les métiers du graphisme - esad
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Université d’Evry LES MÉTIERS DU GRAPHISME Jean-Pierre Durand Joyce Sebag Sylvia Calle Nathalie Gorgon Marc Raffenne Rapport de la 1ère phase Mars 2009 Ministère de la Culture et de la Communication 1 REMERCIEMENTS Au cours de la première étape de cette recherche, nous avons eu le privilège de rencontrer des personnes disponibles pour nous faire partager leurs savoirs sur le métier de graphiste. Ils nous ont formés aux débats qui traversent la discipline. Les entretiens que nous avons menés ont été passionnants. Lors de chacun d’eux nous étions émerveillés par la somme de connaissances de nos interlocuteurs. Ils ont répondu à nos questions avec une très grande générosité. Nous avons dialogué avec des personnes engagées, n’oubliant jamais de nous rappeler combien le contenu du graphisme avait à voir avec une vision de la société. Nous avons essayé d’être au plus près des propos et des analyses que chacun d’entre eux nous ont adressés. Nous espérons ne jamais avoir trahi leurs paroles. Nous remercions chaleureusement tous ceux qui nous ont accueillis : Etienne Bernard, Pierre Bernard, Claire Cornet, François Caspar, Jean Corbu, Marie-Anne Couvreu, Philippe Delangle, Jean-François Depelsenaire, Marsha Emanuel, André Halata, Etienne Hervy, Alex Jordan, Romain Lacroix, Joëlle Malichaud, Denise Massaro, Etienne Mineur, Chantal Nourtier, Olivier Oncer, Élisabeth Ratier, Catherine de Smet, Michel Wlassikoff. Nos remerciements vont bien sûr aussi à nos interlocuteurs du Département Etudes, Prospectives et Statistiques du ministère de la Culture et de la Communication : Chantal Creste, Pascal Murgier, Frédérique Patureau, François Rouet qui nous ont accordé leur confiance et qui nous ont accompagnés en nous faisant entrer dans ce monde si riche du graphisme. 2 Table des matières Remerciements Chapitre 1 : CADRAGE STATISTIQUE DE LA PROFESSION 6 1 – 1 – Quinze mille graphistes enregistrés à la Maison des Artistes La réglementation Qui sont les graphistes de la MDA ? Hommes et femmes, graphistes Les revenus des graphistes Des trajectoires incertaines 7 7 9 10 12 14 1 – 2 – Combien de graphistes en France ? Une tentative d’extrapolation 14 Chapitre 2 : DÉFINIR LE MÉTIER DE GRAPHISTE 19 2 – 1 - Le regard des institutions culturelles françaises 19 2 – 2 - Les graphistes par eux-mêmes Le graphisme idéal Tendances et tensions chez les graphistes Les fondamentaux Les marchés Quelles frontières pour le graphisme ? Les points forts en débat pour définir le métier de graphiste 21 23 24 25 26 27 28 Chapitre 3 : LES FORMATIONS AUX MÉTIERS DU GRAPHISME 29 3 – 1 - Les grandes structures de formation Les cycles courts A. Les Brevets de Techniciens Supérieurs (BTS) B. Les Certificats de Formation Professionnelle (niveau bac +2) Les formations de niveau bac + 3 Le DNAT (diplôme crée par décret du 26 janvier 1981) et le DNAP Les cycles longs 29 29 29 31 32 32 33 3 – 2 - Capacités de formation et nombre de sorties d’élèves vers le marché du travail 34 3 – 3 – La formation des graphistes toujours en débat La présence de l’histoire de l’enseignement du graphisme Quelles formations aujourd’hui ? Du cœur du métier à la pluridisciplinarité La place de la recherche dans les Écoles de graphisme 35 35 37 38 40 3 Chapitre 4 : LES GRANDES QUESTIONS QUI PRÉOCCUPENT LES GRAPHISTES 42 4 – 1 - L’effet technologique (de l’outil à l’émergence de nouveaux supports) Les premiers pas en compagnie de l’ordinateur La démocratisation de la technologie Etre né avec l’ordinateur Vers un épuisement de l’outil ou du métier ? 42 42 42 43 44 4 – 2 - Les rapports au commanditaire 45 4 – 3 – La fausse visibilité du graphisme Du graphisme effacé à sa célébration en un lieu central La structuration professionnelle des graphistes 48 49 51 Chapitre 5 : LA SECONDE PHASE DE LA RECHERCHE 52 5 – 1 - Analyse des modes de fonctionnement de la chaîne graphique Le secteur commercial Le secteur culturel De quelques façons d’exposer les résultats 52 52 53 53 5 – 2 – Des analyses aux propositions d’actions 54 BIBLIOGRAPHIE 55 ANNEXES 60 Formations du secteur public Formations du secteur privé Taux de réussite pour les BTS Comunication visuelle (option graphisme, édition, publicité), MEN Taux de réussite pour les BTS Comunication visuelle (option multimédia), MEN 61 68 4 77 79 Les métiers du graphisme Rapport d’étape Ce rapport d’étape à la fin de la 1ère phase de la recherche sur Les métiers du graphisme ne saurait synthétiser quarante années de débats et de discussions qui ont animé le milieu des graphistes. Il possède deux objectifs moins ambitieux. D’une part, souligner les points forts de ces débats en proposant une sorte d’état des savoirs sur les graphistes à travers la littérature spécialisée et une quinzaine d’entretiens réalisés auprès des principaux acteurs de la profession ou d’observateurs avisés. D’autre part, préparer la seconde phase de la recherche à travers des questionnements perspicaces construits avec les premiers résultats, la demande du commanditaire et les avis des membres du Comité de pilotage de la recherche. Ces objectifs ne peuvent être atteints qu’après une approche statistique de la profession (Chapitre 1), approche qui s’est heurtée à l’indigence des données pour les graphistes salariés des agences ou des entreprises clientes des graphistes ; ce sera aussi l’occasion d’observer les évolutions démographiques de la profession ainsi que celle des revenus, à partir des données de la Maison des Artistes qui affilie les « indépendants ». Après un passage en revue des activités concrètes des graphistes, le Chapitre 2 les invite à définir leur métier, avant de proposer en un tableau synthétique quelques concepts-repères qui résument les débats. Lesquels conduisent naturellement à interroger la formation des graphistes (Chapitre 3), plutôt complexe, puisqu’elle est assurée par des établissements publics soumis à deux tutelles différentes (le ministère de l’Education nationale et le ministère de la Culture et de la Communication) et par des établissements privés tout aussi nombreux. Le Chapitre 4 revient sur les tensions et les débats actuels traversant la communauté des graphistes pour rendre compte des interprétations qu’ils donnent des transformations rapides auxquelles ils sont soumis en termes de technologie, de marché et de visibilité. Soulignons que ce rapport d’étape fait la part belle au graphisme « socioculturel », au détriment du graphisme publicitaire ou d’entreprise, en raison du choix des personnalités rencontrées ; cette particularité sera bien évidemment corrigée dans la phase suivante qui traitera largement du graphisme tourné vers les marchés privés puisqu’il occupe plus de 80 % des professionnels (Chapitre 5). Le second questionnement qui animera la suite de la recherche porte sur les moyens à mettre en œuvre pour faire reconnaître le graphisme comme une activité artistique à part entière, y compris pour montrer en quoi il est utile ou incontournable pour l’amélioration de la qualité de la communication. 5 Chapitre 1 : CADRAGE STATISTIQUE DE LA PROFESSION Le cadrage statistique des graphistes est à peu près impossible malgré la diversité des sources possibles, parce qu’ils possèdent des statuts différents et surtout parce qu’ils sont en trop petit nombre pour être repérés en tant que tels par l’INSEE. Après une courte énumération de leurs différents statuts, nous travaillerons essentiellement sur les données de la Maison des Artistes (MDA), y compris pour oser une extrapolation vers un chiffre global du nombre de graphistes en France. D’autres données chiffrées de la MDA présenteront les évolutions par genre, par âge puis par revenus. Les graphistes peuvent être : - salariés d’une entreprise utilisatrice de graphismes, d’une agence de publicité ou de communication (ils ne sont pas dénommés graphistes dans la plupart des cas ; ils peuvent y être par exemple directeurs artistiques) ou d’une agence de graphisme, - auteurs (ou « free lance », quelquefois qualifiés « d’indépendants » - terme qui prête à confusion avec le statut de profession libérale) - et gérés socialement par la MDA, - auteurs et cotisant à l’Agessa (parce qu’ils ont une autre activité dominante) - intermittents et gérés par le Pôle Emploi « « Spectacles ». Le choix du statut d’indépendant chez les jeunes graphistes Dans le n° hors série d’Émergence « Une culture graphique in vitro » (2000), Michel Wlassikoff rapporte les propos de plusieurs jeunes graphistes : Pour Philippe Lakits, « le choix de l’indépendance, c’est de pouvoir développer un travail de recherche ». Muriel Paris déclare « j’ai décidé très vite d’être graphiste indépendante. Il m’importait de tout gérer moi-même, du commencement à l’aboutissement ». Laurent Fétis affirme qu’« un graphiste indépendant l’est aussi par l’esprit. Il n’est pas là pour proposer des solutions standard. Les travaux les plus intéressants émanent de personnalités, rarement d’une entreprise de deux cents salariés ». Pour Geneviève Gauckler, « mon choix de l’indépendance tient au fait qu’aucun atelier, aucune agence ne travaillait comme je souhaitais le faire. Si cela avait été le cas, j’aurais peut-être cherché à me faire embaucher par une structure » . La jeune génération des cinq dernières années (enquêtes annuelles de la revue Étapes) a le même point de vue : pour Aurore Lameyre et Vincent de Hoym, « nous avons décidé assez tôt de travailler en free lance et surtout en duo. C’est une idée que nous n’avons jamais lâchée ensuite depuis avril 2006 » (Étapes, n°155, avril 2008). Côme de Bouchony déclare : « je suis diplômé de Penninghen depuis 2007 et je travaille à Paris en free lance. Cela s’est fait naturellement, dès la sortie de l’école, j’ai reçu une proposition de travail et les choses se sont enchaînées. Je voulais être éclectique (design, DA, typographie, motion) avoir une certaine forme de liberté et gérer les projets sans trop d’intermédiaires depuis la rencontre avec le client jusqu’au résultat ».( Étapes, n° 155, avril 2008) 6 1 – 1 – Quinze mille graphistes enregistrés à la Maison des Artistes 1 – 1 –1 La réglementation La Maison des Artistes a la délégation des organismes centraux de Sécurité sociale pour prélever les cotisations et gérer socialement les artistes-auteurs ayant une « activité créatrice d’œuvres originales graphiques et plastiques qui a donné lieu à une déclaration de revenus non commerciaux auprès du service des impôts » (définition issue de la documentation officielle). Depuis 1977, les graphistes répondant à cette définition relèvent du régime spécial des artistesauteurs du Code de la sécurité sociale qui est géré par la Maison des Artistes ; jusqu’à cette date, ils dépendaient du régime social des indépendants. Les graphistes-candidats entrant dans cette catégorie remplissent un dossier d’adhésion qui est analysé par les services de la MDA et validé par une Commission professionnelle nommée par l’Etat1. Pour être défini comme auteur, le candidat doit être créateur d’une œuvre originale et le prouver par des photographies de ses travaux. Un candidat qui n’a que des activités techniques est renvoyé au statut de travailleur indépendant (Régime social indépendant, RSI) qui recevra des honoraires de ses commanditaires et non des droits d’auteurs (statut fiscal2 et couverture sociale différents). Un candidat, par exemple anciennement salarié d’une entreprise qui continuerait à entretenir des liens de subordination avec son ex-employeur (en particulier parce qu’ils serait le quasi seul client) est aussi écarté car l’URSSAF imposera le retour du candidat dans la statut de salarié. En résumé l’activité de création définit le statut d’auteur du graphiste, même si elle conserve —nécessairement— une part de technicité. Enfin, la MDA classe les graphistes en deux grandes catégories : - les affiliés qui peuvent prouver une activité minimale de 7124 €/an (soit un bénéfice majoré égal à 900 fois le SMIC horaire) : ils sont 8210 graphistes en 2008 ; - les assujettis dont les revenus sont inférieurs à ce seuil : ils sont 6975 graphistes en 2008 Au total, la MDA couvre socialement 15 185 graphistes sur 42 131 membres de la MDA, toutes activités et statuts confondus. Le nombre de graphistes croît très fortement à partir 1996-1998, en particulier, semble-t-il, parce que nombre de peintres ou d’illustrateurs se sont reconvertis dans cette profession au moment où la demande s’est développée. Les graphistes forment la deuxième catégorie d’artistes après les peintres en terme d’effectif à la MDA. 1 Cette Commission comprend : - un représentant d’un organisme professionnel - un représentant des clients - 6 auteurs-artistes - 3 diffuseurs - 2 représentants de l’Etat (ACOSS (Sécurité sociale), ministère de la Culture et de la Communication). Un secrétariat, émanation de la MDA, prépare les réunions, suit les dossiers, assure les liens avec les autres organismes, gère les saisines, etc. 2 Rappelons que la TVA est à 5,5 % pour les activités de création et à 19,6 % pour les activités techniques. 7 Le ratio de femmes parmi les affiliés et les assujettis avoisine 40 % aujourd’hui : la rupture semble avoir eu lieu un peu avant la forte croissance des effectifs globaux, c’est-à-dire vers le début des années 90. Les affiliés représentent le cœur du métier et les assujettis sont des jeunes graphistes qui démarrent ou des personnes dont le graphisme n’est qu’une activité secondaire, ou bien qui ont un autre statut principal. La couverture sociale est assurée par les cotisations des graphistes avec quatre classes d’assiette selon les revenus. Les ressources de cette couverture sociale proviennent aussi du 1% versé par les diffuseurs. Cette comptabilité des graphistes qui apparaît simple ne l’est pas du tout en raison des entrées et des sorties du statut d’auteur : - certains, considérant que le statut de graphiste-créateur n’est pas assez valorisant préfèrent devenir directeurs techniques (en particulier parce qu’ils conseillent plus qu’ils ne créent) et perdent le bénéfice du statut d’auteur, - d’autres passent d’un statut à un autre en raison d’une polyactivité dont le noyau change d’une année à l’autre. Enfin la rédaction des factures n’est pas toujours simple pour les nouveaux auteurs qui facturent quelquefois des honoraires... De plus, une conférence —qui part du travail de l’auteur pour le promouvoir— n’est pas considérée comme une création ! La MDA doit aussi s’adapter aux évolutions techniques (les technologies de création mais aussi celle des supports) et au marché lui-même qui transforme les activités des auteurs afin de définir ce qu’est un auteur-artiste graphiste. Selon Denise Massaro, Directrice de la MDA, « l’évolution des métiers est très rapide depuis 20-30 ans car on est passé de la mono-activité à une pluri-activité très forte ; les textes 8 sont en retard y compris du point de vue économique pour être utilisés : face aux arts appliqués, que sont les arts plastiques ? Ils ne servent à rien ? » En raison de toutes ces complexités et de la forte croissance des effectifs, les demandes des tutelles (ACOSS ou ministère de la Culture) ou d’autres organismes se multiplient pour prévoir et anticiper les évolution du milieu professionnel. Le projet d’un Observatoire des graphistes est dans les têtes : il reste à en trouver les moyens et certainement à étendre son activité de connaissance du milieu professionnel à l’ensemble des graphistes sans distinction de statut. 1 – 1 – 2 – Qui sont les graphistes de la MDA ? Dans l’histogramme ci-dessous, le fait frappant est la forte présence permanente de la classe d’âge des 30-39 ans depuis 1981. Plus généralement, la structure par classes d’âge est relativement constante depuis 1981 avec un certain rajeunissement des effectifs (on ne traitera pas les données exceptionnelles des années 1991, 1992 et 1994 considérant qu’il s’agit d’erreurs statistiques puisqu’il manque des classes d’âges...). Rappelons que les données ne portent que sur les graphistes « indépendants » inscrits à la MDA. On peut s’interroger : où sont les moins de trente ans dont on sait que le chiffre croît en raison de l’ouverture récente de nombreuses formations (ce qui apparaît partiellement pour les quatre dernières années) ? Il est probable que les graphistes fraîchement sortis de ces formations soient en train d’apprendre le métier dans des agences ou dans des entreprises (comment emporter un marché, comment conduire une création graphique, etc.). Par ailleurs, à l’autre extrémité de la pyramide des âges, tout se passe comme si les graphistes indépendants trouvaient d’autres fonctions, plus assurées, après la quarantaine, par exemple comme salariés (graphistes ou directeurs artistiques) chez les diffuseurs ou dans des agences (l’analyse en termes de classes de trajectoires des graphistes prévue dans la deuxième phase de la recherche devrait répondre à cette interrogation). Ce qui pourrait être confirmé par la faiblesse de la dernière classe d’âge dans tout l’histogramme. La quasi disparition de cette classe d’âge depuis 2006 tient au fait qu’il s’agit de la génération des babyboomers qui sont partis à la retraite, ce qui ne les empêche d’ailleurs pas de continuer à exercer, évidemment en dehors de la MDA. 9 Les revenus des graphistes varient considérablement avec l’âge ou plus précisément l’ancienneté dans le métier donc avec l’accumulation de savoir-faire, d’expériences et avec la renommée ou la reconnaissance par les pairs et/ou le marché. L’Alliance Française pour le Design publie régulièrement des tarifs à appliquer selon la nature des travaux à effectuer. Des revues comme Creanum3 mettent en rapport la nature des travaux et l’expérience des graphistes (ou d’autres professions de l’image) pour fixer les tarifs ou tout au moins des fourchettes de tarifs possibles. Paris concentre, de très loin, les plus hauts revenus et la population la plus nombreuse de graphistes (5373 affiliés et assujettis à la MDA). En 2008, les revenus des graphistes hommes (auteurs assujettis et affiliés) s’élèvent à 64 022 € et ceux des femmes à 41 106 € (soit un bénéfice non commercial moyen pour les hommes de 21 850 € et de 16 826 € pour les femmes. Cf. graphique ci-dessous). Les revenus varient aussi selon le genre : l’écart tend toutefois à diminuer depuis 1981 : de 45 % durant les années 80, il est encore de 20-23 % dans les années 2000. 1 – 1 – 3 –Hommes et femmes, graphistes La Revue Étapes (décembre 2006) a publié un dossier Graphiste, nom féminin. L’article de Vanina Pinter « Digressions sur Graphiste, nom féminin » rappelle que le « sujet femmes et graphisme est délicat (…) et que sans tomber dans une vision paranoïaque ou une attitude victimiste, une femme œuvrant dans le champ de la création, notamment en France, peut douter lors d’un certain nombre d’étapes de son parcours : affirmation et confiance (favorisée par les bourses, le mécénat), reconnaissance (exposition, articles, monographies) et donc de son éventuelle zone d’influence ». Vanina Pinter conclut en pointant du doigt la double invisibilité 3 Cf. le n° 130 de 2008. 