Feuillets du département des AGER - Céramique grecque
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Feuillets du département des AGER - Céramique grecque
Département des Antiquités grecques, étrusques et romaines CÉRAMIQUE GRECQUE SOMMAIRE La fabrication des vases antiques …………………………………............................................................................ 4 Formes et usages des vases grecs ………….…..…………………………………………………………..…………………………….. 6 Euphronios, le peintre de vases .………………………………………………………………..……………………………………….... 8 John Davidson Beazley et l’analyse scientifique des vases grecs ……………………………………………………….... 10 Chronologie de la céramique grecque I (6500‐530 av. JC) ………………………...………………………………………... 12 Chronologie de la céramique grecque II (530‐31 av. JC) ……………………….……………………………………………… 14 Les rites funéraires grecs à travers la céramique …………………………………………………………………………………. 16 La céramique à figures rouges hors d’Athènes ……………………………………………………………………………………. 18 Les scènes cultuelles, rites sacrificiels en Grèce antique ……………………………………………………………………… 20 La musique dans la céramique grecque ………………………………………………………………………………………………. 22 Le sport dans la Grèce antique ……………………………………………………………………………………………………………. 24 La guerre de Troie ……………………………………………………………………………..………………………………………………… 26 L’univers du banquet …………………………………………………………………………………………………………………………… 28 Le monde de Dionysos ……………………………………………………………………………………………………..…………………. 30 Armement et combat ………………………………………………………………………………………………………………………….. 32 La représentation de l’amour sur les vases grecs ……………………………………………………………………………….. 34 Le dinos attique à figures noires dit « dinos du Peintre de la Gorgone » …………………………………………….. 36 Crimes et châtiments : punitions divines …………………………….……………………………………………………………... 38 La représentation des Olympiens sur la céramique grecque ……………………………………………………………….. 40 Les douze travaux d’Héraclès I ……………………………………………………………………………………………..…………….. 42 Les douze travaux d’Héraclès II ………………………………………………………………………………………..…………………. 44 Avertissement : Les premiers feuillets de salle ayant été édités en 1989 à l’occasion de l’ouverture de la Pyramide, il est possible que certaines informations, notamment de localisation, soient aujourd’hui obsolètes. feuillets Fiche Fr-3_21.indd 1 27/10/08 17:23:19 Fiche Fr-3_21.indd 2 27/10/08 17:23:25 feuillets Fiche Fr-3_22.indd 1 27/10/08 17:25:05 Fiche Fr-3_22.indd 2 27/10/08 17:25:12 3 La musique dans la céramique grecque 23 Français feuillets La musique dans la céramique grecque Les représentations musicales sur les vases grecs constituent une documentation extrêmement riche. Très stylisées à l’époque géométrique (VIIIe siècle avant J.-C.), elles commencent véritablement à se développer dans le style à figures noires du VIe siècle avant J.-C. et atteignent la perfection dans la céramique à figures rouges du siècle suivant. 1 L e s i n s t r u m e n t s d e m u s i qu e Myson Cratère à colonnettes attique à figures rouges, détail Aulète, vers 480 av. J.-C. 2 Successeur du Peintre de Lycurgue Stamnos apulien à figures rouges, détail Le dieu Pan, 2 e moitié du IV e siècle av. J.-C. Argile - H 0,44 m ; D 0,31 m Argile Paris, musée du Louvre - CA 1947 Paris, Bibliothèque nationale de France, cabinet des Médailles - no 949 L e s i n s t r u m e n t s à ve n t L’aulos (hautbois plutôt que flûte) est généralement double et se compose de deux chalumeaux de bois à tuyaux égaux, chacun terminé par une anche que le musicien tient enfoncée dans la bouche. Il est souvent associé à la phorbeia 1 , large bande de cuir qui enserre la tête et est percée d’un trou à hauteur des lèvres. Elle a pour fonction de limiter la déformation des joues et d’augmenter la puissance du souffle ; c’est pourquoi elle s’avère indispensable dans certaines circonstances, principalement en plein air. L’aulos est l’instrument de musique le plus représenté dans la céramique grecque, car il est celui qui joue le rôle le plus important dans la vie quotidienne. En effet, il accompagne toutes les manifestations publiques et reste l’instrument de prédilection des banquets et du monde dionysiaque. La syrinx (flûte de Pan) se présente comme un assemblage de tubes en roseau, de taille égale, dont le nombre varie entre cinq et neuf. Instrument essentiellement champêtre, on la voit dans les mains des satyres et du dieu Pan, dont elle est l’attribut 2 . Le keras (cor) et la salpinx (trompette) sont tous deux des instruments de signal - coupe G 70 (salle B, vitr. 23). Le keras, à l’origine constitué d’une corne de bovidé, peut se rencontrer dans un contexte guerrier, pastoral et même dionysiaque, tandis que la salpinx, tube droit en bronze, est surtout utilisée pour donner l’alerte dans les armées. Elle est le moins féminin des instruments de musique et n’apparaît guère qu’entre les mains des Amazones et de Nikè, déesse de la victoire. Les instruments à cordes D’une façon générale, les Grecs anciens considèrent les instruments à cordes comme plus nobles que les instruments à vent. Tandis que l’aulos s’adresse aux sens, les inflexions mélodiques de l’instrument à cordes s’adressent davantage à l’esprit. La légende du silène Marsyas illustre bien la suprématie de l’instrument à cordes sur l’instrument à vent. Elle raconte comment Marsyas, ayant ramassé l’aulos - inventé puis rejeté par la déesse Athèna parce qu’il la défigurait lorsqu’elle en jouait -, défia Apollon de produire, avec sa lyre, un son aussi beau. Apollon accepta et le mit au défi de jouer de son instrument à l’envers, comme lui-même le faisait avec sa lyre. Devant cette perfection de l’instrument à cordes, Marsyas fut déclaré vaincu et condamné à être écorché vif 3 . La phorminx - dont la caisse de résonance a la forme d’une demi-lune - est l’ancêtre de la famille. Elle figure sur les vases de l’époque géométrique puis est remplacée par la cithare en berceau qui, en raison de sa taille réduite, est surtout utilisée par les femmes et les Muses - coupes CA 482 et CA 483 (salle 43, vitr. 15). La cithare 4 se caractérise par une caisse de résonance en ébénisterie. Celle-ci, de forme trapézoïdale, se prolonge par deux bras reliés par une traverse, autour de laquelle s’enroulent les cordes, généralement au nombre de sept (chiffre sacré du dieu Apollon dont c’est l’instrument traditionnel, au même titre que la lyre). Le musicien les pince au moyen d’un plectre (pièce épaisse en os) ou simplement avec les doigts. La cithare, instrument complexe aux proportions importantes, est réservée aux virtuoses et aux professionnels. La lyre diffère de la cithare par sa petite taille et la forme de sa caisse : créée, selon la légende, à partir d’une carapace de tortue par Hermès (Hymne homérique à Hermès, v. 20-54), elle en a gardé la forme particulière, reconstituée en bois ou en ivoire. Plus simple et plus maniable que la cithare, la lyre trouve sa place en toutes circonstances entre les mains des dieux, des Muses, des héros et des hommes - L 58, CA 1587 et G 333 (salle 43, vitr. 15). Elle laisse cependant sa place au barbiton - dérivé de la lyre, aux bras très longs refermés en tenailles - dans les scènes de banquet - amphore G 30 (salle 43, vitr. 22). 3 “Suckling-Salting group” Pélikè apulienne à figures rouges, détail Victoire d’Apollon sur Marsyas, vers 400 av. J.-C. Argile Naples, Musée national - 81392 (H 3231) 4 Peintre de Berlin Amphore pseudo-panathénaïque attique à figures rouges, détail Citharède, vers 490 av. J.-C. Argile - H 0,64 m ; D 0,43 m Paris, musée du Louvre - MNE 1005 3 Plus rare sur les vases, la harpe est maniée essentiellement par les femmes et fait partie du mobilier du gynécée. Le type le plus commun et le plus en faveur est celui de la harpe en étrier ainsi nommée en raison de sa console en arc de cercle 5 . Les instruments à percussion Les instruments à percussion sont considérés, dans la Grèce antique, comme exotiques et étrangers à l’hellénisme. Les crotales sont des sortes de castagnettes constituées de deux planchettes de bois réunies par une charnière. Sur les représentations, les musiciens tiennent une paire de crotales dans chaque main. Elles accompagnent fréquemment les scènes dionysiaques et sont tenues principalement par des femmes ou des ménades - cratères CA 5950 et G 33 (salle 43, vitr. 5). Le tympanon (tambourin) se compose d’une peau tendue sur un cercle de bois dont le bord est souvent pourvu d’accessoires tels que les grelots. Il anime essentiellement les danses et les cérémonies orgiastiques - cratère en calice K 19 (salle 44, vitr. 9). Les cymbales sont plus rares sur les images et, comme les autres instruments à percussion, servent à honorer Dionysos. L a m u s i qu e d a n s l a v i e qu o t i d i e n n e La civilisation grecque est la seule à intégrer aussi étroitement la musique à toutes les circonstances de la vie. L’ é d u c a t i o n L’éducation traditionnelle est dispensée aux jeunes garçons à partir de sept ans. Elle repose sur la pratique des exercices physiques et sur l’apprentissage de la lecture, de l’écriture et de la musique - coupe MNE 961 (salle 43, vitr. 24). Cet apprentissage musical comprend, outre la pratique des instruments de musique (lyre et aulos), la lecture et la mémorisation des textes poétiques faits pour être chantés et récités. L’homme qui pratique ce type de musique au sens large, le musikos aner, constitue le modèle de l’homme cultivé dans la cité classique. “L’homme bien élevé sera capable de chanter et de danser en beauté.” (Platon, Lois, 654b.) 23 instruments de musique ainsi que les ustensiles nécessaires au mélange du vin - cratère G 354 (galerie d’étude C, vitr. 1). Le gynécée La vie des femmes se déroule essentiellement à l’intérieur du gynécée, où elles se livrent à leurs occupations habituelles, filer et tisser la laine. Mais à partir de la seconde moitié du Ve siècle avant J.-C., de nombreux vases les représentent musiciennes, chanteuses et même poétesses. Elles jouent de la lyre, de l’aulos, de la cithare en berceau et de la harpe, elles déchiffrent des partitions. Ces images attestent une certaine forme de culture chez les riches Athéniennes, même si elles sont, le plus souvent, assimilées à des Muses comme c’est le cas sur l’œnochoé G 440 (salle 43, vitr. 15) où des inscriptions identifient les jeunes femmes aux Muses Uranie, Calliope et Melpomène. La musique, en particulier celle que jouent l’aulos et les crotales, peut s’associer à la danse - G 574 et CA 1890 (salle 43, vitr. 15). Le cratère G 480 (salle 43, vitr. 15) nous montre une femme armée et entièrement nue, si ce n’est une bande sur la poitrine, dansant au son de l’aulos. Il s’agit d’une scène de pyrrhique, danse armée qui passe pour avoir été inventée par Athèna Pallas. Pratiquée par les hommes lors des Panathénées, elle est également fort prisée par les femmes qui s’y adonnent au sein du gynécée. 5 Peintre de Pélée Amphore attique à figures rouges, détail Terpsichore jouant de la harpe entre Melousa qui tient des auloi et Mousaios qui tient une lyre, vers 440 av. J.