Chapitre 2

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Chapitre 2

MASTER TOURISME ET HÔTELLERIE
Parcours « Tourisme et Développement»
MÉMOIRE DE PREMIÈRE ANNÉE
Le rôle des populations locales dans l’activité
touristique comme facteur de développement
durable, dans les sites à forte notoriété.
Le cas de Gavarnie
Présenté par :
Candice TAMAREL
Année universitaire : 2015-2016
Sous la direction de : Pierre TORRENTE
2
MASTER TOURISME ET HÔTELLERIE
Parcours « Tourisme et Développement»
MÉMOIRE DE PREMIÈRE ANNÉE
Le rôle des populations locales dans l’activité
touristique comme facteur de développement
durable, dans les sites à forte notoriété.
Le cas de Gavarnie
Présenté par :
Candice TAMAREL
Année universitaire : 2015-2016
Sous la direction de : Pierre TORRENTE
3
L’ISTHIA de l’Université Toulouse - Jean
Jaurès n’entend donner aucune approbation, ni
improbation dans les projets tuteurés et
mémoires de recherche. Les opinions qui y
sont développées doivent être considérées
comme propres à leur auteur(e).
4
REMERCIEMENTS
Je tiens tout d’abord à remercier l’ensemble de l’équipe pédagogique de l’ISTHIA, qui m’a
apporté des connaissances et des compétences nécessaires à l’écriture de ce mémoire,
depuis le début de ma licence en Tourisme et Développement.
Je remercie tout particulièrement mon maître de mémoire, Pierre TORRENTE, pour son
suivi, son accompagnement, son écoute et sa disponibilité tout au long de cette année. Je le
remercie également pour tous ses enseignements qui m’enrichissent beaucoup et dont je
fais référence dans ce mémoire.
Je remercie bien évidemment toutes les personnes qui m’ont accordé de leur temps pour les
entretiens réalisés, qui ont permis d’enrichir ce mémoire de par leur expérience et leur
savoir.
Je remercie également toutes les personnes qui ont participé à la relecture de ce mémoire,
Denise Laporte, mon institutrice de l’école primaire, mes parents, ainsi que mon amie
précieuse, Nawal. Je remercie bien particulièrement mon amie Pauline Dovin pour m’avoir
accompagné dans cette année difficile pour moi, pour son soutien, sa bienveillance et son
amitié, ainsi que pour sa relecture importante.
Merci à tous mes proches et mes amis pour leur soutien au quotidien tout au long de cette
année.
Enfin, je remercie mon père, qui m’a transmis ses valeurs montagnardes, qui, aujourd’hui,
expliquent mon attachement à la montagne et mon inspiration pour ce sujet.
5
SOMMAIRE
REMERCIEMENTS ....................................................................................................................................... 5
SOMMAIRE .................................................................................................................................................... 6
INTRODUCTION GENERALE .................................................................................................................... 8
METHODOLOGIE ENTRETIENS SEMI-DIRECTIFS .......................................................................... 11
PARTIE 1 : ESSOR DU TOURISME, DEVELOPPEMENT DURABLE ET SITES A FORTE
NOTORIETE ................................................................................................................................................. 12
INTRODUCTION DE LA PARTIE 1 ......................................................................................................... 13
CHAPITRE 1 : LE DEVELOPPEMENT DURABLE : HISTOIRE ET ENJEUX DANS L’ESSOR DU
TOURISME ................................................................................................................................................... 14
1.
LE DEVELOPPEMENT DU TOURISME : HISTORIQUE ET ENJEUX ............................................................ 14
2.
DU TOURISME DE MASSE A LA NAISSANCE DU DEVELOPPEMENT DURABLE ........................................ 18
3.
PAS DE NATURE SANS HUMANITE ....................................................................................................... 23
CHAPITRE 2 : LE TOURISME FACTEUR DE DEVELOPPEMENT DURABLE DES
TERRITOIRES DE MONTAGNE .............................................................................................................. 27
1.
LE TOURISME, FACTEUR DE DEVELOPPEMENT DURABLE DES TERRITOIRES ........................................ 27
2.
LE TOURISME EN ESPACE MONTAGNARD ............................................................................................ 30
CHAPITRE 3 : LES SITES A FORTE NOTORIETE DANS LES TERRITOIRES DE MONTAGNE :
ENJEUX ET PROBLEMATIQUES ............................................................................................................ 36
1.
LES SITES TOURISTIQUES A FORTE NOTORIETE ................................................................................... 36
2
LES PROBLEMATIQUES INHERENTES AUX SITES A FORTE NOTORIETE DANS LES TERRITOIRES DE
MONTAGNE ..................................................................................................................................................
38
SYNTHESE DE LA PARTIE 1 .................................................................................................................... 42
PARTIE 2 : QUELLE PLACE DONNER AUX POPULATIONS LOCALES DE MONTAGNE DANS
LE PROCESSUS DE TOURISME FACTEUR DE DEVELOPPEMENT DURABLE, DANS LES
SITES A FORTE NOTORIETE ? ............................................................................................................... 43
CHAPITRE 1 : L’ACTIVITE TOURISTIQUE AUTOUR DU PILIER ECONOMIQUE DU
DEVELOPPEMENT DURABLE, AU BENEFICE DES POPULATIONS LOCALES ......................... 45
1.
L’ENCADREMENT D’UN SITE A FORTE NOTORIETE EN MONTAGNE ...................................................... 45
2.
UNE OFFRE ADAPTEE AUX NOUVELLES FORMES DE TOURISME ........................................................... 52
3.
DES PROJETS DE DEVELOPPEMENT TOURISTIQUE ADAPTES AU DEVELOPPEMENT DURABLE ............... 53
6
CHAPITRE 2 : LE PATRIMOINE CULTUREL, LEVIER DU PILIER SOCIAL ET
ENVIRONNEMENTAL, POUR UN TOURISME FACTEUR DE DEVELOPPEMENT DURABLE 56
1.
LE PATRIMOINE, UN HERITAGE DE L’HISTOIRE ................................................................................... 56
2.
LA MISE EN VALEUR DE CETTE IDENTITE CULTURELLE AUTOUR DU PATRIMOINE .............................. 59
3.
LES RELATIONS ENTRE TOURISME CULTUREL ET DEVELOPPEMENT TERRITORIAL .............................. 63
PARTIE 3 : LE CAS DU VILLAGE DE GAVARNIE .............................................................................. 70
CHAPITRE 1 : GAVARNIE, JOYAU NATUREL ET CULTUREL DE RENOMMEE MONDIALE 71
1.
LE CIRQUE DE GAVARNIE................................................................................................................... 71
2.
UN PATRIMOINE CULTUREL IMPORTANT ............................................................................................ 77
3.
LA FREQUENTATION DU SITE A FORTE NOTORIETE QU’EST GAVARNIE ............................................... 81
CHAPITRE 2 : JUSTIFICATION DES HYPOTHESES A TRAVERS LE TERRAIN D’ETUDE
CHOISI : LE SITE DE GAVARNIE ........................................................................................................... 82
1.
LE CHOIX DU TERRAIN D’ETUDE......................................................................................................... 82
2.
LE TERRAIN D’ETUDE CONFRONTE AUX HYPOTHESES ........................................................................ 83
FIGURE 14 : PERIMETRE DE L’OPERATION GRAND SITE ............................................................... 90
CHAPITRE 3 : METHODOLOGIE PROBATOIRE ................................................................................ 92
1.
ÉTUDE SUR LA PERCEPTION DE LA PRESENCE DES DIFFERENTS ENCADREMENTS SUR LE TERRITOIRE
(UNESCO, GRANDS SITES, PARC NATIONAL, ETC.) ................................................................................... 92
2.
L’ANALYSE DE LA SITUATION ............................................................................................................ 94
3.
PORTRAIT IDENTITAIRE ...................................................................................................................... 95
SYNTHESE DE LA PARTIE 3 .................................................................................................................. 97
CONCLUSION GENERALE ..................................................................................................................... 98
BIBLIOGRAPHIE ...................................................................................................................................... 100
TABLE DES ANNEXES ............................................................................................................................. 102
TABLE DES FIGURES .............................................................................................................................. 130
TABLE DES MATIERES .......................................................................................................................... 131
RÉSUMÉ ...................................................................................................................................................... 136
7
INTRODUCTION GENERALE
Au-delà d’être une activité, le tourisme est aujourd’hui devenue une véritable industrie
mondiale, organisée autour de ressources sociales, financières et environnementales.
L’activité touristique s’est développée au fil des siècles, et a connu différentes crises
mondiales (guerres, chocs pétroliers, crises économiques, crises géopolitiques), subissant
ainsi des changements, propre aux politiques mises en place à chaque situation. Malgré
tout il s’est développé de façon importante et a subit un essor important depuis la fin de la
seconde guerre mondiale, aboutissant ainsi à un tourisme de plus en plus consommateur de
ressources. Inscrit dans une société de consommation à l’heure d’aujourd’hui, le tourisme a
profondément modifié les modes de vies actuels. Le loisir et le tourisme font ainsi partie
intégrante de la société actuelle. Aujourd’hui et ce depuis quelques années, une véritable
prise de conscience voit le jour. En effet, avec la crise environnementale due au
changement climatique, il se pause la nécessité de repenser le tourisme. Ainsi, depuis les
années 1980, la notion de développement durable fait son entrée dans le tourisme. La
réflexion sur la consommation de masse du tourisme a en effet engendré une nouvelle
façon de pratiquer l’activité touristique, dans la nécessité d’utiliser les ressources de façon
durable.
La montagne a fait sa place dans le tourisme, petit à petit. Liée d’abord à une image
négative, elle devient alors un lieu privilégié de vacances pour les citadins voulant se
ressourcer. L’air pur, les vertus thérapeutiques des eaux thermales et l’aspect sportif de la
montagne prend ainsi le dessus. Cependant, les territoires de montagnes restent des
territoires fragiles, riches de ressources à préserver. Le patrimoine naturel et culturel de ces
territoires de montagnes a attiré de plus en plus de visiteurs, et des espaces de montagne se
sont vu attribuer la fonction de site touristique, véritables pôles d’attraction caractérisés par
l’affluence massive des visiteurs. Certains de ces territoires se sont vu être classés,
encadrés, par des labels ou marques de notoriétés, augmentant ainsi la fréquentation de ces
sites fragiles.
Face à ce double constat, et malgré que l’Homme soit souvent réputé comme
autodestructeur de ses ressources, il paraît difficile de dissocier l’Homme et la nature. En
effet, il fait partie intégrante de son environnement et est bien sûr associé au
développement durable à travers le pilier social. Alors, plutôt que de faire une « entrée »
seulement sur l’environnement, dans ce mémoire, nous avons plutôt décidé de se demander
8
comment le lien entre l’Homme et la nature en général pourrait faire place dans le
tourisme. Ainsi à travers les recherches exploratoires et les expériences personnelles, il
nous a semblé intéressant de comprendre comment la place des populations locales dans le
tourisme pourrait favoriser un tourisme plus respectueux des différentes ressources. En
effet, le rôle des populations locales dans le tourisme nous semble important, à plusieurs
raisons. D’abord, ceux sont elles qui vivent sur le territoire et qui peuvent faire perdurer
leurs ressources. Il en revient ainsi à elles de vouloir faire partager ces ressources et de
vouloir s’engager dans une activité touristique. De plus, du point de vue des visiteurs,
lorsque l’on part en vacances, c’est directement à elles que l’on a à faire. Elles peuvent
ainsi avoir un rôle important dans l’information, la sensibilisation, la transmission de
savoirs, etc. Elles reflètent l’image d’un territoire à travers une identité culturelle propre à
leur histoire, leur patrimoine. Ainsi, il en ait donc ressorti une question de départ qui était
la suivante : Quelle est le rôle des populations locales dans l’évolution du tourisme
pour une gestion raisonnée de l’environnement ?
Au fur et à mesure de la recherche exploratoire, la question de départ s’est affinée pour
devenir une problématique. Ce mémoire sera ainsi composé de trois parties : la première
permettant la définition des concepts et des notions clés du sujet. La seconde présentera les
deux hypothèses mises en avant grâce au travail de recherche et aux entretiens semidirectifs réalisés, permettant de répondre à la problématique préalablement établie. Enfin la
troisième partie présentera le terrain d’étude choisi, le site de Gavarnie, afin de le
confronter aux hypothèses émises en partie deux. Il s’agira alors de mettre en place une
méthodologie probatoire donnant la possibilité de vérifier les hypothèses.
9
Ainsi l’écriture de ce mémoire s’est décomposée en cinq étapes comme suit :
10
METHODOLOGIE ENTRETIENS SEMI-DIRECTIFS
Avant de commencer ce mémoire, il est important d’expliquer la méthodologie
empruntée pour les entretiens semi-directifs cités tout au long de ce mémoire. Tout
d’abord, à lieu la rencontre de Mme. V, directrice et conservatrice au musée Pyrénéen du
château fort de Lourdes, afin d’aborder le thème du patrimoine et de l’identité culturelle
Pyrénéenne. Ensuite, le second entretien avec Mr.W, chargé de mission tourisme durable
du Parc National des Pyrénées nous a permis de comprendre le lien entre tourisme et
environnement mais aussi de parler de l’intégration des populations locales dans le Parc
National. Le troisième entretien avec Mr.X, PDG de La Balaguère et président de la
communauté de communes du Val d’Azun, a permis de comprendre l’effet positif que peut
avoir le sentiment d’appartenance à un territoire, et la passion pour ce dernier. Enfin, le
dernier entretien semi-directif avec Mme.Y, directrice de l’hôtel Compostelle à Gavarnie a
été très enrichissant pour comprendre la vision d’une habitante mais aussi d’une
socioprofessionnelle du secteur du tourisme dans le terrain d’étude choisit. De plus, un
contact par mail avec Mr.Z, ancien élu de Gavarnie, a permis d’argumenter la partie trois
de ce mémoire et d’avoir aussi une vision de la situation passée et actuelle du tourisme à
Gavarnie. Ces entretiens nous ont permis de construire les hypothèses de travail que nous
allons appréhender dans la seconde partie, de les infirmer, confirmer ou modifier. Nous
avons procédé de la même façon pour chaque début d’entretien :
1) Présentation personnelle
2) Présentation du thème du mémoire : question de départ et problématique
Question de départ : Quel est le rôle des populations locales dans l’évolution du tourisme
pour une gestion raisonnée de l’environnement ?
Problématique : Quelle place donner aux populations locales de montagne dans le
processus de tourisme facteur de développement durable, dans les sites à forte notoriété ?
Puis, chaque entretien a été établi en fonction de la personne rencontrée et des sujets
traités, comme vous pourrez le voir dans nos annexes.
11
PARTIE 1 : Essor du tourisme, développement durable et sites
à forte notoriété
12
Introduction de la Partie 1
Le tourisme a connu un développement rapide en France après la seconde guerre
mondiale, pour aboutir à une activité touristique parfois nocive aux différents patrimoines
d’un territoire (naturel, culturel, etc.) et entrainant des économies fragiles, aux dépens du
nombre de touristes.
Le développement durable est une notion maintenant bien connue de tout le monde. Petit à
petit associée au développement touristique, elle intègre les notions économiques, sociales,
et environnementales pour une gestion plus raisonnée du tourisme.
Cette première partie va donc permettre de préciser le sujet en abordant cette notion avec
une approche historique qui mettra en relief ses enjeux et son imbrication au sein du
tourisme.
L’approche historique du tourisme et du développement durable sera croisée avec le rôle
des populations locales pour essayer de comprendre la place qu’elles ont eue et celle
qu’elles peuvent avoir dans le développement touristique, en faveur du développement
durable.
Nous tenterons de déterminer comment s’effectue le processus d’imbrication du
développement durable dans le développement touristique de la montagne et ce qu’il peut
apporter, notamment dans l’intégration des populations locales.
Puis grâce à ces analyses, nous montrerons l’attractivité des sites à forte notoriété, et les
enjeux et problématiques qui en ressortent.
Tout ceci nous permettra par la suite d’élaborer deux pistes de réflexions autour du sujet.
13
Chapitre 1 : Le développement durable : histoire et enjeux dans
l’essor du tourisme
Dans ce chapitre, nous aborderons l’aspect historique du tourisme par la notion de
« Grand Tour », puis nous aborderons le processus de démocratisation du tourisme, tout en
essayant d’arriver au constat de l’apport du développement du tourisme pour les
populations locales, dans l’histoire.
Cet essai de définition semble primordial dans une volonté de regarder l’intégration des
populations locales à l’activité touristique, tout au long de son développement.
1. Le développement du tourisme : historique et enjeux
1.1. La naissance du tourisme par la notion du « Grand Tour »
Le tourisme s’est doucement développé autour de la notion de « Grand Tour ». Le
« Grand Tour » était un voyage initiatique, éducatif et distractif, réservé aux grands
aristocrates nord-européens et plus particulièrement anglais. Ces jeunes aristocrates
effectuaient un « tour » consistant à visiter les grandes villes d’Europe. Ils faisaient partis
de l’élite, accompagnés par des « tuteurs » chargés de les suivre dans leur voyage. C’est
cette élite princière anglaise, qui permit à l’Europe, et plus particulièrement à la France, de
développer l’activité touristique. Ce « tour » s’accompagnait du concept d’hivernage
puisque les anglais venaient plusieurs mois en France, et notamment sur la Côte d’Azur et
au Pays Basque, pendant l’hiver, pour profiter des vertus thérapeutiques que pouvait
apporter la mer ainsi que du climat plus clément. C’est de là que découle le premier
modèle de produit touristique que fut le complexe balnéaire de Bath, au Royaume-Uni.
Une dynamique territoriale se créa grâce à une clientèle de plus en plus nombreuse et les
populations locales des territoires d’accueils y trouvèrent une nouvelle source de revenus.
L’exemple de l’aménagement de la promenade des Anglais en est l’illustration.1 Ce voyage
initiatique et de connaissance permettait aux jeunes aristocrates de forger leur identité à
travers l’expérience de la rencontre et du contact avec les autres.2
1
Cours de Torrente P, « Le tourisme durable et la notion de projet : apports théoriques et méthodes», Licence Tourisme
et Développement.
2
Gilles Bertrand, « La place du voyage dans les sociétés européennes (XVIe-XVIIIe siècle) », Annales de Bretagne et
des Pays de l’Ouest [En ligne], 121-3 | (consulté le 26/11/2015) URL : http://abpo.revues.org/2834
14
Selon M.BOYER, c’est cette villégiature au Soleil qui serait la première « invention » du
tourisme.
Ainsi, de nombreuses définitions du tourisme ont été élaborées au fil des siècles mais c’est
bien le mot « touring », apparu en Angleterre pour définir le fait d’effectuer « the tour »
(Le Grand Tour) qui donnera ensuite le concept de tourisme. Ce n’est pourtant qu’au début
des années 2000 que l’Organisation Mondiale du Tourisme permet une définition claire de
l’activité touristique qui est la suivante :
« Les activités déployées par les personnes au cours de leurs voyages et de leurs séjours
dans les lieux situés en dehors de leur environnement habituel pour une période
consécutive qui ne dépasse pas une année, à des fins de loisirs, pour affaires et autres
motifs ».3
Cette définition servant surtout à différencier l’activité touristique des excursionnistes,
nous définirons l’activité touristique plus simplement pour la suite de notre travail :
l’activité touristique est un déplacement d’un point A vers un point B, A étant notre
univers quotidien et B notre univers inhabituel.4
1.2. L’intégration des populations locales à l’essor du tourisme
Les populations locales ne restent pas passives face à des étrangers qui, de plus en
plus nombreux, se déplacent pour leur plaisir. Dès la venue de ces jeunes aristocrates,
notables, sociétés et municipalités mettent en avant les attraits de leur région. Avec plus ou
moins de succès, les citoyens s’investissent dans les comités locaux des Touring Club et
dans les sociétés locales de protection de la nature, font des conférences et servent de
guides aux visiteurs, créent des musées de folklore ou des Syndicats d’Initiative. On
réinvente des fêtes traditionnelles, on classe les monuments, on transforme l’art populaire,
rebaptisé artisanat à la fin du XIXe  siècle, pour l’adapter à la demande des visiteurs 5. Les
populations locales sont à cette période, des unités sociales et économiques à part entière.
Cependant, les initiatives sont souvent celles d’investisseurs étrangers et notamment
britanniques, avec par exemple, la première agence de voyage créée par l’homme
d’affaires britannique Thomas Cook, en 1840. C’est aussi à cette période que sont édités
3
DEMEN MEYER C. Le tourisme : essai de définition. Management & Avenir. 2005/1 n°3, p.7-25
4
et Développement.
5
http://www.scienceshumaines.com/l-avenement-du-tourisme-de-masse_fr_26905.html (consulté le 01/02/2016)
15
les guides touristiques tels que les guides Joanne, les guides verts de Michelin. Ces guides
sont vendus d’abord en Angleterre et firent petit à petit leur apparition en France au
XIXème siècle. Le métier de guide fut conçu à cette période, avec les populations locales
qui vinrent dans le tourisme une activité complémentaire. D’abord porteurs, ils se
promurent Guides pour accompagner les visiteurs sur leur territoire.6 Cependant, déjà,
certaines populations devinrent dépendantes de ce tourisme, délaissant leurs activités
traditionnelles.
1.3. Le développement des transports et l’avènement du loisir pour des vacances pour
tous
Parallèlement à cela, se développent des transports, tels que les chemins de fer, le
bateau et la route. Ces nouveaux moyens de transports entraînent une nouvelle notion de
« voyage », permettant de rallier plusieurs destinations. Ainsi, naissent petit à petit les
destinations touristiques ou se construisent des hébergements pour l’accueil des touristes,
autour des gares notamment. Grâce à ce tourisme, l’aménagement du territoire prend tout
son sens, autour des grands pôles touristiques. Avec l’essor de ces transports, et notamment
avec l’apparition de la voiture au début du XXème siècle, se développe de plus en plus le
tourisme. Les difficultés que connaitront le monde et la France avec le crack boursier de
1929 freinent ce mouvement. C’est à l’aube de la seconde guerre mondiale que naissent les
loisirs avec les premières colonies de vacances et auberges de jeunesses grâce à Léon Blum
en 1930. Puis, avec l’arrivée au pouvoir du Front Populaire en 1936, ce furent les premiers
congés payés et le billet de train à tarif réduit pour tous les salariés.
La seconde guerre mondiale stoppa cet engouement. Néanmoins, il en ressort un
développant croissant du tourisme, dans ce que l’on va appeler les « Trente Glorieuses »
(1950-1980) au sortir de la guerre. Les grandes destinations touristiques se font connaître
et les missions interministérielles du tourisme vont développer notamment la Côte
Languedocienne et la Côte Aquitaine. De plus, le tourisme s’internationalise, le modèle de
développement touristique français s’ouvre à l’étranger. Les destinations touristiques
majeures s’organisent pour répondre aux attentes des clientèles souvent saisonnières.7
6
Entretien semi-directif de Mme V, directrice et conservatrice du musée Pyrénéen de Lourdes
7
et Développement.
16
Ainsi, au fil des décennies, le tourisme connaît un essor très grand, au point de devenir un
des pôles économiques le plus important au monde. Le tourisme est aujourd’hui un des
grands acteurs du commerce international et constitue une large part des revenus des pays
en voie de développement. En termes de recette, le total des exportations du tourisme
international atteint 1 500 milliards de dollars en 2015. Le nombre de voyageurs, quant à
lui, atteint 1 milliard 184 millions d’arrivées internationales en 2015, soit 50 millions de
plus que l’année passée. Les arrivées internationales, augmentent de 4% par an depuis la
crise de 2008.8
FIGURE 1 : ÉVOLUTION DES ARRIVEES DE TOURISTES INTERNATIONAUX DE 1995 A 2015
(SOURCE : OMT)
FIGURE 2 : ÉVOLUTION DES ARRIVEES DE TOURISTES INTERNATIONAUX DE 2011 A 2015
(SOURCE : OMT)
8
http://media.unwto.org/fr/press-release/2016-01-18/record-d-arrivees-de-touristes-internationaux-en-2015-12-milliarden-hausse (consulté le 02/02/2016)
17
Cette croissance forte de l’activité touristique qui a permis de démocratiser les vacances
n’est pas sans conséquence. Aujourd’hui, le tourisme est devenu un tourisme de masse,
dégradant souvent les cultures et l’environnement et entrainant le déséquilibre social,
économique et environnemental des territoires.
2. Du tourisme de masse à la naissance du développement durable
2.1. Le tourisme de masse et ses conséquences
La multiplication des destinations et l’internationalisation du tourisme durant les
Trente Glorieuses favorisent la montée en puissance de l’activité touristique. Cette époque
correspond à l’âge d’or du tourisme de masse. Les territoires s’organisent pour répondre
aux attentes d’une clientèle de plus en plus nombreuse, bouleversant ainsi bien souvent
l’organisation sociale établie, et délaissant les activités traditionnelles au profit du
tourisme. Le tourisme est un marqueur social et pousse de plus en plus de personnes à
partir en vacances, afin d’avoir une certaine reconnaissance sociale.9 Le tourisme de masse
afflue dans certaines destinations, qui ne maîtrisent plus cette foule de touristes envahissant
leur territoire. Les impacts de ce tourisme sont multiples :
 Un fossé économique :
La plupart des revenus ne restent pas dans les pays d’accueil, puisque les investisseurs sont
bien souvent étrangers. De plus, les emplois proposés aux populations locales sont pour la
plupart des emplois précaires par manque de formation à des postes de responsabilités. Ici,
se révèle alors la problématique de la gestion des flux financiers et de l’apport du tourisme
sur le développement local du territoire.
 Un choc culturel et social :
« Il est bon de partir, dévastateur d’arriver. »10
En effet, les rapports entre visiteurs et visités peuvent être problématiques. On constate
souvent un effet d’acculturation (modification des modèles culturels de base11). Bien
souvent, on observe un effet d’imitation des populations locales envers les touristes,
notamment dans les pays en voie de développement qui voudraient paraître « riches »
9
Cours de Bessiere J., Sociologie du tourisme, Master 1 Tourisme et Développement
10
Viard J, Cours de Bessiere J, Sociologie du tourisme, Master 1 Tourisme et Développement
11
Définition du Larrousse
18
comme les touristes sur leur territoire. On assiste alors à une perte des valeurs et des
mœurs, quelquefois même à l’abandon de traditions. Alors, ces dernières, adaptées aux
désirs des touristes, sont intégrées au folklore. Il en ressort parfois un effet de dépendance
des populations accueillantes envers les visiteurs et une montée en puissance des
inégalités. Les populations locales subissent alors bien souvent le tourisme sur leur
territoire, sans pouvoir le réguler, avec souvent une grande différence entre le nombre de
visiteurs et le nombre d’habitants d’un territoire.
 Une empreinte écologique et l’impact environnemental :
Le tourisme amène parfois des problèmes de pollution des espaces avec les déchets
notamment, de dégradation du territoire et de l’habitat naturel pour les écosystèmes.
L’urbanisation sur des sites fragiles vient alors bousculer la vie des espèces. A cela
s’ajoute une surconsommation des ressources naturelles et notamment la ressource en eau,
à cause de la consommation en eau dans les grands complexes, avec piscine, golf et
pelouses à entretenir. Cette surconsommation en eau et en ressources naturelles se fait
souvent au détriment des populations locales. Enfin, 20% des gaz à effet de serre,
responsables du réchauffement climatique, proviennent des déplacements touristiques et
notamment de l’avion.12
Ces conséquences sur les populations locales, sur la planète, l’économie et la société font
apparaître une lente prise de conscience, qui aboutira à la création de lois de protection, par
exemple, la loi de protection des espaces montagnards en 1985 et celle de protection du
littoral en 1986.
2.2. La notion de développement
Selon Jean-Paul Maréchal et Béatrice Quenault (Le développement durable, une
perspective pour le XXIème siècle, 2005, p31), la croissance a longtemps été religion, et
notamment au sortir de la guerre pendant les Trente Glorieuses. Jusqu’à la moitié du
XIXème siècle, croissance et développement se confondaient car au sortir de la guerre,
l’augmentation de la richesse, l’amélioration des conditions de vie et la croissance
économique étaient confondues
avec le
développement.
Cependant,
le terme
développement n’est quasiment pas utilisé jusqu’aux années 1950 ou alors simplement
12
Article de Sentiers pour l’enfance, association Française pour un tourisme responsable
https://www.ammado.com/nonprofit/46037/articles/844 (consulté le 09/02/2016)
19
utilisé pour définir la croissance économique. . Avant de définir le développement durable,
attardons nous à définir le développement. Au-delà de la dimension souvent économique
qui lui est toujours associée, le développement implique aussi une évolution, une
transformation sociale et culturelle. Le développement part d’une situation initiale pour
aboutir à une nouvelle situation, plus favorable que la situation de départ.13 En effet, en
sciences sociales, « le terme de développement, désigne l’amélioration des conditions et
de la qualité de vie d’une population, et renvoie à l’organisation sociale servant de cadre
à la production du bien être »14.
Une nouvelle façon de penser les rapports entre l’agir économique et les sphères sociales et
naturelles apparaît vers les années 1970.
2.3. Les prémices du développement durable dans l’activité touristique
Comme le souligne Yvette Veyret (Le ciel ne va pas nous tomber sur la tête, 2010,
p29), les intérêts pour la planète et sa protection datent déjà du milieu du XIXème siècle où
certains géographes (G.P Marsh, F.Ratzel) ou des biologistes (F.Osborne) dénoncent déjà
les méfaits de l’Homme sur la nature. Cette dénonciation continue au fil des années avec
des mouvements écologistes qui voient déjà l’appauvrissement progressif des ressources
naturelles. Le club de Rome, créé en 1968, continuera dans cette lancée, publiant le rapport
Meadows concluant sur le fait que nous assisterons tôt ou tard à une crise
environnementale. Les années 80 confirment cette crise environnementale avec une vision
où l’homme, source de tous les maux, est nuisible à la nature.
Suite au développement fulgurant du tourisme et des nombreux impacts négatifs du
tourisme de masse, une prise de conscience globale apparaît dans les années 1970, et ce,
surtout par rapport aux conséquences environnementales. C’est ainsi que, selon Sylvie
Clarimont et Vincent Vlès (Tourisme durable en montagne : entre discours et enjeux,
2006, p10), l’écotourisme va précéder la notion de développement durable dans l’activité
touristique. Cette notion, qui apparaît pour la première fois dans la littérature anglosaxonne, se définit comme un tourisme de nature développant en parallèle le tourisme et la
protection des lieux sensibles. Il est caractérisé par sa faible capacité de charge (la capacité
13
Cours de Torrente P, « Le tourisme durable et la notion de projet : apports théoriques et méthodes», Licence
Tourisme et Développement.
14
Définition Développement Berbard Bret. http://www.hypergeo.eu/spip.php?article511# (consulté le 10/03/16)
20
de charge représente le niveau de saturation d’une destination, en nombre de visiteurs).15
Le Sommet Mondial de l’écotourisme, qui a eu lieu en 2002, à Québec, définit la notion
comme une forme d’activité touristique, diffuse, respectueuse des milieux et des
communautés locales. C’est ainsi que l’écotourisme précèdera la notion de développement
durable et notamment l’intégration de celui-ci dans l’activité touristique.
2.4. Les dates clés de la naissance du développement durable
Ainsi apparait la notion de développement durable, une notion plus large que le
développement,
puisqu’elle
environnementales.
intègre
les
dimensions
économiques,
sociales
et
16
Le développement durable est proposé pour la première fois dans le rapport sur la stratégie
mondiale pour la conservation, en 1980. Ce rapport associe conservation de la nature et
développement. Cette double approche est issue d’un processus engagé dès 1975 par
l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) avec les Nations Unies
pour l’Environnement (PNUE) et l’ONG WWF (Organisation Non Gouvernementale
World Wildlife Fund). Le développement y est défini comme la « modification de la
biosphère et l’emploi des ressources humaines, financières, vivantes et non vivantes pour
satisfaire aux besoins des hommes et améliorer la qualité de leur vie », et la conservation
comme « l’utilisation par l’homme de la biosphère de manière que les générations
actuelles tirent le maximum d’avantages des ressources vivantes tout en assurant leur
pérennité pour pouvoir satisfaire aux besoins et aux aspirations des générations futures. »
Nous sommes pour l’instant dans une dimension plutôt écologique. Cette dimension
s’illustre par l’organisation de la conférence de Stockholm en 1972. En effet, le
développement durable est apparu petit à petit, à travers plusieurs conférences majeures.
2.4.1 La conférence de Stockholm ou le premier Sommet de la Terre
Le premier Sommet de la Terre, en 1972, a réunit 113 Etats et 100 000 écologistes.
Sous la devise "Une seule Terre", l’objectif est d’inaugurer une coopération internationale
pour l’amélioration des conditions de vie. L’approche est novatrice puisqu’elle cherche à
lier développement et environnement dans le cadre d’une action mondiale. La conférence
15
http://www.universalis.fr/dictionnaire/ecotourisme/ (consulté le 10/02/16)
16
21
de Stockholm s’est achevée par une déclaration de 26 principes, des objectifs spécifiques
accompagnés d’un plan d’action, et la création du Programme des Nations Unies pour
l’environnement.17
2.4.2 La conférence de Rio
Ce deuxième rassemblement international majeur sur l’environnement et le
développement s’est tenu à Rio en 1992, réunissant 117 Chefs d’Etats et de gouvernements
et 178 Pays. Ce second sommet de la terre, a été marqué par l’adoption d’un texte
fondateur de 27 principes appelé « Déclaration de Rio sur l’environnement et le
développement », précisant ainsi la notion de développement durable. Il met en évidence le
caractère indissociable de la protection de l'environnement et du processus de
développement ; fait prendre conscience de la nécessité d'un partenariat à l'échelon
mondial et d'un engagement politique au plus haut niveau. Cela s’illustre par les principes
suivants : « Les Etres Humains sont au centre des préoccupations relatives au
développement durable. Ils ont droit à une vie saine et productive en harmonie avec la
nature. » (Principe 1), « La paix, le développement et la protection de l'environnement sont
interdépendants et indissociables. » (Principe 25).18 C’est ainsi que le développement
durable intègre maintenant les dimensions environnementales, écologiques et sociales.
