MAËL BOCQUART LE JT MISE EN SCENE ET DISPOSITIFS
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MAËL BOCQUART LE JT MISE EN SCENE ET DISPOSITIFS
MAËL BOCQUART LE Journal Télévisé MISE EN SCENE ET DISPOSITIFS En juin 1949, sous l'impulsion de Pierre Sabbagh, la télévision française propose son premier journal d'information. Ce nouveau genre mettra 20 ans à se définir, et devra son succès à l'énergie des pionniers qui ont su créer un regard neuf sur l'actualité. D'abord constitué de sujets muets commentés en direct par un journaliste, le J.T. a mis une vingtaine d'années à trouver le visage qu'il a aujourd'hui. Dès janvier 1950, l'édition du soir est reprise à 12 h 45 le lendemain, ouvrant la voie au journal de 13 heures que nous connaissons. En 1954, le journal est programmé, pour la première fois, à 20 heures précises, et les journalistes font leur apparition à l'antenne. En 1959, le journal d'aujourd'hui s'invente définitivement puisque le présentateur, sur le plateau, lance les sujets, commentés par d'autres journalistes. En 1963, sous l'influence des magazines d'information comme « Cinq Colonnes à la Une », le J.T. se réforme et privilégie l'image. Autre nouveauté : l'apparition de témoins et de spécialistes, qui viennent seconder le présentateur. Nous allons voir tout d’abord définir les deux types de journaux télévisés, le journal de plateau et le journal tout en image.Puis nous allons étudier l’habillage et la scénographie caractéristiques de ces types de journaux qui reposent sur un générique, une charte graphique, des éléments de décor, un choix de cadrage et un présentateur.Finalement nous nous intéresserons aux formes nouvelles et aux dérives liés à la mise en scène du journal télévisé. 2 Types de journaux Le journal de plateau repose sur l’alternance en direct de reportages et de séquences en studio.Il dure de 20 à 45 minutes.Un présentateur assure la continuité du JT, placé sous la responsabilité technique d’un réalisateur.Ce type de dispositif est par exemple celui de TF1, France 2, France 3, ARTE.Le journal tout en images, préenregistré, rubriqué et titré, est nettement plus court.Il se passe de studio et de présentateur.Le cas le plus connu en France est le « 6 minutes » de M6. Nous parlerons en général du journal de plateau si rien n’est précisé et du journal télévisé français. Le réel passe par un dispositif mis en place une fois pour toutes .Cette répétition formelle ne lasse pas le public et, au contraire, garantit sa fidélité.Comment fonctionne ce dispositif et quels en sont les éléments ? Le Générique GENERIQUE : bande son ou vidéo, généralement courte, qui ouvre et clôture rituellement une émission de radio ou de télévision et sur laquelle sont nommées les personnes qui ont participé à sa réalisation, sa production et sa diffusion. Le générique des journaux télévisés est très travaillé par les responsables des chaînes. Il prétend illustrer la conception que se fait une chaîne de l'information télévisée. De ce fait, rien n'est laissé au hasard et quasiment tout est signifiant. Le générique assure trois fonctions à la télévision : -celle de prélude qui constitue au cinéma « l’entrée dans la fiction », ici, la simple entrée en matière et, dans le même temps, la borne d’une frontière dans le flux des programmes ; -celle de nomination et d’identification de l’émission à travers un titre mais aussi une séquence visuelle illustrant le positionnement du programme ; -celle de signature d’un collectif de professionnels, qui apparaît le plus souvent dans les génériques de clôture.Parallèlement, il est porteur d’une identité plus globale, explicite ou non, celle de la chaîne (il suffit pour s’en convaincre de mettre en regard les génériques de TF1 et ceux de M6) mais, en fait tout comme au cinéma d’ailleurs où, à coté du nom du réalisateur peuvent apparaître ceux du producteur ou du distributeur. Il se démarque du générique cinématographique par sa ritualisation et sa présence qui se transforme en un repère qui doit captiver le spectateur.Il engage alors des stratégies de séduction qui influx inévitablement sur sa forme. La plupart des génériques exhibent la symbolique d’un monde maîtrisé,rendu proche et disponible par la