-C. Argile Londres, British Museum - E 271 Les concours L’importance des concours dans la vie civique s’explique par la mentalité agonistique des Grecs (l’agôn étant l’émulation liée à la compétition). En plus des épreuves gymniques et hippiques, certains concours proposent des épreuves musicales. C’est le cas des jeux pythiques, organisés à Delphes et des Grandes Panathénées d’Athènes. Ces jeux comprennent des épreuves d’aulos et de chant avec aulos (aulôdie) ainsi que de cithare et de chant accompagné de la cithare (citharôdie). Les Pythia se distinguent par une épreuve particulièrement prestigieuse, le nome pythique, qui consiste à réciter un hymne chantant la victoire d’Apollon sur le serpent Python. Les scènes de concours musicaux montrent les concurrents vêtus d’une longue tunique et jouant debout sur une estrade au milieu d’un auditoire 6 . 6 Euphronios Cratère en calice attique à figures rouges, détail Concours musical, vers 510 av. J.-C. Argile - H 0,448 m ; D 0,55 m Paris, musée du Louvre - G 103 L e b a n qu e t La musique tient un rôle important dans le symposion (banquet profane) où elle revêt diverses formes : la lyre ou le barbiton accompagne les chants alors que l’aulos et les crotales rythment la danse - coupe G 133 (salle 43, vitr. 23). Ce type de réunion entre hommes est généralement précédé ou suivi d’un cortège de buveurs agités qui apportent les Bibliographie A . B é l i s , " À p r o p o s d e l a c o n s t ru c t i o n d e l a l y r e " , d a n s B C H 10 9 , 1 9 8 5 , p . 2 01- 2 2 0 ; " L a P h o r b e i a " , d a n s B C H 110 , 1 9 8 6 , p . 2 0 5 - 2 1 8 . J . C h a i l l e y , L a M u s i q u e g r e c q u e a n t i q u e , Pa ri s , 1 9 7 9 . D . P a q u e t t e , L ' I n s t ru m e n t d e m u s i q u e d a n s l a c é r a m i q u e d e l a G r è c e a n t i q u e , Pa ri s , 1 9 8 4 . Sophie Padel Département d e s A n t i qu i t é s g r e c qu e s , é t r u s qu e s e t ro m a i n e s Musée du Louvre, Service culturel. Dépôt légal : janvier 1998. Conception graphique : Grapus. Maquette : Anne-Louise Cavillon. Impression : Mussot. Français 3 Le sport dans la Grèce antique 24 Français feuillets Le sport dans la Grèce antique Le gymnase Le système éducatif grec prévoyait, outre l’apprentissage de la lecture et de la musique, la pratique des exercices physiques. En effet, former un homme beau physiquement et moralement (kalos kai agathos) représentait l’idéal de l’éducation grecque. Ces exercices avaient lieu au gymnase sous la direction d’un pédotribe (entraîneur) qui, équipé d’une baguette fourchue, arbitrait et surveillait les jeunes gens. On reconnaît, sur les vases, ce lieu d’entraînement sportif à la présence du paquetage de l’athlète (éponge, strigile, aryballe [vase à parfum], haltères) ainsi qu’à la pioche dont on se servait pour entretenir la cour centrale de la palestre. Peu à peu, le gymnase évolua dans sa fonction d’institution purement sportive pour devenir un centre plus diversifié : il se transforma en école où l’on enseigna la philosophie, la grammaire et l’éloquence. Le pentathlon Introduit en 708 avant J.-C., il est considéré comme le modèle de l’idéal athlétique puisque les cinq épreuves qui le composaient combinaient la force, la vitesse, l’endurance, l’agilité et l’adresse. - Le stade ou course de vitesse : cette épreuve s’effectuait sur la distance d’un stade unique dont la longueur variait selon les endroits entre cent quatre-vingts et deux cents mètres. Sur les vases, le coureur de stade se distingue par l’élévation importante des genoux et le balancement énergique des bras 1 . - Le saut en longueur : l’athlète utilisait des haltères et, entraîné par le balancement de celles-ci vers l’avant, accomplissait, probablement par bonds successifs, un saut sans élan à cinq appuis 2 . - Le lancer du disque - coupe G 292 (salle 39, vitr. 9). - Le lancer de javelot - œnochoé G 243 (salle 39, vitr. 9) : le javelot grec présentait dans sa partie centrale une lanière de cuir qui se terminait par une boucle dans laquelle l’athlète introduisait un ou deux doigts, ce qui lui permettait de le propulser très loin. - La lutte : combat à mains nues, elle avait pour but de faire tomber l’adversaire et de lui faire toucher trois fois le sol des épaules - œnochoé F 162 (salle 39, vitr. 9). Les participants étaient classés selon leur âge et non selon leur poids. On retrouve cette répartition dans les autres sports de combat. Le vainqueur du pentathlon était, très certainement, le concurrent qui avait remporté, au moins, trois épreuves sur cinq. Les concours Le gymnase grec se composait de deux ensembles : la palestre et les pistes de course. La palestre était une cour, bordée de portiques, sur laquelle s’ouvraient différentes salles où les athlètes pouvaient se préparer en s’enduisant d’huile et se laver après avoir enlevé, à l’aide d’un strigile (sorte de racloir), le mélange de sueur, de sable et d’huile qui les couvrait - coupe G 291 (salle 43, vitr. 22). Les exercices se pratiquant nu (gymnase dérive du mot grec gymnos - nu), les soins du corps y avaient une importance primordiale. C’est dans ce contexte qu’apparaît inlassablement, sur la céramique attique à figures rouges, la figure de l’athlète dont l’image exprime sans cesse la beauté du corps humain, don des dieux. De même, le mot kalos (beau) envahit les images de toute la production des environs de 510-480 avant J.-C., qui ne s’intéresse pas tant au caractère technique des exercices physiques qu’à la beauté corporelle qu’ils révèlent - coupe G 111 : inscription CLEOMENOS [KALOS] (salle 43, vitr. 4). 1 Groupe de Compiègne Amphore panathénaïque attique à figures noires Coureurs de stade, vers 420 av. J.-C. Il faut distinguer les nombreux concours locaux des quatre grands jeux panhelléniques qui rassemblaient tous les Grecs : les Olympia d’Olympie et les Pythia de Delphes avaient lieu tous les quatre ans ; les Isthmia de l’isthme de Corinthe et les Néméa de Némée, étaient organisés, quant à eux, tous les deux ans. Ces concours revêtaient un aspect religieux très important car ils étaient célébrés en l’honneur du dieu dont le sanctuaire était le plus proche : Zeus à Olympie et à Némée, Apollon à Delphes et Poséidon à Corinthe. Un mois avant l’ouverture des jeux, des ambassadeurs allaient proclamer, à travers le monde grec, la trêve sacrée. Cela signifiait l’inviolabilité du territoire sur lequel se déroulaient les jeux et la sécurité assurée aux athlètes et aux spectateurs qui s’y rendaient. Mais cela n’impliquait nullement l’arrêt des guerres en cours. Ces jeux comprenaient des épreuves gymniques et hippiques auxquelles les Pythia ajoutaient des épreuves musicales. 2 Peintre d’Argos Pélikè attique à figures rouges Athlète tenant des haltères, 480-470 av. J.-C. Argile - H 0,495 m ; D 0,317 m Argile - H 0,30 m ; D 0,23 m Compiègne, musée Vivenel - V 985 Paris, musée du Louvre - G 236 3 Les autres sports de combat - Le pancrace : sorte de lutte très violente où tous les coups étaient permis sauf mordre et aveugler l’adversaire. Le combat se poursuivait jusqu’à ce que l’un des deux protagonistes lève un doigt en signe d’abandon. La coupe de Londres E 78 3 montre un des adversaires aveuglant l’autre et le pédotribe intervenant pour l’arrêter. - Le pugilat (ou boxe) : épreuve la plus rude au cours de laquelle les athlètes utilisaient des lanières de cuir enroulées autour des poignets et des mains. Ces “gants” permettaient de frapper très durement, et les blessures étaient nombreuses - coupe G 384 (salle 39, vitr. 9). Les autres courses - Le diaulos : double stade. - Le dolichos : course de demi-fond et de fond qui variait entre mille quatre cents et quatre mille quatre cents mètres. - L’hoplitodromos : course en armes avec casque, bouclier et cnémides 4 . Il existait également des épreuves de courses pour les jeunes filles, organisées à l’occasion des Héraia à Olympie. L e s j e u x h i p p i qu e s Il faut attendre 680 avant J.-C. pour que les compétitions équestres fassent leur entrée dans les jeux officiels. - La course de quadrige (char à quatre chevaux) : la plus prestigieuse - œnochoé F 346 (salle 39, vitr. 9). - La course de chevaux montés. - La course de bige (char à deux chevaux). Il faut préciser que l’aurige qui menait le char n’était pas le compétiteur, et que toute la gloire de la victoire revenait au propriétaire de l’attelage, homme ou femme. L e s G r a n d e s Pa n a t h é n é e s À ces grands concours, il faut ajouter ceux qui accompagnaient la grande fête d’Athèna à Athènes, les Grandes Panathénées. Celles-ci, célébrées tous les quatre ans, proposaient un programme gymnique et hippique plus étendu puisqu’on y voyait, outre les sports traditionnels, des épreuves telles que : - La lampadédromie : course de relais par équipe sur deux mille cinq cents mètres où les coureurs se passaient un flambeau - œnochoé N 3357 (salle 39, vitr. 9). - Le lancer de javelot à cheval - cratère G 528 (salle 44, vitr. 2). - La pyrrhique : danse armée rythmée par le son de l’aulos 5 . Cette épreuve était en étroit rapport avec Athèna qui l’aurait dansée après la victoire des dieux sur les Géants. Enfin, les fraudes et les tentatives de corruption étaient sanctionnées par des amendes, voire par l’exclusion de ceux qui s’y étaient livrés. 24 Français Les récompenses Les Grecs ignoraient la notion de record et de classement. Seule comptait la première place, la victoire remportée sur l’adversaire. L’athlète grec ne se mesurait pas au temps, à la distance ou au poids, mais à autrui. On retrouve ici la notion d’agôn, de rivalité, qui était le moteur essentiel de la société grecque. Triompher aux jeux, c’était gagner une gloire divine. Au premier don des dieux, la beauté, s’en ajoutait donc un second, la victoire. Aussi l’imagerie a-t-elle développé de nombreuses représentations de Nikè, déesse de la victoire, couronnant un vainqueur - cratère en cloche G 502 (salle 39, vitr. 9). La déesse tient ici une bandelette, également symbole de victoire. Jusqu’à la fin du Ve siècle avant J.-C., la participation aux jeux était le fait des seuls membres de l’aristocratie. Il est d’ailleurs significatif que la seule récompense ait été l’octroi d’une couronne de feuillage : laurier à Delphes, olivier à Olympie, pin à l’Isthme et céleri sauvage à Némée. Aux jeux panathénaïques, les récompenses étaient plus substantielles : cent quarante amphores d’huile des oliviers sacrés d’Athèna pour le vainqueur du quadrige et de soixante à trente amphores pour les autres épreuves. Ces amphores panathénaïques, décorées selon la technique de la figure noire, représentaient sur une face Athèna en armes et, sur l’autre, l’épreuve remportée - CA 7427 (salle 39, vitr. 9). Elles pouvaient être vendues, ce qui explique qu’on en ait retrouvé autour de la Méditerranée et de la mer Noire. Au cours de l’époque classique, l’origine sociale des athlètes évolue. Cette évolution se développe parallèlement à deux autres faits : la spécialisation et la professionnalisation des participants. Dès lors, les concurrents ne se contentèrent plus de symboles : d’une part, le vainqueur était en droit d’attendre de sa cité une récompense pour la gloire qu’il faisait rejaillir sur elle ; d’autre part, à côté des concours sacrés, se développèrent de nombreux concours dotés d’un prix en argent. Mais les couronnes et l’argent n’étaient pas les seuls prix de la victoire. Tout contribuait à faire de l’athlète un notable. On pouvait même lui élever une statue. Celle-ci, payée par la cité ou par l’athlète lui-même, assurait au destinataire l’immortalité. Enfin, les grands jeux ont représenté la principale sinon la seule manifestation de l’unité grecque qui ne s’est jamais réalisée, par ailleurs, sur le plan politique. Certes, les cités, malgré leur dispersion géographique et leurs incessantes querelles, éprouvaient le sentiment très vif d’appartenir à un seul peuple parlant la même langue, respectant les mêmes valeurs morales, adorant les mêmes dieux. Mais rien n’a concrétisé de façon plus solennelle l’unité de l’hellénisme que les grandes fêtes religieuses accompagnées de concours qui rassemblaient périodiquement les cités les plus lointaines dans les quatre sanctuaires panhelléniques. 