En 1997, la conférence de Kyoto, rassemble les signataires de la convention de Rio, pour
parvenir à un accord international concernant la réduction des émissions de gaz à effet de
serre (protocole de Kyoto).
2.4.3 La conférence de Johannesburg
Le troisième Sommet de la Terre s’est tenu en 2002, en Afrique du Sud, à
Johannesburg. Ce sommet mondial du développement durable, organisé par les Nations
Unies, recommande une série de mesures pour réduire la pauvreté et protéger
l’environnement. Réunissant plus de 100 chefs d’Etats, plusieurs dizaines de milliers de
représentants gouvernementaux et d'organisations non gouvernementales, ce sommet à
abouti à l’adoption d’un plan d’action en 153 articles décomposés en 615 alinéas sur de
17
http://www.futura-sciences.com/magazines/environnement/infos/dico/d/developpement-durable-conferencestockholm-7173/ consulté le 13/02/16
18
http://www.un.org/french/events/rio92/rio-fp.htm (consulté le 13/02/16)
22
nombreux sujets (l'eau, l'énergie, la santé, l'agriculture, la diversité biologique, la pauvreté,
les droits de l’Homme).
2.5. Définition du développement durable
Ainsi, ces quatre dates clés font partie de l’histoire du développement durable :
elles illustrent l’évolution de ce concept. D’une notion écologique, le développement
durable a intégré d’autres notions, devenant ainsi un nouveau modèle de croissance. C’est
le rapport Brundtland, qui en 1987, propose une première définition du développement
durable :
« Le développement durable est un développement qui répond aux besoins
des générations du présent sans compromettre la capacité des générations
futures à répondre aux leurs. Deux concepts sont inhérents à cette notion :
le concept de " besoins ", et plus particulièrement des besoins essentiels des
plus démunis, à qui il convient d’accorder la plus grande priorité, et l’idée
des limitations que l’état de nos techniques et de notre organisation sociale
impose sur la capacité de l’environnement à répondre aux besoins actuels et
à venir. »19
Selon Sylvie Clarimont et Vincent Vlès (Tourisme durable en montagne : entre discours et
pratiques, 2007, p1), « Inscrit dans la LOADDT de 1999 puis dans la Constitution de la
France, le développement durable est devenu incontournable car susceptible de redonner
du sens à la planification touristique locale et d’entraîner une régulation des pratiques, voir
de favoriser l’émergence d’un nouveau champ de pratiques.»
3. Pas de nature sans humanité
3.1. Les piliers du développement durable
Le développement durable se décline en trois dimensions : le social, l’économie et
l’environnement. Le social doit être un objectif, l’économie un moyen et l’environnement
une condition. C’est une nouvelle approche d’intérêt général visant à assurer la pérennité
des sociétés, des écosystèmes et de l’économie.
Les objectifs des 3 dimensions majeures sont :
L’efficacité économique
 La solidarité sociale
19
Rapport de la Commission mondiale sur l’environnement et le développement de l’ONU, présidée par
Mme. Gro Harlem Brundtland, 1987
23
 La responsabilité écologique
On note aussi une dimension temporelle dans le sens ou le développement durable lutte
pour mettre en place des stratégies de développement sur le long terme.
Enfin, une dimension géographique a pour but d’atténuer les disparités entre pays du Sud
et pays du Nord et entre territoires urbains et territoires ruraux.20
FIGURE 3 : LES 3 PILIERS ET OBJECTIFS DU DEVELOPPEMENT DURABLE21
3.2. Le développement durable : actions, mises en place et limites
3.2.1 Un outil important : l’agenda 21
L’agenda 21 est un premier outil établi en 1992 au Sommet de la Terre à Rio. La
Déclaration de Rio mettait en avant, dans son article 28, le rôle essentiel qui revient aux
territoires et aux collectivités locales en matière de développement durable. C’est ainsi
qu’à chaque niveau de collectivité, revient la responsabilité d’élaborer, pour son territoire,
et de mettre en œuvre, un programme d’action répondant aux principes de l’agenda 21. Il
20
Cours de RAYSSAC S., Développement et Tourisme Durable, Master 1 Tourisme et Développement
21
Figure Candice Tamarel, issue de http://www.mtaterre.fr/le-developpement-durable
24
n’y a pas un agenda 21 unique, c’est plutôt chaque territoire qui crée son propre agenda 21,
pouvant le décliner comme il le souhaite. L’agenda 21
a pour but
de mobiliser,
sensibiliser et harmoniser l’ensemble des acteurs à la construction d’un développement
durable d’un territoire. Il permet d’avoir un cadre bien défini avec des actions à suivre, ceci
dans une approche globale, permettant la mise en commun de moyens.
Aujourd’hui nommé Action 21, ce plan d’action lancé à Rio, reste la référence pour la mise
en œuvre du développement durable au niveau du territoire. Dans 40 chapitres regroupés
en quatre sections, Action 21 identifie les enjeux et les défis des prochaines décennies et
propose diverses solutions simples et pratiques pour réaliser le développement durable au
niveau international, continental, national, régional et local22
3.2.2 Le développement durable dans l’actualité : la COP21
Le développement durable a su prendre place petit à petit dans nos sociétés, c’est
un concept qui est toujours controversé aujourd’hui car souvent associé à du
« greenwashing » (fait de vouloir « blanchir son image » en adoptant un positionnement
« vert » dans son entreprise, souvent au détriment de la réalité23) pour les entreprises.
Cependant, il est devenu un concept à appliquer dans tous les secteurs, allant de l’industrie
jusqu’au comportement de tout un chacun. De plus, avec le réchauffement climatique qui
devient de plus en plus important, c’est une prise de conscience mondiale qui voit le jour.
Ainsi, la 21ème conférence sur les changements climatiques a eu lieu du 30 novembre au 11
décembre 2015, à Paris. La Convention cadre des Nations Unies sur les changements
climatiques (CCNUCC) a été adoptée au cours du Sommet de la Terre de Rio de Janeiro,
en 1992. Elle est entrée en vigueur le 21 mars 1994 et a été ratifiée par 196 « parties », les
parties prenantes à la Convention (195 États plus l’Union européenne en tant
qu’institution).24 La COP21 a abouti à un accord universel qui est de limiter la hausse des
températures, à 1.5°C, d’ici 2100. L’objectif de la COP21 est aussi de sensibiliser à un
développement durable plus juste, tout en préservant les ressources naturelles.
22
Jean-Guy Vaillancourt, « Action 21 et le développement durable », VertigO - la revue électronique en sciences de
l'environnement [En ligne], Volume 3 Numéro 3 | décembre 2002, mis en ligne le 01 décembre 2002,
URL : http://vertigo.revues.org/4172 ; DOI : 10.4000/vertigo.4172 (consulté le 13/02/2016)
23
http://www.greenwashing.fr/definition.html (consulté le 13/02/2016)
24
http://www.cop21.gouv.fr/ (consulté le 13/02/2016)
25
3.3. Le développement durable et l’Homme
3.3.1 Le pilier social, pour une mise en valeur des populations locales
Nous allons nous attacher à la notion sociale du développement durable. En effet,
comme nous avons pu le voir, le tourisme peut avoir beaucoup d’effets néfastes pour les
populations et peut souvent être synonyme d’acculturation. Les populations locales, dans
certains territoires, sont devenues dépendantes du tourisme, parfois malgré elles, devenant
ainsi les vitrines d’un tourisme mal régulé. Ainsi, le développement durable se devrait
d’assurer le bien-être des citoyens, favoriser la solidarité, et valoriser les habitants de
chaque territoire en luttant contre l’exclusion et les disparités sociales. Il associe les
populations locales et indigènes dans les projets de développement et dans la prise de
décision, contribuant ainsi au plus près aux attentes et besoins de ces dernières. Seulement,
le développement durable peut être perçu comme une contrainte pour les populations
locales, devant se limiter, changer leurs habitudes.
3.3.2 Sensibilisation des populations locales au développement durable
Cette prise de conscience est nécessaire. En effet, selon Salvador Juan (Le
développement durable, une perspective pour le XXIème siècle, p.75), le concept de
développement durable est pour l’instant plus politique et pas réellement institutionnalisé
dans les faits, puisque ce concept se heurte malgré tout à un conflit entre produire plus et
réparer les dégâts causés par cette croissance sans fin. Il faut une réelle volonté publique
pour associer les populations locales aux décisions. De ce fait, les collectivités territoriales
devraient s’emparer des avantages que possède un développement sur le long terme, en y
associant les habitants.
En résumé
Le tourisme a connu un essor énorme, développant son activité, parfois au détriment
des populations locales. Mais la notion de développement durable, petit à petit
intégrée dans l’activité touristique, essaie d’associer des populations locales au
tourisme. Bien que l’Homme est était perçu comme nocif à la Planète par de
nombreuses personnalités dès le XIXème siècle, il est aujourd’hui néanmoins
considéré comme acteur principal d’un développement durable sur les territoires.
26
Chapitre 2 : Le tourisme facteur de développement durable des
territoires de montagne
Dans ce deuxième chapitre, nous nous attacherons à définir le tourisme facteur de
développement territorial, avec la notion de projet et nous essaierons de faire le lien entre
développement territorial et développement durable, à travers le tourisme. Nous
expliquerons ensuite comment le développement durable s’applique en montagne afin de
voir la place actuelle des populations locales dans le tourisme, facteur de développement
durable en montagne.
1. Le tourisme, facteur de développement durable des territoires
1.1. Le développement territorial
« Le développement territorial désigne tout processus de mobilisation des acteurs
qui aboutit à l’élaboration d’une stratégie d’adaptation aux contraintes extérieures, sur la
base d’une identification collective à une culture et à un territoire.25 »
Ainsi, le développement territorial dépend de la volonté des acteurs à se mobiliser en
faveur d’une organisation territoriale. Cette mobilisation s’inscrit dans la durée et cette
dynamique d’acteur vise à réorganiser l’économie locale face aux enjeux et problèmes du
territoire, il s’agit d’une stratégie d’adaptation. Ce mécanisme de territorialisation repose
sur la recherche de ressources propres aux territoires qui permet à celui-ci de se
différencier vis-à-vis de son voisin, en se reposant sur une construction sociale
significative du territoire.
Le développement territorial vise à rendre les territoires plus attractifs et plus compétitifs.
C’est un processus volontariste qui veut accroître la compétitivité d’un territoire autour
d’une forte mobilisation des acteurs. Le concept de développement territorial fait suite aux
politiques d’aménagement du territoire initiées dans les années 1960. Cette nouvelle
25
Bernard Pecqueur, cours de Rayssac S., Développement et Tourisme Durable, Master 1 Tourisme et Développement
27
démarche cherche à recentrer le territoire sur lui-même, en valorisant ses ressources et en
mettant en avant ses acteurs.26
Le développement territorial suit plusieurs étapes qui sont :
- la construction d’un projet par les acteurs ;
- l’élaboration une stratégie d’adaptation aux différentes contraintes du territoire ;
- la mobilisation et révélation des ressources du territoire pour les valoriser.27
Ces étapes mettent en évidence l’harmonisation des acteurs autour d’un projet commun, et
la prise en compte des contraintes du territoire, et donc à fortiori, les attentes et besoins des
populations locales.
1.2. Le projet touristique : un levier pour un développement territorial durable
L’activité touristique, et notamment la mise en place de projets touristiques peut
permettre à un territoire de se développer, à condition de respecter certaines règles.
Pour que le projet touristique puisse être durable, il faut qu’il soit un système polymorphe,
qui s’inscrit dans une dimension temporelle et spatiale dont le principe est de mettre en
interrelation les éléments endogènes (à l’intérieur de) et exogènes ( à l’extérieur de) qui le
compose.
Prendre le projet comme un système signifie obligatoirement des relations entre chaque
élément du projet, impliquant des réactions en cascades si on modifie un de ces éléments.
Polymorphe signifie que le projet a plusieurs formes mais surtout que l’on ne peut le
modéliser, chaque projet est propre à son territoire et on ne peut le dupliquer ailleurs.
La dimension temporelle permet de définir une unité de temps au terme de laquelle les
objectifs seront atteints. C’est le Temps qu’il faut dans la prise de décision.. Il y a souvent
un décalage entre le moment ou on a l’idée et le temps ou on le met en place. Elle exprime
aussi le temps de réaction par rapport à l’évolution des attentes des clientèles, ainsi que la
saisonnalité, enjeux importants dans les espaces de montagne.
26
Marc Galochet, « Guy Baudelle, Catherine Guy, Bernadette Mérenne-Schoumaker : Le développement territorial en
Europe. Concepts, enjeux et débats. », Territoire en mouvement Revue de géographie et aménagement [En ligne],, mis
en ligne le 01 janvier 2014, URL : http://tem.revues.org/2057 (consulté le 16/02/16)
27
Cours de Rayssac S., Master 1 Tourisme et Développement.
28
La dimension spatiale permet de délimiter le périmètre du projet, c’est à dire de savoir à
quel territoire s’applique le système28.
1.3 Le tourisme, facteur de développement durable pour les territoires
Ainsi, si à présent, on souhaite que l’activité touristique soit facteur de
développement durable sur un territoire, il faut que l’activité touristique réponde à quatre
fondements et cinq principes.
1.3.1 Les quatre fondements nécessaires à l’activité touristique facteur de
développement
-
Le temps libre : c'est-à-dire, posséder du temps qui n’est pas travaillé ;
-
Des moyens financiers : soit trouver les moyens de mettre en place les dispositifs
pour faire ce que je souhaite (argent, autostop, covoiturage, etc.) ;
-
La liberté de se déplacer : c'est-à-dire avoir des moyens mobilisables pour se
déplacer (physique, langue, transport, questions sanitaires, raisons culturelles) ;
-
La liberté d’accueillir : il est nécessaire que les besoins de survie du territoire
d’accueil soient avant tout assurés.
Seulement, pour que l’activité touristique soit bien facteur de développement durable, il va
falloir au mieux respecter cinq principes, ce qui permettra de donner un cadre, une
direction, pour ne pas faire « fausse route » dans l’activité touristique. Ces principes sont
tirés de l’histoire du tourisme, et notamment du moment où les quatre fondements cidessus ont pu être simultanés. Ce moment concorde avec les débuts du tourisme et le
« Grand Tour », puisque le tourisme à ce moment-là, est une activité complémentaire à des
activités qui assurent déjà les conditions de vie.
1.3.2 Les cinq principes à l’époque de l’élite anglaise
-
Le risque climatique était faible ; à l’époque, les anglais venaient passer quelques
mois sur la côte, ce qui leur permettait de bénéficier de façon quasiment sûre d’un
climat plutôt clément.
-
La durée du séjour des aristocrates anglais était longue, ils venaient séjourner de
trois à quatre mois.
28
29
-
La fidélisation est importante. En effet, ils font construire leurs villas et y
reviennent à chaque vacance.
-
Peu de personnes génèrent beaucoup de services.
-
L’activité touristique était une activité complémentaire à d’autres activités
(agricoles, industrielles, etc.).29
Ainsi, à l’époque du début du tourisme, ces principes se comportaient de cette manière.
Aujourd’hui, la plupart se comportent de façon contraire puisqu’ il y a un raccourcissement
des séjours et par conséquent une augmentation du risque climatique, un principe de
fidélisation qui est faible, puisque, socialement, il est important de multiplier ses
destinations de vacances et parce que la concurrence est rude30. De plus, le tourisme de
masse génère beaucoup de personnes pour peu de services et enfin, dans certains
territoires, l’activité touristique est devenue l’activité principale et non plus
complémentaire.
Pour que le tourisme soit facteur de développement durable, il faudrait que ces principes se
rapprochent au mieux de leur situation initiale.
Ainsi, l’activité touristique doit répondre à ces quatre fondements et ces cinq principes
pour pouvoir être facteur de développement d’un territoire. Cette activité touristique peut
se décliner en projet et ainsi favoriser le développement territorial.
2. Le tourisme en espace montagnard
2.1L’espace montagnard, un territoire dont l’image a évolué
La montagne a longtemps été perçue comme hostile et dangereuse. C’était un
espace peu attractif, inconnu et mystérieux, au même titre que le littoral, avec un climat
rude et un relief très accidenté, souvent peu accessible. Telle était l’image de la montagne
jusqu’au XIXème siècle. C’est grâce au Romantisme et à la Renaissance que cette vision a
pu changer. En effet, la montagne est devenue un symbole pittoresque et de nombreux
auteurs s’en inspirent. De plus, les vertus thérapeutiques des eaux thermales attirent de plus
en plus de monde.
29
et Développement.
30
Cours de Bessires J., Sociologie du tourisme, Master 1 Tourisme et Développement
30
Ce sont d’abord des intérêts scientifiques avec le naturalisme qui poussent à gravir les
sommets puis petit à petit, de nouvelles activités attrayantes à la montagne sont apparues
tels que l’alpinisme et le pyrénéisme, avec des intérêts plus sportifs et de découvertes.
Portant un regard extérieur sur la montagne, de nombreuses personnalités sont venues
gravir les sommets pour en tirer des récits, des photographies, des peintures, etc.
Son développement a été long et ce n’est qu’en 1985, avec une prise de conscience de la
fragilité de cet espace, qu’apparaît la volonté de la préserver avec la loi Montagne.
Ainsi le premier article de la loi Montagne définit :
« La montagne constitue une entité géographique, économique et sociale,
dont le relief, le climat, le patrimoine naturel et culturel nécessitent la
définition et la mise en œuvre d'une politique spécifique de développement,
d'aménagement et de protection. L'identité et la spécificité de la montagne
sont reconnues par la Nation et prises en compte par l'Etat, les
établissements publics, les collectivités territoriales et leurs groupements
dans les actions qu'ils conduisent. La politique de la montagne a pour
finalité de permettre aux populations locales et à leurs élus d'acquérir les
moyens de la maîtrise de leur développement en vue d'établir, dans le
respect de l'identité montagnarde, la parité des revenus et des conditions de
vie entre la montagne et les autres régions. Elle se fonde sur la mise en
valeur optimale des potentialités locales. »31
Ainsi, cet article met bien en avant les populations locales, leurs conditions de vie,
l’identité montagnarde et la valorisation des potentialités locales. Les potentialités locales
peuvent être vues comme les ressources attenantes au territoire, permettant d’assurer un
développement durable aux territoires de montagne.
2.1.1 L’alpinisme, premier mouvement rapprochant l’Homme et la montagne
Le processus est enclenché lorsque les deux Français Jacques Balmat et Jean
Michel Paccart foulent le sommet du Mont Blanc en 1786.
« Pics inaccessibles faits de neige et de glace, lieux de mystère et de terreur respectés et
craints par l'espèce humaine depuis les premiers âges, ces « monts affreux » devenaient la
matière même d'un jeu merveilleux ».
Ainsi, durant le siècle qui suivra et notamment sous l’impulsion des anglais, tous les
sommets des Alpes seront gravis. Premier club alpin au monde, l'Alpine Club de Londres
31
Cours de BOUMEGGOUTI D., Le tourisme à la conquête de la montagne, Master 1 Tourisme et Développement
31
participe à l'essor de la pratique en encourageant ses membres à immortaliser les paysages
alpins à travers des récits, photographies ou peintures. En 1821 est créée la compagnie des
guides de Chamonix.32 Dès 1854, c’est l’élite anglaise qui viendra gravir les sommets,
venant découvrir un merveilleux terrain de jeux encore pratiquement vierge. Cette élite
viendra souvent faire un « exploit » sportif, accompagnée des guides locaux. Plus de 150
ans après, l’alpinisme reste une pratique sportive qui s’est élargie au reste du monde, avec
l’ascension de nombreux sommets mondiaux. Même si la pratique s’est largement
démocratisée, et que l’accès au plus près du Mont Blanc se fait aujourd’hui en
téléphérique, l’alpinisme reste une pratique commune pour les amoureux et connaisseurs
de la montagne.33
2.1.2 Le Pyrénéisme
Il est un débat toujours d’actualité de savoir si le Pyrénéisme est seulement la
reproduction de l’alpinisme, dans les Pyrénées. Pourtant, certains s’attachent à dire que le
Pyrénéisme est une conception bien spéciale de l’approche de la montagne, qui n’est plus
de produire un exploit sportif mais plutôt d’appréhender la montagne dans son
environnement global, dans un but culturel ou scientifique, comme le disait Victor Hugo,
« les montagnes sont des laboratoires». C’est l’époque romantique qui permet cela avec
Henri Beraldi, dans son livre « Cent ans aux Pyrénées », qui écrivait « Le Pyrénéisme,
c’est savoir à la fois ascensionner, écrire et ressentir ». L’innovateur du Pyrénéisme sera
Ramond de Carbonnières avec son ouvrage « Observations faites dans les Pyrénées » et
son ascension du Mont Perdu en 1802. Ces deux personnalités permettront de faire
connaître les Pyrénées et d’en assurer leur attractivité à travers leurs récits. 34 De
nombreuses ascensions suivent celles de Ramond de Carbonnières, telles que l’ascension
du Canigou, du Balaïtous ou du Vignemale.35 Ainsi le Pyrénéisme permit la renommée des
Pyrénées et au fil des siècles, de nombreux personnages vinrent découvrir les sommets des
Pyrénées. C’étaient souvent des personnes de la ville, des aristocrates, qui venaient
découvrir des lieux vierges, des lieux cités dans de nombreux ouvrages, poèmes ou récits.
32
Jean DURRY, « ALPINISME », Encyclopædia Universalis [en ligne],
URL:http://www.universalis.fr/encyclopedie/alpinisme/ (consulté le 27/02/2016)
33
http://www.ladepeche.fr/article/2015/06/06/2119497-150-ans-apres-l-alpinisme-celebre-son-age-d-or.html (consulté le
27/02/2016)
34
http://www.patrimoines-lourdes-gavarnie.fr/patrimoine-humain/5-2-les-pyreneistes (consulté le 27/02/2016)
35
http://centrenationaldedocumentation.ffcam.fr/l-alpinisme.html#naissance%20alpinisme (consulté le 27/02/2016)
32
C’est grâce à cela que certains villages des Pyrénées furent connus, comme Gavarnie, haut
lieu du Pyrénéisme.36
2.1.3 Le métier de Guide et les populations locales
A travers ces deux mouvements qui peuvent être à la fois similaires et à la fois
différents selon les avis, le métier de guide a joué un grand rôle dans l’intégration des
populations locales. Ainsi, les « étrangers » qui venaient découvrir et gravir la montagne
avaient besoin de personnes qui connaissaient cette dernière pour les guider. On va donc
incorporer dans les métiers de guide, des gens du territoire. Jusqu’à la seconde guerre
mondiale, le métier n’est pas vraiment reconnu et on est d’abord passeur d’une frontière à
une autre, plutôt que guide. « À l’origine, « faire le guide » est une nécessité pour vivre,
non une profession choisie. Le guide était le montagnard, l’homme du pays, d’abord
paysan, berger, artisan, en quête d’un revenu supplémentaire » (De Bellefond Renaud,
Histoire des guides de montagne). Puis petit à petit, le métier de guide devient plus
reconnu, notamment avec la venue de guides de l’extérieur, et la dimension sociale du
métier de guide sera alors reconnue. Ainsi, le métier de guide a été un des premiers métiers
liés au tourisme, en espace montagnard.
2.1.4 Le rôle important des eaux thermales
Les eaux thermales ont joué un rôle important dans l’attractivité des espaces
montagnards et leur désenclavement. Avec le développement du thermalisme, la propriété
des eaux, il y a eu des regards « étrangers », des savants, des docteurs, venant parfois de la
« plaine », qui sont venus très vite pour découvrir les eaux et les analyser. Ainsi, c’est de là
que ce sont crées les établissements thermaux. De plus, il a fallut des routes pour y
accéder, permettant, en plus des emplois, de désenclaver certaines vallées37.
2.2 La montagne, un territoire fragile et restreint, et dont l’accessibilité est parfois
compliqué
Le territoire de montagne est souvent un espace restreint, situé dans des vallées ou
l’espace est parfois manquant. Les habitants sont souvent peu nombreux, et les
aménagements doivent y être réfléchis. De plus, 24 des 51 parcs naturels régionaux et 6
36
Entretien semi-directif de M. V, directrice et conservatrice du musée Pyrénéen de Lourdes
37
Voir note 35
33
des 10 parcs nationaux sont situés dans les massifs montagneux, rendant encore plus
difficiles les aménagements.38
L’espace restreint augmente la proximité entre visiteurs et visités et bien souvent les
populations locales voient passer les touristes, proches de chez eux. La fréquentation,
parfois importante, peut donc rendre le tourisme difficile dans ces territoires de montagne.
De plus, l’accessibilité est aussi un enjeu dans ces territoires ou les aménagements peuvent
être difficiles. Souvent, le moyen de déplacement est la voiture, puisque les transports en
commun n’y sont pas organisés ou parce que trop difficile d’accès. Les territoires de
montagne sont donc inégaux dans le développement des transports. De plus, les territoires
sont parfois éloignés de certains services (pharmacie, pompe à essence, hôpital), rendant
parfois compliqué la vie et les séjours dans ces espaces pour certaines personnes. Ainsi,
« le cadre de vie des montagnards est synonyme de qualité, mais aussi de vulnérabilité visà-vis des choix en matière environnementale, d’infrastructures ou de services publics »39.
2.3. Le développement durable et l’activité touristique en montagne
Selon Luis Carus Ribalayga et Maria Isabel Saz (Tourisme durable en montagne :
entre discours et pratiques, 2007, p3), la question du tourisme en montagne est
conflictuelle entre la volonté de l’utilisation récréative de cet espace à des fins
économiques et la conservation des milieux fragiles. Pour insérer un espace montagnard
dans un processus de développement durable, il est nécessaire de réunir tous les acteurs
concernés et de développer les intérêts de toutes les parties. Les auteurs insistent sur le fait
qu’il y a un manque de formation des acteurs concernant les méfaits environnementaux du
tourisme. Ils soulignent que parfois découlent ainsi des stratégies de développement qui ne
prennent pas en compte le développement durable. En effet, un large éventail d’éléments
économiques, sociaux et environnementaux, de plus en plus complexes, doivent être pris
en compte dans l’élaboration d’une stratégie de développement touristique durable en
montagne.
De plus, les espaces de montagne sont malgré tout souvent fragiles, aux plans
environnementaux et socio-économiques. Ainsi, selon Laurent Arcuzet, Philippe
Bachimon, Pierre Derioz Christel Barde et Gisèle Dalama (Developpement touristique
38
Commissariat général à l’égalité des territoires http://www.cget.gouv.fr/territoires/montagne (consulté le 10/03/16)
39
Charte de l’Année Internationale des Montagnes, Mémoire de Maîtrise IUP Tourisme, Option Gestion et aménagement
des structures touristiques en milieu rural et montagnard, Berthes Jessica, CETIA, 2001/2002
34
durable en montagne : comment mobiliser les acteurs locaux ? Tourisme durable en
montagne : entre discours et pratiques, 2007, p99), les pratiques du développement
durable peuvent être perçues comme contraignantes en espace de montagne. D’où la
nécessité d’une mobilisation collective.
2.3.1 Les populations locales dans l’activité touristique facteur de développement
durable, en montagne
Le tourisme a apporté certains avantages aux populations de montagnes,
notamment grâce aux revenus supplémentaires qu’il apporte. Dans des régions isolées,
enclavées, pauvres, et aux conditions de vie difficiles, le tourisme a parfois permis
l’ouverture sur le monde extérieur avec la création de voies de communications. Le
tourisme a pu permettre la création d’emplois, la valorisation de produits et de savoirsfaires locaux. Cependant, même si le tourisme peut apporter des revenus monétaires à
court terme, il peut, à long terme, provoquer des dégâts considérables sur les populations
locales. Souvent, les bénéfices sont concentrés dans les mains d’investisseurs extérieurs, et
les bénéfices vont rarement aux communautés montagnardes. Le tourisme est parfois
développé à leurs dépens et les communautés locales deviennent dépendantes de ces
devises, délaissant complètement leurs activités principales. Ainsi, les communautés
locales subissent ce tourisme, qui a parfois totalement détruit leur culture, leur histoire, leur
identité, faisant naître une nécessité de réappropriation de leur territoire40.
En résumé
Pour que le tourisme soit facteur de développement, il faudrait qu’il respecte un
cadre de référence, à savoir, quatre fondements et cinq principes, en premier lieu.
Le tourisme en montagne, a subit une évolution un peu particulière, à travers
l’évolution de l’image de l’espace montagnard. Le développement durable dans
l’activité touristique, peut être intégré mais nécessite de prendre en compte toutes
les contraintes de cet espace. Dans l’idéal, il serait nécessaire et primordial, pour
améliorer cela, de faire participer les communautés locales aux décisions et au
développement de projets touristiques.
40
Rapport Journée International de la montagne 2005 ftp://ftp.fao.org/paia/mnts/info/info_fr.pdf (consulté le 02/02/2016)
35
Chapitre 3 : Les sites à forte notoriété dans les territoires de
montagne : enjeux et problématiques
Dans ce chapitre, nous essaierons de définir un site touristique à forte notoriété pour en
observer les problématiques inhérentes, notamment en territoire de montagne. En effet,
cela nous permettra de comprendre par la suite la place que peuvent avoir les populations
locales face à ces différents enjeux.
1. Les sites touristiques à forte notoriété
1.1 Caractérisation d’un site touristique
La notion de site ou de destination touristique est une notion compliquée, car les
définitions s’arrêtent souvent sur des critères quantitatifs, la définissant comme cela « est
une destination touristique tout lieu qui accueille plus de 250 000 visiteurs par an ».
Ainsi, souvent, seul l’aspect quantitatif vient définir un site touristique. Seulement, le
critère de la fréquentation ne peut suffire à définir un site ou une destination touristique.
Un site touristique correspondrait plus à un lieu largement choisi par un grand nombre de
touristes, car possédant un ou des atouts permettant une attractivité plus ou moins forte.41
1.2 Les sites touristiques à forte notoriété résultent d’une grande attractivité
« Une attraction serait tout élément tangible ou intangible, qui, à partir d’une mise en
valeur appropriée des ressources naturelles et culturelles, aurait la capacité d’attirer un
touriste ».42 Ainsi, la mise en tourisme de beaucoup de sites qui devinrent des lieux petit à
petit très fréquentés a été effectué au dépend de leur attractivité, d’un point de vue naturel,
culturel, patrimonial, etc.
On peut donner des critères et caractéristiques de l’attractivité qui peuvent être, le paysage,
et de façon plus générale le cadre de vie, l’offre en services et les infrastructures, le
41
Mémoire de Master 1 Tourisme et Développement, Du développement touristique durable dans les sites à forte
notoriété, Juliane BOISTEL, année 2008/2009
42
François de Grandpré « Attraits, attractions et produits touristiques : trois concepts distincts dans le contexte d’un
développement touristique régional », Téoros, en ligne depuis le 1 Février 2011 URL : http://teoros.revues.org/795,
(consulté le 02/03/2016)
36
patrimoine culturel, les activités économiques et le dynamisme des acteurs professionnels,
les images et le marketing territorial, voire la capacité des acteurs à s’organiser pour
renforcer l’attractivité de leur espace.43
Ainsi, cette forte attractivité de certains sites touristiques a fait naître des politiques de
protection de sites reconnus en France, des marques, des labels, permettant de conforter la
notoriété du site.
1.3 Les politiques touristiques des sites et de leur patrimoine
1.3.1 A l’échelle internationale : le rôle de l’UNESCO
L’organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture
(UNESCO) est née en 1945 dans un but vaste et ambitieux qui est de construire la paix
dans l’esprit des Hommes, à travers l’éducation, la science, la culture et la communication.
Aujourd’hui le message de l’UNESCO revêt une volonté de durabilité afin de prendre en
compte les dimensions sociales, économiques et environnementales.
L’UNESCO classe les sites du patrimoine mondial, manifestant une richesse naturelle et
culturelle appartenant à l’humanité.
Ainsi depuis 1972, grâce à la Convention du Patrimoine Mondial, l’UNESCO a défini un
partenariat permettant de coordonner les actions de tous les sites dans une volonté de
protection et de préservation des sites culturels et/ou naturels inscrits. L’UNESCO a donc
un rôle international de définition des grands sites patrimoniaux mondiaux, permettant un
rayonnement mondial et agissant comme un levier de notoriété.44
1.3.2 A l’échelle nationale : les Grands Sites
Selon Gérard Voisin, ancien président du réseau des Grands Sites de France
(Grands Sites et stratégies touristiques des territoires, 2006, p7), la première loi de
protection des sites apparaît en 1906 puis est reprise et renforcée en 1930. Elle concerne la
protection des monuments naturels et des sites de caractère artistique, historique,
scientifique, légendaire ou pittoresque. Cette loi régit toujours à ce jour le classement ou
43
http://www.euromontana.org/wpcontent/uploads/2014/08/20130729_docpreparatoire_comitescientifique (consulté le
02/03/2016)
44
http://fr.unesco.org/about-us/propos-de-lunesco (consulté le 02/03/2016)
37
l’inscription des sites. La notion de « Grand Site », quant à elle, est née en 1976,
formalisée par le ministère de l’environnement et conduite en partenariat avec les
collectivités locales dans le but d’inscrire des sites et de leur délivrer le label « Grand
Site », créé en 2003. Ce label est un label sélectif et exigeant. Il est attribué pour une durée
de 6 ans, après avis de la Commission supérieure des sites, perspectives et paysages, et du
Réseau des Grands Sites de France.
« Il est la reconnaissance d'une gestion conforme aux principes du développement durable,
conciliant préservation du paysage et de "l'esprit des lieux", qualité de l'accueil du public,
participation des habitants et des partenaires à la vie du Grand Site ».45
Parfois les sites labélisés peuvent être aussi inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO
(Pont du Gard, Cité de Carcassonne).
