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RAPPORT SUR LE
LOGEMENT DES JEUNES
Région Lorraine
Pôle Jeunesse
Jérémy DIDELOT
1
Sommaire
Avant-propos
3
Introduction
4
I)
6
II)
III)
Une jeunesse contemporaine fragilisée ?
a) De la jeunesse à l’âge adulte
6
b) Autonomie et dépendance sociale
7
c) Les jeunes et l’accès au logement : des difficultés croissantes
8
Vivre chez ses parents ou décohabiter : des logiques contrastées
11
a) Vivre chez ses parents : entre choix et absence de choix
11
b) La décohabitation : entre autonomie et indépendance résidentielle
13
Type d’hébergement et conditions de logement
16
a) Le parc privé
17
b) Le parc public
17
c) Le parc « dédié »
18
CONCLUSION : Quelles solutions pour quelles jeunesses ?
20
1) Analyser le potentiel d’hébergement du parc « dédié » : focus sur les
« doubles résidants »
20
2) Pour les jeunes il faudrait…
23
3) Encadrer, soutenir, accompagner : le cas des jeunes sans-emploi
26
CONCLUSION GENERALE
28
ANNEXES
29
BIBLIOGRAPHIE
33
2
Avant-propos
Le constat est aujourd’hui partagé : trop de jeunes éprouvent des difficultés dans un moment de leur
vie où ils sont censés se construire et préparer leur avenir. Les politiques jeunesse, en réponse aux
besoins d’autonomie et d’insertion des jeunes, menées jusqu’à présent montrent leur limite :
fragmentation des lieux de décisions et des compétences, accumulation de dispositifs souvent
redondants insuffisamment efficace.
Contexte régional : organiser des dynamiques partenariales, transversales et territorialisées
La Région peut jouer un rôle important d’influence et « d’assemblier » en étant le niveau pertinent
pour structurer et organiser des dynamiques partenariales, transversales et territorialisées en faveur
de la jeunesse.
Partenariales car il ne pourra y avoir de réponse adaptée aux difficultés de la jeunesse sans que
soit fédéré l’ensemble des acteurs pour partager, réfléchir, mutualiser et ainsi améliorer les réponses.
L’échelon régional est sans doute le plus approprié pour réussir des dynamiques d’unité au service
de la jeunesse.
Transversales car il s’agit aujourd’hui d’en finir avec l’accumulation de politiques sectorielles et
de dispositifs. C’est une logique d’accompagnement et de sécurisation des parcours de vie qui doit
être développée.
Territorialisées car c’est dans la proximité des territoires que les réponses sont le plus à même
d’être efficaces. L’action sur les territoires est primordiale puisque ce sont les acteurs locaux qui sont
en première ligne. C’est aussi au plus près de leur vie qu’il est possible d’impliquer les jeunes.
Construire des politiques partenariales, transversales et territorialisées, c’est un
changement radical de notre perception de la jeunesse qu’il faut réussir par un élan collectif.
En 2012, tout en approfondissant cette approche transversale et globale de la jeunesse, il a été
souhaité que l’action régionale se structure autour de quatre leviers afin de construire une
stratégie cohérente vis-à-vis des enjeux actuels de la jeunesse en Lorraine :




Le partenariat
L’innovation
La valorisation (des initiatives des jeunes)
L’autonomie des jeunes
C’est sur ce dernier point qu’il a été souhaité de relancer une réflexion globale sur la politique
jeunesse (et de mener des travaux, dans un premier temps, sur le logement des jeunes en Lorraine.
3
Introduction
En 2012, la politique régionale de jeunesse s’attaque à la question de l’autonomie des jeunes. Ici,
l’autonomie est vue comme un « franchissement d’étapes, de seuils qui marquent l’autonomisation
progressive de l’individu et le conduisent à une insertion sociale et professionnelle, bref qui le mènent
à l’indépendance » (Cicchelli, 2011). Avoir son propre logement, son « chez soi », est une de ces
étapes. Or, aujourd’hui, face à des logiques d’ordres structurels et conjoncturels, l’accès au logement,
pour les jeunes, est altéré.
Ces logiques, quelles sont-elles ? :
-
Le vieillissement de la population et la décohabitation ont pour effet l’augmentation de la
demande en petits logements.
-
L’accès à un emploi stable, pour les jeunes, est de plus en plus tardif (augmentation de la
durée d’étude, chômage record, multiplication des formes d’emplois précaires types CDD,
Intérim, Apprentissage, …). Les jeunes connaissent ainsi des problèmes de solvabilité de plus en
plus récurrents qui compromettent leur accès au logement.
-
Les injonctions à la mobilité se multiplient.
Dans un contexte économique difficile, les jeunes se doivent d’être réactifs et mobiles (que cela
concerne l’emploi ou la formation). Ainsi, les besoins en hébergement temporaire s’intensifient et les
formes d’hébergement « classique » deviennent inadaptées (les baux classiques de trois ans ne peuvent
convenir aux jeunes en mobilité professionnelle). En Lorraine, les nouvelles formes d’habitat sont
encore peu développées, même si certaines solutions existent (habitat meublé, colocation solidaire,
logement intergénérationnel, chambre chez l’habitant), et que les solutions en logement temporaire
sont peu nombreuses et mal réparties sur les territoires.
En 2006, déjà, un rapport du CESEL intitulé « le logement en Lorraine : un levier du
développement économique et social régional » prenait note d’ « une aggravation de la situation du
logement des jeunes ». Même s’il est souvent dit qu’il n’existe pas une jeunesse mais des jeunesses, il
apparaît néanmoins que les difficultés d’accès au logement touchent l’ensemble des « catégories
jeune », y compris les travailleurs.
4
Pour autant, derrière cet apparent catastrophisme, des réponses peuvent être apportées pour
répondre aux besoins des jeunes en matière de logement. Pour ce faire, la Région Lorraine a engagé, à
partir du premier semestre 2012, un mouvement de concertation :
1) En interne, afin de mener une réflexion transversale entre les différents services du Conseil
Régional qui mènent des actions régionales en matière de logement et/ou de jeunesse.
2) Avec des acteurs régionaux du logement pour aboutir à la construction d’un diagnostic
partagé et engager une véritable dynamique partenariale.
3) Auprès des jeunes lorrains de 16 à 25 ans pour comprendre leurs attentes, besoins,
représentations, problèmes, … liés au logement et ainsi co-construire, avec eux, des solutions
adaptées à leurs besoins1.
1
A ce titre une enquête par questionnaire a été menée. La méthodologie ainsi que les principales caractéristiques de la
population étudiée sont présentées en annexe.
5
I) Une jeunesse contemporaine fragilisée ?
a) De la jeunesse à l’âge adulte
Partir de chez ses parents (décohabitation) constitue l’une des trois étapes traditionnellement
reconnues du passage du jeune à l’adulte avec l’obtention d’un emploi stable et la formation du
couple. Deux ‘‘rites’’ supplémentaires peuvent s’y ajouter : la fin des études et la naissance du premier
enfant. Traditionnellement ces étapes intervenaient plus tôt et de manière plus synchrone. Aujourd’hui,
elles sont plus étirées dans le temps donnant l’impression que la jeunesse se prolonge (Galland O.,
1995).
Mais l’on peut s’interroger : devient-on adulte plus tardivement ou devient-on adulte autrement ?
En effet, Jean-Louis Pan Ké Shon dit : « Cette logique de passage à l’âge adulte par les seuils semble
refléter une normativité d’une époque révolue et qui ne tient pas compte des évolutions
comportementales et sociales. Aujourd’hui, les sorties du foyer parental s’accompagnent moins
souvent qu’auparavant par une mise en couple. En quittant leurs parents, les jeunes passent par une
période transitionnelle au cours de laquelle ils multiplient les expériences dans une phase de
construction de soi. […]Dans les représentations des jeunes eux-mêmes, l’adulte se définit davantage
en termes identitaires de maturité, de responsabilité et d’autonomie qu’en termes d’installation dans
un logement, d’obtention d’un travail et de formation d’un couple » (2010).
