La balance commerciale et la balance des opérations courantes

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La balance commerciale et la balance des opérations courantes
La balance commerciale et la balance des opérations courantes
Dans les chapitres précédents, nous avons eu l’occasion d’exposer l’importance primordiale
du commerce extérieur aussi bien pour une petite économie ouverte comme la Belgique que
pour l’ensemble des pays de l’Union européenne. Un pays ne peut pas se contenter d’importer
sans exporter : ses importations doivent être payées, et très généralement elles seront payées
en tout ou en partie par les exportations. C’est ce que mesure la balance commerciale : la
différence entre les exportations et les importations de biens et services. Lorsque les
exportations excédent les importations, on parlera de solde positif de la balance commerciale ;
lorsqu’au contraire ce sont les importations qui sont supérieures, on aura un solde déficitaire.
Il n’y a pas que les marchandises qui fassent l’objet d’échanges internationaux : des
travailleurs belges vont travailler quotidiennement au Luxembourg, la Commission
européenne finance des programmes de formation pour demandeurs d’emploi, les fonds de
pension qui ont acquis des actions d’entreprises belges reçoivent des dividendes. Ce sont les
opérations de transferts et de mouvements de revenus. Ajoutées aux opérations de la balance
commerciale, elles définissent la balance des opérations courantes. Nous détaillerons ensuite
la contrepartie des comptes courants et de capital, le compte des opérations financières pour
nous intéresser dans la foulée aux stocks engendrés par ce dernier compte : la position
extérieure globale. Enfin la notion d’endettement extérieur sera comparée à celle de position
extérieure globale.
1. LA BALANCE COMMERCIALE
Les opérations peuvent être comptabilisées sur base de caisse, lorsque les paiements ont été
effectifs. En revanche, si on enregistre l’opération lorsque le transfert de propriété a eu lieu,
on parlera de balance sur la base des transactions :
–
un achat ou une vente de marchandises doivent être enregistrés dès qu’intervient le
transfert de propriété entre résidents et non-résidents ;
– un achat ou une vente de services doivent apparaître au moment où le service est
rendu, le voyage effectué, la prime d’assurance ou l’intérêt échu, quelles que soient les
dates de paiement effectif.
Pour les services, les opérations sont généralement enregistrées au moment de leur paiement
effectif, c’est-à-dire sur base de caisse.
1.1.
Les opérations sur marchandises
Les échanges internationaux de marchandises sont classifiés selon la CTCI qui permet de
classifier l’ensemble des opérations. Cette classification peut-être déclinée selon plusieurs
niveaux (1, 2, 3 ou 4 niveaux), définissant à chaque fois une catégorie plus précise de
produits.
Les opérations d’exportations sont comptabilisées «free on board» (FOB), c’est-à-dire
incluant les frais de transport jusqu’à la frontière du pays exportateur. Les importations sont
comptabilisées «cost insurance freight» (CIF), c’est-à-dire incluant les frais de transport et
d’assurance jusqu’au port de destination ou jusqu’à la frontière du pays importateur. Comme
au niveau mondial les exportations sont nécessairement égales aux importations (les
exportations des uns sont les importations des autres), il faut nécessairement que les deux
types d’opérations soient enregistrés de la même façon dans la balance commerciale. On
transforme donc les valeurs CIF des importations en valeurs FOB, en imputant aux postes
services la partie du prix des importations constituée par les frais de transports et d’assurance.
De cette façon, l’équilibre est assuré au niveau de la balance des paiements.
Les opérations sur marchandises sont de trois types :
–
–
–
1.2.
les marchandises ;
le travail à façon : ce sont les opérations qui donnent lieu à des opérations de
transformation d’un produit exporté vers un autre pays, sans qu’il y ait transfert de
propriété ; la marchandise reste la propriété du pays exportateur et y revient après
transformation. Ce qui sera finalement enregistré dans la balance commerciale, ce sera
la valeur ajoutée créée dans le pays importateur ;
les réparations : ici également, la distinction est opérée sur la base du non-transfert de
propriété. En Belgique, en 2009, les opérations sur marchandises représentaient 94%
des opérations sur biens ; le travail à façon, 5% ; le pour cent restant étant constitué
par les opérations de réparation et les achats de biens dans les ports («free tax !»).
Les opérations sur services
Elles représentaient en 2009, en Belgique, 25% environ des opérations d’exportations et
d’importations de la balance commerciale et 153% environ du solde positif de cette même
balance. Les différents postes selon lesquels les opérations sur services sont enregistrées
figurent dans le tableau 65.