2 Les problématiques inhérentes aux sites à forte notoriété dans les
territoires de montagne
2.1 Les retombées économiques locales
Les retombées économiques représentent une problématique importante dans les sites
très fréquentés. En effet, généralement, la fréquentation des sites à forte notoriété génère
une activité économique locale, ceci devant permettre la gestion et la protection de ce site.
Le patrimoine, quel qu’il soit, doit permettre des retombées économiques qui peuvent être :
-des retombées directes, c’est à dire les emplois et recettes découlant de la fréquentation de
visiteurs.
-des retombées indirectes, c’est à dire les autres activités dépendantes de l’activité
touristique (services notamment).
-des retombées induites, c’est à dire celles indirectement liées à l’exploitation du site,
comme l’hébergement, la restauration, les commerces. Ces retombées induites peuvent
permettre à un territoire plus large de bénéficier de retombées économiques, grâce à la
proximité d’un site à forte notoriété.
45
http://www.grandsitedefrance.com/fr/label.html (consulté le 02/03/2016)
38
Cependant, un des effets négatifs du développement de l’activité touristique est qu’il finit
par effacer les activités humaines qui ont forgé l’identité et l’histoire du territoire, au profit
d’une mono activité touristique car immédiatement lucrative.46
2.2 La capacité de charge/d’accueil d’un site
Selon Sylvie Clarimont et Vincent Vlès (Tourisme durable en montagne : entre
discours et pratiques, 2007, p2), la capacité de charge représente le niveau de saturation
d’une destination. C’est une notion empruntée à l’écologie qui introduit dans le tourisme
trois notions :
-
Une dimension liée au milieu (la capacité de tolérance biophysique, c'est-à-dire du
milieu physique dans lequel se trouve le site).
-
Une dimension liée aux usagers et à leurs hôtes (la capacité de régulation des
conflits, c'est-à-dire une bonne gestion des relations entre acteurs et entre visiteursvisités).
-
Une dimension liée aux équipements (la capacité d’accueil des infrastructures,
c'est-à-dire le nombre de visiteurs maximum que peut comporter une infrastructure,
un paysage, un monument sans que cela le dégrade de manière irréversible).
Cette notion est de plus en plus prise en compte dans les projets de développement, même
si l’on a eu tendance pendant longtemps à vouloir adapter le site à la demande plutôt que
de réfléchir sur la fréquentation maximale que peut supporter le site, sur l’année, sur la
journée. C’est une notion à prendre en compte pour éviter une sur fréquentation de certains
sites, avec parfois un écart trop important entre le nombre des visiteurs et le nombre
d’habitants, dégradant ainsi l’espace de vie des résidents.
2.2.1 Les critères à prendre en compte
Evaluer une capacité de charge d’un site revient à prendre en compte plusieurs
critères :
- La capacité physique du site : l’étendue, le relief, l’accessibilité.
46
Mémoire Maîtrise IUP Tourisme, Option Gestion et aménagement des structures touristiques en milieu rural et
montagnard, Du développement durable au tourisme durable dans les sites à forte notoriété : l’exemple du pic du midi,
Jessica Berthes, année 2001/2002
39
- La capacité écologique et patrimoniale : c'est la capacité des éléments écologiques
(écosystèmes) et patrimoniaux (vestiges, monuments, etc.) à résister et à s’adapter.
- La capacité psychologique du visiteur : le seuil est dépassé quand il n’y a plus accord
entre l’image et la réalité du site dans la tête du visiteur.
- La capacité de résistance physique des aménagements : c’est le seuil au-delà duquel les
aménagements ou équipements créés atteignent leur point de saturation (parking complet,
encombrement, toilettes inutilisables, etc.).
- La capacité de tolérance des populations locales : le seuil de tolérance aux différentes
nuisances que peut apporter le tourisme (bruits, pollutions, effet de foule, etc.).47
2.3 La gestion des flux
2.3.1 Les flux humains
Bien que le déplacement soit à la base du phénomène touristique, la gestion des flux
est importante dans les sites très fréquentés, dans le sens où, elle permettrait une meilleure
fluidité de la fréquentation et de respecter la capacité de charge touristique. La gestion des
flux permet de fixer ou de disperser les touristes, pour éviter une sur fréquentation dans le
même lieu, au même moment. Il est possible aussi de dévier les flux, et ce notamment
grâce à la signalétique sur un site touristique. Une bonne gestion des flux devrait permettre
d’éviter de construire un circuit économique, seulement basé sur un nombre de visiteurs de
plus en plus importants pour générer une rentabilité économique. En effet, ce circuit
économique, souvent observé dans les sites à forte notoriété, rend ainsi les populations
locales dépendantes du nombre de visiteurs, alors que bien souvent, beaucoup de visiteurs
ne consomment pas sur le site, déséquilibrant ainsi tous les critères à prendre en compte
dans la capacité de charge d’un site.
2.3.2 Les flux financiers
La gestion des flux financiers est d’autant plus importante que celle des flux humains. En
effet, comme dit plus haut, pour éviter que les populations locales soient en attente
permanente d’une augmentation de la fréquentation, il est nécessaire de gérer au mieux les
flux financiers pour qu’il y ai des retombées économiques sur le territoire, au niveau local.
47
http://ct60.espaces-naturels.fr/quels-criteres-prendre-en-compte-les-differents-seuils (consulté le 02/03/2016)
40
L’un des premiers enjeux est social puisque la captation durable de flux financiers peut
permettre le maintien durable des populations en zone de montagne.
D’un point de vue environnemental, la captation de flux permet la valorisation et
l’entretien du site et souvent la mise en place de moyen de préservation (par exemple, la
signalétique permettant de disperser les flux).
Enfin d’un point de vue économique, les retombées permettent un dynamisme et une
attractivité du site, et donc d’accroître leur performance économique future. Les moyens
permettant la valorisation, l’attractivité, la mise en place d’offre, permettent de maintenir
une activité touristique pérenne48.
En résumé
Les sites à forte notoriété sont des sites souvent remarquables au niveau patrimonial, des
sites très fréquentés et souvent classés (UNESCO, Grand Site, monuments historiques,
etc.). . La sur fréquentation dans ces sites, en territoire de montagne, rend d’autant plus
difficile le tourisme, dans un espace restreint et fragile. Les effets pervers du tourisme de
masse dans ces sites ont un impact sur les populations locales, qui s’inscrivent souvent dans
un circuit économique dépendant des touristes, délaissant ainsi leurs activités traditionnelles
pour se consacrer au tourisme.
48
Mémoire de Master 1 Tourisme et Développement, Du développement touristique durable dans les sites à forte
notoriété, Juliane BOISTEL, année 2008/2009
41
Synthèse de la partie 1
L’activité touristique s’étant fortement développée depuis l’après-guerre, les flux
touristiques ont augmenté pour convertir un premier tourisme d’élite à un tourisme de
masse. De plus, grâce à l’accessibilité, les touristes viennent du monde entier. Les espaces
de montagnes, fragiles, parfois isolés et avec des populations peu nombreuses se sont vus
accueillir de plus en plus de touristes, attirés par la nature, l’air « pur » et la sensation de
pouvoir s’éloigner des contraintes de la vie quotidienne. Certains sites, riches de leurs
patrimoines, ont vu leur fréquentation croître d’année en année, souvent suite à des labels,
marque de notoriété supplémentaire pour les touristes.
Les populations locales ont leur rôle à jouer, dans ce développement de l’activité
touristique. Mais, avec une sur fréquentation dans les sites à forte notoriété, elles sont
parfois reléguées au second plan, inscrites dans un processus d’économie « facile »,
lucrative et dépendante du nombre de touristes. Le développement durable, petit à petit
intégré dans les projets de développement touristique, se doit d’associer les populations
locales (pilier social du développement durable). Seulement, dans les sites à forte notoriété,
il en ressort une difficulté des populations locales à se positionner, face à un nombre
grandissant de touristes sur leur lieu de vie.
Au vu des effets pervers du tourisme de masse sur les sites à forte notoriété en montagne
(dégradation de l’environnement, acculturation, peu de retombées économiques sur le
territoire, etc.), le développement durable dans l’activité touristique doit pouvoir intégrer
les populations locales de manière plus importante.
Ce constat nous amène à nous poser la problématique suivante :
Quelle place donner aux populations locales de montagne dans
le processus de tourisme facteur de développement durable,
dans les sites à forte notoriété ?
Dans une deuxième partie, nous étudierons deux pistes de réflexions pour essayer de
répondre à ce questionnement
42
PARTIE 2 : Quelle place donner aux populations locales de
montagne
dans
le
processus
de
tourisme
facteur
de
développement durable, dans les sites à forte notoriété ?
43
Introduction de la partie 2
La première partie de ce travail a permis de rassembler et de comprendre les notions
nécessaires pour aborder notre sujet : la place des populations locales de montagne dans le
tourisme facteur de développement durable dans les sites à forte notoriété.
La seconde partie de ce mémoire sera composée de deux chapitres qui correspondent aux
hypothèses avancées. Dans cette partie, nous allons nous pencher sur l’activité touristique
des sites à forte notoriété et notamment des rôles des populations locales dans cette
dernière. En effet, ce qui construit en partie un grand site touristique, c’est la mémoire
commune que l’on s’en fait au travers du regard que le touriste a posé sur ce dernier,
comme nous avons pu le voir avec les mouvements alpinistes et pyrénéistes.
Ainsi, nous étudierons tout d’abord l’encadrement d’un site touristique, essayant de
démontrer que parfois, ce dernier impacte la maîtrise du tourisme, et que les populations
locales ont un rôle à jouer pour une meilleure gestion du tourisme. Nous intègrerons alors
ces éléments au sein de la notion de développement durable pour démontrer la nécessité de
rendre pérenne l’activité touristique tout en respectant les conditions de vie des populations
locales.
La seconde hypothèse aura pour but de montrer qu’une des solutions à cette perte de
contrôle du tourisme serait une réappropriation du territoire et cela par la dimension
culturelle.
Par la suite, une conclusion à cette partie 2 introduira une dernière partie qui appliquera
ces éléments évoqués à une étude de cas.
44
Chapitre 1 : L’activité touristique autour du pilier économique
du développement durable, au bénéfice des populations locales
Dans ce chapitre, l’hypothèse de travail est construite autour d’un des piliers du
développement durable, l’économie. En effet, nous essaierons de mettre en avant comment
redonner de l’importance aux populations locales à travers les retombées économiques de
l’activité touristique. Pour cela nous parlerons de la spécificité des sites par leur
encadrement via des « marques » de reconnaissance, et quels sont les enjeux des
populations locales dans cette situation, puis nous essaierons de montrer en quoi le choix
de l’offre touristique est important pour des retombées économiques en faveur du
développement du territoire.
1. L’encadrement d’un site à forte notoriété en montagne
On entend par encadrement d’un site, la reconnaissance de ce dernier par des labels,
marques ou par l’intégration de ce dernier dans un Parc par exemple.
1.1. Spécificités de l’encadrement des territoires touristiques
Selon Véronique Peryrache-Gadeau et Roland Raymond (La labellisation des territoires
touristiques, Tourisme durable en montagne : entre discours et enjeux, 2006, p120), il y a
deux types de procédures pour la mise en place d’un label, classement ou autres. Il y a
celles qui sont promues par l’extérieur du territoire (UNESCO, régions, etc.) et celles qui
sont produites par les acteurs de territoires, sorte d’auto proclamation d’un projet singulier
de territoire.
Les premières sont souvent des labels, classements, exprimant une démarche de
reconnaissance
externe.
Elles
sont
souvent
proclamées
par
des
institutions
socioprofessionnelles, administratives et doivent se conformer à des caractéristiques
précises. Elles sont parfois attribuées pour une durée définie et nécessitent des contrôles. Il
s’agit là d’un mode de reconnaissance d’un territoire selon des modalités prédéfinies par
des institutions en charge de l’attribution du label ou autres. Souvent dans ces cas là, ces
logiques d’encadrement du site sont motivées par le souci de préserver les caractéristiques
qui justifient le label ou le classement (exemple de l’UNESCO).
45
Les secondes formulations sont à l’initiative des acteurs du territoire ou selon des
modalités qui les intègrent en partie. Les démarches sont organisées autour d’une
singularité du territoire, plutôt qu’en fonction d’une conformité à une procédure. Cette
démarche peut alors prendre appui sur un slogan, mettant en avant les ressources du
territoire (exemple « Le Bugey ville gastronomique »), susceptibles de fonder le potentiel
du développement local.
Ainsi, deux types de distinctions s’opposent et n’ont pas les mêmes finalités ; la première,
dont la mise en place a été exogène au territoire ou impulsées par un petit nombre d’acteurs
locaux (association écologique ou patrimoniale, élus, porteurs individuels de projets…),
permet de mettre en perspective les ressources du territoire et d’en assurer leur pérennité ;
la seconde, avec des perspectives endogènes, insiste d’avantage sur des projets de
développement, de la logique économique de la valorisation. De ce fait, l’intérêt et la
participation des populations locales ne sont pas les mêmes, avec une appropriation
différente selon les cas. Cependant, quelque soit la formulation pour la mise en place d’une
reconnaissance territoriale, les initiateurs de ces labels, classements ou autres, essaieront de
trouver des réponses pour une participation active des populations locales.
1.1.1 L’appropriation de l’encadrement d’un site par les populations locales
D’après les différents entretiens menés, il ressort que lorsque l’encadrement d’un site est
exogène, impulsé par des démarches externes au territoire (exemple de l’UNESCO), il est
difficile pour les populations locales d’en percevoir l’enjeu, parfois l’utilité et il est
difficile de se l’approprier, surtout dans des petits villages de montagne. Souvent, cela est
perçu comme une contrainte vis-à-vis des habitants, malgré les retombées en termes de
fréquentation. En effet, être classé à l’UNESCO nécessite le respect de certaines règles en
termes d’aménagement, de valorisation du patrimoine. Parfois, les populations locales ne
sont pas sensibilisées à l’utilité de cet encadrement. Souvent, comme c’est le cas de notre
terrain d’étude (cf. partie 3) cela est perçu comme étant trop ambitieux et inaccessible à la
population. Ainsi, il serait nécessaire de mettre en place des groupes de travail et de projet,
afin de faciliter cet encadrement
1.2. Le choix et la place des populations locales de montagne dans la mise en tourisme
des sites
46
Dans l’idéal, le tourisme ne devrait pas être « imposé » aux populations locales, il faudrait,
comme nous avons pu déjà le dire, que ce soit une source de revenus complémentaire pour
les territoires. Les populations locales se sont vues petit à petit, accueillir de plus en plus de
touristes sur leur territoire. Cela au dépend d’une attractivité très forte accentuée par
l’inscription à l’UNESCO, l’intégration dans un Parc ou une réserve protégée ou encore
l’inscription du site dans un label etc. Parfois, sans avoir le choix ou au détriment de leur
conscience, les populations locales se sont tournées vers le tourisme, y voyant un but
lucratif rapide, et parfois la solution à des problèmes inhérents à leur vie quotidienne. Par
exemple, c’est le cas des chagga, une ethnie dominante installée sur les flancs du volcan du
Kilimandjaro depuis des décennies. Les chagga, surtout composés de paysans, vivaient de
plusieurs activités jusqu’à l’arrivée du tourisme : agriculture, commerce et culture de rente
caféière. L’arrivée du tourisme insère le Kilimandjaro dans un réseau mondialisé associant
le local et le global (actions internationales, flux financiers et humains accrus). Les chagga
vont ainsi allier activité agricole et activité touristique pour continuer à faire « territoire »
sur cette montagne. En 1973 est créé le Parc National du Kilimandjaro où toute pratique
agricole est interdite. Le tourisme se développe à partir des années 90, après que le Kenya
ait amorcé la chose, avec en 1991 la première politique touristique chargé de promouvoir
le tourisme tanzanien en dehors des frontières. Ainsi, le développement des infrastructures
et
le gros potentiel offert par les 12 Parcs-Nationaux du pays vont faire passer la
fréquentation de 80 000 en 1980 à 582 000 en 2004. Petit à petit le Kilimandjaro devient le
centre du trekking avec une très forte image de « toit de l’Afrique ». Ainsi, les chagga,
avec la création des Parcs Nationaux ont été contraints de devoir changer leur façon de
vivre et de penser, ont du déplacer leurs ressources et adapter leur vie sociale et spatiale
dans la montagne du Kilimandjaro49.
Ainsi, lorsque le tourisme s’immisce dans les vies des populations locales, on observe
souvent une dénaturation de leurs activités traditionnelles. Ces populations se tournent
souvent vers des propositions lucratives. C’est le cas de certains paysans qui deviennent
des commerçants.
1.3. Pour une gestion raisonnée du tourisme
49
Article J.DASCON, D’une ressource à l’autre en terre chagga : paysannerie et tourisme au Kilimandjaro, 2006, cours
de BOUMEGGOUTI D., Le tourisme à la conquête de la montagne, Master 1 Tourisme et Développement
47
Ainsi, parfois, c’est lors de l’encadrement d’un site ou sa distinction grâce à une marque
de reconnaissance, que l’on voit augmenter la fréquentation. On peut citer par exemple le
cas du village de Cordes sur Ciel, qui est devenu, grâce à l’émission de Télévision, « le
village préféré des Français », en 2014, et a vu sa fréquentation croître de façon
importante. Pour un petit village comme celui-ci, l’augmentation de la fréquentation peut
vite devenir problématique, notamment par rapport à l’accessibilité50. On peut citer un
exemple un peu plus démonstratif, c’est le cas du Machu Picchu (2438 mètres d’altitude)
au Pérou, qui est inscrit au Patrimoine Mondial de l’UNESCO depuis 1983 et qui depuis
2007, est reconnu comme l’une des sept merveilles du monde. Ce site se voit d’années en
années détérioré par les millions de touristes. En effet, avec près de 3300 touristes qui
foulent le site Inca tous les jours, ce dernier a échappé de peu à l’inscription du site sur la
liste du patrimoine de l’humanité en péril. Un comité du Patrimoine Mondial de
l’UNESCO, a repoussé l’échéance, faisant confiance à l’état péruvien dans la mise en
œuvre de procédures pour améliorer la gestion du site. Les efforts menés dans la mise en
place d’outils, par le service national des zones naturelles protégées Péruvien, la
municipalité du Machu Picchu et le gouvernement régional de Cuzco, en collaboration
avec les ministères de l’Environnement et du Commerce Extérieur et Tourisme ont porté
leurs fruits. Les autorités ont ainsi envisagé une série de mesures à mettre en œuvre telles
que la réhabilitation de deux chemins ancestraux Incas, la présence de gardes forestiers
permettant de contrôler les allées et venues ainsi qu’une étude sur la capacité de charge du
site et sur son accessibilité. En 2008, le comité s’était inquiété sur la gouvernance du site,
la déforestation, les risques de glissements de terrain, de développement urbain incontrôlé
et des accès illégaux aux sanctuaires51.
1.3.1 Avec la mise en place d’outils pour un penser global, agir local
Les enjeux se pensent d’abord localement, à l’échelle des individus appartenant à des
territoires qui permettent à chacun de s’en approprier les enjeux, de participer aux
décisions, d’en mesurer les conséquences et d’en partager les responsabilités,
collectivement. « Penser global, agir local », cette formule utilisée lors de la conférence de
Stockholm sur l’environnement en 1972, par René Dubos, agronome, biologiste et
50
Atelier Terrain Licence 3 Tourisme et Développement, sur Saint-Jacques de Compostelle
51
http://www.actulatino.com/2015/07/28/perou-la-gestion-du-site-du-machu-picchu-rassure-le-comite-du-patrimoinemondial-de-l-unesco/ (consulté le 10/03/2016)
48
écologue Français, remet au centre le développement territorial local et semble résumer le
développement durable.
La mise en place d’un agenda 21 local peut être un outil intéressant dans l’intégration des
populations locales, puisqu’il est défini en concertation avec les acteurs locaux, dans un
cadre de démocratie participative et se déroule en plusieurs phases :
-
Définition des problématiques et priorités sociales, environnementales et
économiques du territoire ;
-
Etablissement d’un plan d’actions précis ciblant ces problématiques ;
-
Mise en œuvre du plan d’actions ;
-
Evaluation et ajustement des actions mises en œuvre52.
On peut citer comme exemple la station touristique de Valloire, en Savoie (Sylvie
Clarimont, Vincent Vlès, (Développement touristique en montagne : comment mobiliser
les acteurs locaux ? Tourisme Durable en montagne : entre discours et pratiques, 2006,
p103). La station de Valloire, possédant une notoriété importante grâce au passage du Tour
de France aux cols du Galibier et du Télégraphe, se distingue depuis ses débuts par une
gestion maîtrisée de son espace. En 2001, elle décide de mettre en place une vaste
opération de développement en créant 2 UTN (Unités touristiques nouvelles), lui
permettant de passer de 12000 à 17000 lits. L’opération semblait vitale pour se positionner
face à la concurrence. La station se dote pour cela d’outils réglementaires tels que le Plan
D’Urbanisme Local (PLU) et d’une Zone de Protection du Patrimoine Architectural,
Urbain et Paysager(ZPPAUP) et revoit ses outils d’adduction de l’eau, d’assainissement,
son réseau routier et son dispositif de stationnement. En 2004, Valloire s’engage dans une
démarche « d’évaluation des projets touristiques au crible du développement durable ». Le
cahier des charges intègre la diversité des acteurs, leurs besoins, la définition avec eux des
enjeux de durabilité, ainsi que la construction collective d’un référentiel de tourisme
durable. A la suite de cette démarche, la station met en place son Agenda 21.Des ateliers
sur la gouvernance permettent la prise de conscience de la population locale sur le fait que
développement économique et développement durable ne sont pas incompatibles à court,
moyen et long termes. L’adoption d’une démarche participative a permis de valoriser les
ressources humaines, stimulant les énergies locales dans l’engagement du Développement
52
http://www.plate-forme21.fr/le-developpement-durable/article/penser-global-agir-local (consulté le 15/03/2016)
49
Durable, ainsi que l’image extérieure de la station. Ce passage à l’acte a été aidé par une
forte volonté publique mais aussi par l’organisation interne très efficace.
Les Agendas 21 n’ont pas un caractère obligatoire pour les territoires, et d’autres outils
permettent de mettre en œuvre le développement durable pour une gestion raisonnée du
tourisme.
Selon Véronique Peyrade- Gadeau et Roland Raymond (La labellisation des territoires
touristiques, Tourisme durable en montagne : entre discours et enjeux, 2006, p118) la
signature de la charte éthique du tourisme, en référence à l’échelle au Code mondial
éthique du tourisme, énonce les principes de l’activité touristique comme une activité
bénéfique pour les pays et les communautés d’accueil. Les signataires s’engagent ainsi à
« réaliser des produits touristiques s’intégrant dans un tourisme durable qui repose
notamment sur la sauvegarde de l’environnement et des ressources naturelles, la protection
du patrimoine naturel, la sauvegarde du patrimoine culturel de l’humanité et des cultures
traditionnelles » ou encore à « associer les pays ou régions d’accueil et leur populations
locales aux activités touristiques afin de leur permettre de bénéficier des retombées
économiques favorisant le développement et leur qualité de vie ». Cette approche est
commune à d’autres chartes telles que la Charte du tourisme durable éditée par la
Commission Européenne en 1995.
1.3.2 Avec des outils de régulation
De plus, comme nous les avons définis en première partie, il est important pour les sites à
forte notoriété de connaître leur capacité de charge ainsi que de tout mettre en œuvre pour
la gestion des flux.
50
La capacité de charge touristique (CCT) peut-être calculée selon diverses méthodes.
L’Europe a défini une méthode comme suit :
FIGURE 4 : METHODE EUROPEENNE DE CALCUL DE LA CAPACITE DE CHARGE53
Cette méthode, permet de connaître le seuil acceptable suivant le site touristique, de la
fréquentation maximale. Il permettra pour les décideurs locaux d’instaurer des limitations
de flux si nécessaires et ce par une gestion des flux organisée autour de plusieurs
possibilités.
53
Rapport Final “DEFINIR, MESURER ET EVALUER LA CAPACITE DE CHARGE DANS LES DESTINATIONS
TOURISTIQUES EUROPEENNES”, 2001
51
Mieux répartir les flux dans le temps permettrait de lutter contre la saisonnalité, d’une
part, et d’étaler les flux suivant le moment de la journée, la période de l’année, etc. D’autre
part, on retrouve souvent dans les sites à forte notoriété, une concentration de flux durant
les vacances scolaires. Pour cela, plusieurs solutions existent comme inciter les touristes à
partir plus tôt le matin, à venir en saison plus creuse, etc. Une politique tarifaire pourrait
permettre aussi de proposer des rabais, en périodes plus calmes. Pour cela, l’offre doit
paraître intéressante aux yeux des touristes et elle doit avoir une réelle attractivité.
De plus, mieux répartir les flux dans l’espace permettrait également de ne pas se
retrouver avec une sur fréquentation d’un site au même endroit et au même moment. Pour
cela, les mobilités douces peuvent être une solution, avec un accès différent, souvent plus
lent, pour éviter l’afflux des touristes au même endroit et au même moment.
A cela s’ajoutent les aménagements du territoire, qui peuvent être de véritables moyens
pour étaler les flux. Par exemple, la signalétique, mais aussi le point d’accueil qui aurait
pour fonction de déconcentrer la fréquentation du site en amenant les touristes vers le point
d’accueil d’abord puis de façon orientée vers le site lui-même. Les aménagements de
points de fixation du public tels que les sentiers d’interprétation peuvent aussi être une
bonne idée pour réduire la concentration des touristes.
Ainsi, divers outils existent pour permettre aux territoires de gérer les sites à forte
notoriété, souvent appuyés par un encadrement de type label ou autre. Pour cela, l’offre
touristique et l’orientation générale de développement touristique sont importantes.
2. Une offre adaptée aux nouvelles formes de tourisme
2.1. Une offre dans la tendance d’une transition touristique
Comme on a pu le constater dans la première partie de ce mémoire, le tourisme a d’abord
connu une élite (les aristocrates anglais), mais les territoires en général ont effectué leur
mise en tourisme avec une première élite ; c’est le cas de l’alpinisme et du pyrénéisme.
Ainsi, les territoires de montagne ont connu leur premier pic de fréquentation avec la
venue d’élites, souvent des gens « étrangers », qui venaient connaître, découvrir et
pratiquer la montagne.
52
Puis, petit à petit, la masse a rejoint l’élite, puisque quand les vacances se sont
démocratisées, les gens sont allés là où ils savaient qu’ils pouvaient aller, d’un point de vue
social. C’est ainsi qu’est né le tourisme de masse. Les premières destinations ont connu
l’élite, la première phase du cycle, puis la masse, la seconde phase du cycle.
Ainsi, le cycle touristique a connu deux phases. Mais aujourd’hui dans une volonté de
tourisme facteur de développement, la transition touristique nécessite de faire cohabiter
l’élite et la masse. La transition touristique se définit comme un passage d’une étape à une
autre avec une ou des modifications.
2.2. La nouvelle élite avec les nouvelles formes de tourisme
On peut alors se demander, ce qui forme la nouvelle élite dans les territoires déjà
touristiques? On peut supposer que les nouvelles formes de tourisme viennent former cette
élite : le tourisme durable, l’écotourisme, le tourisme solidaire, le tourisme équitable, etc.
Toutes ces nouvelles formes de tourisme sont aujourd’hui pratiquées par une minorité de
personnes. Elles sont toutes construites dans une démarche de développement durable
visant à préserver l’environnement et les cultures locales. De plus, pour ces nouvelles
formes de tourisme, les principes se comportent comme la première phase du cycle.
La transition touristique souhaite ainsi passer d’une étape à une autre sans causer de
dommages. Elle consisterait à construire une troisième phase du cycle où la masse et l’élite
cohabiteraient, pas forcément sur le même espace mais du moins dans les mêmes
territoires. Si l’on veut que le tourisme soit facteur de développement sur un territoire, il
faut qu’il puisse s’inscrire dans la 3ème phase touristique54.
3. Des projets de développement touristique adaptés au développement
durable
3.1. Avec des offres s’adaptant à une capacité de réversibilité très faible
La capacité de réversibilité d’un projet touristique est la capacité à s’adapter sans pour
autant le détruire. La montagne a une capacité de réversibilité très faible puisque la matière
« première » est gratuite. Ainsi, il n’y a pas de maitrise sur cette matière première qu’est la
54
53
ressource montagne. Or, lorsque l’on veut mettre en place des offres touristiques durables,
il faut avoir une capacité de réversibilité très forte. Ainsi, il est nécessaire de proposer des
offres qui permettent de s’adapter aux contraintes de l’espace montagnard. Les nouvelles
formes de tourisme peuvent effectivement s’adapter plus facilement, car elles sont à la
recherche d’un tourisme dit « de nature », ne dépendant pas forcément des contraintes
telles que le climat, l’accessibilité, etc.
3.2. En s’assurant que le tourisme est développé pour le territoire
Le tourisme ne peut être facteur de développement que si sa mise en œuvre a pour finalité
le développement du territoire et non la satisfaction de la clientèle. En effet, dans la mis en
place de projets touristiques, il faut se demander en premier lieu pour qui on développe le
tourisme. Si le tourisme a pour finalité le développement du territoire alors l’optimisation
des ressources se fera seulement si le territoire le permet et si les ressources sont
suffisantes. Dans cette vision de développement territorial, la satisfaction des clients est
donc un moyen et non pas une finalité, on se laisse ainsi la possibilité de ne pas répondre
aux attentes des clients si le territoire ne le permet pas et ne le veut pas. Cela permettra de
proposer des offres pour un développement durable et des retombées économiques
meilleures, dans une perspective de développement durable, respectant les ressources mais
aussi la volonté publique des territoires55.
3.3. Permettant des retombées économiques directes grâce à la création d’emplois
Ainsi, ces nouvelles offres doivent permettre aux populations locales d’être intégrées au
tourisme, en proposant elles-mêmes des prestations telles que l’hébergement,
l’accompagnement, les savoir-faire locaux, etc. Dans les vallées où l’activité ski est
présente, les activités de nature, complémentaires, doivent venir désaisonnaliser les vallées,
avec des offres atomisées, pour permettre de faire vivre le bas des vallées et que l’activité
ne soit pas concentrée en haut. Une fédération des acteurs dans les vallées devraient
permettre de faire des « circuits », bénéficiant aux différents acteurs. L’offre doit s’adapter
aux nouvelles tendances tout en permettant que le tourisme reste bien facteur de
développement. Les activités de pleine nature peuvent être une solution à des retombées
économiques directes, elles peuvent être effectuées en toute saison et peuvent très bien
55
54
s’adapter au climat, souvent aléatoire en zone de montagne. En hiver, les circuits de
raquettes, de ski de fonds, de randonnées pédestres peuvent venir en complément des
activités de ski de piste. En dehors de l’hiver, toutes les activités peuvent permettre au
tourisme d’être actif tout au long de l’année (VTT, parapente, randonnée, via ferrata,
escalade). La découverte du savoir-faire et de la culture locale, devraient venir conforter
ces activités pour redynamiser les villages de montagne.
Pour que les populations locales de montagne aient des retombées économiques et que le
tourisme soit facteur de développement pour elles, il faut bien sûr éviter que le tourisme
soit l’activité principale. Dans l’idéal, il faudrait renforcer les autres activités existantes ou
se tourner de nouveau vers des activités traditionnelles. C’est le cas de certaines
associations de montagne qui se sont créées pour revenir à des activités pastorales
anciennes ou bien pour valoriser leur savoir-faire local. Pour cela, il est bien évident que
des offres doivent être créées autour des nouvelles formes de tourisme mais aussi autour
des savoirs faire, de la culture, des traditions.
Pour un développement local efficace autour d’une offre qualifiée, proposant
l’hébergement, la restauration, les visites, il faut une offre reconnue et de qualité, dans le
but de faire venir les touristes et surtout de les fixer sur le lieu. Pour cela, il y a la nécessité
de mise en place de projets de développement touristique.
En résumé
L’activité touristique a souvent été vue comme une manne financière rapide. Parfois, cela a été un
choix délibéré ou bien subi. L’encadrement des sites à forte notoriété a souvent accru la
fréquentation touristique de façon importante. Ainsi, certaines populations locales sont dépassées
par l’afflux important de touristes, sans retombées économiques attendues. Pour que l’activité
touristique permette des retombées positives aux populations locales, le tourisme devrait être
régulé en premier lieu. De plus, l’offre devrait s’adapter aux nouvelles tendances et notamment à
la transition touristique, permettant que le tourisme soit facteur de développement. Pour cela, elle
peut, en zone de montagne, s’appuyer sur les nouvelles formes de tourisme, plus en adéquation
avec l’espace montagnard, et pouvant permettre une redynamisation du tourisme dans ces espaces
à faible capacité de réversibilité. Cependant, ces offres ne feraient vivre que les acteurs, à
proprement parler, du tourisme. Pour que la population locale, soit entièrement intégrée au
tourisme facteur de développement, notre deuxième hypothèse de travail va venir essayer
d’apporter une solution supplémentaire.
55
Chapitre 2 : Le patrimoine culturel, levier du pilier social et
environnemental, pour un tourisme facteur de développement
durable
Dans ce chapitre, nous allons nous pencher sur le pilier social du développement
durable à travers le patrimoine culturel et l’appropriation des territoires par les populations
locales. Cela nous permettra de montrer, pour finir, le rôle que peuvent avoir les
populations locales autour du pilier environnemental du développement durable.
1. Le patrimoine, un héritage de l’histoire
1.1. Définition du patrimoine
Du latin « Patrimonium », le patrimoine peut être défini comme :
- un bien que l’on tient par héritage de ses ancêtres ;
- un héritage commun d’un groupe (patrimoine culturel) ;
- un bien propre, une richesse.
On retrouve ici toute la problématique du développement durable : répondre aux besoins
du présent sans pour autant compromettre la capacité des générations futures de répondre
aux leurs.
