Le secteur des transports en Tunisie

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Le secteur des transports en Tunisie
Le secteur des transports en Tunisie
Le secteur des transports en Tunisie représente 7,3% du PIB en 2013 et enregistre un taux de croissance
de l’ordre de 7,1%. Malgré des projets identifiés depuis plusieurs années, le plus souvent avant la
Révolution (réseau ferré rapide, autoroute trans-maghrébine, extension de l’aéroport de Tunis-Carthage,
port en eaux profonde), le développement du secteur – dominé par le secteur public – reste handicapé par
(i) des infrastructures insuffisantes et obsolètes, (ii) capacité d’absorption insuffisante des financements et
(iii) une gouvernance déficiente.
Le développement des infrastructures du secteur reste pourtant un enjeu social majeur de rééquilibrage
des territoires et de désenclavement des régions de l’intérieur, revendiqué depuis la Révolution.
Le projet de loi sur les partenariats publics-privés et la mise en œuvre de projets innovants sont attendus
partout par les acteurs aussi bien publics que privés, y compris dans une perspective régionale et de
développement d’un hub industriel tunisien à destination de tout le continent africain.
Stratégique, le secteur des transports voit son essor freiné par
des infrastructures insuffisantes et obsolètes
En 2013, le secteur des transports a représenté 7,3% du PIB. Le secteur a été marqué par une dégradation
de ses infrastructures ces dernières années : entre 2007 et 2014, le score de la Tunisie pour l’indice de
performance logistique de la Banque mondiale est tombé de 2,8 à 2,6, et le pays a chuté de la 60 ème à la
118ème place.
Le transport routier est primordial pour le transport de marchandises et de personnes dans le pays. Avec un
réseau d'environ 22.000 km de routes, dont près de 75 % sont bitumées (soit proche du niveau moyen de
l’OCDE), et environ 400 km d'autoroutes partant de la capitale, le transport routier concentre 85% du transport
terrestre de marchandises et 95% du transport de voyageur. Pour les transports ferroviaires, on compte près
de 2.000 km de voies en exploitation, dont moins de 34% pour le seul fret. Pour le transport maritime, on
compte 8 ports commerciaux (Bizerte, La Goulette, Radès, Sousse, Sfax, Gabès, Zarzis, la Skhira -port
pétrolier). Le transport aérien contribue à quelque 3,8% du PIB et le secteur compte 14 000 emplois directs.
Au cours de l’année 2014, plus de 11 millions de passagers (+4% par rapport à 2013) ont été accueillis dans
les 9 aéroports internationaux du pays, dont 95% dans les 4 aéroports principaux : Tunis-Carthage, Enfidha,
Djerba et Monastir. L’activité demeure stagnante depuis 2007.
Le réseau de transport souffre de déséquilibres croissants: le développement des infrastructures s’est opéré
de manière déséquilibrée entre le littoral et l’intérieur du pays. En outre, la Tunisie est mal reliée à ses pays
voisins: la construction de liaisons routières et ferroviaires avec l’Algérie et la Libye a été retardée, pénalisant
les échanges commerciaux entre pays du Maghreb. Certaines infrastructures, notamment dans les secteurs
maritime et ferroviaire, présentent des problèmes d’efficience et de capacité et demandent à être modernisées
d’urgence en raison de la vétusté de l’équipement. Enfin, au-delà des infrastructures physiques, d’autres
maillons posent problème – en particulier l’insuffisance de services de transport adaptés et l’existence de
goulots d’étranglement dans les chaînes logistiques.
L’exécution des grands projets est bloquée dans l’attente de
réformes
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Près de 70% du transport en Tunisie relève de la compétence du secteur public. La Société nationale des
chemins de fer tunisiens (SNCFT), la Société des transports de Tunis (Transtu), la société Réseau ferroviaire
rapide (RFR, sorte de RER du Grand Tunis), l’Office de la marine marchande et des ports (OMMP) et la
compagnie aérienne étatique Tunisair – demeurent sous la tutelle du Ministère des transports. Toutefois, en
raison de déficits financiers croissants, ces entreprises peinent à équilibrer leur bilan et à répondre aux
défis actuels de montée en gamme.
La stratégie du ministère des transports est soumise à la publication du plan quinquennal 2016-2020, prévue
pour début 2016. Depuis la Révolution, les gouvernements tunisiens successifs ont axé leur politique sur
l’amélioration des infrastructures de transport interrégional, l’accroissement de la performance
logistique (idée de mise en place d’un hub régional entre l’Afrique et l’Europe) et le renforcement
multimodal et la coordination nationale.
Par ailleurs, on relève 5 projets structurels déjà identifiés avant 2011 et repris par le gouvernement actuel:
* Réseau ferré rapide (2 Mds€) : construction de 5 lignes sur 86 km pour une capacité de 600 000 passagers/j.
Le financement nécessaire à la tranche 1 est de 550 M€, dont 60 % (325 M€) est mis à disposition par un
groupement de bailleurs AFD/KfW/BEI/UE. Les bailleurs ont jusqu’ici mobilisé 228 M€ pour les lots « génie
civil » et «systèmes » (électrification, signalisation, matériel embarqué), dont 50 M€ pour l’AFD et 70 M€ pour
la KfW. Le Trésor français met aussi à disposition un concours exceptionnel de prêts très concessionnels de
la Réserve Pays émergents (RPE) de 290 M€, en cas de succès d’une entreprise française sur l’appel d’offres
du matériel roulant.