Tableau 65
Balance des opérations courantes-Belgique-2009
2009
1. Total des opérations courantes sur la base des transactions
Biens et services
Biens
Marchandises générales
Travail à façon
Réparation de biens
Achats de biens dans les ports
Or non monétaire
Services
Transports
Voyages
Communications
Construction
Assurances
Services financiers
Services d’informatique et d’information
Redevances et droits de licence
Autres services aux entreprises
Négoce international (net)
Services personnels, culturels et relatifs aux loisirs
Service fournis ou reçus par les pouvoirs publics, non compris ailleurs
Revenus
Rémunération des salariés
Revenus des placements et d’investissements
Transferts courants
Pouvoirs publics
Autres secteurs
2 Total des opérations en capital
Transferts de capital
Acquisitions et cessions d’actifs non financiers
3 Prêt net au reste du monde (1+2)
Source :ICN.
crédits
297 785
239 595
180 801
169 857
8 436
457
1 488
564
58 793
15 262
7 146
2 778
1 059
900
2 217
3 011
1 669
21 961
3 966
424
1 584
50 908
7 385
43 521
7 283
1 797
5 486
Débits
294 926
235 566
182 941
175 559
6 044
145
767
424
52 626
12 899
12 863
2 260
652
792
1 481
2 143
1 545
16 288
0
489
204
45 648
2 524
43 125
13 712
6 625
7 085
Soldes
2 857
4 029
-2 138
-5 701
2 390
312
720
138
6 165
2 364
-5 717
519
404
109
735
869
127
5 673
3 966
-64
1 379
5 258
4 861
401
-6 428
-4 828
-1 600
-1 262
-396
-868
1595
postes les plus importants sont le transport, les voyages et les autres services aux entreprises,
du point de vue tant des importations que des exportations. Les transports à eux seuls
comptent pour 25% du total (X et M). Les voyages représentent les dépenses de tourisme,
mais également les dépenses de voyage non touristiques, tels que les déplacements
internationaux liés à l’activité professionnelle. Sans surprise, le solde de ce poste est négatif.
La Belgique est importatrice de déplacements touristiques ou professionnels (il ne s’agit pas
ici des dépenses de transport qui sont comptabilisées dans le poste transport).
Du point de vue du solde global sur les services, les opérations de transport sont positives, de
même, et surtout, les services aux entreprises. Le solde positif global des services est
équivalent au seul solde des opérations de services aux entreprises. L’importance du solde
négatif des voyages représente, en valeur absolue, 93% du solde positif global des services.
Les opérations sur services restent donc largement inférieures aux opérations sur
marchandises, à l’inverse de la part des services dans la valeur ajoutée, qui pèsent plus de
70% du PIB. On peut supposer cependant que la part des services dans la balance
commerciale va s’étendre, dans la mesure où la libéralisation des échanges au niveau
international porte également sur les services. La directive dite Bolkestein, adoptée au
Parlement européen en février 2006, en définit les modalités. Celle-ci a cependant donné lieu
à des débats intenses au sein du Parlement comme en dehors. La proposition de directive
adoptée par les députés européens a amendé de façon importante la proposition initiale qui
étendait considérablement les possibilités d’exportations ou d’importations de services dans
l’Union européenne. Les débats opposèrent notamment les partisans d’une libéralisation
extensive – incluant les prestations de services comme l’enseignement de base, les prestations
de santé, certains services publics – aux partisans d’une extension des échanges – préservant à
la fois les droits sociaux et la prestation garantie de services de qualité en matière
d’enseignement, de santé. Les oppositions portèrent également sur la question du «pays
d’origine» : les salariés d’un pays Y venant prester des services dans un pays X allaient-ils se
voir appliquer les conditions salariales et de protection sociale du pays d’accueil ou celles du
pays d’origine ? La crainte de certains députés étant celle d’un dumping social et salarial.
Par ailleurs, une partie importante des activités de services reste relativement abritée de la
concurrence internationale : services publics, santé publique, construction, commerce de
détail. Les échanges commerciaux devraient rester dominés largement par le commerce de
biens. Cette prédominance justifie l’attention particulière que l’on porte à l’industrie
manufacturière alors que son poids dans le PIB est devenu relativement faible. L’évolution
positive ou négative des exportations belges dépend, en ce qui concerne les facteurs intérieurs
d’évolution, de la situation dans le secteur manufacturier.
2. LA BALANCE DES OPERATIONS COURANTES
Outre les opérations sur biens et services (la balance commerciale), la balance des opérations
courantes enregistre les mouvements de revenus et de transfert.