3 Peintre de la Fonderie Coupe attique à figures rouges Scène de pugilat (à gauche) et scène de pancrace (à droite) 490-480 av. J.-C. Argile - H 0,12 m ; D 0,31 m Londres, British Museum - E 78 4 Série de Nicomachos Amphore panathénaïque attique à figures rouges Hoplitodromie, 323-322 av J.-C. Argile - H 0,665 m ; D 0,326 m Paris, musée du Louvre - MNE 704 5 Peintre d’Eucharidès Coupe attique à figures rouges Danseur de pyrrhique, 490-480 av. J.-C. Argile - D 0,21 m Paris, musée du Louvre - G 139 Bibliographie Le Sport dans la Grèce antique. Du jeu à la compétition, catalogue d'exposition, p a l a i s d e s B e a u x- A r t s d e B ru x e l l e s , 1 9 9 2 . M i n d a n d B o d y. A t h l e t i c C o n t e s t s i n A n c i e n t G r e e c e , d a n s c a t a l o g u e d ' e x p o s i t i o n , Musée national d'Athènes, 1989-1990. “Les jeux dans l'Antiquité” dans Les Dossiers de l'archéologie, n° 45, 1980. Sophie Padel Département d e s A n t i qu i t é s g r e c qu e s , é t r u s qu e s e t ro m a i n e s Musée du Louvre, Service culturel. Dépôt légal : janvier 1998. Conception graphique : Grapus. Maquette : Anne-Louise Cavillon. Impression : Mussot. 3 La guerre de Troie 25 Français feuillets L a g u e r r e d e Tr o i e L a g u e r r e d e Tro i e s u r l e s va s e s D o l o n - l é cy t h e La vitrine 6 de la salle 39 est consacrée au cycle troyen qui commence avec l’enlèvement de Thétis par Pélée, parents d’Achille, un des principaux héros de la guerre de Troie. Au cours de leur mariage, Éris (la Discorde) jette la pomme en or, destinée à la plus belle des déesses. Le chant X de l’Iliade relate l’épisode de l’espion troyen Dolon démasqué par Ulysse, roi d’Ithaque, et Diomède, le héros étolien. Capturé, il dévoila les positions de ses compatriotes et l’arrivée du roi thrace Rhésus. Diomède tue Dolon et massacre les Thraces pour voler les chevaux du roi. Ce sujet apparaît au début du VIe siècle et se perpétue jusque dans la céramique italiote ; des inscriptions viennent souvent confirmer l’interprétation, mais le déguisement de Dolon avec une peau d’animal (souvent un loup) suffit pour le reconnaître. L e j u g e m e n t d e P â r i s - a m p h o r e F 13 Héra, Athèna et Aphrodite se disputant ce présent, le prince troyen Pâris est appelé à départager les déesses, chacune d’elles lui promettant une récompense en échange de la pomme. Il choisit Aphrodite, qui lui a promis pour épouse la belle Hélène, femme du roi de Sparte Ménélas. L’enlèvement d’Hélène par Pâris est à l’origine de l’expédition punitive grecque vers Ilion, autre nom de la ville de Troie. La scène du jugement est connue dans l’iconographie dès le milieu du VIIe et jusqu’à la fin du IVe siècle avant J.-C. - pyxis CA 616 (salle 41, vitr. 15) et lécythe CA 2516 (salle 44, vitr. 2). Les déesses sont accompagnées d’Hermès ; Pâris est souvent représenté comme un jeune berger et, plus tard, comme un prince oriental. L’ a r m e m e n t d ’Ach i l l e - hyd r i e E 869 Cette scène reprend le schéma du « départ du guerrier », thème très répandu dès le milieu du VIe siècle avant J.-C. dans la céramique à figures noires, mais qui, en l’absence d’inscription, reste une scène anonyme. Selon les textes, Achille reçoit deux fois son armement : d’abord à Phtia, sa patrie, en présence de ses parents, puis à Troie, après que Patrocle, son compagnon qui combattait avec son armure, a été tué et dépouillé par Hector. Ses armes, forgées par le dieu Héphaïstos, lui sont alors données par les Néréides, divinités de la Mer et sœurs de Thétis. Cette scène, fréquente du VIe siècle avant J.-C. jusque dans la céramique italiote du IVe siècle avant J.-C., figure sur le cratère G 482 (salle 43, vitr. 12). MNB 911 l é cy t h e MNB 911 Les deux héros grecs jouant aux dés avant le combat, souvent en présence d’Athèna, est une autre scène très populaire dans la céramique grecque. Aucune source littéraire pourtant ne la mentionne. Elle apparaît pour la première fois sur une amphore d’Exékias peu avant 540 avant J.-C. On compte près de cent cinquante vases représentant cette scène, dont plus de cent à figures noires. Ce sont surtout des amphores, des hydries et des lécythes - hydrie F 290 (salle 42, vitr. 11). L e s h é ro s s e d i s p u t a n t l e s a r m e s d ’Ach i l l e - l é cy t h e CA 5 4 5 Après la mort d’Achille, ces armes divines font l’objet d’une âpre dispute entre les héros. Ulysse, aidé par Athèna, les gagne - œnochoe F 340 (salle 42, vitr. 10) et amphore F 57 (salle d’étude A, vitr. 11) -, provoquant ainsi la colère d’Ajax qui, pris de folie, décime les troupeaux de moutons en pensant se venger de ses camarades. Revenu à lui, et pris de honte, il se suicide. Plus tard Ulysse remettra les armes à Néoptolème, le fils d’Achille. L’ a m b a s s a d e a u p r è s d ’Ach i l l e coupe G 264 L’ Ilioupersis ( l a ch u t e d e l a v i l l e L’Iliade commence avec la colère d’Achille causée par l’enlèvement de son esclave Briséis par Agamemnon. Il se retire du combat ; sa colère durera cinquante et un jours, jusqu’à la mort de son fidèle ami Patrocle. L’envoi d’une ambassade auprès d’Achille lui demandant de participer à nouveau au combat apparaît souvent dans la céramique attique. Sur la coupe G 264, Achille enveloppé dans son manteau est assis derrière un héraut et son vieux pédagogue Phœnix. (Voir aussi le skyphos G 146, salle 43, vitr. 24.) Parfois Ulysse et Ajax sont présents. L a m o r t d ’ H e c t o r - l é cy t h e CA 6 01 Reprenant les armes, Achille provoque Hector en duel et venge son ami. Après avoir tué le prince troyen, Achille traîne trois fois son corps attaché à son char autour de la tombe de Patrocle. Ce traitement cruel, contraire aux coutumes, infligé à la dépouille du prince troyen par le héros grec provoque l’indignation des dieux. Cette scène, fréquente sur les vases à figures noires, n’apparaît guère sur les vases à figures rouges. Pr i a m s u p p l i a n t Ach i l l e - c o u p e A j a x e t Ach i l l e j o u a n t a u x d é s - Cette scène, décrite dans l’Iliade, a inspiré les peintres de vases du milieu du VIe jusqu’au IVe siècle avant J.-C. F 222 Selon la prophétie du devin Calchas, une fois le cheval de bois dans Ilion, le sort de la ville est scellé. Priam se réfugie sur l’autel de Zeus, mais Néoptolème, tenant le petit Astyanax par le pied et l’utilisant comme massue, s’avance vers lui. Les artistes ont été largement inspirés par le sac de Troie et par ses scènes de massacre dès l’époque archaïque. La première représentation apparaît sur l’amphore en relief de Mykonos, et, tout au long de la production attique jusqu’aux peintres italiotes du IVe siècle avant J.-C., le sujet a connu une grande popularité. La coupe G 152 (salle 43, vitr. 23) ainsi que l’hydrie à figures rouges du peintre de Cléophradès du Musée national de Naples 1 a et b sont deux exemples très riches en détails. G 15 3 Le roi Priam, chargé de cadeaux, se rend au camp des Achéens. Suppliant, il offre une rançon à Achille et recueille le corps de son fils qui gît aux pieds d’une table chargée de victuailles. 1 d e Tro i e ) - a m p h o r e a. Peintre de Cléophradès Hydrie attique à figures rouges Scènes de l’Ilioupersis a. La mort de Priam b. Cassandre et Ajax Athènes, vers 480 av. J.-C. Naples, Musée national archéologique - 2422 b. 3 Les retrouvailles d’Hélène et Ménélas cratère G 424 Ménélas et Ulysse retrouvent Hélène chez Déiphobos, frère de Pâris, qu’Hélène a épousé après la mort de ce dernier. Ménélas le tue puis s’élance vers sa femme, mais, devant sa beauté et sa poitrine dénudée, il jette l’épée et lui pardonne. Les retrouvailles d’Hélène et Ménélas sont décrites avec peu de détails dans les poèmes de l’Ilioupersis et de la Petite Iliade. Ce n’est que plus tard, dans la Lysistrata d’Aristophane, que nous trouvons, de façon allusive, la scène qui figure ici et sur l’amphore G 3 (salle 43, vitr. 21). Le sacrif ice de Polyxène - lécythe CA 1743 Après la chute de la ville, les chefs grecs se partagent le butin - étoffes, or et esclaves. L’ombre d’Achille apparaît devant sa tombe, réclamant sa part. Néoptolème conduit alors la fille du roi Priam Polyxène près du tombeau de son père et lui tranche la gorge. Il est probable que cette scène figure ici. Près d’un tumulus décoré de deux trépieds, un guerrier casqué égorge une femme. Cette scène, particulièrement violente, apparaît pour la première fois vers le milieu du VIe siècle avant J.-C. Plus tard, les peintres préférèrent montrer Néoptolème tirant Polyxène vers le tombeau d’Achille. Cette scène figure sur les faces A et B de la coupe G 153. L a g u e r r e d e Tro i e e t l a l i tt é r a t u r e Il serait trop long d’expliquer ici les différentes thèses qui mettent en rapport les découvertes archéologiques effectuées sur le site de Troie et les récits épiques. N’oublions pas que ces poèmes ne sont pas des récits historiques, mais un ensemble d’exploits imaginaires se déroulant dans des lieux réels en un lointain passé héroïque, et destinés à créer une mémoire et une identité au peuple grec. Plusieurs poèmes racontent le cycle de Troie : - Les Chants chypriens, attribués à Stasinos de Chypre ou à Hégèsinos de Salamis, décrivent le mariage de Pélée et Thétis, le jugement de Pâris, l’enlèvement d’Hélène, les départs des Grecs, le sacrifice d’Iphigénie et divers épisodes du début de la guerre. - L’Iliade, d’Homère, relate quelques jours de la fin de la neuvième année de l’expédition ou des débuts de la dixième. Au lieu de faire une chronique de l’expédition, Homère - qui semble connaître les autres poèmes - préfère inventer une courte séquence très fournie en détails résumant l’ensemble de la campagne. L’épisode qui va de la colère d’Achille à la mort de Patrocle et à celle d’Hector prend une grande importance et devient le principal sujet de l’Iliade. Ce n’est qu’après la mort du prince troyen Hector que les funérailles de Patrocle ont lieu. Cet épisode n’est connu dans l’art que par un cratère à volutes apulien du peintre de Darius 2 , sur lequel est représenté le sacrifice des esclaves troyens devant le bûcher funéraire du héros. Ce poème fut le premier à inspirer les artistes, dès le VIIIe siècle avant J.