Le patrimoine est donc la totalité des biens hérités du passés, qu’ils soient d’ordre culturel
ou naturel. En effet, le patrimoine ne se limite pas à un volet culturel. « Culturel ou naturel,
reconnu à l’échelon international ou bien de proximité, le patrimoine demeure cependant
un moyen d’identification et de reconnaissance pour l’habitant et le touriste »56.
Chaque site touristique, comme nous l’avons dit en première partie, est devenu touristique
de par son patrimoine ; qu’il soit naturel, culturel, architectural, etc. Ce patrimoine a alors
une histoire, une histoire construite au fil des années, qui vient renforcer l’attrait de ce
patrimoine au niveau touristique. Les montagnes ont souvent une histoire géologique, en
56
P. Torrente, L. Barthe, J. Bessiere, P. Godard, Mise en place d’outils et méthodes pour une structuration du tourisme
dans un territoire, Equipe de Recherche Interdisciplinaire en Tourisme, 2004.
56
premier lieu, permettant d’expliquer le patrimoine naturel et le paysage. De plus, comme
nous avons pu l’écrire dans la première partie, en France, les deux courants qui firent
connaitre la montagne ont été l’alpinisme et le pyrénéisme. Ces deux mouvements ont
permis la mise en tourisme de ces territoires de montagne et font partie d’une histoire,
d’une culture, d’une identité locale, propres aux territoires concernés.
De nos jours, le patrimoine semble être devenu essentiel dans la notion d’identité, élément
important pour les sociétés.
1.2. L’identité culturelle d’un territoire à travers le patrimoine
Selon Pierre Lamaison, dans son rapport au ministère de l’environnement, le patrimoine «
est constitué par tous les éléments qui fondent l’identité de chacun des groupes humains
et contribuent à les différencier les uns des autres. C’est un ensemble d’agents sociaux, de
biens matériels ou immatériels, de savoirs organisés, qui se sont élaborés, transmis,
transformés sur un territoire donné57 ». Ainsi, il existe un lien entre patrimoine et identité.
-Définition de la culture :
La culture, au sens anthropologique et sociologique, désigne l’ensemble des activités, des
croyances, des valeurs, des normes et des pratiques communes à une société ou à un
groupe social particulier. La culture est donc facteur de cohésion sociale, d’intégration
individuelle, autant que de différenciation.
Ses caractéristiques principales :
 C’est un ensemble cohérent, avec des interrelations entre chaque élément.
 Elle est formalisée à travers l’art, des rites, des connaissances, etc.
 Elle imprègne l’ensemble des activités humaines.
 Elle est commune à un groupe, quel que soit sa taille.
 C’est un héritage social qui se transmet de générations en générations
(socialisation).
-
L’identité culturelle
57
P. Torrente, L. Barthe, J. Bessiere, P. Godard, Mise en place d’outils et méthodes pour une structuration du tourisme
dans un territoire, Equipe de Recherche Interdisciplinaire en Tourisme, 2004.
57
L’identité culturelle d’un territoire est avant tout un sentiment individuel, très souvent
limité au coin de terre dans lequel on est né et où on a grandi. Cependant, cette identité
peut s’intégrer dans une identité collective, d’appartenance à un territoire. On peut
distinguer trois éléments dans la formation d’une identité collective :
« Un élément cognitif (les gens doivent être au courant de la région et de
ses limites), un élément affectif (qui doit donner le sentiment d’une identité
commune dans l’espace ainsi conçu), et un élément instrumental (qui doit
créer une mobilisation pour une action collective)58 ».
1.3. Tourisme et Patrimoine culturel en espace de montagne
Chaque site touristique, comme nous l’avons dit en première partie, est devenu touristique
de par son patrimoine ; qu’il soit naturel, culturel, architectural, etc. Le patrimoine culturel
peut être décliné en plusieurs catégories, selon l’UNESCO :
-
Le patrimoine matériel : art, sculpture, monuments, sites archéologiques, etc.
-
Le patrimoine immatériel : les traditions, rites, etc.
-
Le patrimoine naturel : paysage ayant une histoire culturelle, formations physiques,
géologiques ou archéologiques59.
Les territoires de montagne ont, avant tout, une histoire géologique spécifique, que ce soit
pour les Alpes, les Andes, l’Himalaya ou encore les Pyrénées. Cette formation géologique
porte les bases de l’histoire du territoire avec par exemple la création de frontière entre les
Pyrénées Françaises et les Pyrénées Espagnoles. Ce qui favorisa le passage de juifs
pendant la seconde guerre mondiale vers l’Espagne ou bien l’accueil d’Espagnols pendant
le franquisme, grâce à ces frontières. De plus, comme expliqué en amont, les montagnes
ont des moments d’histoire qui les firent connaître, comme l’alpinisme et le Pyrénéisme.
Ainsi de grands noms sont aujourd’hui évoqués lorsque l’on parle de ces deux grands
courants comme Maurice Herzog et les frères Ravier. En effet, ces grands noms de
l’alpinisme et du pyrénéisme ont permis d’avoir aujourd’hui, un réel patrimoine matériel
de récits, de souvenirs, de peintures, etc., de cette époque.
58
Guermond Yves, « L'identité territoriale : l'ambiguïté d'un concept géographique. », L’Espace géographique 4/2006
(Tome 35) , p. 291-297
URL : www.cairn.info/revue-espace-geographique-2006-4-page-291.htm (consulté le 17/03/2016).
59
http://fr.unesco.org/themes/culture-d%C3%A9veloppement-durable (consulté le 20/03/2016)
58
A cela s’ajoute l’histoire du territoire à travers les monuments, les sites culturels propres à
l’histoire du territoire ou bien encore les habitudes et les rites des populations locales. En
effet, bien souvent, dans le cas de la France, les populations locales vivaient du
pastoralisme, de l’artisanat, portant une mémoire du territoire et une culture importante
(chants, plats typiques, fêtes traditionnelles). C’est le cas par exemple des fêtes
traditionnelles autour des transhumances (déplacement saisonnier d'un troupeau en vue de
rejoindre une zone où il pourra se nourrir, ou déplacement du même troupeau vers le lieu
d'où il était parti60) dans de nombreux territoires montagnards.
Enfin, l’attachement des montagnards à leur territoire représente une identité culturelle
forte, avec souvent des passations d’histoire entre les générations. Souvent, fervents
passionnés de leur territoire, les montagnards essaient de le faire vivre à travers le
pastoralisme ou bien encore à travers le tourisme. C’est bien le cas du Tour Opérateur et
agence de voyage La Balaguère, qui fondée en 1984, est une entreprise qui fait vivre bon
nombre de personnes autour de son activité principale : la randonnée. Passionnés,
connaisseurs du milieu montagnard, les fondateurs de La Balaguère, ont permis de montrer
que la culture montagnarde pouvait se vivre par delà le monde61.
2. La mise en valeur de cette identité culturelle autour du Patrimoine
2.1. Une culture à mettre en valeur
Dans les territoires de montagne qui bénéficient de la présence d’un site à forte notoriété et
de surcroit labélisé ou encadré par une marque de notoriété, la surfréquentation du site
laisse les populations locales vivre aux dépens du nombre de touristes, pensant parfois
qu’il y aura de toute façon du monde qui viendra coute que coute. Ainsi, il est souvent
difficile pour les populations locales de trouver leur place dans ce circuit économique
dépendant du nombre de touristes. Pourtant, comme dit ci-dessus, les populations
montagnardes gardent en elles, des siècles d’histoire, parfois recherchés par les touristes.
Souvent, les populations locales deviennent alors passives et développent un sentiment qui
illustre leur difficulté de gérer le tourisme de masse aux dépens du site à forte notoriété,
elles souffrent de la surfréquentation en période estivale et souffrent du manque de
60
Définition du Larrousse
61
Entretien semi-directif avec Mr. X, PDG de La Balaguère et élu de la communauté de communes du Val d’Azun
59
touristes en période creuse. Les populations locales deviennent alors les vitrines d’un
tourisme mal régulé.
Cependant, les populations montagnardes pourraient voir dans leur culture une façon de
« redorer » leur place, en mettant en valeur leur culture, leurs traditions, leur histoire.
Permettant ainsi de développer une nouvelle raison de fixer les touristes, à la découverte
d’une culture, et d’ainsi, redonner de l’importance aux populations locales qui parfois se
sentent dépassées par le tourisme.
2.2. Des actions pour une mise en valeur de la culture montagnarde
-
Avec les Parcs Nationaux
Souvent les territoires de montagne font partie d’un Parc National (24 des 51 parcs naturels
régionaux et 6 des 10 parcs nationaux sont situés dans les massifs montagneux62). « Dix
territoires d'exception en France ont la chance d'avoir en leur cœur un monument naturel
national, porteur de l'attractivité de ses paysages, et vecteur de leur identité culturelle. De
tels monuments sont une richesse considérable pour un territoire63 ».
En 2006, la loi relative aux parcs nationaux, aux parcs naturels marins et aux parcs
naturels régionaux réforme le statut des parcs nationaux, qui datait de la loi du 22 Juillet
1960. Cette loi prévoit que les parcs nationaux seront maintenant composés de deux
zones : la zone cœur où la protection devra être maximale. L’Etat détiendra l’essentiel du
pouvoir de décision, même si les collectivités locales pourront être consultées ; l’aire
d’adhésion ne sera composée que des communes souhaitant y être intégrées en signant la
"charte" du parc, plan de préservation et d’aménagement. Dans cette zone moins
réglementée que la zone cœur, le développement devra rester compatible avec un
développement durable64.
Malgré le fait que cela peut être parfois perçu comme une contrainte par certaines
communes, les parcs nationaux ont intégré dans leur charte, des actions de mise en valeur
du patrimoine culturel comme suit par exemple dans un extrait de la charte du Parc
National des Pyrénées :
62
Commissariat général à l’égalité des territoires http://www.cget.gouv.fr/territoires/montagne (consulté le 10/03/16)
63
http://www.parcsnationaux.fr/Apprendre-Comprendre/La-charte-des-parcs-nationaux (consulté le 20/03/2016)
64
http://www.vie-publique.fr/actualite/panorama/texte-vote/loi-du-14-avril-2006-relative-aux-parcs-nationaux-aux-parcsnaturels-marins-aux-parcs-naturels-regionaux.html (consulté le 20/03/2016)
60
FIGURE 5 : EXTRAIT DU SOMMAIRE DE LA CHARTE DU PARC NATIONAL DES
PYRENEES Ŕ CONCERNANT LES « OBJECTIFS DE PROTECTION DU PATRIMOINE
NATUREL, CULTUREL ET PAYSAGER DU CŒUR »
FIGURE 6 : EXTRAIT DU SOMMAIRE DE LA CHARTE DU PARC NATIONAL DES
PYRENEES Ŕ CONCERNANT « LES ORIENTATIONS DE PROTECTION, DE MISE EN
VALEUR ET DE DEVELOPPEMENT DURABLE EN AIRE D’ADHESION65 »
Ainsi, comme nous pouvons le voir, les parcs nationaux et notamment ici, celui des
Pyrénées s’efforcent de mettre en place des actions en faveur de la mise en valeur du
Patrimoine culturel, que ce soit en zone cœur ou en aide d’adhésion, afin de sauvegarder le
Patrimoine culturel à travers l’histoire, le patrimoine bâti ou bien encore le pastoralisme.
De plus, d’autres orientations de la charte veulent aussi valoriser les savoir-faire et les
produits locaux. Enfin, la présence des maisons des Parcs Nationaux, présentent souvent
dans les zones cœurs des parcs, permettent aussi, à travers des musées, de valoriser les
65
http://www.parc-pyrenees.com/territoire-de-vie/charte-de-territoire/pnp-charte.html (consulté le 20/03/2016)
61
différentes cultures locales. Enfin, les nombreux sentiers d’interprétation créés par les
parcs nationaux permettent également de valoriser les cultures des différents territoires66.
-
Avec la création d’associations
Le monde associatif permet aussi souvent de recréer un dynamisme dans les territoires, à
travers la mise en valeur de savoir-faire, la préservation des patrimoines ou la redécouverte
des traditions anciennes. En effet, dans beaucoup de massifs, des associations pour la
préservation des patrimoines se créent, comme par exemple l’association Montagne et
Patrimoine en Ariège, ou bien encore l’association Montagnes, Cultures, Avenir qui met à
l’honneur les traditions pastorales d’hier et d’aujourd’hui, ainsi que les produits locaux,
dans la vallée de Gavarnie-Gèdre.
2.3. La place des populations locales dans la mise en valeur de cette culture
Un des problèmes majeurs rencontrés entre la culture et le tourisme est la
« folklorisation ». En effet, la découverte des cultures a pu parfois être perçue comme une
mise en scène des cultures. Comme le souligne Sylvie Brunel (La planète disneylandisée,
chroniques d’un tour du monde, 2006, 280p) le tourisme a transformé certains territoires
en véritables « parcs d’attraction ». En effet, « le tourisme sanctuarise la nature et
disneylandise la culture, reconstituant partout, pour notre plus grand plaisir, de « petits
mondes parfaits » ». Ainsi, il est parfois difficile pour les populations locales, au niveau
social, de ne pas tomber dans ce piège. En effet, Sylvie Brunel insiste sur le fait que les
Pays dits du Sud, souvent dépendants du tourisme, selon les territoires, vont tout faire pour
satisfaire le client et donc se mettre en scène. Comme le souligne Jean-Marie Breton
(Tourisme durable et patrimoines. Une dialectique environnementale ?, 2010, p132), de
nombreuses situations ont montré que « la revendication de l’héritage culturel en lien avec
le tourisme est motivé par le seul appât du gain ». Ainsi, certains défenseurs des cultures
critiquent cela comme étant du « voyeurisme », sous couvert de « tourisme ». Cela semble
particulièrement vrai dans les Pays dépendant du tourisme, comme par exemple le cas des
femmes « girafes » du peuple Kayan en Thaïlande (Jean-Marie Breton, Patrimoine,
tourisme, environnement et développement durable, 2011, p84). Des centaines de touristes
viennent voir ces femmes qui portent, de façon ancestrale un grand collier autour du cou,
qui provoque la contraction des muscles des épaules, donnant l’illusion d’un cou démesuré.
66
Entretien semi-directif avec Mr.W, chargé de mission tourisme durable au Parc National des Pyrénées
62
Ainsi, dans le cas de certains pays, la découverte des cultures peut devenir une
muséification des territoires, les figeant ainsi dans le temps et les empêchant de réellement
évoluer comme il faudrait.
Cependant, même si cela est particulièrement vrai dans des pays dépendant du tourisme et
souvent de la devise en retour, les pays Occidentaux souffrent aussi parfois de cette mince
frontière entre la valorisation de l’héritage culturel et la « folklorisation ». C’est ainsi que
certains agriculteurs ne veulent plus accueillir de touristes lors des transhumances, relevant
arguant que c’est leur métier et non pas d’une attraction.
3. Les relations entre tourisme culturel et développement territorial
Aujourd’hui, nombre de politiques culturelles menées par les élus se veulent en faveur du
développement territorial. Cela se justifie par le fait que la culture et l’identité culturelle ou
territoriale peuvent être des réponses au développement territorial. Ces politiques
permettent d’élaborer des stratégies de valorisation du patrimoine, mais aussi de maintenir
et faire valoir la production culturelle locale.
3.1. Le rôle de la décentralisation dans les politiques touristiques
La décentralisation se définit comme suit : « La décentralisation est un processus
d’aménagement de l’État unitaire qui consiste à transférer des compétences administratives
de l’État vers des entités (ou des collectivités) locales distinctes de lui ».
Ainsi, « dans la décentralisation territoriale, les autorités décentralisées sont les
collectivités territoriales ou locales (communes, départements, régions, collectivités à statut
particulier et collectivités d’outre-mer)67 ».
Les dates clés de la décentralisation sont :
-
Loi Defferre en 1982- 1983 : relative aux droits et libertés des communes, des
départements et des régions et précisant les nouvelles conditions d'exercice du
contrôle administratif sur les actes des autorités communales, départementales et
régionales ainsi qu’à la répartition de compétences entre les communes, les
départements, les régions et l'Etat .
67
http://www.vie-publique.fr/decouverte-institutions/institutions/collectivites-territoriales/principes-collectivitesterritoriales/qu-est-ce-que-decentralisation.html (consulté le 20/03/2016)
63
-
Loi d’orientation relative à l’Administration Territoriale de la République (loi
ATR) en 1992 : elle permet la création de communautés de communes et renforce
le mode de coopération locale.
-
Loi Voynet en 1999 : loi d’orientation pour l’aménagement et le développement
durable du territoire.
-
La Loi Chevènement en 1999 : relative au renforcement et à la simplification de la
coopération intercommunale : création des communautés d’agglomérations et des
communautés urbaines68.
Il fallut attendre 2003 pour que la décentralisation soit inscrite dans la Constitution. En
2004, la Loi relative aux Libertés et Responsabilités Locales définit les compétences
transférées de l’Etat suivant des domaines prédéfinis comme le tourisme par exemple. On
assiste alors à une réelle volonté de continuer dans la mise en œuvre de la décentralisation,
permettant ainsi de renforcer les acteurs locaux et la démocratie participative69. Le
processus de réforme des collectivités territoriales est engagé en 2010. En août 2015 est
promulguée la loi NOTRe qui rentrera en vigueur en Janvier 2017 (Nouvelle Organisation
Territoriale de la République). Cette loi confie de nouvelles compétences aux régions, qui
deviennent chefs de file. Elle modifie leur découpage en les réunissant dans des régions
plus grandes. De plus, elle renforce les compétences des intercommunalités qui deviennent
alors de vrais bassins de vie. Elles passeront de 5000 à 15000 habitants, regroupant ainsi
plusieurs communautés de communes entre elles.
Ainsi, d’après l’article L- 134-2 : « Les communautés de communes et les communautés
d’agglomération exercent de plein droit, en lieu et place des communes membres, la
compétence en matière de promotion du tourisme, dont la création d’offices de tourisme »,
« les offices de tourisme des communes touristiques et des stations classées de tourisme
sont transformés en bureaux d’information de l’office de tourisme intercommunal70 ».
Nous pouvons émettre l’hypothèse que cette réforme renforcera les pouvoirs locaux et
donc la prise en compte des besoins et attentes des citoyens.
68
http://www.collectivites-locales.gouv.fr/principales-lois-decentralisation (consulté le 20/03/2016)
69
Sandra Lavergne, mémoire de Master 1 Tourisme et Développement, La coopération territoriale dans les politiques
touristiques de développement local, ISTHIA, 2012/2013
70
http://www.gouvernement.fr/action/la-reforme-territoriale (consulté le 21/03/2016)
64
3.2. Les populations locales, au centre du tourisme culturel
Comme dit ci-dessus, le patrimoine culturel est lié aux traditions mais aussi au patrimoine
bâti, etc. Il est donc lié à l’Homme. Les populations locales des territoires sont ainsi au
cœur du patrimoine culturel de par leur histoire, mais aussi leur construction, leur façon de
vivre. Les populations locales de montagne ont un passé commun, souvent autour du
pastoralisme, de l’agriculture, et donc une identité culturelle propre. Elles peuvent, si elles
le souhaitent, valoriser ce patrimoine au niveau touristique.
3.3.1 Les populations locales autour de l’offre culturelle
Dans un site à forte notoriété où l’on vient en premier lieu pour l’aspect paysager, il est
parfois difficile pour la population locale de choisir sa place. En outre, il est possible, à
travers quelques actions simples de remettre au cœur du territoire, l’identité culturelle.
Dans les sites à forte notoriété qui sont encadrés, on peut imaginer de se baser sur les
caractéristiques du site qui ont marqué sa reconnaissance et ainsi faire en sorte que la
culture du territoire soit mise en avant. Cela mériterait qu’en faveur d’un tourisme en
adéquation avec le développement durable, les populations locales, soient acteurs du
tourisme, intégrés dans les projets de développement touristique du territoire. En territoire
de montagne, il est possible de remettre en avant les traditions, les plats locaux, les savoirfaire, les chants, et bien-sûr les raisons pour lesquelles le massif s’est fait connaître,
comme ce sera le cas de notre terrain d’étude, berceau du Pyrénéisme.
3.3.2 Les populations locales au cœur de nouveaux modes de gouvernance
D’après nos entretiens réalisés, il en ressort tout de même un réel manque d’intégration des
populations locales dans les prises de décisions politiques en faveur du territoire. En effet,
bien qu’il soit élu par les citoyens, le conseil municipal est souvent le seul décisionnaire
des actions menées sur le territoire, sans réelle concertation avec les citoyens. Cependant,
depuis quelques années, la notion de gouvernance essaie de plus en plus d’intégrer les
populations locales, pour un développement territorial plus durable.
« La gouvernance est un ensemble d’outils et de mécanismes concernant la manière de
gouverner. Le terme de gouvernance met également l’accent sur la multiplicité des
institutions, organisations et acteurs qui «gouvernent» un territoire et sur les relations entre
ces «gouvernants», locaux, régionaux ou nationaux, et les «gouvernés». La gouvernance se
65
caractérise par le passage de la centralisation à la décentralisation, de la gestion de service
public à la gestion selon les principes de marché, de la «guidance» publique à la
coopération des acteurs publics et des acteurs privés71. »
Cependant, depuis la loi relative à la démocratie de proximité en 2002, des expériences de
nouveaux modes de gouvernances, bien qu’elles soient en petit nombre, apparaissent telles
que la démocratie participative, mais seulement pour les villes. Pour les communes de
montagne dans les sites à forte notoriété, la communication entre élus et citoyens semble
primordiale.
3.3. Une réappropriation du territoire grâce à la culture
Dans les sites à forte notoriété, la sur fréquentation engendre souvent une acculturation et
une perte de l’identité culturelle. Grâce au tourisme, les populations locales peuvent se
réapproprier leur culture en se mobilisant autour du patrimoine commun.
« Aujourd’hui, le territoire n’est plus seulement considéré comme « un
espace sur lequel s’exerce une autorité limitée par des frontières politiques
et administratives. Il devient un système spatialisé, mettant en relation une
multitude d’agents et d'objets matériels et immatériels. Le fait
d’appropriation devient alors essentiel à son identification »
L’appropriation renvoie à l’adaptation d’un objet (ici l’espace patrimonial)
à un usage précis ainsi qu’à la notion de propriété. La propriété est ici
d’ordre moral, psychologique et affectif. Les questions du patrimoine et du
tourisme interrogent ainsi les limites du multiculturalisme, en mettant en
avant les difficultés de dialogues entre les impératifs de développement, les
principes patrimoniaux de l'Etat, et les désirs de (ré) appropriation
identitaires et territoriales des communautés natives72 »
3.4.1 Les dimensions sociales et environnementales en montagne, dans un même
objectif
D’après Johan Milian (La protection de la nature, quelle ressource sociale pour la gestion
et le développement des espaces montagnards ? LA RESSOURCE MONTAGNE, Entre
potentialités et contraintes, 2011, p249), avec les démarches de plus en plus
anthropocentrées au sein de la protection de la nature, l’essor des modes de gouvernance
participatifs et les référentiels sur le développement durable, la notion de protection de la
71
http://veilletourisme.ca/2004/09/22/quest-ce-que-la-gouvernance/ (consulté le 22/03/2016)
72
Marie-Laure Guilland, « Mise en tourisme du patrimoine colombien : désappropriation, appropriation et
réappropriation en territoires indigènes », Études caribéennes [En ligne], 20 | Décembre 2011, mis en ligne le 28 juin
2013URL : http://etudescaribeennes.revues.org/5454 ; DOI : 10.4000/etudescaribeennes.5454 (consulté le 25/03/2016)
66
nature s’est élargie pour s’ouvrir au dialogue avec les enjeux sociaux du développement.
Ainsi, selon lui, il est possible de dire que protection de la nature et développement local
partagent des relations étroites et des objectifs communs. Dans ses travaux, Johan Milian
utilise la protection de la nature comme composante du champ social et surtout comme une
ressource territoriale, en montagne. En effet, cette ressource s’explique par la qualité des
milieux de vie des montagnes. Au Sommet de la Terre, à Rio, en 1992, la « valeur
patrimoniale de la montagne » est devenue, un fait universellement reconnu, englobant les
valeurs écologiques et aussi les valeurs sociales. Johan Milian insiste sur le fait que la
protection de la nature est une contribution au capital social qui fait ressource pour l’action
territoriale. La notion de capital social renvoie « aux cadres de l’organisation sociale, soit
les normes, les relations et les réseaux, mais aussi les connaissances partagées qui peuvent
améliorer, augmenter l’efficacité de la société en facilitant l’action collective ». En effet,
cette protection est considérée comme une construction sociale dans le sens ou « la société
gère et transforme les espaces qu’elle occupe pour les utiliser, les exploiter, les adapter »
comme elle le souhaite. De plus, la protection de la nature peut être ressource à la fois
parce qu’elle représente une offre locale particulière et à la fois parce qu’elle pourrait
constituer un agent de la (re)construction des entités territoriales. Ainsi, la protection de la
nature a plusieurs fonctions : elle incite les groupes d’usagers à s’ériger en acteurs qui
s’impliquent, elle stimule la réappropriation des configurations locales, elle conduit les
populations locales à argumenter leurs valeurs, à affirmer leurs identités et leurs idéologies
spatiales. Ainsi, le discours développé autour de la protection de la nature, pourrait servir
d’appui à des processus de reterritorialisation (nouvelle façon de faire le territoire). Enfin,
la protection de la nature pourrait permettre de recourir aux outils de co-gestion
participative.
En résumé, selon Johan Milian, la contribution que peut apporter la protection à la
refondation des communautés locales et de la vie sociale dans les territoires de montagnes,
s’appuie plus largement sur les initiatives menées pour la sauvegarde du patrimoine
culturel spécifique à ces espaces. « La protection vient en quelque sorte assurer la prise en
charge et l’appropriation collective, au nom de l’intérêt général, d’une mémoire locale ».
67
En résumé
Le patrimoine culturel est un héritage, à la fois individuel et collectif. Dans les territoires de
montagnes, c’est le fruit d’histoire, de constructions, de traditions, qui ont traversé des siècles
entiers. Le pastoralisme reste bien-sûr une ressource culturelle forte, avec des pratiques agricoles
qui ont évolué au fil des siècles. Les frontières et les relations entre communautés montagnardes
représentent aussi des traditions culturelles présentes dans beaucoup de régions de montagne.
Dans les sites à forte notoriété, en montagne, le tourisme a souvent fait perdre les traditions
ancestrales, se tournant vers des activités plus lucratives. Seulement, inscrites dans un circuit
économique instable, aux dépens du nombre de touristes, les populations locales semblent parfois
avoir perdu leur identité culturelle propre. En effet, souvent, dans ces sites à forte notoriété, le
tourisme est souvent développé pour satisfaire les touristes et non pas pour satisfaire les
populations locales. Il semblerait que l’orientation d’un tourisme autour d’une offre culturelle
pourrait permettre une réappropriation du territoire et surtout l’intégration des populations locales
dans un processus de tourisme facteur de développement durable pour le territoire. Pour cela, la
place des populations locales dans les modes de gouvernance semble être une question importante
à remettre au cœur des communes de montagnes. Enfin, puisque les patrimoines culturels et
naturels sont en lien étroit, la mise en valeur de la culture dans les sites surfréquentés pourrait
permettre une meilleure prise en compte de la protection de la nature.
68
Synthèse de la partie 2
Cette partie a permis de formuler deux hypothèses de travail, à partir du travail de
recherche effectué et à partir des entretiens semi-directifs réalisés.
La première s’oriente autour du pilier économique du développement durable et
notamment des retombées pour les populations locales. Tout d’abord, cette hypothèse met
en avant l’encadrement des sites à forte notoriété comme les labels, les classements, etc. ;
et les impacts que cela peut avoir sur la population locale et sur le tourisme. La sur
fréquentation pose souvent des problèmes dans les sites à forte notoriété, et notamment les
sites naturels, avec une clientèle de passage qui ne consomme pas forcément sur le lieu. Le
tourisme n’est pas toujours un choix voulu mais parfois un choix subi comme nous avons
pu le voir à travers nos exemples. Ainsi, des dispositifs devraient être mis en place pour
réguler le tourisme dans les sites à forte notoriété et ainsi développer le tourisme pour le
territoire, en faisant en sorte que les retombées économiques reviennent aux populations
locales. Cela peut se faire dans une transition touristique qui s’appuierait sur les nouvelles
formes de tourisme.
La seconde hypothèse s’oriente autour des piliers sociaux et économiques du
développement durable. En effet, nous avons essayé de mettre en avant l’importance du
patrimoine culturel pour le tourisme, pour l’identité culturelle d’un territoire et ainsi pour
les populations locales. Nous avons essayé de faire le lien entre tourisme culturel et
développement territorial et le rôle que pouvaient avoir les populations locales dans ce
dernier. Pour cela, nous avons évoqué la notion de gouvernance, importante pour
l’intégration des populations locales dans les prises de décision et dans le développement
des projets. Enfin, nous avons fait le lien entre culture et protection de la nature, avec les
mêmes objectifs et permettant une réappropriation nécessaire du territoire par les
populations locales, souvent nécessaire dans les sites à forte notoriété en montagne ou le
tourisme vient déréguler la place des populations locales au sein du tourisme.
Dans une troisième partie, nous allons essayer de confronter ces hypothèses à un terrain
d’étude choisi qui est le site de Gavarnie.
69
Partie 3 : le cas du village de Gavarnie
70
Chapitre 1 : Gavarnie, joyau naturel et culturel de renommée
mondiale
Dans ce chapitre, nous présenterons le cas d’étude choisi, ses spécificités patrimoniales,
ses différents encadrements ainsi que sa grande notoriété. En effet, cette présentation
permettra de mieux appréhender le cas choisi pour ensuite le confronter dans un second
chapitre aux hypothèses énoncées en Partie deux.
1. Le cirque de Gavarnie
1.1 Un petit village de fond de vallée Pyrénéenne
Gavarnie est un village situé dans le département des Hautes-Pyrénées, et plus
particulièrement dans une des vallées du Canton de Luz-Saint-Sauveur. Situé à 1375
mètres d’altitude, le village est habité par environ 150 personnes. Limitrophe avec un autre
petit village, Gèdre, ils ont fusionnés en janvier 2016 pour devenir une seule et même
commune. Gavarnie, ancien village de bergers, est un village qui n’a pas toujours été
connu comme aujourd’hui et qui ne possède pas non plus de grandes traditions pastorales,
au contraire de Gèdre. Gavarnie bénéficie cependant d’une grande culture montagnarde,
grâce au Pyrénéisme. Gavarnie est un site classé au titre de la loi de 1930 sur la protection
des monuments naturels et des sites de caractère artistique, historique, scientifique,
légendaire ou pittoresque. De plus, il fait partie du site « Pyrénées-Mont Perdu » et a été
classé par l’UNESCO en 1997.
FIGURE 7 : VILLAGE DE GAVARNIE73
73
http://ete.gavarnie.com/decouvrez/un-lieu-unique/nos-villages (consulté le 25/03/2016)
71
1.2 Une histoire géologique particulière qui façonna le cirque de Gavarnie
Louis Ramond de Carbonière, en 1802, ascensionna le Mont Perdu, et on commença à
s’intéresser au Pyrénées. Il découvrit qu’il y a un demi-milliard milliard d’années, à la
place des Pyrénées se trouvait un océan, dans lequel s’accumulaient des roches
sédimentaires. De grands mouvements tectoniques bouleversèrent ensuite la surface de la
Terre. La plaque africaine poussa la croûte ibérique en direction du nord, elle rentra alors
en contact avec la croûte européenne qui arrêta sa progression et donna les Pyrénées. En
1903, Arthur Bresson découvrit la nappe de charriage : les roches anciennes se
superposèrent aux roches récentes : ainsi les terrains récents se retrouvèrent entre deux
couches anciennes.
FIGURE 8 : LA NAPPE DE CHARRIAGE DE GAVARNIE74
Ensuite, pendant 30 millions d’années l’eau tombée à la surface du sol altérera les roches
et transporta des milliards de tonnes de débris le long des rivières jusqu’à la mer, ainsi se
créèrent les vallées. A l’époque glaciaire, la neige s’accumula, formant ainsi de hauts
glaciers atteignant parfois 800 mètres de profondeur. Les roches calcaires profondément
fracturées par l’eau gelée et par l’érosion arrivèrent jusqu’en haut des vallées. Lors des
périodes de dégel, des blocs rocheux furent amenés vers l’avant et raclèrent les vallées,
déterminant ainsi la forme de vallée en U de Gavarnie75. Aujourd’hui Gavarnie est connu
grâce au Cirque, une grande muraille de 1700 mètres de hauteur, en forme d’arc de cercle,
74 74
Source : Candice TAMAREL, inspirée du film : Voyage au Mont – Perdu. L’histoire géologique de Pyrénées MontPerdu.
75
Film Voyage au Mont-Perdu. L’histoire géologique de Pyrénées Mont-Perdu.
72
de 14 kilomètres de circonférences, qui culmine à plus de 3000 mètres. C’est aussi un lieu
de légende avec sa renommée Brèche de Roland.
1.3 Le site de Gavarnie, reconnu à travers plusieurs marques de notoriété
1.3.1 Gavarnie, au cœur du Parc National des Pyrénées Françaises
Le Parc National des Pyrénées a été créé en 1967. Il s’étire sur 100 kilomètres, sur 2
départements (Pyrénées-Atlantiques et Hautes-Pyrénées) et 2 régions (Aquitaine et MidiPyrénées), du Gave d’Aspe à la Neste d’Aure, le long de la crête frontière qui l’unit à
l’Espagne. Il se déploie sur 45 707 hectares de zone cœur, aire la plus protégée des Parcs
Nationaux. Il protège des territoires en zone cœur ne descendant pas en dessous de 1000
mètres d’altitude et culmine à 3298 mètres d’altitudes avec le Vignemale. Le cœur est
dépourvu d’habitants et possède une règlementation de protection des espèces, des habitats
et du patrimoine culturel. Dans cette zone s’exercent les activités traditionnelles telles que
le pastoralisme et la sylviculture. Le cœur se déploie sur 15 communes (6 en Béarn et 9 en
Bigorre).