2.1. Les revenus
Pour passer de la notion de PIB à celle de PNB ou de RNB, nous avions dû tenir compte des
rémunérations dues au reste du monde ou reçues du reste du monde. Ces mouvements de
revenus doivent être pris en compte dans la balance des paiements. Au crédit de la balance des
opérations courantes, on inscrira les entrées de revenus, revenus du travail et revenus de la
propriété et au débit les sorties. Les flux entrants de revenus sont donc comparables à des
exportations et les flux sortants, à des importations. Les revenus du travail enregistrés dans la
balance des paiements sont les rémunérations versées soit par des employeurs non résidents à
des résidents, soit par des employeurs résidents à des non-résidents. Les revenus de la
propriété, ou revenus des investissements, peuvent être décomposés en revenus des
investissements directs, des investissements de portefeuille ou provenant d’autres types
d’investissements (investissement s’entend ici au sens financier et non au sens de la formation
brute de capital fixe). Si du point de vue des soldes de ces deux postes, revenus du travail et
revenus des placements et d’investissements, les montants en 2009 dans la balance des
paiement belges étaient de l’ordre de 4 milliards d’€ et de 401 millions d’€ respectivement,
les mouvements de revenus d’investissement sont bien plus importants : 43,5 milliards au
crédit (ce sont les revenus perçus par des résidents belges, ménages, entreprises ou
administrations publiques) et 43,1 milliards d’€ au débit (constitués par le versement à des
non-résidents des revenus de placement effectués en Belgique par ces non-résidents). Les
mouvements relatifs aux revenus du travail sont nettement plus limités : 7,4 milliards au
crédit et 2,5 milliards d’€ au débit.
2.2. Les transferts
Les transferts reçus du reste du monde, par exemple provenant de la Commission européenne
au titre de l’aide aux régions en retard de développement, ou au titre des subventions versées
au secteur agricole, seront enregistrés au crédit de la balance des opérations courantes, alors
que la cotisation de la Belgique au budget européen s’inscrira au débit. Le versement de
pensions de retraite à des retraités ayant exercé tout ou partie de leur activité en Belgique et
non-résidents viendra également s’inscrire au débit. Chaque fois qu’un retraité belge décide
de s’installer dans les contrées méridionales, il gonfle le poste de débit de la balance des
opérations courantes. Les subventions et les dons divers versés ou reçus par les pouvoirs
publics seront également comptabilisés dans la rubrique «administrations publiques» du poste
revenus de la balance courante, toujours selon le même principe : au crédit les opérations qui
constituent une entrée de devises, au débit celles qui se traduisent par une sortie de devises.
Les transferts opérés par d’autres unités institutionnelles, comme les ménages, seront
enregistrés de la même façon : lorsqu’un salarié d’origine étrangère résidant en Belgique
réexpédie une partie de son salaire à sa famille restée au pays, cela s’inscrira au débit.
2.3. La balance des opérations commerciales de l’Eurozone et des Etats-Unis
Les Etats-Unis avaient en 2009 un déficit commercial colossal : -374 909 millions de $, alors
que l’Eurozone avait en 2009 un excédent de la balance commerciale se montant à 99 393
millions de $. Le déficit commercial des Etats- Unis est en croissance rapide depuis 1997, une
croissance due essentiellement à celle des importations de biens, qui sont passées de 876
milliards de $ à 1 475 milliards de $ en 2009 (tableau 66). Le Japon a, en revanche, un solde
positif de 22 881 millions de $ pour la même année 2009.
Tableau 66
Balance commerciale de l’eurozone et des Etats-Unis – 2009
EUROZONE
En millions de $
Etats-Unis
En millions de $
Marchandises
Services
Marchandises
Services
Crédit
1 793 944
651 539
1 068 500
502 298
Débit
1 739 253
608 196
1 575 444
370 262
Solde
54 691
44 702
-506 944
132 035
Source : OCDE
Les Etats‐Unis importent 50% de marchandises en plus qu’il n’en exportent. Ce déficit important en valeur absolue l’est aussi lorsqu’on l’exprime en pourcentage du PIB. Le graphique suivant, extrait de Predrag Petrović, M.A.( 2008) i, montre que ce ratio est parmi les plus bas de pays à développement économique comparable. Pedrag Petrovic montre également que l’origine du déficit réside dans la faiblesse des exportations plus que dans l’importance des importations. Plusieurs études ont tenté de mesurer l’impact du déficit commercial US sur l’emploi aux Etats‐Unis. Elles estiment que le déficit commercial n’a pas eu d’impact négative sur l’emploi et le chômage aux Etats‐Unis, malgré le déplacement d’activités que cela a pu engendrer, notamment dans les transfert d’activités vers le Mexique, dans le cadre de l’ALENA. Au niveau plus fin, de certains secteurs d’activités, il est cependant évident que le fait que bon nombre de produits manufacturés consommés aux Etats‐Unis sont importés a eu des répercussions sur l’emploi dans les secteurs de production aux Etats‐Unis assurant ce type de production. Graphe : Balance commerciale en % du PIB Ce déficit commercial important a des conséquences importantes qui seront discutées lorsque nous aborderons le cdompte financier et discuterons de l’équilibre général de la balance des payements. 3. LE COMPTE DE CAPITAL
Le compte de capital enregistre :
– des opérations de subventions et de dons pour financement d’investissements : il s’agit
par exemple des subventions versées par le gouvernement néerlandais au
gouvernement belge dans le cadre des travaux du TGV ;
–
les biens meubles et immeubles, transférés par les migrants lors de leurs changements
de résidence ;
–
les acquisitions ou cessions d’actifs non financiers non produits : il s’agit par exemple
des brevets et licences, des droits d’auteur ;
–
les remises de dette.