Notre enquête réalisée auprès de 1350 jeunes lorrains, corrobore pour partie ces observations. Si
nous considérons les dix mots les plus souvent cités par les jeunes pour définir l’« adulte », nous
constatons que les termes responsable et responsabilités arrivent aux deux premières places. Très loin
derrière, nous trouvons les mots travail, parents et famille. Notons également l’apparition, dans ce
‘‘top 10’’, des mots indépendance, autonomie et maturité.
En somme, comme l’écrit Cécile Van de Velde, « L’âge adulte se fait de plus en plus tardif,
inaccessible, et incertain, non pas uniquement parce que la phase de dépendance s’allonge et que
l’âge des responsabilités est retardé, mais aussi parce que sa représentation même a évolué, passant
d’une indépendance matérielle à acquérir, à une autonomie identitaire à construire, processus long et
toujours inachevé » (Van de Velde, 2004).
6
b) Autonomie et dépendance sociale
L’allongement des études et de l’insertion professionnelle induit mécaniquement une dépendance
familiale prolongée. Cette dernière est d’autant plus forte qu’elle se trouve légitimée par le maintien
des solidarités familiales. Ce maintien s’exprime notamment par les allocations familiales que
reçoivent les parents jusqu’aux 20 ans de leur enfant, les bourses que l’Etat verse aux étudiants
établies sur la base de critères sociaux prenant majoritairement en compte les revenus parentaux, ou
encore le RSA qui, fixé à 25 ans, consacre le principe de prise en charge parentale de la période
d’intégration professionnelle.
A l’inverse, l’Etat favorise une certaine indépendance résidentielle par l’intermédiaire d’une aide
individuelle au logement à caractère universel.
Comment, dans ce contexte, répondre alors aux revendications d’autonomie exprimées par les jeunes
générations ?
En fait, il n’y a pas nécessairement contradiction entre la notion d’autonomie et celle de
dépendance. On peut être, et se sentir, autonome tout en étant dépendant de la sphère familiale ou des
aides publiques. Pour la jeunesse contemporaine, le vécu de l’autonomie se dissocie de l’accès à
l’indépendance qui, elle, continue de coïncider avec l’accès au marché du travail et la formation d’une
famille et de procréation (Cicchelli, 2011).
Si l’on veut favoriser, développer et accompagner ces aspirations à l’autonomie (notamment
résidentielle), il faut tenir compte du « modèle familiariste » dans lequel elles s’inscrivent. Mais il faut
également composer avec une conjoncture actuelle défavorable, qui surajoute aux difficultés d’accès à
l’autonomie des jeunes.
Tableau 1- Taux de chômage, temps de travail et type de contrat salarié selon l’âge en 2010
Temps de travail
(en %)
Temps complet
Temps partiel
Ensemble
Intérimaires
Apprentis
CDD
CDI
Ensemble
Taux de chômage
Type de contrat
salarié (en %)
15-24 ans
Ensemble de la
population des 15
ans et plus
77,7
22,3
100,0
82,2
17,8
100,0
6,0
15,4
28,5
50,1
100,0
22,9
2,0
1,6
9,6
86,8
100,0
9,4
Source : Insee, enquêtes Emploi du 1er au 4ème trimestre 2010
7
Beaucoup de jeunes connaissent aujourd’hui, au sortir des études, une période de transition allant
de quelques mois à quelques années avant de stabiliser leur situation professionnelle. Cependant, « Il
ne faut pas noircir le tableau à l’excès : entre 25 et 30 ans, plus de 80 % des jeunes accèdent à un
CDI. En fait, la situation est très différente selon que les jeunes sont ou non diplômés : les diplômés
connaissent un allongement de la phase de transition professionnelle mais l’immense majorité d’entre
eux s’en sortent ; la situation est beaucoup plus difficile pour les non diplômés, et depuis plusieurs
années leur situation se dégrade comparativement à celle des autres jeunes » (Galland, 2010).
En effet, la relation emploi/niveau de diplôme est très forte pour les jeunes. Deux chiffres pour
l’illustrer :
-
44.3%, c’est le taux de chômage des personnes non diplômées ou titulaires du brevet (ou
CEP) sortis depuis 1 à 4 ans de formation initiale (INSEE, 2010)
-
43%, c’est le taux de jeunes, parmi les non-diplômés, qui passent 1 an ou + au chômage
durant les trois premières années de vie active (CEREQ, 2010).
Deux idées simples peuvent déjà s’extraire de l’analyse : d’une part l’accès à l’autonomie est
contrariée pour les jeunes en raison d’un contexte national et d’une conjoncture (nationale et
régionale) défavorable ; d’autre part tous les jeunes ne sont pas touchés avec la même amplitude.
c) Les jeunes et l’accès au logement : des difficultés croissantes
Les difficultés d’accès au logement touchent plus particulièrement les jeunes. L’allongement des
études et de l’insertion professionnelle, l’augmentation du prix du logement, le recul de l’âge de
constitution du couple, l’augmentation de la demande en petits logements, des systèmes de location
dans le privé extrêmement rigide, la frilosité de certains bailleurs… sont autant de facteurs qui nuisent
à cet accès2.
L’enquête logement 2006 de l’INSEE révèle un accroissement du taux d’effort des jeunes (rapport
entre la dépense pour le logement d’un ménage et son revenu) montrant ainsi qu’il y a bien une
composante générationnelle dans les inégalités face au logement : les dépenses, ces dernières années,
ont augmenté très significativement mais cela est encore plus marqué chez les jeunes. La prééminence
du statut de locataire dans cette population explique, pour partie, cette situation (72% pour les
ménages de moins de 30 ans contre 39% pour l’ensemble des ménages, INSEE 2006).
2
Un tableau récapitulatif des difficultés d’accès des jeunes dans l’accès au logement est présenté en annexe.
8
Tableau 2- Taux d’effort net moyen (c'est-à-dire en tenant compte des aides au logement) associé
aux dépenses annuelles en logement selon l’âge de la personne de référence du ménage (2006)
Moins de
25 ans
Taux d'effort net
moyen
1984
2006
12,3
22,0
De 25
à 29 ans
12,6
18,5
De 30
à 44 ans
De 45
à 59 ans
60 ans
et plus
Ensemble
11,9
6,2
4,2
8,7
15,5
8,6
4,6
10,3
Source : Insee, enquête Logement 1984 et 2006
Pour l’« Agence Nationale pour l’Information sur le logement » (ANIL), la surreprésentation du
statut de locataire chez les jeunes ménages tient à deux facteurs principaux :
1)
Le premier est économique. Beaucoup de jeunes ménages ne peuvent accéder à la propriété,
« soit parce que leurs revenus sont insuffisants, soit parce qu’ils occupent un emploi
précaire, soit parce qu’ils ne disposent pas d’apport personnel, ces différentes raisons
pouvant évidemment se conjuguer » (ANIL 2011).
2)
Le deuxième est lié aux besoins de mobilité, caractéristiques de la jeune génération.