10 féminine : « une méconnaissance de son métier par la société et une reconnaissance incertaine de ses pairs ». Si l’on constate que la proportion de femmes graphistes a progressé de façon notable, il n’en reste pas moins que comme dans tous les autres secteurs d’activité, elles sont proportionnellement peu citées et mises en avant. Réalité confirmée par Michel Bouvet, graphiste, enseignant, commissaire d’expositions. Il a proposé pour le mois du Graphisme à Echirolles en 2006 une exposition intitulée 9 femmes graphistes. Il explique ses choix dans la revue Étapes de décembre 2006 : « Au cours de mes voyages, j’ai constaté que la majorité des étudiants des écoles d’art et de graphisme étaient des femmes. Étonnamment, la plupart de ceux qui sont conviés à représenter la discipline, dans l’enseignement ou au cours des grandes messes du graphisme, sont des hommes. Cette disproportion m’a beaucoup troublé. Mon rôle en tant que commissaire d’exposition est de susciter des curiosités, des interrogations, des débats. Je ne fais que dresser un constat. Si une femme avait organisé l’événement, cela aurait été considéré comme une revendication. J’ai choisi de travailler seul, en tant qu’homme, dans une volonté quelque peu provocatrice. Je n’ai pas reçu un bon accueil de tout le monde. C’est une question qui dérange. Certaines graphistes ne souhaitent pas être enfermées dans un genre et certains hommes redoutent que l’on mette en lumière leur propension à limiter le rôle des femmes dans la société. Beaucoup de métiers ont été confisqués par les hommes ; depuis longtemps, l’art se conjugue au masculin. Dans de nombreux pays, les femmes restent sous-représentées dans les universités et sont dévaluées dans leurs rôles professionnels de manière à ne constituer qu’une part modeste de l‘emploi. Il y a l’idée que, en travaillant, les femmes prennent les places des hommes. L’inconscient collectif a ancré l’idée qu’une femme ne vit pas de son art. Les femmes graphistes font les frais d’idées préconçues : elles ne seraient pas indépendantes, travailleraient en agence ou se dirigeraient davantage vers l’illustration. La réalité est tout autre : la diversité de leurs pratiques est similaire à celle de leurs confrères masculins ». Dans le même enquête, le trio de femmes graphistes Thérèse Troïka (fondé en 1987) raconte qu’à leur départ elles étaient confrontés à de la condescendance « dès lors que nous sommes entrées dans un rapport compétitif. Beaucoup d’hommes n’acceptent pas que nous jouions au même niveau qu’eux. (…) À de multiples reprises, nous avons été appelées dans des expositions ou dans des concours pour servir de caution féminine. Dans les compétitions, à travail égal, à niveau de réponse identique, le projet des hommes sera plus spontanément récompensé. Nous devons être constamment dans une hyper excellence pour nous imposer. Il reste nombre d’a priori à faire tomber. Un rapport professionnel entre hommes est vu comme cartésien, froid, rationnel. À partir du moment où il y a des femmes, on évoque le sentiment, l’affectif, l’arbitraire, l’irrationnel. (…) Nous sommes souvent amenées à travailler dans le domaine de l’architecture et dans nos deux métiers, les problèmes de parité s’amenuisent. Ils sont moindres que dans d’autres secteurs. Aujourd’hui, il faut avant tout que nous fassions reconnaître notre métier de graphiste, d’autant plus que notre profession traverse une crise économique difficile ». 11 1 – 1 – 4 - Les revenus des graphistes Après une forte hausse des revenus des graphistes durant les années 80, ceux-ci chutent depuis 1993 (en particulier chez les hommes) avec la crise qui a sévit à ce moment là. On doit le léger pic de 2001 à une reprise économique passagère. Enfin, les revenus se différencient aussi par région comme l’indiquent les deux graphiques cidessous qui séparent les hommes et les femmes pour des raisons de lisibilité dans les 4 régions à forte implantation de graphistes. Les revenus des Parisiennes et des Parisiens sont quasiment le double de ceux des régions aux revenus les plus faibles telles que la Bretagne ou le Nord-Pas de Calais. La région Centre et l’Alsace montrent d’assez bons résultats pour des raisons différentes : il est probable que nombre de Parisiennes et de Parisiens soient installés dans le Centre ou en Bretagne (grâce aux TIC, entre autres) alors que les revenus des Alsaciennes sont tirés par le haut en raison d’une forte activité locale et de la proximité de l’Allemagne et de la Suisse. En tout état de cause, ces deux derniers graphiques montrent bien la baisse des revenus des graphistes (hommes et femmes) depuis 2002. 12 13 Le site portail d’informations et services pixelcreation est dédié aux professionnels et passionnés d’arts visuels, de graphisme et de design. Il publie des enquêtes annuelles sur les rémunérations 4. Pour l’année 2006, six cents réponses ont été reçues et synthétisées dans ce tableau : Rémunération mensuelle moyenne brute Profession Graphiste freelance Graphiste salarié Webdesigner freelance Webdesigner salarié Directeur artistique freelance Directeur artistique salarié Maquettiste freelance Maquettiste salarié Illustrateur freelance Infographiste/animateur 3D freelance Infographiste/animateur 3D salarié Designer produit salarié Enseignant salarié 1 994€ 1 848€ 2 432€ 2 078€ 2 586€ 2 638€ 1 938€ 1 728€ 4 572€ 5 145€ 1 705€ 1 985€ 1 524€ Les honoraires sont libres et prennent en compte le temps d’élaboration de la création, les frais techniques du projet et les frais fixes d’exploitation (loyer du local ou logement, électricité, téléphone, entretien matériel). Les droits d’auteur sont négociés au cas par cas ; en cas d’utilisation importante, les droits d’auteur peuvent être supérieurs aux honoraires de conception. Selon l’AFD, le juste prix d’une journée d’un graphiste européen s’élève à 500-600€/jour, soit 75€/heure ; ce tarif englobe tous les frais. 1 – 1 – 5 – Des trajectoires incertaines A cette phase de la recherche, il est impossible de dresser des catégories ou des classes de trajectoires profesionnelles des graphistes. Pourtant, nous proposons de reprendre le schéma avancé par Etienne Hervy, Rédacteur en Chef d’Étapes qui montre les difficultés à construire une carrière. Si au début, en sortant des écoles, les jeunes graphistes bénéficient de commandes « sympas », celles-ci sont bientôt insuffisantes pour faire vivre un atelier ou une agence, même en acceptant de petits revenus. C’est aux environs de la trentaine, là où une pluralité de possibles s’offre au graphiste qu’il doit faire le bon choix : continuer à répondre à des commandes intellectuellement valorisantes tout en bénéficiant de revenus satisfaisants. C’est cette quadrature du cercle qu’une minorité seulement (dont assez peu de femmes), résoud : ils seront les futurs maîtres, cotés demain à Drouot !! 4 http://pixelcreation.fr/graphismeart-design/graphisme/metiers-graphiques-et-remunerations-en-2006/ 14 Chacun l’aura compris, ce schéma propose une image du présent peu rassurante, avec peu d’élus pour un grand nombre de candidats : combien accepteront alors des commandesn sans enthousiasme pour survivre, ou bien accepteront des salaires assez bas mais réguliers ? Alors la partie en grisé pourra se remplir : c’est l’enjeu de la phase suivante d ela recherche de comprendre par qui, dans quels statuts et pour quels types de travaux. 1 – 2 – Combien de graphistes en France ? Une tentative d’extrapolation L’INSEE ne peut fournir de données fiables pour répondre à notre question car la nomenclature 9003 A qui nous intéresse rassemble tous les artistes-auteurs, sans différenciation d’activités. Jusqu’à présent les indices fournis pour isoler les graphistes n’ont pas donné de résultats satisfaisants. Il nous faut donc tenter d’autres voies, en particulier celle du recueil de statistiques selon les différents statuts de graphiste5 et celle de l’extrapolation. Nous avons 15 000 graphistes recensés à la MDA6. S’y ajoutent les graphistes : - salariés des entreprises clientes ou des agences (pour lesquels nous ne disposons d’aucune donnée), 5 Il y a d’autres sources possibles qui restent à ce jour très théoriques et qui méritent un nouvel approfondissement (2ème phase) telles que l’ACOSS (Agence Centrale des Organismes de Sécurité Sociale) ou peut-être la Direction Générale des Impôts. Un document du Syndicat National des Graphistes donne aussi des chiffres, mais ils datent de 1977, c’est-à-dire avant la prise en charge des auteurs par la MDA et avant « l’explosion » du graphisme des années 80 avec le développement de nouveaux supports et celui du packaging dans la consommation de masse. 6 Seulement 50 % d’entre eux vivent avec certitude du graphisme. Les autres possèdent des positions incertaines, mais surtout des statuts qui leur permettent d’être assujettis à la MDA, se livrant sûrement à des activités de graphistes mais pas nécessairement à temps plein, ou bien, pour d’autres, avec des revenus assez faibles. 15 - auteurs cotisant à l’Agessa : s’ils ont choisi ce statut et de régime, c’est parce que l’essentiel de leur activité a lieu dans un autre champ, avec un statut plus assuré. On peut supposer que les graphistes de métier à l’Agessa ne sont que quelques centaines (jusqu’à ce jour, nos correspondants de l’Agessa font la sourde oreille à nos demandes), - intermittents qui relèvent du Pôle Emploi « Spectacles » : ici les chiffres qui nous ont été fournis par l’ACOSS en l’absence de réponse du Pôle Emploi « Spectacles » (2 700 personnes travaillant pour des sociétés de post-production) sont peu utilisables car ils rassemblent tous les métiers environnants sans traiter spécifiquement des auteurs en particulier, ils comptabilisent aussi les techniciens qui font l’habillage de chaînes, génériques, etc. Une estimation assez généreuse peut donner ici un chiffre de 500 graphistes qui vivraient dans l’intermittence (les contacts restent à approfondir pour obtenir des chiffres précis). Les graphistes dans les métiers du multimédia et de l’audiovisuel L’infographiste multimédia Le rôle de l’infographiste multimédia est de participer à la création ou à la production d’applications multimédia sur des supports numériques en ligne ou hors ligne (sites internet, CD-Roms s, logiciels). Il prépare, découpe, met en page des textes, des images fixes et animées. Il travaille dans un studio graphique (agence de communication ou studio de création graphique) ou bien dans un service intégré en communication au sein d’une entreprise ou d’une structure publique. Le designer d’interface graphique Il est responsable de création de l’interface graphique et de l’ergonomie d’un produit multimédia publié sur un support numérique en ligne ou hors ligne. Il conçoit l’ergonomie d’un projet multimédia en respectant les orientations du commanditaire ; il travaille soit dans un studio graphique (agence de communication interactive, éditeur de contenu) ou bien au sein d’une entreprise privée ou d’une structure publique. Les infographistes travaillent en tant qu’intermittents du spectacle pour des agences d’infographie, des sociétés de production et de post production audiovisuelle ou des sociétés de production multimédia. Quelques éditeurs de CD-Roms s ou de jeux vidéo offrent des postes de salariés en CDD. Les infographistes dans le secteur de l’audiovisuel sont employés sur les génériques d’émissions, les habillages de programmes, les bandes annonces de films ou de documentaires, de clips publicitaires (10 à 20 secondes de bande annonce représentent 15 jours de travail pour l’infographiste). Ils sont formés en particulier à l’ENSAD, à l’ESAG Penninghen, à l’École de l’Image des Gobelins ou à l’EESI d’Angoulême (le salaire est compris entre 350€/jour et 600€/jour). Ils relèvent en général du Pôle Emploi « Spectacles ». Enfin, on peut penser qu’il y a des graphistes qui occupent deux statuts et qui pourraient être comptabilisés deux fois : comme auteurs à la MDA et comme salariés ou bien comme auteurs cotisant à l’Agessa et comme salariés, etc. Mais il s’agit d’effectifs assez négligeables. Ce qu’il 16 manque, c’est l’effectif des graphistes salariés pour obtenir le nombre global de graphistes en France. Or ce chiffre est inaccessible « par l’intérieur » des entreprises (trop nombreuses) ou par d’autres biais telles que les conventions collectives (toutes les entreprises ne signent pas de telles conventions) ou par les Prud’hommes (données très partielles liées aux conflits). En résumé, il ne nous reste guère que la solution des extrapolations, par exemple avec les données dont nous disposons sur la Hollande : 27 000 designers graphiques7 pour une population active de 10 millions de personnes. Même si la Hollande est connue pour être un pays leader dans le design (y compris graphique), il est probable que le nombre de graphistes proposé par l’auteur du PowerPoint comptabilise des personnes qui ne sont pas toutes engagées dans un travail de création. On peut alors considérer que seulement 2/3 de cet effectif relèvent de la définition française du graphiste en tant qu’auteur, soit environ 18 000 designers graphiques créateurs. Ce qui nous conduit à un ratio graphistes/population active de 0,18 %. Appliqué à la France (28 millions de personnes actives), ce ratio donne 50 400 graphistes en France. Ce chiffre est considérable car il signifierait que 45 000 graphistes sont salariés de façon dispersée dans les entreprises et dans les agences de publicité, de communication et évidemment de graphisme (or ces dernières recourent très souvent à la MDA pour gérer les personnels qui travaillent pour elles). Une autre simulation peut être faite à partir du même PowerPoint à partir d’une analyse fine des données des secteurs d’emplois des graphistes (secteur du graphisme versus divers types d’entreprises clientes) : on peut penser qu’environ 50 % de la population des graphistes du secteur du graphisme est salariée, l’autre partie relevant de différents types d’emplois « indépendants ». Si cette hypothèse est juste, le nombre de graphistes créateurs en France serait d’environ 30 000. Enfin, il est vraisemblable que le système de formation (privé et public) envoie chaque année sur le marché du travail 1 200 diplômés susceptibles de devenir graphistes : environ 400 (titulaires de diplômes à bac + 3 resteront « assistants » et non créateurs. Ce qui fait globalement un flux de 800 nouveaux graphistes par an dont il faut déduire environ 400 personnes qui partent à la retraite (beaucoup moins depuis 2005). Avec un flux positif d’au moins 400 nouveaux graphistes annuellement, la population de ces créateurs a cru de 4 000 en dix ans. Ce qui ne corroborre guère la forte progression de graphistes telle quelle apparaît dans les données de la MDA. D’où une double hypothèse : - nombre de graphistes identifiés par la MDA sont des artistes déjà plus ou moins établis (peintres, dessinateurs en particulier) reconvertis aujourd’hui dans le graphisme qui offre ou qui a offert des débouchés certains, - parmi les graphistes inscrits à la MDA, nombre d’entre eux sont plutôt assistants de création que créateurs au sens fort —ils ne sauraient être techniciens selon les critères de la MDA rappelés ci-dessus. En d’autres termes, parmi les entrants dans la profession, il doit y avoir de nombreux titulaires de BTS qui, à partir d’un apprentissage en agence et une forte expérience professionnelle, remplissent les critères d’inscription à la MDA (ils pourraient d’ailleurs se trouver dans la catégorie des assujettis plutôt que dans celle des affiliés). 7 Selon un PowerPoint Design in the creative economy, fourni par François Caspar de l’AFD qui l’a lui-même reçu de Thierry Van Kerm, Directeur du Centre de compétence Design Innovation (Belgique). 17 Si l’on suit cette hypothèse, il est fort probable que le nombre de salariés soit assez inférieur à celui des indépendants : en effet un employeur ne salarie un graphiste que s’il possède quelque certitude sur le niveau de sa charge de travail à l’horizon de plusieurs années. Si l’on retient cette hypothèse le nombre de graphistes en France serait alors inférieur à 30 000 et ne dépasserait guère les 20 000 personnes. En d’autres termes, la question qui demeure est celle de la définition du graphiste : en choisissant une défintion stricte (celle d’un créateur qui occuperait plus de 70% de son temps à la création — hors activité commerciale et administrative), l’hypothèse conduirait à une fourchette de 12 à 20 000 graphistes. La seconde hypothèse qui ferait tomber le temps de création à 40 % du temps utile du graphiste ménerait à un effectif d’environ 30 000 graphistes en France. Enfin, l’hypothèse large qui inclurait les techniciens ayant des activités (mineures) de création donnerait un effectif d’au moins 50 000 graphistes. Ce dernier chiffre nous apparaît plutôt comme un chiffre « politique », quelque peu gonflé au regard de la définition retenue des graphistes, un chiffre « politique » qui permettrait d’accélérer la reconnaissance sociale des graphistes, mais qui pourrait à terme les pénaliser puisque nombre d’entre eux, en tant qu’exécutants, ne sont pas ni créateurs ni auteurs. Tel est aussi le débat : la mesure reposant toujours sur des conventions, il serait bon d’en définir une collectivement (mais où et avec qui ?) qui satisfasse les acteurs du champ afin de construire un effectif de graphistes en France, admis par tous. 18 Chapitre 2 : DÉFINIR LE MÉTIER DE GRAPHISTE Il est difficile de trouver une définition du graphisme —et encore moins du graphiste— qui fasse l’unanimité, en raison de la diversité des points de vue, des sensibilités, des trajectoires, des fonctions occupées, des applications, etc. On ne s’y hasardera donc pas ! Pourtant, scientifiquement parlant, les sociologues ne peuvent proposer une analyse des métiers du graphisme sans définir leur objet. En conséquence, nous passons ici en revue les définitions que les graphistes donnent de leur profession et celles que des observateurs ou des critiques avancent du métier ou des métiers. Pour conclure, nous définirons le graphiste à partir de quelques concepts pour désigner le cœur du métier, ce qui serait aussi le plus petit dénominateur commun... 2 – 1 - Le regard des institutions culturelles françaises Aussi bien chez les animateurs des lieux d’exposition qu’au Ministère de la Culture, il est fréquent de placer le graphiste au cœur de la conception d’un message en tant qu’interprète et médiateur d’une idée à faire passer entre un commanditaire et un public précis. En 1988, dans son exposition « Images d’utilité publique », le Centre Pompidou attribuait au graphiste une position d’ « artiste et de technicien [dont le] rôle varie selon la nature du problème posé. Il peut jouir d’une grande liberté d’expression plastique quand il conçoit une affiche pour une manifestation culturelle ou mettre en œuvre sa capacité d’analyse et d’organisation quand il réalise un système signalétique fait pour durer. Il doit savoir manier, dans les deux cas, avec sensibilité et subtilité, des codes visuels familiers pour inventer de nouvelles solutions graphiques. Médiateur entre le commanditaire qui émet le message et le public qui le reçoit, il contribue à la valorisation ou à la dévalorisation d’un contenu. Il doit être conscient de la finalité de ses productions, car elles participent à la construction du paysage esthétique et social quotidien »8. Le Ministère de la Culture et de la Communication, à travers la Direction des Arts Plastiques (DAP), a publié un rapport de réflexion « L’enseignement du graphisme en France » sous la direction de Marsha Emanuel9. Ce rapport est capital puisqu’il fait figure de bilan de l’état du graphisme au milieu des années 90 ; il tente de repositionner le graphisme dans la société en lui conférant une vraie responsabilité sociale ; d’autre part il est pionnier dans le questionnement sur la formation professionnelle (cf. ci-dessous). En donnant notamment la parole à quelques graphistes émérites – Jean Widmer, Ruedi Bauer, Pierre Bernard, Pierre di Sciullo, etc. – le rapport a permis un éclaircissement de la fonction du graphisme. Ainsi selon Jean Widmer, « le graphiste est un généraliste qui agit chaque fois comme un spécialiste sur un large champ d’activité. Il intervient par sa formation de généraliste dans tous les domaines de la communication visuelle, d’une manière simultanée et efficace en deux et trois dimensions. Il agit avec son savoir technique et culturel ; il donne un sens par sa réflexion créatrice. Son champ d’intervention se situe dans les domaines économique, social et culturel. Il intervient dans des professions diverses : publicité, image d’identité publique et institutionnelle, édition, presse, conditionnement, promotion de produits industriels, signalétique, stylisme de mode, art mural, exposition, symbolisme sculpturel, télévision, audiovisuel ». 