médiation télévisuelle.Le procédé le plus manifeste est la représentation plus ou moins analogique de notre monde :sphères en mouvement , planète Terre en rotation plus ou moins accélérée,cartes plus ou moins précises des continents,etc.On affirme ainsi la terre entière comme référence du journal.Par sa stylisation,son esthétisation infographique performante ,le monde d’aujourd’hui est pour ainsi dire déjà médiatisé.Sa maîtrise est la métaphore de la maîtrise de l’information qui en émane.Que ce soit par un processus dynamique de zoom (de la Terre globale à un point précis) ou de balayages lumineux (mise en lumière de l’information , métaphore du désir de voir) ,ces processus appartiennent au registre de l’immersion et du dévoilement.Intégrer le spectateur en lui permettant d’assouvir son désir assure au journal une identification rapide. L’ouverture du J.T. se traduit par le générique qui est un signal, conduisant le spectateur à pénétrer dans l’espace commun du studio où se conduit l’interaction avec le médiateur, en passant par un premier aperçu de la matière informative (le sommaire). « La trame narrative de ce parcours peut être interprétée de la façon suivante.D’abord ,le monde est affirmé dans son ouverture ,sa globalité,son universalité(il existe dans son présent toujours en marche).Mais ce monde n’existe vraiment que capté et investi par nous (la chaîne de TV) pour vous (spectateurs) ;grâce à nous ce monde est à votre portée ,nous l’avons saisi et résumé pour vous en quelques titres.Se met alors en place l’interaction entre vous et nous au sujet de ce monde actuel,et ce à travers le je du présentateur.En d’autres termes ,il s’agit d’abord de s’ouvrir au monde,grâce à la chaîne et à son journal,puis d’en entrevoir,par le sommaire,la déclinaison quotidienne .Ce parcours aboutissant enfin sur la figure centrale du présentateur. »1 Le générique a donc une fonction d’introducteur familier pour le spectateur dans un monde connu (le JT) où il redécouvrira (ou non) le monde réel. Voir les études de génériques dans les documents annexes. La Charte graphique La charte graphique définit et fixe les règles d’utilisation de certains éléments visuels : couleurs, lettrages, bandeaux…La répétition à l’identique de ces éléments participe à la construction d’une identité visuelle.Elle favorise les phénomènes de reconnaissance et de mémorisation de l’image de la chaîne et de son JT par le téléspectateur. Le JT est comme un livre, dont le spectateur a l’impression de tourner les pages ponctués de chapitres (« économies » ; « faits divers »…etc.).Les procédés de rotation et de translation, les déroulements des pages référent à la terminologie de la typographie.Tout comme les nombreux procédés de mise en page propre à la presse écrite : bandeaux, inscriptions graphiques barrant l’écran, médaillons et cabochons2.Le spectateur est face alors à une « page-écran ». « …Le trait qui caractérise peut-être le mieux la symbolique de la pageécran appliquée au JT est la sérialisation.En effet, si les JT de chaque chaîne font largement appel au retour systématique des mêmes structures formelles, c’est en recourant non seulement à des énoncés linguistiques fortement ritualisés mais aussi à des standards visuels qui se retrouvent d’image en image. »3 1 Philippe Marion, « Au seuil du JT » dans Penser la télévision, INA/Nathan, Paris, 1998. Cabochon : Imagette incrustée à coté du présentateur : dessin ou photographie accompagné d’un titre ou d’un mot-clé. 3 Pierre Moeglin, « une scénographie en quête de modernité : de nouveaux traitements de l’image au journal télévisé », dans Le JT, mise en scène de l’actualité à la télévision, INA, La documentation française, Paris, 1986. 