-C., avec l’iconographie du combat de Nestor contre les Moliones. D’autres épisodes figurent aussi sur les vases attiques, comme celui des génies Hypnos (le Sommeil) et Thanatos (la Mort) enlevant le corps de Sarpédon - amphore F 388 (salle 43, vitr. 18) -, ou celui de Ménélas et Pâris combattant - face B de la coupe G 115 (salle 43, vitr. 24). Dans l’Iliade, les combats sont souvent des duels héroïques, et l’art grec a repris le sujet. Mais, là aussi, en l’absence d’inscriptions, une identification est souvent difficile. - L’Éthiopide, le deuxième récit représenté dans l’art, est attribuée à Arctinos de Milet. Là sont contés le combat d’Achille et de l’amazone Penthésilée, le duel d’Achille et Memnon, le transport du corps de ce dernier par sa mère Eos - coupe G 115 (salle 43, vitr. 24) et péliké G 232 (salle d’étude B, vitr. 10). Après la mort de Memnon, le destin d’Achille est scellé. Lors d’un combat, Pâris, dont la flèche est dirigée par Apollon, tue le héros grec. Son corps sera porté par Ajax - amphore F 201 (salle 42, vitr. 11) et sera pleuré sur son lit funèbre par les Néréides hydrie E 643 (salle 41, vitr. 14). Les épisodes de la querelle des héros pour les armes d’Achille et du suicide d’Ajax - cratère E 635 (salle 41, vitr. 13) - ne lui sont pas inconnus. Ce dernier récit représente un événement unique dans la poésie épique, les images de suicide étant rares dans l’art grec. L’iconographie est donc facile à identifier ; nous n’en connaissons que six exemples (tous de vases corinthiens) entre 700 et 575 avant J.-C., et elle devient rarissime plus tard (seulement deux exemples attiques entre 540 et 460 avant J.-C.) - amphore à figures noires d’Exékias 3 . - Dans la Petite Iliade, Leschès de Mytilène décrit lui aussi la dispute des héros - œnochoé F 340 (salle 42, vitr. 10) -, le suicide d’Ajax, l’arrivée à Troie de Néoptolème, le rapt du Palladion (la statue de culte en bois d’Athèna) par Ulysse et Diomède - coupe G 458 (salle 43, vitr. 16), l’histoire du cheval de bois dont nous avons six représentations du commencement du VIIe siècle aux débuts du IVe siècle - amphore de Mykonos 4 -, la chute de la ville et le retour d’Hélène auprès de Ménélas. 2 25 Français Peintre de Darius Cratère apulien à figures rouges Les funérailles de Patrocle Apulie, vers 340-330 av. J.-C. Naples, Musée national archéologique - H 3254 3 E XÉKIAS Amphore attique à figures noires Le suicide d’Ajax Athènes, vers 540 av. J.-C. Boulogne, musée communal - 558 Bibliographie : G . A h l b e r g - C o r n e l l , M y t h a n d E p o s i n E a rl y G r e e k A r t , J o n s e r e d , 1 9 9 2 . T. H . C a r p e n t e r , A r t a n d M y t h i n A n c i e n t G r e e c e , L o n d r e s , 1 9 9 1. P. G r i m a l , D i c t i o n n a i r e d e l a my t h o l o g i e g r e c q u e e t r o m a i n e , Pa ri s , 1 9 6 9 . T. H . K a k r i d i s , M y t h o l o g i e g re c q u e , vo l . 5 : L a g u e rre d e Tro i e , A t h è n e s , 19 8 7 , ( e n g re c ) . Ces deux derniers sujets sont aussi traités dans l’Ilioupersis d’Arctinos de Milet, ainsi que l’épisode de la fuite du héros troyen Énée et de son père Anchise - coupe F 122 (salle 42, vitr. 13) et œnochoé F 118 (salle 42, vitr. 10) -, le viol de Cassandre - coupe G 458 (salle 43, vitr. 16) -, le sacrifice de la fille de Priam Polyxène, et les retrouvailles d’Hélène et de Ménélas. D’autres récits racontent le retour des héros (Nostoi), le cycle d’Oreste (l’Orestie) et les aventures d’Ulysse (l’Odyssée). La date de la création des poèmes varie, mais, pour la plupart, se situe entre le VIIIe siècle et la fin du VIIe siècle avant J.-C. Les mythes les plus importants sont connus depuis l’époque géométrique et orientalisante. Ils ont pris leur forme définitive au milieu du VIe siècle avant J.-C., après une longue période de création et de transformation par la tradition orale. 4 Maître du pithos de Mykonos Amphore en relief Le cheval de Troie vers 670 av. J.-C. Mykonos, Musée archéologique 2240 Alexandra Kardianou-Michel Département des Antiquités Grecques, Étrusques et Romaines Musée du Louvre, Service culturel. Dépôt légal : février 1998. Conception graphique : Grapus. Maquette : Anne-Louise. Cavillon. Photos : DR. Impression : Mussot. feuillets Fiche Fr-3_26.indd 1 27/10/08 17:26:36 Fiche Fr-3_26.indd 2 27/10/08 17:26:42 feuillets Fiche Fr-3_27.indd 1 27/10/08 17:28:08 Fiche Fr-3_27.indd 2 27/10/08 17:28:14 feuillets Fiche Fr-3_30.indd 1 27/10/08 17:32:37 Fiche Fr-3_30.indd 2 27/10/08 17:32:44 feuillets Fiche Fr-3_31.indd 1 27/10/08 17:34:36 Fiche Fr-3_31.indd 2 27/10/08 17:34:43 3 Le dinos attique à figures noires dit “dinos du Peintre de la Gorgone” 58 Français feuillets Le dinos attique à figures noires dit “dinos du Peintre de la Gorgone” Le dinos à figures noires 1 attribué à un maître anonyme, le Peintre de la Gorgone, est une pièce majeure de la collection de céramique grecque du musée du Louvre, produite à Athènes vers 580 avant J.-C. Ce vase monumental, trouvé en Etrurie et provenant de la collection Campana, acquise par le musée du Louvre en 1861, est exposé dans la galerie de la Grèce préclassique (Denon, salle 1). La restauration fondamentale du dinos, réalisée en 1991, a permis d’éliminer les interventions du XIXe siècle ; l’œuvre a ainsi retrouvé sa physionomie originale. L e d i n o s , u n va s e d e b a n qu e t Le dinos (ou lébès) est une sorte de grand cratère de forme sphérique qui trouve son origine dans les chaudrons orientaux dont se sont inspirés les bronziers grecs dès le VIIIe siècle avant J.-C. Au VIIe siècle avant J.-C., ce sont les potiers qui ont repris ces modèles métalliques pour produire des dinoï en terre cuite reposant sur des supports moulurés. A Athènes, dans la première moitié du VIe siècle avant J.-C., les ateliers fabriquent un grand nombre de vases de ce type. Objet essentiel du banquet, le dinos à vasque profonde et à large embouchure est utilisé pour mélanger le vin et l’eau et permet aux échansons de puiser aisément la boisson à l’aide d’œnochoés (voir le dinos représenté sur le cratère corinthien E 635) 2. Le vase du Louvre est composé d’un grand bol sphérique dépourvu d’anses, dont la base arrondie repose sur un haut support mouluré doté, dans sa partie médiane, d’un élément circulaire (balustre) compris entre deux disques plats. La complexité de la forme et les proportions monumentales du dinos (93 cm) témoignent de la maîtrise du potier attique œuvrant pour le Peintre de la Gorgone. 2 Cratère à colonnettes (détail sous l’anse) Scène d’office Provenance : Cerveteri (Caeré) Corinthe, vers 600 av. J.-C. Argile – H 46 cm ; D 46,5 cm Paris, musée du Louvre, collection Campana 1861 – E 635 Un décor tapissant 1 Dinos attique à figures noires Attribué au Peintre de la Gorgone Provenance : Etrurie (?) Athènes, vers 580 av. J.-C. Argile – H 93 cm Paris, musée du Louvre, collection Campana 1861 – E 874 Un somptueux décor en figures noires, détaillé par de larges incisions et rehaussé de couleurs pourpres, se détache sur une argile beige clair. Les frises animales et végétales d’influence corinthienne contribuent à la richesse décorative du vase et de son support, créant ainsi une unité entre les deux parties du vase. Une large composition végétale constituée d’une double rangée de palmettes et de fleurs de lotus partage la vasque en son milieu. Deux représentations figurées ornent la zone supérieure du vase : Persée poursuivi par les Gorgones 3 et un duel de guerriers encadré par deux chars 4. Le dinos étant dépourvu d’anses, et afin de ne pas rompre l’harmonie de la composition en frises horizontales, le peintre n’a introduit aucun élément décoratif pour séparer les deux scènes. Ainsi, distinctes d’un point de vue thématique, elles se déroulent de façon continue sur l’épaule du vase. La partie inférieure du bol, l’embouchure et le support sont décorés de frises d’animaux “passant” et de frises végétales (entrelacs de palmettes et de fleurs de lotus, tresses). Les files d’animaux réels (panthères, lions, sangliers, béliers, daims, taureaux, oiseaux) ou fantastiques (sirènes, sphinx) couvrent une grande surface du vase. 3 Dinos attique à figures noires (détail) Persée et les Gorgones Mais, dans ce décor tapissant, le peintre a introduit çà et là des personnages masculins saisissant des animaux, évocation discrète du thème d’origine orientale du “Maître des animaux”. Le fond du vase est orné d’une tresse et d’un motif fréquent sur les petits vases à parfum corinthiens, celui d’une roue formée de plusieurs croissants. Pe r s é e e t l e s G o r g o n e s Selon la Théogonie d’Hésiode, les trois Gorgones – Sthénô, Euryalè et Méduse –, filles de Phorkys et Kéto, étaient des êtres monstrueux qui pétrifiaient quiconque croisait leur regard. Leur corps couvert d’écailles était pourvu d’ailes en or et de mains de bronze. Leur tête terrifiante, au nez camus, aux yeux exorbités et à large bouche munie de défenses de sanglier, était surmontée de serpents qui se mêlaient à une chevelure hirsute. 3 Le héros argien Persée, fils de Zeus et de Danaé, reçut l’ordre de Polydectés de tuer la seule mortelle des trois, Méduse, et de rapporter sa tête, témoignage de son travail accompli. Athéna lui conseilla d’utiliser le reflet de son bouclier divin afin d’éviter le regard de la Gorgone. Ainsi, Persée trancha la tête du monstre avec la faucille (la harpè) donnée par Hermès, puis mit la tête dans son sac (la kibisis) et s’enfuit, poursuivi par Sthénô et Euryalè. C’est l’épisode que le Peintre de la Gorgone a choisi pour décorer le dinos du Louvre. Persée porte un pétase, une tunique courte et des bottines ailées, évocation de sa célérité. Il tient une épée dont le fourreau est suspendu en travers de sa poitrine. Les Gorgones Sthénô et Euryalè, les ailes déployées, le visage monstrueux vu de face, la langue pendante, vêtues de tuniques courtes et de bottines ailées, poursuivent Persée 3 dans la position dite de la “course agenouillée”, tandis que Méduse décapitée s’affaisse. A gauche, Athéna, enveloppée dans son himation formant un voile sur sa tête, assiste le héros dans son entreprise, au côté d’Hermès, identifiable à ses attributs – le pétase (le chapeau des voyageurs), les bottines ailées et, surtout, le caducée (le kèrykéion). Cette aventure de la légende de Persée est présente dans la céramique attique dès le deuxième quart du VIIe siècle avant J.-C. sur une amphore trouvée à Eleusis, attribuée au Peintre de Polyphème (proto-attique moyen vers 675-650 avant J.-C.). Par la suite, le Peintre de Nessos, un pionnier des figures noires attiques de la fin du VIIe siècle avant J.-C., maître du Peintre de la Gorgone, reprendra le sujet sur une amphore du Musée national d’Athènes, mais en peignant uniquement les Gorgones, personnages éminemment expressifs, au détriment de Persée, grand oublié de la scène. Tout en perpétuant la tradition stylistique et iconographique du Peintre de Nessos, le Peintre de la Gorgone fait preuve de créativité narrative en disposant les six protagonistes de cet épisode sur la zone la plus exposée du vase, et en évitant d’introduire des éléments décoratifs secondaires dans le champ de la scène. La clarté de composition des scènes fait du dinos son œuvre la plus aboutie. 58 Français Le duel d’hoplites Le combat entre deux guerriers est un thème souvent représenté par les peintres corinthiens et attiques. A la composition paratactique de la scène mythologique s’oppose celle, symétrique, du combat d’hoplites encadrés par leurs quadriges respectifs. De somptueux chevaux sont retenus par les auriges et attendent la fin du combat. Les deux guerriers presque identiques portent la panoplie habituelle, la cuirasse et le casque de type “corinthien” surmonté d’un cimier, et combattent armés de lances et de boucliers. Une magnifique tête de taureau orne l’extérieur d’un bouclier, l’autre étant vu de l’intérieur 4. 