Le deuxième point est intéressant puisqu’il évoque, à demi-mot, la nécessité d’avoir une offre
adaptée aux besoins de mobilité des jeunes. « D’une certaine manière et quel qu’en soit le domaine, la
notion de mobilité est consubstantielle à celle de jeunesse dont on évoque fréquemment le caractère
transitoire, la vocation de passage… Au-delà des clichés sur la jeunesse, on note effectivement une
surmobilité résidentielle des jeunes par rapport au reste de la population. […] La conséquence de
cette forte mobilité sur le marché du logement est importante : l’offre classique sur la durée d’un bail,
assortie de garanties et d’une solvabilité statutaire, ne répond plus à une demande de courte durée,
parfois imprévisible. S’il existe une spécificité du logement des jeunes, celle-ci serait ainsi d’abord
liée au besoin de mobilité résidentielle. Les études sont fréquemment entrecoupées de périodes de
stages et l’entrée dans la vie active implique de plus en plus souvent des déménagements multiples liés
à la succession de contrats à durée déterminée » (Ménard et Vallet, 2012). Pour compléter ces propos,
nous pouvons estimer le taux de mobilité des ménages à 40% pour les moins de 25 ans, 28% pour les
moins de 30 ans, 16% pour les 30-39 ans et 7% pour les 40-49 ans. Cette surmobilité peut d’ailleurs
avoir des conséquences sur le prix des logements du parc privé en favorisant les réajustements
successifs de loyers.
Pour 74% des enquêtés il n’est « plutôt pas » ou « pas du tout » facile de se loger aujourd’hui pour
un jeune. Ils ont été conduits ensuite à préciser leur choix, près de 1000 réponses ont ainsi été
obtenues 3 . L’analyse de ces réponses fait ressortir quelques difficultés saillantes : le prix des
3
En annexe figure un extrait des réponses apportées par les jeunes à cette question
9
logements, la faiblesse des ressources disponibles et l’impossibilité de fournir les garanties nécessaires
au bailleur, sont les trois éléments les plus cités.
La question de l’accès au logement pour les jeunes est d’abord liée à la question de la
décohabitation, c'est-à-dire au départ du domicile familial. Dans une deuxième partie, nous tenterons
donc de comprendre quelles sont les logiques qui influencent la décohabitation et quelles sont celles
qui, au contraire, la freine ou l’empêche.
10
II) Vivre chez ses parents ou décohabiter :
des logiques contrastées
a) Vivre chez ses parents : entre choix et absence de choix
Les jeunes résidant au domicile parental représentent 36% des répondants à l’enquête réalisée
auprès de 1350 jeunes lorrains. Ce même chiffre atteint 48% si l’on décide de soustraire les étudiants
de l’analyse. En effet, ces derniers logent à seulement 28% chez leurs parents ce qui tend à diminuer
significativement le pourcentage moyen de « cohabitants » sur l’ensemble de la population considérée.
Tableau 3 - Question posée : « Vous résidez au domicile de vos parents » :
Réponses proposées
Pourcentage de
répondants
Situation professionnelle pour laquelle la
différence est la plus statistiquement
significative
(significativité selon le test du Khi²(*), avec
1% de marge d’erreur)
Parce que vous n’avez pas les moyens de partir
Parce que vous y êtes bien
Parce que c’est plus pratique
36%
25%
20%
Parce que vous estimez être trop jeune pour
partir
Parce que vous n’avez pas le choix
Autre(s) raison(s)
Je ne sais pas
Ensemble
9%
8%
1%
1%
100%
Sans emploi (49%)
Sans emploi (17%)
Etudiants ou élèves (24%)
Sans emploi (10%)
Jeunes en formation par alternance (13%)
Sans emploi (13%)
_
_
_
Selon la situation professionnelle, les réponses apportées à cette question apparaissent fortement
contrastées, notamment pour les jeunes actuellement sans emploi. Ce tableau laisse donc à penser que
la raison majoritaire de cohabiter avec ses parents résulte d’une impossibilité financière d’en partir.
Pour d’autres en revanche rester au domicile parental va de soi : ils s’y sentent bien (20%) ou estiment
être trop jeune pour sauter le pas (9%).
(*) Le test du Khi² est un test statistique permettant de tester l'adéquation d'une série de données à une famille de lois de probabilités ou de tester l'indépendance entre deux
variables aléatoires.
11
Si nous décidons d’appeler « cohabitation contrainte » la situation regroupant les réponses « parce
que vous n’avez pas les moyens de partir » et « parce que vous n’avez pas le choix », on obtient alors
les chiffres suivants :
Tableau 4 - « Cohabitation contrainte », en pourcentage, selon la situation professionnelle :
Situation professionnelle
Jeunes en formation par alternance
Etudiants ou élèves
En emploi
Sans emploi
« Cohabitation contrainte »
37%
43%
59%
62%
Selon le regroupement effectué nous constatons que 2 sans-emploi sur 3 sont en « cohabitation
contrainte » mais ce n’est pas la seule « catégorie jeune » à être touchée par ce phénomène.
Pour les étudiants nous pourrions changer de critère en considérant, par exemple, qu’une
cohabitation est dite « contrainte » si l’étudiant déclare mettre plus d’une heure pour se rendre sur son
lieu d’étude. Ce cas de figure concerne 12% des étudiants logés au domicile parental.
L’idée n’est pas de dire qu’une « cohabitation contrainte » génère, pour celui qui la vit, souffrance
et mal être mais simplement que la cohabitation, sauf pour les 16-18 ans, est plus le résultat de
considérations financières qu’affectives. En somme c’est dire que, pour beaucoup, la cohabitation
résulte moins d’un choix que d’une absence de choix.
D’après Catherine Villeneuve-Gokalp (2000), seulement un jeune sur quatre estime que résider
chez ses parents est « une situation difficile à vivre » pour lui-même et/ou pour ses parents. Mais dans
certains cas, la cohabitation s’avère plus délicate. C’est le cas notamment pour les jeunes qui
reviennent vivre chez leurs parents après un premier départ. « Lorsque la cohabitation n’a jamais été
interrompue, seul le chômage, et, pour les garçons, la séparation des parents, sont des facteurs de
conflits : plus de la moitié des chômeurs déclarent que la cohabitation avec leurs parents pose des
problèmes, et un homme sur trois dont les parents se sont séparés. »
12
b) La décohabitation : entre autonomie et indépendance résidentielle
Selon l’enquête logement (INSEE, 2006), 46% des jeunes âgés de 18 à 30 ans vivaient chez leurs
parents. A 18 ans cette proportion est de 95% alors qu’elle est de 10% à 30 ans. L’âge médian de
l’entrée dans un logement autonome est de 22 ans et demi, mais les filles quittent en général plus tôt le
logement parental. Pour Olivier Galland (1997) il existe, à cet égard, un modèle masculin de
décohabitation, caractérisé par la stabilisation professionnelle avant le départ et le mariage, et un
modèle féminin plutôt lié à la constitution d’un couple.
Dans notre échantillon de 1350 jeunes lorrains enquêtés, nous constatons par exemple que les 20
ans ou moins sont cohabitants pour 45% d’entre eux contre 24% pour les 23 ans et plus. Selon notre
analyse, il est également intéressant de remarquer que 62% des filles sont en situation de
décohabitation contre 40% des garçons.
Le sexe et surtout l’âge ont donc une influence sur la probabilité de quitter le domicile parental.
Mais le phénomène de décohabitation recouvre une réalité multiple qui ne peut être approchée sous le
seul angle de l’âge. « Quoi de commun, en effet, à âge égal, entre un étudiant célibataire et un couple
avec un enfant dont les deux membres sont actifs ? Leurs besoins en logement sont différents, leurs
revenus également » (ANIL, 2011). Ainsi d’autres variables interviennent : les revenus et la catégorie
socioprofessionnelle des parents, le nombre d’enfants dans la fratrie, le niveau de diplôme du jeune…
Il apparaît dans notre enquête, que la probabilité de décohabiter soit très intimement liée à la
situation professionnelle du jeune.
Tableau 5- Pourcentage de « décohabitants » selon la situation professionnelle du jeune.
