Laure m`a autorisé à parler - Strasbourg Eaux
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Laure m`a autorisé à parler - Strasbourg Eaux
17 Bleu Rouge Noir Jaune CANOË-KAYAK CHAMPIONNATS DU MONDE – COURSE EN LIGNE Sacrés Colin-Carré ! Le K 2 1 000 m bleu a livré une course millimétrée pour offrir à la France son premier titre mondial depuis six ans. DUISBOURG – (ALL) de notre envoyé spécial IL PLEURE. C’est une belle carcasse pourtant, Bâbak Amir Tahmasseb. Un beau brin d’athlète encore bien affûté, même s’il a quitté en avril le haut niveau. Et Bâbak pleure dans les bras de plus costaud que lui. Philippe Colin, larme à l’œil également, le serre fort. Ce que ces deux-là n’avaient jamais pu réussir, une médaille et ne serait-ce qu’une qualification pour les Jeux, le policier strasbourgeois vient de se l’offrir avec Cyril Carré comme nouveau compagnon. L’émotion est forte, envahissante, entre le dernier champion du monde français, sur K 1 1 000 m en 2001, et ses désormais successeurs, à l’issue d’une finale du K 2 1 000 m remportée au cordeau. « Ils ont su profiter de la ligne 9, complètement à l’extérieur, loin du cœur de la course, à l’abri des regards, pour rester centrés sur euxmêmes », se réjouit le coach du duo, François During. Les Néo-Zélandais, à la 8, sont partis « à l’intox », loin devant. Et les deux Bleus n’ont pas paniqué, gardant un semblant de contact avant de fournir l’effort sur les derniers 250 mètres. « On a eu des frissons en vous entendant, dira ensuite Cyril Carré, sous la haie d’honneur des nombreux supporters français, qui improvisaient une réception en leur honneur au Sassenhof, l’auberge qui leur sert de point de ralliement sur les hauts de Duisburg. Et on s’en est bien servis ! » Pour devancer sur la ligne les Polonais et la meute de deux dixièmes, tous les appuis étaient bons. « Ils étaient à une cadence de 110 coups par minute au train, c’est le top au niveau international, leur point fort, expliquait During. Ensuite, quand il a fallu accélérer, monter à 118-120, ils ont su le faire avec le relâchement qu’il faut, tout en glisse, leur autre atout majeur. » Ce n’est pas dans la surpuissance que ces Bleus au gros cœur forgent leurs succès, mais dans le style, en utilisant au mieux le toucher d’eau du « meilleur pagayeur de la planète », selon Alain Acart, qui couve Cyrille Carré dans son club d’Auxerre. Carré, vingt-trois ans, venu du marathon (il en a été le champion du monde juniors en 2003) et qui s’entraîne souvent en solitaire. « On a pensé à les rapprocher, explique During, qui officie à Strasbourg avec Colin. Mais leur complicité technique est déjà excellente et il y a plus de risque que d’intérêt à ce qu’ils soient en permanence l’un sur l’autre. Ce sont deux travailleurs qui savent où ils vont, cent soixante jours de stage par an en commun leur suffisent. » Là, la dose à partager va peut-être augmenter à la rentrée, avec des sessions encore plus denses et rapprochées à l’abord des JO. « Il va falloir gérer leur nouveau statut, un peu inattendu », conclut During. Destination Pékin Oui, cette paire qui n’est jamais descendue des podiums cette saison (vainqueurs puis troisièmes en Coupe du monde, troisièmes aux Championnats d’Europe avant ce sacre aux Mondiaux) est désormais en avance sur ses temps de passage. Ce qui n’est évidemment pas un problème. Pas encore. « Ce titre du mille est mille fois mérité, s’amuse Christophe Rouffet, le directeur des équipes. C’est le symbole de la collaboration entre les clubs et les Bleus. On va apprendre à vivre avec. C’est un challenge nouveau, pas facile à relever. Mais nous sommes dans la continuité des progrès déjà marqués, en 2005, par le bronze de nos filles sur