8 9 Catalogue Images d’utilité publique, éditions Centre Georges Pompidou, Paris, 1988. L’enseignement du graphisme en France. Rapport de mission de réflexion. DAP. Ministère de la Culture, 1996. 19 Pour Pierre Bernard, « La fonction du graphisme, c’est de réaliser une articulation intéressante entre fonctionnel et symbolique. La valorisation du graphisme passe par la reconnaissance de cette relation ». Ruedi Bauer soulève la question du positionnement professionnel du graphisme et prône une redéfinition sémantique en marquant une séparation entre le design graphique et le graphisme publicitaire. Il n’hésite pas à vouloir distinguer sa profession de celle d’exécutant auprès d’un commanditaire qui a déjà une idée figée de son public ou de sa cible commerciale. « Si l’on pense que le graphiste n’est pas l’exécutant de second ordre recherché par les agences de publicité ni celui qui répond aux demandes de conseillers en communication ou en marketing, mais celui qui doit être capable de se réapproprier un dialogue direct avec le commanditaire, sans doute faudrait-il intégrer le design graphique aux options du design, en laissant l’enseignement du graphisme publicitaire dans les options communication. Le graphisme seul n’a pas de sens et porte à de grandes confusions puisque plus de 90% de ceux qui se disent graphistes ne font que de la publicité, soit dans les agences, soit comme indépendants ». Pierre di Sciullo, pour sa part, s’attache à différencier graphisme et activité artistique : « Identifier le design graphique à une activité artistique est une confusion car tout les distingue : lieux, buts, modes, interlocuteurs publics, commanditaires. Le graphiste conçoit des produits dans le champ culturel. Le graphisme est un domaine spécifique, mixte, d’organisation et d’intervention sur l’écrit et le visuel et donc n’appartient pas au domaine visuel proprement dit. Sa spécificité est d’opérer un mélange d’activités différentes ». Pour le Centre National des Arts Plastiques, le graphisme est une forme de communication visuelle présente dans tous les domaines de la vie quotidienne, dans les sphères publiques et privées. Il s’agit de la conception et de la réalisation des projets et programmes allant des identités graphiques, des affiches et des imprimés de toutes sortes –livres, annonces, revues, dépliants, brochures, formulaires— à la signalétique, aux cédéroms, aux génériques de télévision et de cinéma ainsi qu’aux sites Web. Le graphisme participe, comme l’architecture et le design, à la constitution de notre environnement visuel. Il a ainsi une grande influence sur notre perception du monde. Cette vision du graphisme montre à quel point on peut lui attribuer un rôle citoyen, dans le sens de sa participation au bien être des personnes qui le reçoivent. Les universitaires se sont aussi penchés sur cet aspect citoyen et responsable du graphisme. Marie-José Mondzain, philosophe, spécialiste de l’image, rappelle dans son texte introductif au catalogue du festival de Chaumont (2004), que « le terme de graphisme vient du grec graphè qui désignait aussi bien l’écriture que la peinture et le grapheus était celui qui possédait à la fois l’art de la lettre et celui de l’image, non que l’on pensât alors qu’il possédait deux arts, mais au contraire qu’il s’agissait d’un seul et même art. […] Le métier de graphiste est un métier critique qui met en cause les modes de production du visible et du lisible dans un tissu social lui-même contesté. Si le graphiste n’est pas un plasticien comme un autre, c’est justement qu’il se donne pour tâche d’articuler intimement l’apparition de l’image et celle du message qu’il veut transmettre. […] Le métier de graphiste se trouve à la jointure politique de l’artisanat et de l’art, en ceci qu’il définit indubitablement ses gestes en termes de services. Je dirais même de service public pour insister sur la responsabilité sociale de ces producteurs d’images. Ainsi les choses s’inversent et c’est le métier de graphiste qui pose à l’art lui-même la question de son autonomie 20 politique lorsque les plasticiens font mine de n’avoir d’autre souci que l’efficacité émotionnelle et esthétique »10. De son côté, Jean François Lyotard a préfacé le catalogue de l’exposition Vive les graphistes. Petit inventaire du graphisme français (Centre Georges Pompidou, automne 1990). Dans son texte intitulé Intriguer ou le paradoxe du graphiste, Lyotard définit le graphisme comme relevant à la fois de la communication et de l’art visuel : « Il recourt aux composantes du visible, le chromatisme, l’organisation de l’espace bidimensionnel immobile, le dessin, le tracé. Il est par là le cousin de la peinture, de la gravure, de la photographie. […] Les graphistes doivent intriguer aussi parce qu’ils ont affaire à des passants, à des yeux qui passent, à des esprits saturés d’informations, blasés… Les graphistes ont à les réveiller du sommeil réconfortant de la communication généralisée, à enrayer leur mauvaise vitesse de vie, à leur faire perdre un peu de temps »11. Michel Wlassikoff avait conclu son étude, « Une culture graphique in vitro » (HS Emergence, 2001), en rappelant qu’en France il n’existait pas de définition dans les dictionnaires et avait laissé des graphistes donner leur propre interprétation. Dans sa conférence intitulée L’histoire du Graphisme en France donnée le 9 janvier 2007 à Echirolles il ouvre son propos en exposant que « le graphisme, c’est fondamentalement la possibilité des signes dans la ville. Le signe dans la ville, ce n’est pas uniquement le tag ou le graff, qui représentent un moyen d’expression ou de contestation de l’ambiance urbaine, c’est aussi la volonté – à l’instar de celle des urbanistes, des architectes – de permettre que les gens vivent plus aisément ensemble. Une forme de civilité »12. 2 – 2 - Les graphistes par eux-mêmes « Le graphisme est un terme générique pour désigner une activité qui associe la typographie, l’illustration, la photographie, la mise en page et l’impression dans le but de promouvoir, informer ou instruire » : si on pouvait se restreindre à cette définition du graphiste donnée par Alan et Isabella Livingston dans leur Dictionnaire du Graphisme (1998), on passerait à côté de ce qui semble se jouer au cœur des difficultés d’exercice du graphiste : sa revendication de responsabilité en tant qu’auteur. Le Syndicat national des graphistes, qui avait pour but de promouvoir et de faire connaître ce métier, avait donné la définition suivante en 1983 dans le Répertoire français des graphistes : « Il conçoit et réalise des « images » destinées à transmettre un message visuel dans tous les domaines de la vie économique. Il est simultanément artiste et spécialiste de la communication visuelle. « Concepteur et réalisateur, son champ d’activité s’étend à tous les moyens d’expression de ce domaine : information, documentation, symbolisation. Plasticien de la communication, son œuvre est perceptible au plus grand nombre, parce qu’elle véhicule les idées et les événements de son aujourd’hui, en se faisant signe et image, volume et espace, lumière et mouvement.Son domaine de création, au fil des ans, est de plus en plus vaste. De la conception visuelle du document imprimé, il s’étend à l’organisation de certains volumes et espaces de notre vie quotidienne. 10 Catalogue du festival de Chaumont. Pyramid Editions, reproduit dans Étapes, juin 2004. Petit inventaire du graphisme français, Centre Georges Pompidou, automne 1990. 12 Centre du graphisme d’Echirolles, http://www.graphisme-echirolles.com/pdf/conferences/wlassikoff.pdf. 11 21 Le graphiste exerce son activité, en premier lieu, dans trois grands secteurs : l’édition, la publicité, la presse. Et il s’insère en outre dans l’urbanisme, l’image animée, le textile, l’image de firme, etc. Ses créations deviennent, à l’égal de celles des arts plastiques, des œuvres faisant partie du patrimoine culturel. Le graphiste est généralement issu des grandes écoles d’art (Beaux Arts de Paris et de Province, Arts Décoratifs, Arts Appliqués, École d’Art agréées par l’Etat) »13. Cette définition, bien plus large et détaillée, non seulement signale l’ampleur du champ d’exercice d’un graphiste, mais elle définit bien sa place dans la conception globale du produit. Conscient de la difficulté pour les graphistes de se faire reconnaître, le même syndicat revient en 1995, sur leur rôle: « Le graphiste – ou designer graphique – est un professionnel de la communication, un artiste-auteur qui conçoit, met en forme et coordonne la réalisation d’un processus de communication visuelle, à la demande d’un commanditaire et pour des destinataires très variés » (Idem). Martine Loyeau (ex-membre de Grapus et Présidente du Syndicat national des graphistes de 1996 à 1998) met plutôt l’accent sur l’aspect individuel de la démarche et explique que « le seul critère à retenir est celui de la création personnelle ; le graphiste opère partout où la communication visuelle est en jeu ; c'est-à-dire où il s’agit de transmettre une information ; le graphiste se sert de l’image et de la typographie »14. En 1987 les graphistes ont élaboré une définition lors des Etats généraux de la culture : « Les graphistes, généralistes de la mise en forme visuelle, dessinent à dessein dans le cadre d’une commande ou d’une offre, les différents éléments graphiques des processus de communication générés dans les champs économiques, sociaux et culturels de la société. D’origine publicitaire ou privée, ces processus concernent généralement un grand nombre d’individus dans le corps social »15. En février 1993 un colloque s’est tenu au Palais de Tokyo sur la thématique du Signe et la citoyenneté. L’un des mérites de ce colloque a été de mettre en lumière ce que pourrait être en France la reconnaissance du graphisme comme élément à part entière du cadre de vie, ainsi que son rôle social et culturel. À la suite du colloque, la revue Intramuros (International design) publie un article « Le métier de graphiste, chercher l’adéquation du sens et de la forme ». Dans cet article, Laurence Madrelle, graphiste, défend la pratique de la communication vue comme un dialogue entre l’Etat et le citoyen : « Mon champ de réflexion, c’est la commande publique dans la mesure où le graphiste est le traducteur, le médiateur entre l’Etat et le citoyen. […] Dans le fond, le graphisme peut être un outil de démocratie. […] Ce métier est vraiment celui d’un maître d’œuvre dans la mesure où il s’appuie en amont et avant tout sur une analyse, une réflexion, un concept, et ensuite sur un travail de l’image, de la lettre, du visuel. On pense d’abord, on dessine ensuite ; on maîtrise ensuite toute une chaîne de production. On est à la fois et des gens de sens et des gens d’image. […] Nous sommes responsables et nous devons avoir à faire avec des interlocuteurs responsables sur des sujets aussi graves que la Justice, la Santé, les Transports et plus largement la ville. Il est bon que les graphistes et donc les commanditaires fassent appel à 13 Répertoire français des graphistes, SNG éditions, 1983. Adelaïde Robault et Vincent Villeminot, Les métiers du graphisme, Paris, Rebondir, 2000 15 Marsha Emanuel, Pierre Bernard, Claude Courtecuisse, Jean Pierre Greff, Geert Setola, Jean Widmer, L’enseignement du graphisme en France, Rapport de mission de réflexion. DAP, Ministre de la culture, 1996. 14 22 d’autres savoirs, travaillent avec des philosophes, des sociologues, des médecins, des écrivains pour enrichir la réflexion. On ne peut pas rester des artisans, des gens solitaires, ou en petit groupes dans des pratiques isolées »16. Les graphistes ne sont pas toujours d’accord sur la désignation de leur profession. Le terme graphisme a été le plus utilisé dans la tradition française. À l’époque de l’Institut de l’Environnement de Paris, le graphisme était défini sous le terme de communication visuelle. Ce terme, au début consensuel, établissait le champ le plus large possible pour un vaste nombre de domaines. Aujourd’hui, le terme de design graphique tente de s’imposer, car il nommerait mieux la discipline. Aux yeux de Philipe Delangle « on peut sous-entendre que dans l’idée de s’attacher au terme communication il y a une volonté de définir un public, alors que dans celui de design on s’attache plus à la description d’une forme ». Il conclut que l’on peut prendre ce débat comme une coquetterie entre collègues plutôt que pour une vraie tension philosophique entre graphistes. Le graphisme idéal Quelles sont les formes et interprétations que les graphistes donnent à la réponse rêvée du graphisme face à cette « commande » ? Pierre Bernard illustre sûrement la manière la plus sophistiquée de s’approprier la commande, lorsqu’il nous décrit sa collaboration avec les Parcs Nationaux. À une demande d’identité visuelle qui regrouperait dans un ensemble les sept parcs nationaux, il y avait, nous dit Pierre Bernard, deux options. Celle de proposer une série de logotypes pour que le client trouve celui qui lui plaît ou celle qu’il a choisie et qui lui a fait obtenir cet appel d’offre. Il est entré au cœur de la commande en questionnant les activités des parcs, leur fonctionnement et leur dysfonctionnement en envoyant chaque parc à sa propre réalité et à sa richesse artistique extraordinaire. Ce capital visuel se devait d’être au fondement de la réponse du graphiste. La spécificité de chacun de ces parcs pouvait alors trouver ses formes. Dans cette rencontre, le client s’est senti responsable de sa propre identité et a accepté la méthodologie de travail proposée par Pierre Bernard. Il a pu ainsi mener un travail détaillé d’observation des parcs pour trouver ce signe unificateur qui allait les représenter. Le résultat final n’est pas seulement un logo, mais un programme de normes qui les identifie visuellement et qui pouvait se décliner sur plusieurs espaces et dans plusieurs temporalités. Alex Jordan précise dans sa manière de voir la commande, qu’au delà de créer des formes, il faut avoir une volonté d’étudier une problématique, de réfléchir ensemble avec le commanditaire pour trouver une réponse. Lorsqu’un client vient avec ses idées reçues, le graphiste doit l’aider à transformer cette démarche souvent simpliste en une véritable collaboration entre les deux pôles. Il doit œuvrer pour que le commanditaire soit un collaborateur du graphiste et pas seulement un juge arbitraire des formes proposées. Le graphisme n’est donc pas perçu comme une pratique de mise en page, mais plutôt comme une pratique responsable et citoyenne (une pratique qui se considère comme une aide au citoyen, qui ne le prendrait pas pour une cible marchande). Un vrai graphiste considère le citoyen comme un alter ego. Aux yeux de la majorité de nos interlocuteurs, cette posture fondamentale ne semble pas partagée par le public… ou par les commanditaires. 16 « Le métier de graphiste , chercher l’adéquation du sens et de la forme », Revue Intramuros (International design), No. 48, mai juin 1993. 23 La réponse citoyenne du graphiste est assez complexe. En cherchant des réponses visuelles à une demande, le graphiste est obligé de chercher des images et des combinaisons qui vont interpeller le public tout en le surprenant. C’est un équilibre fragile entre l’innovation et la capacité à dialoguer par les formes visuelles avec le panel le plus large de personnes. Pour Etienne Bernard une bonne affiche, par exemple, doit pouvoir évoquer quelque chose à l’enfant de cinq ans aussi bien qu’au critique d’art. Tout le monde n’a pas la même analyse, mais chaque spectateur doit trouver un niveau de compréhension, donc de dialogue avec la forme proposée. Au-delà d’une demande simple en apparence (affiche, identité visuelle, site), « s’agit-il d’une citation, de qui ? ?cette intelligence de la réponse du graphiste lui permet de capter ce qu’il y a à saisir dans le concept qui la contient et de donner, grâce à ses compétences, une réponse qui tienne compte de la dimension poétique et sensible des choses : cette intelligence de la réponse du graphiste est alors un mélange de plusieurs savoir-faire plus ou moins formalisables. Avant toute autre chose, il y a ce bagage intangible qui est fait d’une connaissance et d’une curiosité permanente du monde ». Claire Cornet le résume facilement : « Un bon graphiste est quelqu’un qui doit avoir des connaissances de l’histoire du métier, d’histoire de l’art et de la grande histoire, qui doit être suffisamment cultivé et curieux du monde actuel pour comprendre les problèmes de la société ». Un graphiste est donc quelqu’un qui, comme l’artiste, aurait toujours selon Claire Cornet « un pas en avance sur l’air du temps. Il est par contre conscient que la forme n’est pas un hasard, mais qu’il y a des tendances graphiques. Il doit par ailleurs rester vigilant pour ne pas être seulement au service des phénomènes de mode ». Mais comment fait-on la différence entre l’air du temps et la mode ? En nous définissant de manière assez large le graphisme, Pierre Bernard apporte une réponse pour le moins intéressante car elle nous conduit à la question de la démocratie : « le graphisme est la mise en relation des signes de la communication avec des formes. Si les formes sont infinies et les codes de la communication sont assez larges, alors les possibilités créatrices démocratiques sont infinies, riches. Le graphisme sera donc socialisé par sa mise en ordre et humain par sa capacité à créer du désordre ». De cette manière, la créativité se situe au cœur de la capacité d’observation du graphiste, qui serait donc celui qui, ajoute-t-il, « est là pour éveiller une flopée de différences : plus un graphiste apprend sur les différences, plus il peut produire de la différence ». Tendances et tensions chez les graphistes Plusieurs de nos interlocuteurs convergent en décrivant deux tendances dans le graphisme français. D’une part, il y a les héritiers de l’École fonctionnaliste, axée sur l’ergonomie, la communication fonctionnelle froide, celle de l’École Suisse, de l’École d’Ulm (Allemagne). D’autre part, il y a ceux qui prônent l’expression personnelle avec une plus grande liberté par rapport à la commande. Ils seraient les émules de la tradition affichiste française qui s’est développée de manière instinctive, avec une grande liberté par rapport à la typographie, aux normes, mais qui reste efficace et riche. On peut aussi percevoir dans ces deux tendances un désaccord que Pierre Bernard appelle une tension entre ordre et désordre. L’une des écoles dit que la qualité du graphisme vient de l’esprit de subversion du graphiste, donc de sa capacité à changer le contenu d’une commande ou de l’adapter à sa vision personnelle. L’autre école dit que cette subversion naît plutôt de l’aventure de socialisation d’une idée. Face à la commande d’un travail, le graphiste doit soumettre l’idée la plus vivante, la plus partageable. 