Rapport e-NS@ - Ecosystème numérique de santé aquitain

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Rapport e-NS@ - Ecosystème numérique de santé aquitain
Rapport e-NS@ Ecosystème numérique de santé
aquitain
Etat des lieux des usages et pratiques
numériques en France et en Aquitaine
mai 2015
par Géraldine GOULINET-FITE
Le contexte
Le déploiement de dispositifs numériques de télémédecine et de télésanté nécessite une
mise en visibilité des différentes initiatives afin d’analyser leur contribution à la e-inclusion
des sujets à la santé fragilisée, qu’ils soient atteints de maladies chroniques et/ou soient
vieillissants.
Cette étude vise à comprendre en quoi et comment ces dispositifs numériques sont
potentiellement vecteurs de démocratie sanitaire, favorisent le maintien de ces personnes
en situation d’autonomie agissante et contribuent au renforcement du lien social,
composante centrale de l’équilibre de santé.
Centré sur les usagers, patients et/ou seniors, le questionnement principal vise à
comprendre la dynamique de leur acculturation numérique afin qu’ils soient en capacité
de maîtriser ces dispositifs au regard de leurs besoins.
La mission
Pour comprendre ces processus « d’écologisation1 » des pratiques comme vecteur de einclusion, quatre axes d’analyse sont proposés à cette étude :
- catégorisation à partir des équipements des différentes pratiques numériques
des familles de population ;
- catégorisation des services numériques proposés ;
- identification et catégorisation des acteurs engagés dans ces dispositifs ;
- identification des compétences requises pour l’usage de ces dispositifs
numériques.
La finalité
Par ces études spécifiques, il s’agit de définir la maturité numérique du territoire en
matière d’e-santé et les différents régimes d’engagement des acteurs (producteurs de
services, professionnels, aidants, patients, seniors) afin d’identifier ce qui fait sens
commun. Nous questionnons notamment l’articulation entre les sphères formelle et
informelle pour identifier l’évolution des rôles des acteurs.
L’approche par compétence vise à anticiper les besoins de formation qui pourraient à
terme être reliés aux actions formatives proposées sur les territoires. Elle contribuera
également à la production de recommandations ergonomiques pour les concepteurs de
services numériques.
1 La notion d’écologisation désigne les processus par lesquels l’environnement est pris en compte dans les politiques publiques, dans les organisations,
voire dans les pratiques professionnelles. L’environnement est ici entendu largement, il comprend aussi bien les questions sanitaires que les milieux
naturels ou anthropisés qui supportent la vie. (Mormont, 2013)
1
I.
ÉLÉMENTS de CADRAGE ........................................................................................................ 4
1. Rappels sémantiques .......................................................................................................... 4
2. Les principaux enjeux des TIC en santé ......................................................................... 12
3. Les principaux freins et menaces .................................................................................... 15
4. La santé numérique : pour qui et pour quoi ? ............................................................... 16
5. Les axes prioritaires de la stratégie numérique en santé ............................................. 18
II. QUEL ECOSYSTÈME en FRANCE ? ..................................................................................... 24
1. Les tendances nationales des systèmes d’information et infrastructures numériques
– Brique e-santé – Logique B2B ............................................................................................... 24
2. Les tendances nationales de la télémédecine - Brique TELEMEDECINE – logique
B2B (industriels/professionnels) ............................................................................................. 35
Trois éléments orientent la présentation de l’état des lieux de la télémédecine en
France : ....................................................................................................................................... 35
3. Les tendances nationales de la télésanté et m-santé – logique B2B2C
(professionnels/industriels/patients) ...................................................................................... 40
III. QUEL ECOSYSTÈME en AQUITAINE ?............................................................................... 50
1. Cartographie des équipements et des services numériques de télésanté et m-santé
50
2. Cartographie des différents programmes d’expérimentation « télésanté » financés
en Aquitaine depuis 2012........................................................................................................ 53
3. Caractérisation des compétences, formation, accompagnement .............................. 56
3
I. ÉLÉMENTS de CADRAGE
1. Rappels sémantiques
La e-santé, de quoi parle-t-on ? Tentative d’une définition et de ses périmètres
Selon la définition de la Commission européenne 2 la e-santé est « l'application des
technologies de l'information et de la communication à l'ensemble des activités en rapport
avec la santé », la e-santé recouvre en fait plusieurs champs d’actions qu’il convient de
détailler pour comprendre le rôle de chacun dans l’écosystème sur lequel elle repose :
-
les TIC3 comme outils de transmission et de partage d’information et de
données : architecture du système d’information ;
les TIC comme support dématérialisé aux actes de santé : télémédecine ;
les TIC comme réseaux d’échanges et de médiations relationnelle,
organisationnelle, éducationnelle : télésanté ;
les TIC comme dispositif connecté et mobile d’auto-surveillance, de
contrôle et de prévention : m-santé.
En cela, la e-santé induit de nombreux changements communs à ces quatre
caractéristiques sur le système de santé actuel :
-
géographiques et de localisation : lieu de la prise en charge, connectivité,
mobilité ;
temporels : immédiateté, permanence et fréquence des échanges ;
usuels : modalités d’usages des technologies ;
économiques : rémunération des actes, des offres et solutions ;
compétences : expertise, connaissance, apprentissage.
2 Les dossiers européens « La E-santé en Europe » Mai-Juin 2009 n°17
3 Selon la définition de l'Office québécois de la langue française, les Technologies de l’Information et de la Communication sont un ensemble des
technologies issues de la convergence de l'informatique et des techniques évoluées du multimédia et des télécommunications, permettant l'émergence
de moyens de communication plus efficaces, en améliorant le traitement, la mise en mémoire, la diffusion et l'échange de l'information.
http://gdt.oqlf.gouv.qc.ca/ficheOqlf.aspx?Id_Fiche=8349341
4
Ainsi, l'écosystème numérique appliqué à la santé prend en compte les interactions
entre les acteurs du système de santé, l’environnement TIC et les modalités d’utilisation
des technologies de l’information pour la santé. On peut schématiser cet écosystème
selon les représentations suivantes :
Représensation systémique de l'écosystème
numérique de santé
Organisation du
système de santé
Soins primaires
(généraliste)
Organisation du système de santé
Organisation TIC en santé
Soins secondaires
(spécialisé)
Soins Tertiaires (de
pointe)
Payeurs
INdustriels
TIC en santé
Reseau Internet
Informatique
Télécommunication
mobile
Domotique
Professionnels de
santé
Patients
Agences sanitaires,
Institutionnels
E-santé :
Protocole
d'échanges et
interfaces
métiers :
Systèmes
d'Information
Organisation
d'actes de
médecine à
distance :
Télémedecine
Réseaux d'échanges
et de médiation
relationnelle,
organisationnelle,
éducationnelle :
Télésanté - M-santé
Figure 1 : Représentation organisationnelle de l’écosystème numérique en santé
Figure 2 : Représentation sectorielle de l’écosystème numérique en santé (source CNOM, 2013)
C’est à partir de cette représentation sectorielle que nous proposons de réaliser l’état des
lieux des pratiques et des usages en matière de e-santé, télémédecine, télésanté et msanté pour et auprès du patient, par l’étude des spécificités en fonction des acteurs et des
compétences requises.
5
Les TIC comme outils de transmission et de partage d’information et de données :
architecture et système d’information, e-santé
Le rapport de l’ANAP4 (Agence Nationale d'Appui à la Performance des établissements de
santé et médico-sociaux) de Mai 2010, concède au concept de Système d'Information (SI)
2 fonctions-clés :
- C’est un ensemble organisé de ressources (matériels, logiciels, personnel,
données et procédures) qui permet d'acquérir, de stocker, de structurer et de
communiquer des informations sous forme de textes, images, sons, ou de
données codées.
- C’est un système ou sous-système d'équipements, d'informatique ou de
télécommunication, interconnectés dans le but de l'acquisition, du stockage,
de la structuration, de la gestion, du déplacement, du contrôle, de l'affichage,
de l'échange (transmission ou réception) de données sous forme de textes,
d'images, de sons, et/ou, faisant intervenir du matériel et des logiciels.
En cela, le SI permet :
- La gestion de contenu (en anglais : content management), destinée à gérer les
informations brutes et à les transformer en connaissances ou données mieux
structurées ;
- La gestion des accès, c'est-à-dire la gestion des flux et des protocoles
d'échange dans les réseaux de télécommunications internes ou partagés avec
les partenaires.
L’interconnexion entre les systèmes est rendue possible par l’interopérabilité c’est-à-dire
la capacité donnée à fonctionner avec d’autres produits ou systèmes informatiques,
existants ou futurs, sans restriction d’accès ou de mise en œuvre.
L’intégration de cette notion dans l’étude de l’écosystème numérique de santé est
essentielle pour mesurer les enjeux en termes d’organisation territoriale de l’offre de
soins, et la coordination des acteurs pour assurer la continuité des prises en charge.
C’est dans ce sens que l’étude « TIC et systèmes de santé5 » publiée par l’OTeN en 2010
(Observatoire des Territoires Numériques) révèle plusieurs risques liés au développement
et au maillage au niveau régional et local, dont notamment la menace sur l’égalité d’accès
sur le territoire et la non coordination des systèmes entre eux, à l’origine d’une
organisation en « silo ».
La création des Espaces Numériques Régionaux de Santé (ENRS) s’engage à respecter
ce cadre d’interopérabilité, et les référentiels développés par l’Agence des systèmes
d’information partagés de santé (ASIP) s’efforcent d’homogénéiser les pratiques tout en
répondant aux besoins régionaux de santé.
4 « Audit des Systèmes d’Information Hospitaliers auprès d’établissements représentatifs »
https://www.sante-centre.fr/portail/gallery_files/site/592/593/985.pdf
5 http://oten.fr/IMG/pdf/OTEN_TICSante_final.pdf
6
Les TIC comme support dématérialisé aux actes de santé : télémédecine
Sur le plan de l’étymologie grecque, « télé » signifie « à distance ». Cette conception de
« médecine à distance » prend ses sources dès 2003 au sein de la Commission
Européenne. La loi “Hôpital, patients, santé, territoires” (HPST6) de 2009 précise que « la
télémédecine est une forme de pratique médicale à distance utilisant les technologies de
l’information et de la communication. Elle met en rapport, entre eux ou avec un patient, ou
plusieurs professionnels de santé, parmi lesquels figure nécessairement un professionnel
médical, et le cas échéant, d’autres professionnels apportant leurs soins au patient. Elle
permet d’établir un diagnostic, d’assurer pour un patient à risque un suivi à visée
préventive ou un suivi post-thérapeutique, de requérir un avis spécialisé, de préparer une
décision thérapeutique, de prescrire des produits, de prescrire ou réaliser des prestations
ou des actes, ou d’effectuer une surveillance de l’état des patients. »
La DGOS (Direction Générale de l’Offre des Soins) et le rapport Lasbordes7 de 2009
adjoignent à cette précision juridique la vision synoptique suivante :
Typologie
Description des actes
Téléexpertise/Téléformation/
Télécompagnonnage
Téléconsultation
Télésurveillance/
Télémonitoring
Téléassistance médicale/
Téléintervention
(téléchirurgie)
Echanges d’avis entre professionnels des santé, seconde opinion, visioréunions mono ou pluridisciplinaires : assister/délivrer des
informations, voire un enseignement ou une formation entre
professionnels.
Consultation médicale d’un patient à distance qui nécessite son
consentement avec ou non un professionnel de santé à ses côtés.
Surveiller à domicile ou en ambulatoire des patients porteurs d’une
pathologie chronique sévère ou en postcritique après hospitalisation,
par un contrôle sur une ou plusieurs fonctions vitales.
Assister à distance principalement par des conseils, diagnostics
thérapeutiques et/ou prise en charge d’un patient éloigné et/ou isolé.
Dans le domaine de l’urgence, pratiquer totalement et exclusivement à
distance un acte médico-chirurgical.