K 2 500. » La médaille de Viard-Delattre, d’abord mal digérée, mais que les deux athlètes sont en passe de pouvoir confirmer en finale aujourd’hui. « Ce succès intervient en année préolympique, ça lui donne une valeur Colin, Carré et leurs camarades s’envolent le 19 août pour Pékin, leur « grand objectif », en repérage. La pagaie vorace, le cœur léger et de l’or en bandoulière. PATRICK LAFAYETTE RÉSULTATS CHAMPIONNATS DU MONDE (Duisbourg [ALL], 10 août). – 1 000 m. Finales. HOMMES. K 1 : 1. Brabants (GBR), 3’40’’113 ; 2. Van Koeverden (CAN), 3’40’’675 ; 3. Veras Larsen (NOR), 3’41’’645. K 2 : 1. Colin-Carré, 3’24’’683 ; 2. Seroczynski-Kujawski (POL), 3’24’’891 ; 3. Kammerer-Kucsera (HON), 3’26’’579 ; 4. Ihle-Wagner (ALL), 3’26’’617 ; 5. Maesen-De Bont (BEL), 3’27’’259 ; 6. Hokajärvi-Mikkonen (FIN), 3’28’’029 ; 7. FergusonWalker (NZL), 3’28’’523 ; 8. Naess-Norenberg (NOR), 3’29’’035 ; 9. Correia-Santos (POR), 3’31’’669. K 4 : 1. Allemagne, 3’4’’369 ; 2. Pologne, 3’4’’719 ; 3. Slovaquie, 3’5’’625. C 1 : 1. Vajda (HON), 4’8’’563 ; 2. Ostrcil (SLQ), 4’10’’685 ; 3. Cal Figueroa (ESP), 4’11’’057 ; 4. Dittmer (ALL), 4’12’’145 ; … 8. Hémonic, 4’20’’987. C 2 : 1. Gille-Wylenzek (ALL), 3’46’’627 ; 2. Torres-Aguilar (CUB), 3’47’’591 ; 3. Tyszynski-Baraskiewicz (POL), 3’48’’103. C 4 : 1. Roumanie, 3’23’’325 ; 2. Allemagne, 3’24’’619 ; 3. Hongrie, 3’24’’935. FEMMES. K 1 : 1. Kovacs (HON), 4’6’’823 ; 2. Leue (ALL), 4’8’’937 ; 3. Paldanius (SUE), 4’10’’901 ; … 9. Lhote, 4’23’’459. K 2 : 1. Ruge-Hörmann (ALL), 3’45’’933 ; 2. Wojnarowska-Chojnacka (POL), 3’47’’142 ; 3. KozakSzabo (HON), 3’49’’174. Finales B. HOMMES. K 4 : 1. Chine, 3’2’’215 ; … 4. France (Hubert-Beaumont-Lutz-Marcaud), 3’3’’413. C 2 : 1. Bea Garcia-Mascato Garcia (ESP), 3’52’’091 ; … 3. Hascoët-Beugnet, 3’55’’519. 500 m. Finale. FEMMES. K 4 : 1. Allemagne, 1’37’’145 ; 2. Hongrie, 1’37’’951 ; 3. Pologne, 1’38’’103. 200 m. Demi-finales. HOMMES. K 1. IV : 1. Gyertyanos (HON) *, 37’’751 ; 2. Da Silva (BRE)*, 37’’923 ; 3. Jouve, 37’’983. K 2. II : 1. Gyertyanos-Bee (HON) *, 34’’357 ; 2. HyboisBoukpeti *, 34’’481. C 1. I : 1. Opalev (RUS) *, 42’’085 ; 2. Dalton (CAN) *, 42’’319 ; 3. Goubel *, 42’’619. FEMMES. K 2. I : 1. MruzkovaBlahova (RTC) *, 40’’887 ; 2. Szabo-Patyi (HON) *, 41’’753 ; 3. Kitamoto-Takeya (JAP) *, 41’’837 ; 4. N. Marie-Lhote, 41’’977. (*) Qualifiés pour les finales A. Carré : « Ce n’est qu’une étape » De l’avant et de l’arrière du K 2 hommes, deux vues sur ce titre finement ciselé. DUISBOURG – (ALL) de notre envoyé spécial ILS SONT INSÉPARABLES et vraiment différents. Philippe Colin, long et drolatique, ouvre les mains pour montrer son « Laure M. » peint dans la paume avec un cœur autour. « Un clin d’œil à la natation française », pouffe-t-il. À peine essoufflé par l’effort, il s’exprime au sortir du ponton. Pour Cyrille Carré, Cyrille plus carré dans l’attitude et dans l’expression, on attendra la descente du podium, la médaille autour du cou. « Philou » est parti au contrôle antidopage. L’un après l’autre, chacun parle d’or. Ils seront encore inséparables jusqu’à Pékin. Aujourd’hui. – 200 m H et F, toutes catégories : finales à 9 heures. 