La musique classique de l`Inde du Nord

Transcription

La musique classique de l`Inde du Nord
Analyse
Appartient au dossier L'Inde au fil de la musique
:
La musique classique de l'Inde du Nord
La musique vocale
La musique vocale hindoustanie comprend principalement deux grands genres musicaux : le genre dhrupad
qui est le plus ancien (15e siècle) et le khayal qui est à présent le genre dominant. Le khayal, est un terme d’
origine arabo-persane qui signifie « imagination ». Ce genre serait né au début du 17e siècle pour se
développer aux 18e et 19e siècles.
Alors que le chant dhrupad résonne par sa profondeur et son exécution majestueuse, le khayal est
caractérisé par un style virtuose très ornementé et mélismatique. Il offre au musicien un large choix d’
ornementations et une grande liberté dans l’interprétation.
Le dhrupad
Le dhrupad qui a fait un retour sur le devant de la scène depuis les années 70 par la création de
nouveaux festivals, est également associé au jeu de la rudra-vina, une cithare sur tube.
En dhrupad, quatre écoles stylistiques (bani) sont distinguées dont la plus connue actuellement est le
style Dagar.
A écouter
Dhrupad : The Art of Dagarvani
Ustad Sayeeduddin Dagar Dagar, 1999
A la Bpi, 781(540 ART)
Inde du nord : dhrupad et Khyal
Gopal Krishnan, Vichitra Vina, Anindo Chatterjee, tabla,
2009
A la Bpi, 781(540) Kris
A lire :
Dhrupad : poèmes classiques et thèmes d’improvisation des
principaux raga de la musique de l’Inde du Nord
notés et traduits par Alain Daniélou, 1986.
A la Bpi, 781(540) DAN
Le Khayal
En ce qui concerne le khayal, on distingue le khayal en tempo lent ( bara khayal ou « grand
khayal ») qui débute le concert, du khayal en tempo moyen ou rapide ( chota khayal ou « petit khayal »)
qui suit généralement le premier, dans le même raga, parfois sans interruption marquée.
Les poèmes chantés sont en langue braj, un dialecte du hindi parlé dans la région de Mathura, au sud
de Delhi.
On différencie de nombreuses lignées ou écoles stylistiques nommées gharanas qui sont rattachées à
la ville d’origine de leur fondateur (Gwalior, Delhi, Jaipur, etc.). Il existe aussi des formes vocales
qualifiées de « semi-classiques » ( thumri, dadra, tappa) pour lesquelles les règles de présentation du
raga sont plus souples. Celles-ci ponctuent un concert ou sont présentées en deuxième partie de
récital.
A écouter :
Les heures et les saisons
Lakshmi Shankar.
A la Bpi, 781(540) SHAN.L
Inde du nord : Girija Devi en concert, 1995.
A la Bpi, 781(540) DEVI
Inde du Nord : Raga Darbari Kanhada, Raga desh
Lalith Rao, 2006.
A la Bpi, 781(540) RAO
Voyages intérieurs
Sheila Dhar, 1992.
A la Bpi, 781(540)
VOY
Sulochana Brahaspati.
A la Bpi, 781(540) BRAH
Regal Resonance
Ustad Bade Ghulam Ali Khan, 2004.
A la Bpi, 781(540) KHAN
La musique instrumentale
Les sonorités du sitar, de la flûte bansuri et des tablas sont à présent bien connues des mélomanes
européens. Grâce au génie de leurs ambassadeurs qui se produisent régulièrement sur les scènes
internationales, les instruments indiens continuent d’être découverts par le grand public.
Si le chant est maître en Inde, c’est par la musique instrumentale que le monde a découvert la musique
classique indienne à partir des années 60, notamment par l’intermédiaire du joueur de sitar Ravi
Shankar (1920-2012) et du joueur de sarod Ali Akbar Khan [1922-2009]. Des musiciens qui se sont
distingués par leur style et leur talent ont marqué à jamais l’histoire de leur instrument et ont acquis le
statut de stars. Mais il ne faut pas oublier que loin de ce statut de vedette, la grande majorité des
musiciens indiens doivent faire preuve d’une grande créativité pour s’adapter aux exigences d’un
environnement et d’un public changeants.
Selon la sphère religieuse considérée, un musicien dont l'érudition est reconnue porte un titre différent :
Padit pour les hindous alors que les musiciens musulmans ajoutent généralement Ustad à leur nom. Le
titre de pandit comme celui d’ustad sont des titres honorifiques en usage dans d’autres domaines.
Déroulement d’un récital
Il y a un format type du récital de musique hindoustanie. Une formation se compose en général d’un
artiste soliste (assis au centre de la scène), d’un accompagnateur percussionniste (aux tabla ou
pakhavaj, placé à la droite du soliste) et d’un joueur de tampura (assis au second plan). Patiemment et
dans un flux continu, ce dernier égrène une à une les cordes de l’instrument afin de faire résonner les
deux notes principales du raga et créer le continuum sonore si caractéristique de la musique classique
indienne.
Tout au long de l’exécution musicale, la tampura donne les notes principales du raga. Pour les formes
vocales, un accompagnateur mélodique à la sarangi ou à l’harmonium est présent à la gauche du
chanteur.
En savoir plus sur les instruments
de la musique indoustanie.