Figure 3 : Catégorisation des actes de télémédecine (2009)
6 http://www.sante.gouv.fr/la-loi-hopital-patients-sante-et-territoires.html
7 http://www.sante.gouv.fr/la-telesante-un-nouvel-atout-au-service-de-notre-bien-etre.html
7
Le décret du 19 octobre 20108 précise les conditions de mise en œuvre d'une activité de
télémédecine et le tableau suivant, publié par l'ANAP (Agence Nationale d'Appui à la
Performance des établissements de santé et médico-sociaux) 9, synthétise, à partir du
cadre juridique des 4 principaux actes de télémédecine, les processus organisationnels et
les conditions de mises en œuvre de ces activités par les différents acteurs :
Figure 4 : Catégorisation des activités et des conditions de mise en œuvre d’un acte de
télémédecine (synthèse Rapport ANAP)
8 http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000022932449&categorieLien=id
9 http://www.silvereco.fr/wp-content/2012/telemedecine_en_action_tome1.pdf
8
Les TIC comme réseaux d’échanges et de médiation relationnelle, organisationnelle,
éducationnelle : télésanté et m-santé
Le rapport Lasbordes de 2009 intitulé « La télésanté : un nouvel atout au service de notre
bien-être » désigne la télésanté comme l’utilisation des outils de production, de
transmission, de gestion et de partage d’informations numérisées au bénéfice des
pratiques tant médicales que médico-sociales. Les applications, vues du patient, sont
catégorisées selon la nomenclature suivante :
- la téléinformation : capacité à accéder à un portail grand public sur lequel les
usagers/patients et les acteurs du monde médico-social pourront accéder à des
informations de prévention et de recommandations sanitaires, à des alertes
(situations de crise, épidémie), à des conseils et bonnes pratiques, à des
annuaires, des guides d’accompagnement leur permettant d’identifier le point
d’entrée qui correspond à leur problématique ;
- la télévigilance : alerte, suivi et accueil téléphonique des personnes utilisant
notamment des capteurs dynamiques de positionnement, de comportement,
de fonctionnement d’organes vitaux ou des appareils supplétifs et des outils de
géolocalisation (par exemple pour les pathologies type Alzheimer) ;
- le télémonitoring : enregistrement de divers paramètres physiologiques sur
un patient et transmission aux professionnels concernés (médecins, sagesfemmes, infirmières) souvent dans le cas de pathologies chroniques :
enregistrement de la tension artérielle, surveillance des insuffisants
respiratoires chroniques, surveillance des grossesses à risque ;
- la télécollaboration : outils d’animation de communautés et de réseaux de
santé, plates-formes collaboratives dédiées ;
- le télémajordome : outils et offres de services permettant à distance de
commander ou mettre en œuvre des services d’accompagnement
(restauration, aides à domicile…) notamment pour les maladies chroniques, les
hospitalisations à domicile, les personnes handicapées… ;
- la téléanimation : accès à une gamme d’outils interactifs (loisirs, messageries
multimédia simplifiées, webconférences, serious game) incitant les
usagers/patients à conserver un lien social et un minimum d’activité physique et
cérébrale ;
- la téléformation : services de télécommunications synchrones ou
asynchrones ; téléphonie, visioconférence, messagerie, forums, serveurs
d’images. Ces services de formation à distance, s’adressant à des étudiants ou à
des professionnels de santé, permettent l’accès à un savoir-faire ou à des
connaissances, quelle que soit leur localisation (base de données médicales sur
le Web, modules de e-learning, interventions chirurgicales visualisées à
distance par des internes) ;
- la téléprescription : elle permet la dématérialisation des prescriptions
médicales et permet d’éviter les déplacements inutiles.
La configuration de la m-santé contribue largement au déploiement des services de
télévigilance et de télémonitoring notamment à travers l’Internet des objets et les
applications dédiées.
9
Les TIC comme dispositif connecté et mobile d’auto surveillance, de contrôle et de
prévention : m-santé, objets connectés
En Janvier 2015, le livre blanc du Conseil National de l’Ordre des Médecins10 relatif à la
santé connectée propose un cadre de référence à l’appellation m-santé.
Si la définition générique du Pr Robert Istepanian, universitaire londonien, désigne la msanté comme « l’utilisation des communications mobiles émergentes en santé publique »,
l’OMS dans son rapport de 201111, propose d’en affiner la lecture en définissant la santé
mobile comme « les pratiques médicales et de santé publique reposant sur des dispositifs
mobiles tels que téléphones portables, systèmes de surveillance des patients, assistants
numériques personnels et autres appareils sans fil ».
Sur le plan des usages, le périmètre s’étend des fonctions basiques du téléphone (voix et
textos, ou SMS) aux fonctionnalités les plus sophistiquées faisant appel aux technologies
les plus récentes. Sachant que le smartphone et la tablette sont devenus les points d’accès
Internet quasi exclusifs, l’OMS a classé les services de la santé mobile en 13
catégories autour de 3 axes :
- Communication entre des individus et des services de santé (apparentée à
la télémédecine) ;
- Accès distant à l’information (notamment au dossier médical du patient) ;
- Monitoring et surveillance des patients, avec des dispositifs de mesure
communicants.
Figure 5 : Catégorisation des services de m-santé (source OMS, 2009)
10 Livre Blanc Santé connectée : De la e-santé à la santé connectée, http://esante.gouv.fr/actus/ethique/sante-connectee-le-livre-blanc-du-cnom-de-la-esante-a-la-sante-connectee
11 World Health Organization, Global Observatory for eHealth, mHealth : New Horizons for Health through Mobile Technologies. Geneva, 2011.
https://who.presswarehouse.com/books/BookDetail.aspx?productID=295980
10
Outre l’usage des tablettes et des smartphones, la m-santé intègre également les
dispositifs de santé connectée que l’on peut qualifier d’Internet des objets. Ces derniers
ont la particularité de répondre à un principe d’auto-gestion de paramètres spécifiques.
Le mouvement du Quantified self s’inscrit dans cette catégorisation. Lancé en 2007, il
regroupe les outils, les principes et les méthodes permettant à chacun de mesurer ses
données personnelles, de les analyser et de les partager. La CNIL, en 2014, donne une
définition du quantified self : « Renvoie à un ensemble de pratiques variées qui ont toutes
pour point commun, de mesurer et de comparer avec d’autres personnes des variables
relatives à son mode de vie ».
Deux catégories d’applications émergent12:
- celles qui s’appuient sur des mesures objectives : biologiques, d’activités, voire
d’habitudes, mais aussi de performances physiques ou sportives, ou
accompagnées le cas échéant d’éléments de contexte et d’une dimension
ludique qui stimule les activités visées (marche, sport, mais aussi par exemple la
conduite automobile, la créativité, la mémoire, pour tous ou spécifiquement
pour les personnes âgées) ;
- celles qui recueillent la perception instantanée de la personne sur son
sentiment de bien-être, ses émotions, associés éventuellement à une activité
particulière ou à une performance.
L’objectif est de faire interagir les utilisateurs entre eux afin d'assurer une production
continuelle de contenus, et non plus uniquement la distribution de documents. En cela,
les TIC issues du Web 2.013 et Web 3.014 contribuent particulièrement au développement
de 3 fonctions cibles : le réseautage, l’auto-mesure et la communication intelligente
des données. Cette perspective de partage et d’échange d’informations et de
coopération de santé entre les différents acteurs repose sur un principe de coconstruction opérant soit dans la cadre de la télésanté (gestion de la santé à distance) ou
de la m-santé (usages d’outils mobile en santé).
En s’appuyant sur les approches conceptuelles de l’Organisation Mondiale de la Santé
(OMS), Loïck Menvielle, Sylvaine Castellano, François Druy (2012) mettent en exergue « un
management de la connaissance dans le domaine de la santé15 » à partir de compétences
info-communicationelles structurelles qui composent l’écosystème numérique de santé16.
12 Rapport « Bien vivre grâce au numérique » - Robert PICARD. CGIET, Février 2012.
http://www.cgeiet.economie.gouv.fr/Rapports/2012_02_12_2011-36-Rapport.pdf
13 Web 2.0 : les internautes contribuent à l'échange d'informations et peuvent interagir (partager, échanger, etc.) de façon simple, à la fois avec le contenu et la
structure des pages, mais aussi entre eux, créant ainsi notamment le Web social. L'internaute devient, grâce aux outils mis à sa disposition, une personne active sur la
toile. http://fr.wikipedia.org/wiki/Web_2.0
14 Web sémantique ou web 3.0 : vise à aider l'émergence de nouvelles connaissances en s'appuyant sur les connaissances déjà présentes sur Internet. Pour y
parvenir, le Web sémantique met en œuvre le Web des données qui consiste à lier et structurer l'information sur Internet pour accéder simplement à la connaissance
qu'elle contient déjà. http://fr.wikipedia.org/wiki/Web_3.0
15 MENVIELLE, Loïck, CASTELLANO, Sylvaine, et DRUY, François. Santé 2.0 : vers une nouvelle relation Docteur-Patient versus Docteur-Consommateur ?
http://www.etatsgenerauxdumanagement.fr/egm2012/ddoc-286-S12-L.Menvielle.andCo.pdf
16 O.M.S. (2011), Rapport final de l’Organisation Mondiale de la Santé, disponible à
http://new.paho.org/hq/index.php?option=com_docman&task=doc_download&gid=15106&Itemid
11
Management de la connaissance
de la santé : Télésanté/M-santé
Traitement et surveillance physique et
psychologique à distance : Télémédecine
Web 2.0
Systèmes
d’Informations
partagées : SI
Web 3.0
Web 1.0
Figure 6 : Modélisation du management de l’information et de la communication de l’écosystème
numérique en santé selon l’OMS, 201117
2. Les principaux enjeux des TIC en santé
Face aux défis que représentent le vieillissement de la population, l'accroissement des
dépenses de santé, l'explosion des maladies chroniques et la désertification médicale, la
e-santé est devenue un enjeu majeur, représentant un marché estimé entre 1,8 et 2,5
milliards d’euros en France.
Les simulations liées au déploiement de la télémédecine réalisées pour le livre blanc de
Syntec Numérique intitulé « Télémédecine 2020 - Modèles économiques pour le télésuivi
des maladies chroniques 18 », concernant les gains financiers autour de 4 pathologies
majeures et chroniques, démontrent une fourchette allant de 925 € à 12 035 € par
patient/an. Michel Gagneux, président de l’Agence des systèmes d’Information partagés
de santé (ASIP), indique quant à lui, que la transformation de notre système de santé vers
la e-santé doit répondre à 6 défis majeurs :
- Le défi de l’efficience :
Actuellement 11 % de notre richesse nationale est consacrée aux dépenses de santé.
-
Le défi de la qualité des soins :
Entre 125 000 et 165 000 hospitalisations par an seraient évitables.
-
Le défi de l’accès aux soins pour tous :
Besoin d’un outil de compensation pour une couverture homogène du territoire.
-
Le défi démographique (la dépendance) :
Nécessité de trouver des dispositifs qui évitent l’hébergement ou l’hospitalisation, et
d’adapter nos outils pour la médecine à domicile.
-
Le défi de la prévention :
L’utilisation des nouvelles technologies au service de l’éducation thérapeutique,
l’assistance au patient, la prise en charge par le patient de sa propre santé.
17 O.M.S. (2011), Rapport final de l’Organisation Mondiale de la Santé, disponible à
http://new.paho.org/hq/index.php?option=com_docman&task=doc_download&gid=15106&Itemid
18 Livre blanc Syntec Numérique : Télémédecine 2020, Modèles économiques pour le télésuivi des maladies chroniques, 2013.
http://esante.gouv.fr/actus/telemedecine/prise-en-charge-de-maladies-chroniques-le-livre-blanc-telemedecine-2020-du-syntec
12
-
Le défi du partage et de l’optimisation de la connaissance :
Le traitement ne peut plus être fait à titre individuel mais doit s’inscrire dans un réseau
de santé coordonné et articulé entre les besoins relevant du champ sanitaire et du
social.
Il précise également que la e-santé permet de libérer l’information de son support
physique, que l’on peut partager cette information centrée sur le patient entre différents
praticiens et disciplines (médecine hospitalière et ambulatoire) et qu’elle développe la
participation du patient « citoyen » plus grandement associé à son suivi et à sa prise en
charge.
En effet, les modalités d’intervention de la télésanté et de la m-santé permettent à ces
patients de prendre une part plus active dans le suivi de leur santé. Qu'il s'agisse de la
surveillance des malades à distance, d'accès à l’information par voie électronique ou
encore de diagnostic partagé, la télésanté a pour premier objectif de mieux répondre aux
besoins et aux attentes des patients, des personnes fragilisées, dépendantes ou
handicapées. Le bénéfice pour l’usager/patient doit ainsi rester en permanence au centre
des préoccupations et de la mesure de l’efficacité des politiques et des moyens alloués.
Le livre blanc19 « D'un modèle de santé curative à un modèle préventif grâce aux outils
numériques » de septembre 2014 émanant du « Think Tank » du collectif Renaissance
Numérique20, met particulièrement en évidence le changement de paradigme sociétal et
économique opéré notamment sur la relation médecin-patient avec l’émergence des
offres et des services de télésanté et de m-santé et le potentiel de ces dispositifs pour
(ré)organiser le modèle préventif des politiques publiques.
Figure 7 : Tableau récapitulatif des changements entre le modèle curatif et préventif en santé
19 http://www.renaissancenumerique.org/publications/rn/698-libre-blanc-dun-modele-de-sante-curative-a-un-modele-preventif-grace-aux-outils-numeriques20 Renaissance Numérique est le laboratoire d’idée ou Think Tank de la société numérique, créé en 2005. Il réunit les chefs des grandes entreprises de l’Internet,
françaises et multinationales, les entrepreneurs, les universitaires et les experts du numérique ainsi que les représentants de la société civile, pour participer à la
définition d’un nouveau modèle économique social et politique issu de la révolution numérique.
13
En termes de coûts, de pérennité des systèmes de santé et d’amélioration des soins aux
patients, l’Union Européenne a présenté son plan d’action d’ici 202021 en 2013. Dans les
grandes lignes, il porte sur :
-
la prévention et la gestion des maladies chroniques ;
l’innovation dans les soins aux patients ;
la digitalisation des organisations de santé.
Des axes clés pour la concrétisation de cette stratégie e-santé sont identifiés d’ici 7 ans :
-
créer un réseau européen de la santé et favoriser les échanges d’informations
entre professionnels de santé des différents pays de l’UE ;
développer l’utilisation du data analytique et des modèles prédictifs ;
évaluer les actions, les thérapies les plus efficaces ;
établir des standards pour la protection des données personnelles et les eprescriptions.
