Les collectivités locales d`outre-mer
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Les collectivités locales d`outre-mer
Annexe 3 Les collectivités locales d'outre-mer A . L’octroi de mer et les collectivités territoriales d’outre-mer (Source : direction des affaires politiques, administratives et financières de l’outre-mer) La loi n° 2004-639 du 2 juillet 2004, relative à l’octroi de mer, a renouvelé (avec des aménagements) le dispositif de l’octroi de mer et a réformé le fonds régional pour le développement et l’emploi (FRDE). L’octroi de mer est particulièrement important pour les collectivités locales des départements d’outre-mer et, plus particulièrement, pour les communes, car cette recette fiscale spécifique aux départements d’outre-mer représente plus du quart de leurs recettes de fonctionnement. 1 . Problématique de l’octroi de mer L’octroi de mer est une taxe indirecte frappant les produits importés et (depuis 1992) les produits locaux dans les DOM, dont les recettes sont versées aux collectivités territoriales (communes et régions d’outre-mer, ainsi que le département de Guyane). Sa légitimité a été reconnue par les institutions communautaires pour donner aux collectivités territoriales des DOM les moyens de leur propre développement et contribuer ainsi à la croissance ou au maintien des activités économiques locales et des emplois. Par ailleurs, la différence de taxation entre les produits d’importation et les fabrications locales répond à cet objectif de développement économique en améliorant les conditions de compétitivité des productions des départements d’outre-mer. Le 22 décembre 1989, le Conseil des communautés européennes a rendu une décision autorisant les autorités françaises à exonérer de la taxe d’octroi de mer, totalement ou partiellement pour une durée de 10 ans, les productions locales des départements d’outre-mer. La réforme de l’octroi de mer mise en place par la loi du 17 juillet 1992, conforme à la décision de 1989, a été appliquée à compter du 1er janvier 1993. Cette loi a défini l’assiette, les taux et les modalités de recouvrement de l’octroi de mer dans les DOM et précisé le rôle des conseils régionaux qui fixent les taux et les modalités d’exonération de cette taxe à l’introduction des produits dans les DOM comme sur les productions locales. La loi a aussi précisé les règles d’affectation des recettes issues de l’octroi de mer aux communes dans les départements de la Guadeloupe, de la Martinique et de la Réunion, avec en outre un partage de ce produit entre le département et les communes en Guyane. Le 10 février 2004, le Conseil de l’Union européenne a autorisé la reconduction jusqu’en 2014 du régime de l’octroi de mer, moyennant certains aménagements qui ont été prévus par la loi précitée du 2 juillet 2004, applicable depuis le 1er août 2004. 2 . La part de l’octroi de mer dans les finances des collectivités locales des DOM (selon les comptes administratifs 2005) La part de l’octroi de mer dans les recettes des collectivités locales concernées est très significative. Pour les régions d’outre-mer, l’octroi de mer représente entre 25 et 42 % de leurs recettes fiscales, et entre 14 et 29 % de leurs recettes réelles de fonctionnement. Pour les communes, le poids de l’octroi de mer est encore plus déterminant : en moyenne, pour les communes de chacune des régions, l’octroi de mer représente de 39 à 52 % des recettes fiscales, et entre 25 et 35 % des recettes réelles de fonctionnement. Enfin, en Guyane, le département recevait, depuis 1974, 35% de la dotation globale garantie des communes. La loi précitée du 2 juillet 2004 a plafonné, à partir de 2005, ce prélèvement à 27 M€ (soit la dotation reçue par le département de la Guyane en 2003, arrondie au million d’euros supérieur). Cette disposition nouvelle permettra d’accroître la part des communes sans réduire trop brutalement la dotation du département (13% de ses recettes réelles de fonctionnement). Rapport de l’Observatoire des Finances Locales Les finances des collectivités locales en 2007 68 PART DE L’OCTROI DE MER DANS LES RECETTES FISCALES : des communes (part moyenne) La Réunion Guyane Martinique Guadeloupe du département 50% 45%* 52% 39% de la région 18% - 25% 27% 42% 36% * après prélèvement de 35% au profit du département Les disparités entre communes à l’intérieur d’un même DOM sont encore plus importantes : elles sont très marquées en Guyane, où l’octroi de mer représente de 18 à 90 % des recettes fiscales des communes, et