2 La charte graphique permet de créer un journal dont l’interface, adopté par le spectateur, le réconforte dans sa lecture (en fait la lecture que l’on fait pour lui) des informations.C’est encore une fois un processus de fidélisation du spectateur mais aussi une aide structurelle et visuelle sa compréhension des sujets traités.Techniquement ,en régie,l’utilisation d’un générateur de caractères permet l’incrustation d’un texte sur une image ou un fond coloré(nom des témoins,des journalistes et du monteur,indication de la source d’image,sous-titrage…).L’habillage ,lui ,est l’ensemble des éléments sonores et visuels qui définissent le ton et la couleur d’une chaîne de télévision et qui permettent de l’identifier.L’incrustation,elle,est un procédé électronique à l’initiative de la régie qui consiste à intégrer une image vidéo ou un texte dans une autre image vidéo (le cabochon des rubriques par exemple).L’infographie est l’ensemble des images de synthèse (schémas,cartes…) utilisées à l’écran pour illustrer des données abstraites.tous ces éléments font partie de la charte graphique. Voir l’étude de la charte graphique de France 2 dans les documents annexes. Le décor Le décor est composé de l’ensemble des éléments matériels qui habillent le studio : forme et matériau du bureau du présentateur, habillage et couleurs des murs, éléments d’arrière plan, éclairage…Il crée la scène sur laquelle l’actualité du monde va être organisée, présentée et commentée. Dans les JT français d’aujourd’hui, le décor complet du studio ne se révèle qu’au moment du générique de fin du journal (mais il est de plus en plus révélé plus tôt). Voir études des décors à la fin du JT de TF1 et de France 3 dans les documents annexes Nous pouvons voir que le décor a une forte signification.Il présente un dispositif rigoureux qui traduit l’application, autant dans la mise en scène du décor que dans la mise en scène de l’information.De plus, voir le décor dans son intégralité (avec les cameras, les techniciens) permet de créer un lien de complicité entre la chaîne et le spectateur curieux à qui on donne « accès » aux coulisses. Voir le schéma du plateau de JT dans les documents annexes Le cadrage « Depuis dix ans on serre petit à petit le plan du présentateur ; chaque année, il se rapproche un peu plus du gros plan, et le visage prend de plus en plus d’importance.On pourrait presque résumer l’histoire de la télévision par le choix des plans au journal.Dans les années soixante , on perçoit le décor et les présentateurs assis à la table.C’est le temps des copains ,voire des vedettes,pas encore celui des stars.Dans les années soixante-dix,la table est toujours là,mais le trucage fait son apparition,derrière le présentateur ,où défilent des images.A l’heure où naissent les chaînes actuelles , on affiche les décors ,les logos et la machinerie ;le présentateur voit son influence amoindrie.Dans les années quatre-vingt-un ,le journal commence à fabriquer des stars et l’on arrive au plan idéal.Cependant ,si les décors sont toujours là,on les voit surtout au début et à la fin du journal.La petite fenêtre se positionne à coté des présentateurs,pour indiquer le sujet traité.L’écran est partagé en deux.Sur TF1,le présentateur est à gauche et la fenêtre à droite ,sens de la lecture naturelle des yeux,du sujet (le présentateur) à l’objet du débat (la diapo).Antenne 2 ,concurrence oblige,opte pour le contraire…on va de l’objet au sujet.1 » Le choix du cadrage du présentateur vise à créer un type de relation avec le téléspectateur : le cadre serré, choisi aujourd’hui par la plupart des chaînes cherche à produire un effet de proximité et d’intimité.Sa stabilité 1 Jacques Asline, La bataille du 20 heures, 40 ans de journaux télévisés, Acropole, Paris, 1990. et sa réapparition à l’identique constituent une balise dans le visionnement du journal.Le cadrage du présentateur fait partie de l’identité visuelle d’un JT.Aujourd’hui, la plupart des chaînes privilégie un cadrage serré.Cela installe le spectateur dans une proximité intime avec le présentateur , lui permettant ainsi de saisir ses expressions de visages , ses directions de regards mais aussi de ne pas être perturbé par les éléments autour du journaliste..L’angle de camera, un « face à face », donne une impression d’une discussion étroite, une symétrie qui crédibilise son discours. Le rôle du présentateur Le présentateur est au cœur du dispositif de plateau.Il s’efforce d’instituer et de maintenir par son style et sa personnalité, une relation de confiance avec le téléspectateur.Il garde le contact « les yeux dans les yeux » avec ce dernier grâce au regard qu’il adresse sans cesse à la camera qui supporte un prompteur.Journaliste, il assume