Poly CPCP - Pathologie génito-scrotale chez l - polys-ENC

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Poly CPCP - Pathologie génito-scrotale chez l - polys-ENC
C@mpus National de pédiatrie et chirurgie pédiatrique
Auteur : Pr Ph. Ravasse (CHU de Caen)
TICEM – UMVF
MAJ : 20/12/2004
Pathologie Génito-scrotale
Objectifs :
¤ Diagnostiquer un phimosis, une torsion de cordon spermatique, une hydrocèle, une
cryptorchidie.
¤ Identifier les situations d’urgence et planifier leur prise en charge.
Sommaire
Introduction
Faq 1 - Malformations des organes génitaux externes masculins
Faq 2 - Pathologie testiculaire
Points essentiels
Introduction
La pathologie génito-scrotale du garçon est un motif fréquent de consultation en médecine générale,
en pédiatrie et bien sur en chirurgie pédiatrique.
Sur un plan théorique cette pathologie peut être divisée en deux chapitres : les malformations des
organes génitaux externes d’une part, la pathologie testiculaire d’autre part.
En pratique le médecin peut être confronté à ces pathologies
-soit dans le cadre d’une consultation programmée ce qui est le cas habituellement des malformations
congénitales : hypospadias, testicule non descendu, phimosis
- soit dans le cadre de l’urgence : scrotum aigu devant lequel il ne faut surtout pas méconnaître les
diagnostic de hernie étranglée chez le nourrisson ,
de torsion du testicule chez l’adolescent.
Faq 1 - Malformations des organes génitaux externes masculins
1.1 HYPOSPADIAS
1.1.1 Introduction
C’est une malformation correspondant à une implantation anormale du méat urétral en un point
quelconque de la face ventrale du pénis ou parfois même en amont de celui ci. C’est une
malformation congénitale, habituellement dépistée dès la naissance dont le traitement chirurgical aura
pour objectif de permettre des mictions normales par le sommet du gland ainsi qu’une activité sexuelle
normale.
1.1.2 Fréquence
La fréquence de l’hypospadias est actuellement estimée à 1/300 naissances masculines et elle a
augmenté ces 15 dernières années dans la majorité des pays occidentaux, peut être en raison d’une
modification de certains facteurs environnementaux .Lorsqu’il existe des antécédents familiaux cette
fréquence s’élève à 1/100.
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1.1.3 Aspects anatomiques.
Si l’anomalie d’implantation du méat urétral est l’élément définissant théoriquement l’hypospadias il
faut en fait plutôt considérer l’hypospadias comme une hypoplasie des tissus constituant la face
ventrale du pénis dans laquelle bien sur il existe une malformation de l’urètre mais aussi :
- pratiquement toujours une malformation du prépuce qui n’est développé que sur la face dorsale du
pénis laissant à nu la face ventrale du gland
- souvent une courbure, surtout évidente en érection, habituellement en rapport avec une hypoplasie
cutanée ventrale lorsqu’elle est modérée, parfois en rapport avec une hypoplasie de la partie ventrale
des formations érectiles lorsqu’elle est plus importante.
1.1.4 Conduite à tenir
Le diagnostic est habituellement fait lors de l’examen clinique du nouveau-né en maternité. Dans 70 à
80% des cas il s’agit d’un hypospadias antérieur, le méat étant en situation balanique ou juxtabalanique, la courbure étant modérée.
Dans les autres cas on parlera d’hypospadias postérieur
périnéal
, le méat étant plus proximal,
dans les formes majeures avec une courbure associée.
Il est extrêmement important de ne pas méconnaître une ambiguïté sexuelle devant un hypospadias
vulviforme associé à une cryptorchidie même unilatérale : demander alors l’avis d’un endocrinologue
pédiatre.
Aucun examen complémentaire ne doit être réalisé à titre systématique.
C’est ensuite au chirurgien pédiatre qu’il appartient de faire le bilan anatomique précis de la
malformation, rapidement après la sortie de maternité ceci afin de pouvoir délivrer toutes les
informations nécessaires à la famille et programmer le traitement chirurgical.
La correction chirurgicale de la malformation doit intervenir entre l’âge de 9 et 18 mois. Cette
correction précoce est importante pour minimiser le retentissement psychologique de la malformation
et de l’acte chirurgical. Dans certains cas particuliers de micro pénis, il peut être nécessaire
d’administrer un traitement hormonal à base de testostérone pour augmenter les dimensions du pénis
mais ce sera au chirurgien d’en poser l’indication.
