Renaissance Culturelle Indienne à Sainte

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Renaissance Culturelle Indienne à Sainte
Numéro HORS-SERIE
- Août 2014 -
Spécial Sainte-Lucie
Renaissance Culturelle Indienne à Sainte- Lucie
La deuxième « Jounen Indienne » organisée par l’Association « Indian Heritage » de Sainte-Lucie le 10 août dernier a mis
en évidence le renouveau culturel majeur initié par la petite minorité de descendants d’immigrants indiens dans cette île.
Une délégation de Guadeloupe a pris part aux manifestations : West India Magazine vous présente un « Spécial SainteLucie » consacré à cette journée et à ce renouveau culturel ...
Sommaire
Artistes de la Délégation
de Guadeloupe
Événement
The Indian heritage of Saint Lucia
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2
Tradition
« Jounen Indienne » : Les prestations
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4
Pleins feux
Renaissance culturelle Indienne à Sainte-Lucie
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6
Coup de coeur
Steel Band de Sainte-Lucie
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8
West India Magazine
Événement
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The Indian Heritage of Saint Lucia
Bien que les Indiens aient su préserver une grande partie de leur culture et de leurs traditions familiales, le
pourcentage élevé de relations interraciales entre les hommes noirs et les femmes indiennes donna naissance à une population métissée et aux balbutiements d’un brassage culturel, qui est le fondement même
de l’apport indien au patrimoine de Sainte-Lucie.
dans la Caraïbe, pour cultiver la
canne et aider à sa transformation en sucre.
A la fin de cette période d’engagisme qui va jusqu’à 1917 dans
les colonies britanniques, beaucoup d’Indiens retournèrent défi-
dans une diz aine de villages :
Pierrot, Augier, Belle Vue, Cacoa,
La Caye, Dennery, Marc, Forestiere, Anse La Raye, Balca… pas
loin des usines à sucre.
L’Association …
En Mai 2013, Keith COMPTON
créa ‘’The Indian Heritage Association of
Saint-Lucia’’, avec
comme objectif majeur de promouvoir la culture indienne, pour
Couple Saint-Lucien
Les Indiens représentant une minorité à Sainte-Lucie, leurs traditions furent moins reconnues et
pratiquées par la population,
même si leurs influences sont de
nos jours encore perceptibles lors
d’événements culturels tels la fête
des lumières (Diw ali).
Rappel historique
Après l’abolition de l’esclavage
dans les îles anglais es en 1838,
des milliers de travailleurs Indiens sous contrat arriv èrent
nitivement en Inde, mais d’autres
décidèrent de rester dans la région, en partic ulier à Trinidad, à la
Jamaïque, St Vincent, les Grenadines….
A Sainte-Lucie aussi, parmi les
6000 Indiens dénombrés, si plus
de la moitié retourna en Inde, environ 2500 décidèrent de rester
sur l’île contre 10 ares de terre ou
10 livres sterling, et s’installèrent
Défilé de Mode : final
Keith Compton et son épouse
plus tard tendre vers des objectifs
plus ambitieux.
M. COMPTON pensa qu’il était
nécessaire d’une part de préserver le patrimoine et la culture et
d’autre part de développer la notion d’identité chez les Indiens de
Sainte-Lucie.
Il œuvre pour faire prendre en
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« Reconnaitre nos influences culturelles dans une société moderne »
compte ce patrimoine au niveau
national, en attirant l’attention et
en sollicitant l’appui du gouvernement de Sainte-Lucie, ou d’organisations telles la Fondation
pour le Développement Culturel
et le Bureau du Tourisme de
Sainte-Lucie.
L’une des grandes aspirations de
l’association est aussi de créer
une ‘’industrie artisanale’’ familiale, à l’intérieur du groupe pour
la production de vêtements indiens, de denrées alimentaires,
de poterie….
L’année dernière, pour fêter sa
création, l’association organisa
Chants traditionnels hindi
Remise d’une écharpe
par Jacques Ramassamy
Remise d’une plaquette au nom
de la Délégation de Guadeloupe
par Fred Négrit
xième édition de ‘’Jounen indienne‘’ le 10 Août 2014 avec
un programme de grande qualité.
sa première vitrine pour exposer
des éléments culturels indiens :
musique, chant, danse, cuisine,
boissons, et autres. .
La manifestation connut un vif
succès : le public avait fait le déplacement et on pouvait y reconnaître des membres tant de la
communauté indienne que non
indienne, des membres du gouvernement et ceux du monde de
l’entreprise. La manifestation
laissa présager un avenir empli
de promesses, et révéla aussi de
grandes potentialités.
Bien que nouvellement créée,
l’association a commencé à développer des relations avec
d’autres îles de la région : Martinique, Guadeloupe, Bélize, StVincent, Grenade et Trinidad.