plusieurs rôles au cours du déroulement du JT.Il est celui qui fait passer l’information avec sa propre sensibilité , un journaliste « intime ».Il est celui qui lance les sujets , les commente,celui qui assure la continuité du journal pas ses liaisons. Il est également une star qui est vu par de nombreuses personnes. Actuellement, la vedette du journal, c’est la star.Le journal s’identifie totalement à son spectateur ; il n’y a plus que lui sur l’écran, le décor est flou à l’arrière.Il y a peu de trucages.Simplicité, gros plan, personnalisation extrême sont les maîtres mots des années quatre-vingtdix. Voir « l‘arrivée de l’homme-tronc » et « la reine du 20h » dans les documents annexes Le présentateur est porteur d’une image, celle de la chaîne mais aussi de la crédibilité journalistique.Il ne peut pas se permettre d’être imparfait.C’est pourquoi de nouvelles technologies font leur apparition comme le prompteur et l’oreillette.Ceux-ci permettent une garantie supplémentaire du bon déroulement du journal mais permettent également une réactivité si une dépêche importante tombe.Le prompteur évite aux journalistes de lire les feuilles et donc de casser ce regard camera et direct avec le spectateur. Voir « prompteur et oreillettes » dans documents annexes Autres formes de journaux télévisés, autres scénographies et objectifs Le format court : Le « 6 Minutes » de M6 Depuis le premier semestre 1998, le 6 Minutes de M6 est le deuxième journal du soir regardé par les moins de 50 ans. Douze minutes d'infos (et non pas six) tout en images qui « donnent l'essentiel », selon Michel Cellier, directeur adjoint de l'information. Le rythme est rapide : une minute trente maximum par sujet traité sous un seul angle. L'information est éditée par des cartons comme « Miam », « Alerte » ou « Polémique ». « Le mot clé qui apparaît à l'écran détermine la nature et l'angle du sujet. Le carton donne une lisibilité plus forte mais il n'est pas toujours à prendre au premier degré », spécifie-t-il. Depuis la création du journal en 1987, seul son habillage a fait peau neuve pour ses 10 ans. « Dès la naissance de M6, il y avait une volonté de se démarquer, de faire de la contre-programmation. Produire un JT de plus ne répondait pas non plus à l'attente du public. Notre différence, c'était le décalage horaire, l'absence de présentateur et pour la première fois le tout en images. C'était quelque chose de vraiment nouveau à la télévision. » Depuis le « petit » journal est monté, à la grande satisfaction de 15-34 ans, avec en plus à 20 h 40 un 6 Minutes local. Formule en images : Le « No comment » d'Euronews « No comment, c'est du jus de crâne ». Dominique Caillet, adjointe au montage, en est convaincue : le tout en images sans aucun discours est « une nouvelle écriture ». No comment a fait partie des programmes d'Euronews dès sa création en 1992. Philippe Duberne, à l'origine du projet, souhaitait diffuser les images brutes. Depuis le produit s'est « sophistiqué » : un peu plus de montage pour donner plus de lisibilité, plus de rythme (de 13 à 2 minutes) et amener une narration. Si le montage suffit à comprendre, le téléspectateur est forcément quelqu'un d'averti. Certes, « Il n'aura pas plus d'informations, mais il cherche l'impact de l'image et un autre regard sur elle ». L'équipe de 8 permanents est donc très attentive au choix des images : « Elles doivent être suffisamment parlantes pour supporter le seul commentaire de la date et le lieu, mais aussi ne jamais prêter à confusion au risque d'une erreur d'interprétation ». « Nous avons extrêmement conscience de notre responsabilité, notre point fort c'est l'honnêteté », ajoute Dominique Caillet. La formule subjective : « Le Vrai journal » de Canal Plus Une info non exhaustive, traitée de manière subjective. « On choisit de parler de ce qui nous intéresse avec des partis pris,», confie Jean-Marie Michel, rédacteur en chef du « Vrai Journal » de Canal Plus. En septembre 1996, l'idée d'Alain de Greef, directeur général chargé des programmes et de Karl Zéro, l'animateur, était de se distinguer des JT classiques, « trop aseptisés » sans pour autant prétendre les remplacer. Tous les dimanches à 12 h 40, le magazine renoue donc