Les opérations de capital restent très limitées et leur poids, au crédit comme au débit, est très
faible.
4. LE COMPTE DES OPERATIONS FINANCIERES
Le compte des opérations financières constitue la contrepartie des opérations enregistrées
dans la balance des opérations courantes et des opérations en capital. Au crédit de la balance
des opérations courantes et de capital apparaissent toutes les transactions qui donnent lieu à
des recettes, au débit toutes celles qui constituent des dépenses.
Un excédent du compte de la balance courante signifie que les Belges ont reçu du reste du
monde plus qu’ils n’ont payé ou transféré. Une augmentation du compte courant a donc
comme conséquence une augmentation des avoirs dans le compte financier : celle-ci sera
enregistrée au débit de la balance des opérations financières et constitue la contrepartie de
l’excédent. A l’opposé, un solde négatif du compte des transactions courantes et du compte de
capital entraîne une augmentation des engagements dans le compte financier : elle apparaîtra
au crédit de la balance des opérations financières. Ces inscriptions peuvent sembler étranges
puisqu’une augmentation des actifs est enregistrée au débit. Cependant, il faut garder à
l’esprit que la balance des paiements enregistre des transactions monétaires, opérées en
devises. Un actif étranger acheté par un résident belge devra être payé à l’ancien propriétaire
en devises. Il y aura donc une sortie de devises ; tout comme le paiement d’une importation
donnait lieu à une sortie de devises.
4.1. Les investissements directs
Ils désignent l’opération effectuée par un investisseur afin d’acquérir, d’accroître ou de
liquider un intérêt durable dans une entreprise et de détenir (ou de liquider) une influence dans
sa gestion ou la capacité de l’exercer. Par convention, une relation d’investissement direct est
supposée dès qu’un investisseur détient au moins 10% du capital social de l’entreprise
investie. Si l’investissement réalisé est inférieur à ces 10%, on considère l’opération comme
un investissement de portefeuille.
Tableau 67
Inscription des investissements directs dans la balance des opérations financières
Investissements directs de la Belgique à
l’étranger
débit
Augmentation des avoirs =
augmentation des
investissements directs de
résidents belges à l’étranger.
crédit
Diminution des avoirs =
diminution des investissements
directs de résidents belges à
l’étranger
Investissements directs de l’étranger en
Belgique
crédit
Augmentation des engagements =
augmentation des investissements
directs étrangers en Belgique
débit
Diminution des engagements =
diminution des investissements
directs étrangers en Belgique
Les investissements directs belges à l’étranger constituent des créances sur les entreprises non
résidentes. En effet, en participant à leur capital l’investisseur résident avance des fonds à
l’entreprise.
Du point de vue de l’inscription dans la balance des paiements, une augmentation des avoirs,
c’est-à-dire des investissements directs de la Belgique à l’étranger sera inscrite au débit, alors
qu’une diminution des avoirs, c’est-à-dire lorsque la Belgique désinvestit, sera inscrite au
crédit. Inversement, une augmentation des investissements directs étrangers en Belgique sera
affectée d’un signe positif : elle ira s’inscrire au crédit. Une diminution de ces engagements,
c’est-à-dire lorsque les non-résidents retirent des investissements, sera quant à elle enregistrée
avec un signe négatif (tableau 67).
4.2. Les investissements directs étrangers
Ces mouvements sont importants du point de vue de la balance des paiements mais également
lorsqu’on s’intéresse aux transferts d’activité d’un pays ou d’une zone économique à un(e)
autre. En effet, l’intensité des investissements directs, mesurée comme le rapport de la
moyenne des investissements directs étrangers (IDE) au PIB, est un indicateur permettant
d’évaluer l’intensité des délocalisations ou relocalisations. Le graphe 87 montre que des pays
comme la Belgique, le Luxembourg, la Bulgarie, la Suède et Chypre ont une forte intensité
d’IDE.
Graphe 87
Intensité * des investissements directs étrangers (en % du PIB) en 2008
234
250
200
150
100
50
2.2 2.2 2.3
22.1
10.3 2.9 2.4 2.4 6.3
1 4.7 5.2 1.3
15.6
7.2 4.7
1.7 6.9 0.7 5.2 1.6 1.2 3.5 3 1.9
2.2 2.3
Source : Eurostat
* Représentée par la moyenne des flux d’investissements directs étrangers sortants et entrants
divisée par le PIB (produit intérieur brut), le tout multiplié par 100.