Situation professionnelle
Pourcentage « décohabitants »
43%
Jeunes en formation par alternance
72%
Elèves ou étudiants
42%
Sans emploi
57%
En emploi (services civiques inclus)
Ensemble
38%
13
Si l’on s’intéresse maintenant aux facteurs qui influencent le départ du domicile parental nous
constatons, là également, des situations contrastées selon la situation professionnelle.
La « décohabitation » étudiante est particulière puisqu’elle est totalement, ou presque,
conditionnée par la distance qui sépare le domicile des parents du lieu d’étude. Cette explication est
invoquée par 90% des étudiants décohabitants de notre échantillon. Les étudiants pratiquent donc une
décohabitation que l’on pourrait qualifier de « décohabitation d’usage », imposée par les études,
souvent partielle et non définitive. Comme le note l’Observatoire de la Vie Etudiante, « les étudiants
qui partent vivre dans un autre logement que celui de leurs parents le font de manière progressive : ils
habitent pendant un temps deux domiciles. Ainsi, 48% des décohabitants reviennent dormir chez leurs
parents au moins deux fois par mois. […] De plus cet éloignement se fait avec l’aide de la famille :
31% des étudiants ont leur loyer payé intégralement par la famille, 23% leurs factures (EDF, eau,…),
et 40% leurs frais d’inscription. 53% des décohabitants lavent toujours leur linge chez leurs parents »
(OVE infos, 2002).
Concernant les jeunes travailleurs, nous constatons une décohabitation souvent induite par une
stabilisation financière et affective (obtention d’un emploi, mise en couple). Pour eux, l’indépendance
financière précède, dans la majorité des cas, l’indépendance résidentielle. D’ailleurs, nous pouvons
remarquer que 85% des jeunes en CDI ont quitté le domicile parental (contre 57% pour l’ensemble des
jeunes en emploi).
Pour les jeunes qui sont actuellement sans emploi, il apparaît qu’une majorité d’entre eux aient
quitté le ‘‘cocon’’ parental pour fonder leur propre famille : installation en couple, mariage ou encore
naissance d’un enfant. Suivent ensuite ceux pour qui la décohabitation résulte avant tout de conflits
familiaux ou d’une impossibilité financière pour les parents de continuer à héberger leur enfant,
comme en témoigne cette enquêtée :
« Manque de moyens financiers. Ma mère a arrêté de percevoir les allocations familiales pour moi
dès mes 21 ans, elle ne pouvait/voulait plus m’assumer et elle est partie vivre chez son nouveau
compagnon, et moi dehors » (Femme de 25 ans, sans emploi, logé chez des amis).
Ainsi s’ils sont, plus que les autres, touchés par ce que nous avons désigné par le terme de
« cohabitation contrainte », les sans-emploi apparaissent également les plus affectés par une
« décohabitation contrainte » voir « forcée ». Cela, ajouté à leur faible solvabilité entraîne des
conditions d’hébergement souvent fragiles, tant d’un point de vue matériel que psychologique.
14
La décohabitation, on le voit bien ici, recouvre deux notions distinctes :
-
L’autonomie résidentielle : correspond au fait de vivre dans un logement autre que celui des
parents, sans faire intervenir de notion d’autonomie financière. On peut donc être autonome
résidentiellement mais dépendant financièrement. Ce cas de figure est typiquement celui observé
chez les étudiants.
-
L’indépendance résidentielle : désigne l’installation dans un logement indépendant, dont le loyer
est assumé par le jeune lui-même ou/et son conjoint. Les jeunes travailleurs sont majoritairement
dans ce cas.
Le cas des jeunes au chômage est plus complexe car il oscille bien souvent entre ces deux
situations. Aussi, l’analyse de cette « catégorie jeune » nous impose de distinguer « décohabitation
forcée ou subie par le jeune, et décohabitation voulue par le jeune ; dans le premier cas, la possibilité
de demander l’aide financière à l’environnement familial est limitée voire inexistante. Il existe
également des cas de décohabitation par le fait de manque de ressources des parents » (UFJT
Lorraine, 2006). Ce constat permet également de nuancer la vision souvent angélique associée à la
notion d’autonomie. Quitter ses parents, vivre de manière autonome, peut aussi être vécu sur le mode
de l’échec, de l’insatisfaction, de la souffrance…
Les logiques qui sous-tendent au départ du domicile parental apparaissent comme multiples et très
étroitement liées aux caractéristiques socio-économiques du jeune et de sa famille. Toutes les
« catégories jeunes » ne décohabitent pas pour les mêmes raisons et dans de mêmes proportions.
Néanmoins, « la propension des jeunes à décohabiter a continué à progresser entre 1968 et 2002
(elle s’est même poursuivie depuis). Ces premiers constats viennent déjà modérer les représentations
communes et contradictoires, soit d’une génération Tanguy s’incrustant sans scrupule au domicile
parental, soit d’une vision misérabiliste d’enfants contraints par la conjoncture économique à
demeurer chez leurs parents et à différer alors l’entrée dans le monde des adultes » (PAN-KE-SHON,
2010).
15
III) Type d’hébergement
et conditions de logement
Tableau 6- Question posée : « Selon vous, vos conditions actuelles de logement sont : »
Réponses proposées
Pourcentage de
répondants
Type de logement pour lequel la différence est la plus
statistiquement significative
(significativité selon le test du Khi², avec 1% de marge
d’erreur)
Très bonnes
Plutôt bonnes
Plutôt mauvaises
Très mauvaises
Ensemble
23%
Propriétaires (56%)
Logé(e) en cité universitaire (7%)
61%
14%
2%
100%
Logé(e) par des amis ou de la famille (44%)
Logé(e) en cité universitaire (29%)
Logé(e) en cité universitaire (8%)
_
D’une manière générale, il semblerait que les jeunes soient satisfaits de leurs conditions de
logement. Néanmoins certaines inégalités subsistent notamment entre les jeunes résidant dans le parc
privé ou public et ceux vivant en cité universitaire.
Concernant le statut professionnel, signalons qu’un sans-emploi sur trois déclare avoir des
conditions de logement « plutôt mauvaises » ou « très mauvaises » contre un sur six pour l’ensemble
des décohabitants. Ce sont aussi eux qui attribuent, en moyenne, la note la plus faible à leur logement
(5.37 contre 6.46 pour l’ensemble des décohabitants : 10 correspondant à la note la plus élevée).
Il faut tout de même être vigilant quant à l’interprétation du premier tableau car comme le souligne
l’Insee, les jeunes tendent à surestimer le confort de leur logement (Jauneau et Vanovermeir, 2008).
16
a) Le parc privé
« Le parc locatif privé accueille trois fois plus de jeunes ménages que le parc locatif social : 59 %
contre 19 %. La disproportion est particulièrement accusée pour les personnes seules et les couples
sans enfant. La part du locatif privé décroît avec l’âge : 80 % pour les 18-21 ans, 69 % pour les 22-25
ans, un peu moins de 50 % au-delà, au profit du locatif social et surtout de l’accession à la propriété.
Au-delà de 25 ans, 23 % des jeunes ménages sont propriétaires, ils sont légèrement plus nombreux
que les locataires du parc social (22 %) » (ANIL, 2011).
On entrevoit ici le lien paradoxale qui s’établit entre l’âge, la situation professionnelle, le type de
ménage et le mode de logement des jeunes : plus on est jeune, moins on a de chance d’avoir fondé une
famille et d’être dans une situation professionnelle stable et plus la probabilité de résider dans le parc
privé est forte. Pourtant c’est dans le parc privé que les loyers sont les plus élevés. D’ailleurs la CNAF
note que « L’écart entre le parc privé et le parc public s’est accru entre 2002 et 2006. Les taux
d’effort ont ainsi augmenté de 5,1 points dans le parc privé, contre 1,1 point dans le parc public ».