avec le journalisme d'investigation et prend plaisir à mélanger les genres. Entre 5 reportages/enquêtes sur fond de polémique, et plusieurs minutes d'interview, s'immiscent quelques notes d'humour. Pour le traduire : des sketches parodiques en 3D et depuis novembre un dessin animé, « Les Simplet ». Croisement des « Simpson » et de la classe politique française, cette famille de Colombeyles-Deux-Arnaques ajoute un peu plus de satire au ton de l'émission. Naked news Naked news est un journal télévisé où la présentatrice se déshabille en même temps qu’elle présente les informations. Elle fait donc un striptease. Nous pourrions dire que ce type de journal est un « anti-journal » .Les informations deviennent secondaire face au spectacle offert par la présentatrice. La crédibilité des sujets n’est pas remise en cause cependant mais ce n’est pas vraiment ce que recherche les spectateurs de ce journal. La scénographie est centrée vers le potentiel de la fille à faire grimper l’audimat. Nous avons vu que les dispositifs mis en place par les journaux télévisés français convergent tous vers le même but :La fidélisation du spectateur par des codes et des signaux récurrent, la recherche d’une crédibilité et du sérieux du travail mais en même temps accessible pour le téléspectateur. Les formes du JT ont évolué jusqu’à saturation de l’image par des procedes modernes qui ont dénaturé le contenu même de l’information. Cependant le JT ne cesse d’évoluer, et de se renouveler par des formes parallèles de journaux télévisés. Quels seront alors les enjeux de demain ? Se recentrer sur le fond plutôt que sur la forme ? Christine Ockrent souligne le côté évolutif du JT : "Il faut arrêter de penser que le journal télévisé est un exercice figé. Il évolue en fonction des publics, de ses attentes et de la diversité de l'information, etc. On ne peut plus faire aujourd'hui un journal comme on le faisait il y a vingt ans. Cela n'a pas de sens." "Parce que l'info brute est incompréhensible, sa mise en scène est indispensable. A y regarder de plus près, aujourd'hui, le journal remplit son contrat d'information, pas celui de connaissances." Jean-Pierre Elkabach DOCUMENTS ANNEXES Etude du générique de M6 (Années 90) Le générique peut se décomposer en 4 séquences : 1-Le logo de la chaîne clignote 2-Il y a un balayage de lignes horizontales et verticales 3-Apparition d’un volet rouge avec le titre du journal 4-Apparition d’un volet gris avec le titre du premier sujet En l’absence de toute image du monde de l’évènement (globe terrestres, cartes, satellites…) ou de l’activité d’une rédaction, c’est l’identité visuelle de la chaîne qui est privilégiée ; le « 6 minutes » s’affirme avant tout comme un programme parmi les autres à l’initiative de la chaîne, dont le logo est particulièrement mis en valeur. Ce générique peut évoquer un acte de classement, de rubricage, de mise en ordre. Son design très géométrique se confond avec l’habillage de la chaîne qui traduit un effet de modernité. Etude du générique de France 3, le 19>20 (Années 90) Les composantes de l’image sont les suivantes : -travelling avant au-dessus de la surface terrestre du point de vue d’un satellite ou d’un vaisseau spatial -un bandeau blanc au bas de l’écran présentant l’édition et le nom du journal -des noms de villes régionales et internationales défilent à gauche de l’écran verticalement, de haut en bas et de bas en haut, à des vitesses différentes -un lever de soleil éblouissant, coïncidant avec le début du survol de la France A ce point de vue globale succède un plan serré de la présentatrice dans le studio. La vision de la surface terrestre renvoie à l’idée d’une couverture mondiale de l’actualité. La lumière du soleil levant peut s’interpréter comme un effet de révélation apporté par l’information. Le défilé incessant des noms de villes allie la dimension régionale et internationale de la couverture du journal. On assiste en raccourci finalement au parcours de l’information, couvrant toute la planète pour déboucher sur le studio et le visage de la présentatrice. Etude de la charte graphique de France 2 (2001) Générique de début : La charte graphique du JT de France 2 reprend deux caractéristiques principales