c’est à La Réunion qu’elles sont les plus resserrées, de 33 à 67%. Dans ces deux départements, les communes de l’« intérieur » ont une part d’octroi de mer plus faible que les communes littorales. Cet état de fait est étroitement lié à la faiblesse du rendement des 4 taxes locales traditionnelles dans les DOM, résultat de plusieurs facteurs : - un recensement souvent insuffisant des bases fiscales, auquel il est progressivement porté remède, avec des effets quantitatifs réels observés par les services du Trésor ; - la faiblesse des bases d’imposition elles-mêmes, due à la situation économique des DOM et aux exonérations particulières concernant la taxe d’habitation et les taxes sur le foncier. Ainsi, en 2004, le potentiel fiscal par habitant des communes des DOM de moins de 10 000 habitants était de 218 euros en moyenne, contre 508 euros en métropole. De même, le potentiel fiscal des communes des DOM de plus de 10 000 habitants s’élevait à 391 euros alors que celui de métropole relevant de la même strate était de 741 euros. L’octroi de mer compense ainsi cette faiblesse de la fiscalité locale en alimentant les budgets communaux pour la plus grande part, par la dotation globale garantie ainsi que par le fonds régional pour le développement et l’emploi. 3 . La réforme du fonds régional pour le développement et l’emploi La loi n° 92-676 du 17 juillet 1992 a créé dans chaque région d’outre-mer un fonds régional pour le développement et l’emploi (FRDE), lequel est constitué par le solde annuel du produit de l’octroi de mer, après affectation aux communes de la dotation globale garantie, et ce fonds était inscrit jusqu’en 2004 au budget des régions (cf. article 18 de la loi). Aux termes de cette loi, les ressources du FRDE étaient affectées, par délibération du conseil régional, à des subventions aux investissements des communes et, depuis 2001, des EPCI, « facilitant l’installation d’entreprises et la création d’emplois dans le secteur productif ou contribuant à la réalisation d’infrastructures nécessaires au développement des entreprises ». Or, il est apparu, au fil des années, que ce mode d’utilisation du FRDE n’était pas satisfaisant : les fonds n’étaient pas intégralement consommés en raison du champ trop restrictif des investissements éligibles et du délai nécessaire à l’instruction de dossiers spécifiques. C’est pourquoi la loi du 2 juillet 2004 relative à l’octroi de mer a réformé le mode d’utilisation du FRDE (articles 49 et 50 de la loi) : - dorénavant, 80% des recettes du FRDE sont directement versées en section d’investissement, en début d’année, aux communes au prorata de leur population, sous forme d’une dotation d’équipement local, non affectée à un projet ; - 20% des recettes du FRDE sont parallèlement versés à la région pour financer ses projets ou ceux d’EPCI ; - de plus, le reversement des ressources du FRDE encaissées par la région depuis sa création jusqu’au 31 décembre 2003 et non engagées (reversement étalé sur 3 ans en 2005, 2006 et 2007) ; Les sommes versées en 2006 et 2007 aux communes au titre du FRDE sont les suivantes : FRDE versé en 2006 Guadeloupe Martinique Guyane Réunion 17,7 21,7 6,7 24,3 M€ M€ M€ M€ FRDE versé en 2007 12,9 M€ 19,1 M€ 3,5 M€ 29,0 M€ Ces sommes représentent de 7% à 10% des recettes réelles d’investissement selon les DOM. Rapport de l’Observatoire des Finances Locales Les finances des collectivités locales en 2007 69 B . Les finances des collectivités locales d'outre-mer Nombre de communes et population dans les DOM en 2005 Moins de 10 000 habitants DOM Nombre de communes Population totale * Taille moyenne des communes Plus de 10 000 habitants DOM Ensemble DOM Rappel Métropole 67 47 114 36 570 289 057 1 416 414 1 705 471 60 423 724 4 314 30 136 14 960 1 652 * : population totale au recensement de 1999 corrigée des recensements complémentaires, le cas échéant. 