500 m H et F, toutes catégories : finales à 14 h30. NATATION GYMNASTIQUE « Laure m’a autorisé à parler » Deux femmes sous pression MARCO DURANTE, le président de LaPresse, sort de son silence et assure qu’il n’a fait subir aucune pression à Laure Manaudou. Personnage clef du « feuilleton Manaudou », Marco Durante est aussi celui qui, jusqu’ici, était resté le plus discret, s’exprimant seulement par communiqués. Hier après-midi, le président de LaPresse nous a reçus au siège du club turinois. Pour donner une version un peu différente de celle entendue jusqu’ici. Une version personnelle dont certains détails d’importance sont démentis par le clan Manaudou. TURIN – de notre envoyé spécial « POURQUOI AVOIR attendu aussi longtemps avant de vous exprimer ? – Je n’ai rien à cacher mais je ne voulais pas me prononcer sur des choses qui avaient trait à la vie privée de Laure. Je voulais surtout qu’elle m’autorise à vous dire ce que je vais vous dire aujourd’hui. – Alors quel est ce fameux contrat signé avec Arena par Laure le 27 juillet ? – D’abord, tout le monde pense que c’est l’histoire du contrat Arena qui a déclenché tout ça, mais pas du tout. Il y a des choses qu’on ne peut pas laisser faire et qui se sont passées à Paris. La façon dont s’est comportée Laure, tout le monde a pu la constater (Plusieurs figures de la natation française, dont Franck Esposito, se sont d’ailleurs émues de l’attitude de la championne olympique, qui a, par exemple, refusé de participer au relais 4 × 100 m 4 nages). Pour revenir à Arena, Laure disait qu’elle n’appréciait pas beaucoup la marque quand elle était en France. Mais quand elle est arrivée en Italie, ça lui a plu, elle avait pas mal de matériel et le service était différent. J’ai discuté avec M. Poulmaire au téléphone et il m’a autorisé à tâter un peu le terrain. – Et ensuite ? – Arena a transmis des propositions qui ont à chaque fois été étudiées par Laure elle-même. Elle m’a demandé de ne pas en parler avec Didier (Poulmaire). Je lui ai répondu qu’elle devait au moins en parler avec son papa. – Que s’est-il passé exactement le 27 juillet ? – Nous étions dans un restaurant à Pesaro. Laure s’est isolée dans un coin pour bien lire le contrat. Il y avait avec elle Alessandro Carpignano (manager général d’Arena) et mon assistante pour lui servir d’interprète en cas de besoin. Laure a effectué plusieurs modifications. Toutes les modifications ont été voulues par elle. À ce moment, je n’étais pas là, j’étais à l’étage en dessous. M. Carpignano m’a appelé sur mon portable au moment de la signature. Quand je les ai rejoints dans le salon, j’ai dit à Laure : “ Tu n’es pas obligée de signer. Est-ce que tu es bien sûre de toi ? ” Je lui ai demandé si son père avait lu le contrat, si elle voulait qu’on lui faxe. '' père ou président de club. C’est naturel et spontané. (Durante reprend la parole.) – On parlait ensemble des offres qu’Arena transmettait à Laure mais au début, je croyais que son père était au courant de tout. – Cette prolongation étaitelle avantageuse pour Laure ? – Oui et notamment parce qu’elle était rétroactive (les gains de l’année 2007 ont été revus à la hausse). Laure a même demandé à ce que les médailles de Melbourne soient réévaluées. Le seul conseil que je lui ai donné, c’était sur la date de fin du contrat, 2011, un avant les Jeux de 2012, ça me semblait le meilleur moment pour renégocier. – Certaines clauses ne sont pourtant pas très avantageuses, comme cel le p rév oy ant u ne réduction des gains de 75 % en 2008 en cas de non-participation aux Jeux… – C’est seulement si elle se blesse ou si elle arrête sa carrière l’année des Jeux. Mais cette clause figurait déjà dans l’ancien contrat. (Didier Poulmaire, l’avocat de Laure Manaudou, a formellement démenti ce détail d’importance et s’est étonné que Marco Durante ait eu connaissance de ce contrat initial comportant une clause de confidentialité). – Parce que vous aviez aussi connaissance de l’ancien contrat ? – Laure avait demandé à ce qu’Arena lui envoie. Et elle m’a toujours demandé conseil. Vous savez, si on avait eu quelque chose à cacher, on n’aurait pas envoyé immédiatement une copie du second contrat à Laure quand elle nous l’a demandé à Paris. – Quelles sont vos relations avec