de l’identité visuelle de la chaîne : le fond coloré rouge et les lettres blanches. Sur le générique de début, deux bandeaux sombres et un rouge sont incrustés sur l’image du globe terrestre en rotation : la date, l’édition et le nom du présentateur apparaissent en lettres blanches sur fond foncé légèrement transparent. Le logo de la chaîne est inscrit en blanc sur fond rouge. La plupart de ces éléments graphiques se retrouvent dans le cours du JT Annonce des titres : Tous les éléments textuels, graphiques ou infographiques sont définis dans la charte graphique ainsi que leurs règles d’utilisation, que ce soit pour les fins de reportage, les noms de personne et de lieux ...etc. Certaines images d’illustration se conforment également à une présentation standardisée : fond de couleur (bleu ou vert) flou sur lequel s’inscrivent des chiffres ou des graphiques jouant sur un effet de perspective et de relief. Les cartes présentent un effet de relief et un parti pris de couleurs vives renforçant leur lisibilité. Cabochon : Parfois, une photo ou un dessin incrustés sur fond clair dans un coin de l’écran viennent illustrer le sujet abordé par le journaliste. Un mot clé sert de titre au sujet. Cependant la charte graphique d’un JT n’est pas éternelle. Elle évolue régulièrement. Etude du décor à la fin du JT de TF1 Le décor fait appel à des couleurs à dominante froide (bleu, blanche) renforçant l’effet de sérieux du dispositif. Derrière le présentateur, une paroi de verre laisse deviner la rédaction. Il occupe physiquement une position de médiation entre l’équipe rédactionnelle et le téléspectateur. Etude du décor à la fin du JT de France 3 Là encore, le décor est dominé par des couleurs froides (bleue, blanche) qui appuient l’effet de rigueur du dispositif. La présentatrice de France 3 apparaît seule devant l’image du globe terrestre (reprise du générique de début) qui évoque le terrain de l’actualité. Cette mise en scène privilégie la représentation de l’événement par rapport au travail de la rédaction. Les cadrages de France 3, France 2 et TF1 « L'arrivée de l'homme-tronc Ce n'est qu'à partir de 1954 que des hommes comme Claude Villedieu, Claude Darget ou Pierre Dumayet font leur apparition pour présenter le journal à l'écran, bientôt suivis par des poids lourds comme Léon Zitrone ou Maurice Séveno, parfois remplacés par des femmes comme Micheline Sandrel ou Danièle Breem. D'autres figures prennent place : Georges Bortoli (qui deviendra le "soviétologue" d'Antenne 2), Michel Droit (futur académicien), François Gerbaud (futur sénateur), Joseph Pasteur ou Michel Péricard (futur député-maire, récemment disparu).Il y a aussi l'arrivée sur le plateau de spécialistes dont l'un des plus médiatiques, Frédéric Pottecher, tient en haleine les téléspectateurs par de vibrants comptes-rendus de procès d'assise. Jeunes recrues de l'AFP, deux hommes apportent un ton nouveau : François de Closet, qui va passionner les Français avec la conquête spatiale naissante, tandis qu'Emmanuel de la Taille aborde les graves sujets de l'Europe et la défense ou des grands dossiers économiques. Nouveau patron de l'information sur la "Une" au début des années 70, Pierre Desgraupes veut s'inspirer de la chaîne américaine CBS et de son présentateur populaire Walter Conkrite, qui fait le journal en direct depuis son bureau. Il désigne à cette fonction Joseph Pasteur, déjà rédacteur en chef, qui d'octobre 1971 à juillet 1972, va être le premier présentateur unique du JT de 20 h. Courant du lundi au vendredi, cette formule est encore à l'usage de nos jours. Pierre Desgraupes fait également rentrer des journalistes de la presse écrite ou de la radio comme François-Henri de Virieu, Olivier Todd, Etienne Mougeotte et Philippe Gildas. Après l'éclatement de l'ORTF en 1975, le 20 h devient un terrain de concurrence entre les deux chaînes et on cherche des présentateurs capables d'incarner les Français. L'homme de TF1 sera le très populaire Roger Gicquel, qui officiera tous les soirs jusqu'en décembre 1980. Sur Antenne 2, la quête va prendre plus de temps. Le directeur des informations de l'époque, Jean-Pierre Elkabbach, finit par choisir un jeune trentenaire, Patrick Poivre d'Arvor, qui