Enfin, le marché de l’écosystème numérique de santé est un secteur économique et
industriel en plein développement, vecteur de croissance et de création d’emploi pour
l’avenir. Les résultats de l’étude22 « Les marchés de l'e-santé à l'horizon 2020 » menée en
2014 par Xerfi Precepta, chiffrent le marché à 2,4 milliards d’euros en 2013 avec une
progression de 4 à 7 % par an d’ici 2017.
Ne s’agissant que de la télémédecine, Syntec Numérique23, un syndicat professionnel des
entreprises du numérique, évalue le marché de la télémédecine en France entre 80 et 140
millions d’euros, avec des perspectives de croissance de l’emploi comprises entre 13 et
28 % pour les 5 prochaines années.
De fait, le numérique transforme l’économie de la santé au même titre que les autres
secteurs d’activités, et génère de l’emploi. En 2011, une étude McKinsey24 estimait à 4 % la
part de la population active employée directement ou indirectement par une entreprise
de la filière numérique. Au niveau mondial, ce sont 1,15 millions d’emplois qui ont été
créés ces 15 dernières années par la filière Internet (source : McKinsey Global Institute,
2011).
Enfin, le marché de la santé mobile pourrait représenter 26 milliards de dollars en 2017
(environ 19 milliards d’euros). En 2012, il pesait déjà plus d’1,3 milliard de dollars (960
millions d’euros), avec plus de 97 000 applications en santé recensées et 300 000
téléchargements payants effectués chaque jour selon une étude américaine
Research2Guidance25 publiée en mars 2013.
21 http://www.europarl.europa.eu/document/activities/cont/201309/20130920ATT71712/20130920ATT71712EN.pdf
22 http://www.xerfi-precepta-strategiques-tv.com/emission/Philippe-Gattet-Les-marches-de-l-e-sante-a-l-horizon-2020_1975.html
23 http://www.syntec-numerique.fr
24 http://www.mckinsey.com/insights/high_tech_telecoms_internet/internet_matters
25 Mobile Health Market Report 2013-2017 - http://www.research2guidance.com/shop/index.php/mhealth-report-2
14
3. Les principaux freins et menaces
Le rapport 2013 de Robert PICARD26 fait le constat de difficultés dans la prospective d’un
déploiement efficace et efficient de l’e-santé dans l’organisation des soins :
-
-
-
Les solutions sont entre les mains des décideurs à différents niveaux :
l’approche normative de l’administration et la logique de décentralisation mises
en œuvre conduisent d’un côté à des solutions technologiques nationales,
perçues comme rigides et pas nécessairement adaptées aux besoins
opérationnels, et de l’autre à des solutions locales multiples, incompatibles,
non duplicables et sources de dépenses redondantes. De plus, les promoteurs
des solutions nationales et locales, visant des objectifs administratifs différents,
tendent à s’ignorer mutuellement au détriment du besoin citoyen.
La pénétration rapide et hétérogène des technologies (stratégies d’innovation
des industriels, appropriation variable selon l’état de santé et l’âge du patient,
et selon la formation, l’appétence et l’expérience des professionnels) accroît
l’inadéquation des approches normatives et la disparité des réponses
territoriales.
Les spécialités médicales, y compris la gériatrie, ont des problématiques
spécifiques qui tendent à générer des solutions également spécifiques, malgré
la possibilité et l’intérêt sanitaire et économique de modules partagés, voire
mutualisés.
Le Groupe Xerfi-Precepta dans son rapport « Les marchés de la e-santé à l’horizon
202027 » d’octobre 2014, confirme cette analyse en admettant que l’absence, jusqu’ici d’un
positionnement clair des décideurs publics en matière de développement industriel et
normatif, d’architecture et de sécurité a conduit à la cristallisation de 2 freins majeurs :
-
un manque de visibilité sur les modalités de valorisation des prestations sur le
segment de la télémédecine ;
la persistance d’une distorsion de la concurrence entre opérateurs publics et
privés qui se traduit par une vision opaque du système d’information
hospitalier.
26 Rapport CGIET – septembre 2013 « Prospective organisationnelle pour un usage performant des technologies nouvelles en Santé ». Robert PICARD et Antoine
VIAL.
27 http://www.xerfi-precepta-strategiques-tv.com/emission/Philippe-Gattet-Les-marches-de-l-e-sante-a-l-horizon-2020_1975.html
15
4. La santé numérique : pour qui et pour quoi ?
Face à la multiplicité des offres et des solutions, la pluralité des acteurs aux logiques
parfois divergentes notifiées dans le rapport PICARD mérite que l’on identifie qui fait quoi
au sein de cet environnement numérique de santé afin de comprendre ce qui peut faire
sens commun et ce qui est spécifique à chaque catégorie d’acteurs.
Le modèle CARTOSAN28 réalisé par le CATEL29 (réseau multidisciplinaire de compétences
en télésanté) permet de profiler les principaux acteurs en fonction du domaine d’exercice,
de leur rôle et des fonctions attribuées.
Catégories
Domaine d’exercice
Rôle
Fonction
Institutionnels,
Collectivités
territoriales
Ministère de la Santé,
Industrie,
Recherche,
DIACT, HAS, CNAM,
Caisse des Dépôts, ASIP
Santé,
Conseils Régionaux,
Conseils Généraux,
Conseil de l’Ordre, GIP
CPS, GMSIH
Aménagement du
territoire,
Développement
économique,
Développement
durable,
Santé publique,
Législatif, Normes,
Code déontologique
et de bonnes
pratiques
Bénéficiaires
« consommateurs »
Santé
Action sociale/service
à la personne
Animation,
Organisation,
Décision
Associations de
patients, patients
CISS,
UFC Que Choisir,
Malades chroniques,
Usagers de santé
Professionnels de
santé et du social,
Établissements et
réseaux de santé
publics et privés,
Syndicats
professionnels
URPS,
CHU,
CH,
EHPAD,
HAD
Établissements de
recherche et de
formation
Universités,
Institut de Formation en
Soins Infirmiers,
Instituts,
Écoles
Bénéficiaires
« intermédiaires »
Santé,
Action sociale/service
à la personne
Formation médicale,
paramédicale et
sociale
Formation en TIC, en
informatique, en
électronique, en
cognitique, en SHS, en
économie et gestion
Innovation
organisationnelle
Information et
communication santé,
Échanges de
connaissance
Innovation
sociale/citoyenne
Prescription,
Information et
communication
médicale,
Echanges de savoirs
Innovation
professionnelle
Formation,
Recherche
Innovation
pédagogique
28 Etude technico-opérationnelle (ETO) réalisée en 2009 par le CATEL et ses partenaires.
29 http://www.portailtelesante.org/users_private/CARTOSAN/CARTOSAN-nouvelle.pdf
16
Industriels
(produits)
Prestataires
(services)
Éditeurs de logiciels,
Fabricants de dispositifs et
de matériel informatique
Association de services à
la personne,
Opérateur télécom,
Hébergeurs de données
de santé,
Sociétés de conseil,
Assureurs, Laboratoires
pharmaceutiques, SSII
(Société de services en
ingénierie informatique)
Développement
technologique
Développement
économique : offre de
service
Conception et
distribution de
solutions
Innovation
technologique
Proposition de
solutions et de
services
Innovation
économique
Ainsi et selon le rapport, les logiques de relations entre acteurs convergent lorsque :
- les offres technologiques, industrielles et commerciales proposées sont en
adéquation avec les besoins de l’ensemble des acteurs du domaine
(professionnels de santé, industriels, scientifiques, institutionnels et collectivités
territoriales) ;
- les applications (projets) fournissent des bases de connaissances au modèle
économique, juridique ou organisationnel centré sur l’évaluation du service
médical rendu ;
- l’expérimentation de prototypage, d’intégration permet la normalisation pour
l’organisation.
La dynamique de relation s’inscrit dans une logique fondée sur l’économie de marché
au service de l’innovation technologique et d’une réponse productive entre l’offre et
la demande.
L’approche proposée par Gunther Eysenbach 30 (2001) modélise ces convergences
d’intérêts en empruntant la logique des relations à celle du commerce électronique :
- le B2C : interactions entre professionnels (B de Business) et patients (C de
Consumer) ;
- le B2B : relations et échanges entre professionnels ;
- le C2C : échanges entre patients seuls.
30 EYSENBACH, G. What is e-health? Journal of Medical Internet Research [en ligne]. 18 juin 2001. Vol. 3, n° 2. http://www.jmir.org/2001/2/e20/
17
Relations C2C : Patients
TÉLÉSANTE - M-SANTÉ
Relations B2B2C : Décideurs/
Professionnels de santé/Formation
recherche/Prestataires/Patients
TÉLÉSANTE- TÉLÉMEDECINE
Relations B2B: Décideurs/
Professionnels de santé/Prestataires/
Industriels/Formation recherche
E-SANTE -TÉLÉMEDECINE
Figure 8 : Modélisation de la logique des relations selon Gunther Eysenbach31
Ce modèle est aujourd’hui lui-même en pleine mutation notamment avec l’émergence de
l’Internet des objets (m-santé). Selon le livre blanc du G9+ 32 intitulé « Les nouveaux
eldorados de l’économie connectée »33 de 2013, les modalités info-communicationnelles
émanant de l’Internet des objets et de l’ensemble des dispositifs mobiles engagent de
nouvelles logiques relationnelles entre les professionnels de santé, le marché industriel et
les usagers, celle du « B2B2C ».
5. Les axes prioritaires de la stratégie numérique en santé
Le socle organisationnel et l’animation du volet numérique de la Stratégie nationale de
santé du Ministère de la Santé et de l’Autonomie, dévoilée par le Premier ministre le 28
février 201334 s’appuient sur trois plans nationaux confiés sur les territoires aux structures
institutionnelles de santé et aux collectivités territoriales :
Le Programme Hôpital Numérique
Initié par la Direction générale de l’offre de soins (DGOS), ce programme vise le
développement et la modernisation des systèmes d’informations hospitaliers pour la
période 2012-2017. Il a notamment pour ambition d’amener l’ensemble des structures de
soins à un palier de maturité de leurs systèmes d’informations permettant à l’ensemble
des établissements de santé :
- le partage et l’échange d’informations autour d’une prise en charge
coordonnée du patient avec les différents acteurs du territoire ;
- l’amélioration significative de la qualité et de la sécurité des soins, et de la
performance dans des domaines fonctionnels prioritaires autour de la
production de soins tout en assurant la sécurité des données.
31 G Eysenbach - Journal of medical Internet research, 2008
32 http://www.g9plus.org
-
Medicine 2.0: social networking, collaboration, participation, apomediation, and openness
33 http://cr.g9plus.org/2013-12-G9plus-NouveauxEldorados.pdf
34 http://www.social-sante.gouv.fr/strategie-nationale-de-sante,2869/
18
Figure 9 : Le schéma fonctionnel du Programme Hôpital Numérique35
Territoire de Soins Numérique
Confié aux Agences Régionales de Santé dans le cadre des programmes
d’Investissements d’Avenir, ce plan, complémentaire du programme « Hôpital
numérique » a pour ambition de favoriser l’émergence de territoires à l’avant-garde en
matière d’usage des outils numériques au service de l’amélioration du système de soins.
Il poursuit un objectif général d’amélioration de l’état de santé de la population du
territoire via le soutien aux logiques de parcours et de prises en charge coordonnées des
patients en se reposant sur :
- le soutien à la mise en œuvre de démarches innovantes et proactives de
prévention, d’optimisation de l’organisation des soins, du processus de prise en
charge des patients, de l’utilisation des ressources et de la sécurisation du
circuit du patient, en ambulatoire et en lien avec l’hôpital ;
- une coordination forte et un appui à la transversalité entre les différents acteurs
impliqués dans le parcours de santé du patient (acteurs ambulatoires,
établissements sanitaires, médico-sociaux, du secteur social et de la
coordination, intervenant dans le parcours du patient) ;
- des systèmes d’information modernes, innovants, collaboratifs, évolutifs,
ouverts à l’ensemble des acteurs de la chaîne de soins et proposant des
services nouveaux aux professionnels de santé et aux patients, en soutien au
développement des prises en charge innovantes et coordonnées.
Sur les 18 projets, 5 ont été sélectionnés pour leur caractère innovant et pérenne, leur
adaptation aux réalités territoriales, leur capacité à mobiliser une majorité d’acteurs et leur
impact escompté sur le développement des filières industrielles de l’e-santé pour la
période 2014-2017, pour un financement global de 80 millions d’euros :
-
pour la région Aquitaine : XL ENS (Landes Espace Numérique de Santé) ;
pour la région Bourgogne : E_TICSS (Territoire innovant coordonné santé
social) ;
35 http://www.sante.gouv.fr/le-programme-hopital-numerique.html
19
-
pour la région Île-de-France : TerriS@nté (Le numérique au service de la santé
en métropole du Grand Paris) ;
pour la région Rhône-Alpes : PASCALINE (PArcours de Santé Coordonné et
Accès à L’Innovation NumériquE) ;
pour l’Océan Indien : PLEXUS OI (Plateforme d’échange pour les nouveaux
usages des TIC en santé dans l’Océan Indien).
La configuration de ce programme s’appuie sur la pyramide de Kaiser qui formalise la
prise en charge en fonction de l’état de santé de la population. Cette pyramide se réfère
au modèle appelé Chronic Care Model (CCM) formalisé dans le rapport de 2008 sur la
prise en charge des maladies chroniques36.