24 Cette notion de priorité dans l’expression du graphiste est certainement l’idée la plus complexe et la plus débattue que les graphistes se font d’eux mêmes et de leur métier. Bien que plusieurs de nos interlocuteurs convergent pour dire que l’on peut être auteur sans être artiste, les graphistes, par besoin de reconnaissance ou par stratégie d’efficacité ont parfois la velléité de passer de l’autre coté, du côté « des artistes ». Ils s’invitent dans les galeries et les musées en tant qu’artistes et font de l’apparence visuelle de leurs produits une sorte de signe d’identification très forte pour le public. Etienne Bernard le résume comme leur besoin de recouvrir des paillettes de l’artiste cet aspect qui peut paraître avilissant, qui est celui de l’auteur. L’interrogation qui subsiste est la suivante : en développant et en imposant sa propre écriture, le graphiste œuvre-t-il encore pour le bénéfice de la commande et de son lien avec le public ? Ou bien s’écarte-t-il du but du graphiste, même si par ce geste, il devient enfin reconnu et reconnaissable par le public et donc « respecté » par le commanditaire ? Gilles Deléris (Agence W&Cie) pousse la critique encore plus loin : « de très brillants talents, politiquement intransigeants, ne quittèrent plus le camp retranché de leurs convictions. Tant mieux pour eux, s'ils vivaient leur métier en accord avec leurs principes, dommage pour la pédagogie et la qualité de leur travail qui demeura confidentiel, invisible — parfois illisible — au plus grand nombre, et, en particulier, à ceux auxquels ils auraient aimé s'adresser. Se constitua ainsi un club très fermé, dont la production passait parfois directement de l'atelier au musée, faisant ainsi l'économie de son objet initial, la communication vers le plus grand nombre ».17 Les fondamentaux Au-delà d’une culture générale, les graphistes partagent un attachement à certains « fondamentaux » de leur pratique quotidienne. Ce sont les outils qui leur servent à traduire toute demande en images uniques. Marsha Emanuel résume rapidement ces fondamentaux lorsqu’elle décrit le graphiste : « celui qui est formé aux formes, à la typographie, à la globalité de la mise en page ». La typographie est au cœur de la création graphique. Une typographie est aussi bien la création de nouvelles « fontes » mais aussi la manipulation d’un message écrit dans un espace donné, la composition d’un texte, sa hiérarchisation. Michel Wlassikoff précise que le graphisme pourrait être défini comme « la meilleure façon de conjuguer le texte et l’image , car les graphistes savent combien ils sont tributaires du premier ». De ce fait, le graphisme français possède deux attitudes face à la typographie. D’un coté, il y a cette tradition respectueuse d’un ordre des formes qui vient des pays du Nord et, de l’autre coté, il y a l’aspect subversif, la « lettre en liberté » un peu dans le style des Grapus, dans l’héritage de Cassandre (on discutera ci-dessous ce point de vue tant partagé par le milieu des graphistes). Un aspect de la typographie qui intéresse particulièrement Wlassikoff est son positionnement dans un débat qui est presque de l’ordre du politique : « face à la crise économique, à l’épuisement et à la saturation des images, le graphisme a de plus en plus tendance à revenir à la typographie qui apparaît comme une forme de spiritualité, ancrée dans une tradition française qui date de l’époque de François 1er » 17 « L’utilité publique en question », Revue Étapes, mai 2005, p. 15. 25 Manier les formes est l’art du graphiste, un art qui est un mélange de recherche, d’expérience et d’instinct. Un apprentissage intangible de l’art de manier les formes et les contre-formes pour créer une image qui surprend, interpelle, communique une idée. Pour Jean-François Depelsemaire (enseignant à l’ENSAD), le plus important est d’apprendre aux étudiants à trouver l’image la plus pure, la plus originale qui enveloppe une idée donnée, de sorte que le public, en voyant cette image, fasse le lien et s’approprie cette idée. Au cœur de l’activité du graphisme, il y a encore le dessin. Non seulement comme un talent de réalisation rapide d’une image, d’une proposition de mise en page, mais comme une manière de réfléchir. Plusieurs de nos interlocuteurs nous précisent que le dessin oblige le commanditaire à accepter l’ébauche dessinée comme un « état de recherche » et non comme une idée déjà aboutie et prête à devenir définitive, comme le proposent les images de l’ordinateur, y compris lors des premières rencontres graphistes-clients. Les marchés On peut diviser le marché du graphisme en deux grands ensembles : la commande publique et la commande privée. Par commande publique, on entend toute demande de communication d’une institution gouvernementale, d’une collectivité teritoriale ou d’une entité culturelle, qui passe ou non par un appel d’offre ou un concours. Ce sont aussi bien les créations d’identités visuelles que les affiches de spectacle, les campagnes civiques, les formulaires, etc. Publicité Entreprise Culture La commande privée est souvent associée exclusivement à la publicité, alors qu’il y a un vaste champ d’activité dans l’entreprise. Claire Cornet nous a proposé ce schéma qui donne une idée de l’ampleur de chaque domaine dans l’ensemble du marché. Aux yeux de Philippe Delangle et de Claire Cornet, il ne faut pas penser uniquement aux deux deux extrêmes du marché. Pour tous les deux il y a un véritable champ à investir au sein des entreprises pour servir la communication. De la même manière, dans la commande publique il y a encore des champs à investir, plus ingrats, moins prestigieux dans leur visibilité, mais tout autant nécessaires, comme les formulaires administratifs. Pour Philippe Delangle, : « c’est le type de commande dans laquelle le commanditaire n’est même pas sensible à la possibilité d’engager un graphiste ». Les maisons de luxe ont quant à elles compris quel parti elles pouvaient tirer des savoirs acquis dans ces métiers. Ainsi, Pierre Bernard constate qu’aujourd’hui la tendance des grandes maisons de luxe, est de s’adresser aux graphistes plutôt qu’aux publicitaires pour des raisons culturelles. La publicité a des méthodes qui relèvent de la politique de masse, à l’opposé de la logique du luxe, qui s’adresse à une petite élite. Ce nouveau paradoxe —ou cette récupération de la « critique artistique »— pourrait modifier, à terme, le travail des graphistes en tirant vers le haut les activités et les graphistes les plus innovants et les plus créatifs. 26 Quelles frontières pour le graphisme ? Il y a traditionnellement un certain nombre de supports ou de formes qui sont les lieux de prédilection du graphisme, en particulier tout ce qui relève de la mise en forme de l’imprimé : typographie et mise en page de livres, magazines, journaux, tracts, pour n’en citer que quelques uns. Au sommet de l’impression il y a l’affiche. Pour Michel Wlassikoff, « l’affiche est la manière dont le graphiste dialogue avec les arts majeurs : par la taille du support, par sa richesse d’évocation. Cependant, c’est un métier qui se perd en tant que spécialisation. Il reste peu d’affichistes car les techniques sont devenues chères et rares. Aujourd’hui on s’attend à ce que l’affichiste soit plus pluridisciplinaire ». Pour clarifier ce qu’est devenu le graphisme, nous proposons le schéma suivant des domaines d’intervention des graphistes. IMPRESSION Papier ou virtuel Magazines, journaux, brochures, livres, catalogues, formulaires, affiches, sites Web... MEDIAS DU TEMPS Vidéo ou internet Habillages d'émissions, génériques, jeux vidéo, sites Flash, animations diverses MEDIAS DE L'ESPACE Scénographies, signalisations, jeux pour enfants. La pluridisciplinarité est au cœur de l’évolution actuelle du graphisme et c’est sûrement ce qui le fait évoluer avec autant de liberté. Selon Michel Wlassikoff, « chercher le cœur du métier équivaut à retrancher [une activité] ou à circonscrire le graphisme, alors que c’est un métier qui évolue avec le support (papier ou virtuel) ». Pour Philippe Delangle, voit plutôt dans l’expression « cœur de métier » la capacité d’un métier à rester vivant, en somme à continuer à battre . Et tous nos interlocuteurs convergent pour dire que les graphistes sont de plus en plus actifs dans la recherche de nouveaux champs d’exercice, dans leur désir de rapprocher leurs compétences de celles d’autres professionnels des domaines de l’information ou des arts. Alex Jordan considère qu’il n’y a aucun intérêt à dessiner des frontières du graphisme : la seule frontière possible est celle qui apparaît lorsqu’une personne décide de devenir le spécialiste d’une technique précise. Les graphistes se sont largement exprimés sur leur métier. Ils l’ont décrit, décliné et ont fait le tour des champs d’action et des frontières. Au cœur de leurs réflexions, deux points de tension demeurent : - les graphistes sont-ils considérés comme passeurs, médiateurs, responsables entre le commanditaire et le public ou font-ils partie de la manipulation marchande ? - sont-ils des auteurs, des exécutants techniquement qualifiés ou des artistes qui créent des signes marchands ? Nous proposons l’image suivante pour en guise de synthèse des définitions du métier proposées par les graphistes ou par leurs observateurs : 27 Les points forts en débat pour définir le métier de graphiste Cette figure rassemble l’essentiel des caractéristiques qui marquent les définitions possibles du graphisme et des métiers du graphisme : elle ouvre à une multiplicité de lectures dans différentsz champs, prpéarant une analyse du milieu en termes de classes de graphistes qui tiendra compte de leurs trajectoires professionnelles. 28 Chapitre 3 : LES FORMATIONS AUX MÉTIERS DU GRAPHISME Les formations aux métiers du graphisme sont multiples et hétérogènes. Le choix se décline entre cycle court et cycle long, puis entre les différents partenaires publics ou privés offrant des formations : lycée, lycée professionnel ou technique, université ou écoles spécialisées. Enfin, dans le public, il est fréquent de distinguer les formations selon les tutelles dont les formations dépendent. Par ailleurs, les débats entre graphistes, puis entre enseignants montrent les enjeux qui traversent la profession et l’importance des transformations récentes : technologies d’expression, diversification des supports et révolution des marchés. 3 – 1 - Les grandes structures de formation On trouvera en Annexes la liste quasi exhaustive des formations aux métiers du graphisme ainsique les taux de réussite au BTS communication visuelle (pour les deux options). 3 – 1 – 1 - Les cycles courts Le secteur public propose des cycles courts (diplômes nationaux): - Tutelle ministère de l’Education nationale : o Niveau III (bac + 2) : BTS communication visuelle option graphisme édition publicité ou option multimédia o Les licences professionnelles - Tutelle ministère de la Culture et de la Communication : o Niveau III (bac +2) : DMA (diplôme des métiers d’art) arts o Niveau III (bac + 3) : DNAT (diplôme national d’art et technique), option design graphique o Niveau III (bac + 3) : DNAP (diplôme national d’arts plastiques) option design graphique, option multimédia, art communication design. Le secteur privé prépare également au BTS ainsi qu’à de nombreuses certifications de formation professionnelle : - Niveau III (bac +2) : BTS communication visuelle option graphisme édition publicité ou option multimédia - Niveau III (bac +2) : Certificats de formation professionnelle - Certificat de formation ou diplôme de concepteur designer graphique Contrairement à ce qui se passe dans l’enseignement général, la plupart des établissements privés de formation au graphisme ne sont pas sous contrat avec l’Etat, ce que l’on peut vérifier dans les listes publiées en Annexes. A. Les Brevets de Techniciens Supérieurs (BTS) Le Ministère de l’Education nationale encadre ces diplômes. Les BTS se préparent dans 23 établissements publics (dans les lycées ou dans les écoles supérieures d’arts appliqués de Paris : 29 Estienne, Duperré, Olivier de Serres) et dans 44 établissements privés (cf en annexes 1 et 2 la liste des établissements). Treize établissements publics assurent la préparation du BTS Communication visuelle, option multimédia et vingt établissements publics préparent au BTS Communication visuelle option graphisme, édition, publicité. Le Référentiel du BTS de Communication visuelle option graphisme, édition, publicité (1996) stipule que : Le titulaire du Brevet de technicien Supérieur Communication visuelle a pour mission, à partir d’une commande initiale précisant les besoins et les contraintes, de concevoir, mettre en forme et coordonner la réalisation d’un processus de communication visuelle. Cinq grandes fonctions sont définies : analyser la commande / rechercher des réponses / développer des solutions / gérer et contrôler/ communiquer Horaires hebdomadaires Années 1 et 2 : Enseignement général : 8h Enseignement artistique : 8h Enseignement professionnel : 17h Stages obligatoires : stage d’une semaine en début de formation pour prendre connaissance des différents procédés de fabrication de la chaîne graphique. Stage de 4 à 8 semaines à partir du mois de mai de la première année de formation dans une ou deux organisations. Epreuves : parmi les différentes épreuves du diplôme, il y a une épreuve d’arts visuels et appliqués, une démarche créative (de 2x8h où les candidats devront réaliser des esquisses et roughs), la présentation de leur dossier de travaux (évaluation de la créativité, de la maîtrise des nouvelles technologies, de la capacité à organiser et contextualiser les éléments constitutifs du dossier) ; enfin le projet professionnel qui vise à analyser une situation concrète observée en stage Le référentiel du BTS de Communication visuelle option multimédia date de 2000 : Le titulaire du brevet de technicien Supérieur communication visuelle option multimédia conçoit, met en œuvre et coordonne la réalisation d’un processus de communication visuelle dans le domaine du multimédia, à partir d’une commande initiale pour laquelle sont précisés les besoins et les contraintes, ce pour des destinations très variées. Cette pratique professionnelle l’amène à proposer des solutions conceptuelles et stratégiques adaptées aux problématiques de la commande. Il organise les niveaux sémantiques de la communication audiovisuelle avec des contenus linguistiques, des éléments graphiques et plastiques d’origines diverses et du matériel sonore. Ces propositions sont finalisées sur des supports spécifiques à la communication multimédia. Horaires hebdomadaires :Années 1 et 2 : enseignement général : 8 h enseignement artistique : 8 h (expression plastique ; arts visuels et appliqués) enseignement professionnel : 17h (dont 11h de studio de création, 1h de technologie de la communication, 4 h de technologie des médias numériques, 1h de technologie multimédia) Stages obligatoires : 4 à 8 semaines Débouchés : le titulaire d’un BTS communication visuelle option multimédia peut s’insérer comme salarié ou comme consultant en qualité d’adjoint à la direction artistique d’une agence ou d’un studio de création de supports multimédias ; s’insérer comme consultant en qualité d’adjoint à la direction artistique d’un studio intégré au sein d’une entreprise, d’une administration, d’une institution, d’une association, d’une collectivité locale ; exercer comme travailleur indépendant en tant que graphiste multimédia. Epreuves : parmi les différentes épreuves du diplôme, il y a une épreuve d’arts visuels et appliqués, une démarche créative (de 2 x 8h où les candidats devront réaliser des esquisses et roughs), la présentation de leur dossier de travaux (évaluation de la créativité, de la maîtrise des nouvelles technologies, de la capacité à organiser et contextualiser les éléments constitutifs du dossier) ; enfin le projet professionnel qui vise à analyser une situation concrète observée en stage 30 Les débouchés possibles du BTS Graphisme, édition, publicité sont : assistants de créateurs concepteurs, créateur junior, assistant de directeur artistique. Le coût moyen d’un BTS dans un établissement privé est de 5 350 €/an en Ile de France et de 4 251 €/an en région. BTS : Répartition schématique secteur public/secteur privé BTS : Répartition selon les options et les secteurs privé ou public B. Les Certificats de Formation Professionnelle (niveau bac +2) Ils sont préparés et conçus par les établissements privés en lien direct avec des professionnels et les chambres de commerce. Ce titre est délivré à la fin de la deuxième année d’étude sur présentation de projets professionnels, de rapports de stage par un jury composé d’enseignants et de professionnels. Paris, Roubaix, Poitiers, Lyon, Marseille, Montpellier, Toulouse offrent la possibilité de passer ces certificats. 31 L’exemple du Certificat supérieur professionnel Concepteur réalisateur infographie et multimédia (CRIM) délivré par Studio M (écoles de Montpellier, Lyon, Marseille et Toulouse, de statut privé hors contrat) : - 1000 heures de cours et de TP sur 2 ans - Stages en entreprise : 12 semaines minimum - Enseignement technique : graphisme, édition, typographie, infographie PAO/DAO/multimédia/conception d’un site web/initiation à la 3D/initiation à l’image fixe et au son - Réalisation de projets professionnels : affiches, logos, sites Web, CD-Roms , packaging, plaquettes. - Délivrance du certificat en fin de 2ème année sur présentation de projets professionnels, d’une communication visuelle pour une entreprise, d’un CD-Roms ou d’un site et de rapports de stage. Le candidat est évalué par les enseignants et des professionnels du secteur d’activité. 3 – 1 – 2 - Les formations de niveau bac + 3 Le secteur public propose pour un niveau bac + 3 le Diplôme National d’Art et Technique (DNAT) ou le Diplôme National d’Arts Plastiques (DNAP). Les DNAT sont préparés tant dans les écoles régionales des Beaux-Arts que dans les écoles nationales des Beaux-Arts. Six établissements proposent un cycle en design graphique. Quatorze écoles forment au DNAP. Le ministère de l’Education Nationale a habilité des Licences professionnelles dans plusieurs établissements (cf. la liste des formations en Annexe). Le DNAT (diplôme crée par décret du 26 janvier 1981) et le DNAP La formation proposée à l’Ecole Régionale des Beaux Arts de Caen : Après une première année propédeutique commune aux cycles court et long (cours magistraux d’esthétique, d’histoire de l’art et d’histoire des techniques ; ateliers d’expression, conférences, expositions, voyages d’étude, travaux personnels) quatre semestres sont consacrés à la préparation du DNAT permettant d’acquérir des connaissances théoriques, esthétiques et techniques. Un projet personnel est préparé e ateliers et lors des stages en milieu professionnel. Horaires d’enseignements des deux dernières années : Semestre 3 : - Théorie et histoire des médias et de la communication : 60h dont 16h de cours et 44h de recherches personnelles - Histoire de l’affiche I : 30h de cours et 30h de travail personnel - Actualité du graphisme et de l’édition : 60h dont 28h de cours et 32h de travail personnel - Recherches personnelles : durée évaluée à 116h - Méthodologie : durée évaluée à 332h - Graphisme DAO : 88h - Typographie et architecture de la page : 40h de cours et 20h de travail personnel - Texte-image : 32h de cours et 20h de travail personnel - Le point et la ligne : 24h de cours - Base internet : 24h de cours - Photographie : 88h - Atelier Bazooka : édition alternative : 8h de cours +16h d’atelier+10h travail personnel Semestre 4 : - Théorie et histoire des médias et de la communication : 60h dont 10h de cours et 50h de recherches personnelles - Histoire de l’affiche II : 66h dont 30h de cours - Actualité du graphisme et de l’édition : 60h dont 28h de cours - Recherches personnelles : évaluées à 72h - Méthodologie : durée évaluée à 144h - Atelier de langue vivante étrangère : 48h +15h travail personnel - Graphisme DAO : 64h - Typographie et architecture de la page : 40h de cours et 20h de travail personnel - Texte-image (2): 32h de cours et 20h de travail personnel 32 -Vidéographie : 24h - En couleur : 24h de cours - Photographie : 90h - Récit actif : 32h (réalisation d’un mini site web) - Workshop avec étudiants d’une école étrangère : 11 jours Animation image par image : 40h + 32h de travail personnel Semestre 5 : - Théorie et histoire des médias et de la communication : 60h dont 16h de cours et 44h de recherches personnelles - Actualité du graphisme et de l’édition : 60h dont 28h de cours et 32h de travail personnel - Recherches personnelles : évaluées à 72h - Méthodologie : durée évaluée à 144h - Graphisme DAO : 100h - Typographie: 88h de cours - Photographie : 90h - Projet passion : 32h+64h de travail personnel (présentation des rapports de stages et de diplôme) - Atelier Fafner : 60h dont 48h d’atelier (analyse d’objets de design d’auteur et conception d’un ouvrage dans la perspective d’une exposition ) Semestre 6 : - Théorie et histoire des médias et de la communication : 56h dont 10h de cours et 46h de recherches personnelles - Actualité du graphisme et de l’édition : 60h dont 28h de cours et 32h de travail personnel - Recherches personnelles : évaluées à 144h - Méthodologie : durée évaluée à 96h - Graphisme DAO : 48h - Typographie: 88h de cours - Photographie : 104h - Stage : 72h - Workshop avec étudiants d’une école étrangère : 11 jours - Animation image par image : 40h + 32h de travail personnel Le secteur privé propose une offre très large de certificats d’école (niveau bac + 3) de communication visuelle, de concepteur designer graphique (avec la spécificité de l’EEGP d’Angers qui prépare à un diplôme européen basé sur un référentiel britannique, permettant ensuite de continuer des études dans les pays anglo-saxons). Se reporter pour une liste quasi exhaustive à la liste en Annexes. 