Les objectifs de la chirurgie sont :
-la reconstruction d’un urètre dont le méat s’implante au sommet du gland, de calibre suffisant pour
permettre une miction sans dysurie.
-un pénis droit en érection.
- une esthétique satisfaisante.
C’est une intervention toujours délicate qui doit être réalisée par un chirurgien pédiatre habitué à cette
chirurgie. La reconstruction de l’urètre en est le temps le plus délicat se faisant habituellement avec
les tissus locaux se trouvant sur le pénis. Les complications sont fréquentes, ce dont les parents
doivent être informés, et de traitement toujours difficile.
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L’hypospadias :
1.2 ANOMALIES DU PREPUCE
1.2.1 Evolution normale du prépuce
Le terme de prépuce désigne la partie du fourreau cutané du pénis qui recouvre le gland.
Chez l’adulte le prépuce doit être facilement rétractable pour permettre les rapports sexuels. Cette
rétractabilité du prépuce est une propriété qui s’acquiert au fil des années durant l’enfance car il est
pratiquement toujours non rétractable chez le nouveau-né.
Deux facteurs sont à l’origine de cette non rétractabilité:
-les adhérences entre la face interne du prépuce et la muqueuse du gland, appelées adhérences
balano-préputiales,
-l’étroitesse de l’orifice préputial qui ne permet pas le passage du gland, appelé phimosis.
Ces deux facteurs peuvent être associés ou bien il peuvent exister chacun de façon isolée.
C’est spontanément au cours de la croissance de l’enfant que le prépuce va se rétracter plus
facilement et c’est ainsi qu’à l’âge de 3 ans seulement 10% des garçons ont encore un phimosis.
Cette maturation du prépuce porte à la fois sur le diamètre de l’orifice préputial qui va s’élargir , et sur
les adhérences balanopréputiales qui se libèrent progressivement mais il faut être patient car parfois
cette libération ne s’achève qu’en période pubertaire.
Cette maturation est un processus physiologique qu’il faut respecter : les décalottages forcés doivent
être proscrits car d’une part ils sont très douloureux et d’autre part ils peuvent fissurer le prépuce
entraînant secondairement un phimosis par sclérose.
1.2.2 Pathologie du prépuce
¤ Phimosis congénital
Etant donné l’évolution naturelle du prépuce il n’y a en fait que très peu de phimosis congénitaux qui
persistent au long cours et devront être traités.
Le traitement du phimosis peut être envisagé à partir de l’âge de 7 à 8 ans.
Le traitement de première intention est médical : il consiste à appliquer sur l’anneau de rétrécissement
du prépuce un dermocorticoïde. Cette application doit être biquotidienne pendant trois à six semaines.
Ce traitement permet une régression du phimosis dans au moins 80% des cas.
La chirurgie n’est indiquée qu’en cas d’échec de cette corticothérapie locale ; ses indications sont
donc rares. L’intervention chirurgicale est soit une circoncision (exérèse du prépuce), soit une plastie
d’élargissement conservant le prépuce.
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¤ Phimosis acquis
Ce terme s’applique au phimosis survenant chez un garçon qui était auparavant facilement
décalottable. Dans la majorité des cas c’est un lichen scléro-atrophique du prépuce qui est à l’origine
de ce type phimosis : le prépuce muqueux devient scléreux, perd sa souplesse. Le diagnostic est fait
devant la constatation d’un anneau blanchâtre au niveau de l’orifice préputial.
Le traitement en est la circoncision car la corticothérapie locale est inefficace. Le diagnostic de lichen
scléro-atrophique peut être confirmé sur la pièce d’exérèse.
¤ Balanite
C’est une infection survenant dans l’espace sous préputial, s’observant surtout chez des garçons
ayant un phimosis ou des adhérences balano-préputiales.
Le diagnostic est clinique : l’enfant a subitement des douleurs lors de la miction, l’extrémité du pénis
est œdémateuse, rouge. Parfois cette inflammation s’étend jusqu’à la base de la verge et il n’est pas
rare d’observer un écoulement purulent par l’orifice préputial.
Le traitement en est simple : il repose sur des bains avec des antiseptiques dilués durant quelques
jours.