Cristiano Portas, le directeur d’Arena, présenté comme l’un de vos proches ? – Je l’ai vu cinq ou six fois dans ma vie, la première fois l’année dernière à Budapest, mais on n’a jamais dîné ensemble par exemple. – Quand Laure vous a-t-elle autorisé à parler ? – (Il va chercher son portable.) J’ai reçu un SMS le 9 août (jeudi) à 12 h 49. Elle m’a autorisé à parler Je ne crois pas qu’il y ait aujourd’hui un seul club qui puisse prendre la responsabilité de l’accueillir Elle a, à chaque fois, répondu haut et fort non en disant qu’elle ne voulait pas que M. Poulmaire soit au courant. – Mais pourquoi ? – Ce que Laure fait avec Didier, ce n’est pas mon problème. – Quels étaient votre rôle et votre intérêt là-dedans ? – J’ai toujours dit à Laure et à Didier Poulmaire que je ne voulais et que je ne pouvais pas m’occuper de ses intérêts commerciaux. On veut me faire passer pour un rival de M. Poulmaire mais ça n’a jamais été mon ambition. Je l’ai d’ailleurs toujours informé de ce qui se passait. Et puis si j’avais voulu profiter de Laure, j’aurais par exemple organisé des séances photo avec elle pour gagner de l’argent, c’est le métier de notre agence ! – Mais on a du mal à comprendre que vous ne vous occupiez pas des intérêts de Laure alors que vous lui donnez sans cesse des conseils… (Présent à ses côtés, l’avocat de Marco Durante intervient.) – Il y a une différence entre donner des conseils par intérêt économique et conseiller quelqu’un en tant que '' Si la victoire des Françaises, hier à Vittel, est porteuse d’espoir on ne sait toujours pas qui de Severino ou de Le Pennec ira aux Mondiaux. VITTEL – de notre envoyée spéciale C’était au temps de l’entente cordiale, quand Marco Durante ouvrait grand les portes de son club turinois, LaPresse Nuoto à Laure Manaudou. C’était il y a un siècle, c’était il y a trois mois… (Photo Patrick Gripe/L’Équipe) mais je voulais une autorisation écrite et pas seulement verbale. – Cela signifie que vous êtes toujours en contact ? – Luca (Marin) m’envoie des messages tous les jours pour me tenir au courant de ce qu’ils font. Dans un de ses messages, il me disait que Laure avait débranché son téléphone. J’ai demandé à Luca de rester en dehors de tout ça mais c’est difficile. – Justement, il vous aurait appelé pour dire que Laure souhaitait revenir à LaPresse… – Non, c’est seulement le jour où j’ai appelé Laure pour lui dire qu’elle était dehors (lundi) qu’elle a dit qu’elle voulait rester. Depuis, elle n’a plus rien dit. – À votre avis, que va-t-elle faire maintenant ? – Je ne crois pas qu’il y ait aujourd’hui un seul club qui puisse prendre la responsabilité de l’accueillir. Le seul club qui la connaît bien, c’est LaPresse… et Canet. Je pense bien connaître DIMANCHE 12 AOÛT 2007 Laure, et ce qu’elle veut, c’est rester le plus près possible de Luca. – Un retour à LaPresse serait-il envisageable ? – Le problème, c’est que son père m’a massacré. La situation est compliquée. – Mais son père a justement annoncé qu’il souhaitait organiser une réunion avec Laure, Arena et LaPresse… – (À 18 h 50, il dit recevoir un SMS de la mère de Laure qui confirme cette demande.) Il aurait peut-être fallu le faire plus tôt. Mais c’est un geste important de la famille de Laure. Elle a dû leur dire ce qui s’est vraiment passé. Maintenant, la décision appartient à Laure. Mais elle est imprévisible. » JEAN-BAPTISTE RENET Elle doit s’expliquer LES DÉCLARATIONS FAITES hier par Marco Durante sont à double détente. Elles apportent un contrepoint (à prendre avec toutes les précautions d’usage) à la version jusqu’ici donnée par le clan Manaudou, mais elles rendent plus vitales encore les explications de la principale intéressée. Actuellement en