Les délocalisations
macroéconomique.
d’entreprises
ne
sont
pas
aisément
identifiables
au
plan
En effet, pour qu’il y ait délocalisation au sens où on l’entend généralement, il faut qu’il y ait
simultanément, ou du moins dans un intervalle de temps relativement court :
–
–
fermeture d’un site d’exploitation, d’un département d’une entreprise ;
transfert de la production vers un autre site d’exploitation de la même entreprise, dans
une autre entité économique (région, pays d’une même zone économique, d’une autre
zone économique. Ce transfert peut être réalisé dans le cadre d’installations existantes
ou donner lieu à des investissements nouveaux, avec éventuellement création de
nouveaux sites d’exploitation.
Statistiquement, il est difficile d’identifier à quelles opérations de fermeture sont associées
des opérations de transfert de production dans un autre site de la même entreprise. Faute
d’un outil statistique ad hoc, il n’est dès lors possible que d’approcher les délocalisations
de manière imparfaite et partielle en utilisant certains indicateurs, dont les IDE, du moins
lorsque ceux-ci sont des IDE verticaux ou de délocalisation : «lorsque les firmes
s’intègrent dans une perspective de division internationale des processus de production»1.
Le tableau 68 montre par ailleurs que les IDE sont fortement concentrés autour des
principaux partenaires commerciaux de chacun des pays investisseurs.
1
Dupuch, S. et Milan, Chr., Les déterminants des investissements directs européens dans les PECO, Paris, Working paper CEPN (Centre
d’économie de l’Université de Paris Nord), 2003-07, p. 3. UK
SE
‐0.7
FI
SK
SI
PT
RO
PL
AT
NL
MT
HU
LU
LT
LV
CY
IT
FR
ES
EL
‐1.2
IE
EE
DE
DK
CZ
BG
BE
UE(15 pays)
UE(25 pays)
‐50
UE(27 pays)
0
Tableau 68
Principaux bénéficiaires des IDE entre 2006 et 2008 parmi les pays de l’Union
européenne
Autriche
République-tchèque
Danemark
Finlande
France
Allemagne
Grèce
Hongrie
Irlande
Italie
Pays-Bas
Pologne
Portugal
Slovaquie
Espagne
Suède
Royaume-Uni
Luxembourg
Espagne
Suède
Principaux bénéficiaires
Pays-Bas, Royaume-Uni
Allemagne, Pays-Bas
Luxembourg, Suède et Royaume-Uni
Suède et Danemark
Pays-Bas, Luxembourg
France, Pays-Bas et Luxembourg
France, Luxembourg et Allemagne
Allemagne, Espagne et Luxembourg
Suède, Pays-Bas et Royaume-Uni
Luxembourg, Luxembourg
Belgique, Royaume-Uni et Luxembourg
Luxembourg, Allemagne et Pays-Bas
Espagne, Pays-Bas
Italie, Tchéquie et Allemagne
Pays-Bas, Italie et Royaume-Uni
Luxembourg, Allemagne
Espagne, Allemagne et Pays-Bas
Pays-Bas, Royaume-Uni
Pays-Bas, Italie et Royaume-Uni
Royaume-Uni, Allemagne
Source : Base de données de l’OCDE sur les investissements directs internationaux par pays, contenant des entrées des flux
d’investissements directs internationaux en dollars.
4.3. Les investissements de portefeuille
Il s’agit des opérations sur titres (à l’exception des titres représentatifs d’investissements
directs) effectuées par des résidents avec des non-résidents. Il peut s’agir de titres
nouvellement émis mais aussi d’achats et de ventes sur le marché secondaire. Les achats
seront enregistrés au débit, équivalant à une sortie de devises : les biens doivent être payés.
Les investissements de portefeuille, comme les IDE, peuvent être très fluctuants.
4.4. Autres investissements
Il s’agit de tous les flux financiers qui ne sont ni des IDE, ni des investissements de
portefeuille, ni des avoirs de réserve, ni des produits financiers dérivés.
Au poste des avoirs, c’est-à-dire au débit de la balance, on enregistrera les crédits
commerciaux accordés aux non-résidents, les prêts des autorités publiques, des autorités
monétaires et des IFM (institutions financières et monétaires).
4.5. Les produits financiers dérivés
Il s’agit d’un ensemble de transactions aux contours mal définis : primes sur options, gains ou
pertes sur les opérations sur le marché à terme.
4.6. Les avoirs de réserve
Les avoirs de réserve sont détenus par les autorités monétaires. Ils permettent de mener la
politique de change des autorités monétaires. Ils constituent une partie des actifs des banques
centrales. Ce qu’enregistre la balance des opérations financières, ce sont les variations,
positives ou négatives, du stock d’avoirs de réserve.
