La chimie organique : une mine de trésors

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La chimie organique : une mine de trésors
 COMMUNIQUÉ DE PRESSE I GRENOBLE I 29 septembre 2010
La chimie organique : une mine de trésors
thérapeutiques
A l’origine de nouveaux médicaments, la chimie organique fait l’objet de recherches
débouchant sur des composés très efficaces. C’est le cas, par exemple, du Taxotère®, l’un
des anticancéreux parmi les plus actifs et les plus vendus dans le monde. Andrew Greene,
directeur de recherche CNRS au Département de chimie moléculaire (DCM 1 – UJF/CNRS)
fait partie des « co-découvreurs » du Taxotère®. Son parcours et ses recherches ont été
mises à l’honneur lors de la « Journée Alpine de chimie organique » organisée par le DCM.
Le Taxotère®, un anticancéreux venant de l’écorce d’if
Pour le dire simplement, la chimie organique est une branche de la chimie visant à identifier, isoler,
caractériser, synthétiser et modifier les molécules du vivant. C’est à partir de la nature que sont
nées de grandes pharmacopées parmi les plus efficaces au monde. La chimie organique est ainsi
à l’origine de nouveaux médicaments et composés étudiés quotidiennement dans les laboratoires.
Le Taxol®, produit naturel extrait de l’if, est un anticancéreux. Sa production à partir d’extraits
d’écorce de cet arbre à croissance lente est très limitée. En cherchant des précurseurs
biosynthétiques dans les feuilles de l’arbre et guidés par la structure du Taxol®, des chercheurs ont
développé le Taxotère®, qui s’est avéré plus efficace et plus facile à produire. Actuellement, le
Taxotère® est l’un des anticancéreux parmi les plus actifs et les plus vendus dans le monde.
Le Dr. Andrew E. Greene du Département de Chimie Moléculaire à Grenoble a été récemment mis
à l’honneur lors de la « Journée Alpine de Chimie Organique » (JACO), notamment pour son rôle
dans la synthèse du Taxol®.
Andrew Greene, un Américain amoureux de la France... et de la recherche !
Un des faits les plus marquants de la carrière d’Andrew E. Greene (avec le Dr. Jean-Noël Denis)
est sans aucun doute la synthèse du Taxol® et d’analogues, en collaboration avec le Professeur
Pierre Potier et ses collègues les Drs. Françoise Guéritte-Voegelein et Daniel Guénard (Institut de
Chimie des Substances naturelles - CNRS), et le groupe Rhône-Poulenc Rorer (devenu Sanofi
Aventis). Ce travail de plusieurs années, à non seulement conduit à la mise sur le marché de l'un
des plus puissants médicaments permettant de combattre des formes de cancer jugées jusqu'à
lors comme résistantes, mais à également fortement contribué au rayonnement national et
international de la communauté scientifique grenobloise et à donné une formation de haut niveau
à de nombreux étudiants au cours de leurs travaux de thèses de troisième cycle.
Alors qu’il se destinait à faire des études dans le domaine des Affaires dans la prestigieuse
Université de Princeton, Andrew Greene y découvre la chimie organique, notamment par le biais
d’un stage, et décide de s’orienter vers la recherche.
C’est à la Northwestern University (Illinois), avec le Prof. James A. Marshall, déjà très renommé
pour ses travaux sur la synthèse de terpénoïdes, qu’il obtient son PhD en 1971. L’enthousiasme et
Le DCM est né de la fusion du Laboratoire d’Etudes Dynamiques et Structurales de la Sélectivité (LEDSS –
CNRS/UJF) et du Laboratoire d’Electrochimie Organique et de Photochimie Redox (LEOPR - CNRS/UJF) en
2007.
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la passion de son mentor pour la chimie des terpènes et terpénoïdes se révèlent contagieuses.
Avec le Prof. Marshall, il développe alors ses premières synthèses totales de produits naturels.
Le Dr. Andrew Greene choisit la France et en particulier le laboratoire du Prof. Guy Ourisson pour
effectuer un premier stage post-doctoral à l’Université Louis Pasteur de Strasbourg, en 1971-72.
Puis il est embauché dans l’industrie pharmaceutique aux États-Unis, chez SmithKline and French
(Philadelphie), comme chercheur dans le service « Système Nerveux Central ». Mais la chimie
hétérocyclique sur laquelle il est engagé ne le passionne pas, et en 1974, il reviendra en France
pour un deuxième stage post-doctoral, cette fois à l’Université Joseph Fourier de Grenoble, dans le
laboratoire du Prof. Pierre Crabbé.
A l’époque, le Prof. Crabbé travaille dans le laboratoire CERMO, et Andrew Greene travaillera sur
la synthèse totale de prostaglandines. Avec ses étudiants, il développera notamment une voie de
synthèse qui figure parmi les plus courtes, les plus souples et les plus efficaces de
prostaglandines, ces molécules aux rôles physiologiques variés comme la vasodilatation ou la
vasoconstriction, la migration et prolifération des lymphocytes ou encore la contraction de l’utérus.
En 1976, Andrew Greene entre au CNRS comme attaché de recherche et il rejoint le Laboratoire
d’Études Dynamiques et Structurales de la Sélectivité (LEDSS – CNRS/UJF) en 1980, dans lequel
il dirige l’équipe de synthèse de produits naturels. Il travaille alors sur le développement de
synthèses totales de produits naturels tels que les terpènes, molécules complexes isolées de
plantes. Plus récemment, Andrew Greene et son équipe ont développé de nouvelles approches
pour la synthèse d’alcaloïdes ainsi que des synthèses originales de dérivés de la camptothécine,
une molécule très active dont des dérivés, tel que l’Irinotécan, sont actuellement utilisés pour le
traitement de différentes formes de cancer.
Andrew Greene est l’auteur de 160 publications et de 17 brevets. Il a donné plus de 120
conférences sur invitation et a été co-organisateur du congrès biannuel de la French American
Chemical Society (FACS) à Aussois en 1992 et à la Nouvelle-Orléans en 1994.
La « Journée alpine de chimie organique » (JACO)
Cette journée, organisée par le Département de chimie moléculaire, a réuni le 11 juin dernier plus
de 120 participants, autour de huit conférenciers de renommée internationale. Elle a été l’occasion
de revenir sur la richesse de la carrière d’Andrew E. Greene, qui a fortement contribué au
développement de la synthèse de produits naturels et de la chimie asymétrique. Après une
distinction récente de la Société Chimique de France par l'attribution du prix Le Bel en 2008,
l'Université Joseph Fourier a également tenu à honorer Andrew E. Greene en lui remettant, lors de
cette journée, la Médaille d'or de l'Université Joseph Fourier, des mains de son vice-président du
conseil d’administration, Arthur Soucemarianadin.
En pièce jointe : Andrew Greene lors de JACO
Contact
Presse CNRS l Aurélie Lieuvin l T 04 76 88 10 62 l [email protected]