Une offre restreinte et inadaptée dans le parc « dédié » ou public serait-elle la cause de l’orientation
massive des jeunes ménages vers le parc privé, où pourtant sont exercés les prix les plus élevés ?
b) Le parc public
Pour l’ANIL, « la part relativement faible du parc locatif social dans l’accueil des jeunes ménages
s’explique par trois facteurs :
-
une faible proportion de petits logements pouvant convenir à des ménages d’une ou deux
personnes : le parc social compte 25 % de logements d’une ou deux pièces, le parc privé 44 %,
-
une offre globalement restreinte en raison de la faible mobilité des locataires, ceux-ci ayant
tendance à conserver leur logement lorsqu’ils ont eu la chance d’en obtenir un ou à privilégier la
mobilité à l’intérieur du parc social,
-
le délai d’obtention d’un logement, lié aux files d’attente et aux procédures d’attribution, qui
n’est guère compatible avec les besoins d’une population très mobile » (ANIL, 2011).
17
c) Le parc « dédié »
Les ménages qui vivent en résidence communautaire (Résidence Habitat Jeunes - FJT ou résidence
universitaire par exemple) ne sont pas pris en compte dans l’enquête logement de l’INSEE.
Néanmoins, selon le recensement de 2006, on peut estimer que ce type d’habitat héberge 13% des
étudiants et 3% des autres catégories de jeunes.
Ainsi, comme le souligne l’ANIL, « L’habitat spécifique ou « dédié » ne concerne en France
qu’une part très minoritaire des jeunes. Cette situation contraste avec d’autres pays européens. Selon
l’enquête Eurostudent, le pourcentage d’étudiants résidant en 2008 dans un logement dédié est de 2%
en Italie contre 21% au Royaume-Uni et 29% en Finlande ».
Dans notre étude, 18% des étudiants résident dans le parc « dédié » (presque exclusivement en cité
universitaire). Ce même chiffre chute à 2% pour les autres catégories jeunes.
Les jeunes logés en cité universitaire sont ceux qui se montrent, nous l’avons vu, les plus
pessimistes eu égard à leurs conditions de logement. En outre, un jeune sur cinq vivant en cité
universitaire déclare ne pas avoir eu le choix de son logement contre un sur dix pour les autres jeunes4.
Dans notre échantillon, seul 11 jeunes logent en Résidence Habitat Jeunes-FJT. L’effectif n’est
donc pas assez conséquent pour en tirer de quelconques conclusions.
L’Union Nationale pour l’Habitat des jeunes (UNHAJ) nous aide néanmoins à caractériser le public
accueilli dans ces structures :
-
la proportion d’apprentis et de stagiaires est relativement forte (respectivement 19,5% et 16%)
-
la durée moyenne de séjour est stable depuis une dizaine d’années (autour de 5,5 mois).
-
la part de jeunes titulaires d’un CDI à temps plein est exceptionnellement faible en 2010 avec 9 %
des jeunes dans cette situation.
-
la mobilité demeure la raison de recherche de logement la plus fréquente.
-
la sociabilité liée à l’habitat collectif n’est pas un motif privilégié au moment de l’arrivée dans le
FJT. L’aspect pratique est le plus fréquemment mis en avant par les jeunes résidants
4
Pour plus d’informations, voir l’enquête Conditions de vie des étudiants 2010 réalisée par l’Observatoire de la Vie
Etudiante (OVE).
18
L’UNHAJ distingue trois grands groupes de résidants « dont les caractéristiques sont relativement
homogènes et témoignent d’un « mode de recours » différencié aux solutions de logement proposées
par les FJT » :
-
Le FJT comme refuge, jeunes en situations fragiles et cumul de difficultés (20 à 25% des
jeunes) ;
Le FJT comme point d’appui, jeunes en voie de socialisation (50 à 60 % des jeunes) ;
-
Le FJT comme dépannage, jeunes en phase de consolidation (20 à 25 % des jeunes).
On le voit, les Résidences Habitats Jeunes semblent parfaitement adaptées aux besoins de mobilité
des jeunes. Mais elles servent aussi de refuge pour ceux qui cumulent les difficultés. Pour certains FJT
d’ailleurs, la population accueillie ne correspond plus au public traditionnel : la surreprésentation de
jeunes en difficultés sociales peut poser des problèmes de mixité de population. De plus, comme le
note l’UFJT de Franche-Comté (2007), « les structures d’hébergement comme les FJT ne sont pas des
« CHRS jeunes » ou autres structures d’accueil d’urgence ».
Dire que l’aspect pratique est plus privilégié que l’aspect communautaire dans le choix de ce type
de structure montre également la nécessaire transformation que les résidences communautaires doivent
opérer : individualiser de plus en plus la vie communautaire qui, aujourd’hui, est moins en adéquation
avec les aspirations des jeunes générations. Certains commentaires des jeunes interrogés vont dans ce
sens en pointant du doigt le manque d’intimité ou bien encore le partage d’une cuisine commune (en
cité universitaire uniquement).
19
CONCLUSION :
Quelles solutions pour quelles jeunesses ?
1) Analyser le potentiel d’hébergement du parc « dédié » : focus sur les « doubles
résidants » :
20% des jeunes en formation par alternance résident dans deux logements distincts, selon qu’ils
sont en stage ou en formation (appelés ici les « doubles résidants »). Les variables qui influencent le
plus le fait d’être dans cette situation sont multiples :
-
La formation suivie : majoritairement un public en Brevet professionnel et en CAP soit une
population globalement plus jeune (l’âge est donc aussi une variable importante).
-
Le sexe des enquêtés : 26% des garçons contre seulement 15% des filles sont dans ce cas de
figure.
-
L’absence d’offre d’internat sur le site de formation : quand ce dernier possède un internat le
pourcentage de « double résident » est de 30% (16% en l’absence d’un internat).
-
La possession d’un véhicule personnel : 32% des « alternants » ne disposant pas d’un véhicule
sont en situation de double résidence contre 14% pour ceux qui en ont un.
-
La distance séparant le lieu de stage du centre de formation : 77 km en moyenne pour les
« double résidants » contre 28 km pour les autres.
En stage, plus des deux tiers des doubles résidants sont logés chez leurs parents (69%). Les types
d’hébergement sont plus contrastés lorsqu’il s’agit du centre de formation : 30% résident en internat,
26% chez leurs parents. D’autres situations s’y ajoutent : 16% sont locataires dans le parc privé, 12%
trouvent refuge chez des amis ou de la famille, et 10% résident dans une Résidence Habitat Jeunes.
En somme, les jeunes en formation par alternance, qu’ils soient « double résidants » ou non,
privilégient le domicile parental ainsi qu’un lieu de stage proche de cette résidence. Quand les parents
sont trop éloignés du centre de formation, l’internat devient alors (si l’offre est disponible), le moyen
d’hébergement majoritaire.
En l’absence d’internat et/ou d’une possibilité d’hébergement parental (distance trop éloignée,
rupture parentale…) les jeunes « alternants » doivent donc composer avec des situations plus ou moins
satisfaisantes. Une enquêtée déclare, par exemple, dormir dans sa voiture lorsqu’elle est en formation.
Cette exemple est, heureusement, très marginal mais pose la question des difficultés inhérentes à cette
situation de double résidence. Pour 1/3 des alternants exposés à ce cas de figure les inconvénients sont
avant tout d’ordre logistique : « Il faut prévoir d’avoir les affaires nécessaire sur les deux logements.
20
Il faut transporter les cours d’un logement à un autre en fonction de la période, formation ou
entreprise » (Garçon, 20 ans, vit chez ses parents en stage et à l’internat en formation). La situation se
complique quand au moins un des deux logements nécessite de payer un loyer, « Etant donné que je
suis en alternance, je paye mon logement même si je suis en entreprise », déclare ainsi un
« alternant » de 22 ans qui, lorsqu’il est en formation, est locataire dans le parc privé. Cette contrainte
budgétaire n’est pas la seule, d’autres pointent, en effet, des dépenses en transport très importantes.