4 Dinos attique à figures noires (détail) Scène de combat L e Pe i n t r e d e l a G o r g o n e Le dinos du Louvre est le vase éponyme du Peintre de la Gorgone, un des plus anciens maîtres de la céramique attique à figures noires (pour les attributions, voir le feuillet n° 3 15 sur John Davidson Beazley et l’analyse scientifique des vases grecs). Élève et successeur du Peintre de Nessos, le Peintre de la Gorgone voit sa carrière se dérouler de 600 à 580 avant J.-C. ; une trentaine de vases de formes diverses (amphores, olpés, lécythes, supports de dinoï, assiettes…) lui sont attribués. Perpétuant la tradition de la céramique corinthienne, le Peintre de la Gorgone excelle dans la représentation d’animaux (seuls, affrontés ou en frise), mais le style monumental de ses figures le rapproche davantage du courant pictural des ateliers attiques. Une amphore conservée au Louvre (exposée dans la galerie Campana, salle 41, vitrine 15) 5 présente deux lions et deux sphinx affrontés de part et d’autre d’un motif végétal occupant la panse du vase. Ces figures ont été réalisées avec le plus grand soin par un peintre qui utilise de profondes incisions et de grands aplats de couleur pourpre pour marquer les détails. Stylistiquement, ses lions se distinguent par une poitrine puissante, une épaisse crinière aux longues mèches rouges, des griffes acérées et une bouche rectangulaire découvrant une rangée de dents menaçantes. Sur le dinos, les multiples files d’animaux jouent un rôle décoratif et sont parfois traitées avec plus de négligence (on remarquera notamment certaines silhouettes très allongées). Les scènes figurées, rares dans l’œuvre du peintre, montrent à quel point le dinos s’inscrit dans la phase de maturité artistique de la carrière du peintre, vers 580 avant J.-C. Bibliographie John Boardman, Athenian black figure vases, 1974, p. 17, n° 11. Martine Denoyelle, Chefs-d’œuvre de la céramique grecque dans les collections du Louvre, RMN, 1994, p. 58, n° 24. H é s i o d e , T h é o g o n i e , v. 2 74 “Kéto enfanta également les Gorgones qui habitent au-delà de l’illustre Océan, à la frontière de la nuit, au pays des Hespérides sonores, Sthénô, Euryalè, Méduse, à l’atroce destin. Méduse était mortelle alors que ses deux sœurs ne devaient connaître ni mort ni vieillesse. Elle seule en revanche vit s’étendre près d’elle le dieu aux crins d’azur, dans la tendre prairie, au milieu des fleurs printanières.” H é s i o d e , B o u c l i e r, v. 2 2 9 - 2 3 7 “Sur les pas de Persée, les Gorgones, images d’indicible épouvante, volaient, brûlant de le saisir. Sous leurs pieds foulant l’acier pâle, le bouclier résonnait d’un horrible fracas, strident et sonore. De leurs ceintures se détachaient deux serpents qui ployaient la tête, dardaient la langue et heurtaient leurs mâchoires furieuses, en lançant des regards sauvages. Et sur les fronts terribles des Gorgones tournoyait un immense effroi.” 5 Amphore attique à figures noires Provenance : Etrurie (?) Athènes, vers 590-580 av. J.-C. Sophie Marmois Argile – H 41,3 cm ; D 29 cm Paris, musée du Louvre, collection Campana 1861 – E 817 Département des Antiquités Grecques, Etrusques et Romaines Musée du Louvre, Direction du développement culturel. Dépôt légal : décembre 2007. Conception graphique : Grapus. Maquette : L. Jean. Crédits photographiques : documentation des AGER. Impression : Stipa. 3 Crimes et châtiments : punitions divines 59 Français feuillets Crimes et châtiments : punitions divines Sauf indication contraire, les vases mentionnés sont présentés dans les salles 43 et 44 de la galerie Campana. La mythologie grecque fourmille de légendes ayant pour héros des mortels, ou les enfants issus de l’union d’un dieu et d’une mortelle, victimes du courroux des dieux pour avoir succombé à leurs faiblesses humaines ou outrepassé leurs droits. C’est le cas de Tityos, qui imposa son amour à Léto, ou d’Actéon qui offensa Artémis. Les humains entendaient se mesurer aux dieux, à l’exemple de Marsyas, le satyre joueur de flûte, ou aux Muses, tel le malheureux musicien Thamyras. Peintre de Géras 1 Pélikè attique à figures rouges Actéon dévoré par ses chiens en présence d’Artémis Athènes, vers 480-470 av. J.-C. Argile – H 36 cm ; D 14,5 cm Paris, musée du Louvre – G 224 Peintre de Castellani (?) Peintre de Prométhée (?) 2 Amphore “ tyrrhénienne ” attique à figures noires Meurtre de Tityos Athènes, vers 575-550 av. J.-C. Argile – H 28,3 cm ; D 18,6 cm Paris, musée du Louvre – E 864 Le satyre Marsyas, lui, défia le dieu musicien Apollon. Ramassant l’aulos inventé puis rejeté par Athéna, il apprit à en jouer et provoqua Apollon lors d’un concours musical. Le dieu gagna et fit écorcher vif Marsyas. Sur la lékanis paestane K 570 (salle 44, vitrine 24), Marsyas, vêtu d’une peau de bête, joue de l’aulos, assis sur un rocher. Devant lui, Apollon, entouré des Muses, joue de la cithare. Rien n’annonce l’issue du concours, hormis la tristesse du visage du satyre. Ce n’est pas le cas de la scène dépeinte sur le cratère à volutes lucanien K 519 (salle 44, vitrine 10) qui montre Apollon, assis sous le laurier sacré, jouant de la cithare. Marsyas, serein, en face de lui, tient le couteau qui servira à sa propre punition. Ils sont entourés de deux ménades et d’un jeune satyre dont l’attitude affligée annonce le supplice. Avant les peintres italiotes, plusieurs peintres de vases attiques ont décrit la scène. Des sculpteurs grecs ou romains s’en sont également inspirés, et ces derniers nous ont laissé des copies des originaux de l’époque classique ou hellénistique (MA 542 3). L’orgueil (hybris) dont ils faisaient ainsi preuve provoqua la colère divine. Certains, comme Penthée, méprisèrent le culte d’un dieu, dont la vengeance fut alors terrible. D’autres encore défièrent et trompèrent les dieux par la ruse, tels Prométhée et Sisyphe. Dans l’Antiquité, les artistes puisèrent leur inspiration dans ce répertoire foisonnant qu’offraient l’infortune des mortels et la cruauté divine. Les peintres attiques, plus que les autres, utilisèrent ces récits pour en décorer les vases. Les collections du département des Antiquités grecques, étrusques et romaines illustrent à merveille ces destins tragiques. Actéon, élève du centaure Chiron et chasseur aguerri, se vanta d’être meilleur chasseur que la déesse Artémis et prétendit s’unir à elle. Selon d’autres récits, il surprit la déesse nue se baignant dans une source. La vierge lui infligea un violent châtiment en le transformant en cerf : Actéon fut alors dévoré par la meute de ses propres chiens rendus furieux. Sur le cratère à volutes CA 3482 (salle 43, vitrine 12), le peintre a représenté Apollon armé de son arc, auprès de ses attributs – l’omphalos et le laurier sacré. De l’autre côté, un jeune chasseur annonce la nouvelle aux parents d’Actéon. Celui-ci, au centre de la composition, se fait dévorer par ses chiens sous le regard d’Artémis conduisant son char tiré par deux biches. Sur la pélikè G 224 1, la déesse seule assiste au supplice d’Actéon. Un autre mortel, Tityos, fils de Zeus et d’Elara, osa offenser une déesse. Son désir pour Léto, mère d’Apollon et d’Artémis, le poussa au viol. Il fut alors foudroyé par Zeus et condamné à se faire dévorer le foie par deux vautours. Selon une autre version, Apollon et Artémis attaquèrent Tityos et le transpercèrent de leurs flèches mortelles, tandis que Gaïa, la Terre, souvent considérée comme la mère de Tityos, essayait en vain de le sauver. La représentation la plus ancienne connue sur une amphore tyrrhénienne 2 est celle d’Apollon et d’Artémis, armés, tirant leurs flèches sur Tityos, qui, blessé à la tête, fuit vers Hermès. Contrairement aux divinités, il est nu, et son corps est tacheté, signe supplémentaire de son état sauvage. Tous les personnages sont désignés par des inscriptions. L’amphore à figures rouges G 42 (salle 43, vitrine 22) montre l’enlèvement de Léto. Tityos a perdu son caractère monstrueux, et les redoutables jumeaux leur force vengeresse. Sur la pélikè G 375 (salle 43, vitrine 12), plus récente, Tityos trébuche, blessé par les flèches d’Apollon, armé de son arc et d’une épée. Derrière lui se tient Léto. 3 Copie romaine d’une œuvre d’un atelier pergaménien ? Supplice de Marsyas Rome, vers 150 apr. J.-C. Marbre – H totale 2,56 m Paris, musée du Louvre – MA 542 3 Thamyras, un autre musicien, attira sur lui la fureur des divinités. Il était fils d’une Muse (Erato, la Poésie lyrique, ou Melpomène, la Tragédie). Compositeur de poèmes épiques et maître d’Homère, Thamyras avait appris son art de Linos. Il tenta de rivaliser avec les Muses, son désir étant, en cas de victoire, de s’unir à chacune d’elles. Mais il fut vaincu : les Muses, pour le punir de son audace, le rendirent aveugle et lui ôtèrent ses talents. Dépité, Thamyras jeta sa lyre dans le fleuve Balyra. Sur le fragment d’hydrie MNE 1255 4, il joue de la lyre entouré des six Muses. 4 Peintre des Niobides Fragment d’hydrie attique à figures rouges Thamyras et les Muses Athènes, vers 470-460 av. J.-C. Argile – H 20,2 cm ; D 33,5 cm Paris, musée du Louvre – MNE 1255 Dionysos, fils de Sémélé et dieu vindicatif, réserva une mort atroce au jeune roi de Thèbes, Penthée, pour avoir calomnié sa mère. Penthée, fils d’Agavé, la sœur de Sémélé, avait interdit le culte de Dionysos à Thèbes et même jeté le dieu en prison. À l’instigation de celui-ci, le roi, déguisé en femme, suivit dans la montagne, pour les espionner, les femmes de sa famille et les Thébaines adeptes du culte enivrant de Dionysos. Les Bacchantes, apercevant Penthée perché sur un pin, le prirent, dans leur ivresse mystique, pour un jeune fauve et le dépecèrent. Sa propre mère ficha sa tête sur un thyrse comme un trophée qu’elle rapporta à Thèbes. Là, délivrées de leur délire bachique, les femmes se rendirent compte de leur tragique erreur. La scène se déroule sur un couvercle de la lékanis G 445 (salle 39, vitrine 7). Penthée nu, à demi agenouillé, est tiré par les mains et la jambe par deux ménades. Deux autres ménades dansent en présence de Dionysos. La punition de Phinée fut tout autre. Le roi de Thrace, pourvu de dons divinatoires dont il aurait abusé en dévoilant aux hommes les desseins des dieux, paya cher cette outrecuidance. Le dieu Soleil indigné lui envoya les Harpyes, démons ailés qui souillaient sa nourriture chaque fois qu’il tentait de manger. Il fut libéré par l’arrivée des fils de Borée, le vent du nord, qui les chassèrent. La scène qui décore le cratère G 364 (salle 43, vitrine 11) raconte très simplement cette légende. Le roi Phinée, au centre, aveugle, tend la main vers une table chargée de victuailles. Devant lui, un génie ailé semble l’en empêcher. À gauche, derrière le roi, un des Boréades s’approche, armé de deux lances, prêt à attaquer et à délivrer le vieux devin. L’orgueil démesuré et le défi ne furent pas seuls à l’origine de la perte des mortels, la ruse aussi joua son rôle. Prométhée, fils du Titan Japet et cousin de Zeus, intelligent, rusé, prévoyant, symbolise la révolte des hommes contre les dieux. Il réussit à tromper Zeus et à fournir à l’humanité – dont on prétend parfois qu’il est le créateur – des bienfaits que les dieux lui refusaient. Prométhée, durant l’âge d’or de l’humanité où les dieux et les hommes vivaient ensemble et s’asseyaient à la même table, apporta un bœuf qu’il découpa en deux. Une part, à l’aspect répugnant, était composée de chair recouverte de l’estomac de la bête ; l’autre était constituée d’os cachés sous une couche de graisse blanche. C’est cette part, en apparence appétissante, mais dans laquelle rien n’était mangeable, que choisit Zeus. Désormais, dans les sacrifices, les hommes brûlaient les os, et les dieux goûtaient les odeurs. Le dieu accepta mal d’avoir été trompé et, pour punir les hommes, cacha le feu dont ils se servaient pour cuire les viandes et les obligea aussi à travailler afin de faire pousser un grain qui, jusqu’ici, se développait en abondance sans qu’on ait à s’en occuper. L’âge d’or était terminé. Prométhée réussit à voler une parcelle de feu qu’il dissimula dans une tige de fenouil et rapporta aux hommes. Le châtiment fut terrible. Il fut enchaîné au mont Caucase, et un aigle ne cessa de lui dévorer le foie, lequel repoussait durant la nuit. Héraclès, passant par là, transperça d’une flèche l’aigle et libéra Prométhée. Sur la coupe MNE 1309 (salle 42, vitrine 18), Prométhée est enchaîné à un pilier. Un aigle s’approche pour dévorer son foie, tandis qu’Héraclès lui détache les mains. 