* Autoroute Transmagrébine (en Tunisie, 1 Md€): d’une longueur d’environ 7 500 km, elle doit relier les
principales grandes villes des cinq pays du Maghreb, de Rosso (près de Nouakchott) à Amsaad (près de
Tobrouk), et desservirait à terme une cinquante de villes, concernant près de 50 Mi d’habitants. La construction
en cours du tronçon Sfax-Gabès est évaluée à 470 M€ (sur financement BEI et BAfD); la réalisation du tronçon
Bousalem-Algérie est estimée à 550 M€; un projet d'autoroute Tunis-Kairouan-Sidi Bouzid-Kasserine-Gafsa
est en réflexion.
* Aménagement de l’aéroport de Tunis-Carthage, en 3 étapes: (i) extension du terminal en vue de
l’accroissement de la capacité de 5 Mi à 7,5 Mi de passagers ; (ii) création d’un nouveau terminal portant la
capacité à 10 Mi de passagers; (iii) création d’un nouvel aéroport, par exemple sur la route de Bizerte.
On notera en parallèle que les négociations avec l’Union européenne sur l’Open Sky, décidées dès 2013,
pourraient reprendre en 2015; le 3e round de négociations, qui devait avoir lieu fin juin 2014 à Tunis a été
suspendu du fait du changement du DGAC tunisien. L’objectif de l’Aviation Civile tunisienne est d’obtenir de
l’UE le financement de la « remise à niveau » de cette activité en échange de l’ouverture de son marché. La
partie européenne a déjà approuvé certaines propositions avancées par la Tunisie (mise à niveau,
restructuration et compétitivité du secteur, harmonisation des cadres législatifs, développement des
infrastructures de base). L’OACA avait partagé sa volonté de relancer un nouveau partenariat avec l’UE pour
permettre à la Tunisie d’accéder au statut d’observateur auprès de l’aviation civile européenne.
* Port en eau profonde (pour 1,4 Md €): localisation à Enfidah arrêtée par conseil ministériel fin 2013 malgré
un lobbying actif pour choisir Bizerte. Le projet doit: (i) désengorger le trafic maritime tunisien, (ii) capter et
développer les échanges internationaux par l’implantation d’une zone industrielle permettant le
transbordement et la conteneurisation, (iii) inclure un terminal de croisière pour desservir les nouveaux centres
touristiques. A ce stade, seules des études de faisabilité technico-financière ont été réalisées en 2008
(consultants Royal Haskoning/Pays-Bas ; bureau d’études tunisien International Development Consultants).
Aucun calendrier n’a été défini à ce jour.
* Modernisation du Port de Radès/ La Goulette (coût total de 130 M€) : (i) la consolidation d’une surface
de 50 hectares attenante au port de Rades pour la réalisation d’une zone d’activité́ logistique (100 M€ pour la
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réalisation des entrepôts, l’acquisition des équipements, la concession et enfin, les infrastructures) et (ii)
l’aménagement d’un terminal à conteneurs au port de Radès (extension du quai 7 et en l’optimisation des
quais 8 et 9) pour 30 M€, sous forme de PPP.
On notera également qu’un expert français de la DAEI a été placé pendant 2 ans auprès du Ministre tunisien
(jusqu’en 2014), sur financement européen, pour réfléchir aux priorités de développement, notamment dans
le ferroviaire. Celui-ci a de nouveau été retenu, depuis juin 2015, comme expert résident dans le cadre d’un
jumelage européen dédié à la modernisation institutionnelle des ports.
La coopération française est active : financement du Trésor
français et de l’AFD, experts français mobilisés
L’AFD intervient essentiellement en matière de transport urbain. Elle a participé au financement de deux
projets structurants du Grand Tunis à travers (i) un prêt de 40 M€ pour la modernisation des infrastructures de
métro léger dont les travaux doivent s’achever à la fin de cette année ; (ii) un prêt de 50 M€ pour le financement
de la tranche 1 du RFR aux côtés d’autres bailleurs (KfW/BEI/FIV) pour un montant total du projet de 290 M€.
Ce projet a connu d’importantes difficultés se traduisant par un retard de plusieurs années dans son exécution
(mise en service prévue pour 2018).
Au-delà des programmes d’investissements, l’AFD accompagne les autorités en mobilisant de l’expertise. Le
premier financement destiné à de l’assistance technique en Tunisie (Fond d’expertise technique et d’échange
d’expériences, nouvel outil conjoint Trésor/AFD) va être mis en œuvre à partir de décembre dans le secteur
des transports urbains auprès du ministère des Transports (appui institutionnel en matière d’organisation, de
programme d’investissement et de bonnes pratiques).
L’AFD dialogue actuellement avec les autorités pour accompagner d’autres projets notamment la réhabilitation
de la Place de Barcelone (nœud des transports collectifs du Grand Tunis), les phases suivantes du RFR et le
Métro de Sfax. L’AFD mobilise également un expert avec l’OMMP pour identifier des pistes de collaboration
en matière d’appuis techniques et de financement des investissements.
La France a porté un jumelage sur les Transports (2011-2013), elle est en consortium (FR/ALL/PB) sur un
projet similaire dans le transport maritime (2014, arrivée du CRJ en septembre). Expertise France est intéressé
par de l’appui technique en matière de transport urbain et en matière d’appui institutionnel notamment pour
accompagner les Tunisiens dans les négociations sur l’Open Sky.
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