L’aire d’adhésion quant à elle est répartie sur 6 vallées qui représentent 128 400 hectares.
Dans l’aire d’adhésion, le Parc National est un partenaire de la vie locale et, à travers la
charte, définit les orientations en matière de mise en valeur et de développement durable
des vallées : maintien de la qualité paysagère, aménagement des villages, soutien à a la
gestion des estives et à la valorisation des produits de l'agriculture locale, développement
de l'activité forestière, gestion de l'accueil sur les grands sites touristiques, sensibilisation
du public, conservation du patrimoine naturel et culture, préservation de la ressource en
eau. En 2016, 65 communes ont choisi d'adhérer à la charte et d'être partenaires du Parc
National (15 en Béarn, 50 en Bigorre)76.
76
http://www.parc-pyrenees.com/nous-connaitre/histoire-et-geographie-du-parc-national-des-pyrenees.html (consulté le
25/03/2016)
73
FIGURE 9 : CARTE DU PARC NATIONAL DES PYRENEES77
Ainsi, comme nous pouvons le voir, le village de Gavarnie fait partie de l’aire d’adhésion
du Parc et le cirque de la zone cœur. Comme dit ci-dessus, la zone cœur bénéficie d’une
protection maximale tandis que l’aire d’adhésion est solidaire de la zone cœur à travers des
orientations de protection.
1.3.2 Le site de Pyrénées Mont-Perdu, inscrit au Patrimoine Mondial de
l’UNESCO
Le Cirque de Gavarnie fait partie du site exceptionnel Pyrénées Mont-Perdu qui
rayonne des deux côtés de la frontière nationale entre la France et l’Espagne et qui est
centré sur le Mont-Perdu, massif calcaire qui culmine à 3352 mètres d’altitudes. Le site
77
Site internet du Parc National des Pyérénées
74
d’une superficie de 30 639 hectares comprend deux des canyons les plus profonds
d’Europe, la vallée d’Ordessa et les gorges d’Escuain sur le versant Sud, en Espagne, et
quatre cirques importants sur le versant Nord, du côté Français.
FIGURE 10 : VUE AERIENNE DU SITE PYRENEES MONT-PERDU78
Ainsi, en 1997, le site Pyrénées Mont-Perdu est inscrit au Patrimoine Mondial de
l’UNESCO à double titre : son patrimoine naturel et son patrimoine culturel. Seuls 32 sites
dans le monde bénéficient de cette double inscription.
Ainsi, voici quelques exemples de critères d’inscriptions propres au site :
- « Les pâturages et les prairies de Pyrénées Ŕ Mont Perdu, avec leurs villages et les
chemins qui les relient, sont un témoignage remarquable d’un système de transhumance
aujourd’hui très rare en Europe, encore pratiqué par sept communautés qui vivent
principalement à proximité des limites du bien » (critère 3)
78
Source : Candice TAMAREL, inspirée du film : Voyage au Mont – Perdu. L’histoire géologique de Pyrénées MontPerdu.
75
-. « Le bien est un paysage exceptionnel avec des prairies, des lacs, des grottes, des
montagnes et des forêts. De plus, la région présente un grand intérêt pour la science et la
conservation, possédant toute une gamme d´éléments géologiques, panoramiques,
faunistiques et floristiques qui en font l'un des espaces protégés alpins parmi les plus
importants d´Europe »(critère 7).
Ainsi, comme nous pouvons le voir, le site a été inscrit à l’UNESCO, grâce à son
patrimoine naturel et culturel, son histoire, ses traditions, etc.
FIGURE 11 : PLAQUE D’INSCRIPTION DU SITE PYRENEES MONT-PERDU79
Gavarnie est le plus connu des quatre cirques avec ses 6,5 km de circonférence, sa paroi
haute de 1500 m et en son cœur, l'une des plus grandes cascades d’Europe (423mètres),
source du Gave de Pau.
1.3.3. Gavarnie, Grand Site de Midi-Pyrénées
En Juillet 2007, le président de la région Midi-Pyrénées Martin Malvy a initié la
politique des Grands Sites Midi-Pyrénées. Le constat était que la région possédait de
nombreux sites incontournables, de notoriété nationale et internationale, qui n’étaient pas
forcément associés dans l’esprit du public à Midi-Pyrénées. Ainsi l’assemblée plénière du
Conseil Régional a décidé de lancer cette politique en faveur des Grands Sites avec pour
objectif de mettre en œuvre un principe d’organisation et de valorisation de ces derniers en
aidant les territoires dans lesquels ils se trouvent.
Par ailleurs, de façon complémentaire aux objectifs d’image, le dispositif régional prévoit
d’accompagner les grands sites dans leurs investissements par un soutien technique et
financier.
79
Site internet de l’UNESCO
76
En effet, tous ces sites sont très fréquentés, pour beaucoup sur une courte période. Et ils
doivent faire face à des investissements lourds, indispensables pour conserver des emplois,
des visiteurs, et une image.
Ce dispositif s’appuie sur des contrats passés entre la Région, les départements et les
collectivités concernées. Il concerne la valorisation du patrimoine naturel et culturel, le
maintien et l’amélioration des infrastructures d’accueil et la préservation de
l’environnement. Ce dispositif est co-financé par l’Union-Européenne, la région et les
départements de Midi-Pyrénées.
La communication se fait de façon collective, à la fois par la région et à la fois par les sites
eux-mêmes qui peuvent ainsi valoriser leur propre identité à travers plusieurs supports
(films, reportage photo, cartes, etc.). Le CRT (Comité Régional du Tourisme) a pour
objectifs :
-
D’augmenter la notoriété de la destination Midi-Pyrénées au travers de sa collection
de grands sites.
-
De valoriser les atouts identitaires et patrimoniaux de ces incontournables de MidiPyrénées.
-
D’inciter les visiteurs à aller d’un grand site à un autre.
-
D’inviter les visiteurs à rayonner autour des grands sites80.
2. Un patrimoine culturel important
2.1. Une histoire liée au pastoralisme et à l’agriculture à Gavarnie
Ce site est également un paysage pastoral qui reflète un mode de vie agricole
autrefois répandu dans les régions montagneuses d'Europe. Il est resté inchangé au
XXe siècle en ce seul endroit des Pyrénées, et présente des témoignages inestimables sur la
société européenne d'autrefois à travers son paysage de villages, de fermes, de champs, de
hauts pâturages et de routes de montagne. Au centre d’un système agro-pastoral basé sur le
déplacement du bétail, des moutons, des vaches et des chevaux vers les pâturages
d’altitude pendant les mois d’été, les vallées du Mont-Perdu et leurs cols ont servi de liens
80
Site internet de Midi-Pyrénées : http://pro.tourisme-midi-pyrenees.com/accueil/promotion-communication/les-grandssites-midi-pyrenees/le-dispositif-des-grands-sites-midi-pyrenees (consulté le 26/03/2016)
77
entre les communautés Espagnoles et Françaises, qui avaient davantage de points
communs entre elles qu'avec leurs communautés voisines respectives dans les plaines.
L'exploitation des hauts pâturages comme ceux d'Ossoue (situé sur un flanc du village de
Gavarnie) est un témoignage inestimable de ce système de transhumance. C’est l’un des
rares lieux en Europe où la transhumance s’est maintenue depuis des siècles. Par des
accords ancestraux, les fermiers espagnols font aussi paître leurs troupeaux du côté
français. Cette pratique renforce la nature transfrontalière de ce bien du patrimoine
mondial81.
En effet, au XIIIème siècle, des échanges ancestraux se sont faits entre les communautés
Espagnoles et Françaises. Il s’agissait d’accords de Paix pour la gestion de la montagne qui
recherchaient l’apaisement et la prévention des incidents entre les deux communautés. Ces
accords étaient des serments oraux puis ensuite écrits pour une paix jurée, appelés Lies et
Passeries. Aujourd’hui, fruit de ces accords, tous les ans en Juillet, entre 500 et 1 200
vaches aragonaises franchissent la crête frontière au niveau du lac de la Bernatoire (2275
mètres d’altitudes) pour entrer dans la montagne d’Ossoue où elles resteront jusqu’en
septembre. Elles viennent pacager sur le versant français durant la saison estivale. Cette
transhumance permet un rassemblement, chaque année, des deux communautés
transfrontalières autour d’une journée de fête82.
FIGURE 12 : PASSAGE DES VACHES ARAGONNAISES SUR LE VERSANT FRANCAIS 83
81
Site internet de l’UNESCO (consulté le 28/03/2016)
82
Site internet du Parc National : http://www.parc-pyrenees.com/decouverte/lieuxremarquables/luzgavarnie.html (consulté le 28/03/2016)
83
Site internet de la Vallées des Gaves (consulté le 28/03/2016)
78
2.2. Gavarnie, berceau du Pyrénéisme
Gavarnie revendique son image authentique comme berceau du Pyrénéisme. En
effet, Gavarnie fut connu, comme dit plus haut, grâce à des figures célèbres qui le firent
connaître. C’est le cas de Louis Ramond de Carbonnière ou Henry Russel, qui vinrent pour
gravir les sommets de Gavarnie. Grâce à ces figures, le métier de guide se développa et de
grands guides Pyrénéens se firent connaître à Gavarnie. En 1887, au moins 5 % des
habitants de Gavarnie étaient guides ou porteurs. Le village est alors un camp de base où se
présentent français et étrangers. Des dynasties de porteurs, comme les Passet, entrent dans
la légende. À Laurent et Hippolyte, deux frères, succèdent leurs fils Henri et surtout
Célestin, né en 1845. C’est le grand héros du pyrénéisme. Pendant plus de 30 ans, il
multiplie les premières, jusqu’au triomphe du 7 août 1889. En effet, Pour vaincre le
redoutable couloir de Gaube, un exploit qui ne sera renouvelé que 44 ans plus tard, il taille
1 300 marches dans la glace84.
2.2.1 L’hôtel des voyageurs
L’hôtel des voyageurs a été fondé en 1863 par la famille Vergez-Bellou, pour
accueillir les touristes qui venaient visiter les Pyrénées. En effet, cet hôtel abrita de
nombreux voyageurs de passage venant admirer le cirque ou découvrir la montagne. Il était
aussi le lieu de rendez-vous des Pyrénéistes et était fréquenté par toute l'élite montagnarde
de l'époque, conquérante des grands sommets pyrénéens et du milieu montagnard. Il fut le
premier hôtel du village de Gavarnie. C'est dans ses locaux que fut conçue le 19 août
1864 la Société Ramond, société "savante" qui sera à l'origine de la création de
l'observatoire du Pic du Midi de Bigorre. Cet hôtel a accueilli pléthore de randonneurs
illustres dont V. Hugo, A. de Vigny, G. Sand, G. Flaubert, Chevalier, alias P. Gavarni,
Swan et pratiquement tous les Pyrénéistes de renommée85. Durant tout le XIXème siècle,
de nombreux et riches étrangers s'y succédèrent. Leur présence permit la création d'une
profession organisée, pour ne pas dire déjà réglementée : Guides de montagne pour aller en
montagne gravir les divers sommets et guides de montures pour aller au Cirque se
développèrent jusque dans la première moitié du XXème siècle. Pendant la dernière guerre,
les allemands s'installent à Gavarnie pour surveiller les passages vers l'Espagne. En 1942,
84
http://www.tourisme-hautes-pyrenees.com/ (consulté le 28/03/2016)
85
http://www.patrimoines-lourdes-gavarnie.fr/patrimoine-humain/5-2-les-pyreneistes (consulté le 28/03/2016)
79
au moment de l'occupation de la zone Sud, ils réquisitionnent l'Hôtel des Voyageurs pour
en faire leur caserne. Et puis, après guerre, le tourisme a évolué. La clientèle, même
modeste, attendait un autre standing. Cet hôtel, véritable musée de par les photos et
lithographies encadrées sur les murs, ses meubles, son style XIXème, est tombé petit à
petit en désuétude. Dans les années 1990, l'Hôtel des voyageurs ferme ses portes, pour
finalement être détruit lors d’un incendie en 201086.
2.2.2 Le cimetière Pyrénéiste
Accolé à l’église Saint-Jean Baptiste, classée à l’UNESCO en 1998 au titre de
monument historique en relation avec les chemins de Saint-Jacques de Compostelle, le
petit cimetière de Gavarnie est un espace de commémoration aux grands noms du
Pyrénéisme. L’histoire du Pyrénéisme à Gavarnie implique à la fois les grandes figures
bien connues par leurs ascensions (Ramond, Schrader, Russel…) mais aussi les écrivains,
les savants et sans oublier les familles de guides (famille Passet).
FIGURE 13 : TOMBE DE GEORGES LEDORMEUR A GAVARNIE87
Au début du mois de septembre 1911, a eu lieu la pose de la statue du Comte Henry de
Russell à l'entrée du village, espace très significatif où les versants s'écartent pour laisser
voir les sommets et glaciers du cirque. Porteur de l'une des figures les plus emblématiques
du pyrénéisme, le rocher a ainsi prit valeur de monument. A partir de là, les gestes et
démarches de mémoire et de commémoration ne cessent de se poursuivre.
En 1927, a eu lieu l'inhumation de la dépouille de Franz Schrader face au sommet du
86
http://www.pyrenees-pireneus.com/Villages-Vallees/France/Hautes-Pyrenees/Vallees-Gave/Pays-Toy/PaysToyGavarnie-HotelVoyageurs.htm (consulté le 28/03/2016)
87
http://www.lourdes-infos.com/ (consulté le 28/03/2016)
80
Piméné, sommet phare de Gavarnie qui fait face au célèbre couloir Swan. Enfin, à partir de
1929, l'oeuvre de Louis Le Bondidier fit action pour le sauvetage et la réhabilitation des
tombes de pyrénéistes à travers la France88.
3. La fréquentation du site à forte notoriété qu’est Gavarnie
Gavarnie, bien qu’il soit en fond de vallée, est un site à forte notoriété. Alors qu’il attirait
beaucoup de pèlerins venus de Lourdes par le passé, le site de Gavarnie connaît
aujourd’hui une fréquentation très diverses avec moins de pèlerins mais beaucoup de
visiteurs étrangers, de Tour-Opérateurs notamment. En effet, la clientèle étrangère est
aujourd’hui composée de Japonais, de Russes, d’Israéliens, et toujours d’Espagnols et de
visiteurs du Nord de l’Europe. La clientèle Française est toujours présente avec pour la
plupart des touristes venus passer leurs vacances en bas de Vallées ( Luz-Saint- Sauveur,
Argelès-Gazost, Lourdes), et qui viennent pour la journée visiter le Cirque de Gavarnie. On
distingue plusieurs types de clientèles : les touristes de passage à la journée venus pour le
Cirque, les randonneurs de passage (notamment ceux qui font le GR10) et les touristes qui
restent à Gavarnie plusieurs jours. Cependant, dans la tendance générale du tourisme
actuel, les clientèles de séjours sont assez rares à Gavarnie.
En plus de ses attraits touristiques qui en font un site à forte notoriété, Gavarnie accueille
depuis 31 ans maintenant un festival de théâtre chaque année. Se déroulant sur le plateau
de la Courade (petit plateau situé près du chemin menant au Cirque de Gavarnie), le
festival de théâtre connait aujourd’hui une renommée importante. En effet, face au Cirque,
un soir étoilé, le spectacle de Gavarnie est propice pour passer un moment unique. Pendant
près de quinze jours, le festival de Gavarnie accueille locaux et touristes, permettant de
fixer les gens au moins pendant une nuit sur le site de Gavarnie. Menacé par l’inscription à
l’UNESCO, le festival a évité de peu, d’être arrêté. En effet, l’UNESCO considère que le
festival dégrade la vie et l’environnement des espèces végétales et animales présentes sur
le site. Pour l’instant, le festival de Gavarnie perdure et permet une attraction
supplémentaire en période estivale.
88
http://patrimoines.midipyrenees.fr/ (consulté le 28/03/2016)
81
En résumé
Gavarnie, petit village situé au fond d’une des vallées du Pays Toy, est un site d’une
grande notoriété. En effet, site classé, sur un des chemins de St Jacques de Compostelle,
Parc National des Pyrénées, Grand Site de Midi-Pyrénées et Patrimoine Mondial de
l’UNESCO sont toutes les marques de notoriété qui reconnaissent la renommée de ce site.
Connu pour son cirque, formation géologique spéciale, Gavarnie est riche de son
patrimoine à la fois naturel et culturel. Berceau du Pyrénéisme et véritable village
authentique, Gavarnie a dans ses mémoires une véritable histoire culturelle propre à ce
petit village de montagne. Le site à forte notoriété représente une fréquentation importante
chaque année, notamment en période estivale.
Chapitre 2 : Justification des hypothèses à travers le terrain
d’étude choisi : le site de Gavarnie
Dans ce chapitre, nous allons confronter les hypothèses au terrain d’étude. Tout d’abord,
nous montrerons en quoi le choix du terrain d’étude est pertinent par rapport au sujet, puis
nous confronterons le site de Gavarnie à chaque hypothèse afin de savoir si elles sont
applicables.
1. Le choix du terrain d’étude
1.1. Le site de Gavarnie, un village de montagne à forte notoriété
Le site de Gavarnie est intéressant pour étudier le rôle et la place que peuvent avoir
les populations locales de montagne, dans un site à forte notoriété, pour un tourisme
facteur de développement durable. En effet, le site de Gavarnie connaît depuis longtemps
une forte notoriété, surtout par rapport au cirque. Avec près d’un million de touristes par
an, le site de Gavarnie connaît des difficultés quant à la fréquentation et la gestion de cette
dernière. La clientèle est une clientèle de passage majoritairement, et ne consomme pas
réellement sur place. Le site est majoritairement fréquenté en période estivale, bien qu’il
possède une station de ski. Le problème majeur est la fixation des touristes, cela pouvant
82
être dû à une offre manquante en termes d’activités, sur le site même. De plus, l’histoire de
Gavarnie reste complexe, issus de familles majoritairement paysannes, les habitants de
Gavarnie se sont tournés vers le tourisme en y voyant un moyen de gagner de l’argent
facilement. En effet, avec l’essor du tourisme, les paysans sont ainsi devenus commerçants,
et pour la plupart hébergeurs, et ont passé leurs biens de générations en générations.
Aujourd’hui, le parc d’hébergement est inégal, avec des hôtels assez luxueux attirant des
clientèles riches, et des hôtels en désuétudes, qui ne correspondent plus aux attentes des
clientèles actuelles. Ce tourisme, que l’on peut considérer comme du tourisme de masse,
est venu bousculer l’identité culturelle du village de Gavarnie, plaçant la population locale
au cœur d’un circuit économique dépendant du tourisme. Ainsi, la population locale
semble satisfaite quand il y a des touristes, bien que certains puissent être débordés en
pleine saison, et semblent être inquiets pour l’avenir du village, quand il n’y a plus grand
monde.
2. Le terrain d’étude confronté aux hypothèses
2.1. Rappel des hypothèses
Après une première partie exploratoire deux hypothèses ont été proposées dans la
partie deux de ce mémoire. Ci dessous un rappel de ces deux hypothèses afin de mieux
appréhender la confrontation entre ces dernières et le terrain d’étude choisi :
-
L’activité touristique autour du pilier économique du développement durable, au
bénéfice des populations locales
-
Le patrimoine culture, levier du pilier social et environnemental, pour un tourisme
facteur de développement durable
2.2. Le site de Gavarnie confronté avec la première hypothèse
2.2.1. L’encadrement du site de Gavarnie
Comme nous avons pu le voir, le site de Gavarnie qui fait partie du Parc National des
Pyrénées, est classé au Patrimoine Mondial de l’UNESCO à double titre « patrimoine
naturel et culturel ». Il bénéficie de la politique Grands Sites de Midi-Pyrénées et se trouve
sur un des itinéraires des chemins de Saint-Jacques de Compostelle. Aujourd’hui, seul le
Parc National et les Grands Sites de Midi-Pyrénées communiquent réellement sur
83
Gavarnie. La communication sur le patrimoine mondial n’existe pas réellement, ni sur
Saint-Jacques de Compostelle. On peut percevoir des contraintes liées à la présence du
Parc National comme des conflits d’usages et d’intérêts entre les différents gestionnaires
des sentiers. D’après nos entretiens, l’inscription à l’UNESCO, paraît être une marque de
notoriété trop grande pour que la population locale ait pu réellement s’en imprégner,
comme le souligne Mr. W,
« C’est une inscription culturelle et paysagère, derrière il ya un plan de
gestion. C’est transfrontalier en plus, pour la population locale ce n’est pas
évident. L’NESCO, c’est très lourd. Comment traduire le label Unesco en
offre touristique ? Ce n’est pas évident. Je pense que sur le label Grand Site
c’est plus facile. La multiplication des labels sur un site ce n’est pas
toujours cohérent. Ils sont un peu perdu avec l’UNESCO, les grands sites,
le parc national. Est-ce que la multiplication de ces labels n’a pas été un
frein pour le développement de ce territoire qui avait une autre échelle89 ».
On se rend compte que la municipalité et les acteurs du tourisme ne s’en sont pas
réellement emparés non plus. On peut alors se demander si c’est issu d’une volonté ou si
cela représente une masse de travail trop importante pour un petit village comme Gavarnie.
Malgré tout, d’après Mr. Z, ancien maire du village de Gavarnie :
« Les villes deviennent inhumaines, irrespirables et leurs habitants sont
heureux de trouver encore des lieux protégés, authentiques où l'on peut
passer d'agréables vacances. Si l'on peut "jouer cette carte", on pourrait
fixer, chez nous et dans toute la vallée, avec des sites prestigieux autour de
nous comme Lourdes, Cauterets, le Pic de Midi, une clientèle de séjour
plus profitable au tourisme local. Dans le même esprit, un label comme
l'UNESCO, à double titre "paysage et culturel" irait dans le même sens,
pourrait attirer des clients du Nord de l'Europe, très sensibles aux questions
de nature, d'environnement, mais il appartient aux responsables des Mairies
et Offices de Tourisme de mettre en place les actions nécessaires à ce
développement !90 »
En effet, cela semble aussi partir d’une volonté publique, à la fois des populations locales,
mais aussi des politiques et des acteurs du tourisme, de s’emparer de ces marques de
notoriété pour en faire un tourisme facteur de développement durable. Pour cela, il faudrait
pouvoir développer des projets ainsi que proposer une offre en adéquation avec la clientèle
d’aujourd’hui, et notamment celle des nouvelles formes de tourisme.
89
Entretien semi-directif avec Mr.W, chargé de mission tourisme durable au Parc National des Pyrénées
90
Echanges par mails avec Mr. Z, ancien maire du village de Gavarnie
84
2.2.2 L’activité touristique au sein du site de Gavarnie
Comme vu en amont le site de Gavarnie possède plusieurs caractéristiques qui expliquent
la situation actuelle. Au vu des entretiens réalisés et de la recherche exploratoire, l’activité
touristique n’est aujourd’hui pas réellement au bénéfice de la population locale. En effet,
malgré les hébergements présents, les restaurants, les magasins de souvenirs, les touristes
sont de passage et ne consomment souvent rien sur place, c’est un « tourisme
d’hirondelle », d’après Mr. Z, ancien maire du village de Gavarnie. En effet, les touristes
viennent à la journée, ils vont jusqu’au fond du cirque et repartent ensuite plus bas dans la
vallée.
De plus, on peut comprendre qu’il y a plusieurs types d’hébergements à Gavarnie : ceux
qui ont une clientèle attitrée (clientèle riche ou bien clientèle montagnarde) et ceux qui ne
se positionnent pas réellement. On remarque que les hôtels ou hébergements qui ciblent
une certaine clientèle ont de meilleures retombées économiques91.
De plus, d’après Mr. Z :
« La génération précédente vivait beaucoup plus de pluriactivité (exemple :
il y avait, dans le village, plus de mille moutons, trois cents ou quatre cents
chevaux et ânes, une centaine de vaches). Aujourd'hui, la pratique du "tout
tourisme" s'est développée et l'on peut observer que chaque maison ou
grange, tout le long de la rue, abrite un commerce »92.
Ainsi, le tourisme a changé lé village de Gavarnie. Peu à peu la culture pastorale et
agricole a été délaissée au profit du tourisme et de ses activités commerciales.
Malgré tout, comme indiqué en annexe J, entre 1989 et 2005, de nombreuses réalisations
ont été effectuées pour mettre en valeur le site de Gavarnie. Cependant, d’après Mme. Y,
de nombreux projets sont en attente depuis de nombreuses années ou sont tombés dans
l’oubli sans réelles raisons.
Selon Mme. V,
« Attention, le cirque de Gavarnie ne peut pas se suffire à lui-même malgré
tout, il faut fixer la population en créant des activités. On est sur des outils
qui ne sont plus viables car on n’a pas d’autres activités complémentaires
91
Entretien semi-directif avec Mme. Y, directrice de l’hôtel Compostelle à Gavarnie
92
85
au cirque. Les hôtels sont en train de fermer, les chevaux c’est fini. Les
jeunes descendent car il n’y a pas de vie, de cinéma, de pharmacie et
surtout pas d’emploi. Tu ne peux pas faire ta vie à Gavarnie comme tu
pouvais faire avant car il n’y a plus d’outil de travail. Il n’y a en plus pas de
thermalisme, activité vraiment complémentaire aux stations de ski
(balnéothérapie par exemple)93 ».
Ainsi, comme le souligne Mme. V et comme nous l’avions écrit dans notre hypothèse, il
semblerait évident que Gavarnie se diversifie et crée de l’activité, afin de redynamiser le
village et de créer de l’emploi et ainsi des retombées économiques sur le territoire.
2.2.3 Une activité touristique adaptée au développement durable
Comme le dit Mr. Z dans la citation ci-dessus, il semblerait opportun de pouvoir
orienter de nouvelles offres touristiques vers des clientèles sensibles au développement
durable, s’emparer ainsi des marques de notoriétés disponibles et proposer des offres en
adéquations avec des dernières. En effet, pour que le tourisme soit facteur de
développement durable, il faut que le territoire puisse répondre à la transition touristique.
Au vue des différents patrimoines sur Gavarnie, il semblerait que des élites peuvent faire
jour avec des offres correspondant aux nouvelles formes de tourismes.
2.2.4 Une hypothèse confirmée au vue des caractéristiques du site de Gavarnie
Au vue des différentes caractéristiques citées, il semblerait que l’hypothèse se confirme
pour le cas de Gavarnie, les retombées économiques pourraient ainsi être d’avantage aux
bénéfices de la population locale si cette dernière s’emparait des différents types
d’encadrement présents grâce à des projets de développement et d’offres autour de ces
derniers. De plus, il semblerait évident qu’il faille trouver un moyen de fixer les touristes,
de développer une clientèle de séjour, et de mieux gérer les flux en période de haute
fréquentation. Les outils proposés en partie 2 comme le calcul de la capacité de charge, la
répartition des flux humains et financiers sembleraient être utile à cette hypothèse. Le
développement de nouvelles offres en faveurs des nouvelles formes de tourismes, plus
respectueuse de l’environnement et des populations locales, permettrait au site de
s’intégrer dans la transition touristique en créant une nouvelle élite, et ainsi participer au
tourisme facteur de développement durable.
93
Entretien semi-directif avec Mme.V, directrice et conservatrice au Musée Pyrénéen de Lourdes
86
2.3. Le site de Gavarnie confronté à la seconde hypothèse
2.3.1 Le patrimoine culturel et l’identité culturelle de Gavarnie
Comme cité en début de partie, le patrimoine culturel est immense. Que ce soit la
formation du cirque, l’histoire pastorale ou bien encore le Pyrénéisme, le site de Gavarnie a
un fort potentiel en terme de culture. Cependant, aujourd’hui le constat est que les touristes
viennent en tout premier lieu pour le cirque. Cela s’explique de par le fait qu’il n’existe pas
grand-chose en termes de valorisation de la culture. En effet, d’après Mme Y, il existe des
projets qui n’ont jamais vu le jour comme la mise en place de visites culturelles. Selon elle,
certains touristes viennent visiter l’église. Or, rien n’est fait pour que ce nombre de
touristes soit plus important.
D’après Mr. Z, « Ici, l'identité, à part quelques "Toys" qui résistent, se dilue rapidement et
tous les villages se dépeuplent (les écoles ferment, il y a un seul prêtre pour 17 paroisses et
les services publics disparaissent et sont regroupés : Poste, dentistes, docteurs, ...)94 ». En
effet, le constat est flagrant, la population de Gavarnie ne va pas en s’augmentant et de
plus, les « commerçants » sont de l’ancienne génération. Ainsi, aujourd’hui, les gérants des
hôtels du village ont pour la plupart connu les Trente Glorieuses et notamment l’essor
considérable du tourisme à Gavarnie, vivant ainsi sur un acquis95. De plus, il semblerait y
avoir une fissure entre le tourisme (ou plutôt l’activité commerciale à Gavarnie) et
l’identité culturelle du village, ressentie comme une « honte » de posséder des racines
paysannes96. Pourtant, comme vu précédemment, Gavarnie et ses habitants possèdent une
réelle possibilité de mettre en avant leur identité, et ainsi participer à la mise en valeur du
patrimoine En effet, d’après Mme Y, les touristes sont demandeurs de récits, d’histoires,
d’anecdotes du passé, de la façon dont les habitants vivaient le pastoralisme, etc. Elle
donne l’exemple du temps ou le village possédait beaucoup plus de chevaux, de vaches.
Les touristes étaient heureux d’aller les voir, de savoir comment les bergers s’en
occupaient. De plus, l’authenticité du village pourrait s’emparer de nouveau de tout le
94
95
Entretien semi-directif avec Mme Y, directrice de l’hôtel Compostelle à Gavarnie
96
Entretien semi-directif avec Mme Y, directrice de l’hôtel Compostelle à Gavarnie
87
passé connu à Gavarnie pour se réapproprier le territoire. Il y aurait même des choses à
mettre en place autour de la gastronomie du village, selon Mme Y, le territoire regorge de
ressources culturelles, qui ne sont pour le moment pas mises en avant.
2.3.2 Le mode de gouvernance de Gavarnie
Gavarnie jusqu’en Janvier 2016 était une commune à part entière. Elle possédait le
même conseil municipal depuis 2005. D’après Mme Y, il manquait une réelle intégration
des habitants au processus décisionnaire. En effet, il n’y avait, selon elle, aucune réunion,
aucune concertation permettant de faire participer la population locale. Elle nous a fait part
d’un projet de démocratie participative initié par un petit groupe d’habitants. Un groupe de
travail avait ainsi été construit autour d’un thème prédéfini : les poubelles. Ainsi, cela avait
permis de mettre en place des conteneurs pour le tri des déchets. Selon elle, il y a une
volonté des habitants de participer mais ce sont les municipalités qui bloquent le processus.
Ainsi, depuis 2016, avec la réforme territoriale, Gavarnie et Gèdre ont fusionné pour
devenir une seule et même commune. En effet, la commune s’intègre maintenant à la
communauté de communes du Pays Toy, pour dans un avenir assez proche, intégrer une
grande communauté de communes (regroupant plusieurs communautés de communes de la
vallée des Gaves). Ainsi, deux villages se regroupent et forment ainsi une nouvelle
municipalité. Un nouveau maire a été élu et un conseil municipal rassemble ainsi des élus
de l’ancienne commune de Gavarnie et des élus de l’ancienne commune de Gèdre. Gèdre,
en grande partie composée d’agriculteurs et de paysans, n’a pas semble t-il les mêmes
objectifs et attentes que Gavarnie, devenu depuis bien longtemps un village tourné vers le
tourisme. Ainsi, il est trop tôt pour dire ce que cette fusion donnera comme conséquence
mais il en reste cependant un espoir, selon Mme Y, que les volontés des ces deux petits
villages de fond de vallées soient mieux pris en compte.
2.3.3 La population locale autour de l’offre culturelle
Pour l’instant, il n’y a pas de réelle offre touristique orientée vers une découverte
culturelle du site. Cependant, un projet est en bonne voie, selon Mme. V, pour mettre en
place un sentier d’interprétation sur le site de Gavarnie. En effet, ce sentier d’interprétation
baliserait le village sous forme de supports thématiques autour du Pyrénéisme et du
Patrimoine de Gavarnie. Cela permettrait de faire un parcours itinérant sur le village autour
des lieux emblématiques tels que la statue de Russel, le cimetière Pyrénéiste, par exemple.
88
De plus, comme le souligne Mme.V, « dans le cas du patrimoine culturel, ça passe
forcément par les associations locales, les habitants qui ont des choses à raconter97 ».
Enfin, d’après Mr.W, à propos de l’offre culturelle à Gavarnie « On ne la valorise peutêtre pas assez. On vit sur des acquis avec encore un tourisme de masse alors que l’on
pourrait élaborer des produits de qualité importante avec les filières locales, la
valorisation du patrimoine. On peut tirer partie, profit de ce dernier98 ». Ainsi, il
semblerait qu’il manque une réelle mobilisation des habitants autour de l’offre culturelle à
pourvoir.
2.3.4 L’élaboration d’un schéma directeur de développement touristique du
territoire Gavarnie-Gèdre, vers une labellisation Grand Site de France
Une démarche d’Opération Grand Site avait déjà été initié dans les années 1990, et
n’avait pas aboutit.
Ici, un extrait du rapport sur ce schéma présente les volontés de la communauté de
communes :
« La Communauté de Communes souhaite désormais élaborer son Schéma
directeur de développement du territoire, destiné à former un véritable
document d’orientation de ce dernier, partagé par les acteurs du territoire,
avec des principes détaillés d’aménagement. Les spécificités
environnementales du territoire, l'encadrement réglementaire qui en résulte
impose un schéma de développement raisonné et respectueux du capital
naturel, tout en permettant un développement touristique et économique
pour maintenir une activité et une population locale à l’année. La
mobilisation des acteurs autour d’un projet fédérateur apparait également
comme un élément déterminant de l’appropriation et la réussite du projet de
développement du territoire99 ».