présentera le 20 h de 1976 à 1983. Celui qu'on appelle désormais "PPDA" ou "Poivre" rejoindra TF1 au moment de sa privatisation, en 1987, pour devenir et rester l'inoxydable présentateur du 20h. Le journal de 13 h va aussi trouver son style avec, sur TF1, le très personnel Yves Mourousi (accompagné à partir des années 1980 par Marie-Laure Augry) et depuis 1988, le très "régionaliste" Jean Pierre Pernault. C'est aussi l'apparition de nouveaux spécialistes hommes et femmes comme Patrice Duhamel (politique), Jean-Pierre Chapel (défense), JeanPierre Berthet et Paul Lefèvre (justice), Martine Allain Regnault (santé), France Roche (cinéma), Luce Perrot (livres) ou Pierrette Bress (courses hippiques). La « reine » du 20h En 1981, de retour à la télévision sur A2, Pierre Desgraupes choisit pour le 20 h une femme d'origine belge quasi inconnue des Français, mais ayant un passé de journaliste confirmée à CBS aux Etats-Unis, puis sur FR3 et Europe 1. C'est Christine Ockrent qui, comme elle le rappelle ne pensait pas au vedettariat : « Le 20 heures, comme n'importe quel exercice de ce genre, ne tient pas seulement au "museau" du présentateur. Si le téléspectateur à l'impression qu'on fabrique pour lui un journal, c'est à dire un produit d'information qui l'intéresse et éveille sa curiosité, rigoureux et en même temps qui n'est pas ennuyeux. Eh bien il viendra ! » Dont acte : le 20 heures d'A2 restera pendant plusieurs années le plus regardé de France. Celle qu'on appelle encore la « reine Christine » a aussi ouvert la voix à l'idée que le journal télévisé pouvait être une affaire de femmes. Une tendance qui se confirme pendant les années 80 et 90 avec Marie-France Cubadda (sur TF1 et sur la Cinq) ou nos actuelles présentatrices des JT du week-end Claire Chazal (TF1) et Béatrice Schönberg (A2). Enfin, il faut se souvenir de l'éphémère Cinq (dont les émissions vont durer de 1987 à 1992) et de son ambitieux journal dans lequel se sont succédés Guillaume Durand, la déjà nommée Béatrice Schönberg, Gilles Schneider ou Jean-Claude Bourret. Une galerie de portraits qui ne saurait s'achever là ! » Jean SEGURA « Prompteur et oreillette En studio, le prompteur, écran situé face au présentateur et sur lequel il peut lire les commentaires qui apparaissent en mode défilant, fait son apparition au début de années 1970 et des hommes comme Joseph Pasteur sur TF1 commencent à l'utiliser à partir de 1971. Mais, comme se rappelle Claude Sérillon, qui est rentré à l'ORTF Ile-de-France en 1973 « le prompteur était un rouleau de papier sur lequel on tapait le texte que je corrigeais à la main ». Georges de Caunes, qui se méfiait de la censure, préférait s'en passer, car il craignait qu'on change son texte initial. Le prompteur va se généraliser au cours des années 1970 : « Moi, je l'ai eu d'office », raconte Roger Gicquel, présentateur du 20 h sur TF1 à partir de 1975. « On écrit soi-même le texte que l'on dicte ensuite à sa dactylo qui est en quelque sorte le premier "téléspectateur" à l'entendre. Si elle faisait mine de ne pas saisir certains passages, il fallait alors modifier ce texte. Evidemment, c'était un support mnémotechnique qui permettait d'aller plus vite, et un outil au profit de l'ensemble de la production du journal. » Au milieu des années 1980 est apparue l'oreillette - un écouteur discret fixé sur l'oreille du présentateur - qui a remplacé l'antique téléphone de plateau. « Cela a changé la manière de faire le journal grâce à un contact permanent entre la régie et le présentateur », explique Sylvain Gouz. L'année 1985 et les suivantes ont aussi été celles de l'arrivée des premiers micro-ordinateurs dans les rédactions. Pour les journalistes, l'écran a remplacé la feuille de papier. L'informatique a permis aussi de gérer le conducteur (ordre, durée et nature des sujets) du journal de façon plus rapide et plus souple. Auparavant, rappelle Sylvain Gouz, « lorsqu'il y avait une modification dans le conducteur, il fallait en retaper un nouveau et prévenir tout le monde ». Aujourd'hui, la dernière version du conducteur de la journée est accessible par toute l'équipe sur écran. » Jean SEGURA CHRONOLOGIE SELECTIVE Génériques et présentateurs Mise en scène du plateau