59 français de ce dernier, sa femme avait abandonné le corps sans sépulture ni offrandes. Hadès, dieu des Enfers, permit donc à Sisyphe de retourner sur terre pour punir sa femme et l’obliger à lui organiser des funérailles dans le respect des coutumes. De retour à Corinthe, il ne fit rien de tout cela et vécut ainsi très vieux. Mais, dans le monde souterrain, son ombre fut condamnée à pousser jusqu’en haut de la montagne un rocher qui, la cime une fois atteinte, roulait inéluctablement au bas de la pente. 5 Cercle du Peintre d’Édimbourg Amphore attique à figures noires Sisyphe aux Enfers Athènes, vers 525-500 av. J.-C. Argile – H 23,5 cm ; D 15,5 cm Paris, musée du Louvre – F 382 Ce supplice est représenté sur la panse de l’amphore F 382 5. Sisyphe se trouve aux Enfers, en présence de Perséphone. Il a dans les bras un énorme rocher qu’il roule sur le versant d’une montagne. Il sait pourtant que, sitôt le sommet atteint, le poids de l’énorme rocher l’entraînera au pied de la montagne, et c’est sans fin qu’il devra recommencer. Bibliographie T. H. Carpenter, Les Mythes dans l’art grec, Londres, 1997. P. Grimal, Dictionnaire de la mythologie grecque et romaine, Paris, 1969. Autre “rusé” mythique, Sisyphe, roi de Corinthe, mu par des intérêts personnels, trompa les dieux. Il recourut à la ruse pour revenir à la vie mais ne réussit pas pour autant à échapper au châtiment divin. Il avait dénoncé le viol d’Egine par Zeus au père de la nymphe. Zeus, furieux, lui envoya la Mort pour le conduire aux Enfers, mais Sisyphe enferma celle-ci dans une tour. Les mortels cessant de mourir, les dieux ordonnèrent à Arès de délivrer la Mort, qui s’empara aussitôt de Sisyphe. Cependant, sur les instructions Alexandra Kardianou-Michel Département des Antiquités Grecques, Etrusques et Romaines Musée du Louvre, Direction du développement culturel. Dépôt légal : décembre 2007. Conception graphique : Grapus. Maquette : L. Jean. Crédits photographiques : documentation des AGER. Impression : Stipa. 3 La représentation des Olympiens sur la céramique grecque 60 Français feuillets La représentation des Olympiens sur la céramique grecque Sauf indication contraire, les vases mentionnés sont présentés dans la vitrine 1 de la salle 39. Au nombre de douze, les Olympiens sont les dieux qui demeurent sur le mont Olympe. Il s’agit tout d’abord de Zeus et de ses frères et sœurs : Hestia, Déméter, Héra et Poséidon ; Hadès, souverain des Enfers, n’a jamais résidé dans l’Olympe. A ceux-ci furent ajoutés Aphrodite et un certain nombre des enfants divins de Zeus, tels Athéna, Apollon, Artémis, Hermès, Arès et Héphaïstos. Zeus (Jupiter) Fils de Cronos et de Rhéa, époux de sa sœur Héra. Roi de l’Olympe et dieu du ciel, il commande à la pluie, au tonnerre et aux éclairs. Garant de l’ordre et de la justice, il est l’arbitre suprême. Il est toujours figuré en adulte d’âge mûr, c’est-à-dire barbu. En plus du foudre, son principal attribut, qui symbolise les éclairs, il tient souvent un sceptre et est parfois associé à l’aigle (amphore G 204). Déméter (Cérès) A t h é n a ( M i n e r ve ) Sœur des dieux précédents, elle est la mère de Coré, qu’elle a eue de Zeus. Déesse de la terre cultivée et des céréales, elle est liée à la fertilité. Ses attributs sont les épis de blé et la torche. Un seul mythe la concerne vraiment : l’enlèvement de sa fille Coré par Hadès, qui en fait la reine du monde souterrain sous le nom de Perséphone. Les torches que tient très souvent Déméter sur les images sont un rappel des flambeaux à l’aide desquels la déesse s’éclaire quand elle recherche sa fille. Pour remercier le roi d’Eleusis de son hospitalité durant sa quête, elle donne au fils de ce dernier, Triptolème, un trône tiré par des dragons ailés et lui confie la mission d’apporter aux hommes la culture du blé. Ce thème du départ de Triptolème est très populaire dans la céramique attique à figures rouges du Ve siècle avant J.-C. (coupe G 452). C’est un des rares épisodes où Déméter est représentée, mais il n’est pas toujours facile de la différencier de sa fille, dont les attributs sont les mêmes que les siens. Fille de Zeus et de Métis, la Prudence. Sa naissance est miraculeuse puisqu’elle sort tout armée du crâne de son père 2. Déesse vierge de la sagesse et de l’intelligence, Athéna est également la déesse de la guerre. Elle est aussi la protectrice des artisans et de la cité, notamment celle d’Athènes à laquelle elle a donné son nom. Un certain nombre de héros grecs sont sous sa protection comme Ulysse, Héraclès et Persée. Elle est le plus souvent représentée en déesse guerrière, armée (casque, lance, bouclier), la poitrine recouverte de l’égide – sorte de cuirasse faite de la peau de la chèvre Amalthée, nourrice de Zeus –, ornée en son centre du Gorgoneion (tête décapitée de Méduse) offert par Persée. H e s t i a ( Ve s t a ) Héra (Junon) Sœur et épouse de Zeus, mère d’Arès, d’Héphaïstos et d’Hébé, la Jeunesse. Souveraine de l’Olympe, elle est la déesse du mariage et la protectrice des femmes mariées. Majestueuse, elle est souvent représentée coiffée d’un diadème et tenant un sceptre. De même, le voile, symbole du mariage, est un élément récurrent de sa représentation. Cependant ces objets peuvent être portés par d’autres divinités. Aussi est-ce souvent le contexte qui permet de l’identifier. Le jugement de Pâris 1 (voir feuillet 3 25) est l’épisode mythologique dans lequel elle apparaît le plus souvent. Po s é i d o n ( N e p t u n e ) Frère de Zeus et d’Héra, époux d’Amphitrite. Dieu de la mer, il déclenche les tempêtes et fait jaillir les sources. Il est également le dieu des tremblements de terre et le protecteur des chevaux et des taureaux. Comme Zeus, il est représenté comme un homme d’âge mûr. Seul son attribut, le trident, permet de le différencier du roi des dieux (amphore G 205) : Poséidon est face à son épouse qui tient un poisson. Fille aînée de Cronos et de Rhéa, elle est la plus discrète des Olympiens. Déesse vierge du foyer, elle est symbolisée par la flamme qui brûle dans l’âtre des maisons et des temples. Contrairement aux autres dieux qui vont et viennent par le vaste monde, Hestia reste immobile dans l’Olympe, ce qui explique qu’elle ne participe à aucune aventure mythologique et est très rarement représentée. 1 Peintre C Exaleiptron attique à figures noires Jugement de Pâris Vers 570-560 av. J.-C. Argile – H 14 cm ; D 24 cm Paris, musée du Louvre, salle 41, vitrine 15 – CA 616 Hadès (Pluton) Maître du monde souterrain, Hadès n’est pas considéré comme un Olympien. Il n’en est pas moins un dieu très important ; en effet, en tant que dieu des Enfers, il règne sur les morts, aidé dans cette tâche par une armée de démons, tel Charon, le passeur des âmes. Il est représenté comme un roi, tenant le sceptre et, parfois, la corne d’abondance qui fait référence aux richesses du soussol (amphore G 209) : Hadès est face à une jeune femme, peut-être Perséphone. 2 Groupe E Amphore attique à figures noires Naissance d’Athéna Vers 550-540 av. J.-C. Argile – H 40,1 cm ; D 27,5 cm Paris, musée du Louvre, salle 1, galerie de la Grèce préclassique – F 32 3 La chouette lui est associée, ainsi que la déesse de la victoire, Niké. Chaste déesse, elle suscite malgré elle le désir d’Héphaïstos qui tente de la violer. Elle se défend si bien que la semence du dieu tombe sur la terre, la fécondant. C’est ainsi que naît Erichthonios, fils adoptif d’Athéna et premier roi d’Athènes (œnochoé L 63) : l’enfant au sommet de la colonne pourrait être Erichthonios. Arès (Mars) Fils de Zeus et d’Héra ou d’Héra seule, frère d’Eris (la Discorde), père de Deimos (la Crainte) et de Phobos (l’Effroi), qui font partie de son cortège, d’Eros (qu’il a eu avec Aphrodite), de Cycnos et des Amazones. Il est le dieu de la guerre, comme Athéna. Mais, alors que la déesse obtient la victoire par la stratégie et l’intelligence, Arès combat avec une violence sanguinaire et n’est pas toujours vainqueur. Il est le moins aimé des Olympiens. Arès est figuré comme n’importe quel guerrier, et seul le contexte mythologique peut le distinguer des autres hommes armés. C’est ainsi qu’on le reconnaît dans les assemblées divines comme la naissance d’Athéna 2 ou dans les images qui montrent le combat d’Héraclès contre son fils Cycnos (amphore F 36, salle 42, vitrine 16). A p h ro d i t e ( V é n u s ) Deux traditions coexistent dans la généalogie d’Aphrodite. Pour Hésiode, elle est née de l’écume de la mer fécondée par les organes sexuels d’Ouranos jetés par Cronos. Homère, en revanche, la présente comme la fille de Zeus et de Dioné. Epouse d’Héphaïstos, elle compte de nombreux amants dont elle a des enfants : Eros avec Arès, Priape avec Dionysos, Anchise avec Enée, Hermaphrodite avec Hermès. Déesse de l’amour, de la beauté et de la séduction, elle est la protectrice des femmes en général et des prostituées en particulier. Aphrodite est la déesse – avec Athéna – la plus représentée de l’art grec. Symbole de la beauté féminine, elle se dévoile progressivement au cours des Ve et IVe siècles avant J.-C. Souvent parée de bijoux, elle tient un miroir (pélikè K 95). 