Ainsi, la communauté de communes de Gavarnie-Gèdre, maintenant intégrée à la
communauté de communes du Pays Toy a souhaité mettre en œuvre ce schéma autour de
plusieurs axes majeurs :
- La valorisation de l’inscription au patrimoine mondial UNESCO
- La labellisation Grand Site de France
97
Entretien semi-directif avec Mme. V, directrice et conservatrice du musée Pyrénéen de Lourdes
98
Entretien semi-directif avec Mr. W, chargé de mission durable au Parc National des Pyrénées
99
Élaboration d’un schéma directeur de développement touristique du territoire Gavarnie-Gèdre, vers une
labellisation Grand Site de France, Volume 1
89
- La réalisation d’un important projet immobilier touristique sur Gavarnie - Le devenir de
la station de ski
- La structuration touristique, avec l’intégration de la Communauté de Communes dans
une structure plus vaste, le Pays Toy ou au-delà le Pays des Gaves
Ce schéma a pour objectif de requalifier les cœurs de villages et l’histoire des Hommes au
territoire, la découverte de celui-ci par la gestion maîtrisée des flux et une gouvernance de
projet adapté. Ainsi, la mise en place d’actions de valorisation, de gouvernance, de
structuration pourrait permettre d’aboutir à une labellisation Grand Site qui aurait pour
périmètre une zone plus grande que Gavarnie, comme suit :
FIGURE 14 : PERIMETRE DE L’OPERATION GRAND SITE100
Ainsi, pour que cette démarche aboutisse, la commune de Gavarnie-Gèdre doit s’appuyer
sur des outils de gestion du site et des démarches dans une direction de développement
durable pour pouvoir cette fois être labellisé Grand Site de France. Ainsi ce projet de
territoire a pour ambition d’aboutir à
« créer une ambiance et une atmosphère unique, véritable signature du
territoire, au travers d’un projet atypique, ambitieux, innovant, préservant
l’esprit des lieux (accessibilité de la haute montagne au plus grand nombre
au travers des mobilités douces, activités estivales et hivernales raisonnées,
des cœurs de villages qui vivent la montagne, des richesses naturelles et
humaines à faire découvrir dans le respect de leurs pratiques
quotidiennes….)101 ».
100
Élaboration d’un schéma directeur de développement touristique du territoire Gavarnie-Gèdre, vers une
labellisation Grand Site de France, Volume 1
101
Voir note 100
90
Ce projet de territoire semble s’intégrer dans une façon de repenser le tourisme et de
redynamiser le territoire de Gavarnie-Gèdre. Il pourrait permettre de valoriser notre
hypothèse et de remettre au cœur les habitants de la zone.
2.3.5 Culture et Nature, dans une volonté de réappropriation du territoire
Grâce à la présence du Parc National notamment et l’intégration de Gavarnie dans
des labels qui parfois peuvent être contraignants, Gavarnie s’inscrit cependant dans une
réelle dynamique de valorisation des ressources naturelles. Fiers de leur pays, les habitants
pratiquent et protègent la montagne depuis toujours. Cependant, ils ne voient pas
forcément un lien entre tourisme, culture et protection de l’environnement. Malgré tout, le
lien est là, grâce à une réappropriation du territoire par la culture, et grâce à leur amour de
la montagne, les habitants pourraient jouer un rôle important dans la sensibilisation à
l’environnement auprès de touristes notamment.
2.3.6 Une seconde hypothèse vérifiée au vue des caractéristiques de Gavarnie
Il semblerait que l’on puisse vérifier cette seconde hypothèse avec le site de
Gavarnie. En effet, le site de Gavarnie possède des atouts considérables en termes de
culture. Cependant, le tourisme de masse a rendu difficile le positionnement des
populations, qui ne savent plus, au-delà d’être des commerçants, comment se positionner.
Pour cela, les intégrer dans des nouveaux modes de gouvernance comme une démocratie
participative, serait dans l’idéal, une solution de dynamisme pour habitants. En effet, si
ceux-ci se sentaient plus concernés si on leur laissait le choix de participer, alors ils
pourraient se positionner en tant que véritable acteur de la culture du territoire. De plus, si
l’offre et la demande étaient en adéquation, cela permettrait de montrer aux habitants que
la culture est la découverte des modes de vies des habitants sont des réelles motivations
d’un départ en vacances. Ce n’est pas une honte de posséder des racines paysannes mais
bien au contraire un atout, notamment dans la protection de la nature. Ainsi, le lien se fait
tout seul entre culture et protection. En effet, les bergers et les paysans ont toujours eu
comme ressource principale la montagne pour faire pacager leur bétail, ainsi ils
connaissent la montagne mieux que quiconque et savent la protéger. Ainsi, le patrimoine
culturel pourrait, dans le cas de Gavarnie, être un véritable levier pour la restructuration
sociale et la réappropriation du territoire. Enfin, c’est en procédant ainsi que les habitants
auront de plus, l’envie supplémentaire de le protéger.
91
En résumé
Les deux hypothèses émises en Partie 2 semblent bien se vérifier avec le cas du site de
Gavarnie. En effet, la place des populations locales sur les retombées économiques
touristiques, peut s’articuler autour de l’appropriation des différents types d’encadrement
du site de Gavarnie et en initiant des projets touristiques pour un développement durable.
Dans un but de tourisme facteur de développement durable, l’offre touristique pourrait
dans un idéal, prendre en compte les besoins et attentes de la population locale, en
s’assurant que le tourisme est avant tout développé pour le territoire. La population locale,
parfois dépassées par l’afflux majeur de visiteurs, aurait pour objectif, grâce notamment à
son intégration à de nouveaux modes de gouvernance, de se mobiliser autour de la culture.
Ainsi, la culture du territoire pourrait permettre une réappropriation du territoire, en
valorisant ainsi les habitants, dans une perspective de diversification de l’offre touristique,
autour du patrimoine culturel de Gavarnie.
Chapitre 3 : Méthodologie probatoire
Dans ce chapitre, nous allons essayer de proposer une méthodologie pour la mise en place
de quelques outils, permettant de vérifier totalement nos hypothèses, dans le cas ou nous
pourrions nous rendre sur le terrain.
1. Étude sur la perception de la présence des différents encadrements
sur le territoire (UNESCO, Grands Sites, Parc National, etc.)
1.1. Pour les habitants
A travers les hypothèses, on constate que l’encadrement d’un site à forte notoriété
peut parfois venir perturber le tourisme, augmentant ainsi la fréquentation sur le lieu et
dénaturant à la fois les liens sociaux ou bien encore la place des populations locales dans le
tourisme. Dans cette optique, il serait intéressant de comprendre la perception qu’ont les
populations locales des différents encadrements de Gavarnie. Pour vérifier cette hypothèse,
il pourrait être pertinent de mettre en place un questionnaire auprès de la population de
92
Gavarnie pour percevoir l’image qu’ils ont de ces différents encadrements. Au vu du
nombre restreint d’habitants à Gavarnie, il serait possible d’envoyer un questionnaire à
chaque habitant. Ce questionnaire s’articulera de questions fermées mais aussi de questions
ouvertes afin de laisser la possibilité aux habitants de s’exprimer. Ce questionnaire
permettra alors d’orienter la sensibilisation à ces encadrements, si nécessaires, et aussi de
pouvoir voir si des offres touristiques pourraient s’articuler autour de ces marques de
notoriété. On pourrait par exemple poser ce type de questions :
 Quel est pour vous la marque de notoriété la plus significative de Gavarnie ?
Le Parc National
l’UNESCO
Grand Site Midi-Pyrénées
Chemin de Saint Jacques de Compostelle Site classé
 Percevez-vous ces marques de notoriété comme une contrainte ?
OUI
NON
 Pensez-vous que c’est un atout pour le village de Gavarnie ?
OUI
NON
 Pourquoi ?
 Vous sentez-vous concernés par ces encadrements ?
OUI
NON
 Pourquoi ?
Les résultats de ces questionnaires permettront ainsi de comprendre comment se positionne
la population face à ces multiples encadrements. De plus, cela permettra de savoir l’image
que possèdent ces marques de notoriété et de faire en sorte qu’elles soient peut-être mieux
perçues par la population locale.
1.2. Pour les touristes
Il pourrait également être utile de faire de même pour les touristes présents sur le
lieu, avec pourquoi pas, des questions présentes sur les questionnaires présents à l’office de
tourisme. Cela permettrait de voir la différence de perception entre les visiteurs et les
visités, sur les différents encadrements régissant Gavarnie. De plus, dans une volonté de
proposition d’offres adaptées aux nouvelles formes de tourisme, il serait pertinent de savoir
93
si les personnes interrogées peuvent percevoir l’enjeu de ces encadrements comme
permettant une valorisation et une préservation durable du territoire.
2. L’analyse de la situation
Il serait peut-être judicieux de faire un état de lieux de la situation actuelle de
Gavarnie avec une étude de l’offre et de la demande actuelle. Plus globalement et en
premier lieu, une étude sur la perception du tourisme par la population locale semblerait
normale afin de comprendre les attentes et les besoins de cette dernière. Il pourrait pour
cela être mit en place des réunions rassemblant acteurs de l’offre touristique locale et
habitants et ainsi sous un mode participatif, d’essayer de percevoir les forces et les
faiblesses du tourisme actuel sur Gavarnie. Il est en outre très utile d’identifier, pour
Gavarnie, certains indicateurs économiques: le chiffre d’affaires global du secteur
touristique local, la valeur ajoutée générée par cette activité et le nombre d’emplois liés au
tourisme.
2.1 L’analyse de l’offre
L’analyse de l’offre devrait permettre un état des lieux des hébergements, des
activités, des acteurs concernés. Exemple de question type à se poser pour une analyse de
l’offre :
Quelles sont les organisations touristiques déjà actives localement? Quelles sont les
possibilités de coopération avec ces organisations? Quelle est la politique poursuivie en
matière d’offre et de prix? Quels sont les canaux de distribution utilisés? Quels sont les
instruments de communication utilisés (publicité, relations publiques, ventes)? Quelles
coopérations existent déjà au niveau local (rencontres régulières entre hôteliers, adaptation
des heures d’ouverture des restaurants, etc.)? Quels projets existent déjà? Des synergies
sont-elles possibles?
2.2 L’analyse de la demande
Afin d’analyser la demande, seules des questionnaires qualitatifs permettraient de
savoir ce que recherchent les touristes et les raisons pour lesquelles ils viennent à
Gavarnie. De plus, il serait judicieux d’évaluer les dépenses effectuées sur place.
94
Un questionnaire est établi en fonction des informations recherchées. Il peut par exemple
inclure les questions suivantes:
Moment du voyage; durée du voyage; objectifs du voyage; type de voyage (accompagné?
Non accompagné?); moyen de transport; mode d’hébergement; occupations pendant les
vacances; motivations, attentes, degré de satisfaction; renommée de l’endroit; choix du
lieu de vacances; dépenses de vacances; fréquence des vacances dans le passé et intentions
de vacances futures; données statistiques (âge, sexe, niveau de scolarité, profession,
revenus, lieu de résidence habituelle)102.
3. Portrait identitaire
Les portraits identitaires s’attachent à déployer la richesse et les potentiels de
l’identité, mais surtout à révéler les convergences et les valeurs partagées, qui transcendent
la diversité interne d’un territoire, quelle que soit son échelle, et favorisent l’action
commune.
Conçus pour être un outil opérationnel, les portraits de territoire s’intègrent comme donc
un socle essentiel, et un facteur de cohésion, dans les démarches de diagnostic
d’attractivité.
Effectuer un profil identitaire du territoire c’est analyser sa personnalité profonde à travers
l’ensemble de ses caractéristiques et de ce qui le démarque des autres territoires. Ainsi, on
va effectuer une analyse « physique » (son portrait sensible et visible), une analyse
« psychologique » et une analyse de la « personnalité » du territoire en mettant par
exemple en avant les symboles le représentant. Le portrait identitaire se base sur des
données recueillies auprès des habitants, des acteurs, mais aussi auprès des touristes. Il se
penche aussi sur son l’histoire et ce qui l’a façonnée jusqu’à maintenant.
102
Evaluer le potentiel touristique d’un territoire-Programme LEADER
95
FIGURE 15 : EXEMPLE DE SIGNES IDENTITAIRES103
Ce portrait identitaire pourra permettre de percevoir les valeurs communes au territoire de
Gavarnie. Ainsi, il permettra au territoire de pouvoir se positionner et de mettre en avant
ses caractéristiques. Ce portrait identitaire peut permettre la création d’une ressource
documentaire, utile à la population locale de Gavarnie, pour tous ceux qui veulent
connaître plus en profondeur ce site, s’y référer, le promouvoir et le raconter.
En résumé
Ce chapitre a permis de mettre en évidences des outils proposés pour vérifier les
hypothèses, dans une perspective d’étude sur le terrain. Etude de la perception du
territoire, de ses encadrements, un état des lieux de l’offre et de la demande ainsi qu’un
portrait identitaire, pourraient permettre de consolider nos hypothèses.
103
Exemple du portrait identitaire de la Bretagne
96
SYNTHESE DE LA PARTIE 3
Cette partie a permis la présentation du terrain d’étude choisi qui est le site de Gavarnie.
Gavarnie est un site à forte notoriété, connu avant tout pour son Cirque, formation
géologique importante. En plus de ses attraits naturels, Gavarnie possède un fort
patrimoine culturel, qui n’est à l’heure d’aujourd’hui pas réellement mis en avant.
La confrontation des hypothèses émises en Partie 2 avec le terrain d’étude a permis de
vérifier que ces hypothèses pourraient s’appliquer au site de Gavarnie. En effet, au constat
de la situation actuelle, si les populations locales veulent avoir une place dans le tourisme
facteur de développement durable, il semble important qu’elle favorise des retombées
économiques directes, grâce au tourisme. De plus, elle pourrait avoir une place importante
dans le tourisme facteur de développement durable, en récupérant leur identité culturelle,
forte, mais parfois dépassée par le tourisme. La culture pourrait venir structurer le pilier
social du développement durable. De plus, le lien entre patrimoine culturel et naturel
pourrait permettre
à la population de consolider le pilier environnemental du
développement durable. Ainsi, la mise en pratique de ces hypothèses pourrait permettre un
tourisme facteur de développement durable.
Enfin, la méthodologie probatoire proposée, apporte des outils qui permettraient que ces
hypothèses seraient adéquates pour un tourisme facteur de développement durable.
97
CONCLUSION GENERALE
La réflexion menée lors de ce mémoire a permis de constater toute l’importance et la
nécessité d’intégrer les populations locales dans le tourisme, afin qu’il soit facteur de
développement durable. Aujourd’hui la nécessité d’inclure les variables économiques,
sociales et environnementales et d’autant plus importante dans un site à forte notoriété. Les
sites à forte notoriété, en montagne, n’échappent pas à cette règle. Il n’est pas seulement
question de faire du tourisme pour la satisfaction des clients mais avant tout selon les
besoins du territoire.
Un tourisme facteur de développement durable pour un territoire est un processus
respectant un cadre de référence. Il s’inscrit dans la transition touristique et initie des
projets en faveur d’un développement durable. Aujourd’hui la place et le rôle des
populations locales dans le tourisme est un sujet d’actualité. En effet, parties prenantes du
territoire, c’est avant tout les populations locales qui ont le choix de décider du
développement du tourisme. En montagne, les spécificités de cet espace rendent parfois
plus compliqués la mise en tourisme. Mais, dans les sites à forte notoriété, l’attractivité du
territoire dépasse ces contraintes. En effet, l’attrait paysager et culturel en fait parfois un
site d’une renommée mondiale, vitrine d’un tourisme de masse. Sur un espace restreint
qu’est la montagne, la sur fréquentation vient pauser un certains nombre de problèmes :
surcharge du lieu, irrégularité des flux, retombées faibles sur le site et dégradation de
l’environnement et de la vie des populations locales. Cette sur fréquentation vient
bousculer le mode de vie social des territoires de montagnes sur fréquentés, plaçant les
populations locales dans un circuit économique dépendant du nombre de touristes. Ainsi
tournées vers l’aspect commercial du tourisme, les populations locales perdent parfois leur
identité, leurs traditions et leurs modes de vies initiaux.
C’est pour cela que nous avons émis deux hypothèses pour répondre à la problématique
suivante : Quelle place donner aux populations locales de montagne dans le processus de
tourisme facteur de développement durable, dans les sites à forte notoriété ? La première
hypothèse replaçait les populations locales autour d’un circuit économique viable, avec des
retombées économiques directes. Cette hypothèse s’articulait autour d’offres inscrites dans
la transition touristique et en faveur des nouvelles formes de tourisme. La seconde
hypothèse replaçait les populations locales au cœur de leur culture, de leur identité pour
une réappropriation de leur espace, dans les sites à forte notoriété. L’articulation entre la
98
culture et la préservation de la nature pouvant permettre cela. Ainsi, ces deux hypothèses
ont essayé de reprendre les trois piliers principaux du développement durable à savoir, le
pilier économique, le pilier social et le pilier environnemental.
Le terrain d’étude choisi pour cette réflexion semblait judicieux pour une application de
ces hypothèses. En effet, le site de Gavarnie, village de montagne et site à forte notoriété
présente les caractéristiques du tourisme citées ci-dessus. La confrontation des hypothèses
au site de Gavarnie ont permis de voir que la situation actuelle du tourisme aurait besoin de
la mise en pratique de ces hypothèses. Gavarnie vie aujourd’hui principalement du
tourisme et la population locale semble dépassée par le tourisme de masse qui perdure.
En conclusion de cette réflexion, nous pouvons dire que c’est seulement en replaçant les
populations locales au cœur du développement de leur territoire, qu’elles pourront ainsi
participer à un tourisme facteur de développement durable. On peut dire que la place des
populations locales dans le tourisme semble primordiale. Mais pour qu’elles puissent avoir
une réelle place et non pas subir le tourisme, il semblerait nécessaire qu’elles changent leur
mode de pensée. Pour cela, il faudrait qu’elles soient intégrées à des modes de
gouvernance participatifs. Il faudrait aussi qu’elles repensent aux besoins et aux capacités
de développement de leur territoire, qu’elles permettent des retombées économiques
directes grâce à un tourisme qui fixerait les visiteurs en proposant des offres s’adaptant à
de nouvelles formes de tourisme. Surtout, il semblerait nécessaire qu’elles se tournent de
nouveau vers des activités complémentaires. La réappropriation de leur identité culturelle
pourrait permettre cela grâce à la mise en valeur de leur patrimoine.
99
BIBLIOGRAPHIE
Ouvrages :
 Actes des huitièmes rencontres des Grands Sites. Grands Sites et stratégies touristiques
des territoires. Réseau des Grands Sites de France. 2006
 Jean-Marc Antoine et Johan Milian, LA RESSOURCE MONTAGNE, Entre
potentialités et contraintes, Edition l’Harmattan, 2011, 287p.
 Marc Boyer. Le tourisme de masse. Edition l’Harmattan, 2007, 165p.
 Marc Boyer. Histoire générale du tourisme. Du XVIe au XXIème siècle. Edition
l’Harmattan, 2005, 327p.
 Jean-Marie Breton, Patrimoine, tourisme, environnement et développement durable
(Europe - Afrique -Caraïbe - Amériques - Asie - Océanie). Edition Karthala, 2010,
444p.
 Jean-Marie Breton, Tourisme durable et patrimoines. Une dialectique
développementale ? (Europe - Afrique -Caraïbe - Amériques – Asie) Edition Karthala,
2011, 492p.
 Sylvie Brunel, La planète disneylandisée, chroniques d’un tour du monde. Editions
Sciences Humaines, 2006, 280p.
 Syvie Brunel, Jean-Robert Pitte. Le ciel ne va pas nous tomber sur la tête. 1ère édition.
Edition Jean-Claude Lattès, 2010,352p.
 Jean-Paul Maréchal, Bétarice Quenault. LE DÉVELOPPEMENT DURABLE. Presses
universitaires de Rennes. 2005, 422p.
 Jacques Vernier. L’ENVIRONNEMENT.10ème édition. Edition Que sais-je ?2011, 127 p.
 Vincent Vlès, Sylvie Clarimont. Tourisme durable en montagne : entre discours et
pratiques. AFNOR, 2007, 226p
 Ville de Lourdes, Château Fort Pyrénéen de Lourdes, Ayuntamiento de Graus, A la
découverte des Pyrénées, 2011, 228p.
Revues :
 Revue Territoires, le mensuel de la démocratie locale. Juin-Juillet 2011.
 Revue Pouvoirs Locaux, les cahiers de la décentralisation. Marc 2014.
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Articles de recherche :
 Gilles Bertrand, « La place du voyage dans les sociétés européennes (XVIe-XVIIIe
siècle) », Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest.
 Jean-Guy Vaillancourt, « Action 21 et le développement durable », Volume 3 Numéro
3 | décembre 2002.
 Marc Galochet, « Guy Baudelle, Catherine Guy, Bernadette Mérenne-Schoumaker : Le
développement territorial en Europe. Concepts, enjeux et débats. », Territoire en
mouvement Revue de géographie et aménagement.
 François de Grandpré « Attraits, attractions et produits touristiques : trois concepts
distincts dans le contexte d’un développement touristique régional ».
 Guermond Yves,
« L'identité
territoriale :
l'ambiguïté
d'un
concept
géographique. », L’Espace géographique 4/2006 (Tome 35), p. 291-297.
 Marie-Laure Guilland, « Mise en tourisme du patrimoine colombien : désappropriation,
appropriation et réappropriation en territoires indigènes », Études caribéennes.
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 P. Torrente, L. Barthe, J. Bessiere, P. Godard, Mise en place d’outils et méthodes pour
une structuration du tourisme dans un territoire,
Equipe de Recherche
Interdisciplinaire en Tourisme, 2004.
Travaux Universitaires :
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mémoire de Master 1 Tourisme et Développement, CETIA, 2006, 139p.
 Jessica Berthes. Du développement durable au tourisme durable dans les sites à forte
notoriété : l’exemple du pic du midi, Mémoire de maîtrise IUP Tourisme Option
Gestion et aménagement des structures touristiques en milieu rural et montagnard,
CETIA, 2002, 89p.
 Juliane Boistel. Du développement touristique durable dans les sites à forte notoriété,
l’exemple de Sarlat la Canéda et de Rocamadour, Mémoire de master 1 Tourisme et
Développement, Université de Toulouse II le Mirail, 2009, 151p.
 Laura Juanchich, Culture, tourisme et territoire : les apports du tourisme culturel au
développement local, Master Stratégie des échanges culturels internationaux, Université
Lyon 2, Sciences politiques, 2007, 61p.
 Sandra Lavergne, La coopération territoriale dans les politiques touristiques de
développement local, mémoire de Master 1 Tourisme et Développement, ISTHIA,
2013, 113p.
 Camille Vissières. Territoire de montagne, tourisme et mobilité : quels enjeux ?
Mémoire de Master 2, ISTHIA, 2014,241p.
Sites internet consultés :
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Site internet de l’UNESCO
Site internet du Parc National des Pyrénées
Site internet du Comité Départemental du Tourisme des Hautes-Pyrénées
Site internet de l’office du tourisme de Gavarnie-Gèdre
Site internet Patrimoine Midi-Pyrénées
Site internet du Comité Régional du Tourisme en Midi-Pyrénées
Site internet de Lourdes infos
Site internet de la Vallée des Gaves
Site internet du gouvernement
Site internet des Parcs Nationaux de France
Site internet de la plateforme agenda 21
Site internet des Grands Sites de France
Site internet de la COP 21
Site internet de futura sciences
Site internet de l’Organisation Mondiale du Tourisme
Site internet de l’association française pour le tourisme responsable
Autres supports :
 Parc National des Pyrénées, Comarca de Sobrarbe, UNESCO. Film : Voyage au MontPerdu. L’histoire géologique du site de Pyrénées Mont-Perdu.15min35.2015.
 Colloque « Destinations Pyrénées : vers un tourisme durable », CCI Tarbes, 24
Novembre 2015
 Table Ronde « Voyage et Réchauffement climatique », La Balaguère, 3 Octobre 2015
101
TABLE DES ANNEXES
ANNEXE A
103
ANNEXE B
105
ANNEXE C
111
ANNEXE D
112
ANNEXE E
118
ANNEXE F
119
ANNEXE G
122
ANNEXE H
124
ANNEXE I
127
ANNEXE J
129
102
Annexe A :
Grille d’entretien semi-directif avec Mme.V, directrice et
conservatrice du musée Pyrénéen de Lourdes :
1-Présentation personnelle et structure
 Tout d’abord, en quoi consiste votre poste au sein du château de Lourdes ?
 Pourriez-vous m’en dire un peu plus sur le musée Pyrénéen ? Depuis quand existet-il ? Quels sont ses objectifs et pourquoi est-il localisé à l’intérieur du château de
Lourdes ?
 Quelles sont les missions et les services proposés par le musée Pyrénéen ?
 Combien de visiteurs avez-vous au musée et au château ?
 Quelle est le type de votre clientèle ?
2-Le développement touristique et le patrimoine
 Que représente pour vous le patrimoine d’un territoire ?
 Quel est selon vous la place du patrimoine dans le tourisme ? Pensez-vous que les
deux sont liés ?
 Quelle place le château et le musée ont-il dans le patrimoine de la ville de
Lourdes ?
 Quels sont les projets de valorisation du patrimoine existant ?
 Quels sont vos différents partenaires ?
3-Patrimoine, identité et populations locales
 Pensez-vous que le patrimoine d’un territoire est un outil d’appropriation pour
celui-ci ?
 Que pouvez-vous me dire de l’identité Pyrénéenne (notamment par rapport au
musée) ?
 Pensez-vous qu’il y a une forte identité liée à un patrimoine fort ?
 Pensez-vous que les populations locales sont intégrées au développement
touristique ?
 Pensez-vous que les populations locales sont intégrées à la valorisation du
patrimoine ? Si oui, Comment ?
 Pensez-vous qu’aujourd’hui il y a une nécessité de réappropriation du patrimoine et
du territoire en général ?
 Selon vous, l’activité touristique peut-elle permettre cela ?
 Voyez-vous un lien possible entre développement touristique durable et
appropriation d’un territoire par la population locale ?
 Pourriez-vous me dire comment la population locale a eu son droit de regard dans
le développement touristique (au niveau historique) ?
103
4-Gestion d’un grand site(en option si temps disponible)
 Comment gérez-vous le fait d’être situé sur un territoire qui possède un site à forte
notoriété ?
 Seriez-vous en mesure de me parler des flux touristiques à Lourdes ?Pensez-vous
qu’ils sont bien gérés ?
 Pensez-vous que le fait que Lourdes soit Grand Site Midi-Pyrénées a changé
beaucoup de choses en terme de flux ?
 Pensez-vous que la population de Lourdes apprécie de vivre avec autant de touristes
sur son territoire ?
 S’intègre t-elle à l’activité touristique ou est-elle en dehors ?
104
Annexe B :
Retranscription de l’entretien semi-directif de Madame V, chargée
de la direction et de la conservation du musée Pyrénéen de
Lourdes (11/02/2016) :
 Pouvez-vous me présentez la structure ?
En 1921, deux personnages, Pyrénéens, crée le musée Pyrénéen dans le château
fort de Lourdes avec pour l’ambition de rayonner sur le versant Français et le
versant Espagnol. Il y a une réelle volonté de prise en compte transfrontalière. Ca,
ca ne nous quitte jamais. Ce n’est pas le musée de Lourdes, pas un musée local,
mais plutôt un musée à rayonnement départemental, régional, mais aussi nous
travaillons avec les espagnols, donc on va bien au-delà. C’est un musée sur le
patrimoine Pyrénéen, avec des collections Pyrénéennes, qui raconte l’histoire
Pyrénéenne, toute thématiques et disciplines confondues (archéologie,
ethnographie, botanique, le monde souterrain, la philosophie, le sentiment de la
montagne). Ici, sont regroupés des collections ethnographiques sur l’histoire des
vallées Pyrénéennes, donc très important justement, pour le témoignage, ce qu’il
reste des années qui nous ont précédé notamment le XVIII et les XIXème siècles
jusqu’au début du XXème. Et puis, Louis Le Bondidier avait eu cette idée géniale
de constituer à côté des collections du musée, une bibliothèque. Cela pour faire une
entité musée, bibliothèque. Cette bibliothèque est aussi pluridisciplinaire et elle
parle des Pyrénées. Qui dit bibliothèque dit aussi de manière élargit, un centre de
documentation de références sur les Pyrénées (ouvrages, iconographies, gravures,
dessins, peintures, photographie, correspondances, affiche, cartographie…). On a
à côté de ce centre de documentation, on a le pyrénéisme, qui pour moi est un
concept. Henry Beraldi a crée ce concept en 1900. Le Pyrénéisme, c’est pratiquer
la montagne, mais aussi faire connaître les Pyrénées, cette vision sensible, sentir,
écrire, voir, c'est-à-dire on va aux Pyrénées mais on ne fait pas que pratiquer la
montagne, on ramène quelque chose, un dessin, un herbier. Le Pyrénéisme perdure
aujourd’hui. Certains encore aujourd’hui se revendiquent Pyrénéistes, et d’autres
encore vont dire le Pyrénéisme, ça n’existe pas.
 A ce sujet, le Pyrénéisme, ceux sont des Pyrénéens qui l’ont inventé ou c’est le fait
que des personnes extérieures venaient dans les Pyrénées qui l’a crée ?
Le Pyrénéisme, c’est avant tout un regard extérieur au Pyrénées, c’était des
personnes aux XVIIIème et après au XIXème qui vont venir dans les Pyrénées,
comme Ramond de Carbonnière qui va venir dans les Pyrénées en 1789, c’est
quelqu’un qui arrive de Paris. Ceux sont des gens qui habituellement ont de
l’argent, qui peuvent se permettre de voyager. Il faut pas oublier qu’à cette
période, les routes n’arrivent pas encore jusqu’à Gavarnie, donc il faut prendre la
calèche, etc. Et justement, si on prend exemple des guides, les voyageurs vont
arrivés vont vouloir découvrir la région, les Pyrénées on les connait pas plus que
105
ça. Alors les locaux, ils sont chasseurs, paysans, ils connaissent eux leur territoire,
ils l’ont déjà nommé. Mais il va falloir ces personnes extérieures pour que les
Pyrénées deviennent connues d’un point de vue national, européen et même
international. Tous ces gens qui viennent prendre les eaux, parce que c’est aussi le
développement du thermalisme qui contribue à rendre emblématique certains sites
comme Cauterets, Luchon, Luz-st-Sauveur, et sur toute la chaîne comme ça. Et on
a des points plus isolés, comme le Val ‘d’Azun ou il n’y a pas de thermalisme. Tout
le reste on y va, il est de bon ton d’y aller, on y reste, on y écrit dessus, on fait du
plagia, on écrit des choses qui ont déjà été écrite. Donc ça oui c’est vraiment un
regard extérieur, au départ. Et on va incorporer dans le métier de guide, des gens
du territoire.
 Donc, on pourrait-dire que le métier de guide a été un des premiers métiers dans le
tourisme, autre que les activités traditionnelles ?
Ah oui oui, on est d’abord porteur et après on est guide.
 C’est bien alors avec ce regard extérieur, que les populations locales se sont
tournées vers le tourisme ?
Oui, et avec le développement du thermalisme, la propriété des eaux. C'est-à-dire
que de ce regard étrangers, il y a eu des savants, des docteurs, qui sont venu très
vite pour les eaux. Et même des gens de la plaine, de Tarbes, de Pau, pas forcément
de très loin, qui sont venu analyser les eaux, qui sont venu à leur découverte, et
petit à petit on a créé des établissements thermaux. Et pis après il a fallut des
routes pour accéder aux soins thermaux. C’est comme ça que tout ça s’est
développé, s’est croisé. Il y a aussi les anglais qui sont venu dans les Pyrénées,
dans le cadre de leur « Tour », ça aussi c’est important, ils ont participé à faire
connaître et ont aussi produit des livres, des guides, des guides d’itinéraires, de
visites.
 Mais qu’est-ce qu’il en ressort de tous ces ouvrages, de tous ces récits d’aventures
dans les Pyrénées, est-ce que les personnes qui racontent leur voyage dans les
Pyrénées, parlent de leur relation avec les populations locales ?
Certains oui, par exemple Ramond de Carbonnière, qui est le premier à avoir fait
connaître les Pyrénées, d’un point de vue assez scientifique, qui est aussi un
homme du siècle des lumières. Il marche, donc il est emmené à rencontrer des
bergers, à partager un abri sous une roche, à partager leur lait. Donc certains oui
et d’autres ne faisaient pas vraiment attention. Ce qui est certains est qu’il y a des
productions sur les Pyrénées. Et le musée Pyrénéen est très complet pour cela.
 Et ces populations locales, qu’est ce qu’elles en ont pensé de cette venue de
personne étrangère sur leur territoire ?
Il est difficile de le savoir car elles ne sont plus là pour en parler. Mans elles en ont
vu un profit, c’est certains. A Gavarnie, quand va se développer le tourisme,
106
notamment à l’hôtel des voyageurs, qui est le premier hôtel, quand ils vont créer la
société Ramond en 1965 vont s’ouvrir les premiers hôtels pour les accueillir. Donc
il y a quand même des familles qui s’enrichissent, ça désenclave les vallées. A la
limite, le problème est maintenant, de quoi va vivre Gavarnie maintenant ? Le site
de Gavarnie est classé patrimoine mondial de l’UNESCO, à la limite il se suffit à
lui-même, mais c’est pas ça qui fait venir. Mais à l’époque, ils ont su bien
« surfer », ils savaient qu’ils allaient travailler une fois venu la saison estivale.
 Pensez-vous que le fait que Gavarnie possède des renommées comme l’UNESCO
ne participe pas à la perte de la maîtrise de ce tourisme ?
