Album du marionnettiste Francis Raphard (1893

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Album du marionnettiste Francis Raphard (1893
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Base de données des collections photographiques du MuCEM
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Album du marionnettiste Francis Raphard (1893-1956)
Francis Raphard en 1944 (Ms65.179.16)
Fidéline Raphard vers 1945 (Ms65.179.46)
© MuCEM (Droits réservés)
© MuCEM (Pierre Soulier)
Origine de l’acquisition
Cet album a été donné au Musée national des arts et traditions populaires (MNATP) par
Mesdames Mérette Carmel et Catherine Deutschlé, sans doute en 1965. Les deux donatrices
étaient les soeurs de Francis Raphard, propriétaire initial de l'album.
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Présentation matérielle de l’album (ou de la collection)
Il s'agit d'un album d'un format "à l'italienne" (27,5 cm de haut x 38,5 cm de large) avec une
reliure rouge foncé. Une étiquette, collée sur le plat supérieur porte la mention "Album de
photos et illustrations : 1. D'un côté : sur le théâtre des / Tuileries (Francis Raphard) / 2. De
l'autre côté : sur différents / théâtres de marionnettes français / et étrangers".
L'album comporte 258 photographies, 125 pour la première partie et 133 pour la seconde. On
compte également quelques coupures de presse et cartes postales.
Les images et autres documents portent les numéros d'inventaire Ms 65.179.1 à 258.
Les photographies sont des tirages de différents formats dont de nombreux 6 x 6,
monochromes et en couleurs.
Les auteurs des photographies
Beaucoup de photographies sont anonymes. Cinq auteurs sont cependant identifiés. Quatre
sont des studios professionnels : Audrey (Paris), Germain Douaze (Paris), Terret (Paris), E.
Poix. Le quatrième photographe est Pierre Soulier, membre de l'équipe du MNATP, qui
réalisa une enquête ethnographique sur les théâtres de marionnettes dont celui de Francis
Raphard (voir ci-dessous).
Le propriétaire initial de l'album
L'album appartenait à Francis Raphard, marionnettiste, comme déjà avant lui, son père, Petrus
Raphard, né en 1857. Ce dernier, après avoir appris son métier auprès de marionnettistes
lyonnais, retourna à Saint-Etienne où il avait fait ses premières armes, accompagné de son
beau-frère, Léon Ribes. Il y monta un théâtre. En 1910, il acquit une brasserie où il donna des
représentations. En 1924, il s'installa à Paris, d'abord au jardin du Luxembourg puis au jardin
des Tuileries où il obtint l'autorisation de construire un castelet. A sa mort en 1934, son fils
Francis prit définitivement sa suite.
Francis Raphard apporta son aide dans l'enquête conduite en 1944 par le Laboratoire
d'ethnographie française, dirigé par Marcel Maget, sur les théâtres de marionnettes. C'est à
Pierre Soulier que furent confiées ces recherches qui portèrent sur plusieurs théâtres à Paris et
en province. Pierre Soulier (1913-1998) fut un des principaux collaborateurs de Georges
Henri Rivière, fondateur du Musée national des arts et traditions populaires, sous la direction
duquel il travailla en tant que dessinateur et photographe. Les photographies qu’il réalisa au
cours de son enquête, et qui font partie des collections photographiques du musée, ont pour
certaines d’entre elles été intégrées à l’album.
Francis Raphard qui travaillait avec son épouse, Fidéline, décédée en 1950, mourut quelques
années plus tard, en 1956.
A sa mort, son théâtre fut confié par ses deux sœurs à son assistant, André Faurou. Ce dernier
le céda ensuite à Dominique Castel qui avait exploité le Guignol du parc Montsouris et devait
créer un castelet à Orléans avant de quitter le métier. Il céda à son tour le théâtre des Tuileries
à Jean-Claude Alain, du théâtre de la Petite Ourse1.
Le théâtre fut détruit en 1994, lors des travaux du Grand Louvre.
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Renseignements communiqués par Marie-Calude Grohens.
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Le sujet des photographies
Première partie (Ms 65.79.1 à 125) sur le théâtre des Tuileries (Francis Raphard)
Des théâtres de marionnettes mobiles sont attestés dans le jardin des Tuileries vers la fin du
règne de Louis XIV. En 1861, Duranty obtint l'autorisation d'y installer "une boîte à
Guignols" fixe. En 1880, Boneta, un limonadier, fit construire un castelet à l'emplacement du
théâtre de Raphard. Celui-ci ne lui rapportant guère, il le vendit à Joubert. A la mort de ce
dernier, en 1908, le castelet se détériora à tel point que l'administration des jardins le détruisit.
Une nouvelle concession fut accordée en 1926 à Petrus Raphard qui y installa le « Guignol
théâtre ».
Des marionnettes ayant appartenu à Boneta et à Joubert faisaient partie de la collection de
Francis Raphard : leur photographie figure d'ailleurs dans l' album.
D'autres images présentent le théâtre des Tuileries, les représentations, le jeune public, et bien
sûr, les marionnettes.
1944. Intérieur du castelet. La Fosse et les râteliers de poupées
créés par F. Raphard. (Ms 65.179.22)
© MuCEM (Droits réservés)
Le théâtre tout d'abord, ou "castelet" : il comportait une enceinte de troènes. Il n'avait pas
l'électricité, les frais de raccordement au réseau s'avérant trop élevés. Il était composé de deux
bâtiments en bois, l'un était le théâtre proprement dit et l'autre, en face de la scène, un
débarras. Le théâtre comprenait l'arrière-scène avec la fosse où prenait place le marionnettiste
et une pièce d'accès à la fosse qui servait tout à la fois de vestiaire, de débarras et, en quelque
sorte, de salle d'archives puisque Francis Raphard y conservait des dessins, des documents sur
les marionnettes et des photographies. Les jeunes spectateurs prenaient place sur 11 bancs,
tandis que des chaises, sur le côté droit étaient réservées à leurs parents. Une toile de tente les
protégeait.