Mais les difficultés rencontrées ne sont pas seulement d’ordre matériel. Ainsi, quelques-uns mettent en
avant, les plus jeunes surtout, l’éloignement de leur famille et de leurs amis quand d’autres font part
d’un certain malaise quant au fait de n’avoir pas vraiment de ‘’chez soi’’ : « Je vis soit chez mes
parents, soit chez des amis, je n’ai donc pas mon propre appartement ce qui pèse parfois » (Fille de
20 ans).
Les « double résidants » ont donc été invités, par l’intermédiaire du questionnaire, à exposer les
inconvénients liés à cette situation particulière. Mais quels en sont les avantages ? A cette question,
une majorité (environ 40%), répondent qu’ils font ainsi des économies de transports (de temps et
d’argent) : « Cela me fait parcourir moins de kilomètres par jour, au lieu de passer mon temps sur la
route je peux faire le travail nécessaire à la formation » (Fille de 19 ans, vit chez ses parents en stage
et logée par un membre de sa famille quand elle est au centre de formation). Avoir deux logements,
deux types d’hébergement, c’est aussi « Pouvoir changer de décor de temps en temps », cela
« Permet de changer les habitudes », « De changer d’air », déclarent certains. Pour beaucoup,
néanmoins, être « double résidants » ne renferme aucun avantage. Ceux-là sont ceux pour qui, se
former, se loger, rime avec dépenser : « Financer double loyer, double électricité, double assurance,
chauffage, taxe impôts… ».
Qu’ils soient « double résidant » ou non les jeunes en formation par alternance font part, plus que
les autres, d’un besoin en hébergement temporaire. Les difficultés de transports que rencontre ce
public sont très significatives de leur situation actuelle. Beaucoup, faute de solutions adaptées, sont
contraints de parcourir des distances importantes. Cela peut, bien sûr, avoir des conséquences sur leur
budget mais aussi sur leur scolarité (retard, absence, fatigue…). Quand la distance est véritablement
trop éloignée entre le lieu de stage et le centre de formation, d’autres font le choix de la double
résidence. Là encore, si l’offre en logement temporaire est inexistante (internat notamment), les
dépenses se multiplient. Et, comme beaucoup de ces jeunes l’ont souligné, leur rémunération est
parfois bien faible en comparaison des sommes qu’ils doivent débourser : « Avec un salaire
d'apprenti, il n'est pas possible de payer le crédit de la voiture, l'assurance, un loyer, des meubles,
l'essence et les courses » (Homme de 20 ans).
21
Pistes d’actions :
• Analyser, par la superposition d’une carte des lieux de formation et des lieux de stages
professionnels, le potentiel d’hébergement du parc dédié (AFPA, CFA, Lycées, maisons familiales
et rurales, FJT,……).
Cette analyse devra permettre d’aboutir à une vision globale et territoriale des besoins en
hébergements temporaires des jeunes lorrains. Ainsi, l’analyse devra nécessairement déboucher sur la
mutualisation des équipements vers d’autres publics jeunes.
22
2) Pour les jeunes il faudrait…
Tableau 7- Question posée : « Selon vous, quelles pourraient être les solutions pour faciliter l’accès
des jeunes au logement ? (plusieurs choix possibles, 3 au maximum) »
Réponses proposées
Fournir des aides à l’installation (pour l’achat de meubles ou
d’électroménagers par exemple)
Pouvoir payer la caution sur plusieurs mois
Fournir un garant si le jeune n’en trouve pas
Avoir une meilleure information sur les différentes possibilités de logement
ou d’hébergement
Faciliter l’accès au parc social (logement social, HLM, etc.)
Faciliter l’accès à la colocation
Développer le logement de courte durée
Pouvoir changer de logement plus facilement
Je ne sais pas
Autre(s)
Pourcentage de
répondants
57%
45%
41%
38%
23%
20%
17%
16%
5%
1%
Fournir des aides à l’installation est la solution la plus plébiscité pour faciliter l’accès des jeunes à
l’installation. Quelque soit le type de logement ou le statut professionnel, cette réponse est la plus
citée. Quatre solutions semblent ainsi se dégager : aides à l’installation, paiement de la caution en
plusieurs fois, fournir un garant si le jeune n’en trouve pas (50% pour les sans-emploi) et, enfin,
améliorer l’information liée au logement (45% pour les cohabitants). Mais certains jeunes ont d’autres
propositions :
« Les solutions ne manquent pas, il suffirait de créer un forum de discussion officiel à ce propos, afin que les jeunes
puissent y exposer leurs idées, solutions, et en débattre avec certains responsables. » Homme, 20 ans
« Permettre aux étudiants d'obtenir des prêts pour financer leurs études. » Homme, 21 ans
« Clarifier l'information quant aux différentes aides et solutions de logement pour les jeunes. Tout le monde sait qu'il
existe des solutions, mais l'information n'est pas assez centralisée, trop de liens vers différents sites, trop d'instances,
trop d'abréviations, c'est décourageant. On cherche à obtenir des informations de manière rapide et claire pour faire
face à l'urgence et le plus souvent sur internet et non à travers des guides ». Femme, 22 ans
« Que les propriétaires acceptent plus facilement grâce à des garanties/aides de l'État ou d'associations en cas de
problèmes ». Femme, 22 ans
« - Diminuer les charges. - Plus de transparence dans les factures (électricité/gaz). - Accélérer l'ouverture des
compteurs (électricité/gaz). » Homme, 19 ans
23
Pistes d’actions :

Aides à l’installation : extension du dispositif « Coup de Pouce Logement » porté par le CCAS
de Metz.
 Une caution régionale pour le logement des jeunes : caution destinée aux jeunes de moins de 30
ans qui ne peuvent bénéficier des dispositifs nationaux classiques (Pass GRL, Loca-Pass) ou locaux
(Fonds de solidarité logement…). Concernant le Loca-Pass, il est intéressant de constater qu’il n’est
pas ouvert aux étudiants non-boursiers.

Clarifier et centraliser l’information : créer un site internet régional dédié au logement des
jeunes (La Région Aquitaine a lancé un tel site en 2011 : http://logement-jeunes.aquitaine.fr/)5.
Le site devra proposer un guide et des conseils pratiques pour toutes les démarches liées au
logement ainsi qu’une cartographie des possibilités et d’offre de logement existant sur toute la
Région (l’analyse du potentiel d’hébergement évoqué plus haut est à ce titre indispensable).

Multiplier les rencontres d’échanges et d’informations sur les sites d’enseignement en ciblant
prioritairement les futurs étudiants (lycéens).
D’autres points, auxquels les jeunes semblent particulièrement attachés, méritent également d’être
pris en considération :

5
Propriétaires privés : difficultés des jeunes à fournir les garanties nécessaires.
Voir annexe 4 : actions significatives menées dans d’autres régions
24
Pistes d’actions :
-
Avance LOCA-PASS et Garantie des Risques Locatifs (GRL) mal connues : nécessité d’informer
et de communiquer davantage auprès des propriétaires bailleurs et des jeunes sur les dispositifs
d’Action Logement.
-
Développement de l’offre de logement abordable dans le parc privé : dispositif de primes versées
à des propriétaires qui s’engagent à louer leur logement à des populations précaires orientées par
des associations (dispositif mis en place par la Région Rhône-Alpes : 2 400 € pour les logements
T1/T2 et de 3200 € pour les logements T3 et plus).

Les problèmes liés à l’isolation du logement : à la question sur les principaux inconvénients de
leur logement, les jeunes répondent majoritairement qu’« il est mal isolé » (pour 40% des
répondants à cette question). Quelque soit le type d’hébergement, cette réponse est la première
citée (sauf pour les jeune qui résident en cité universitaire où la modalité « il n’est pas assez
grand » arrive juste devant).