3 – 1 - 3 - Les cycles longs Concernant les cycles longs, le secteur public prépare aux diplômes suivants, sous la tutelle du ministère de la Culture et de la Communication : • Niveau II (bac + 4) : DSAA (Diplôme Supérieur d’Arts Appliqués) • Niveau I (bac + 5) : DNSEP (Diplôme National Supérieur d’Expression Plastique) • Niveau I (bac + 5) : Diplôme de l’ENSAD (Ecole Nationale Supérieure des Arts Décoratifs) : concepteur créateur en arts décoratifs, spécification design graphique Le ministère de l’Enseignement Supérieur a habilité quelques Masters dans deux Universités : Paris I et Paris VIII (cf. Annexes) Quant au secteur privé, parmi de nombreuses formations se distinguent particulièrement celles des écoles suivantes : ESAG Penninghen à Paris, École de Communication Visuelle (ECV) à Paris, Bordeaux, Aix-en-Provence et Nantes, Ecole Maryse Eloy à Paris. 33 ESAG Penninghen, Section Arts graphiques : diplôme de graphiste concepteur, établissement privé sous tutelle du MEN. Le graphiste concepteur (Directeur artistique) assure la conception et la réalisation dans les différents champs des arts appliqués : communication visuelle, publicité, image imprimée, photographie, illustration, internet, animation, typographie, image de marque, packaging, cinéma, vidéo. Le graphiste concepteur analyse des commandes auquel il répond en tenant compte de tous les paramètres liés à la communication et à l’environnement : cela implique l’élaboration de propositions intégrant la prise en compte des supports et la mise en place de méthodologies de travail. Il élabore la direction artistique en assurant la partie conception de la maîtrise d’ouvrage, puis le suivi de la maîtrise d’œuvre, la direction de la création, et l’animation d’équipes techniques Horaire hebdomadaire : Année 1 : 28h (typographie/arts graphiques/design espace/dessin/croquis/couleur/calligraphie/histoire de l’art/PAO CAO) ; charge de travail : 1855 heures Année 2 : 35h (création graphique/direction artistique/typographie/photographie/dessin/croquis/calligraphie techniques graphiques/CAO PAO/anglais) ; charge de travail : 1545 h Année 3 : 26h (création graphique/direction artistique/typographie/photographie/croquis/rough/packaging/sémiologie marketing, /CAO PAO/anglais/méthodologie) ; charge de travail : 1890 h Année 4 : 24h (création graphique/ direction artistique/typographie/photographie/croquis/packaging/sémiologie marketing/CAO PAO/anglais/méthodologie) ; charge de travail : 1625 heures Année 5 : charge de travail : 2090 heures. Les stages obligatoires et conventionnés ont lieu en fin de 3ème et 4ème année. La revue Étapes (n° 149, octobre 2007) a publié une enquête réalisée auprès d’une cinquantaine d’étudiants concernant leur condition de logement et de niveau de vie. Pour la journaliste Vanina Pinter, il ressort que « même à l’école et dans la création, l’argent demeure le nerf de la guerre. La préparation du dossier sur les projets de diplôme laisse émerger un sujet crucial, celui de l’impact de la hausse du coût de la vie, du logement et des études sur le cursus des étudiants et l’organisation des écoles. « Faire une école d’art graphique aujourd’hui est un privilège réservé à une certaine catégorie sociale, le coût d’une école est absolument dément et surréaliste, il n’y a qu’à voir le look des élèves et le matériel requis pour pouvoir travailler dans de bonnes conditions. ». ce que confirme, à un autre niveau Philippe Delangle. À l’entrée de l’école, « un vocabulaire très réduit n’aide pas à avoir des échanges sophistiqués et il reste difficile à l’admission de reconnaître des potentialités chez des gens ayant peu de moyens ». Ce qui en quelque sorte contribue à réléguer une partie de la population mal initiée au discours des grandes écoles. Certes, la dimension économique est un élément central dans la poursuite de ce type d’étude, mais Philippe Delangle met l’accent sur un autre facteur implicite dans le fait de ne pas choisir ces formations, lié au fait que « faire des études de liberté » constitue un luxe aujourd’hui. Et ce d’autant plus que les débouchés sont plus rares si l’on choisit de garder une vision critique de la société. Ce qui ne peut être envisagé par les populations les plus démunies en capital culturel et capital social. 3 – 2 - Capacités de formation et nombre de sorties d’élèves vers le marché du travail Nous n’avons pas obtenu de statistiques fiables et vérifiées des ministères de tutelle à ce jour et nous rencontrons quelques difficultés à comptabiliser les effectifs dans le secteur privé. Il nous faut pourtant connaître le potentiel de formation des graphistes en France et combien sortent de graphistes par an des écoles, par niveaux, afin d’évaluer le flux de graphistes entrant sur le marché du travail, y compris pour tenter de différencier ceux qui deviendront techniciens et ceux qui deviendront auteurs et créateurs. 34 En l’absence de données certifiées, ce tableau est une vaste approximation pour encourager les statisticiens des ministères de tutelles à nous fournir leurs données... Ce qui impose aussi une relecture attentive des tableaux en Annexe énumérant les formations et les écoles, par niveaux et par statuts. Effectifs de graphistes formés par niveaux On a supposé que les effectifs par années avoisinaient 20 élèves ou 20 étudiants par classe (sauf pour les Licences pro où les effectifs sont un peu supérieurs). Deux questions croisées se posent ici : quelle est la part des étudiants qui poursuivent des études à chaque niveau ? Quelle est la part des élèves de BTS qui entrent sur le marché du travail et qui ne seront jamais graphistes au sens d’auteurs, c’est-à-dire qui resteront techniciens ? Enfin, nombre de formations (à tous les niveaux) possèdent au moins deux options dont l’une n’ouvre pas nécessairement aux métiers du graphisme... 3 – 3 – La formation des graphistes toujours en débat 3 – 3 – 1 – La présence de l’histoire de l’enseignement du graphisme Nous avons constaté une certaine présence de l’histoire des écoles dans le regard que portent les graphistes aujourd’hui sur leurs formations. Nous n’en proposerons que quelques grands traits qui nous semblent parfois encore structurer les approches. L’appel à des graphistes européens avait été l’occasion de remettre en perspective le rapport de l’image et du texte tels qu’ils avaient été 35 envisagés dans l’historiographie. Geert Setola (Pays-Bas)18 proposait une vision fortement culturaliste et dichotomique. Nous ne ferons que soulever ce point de manière succinte pour souligner qu’il nous a paru constituer un élément de débat au centre des rapports image/texte depuis de nombreuses années dans les milieux du graphisme. En effet, l’idée d’une séparation des mondes protestant et catholique dans leur rapport à l’écrit a été affirmée jusqu’à en devenir communément admise. Elle est fondée sur l’idée que le bannissement de l’image dès le premier schisme aurait favorisé le développement du recours au texte dans les sociétés protestantes (Geert Setola). Si cette approche de la diffusion de la religion catholique par l’image est largement répandue et explique le développement de l’art pictural dans les lieux de culte, il n’en demeure pas moins que les classes sociales ont été touchées différemment par cette démarche : le livre est toujours resté pour la partie privilégiée de la population catholique au fondement de la réflexion théologique. Il s’agit donc là plus d’une utilisation socialement différenciée des formes de diffusion d’un discours que d’une séparation radicale due à l’usage du texte dans la diffusion des idées. En cela, il nous semble que le débat chez les graphistes du rapport image/texte lui conserve une certaine contemporanéité. Ainsi, la mise dos-à-dos de deux cultures a fondé un clivage qui est resté persistant et qui commence à s’estomper aujourd’hui dans certaines formations. On peut penser que le recours à l’interdisciplinarité a réduit la portée de ces controverses. Il n’en reste pas moins qu’un enseignement en épistémologie de l’histoire pourrait se révéler fort fructueux dans la pratique en ce qu’il fonderait les argumentaires d’une approche de la profession de graphistes profondément ancrée dans la question de la tradition et de sa remise en cause. Toujours d’un point de vue historique, ce rapport a été l’occasion pour Jean Widmer de rappeler qu’« à L’ENSAD, la formation au graphisme était dispensée dans le cadre des cours de décoration et que c’est l’apport des enseignants de l’École de Zurich, de professeurs de sciences humaines (en 1968) ainsi que celui des graphistes de l’École d’Ulm en Allemagne qui a permis de faire reconnaître cette discipline, de développer l’expression du graphisme du Bauhaus et d’envisager des enseignements allant jusqu’au 3è cycle ». Plusieurs de nos interlocuteurs, dont Pierre Bernard, reviendront sur l’expérience de l’Institut de l’Environnement de Paris (créé à l’initiative d’André Malraux, 1967-1976) qui, bien que de courte durée, a permis de diffuser de nouveaux enseignements. La pratique de la transversalité entre disciplines et l’introduction de la sémiologie semblent en constituer des points forts. Les perceptions des formations par les graphistes en activité tendent à converger pour pointer les insuffisances comme on le verra ci-dessous. Dans un second temps, nous ferons émerger les changements qui ont eu lieu au dire des enseignants eux-mêmes, les quelques grandes questions qui restent posées aux formations, y compris par les formateurs eux-mêmes. D’une manière générale, le rapport publié en 1996 sur l’enseignement du graphisme en France19, en montrait les faiblesses : une formation insuffisante à la pluridisciplinarité et des approches analytiques et conceptuelles mal traitées (sociologie et sémiologie). Mais les rencontres que la rédaction de ce rapport avaient occasionnées ont permis de soulever un certain nombre de problèmes. Des enseignants et des graphistes-enseignants ont ainsi contribué à un questionnement resté fondamental dans la profession puisqu’il se perpétue aujourd’hui. Ce rapport interrogeait les risques du développement d’un enseignement fondé sur une approche en 18 19 M. Emanuel et al, op. cité M. Emanuel et al, op. cité. 36 termes de communication visuelle et audiovisuelle largement investie par le multimédia « au détriment d’une culture et d’une pratique graphiques et typographiques ». 3 – 3 – 2 – Quelles formations aujourd’hui ? La présente recherche questionnera à son tour l’état du débat et des craintes suscitées alors par l’émergence de nouveaux outils qui révolutionnaient la lettre et peut-être l’esprit de la profession de graphiste. Ainsi, plus près de nous, François Fabrizi qui se proclame autodidacte, remarque la forte imprégnation de la dimension artistique dans l’enseignement par contraste avec les Pays-Bas ou l’Angleterre où la logique de métier prédomine. Vincent Perrotet, insiste sur la nécessité de ne pas figer la formation et de s’appuyer sur la notion de projet et de programme qui fonde une vision orientée sur l’adaptation permanente au monde. Il exprime le besoin « d’une éducation précoce à l’image, apprendre dès l’enfance à lire l’image, élément fondamental de l’environnement contemporain et de notre relation au monde ». Ce sont là des orientations qui semblent faire consensus aujourd’hui parmi nos interlocuteurs. Dans la mesure où ce rapport avait une visée programmatique pour l’enseignement du graphisme et sa diffusion à tous les niveaux des sphères éducatives (cours du soir, petite enfance, enfance, qualification des enseignants, interdisciplinarité, élargissement des enseignements à des disciplines périphériques telles que l’expression corporelle, l’architecture, le design, la photographie, sans négliger l’importance d’une culture générale fondement d’une réflexion préalable à la réponse du graphiste), notre propos sera d’interroger la mise en application de ce programme et/ou l’obsolescence de certaines de ses visées. Quelles réponses ont été données à la question de la diversité nécessaire des « écoles face au fantasme d’une école idéale » ? (Geert Setola). La formation des enseignants a-t-elle permis de faire émerger une pluralité de courants et d’écoles qui dialoguent ou débattent entre elles ? Ce sont des thèmes repris par la majeure partie de nos interlocuteurs enseignants aujourd’hui. Michel Wlassikoff a mené une enquête approfondie sur la jeune création graphique, publiée dans la revue Emergence en 2000. Il montre que si les diplômés de L’ENSAD ou de l’ESAG sont satisfaits de leur formation, tout en reconnaissant des insuffisances quant à l’enseignement méthodologique, certains BTS ou certaines formations dans les Ecoles sont largement inadéquats pour exercer le métier de graphiste et pour pouvoir être pleinement créateur de son œuvre. Il rappelle en outre que les écoles nationales ont traîné des pieds pour introduire et renouveler l’enseignement du graphisme comme pratique artistique à part entière et cela jusqu’au milieu des années 1990. Le témoignage de certains graphistes est sans appel : « L’enseignement que nous avons reçu les uns et les autres dans différents domaines artistiques nous paraît médiocre. La situation semble aujourd’hui meilleure, mais il reste beaucoup à faire et d’enthousiasme à provoquer ». (Collectif Labomatic) Pour le graphiste Franck Tallon « les écoles d’art forment les étudiants à acquérir un regard, souvent sans prise avec la réalité professionnelle ; les écoles dites spécialisées apportent une formation professionnelle, souvent axée sur une démarche commerciale. Et l’écart ne fait que se renforcer. »20 20 Propos recueillis par Michel Wlassikoff et publiés par la revue Émergence 2000. 37 L’édition 2008-2009 de Graphisme en France21 a été confiée à Catherine de Smet et porte sur l’enseignement : les déficits les plus souvent cités dans la formation des jeunes graphistes français concernent la maîtrise technique en général (celles des outils numériques en particulier), les connaissances typographiques, la culture graphique et artistique, enfin le niveau en langues étrangères. Un constat s’impose : « méconnaître l’anglais interdit l’accès à 80% de ce qui s’écrit – et se dit – sur le graphisme et l’unique horizon de la langue maternelle ne favorise ni la curiosité ni la mobilité. Les apprentissages techniques sont souvent perçus comme indignes – une menace de régression vers l’artisanat – dans des écoles d’art où depuis 1968 la transmission de savoir-faire a été souvent écartée au profit d’approches plus conceptuelles ». Selon le commentaire d’une Chargée de Mission du ministère de la Culture, ce constat sur l’anglais s’applique à la majeure partie des lycées et universités françaises, mais l’analyse des insuffisances professionnelles des formations au graphisme ne reflète pas la réalité. En même temps, on peut s’interroger sur un phénomène qui touche de nombreuses écoles : les enseignants sont tellement absorbés par leur fonction qu’ils n’ont plus leur temps d’exercer professionnellement leur métier, ce qui pourrait avoir des effets négatifs sur l’enseignement luimême lorsqu’il s’agit de formations professionnalisées. Pour d’autres observateurs, « La formation aujourd’hui est bien meilleure qu’il y a 40 ou 50 ans. Les graphistes formés, par opposition aux manipulateurs de machines ou logiciels ou aux bidouilleurs, sont une minorité » (Claire Cornet, enseignante à l’École Estienne). Etienne Mineur (Agence Incandescence) considère que les établissements du secteur public ou du secteur privé —mais de façon plus criante dans le secteur public— ne préparent pas les élèves à la création d’entreprise : même si elles ont lieu ces formations à la gestion ou à la maîtrise des rapports avec le commanditaires n’atteignent pas leurs objectifs. Les jeunes graphistes qui créent leur entreprise, y compris en tant qu’indépendants, ne parviennent pas à surmonter l’ensemble des difficultés qu’ils rencontrent après deux ou trois années d’exercice : un très grand nombre échouent et quittent la profession vers 30-35 ans ; selon E. Mineur, ce phénomène est encore plus fréquent pour les graphistes femmes. L’AFD et plus particulièrement François Caspar proposent de telles formations très ciblées aux écoles qui le demandent. On peut avancer l’hypothèse que ces préparations au monde professionnel passent à côté de leurs cibles pendant la période de formation parce que les élèves apprennent un métier et non un statut professionnel : on peut imaginer que de telles formations verraient leurs effets décuplés si elles étaient dispensées systématiquement et pour des sommes modiques aux candidats à la création de leur entreprise ou après quelques mois d’exercice. Du cœur du métier à la pluridisciplinarité Les formations, en particulier celles des Écoles sous tutelle du ministère de la Culture, se concentrent toujours sur l’enseignement du noyau que les enseignants interrogés désignent comme : - la typographie, - le dessin - la mise en forme - la maîtrise des couleurs, etc. Cette longue citation exprime clairement les permanences des préoccupations enseignantes : « Le design n’est pas isolé. Design c’est dessin et dessein. La conception est dans le terme design. Au 21 DAP, ministère de la Culture et de la Communication, 2009. 