Les différents éléments qui les composent sont :
– les variations des avoirs en or de la banque centrale ;
– les variations des droits de tirages spéciaux : au débit seront inscrits les DTS acquis,
au crédit (augmentation des avoirs) seront inscrites les utilisations de droits de tirage
spéciaux (diminution des avoirs). Les DTS sont des possibilités de crédit auprès du
Fonds monétaire international (FMI). Les variations de réserve auprès du FMI sont
également comptabilisées ;
– la variation réelle des avoirs en devises de la banque centrale : une inscription au
crédit correspond à une diminution des avoirs, une inscription au débit à une
augmentation.
5. ERREURS ET OMISSIONS NETTES
Les inscriptions dans la balance des paiements ne sont pas basées sur une récolte exhaustive
des données. Il est souvent nécessaire de recourir à des estimations sur la base d’un
échantillon. Ainsi, avant la suppression des frontières dans le cadre de l’achèvement du
marché intérieur de l’Union européenne, les statistiques du commerce extérieur de la Belgique
et du Luxembourg étaient basées sur les déclarations en douane, comme c’était le cas pour
l’ensemble des pays européens. Avec la suppression de ces déclarations en douane, les
statistiques du commerce extérieur sont actuellement basées sur des enquêtes régulières
réalisées auprès des entreprises. Ces enquêtes sont très rigoureuses et régulières (les
statistiques du commerce extérieur et de la balance des paiements sont mensuelles), mais des
écarts entre le débit et le crédit existent nécessairement. Il est donc indispensbale de corriger
les données pour aboutir à un solde nul de la balance des paiements.
6. PRET (EMPRUNT) NET AU RESTE DU MONDE
Lorsque la balance des opérations courantes plus la balance des opérations en capital est
positive, cela signifie que le pays (ou la zone économique) prête au reste du monde. Ce prêt
viendra s’ajouter à ses actifs enregistrés dans la position extérieure. Au contraire, en cas de
balance courante et de capital négative, le pays sera emprunteur au reste du monde et cela
viendra s’ajouter aux engagements extérieurs et alourdir, le cas échéant, la dette extérieure.
7. LA POSITION EXTERIEURE ET L’ENDETTEMENT EXTERIEUR
Le compte des opérations financières est la contrepartie de la balance des opérations courantes
et du compte de capital. Il comptabilise des flux financiers : investissements directs,
investissements de portefeuille, acquisition de produits financiers autres, mouvements des
avoirs de réserve.
La position extérieure a pour objectif de retracer l’ensemble des créances et des engagements
des résidents vis-à-vis des non-résidents. Elle comptabilise des stocks : dette vis-à-vis du reste
du monde ou créances sur le reste du monde, stock des avoirs de réserve, réserve en devises,
participations directes dans des entreprises non résidentes, actifs financiers, participations
étrangères dans des entreprises résidentes, obligations des résidents détenues par des nonrésidents… En d’autres mots, la position extérieure d’un pays nous indique si un pays est
débiteur net vis-à-vis du reste du monde ou si un pays est créditeur net.
Les composantes de la position extérieure sont les stocks correspondant à l’accumulation des
flux enregistrés dans le compte des opérations financières.
On y retrouvera donc :
– les investissements directs,
– les investissements de portefeuille,
– les autres investissements,
– les avoirs de réserve.
Le tableau 69 reprend pour les années 2007 à 2009 la position extérieure globale de la
Belgique.
Tableau 69
Position extérieure globale de la Belgique – Milliards d’€
InvestisAutres
sements
investisTotal directs Investissements de portefeuille sements
Actions et
parts
Titres de
Total
d'OPC
créance
2002 878
2005 1317
2009 1616
214
321
531
2002 780
2005 1215
2009 1462
244
405
598
AVOIRS
335
100
470
173
539
166
ENGAGEMENTS
160
17
207
36
324
48
235
297
373
143
171
276
Avoirs de
réserves
315
14
516
10
526
17
SOLDE
376
98
603
102
540
151
Source : ICN-Belgostat
7.1. Les investissements directs
Dans le compte des opérations financières, ce sont les accroissements ou les diminutions des
participations directes dans des entreprises étrangères par des résidents ou dans des ntreprises
résidentes par des non-résidents. La position extérieure globale comptabilise les stocks, ce
sera donc le total des participations directes des résidents dans des entreprises non résidentes
et le total de celles des non-résidents dans les entreprises résidentes. Les investissements
directs se sont fortement accrus depuis 1980. C’est un bon indicateur de l’étendue de
l’internationalisation de la production, ce que l’on appelle également la mondialisation.
L’évolution du stock d’investissements directs étrangers sortants (IDE des résidents) et
entrants (IDE des non-résidents) est exprimée en % du PIB pour l’économie mondiale, les
pays de l’OCDE et l’Europe des 15 dans le graphe 88. Pour l’UE-15, le stock d’IDE sortant
augmente de 7,4 % à 17,4 % et les entrées de 6,4 % à 14,8 %. Pour l’OCDE et le Monde en
général, il y a également une hausse du stock des IDE.