60 Français Artémis (Diane) Jumelle d’Apollon. Déesse de la chasse et de la nature sauvage, protectrice des animaux, des jeunes filles et des femmes en couches. Déesse à l’allure juvénile, souvent vêtue d’une tunique courte, elle tient l’arc et les flèches 3 et est souvent représentée en compagnie d’une biche ou d’un cerf. Vierge farouche, Artémis ne tolère pas que l’on attente à sa pudeur. C’est ce qu’apprend à ses dépens le chasseur Actéon, qui la surprend au bain. Courroucée, la déesse le métamorphose en cerf, et il périt dévoré par ses propres chiens (cratère à volutes CA 3482, salle 43, vitrine 12). Hermès (Mercure) 3 Fils de Zeus et de la nymphe Maïa. Hermès est une divinité complexe aux multiples attributions. Dieu de la ruse et des voleurs, il est aussi le dieu de l’éloquence et le messager de Zeus. Protecteur des voyageurs, il est présent sous la forme de piliers hermaïques à tous les carrefours. Il est également un dieu psychopompe, qui accompagne les morts dans l’au-delà (amphore CA 2243): Hermès est en train de peser les âmes des morts. Sur les images, Hermès apparaît surtout comme le messager des dieux : il est coiffé du pétase, le chapeau des voyageurs, porte une tunique courte, une chlamyde (cape) et des bottines ou des sandales ailées. Son principal attribut est le caducée, à l’origine une houlette de berger. H é p h a ï s t o s ( Vu l c a i n ) Peintre des Niobides Cratère en calice attique à figures rouges Massacre des Niobides Athènes, vers 460-450 av. J.-C. Argile – H 54 cm ; D 56 cm Paris, musée du Louvre, salle 43, vitrine 20 – G 341 4 Fils de Zeus et d’Héra, époux d’Aphrodite. Dieu du feu et forgeron officiel des dieux et des héros, il est le protecteur des artisans, dont il adopte le costume : pilos (bonnet rond) et tunique courte dégageant une partie de la poitrine. Ses attributs sont les outils du forgeron : les tenailles, le marteau et l’enclume. Peu représenté, il figure cependant sur les images qui montrent son retour dans l’Olympe 5. En effet, pour se venger de sa mère qui l’a chassé de l’Olympe en raison de sa laideur, il lui a offert un trône d’or qui, lorsqu’elle s’y est assise, l’a emprisonnée. Refusant de la délivrer, il est enivré par Dionysos qui le ramène ainsi parmi les Olympiens. Astéas Lékanis paestane à figures rouges Apollon et Marsyas Vers 360-350 av. J.-C. Argile – H 20 cm ; D 30,5 cm ; La 41,6 cm Paris, musée du Louvre, salle 44, vitrine 24 – K 570 Apollon Fils de Zeus et de Léto, père d’Asclépios et d’Orphée. Dieu de la musique, de la poésie et des arts, il est également le dieu de la divination et de la lumière. Il incarne l’ordre et l’harmonie. Il est toujours représenté comme un jeune homme, imberbe, avec une longue chevelure bouclée. Il est le plus beau des Olympiens. Ses attributs sont nombreux : l’arc et les flèches 3, la lyre ou la cithare 4. Le laurier lui est associé (mythe de Daphné), ainsi que le trépied, symbole de son oracle à Delphes. 5 Peintre de Cléophradès Cratère en calice attique à figures rouges Retour d’Héphaïstos dans l’Olympe Vers 485-480 av. J.-C. Argile – H 42 cm ; D 49 cm Paris, musée du Louvre, salle 43, vitrine 23 – G 162 Bibliographie T.H. Carpenter, Les Mythes dans l’art grec, Londres, 1997. P. Grimal, Dictionnaire de la mythologie grecque et romaine, Paris, 1969. J.-L. Martinez, Les Dieux grecs, petit dictionnaire illustré, RMN, Paris, 2001. Sophie Padel-Imbaud Département des Antiquités Grecques, Etrusques et Romaines Musée du Louvre, Direction du développement culturel. Dépôt légal : décembre 2007. Conception graphique : Grapus. Maquette : L. Jean. Crédits photographiques : documentation des AGER. Impression : Stipa. 3 Les douze travaux d’Héraclès I 61 Français feuillets Les douze travaux d’Héraclès I Sauf indication contraire, les vases mentionnés sont présentés dans la vitrine 5 de la salle 39 de la galerie Campana, consacrée aux douze travaux d’Héraclès. Héraclès naquit à Thèbes, en Béotie, de l’union d’une mortelle, Alkmène, et de Zeus. Sa légende fut très populaire à Athènes, surtout vers la seconde moitié du VIe siècle avant J.-C. Il existe plusieurs versions de ses exploits, lesquels, durant l’époque classique, ont été répartis en trois catégories : les douze travaux, les exploits indépendants et les aventures secondaires accomplies lors des douze travaux. Les artistes s’en sont largement inspirés pour créer des scènes, ornant aussi bien des objets d’utilisation privée (vases, gemmes) que des commandes publiques (statues, reliefs architecturaux des temples). Dès sa naissance, Héraclès subit la jalousie d’Héra, femme légitime de son père, Zeus. Celle-ci fut en effet à l’origine de l’accès de folie qui poussa Héraclès à tuer ses enfants. Demandant alors à l’oracle de Delphes comment expier ce crime et gagner l’immortalité, il lui fut répondu de servir son cousin Eurysthée, le roi de Tirynthe. Celui-ci lui ordonna d’accomplir dix exploits. Dans l’iconographie, Héraclès est presque toujours barbu et vêtu de la léonté, la peau du lion tué à Némée lors de son premier exploit. Il est armé de la massue, de son arc et de son baudrier. 2 Peintre de Diosphos Amphore attique à figures noires (détail face a) Héraclès et l’hydre de Lerne Athènes, vers 500-490 av. J.-C. Argile – H 19,7 cm ; D 11,9 cm Paris, musée du Louvre – F 386 Le lion de Némée Le premier monstre qu’Héraclès dut tuer et ramener à Eurysthée fut le lion qui ravageait la plaine de Némée, en Argolide. Héraclès trouva le lion et lui décocha les flèches magiques offertes par Apollon. Mais la bête était invulnérable, et les flèches rebondirent sur sa peau. Héraclès l’attaqua alors à mains nues, l’étouffa de ses bras, puis l’écorcha et revêtit sa peau, la fameuse léonté, qui ne le quitta plus. Zeus mit le lion dans le firmament parmi les constellations. À son retour à Tirynthe, Héraclès lança la peau aux pieds d’Eurysthée qui, terrifié, se cacha dans une jarre. Cet exploit est le plus représenté dans l’art grec. L’image de la lutte est inspirée d’un modèle oriental où le combat du roi avec un lion est un thème très fréquent. Le héros est nu, ses armes et son himation accrochés parfois sur un arbre, derrière lui. Plusieurs peintres attiques conçoivent la lutte du héros avec le lion comme un modèle mythique de la lutte sportive. Le lion sur ses pattes arrière se lève pour attraper Héraclès (amphores à figures noires F 33, salle 42, vitrine 16, et F 37, salle 42, vitrine 4). Un autre modèle iconographique de ce combat est celui où l’homme et la bête luttent au sol, à l’instar des lutteurs du pancrace (lécythe à fond blanc L 31, fragment de cratère à figures rouges G 110, amphore à figures noires F 215, salle 42, vitrine 11, et œnochoé à figures noires F 349) 1. Il existe un troisième type, celui de l’affrontement avant l’attaque (mastoïde F 167) : Héraclès, tenant l’arc et la massue, s’approche du lion. Les personnes qui encadrent la scène sont généralement son neveu Iolaos et la déesse Athéna, sa protectrice. 3 Peintre de Diosphos Amphore attique à figures noires (face b) Iolaos, Athéna et le crabe Athènes, vers 500-490 av. J.-C. Argile – H 19,7 cm ; D 11,9 cm Paris, musée du Louvre – F 386 1 Daybreak Painter Œnochoé attique à figures noires Héraclès et le lion de Némée Athènes, vers 525-500 av. J.-C. Argile – H 23 cm ; D 13 cm Paris, musée du Louvre – F 349 L’ hyd r e d e L e r n e L’hydre, serpent d’eau au corps de chien et aux multiples têtes – de cinq à cent selon les versions –, vivait dans les marais de Lerne, près d’Argos. Héraclès fut d’abord tenté de tuer l’hydre avec son épée, mais, dès qu’il coupait une tête, deux autres repoussaient. Il recourut alors à l’aide de son neveu Iolaos qui cautérisa avec une branche les cous tronçonnés. Héra ayant envoyé un crabe pour faire diversion et empêcher Héraclès d’accomplir son exploit, celui-ci l’écrasa. La déesse, pour récompenser le crabe de ses services, en fit la constellation du Cancer. Héraclès recueillit le sang venimeux de l’hydre et l’utilisa pour empoisonner ses flèches. De retour au palais d’Eurysthée, Héraclès apprit que ce dernier refusait de compter cet exploit au nombre des travaux car il avait bénéficié d’un secours extérieur. L’iconographie de l’exploit prend sa forme finale à la fin du VIIe siècle avant J.-C., dans les ateliers corinthiens. Douze vases datés entre la fin du VIIe et le VIe siècle nous sont parvenus (skyphos corinthien CA 3004, salle 41, vitrine 9). Athéna est souvent représentée tenant une petite fiole ou une œnochoé pour recueillir le sang empoisonné. Sur la céramique attique à figures noires, la scène apparaît vers la seconde moitié du VIe siècle (amphores CA 7318 et F 38, lécythe à figures noires CA 598, salle 39, vitrine 14, amphore “tyrrhénienne” E 851, salle 41, vitrine 11). Même si les représentations de l’hydre sont assez nombreuses, elles ne sont pas aussi fréquentes que celles du premier exploit et, vers la fin de l’époque archaïque, l’image perd son caractère d’affrontement “monumental”. La disposition bien ordonnée des deux principaux acteurs assistés par Athéna, que l’on voit sur les documents les plus récents comme l’amphore F 386 2 et 3, le lécythe CA 598 et surtout l’amphore CA 7318, ne donne pas l’impression d’une aventure périlleuse. 3 4 5 Hydrie à figures noires (détail) Héraclès et le sanglier d’Erymanthe Athènes, vers 520-500 av. J.-C. Argile – H 9,7 cm ; D 23,6 cm ; la 30,5 cm Argile – H. 48 cm ; L. 32,30 cm Paris, musée du Louvre – G 263 Paris, musée du Louvre – F 299 L a b i ch e d e C é ry n i e L e s é c u r i e s d ’Au g i a s Euripide rapporte que la biche était un fléau, et qu’Héraclès la tua et la consacra à Artémis. D’autres auteurs racontent que l’animal avait des bois dorés et que, consacré à la déesse Artémis, il faisait partie de son attelage. Héraclès poursuivit la biche pendant un an et la captura vivante à l’aide d’un filet. Apollon et Artémis réclamèrent l’animal sacré. Ils autorisèrent toutefois Héraclès à ramener la biche jusqu’au palais d’Eurysthée à condition de la relâcher ensuite (coupe à figures rouges G 263) 4. C’est le peintre de vases Lydos qui reproduira le premier cet épisode, vers 560 avant J.-C. Sur l’amphore F 234 bis, Léto, la mère d’Apollon, se tient près de son fils, tandis qu’Athéna est placée devant Héraclès. Les deux hommes se disputent un animal de petite taille. Ce type iconographique est basé sur un modèle plus ancien, celui de la dispute du trépied entre Héraclès et Apollon. L’art archaïque s’inspire peu de cet épisode, préférant l’affrontement des héros contre de puissants adversaires. Augias, fils d’Hélios, le dieu du Soleil, possédait de nombreux troupeaux qu’il faisait paître dans son royaume d’Elide. Eurysthée ordonna à Héraclès de se rendre à ses écuries, inutilisables à cause de l’énorme accumulation de fumier, et de les nettoyer en une seule journée. Héraclès obtint d’Augias, en présence de son fils Phylée, la promesse qu’il lui donnerait en récompense un dixième du troupeau. Le héros ouvrit des brèches dans les murs d’enceinte des étables, détourna les fleuves Alphée et Pénée et fit passer leurs eaux à travers les écuries. Avant la fin du jour, il fit rentrer les fleuves dans leurs lits et reboucha les brèches. Les étables étaient propres, mais Augias refusa de respecter sa promesse sous prétexte qu’Héraclès avait travaillé sous les ordres d’Eurysthée. Phylée, qui désapprouvait son père, fut banni. Quant à Eurysthée, il refusa de compter cette épreuve parmi les travaux puisque Héraclès avait demandé une récompense. Ce cinquième épisode, le moins populaire des douze travaux, ne figure pas sur les vases. La seule représentation dans l’art grec se trouve sur l’une des métopes du temple de Zeus à Olympie. Héraclès reçut ensuite l’ordre de capturer l’énorme sanglier qui vivait sur le mont Erymanthe, en Arcadie, et ravageait la région. Il l’attrapa en le forçant par ses cris à sortir de sa tanière. Il l’emprisonna dans un filet et le rapporta à Eurysthée, qui se réfugia de nouveau dans une jarre de bronze. Dans l’Antiquité, la chasse au sanglier, liée à plusieurs légendes, est souvent représentée dans l’art, où elle apparaît vers la fin du VIIe siècle avant J.