¤ Para-phimosis
C’est un accident compliquant souvent une tentative de décalottage forcée à la suite de laquelle le
prépuce n’a pas été remis en place. L’anneau de rétrécissement préputial comprime de façon
circulaire le pénis juste en amont du gland. Très rapidement apparaît un œdème du prépuce muqueux
qui ne fait que s’accentuer. Le diagnostic repose sur la constatation d’un prépuce rétracté,
œdémateux qui ne peut être facilement remis en place sur le gland.
Le traitement doit être entrepris en urgence : la compression douce et prolongée sur le prépuce
œdémateux en permet le plus souvent la réduction. En cas d’échec la réduction doit être envisagée
sous anesthésie.
Le phimosis :
Faq 2 - Pathologie testiculaire
2.1 TESTICULES NON DESCENDUS
2.1.1 Introduction
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Le testicule non descendu se définit comme l’absence de testicule dans la bourse. Il s’agit d’une
malformation relativement fréquente dont l’incidence est évaluée à environ 0 ,8% chez les garçons à
l’âge de 1 an et qui ne doit certainement pas être considérée comme un problème bénin étant donné
en particulier le retentissement sur la fertilité ultérieure des sujets atteints surtout lorsque l’anomalie
est bilatérale.
2.1.2 Embryologie
Pour bien comprendre l’origine et les différents aspects de cette pathologie, il est nécessaire de
rappeler brièvement le mécanisme de la migration testiculaire.
L’ébauche testiculaire se constitue à partir de la cinquième semaine de la vie embryonnaire dans la
région rétro péritonéale au pôle inférieur du mésonéphros. Le corps de Wolff régresse et laissera,
entre autres, une formation ligamentaire reliant le pôle inférieur du testicule au fond de la bourse :
c’est le gubernaculum testis, véritable rail de guidage de la migration du testicule vers la bourse.
En raison de la croissance cranio-caudale de l’embryon le testicule va progressivement se situer plus
bas : il atteint l’orifice interne du canal au quatrième mois et rencontre l’épididyme. Puis il traverse le
canal inguinal durant le 7ème mois en glissant le long du canal péritonéo-vaginal et parvient ensuite
dans le scrotum.
Cette migration, qui s’étend tout au long de la vie fœtale, explique que l’incidence des testicules non
descendus soit plus élevée chez les prématurés, où elle peut atteindre 20 à 30% des cas, que chez
les enfants nés à terme où elle est évaluée entre 3 et 5%. Après la naissance il existe encore une
possibilité de migration spontanée mais au delà de l’âge de 6 mois un testicule non descendu ne
pourra plus migrer spontanément.
2.1.3 Aspects anatomiques
Dans le cadre des testicules non descendus il est habituel de distinguer deux aspects anatomiques :
- les testicules cryptorchides, en arrêt sur leur trajet de migration, qui peuvent selon le niveau de cet
arrêt être abdominaux , intracanalaires, ou se situer en aval de l’orifice inguinal superficiel.
- les testicules ectopiques, plus rares, qui se définissent par la présence du testicule en dehors de son
trajet normal de migration. La forme la plus fréquente est le testicule pré aponévrotique, le testicule
étant dans une logette en avant du canal inguinal. Plus rares sont les ectopies périnéales, les ectopies
croisées.
L’anomalie peut être bilatérale.
2.1.4 Diagnostic
2.1.4.1 Examen clinique
Le diagnostic de testicule non descendu repose uniquement sur l’examen clinique.
C’est habituellement à la naissance lors de l’examen systématique du nouveau-né que l’anomalie est
découverte mais cela peut être plus tardif, l’examen du contenu du scrotum faisant partie de l’examen
clinique systématique routinier de tout les nourrissons.
L’examen clinique doit se faire sur un enfant calme et détendu. Il faut préciser le caractère uni ou
bilatéral de l’anomalie, la situation du testicule, son volume. Le canal péritonéo-vaginal est très
souvent encore perméable ce qui peut être à l’origine d’une hernie inguinale ou d’une hydrocèle.
L’examen du pénis doit être systématique à la recherche d’un hypospadias : la coexistence d’un
hypospadias et d’une cryptorchidie doit faire évoquer systématiquement une anomalie de la
différentiation sexuelle et demander un avis spécialisé.
Les examens complémentaires, essentiellement l’échographie, sont inutiles, n’apportant rien de plus
que l’examen clinique.