1 . Les communes Les communes de moins de 10 000 habitants Les montants sont en euros par habitant CG 2005 DOM Métropole Dépenses réelles de fonctionnement hors travaux en régie 1 503 1 011 1 072 643 dont charges de gestion générale 23,9% 29,9% dont frais de personnel 59,9% 46,1% 1,7% 4,2% Dépenses totales * dont intérêts de la dette 492 429 dont remboursements de dette * 13,2% 20,2% dont équipement brut 84,8% 1 567 1 184 63,3% 75,7% 1 091 836 51,3% (16,3%) (36,3%) Dépenses d'investissement y compris travaux en régie * Recettes totales * Recettes de fonctionnement (= RRF) dont impôts et taxes (dont produit des 4 taxes hors reversement de TP / RRF) 25,6% 32,6% (18,1%) 383 (23,6%) 255 dont dotations et subventions d'investissement 75,5% 49,8% dont emprunts 18,3% 39,4% dont dotations et participations (dont DGF / RRF) Recettes d'investissement * * hors gestion active de la dette. CG = comptes de gestion. Source : DGCL à partir du traitement des données DGCP. Les montants sont en euros par habitant Les communes de plus de 10 000 habitants CG 2005 DOM Dépenses totales * 1 524 BP 2006 Métropole ** 1 624 DOM 1 732 Métropole ** 1 690 Dépenses réelles de fonctionnement hors travaux en régie 1 078 1 104 1 124 1 159 dont charges de gestion générale 19,7% 24,3% 19,3% 24,9% dont frais de personnel 59,5% 55,7% 58,4% 55,1% 3,0% 3,3% 3,3% 3,5% dont intérêts de la dette Dépenses d'investissement y compris travaux en régie* 445 519 608 531 dont remboursements de dette * 24,9% 35,4% 15,7% 19,6% dont équipement brut 69,2% 1 537 1 203 59,3% 1 624 1 309 78,4% 1 670 1 218 75,3% 1 612 1 274 Recettes totales * Recettes de fonctionnement (= RRF) 65,2% 58,1% 66,8% 60,0% (23,3%) (37,0%) (24,0%) (38,7%) dont impôts et taxes (dont produit des 4 taxes hors reversement de TP / RRF) 26,1% 30,0% 26,3% 30,7% (19,4%) 334 (21,3%) 315 (20,1%) 452 (22,3%) 338 dont dotations et subventions d'investissement 52,8% 30,3% 62,4% 35,4% dont emprunts 36,0% 59,1% 36,2% 61,1% dont dotations et participations (dont DGF / RRF) Recettes d'investissement* * hors mouvements de gestion active de la dette ou remboursements anticipés. ** hors Paris. CG = comptes de gestion et BP = budgets primitifs. Source : DGCL à partir du traitement des données DGCP. Rapport de l'Observatoire des Finances Locales Les finances des collectivités locales en 2007 70 2 . Les Départements CA 2005 BP 2007 DOM Métropole* Euros par Euros par Euros par Évolution Euros par Évolution habitant habitant habitant BP 2007/2006 habitant BP 2007/2006 DOM Métropole* 1 416 853 1 526 4,8% 1 005 6,4% Charges de personnel 187 104 207 0,6% 134 17,0% Autres charges d'activités 808 415 899 6,6% 474 6,0% Dépenses totales d'aide sociale 804 398 887 7,3% 451 5,2% 56 54 60 -8,9% 68 16,0% Recettes fiscales 761 485 810 4,3% 533 7,5% dont : - Contributions directes (1) 156 282 175 8,3% 312 3,4% 605 204 635 3,2% 221 13,9% 181 117 178 5,5% 151 8,2% 55 73 80 -2,6% 90 4,2% 422 298 444 7,6% 315 6,1% 14,8% 15,5% 7,0% Dépenses réelles totales hors réaménagement de dette Dépenses pour les collèges (fct & inv.) - Autres impôts et taxes Dépenses d'équipement brut Subventions d'équipement Dette au 01/01 Taux d'épargne 12,3% * métropole hors Paris. (1) Dans la nomenclature M52, les contributions directes n'incluent plus les compensations. CA = comptes administratifs et BP = budgets primitifs stricto sensu (chiffres pouvant différer de ceux figurant en annexe 2) En 2007, les départements d'outre-mer représentent 4,7% du volume budgétaire de l'ensemble des départements hors Paris. Source : DGCL. 3 . Les Régions BP 2007 CA 2005 Dépenses réelles totales * Frais de personnel DOM Métropole Euros par Euros par Euros par Évolution Euros par Évolution habitant habitant habitant BP 2007/2006 habitant BP 2007/2006 DOM Métropole 639 295 890 +8,3% 386 +13,2% 37 9 45 +7,8% 25 +114,9% 31 19 52 +4,0% 25 +6,2% Autres charges d'activité ** 184 130 218 +8,1% 171 +13,5% Dépenses totales formation professionnelle 100 54 151 +21,0% 79 +18,2% 98 62 121 +28,0% 85 +23,4% 333 104 339 +5,1% 157 +26,9% 36 65 39 +6,2% 70 -0,4% 297 215 130 39 43 69 301 369 150 +5,0% +12,3% +2,0% 88 50 89 +62,0% +5,8% +6,1% +1,2% 175 +11,6% Charges à caractère général ** Dépenses totales pour lycées Recettes fiscales dont : - Impôts directs - Impôts indirects Dépenses d'équipement brut Subventions d'équipement Dette *** Taux d'épargne 227 160 202 43,5% 33,4% 23,5% 22,7% * hors réaménagement de dette et hors transfert de compétence "transport ferroviaire". ** changement de nomenclature. *** dette au 31/12 pour les comptes administratifs et dette au 01/01 pour les budgets primitifs CA = comptes administratifs et BP = budgets primitifs stricto sensu (chiffres pouvant différer de ceux figurant en annexe 2) En 2007, les régions d'Outre-Mer représentent 6,5 % du volume budgétaire de l'ensemble des régions (hors réaménagement de dette). Source : DGCL. Les régions et départements d'outre-mer disposent de compétences plus étendues qu'en métropole, ce qui explique notamment leur volume budgétaire plus élevé. Rapport de l'Observatoire des Finances Locales Les finances des collectivités locales en 2007 71