Figure 10 : Modèle de gestion des maladies chroniques37
Figure 11 : Pyramide de Kaiser – 3 niveaux d’intervention en fonction de la complexité du patient
chronique
36 http://www.improvingchroniccare.org/index.php?p=The_Chronic_CareModel&s=2
37 Wagner EH, (1998) Chronic Disease Management : What Will It Take To Improve Care for Chronic Illness ? Effective Clinical Practice, August/September 1998.
20
Structuration du marché de la Silver Economie
Organisée autour d’un contrat de filière et animée par un comité chargé de structurer le
déploiement en régions des projets et des actions, la Silver Economie résulte de
l’engagement politique du Ministère de l’économie et du redressement productif et du
secrétariat d’état en charge des personnes âgées et de l’autonomie. Sa gouvernance
nationale est confiée à la Direction Générale de la Compétitivité, de l'Industrie et des
Services (DGCIS), en lien avec la Direction Générale de la Cohésion Sociale (DGCS) et la
Caisse Nationale de Solidarité pour l’Autonomie (CNSA).
6 secteurs industriels constituent l’économie des biens et des services du marché des
seniors
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
Habitat : domotique, urbanisme, architecture, hébergement collectif, logement
adapté (MAD), efficience énergétique…;
Communication : téléphonie mobile, tablettes tactiles, accès Internet, réseaux
sociaux...;
Transport : transports mieux adaptés, solution à trouver au « dernier kilomètre »...;
E-autonomie : téléassistance active/passive/évoluée, bouquets de services...;
Alimentation : produits alimentaires pour personnes âgées, bouchées
alimentaires seniors... ;
Sécurité : télévigilance, téléassistance, mode de paiement, gestion bureautique...;
Santé : e-santé, nutrition, télémédecine, m-santé...;
Services : service à la personne, portage de repas, assurances…;
Distribution : adaptation du parcours du consommateur, adaptation des
packagings...;
Loisirs : jeux, fitness, stimulation sensorielle, intergénérationnel...;
Travail : télétravail, formation et soutien des aidants familiaux...;
Tourisme : tourisme des seniors…
À ce jour, 8 régions se sont engagées dans la Silver Economie en structurant le comité de
Région (Silver Région) :
- Basse-Normandie
- Aquitaine
- Île-de-France
- Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA)
- Nord-Pas-de-Calais
- Limousin
- Martinique
- Pays de la Loire
La Silver Economie prend ses sources dans le rapport sur le plan national « Bien vieillir »
(2007-2009)38. Ce dernier rappelle qu’entre 50 et 70 ans, il est possible d’organiser une
prévention ciblée et une vie active et adaptée pour maintenir au plus haut niveau ses
performances et ainsi prévenir ou retarder l’apparition de pathologies ou d’incapacités.
38 Rapport « Bien Vieillir » Ministère de la Santé et des solidarités, http://travail-emploi.gouv.fr/IMG/pdf/presentation_plan-3.pdf
21
La caractérisation du concept de « Bien vieillir » formalisée dans ce rapport, permet de
structurer trois niveaux au processus de vieillissement :
-
le processus « réussi », sans pathologie, avec peu de risques d’en développer
et une grande autonomie ;
le processus « normal » sans pathologie mais avec des risques d’en
développer ;
le processus « pathologique » marqué par de nombreux facteurs de risques,
des pathologies et/ou des incapacités installées très tôt.
Figure 12 : Modélisation du vieillissement, Kalache et Kickbusch, 1997
22
QUE RETENIR ?
L’écosystème numérique de santé s’appuie sur différentes briques fonctionnelles (e-santé,
télésanté, télémédecine, m-santé) au service de l’organisation du système de santé et de
l’habitat intelligent (domotique).
Sa stratégie de développement repose sur deux programmes complémentaires (Territoire
de Soins Numérique, la Silver Economie) motivés par deux enjeux de santé publique
majeurs : le vieillissement de la population et la forte prévalence des maladies chroniques.
Les différentes briques fonctionnelles qui composent l’écosystème offrent l’opportunité
de repenser le modèle de santé à partir de la trajectoire du patient et non plus en fonction
des structures composant l’offre de soins.
Trois freins majeurs au développement de ce marché subsistent : dans la formalisation
d’un modèle économique viable (valorisation des prestations, emploi et formation), dans
la normalisation des procédures d’échanges (interopérabilité et sécurité des données) et
dans la structuration de nouvelles modalités d’interactions (mobilité, communauté, automesure).
Les différentes briques fonctionnelles de cet écosystème engagent des modalités
relationnelles différenciées entre les acteurs :
- La sphère e-santé formalise des pratiques info-communicationnelles entre
professionnels de santé à distance, autour de la gestion du « dossier patient ».
Les enjeux pour les acteurs concernés se centrent sur la question de la dématérialisation
des échanges et des documents professionnels dans un système interopérable et
sécurisé. L’activité numérique du patient vise à renseigner les informations médicales.
- La sphère télémédecine formalise des pratiques info-communicationnelles entre les
professionnels et les patients à distance, autour de sa prise en charge.
Les enjeux pour les acteurs concernés se centrent sur la question de l’organisation de la
pratique médicale à distance dans un système réglementé. L’activité numérique du
patient vise à participer au programme proposé (consentement libre et éclairé de la
personne).
- La sphère télésanté et m-santé formalise des pratiques info-communicationnelles
entre professionnels-patients/patients-patients à distance autour de la gestion de
leur santé.
Les enjeux pour les acteurs concernés se centrent sur la question de l’accès et du contenu
de l’information santé pour gérer la santé, dans un principe de maintien de la qualité de
vie et du bien-être. L’activité numérique du patient vise à participer, contribuer,
s’autogérer en produisant ou en utilisant l’information, à partir de dispositifs numériques
disponibles et sélectionnés, soit par lui-même soit par un professionnel de santé, en
fonction de ses besoins et attentes.
Selon la sphère dans laquelle le patient évolue, sa fonction diffère. Ainsi, dans le cadre
réglementé et sécurisé (espace numérique de confiance) de la e-santé et de la
télémédecine, le patient assure une fonction « support » à la production numérique des
professionnels. Dans le cadre ouvert de la télésanté et de la m-santé, le patient assure une
fonction « productive » à la connaissance numérique dans un espace librement partagé
23
II. QUEL ECOSYSTÈME en FRANCE ?
1. Les tendances nationales des systèmes d’information et infrastructures
numériques – Brique e-santé – Logique B2B
En structures hospitalières
Source Atlas 2014 des systèmes d’information hospitaliers39 – Direction Générale de l’Offre
de Soins (DGOS)
Analyse du marché : une offre logicielle atomisée
- 262 sociétés déclarées dans RELIMS40 [+13 % par rapport à 2013, (227)] ;
- 703 logiciels déclarés [+ 23 % par rapport à 2013 (544)] ;
- Plus de 70 % des logiciels sont utilisés ou utilisables par les CHU/CHR ;
- Près de 80 % des logiciels dédiés aux activités médicales sont utilisables pour
l’activité « Médecine Chirurgie Obstétrique » (soit 558 logiciels). Les activités
« Service de Soins de Suite et Long Séjour » sont également couvertes par plus
de la moitié des logiciels.
En 2014, l’observatoire RELIMS s’est enrichi de 35 sociétés et 159 logiciels
supplémentaires par rapport à 2013.
L'offre logicielle répondant à au moins une des
activités couvertes par la structure de santé
Nbre de logiciels
558
368
79
MCO
301
52
SRR/LS
43
PSY
215
30
HAD
% logiciels
216
30
EHPAD
191
117
21
Médico sociale
16
Activité libérale
Figure 13 : Offre logicielle des activités couvertes par la structure santé en 2013
39 Atlas des systèmes d’information hospitaliers - http://www.sante.gouv.fr/IMG/pdf/Atlas_des_SIH_2014-2.pdf
40 L’observatoire RELIMS, renseigné chaque année par les éditeurs de logiciels du monde de la santé et renseigné de manière déclarative, permet de disposer d’un
référencement croissant du panel de logiciels utilisés par les établissements sanitaires mais également par les établissements médico-sociaux, les professionnels
libéraux, les maisons, pôles et centres de santé et les centres de dialyse.
Cet état des lieux distingue :
- les industriels et leur positionnement commercial, en fonction du type et de l’activité des clients ;
- les logiciels et leur type d’utilisateur ;
- les logiciels et leur type d’activité, notamment l’évaluation de la couverture logicielle des fonctions MCO et des domaines prioritaires Hôpital Numérique.
RELIMS Référencement des éditeurs de logiciels et des intégrateurs du monde de la santé : http://www.sante.gouv.fr/IMG/pdf/RELIMS__Rapport_d_analyse_des_donnees_declarees_-_Decembre_2012.pdf
24
Un déploiement des SIH41 inégal en structures hospitalières sur le territoire
Initiée dans le cadre du programme « Hôpital numérique », une grille d’analyse
« déploiement/usages » a été mise en place en 2014, afin de suivre le niveau de
déploiement informatique. A ce jour, l’informatisation du dossier patient est achevée ou
en cours dans plus de 75 % des établissements. L’atteinte du socle commun du
programme « Hôpital numérique » obtient une moyenne nationale de 43 % dans les cinq
domaines prioritaires.
Domaine d’informatisation
(déploiement)
La gestion du dossier informatisé (DPI)
La gestion des prescriptions et la
gestion du dossier de soins
La programmation des ressources
Système d’information de pilotage
Domaines prioritaires HN
(usages)
Dossier patient informatisé interopérable
Prescription électronique alimentant le plan de soins
Programmation des ressources et l’agenda du patient
Pilotage médico-économique
Figure 14 : Domaines cibles du programme « Hôpital Numérique »
Figure 15 : Programme « Hôpital Numérique », taux moyen d’attente des domaines prioritaires par
région
41 Système d’Information Hospitalier
25
Figure 16 : Programme « Hôpital Numérique », équipements en structures hospitalières (PC,
téléphone, accès wifi), nombre moyen
26
En activités libérales
Source « Panorama des éditeurs pour les Professionnels de Santé libéraux42 » du GIE
SESAM-Vitale 2014.
Analyse du marché : un marché concentré sur la télétransmission :
- sur 265 sociétés qui composent le marché des éditeurs libéraux, 170 proposent
un logiciel de facturation SESAM-Vitale, 50 proposent un logiciel métier pour
les médecins ;
- 14 éditeurs représentent 80 % des médecins libéraux et 88 % des infirmiers
libéraux en télétransmission ;
- seulement 55 à 60 % des praticiens utiliseraient des logiciels métiers pour gérer
les dossiers patients, un agenda ou une aide à la prescription43 (cf. Fédération
des Editeurs d’Informatique Médicale et paramédicale Ambulatoire, FEIMA) ;
- la synthèse médicale est réalisée par 78 % des médecins en 2013, contre 71 %
en 2012 ;
- l’équipement en logiciels d’aide à la prescription est passé de 64 % en 2012 à
72 % en 2013 ;
- 98 % des infirmiers sont équipés d’un logiciel métier.
Les équipements des professionnels libéraux :
Ordinateurs fixes et portables, connexion Internet
-
83 % des cabinets de généralistes utilisent un ordinateur ;
73 % des praticiens disposent d’une connexion Internet ;
89 % des infirmiers libéraux possèdent un ordinateur ;
86 % des infirmiers libéraux disposent d’une connexion Internet.
Smartphones, tablettes
-
98 % des infirmiers libéraux ont un mobile et 65 % sont équipés d’un
smartphone ou d’un appareil numérique portable ;
94 % des médecins utilisent leur smartphone et 56 % possèdent une tablette
tactile.
42 https://www.sesam-vitale.fr/documents/10195/22741/PanoramaEditeursPSLiberaux.pdf/24e1d33d-8937-4a55-9c02-5d81598f5b52
43 http://www.alliancy.fr/article/no-theme/2013/01/25/une-offre-it-mieux-encadree-pour-les-medecins
27
Perception de l’informatisation médicale par les usagers de santé
Depuis la réalisation d’une enquête nationale menée en 2000 sur « l’apport de
l’informatique dans la pratique libérale »44, il n’existe pas à ce jour d’études récentes
permettant d’évaluer la perception des usagers vis-à-vis de l’informatique médicale. La
thèse de médecine de Mélanie Remoiville (2011) 45 , intitulée « L’informatisation des
médecins généralistes : qu’en pensent les patients ? », actualise le regard porté sur
l’intégration du tiers numérique dans le processus relationnel.
Figure 17 : Questionnaire de la thèse de médecine de Mélanie Remoiville (2011)
En Belgique, la revue « Santé conjugée »46 de 2011, coordonnée par la Fédération des
Maisons Médicales et des Collectifs de Santé Francophones, publie un dossier complet
sur la thématique « La place de l’informatique dans la relation de soins, point de vue des
patients ». La synthèse est réalisée auprès d’un panel de 20 patients, âgés de 25 à 85 ans
dans 2 maisons médicales, avec ou sans pratique numérique dans la sphère privée. Il en
ressort que :
- L’informatisation médicale est considérée comme pratique : c’est un gain
de temps dans la gestion des demandes de rendez-vous et dans la consultation
du dossier médical par le médecin traitant. C’est un gain d’efficacité dans la
gestion des demandes de rendez-vous et dans la consultation du dossier
médical par le médecin traitant.