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2.1.4.2 Testicule non palpable
C’est une situation que l’on rencontre dans environ 10% des cas de testicule non descendu.
-En cas de testicule non palpable bilatéral il faut évaluer la présence ou l’absence de parenchyme
testiculaire en dosant le taux sanguin de testostérone avant et après stimulation par hormones
gonadotrophines chorioniques. L’absence d’élévation de ce taux permet de conclure à une anorchidie
bilatérale, anomalie tout à fait exceptionnelle.
-En présence d’un testicule non palpable unilatéral il faut répondre à la question suivante : s’agit-il
d’un testicule non palpable car haut situé( inguinal haut ou abdominal) ou d’un testicule atrophique ?
Aucun examen complémentaire en particulier d’imagerie ne permet de répondre à cette question et
seule l’exploration chirurgicale assistée par une laparoscopie fera le diagnostic anatomique précis de
la malformation.
2.1.4.3 Diagnostic différentiel
Dans le cadre des testicules non descendus la principale difficulté est représentée par le testicule
oscillant . C’est un phénomène physiologique souvent observé en pédiatrie :le testicule remonte dans
la région inguinale sous l’effet de la contraction du crémaster et redescend facilement dans la bourse.
Ce phénomène n’existe jamais à la naissance et apparaît après quelques mois. C’est l’examen
clinique sur un enfant bien détendu qui en permettra le diagnostic, le testicule doit être dans la bourse
lorsque l’enfant est examiné dans la position dite du tailleur c’est à dire les membres inférieurs en
abduction, cuisses fléchies.
Il est toujours possible de répéter l’examen clinique quelques semaines plus tard en cas de doute
entre cryptorchidie et testicule oscillant. Ce diagnostic est important car le testicule oscillant ne
nécessite aucun traitement particulier, la stabilisation testiculaire dans la bourse intervenant au plus
tard en période pubertaire sous l’effet de la secrétion hormonale de l’axe hypoyhalamo-hypophysaire.
2.1.4.4 Traitement
Il peut être entrepris dès que l’on a acquis la certitude que le testicule ne migrera plus spontanément,
c’est à dire après 6 mois.
Ce traitement est chirurgical , il peut être réalisé dès l’âge de 9 mois- 1 an. Le principe en est de
libérer les éléments du cordon spermatique (canal déférent et pédicule vasculaire spermatique) des
structures, en particulier le canal péritonéo-vaginal, qui maintiennent le testicule en position haute. Il
s’agît d’une intervention délicate, d’autant plus difficile que le testicule est plus haut situé et qui en cas
de testicule intra-abdominal peut bénéficier de la laparoscopie.
Le traitement hormonal par injections de gonadotrophines-chorioniques est réservé aux cas de doute
diagnostic entre testicule oscillant et cryptorchidie, le testicule oscillant se stabilisant en situation
scrotale après ce traitement hormonal.
2.1.4.5 Devenir
L’ abaissement chirurgical du testicule permet
- de restaurer une morphologie normale des organes génitaux externes
- d’améliorer la qualité de la spermatogenèse en diminuant la température du testicule par rapport à la
température centrale du corps.
Cependant deux risques liés à cette malformation persistent :
- le risque de cancer :
Il est 4 à 6 fois plus élevé au niveau d’un testicule cryptorchide qu’au niveau d’un testicule qui était en
place à la naissance. L’abaissement du testicule dans le scrotum ne diminue pas ce risque mais au
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moins il permettra de faire le diagnostic de cancer à un stade relativement précoce, ce qui ne serait
pas le cas sur un testicule demeuré en situation inguinale haute ou abdominale.
- la stérilité :
C’est certainement la conséquence la plus importante des anomalies de la migration testiculaire.
Après abaissement chirurgical, lorsque l’anomalie est unilatérale le risque d’infertilité est faible,
concernant environ 5% des sujets. Lorsque l’anomalie est bilatérale ce risque est beaucoup plus élevé
atteignant 50%. L’altération de la fertilité est secondaire aux altérations histologiques touchant les
éléments de la lignée germinale et également aux malformations de la voie excrétrice du testicule (
canal déférent, épididyme) que l’on observe souvent lorsqu’il s’agit d’une cryptorchidie haute.
Le pronostic concernant la fonction endocrine est habituellement bon avec une sécrétion de
testostérone normale ce qui permet un développement pubertaire normal.