Pistes d’actions :
-
Lutter contre la précarité énergétique dans le parc social comme dans le parc privé en accordant
des primes aux bailleurs qui s’engagent à réserver leur logement à des jeunes : les travaux
subventionnés par la Région doivent permettre un gain substantiel d’économies d’énergie.

Encourager le développement de la colocation dans le parc public : ce type d’hébergement est
plébiscité par les jeunes. Il permet de faire des économies substantielles et d’ouvrir les possibilités
de recherche des jeunes vers des logements plus grands.
Pistes d’actions :
-
Limiter la durée du bail de la colocation à un an : l’ANIL propose de « s’inspirer des règles de la
location meublée, qui bénéficie d’une certaine souplesse, notamment pour reconduire
automatiquement la colocation après le délai d’un an, pour les modalités de congés et pour les
durées de préavis ».
-
Développer et sécuriser la colocation dans le parc public : aider les bailleurs à gérer les rotations
successives et le surcoût éventuel ainsi provoqué.
25
3) Encadrer, soutenir, accompagner : le cas des jeunes sans-emploi
Notre étude le montre, les jeunes chômeurs cumulent les difficultés : travail, formation, mobilité,
logement… Souvent, l’interdépendance de ces facteurs contribue, chez certains, à générer précarité
économique, isolement social mais aussi pessimisme quant à leur vision de l’avenir et de la jeunesse.
Sur ce dernier point, en effet, notre étude montre que les jeunes sans-emploi sont fortement
surreprésentés parmi les jeunes ayant déclarés être inquiets pour leur avenir. Aussi, pour définir le mot
Jeunes, ils associent en premier lieu les mots galère et difficulté contre les mots études et fête pour les
autres jeunes.
Premier élément fortement discriminant lié à leur situation : le niveau de diplôme. Ce dernier,
comme l’a bien montré le CEREQ, est intiment lié à l’emploi. Or, parmi les jeunes chômeurs de notre
échantillon, ceux ayant un diplôme de niveau VI sont fortement surreprésentés (25%). Ensuite, il y a la
barrière du permis de conduire : 71% des enquêtés possèdent le permis B contre seulement 47% des
jeunes sans emplois. D’ailleurs, pour ces derniers, « avoir le permis de conduire » est l’élément le plus
important pour obtenir un emploi. Pour les autres jeunes c’est d’abord l’expérience et le fait d’avoir un
bon diplôme. Enfin, mais d’autres éléments pourraient être avancés, la situation des jeunes
demandeurs d’emploi vis-à-vis du logement s’avère plus délicate. Ils sont, tous d’abord, davantage
ancrés dans des « cohabitations contraintes ». Leur situation financière les empêche souvent toute
décohabitation alors même que celle-ci est parfois nécessaire à l’obtention d’un emploi (si
éloignement des bassins d’emploi). Et puis, il y a ceux qui ont décohabités mais qui n’en n’ont pas
vraiment eu le choix avec toutes les répercussions que cela peut engendrer : difficultés à payer le
loyer, type d’hébergement non choisi et plus précaire (amis, membre de la famille, hébergements
d’urgence)…
En somme, la situation des sans-emploi, et plus particulièrement des jeunes non-diplômés, montre
combien « L’adhésion aux valeurs d’individualisation – la valorisation de l’autonomie dans
l’orientation de sa vie personnelle – est étroitement liée au niveau d’étude. Maîtriser ses choix est
d’autant plus aisé qu’on dispose des ressources culturelles pour le faire. Ceux qui n’en disposent pas
peuvent trouver une forme de sécurité dans l’adhésion à des valeurs collectives, familiales, locales ou
communautaires. L’autonomie ne se décrète pas, elle se construit, et ceux qui disposent de moins de
ressources ont un impérieux besoin d’être aidés » (Olivier Galland, 2011).
26
Pistes d’actions :
L’analyse de cette catégorie jeune met en exergue la nécessité d’adopter une vision holistique de
leur accès à l’autonomie : logement, emploi, formation, mobilité. Comme beaucoup de ces jeunes nous
l’ont fait remarquer, la question de l’accès au logement est avant tout liée à la question de l’accès à
l’emploi, qui elle-même est profondément liée à celle de la formation voire à celle de la mobilité. Ces
dimensions ne peuvent donc être traitées que conjointement : lutte contre le décrochage scolaire, accès
facilité au permis de conduire, développement de l’accompagnement lié au logement… Tout ceci ne
pourra se faire sans un renforcement de l’accompagnement, du soutien et de l’encadrement dont
bénéficient ces jeunes dans l’ensemble de leurs démarches c'est-à-dire sans un renforcement des
moyens financiers et humains dédiés aux structures qui œuvrent en leur faveur.
27
CONCLUSION GENERALE
Ainsi il s’avère nécessaire d’apporter une réponse globale, adaptée et
territorialisée en traitant simultanément les dimensions liées à l’accompagnement,
l’orientation, l’accès et le maintien au logement :
-
Globale car les problématiques soulevées par les jeunes sont multiples et
demandent ainsi des réponses qui le soient tout autant. Cela ne pourra se faire
que par une mise en réseau et une coordination des partenaires logement
autour
d’un
dispositif
centralisé
d’information,
d’orientation
et
d’accompagnement pour le logement en direction des jeunes.
-
Adaptée car la jeunesse apparaît multiple et exprime des attentes et besoins
spécifiques. « La jeunesse comme catégorie se renforce, au moment où explose en
son sein une diversité statutaire de plus en plus importante, à la fois dans la
composition de sous-catégories et dans l’organisation des parcours individuels »
(UNHAJ, 2009).
-
Territorialisée car les problèmes diffèrent fortement selon le territoire
considéré : assurer une veille sur chaque territoire en observant l’évolution des
besoins en logement des jeunes permettrait ainsi de construire des réponses
adaptées.
28
ANNEXES
Annexe 1
La Région Lorraine a mené un travail d’enquête, via un questionnaire en ligne, auprès des jeunes
lorrains de 16 à 25 ans. Ce questionnaire a été relayé aux jeunes par l’intermédiaire des acteurs de la
jeunesse en Lorraine (Missions Locales, CFA, URHAJ, CLLAJ, IUT, Universités…). 1351
questionnaires ont été remplis.
Tableau - Caractéristiques générales de la population enquêtée :
Caractéristiques
Effectifs
Sexe
Situation face au logement
professionnelle
Elèves ou étudiants
En formation par
alternance
Sans emploi
En emploi (services
civique inclus)
Ensemble
Pourcentage
Situation
Nombre
Age
Homme
Femme
« Décohabitants »6
« Cohabitants »7
(en %)
(en %)
(en %)
(en %)
moyen
802
60%
21
24
76
72
28
365
27%
21
45
55
43
57
126
9%
22
42
58
42
58
58
4%
23
31
69
57
43
1351
100%
21,33
32
68
62
38
L
La population étudiée comprend une majorité d’« élèves ou étudiants » (60% de la population
interrogée). A l’inverse les personnes « en emploi » ne représentent que 4% de l’échantillon. Ce
déséquilibre, impose certaines précautions interprétatives. En effet, les résultats obtenus ne pourront
être analysés qu’au regard de la situation professionnelle du jeune. Sans cette « analyse croisée » nous
risquons d’aboutir à une interprétation déformante et ‘’partisane’’ (en faveur des étudiants),
conséquence d’une prédominance estudiantine dans notre échantillon. A noter que cette même
population étudiante se distingue par une féminisation très importante (76%) et par la présence d’une
large majorité de « décohabitants » (72%).