44 http://www.irdes.fr/Publications/Rapports2000/1333syntheseFormmel.pdf
45 http://www.balint-smb-france.org/medias/files/7theseremoiville.pdf
46 http://www.maisonmedicale.org/
28
-
-
L’informatisation médicale interroge sur la confidentialité et la sécurité des
données : à la fois pour des questions éthiques liées au secret médical et
secret partagé, pour des questions de transparence d’accès du patient luimême à ses données, pour des questions d’utilisation des données par le
patient ou par un tiers ou encore par rapport au risque de piratage des
données.
L’informatisation médicale interpelle sur la place occupée de ce tiers dans
la relation en termes d’altérité, d’écoute et d’acceptabilités technologique et
sociale.
Autour de l’espace numérique de confiance : MSSanté et DMP
L’espace numérique de confiance permet l’échange de données de santé à caractère
personnel par mail, de manière sécurisée et ce entre professionnels de santé (messagerie
interprofessionnelle) ou entre systèmes d’informations de l’espace de confiance
(messagerie inter-applicative).
L’espace de confiance s’appuie sur :
- un annuaire national, le RPPS (répertoire partagé des professionnels de santé) :
il permet de référencer l’ensemble des professionnels de santé (libéraux ou
exerçant en établissement). Cet annuaire commun définit une communauté
fermée d’utilisateurs clairement identifiés ;
- une carte CPS (carte professionnelle de santé électronique) : elle contient les
données d’identification de son porteur (identité, profession, spécialité) et les
situations d’exercices (cabinet ou établissement) permettant d’attester de son
identité et de ses qualifications professionnelles.
L’espace numérique de confiance s’articule autour de :
- l’échange d’informations en santé entre professionnels à partir du système de
messagerie sécurisée en santé (MSSanté) – logique B2B ;
- le partage d’informations autour du dossier médical électronique, dont les
données sont accessibles aux professionnels et aux patients (DMP) – logique
B2B2C.
29
Focus sur la Messagerie Sécurisée de Santé (MSSanté)
Source bilan de l’état des lieux des messageries sécurisées de santé en région – ASIP
Santé, Février 201447
Cartographie d’usages
L’état des lieux mené en 2013 par l’ASIP Santé dresse le constat suivant :
- environ 5 % des professionnels de santé en France utilisent une messagerie
sécurisée ;
- 1/3 des médecins français communiquent par email avec leurs confrères sur
leurs patients ;
- les usages de solutions régionales (qualifiées sur 16 régions) représentent
environ 25 000 professionnels de santé soit 2,2 % des professionnels de santé
en France ;
- les utilisateurs de la solution Apicrypt 48 (qualifiée sur la base de l’annuaire
Apicem) représentent plus de 55 200 adhérents au 1er février 2015. Ce sont
principalement des médecins libéraux (7 % d’usages par les établissements de
soins).
Figure 18 : Etat des lieux en région, ASIP Santé Juin 2013
47 https://www.esante-poitou-charentes.fr/portail/gallery_files/site/397/398/1172.pdf
48 http://www.apicrypt.org
30
Figure 19 : Etat des lieux en région du déploiement des projets MSSanté, ASIP Santé Juin 2013
Perception de la MSSanté par les professionnels de santé
L’analyse des motivations et des freins d’usages réalisée par Accenture « The Digital
Doctor is “In” »49 en 2013 à travers un rapport d’étude mené auprès des médecins en vue
de comprendre les changements de tendance en France, en matière d'informatique
médicale met en évidence les points suivants :
Sur les motivation d’usages
Sur les freins d’usages
Réduction des délais (envoi des comptesrendus) ;
Coordination des soins ;
Optimisation des coûts d’affranchissement ;
Dématérialisation des processus ;
Sécurisation des échanges de données de
santé à caractère personnel.
Coût pour l’activité ;
Inquiétude sur la confidentialité et sécurité des
données des patients ;
Perte de productivité, temps de saisie ;
Complexité du système ;
Problèmes d’interopérabilité entre les systèmes ;
Manque d’expertise technique pour gérer la mise
en œuvre ;
Difficulté d’accès à l’ordinateur ;
Manque de compétences informatiques.
49 http://www.accenture.com/SiteCollectionDocuments/PDF/Accenture-Digital-Doctor-Is-In-UK.pdf
31
Focus sur le Dossier Médical Partagé/Personnel (DMP) – LOGIQUE B2B2C
Le DMP est un dossier médical informatisé accessible via Internet. Il contient les
informations et documents médicaux que les professionnels de santé estiment utiles à la
coordination des soins. Il présente la particularité d’être créé par le médecin lors de la
consultation et peut être administré par lui-même et le patient.
Il est organisé en 8 espaces :
- Synthèse
- Traitement
- Compte-rendu
- Analyses
- Prévention
- Certificat
- Espace Perso
Figure 20 : Organisation de l’espace de confiance autour du DMP50
Cartographie d’usages
Source ASIP Santé 2014 et espace DMP.gouv 51
-
538 496 DMP créés à fin avril 2015 ;
244 000 DMP alimentés avec 5,2 documents en moyenne à la mi-mai 2014 ;
1 280 000 documents médicaux dans les DMP en 2014 ;
4 régions expérimentatrices dès 2011 (Alsace, Aquitaine, Franche-Comté et
Picardie), 14 régions en 2015 ;
616 établissements utilisateurs à fin avril 2015 et 5 780 professionnels de santé
libéraux à la mi-mai 2014 ;
141 logiciels homologués DMP compatibles.
50 Ateliers ASIP SANTE - Le DMP et les messageries sécurisées de santé au service des parcours de soins Salons Santé et Autonomie - 20 mai 2014
51 http://www.dmp.gouv.fr/nb-dmp-par-region
32
Sur les 1 280 000 documents médicaux contenus dans les DMP :
Figure 21 : Contenu du DMP52
Figure 22 : Cartographie nationale du déploiement DMP en France53
52 Ateliers ASIP SANTE, Le DMP et les messageries sécurisées de santé au service des parcours de soins Salons Santé et Autonomie - 20 mai 2014
53 http://www.dmp.gouv.fr/nb-dmp-par-region
33
PRADO (programme d'accompagnement au retour à domicile après hospitalisation) :
un programme de l’assurance-maladie
Initié en 2014, ce projet vise à accompagner le retour à domicile du patient et à fluidifier le
parcours hôpital-ville. L’approche se fait par pathologie (maternité, orthopédie,
insuffisance cardiaque). Un test de promotion du DMP a ciblé les PRADO « Orthopédie »
et « Insuffisance Cardiaque ».
Il implique une douzaine d’établissements des régions Alsace, Aquitaine, Centre, Île-deFrance et Picardie.
Le Conseiller de l’Assurance Maladie (CAM) passe dans les chambres et propose au
patient d’adhérer au PRADO, il lui propose en même temps de créer son DMP et recueille
son consentement.
Le DMP est créé dans l’établissement et alimenté avec le document de sortie.
Le CAM appelle les professionnels de santé chargés de la coordination du patient dont
les noms lui ont préalablement été communiqués par le patient, pour organiser des
consultations en sortie d’hospitalisation. Il informe ces professionnels de santé que le
patient dispose d’un DMP qui contient le document de sortie.
Le patient se rend chez les professionnels de santé concernés, qui consultent son DMP et
l’alimentent avec un document de synthèse (VSM, bilan kiné…).
Perception du DMP par les professionnels de santé et les patients
En partenariat entre l’ASIP Santé et Ipsos Santé, le dernier « baromètre de notoriété et
d’image »54 de mars 2012 identifie les points suivants :
Perception des médecins :
- 79 % des médecins se sentent mal informés et restent peu conscients de
l’avancée du déploiement du Dossier Médical Personnel : 24 % savent qu’il
existe déjà ;
- 77 % des médecins interrogés se déclarent favorables à la mise en place du
Dossier Médical Personnel (80 % chez les médecins hospitaliers et 73 % chez
les médecins généralistes) ;
- 63 % des médecins (toutes spécialités confondues) se déclarent prêts à
recommander le DMP à leurs patients, les médecins généralistes sont plus
réservés (57 %) que les spécialistes. Les réticences sont principalement liées au
besoin d’être rassuré sur la sécurité et la confidentialité, sur le risque de
lourdeur et parfois sur la crainte liée au contrôle par le patient.
54 Dossier Médical Personnel : baromètre de notoriété et d’image de mars 2012 - http://esante.gouv.fr/sites/default/files/BrochureASIP_Ipsos_web_0.pdf
34
Perception des usagers de santé :
- 42 % des Français déclarent avoir entendu parler du Dossier Médical Personnel
(après définition), sans qu’aucune communication grand public n’ait encore été
déployée. Cette notoriété est plus élevée auprès des personnes âgées de plus
de 65 ans (48 %), des femmes (47 %), des patients chroniques (47 %) et des
plus gros utilisateurs d’informatique pour leur santé (56 %).
- 84 % ont une bonne opinion du DMP. La part des « très bonnes » opinions
augmente avec l’âge et est plus importante chez les patients chroniques (18 %).
Les bénéfices perçus sont :
- faciliter le partage d’informations médicales entre médecins : 92 % ;
- améliorer le suivi du patient entre l’hôpital et les médecins de ville : 89 % ;
- faire gagner du temps aux médecins : 88 % ;
- faciliter l’accès du patient à son propre dossier médical : 83 % ;
- éviter les examens ou prescriptions inutiles : 79 % ;
- développer l’implication du patient dans son suivi médical : 74 % ;
- améliorer la qualité des soins : 72 %.
2. Les tendances nationales de la télémédecine - Brique TELEMEDECINE –
logique B2B (industriels/professionnels)
Trois éléments orientent la présentation de l’état des lieux de la télémédecine en France :
-
une évaluation quantitative proposée par la DGOS permettant de recenser de
manière exhaustive les activités de télémédecine55 ;
une évaluation qualitative fondée sur la valeur médico-économique et les gains
potentiels, telle que proposée par la Haute Autorité de Santé56 ;
l’enquête d’opinion portant sur le rapport entretenu entre la pratique de
télémédecine et les usagers de santé (FHF et Fondation pour l’Avenir)57.
Le recensement des activités de télémédecine – DGOS : évaluation de la maturité du
déploiement en fonction des chantiers prioritaires
Source DGOS « La preuve par 10 : Principaux enseignements du bilan du PRT et du
recensement des projets de télémédecine en France en 2013 ».
Le recensement des activités de télémédecine s’appuie sur le retour d’information des
référents des 26 ARS en région. Il se base sur la stratégie nationale de déploiement de la
télémédecine en France qui identifie 5 chantiers nationaux prioritaires :
- permanence des soins (PDS) en imagerie médicale ;
- prise en charge des accidents vasculaires cérébraux (AVC) ;
- santé des personnes détenues ;
55 http://www.sante.gouv.fr/IMG/pdf/Telemedecine_Plaquette_Communication_DGOS.pdf
56 Efficience de la télémédecine : état des lieux de la littérature internationale et cadre d’évaluation, HAS (2011),
http://www.has-sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/2013-07/efficience_tlm_vf_2013-07-18_14-48-38_743.pdf
57 http://www.fondationdelavenir.org/portail/wp-content/uploads/cp_enquete_telemedecine_161012.pdf
35
-
prise en charge d’une maladie chronique : insuffisance rénale chronique,
insuffisance cardiaque, diabète ;
soins en structure médico-sociale ou en hospitalisation à domicile (HAD).
331 projets de télémédecine sont recensés sur les 26 régions françaises en 2013 soit
+ 48 % par rapport à 2011.
Les principaux résultats de ce bilan mettent en évidence les points suivants :
Des projets majoritairement orientés sur les priorités nationales et en
téléconsultation et téléexpertise (78 %)
- 187 projets soit 56 % concernent la permanence des soins en imagerie (PDS), la
prise en charge des AVC ou des maladies chroniques ;
- 20 régions sur 26 ont au moins un projet de télésurveillance.
Figure 23 : Répartition des projets de télémédecine par priorité nationale (Bilan DGOS
télémédecine)
Figure 24 : Répartition des projets de télémédecine par type d’actes (Bilan DGOS
télémédecine)
36
Des projets à dominance « tout public » et ciblés sur la prise en charge des maladies
chroniques
Figure 25 : Répartition des projets de télémédecine par typologie de patients (Bilan
DGOS télémédecine)
Figure 26 : Répartition des projets de télémédecine selon les maladies chroniques
(Bilan DGOS télémédecine)
37
Constance de la prédominance hospitalière dans le déploiement des projets de
télémédecine (57 % en 2011)
Figure 27 : Répartition sectorielle des projets de télémédecine en 2013 (Bilan DGOS
télémédecine)
Une articulation inter-structure à géométrie variable :
- 30 % des projets impliquent le secteur ambulatoire ;
- 96 % des projets concernent au moins 1 établissement de santé ;
- 4 % des projets sont extrahospitaliers.
Figure 28 : Répartition sectorielle des projets de télémédecine en 2013 par catégorie
d’acteurs (Bilan DGOS télémédecine)
38
Cartographie Nationale des projets de télémédecine
Figure 29 : Evolution de la répartition des projets par région en 2013 par rapport à
2012
Le rapport entre la pratique de la télémédecine et les usagers de santé
Source FHF « Les Français et l’hôpital public 58», enquête d’opinion TNS Sofres du 27 au 30 mars
2013, résultats avril 2013.