2.2 DOULEURS SCROTALES AIGUES
2.2.1 Introduction
La survenue brutale d’une douleur scrotale doit systématiquement faire évoquer une urgence
chirurgicale : hernie étranglée chez le nourrisson, torsion testiculaire chez l’enfant plus grand.
Méconnaître un de ces diagnostic fait courir le risque de séquelle testiculaire irréversible à type
d’atrophie par ischémie.
La démarche diagnostique sera donc différente selon l’âge.
Il existe par ailleurs d’autres pathologies aiguës qui elles ne menacent pas ou peu aussi rapidement la
vitalité du testicule : les torsions d’annexe testiculaire, les orchi-épididymites.
2.2.2 Chez le nourrisson : la hernie inguinale étranglée, l’orchiépidymite.
2.2.1.1 La hernie inguinale étranglée
C’est un accident survenant souvent dans le cadre des hernies inguinales du nourrisson et qui peut
être révélateur de la hernie ou compliquer une hernie déjà connue. Il faut rappeler que la hernie
inguinale du nourrisson est une hernie indirecte oblique externe par persistance du canal péritonéovaginal.
Le tableau clinique est tout à fait caractéristique :
Chez un nourrisson devenu subitement geignard, douloureux, refusant de boire, on constate
l’existence dans la région inguino-scrotale d’une masse ferme, douloureuse à la palpation, non
réductible dans la cavité abdominale. La non réductibilité signe l’étranglement de la hernie
.La réduction doit être entreprise en urgence car sinon :
-le tableau clinique va se compléter rapidement par des vomissements témoignant d’un syndrome
occlusif.
-le testicule risque d’évoluer ultérieurement vers une atrophie car le cordon spermatique est
véritablement clampé par la compression des viscères herniés .
Technique de réduction : elle se fait essentiellement par une compression externe douce et prolongée
sur le contenu de la hernie, manœuvre dénommée « taxis ». Elle ne doit pas être faite lorsque le
diagnostic est tardif et elle nécessite souvent l’aide d’une sédation : bain chaud, hypnotique administré
par voie intra-rectale en milieu hospitalier. L’échec de cette réduction doit conduire immédiatement à
un traitement chirurgical.
2.2.1.2 Les orchi-épididymites
Elles sont rares à l’âge pédiatrique, survenant le plus souvent chez le nourrisson.
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Sur le plan clinique on constate :
-une inflammation du scrotum, un testicule augmenté de volume, douloureux à la palpation.
-souvent une fièvre
Il est important de faire un ECBU avant tout traitement antibiotique car dans un certain nombre de cas
l’orchi-épididymite est associée à une infection urinaire. Si l’ECBU est positif il faudra rechercher une
malformation de l’appareil urinaire par échographie et cystographie.
Le traitement repose sur l’antibiothérapie, initialement par voie intraveineuse en milieu hospitalier,
adaptée secondairement aux données de l’antibiogramme.
2.2.3 Chez le grand enfant et l’adolescent : la torsion du testicule
Elle représente la cause la plus fréquente des bourses aiguës du grand enfant et de l’adolescent.
C’est le diagnostic qu’il faut systématiquement évoquer devant toute douleur testiculaire car seule une
intervention chirurgicale en urgence absolue, dans les toutes premières heures suivant le début des
douleurs, permettra d’éviter l’évolution vers la nécrose ischémique irréversible du testicule.
Le signe fonctionnel essentiel est la douleur, de survenue brutale, scrotale, irradiant parfois dans la
fosse iliaque du même côté, permanente. Il est important de préciser son heure de début pour pouvoir
évaluer la durée de l’évolution de l’ischémie testiculaire.
A l’examen clinique le testicule est volontiers ascensionné à la racine de la bourse, il est très
douloureux à la palpation. Le réflexe crémastérien est souvent aboli. L’existence de signes
inflammatoires ( œdème et/ou rougeur du scrotum) témoigne d’une torsion déjà ancienne.
Les examens complémentaires sont inutiles et ils risquent de retarder la prise en charge chirurgicale.