-C. Parfois Héraclès attrape le sanglier par les pattes arrière, ou encore il le soulève en le prenant à bras le corps. Plus populaire est la présentation du sanglier à Eurysthée se cachant dans la jarre (amphore à figures noires F 59, amphore à figures noires F 202, salle 42, vitrine 11, coupe à figures rouges G 17, salle 43, vitrine 2, et amphore à figures noires F 229) 5. Iolaos, Athéna et Hermès assistent parfois à la scène. Français Groupe de Léagros Peintre d’Antiphon Coupe attique à figures rouges Héraclès et la biche de Cérynie Athènes, vers 490 av. J.-C. L e s a n g l i e r d ’ E ry m a n t h e 61 6 Groupe de Munich 1501 Amphore attique à figures noires Héraclès et le sanglier d’Erymanthe Athènes, vers 525-500 av. J.-C. Argile – H 44,5 cm ; D 23,3 cm Paris, musée du Louvre – F 229 Bibliographie Alexandra Kardianou-Michel P. Grimal, Dictionnaire de la mythologie grecque et romaine, Paris, 1969. Département des Antiquités Grecques, Etrusques et Romaines Musée du Louvre, Direction du développement culturel. Dépôt légal : décembre 2007. Conception graphique : Grapus. Maquette : L. Jean. Crédits photos : Chuzeville,1, 2 et 3 ; P. Lebaube, 4 et 5. Impression : Stipa. 3 Les douze travaux d’Héraclès II 62 Français feuillets Les douze travaux d’Héraclès II Sauf indication contraire, les vases mentionnés sont présentés dans la vitrine 5 de la salle 39 de la galerie Campana. Pour le septième exploit, Eurysthée envoya Héraclès en Crète afin de ramener le taureau que le roi Minos avait négligé de sacrifier à Poséidon. Le taureau causant beaucoup de dégâts, Minos en accepta la capture. Héraclès le prit vivant, l’emmena à Tirynthe puis le relâcha. Le taureau gagna la région de Marathon. Il fut tué plus tard par Thésée. Cette scène figure sur plus de deux cents vases attiques à figures noires, pratiquement tous datés entre 530 et 490 avant J.-C., parmi lesquels de nombreux petits vases comme des lécythes et des gobelets d’une facture plutôt moyenne – lécythes à figures noires CA 3759 D et F 455, gobelet à figures noires F 475 – et l’amphore à figures noires F 239 2 (salle 46, vitrine 8). Le cycle de Thésée étant également très populaire à cette même période, son exploit à Marathon se confond avec celui d’Héraclès sur les représentations. Seules les armes d’Héraclès accrochées sur un arbre nous permettent de distinguer les deux épisodes. Le sujet apparaît également sur une douzaine de vases à figures rouges de la fin de la période archaïque. Les oiseaux du lac Stymphale Ces oiseaux, qui infestaient les rives du lac Stymphale, en Arcadie, attaquaient les hommes à l’aide de leurs griffes et de leurs plumes aux pointes d’acier et dévastaient les récoltes en les souillant. Héraclès s’en débarrassa en utilisant un krotalon, crécelle de bronze fabriquée par le dieu-forgeron Héphaïstos. Effrayés par le bruit, ils sortirent de leurs buissons, et Héraclès les transperça de ses flèches. Ce fut le dernier travail d’Héraclès dans le Péloponnèse. Les représentations de cet épisode peuvent être identifiées avec certitude à partir du milieu du VIe siècle avant J.-C. Sur l’amphore à figures noires F 387, Héraclès est représenté armé, se protégeant avec la léonté et tenant une fronde. Sur l’autre face 1, Iolaos est figuré en hoplite, casqué, portant une cuirasse et des cnémides. Il protège son bras gauche avec son himation. Lui aussi attaque les oiseaux qui l’entourent, armé d’une fronde. Sur le fragment de la métope provenant d’Olympie MA 717 (salle 4, Olympie), Héraclès offrait les oiseaux à Athéna. Ceux-ci étant en métal, il n’en subsiste plus aucune trace. 1 Peintre de Diosphos Amphore attique à figures noires (face b) Iolaos et les oiseaux du lac Stymphale Athènes, vers 500-490 av. J.-C. Argile – H 20,4 cm ; D 11,9 cm Paris, musée du Louvre – F 387 qu’il donna en pâture aux juments. Dès lors, les monstres devinrent dociles. Lors de cet épisode, Héraclès perdit son compagnon Abdèros, dévoré par les juments dont il avait la garde. Les représentations de cet exploit sont relativement peu nombreuses. Parmi les plus anciennes, une coupe du peintre Oltos conservée à Florence et une coupe de Psiax conservée à Saint-Pétersbourg datent des environs de 515-500 avant J.-C. Le taureau de Crète L a c e i n t u r e d e l a r e i n e d e s A m a zo n e s La fille d’Eurysthée, Admète, convoitait la ceinture portée par Hippolyté, la reine des Amazones. Son père, pour la contenter, ordonna à Héraclès de s’en emparer. C’est ainsi qu’il partit, accompagné de Thésée et d’autres héros, sur la côte nord de l’Asie Mineure, au royaume de ces farouches guerrières. Hippolyté avait reçu cette ceinture, symbole de son pouvoir de reine sur son peuple de guerrières, du dieu de la guerre, Arès. Lorsque Héraclès la lui demanda, elle la lui offrit de bon gré. Héra, furieuse de la facilité avec laquelle le héros avait accompli cet exploit, prit les traits d’une Amazone et souleva ses congénères contre Héraclès, prétextant que ce dernier avait voulu enlever leur reine. Le héros, croyant qu’Hippolyté ne tenait pas sa parole, la tua. À son retour à Tirynthe, Héraclès donna la ceinture à Eurysthée, qui la dédia à Héra. Dans l’art, le combat d’Héraclès et des Amazones est le sujet le plus fréquemment représenté après sa lutte avec le lion. On décompte plus de trois cent quarante vases (amphore à figures noires F 218, dinos E 875 3 et amphore F 243 4). Les juments de Diomède C’est en Thrace, auprès de Diomède, roi des Bistones, qu’Héraclès dut accomplir le huitième exploit imposé par Eurysthée. Diomède possédait dans son écurie quatre juments mangeuses d’hommes. Après s’en être emparé, Héraclès fut attaqué par Diomède et son peuple. Le héros mit en déroute les Bistones et captura leur roi 2 Peintre de Munich 1519 Amphore attique à figures noires Héraclès et le taureau de Crète Athènes, vers 520-500 av. J.-C. 3 Peintre de Timiadès Dinos attique à figures noires Héraclès et les Amazones Athènes, vers 575-550 av. J.-C. Argile – H 41 cm ; D 27 cm Argile – H 34 cm ; D 51,5 cm Paris, musée du Louvre – F 239 Paris, musée du Louvre – E 875 3 4 Groupe de Munich 1501 Amphore attique à figures noires Héraclès et les Amazones Athènes, vers 525-500 av. J.-C. Argile – H 43,2 cm ; D 28 cm Paris, musée du Louvre – F 243 A cette époque où l’Empire perse est à son zénith, le combat du héros contre les Amazones constitue une source d’inspiration pour les artistes, ces aventures incarnant la lutte des Grecs contre les barbares. L e t ro u p e a u d e G é ryo n Les pommes des Hespérides L e ch i e n C e r b è r e Héraclès s’était à présent acquitté des dix travaux imposés par l’oracle. Mais Eurysthée ayant refusé d’en reconnaître deux, il fut donc obligé d’en accomplir deux supplémentaires. Eurysthée exigea d’abord les pommes d’or qui se trouvaient aux confins du monde, dans le jardin des filles du couchant, les Hespérides. Ces pommes avaient été offertes à Héra par Gaïa, la Terre, comme cadeau de noces. Au terme d’une lutte avec le vieux dieu de la mer, Nérée, Héraclès lui soutira le secret de l’emplacement du jardin. Il persuada ensuite le Titan Atlas, père des Hespérides, de dérober les pommes gardées par le dragon Ladon. Atlas portant le ciel sur ses épaules, Héraclès lui proposa de le remplacer afin qu’il allât cueillir les fruits. Une fois les pommes en sa possession, Atlas refusa de reprendre son fardeau et décida de les remettre lui-même à Eurysthée. Héraclès fit mine d’accepter et demanda à Atlas de le soulager le temps de mettre un coussin sur sa nuque. Pendant que le Titan reprenait le ciel sur ses épaules, Héraclès saisit les pommes et s’enfuit. Eurysthée rendit les pommes sacrées à Héraclès, et Athéna les rapporta dans leur jardin. Dans l’art, Héraclès est représenté soutenant le ciel, comme sur la métope d’Olympie, ou dans le jardin, tuant le dragon, ou encore, vers la fin du Ve siècle avant J.-C., se reposant au milieu des Hespérides (pélikè à figures rouges M 11, salle 44, vitrine 22). Dans l’espoir d’être à tout jamais débarrassé d’Héraclès, Eurysthée lui demanda, comme dernière épreuve, de ramener Cerbère, le chien à trois têtes, gardien des Enfers. Pour trouver le chemin des Enfers, Héraclès fut initié aux mystères d’Eleusis et purifié. Il gagna le cap Ténaron où Hermès, le conducteur des âmes, et Athéna, sa protectrice, l’escortèrent jusqu’au royaume des morts. Pour y accéder, il dut lutter avec Hadès, le roi des Enfers lui-même. Blessé, Hadès accepta alors que le héros s’emparât de Cerbère à condition de ne pas se servir de ses armes. Héraclès usa donc de son courage et de sa force de persuasion. À Tirynthe, Eurysthée, à la vue du chien tricéphale, se cacha à nouveau dans la jarre, comme il l’avait déjà fait avec le sanglier d’Erymanthe. Héraclès renvoya Cerbère aux Enfers. Le sujet, très populaire durant la seconde moitié du VIe siècle, décore près d’une centaine de vases à figures noires (amphores à figures noires A 481, F 34 6). Mais on ne le trouve que sur très peu de vases à figures rouges (amphore à figures rouges F 204, salle 43, vitrine 21). Sur une hydrie de Caeré, Héraclès conduit le chien aux trois têtes entourées de serpents auprès d’Eurysthée, à moitié caché dans une jarre (hydrie à figures noires E 701, salle 42, vitrine 18). Héraclès a désormais rempli l’ultime condition pour obtenir l’immortalité. Ses aventures sont toutefois loin d’être terminées. C’est aux confins de la Terre qu’Héraclès se rendit pour le travail suivant : il avait pour mission de prendre possession du troupeau de bœufs appartenant à Géryon, un géant à trois corps. Héraclès tua le berger Eurytion et le chien Orthos, puis embarqua le troupeau. Géryon, averti du vol, attaqua le héros, qui le tua avec ses flèches. L’iconographie de la lutte d’Héraclès contre Géryon apparaît au milieu du VIIe siècle avant J.-C., mais s’impose dans le répertoire des peintres au siècle suivant, durant lequel nous comptons plus de soixante-dix vases à figures noires et cinq à figures rouges. Géryon est toujours présenté avec trois têtes casquées, trois bustes et six jambes. Entre lui et Héraclès se trouve Eurytion blessé (amphores à figures noires F 53 5, salle 42, vitrine 16, et F 55, vitrine 7). Le sujet disparaît pendant l’époque classique. 62 Français Bibliographie P. Grimal, Dictionnaire de la mythologie grecque et romaine, Paris, 1969. 5 Signé par Exékias, potier, attribué à un peintre du Groupe E Amphore attique à figures noire avec son couvercle Héraclès et le triple Géryon Athènes, vers 550-540 av. J.-C. 6 Amphore attique à figures noires Héraclès et Cerbère Athènes, vers 540-525 av. J.-C. Argile – H 42 cm ; D 27,5 cm Paris, musée du Louvre – F 34 Argile – H 44,5 cm ; D 30,5 cm Alexandra Kardianou-Michel Paris, musée du Louvre – F 53 Département des Antiquités Grecques, Etrusques et Romaines Musée du Louvre, Direction du développement culturel. Dépôt légal : décembre 2007. Conception graphique : Grapus. Maquette : L. Jean. Crédits photos : P. Lebaube, 1, 2 et 5 ; Chuzeville, 3 et 4. Impression : Stipa.