 92.
A. Ce sont les âmes de l’abbaye.
1.
2.
p 92.
Une communauté de religieux et de convers…
- Les novices
- Les profès
- Les convers
…dont « L’oisiveté est ennemie de l’âme ».
- Le prieur
- Le cellérier
- Le sacristain
- D’autres fonctions
- L’abbé
B. Des vies de prières
1.
2.
p 92.
p 92.
p 93.
p 93.
p 94.
p 94.
p 95.
p 95.
p 96.
p 96.
p 97.
Chaque jour et toujours, priez et méditez.
« Priez pour nous pauvres pêcheurs ».
p 97.
p 98.
Partie III.
« Le Seigneur, ce qu’Il désire, Il le fait au ciel et sur la terre »
p 101.
I. « Tu as distribué à profusion Tes cadeaux »
p 101.
A. Des titres : pour un inventaire du domaine et des ses revenus.
1.
2.
p 101.
Exploitation et revenus des terres.
D’autres revenus.
- Les dîmes
- Le droit de terrier
- Les tailles
Défense des acquis.
p 102.
p 105.
p 105.
p 106.
p 106.
p 108.
B. Une accumulation de dons et d’achats.
p 109.
3.
1.
La générosité des laïcs.
- Des prés
- Des vignes et des bois
- Des meix
- Des maisons
- Des mines
- Du sel
CXV
p 109.
p 110.
p 110.
p 111.
p 111.
p 112.
p 112.
2.
Les achats de l’abbaye.
p 112.
II. « Que Tes œuvres rayonnent, en nombre et en variété, Seigneur ! ».
A. Une exploitation particulière : les granges.
1.
2.
Qu’est-ce qu’une grange ?
Au sein de ces exploitations, des convers.
B. Les granges de Notre-Dame de Bellevaux.
1.
2.
Des certitudes et des doutes.
Fondation des granges.
- La grange d’Argirey
- La grange de Baslières
- La grange de Braillans
- La grange de Champoux
- La grange de Cirey
- La grange Le Magny
- La grange de Trevey
- La grange de Valleroy
C. Le devenir des granges : reflet des difficultés de l’Ordre.
1.
2.
Des granges aux villages.
L’amodiation ou le faire-valoir indirect.
- L’amodiation ?
- La grange de Braillans : un exemple
III. « Tu combles chacun à la mesure de ses actes et de son attente ».
A. De l’usage de l’eau au sein de l’économie cistercienne.
1.
2.
Pour la pisciculture.
Pour les moulins.
2
p 115.
p 116.
p 117.
p 118.
p 120.
p 120.
p 121.
p 121.
p 121.
p 122.
p 122.
p 123.
p 123.
p 123.
p 123.
p 125.
p 125.
p 126.
p 128.
p 128.
p 132.
Place et fonction au sein de l’économie cistercienne.
Les fours de l’abbaye.
C. De l’importance du bois et des vignes.
1.
p 115.
p 128.
p 129.
B. De l’exploitation des fours.
1.
2.
p 115.
Le nécessaire bois.
- Son utilisation
- Les bois de Bellevaux
Le privilège de la vigne.
CXVI
p 132.
p 133.
p 134.
p 134.
p 134.
p 135.
p 136.
Conclusion.
p 140.
Annexes :
p I.
Annexe 1 : transcription du procès-verbal de 1584.
p III.
Annexe 2 : transcription du procès- verbal de 1616.
p XIX.
Annexe 3 : transcription du procès-verbal de 1632.
p XXXIX.
Annexe 4 : transcription de l’inventaire de la sacristie vers 1600.
p LXVIII.
Annexes 5 : transcription d’un parchemin concernant l’amodiation de la grange de
Braillans.
p LXXI.
Annexes 6 : extrait des archives ecclésiastiques de Haute-Saône.
p LXXV.
Annexes 7 : tableaux.
p XCV.
Annexe 8 : Lieux non localisés.
p XCIII.
Lexique.
p CIX.
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CXVII

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