Le discours commun relatif aux cas de délocalisation ou d’outsourcing fait le plus
généralement référence aux différentiels de coûts, et au tout premier plan de coûts salariaux.
Les résultats des différentes études, à la fois sur les choix de localisation et sur les
investissements directs étrangers, relativisent le poids du facteur coût salarial. Si dans
plusieurs études portant soit sur l’intensité des IDE, soit sur le choix des localisations ou
encore sur l’évolution de l’emploi, le coût salarial apparaît comme un facteur influençant la
localisation et l’emploi, ce n’est ni le seul ni le facteur déterminant (lorsqu’elles sont
significatives, les élasticités sont faibles).
Graphe 88
Evolution du stock des investissements directs étrangers en % du PIB entre 1980 et 1995
pour l’UE-15, l’OCDE et le Monde en général
Source : Barrell R. and Pain N., «Foreign Direct Investment, Technological Change, and Economic Growth within Europe»,
The Economic Journal, 107/445, November 1997, p. 1770-1786.
Les études relatives aux décisions de localisation ou d’investissements étrangers sont les plus
nombreuses2. Elles ont permis de dégager l’effet significatif des facteurs suivants (selon les
études) :
-
le PIB du pays (il doit être assez important) ;
les pays dont les économies sont proches (PIB proches) ;
la proximité géographique entre les deux pays ou régions ;
le faible coût de la main-d’oeuvre ;
l’intensité en R-D (innovation) ;
une infrastructure de qualité ;
un bon environnement économique (un faible taux de chômage, par exemple) ;
la productivité du travail ;
la stabilité de la monnaie et du taux de change ;
l’agglomération ;
les différentiels de niveau de qualification de la main-d’oeuvre.
Résultant de diverses études, utilisant des données, périodes et pays différents, il n’est pas
possible cependant de les hiérarchiser. Les études montrent par ailleurs que les effets sur
l’emploi des IDE, et donc des délocalisations, sont fort variables selon les différentes
dimensions des IDE : pays de destination, proximité géographique, différentiels de niveau des
qualifications de la main-d’oeuvre, différentiel de revenu. Les études sur les effets du NAFTA
dans le secteur automobile américain ont montré que si effectivement il y a eu transfert de
2
Louis, C., Plasman, R., Impact des délocalisations en Europe, rapport pour Alain Hutchinson, Parlement européen, miméo, DULBEA,
2005. production et d’assemblage vers le Mexique, l’accroissement de la production des composants
automobiles s’est traduit par une augmentation de la production du secteur, ou des salaires et
de l’emploi aux Etats-Unis, mais dans d’autres types de produits comme les composants
automobiles. En outre, l’accroissement d’activité au Mexique a exercé un effet positif sur
l’économie des zones US proches du Mexique.
D’autres études, comparant les situations américaine, allemande et suédoise ont montré
l’impact différencié des IDE sur l’emploi, notamment du point de vue de la structure de
l’emploi sous l’angle de la qualification ou du type d’activité ou d’intensité en R-D.
L’élargissement, le développement du marché intérieur conduisent à des restructurations
importantes de l’appareil productif, allant notamment dans le sens d’une spécialisation accrue
des économies nationales. Que ces restructurations résultent de délocalisations au sens propre
(transfert direct de production d’un pays vers un autre) ou d’un processus indirect (fermeture,
restructurations internes, disparition progressive de certaines progressions) n’a finalement pas
beaucoup d’importance, dans la mesure où les conséquences négatives sont relativement
semblables. Même à supposer qu’à long terme le niveau global de l’emploi n’est pas affecté
négativement, ni pour l’ensemble de la zone économique ni au sein des différentes économies
nationales, les changements de production, biens et services, se traduisent par des
changements dans les métiers, compétences et qualifications exigées, avec le risque d’une
différentiation accrue entre les gagnants et les perdants de l’intégration.
7.2. Les investissements de portefeuille
Ce sont les placements ou emprunts de long terme des résidents dans des actifs financiers de
long terme émis par des non-résidents et, inversement, les placements effectués par des nonrésidents dans des actifs financiers de long terme émis par des résidents : institutions
bancaires et financières, pouvoirs publics (émission d’obligations d’Etat…). C’est dans ce
poste, au niveau des engagements, que l’on retrouvera notamment la partie de la dette
publique d’un pays qui est logée à l’étranger. Pour la Belgique, en 2009, ces engagements des
autorités publiques s’élevaient à 215 millions d’euros (109 milliards d’€) sur un total des
engagements du poste investissements de portefeuille de 260 milliards de $ (324 milliards
d’€), soit 66 % du poste et 10% du total des engagements3.