vacances, elle seule sait ce qui s’est réellement passé le 27 juillet à Pesaro. Était-elle sous l’emprise de Durante ou a-t-elle, au contraire, signé la prolongation avec Arena en toute conscience pour, dans un geste singulier, écarter au passage son avocat de la négociation ? Joint hier, ce dernier n’a pas souhaité s’étendre sur le sujet, pas plus d’ailleurs que les parents de la championne. Les proches de Manaudou renvoient au communiqué délivré hier et dans lequel ils proposent notamment de réunir autour de la même table tous les protagonistes de l’affaire. Il sera alors plus que temps, pour Laure Manaudou, de trancher. Et de son attitude découlera, logiquement, son lieu d’entraînement. Soit elle se ralliera au discours de Durante et retournera à Turin, soit elle retrouvera sa famille et travaillera, comme elle l’a dit, sous les ordres de son frère aîné, à Ambérieu. À moins de douze mois des Jeux Olympiques, son choix, définitif, revêt un caractère d’urgence. DES REGARDS TENDUS, qui ne se croisent qu’accidentellement. Émilie Le Pennec et Isabelle Severino s’apprécient. Mais hier, à l’occasion d’un match France-Espagne-Pays-Bas, à Vittel, elles s’opposaient dans un duel fratricide. « On n’en parle pas, mais la pression nous entoure », grimace Le Pennec. En cause, cette certitude : l’une d’elles n’ira pas aux Championnats du monde à Stuttgart (1er-9 septembre) pour jouer la qualification olympique de la France. « Ce n’est pas notre faute si on a dit non aux barres asymétriques ; nos corps ne sont plus d’accord », explique la jeune femme de dix-neuf ans. Hier, par habitude, par désir aussi, elles se sont encouragées. Elles ont participé à la victoire des petites Bleues, qui recèle des tonnes de promesses. Plus que le total de 232,95 pts, c’est le classement individuel qui interpelle, avec une triplette d’une jeunesse absolue : Marine Petit, Laetitia Dugain et Pauline Morel sont nées en 1992. Une phrase échappe même à Yves Kieffer, l’entraîneur : « On peut avoir une meilleure équipe à Pékin qu’en Grèce. » Il n’envisage pas de podium olympique mais admet que « de délicate, notre situation est devenue très favorable ». Problème à la poutre pour Le Pennec Reste le cas épineux de son duo phare. Émilie Le Pennec s’est révélée efficace au saut (14,40 pts) et au sol (14,70), mais elle a chuté à la poutre. « Un peu comme d’habitude, lâche-t-elle. C’est décevant par rapport à ce que je réussis à l’entraînement. » Cela confirme surtout sa fragilité récurrente en compétition. Lors de la Coupe du monde à Gand, ou d’un match international en Italie le mois dernier, Le Pennec est chaque fois tombée. Un travers qui l’avait aussi privée du titre européen conquis par Marine Debauve en 2005, ou du podium mondial quelques mois plus tard. « Elle cristallise à la poutre toute son anxiété, résume Kieffer, qui réclame au contraire de la solidité.» En comparaison directe, la stabilité d’Isabelle Severino tranche à cet agrès (14,50 pts). Mais l’aînée des Bleues (27 ans) accumule les pépins physiques. Opérée de l’épaule, elle a souffert cette semaine d’une élongation au niveau des abdominaux. « Je ne devais pas avoir assez de pression, j’en ai ajouté en ne m’entraînant pas pendant trois jours », ironise la belle. De fait, elle s’est montrée légèrement en retrait au saut, où elle n’a enclenché qu’une vrille (13,80) et au sol (14,55). « Mais sa marge de progression est sans doute plus importante que celle d’Émilie », pronostique le coach. Pour lui, le casse-tête s’annonce terrible. « Je ne prendrai pas de décision à chaud, j’ai besoin d’un temps de réflexion », insiste-t-il. En l’occurrence, rien ne filtrera avant mercredi. Car les filles rentrent chez elles quatre jours et