Le concert instrumental commence traditionnellement par un mouvement en trois parties qu’on nomme
l’ alap (le prélude non mesuré où chaque note du raga est présentée), le jor (partie de l’introduction
dans laquelle une pulsation est introduite) et le jhala (partie rythmique). Ensuite, dans le cadre du tala
joué par le percussionniste sur les tablas ou le pakhavaj (percussion à double face), la partie précomposée, le gat, va être présenté et va constituer la base pour l’improvisation. Chaque instrument a
son répertoire donné. En outre, certains instruments (la flûte bansuri, la shehnai, la sarangi et le violon
notamment) partagent une partie du répertoire vocal. Pour les interprètes se réclamant du gayaki ang
ou « style chanté », le jeu imite l’intonation de la voix, par opposition aux instrumentistes qui adoptent le
tantrakari ang (« style instrumental »). De nombreux instrumentistes se réclament aujourd’hui du « style
chanté ».
Question de transmission et de notation
La notation musicale en Inde sert d’aide mémoire, il ne s’agit donc pas d’une notation prescriptive ou
descriptive. L’apprentissage se fait oralement, par imitation et répétition et la plupart du temps, seule la
composition est notée une fois qu’elle a été apprise oralement.
Depuis la fin du 19e siècle, l’institutionnalisation de l’enseignement de la musique hindoustanie s’est
progressivement réalisée. Trois musicologues ont activement participé à l’évolution du contexte
musical : Sourendro Mohan Tagore (1840-1914) et les marathes Vishnu Narayan Bhatkhande (18601936) et Vishnu Digambar Paluskar (1872-1931). Les premières écoles s’accompagnèrent de la
tentative de systématiser le savoir musical. Des méthodes et des collections de compositions sont
mises au point pour faciliter l’enseignement à une classe d’élèves. Par conséquent, différents systèmes
de notation musicale sont établis mais c’est le système mis au point par V. N. Bhatkhande qui est
actuellement le plus utilisé.
La musique a progressivement été
intégrée dans le cursus
universitaire comme matière à part
entière. Il faut cependant attendre
les années cinquante pour que
des universités proposent un
programme complet dans les
« arts de la scène ». En parallèle
du système traditionnel d’
apprentissage de maître à disciple,
il existe donc des systèmes
institutionnalisés d’enseignement.
La transmission de maître à
disciple reste cependant l’unique
voie vers la reconnaissance.
Sélection de références
Bénarès, musiques du Gange
Yves Billon
1989
Voyage au coeur d’une des villes sacrées de l’Inde, Bénarès. Ce film
documentaire nous fait découvrir sa musique à travers la rencontre de
grands noms de la musique hindoustanie dont le maître
de shehnai (sorte de hautbois), Ustad Bismillah Khan et la célèbre
chanteuse Girija Devi.
Indian music in performance : a practical
introduction
Sorrell, Neil ; MacLean, Mervyn
Manchester University Press, 1980, ROYAUME-UNI
Pour aller plus loin...A la Bpi, niveau 3, cote 781(540) SOR
L'art du raga : la musique classique de l'Inde du Nord
Auboux, François
Minerve, 2003, FRANCE
En amoureux de l’Inde, connaisseur et praticien de musique
hindoustanie, François Auboux présente les principes majeurs de
cette tradition musicale tout en la situant dans son environnement
culturel. Au travers de chapitres thématiques, il explique en termes
simples les subtilités du système rythmique et mélodique et les
notions importantes qui permettront au lecteur d’appréhender l’univers
de cette musique. A la Bpi, niveau 3, 781(540) AUB
Music and musical thought in early India
Rowell, Lewis
Chicago U.P., 1992, ÉTATS-UNIS
Une étude sur les anciennes fondations de la culture musicale de
l'Inde d'après les traités théoriques et la tradition orale. Beaucoup de
citations de l'original sanskrit apparaissent ici en traduction anglaise
pour la première fois, et les informations techniques nécessaires sont
présentés en termes accessibles aux non-spécialistes. A la Bpi,
niveau 3, 781(540) ROW
Musicological literature
Njenhuis, Emmie te
O. Harrassowitz, 1977, ALLEMAGNE
Littérature de l'Inde, du Blengla-desh et du Pakistan. Etude
historique.
The life of music in North India : the organization of an
artistic tradition
Neuman, Daniel M.
University of Chicago press, 1990, ÉTATS-UNIS
Pour aller plus loin...A la Bpi, niveau 3, 781(540) NEU
The Raga guide : a survey of 74 hindustani ragas
Bor, Joep
Nimbus Records, 2005
Publié
le
30/01
/2012
Livre accompagné de 4 CD. Le Raga Guide présente 74 ragas
importants de la musique hindoustanie, résultat d’un travail de
collaboration entre des spécialistes européens de cette musique et
des musiciens indiens. Chaque raga fait l’objet d’une double page
comportant à la fois l’histoire du raga, ses principales caractéristiques
et une partie de la transcription musicale de l’enregistrement audio. En
effet, plusieurs musiciens se sont prêtés au jeu et ont capturé l’
essence de chaque raga au travers d’une performance de quelques
minutes. La notation utilisée est l’écriture sur portée avec en
superposition la notation indienne. C’est un ouvrage utile à tous ceux
qui souhaiteraient apprendre ou devenir un auditeur averti de musique
hindoustanie. A la Bpi, niveau 3, 781(540) RAG
ETHNOLOGIE - MUSIQUE
musiques du monde
Tags
:
Voir aussi
Inde
A propos de l'auteur
Son
Un exemple de dhrupad (Inde du nord))
Publié le 30/01/2012
MUSIQUE
Un extrait de l'album Shiva Mahadeva : Dhrupad classical vocal music of North India / Dagar Brothers,
1996. A la Bpi, 781(540) DAGA
Son
Un exemple de khayal (Inde du nord)
Publié le 30/01/2012
MUSIQUE
Un extrait de l'album Raga Bilaskhani Todi, Khayal Raga Puriya / Ghulam Mustafa Khan, 1994. A la Bpi,
781(540) KHAN.G