7.3. Autres investissements
Ils se distinguent des deux précédents par le fait que ce sont des avoirs ou des engagements de
court terme. Figurent dans ce poste les prêts consentis par les institutions financières et
bancaires résidentes vers des non-résidents et inversement. Les crédits commerciaux, qui sont
octroyés dans le cadre des opérations d’exportations et d’importations de biens et services,
sont également repris dans ce poste. Dans le cas de la Belgique, du point de vue des
engagements, ce sont les dettes auprès des institutions financières et monétaires et les dépôts
bancaires des non-résidents qui constituent près de 90% du poste «Autres investissements».
Du point de vue des actifs, le poids de ces deux postes est similaire mais ce sont les prêts des
institutions financières et monétaires aux non-résidents qui prédominent, avec 75% du poste.
Au niveau de la zone euro, au niveau des engagements, 94 % sont constitués par les emprunts
auprès des institutions financières et monétaires et au niveau des actifs, 80%3.
7.4. Avoirs de réserves
3
Chiffres valables pour 2004, source : FMI, Statistiques de la balance des paiements
Il s’agit des réserves à la disposition des autorités monétaires pour mener leur politique
monétaire. On retrouve dans ce poste l’or monétaire, le stock de devises étrangères détenu par
la Banque centrale, mais également les droits de tirage spéciaux auprès du FMI et les
positions de réserve auprès du FMI. Ces avoirs de réserve sont nécessairement uniquement
des avoirs et non des engagements. On ne les retrouvera donc que du côté des actifs de la
position extérieure globale et non du côté des engagements. Les avoirs de réserve de la
Belgique en 2009 s’élevaient à 14 milliards de $ (17 milliards d’€), soit 1% des avoirs totaux.
Pour la zone euro, les réserves constituent 3,2% des avoirs totaux. Ce poids plus important est
logique puisque c’est la Banque centrale européenne qui mène la politique monétaire de la
zone euro. Ses avoirs de réserve ont une importance que n’ont plus les réserves des banques
centrales nationales.
8. POSITION EXTERIEURE GLOBALE ET ENDETTEMENT EXTERIEUR
L’importance de la dette extérieure pour certains pays, principalement les pays en
développement, est souvent évoquée. La dette extérieure ne constitue pas une composante
distincte de la PEG, mais elle peut être calculée par addition des composantes de la PEG
autres que le capital social (c’est-à-dire tous les engagements autres que les titres de
participation et le capital social correspondant aux IDE et les dérivés financiers). Le tableau
70 reprend pour quelques pays en développement ou bénéficiant de l’aide internationale le
montant de leur dette et son poids par rapport au PIB. On constate le poids énorme de cette
dette extérieure qui atteint plus de 150% du PIB au Zimbabwe, en République démocratique
du Congo, au Mozambique, en Argentine. Les pays à plus faible niveau de développement,
ainsi que les pays d’Amérique latine et des Caraïbes sont très endettés vis-à-vis du reste du
monde. Le remboursement de cette dette extérieure est particulièrement dramatique pour les
pays à plus faible revenu et ceci d’autant plus que la part de la dette exigible à moins d’un an
peut atteindre jusqu’à 30% du total de la dette. C’est le cas des pays d’Asie de l’Est et du
pacifique. C’est la raison pour laquelle certains économistes ont proposé diverses solutions
pour alléger le poids de la dette des pays en développement, notamment par le biais de
l’introduction d’une taxe sur les transactions financières internationales, la taxe Tobin4.
4
Voir à ce sujet le site http://Attac.org.
Tableau 70
Dette extérieure en millions de dollars US et en % du PIB
Algérie
Argentine
Bangladesh
Brésil
Congo
Congo (République démocratique du)
République Dominicaine
Egypte
Inde
Indonésie
Mozambique
Pérou
Turquie
Viet Nam
Zimbabwe (2005)
Pays en développement
Afrique sub-saharienne
Afrique du Nord et moyen orient
Amérique latine et Caraïbes
Asie de l’Est et Pacifique
Europe et Asie centrale
Asie du Sud
Pays à faible revenu
Pays à revenu moyen
Total en millions de $ Dette extérieure PIB
5 475
3%
128 286
39%
23 644
30%
255 614
16%
5 484
51%
12 198
104%
303
81%
32 316
20%
230 611
19%
150 851
30%
3 432
35%
28 554
22%
277 277
38%
26 158
29%
5 292
124%
3 718 539
22%
195 699
21%
131 545
15%
894 367
22%
771 628
14%
1 398 989
37%
326 311
21%
168 325
31%
3 550 214
22%
Sources :BM, FMI
i
Predrag Petrović, M.A.(2008) CHARACTERISTICS
OF THE U.S. FOREIGN TRADE, Megatrend Review, vol. 5 (1) 2008