M. Keith COMPTON promeut
l’association à travers ses
voyages et autres rencontres
culturelles.
Source :
Keith A.C. Compton
Jounen indienne
À l’Association Indian Heritage de Sainte-Lucie, en
Membre fondateur et président
Cette année, l’Indian Heritage mémoire de nos Ancêtres qui se sont installés dans la
Indian Heritage Associat° of St Lucia.
Caraïbe,
et
à
notre
coopération
fructueuse
Offert
par
Association a organisé la deules Frères et Sœurs de la Délégation de Guadeloupe.
(Traduction : Nicole Vaïtylingon)
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«Jounen Indienne » : les prestations !
Nicole Vaïtylingon présente les danseuses de la Délégation de Guadeloupe : Raïssa Nagapin, Seetha et Mayuri Douleyram
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«Jounen Indienne » : les prestations !
Dr Kyneata Joseph : Conférence sur
l’immigration indienne à Sainte-Lucie
Groupe Lapo Kabwit
Détentrices de la tradition
Brahmakumari de Sainte-Lucie
Une partie de de la Délégation de Guadeloupe autour de Keith Compton et sa sœur
Une vue de l’assistance
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Renaissance Culturelle Indienne à Sainte-Lucie
West India Magazine a rencontré Keith Compton, Membre fondateur et Président de l’Association « Indian Heritage » de
Sainte-Lucie, de passage en Guadeloupe (juillet 2014). Nous l’avons interrogé sur la réalité indienne à Sainte-Lucie, et sur
ses projets culturels au cours d’une rencontre qu’il a eue à Pointe à Pitre avec des membres d’associations culturelles indiennes.
Quelle est l’importance de la population d’origine indienne de
Sainte-Lucie ?
Il y a 170 00 habitants, et la population d’origine indienne est estimée entre 3 et 8 pour cent. Elle est
souvent métissée. Nou s e spérons
avoir dans l’a venir un recensement
plus précis.
Quel est votre héritage indien
aujourd’hui à Sainte-Lucie ?
Nous avons quitté l’Inde depuis
Éditorial
Keith a-t-il des fils ?
Keith se bat comme
diable dans un bénitier
pour promouvoir la
culture indienne à
Sainte Lucie. Ils ne
semblent pas très
nombreux à s'impliquer dans ce combat, existentiel,
pour la culture. Cela nous rappelle
d'autres combats culturels, il n'y a
pas si longtemps, dans d'autres ex
colonies des Antilles. Ils ne sont peut
-être pas terminés d’ailleurs. Peut-on
être optimiste pour l'action de Keith ?
Nous le devons. Mais les résultats
seront peu certains tant qu'un seul
homme essaiera de tuer mille
diables.
Une fable de l’o rient antique raconte
qu'un vieux paysan décida de déplacer une montagne qui barrait les
abords de sa maison. Ce paysan
entreprit, avec l’aide de ses fils, d’enlever cette montagne à coups de
pioche. Les villageois se moquaient
de lui en lui disant : « Vous n’arriverez jamais, à vous seuls, à enlever
ces montagnes !» et le vieux paysan
leur répondait : « Après ma mort mes
fils continueront, et après leur mort
ce sera mes petits-enfants, et ainsi,
de génération en génération chaque
coup de pioche diminuera d’autant la
montagne. Ainsi, nous arriverons un
jour à l’aplanir ! » Et le vieux paysan
continua son œuvre. Le Ciel en fut
informé et envoya un messager qui
emporta cette montagne.
Keith a-t-il des fils ? Arrivera-t-il à
émouvoir le Ciel ? Mais, au fait, qui
est notre Ciel ?
Fred Negrit
155 ans. Que nous reste -t-il ?
Nous jouons toujours notre musique traditionnelle, avec des tempos d’origine ; nous utilisons le
dholak, le manjira (Tamoul : Talom. NDLR). Nous essayons de
nous remémorer ce que faisaient
nos ancêtres. Nous n’en sommes
pas toujours très sûrs. Nou s avons
encore la nourriture. Nous savons
préparer une assez grande variété
de nourriture indienne, et de nombreux Saint-Luciens participent à
nos repas. Nous mangeons sur
feuilles (Feuille de bananier : support traditionnel pour servir les repas en Inde du Sud notamment.
NDLR) . Nous préparons des repas pour nos défunts (Tamoul :
Samblanni. NDLR). Ces activités
se déroulent dans des espaces
restreints. Mais nous travaillons à
rassembler toute cette connaissance pour transmettre aux autres.
Comment s’est effectuée la préservation de ce patrimoine dans
la société créole ?
Notre tâche a été rude car si
42 000 indiens sont arrivés en
Guadeloupe, et environ 25 000
indiens sont arrivés en Martinique,
seulement 4 200 indiens sont arrivés à Sainte-Lucie, et la moitié est
retournée en Inde. Et un peu pour
cela : nous n’avons pas de temple.