C’est peut-être l’inverse, on n’a pas su s’emparer du label UNESCO, les
populations locales n’ont pas réussi à s’emparer du label pour faire quelque chose,
pour faire de ça un outil de développement local du XXIème siècle. Moi je
l’inverserai, parce que ces grands classements mondiaux, si ensuite derrière tu
n’as pas des structures fortes pour fédérer, monter des projets, ça tombe à plat. Tu
as un classement et tu ne vois plus que les interdits, moi je pense que l’on n’a pas
su profiter, c’est trop grand pour eux. Par exemple à Cauterets, on a su s’emparer
de tout cela, car il ya moins de pression et il ya du thermalisme, il y a de l’aprèsski, c’est moins problématique. Gavarnie c’est 80 habitants, le label UNESCO est
trop grand.
 Mais, ne voyez-vous pas un rapprochement entre Lourdes et Gavarnie, dans le sens
ou, les gens viendront malgré tout à Gavarnie, parce que c’est un site reconnu ?
En termes de fréquentation peut-être. Mais les gens ne se fixent pas, ils montent et
redescendent, et ils vont dormir dans la vallée, ou à Lourdes. Mais même à
Lourdes, les pèlerinages maintenant durent 1 à 2 jours, mais quand les pèlerinages
duraient 4 -5 jours quasi presque une semaine, les gens en dehors des sanctuaires,
des temps de prières, de s’occuper des malades, avaient le temps de venir visiter ici
le musée, d’aller visiter le pic du jer à Lourdes et avaient le temps de prendre le
bus pour faire des excursions et de monter à Gavarnie. Mais aujourd’hui, il n’y a
plus les bus qui montaient avant à Gavarnie.
 Les pèlerins viennent donc aujourd’hui essentiellement pour le pèlerinage mais ne
font pas d’activités touristiques à côté ?
Ils n’ont plus le temps, ils n’ont plus l’argent, parce que c’est la crise. Il n’y a plus
de train. Avant, c’était des trains qui étaient affrété entier, qui venaient même
d’Italie, rempli de monde et qui ne s’arrêtait nulle part. Ils arrivaient et
déchargeaient les malades. Aujourd’hui, on a développé des lignes d’avions mais
on ne peut pas transporter les malades. Ici à Lourdes, on est en difficulté, il y a
beaucoup d’hôtels qui ferment, les prix sont cassés, les commerces ferment. On ne
développe pas au niveau du département notre outil de développement touristique.
Je pense qu’au département, on est en retard, du moins on ne va pas chercher les
financements qui existent au niveau de l’Etat, au niveau de la région.
107
 Mais c’est de la responsabilité de qui de pouvoir développer des projets, de remettre
en place des lignes de bus, etc ?
Je pense que c’est avant tout une volonté politique, c’est à eux d’agir pour
développer leur territoire, on ne peut pas le faire à leur place, c’est eux qui
détiennent les leviers. C’est du travail, de l’acharnement. Il faut que dans les
collectivités, tous les services travaillent en faisant travailler les monteurs de
projets. Il faut que tout le monde travaille ensemble. Il faut de l’action, et que les
financements portés aillent sur les projets et pas ailleurs. C’est de la responsabilité
de tout le monde. Mais il ya quand même des associations qui se forment comme
l’association formée à Gèdre autour du patrimoine, qui organise chaque année la
journée de l’herbe, je trouve ça génial !
 Est-ce que selon vous le fait de posséder du patrimoine quel qu’il soit sur un
territoire permettrait une réappropriation du territoire ?
Oui mais c’est peut-être un regard extérieur qui va permettre cela. Nous à Lourdes,
on fait appel à un cabinet extérieur qui nous aide, qui ne sont pas d’ici. Car les
gens d’ici, nous croyons pouvoir vivre sur des acquis.
Si on ne se renouvelle pas dans les activités, dans la création des équipements pour
coller à l’air du temps, si on rate les trains, c’est très dur.
 Alors, il serait nécessaire d’avoir un regard extérieur pour se renouveler ?
Oui mais attention, le cirque de Gavarnie ne peut pas se suffire à lui-même malgré
tout, il faut fixer la population en créant des activités. On est sur des outils qui sont
plus viables car on n’a pas d’autres activités complémentaires au cirque. Les
hôtels sont en train de fermer, les chevaux c’est fini. Les jeunes descendent car il
n’y a pas de vie, de cinéma, de pharmacie et surtout pas d’emploi. Tu ne peux pas
faire ta vie à Gavarnie comme tu pouvais faire avant car il n’y a plus d’outil de
travail. Il n’y a en plus pas de thermalisme, activité vraiment complémentaire aux
stations de ski (balnéothéraphie par exemple). Et puis maintenant avec les voies de
communications rapide, on a largement moyen de faire Gavarnie Lourdes ou
Tarbes/Pau rapidement, à la journée, on y passe un moment et on redescend.
Mais il ne faut pas oublier que Gavarnie a été connu pour le XIXème siècle avec
Russel, Victor Hugo, et on est maintenant dans la phase descendante, pour le
tourisme. Maintenant il y aura toujours du monde qui montera pour le cirque mais
ça ne suffira pas à faire vivre les gens qui vivent à Gavarnie. C’est trop lourd à
porter pour une petite commune. La charge de travail pour s’emparer d’un label
comme l’UNESCO est énorme, il faut des gens qui y travaillent dessus, des
porteurs de projets constamment qui réfléchissent aux projets. Ne serait ce que
développer des relations transfrontalières avec les espagnols, notamment autour du
pastoralisme (lies et passeries). L’agriculture étant en crise cela n’aide en rien.
Pour revenir à ce patrimoine Pyrénéen. Aujourd’hui, on dit on perd nos valeurs
avec tout ce qu’il se passe, qu’il n’y a plus de savoir vivre. Mais des musées
108
comme ici, c’est une concentration de patrimoine, de notre histoire Pyrénéenne, ce
n’est pas rien, ça nous ancre dans un territoire, on ne vient pas de nulle part, on a
des racines. Ces racines, elles sont dans tous ces gens qui nous ont précédés. Nous
sommes fières de travailler dans ce musée, on est fière de partager ce patrimoine.
 Et est ce que vous pensez que les habitants des Pyrénées ont toujours cette identité
pyrénéenne ?
Oui, on ne peut pas généraliser mais dans les vallées des gaves, de plus en plus
d’associations autour du patrimoine se créent et de plus en plus de gens travaillent
sur cette mémoire On est en train de développer un projet de parcours sur
l’histoire du Pyrénéisme à Gavarnie, un parcours numérique à Batsurguère. Nos
vallées mériteraient de développer un outil comme pays d’art et d’histoire avec tout
le patrimoine que l’on possède, on a de quoi faire un pays d’art et d’histoire, mais
c’est toujours pareil qui lance le truc, qui démarre, qui va chercher des
financements.
Mais on doit être capable de le faire, il y en a d’autres qui l’ont fait, comme dans la
vallée d’Aure. Il y a des idées mais pas de réelles actions, on est un peu toujours
les derniers dans les Hautes- Pyrénées, on est acteurs, responsables. Mais les élus
ont un pouvoir particulier en actionnant des leviers pour des financements.
 Mais dans ce cas-là, si on faisait participer les populations locales, ça ne serait pas
plus facile avec des personnes engagées sur leur territoire ?
Oui c’est clair, mais dans le cas du patrimoine culturel, ça passe forcément par les
associations locales, les habitants qui ont des choses à raconter Nous si on monte
de projets autour du patrimoine local, on associe les populations locales et on
essaie au maximum de les intégrer.
 Pourtant à Gavarnie, le patrimoine culturel il y est ?
Oui, culturel et naturel. Et il y a forcément des histoires, des correspondances, qui
racontent des histoires chez chaque habitant de Gavarnie. Chacun a son musée
dans sa maison. Il faut aller chercher la mémoire chez les gens. Mais pour cela il
faut se mettre en mode projet. Le parcours sur le pyrénéisme permettra d’expliquer
le pyrénéisme, mais aussi en parlant du pastoralisme, avec des vues sur la vallée
d’Ossoue, des vues sur le cirque. C’est une initiative de la région Grands-Sites, ce
sera basée sur du visuel, pas beaucoup de texte, des choses sensibles. L’ONF font
aussi un parcours de leur côté, sur une autre thématique, mais on a du mal à
travailler ensemble e ton n’a pas pu faire un parcours commun car des intérêts
différents. A moment donné, il faut un projet commun fédérateur, sur la vallée,
s’appuyant sur ce label UNESCO, comme un projet franco-espagnol.
 Et le Développement Durable dans tout ça ?
C’est souhaitable, ça fait partie de la modernité. C’est notre temps. Il faut vivre
avec son temps. Pour moi, le développement durable c’est l’opportunité de créer
109
des nouvelles choses. Le problème de l’homme c’est l’argent, et vouloir étendre
toujours son territoire. On devrait tendre vers ça. Avec la COP21, on commence à
peine à acceptez l’idée qu’il y a un ministère de l’environnement, mais on avance.
Ceux qui se battent pour l’AOC, qui fabriquent leur propre laine. On y vient tout
doucement parce que l’on se rend compte que c’est la porte de sortie. A Gavarnie,
la liberté d’accueillir n’est pas complètement remplie donc ils sont en difficulté
pour accueillir les touristes. Il faut créer de nouvelles choses et essayer d’éviter la
saisonnalité en proposant de nouveaux projets.
110
Annexe C :
Grille d’entretien semi-directif avec Mr.W, chargé de mission
tourisme durable au Parc National des Pyrénées :
Thème 1 : La charte et les populations locales
Acteur : Chargé de mission tourisme durable PNP
Depuis quand la charte du PNP a été adopté ?
Dans l’objectif 2 de « protection du patrimoine naturel, culturel et paysager du cœur » il y a écrit :
Informer et éduquer les visiteurs, les scolaires et les usagers sur la préservation des patrimoines,
comment faites vous en terme d’éducation pour les usagers ?
Il y a un objectif qui dit « faire vivre l’esprit du pyrénéisme », qu’entend la charte par cela ?
Que pensez-vous de l’intégration des populations locale dans le développement durable (outre
l’aspect économique par la valorisation des savoir-faire par exemple) ?
Y a-t-il des dispositifs existants intégrant les populations locales ?
Avez-vous eu des contacts avec les populations locales lors de la signature de la charte ?
Pensez-vous que la population locale est favorable à cette signature ?
Avez-vous observé une évolution dans l’intégration des populations locales dans le tourisme
depuis que vous êtes en poste au PNP ? Depuis que la charte a été signée ?
Trouvez-vous que les populations locales du PNP possèdent une force identitaire ?
Pensez-vous que les populations locales sont intégrées dans les dispositifs de gouvernance ?
Thème 2 : Le Développement durable
Qu’elle est votre vision du Développement durable, en tant qu’acteur du PN ?
Trouvez-vous qu’une des trois notions du développement durable est plus importante que les
autres ?
Comment communiquez-vous sur le Développement durable au sein du PNP ?
Pensez-vous participer au développement durable de votre territoire ?
Thème 3 : les sites à forte notoriété
Que représente pour le PNP les sites à forte notoriété, en termes de gestion des flux, de capacité de
charge, de protection des espèces et de l’environnement ?
Que pensez-vous de la fréquentation des sites à forte notoriété comme Gavarnie par rapport au
développement durable ?
Que pensez-vous de la distinction grand-site Midi-Pyrénées comme Gavarnie, Lourdes, Cauterets
ou le Pic du Midi par rapport au tourisme et au développement durable ?
Que pensez-vous de l’inscription au Patrimoine Mondial de l’UNESCO de Gavarnie par rapport
au tourisme et au développement durable ?
Etes-vous favorable à ces distinctions ?
Pensez-vous que ces distinctions peuvent jouer un rôle dans une perte de maîtrise du tourisme ?
111
Annexe D :
Retranscription de l’entretien semi-directif avec Mr.W, chargé de
mission tourisme durable au Parc National des Pyrénées
(15/02/2016) :
 Comment la population locale a été intégrée à la charte ? Est-ce que vous avez été
en contact avec les populations locales lors de la signature ?
Elle a été associée par le biais des activités, des associations, mais aussi par le
biais des conseillers municipaux auquel on a présenté la charte et ses objectifs et
derrière il y a pu ay avoir un relai d’information auprès des populations locales. Il
y a eu des réunions publiques avec des interventions du Parc lorsque les communes
le demandaient. Mais Mr tout le monde, s’il ne participa pas à des activités en club
ou ne fait pas partie d’une association peut passer à côté de ce genre
d’informations lié à la charte. Dans la charte, il ya tout ce qui relève des activités
humaines en zone protégée et en aire d’adhésion, avec des objectifs affichés Soit de
protection dans la zone cœur soit de développement durable dans l’aire d’adhésion
 Est-ce que vous pensez que les personnes qui vivent dans la l’aire d’adhésion
savent qu’ils font partie du Parc National et qu’il existe une charte ? Sont- ils
sensibilisés à cela ?
Je crois qu’ils le sont parce qu’ils reçoivent chaque mois le journal du Parc
« Empreinte » qui relaie toutes les informations du Parc et notamment celles de la
charte. Est-ce qu’ils perçoivent les objectifs et le rôle de la charte je ne sais pas
mais qu’ils sont sur le Parc National oui je pense. On va fêter les 50 ans l’année
prochaine et la presse relaie quand même pas mal d’informations. Pour le vote de
la charte il y a eu pas mal de presse là-dessus, mais après sur les objectifs précis
de la charte je sais pas, il faudrait une enquête.
 La charte c’est en 2012 qu’elle a été signée ?
2013, et fin 2015, 3 communes supplémentaires ont signé la charte, dans le Béarn.
Au total 65 communes sur 86 ont signé la charte à l’heure d’aujourd’hui.
 Et vous savez pourquoi ces communes n’avaient pas adhéré et qu’est ce qui les a
fait changer d’avis ?
Il y a eu des changements de municipalités, certaines étaient réticentes. Mais
malgré des relations régulières on n’a pas réussi à toutes les convaincre.
 Est-ce que vous penser que cela peut-être perçu comme une contrainte d’adhérer à
la charte ?
Oui, et notamment dans les plan d’urbanisme. Alors que le Parc est consulté
seulement pour avis et ne remettra pas en question un plan d’urbanisme. Il n’y a
112
pas que ça il y a aussi une position vis-à-vis du Parc, qui est culturelle, et qui est
assez ancrée dans certaines vallées.
 Concrètement, quand une commune adhère, qu’est ce qu’elle a à respecté ?
Elle n’a rien à respecté, elle s’inscrit juste dans le projet de territoire. Elle va
répondre aux objectifs de la charte et ensuite il va y avoir un accompagnement et
une convention pour des projets de développement, qui eux vont répondre aux
objectifs de la charte. Nous on accompagne la commune, avec des partenaires,
pour que tous ensemble on répondre au projet de territoire.
 Dans l’objectif 2 de sensibilisation auprès des habitants, comment faites-vous pour
intervenir dans la sensibilisation ?
Au niveau des habitants, il ya des interventions faites par le Parc, et notamment en
hiver, cela dépend des communes. Ce sont des réunions publiques ou des gens
viennent en savoir un peu plus sur le Parc. Après sur la saison estivale, il y a des
conférences, des sorties, des interventions ouvertes à tous ou on peut parler des
missions du par cet du développement durable du territoire. Après il peut y avoir
de la sensibilisation sur des réseaux spécifiques, notamment autour des activités
avec des professionnels de la montagne ou on va ensemble les pratiques en lien
avec les patrimoines présent et comment adapter sa pratique pour prendre en
compte le patrimoine et le valoriser lors de la pratique. Donc il ya des rendez-vous
soit par filière ou des réunions grands publics. Les informations vont de l’état des
comptages jusqu’aux conseils de développement. On réitère en tout cas les
messages de préservation et de valorisation auprès de tout le monde. On a parlé du
journal, on a un site internet et une page facebook qui relaie aussi pas mal
d’informations. On peut créer des nouveaux liens avec la population locale ou les
acteurs économiques pour diffuser de l’information et avoir des retours, des
remontées.
 Pensez-vous que si les populations locales étaient plus sensiblisés à la question de
la protection de leur territoire, alors elles pourraient sensibiliser les touristes à leur
tour ?
Complètement, et je pense que l’on n’est pas assez actifs dans ce domaine. Mais
maintenant grâce à la marque Parc on doit avoir 50 prestataires, professionnels
qui sont sensibilisées. Mais par exemple, on n’a pas encore assez de contacts avec
les offices de tourisme, de réunir avant chaque début de saison les agents d’accueil
des offices pour leur présenter le rôle du parc, ses enjeux, sa présentation, la
réglementation. On a encore beaucoup de problèmes de comportements de respect
de la réglementation dans le Parc et c’est vrai qu’il y a un manque de relais
d’information, de relais de sensibilisation, lié à ces acteurs économiques et ces
acteurs locaux.
 Vous pensez que ça vient de quoi ?
113
Manque de moyen, manque de temps, ce n’est pas dans les priorités. Je pense que il
ya un énorme travail de ce côté-là. L’objectif est que la population locale, les
acteurs économique, s’approprient véritablement ces enjeux et le territoire du Parc
National, ce n’est pas forcément le cas, et après ils pourront relayer. Mais est-ce
que le Parc a mi en place toutes las actions pour que la population locale
s’approprie totalement les enjeux du Parc ? Il y a eu beaucoup de chose, il y a
beaucoup de chose, mais notamment sur le tourisme, on aurait pu faire plus. Et je
dirai même que le Parc dans la conciliation, dans la collaboration dans la relation
la concertation en amont n’a pas assez mi de moyen pour informer ses acteurs
locaux, discuter avec eux, pour aussi connaitre leur pratique pour adapter .
Maintenant ça va un peu mieux. Ce qui fait qu’il y a eu une appropriation moins
évidente, moins réelle.
 Par rapport à l’objectif, encourager les acteurs touristiques à s’engager dans le
développement durable du territoire, comment vous faites concrètement ?
C’est tous les projets qui vont mettre l’environnement et l’ensemble du patrimoine
au cœur de l’offre. On va prendre en compte l’environnement dans le projet, en
limitant les impacts et autre et on va valoriser ces patrimoines. On est plus sur des
projets de développement durable que sur un plan purement économique, souvent
au détriment de certains patrimoines. C’est un peu notre rôle au jour le jour, que
ces patrimoines soient protégés et valoriser dans le cadre des projets sur le
territoire (sentiers d’interprétations, aménagements). Accompagner, c’est en amont
c’est sensibiliser identifier ces enjeux au sein des projets pour qu’ils soient mi en
compte, voir que ces ressources deviennent le point fort de certains projets et que
l’on s’appuie sur ces ressources pour développer une offre.
Avec la marque, on va arriver à plus sensibiliser et être en échange permanent
avec le possesseur de la marque (durant 3 ans). Ceux qui sont intéressés par la
marque Parc le font souvent pour se sensibiliser et après sensibiliser autour d’eux
à travers cette marque Parc. Nos équipes sur le terrain sont aussi souvent
interpelées par les différents acteurs et viennent régulièrement demander de
l’information aux gardes.
 Les prestataires qui adhèreront à la marque devront respecter des choses ?
Oui, il y a un cahier des charges, ce ne sont pas des normes qualitatives à respecter
mais plutôt son engagement à respecter l’environnement, au niveau de
l’écoresponsabilité, gestion de la ressource en eau, économie d’énergie, tri des
déchets. Il y a une certains nombres de critères à respecter pour la protection du
patrimoine mais aussi la valorisation du patrimoine (quels outils je mets en place
pour valoriser, pour sensibiliser, faire connaître) et aussi l’action sociale (les
partenaires locaux et l’engagement de l’acteur en faveur du territoire). Ceux sont
les prestataires qui sollicitent le Parc, ils passent un audit de 2h de temps à peu
près avec le cahier des charges et ses 50 critères. Ensuite, c’est instruit, ça passe
par un comité technique de marque Parc et c’est validé en conseil économique
114
social et culturel. C’est un cahier des charges national. Une fois qu’ils possèdent la
marque Parc, ils l’ont pour 3 ans et c’est là que se met en place un échanger avec
les prestataires, régulier. Ca peut-être intéressant pour les échanges avec les
acteurs, chose que l’on n’avait pas forcément avant.
 Est-ce qu’il y a des vallées plus engagées que d’autres ?
Oui, il y a le Val d’Azun, qui est plus engagé sur le lien avec le patrimoine, sur la
valorisation des patrimoines, sur un bâti de caractère. Sur cette forme de tourisme
ou la notion de valorisation et de préservation est bien présente. C’est aussi parce
que l’on a une vallée préservée, avec beaucoup de bâti préservé. Et le potentiel
d’hébergement touristique de caractère plus important. Sur la performance
énergétique, toutes les vallées sont sur le même pied d’égalité.
 Est-ce que vous avez trouvé une évolution pour les communes qui ont adhéré, en
termes d’engagement ?
Oui, les communes sont demandeuses, pour des projets. On a une demande forte
d’ADC (Atlas de la Biodiversité Communale) pour valoriser la biodiversité, c’est
une action forte en termes de sensibilisation de la population locale, ce n’est pas
touristique mais ça marche très bien. Il y a aussi les communes zéro pesticide, il y a
aussi beaucoup de communes qui veulent créer des sentiers d’interprétations. Les
communes y trouvent un intérêt de travailler sur la valorisation de leur patrimoine.
Les petites communes d’appuient sur le Parc pour se faire connaître un peu plus et
mettre en place des projets et la population s’y intéresse bien.
 Selon vous quel est le lien entre le tourisme et l’environnement ?
J’ai utilisé beaucoup les deux mots suivant c’est la préservation et la valorisation.
On a de la chance d’avoir des richesses naturelles plutôt exceptionnelles, une zone
cœur protégée et préservée avec peu d’aménagement qui n’ont pas dégradé ces
espaces. Et a mon avis, l’ensemble de ces patrimoines représente une force sur
laquelle il faut s’appuyer. Mais il faut toujours maintenir cette richesse, la qualité
de ces paysages, de ces patrimoines, la diversité de ce patrimoine. Donc tout en
limitant certains impacts en œuvrant pour la préservation en proposant un
développement durable on va s’appuyer et communiquer et valoriser ses richesses
au travers de son activité. Je pense que c’est un point fort pour l’avenir de pouvoir
proposer une qualité de paysages, une qualité de ressources et une diversité de
richesses patrimoniales culturelles et naturelles. Le lien entre les deux c’est avoir
un développement harmonieux ou l’environnement sera totalement intégré on ne va
pas impacté, on ne va pas créer des nuisances mais on va s’appuyer sur ces
richesses pour proposer des produits de découvertes de patrimoine. Alors au-delà
des paysages, de la faune, de la flore, du pyrénéisme, c’est aussi du savoir faire des
produits locaux. Il y a quand même es tendances de sensibilité dans ce sens là. Il
faut arriver à trouver le dosage entre le développement des pratiques et le maintien
d’une qualité environnementale, des paysages et des milieux. Après sur les grands
115
sites comme Gavarnie, il y a quand même une gestion des flux, on concentre sur
quelques itinéraires, avec la signalétique, par de l’interprétation, par de la
sensibilisation. Donc 98 % de la fréquentation reste sur ces itinéraires qui du coup
peuvent être détérioré, mais on évite une diffusion trop large du public. Il y a une
mesure de gestion. Donc on peut ainsi concilier ce développement des activités, ce
tourisme durable et la protection de l’environnement. Et ce lien il doit être
permanent, par de l’échange, par la connaissance qui doit être diffusé auprès des
acteurs pour qu’ils s’approprient ces enjeux, ces patrimoines, et qu’ils puissent
participer à leur conservation.
 Ne trouvez vous pas que dans le développement durable, c’est la notion
environnementale qui prime ?
Avec la marque Parc il y a quand même un soutien aux acteurs économiques, dans
le but de générer de l’activité autour d’une marque de territoire touristique avec un
positionnement affiché, un réseau d’offre. On espère avoir 150 à 200 produits
marqués d’ici 2 à 3 ans donc on souhaite que les retombées augmentent. Mais avec
la marque on va essayer de créer du lien, des échanges, entre les acteurs, les
filières, de participer à ce volet social et économique sur le territoire. Ce sont les
objectifs affichés.
 Mais comment sur un village comme Gavarnie, qui a un fort patrimoine naturel,
comment améliorer les retombées économiques, comment créer de l’emploi ?
Je ne pense pas que ce soit compliqué. Avec la notoriété du site, mêmes si la
fréquentation baisse d’année en année, il faut que les acteurs économiques en
terme d’offre se renouvelle, soit attractifs, soit dynamique. L’aménagement du site
aussi, on y voit encore pas mal de point noir. L’organisation de l’accueil aussi et
une découverte du site qui n’est pas non plus optimale, même si on voit des offres
qui se mettent en place régulièrement. Le stationnement maintenant qui fait l’objet
d’horodateur, mais on n’a pas d’interprétation dans le village, on n’a pas d’outil,
pas de produits derrière. On se satisfait du cirque en lui même mais derrière on n’a
pas forcément d’offre, de services adaptés, qualifiés. On ne valorise peut-être pas
assez l’offre. On vit sur des acquis avec encore un tourisme de masse alors que l’on
pourrait faire des produits de qualité importante avec les filières locales, la
valorisation du patrimoine. On peut tirer partie, profit de ce patrimoine. Ca va
aller mieux avec la fusion avec Gèdre car il n’y a pas que le Cirque et le fait de
travailler ensemble. Et puis derrière il faut que les acteurs locaux jouent la carte
du patrimoine et de la qualité.
 Le fait de posséder l’inscription au patrimoine mondial de l’UNESCO ne favorise til pas une perte de la maîtrise du tourisme par les populations locales ?
Par rapport à l’UNESCO, c’est une notoriété, c’est une garantie. Après peut-être
que les acteurs, le territoire n’ont pas su s’investir dans le programme proposé par
l’UNESCO. Il y avait déjà une difficulté, c’est un petit territoire, peu d’habitants,
116
peu de ressources. Les sites de cette notoriété en France, c’est souvent des
syndicats mixtes avec un peu plus de salariés. A Gavarnie, il y avait déjà un
problème humain et financier ces dernières années. Peut-être en contradiction avec
ce que pense ce réseau d’acteur sur ce territoire avec un commerce très simple face
à un tourisme de masse donc une difficulté des acteurs du territoire à mettre en
place des choses avec . C’est plutôt un souci de gouvernance, de jeu d’acteur sur le
territoire.
 Mais est ce que les populations locales ont réellement été concerté lors de cette
inscription ?
Pas-sûr, c’est une inscription culturelle et paysagère, derrière il ya un plan de
gestion. C’est transfrontalier en plus, pour la population locale ce n’est pas
évident. L’NESCO, c’est très lourd. Comment traduire le label Unesco en offre
touristique ? Ce n’est pas évident. Je pense que sur le label Grand Site c’est plus
facile. La multiplication des labels sur un site ce n’est pas toujours cohérent. Ils
sont un peu perdu avec l’UNESCO, les grands sites, le parc national. Est-ce que la
multiplication de ces labels n’a pas été un frein pour le développement de ce
territoire qui avait une autre échelle.
 Peut-être que si Gavarnie se tournait vers une offre culturelle, pour renforcer leur
identité, cela aiderait les choses, pour une réappropriation du territoire?
Oui, c’est par la création d’offre qualifiée que l’on va réussir à faire venir une
autre clientèle que les excursionnistes, de faire rester les gens plus longtemps. La
marge de manœuvre et de progression devrait aller vers ça. Cette identité
culturelle peut-être effectivement fédératrice. Un projet de territoire peut les
fédérer autour d’un thème comme le pyrénéisme, par exemple. Il faut que la
population locale arrive à se réapproprier leur territoire.
117
Annexe E :
Grille d’entretien semi-directif avec Mr.X, PDG de La Balaguère
et élu de la communauté de communes du Val d’Azun :
Thème 1 : Le Développement Durable
Acteur : PDG La Balaguère/ Président ATR/ Habitant du Val d’azun/Pyrénéen
Président Communauté de communes du val
d’azun
Qu’elle est ta vision du Développement En tant qu’habitant, reconnais-tu dans ton
durable, en tant qu’acteur ?
environnement quotidien des actions faites en
faveur du développement durable, au niveau
Comment l’appréhendes-tu au sein de ton
des différentes échelles administratives ?
hôtel ?
Penses-tu faire partie du Développement
Comment
communiques-tu
sur
le
durable du territoire sur lequel tu vies ?
Développement durable dans ton hôtel ?
Que représente pour toi, en tant qu’habitant, les
Penses-tu participer au développement durable
différentes
notions
du
Développement
de ton territoire ?
Durable ? (Eco, Socio, Environnement)
Thème 2 : Les populations locales
Acteur : PDG La Balaguère/ Président ATR/ Habitant du Val d’azun/Pyrénéen
Président Communauté de communes du val
d’azun
Qu’est ce qui vous a poussé à fonder la Ressens-tu le fait d’appartenir à ton territoire ?
Balaguère ?
Penses-tu que le patrimoine fait partie des
Penses-tu intégrer les populations locales dans habitants ?
tes décisions, dans ton travail ?(Les populations
Peut-il avoir un rôle d’appartenance ?
locales à la fois dans tes séjours organisés et les
populations autour de là ou se trouve La Penses-tu avoir un rôle à jouer dans le
développement de ton territoire ?
Balaguère ?)
Si oui,quels outils utilises-tu pour les intégrer ?
Penses-tu avoir un rôle à jouer vis-à-vis des
touristes ?
Penses-tu qu’il faut intégrer les populations
Ressens-tu une évolution dans la prise en
locales dans les modes de gouvernance ?
compte des habitants sur le territoire du Val
Comment selon-toi l’activité touristique peutd’Azun ou autre territoire ?
elle revenir aux habitants d’un territoire ?
Thème 3 : Les sites à forte notoriété
Le Val d’Azun ne possède aucunes distinctions Penses-tu qu’il est plus facile de vivre sur un
(label, marque) ?
territoire comme le Val d’Azun ou sur un site à
très forte notoriété ? Pourquoi ?
Est-ce que selon toi, est-ce un atout ou un
manque ?
Selon toi, les clients de la Balaguère peuvent-ils
être plus intéressé par un séjour autour d’un
grand site comme Gavarnie ou pas du tout ?
Que penses-tu de la multiplication
« marques » de notoriété ?
des
118
Annexe F :
Retranscription d’entretien semi-directif avec Mr.X, PDG de La
Balaguère et élu de la communauté de communes du Val d’Azun
(19/02/2016) :
 Quel était votre objectif dans la création de La Balaguère ?
J’ai d’abord créé le gîte Camelat à Arrens-Marsous puis j’ai créé La Balaguère
pour pouvoir faire tourner le gîte et notamment vendre des forfaits tout compris.
Le gîte, c’était d’abord pour faire dormir les gens puis j’ai passé le diplôme
d’accompagnateur et celui de moniteur de ski de fond et puis on a commencé à
créer de l’itinérance. Je venais de l’Ariège, j’étais un nomade. Au début j’avais des
idées de séjour avec de l’artisanat, des marchés, mais je ne savais pas trop. La
seule chose qui a marché, c’est la randonnée. J’ai proposé au bout d’un an ou deux
des choses nouvelles, qui ont marché, et c’est à partir de ce moment là que je me
suis entouré de personnes qui connaissaient la montagne et notamment les chevaux
puisqu’au début on faisait des randonnées avec des chevaux de bât. Ca avait un
côté un peu nouveau, ça nous permettait de faire des itinéraires ou on se posait
dans des endroits magnifiques, et d’être indépendant, c’était génial. C’est devenu
petit à petit un projet collectif et à partir de ce moment là on s’est dit on veut faire
cette activité pour pouvoir en vivre, c’était l’objectif. Au début on était plus
préoccupés par la création d’emplois qu’en vivre. A l’époque, c’était la devise,
vivre et travailler au pays. Puis on a compris qu’une société, ça doit gagner de
l’argent si elle veut prospérer. C’était dans les années 86,87. On faisait des
randonnées aussi dans le pays cathare. On a commencé à rentrer en contact avec
des agences espagnoles et on s’est rendu compte que l’on pouvait se positionner
comme le spécialiste des Pyrénées. C’est à partir de là que ça s’est développé
véritablement parce que l’on a présenté une offre diversifiée (cathare, aragon,
gavarnie,etc). Gavarnie c’était le produit phare, notamment avec Ordessa. C’était
un peu le produit d’appel car c’était le seul endroit qui était connu. Gavarnie était
déjà très connu, ça faisait partie des choses qu’on nous parlait à l’école, avec le
Vignemale. L’inscription au patrimoine mondial de l’UNESCO n’a fait que
renforcer les choses. Au début, on faisait en sorte que l’activité de l’hiver soit aussi
forte que l’activité de l’été, avec des produits ski de fond. Puis le ski de fond a
dépéri, on l’a remplacé un peu avec la raquette et puis c’est pour ça qu’autour des
années 95,96, on a développé les voyages à l’étranger, au Népal, à Madère, etc. On
a embauché un spécialiste aérien.
 Comment tu peux expliquer que la randonnée marche toujours aussi bien
aujourd’hui ?
Quand j’ai créé La Balaguère, en 1984, c’était la première année du salon de la
randonnée à Paris, la première édition. Et quelques années avant, il y avait eu le
119
premier magazine sur la montagne qui s’appelait ALPI RANDO montagne
magazine, en 1980. Ce sont des indicateurs qu’il existe alors un marché potentiel.