38 niveau de la conception, les technologies n’ont rien à voir : faire du design c’est savoir comment analyser, amener les idées, maîtriser la forme, savoir si elles sont justes par rapport à une proposition donnée. Le savoir typographique fait sur la carte à gratter questionnait les mêmes choses qu’on questionne aujourd’hui. Ce qui a changé c’est la possibilité d’expérimenter plus vite qu’avec la carte, ou le pinceau... Avoir cette possibilité de retour, de mettre sur place plus facilement que dans le temps de la photocomposition. C’est plus facile aussi de montrer les étapes de la recherche. Les savoirs sont les mêmes... Les savoirs sur les médias ont ajouté de nouveaux savoirs : le mouvement, le temps, le son et l’interactivité, des notions qui n’existaient pas. Avant on avait des objets, une ergonomie, ou autres choses. L’interactivité (multimédia) a déplacé l’ergonomie vers des choses plus complexes » (entretien avec André Halata, ENSAD Paris). Ils s’accordent tous pour considérer qu’ils doivent initier les étudiants à transformer la demande du client ou du commanditaire en une problématique claire —qu’ils doivent ensuite faire partager au commanditaire. « L’étudiant doit disposer d’un certain bagage culturel. Le graphiste est quelqu’un qui sait réfléchir, qui sait poser une problématique, des questions —le dessin est là aussi pour le faire réfléchir. (...) Le graphiste est inséré socialement : il doit savoir capter au-delà des choses demandées, il doit savoir ce dont il faut se saisir » (Claire Cornet, enseignante, École Estienne). André Halata ajoute : « La facilité d’expérimentation peut devenir perturbante pour trouver la réponse ou la juste forme. Quand on fait du design on répond à une question, on à un problème de société a résoudre. On travaille pour résoudre une problématique qu’il faut savoir formuler ». À une question sur les fondamentaux, le même enseignant répond : « C’est avant la typographie : je ne fais pas un livre, je fais la composition, je parle de forme et contre forme. C’est l’idée d’avoir moins de contraintes que sur un projet. Au lieu de dire que l’on va faire une affiche, je dis, vous allez choisir deux mots et pour chaque mot vous faites une image. Quand je vois cette image, je vois de quoi je parle, comment je traduis cela en image. Je suis dans la notion de base du design. On ne travaille pas sur un objet, mais on est en amont par rapport à la construction. » Le milieu des formateurs et des enseignants est traversé par la concurrence entre établissements publics et établissements privés qui affirment former des graphistes selon des orientations assez divergentes pour des débouchés plutôt différents : les établissements publics - en particulier ceux qui dispensent des diplômes au-delà de bac + 3 - entendent former des graphistes essentiellement orientés vers les débouchés publics (commandes des collectivités territoriales, établissements culturels, etc.) alors que les établissements privés seraient uniquement orientés vers la publicité, le marketing et les besoins des entreprises. Evidemment cette représentation est caricaturale, mais il reste que les cultures des enseignants et des intervenants suivent, dans la majeure partie de cas, ce schéma ou cette polarisation. Un autre débat anime le milieu des enseignants du secteur public : celui de la tutelle. Les enseignants sous tutelle du ministère de l’Education nationale considèrent qu’ils disposent de beaucoup moins de moyens pour faire fonctionner leur établissement par rapport à leurs pairs sous tutelle de la Culture et de la Communication (nous n’avons pas eu trace d’études comparées sur cet objet des coûts par étudiants selon la tutelle) ; enfin ils pensent être évalués et dirigés par une administration qui ne comprend pas leurs logiques et leur « esprit artistique ». Dans le même sens, les enseignants sous tutelle du ministère de la Culture et de la Communication « plaignent » leurs collègues de l’Education nationale qui ont des programmes (en BTS) à suivre obligatoirement. 39 Pour Romain Lacroix (Centre Pompidou), « les graphistes sont assez peu cultivés et n’accordent pas d’intérêt à ce que cela change. L’enseignement est assez peu ouvert à l’extérieur du graphisme et aux disciplines voisines. » Dans la formation des graphistes, les enseignants « doivent insister sur la notion de métier » (Joëlle Michalaud, Inspectrice à la Mission permanente d'inspection de l'enseignement artistique du ministère de la Culture et de la Communication). Mais cela ne saurait se faire sans rapport avec les disciplines voisines : la trop faible interdisciplinarité de l’enseignement est reconnue par les enseignants eux-mêmes qui...), selon Claire Cornet, cherchent à développer leurs liens avec les autres formations ou avec d’autres métiers (architectes, photographes, designers d’objets, scénaristes. André Halata explique : « La réalité du métier de graphiste c’est qu’il y a des projets très identifiés. Si vous faites un livre ou une affiche, c’est un graphiste. Mais il y a aussi beaucoup plus de collaborations inter-métiers [pour d’autres applications] : il n’est pas rare dans une agence qu’il y ait des compétences mélangées. Il y a différents modes de conception et la France est frileuse, elle ne donne pas beaucoup d’opportunités, elle cloisonne les métiers, ailleurs il y a plus d’interventions de graphistes. Cette frilosité est aussi remarquée par Marie-Anne Couvreu pour qui la multiplication des lieux d’exposition du graphisme conduirait à une certaine familiarité du public avec cette approche et participerait à la reconnaissance de l’intervention graphique. « La collaboration avec des urbanistes est récente (par exemple, avec Ruedi Baur, Agence Intégrale), il y a des graphistes en périphérie des métiers. Dans nos objectifs de formation, on veut amener les étudiants à la réflexion et à l’analyse, à la compréhension de la nature du problème posé, à un raisonnement de pensée et de proposition de formes cohérentes dans la relation contenu/forme : il faut trouver la bonne réponse tout en répondant à la commande». En d’autres termes, la notion de projet est au cœur de la pédagogie de l’ENSAD : la pluridisciplinarité passe par une approche structurée verticalement par laquelle les étudiants acquièrent les fondamentaux et les disciplines connexes, tous nécessaires à la réponse à des commandes toujours plus complexes. La place de la recherche dans les Écoles de graphisme La création graphique est évidemment une recherche permanente, par définition. Mais on peut aussi imaginer la nécessité d’une sorte de méta niveau de recherche sur la création graphique. C’est la question posée, d’une certaine manière autour de nouvelles formations pour les professionnels en activité, lors du festival de l’image de Chaumont en 2007, par François Barré et Jean François Millier : « (…) il y a de façon certaine et évidente le fait qu’il n’y a pas actuellement dans l’enseignement une école qui fasse réellement référence en France ; on sait bien que sur les 26 ou 28 écoles d’art il y a quelques bonnes écoles et puis on s’aperçoit aussi qu’au bout de cinq ans de formation la plupart des étudiants qui sortent de ces écoles y compris les meilleures n’ont pas, n’ont plus l’ensemble des éléments qui leur permettraient de passer à la vie active. Alors est-ce qu’un lieu de ce type [Chaumont] doit devenir un lieu de formation post-diplôme etc. ? Très sincèrement on n’en est pas encore là, mais c’est une réflexion en cours ; il y a aux Etats-Unis, il y a en Angleterre, il y a aux Pays Bas, mais en France il n’y a pas [de tels lieux]. Il est à peu près certain qu’une formation d’un an ou deux ans, complémentaire qui serait sous l’égide des meilleurs professionnels qui en même temps permettrait aux étudiants de se confronter de façon très concrète c'est-à-dire sur les mises en œuvre d’exercices pratiques sur des 40 vraies commandes aboutissant à de vrais résultats, cela changerait un peu la face du monde ; mais c’est tout un ensemble de questions (…). »22 La question prend plus d’acuité avec le « processus de Bologne » qui vise l’uniformisation européenne des formations de l’enseignement supérieur avec des Masters (bac + 5) adossés à des activités de recherche et pour partie produisant des chercheurs. La direction de l’ENSAD-Paris a chargé une équipe d’enseignants d’une mission de réflexion puis de mise en œuvre de cette fonction recherche. Laquelle réclame à la fois de dégager du temps pour ces enseignants et de pouvoir s’inscrire que dans la durée. Le ministère de la Culture et de la Communication a organisé en décembre 2005 avec l’ENSADNancy un Colloque intitulé Chercher sa recherche : les pratiques et perspectives de la recherche en école supérieure d’art23. Quoique les actes ne soient pas publiés, la présentation générale montre bien les préoccupations des organisateurs : « La recherche est une clef de voûte de l’enseignement supérieur. Qu’en est-il dès lors de la nature et de la reconnaissance et de la visibilité des activités de recherche lorsque celles-ci s’inscrivent dans les cursus d’enseignements artistiques supérieurs ? Cette recherche serait-elle suffisamment distincte de la recherche des sciences dures et des sciences humaines pour que soient développées des méthodes de travail, de pensée et de mise en œuvre qui permettent d’identifier un objet spécifique qui ait le nom de recherche artistique ? Ne peut-on pas faire aussi valoir dans le dialogue avec les partenaires institutionnels une plasticité de la recherche en art dont les modalités et les protocoles permettraient de réaffirmer le lien organique entre recherche et création ? » Ce questionnement rejoint celui de certains acteurs qui s’interrogent sur les capacités de l’Aeres à piloter ce tournant de la vie des Écoles : selon une Chargée de mission du ministère de la Culture, les experts de l’Aeres venus des universités n’imaginent guère la recherche qu’à travers la production de mémoires qui ressemblent à ceux des universités. Or il est probable que la recherche doive intégrer ici aussi (et surtout ?) un projet professionnel. Par ailleurs, l’approche normative de l’Aeres (fondée sur des évaluations quantitativistes et bibliométriques propres aux sciences dures) ne correspond certainement pas à la nature profonde des arts graphiques. 22 23 Débat filmé et archivé sur le site d’Étapes : www.etapes.com/evenements/chaumont Voir le programme sur le site Chercher sa recherche : colloque.ensa-nancy.fr/programme.htm 41 Chapitre 4 : LES GRANDES QUESTIONS QUI PRÉOCCUPENT LES GRAPHISTES 4 – 1 - L’effet technologique (de l’outil à l’émergence de nouveaux supports) Dans le domaine de la technologie, le premier grand bouleversement dans la pratique du graphisme fut le remplacement d’un certain nombre de métiers de l’impression (maquettiste, photograveur, relecteur, typographe…) par l’ordinateur. Cette transformation qui avait commencé à la fin des années 70, s’est généralisée dans les années 90. « L’arrivée de l’ordinateur a supprimé beaucoup de postes, donc de métiers liés directement à l’image imprimée. Cela a représenté une angoisse pour les graphistes typographes, mais au fond cela n’a été qu’une mutation, vu que le Web conduit à de nouvelles demandes de fontes » nous précise Claire Cornet. Les premiers pas en compagnie de l’ordinateur Pour Jean-François Depelsemaire (ENSAD), « il y a eu un premier temps de bagarre entre ceux qui croyaient au fait que les technologies n’étaient qu’un outil et ceux qui pensaient que c’était un media à part entière, une écriture qui ouvrait vers des nouvelles expressions ». L’ENSAD a intégré très rapidement l’informatique au cœur de l’activité du graphisme, non pas comme un enseignement en soi, mais comme un outil de travail qui permettait de réaliser facilement des produits visuels assez riches. Cette présence de l’ordinateur a permis que le lien entre le graphiste et l’ordinateur se fasse de manière spontanée, même si certains enseignants considéraient que la pratique informatique devait être destinée exclusivement à des techniciens et qu’il ne devait en aucun cas être considérée comme une forme d’écriture. Rétrospectivement, ces graphistes reconnaissent qu’il y a eu une grande inventivité dans l’écriture et dans la création des premiers produits informatiques, comme certains CD-Roms des années 90. En conséquence, il fallait bien accepter l’ordinateur comme un acteur dans la création graphique des temps à venir ». Michel Wlassikoff constate une certaine nostalgie envers les formes d’expression qui risquaient de disparaître avec l’ordinateur : « Cette entrée de l’informatique a généré une forme de résistance, un retour nostalgique avec un désir de s’intéresser au patrimoine, à ce qui était le graphisme : c’est à cette époque qu’il y a eu l’exposition de Cassandre... ». Finalement les graphistes se sont très vite appropriés de l’outil et en ont fait leur compagnon de travail. Ils ont une conscience très claire de ses limites et de ses possibilités. Comme on l’a déjà dit, c’est en partant des fondements du graphisme qu’André Halatta clarifie la place de l’ordinateur dans la création graphique : « Au niveau de la conception, les technologies n’ont rien à voir : faire du design c’est savoir comment analyser, amener les idées, maîtriser la forme, savoir si elle est juste par rapport à une proposition donnée ». La démocratisation de la technologie À partir des années 90, l’ordinateur personnel s’est imposé dans les foyers avec une multiplication de logiciels de traitement de textes et d’images à des prix relativement abordables pour le grand public. Pour élargir leur marché, les créateurs de logiciels ne cessent de simplifier 42 l’utilisation de l’outil, de sorte qu’aujourd’hui n’importe quel individu peut créer des produits « imprimables », que tout un chacun se pense créateur et tend à confondre sa production avec le travail effectué par un graphiste professionnel. C’est ainsi qu’Etienne Bernard évoque l’expérience d’un graphiste qui a vu son travail de recherche visuelle transformé par une secrétaire, sous les ordres d’un commanditaire qui a jugé bon de changer l’emplacement de son logo dans le produit du graphiste. Comme le rappelle Michel Wlassikoff, dans cette avancée technologique, il y a une perte implicite de la reconnaissance du graphiste. Vers la fin des années 90, la diffusion de l’Internet à haut débit fit apparaître un nouveau champ d’action pour le graphisme. Elle a certainement ravivé le débat sur la manipulation des logiciels. Michel Wlassikoff, en tant qu’observateur du processus, met en évidence les deux pôles de la complexité du graphisme sur le Web : « Le Web est devenu un media qui a encore élargi le champ [du graphisme], qui a apporté une écriture. Sur le Web, c’est particulier, car on peut dire qu’on est sur des formes graphiques assez pauvres, prédéterminées, limitées par la complexité des logiciels qui vous proposent des templates (patrons). Là, on est dans un modèle qui peut poser débat ». Etienne Mineur nous a montré ces limites avec la quasi impossibilité de traiter le texte en colonnes avec les logiciels actuellement disponibles (sauf avec des coûts exhorbitants). Les avancées technologiques vont au-delà de l’ordinateur. La miniaturisation des caméras vidéo, des appareils d’enregistrement sonore et la parution de toute sorte de logiciels pour manipuler les images et les sons ont fait que le graphisme s’invite naturellement dans plusieurs champs artistiques hier très compartimentés. Deux attitudes naissent de cette profusion de technologies dans le graphisme : d’une part, le graphiste généraliste qui sait tout faire peut développer des produits assez complexes sans l’aide de personne : il tend à s’isoler de plus en plus. Michel Wlassikoff nous rappelle combien cette attitude a fait perdre le sens de collaboration avec d’autres corps de métier. Selon lui, cette forme de travail a généré par la suite une vraie difficulté pour toute une génération de graphistes incapables de travailler en groupe, comme le font par exemple les gens du cinéma malgré leurs traditions de rigidité hiérarchique des métiers. A ses yeux, il y a cependant des graphistes qui ont réussi des collaborations heureuses, notamment dans la mode et le vidéo-clip. A l’opposé, et c’est la seconde attitude, observée par Claire Cornet, le travail en groupe semble aujourd’hui plus évident, plus naturel, plus nécessaire pour les jeunes graphistes. Certainement conscients des difficultés sur des marchés difficiles, ils s’associent volontiers, entre autres grâce aux blogs qui se multiplient sur le Web... Etre né avec l’ordinateur Lorsqu’on est un jeune graphiste, « on peut très facilement et très rapidement entrer sur le marché et commencer à être actif dans une niche du graphisme, grâce à des petites commandes de typographies, des identités, etc. » note de manière optimiste Claire Cornet. Michel Wlassikoff met le doigt sur l’autre versant de la vie d’un jeune graphiste : « On est au paradis, question graphisme, grâce aux logiciels très performants. Mais ces mêmes logiciels ont le danger de remplacer le travail de l’auteur graphiste par des matrices telles que des chartes graphiques prefabriquées qui réalisent des cartes de visite ou d’autres supports en apparence personnalisées : un jeune diplômé qui ne veut pas passer sa vie en tant qu’exécutant est forcé de faire concurrence à ces procédés de création de formes informatisées ». 43 Philippe Delangle détecte d’autres aspects intéressants de l’ordinateur pour les jeunes générations : « Le passage de la main à l’ordinateur personnel, puis à l’ordinateur portable, est énorme. C’est un immense progrès parce qu’il ouvre des possibilités dans l’image fixe, l’image animée ou l’écriture du texte. On n’est plus obligé de travailler sur des textes muets, on peut travailler la complexité de la hiérarchisation des contenus ». Mais en même temps, il y a une perte de rigueur dont on ne connaît pas encore les vraies conséquences : « On n’a plus besoin d’une grande performance technique au niveau de la photographie par exemple, car des logiciels corrigent ce vide, la photo ratée peut se récupérer facilement ». Pour conclure, il signale encore un danger possible : « Grâce à la technologie, la musique, la vidéo entrent facilement dans les écoles d’art et ouvrent le champ d’action dès la formation. Ce potentiel énorme est important, mais il ne faut pas qu’il devienne un terrain dans lequel le graphiste débutant se perde ». Vers un épuisement de l’outil ou du métier ? Claire Cornet revient une fois de plus sur la distinction entre l’outil et sa fonction, qui est moins évidente chez le commanditaire que chez le graphiste : « L’outil informatique n’est pas déterminant dans la qualité de la réflexion mais dans sa capacité à montrer au client quelque chose de plus abouti. Cet avantage a un revers, car le client attend de plus en plus des propositions très avancées [dès le début] et laisse moins d’espace au temps de la recherche de la bonne réponse. Du premier rendez-vous, le client s’attend à la fois à une multiplicité de réponses et à des choses finies, alors qu’il devrait se contenter de quelques petits croquis ». Alex Jordan va encore plus loin dans cette analyse du rapport du commanditaire à l’outil informatique : « La technologie est bien dans l’absolu, mais renforce les névroses : tout va trop vite, on n’arrive pas à se couper du monde. Les productions intermédiaires ressemblent trop au produit fini, donc on nous demande d’aller de plus en plus vite de la conception à la livraison du produit, en mettant en danger non seulement la réflexion, mais aussi l’aspect technique (comme les épreuves d’impression)... Plus personne n’échappe à l’accélération ni au manque de moyens ». Pierre Bernard précise encore que « le rapport à l’épreuve avant l’impression, la qualité d’un rendu de couleur, d’une nuance, n’est plus contrôlé par le graphiste car il n’y a plus d’étapes intermédiaires. On est tombé dans la dictature des techniques ; par exemple la quadrichromie est devenu la forme d’impression universelle, alors qu’il y a encore des techniques artisanales qui seraient plus adaptées à des petits tirages et qui sont en train de disparaître ». Alex Jordan nous explique comment cette dictature a une incidence dans la rémunération du graphiste : « Les tarifs sont devenues chaotiques, il y a un fonctionnement au « mieux offrant ». C’était un métier bien construit grâce à un tas d’artisans : lithographes, typographes et d’autres. Aujourd’hui le graphiste fait lui même le travail qui était partagé hier entre plusieurs corps de métier, avec un salaire inférieur (-30%) et plus de temps à investir dans la fabrication ». Produire plus vite conduit à réduire les prix du travail de création des graphistes. La pression du temps sur les graphistes s’inscrit dans la logique de réduction des coûts qui domine l’économie depuis plus de trente ans. Malgré les discours lénifiants sur la qualité, celle-ci est placée très en retrait par rapport à la vitesse de remplacement des produits (des emballages, des messages publicitaires, de slogos, etc.) et de la réduction des coûts de production. Les graphistes en font les frais comme on l’a vu précédemment sur les courbe de l’évolution des revenus des graphistes indépendants de la Maison des Artistes. 