Une femme du groupe Hare Krishna possède un temple, mais les
Saint-Luciens ont peur d’elle car,
disent-t-ils, ce sont des cho se s qui
viennent d’Inde ; c’est de l’ignorance de leur part. Et puis les béké s nous ont tout volé : notre religion, nos vêtements, nos langues,
et ils ont volé presque tous nos
plats. Ils ont imposé leur religion.
Les indiens, travaillant sur les habitations dans les champs de
cannes et autres plantations pendant presque tout leur temps,
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Renaissance Culturelle Indienne à Sainte-Lucie (suite)
jouaient à cache-cache avec les
contraintes et les règles des colons. Ils se faisaient discrets pour
réaliser leur propre projet de vie.
Si par exemple vous voulez une
vie différente pour votre enfant.
Vous voulez l’envoyer à l’école. La
première école possible était presbytérienne. Ils vous disent d’accord, mais il vous faut vous couper
les cheveux, il vous faut mettre de
beaux vêtements. Il ne faut surtout
pas parler nos vieilles langues : ce
sont des chose s de barbares. Il
vous faut parler anglais. C’est ainsi qu’ils nous ont dépossédé de
tout ce qui nous appartenait.
Parce que l’indien veut un meilleur
devenir pour son enfant, il fera le
sacrifice de tout cela, et il enverra
son enfant à l’école. Mais ces
chrétiens avaient une seule idée
en tête : christianiser l’ensemble
de la caraïbe. Leur objectif n’était
pas l’éducation, mais de pouvoir
dire : « nous avons 200 000 chrétiens dans la caraïbe ». Alors les
enfants ont appris la religion, ils
ont été alphabétisés, ils ont acquis
les connaissances pour accéder
au collège par la suite. Les presbytériens sont partis, et les méthodistes ont pris la relève. Puis une
masse d’indiens sont devenus adventistes. Vous n’oserez même
pas leur parler de spiritualité indienne !
Quelles sont les actions de
votre Association ?
Nous célébrons l’arrivée du premier convoi d’immigrants indiens à
Sainte-Lucie, « The Arrival Day »,
c’était le 6 mai 1859, sur le navire
« Palmyra ». Il y a donc 155 ans.
Et nous organisons une grande
fête intitulé « Indian Day » le 10
août. C’est pourquoi je suis allé en
Martinique, et que je viens en
Guadeloupe pour nouer le contact,
et vous dire que vous avez un
frère dans un autre pays, que
nous avons une histoire commune.
Notre action au quotidien consiste
à sillonner toutes les régions de
Sainte Lucie pour parler de l’origine des immigrants, de leur condition d’arrivée, de la manière dont
ils ont gardé des parts de leur culture. Nous leur apprenons aussi à
préparer des plats indiens.
Qu’en est-il du patrimoine linguistique indien à SainteLucie ?
Des de scendants d’immigrants
indiens possèdent encore un bagage linguistique hérité de leurs
parents et grands-parents. Si vous
venez le 10 août vous pourrez en-
tendre quelques anciens s’exprimer en hindi, mais pas en tamoul,
car nos immigrants venaient du
Nord, de la région de l’Uttar Pradesh. Lorsque vous les entendrez
chanter, ce ne sera pas en anglais, mais bien en hindi. Les
chansons parlent de l’époque où
ils étaient des « Jahaji » («Jahaji
Bhai » Frère du voyage (vers les
Antilles), sur la mer, et des difficultés de leur voyage. Certains anciens peuvent échanger des civilités en hindi, mais les langues
communes au quotidien sont
quand même l’anglais et le créole.
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Coups de Cœur : Ecole de Steel Pan de Sainte-Lucie
St Lucy Steel
Publié par le Service Communicati on du
Conseil Guadeloupéen pour les
Langues Indiennes (CGPLI)
53 Chemin-Neuf - 97110 Pointe à Pitre
Guadeloupe Style !!!
INSCRIPTIONS 2014-2015
COURS DE HINDI - TAMOUL
Le Conseil Guadeloupéen Pour les Langues Indiennes (CGPLI) vous
informe que la saisie des inscriptions et réinscriptions administratives
en hindi et tamoul pour l’année 2014-2015 se fera en ligne sur :
www.cgpli.org
(Procédures, paiement, dates de rentrées).
N° Spécial - 31 - Juillet 2014
Guadeloupe, French West Indies
Tél. : 0590 82 12 97
Email : [email protected]
Site : http://www.cgpli.org
Directeur de la Publication : Fred Négrit
Comité de Rédaction
Alexina Mékel
Valérie Périan
Fred Négrit
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Edité par : Le CGPLI
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