ne seront à nouveau réunies à Vittel que mardi soir. Et le technicien veut associer son staff et les deux concernées au verdict fatal. « Ce sont des gymnastes de très haut niveau, des adultes, on en parlera ensemble », ditil. D’ici là, Severino et Le Pennec s’engagent dans un long tunnel. « Je vais me reposer, attendre d’être fixée sur mon sort. Mais je poursuivrais la préparation jusqu’au bout, puisque Yves nous l’a demandé, et par respect pour l’équipe », prévient Isabelle. « Je vais essayer de ne pas trop y penser, mais ce sera dur. Je n’ai pas de regret, mais j’ai vécu une année très difficile. Je ne veux pas imaginer ne pas aller aux Mondiaux. Mais, si c’était le cas, ce serait très difficile de repartir pour une saison. Même olympique », avoue Émilie. L’enjeu dépasse les seuls Mondiaux. Et c’est ce qui rend la situation si paradoxale. CÉLINE LONGUÈVRE RÉSULTATS Par équipes : 1. France (Dugain, Petit, P. Morel, Le Pennec, K. Lindor, Vericel), 232,95 pts ; 2. Espagne, 224,25 ; 3. Pays-Bas, 223,55. Individuel : 1. Petit, 58,55 pts ; 2. Dugain, 58,30 ; 3. P. Morel, 57,75. I WIGNANITZ RETENU. – Les sélectionneurs ont désigné hier les six titulaires pour les Mondiaux de Stuttgart (1er-9 septembre). Une liste sans surprise après le test de vendredi à l’INSEP : la régularité d’Arnaud Willig a convaincu, il accompagnera donc Karbanenko, Cucherat, Da Silva, Caranobe et Beny. Le double médaillé européen au saut Raphaël Wignanitz a été préféré pour le poste de remplaçant au jeune Hamilton Sabot. Ces huit hommes effectueront le stage de Saint-Étienne, du 16 au 25 août, aux côtés des champions du monde chinois. PAGE 17 Bleu Rouge Noir Jaune Rouge DUISBOURG. – De l’or et de l’humour ! Philippe Colin (à gauche) et Cyrille Carré ont rendu une manière d’hommage à la plus grande nageuse française de tous les temps en recevant, sur le podium, celui de leurs supporters. (Photo Raphaël Thiébaut) Bleu PROGRAMME Jaune Rouge Jaune G Cyrille CARRÉ (Auxerre – 1,83 m ; 74 kg. Né le 11 mai 1984 à Auxerre, 23 ans). – « Le principal, c’était de ne penser à rien, ni au podium ni aux quotas olympiques. Jeudi, le premier jour de course, je sentais un stress inhabituel. Après la demie, je n’étais pas serein, il avait fallu s’employer plus que prévu. Mais là, en finale, on s’est posés, on a fait notre truc sans ce préoccuper des “Néo-Z” à côté. Quand j’ai vu qu’on les remontait, je me suis dit : [C’est bon, faut qu’on se relâche.] Aux 750 m, la relance a été propre, le kayak a accéléré jusqu’à la fin, comme si on volait. On ne va pas s’enflammer. C’est bien, mais ce n’est qu’une étape. Le premier objectif, c’est Pékin 2008. Si on ne fait rien l’an prochain, ce titre de champion du monde ne comptera pas. » – P. Laf. Noir Bleu Noir G Philippe COLIN (Strasbourg – 2 m ; 91 kg. Né le 16 septembre 1979 à Besançon, (27 ans). – « Je rêvais de podiums et de JO. Je ne réalise pas ! En finale, je n’ai même pas tourné la tête pour voir où en étaient les autres, je ne voulais pas risquer de déséquilibrer le corps et le bateau. On a fait notre course, c’était “notre” course ! J’ai relancé le train plus tôt que prévu, un peu avant les 500 m, un peu avant les 750 m, Cyrille suivait, c’était fluide, « dur mais facile », comme il dit ! Sur la ligne, j’ai su qu’on avait gagné. Ça fait oublier les galères, les sacrifices, les copains en vacances que j’avais croisés la semaine d’avant, au mariage de ma sœur… La Marseillaise, je ne l’entendais jusqu’à présent qu’à l’école de police, au lever des couleurs. Là, je savoure… » – P. Laf. supplémentaire, savoure Philippe Graille, le DTN. C’est bon pour la course en ligne, activité de tradition trop souvent bousculée par nos disciplines en eau vive. »