44 Quelle incidence a la technologie, ici l’informatique sur les pratiques professionnelles ? Pour Philippe Delangle, le plus dramatique est la difficulté des jeunes graphistes à comprendre que « le fait d’avoir un interlocuteur qui a son portable en permanence devant lui, exclut d’office un rapport réel avec l’autre, un travail collectif. L’échange d’idées grâce au gribouillage a disparu ». Il ajoute qu’ « un jeune graphiste ne se rend pas compte que les logiciels imposent par leur propre logique de fonctionnement une forme de pensée prédéterminée, une démarche, donc limitent tout de suite la liberté d’expression réelle du graphiste ». Par rapport à la forme imprimée, les jeunes graphistes qui n’ont jamais travaillé avec la feuille, ont plus de difficulté pour maîtriser l’échelle des documents qui seront imprimés. Si une erreur d’échelle sur un site web se corrige en une heure, ce n’est pas le cas avec l’imprression papier, une fois qu’elle est lancée. À propos des images qui circulent sur le Web, Michel Wlassikoff n’hésite pas à dire que « les supports virtuels ont renouvelé cette problématique du rapport du texte à l’image, car on en a trop usé et abusé et ce genre de support vit dans une cacophonie visuelle dans laquelle il n’y a que très peu de rapport du texte à l’image : on n’a pas encore trouvé le type de mise en page qui lui correspond ». Pour lui, cette cacophonie peut s’étendre jusqu’à faire perdre des notions essentielles comme celles qui sont liées aux images et aux formes. Ira-t-on jusqu’à perdre ce métier et avec lui ce citoyen responsable qui fait le médiateur entre un commanditaire, avec un message à faire passer et un public qui doit se l’approprier ? 4 – 2 - Les rapports au commanditaire Nombre d’auteurs se réclamant du graphisme d’utilité publique ont travaillé dans une relative complicité avec leurs commanditaires à la fin du siècle dernier. Des visions sociales, sinon sociétales communes, avaient permis des rencontres et l’élaboration d’un projet souhaité par les deux parties (parmi nos interlocuteurs Pierre Bernard, Alex Jordan, Marsha Emanuel témoignent de cette relation). Ce sont des collaborations longues qui instauraient une confiance réelle entre ces deux acteurs et une certaine maîtrise de la commande pour les graphistes qui leur permettaient de ne pas remettre en cause leur statut d’auteur sinon parfois d’artiste. Quelque part, le commanditaire acquerrait une formation « sur le tas » au contact du graphiste. Pour Pierre Benard, aujourd’hui, « des comportements se sont mis en place essentiellement axés sur la vente de produits alors qu’il s’agit de culture. Et la culture c’est la petite place qui permet la recherche », ajoute-t-il. Est-ce la raison pour laquelle la pratique du graphisme reste mal connue du grand public et parfois même des clients des graphistes, au point de faire dire à Michaël Amzalag du studio M/M qu’il existe un vrai problème d’illettrisme graphique dans ce pays (Libération, 29 janvier 2008) ? C’est peut-être le cas, et Pierre Bernard fait le constat quelque peu amer que « le champ publicitaire n’a pas besoin de théoriser son action pour prendre le pouvoir tandis que les discours sur le graphisme existent mais demeurent sans effet ».Pour Romain Lacroix (Centre Pompidou), « le niveau [culturel] des commanditaires a globalement baissé : « la prise en compte de la logique propre du graphiste ne cesse de se réduire. Les prix, les rapports avec les commanditaires se dégradent, même dans les théâtres. Le designer [graphique] est devenu une sorte de prestataire de services, même dans les espaces culturels. Il a raté la capacité de faire valoir ses compétences, de s’imposer comme auteur. C’est tout le problème de la communication entre le commanditaire et le graphiste. » Pour le même observateur, les graphistes portent en partie la responsabilité de cette dégradation car ils ne savent pas faire valoir leur savoir-faire ni dialoguer : « le design c’est aussi penser autour de l’objet, c’est penser le rôle de l’image. C’est expliquer le système. On ne peut pas répondre à une commande sans prendre en 45 compte tout l’environnement, toute l’étude : à quoi ça sert ? Il faut apporter de l’intelligence à la compréhension de l’image 24». Selon Catherine de Smet, les graphistes - ou les directeurs artistiques des agences de graphisme n’ont pas les outils pour convaincre leurs interlocuteurs : ils n’ont pas la maîtrise des savoirs constitués du graphisme pour convaincre. Face à des stéréotypes, ils n’ont pas les mots pour faire le pont avec les commanditaires. Trop souvent les agences de publicité sont sans exigences : les directeurs de création recherchent la séduction [du consommateur] plutôt que de convaincre sur une création ». Pour un praticien comme Etienne Mineur (Agence Incandescence), l’un des problèmes réside dans la distance entre le commanditaire et le graphiste : il y a trop d’intermédiaires. « Je cherche toujours à entrer en contact avec le décideur final, cela va plus vite et on se comprend mieux : je peux mieux saisir ses sensibilités, ce qu’il veut ; on parle de tout, de pièces de théâtre, de cinéma et après j’ai compris ce qu’il veut. » Romain Lacroix explique que le graphiste qui travaille pour une exposition ne rencontre jamais l’artiste exposé ! Les agences évitent ce face à face, pourtant bien souvent souhaité l’artiste lui-même... En effet, la chaîne graphique ne saurait atteindre ses objectifs (la construction d’un message visuel correspondant aux attentes du client final) si se multiplient les intermédiaires : quoique nous n’ayons pas encore travaillé sur les demandes de la publicité, de la communication des entreprises, etc.25 il apparaît que cette question est au centre de la problématique du métier de graphiste. Le schéma ci-dessous montre une chaîne graphique particulière : d’autres seront réalisés au cours de la deuxième phase. Ce schéma illustre la complexité (déjà simplifiée dans le schéma) des rapports et des va-et-vient entre le commanditaire et l’agence de graphisme en soulignant le nombre d’intervenants. Cette chaîne graphique est relativement simple (un client, une agence graphique) et ce d’autant que le chef de projet est aussi le graphiste interactif : on voit pourtant le nombre important de vaet-vient entre le client et l’agence et les nécessaires coopérations horizontales entre les graphistes, puis avec le développeur. Ici la collaboration en amont entre ce dernier et le graphiste interactif est la condition pour limiter les bugs informatiques ou pour entrer dans des processus d’implémentation qui ralentissent l’exécution du projet et en augmentent le coût. Dès qu’une agence de publicité (ou une agence de communication) s’intercale entre le client et l’agence de graphisme, les processus se complexifient et se fragilisent : ce sera l’un des objets de recherche de la phase suivante, y compris pour interroger les qualifications et les compétences requises chez les graphistes. 24 Et il ajoute pour conclure : « Les graphistes ont une bonne maîtrise de leur métier, sur leur métier, mais ils sont incapables de faire une exposition, de bien montrer leur travail... » 25 Pour les mêmes raisons du choix des interlocuteurs privilégiés de la 1ère phase, nous n’avons pas abordé la question de la division du travail entre conception et exécution dans cette chaîne graphique. 46 Si le graphisme a incontestablement joué un rôle capital dans la culture visuelle du XX° siècle, il ne semble pas avoir bénéficié de la même reconnaissance publique que la photographie alors qu’il est pourtant omniprésent au sein de la communication visuelle. Aux yeux des graphistes, il souffrait encore au début des années 2000 d’une absence de reconnaissance institutionnelle et publique dont Marie-Anne Couvreu se fait l’écho avec d’autres. Marsha Emanuel rappelle le silence de la presse sur ce sujet tandis qu’il n’existe pas un lieu officiel à Paris pour montrer les œuvres graphiques. Et à cela s’oppose un design d’information qui se prête plus au spectaculaire. Il apparaît alors étrange que les graphistes aient tant de mal à communiquer. Ils sont conscients de l’urgence de reconstruire des relations plus « complices » avec leur commanditaire initial, de le conduire à travailler en collaboration directe (sans intermédiaire) avec eux. Cela reste difficile dans les actes. 47 Dans cette relation difficile avec le commanditaire, s’introduit de manière insidieuse la question du goût. La méconnaissance du métier de graphiste et de son langage peuvent conduire le commanditaire à approcher le travail du graphiste sous la seule dimension du goût, c’est à dire de la culture personnelle du commanditaire. Étendre au-delà cette relation c’est apprendre à construire un langage commun avec ce dernier pour l’amener à « apprécier l’utilité réelle d’un produit graphique par rapport au public concerné, en d’autres termes : dire je souhaite quelque chose de plus chaleureux plutôt que de dire « j’aime pas le bleu, faites le tout en rouge». Selon Philippe Delangle, la commande publique peut participer d’un autre regard, elle devrait proposer « un critère d’évaluation et d’acceptation d’une proposition graphique qui n’est plus forcément d’aller vers le moins cher, mais vers une qualité de travail, une proposition où l’on dirait préfèrer payer plus cher mais avoir un meilleur résultat ». 4 – 3 – La fausse visibilité du graphisme Le graphisme vit dans un profond paradoxe : il est tellement omniprésent dans la vie quotidienne qu’il est inutile de détailler ses lieux d’expression ; mais en même temps cette omniprésence le rend invisible tant il nous est familier. D’où une difficulté à se faire reconnaître comme moyen d’expression majeur : tous les graphistes ont eu au moins une fois dans leur carrière l’expérience d’un commanditaire plutôt peu cultivé qui pensait maîtriser le graphisme et qui souhaitait conseiller le professionnel, l’influencer voir choisir à sa place les couleurs, la typographie ou le jeu des formes. Plus encore avec l’informatique tout un chacun peut déplacer ceci ou cela (ou demander au graphiste de le faire), modifier une couleur, etc. se pensant alors devenir graphiste lui-même : combien de graphistes ont dû batailler pour qu’un logo ou une « information pratique » ne vienne gâcher leur travail d’auteur, parfois, au dire de certains, ajoutés par le personnel du commanditaire sans l’autorisation du graphiste lui-même. Enfin, cette omniprésence du graphisme dans le quotidien tend à le rendre éphémère : l’affiche n’est pas un bien durable, la publicité encore moins et les emballages sont conçus pour être détruits ! Alors les auteurs-graphistes ont d’autant moins de chances d’être perçus comme des auteurs ! C’est contre cela que Marie-Anne Couvreu s’inscrit en faux, « un graphiste peut travailler pendant dix ans avec un théâtre », sa production n’est pas éphèmère. Par ailleurs, des collections ne se sont-elles pas constituées qui traduisent ce travail de longue haleine, « un travail de toute une vie, rappelleront certains. L’invisibilité du graphisme serait en premier lieu la faible valorisation dont il est l’objet. Ainsi, voici en quoi ce qui devrait être la large visibilité des graphistes n’en est pas une : quoique exposés en permanence aux yeux de tous, ils souffrent d’une non-reconnaissance qui traversent pratiquement tous les entretiens réalisés durant cette première phase de la recherche. Le consensus sur cette dimension s’accompagne cependant d’analyses du présent. On pourra s’attacher à saisir les directions ouvertes par les uns et par les autres pour faire reconnaître le graphisme et les graphistes. Grapus a beaucoup œuvré pour la visibilité et la richesse du graphisme. Leur positionnement politique a eu une vraie influence sur le milieu, influence qui se sent encore maintenant, surtout dans le milieu de la commande publique. Cependant l’ensemble de la discipline n’est pas représentée par leur démarche intellectuelle et rien ne semble élargir leurs idées auprès des générations suivantes au moins dans d’autres champs d’exercice du métier. 48 Du graphisme effacé à sa célébration en un lieu central Plusieurs graphistes regrettent l’activité intense du Centre de Création Industrielle de Beaubourg qui, en étant le lieu d’exposition du design industriel, montrait plus ou moins directement le design graphique (Mineur 5). Dans le même sens, on peut regretter les expositions Signes qui se sont aussi tenues au Centre Pompidou à l’initiative de M. Wlassikoff et R. Lacroix : durant leurs trois années d’existence, elles ont joué le rôle de catalyseur dans le milieu professionnel en montrant la jeune création française, puis le graphisme en Biélorussie et enfin les travaux des meilleurs étudiants des meilleures écoles européennes. Parce que « c’est un métier qui ne se voit pas, il faut le montrer » (Etienne Mineur, Agence Incandescence). C’est aussi l’avis de Marsha Emanuel qui souhaite la création d’un lieu central public et reconnu —certainement parisien— pour valoriser le graphisme : Etienne Bernard le voit comme un lieu de reconnaissance qui aurait la responsabilité d’éducation envers le public, et par extension un lieu de formation pour le commanditaire. Il serait aussi un lieu de recherche, de monstration et de création de discours pour les graphistes. Ce n’est pas forcément le vecteur de la reconnaissance du graphiste, le « Louvre » du graphisme, mais un lieu de cristallisation de savoirs. Ce lieu existe en partie à Chaumont sur Marne, le temps du festival annuel de l’affiche. Romain Lacroix remarque ses qualités dans sa capacité de recherche historique et dans sa volonté d’élargir les connaissances du spectateur en donnant des cartes blanches à des graphistes reconnus dans le milieu. Au sein de son organisation, ce festival est pensé comme un vrai terrain de militance pour revendiquer la valeur culturelle du graphiste, ainsi que pour provoquer la rencontre entre le graphiste et son public. Les organisateurs soignent cette rencontre dans tous les détails des manifestations : expositions, conférences, etc. Pour Alex Jordan, ce festival, qui attire beaucoup d’étudiants futurs graphistes, des professeurs et des lycéens a une influence positive dans les écoles de la région, mais peu d’écho parmi les habitants de la ville. Il pointe sa fragilité, car le festival est soumis aux changements de sensibilité politique à la Mairie donc de soutien institutionnel. À Échirolles, le mois du graphisme semble avoir plus de connexions avec les habitants de la ville, mais il dispose de peu de moyens pour faire un vrai travail de mise en valeur de ses expositions et il reste fragile parce qu’il est très dépendant des efforts d’un nombre restreint d’organisateurs. Le festival de Lurs en Provence, tourné vers la typographie, est un lieu de rencontre qui est beaucoup moins cité, mais Michel Wlassikoff et Claire Cornet lui reconnaissent sa valeur comme lieu de rencontre et d’avancement de la réflexion sur la typographie. Un musée « pour exposer le travail de continuité et de recherche dans la création, dans la dimension artistique » (Etienne Mineur). Aux yeux de Claire Cornet, ce lieu doit être aussi pensé comme un lieu où toutes les expressions du design seront exposées : ce serait une erreur de le restreindre au domaine exclusif du graphisme, à une époque où l’interdisciplinarité est de mise. Marie-Anne Couvreu de la Galerie Anatome voit dans la multiplication des lieux privés dédiés au graphisme, une possibilité de sortir le graphisme des seuls milieux professionnels. À l’instar de la photographie, elle rêve d’une popularité telle du graphisme qu’il permettrait à chacun d’avoir la curiosité d’acheter un livre sur le graphisme, de rentrer dans des galeries pour y connaître le travail qu’effectuent les gens de ce métier au niveau national et international. La pensée critique comme processus de création artistique et de reconnaissance 49 Selon Romain Lacroix (Centre Pompidou), ce qui manque le plus au graphisme, ce sont des lieux ou des supports au débat critique des travaux des graphistes : « Il y a des revues comme Étapes ou des revues en ligne qui sont de bonnes revues professionnelles d’information. C’est le même problème qu’en architecture où il y a beaucoup de revues, mais non critiques car les abonnés sont les architectes ». Alors, de l’aveu de nombre de graphistes rencontrés c’est la fonction des Revues parlées du Centre Pompidou, portant sur le graphisme (4 fois par an), d’être le lieu critique de la profession. La très forte fréquentation de ces Revues parlées par les étudiants bien sûr, mais aussi par les professionnels, y compris par des graphistes de renom, montre bien la demande et les exigences de critiques. Comme d’autres, les graphistes cherchent la critique tout en la craignant. « C’est le désert critique : un seul ouvrage français. Il faut traduire les ouvrages spécialisés étrangers. Il faut passer commande de plusieurs ouvrages ; il faut une pensée, des outils pour penser le graphisme » déclare R. Lacroix. Par ailleurs, les graphistes restent trop entre eux : « il faut frotter les disciplines entre elles ; les graphistes sont peu ouverts aux autres ; il n’y a pas assez de mouvements, de pensée. Les graphistes sont méfiants : ils ont un handicap par rapport à leur métier, c’est de ne pas pouvoir en parler. Il s’est passé quelque chose : hier il y avait de la pensée, des penseurs de l’objet, une pensée portée par les philosophes, les sociologues, etc. par exemple avec Baudrillard, mais c’est devenu de plus en plus un show-room et le design industriel est devenu le lieu de prestations de services pour les industriels : il y a le risque de cette tendance dans le graphisme avec les discours sur la communication. En architecture c’est le lien entre de grands architectes et des intellectuels (Nouvel/Baudrillard, de Portzamparc/Sollers) qui a popularisé les questions de l’architecture. Et dans le graphisme ? » (entretien avec R. Lacroix). D’où aussi la comparaison avec les paysagistes : « il faut créer un lieu de débat et de discussions. Les paysagistes ont réussi à devenir indispensables. Il y avait des raisons économiques : à bon marché ils résolvent des problèmes de circulation, des problèmes urbains. Ils ont su faire le lien avec l’architecture en parlant la même langue. Ils ont eu un lieu [Chaumont sur Marne] pour se faire connaître, un lieu d’exposition. Mais comment montre-t-on le graphisme aujourd’hui ? La forme est importante ; c’est aussi important que l’œuvre elle-même ; or on accroche trop souvent les travaux des graphistes avec deux punaises ! » (Idem) Nous posons ici l’hypothèse que l’amélioration du rapport commanditaires/graphistes pourrait passer par une éducation des premiers à l’esthétique propre au graphisme et par l’amélioration du statut du graphiste dans l’espace symbolique : deux voix qui convergent pour rééquilibrer le rapport entre les deux professions et qui reposent toutes deux sur la création d’un marché de l’art pour les œuvres des graphistes. L’une des sous-hypothèses consisterait à rapprocher le graphisme d’aujourd’hui de la photographie dans les années 60-70 en France. Il est probable que les clients soient faciles à trouver au regard des prix pratiqués. Les musées devraient alors commencer à créer des collections, avec un musée spécialisé dans le graphisme (encore l’idée d’un lieu central dédié au graphisme). Romain Lacroix considère que « le jour où le MOMA en fera une réalité culturelle, le Centre Pompidou le fera ; mais aujourd’hui cet enjeu n’est pas d’actualité ». Dans le même sens, cet interlocuteur confirme ce qui est revenu souvent dans nos débats : « il faut lancer une prise de conscience par l’Etat : qu’est ce que l’univers graphique d’une ville ? Retour au graphisme d’utilité publique : donner l’exemple par un univers urbain, des institutions qui valorisent le graphisme ». 