Francis Raphard avait environ 150 pièces à son répertoire destinées à un public âgé de 3 à 12
ans. Elles comportaient un seul acte et étaient dites par cœur mais avec des variantes. Au bout
de 6 ou 7 ans, s'il pensait qu'elles en valaient la peine, il transcrivait ses pièces. Parmi cellesci, on citera : "Le rêve de Guignol" (1935), "L'attaque du carrosse" (1937), "Le professeur
Papillon" (1941) ou "L'évasion de Miquette" (1943).
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Francis Raphard fabriquait lui-même ses marionnettes à son domicile, dans le 18ème
arrondissement de Paris. Il s'agissait de marionnettes à gaine. Pour la tête et les mains, il
utilisait du bois de tilleul bien sec, un bois léger, au grain fin et homogène ; et pour la gaine,
du feutre, du lainage, de la flanelle, du velours, des soieries et du lamé. La gaine était réalisée
par Madame Raphard ainsi que les costumes des marionnettes. Bien que le théâtre n'ait été
utilisé que pour les représentations et non pour la fabrication des marionnettes ou des décors,
Francis Raphard avait prévu quelques couleurs et pinceaux afin de pouvoir maquiller entre
deux représentations les têtes des marionnettes endommagées par les coups de bâton…
Il donnait environ 700 représentations annuelles. Il choisissait la pièce en fonction de l'âge de
ses spectateurs, sélectionnait ensuite dans le râtelier, parmi une soixantaine de marionnettes,
celles qui lui étaient nécessaires et les plaçait sur une tablette, la "servante", à portée de main.
Les toiles de fond étaient à gauche de la fosse ; quant au côté droit, il était réservé aux
accessoires (plumeau, balai, matelas, bol à lait, sac, meubles de Guignol, etc.). Le
marionnettiste disposait également d'une plaque de tôle qui lui permettait de marquer les
coups de bâton et d'imiter différents bruits.
Seconde partie (Ms 65.79.126 à 258) sur différents théâtres de marionnettes français et
étrangers
Les photographies de la seconde partie de l’album illustrent soit des réunions
professionnelles, soit d’autres théâtres de marionnettes.
Les réunions professionnelles sont :
- le Congrès international des marionnettistes de 1938
- l’assemblée générale du 1er avril 1947 de l’Union corporative et nationale des montreurs de
marionnettes (fondée par Francis Raphard)
Les théâtres de marionnettes illustrés sont pour la plupart français :
- les Cabotins picards (Amiens)
- Dequenne (Lille)
- Guignol Laurent Mourguet (Lyon)
- Georges Chervin (Lyon)
- Louis Bellesi (Paris)
- Marcel Temporal (Paris)
- le théâtre du Luxembourg (Paris)
- Anatole (Paris)
- Guentleur (Paris)
- Fraysse (Paris)
- le théâtre de la Soupente (Paris)
- le théâtre routier de Saint-Quentin
- le théâtre des Lilliputiens
- Pajot-Walton
- le théâtre des Têtes de bois
- Yves Joly
Un seul théâtre étranger est représenté : Hogarth Puppets (Londres)
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Objets conservés au Musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée
Le musée possède de très nombreuses objets acquis auprès de Francis Raphard : marionnettes,
accessoires de marionnettes, décors de castelet, etc. Certains d’entre eux proviennent de
Duranty, Joubert et Boneta.
Une « séquence de fabrication » de marionnette est exposée dans une des vitrines de la
Galerie culturelle du musée.
Vitrine de la galerie culturelle du MNATP. Séquence de fabrication de marionnettes par
Francis Raphard (PhP.2005.3.687)
© MuCEM (Danièle Adam)
Sources disponibles au Musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée
Le Service historique du MuCEM conserve un dossier élaboré par Pierre Soulier :
Tiroir « Marionnettes », dossier n°26 comprenant principalement :
- une étude sur Raphard et son théâtre : fabrication des marionnettes (texte et dessins),
description et plans du théâtre, répertoire, historique du théâtre des Tuileries
- des exemplaires tapuscrits et imprimés d'un article publié dans Théâtre d'aujourd'hui
(1959?).
- un dossier photographique dans lequel sont collées les photographies faites par Pierre
Soulier lors de son enquête. Elles portent les numéros de collection Ph.1944.102 et Ph.
1944.175. Certaines d'entre elles, comme il a déjà été mentionné, se trouvent aussi dans
l'album Raphard.
Dans la même série de documents, on trouve également des dossiers portant sur quelques-uns
des théâtres illustrés dans la seconde partie de l’album :
- Laurent Mourguet : dossier n°4
- Bellesi : dossier n°10
- Fraysse : dossier n°16
- Guentleur : dossier n°17
- Yves Joly : dossier n°20
- Pajot : dossier n°23
- Temporal : dossier n°27
On citera encore le petit guide de la Galerie d’étude du MNATP, aujourd’hui épuisé, intitulé :
Soulier, Pierre. Marionnettes : leur manipulation, leur théâtre. Paris : Editions des Musées
nationaux, 1972. (Guides ethnologiques ; 17).
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Ainsi que :
Fournel, Paul (dir.). Les marionnettes. Paris : Bordas, 1982, p.141.
et
Groshens, Marie-Claude. Marionnettes du monde. Paris : RMN, 2008, p.141-144.
Isabelle Gui, chargée d’études documentaires. Service des collections du Musée des Civilisations de l’Europe et
de la Méditerranée. Février 2009.
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