Les gens ont découvert la randonnée, ils ont découvert que c’était un loisir facile,
adaptable à l’âge, au niveau, pas cher (juste les chaussures). Puis on en a fait un
produit touristique, et ça a marché et ce n’est pas près de s’arrêter. La marche à
pied, c’était une base très large et je me disais que si on se mettait dans une niche
trop petite (parapente, canoë-kayak), ça ne marcherait pas. C’est un phénomène de
société, les gens marchent de plus en plus, et de plus en plus tard. Je me suis
entourée de spécialiste avec des consultant tourisme. Et notamment grâce à
l’ADEPFO (association de développement des Pyrénées par la formation) qui te
permettait de travailler en groupe avec un consultant sur des thématiques qui
t’intéressaient. Ce qui explique un peu le succès de La Balaguère, c’est ça, on s’est
entouré, on a réfléchit, on n’était pas tout le temps le nez sur le guidon et on a
définit des stratégies vers là ou on voulait aller. Les consultants nous le disaient
déjà, que c’était un véritable phénomène. Au début c’était citadin, et puis
maintenant dans n’importe quel village isolé, il y a un club de montagne. Ca touche
tout le monde. Et puis, pour les personnes qui ont les moyens de se payer un séjour,
quand ils participent au voyage en groupe, avec un accompagnateur, cela participe
à les sensibiliser à l’environnement, à la montagne. Et cela dès le début répondait
à un besoin d’échanger avec l’autre, sur une même passion. Les gens vivent des
choses très forte, de forts liens se créer, ça gomme toutes les différences sociales, et
beaucoup de personnes ne veulent plus se quitter à la fin d’un séjour. Ils
s’échangent leurs coordonnées et souvent ils se revoient après. Et en termes de
fidélisation, c’est énorme. Ca a démystifié, dédiabolisé les voyages en groupe. Cela
explique les facteurs clés de succès de La Balaguère. Au début le succès c’était
Gavarnie Ordessa, maintenant le succès c’est le Pays Cathare, Collioure
Cadaquès, Bilbao. On est plus dans la haute montagne, c’est plus des choses qui
marient mer et montagne
 Et comment peux-tu expliquer cela ?
Je l’explique par le fait que la montagne en tant que destination touristique perd
des places par rapport à la mer, à la campagne, à la ville. C’est un phénomène
global, car ça à une image d’effort. Il faudrait qu’on donne une image plus
accessible. Il y a un effort global à faire pour attirer des gens. Si on veut vivre du
tourisme en montagne, il faut faire venir les gens mais savoir les informer, les
éduquer.
 Comment penses tu que l’on peut intégrer la population locale dans tout cela ?
Déjà, il faut des hébergements, car si on n’a pas d’hébergements, on ne peut pas
faire rester les touristes sur le territoire, c’est la base. Il faut organiser des
activités autour. Il faut travailler ensemble, et c’est pour ça que si on arrive à créer
un territoire commun avec des stratégies communes (communauté de communes), il
120
faudra trouver quoi faire pour remonter la pente car on a tout, des environnements
exceptionnels, de l’accessibilité facile. Il y a plein de choses à exploiter.
 Est-ce que tu trouves que les gens du Val d’Azun sont attachés à leur territoire ?
Enormément, la majorité est pour qu’ils se passent quelque chose. Les gens sont
très attachés à leur territoire mais insatisfaits de la situation actuelle notamment la
situation économique qui a tendance à redescendre dans els bourgs centre.
Et moi en tant qu’élu, je propose de la remonter dans les villages, et notamment en
développant autour du tourisme. Mais les habitants ici, dans nos vallées n’ont pas
réellement étaient dans le besoin, donc ne se sont pas véritablement bouger pour
faire changer les choses dans le territoire. Mais le problème c’est que les
territoires font partir les jeunes. Il faut des porteurs de projets, des gens qui
développent des projets. Mais souvent, les gens qui ont développé des projets ne
sont pas d’ici. Il faut un regard extérieur, des gens qui sont trop installés sur un
territoire n’ont plus de vision extérieure. Mais c’est aussi de la volonté de tout le
monde à faire vivre son territoire. Des outils comme maintenant, peuvent aussi
aujourd’hui permettre de se développer. Les outils du web permettent d’attirer une
clientèle ciblée. Il ne faut pas baisser les bras. On est à une période clé, et il faut
vraiment changer de politique touristique.
 Et en tant que citoyen comment ressens-tu tout cela ?
Je suis privilégié de vivre ici, mais si c’est pour habiter dans un pays qui se vide, ce
n’est plus un privilège donc il faut agir pour cela. J’ai la volonté d’avancer et
notamment c’est la raison pour laquelle je suis aujourd’hui élu.
 Penses-tu que les citoyens sont assez concertés dans toutes les vallées du Pays des
Gaves ?
Non, mais on va faire en sorte que notamment les socioprofessionnels soient
intégrés. Le tourisme c’est aussi l’affaire des socioprofessionnels et des acteurs
publics, mais ce n’est pas qu’eux qui font le tourisme.
121
Annexe G :
Grille d’entretien semi-directif avec Mme. Y, directrice de l’hôtel
Compostelle à Gavarnie :
Thème 1 : Le Développement Durable
Acteur : Directrice de l’hôtel Compostelle
Habitante de Gavarnie
Qu’elle est ta vision du Développement Que penses-tu du développement durable en
durable, en tant qu’acteur ?
tant qu’habitante ?
Comment l’appréhendes-tu au sein de ton Quelle est selon-toi les actions que tu peux faire
hôtel ?
en faveur d’un développement durable sur ton
territoire ?
Comment
communiques-tu
sur
le
Développement durable dans ton hôtel ?
Penses-tu participer au développement durable
de ton territoire ?
Thème 2 : Les populations locales
Travailles-tu en collaboration avec les autres Ressens-tu le fait d’appartenir à ton territoire ?
acteurs de Gavarnie ?
Penses-tu que Gavarnie possède toujours les
Te sollicite ton pour des projets, des décisions ? « valeurs » du Pyrénéisme ?
Ressens-tu une certaine « compétition » entre Penses-tu que le patrimoine fait partie des
les différents acteurs ?
habitants ?
Peut-il avoir un rôle d’appartenance ?
Penses-tu qu’il y a une identité forte à
Gavarnie ?
Que penserais-tu d’une collaboration plus forte
avec les espagnols ?
Penses-tu avoir un rôle à jouer dans le
développement de ton territoire ?
Penses-tu avoir un rôle à jouer vis-à-vis des
touristes ?
Thème 3 : Les sites à forte notoriété
Cet hôtel a été transmis par la famille ?
Est-il facile de vivre sur le site de Gavarnie ?
Pourquoi s’apelle t-il Compostelle ?
Pourquoi ?
Penses- tu que beaucoup de gens viennent pour Quels sont selon toi les avantages et les
le chemin de Compostelle ?
inconvénients ?
Quelle est selon toi la première raison pour Perçoit un écart trop important entre une
laquelle les gens viennent à Gavarnie renommée mondiale et des habitants peu
(UNESCO,GRAND SITE, PARC NATIONAL, nombreux ?
COMPOSTELLE) ?
Que penses-tu du label UNESCO par rapport à
122
un village comme Gavarnie ?
As-tu remarqué une réelle différence depuis
l’inscription en termes de fréquentation ?
Selon toi, comment pourrais-ton mieux gérer
les flux ?
123
Annexe H :
Résumé d’entretien semi-directif avec Mme. Y, directrice de
l’hôtel Compostelle à Gavarnie (19/02/2016) :
Les gens ont vraiment du mal à ne pas voir un ensemble de contraintes par rapport au
développement durable. Mais les gens qui sont d’origine paysanne sont déjà sensibles à la
protection de l’environnement. C’est clair qu’il faut aussi avoir des moyens financiers,
c’est une démarche que de se tourner vers le développement durable.
Il y a parfois un problème générationnel, et souvent on a du mal à s’adapter à la réalité.
Ca ne suit pas l’air du temps, il faut s’adapter aux nouvelles réalités et aussi au climat. Il
faut se détacher de l’activité ski, or ce n’est pas le cas pour l’instant. Il faut développer de
nouvelles activités (calèches, raquettes, ski-joring, chiens de traineaux).
A Gavarnie c’est des paysans qui ont viré commerçant, tandis qu’à Gèdre ceux sont des
paysans. Gèdre il n’y a pas le site donc c’est moins attrayant. Le développement des sites
de Troulouse et d’Estaubé c’est très récent. On n’a pas les mêmes intérêts. Il faut
entretenir nos racines paysannes, or parfois on a du mal à assumer ses racines, mais
pourtant c’est ce que les clients attendent. Certains ne le diffusent pas assez, il faut avoir le
discours adapté, c’est la transmission qui manque. Le tourisme a permit une ascension
sociale. Le fait d’avoir pu abandonner la paysannerie. Il faut essayer de vivre en accord
avec son environnement.
C’est le tourisme de masse qui a pu rendre la situation comme elle est actuelle, car on est
resté sur des acquis, c’était une manne facile.
Les activités se sont transmises de famille en famille. Mais actuellement on a toujours
« l’ancienne » génération.
Après, le ciblage de la clientèle est un travail, moi c’est les randonneurs. Mais ils n’ont
pas conscience que le tourisme n’est pas un du. Il faut aller la chercher la clientèle, la
cibler, s’intéresser, et ne pas attendre sur la chaise en attendant les mois ou la
fréquentation est la plus importante. Après, pour ma part, j’ai des défauts de remplissage
car j’ai fais des choix (pas de wifi, pas de TV dans les chambres, pas de centrale de
réservation) mais mon ciblage est clair, montagne et nature.
Beaucoup ne sont pas adaptés au monde du tourisme. Je ne pense pas que les clients soient
plus exigeants qu’avant. Il faut leur fournir une offre qui leur convient.
Ils ne voient pas l’étranger comme une richesse mais plutôt comme une menace. Il y a
quand même une barrière entre les élus et les citoyens. Mais encore une fois on se bloque
à l’aspect générationnel.
Le volet culturel peut permettre une redynamisation des communautés locales. Mais les
projets Grands Sites ont tué le tissu social, on n’a pas su proposer des offres adaptées. Ca
124
fait des années qu’on parle de projets culturels qui pourraient fédérer les habitants mais
ça n’a jamais amorcé. Mais une vision a court terme et la manne financière facile et
rapide ne peut pas permettre cela. C’est une vision étriquée, de facilité.
Les statistiques de remplissage hôtelier sont beaucoup plus importantes que sur tous les
hôtels du département. Il y a toujours autant de monde, malgré que les gens ne restent pas.
La clientèle n’est pas une clientèle de séjour, ceux sont des gens qui passent quelques jours
et qui repartent donc c’est plus dur qu’avant, c’est sûr. C’est une fausse idée que de se
dire qu’il y a un manque de clientèle, malgré que tout le monde se plaignent, car soit il y a
trop de monde soit pas assez.
Au lieu de tout faire pour le tout ski, il aurait fallu développer le fond, la raquette, la glace.
 Ne penses-tu pas que l’encadrement du site n’a pas permit la perte de contrôle ?
Je crois que la volonté de l’Etat est de sanctuariser le lieu. Mais la volonté de l’Etat serait
que les gens habitent en bas et que le lieu soit le plus vierge possible. Je pense qu’il faut
tirer profit de tout classement.
On est dans un monde ou on zappe, si on y va pas dans tous les cas on l’a déjà vu.
Gavarnie est victime d’une image de tourisme de masse, avec trop de monde et d’une non
sympathie. On copie d’autres stations comme si on était une ville, comme si tout ce qui
était nature était sale. Il faut englober le village. Il faut proposer un concept et voir plus
loin que la rentabilité absolument.
Les habitants semblent écrasés par le site. Ils sont restés à une époque qui est révolue.
Je pense que les habitants sont fiers de Gavarnie mais pas pour les bonnes raisons, ils le
subissent beaucoup. Il faudrait qu’il y ai des gens nouveaux qui arrivent.
C’est un privilège d’habiter ici. Mais pourtant c’est vu comme une contrainte et malgré
qu’ils soient fiers, ils ne voient pas cela comme quelque chose de positif.
Les plats d’ici ne sont pas représentés, ici c’est le picat, la farine de sarrasin, le cochon. Il
faut valoriser les produits locaux. Ce n’est pas honteux d’avoir des animaux. Les clients
étaient contents de pouvoir aller voir les chevaux, les poules.
 Est-ce que dans les prises de décisions, est ce qu’il y a des réunions, est ce que l’on
vous sollicite, les habitants ?
Non, il n’y a pas de réunion. On a initié une démocratie participative. Le « peuple » n’est
pas idiot. Un groupe de travail s’est construit avec pour thème les poubelles, avec des gens
motivés. Il y a quand même des volontés d’habitants de participer, mais les municipalités
bloquent. Clairement les hôteliers ne sont pas soutenus. Le monde du tourisme, ils le
subissent, ça vient on prend mais on ne va pas chercher, il n’y a pas d’objectifs. Tu te
heurtes forcément à l’âge chez les hôteliers. Les habitants attendent d’être intégrés,
125
malgré tout. Et puis on n’est pas assez nombreux. Il faut qu’il y ai des gens de l’extérieur
qui arrivent. Il faut travailler en réseau.
 Tu as une bonne entente avec les autres hébergeurs ou acteurs du tourisme ?
Au niveau de l’entente entre les hôteliers, on s’entend bien mais par intérêts. C’est chacun
pour soi. Et puis c’est aussi en fonction du type de clientèle, je travaille beaucoup avec
ceux qui ont le même ciblage de clientèle.
Avoir des gens d’ailleurs est nécessaire, avoir une vision d’ailleurs. Ici, on a été trop gâté.
Au niveau transfrontalier, il n’y a pas de véritables projets mis à part des échanges entre
les écoles. Il n’y a aucune dynamique avec l’UNESCO. C’est une contrainte l’UNESCO.
Au niveau du pastoralisme, il n’y a pas vraiment d’évènements mis en avant et même la
fête de la transhumance du lac de la bernatoire, les espagnols ont demandé de ne pas trop
communiquer dessus car ce n’est pas le « cirque », ceux sont leur métier. C’est une
question de perception, les gens qui y vont ceux sont des montagnards.
Il faut laisser la place à des initiatives citoyennes, à la participation des citoyens. Les
citoyens ont des idées. Mais ce mode de gouvernance est révolu. Il faut se demander
pourquoi on élit les personnes au pouvoir. Je ne pense pas que le pouvoir soit la solution.
La démocratie participative est une solution, c’est acté par les élus mais tu as des
commissions d’habitants qui choisissent un sujet et ils le portent pour le bien commun.
L’intégration dans une communauté de communes plus grande pourrait permettre cela, de
travailler tous ensemble, porteur pour le bien vivre des gens dans les vallées, et pour le
tourisme aussi. Il faudrait que les élus prennent cela comme une opportunité de faire
travailler tout le monde en commun. Cela crée une autre dynamique et les gens se sentent
importants. On ne croit pas assez à l’intelligence et la motivation des habitants. Etre
intégré dans la grande communauté de communes devrait être vu comme quelque chose de
positif, comme un atout et pas que les communes se tiraillent entre elles. On est plus tout
seul.
Au niveau du développement durable ça passe par la contrainte et l’investissement est
perçu comme trop lourd sans voir le retour sur investissement. Mais il manque de
sensibilisation clairement. Mais malgré tout les clients sont de plus en plus sensibles à ça,
c’est sur.
126
Annexe I :
Echanges par mails avec Mr. Z, ancien maire du village de
Gavarnie (08/03/2016) :
 D’abord, en tant qu’ancien maire, quel est ton avis sur l’intégration des habitants de
Gavarnie, à l’activité touristique?
Penses- tu qu’ils subissent le tourisme ou qu’ils sont réellement actifs et pourquoi?
La génération précédente vivait beaucoup plus de pluriactivité (exemple : il y avait, dans
le village, plus de mille moutons, trois cents ou quatre cents chevaux et ânes, une centaine
de vaches). Aujourd'hui, la pratique du "tout tourisme" s'est développée et l'on peut
observer que chaque maison ou grange, tout le long de la rue, abrite un commerce.
 Comment ferait tu pour améliorer les retombées de l’activité touristique pour les
habitants? As tu eu durant ton actif de maire ou as tu maintenant des idées de
choses à proposer pour améliorer la situation actuelle du tourisme?
Bien sûr, les Gavarniens se sont adaptés à la demande. A l'heure actuelle, c'est
essentiellement un tourisme de passage, à la journée. Les visiteurs laissent la voiture, vont
au fond du Cirque et repartent trois ou quatre heures après. C'est un "tourisme
d'hirondelle".
 Penses-tu que l’identité culturelle est forte à Gavarnie? Pourquoi? Penses- tu que le
pyrénéisme est toujours présent et que les habitants sont conscients et fiers de ce
passé? Crois tu qu’il est assez mi en avant?
On peut observer que les régions qui ont une forte identité sont celles qui ont une langue
propre :
- Catalans, Basques, Corses, Bretons,
Ici, l'identité, à part quelques "Toys" qui résistent, se dilue rapidement et tous les villages
se dépeuplent (les écoles ferment, il y a un seul prêtre pour 17 paroisses et les services
publics disparaissent et sont regroupés : Poste, dentistes, docteurs, ...).
 Penses-tu que la fusion avec Gèdre pour améliorer cela? Pourquoi?
Celle-ci s’est faite sans information, sans concertation et les fondations ne sont pas très
solides car les habitants de Gèdre et Gavarnie ont du mal à s'approprier cet état de fait !
Malgré tout, étant dans la même "galère", cela donne un peu plus de force en travaillant
ensemble à cette communauté montagnarde.
 Que penses-tu de l’UNESCO? Penses tu qu’il a été et est bénéfique à Gavarnie? Ne
crois tu pas que le fait d’être à l’UNESCO, au parc national, au grand site Midi127
Pyrénées fait perdre en quelque sorte la maitrise d’un tourisme qui est finalement
un tourisme de masse?
Les villes deviennent inhumaines, irrespirables et leurs habitants sont heureux de trouver
encore des lieux protégés, authentiques où l'on peut passer d'agréables vacances. Si l'on
peut "jouer cette carte", on pourrait fixer, chez nous et dans toute la vallée, avec des sites
prestigieux autour de nous comme Lourdes, Cauterets, le Pic de Midi, une clientèle de
séjour plus profitable au tourisme local. Dans le même esprit, un label comme
l'UNESCO, à double titre "paysage et culturel" irait dans le même sens, pourrait attirer
des clients du Nord de l'Europe, très sensibles aux questions de nature, d'environnement,
mais il appartient aux responsables des Mairies et offices de Tourisme de mettre en place
les actions nécessaires à ce développement ! Encore faudrait-il qu'ils en aient la volonté
!!! Ci-joint, un bilan de nos réalisations entre 1989 et 2005 On peut observer que toutes
ces actions allaient dans le sens d'un meilleur accueil touristique, d'un meilleur confort
pour les habitants et également des soins que l'on devait apporter au site pour que le
village de Gavarnie essaye d'être en harmonie avec la beauté exceptionnelle de ce lieu.
128
Annexe J :
Investissements réalisés au village entre 1989 et 2005104
104
Mr. Z, ancien maire du village de Gavarnie
129
TABLE DES FIGURES
FIGURES 1 ET 2
17
FIGURE 3
24
FIGURE 4
51
FIGURES 5 ET 6
61
FIGURE 7
71
FIGURE 8
72
FIGURE 9
74
FIGURE 10
75
FIGURE 11
73
FIGURE 12
78
FIGURE 13
80
FIGURE 14
90
FIGURE 15
96
130
TABLE DES MATIERES
REMERCIEMENTS ....................................................................................................................................... 5
SOMMAIRE .................................................................................................................................................... 6
INTRODUCTION GENERALE .................................................................................................................... 8
METHODOLOGIE ENTRETIENS SEMI-DIRECTIFS .......................................................................... 11
PARTIE 1 : ESSOR DU TOURISME, DEVELOPPEMENT DURABLE ET SITES A FORTE
NOTORIETE ................................................................................................................................................. 12
CHAPITRE 1 : LE DEVELOPPEMENT DURABLE : HISTOIRE ET ENJEUX DANS L’ESSOR DU
TOURISME ................................................................................................................................................... 14
1.
2.
LE DEVELOPPEMENT DU TOURISME : HISTORIQUE ET ENJEUX ............................................................ 14
1.1.
La naissance du tourisme par la notion du « Grand Tour ».................................................... 14
1.2.
L’intégration des populations locales à l’essor du tourisme ................................................... 15
1.3.
Le développement des transports et l’avènement du loisir pour des vacances pour tous ........ 16
DU TOURISME DE MASSE A LA NAISSANCE DU DEVELOPPEMENT DURABLE ........................................ 18
2.1.
Le tourisme de masse et ses conséquences .............................................................................. 18
2.2.
La notion de développement .................................................................................................... 19
2.3.
Les prémices du développement durable dans l’activité touristique ....................................... 20
2.4.
Les dates clés de la naissance du développement durable ...................................................... 21
2.4.1 La conférence de Stockholm ou le premier Sommet de la Terre ............................................................... 21
2.4.2 La conférence de Rio ................................................................................................................................. 22
2.4.3 La conférence de Johannesburg ................................................................................................................. 22
2.5.
3.
Définition du développement durable ...................................................................................... 23
PAS DE NATURE SANS HUMANITE ....................................................................................................... 23
3.1.
Les piliers du développement durable ..................................................................................... 23
3.2.
Le développement durable : actions, mises en place et limites................................................ 24
3.2.1 Un outil important : l’agenda 21................................................................................................................ 24
3.2.2 Le développement durable dans l’actualité : la COP21 ............................................................................. 25
3.3.
Le développement durable et l’Homme ................................................................................... 26
3.3.1 Le pilier social, pour une mise en valeur des populations locales ............................................................. 26
3.3.2 Sensibilisation des populations locales au développement durable ........................................................... 26
En résumé .............................................................................................................................................. 26
CHAPITRE 2 : LE TOURISME FACTEUR DE DEVELOPPEMENT DURABLE DES
TERRITOIRES DE MONTAGNE .............................................................................................................. 27
1.
LE TOURISME, FACTEUR DE DEVELOPPEMENT DURABLE DES TERRITOIRES ........................................ 27
1.1. Le développement territorial ........................................................................................................... 27
1.2. Le projet touristique : un levier pour un développement territorial durable .................................. 28
131
1.3 Le tourisme, facteur de développement durable pour les territoires ............................................... 29
1.3.1 Les quatre fondements nécessaires à l’activité touristique facteur de développement .............................. 29
1.3.2 Les cinq principes à l’époque de l’élite anglaise ....................................................................................... 29
2.
LE TOURISME EN ESPACE MONTAGNARD ............................................................................................ 30
2.1L’espace montagnard, un territoire dont l’image a évolué .............................................................. 30
2.1.1 L’alpinisme, premier mouvement rapprochant l’Homme et la montagne ................................................. 31
2.1.2 Le Pyrénéisme ........................................................................................................................................... 32
2.1.3 Le métier de Guide et les populations locales .......................................................................................... 33
2.1.4 Le rôle important des eaux thermales ........................................................................................................ 33
2.2
La montagne, un territoire fragile et restreint, et dont l’accessibilité est parfois compliqué ...... 33
2.3. Le développement durable et l’activité touristique en montagne .................................................... 34
2.3.1 Les populations locales dans l’activité touristique facteur de développement durable, en montagne ........ 35
En résumé .............................................................................................................................................. 35
CHAPITRE 3 : LES SITES A FORTE NOTORIETE DANS LES TERRITOIRES DE MONTAGNE :
ENJEUX ET PROBLEMATIQUES ............................................................................................................ 36
1.
LES SITES TOURISTIQUES A FORTE NOTORIETE ................................................................................... 36
1.1
Caractérisation d’un site touristique ............................................................................................ 36
1.2
Les sites touristiques à forte notoriété résultent d’une grande attractivité .................................. 36
1.3
Les politiques touristiques des sites et de leur patrimoine ........................................................... 37
1.3.1 A l’échelle internationale : le rôle de l’UNESCO ..................................................................................... 37
1.3.2 A l’échelle nationale : les Grands Sites ..................................................................................................... 37
2
LES PROBLEMATIQUES INHERENTES AUX SITES A FORTE NOTORIETE DANS LES TERRITOIRES DE
MONTAGNE ..................................................................................................................................................
38
2.1
Les retombées économiques locales ............................................................................................. 38
2.2
La capacité de charge/d’accueil d’un site .................................................................................... 39
2.2.1 Les critères à prendre en compte ............................................................................................................... 39
2.3
La gestion des flux ........................................................................................................................ 40
2.3.1 Les flux humains ....................................................................................................................................... 40
2.3.2 Les flux financiers ..................................................................................................................................... 40
En résumé .............................................................................................................................................. 41
PARTIE 2 : QUELLE PLACE DONNER AUX POPULATIONS LOCALES DE MONTAGNE DANS
LE PROCESSUS DE TOURISME FACTEUR DE DEVELOPPEMENT DURABLE, DANS LES
SITES A FORTE NOTORIETE ? ............................................................................................................... 43
CHAPITRE 1 : L’ACTIVITE TOURISTIQUE AUTOUR DU PILIER ECONOMIQUE DU
DEVELOPPEMENT DURABLE, AU BENEFICE DES POPULATIONS LOCALES ......................... 45
1.
L’ENCADREMENT D’UN SITE A FORTE NOTORIETE EN MONTAGNE ...................................................... 45
1.1.
Spécificités de l’encadrement des territoires touristiques ....................................................... 45
132
1.1.1
L’appropriation de l’encadrement d’un site par les populations locales ............................................. 46
1.2.
Le choix et la place des populations locales de montagne dans la mise en tourisme des sites 46
1.3.
Pour une gestion raisonnée du tourisme ................................................................................. 47
1.3.1 Avec la mise en place d’outils pour un penser global, agir local ............................................................... 48
1.3.2 Avec des outils de régulation .................................................................................................................... 50
2.
3.
UNE OFFRE ADAPTEE AUX NOUVELLES FORMES DE TOURISME ........................................................... 52
2.1.
Une offre dans la tendance d’une transition touristique ......................................................... 52
2.2.
La nouvelle élite avec les nouvelles formes de tourisme ......................................................... 53
DES PROJETS DE DEVELOPPEMENT TOURISTIQUE ADAPTES AU DEVELOPPEMENT DURABLE ............... 53
3.1.
Avec des offres s’adaptant à une capacité de réversibilité très faible ..................................... 53
3.2.
En s’assurant que le tourisme est développé pour le territoire ............................................... 54
3.3.
Permettant des retombées économiques directes grâce à la création d’emplois..................... 54
En résumé .............................................................................................................................................. 55
CHAPITRE 2 : LE PATRIMOINE CULTUREL, LEVIER DU PILIER SOCIAL ET
ENVIRONNEMENTAL, POUR UN TOURISME FACTEUR DE DEVELOPPEMENT DURABLE 56
1.
2.
3.
LE PATRIMOINE, UN HERITAGE DE L’HISTOIRE ................................................................................... 56
1.1.
Définition du patrimoine ......................................................................................................... 56
1.2.
L’identité culturelle d’un territoire à travers le patrimoine .................................................... 57
1.3.
Tourisme et Patrimoine culturel en espace de montagne ........................................................ 58
LA MISE EN VALEUR DE CETTE IDENTITE CULTURELLE AUTOUR DU PATRIMOINE .............................. 59
2.1.
Une culture à mettre en valeur ................................................................................................ 59
2.2.
Des actions pour une mise en valeur de la culture montagnarde ............................................ 60
2.3.
La place des populations locales dans la mise en valeur de cette culture ............................... 62
LES RELATIONS ENTRE TOURISME CULTUREL ET DEVELOPPEMENT TERRITORIAL .............................. 63
3.1.
Le rôle de la décentralisation dans les politiques touristiques ................................................ 63
3.2.
Les populations locales, au centre du tourisme culturel ......................................................... 65
3.3.1 Les populations locales autour de l’offre culturelle ................................................................................... 65
3.3.2 Les populations locales au cœur de nouveaux modes de gouvernance ...................................................... 65
3.3.
Une réappropriation du territoire grâce à la culture .............................................................. 66
3.4.1 Les dimensions sociales et environnementales en montagne, dans un même objectif ............................... 66
En résumé .............................................................................................................................................. 68
PARTIE 3 : LE CAS DU VILLAGE DE GAVARNIE .............................................................................. 70
CHAPITRE 1 : GAVARNIE, JOYAU NATUREL ET CULTUREL DE RENOMMEE MONDIALE 71
1.
LE CIRQUE DE GAVARNIE................................................................................................................... 71
1.1
Un petit village de fond de vallée Pyrénéenne ............................................................................. 71
FIGURE 7 : VILLAGE DE GAVARNIE................................................................................................. 71
1.2
Une histoire géologique particulière qui façonna le cirque de Gavarnie .................................... 72
1.3
Le site de Gavarnie, reconnu à travers plusieurs marques de notoriété ...................................... 73
133
1.3.1 Gavarnie, au cœur du Parc National des Pyrénées Françaises ................................................................... 73
1.3.2 Le site de Pyrénées Mont-Perdu, inscrit au Patrimoine Mondial de l’UNESCO ....................................... 74
1.3.3. Gavarnie, Grand Site de Midi-Pyrénées ................................................................................................... 76
2.
UN PATRIMOINE CULTUREL IMPORTANT ............................................................................................ 77
2.1.
Une histoire liée au pastoralisme et à l’agriculture à Gavarnie ............................................. 77
2.2.
Gavarnie, berceau du Pyrénéisme ........................................................................................... 79
2.2.1 L’hôtel des voyageurs ............................................................................................................................... 79
2.2.2 Le cimetière Pyrénéiste ............................................................................................................................. 80
3.
LA FREQUENTATION DU SITE A FORTE NOTORIETE QU’EST GAVARNIE ............................................... 81
En résumé .............................................................................................................................................. 82
CHAPITRE 2 : JUSTIFICATION DES HYPOTHESES A TRAVERS LE TERRAIN D’ETUDE
CHOISI : LE SITE DE GAVARNIE ........................................................................................................... 82
1.
LE CHOIX DU TERRAIN D’ETUDE......................................................................................................... 82
1.1.
2.
Le site de Gavarnie, un village de montagne à forte notoriété ................................................ 82
LE TERRAIN D’ETUDE CONFRONTE AUX HYPOTHESES ........................................................................ 83
2.1.
Rappel des hypothèses ............................................................................................................. 83
2.2.
Le site de Gavarnie confronté avec la première hypothèse ..................................................... 83
2.2.1.
L’encadrement du site de Gavarnie .................................................................................................... 83
2.2.2 L’activité touristique au sein du site de Gavarnie ...................................................................................... 85
2.2.3 Une activité touristique adaptée au développement durable ...................................................................... 86
2.2.4 Une hypothèse confirmée au vue des caractéristiques du site de Gavarnie ............................................... 86
2.3.
Le site de Gavarnie confronté à la seconde hypothèse ............................................................ 87
2.3.1 Le patrimoine culturel et l’identité culturelle de Gavarnie ........................................................................ 87
2.3.2 Le mode de gouvernance de Gavarnie ....................................................................................................... 88
2.3.3 La population locale autour de l’offre culturelle ....................................................................................... 88
2.3.4 L’élaboration d’un schéma directeur de développement touristique du territoire Gavarnie-Gèdre, vers une
labellisation Grand Site de France ...................................................................................................................... 89
FIGURE 14 : PERIMETRE DE L’OPERATION GRAND SITE ............................................................... 90
2.3.5 Culture et Nature, dans une volonté de réappropriation du territoire ......................................................... 91
2.3.6 Une seconde hypothèse vérifiée au vue des caractéristiques de Gavarnie ................................................. 91
En résumé .............................................................................................................................................. 92
CHAPITRE 3 : METHODOLOGIE PROBATOIRE ................................................................................ 92
1.
ÉTUDE SUR LA PERCEPTION DE LA PRESENCE DES DIFFERENTS ENCADREMENTS SUR LE TERRITOIRE
(UNESCO, GRANDS SITES, PARC NATIONAL, ETC.) ................................................................................... 92
2.
1.1.
Pour les habitants .................................................................................................................... 92
1.2.
Pour les touristes ..................................................................................................................... 93
L’ANALYSE DE LA SITUATION ............................................................................................................ 94
2.1 L’analyse de l’offre ...................................................................................................................................... 94
2.2 L’analyse de la demande .............................................................................................................................. 94
3.
PORTRAIT IDENTITAIRE ...................................................................................................................... 95
En résumé .............................................................................................................................................. 96
134
SYNTHESE DE LA PARTIE 3 .................................................................................................................. 97
CONCLUSION GENERALE ..................................................................................................................... 98
BIBLIOGRAPHIE ...................................................................................................................................... 100
TABLE DES ANNEXES ............................................................................................................................. 102
TABLE DES FIGURES .............................................................................................................................. 130
TABLE DES MATIERES .......................................................................................................................... 131
RÉSUMÉ ...................................................................................................................................................... 136
135
RÉSUMÉ
Mots clés : Tourisme - Développement Durable - Sites touristiques Ŕ Notoriété Ŕ
Population locale Ŕ Gavarnie Ŕ Économie Ŕ Social Ŕ Environnement
Le tourisme développé dans les sites à forte notoriété, en montagne, rend difficile la place
des populations locales. En effet, la sur fréquentation de ces sites participe à la perte de
contrôle du tourisme par les populations locales. Dépendantes de cette activité, elles
oublient souvent leur origine, leur culture et deviennent dépendantes du nombre de
touristes. C’est pourquoi, il semblerait qu’elles aient un rôle majeur dans le tourisme
facteur de développement durable, en participant activement à ce processus. Pour cela,
l’intégration dans les prises de décisions, la réappropriation du territoire et de ses
spécificités, leur permettrait d’avoir une place centrale dans la mise en tourisme de leur
territoire.
SUMMARY
Key words: Tourism Ŕ Development Ŕ Touristic sites Ŕ Notoriety Ŕ Local population Ŕ
Gavarnie Ŕ Economy Ŕ Social Ŕ Environment
Tourism developed in well-known sites, in mountain makes difficult the position of local
populations. Indeed, the high attendance level in those sites might participate to the
tourism loss of control by local populations. Dependent on this activity, populations often
forget their origins; their culture and they tend to become dependent on the number of
tourist. That is why, it would seem that they have a major role by participating actively in
the process of a tourism vector of sustainable tourism. Therefore, integration in decisionmaking, territory specificities and recovery, would allow them to have a central position in
tourism.
136

Chapitre 2

Transcription

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