Le traitement chirurgical est réalisé le plus rapidement possible car seule une détorsion réalisée dans
les 6 heures suivant l’apparition des douleurs permet se préserver le testicule. Outre la détorsion
, l’intervention comportera systématiquement une fixation du testicule tordu mais aussi
du testicule controlatéral car il n’est pas rare que les facteurs anatomiques prédisposant à la torsion
du testicule existent sur les deux testicules. En cas de nécrose, le testicule sera enlevé (castration),
les parents ayant été prévenus en pré-opératoire de cette éventualité.
2.2.4 Entre 5 et 10 ans : la torsion hydatide testiculaire
L’hydatide testiculaire ou hydatide de Morgagni est un reliquat embryonnaire appendu au pôle
supérieur du testicule. Sa torsion représente la cause la plus fréquente des douleurs scrotales aiguës
du garçon entre 5 et 10 ans.
La symptomatologie est dominée par une douleur scrotale de survenue brutale.
A l’examen clinique, l’inspection peut découvrir une tuméfaction bleutée à la partie haute de la bourse.
La palpation du pôle supérieur du testicule est exquisément douloureuse avec parfois perception d’un
petit nodule. Ces éléments cliniques sont suffisants pour affirmer le diagnostic de torsion d’hydatide
Le traitement peut alors être limité à un simple traitement anti-inflammatoire non stéroïdien qui permet
habituellement en quelques jours la sédation des phénomènes douloureux.
Parfois la torsion d’hydatide entraîne des phénomènes inflammatoires diffus sur le scrotum rendant le
diagnostic difficile ce qui peut justifier une exploration chirurgicale pour ne pas méconnaître une
torsion testiculaire. L’ hydatide nécrosée est alors enlevée.
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2.2.5 Conclusion
Cette présentation des bourses aiguës de l’enfant en fonction de l’âge est schématique. Il faut savoir
qu’une une torsion testiculaire peut aussi s’observer chez des jeunes enfants ou des nourrissons ou
qu’une infection peut survenir chez un adolescent. C ‘est pourquoi en présence d’une bourse aiguë
chez un enfant il faut avoir très rapidement l’avis d’un chirurgien ce qui permettra de ne pas prendre le
risque de laisser évoluer une hernie étranglée ou une torsion testiculaire dont le tableau clinique peut
être atypique.
Points essentiels
C’est un motif fréquent de consultation, il est important de savoir dépister les malformations
congénitales et de reconnaître les urgences chirurgicales.
- L’hypospadias : c’est une malformation du pénis définie par une implantation anormale du méat
urétral, souvent associé à d’autres anomalies du pénis. Le traitement chirurgical intervient entre 9 et
18 mois. Ses objectifs sont de permettre une miction par le sommet de la verge et ultérieurement une
sexualité normale.
- Le phimosis :c’est un phénomène physiologique chez les petits garçons qui dans la très grande
majorité des cas évoluera spontanément favorablement. Ce ne sera que sa persistance au-delà de
l’âge de 7 à 8 ans qui conduira à envisager un traitement qui sera essentiellement médical par
application de dermo-corticoïdes, la chirurgie étant réservée aux échecs de ce traitement.
Les adhérences balano-préputiales doivent être respectées, leur libération interviendra spontanément,
au plus tard en période pubertaire.
- Le testicule non descendu : il doit être identifié précocement. Un testicule non descendu à l’âge de
6 mois ne descendra plus spontanément et devra faire l’objet d’un traitement chirurgical.
En cas de testicule non palpable aucun examen d’imagerie ne permet de localiser le testicule et seule
la laparoscopie permettra de faire la différence entre une cryptorchidie haute et une atrophie
testiculaire. Des explorations biologiques ne seront réalisées que dans les formes bilatérales de
testicule non palpables affin d’évaluer la présence d’une sécrétion de testostérone.
Le testicule oscillant ne nécessite aucun traitement car il migrera spontanément dans la bourse.
Le risque de stérilité est très faible dans les formes unilatérales mais il atteint 50% dans les formes
bilatérales
- Douleurs scrotales aiguës
- la démarche diagnostique est fonction de l’âge
-chez le nourrisson le premier diagnostic à évoquer est la hernie inguinale étranglée qui nécessite une
réduction en urgence
-chez l’adolescent il faut toujours craindre une torsion du testicule devant une douleur testiculaire
d’apparition soudaine avec un testicule douloureux à la palpation. Seule une détorsion chirurgicale de
toute urgence dans les 6 premières heures permet de préserver la vitalité du testicule. Aucun examen
complémentaire ne doit venir retarder la prise en charge chirurgicale.