A la demande de la FHF (Fédération Hospitalière de France), l’organisme TNS Sofres a
réalisé un sondage d’opinion auprès de 1 011 individus représentatifs de la population
française, âgés de 18 ans et plus. Le mode de recueil s’est effectué par interview en face-àface à domicile par le réseau des enquêteurs TNS Sofres. Le terrain s’est déroulé du 27
mars au 30 mars 2013.
Les résultats soulignent les tendances suivantes :
- 59 % des personnes interrogées sont prêtes à avoir recours aux nouvelles
technologies pour la transmission de leurs analyses de laboratoire, prises de
sang, imageries interprétées par un professionnel de santé à distance.
- Si les 25-34 ans, très à l’aise avec les nouvelles technologies, se montrent prêts
à avoir recours à la télésurveillance médicale (70 %), plus d’une personne sur 2,
âgée de 65 ans et plus, se montre réticente.
- 53 % des Français sont également enclin à prendre un avis complémentaire
auprès d’un professionnel de santé ou de faire préciser des informations
données par leur médecin traitant par téléphone, visioconférence ou
messagerie.
58https://www.google.fr/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=2&ved=0CCwQFjAB&url=http%3A%2F%2Fwww.fhf.fr%2Fcontent%2Fdownload%2F72925%2
F476022%2Fversion%2F1%2Ffile%2FLes%2BFran%25C3%25A7ais%2Bet%2Bl%2527H%25C3%25B4pital%2Bv3V%2BDEF.pdf&ei=WAVbVaHxBciAU6fQgYgI&usg=AFQjCNH9XF5Awsj5t1yzc9vXs_VeYRm8Zw&sig2=QLhVdshfm1CbRWh9ZklMMw&bvm=bv.93564037,d.d24
39
-
Les personnes âgées (45 %) et les retraités et inactifs (50 %) sont plus réticents à
utiliser ce procédé.
Pour obtenir un diagnostic médical à distance, les Français se montrent moins
ouverts. Seulement 37 % se disent pour.
Les jeunes de 18-24 ans sont majoritairement contre (74 %), comme les
habitants des zones rurales touchées par la désertification médicale (69 %).
3. Les tendances nationales de la télésanté et m-santé – logique B2B2C
(professionnels/industriels/patients)
Internet et santé (téléinformation)
Devant le processus de médiatisation de la santé permettant à chacun d’accéder à un
portail grand public, la téléinformation est soumise à une dualité conceptuelle autour de
la notion d’information. Pour les professionnels de santé, l’acception de l’information
renvoie au sens d’une production de données par les spécialistes, encadrée et légiférée
par des autorités professionnelles telles que le Conseil de l’Ordre des Médecins.
L’utilisation d’Internet a modifié cette configuration en proposant au grand public une
information santé, au contenu vulgarisé, peu contrainte par la loi et produite par des
acteurs multiples, ce qui questionne sur la fiabilité et la qualité du contenu.
C’est la raison pour laquelle la HAS (Haute Autorité de Santé) de 2009 à 2013 a proposé
un contrôle et une certification des sites dédiés à la santé selon les principes du
HONcode59. A ce jour, 882 sites français répondent aux critères de l’HONCode sur 3 800
000 pages mises à jour quotidiennement. Au regard des évaluations réalisées, la
certification améliore la qualité des sites de santé notamment dans le respect des
principes de transparence et de bonnes pratiques éditoriales, mais ne permet pas de
garantir la qualité du contenu des sites.
C’est pourquoi, la HAS travaille actuellement à la construction d’un dispositif qui privilégie
l’esprit critique des internautes par l’identification de « repères » permettant de les
accompagner dans cet apprentissage.
En illustration de ce foisonnement d’offres proposées sur le marché, l’analyse typologique
d’Hélène Romeyer (2010)60 et le mapping61 de Fabrice Vezin aident à caractériser les
services proposés en fonction des acteurs.
59 La fondation suisse Health On the Net (HON) (La Santé sur Internet) est l’organisme en charge de la certification dans le cadre d’une convention de partenariat
avec la HAS. La certification est gratuite pour l’éditeur de site et repose sur une démarche volontaire de ce dernier.
60 Hélène Romeyer, « La santé en ligne », Communication [En ligne], Vol. 30/1 | 2012, mis en ligne le 23 février 2012, consulté le 19 mai 2015. URL :
http://communication.revues.org/2915
61 https://www.mindmeister.com/fr/240071051/typologie-des-services-et-sites-d-informations-sant-pour-le-grand-public-et-les-m-decins-by-lemondedelaesant
40
Figure 30 : Typologie des sites de santé, Hélène Romeyer, 2012
Les raisons de l’utilisation d’Internet en santé
Selon le baromètre de l’INSEE sur l’usage d’Internet en 201362, 1 personne sur 2 a déjà
utilisé Internet pour chercher ou partager des informations de santé. L’étude de Patients &
Web et de Lauma Communication sur la thématique « A la recherche du ePatient : Les
Français et l’internet santé • Maladie chronique et numérique attitude »63 la même année
en détaille les motifs :
-
-
-
92 % des recherches réalisées par les internautes portent principalement sur
une maladie ou un problème de santé et dans la moitié des cas, elles
concernent des maladies chroniques (cancer, diabète, insuffisance rénale) ;
63 % des consultations s’orientent vers des recherches autour des
traitements/médicaments ou des témoignages d’autres personnes ;
61 % des panelistes estiment que les informations trouvées sur lnternet
permettent de mieux prendre en charge sa santé ou celle d’un proche ;
58 % considèrent que les échanges de la relation médecin-patient sont plus
riches et renforcent la confiance ;
19 % des recherches sont réalisées avant une consultation. Dans 53 % des cas,
c’est pour mieux comprendre ce que le médecin va dire et dans 42 % des cas,
c’est pour pouvoir discuter du traitement avec lui ;
34 % des recherches sont réalisées après une consultation. Dans 72 % des cas,
c’est pour chercher des informations complémentaires sur la maladie ou sur
des médicaments et traitements (44 %).
62 http://insee.fr/fr/ffc/ipweb/ip1452/ip1452.pdf
http://insee.fr/fr/themes/document.asp?ref_id=ip1452#inter1
63 Étude réalisée par téléphone du 4 au 16 février 2013 pour Patients & Web auprès d'un échantillon national de 1 002 personnes représentatif des Français âgés de
18 ans et plus. Méthode des quotas (sexe, âge, PCS du chef de famille, région de résidence et catégorie d'agglomération). http://www.patientsandweb.com/wpcontent/uploads/2013/04/A-la-recherche-du-ePatient-externe.pdf
41
Si la téléinformation s’inscrit dans les pratiques usuelles de recherche d’information, des freins à
l’utilisation persistent de la part des panelistes.
Les raisons du non-usage d’Internet en santé :
- 54 % privilégient la relation physique et réelle avec le médecin ou le
pharmacien ;
- 25 % n’ont pas le réflexe ;
- 21% ne le font pas car ils ne sont pas connectés ;
- 3 % ne savent pas se servir d’Internet.
L’étude de Patients & Web réalisée permet de dresser pour la première fois une
classification des usages en fonction de la typologie d’utilisateurs « usagers de santé ».
- Les « Déconnectés » (15 %), distants d'Internet et réticents à l’utiliser pour
s'informer sur la santé, sont principalement des seniors. Ils ont peu d'attentes
de services en ligne et seule la garantie des informations par leur médecin ou
les professionnels de santé les séduit un peu.
- Les « Méfiants » (24 %), ils n'ont pas – encore – assez confiance en Internet pour
s'informer sur la santé. Ils sont intéressés par la garantie des informations par
leur médecin (55 %) et la prise de rendez-vous en ligne (66 %).
- Les « Détachés » (12 %), connectés, ils n'éprouvent pas le besoin de s'informer
sur la santé ou n'en ont pas le réflexe. Garantie des informations par les
professionnels de santé (53 %), prise de rendez-vous en ligne (65 %) et accès
aux résultats d'analyse médicale (63 %) les intéressent.
- Les « Occasionnels » (23 %), utilisant ponctuellement Internet pour s'informer,
ils n'en sont pas encore à l'utiliser pour dialoguer. Ils souhaitent accéder aux
résultats d'analyses médicales (70 %) et à leur dossier médical (69 %) en ligne,
prendre rendez-vous (69 %) et échanger par e-mail avec leur médecin (61 %).
- Les « Adeptes » (13 %), utilisant fréquemment Internet pour s'informer sur la
santé et rester en bonne santé, leurs attentes sont les mêmes que celles des
« Occasionnels » mais elles sont encore plus fortes (analyse médicale 76 %,
dossier médical 71 %, prise de rendez-vous 69 %, échange par e-mail 65 %).
- Les « Communicants » (13 %), allant fréquemment sur Internet pour rechercher
des informations médicales, ils sont également contributifs via leur dialogue sur
le Web avec des patients ou des médecins. 77 % d'entre eux souhaitent
accéder à leur analyse médicale sur le Web et 70 % à leur dossier médical. 77 %
aimeraient prendre rendez-vous via Internet, 69 % échanger par e-mail et plus
d'1 sur 2 (51 %) échanger en visio-conférence, visiophonie avec leur médecin.
Ce profilage vient compléter celui réalisé en 2010 par le Germs (Groupe d’études et de
recherche en marketing santé) et de son Master marketing de la santé dans l’étude
intitulée « Les acteurs de la santé face à Internet : étude sur la perception de l’Internet
Santé 64» qui fait apparaître des différenciations liées à l’âge (nombre de consultations
moins important pour les 18-25 ans que pour les plus de 56 ans).
64 http://www.annuaire-secu.com/pdf/master-marketing-sante-130410.pdf
42
Figure 31 : Profil des usages d’Internet en santé – dans « Les acteurs de la santé face à Internet :
étude sur la perception de l’Internet Santé », Germs, 2010
Web social et santé (télécollaboration)
La collaboration à distance interpelle, comme pour la téléinformation, le cadre conceptuel
de l’acception du terme.
Dans le cadre de l’espace collaboratif entre médecin-patient, répondant aux principes du
colloque singulier, le livre blanc du CNOM « Déontologie médicale sur le Web65 » rédigé
en 2011 rappelle que, si les dispositifs numériques tels que les forums, les blogs et les
réseaux sociaux offrent des possibilités de partage et d’échanges bénéfiques à la relation
médecin-patient, les principes élémentaires du code de déontologie doivent être
respectés notamment en ce qui concernent :
- la protection de la confidentialité des patients ;
- le respect d’une certaine « distance relationnelle » entre médecins et patients
notamment dans le champ des réseaux sociaux ;
- le rappel que l’exercice de « téléconseil » doit s’inscrire dans le cadre d’une
information personnalisée à la demande d’un internaute et qu’en tant que
modérateur potentiel de forum, le médecin doit rappeler la nécessité d’une
consultation médicale lorsque l’information du patient devient personnalisée.
Dans le cadre de l’espace collaboratif entre patients, la multiplication de sites
communautaires, modérés ou non par des professionnels de santé, permet à l’usager de
65 http://www.conseil-national.medecin.fr/sites/default/files/livre_blancdeontoweb2012.pdf
43
participer à la production et la diffusion de contenus autour de récits de vie, de
témoignages, de partage d’expériences.
A ce jour, il n’existe pas d’enquête d’envergure permettant d’identifier les motivations
d’usages et de caractériser de manière exhaustive les pratiques réalisées. La thèse de
Raphaëlle Laubie, « Comprendre les déterminants de l’action collective en ligne : le cas
des patients 2.0 66 » ayant comme terrain d’étude les utilisateurs de la plateforme « Cancer
Contribution », attribue aux productions numériques réalisées sur cette plateforme des
valeurs d’usage (Valeurs utilitaires/valeurs sociales/valeurs hédonistes-bien-être) qu’elle
réalise à partir d’entretiens et de questionnaires en ligne.
Figure 32 : Modélisation des déterminants de l’action collective, Laubie (2014)
M-santé et objets connectés (télévigilance, monitoring, majordome, prescription)
Selon le dernier livre blanc du CNOM de Janvier 2015 « Santé connectée – de la e-santé à
la santé connectée »67, le volume mondial des applications mobiles de santé est passé de
6 000 en 2010 à 20 000 en 2012 et 1 000 000 en 2013.
En France, sur une veille de 4 000 applications santé/bien-être (réalisée par la société
DMD68) on observe que 60 % sont destinées au grand public et 40 % aux professionnels
de santé. Cependant, la tendance serait en train de s’inverser.
Avec 27 millions de possesseurs de smartphones en France en 2013 (soit 50 % de la
population française de 11 ans et plus), 7 millions sont des mobinautes santé et 1/3 sont
atteints de maladies chroniques. Sur cet effectif, 22 % ont téléchargé au moins une
application (2,3 applications en moyenne). 52,9 % des mobinautes santé atteints d’une
maladie chronique souhaitent que leur médecin leur conseille des applications mobiles
de santé69.
66 http://raphaellelaubie.com/wp-content/uploads/2014/03/Thesis-EDBA_Raphaelle-Laubie_March-17-2014.pdf
67 http://www.conseil-national.medecin.fr/sites/default/files/medecins-sante-connectee.pdf
68 DMD créé en 2012, s’est donné comme mission d’une part d’évaluer les applications santé et d’autre part de formaliser un label qualité « MHealth Quality » à partir
du programme scientifique européen actuellement en cours de réalisation.