6
7
Jeunes résidants dans un logement autre que celui des parents
Jeunes résidants au domicile parental
29
Annexe 2
Tableau- Récapitulatif (non exhaustif) des difficultés d’accès des jeunes dans l’accès à un
logement autonome
Constats
Conséquences
Problèmes/Paradoxes
- Diminution de la taille des - Augmentation du nombre de pièces par
ménages
logement
Vieillissement de la
population
- Augmentation du nombre de
ménage d’une personne (32.3%
en 2008 en Lorraine)
- Parc lorrain faiblement doté en petits logements
(13% du parc composé de T1 ou T2)
- Problèmes de solvabilité de
plus en plus récurrents
- Les jeunes supportent les loyers les plus chers
(Taux d’effort brut supérieur à 30%)
- Risque de désocialisation, de
rupture sociale
- Parc CROUS lorrain rencontre des difficultés
(surtout à Nancy où 2600 chambres sont à
rénover)
+
décohabitation
Accès à un emploi
stable de plus en
tardif pour les
jeunes :
- Taux de chômage des 1524 ans de 22,9% en 2010
(9,4% pour l’ensemble de la
population active)
- Augmentation du « Travail
précaire » (CDD, Intérim,
temps partiel)
-Augmentation du nombre de
jeunes en squat ou sans
domicile fixe
Augmentation
de
cohabitation dite « forcée »
la
- Recours à l’aide parentale
devient inévitable
- Multiplication
individuelles
des
aides
- En 2006, 80% des résidences principales
lorraines sont, selon l’INSEE, en occupation dite
« réduite »
- Difficulté d’accès au parc social
- Formes de travail précaire se multiplient
(apprentis, stagiaires, jeunes en service
civique…)
- accompagnement lié au logement quasi
inexistant (pas le but premier des missions locales
et CLAJJ peu nombreux)
- Augmentation de la durée
d’étude
Injonctions à la
mobilité
- Besoins en hébergement
temporaires
en
constant
développement
+
Formes
d’hébergement
classique deviennent inadaptées
volonté
d’augmenter
sensiblement le
nombre d’apprentis
en Lorraine
- Freins juridiques (bail et temps de préavis trop
long, difficulté d’accès à la colocation)
- Solutions en logement temporaire pas assez
nombreuses et mal répartis sur les territoires
(Résidences habitat jeunes-FJT)
- Nouvelles formes d’habitat encore peu
développées (logement chez l’habitant, logement
intergénérationnel, colocation solidaire)
30
Annexe 3
Question posée : « De façon générale, diriez-vous qu’aujourd’hui il est facile de se loger pour un jeune de votre
âge ? »

Extraits des réponses apportées par les jeunes ayant cochés « oui, tout à fait » ou « oui,
plutôt » :
« Un jeune peut se loger dans des logements plutôt inconfortables ou encore mal isolés sans que cela le perturbe
contrairement à des personnes plus âgées » Homme, 21 ans
« Il y a plus d'offres que de demandes (sur Nancy, en tout cas) ». Femme, 19 ans
« Dans un CFA on est privilégié, dans le type de FJT où je suis actuellement et le CROUS est une bonne aide aussi, les
logements sont chers mais pas très dur à trouver. Bien-sûr il ne faut pas s'attendre à un appartement de 100m² ! » Homme,
19 ans
« Un peu de bonne volonté suffit amplement » Homme, 24 ans
« C’est facile de trouver un logement, mais il faut d'abord trouver un emploi pour ça » Homme, 25 ans
« Si les parents aident alors ce n'est pas compliqué, mais le Si est bien là pour quelque chose » Homme, 23 ans

Extraits des réponses apportées par les jeunes ayant cochés « non, plutôt pas » ou « non, pas
du tout » :
« Tout le monde n'a pas de parents garants. De plus, sans un apport d'argent des parents, ou un boulot à plein temps il est
dur pour un jeune de louer un appartement et d'y vivre, ainsi que financer ces études » Femme, 21 ans
« Les loyers des logements dans Nancy et son agglomération restent élevés, et ce même pour un logement de type F1/T1.
Les loyers des logements sociaux sont plus abordables mais la liste d'attente est longue. Une difficulté récurrente pour moi
dans l'obtention d'un logement : le manque de garant. » 21 ans, Femme, 22 ans
« Beaucoup trop de délits de faciès, agences immobilières exigeantes » Homme, 21 ans
« Parfois la sélection pour un logement se fait sur entretien, comme lors d'une embauche » Femme, 26 ans
« Les loyers des appartements en bon état sont chers pour ceux qui n'ont pas un salaire élevé (autour du SMIC) et d'autant
plus si ces personnes sont célibataires (loyers des petits appartements proportionnellement plus cher) » Femme, 25 ans
« Il reste difficile de trouver un logement pour quelqu'un ayant un CDD ou étant intérimaire et certains propriétaires ne sont
toujours pas très à l'aise avec l'idée de louer un appartement à un jeune. » Femme, 25 ans
« Les jeunes n'ayant pas d'emploi qui souhaiteraient partir dû à certaines situations familiales difficiles sont contraints de
rester chez eux » Homme, 22 ans
« Je pense que lorsqu'on a un emploi il est possible de se loger assez facilement mais sans emploi c'est impossible lorsqu'on
a moins de 25 ans et qu'on ne perçoit pas le RSA » Femme, 24 ans
31
Annexe 4 : Tableau- Actions significatives menées dans d’autres régions
Clé Aquitaine (partenariat avec la Caisse des dépôts et le CROUS) : permet aux jeunes en recherche de
logement de présenter une caution locative à leurs bailleurs et d’avancer un dépôt de garantie à l’entrée dans
les lieux (budget de 50 000 euros pour l’année scolaire 2010-2011). Des dispositifs similaires, mais
uniquement portés sur la caution locative, ont vu le jour dans d’autres régions (Poitou-Charentes, Pays de la
Loire).
Un, deux, toit : réseau d’hébergement en chambres chez les particuliers pour les jeunes en formation et en
mobilité professionnelle.
Aquitaine
Opération Campus : 400 000m² de locaux seront réhabilités, 7 collèges universitaires seront créés, 3
départements et 11 pôles d’excellence de recherche seront mis en place. Des maisons de campus, des sites
culturels et sportifs, des crèches interuniversitaires seront réalisés.
- Coût total de l’opération : 538M€
- Participation du Conseil régional : 200M€
Création d’un site internet pour le logement des jeunes (en 2011) : http://logement-jeunes.aquitaine.fr/
Ce site est à la fois un outil d’aide à la recherche et un portail d’information sur les aides existantes et les
modalités d’accès au logement.
Appel à projets : logement des jeunes et des travailleurs mobiles.
Objectif : soutenir l'offre de logements de qualité à destination des jeunes, des apprentis, des stagiaires, des
intérimaires, des travailleurs saisonniers du tourisme ou de l'agriculture, qui prennent en compte la diversité
des publics accueillis et la qualité environnementale.
Charte d’engagement pour les jeunes en Bretagne
Bretagne
Un volet est dédié à l’accès des jeunes au logement. Il s’agit de :
- Développer l’offre et en améliorer la qualité.
- Favoriser la mobilisation de l’offre existante de logements.
- Favoriser la solvabilité des jeunes pour faciliter leur accès au logement.
Primes jeunes : prime accordée aux propriétaires pour les inciter à réserver leurs logements au profit des
jeunes et des plus démunis.
Rhône-Alpes
La prime régionale est mobilisable dans cadre de Programmes d'Intérêt Général (PIG), d'Opérations
Programmées d'Amélioration de l'Habitat (OPAH) ou de la production de logements conventionnés « sans
travaux » (dispositif « Borloo dans l'ancien »).
Appel à projets régional sur le logement des jeunes.
1er axe : Favoriser le développement d’une offre nouvelle.
2ème axe : Faire émerger des démarches et améliorer l’offre de service « logement jeune ».
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