69 A la recherche du e-patient, http://www.patientsandweb.com/wp-content/uploads/2013/04/A-la-recherche-du-ePatient-externe.pdf
44
Malgré l’intérêt des patients pour la santé mobile relevé dans le livre blanc, le baromètre
« Santé 360 », d'Orange Healthcare et de la MNH réalisé par ODOXA70 en janvier 2015 sur
la santé connectée, affine ces tendances à partir :
- d’un échantillon grand public composé de 1 016 personnes représentatives de
la population française âgée de 18 ans et plus ;
- d’un échantillon de 406 personnes atteintes de maladies chroniques ou
d’affections longue durée 5ALD) issues d’un échantillon représentatif de la
population française âgée de 18 ans et plus ;
- de 399 médecins spécialistes et généralistes.
L’utilité de l’implication du patient dans le traitement et le suivi de la maladie varie
en fonction du statut de l’usager de santé : « normal » ou « pathologique ».
Figure 33 : Utilité perçue d’impliquer le patient dans le traitement et le suivi de sa maladie
Les objets connectés sont sous-utilisés au regard de leur potentiel d’accueil dans la
société.
Les objets connectés ne sont aujourd’hui prescrits qu’à 5 % des patients alors que le haut
niveau d’utilisation et de familiarité des Français à ces objets permettrait d’en étendre
largement l’usage… Les médecins sous-estiment largement la capacité de leurs patients à
accepter ce type d’objets.
Les objets connectés sont jugés particulièrement adaptés à nombre de patients…
…et tout particulièrement à ceux souffrant d’ALD et de maladies chroniques… dès lors les
objets connectés médicaux liés aux maladies respiratoires et à l’HTA sont ceux qui sont le
plus souvent cités comme utiles.
70 Baromètre santé 360 – La santé connectée - Janvier 2015 https://www.mnh.fr/espace_info/actualites/201501_baro-sante360-sante-connectee.pdf
,
45
Figure 34 : Leviers identifiés par les patients et médecins pour une plus large utilisation des objets
de santé connectée
Il existe un fort consensus sur l’utilité des objets connectés
Les Français, les médecins et les patients sont quasi-unanimes à percevoir la santé
connectée comme une opportunité pour la qualité des soins (67 % du grand public, 72 %
des patients et 81 % des médecins) et une opportunité d’améliorer la prévention (78 % du
grand public, 80 % des patients et 91 % des médecins).
La santé connectée séduit, mais elle fait peur aussi
Un quart à un tiers des médecins et des patients perçoit la santé connectée comme une
menace pour la liberté des patients, et un sur deux comme une menace pour le secret
médical.
Comment développer la santé connectée ?
Patients et médecins considèrent que mieux informer les médecins est la clé n°1 pour
développer l’usage des objets connectés.
Les autres pistes concernent la meilleure adaptation du service lui-même, et pour les
patients, de meilleures garanties sur la confidentialité des données.
46
Figure 35 : Les raisons perçues d’une utilisation limitée
47
QUE RETENIR ?
Les différentes briques sectorielles de l’écosystème numérique de santé ont atteint un
niveau de maturité industrielle favorable au développement bien que celles-ci se
déploient de manière uniforme. La caution d’une acceptabilité technique et sociale par les
professionnels et les patients n’interdit pas des usages et des pratiques numériques
polymorphes, variant en fonction des enjeux, de l’utilisabilité technique et sociale
accordée à ces dispositifs et des régimes d’engagement entre les différents acteurs.
Sur les usages e-santé : Le déploiement des offres et des services sont prioritairement
centrés sur les solutions « métiers » professionnelles répondant à une logique de
dématérialisation des documents papier en version numérique, perçue par les médecins
et les patients comme un gain d’efficacité. Les services de partage et d’échanges de la
MSSanté et du DMP, répondant au cadre réglementaire de l’espace numérique de
confiance entre professionnels, sont intégrés de manière inégale sur le territoire. Les
freins évoqués sont la complexité et les coûts nécessaires à la mise en conformité pour le
professionnel de santé, notamment en libéral.
Sur les usages télémédecine : Ancrés depuis 2003 dans les pratiques médicales, les
actes de soins à distance bénéficient d’un cadre réglementaire favorable au
développement d’un capital confiance auprès des professionnels de santé. Considérée
comme une pratique médicale, la télémédecine nécessite des compétences numériques
et de l’expertise médicale du professionnel. C’est un outil d’expertise ou de consultation
afin d’échanger et de partager le savoir médical autour des prises en charge complexes
ou nécessitant un suivi régulier (maladies chroniques, personnes âgées). Loin d’être une
pratique généralisée, les projets de télémédecine restent néanmoins une démarche
hospitalo-centrée et ont du mal à s’inscrire dans le cercle collaboratif ville-hôpital.
Sur les usages télésanté et m-santé : Portées par la démocratisation de l’information
santé via Internet, la télésanté et la m-santé favorisent la participation de l’usager citoyen
et du patient dans la gestion curative et préventive de sa santé.
Ce dernier, en produisant de l’information, transforme les postures relationnelles du
médecin « sachant » et du patient profane. Néanmoins, en fonction de son état de santé,
et de l’âge, la contribution du patient à la gestion de sa santé diffère. Si elle est réclamée
autant par les médecins que les patients dans le cadre « pathologique » des maladies
chroniques et de l’avancée en âge, le médecin reste le gardien, le tuteur gestionnaire du
quotidien de l’usager en contexte « normal ». En bien et lieu commun à tous les acteurs,
les usages numériques en télésanté et en m-santé sont une opportunité pour améliorer la
qualité des relations et devient un support à l’observance thérapeutique.
La question de la confiance reste centrale pour le professionnel comme le patient en
termes de confidentialité des données médicales. A ce titre, le médecin reste le référent
pour conseiller et prescrire les dispositifs adaptés aux attentes et aux besoins des patients.
Il est nécéssaire de mobiliser de nouvelles compétences pour accompagner ces nouveaux
usages.
48
Figure 36 : Proposition de schématisation de la typologie du patient en fonction de la pathologie et
de ses bases de connaissances
49
III. QUEL ECOSYSTÈME en AQUITAINE ?
1. Cartographie des équipements et des services numériques de télésanté et msanté
Cartographie du marché industriel de la télésanté en Aquitaine
Source : Rapport d’activité 2013 Cluster TIC Santé aquitain71 et base de données annuaire
des adhérents Adeiso)72
Les offres et les services de télésanté et de m-santé développés en Aquitaine sont
globalement concentrés sur la télécollaboration entre professionnels et la
télésurveillance/télémonitoring des professionnels avec les patients autour de pathologies
spécifiques. Le développement d’applications mobiles en santé en Aquitaine reste timide
avec une seule application développée et adaptée à un projet connexe :
« mesvaccins.net ».
Figure 37 : Cartographie des solutions développées de télésanté/m-santé en Aquitaine
Industriels
Télésanté - Isa
Télésanté – ma santé
Télésanté – pro
Allo Docteurs
Sanofi
Mesvaccins.net
Dépt
33
24
33
33
MCI services
33
K-Lab
Domicalis
Wiidii
Wopata
Symbio System
Aqsitania
Doado
LNC
33
33
33
33
33
33
33
33
eDevice
EOVE
Onéla
Université de Bordeaux
Itwell
Interaction Healthcare
Zippyware
Nutrikeo
Abracadacook
33
40
33
33
33
33
33
33
33
Solution développée
Plateforme info Santé Aquitaine
Services e-santé patients
Services e-santé professionnels
Prise de rdv par Internet
Annuaire médico-social
App. mobile patients/pro
Plateforme CEPPIA
Plateforme IDIAS
Plateforme RESPIR
App. mobile dossier patient
Plateforme logicielle web
Application mobile perso pro
Sté développement app
Dispositifs de télévigilance
Télésurveillance IR*- R**
Application mobile patient
Plateforme de soutien nutrition
Ap. mobile patient bariatrique
Capteurs et DM*** connectés
Dispositif connecté
Plateforme de services
Enseignement à distance
Information santé intelligente
Serious game
Serious game
Développement PLAN’EAT
App.mobile menu alimentaire
Télésanté/m-santé
Téléinformation patients
Télécollaboration m-santé
Télécollaboration m-santé
Télécollaboration pro/patients
Télécollaboration pro/patients
Télécollaboration pro/patients
Télécollaboration pro/patients
Télécollaboration pro/patients
Téléformation pro
Télécollaboration pro
Télécollaboration pro
Télécollaboration pro/patients
Télécollaboration pro/patients
Télésurveillance patients
Télésurveillance m-santé
Télésurveillance m-santé
Télésurveillance, collaboration
Télésurveillance m-santé
Télémonitoring m-santé
Télémonitoring m-santé
Télémajordome
Téléformation étudiants santé
Téléanimation, collaboration
Téléanimation
Téléanimation patients
Téléanimation pro/patients
Téléconseils m santé public
* Insuffisance Cardiaque ** Respiratoire *** Dispositifs Médicaux
71 http://cluster-tic-sante-aquitain.com/rapport-d-activite-2013
72 http://adeiso.com/
50
Codes couleurs par type d’offres et de services
Téléinformation
Télécollaboration
Téléformation
Télésurveillance, télémonitoring
Téléanimation
L’une des particularités majeures de cet écosystème tient dans l’équilibrage des forces
industrielles sur la totalité des briques fonctionnelles, ce qui lui confère une dynamique
distinctive par rapport à d’autres territoires. En chiffre, sur les 74 entreprises régionales
identifiées sur ce secteur, 30 % concernent l’édition de logiciels, 26 % proposent des
solutions diffusables (télémédecine, télésanté, m-santé), 10 % permettent l’hébergement
de données de santé et 6 % favorisent le maintien à domicile des personnes dépendantes.
Figure 38 : Répartition des typologies d’activités industrielles de l’écosystème numérique aquitain
(source Cluster TIC Santé aquitain)
Edition logiciels
6%
Solutions TIC
utilisables au secteur
santé
4%3%
30%
10%
Audits, réalisation
d'études stratégiques,
conseil
Hébergement de
données de santé,
sécurité des données
Dispositifs médicaux
21%
26%
Services de maintien à
domicile des personnes
dépendantes
Autres
Concernant l’activité de téléinformation, il n’existe pas à ce jour de cartographie
permettant d’avoir une visibilité complète de l’offre informationnelle numérique aquitaine
disponible sur le territoire. La seule possibilité d’exploitation de base de données est celle
proposée par le HONcode. Or, les indicateurs retenus à la certification ne permettent pas
d’avoir une exhaustivité des solutions.
51
En revanche, les éléments d’identification obligatoire à la certification quant aux auteurs et
aux hébergeurs de site, offrent l’avantage de catégoriser le recensement en fonction des
différentes applications attribuées à la brique « Télésanté ».
Cartographie des sites issue du recensement des sites HONcode
Figure 39 : Recensement des sites certifiés HONCode sur l’Aquitaine en 2015
La pratique de certification de
l’information de santé est peu
développée en Aquitaine, y compris
sur des sites institutionnels à qui l’on
confère une légitimité naturelle.
Ainsi, par exemple, le site de
Télésanté
Aquitaine,
qui
offre
pourtant un bouquet de services
informationnels en fonction du public
(grand public, professionnel de
santé), de la trajectoire du patient ou
des outils de gestions (DMP), n’est pas
certifié.
Caractérisation des sites certifiés
Présentation structure de soins
Présentation et Formation
Association grand public
Association médicale – société savante
Présentation cabinets médicaux
Présentation laboratoires, pharmacies
Sites conseils prévention grand public
Blog information santé grand public
Communauté doc professionnelle
Comparateur mutuelles
App public/pro Mesvaccins.net
App public/pro Santevoyage-guide.com
Total
Typologie télésanté
Téléinformation
24
1
3
Télécollaboration
Télécollaboration,
Téléformation
Téléinformation
Télécollaboration,
Télésurveillance
33
3
1
2
5
21
2
3
1
2
40
47
64
1
3
4
2
12
1
2
4
1
1
42
17
52
2. Cartographie des différents programmes d’expérimentation « télésanté »
financés en Aquitaine depuis 2012
(SOURCE ORIS73, Faire avancer la santé numérique en Aquitaine, Aquitaine Numérique,
Tour de France du Numérique FORMATICSanté74)
Cette cartographie permet de dresser l’état des lieux des différents programmes
d’expérimentation ayant fait l’objet d’un financement par les pouvoirs publics.
Projet
Objectif
Dépt. Cible
Dom Assist
PAACO
PAACO+
ALLIAGE
PELICAN
MONALI
MediActiv
Fournir aux personnes âgées autonomes ou en perte
d’autonomie et à leurs aidants (professionnels ou familiaux)
une
plateforme
ouverte
d’applications
d’assistance
numérique (Dom Assist). L’assistance porte sur le lien social
(communication augmentée), la suggestion d’activités
culturelles, la gestion de tâches (courses, préparation des
repas…)…
Proposer à un certain nombre d’acteurs de la santé, une
plateforme régionale numérique pour la communication et la
coordination en santé (dispositif de système d’information
partagée).
Proposer aux infirmiers libéraux de la santé, une plateforme
répondant aux conditions de mobilité, en vue de gérer les
activités à domicile.
Préconiser sous licence libre une solution couvrant un
ensemble de thématiques complètes : e-santé, bien-être et
prévention, domotique, services à domicile, informations mais
aussi des jeux, à destination des aidants, des aidés et les
familles.
Favoriser des liaisons concrètes et sécurisées entre
professionnels de santé pour mieux entourer les patients sur
leur lieu de vie à la fois pour les soins mais aussi pour le bienêtre. Il repose sur un module logiciel médicalisé et sécurisé
spécifique à la cancérologie, qui est intégré au réseau social
Domicalis.com. Sous-forme d’application web, il est
consultable à domicile et à distance via une tablette, un
ordinateur ou un smartphone.
Échanger et partager entre professionnels facilement les
données clés des patients, Monali est une application sur
tablette. Elle est conçue comme un réseau social médicalisé
pour la gestion de la communication entre les professionnels
de santé en lien avec les patients. Elle propose des outils
collaboratifs (annuaire, agenda) au service des patients et des
professionnels .
Ce jeu de simulation médicale et d’aide à la formation piloté
par l’INRIA et Interaction Healthcare doit permettre aux
chirurgiens de s’entraîner virtuellement à des opérations à
destination de patients atteints de maladies chroniques.
33
48 patients
33,24
12 structures
250 patients
40
50 infirmiers
24,33,
40,47,
64
50 patients
33
NC
64
NC
33
NC
73 http://www.oris-aquitaine.org/
74 http://formaticsante.fr/index.php/13-accueil/activitesformaticsante/1250-tour-de-france-du-numerique-pour-la-sante
53
La diversité des projets R&D sur le territoire s’accompagne d’une politique
d’investissement régionale offensive pour permettre le passage à l’échelle économique.
Ces derniers, issus pour la plupart de candidatures AMI (Appel à Manifestation d’Intérêt)
s’inscrivent tous, dans une démarche de validation scientifique par la recherche de
partenariats universitaires (ISPED, INRIA, MICA) en vue d’assurer les procédures
d’évaluation selon des concepts méthodologiques variés.
Focus sur le projet XL ENS: Territoire de soins Numérique
Outre ces expérimentations, l’Aquitaine est aujourd’hui porteuse du projet Territoire de
Soins Numériques (TSN) XL ENS. Ce dernier, conduit sur le territoire landais, touche un
bassin de population de 42 000 habitants et a été choisi en fonction d’enjeux de santé
publique représentatifs (vieillissement de la population, prévalence des maladies
chroniques, offre de soins inégale, désertification médicale).
Le projet, dont le démarrage opérationnel est attendu en 2016, s’appuie techniquement
sur une plateforme de services en ligne accessible aux professionnels ainsi qu’au grand
public (patients, aidants), tant au sein de structures, qu’en ambulatoire et au domicile des
patients.
L’espace numérique de santé territorial offrira un cloud 75 privé sécurisé regroupant
l’ensemble des services accessibles en ligne en multi-canal :
- interconnecté avec les services nationaux et les services régionaux ;
- interfacé avec les SI des établissements et des professionnels libéraux ;
- offrant une connectivité avec les objets communicants et les applications
mobiles.
La conception de cet espace numérique est adapté aux spécificités de santé territoriale et
aux 3 typologies d’acteurs (professionnels de santé/patients-aidants/cellule de soutien
territorial), en ne présentant que les services dont ont besoin les acteurs. Ces services sont
aussi disponibles sous forme d’un catalogue d’applications téléchargeables (Store
XL_ENS) qui s’enrichira progressivement au fur et à mesure que de nouveaux services
seront développés.
La solution technologique est constituée d’une plateforme ouverte qui doit pouvoir
communiquer de manière sécurisée avec les systèmes d’informations externes : systèmes
d’informations des établissements, SI nationaux et régionaux, logiciels des acteurs
libéraux, applications mobiles, objets connectés..., ce dans une logique d’EAI (Enterprise
Application Integration).
La solution respectera les exigences spécifiques à la manipulation des données
personnelles de santé et les standards du marché en termes d’interopérabilité.
Elle s’appuiera sur une architecture modulaire et urbanisée des services, pour répondre
aux exigences d’évolutivité et de stabilité, et ainsi proposer aux utilisateurs des services
fonctionnels et personnalisables de la plateforme (logique de store d’applications).
75 Le cloud computing, ou l’informatique en nuage ou nuagique ou encore l’infonuagique (au Québec), est l'exploitation de la puissance de calcul ou de stockage de
serveurs informatiques distants par l'intermédiaire d'un réseau, généralement Internet.
54
Elle sera construite pour être réplicable et transposable, afin de permettre sa
généralisation à d’autres territoires.
Enfin, le respect de l’état de l’art en matière d’accessibilité et de simplicité d’utilisation est
une exigence visant à garantir une appropriation rapide de la solution par les différents
utilisateurs.
Classification des briques télésanté/m-santé retenues par type d’acteurs de XL ENS
Patients/Aidants
Professionnels de santé
Cellule
Territorial
de
Soutien
- Informations utiles :
prévention, droits sociaux,
cartographie offre de
santé…
- Services logistiques :
prises de rendez-vous,
démarches
administratives, agenda
santé patient…
- Aide à l’orientation
- Outils personnalisés de
santé : DMP, carnet de
vaccination, résultats de
laboratoires...
Objets connectés :
télésurveillance et accès
aux données d’automesure et aux éventuelles
alertes remontées,
dispositifs médicaux.
- Informations, gestion et support
logistique et administratif : accès à
des informations de droit sociaux
(aides financières), offre de santé,
alertes sanitaires.
- Référentiel de bonne conduite en
cas d’épidémie.
- Simplification des démarches
administratives : agenda en ligne
pour la prise de rendez-vous par ses
patients, prise de rendez-vous vers des
plateaux techniques ou vers des
acteurs de second recours (en
présentiel ou via les outils de la
plateforme régionale de
télémédecine).
- Actions de dépistage, soutien aux
pratiques professionnelles : aides
des formations continues, référentiels
de compétences, protocoles de soins
pluridisciplinaires.
- Aide à l’orientation du patient
- Accès simplifié et intégré depuis les
logiciels de cabinet médical :
MSSanté, Dossier Pharmaceutique,
DMP, Carnet électronique de
vaccination du patient, PPS, eprescription…
- Aide au diagnostic : avis d’experts et
téléconsultations via les outils de la
plateforme régionale de télémédecine.
- Coopération inter-professionnelle :
outils accessibles en mobilité, en
modes connectés et déconnectés, pour
les échanges quotidiens entre acteurs
de la prise en charge (transmissions
multimédia).
- Structuration d’un dispositif
de gestion des sollicitations
patients et professionnels
(type CRM*), facilitant
notamment le repérage de
personnes en situation de
fragilité et la fluidité du suivi
(dans le respect des contraintes
légales et de la CNIL).
- Construction d’un outil de
Case Management facilitant la
gestion des cas complexes, la
coordination des services de
proximité et produisant le
tableau de bord de suivi du
protocole de soins
pluridisciplinaire partagé entre
acteurs.
- Outil de reporting du suivi à
domicile.
* Customer Relationship Management
55
Figure 40 : Calendrier de déploiement de TSN Aquitaine
3. Caractérisation des compétences, formation, accompagnement
L’accompagnement des compétences pour le développement des usages numériques en
santé se structure autour d’une offre de formation initiale et continue touchant à la fois les
connaissances au service de l’informatique médicale, l’évolution des pratiques
professionnelles à l’usage des TIC en santé - et notamment en télémédecine – et
l’évaluation des compétences acquises au travers du C2i76 « métiers de la santé ».
3 actions phares sont à relever en Aquitaine :
La création d’un Master Santé Publique spécialité informatique médicale piloté par
l’Université de Bordeaux
Le contenu pédagogique vise les compétences suivantes :
- connaître les spécificités du monde hospitalier ;
- savoir adapter les logiciels aux besoins des acteurs de santé ;
- savoir résoudre les contraintes liées à l’interopérabilité ;
- savoir répondre à un appel d’offres dans le domaine de l’informatique
médicale et savoir manipuler l’information médicale ;
- connaître la législation concernant la sécurité et la confidentialité des données
et leurs particularités en santé ;
- connaître les contraintes de vigilance ;
- comprendre les enjeux de l’informatique médicale en lien avec
l’épidémiologie.
76 Certificat Informatique & Internet
56
Le lancement d’un DU de télémédecine piloté par l’Association Française de
télémédecine
Programmé sur 8 jours de formation et ½ journée de stage pratique, ce DU ouvert à
l’ensemble des professionnels de santé vise :
Module 1 : Découverte et définition de la télémédecine
Module 2 : Construction d’un projet de télémédecine
Module 3 : La télémédecine en pratique : retours d’expérience
Module 4 : Les industriels en télémédecine
Module 5 : Aspect sciences humaines et sociales de la télémédecine
Module 6 : Aspects techniques de la télémédecine
Modules 7/8 : Télémédecine et outils e-santé
La formalisation du programme C2i niveau 1 Sanzipense proposé par l’IFSI de
Libourne
L’intérêt du projet développé par l’IFSI est de mesurer le niveau de compétences C2i aux
différents moments des enseignements réalisés auprès des élèves infirmiers et de leur
permettre de valider ces compétences, sans que cela entraîne un surplus au programme
de formation pour les étudiants qui souhaitent passer la certification C2i niveau 1. Le
projet ayant reçu l’avis favorable de la cellule C2i de l’Université de Bordeaux, il devrait
être opérationnel pour la certification 2016-2017 de la formation infirmière.
Du côté des patients et des usagers de santé, la caractérisation et la spécification des
compétences numériques ne font pas l’objet de recherche particulière. En conséquence, il
n’existe pas à ce jour de référentiel de compétences, ni de programme
d’accompagnement à l’usage pour que les patients où l’usager puissent apprendre à
utiliser les dispositifs numériques mis à sa disposition.
57
QUE RETENIR ?
Malgré la faible production de données régionales sur la télésanté, le recensement et la
classification des offres et des services réalisés à partir du fichage des industriels
adhérents aux différentes structures fédératrices du numérique (Cluster TIC Santé aquitain
et Adeiso) mettent en évidence que :
- L’écosystème numérique de santé est harmonieux et équilibré quant aux offres et
solutions proposées par les industriels sur les différentes briques fonctionnelles qui le
composent.
- La dynamique d’innovation régionale est centrée majoritairement sur le marché de la
télécollaboration et de la télésurveillance entre professionnels de santé et patients.
- Le niveau de maturité économique nécessaire au développement d’applications mobiles
et d’objets connectés n’offre pas les moyens d’évaluer quantitativement et qualitativement
ces derniers auprès des utilisateurs.
Les espoirs formulés autour du programme « Territoires de soins numériques » ne sont
pas seulement technologiques mais répondent à des enjeux d’innovations
organisationnelle, économique et citoyenne, en prenant en considération, dans la
construction
de
l’espace
numérique
d’expérimentation,
les
logiques
patients/professionnels/société civile.
Conclusion
Deux constats sont relevés dans l’étude de cet écosystème numérique de santé :
- face au vieillissement de la population et à la prévalence des maladies chroniques en
Aquitaine, il n’y a pas eu de questionnement sur la perception des usages numériques des
utilisateurs finaux, c’est-à-dire les patients sur le territoire. Les orientations prioritaires
visent effectivement la coordination et l’articulation des professionnels au service du
patient. Or, les freins d’usages demeurent très saillants pour la catégorie des seniors. En
effet, plusieurs études (Crédoc 2010 ,2013, BVA 2014) et recherches issues de la
littérature (Bourdelois et Boucher_Petronic, 2014), (Granjon 2009), (Collot, 2013) montrent
que le niveau d’intégration et d’appropriation pour cette population est enclavé à des
variables spatiales et biographiques de genre, d’âge, de conditions sociales.
- si l’Aquitaine bénéficie d’un tissu socioéconomique favorable au développement de
l’écosystème numérique et de projets d’investissements, l’offre de formation initale et
continue demeure restreinte, réservée et spécifique avec une prévalence pour les métiers
de l’ingénierie informatique. Or, la question de l’accompagnement généralisé des
professionnels de santé aux pratiques numériques, plus particulièrement dans les
domaines de la télésanté et de la santé mobile ne font pas l’objet de démarches
particulières sur le territoire. Une étude sur l’utilisation du référentiel C2I métiers de la
58
santé en Aquitaine permettrait d’avoir une lisibilité sur le niveau de compétences
numériques des acteurs.
C’est pourquoi, l’un des réinvestissements possible serait de réaliser un observatoire des
pratiques numériques des patients et usagers de santé sur le territoire aquitain. Ciblé
potentiellement sur les deux grands enjeux de santé publique (senior vieillissant) et/ou
maladie chronique (cancer, diabète, AVC etc.), il pourrait identifier :
- les perceptions d’usages ;
- le niveau de littératie en santé et en compétences numériques ;
- les usages réalisés selon les différentes briques fonctionnelles des TIC en santé (esanté : DMP), télémédecine (téléconsultation, surveillance), télésanté et m-santé en
national et en régional selon différentes variables repérées comme significatives : âge,
sexe, situation géographique, réseau de soins et réseau social associé, déterminants de
santé
La finalité de cette étude serait de pouvoir construire un référentiel d’évaluation
permettant de mesurer les compétences acquises par le patient à partir d’une action de
formation permettant d’accompagner les usages du numérique.
59
Bibliographie
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Enquête nationale sur l’observance « Vos traitements et vous ? », mars
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Rapport CGIET, de l’information du patient à la démocratie
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