50 La structuration professionnelle des graphistes La première phase de l’étude n’a pas cherché à approfondir le fonctionnement des structures professionnelles, ni leur histoire. Il reste que c’est une dimension essentielle dans le processus de reconnaissance d’un métier. Chacun connaît les efforts déployés par l’Alliance Française des Designers qui rassemble les trois catégories de designers ; l’Alliance Graphique Internationale joue un rôle non négligeable dans une uniformisation des pratiques (et des tarifs ?) à l’heure de la globalisation des échanges. L’association Un coup de dés fédère « des enseignants d’option «design graphique» ou «communication visuelle» des écoles d’art, [souhaitant] se doter d’une plate-forme facilitant les échanges, les rencontres, les discussions sur le design graphique et son enseignement ». Par ailleurs quelques graphistes tentent aujourd’hui de rédiger un code de déontologie pour éviter - ou interdire - les abus des commanditaires et harmoniser les pratiques des graphistes. La maison des Artistes participe à sa manière à l’organisation de convergences statutaires puisqu’elle rassemble formellement les graphistes indépendants, sans toutefois participer à la structuration formelle de la profession. Toutes ces institutions jouent un rôle dans l’une des dimensions d’exercice du métier de graphiste sans toutefois les épuiser : nous aurons à interroger en quoi ces organisations structurent la profession et en quoi elles restent insuffisantes pour modifier les rapports des graphistes à leurs commanditaires et surtout à leurs publics : quelles innovations sont nécessaire pour accroître le capital symbolique possédé par les graphistes ? 51 Chapitre 5 : LA SECONDE PHASE DE LA RECHERCHE Dans un entretien publié par la revue Étapes, Gilles Deléris déclare, à propos des jeunes graphistes qui arrivent dans le secteur commercial : « Les créatifs, plongés sans précaution dans un univers étranger, découvrent un monde aux règles complexes, aux niveaux hiérarchiques multiples qui, de son côté, ignore tout du processus créatif et le considère soit comme une récréation, soit comme une modalité. Ils découvrent qu'ils s'adressent à des corps sociaux sensibles, collaborateurs, clients, partenaires, actionnaires et à des publics distraits, peu concernés par les problématiques créatives, mais très sensibles à la clarté des messages qui leur sont adressés. Ils comprennent que les enjeux économiques et financiers sont très importants. Cette plongée dans le réel déconcerte les plus romantiques qui n'envisageaient pas qu'ils seraient confrontés à cette responsabilité-là. Ce décadrage ou ce repositionnement de leur rôle se fait donc à chaud, sur le terrain ». Jusqu’à présent nous n’avons guère traité cette problématique. La deuxième phase de la recherche devrait être essentiellement tournée, si tout le monde en est d’accord, vers les 90 % de graphistes qui travaillent dans les secteurs commerciaux où l’on peut distinguer provisoirement la publicité et la communication d’entreprise. La publicité peut à son tour être divisée entre une publicité pour les produits et services de luxe et une autre pour les produits et service de masse, évidemment sans frontière absolue. La communication d’entreprise —voire d’institutions publiques— rassemble l’identité visuelle, les logos, la signalétique, le packaging, etc. 5 – 1 - Analyse des modes de fonctionnement de la chaîne graphique 5 – 1 – 1 – Le secteur commercial Pour comprendre ce monde des graphistes du secteur commercial, il nous faut analyser dans le détail les types de chaînes graphiques existantes : il s’agira ici de produire des schémas présentant les 3, 4 ou 5 grands types de chaînes graphiques (semblables au schéma relatif au graphisme interactif). Cette typologie ne sera qu’un outil pour analyser le travail des graphistes dont les principaux résultats devraient être : - l’analyse fine du procès de travail : que font concrètement les graphistes, selon leurs statuts (on pourrait utiliser la méthode des budgets temps, mais celle-ci risque d’être trop lourde au regard de la multiplicité des situations à analyser), - l’analyse de la division du travail (en particulier entre créatifs et exécutants), en lien avec celle du procès de travail, - les modes de commandements et de mobilisation des graphistes (selon leurs statuts), - les qualifications et les compétences mises en œuvre, liées directement au graphisme, mais aussi périphériques (commerciales, hiérarchiques, administratives, etc.). Pour atteindre ces objectifs tout en restant dans le domaine du réalisable, il apparaît que nous devrions peut-être modifier les propositions méthodologiques proposées dans la réponse à l’appel d’offre : au lieu de recourir à une méthode plutôt extensive (85 entretiens dans la seconde phase), nous pourrions conserver une partie relativement extensive et initier une partie plus approfondie de la recherche à partir d’observations plus fines, avec des entretiens plus serrés, portant sur une 52 quantité plus limitée de cas. On pourrait ainsi analyser, pour chacun des deux secteurs principaux du secteur commercial (en essayant de diversifier les segments de marché et les supports d’application) : - le travail de graphistes dans une grande agence de graphisme : cette analyse devrait nous conduire normalement à remonter la chaîne graphique vers la construction de la demande chez le client final, voire chez les intermédiaires : autrement dit il s’agirait de travailler de façon approfondie sur un projet pour le suivre de A à Z. Ce qui nous permettrait de mieux connaître les commanditaires dont il est tant question dans les discours des graphistes, ainsi que les rôle des directeurs artistiques (qui sont-ils ? d’où viennent-ils ?); - réaliser le même travail dans une agence de taille moyenne (environ 10 graphistes) - enfin, réaliser le même travail avec deux indépendants (ou deux ateliers d’indépendants). Il nous faudra aussi interroger les graphistes des agences de publicité et des agences de communication qui servent d’intermédiaires entre leur client et les graphistes en « soustraitance » (agences, indépendants...) ou qui satisfont en interne la demande de graphisme de leur client. Ce sont autant de situations qui allongent et complexifient la chaîne graphique. Ce qui rend encore plus pertinente la proposition d’observer la division du travail et les compétences mises en œuvre dans ces relations entre contractants. Enfin, la nature de la trajectoire professionnelle des « décideurs » (client final ou agences) joue certainement un rôle important dans le choix de la chaîne graphique : si le décideur est-il plutôt commercial (formation, fonctions occupées) ou plutôt visuel les options diffèrent. Enfin, il nous faudra traiter des infographistes intermittents et des illustrateurs occupés dans ce que l’on peut dénommer les « industries culturelles » : si les questionnements traiteront essentiellement de l’organisation et des contenus du travail, nous aborderons nécessairement aussi les questions des statuts alternant travail et chômage. Ici on peut penser que l’analyse de quatre cas suffiront à donner une image assez précise de la situation des graphistes dans ces secteurs. 5 – 1 – 2 – Le secteur culturel Le secteur culturel a été assez bien couvert dans cette première phase et nombre des éléments rapportés ici pourront être utilisés dans le rapport final. Les graphistes du secteur culturel étant principalement indépendants ou regroupés dans de petits ateliers, nous proposons de faire le même travail dans trois agences travaillant principalement pour ce secteur : de l’analyse de la chaîne graphique —y compris chez les commanditaires—, du procès de travail, des compétences mises en œuvre, etc. 5 – 1 – 3 – De quelques façons d’exposer les résultats Au-delà de l’exposé linéaire des résultats qualitatifs récoltés sur le terrain, nous maintenons l’idée de rassembler les professionnels en quelques classes de graphistes selon le cœur de leur activité et de leurs pratiques. Cette représentation schématisée est bien sûr toujours réductrice, mais elle permet de disposer d’une représentation structurée d’un milieu professionnel qui reste à la fois éclaté et mal connu. 53 Pour être un peu plus complet, une partie des travaux de terrain devront se dérouler dans une à deux régions autres que l’Ile de France. 5 – 2 – Des analyses aux propositions d’actions Le premier diagnostic qui ressort de cette pré-étude est double : - une manque de culture (graphique) assez fréquent chez les commanditaires, - un manque de (re)connaissance des graphistes ou plutôt de leur pratiques d’artistesauteurs. Il est probable que l’on puisse résoudre les deux questions ensemble car elles sont étroitement liées : la reconnaissance sociale et artistique du graphisme permettrait une valorisation de ce dernier auprès des commanditaires (avec une meilleure identification du métier et des spécificités du graphisme) qui verraient dans les graphistes des interlocuteurs aussi incontournables que les autres. La question devient alors : comment faire reconnaître le graphisme ? Quelles politiques publiques envisager ? Des voies ont été ouvertes par les personnalités rencontrées jusqu’à présent : il faut certainement les approfondir et les structurer pour leur donner cohérence et les inscrire dans la durée. Il y en a de coûteuses, comme la création d’un lieu central parisien ( ?) pour montrer les graphisme français et en organiser la critique, l’édition, les conférences, etc. Il peut y en avoir d’autres comme la volonté d’organiser un marché des œuvres graphiques, comme ce fut le cas pour la photographie (voire pour les planches des bandes dessinées, etc.). Le soutien à l’organisation de la profession, en particulier internationale est une autre voie ; nous avons aussi parlé d’un observatoire des graphistes (à partir de leurs statuts qui pourraient être unifié dans ler gestion par les administrations publiques). Enfin cette recherche pourrait aussi ouvrir des pistes vers l’amélioration des rapports entre commanditaires et graphistes : la sensibilisation des commanditaires aux questions esthétiques et au graphisme pourrait permettre d’améliorer la communication entre les deux métiers. Y a-t-il une possibilité d’organiser professionnellement les commanditaires, y compris pour les former ? On peut aussi soumettre l’hypothèse suivante : s’il y avait une meilleure (re)connaissance du graphisme et des graphistes par les commanditaires et plus de professionnalisme ou de rigueur des graphistes dans leur relation au client (méthodologie rigoureuse avec par exemple des jalons dans le déroulé des projets) de nouveaux rapports de respect et de confiance pourrait s’établir. 54 BIBLIOGRAPHIE 1. Dictionnaires et guides. - Alan et Isabella Livingston, Dictionnaire du graphisme, édition Thames & Hudson, trad. fr. 1998. Ce dictionnaire comprend 700 entrées allant de la typographie médiévale à l’édition électronique. - Martin Heller et alii, Who’s who in Graphic Design. Profile of more than three hundred leading graphic designers from fourty six countries, Werd Verlag, Zurich, 1994 Cet ouvrage est une présentation succincte de plus de 300 graphistes du monde entier par pays. Selon les auteurs, les graphistes français avaient été influencés par l’école polonaise, puis successivement par le mouvement psychédélique puis par l’école suisse. Le style français a atteint sa pleine maturité au début des années 90. Les Français après avoir été très proches de la gauche se sont progressivement détachés du terrain politique pour occuper les champs culturels et sociaux. - Alice Twemlow, A quoi sert le graphisme ?, éditions Pyramid, traduction française, 2006. L’auteur brosse rapidement le portrait de la scène graphique contemporaine en déclinant les différents champs d’intervention du graphiste : typographie expérimentale, les génériques de film, la musique électronique et son animation visuelle, le design audiovisuel, les jeux vidéo, la signalétique, le graphisme de presse, celui du livre, le graphisme d’information, la publicité. L’ouvrage présente les travaux d’une quarantaine de studios - Répertoire français des graphistes, SNG éditions, 1983, sous le patronage du Ministère de la Culture. Ce répertoire recense plus de 750 professionnels exerçant au début des années 80 sur toute la France et indique pour chacun d’entre eux leur champ d’activité. - Bob Gordon & Maggie Gordon, Le guide pratique du design graphique & numérique, éditions Pyramid, 2003. Ce guide débute sur les concepts de base du design (texte, image, couleur) puis démontre le rôle de l’ordinateur pour le designer ; il présente également le travail de certains des meilleurs praticiens dans les domaines de l'édition, du design d'exposition, de la publicité, de la signalétique, du packaging, du multimédia et du Web. 2. Guides des formations au graphisme - Sophie Rocherieux, Guide des écoles de design graphique, Flammarion, Paris, 2005. Ce guide a été initié par la revue Etapes en association avec les éditions Pyramid et recense les établissements d’enseignement supérieur préparant aux différents métiers de la communication visuelle. Il s’agit ici d’une sélection d’établissements. - Christelle Capo-Chichi, Guide du graphiste indépendant, Ed. Pyramid, 2005. Ce guide s’adresse aux jeunes graphistes indépendants et porte sur les démarches tant administratives que fiscales à effectuer afin de choisir son statut social. 55 - Revue Graphisme & Design, Onisep, Marne La vallée. Ce guide édité par l’office national d’information sur les enseignements et les professions s’adresse aux étudiants et leur expose les différentes filières, les différents diplômes et un répertoire d’écoles. - Adélaïde Robault et Vincent Villeminot, Les métiers du graphisme, Rebondir, Paris, 2000. Cet ouvrage brosse le portrait des différents métiers et secteurs dans lesquels évoluent les graphistes. Il donne des informations complètes et propose des petits interviews de professionnels référents. - Alan Swann, Profession graphiste, éditions du Moniteur, 1992. Cet ouvrage expose les principes essentiels de la création graphique enseignés dans les différentes écoles (dessin, couleur, typographie, mise en page) et présente des travaux d’étudiant. 3. Ouvrages, rapports et thèses sur le graphisme - Marsha Emanuel, Pierre Bernard, Claude Courtecuisse, Jean-Pierre Greff, L’enseignement du graphisme en France. Rapport de mission de réflexion, DAP, Ministère de la Culture et de la Communication, 1996. - Roxane Jubert, Graphisme, typographie, histoire, Édition Flammarion , Paris, 2005. L’auteur est graphiste diplômée de l’Ecole nationale supérieure des arts décoratifs puis a soutenu une thèse de doctorat à Paris IV Sorbonne sous la direction de Serge Lemoine. Elle enseigne à l’Ensad et à Rennes. Dans son monumental ouvrage Jubert expose le panorama historique du graphisme et de la typographie depuis l’Antiquité et se focalise surtout sur la fin du XIX° et le XX° siècle. Cette analyse de la communication visuelle est enrichie par la mise en perspective des contextes artistique, technique et économique. - Rick Poynor, Transgression : graphisme et post modernisme, éd Pyramid. Cet ouvrage démontre et commente la manière dont la perception et la compréhension du design graphique ont évolué ces vingt-cinq dernières années. Il est organisé autour de six thèmes (origines, déconstruction, appropriation, technologie, profession, auteur, opposition), tous illustrés d'exemples ayant joué un rôle central dans le développement de la pensée graphique. - Philippe Quinton, Le changement dans la communication graphique des entreprises,. Doctorat en Sciences de l’information et de la communication, Paris 4 – Celsa, 1994. Thèse publiée sous le titre Design graphique et changement, L’Harmattan, Paris, 1997. Cette thèse s’intéresse à la communication graphique et au changement à travers la communication institutionnelle des entreprises. Elle démontre que dans la communication graphique des entreprises, les relations entre les différentes composantes des discours permettent d’identifier les vecteurs et les acteurs du changement. L’analyse concerne les relations entre ce qui est demandé et ce qui est décidé lorsqu’une entreprise change son système d’identité visuelle. Cette thèse ne porte pas sur le graphisme en soi mais expose son impact dans l’entreprise. Pour Quinton le design graphique est résolument une activité qui occupe le champ social mais il n’occupe pas la place qui lui revient. Son utilité publique n’est pas reconnue. Quinton insiste également sur la nécessité de former le commanditaire afin que les relations soient plus harmonieuses à tous points de vue. 56 - Valérie Thomas, Le graphisme d’auteur procède-t-il de la greffe ?, thèse en cours à l’Université Paris 1 (CERAP, Centre d’études et de recherches en arts plastiques) sous la direction de Pierre Baqué. - Peter Wilbur & Michael Burke, Le graphisme d’information. Cartes, diagrammes, interfaces et signalétiques, Éditions Thames & Hudson, 2001. Ce livre porte sur le rôle crucial du graphisme dans l’organisation des informations. Comment concilier efficacité et esthétisme dans les trois cas suivants : agencement organisé d’informations (signalétique, carte routière, horaires, etc.) ; compréhension d’une situation ou d’un processus (diagrammes, modes d’emploi) ; design graphique des systèmes de contrôle (tableaux de bord et autres appareils). 4. Histoire du graphisme - Richard Hollis, Le graphisme au XX°, Édition Thames & Hudson, traduction française, 1997. Hollis, enseignant dans des écoles d’art en Grande-Bretagne a publié plusieurs ouvrages sur le graphisme. Il démontre qu’il a joué un rôle prépondérant dans l’histoire de la culture visuelle du XX°. - Christian Küsters & Emily King, Nouvelles perspectives graphiques, Edition Thames & Hudson, 2001. Le graphisme est entré dans une nouvelle ère et il ouvre une nouvelle voie. Il s’agit ici d’une conception du graphisme très personnelle fondée sur des systèmes conceptuels. 37 studios sont présentés. - Alain Weill, Le design graphique, Gallimard Découvertes, 2003. Le design graphique est né du renouveau des arts décoratifs en Europe et Le terme "graphic design" a été inventé en 1922 par W. A. Diggins pour désigner les arts appliqués au commerce et à l'industrie. Ce livre présente l'histoire et l'évolution du graphisme moderne tant en Europe qu’aux Etats-Unis. - Michel Wlassikoff, Histoire du graphisme en France, co-édition les Arts décoratifs et Dominique Carré Éditeur, Paris, 2008 5. Catalogues expositions - L’image du Centre, Atelier de création graphique Pierre Bonnard, Centre Pompidou, 2005. - Neuf femmes graphistes, Exposition Mois du graphisme Echirolles, Éditions Textuel, 2006. Commissaire d’exposition, Michel Bouvet. - Signes de la jeune création graphique en France. Exposition présentée au Centre Pompidou, mai 2001. Commissaire d’exposition Michel Wlassikoff. - Vive les graphistes ! Petit inventaire du graphisme français, Centre Georges Pompidou, septembre/octobre 1990, Édition Syndicat national des graphistes, Paris, 1990 - East Coast, West coast. Graphistes aux Etats-Unis, Exposition Mois du graphisme Echirolles, Commissaire d’exposition, Michel Bouvet, Éditions Textuel, 2002. 57 6. Revues Contrairement au monde anglo saxon où les revues de graphisme sont nombreuses (notamment : Baseline, Print, Design Issues, Emigre, Eye, Visible Language), la France n’en compte plus qu’une : la revue Étapes puisque la revue Signes créée par Michel Wlassikoff a cessé de paraître en 1996 ainsi que la revue Marie Louise. Ces deux revues se caractérisaient par une dominante axée sur la recherche en graphisme. La collection Graphisme en France existe depuis quinze ans et est publiée par la DAP. Cette revue est annuelle, une thématique est choisie et est traitée par un intervenant spécialisé et un calendrier expose les principaux évènements liés au graphisme. Chaque numéro est conçu par un graphiste. Sa vocation est de proposer un outil aux professionnels. Les dernières éditions portent sur les items suivants : - Edition 2008-2009 : « Apprendre et désapprendre », texte de Catherine de Smet. - Edition 2007 : « Visible / Invisible » texte de Catherine de Smet. Le dossier est consacré aux archives et aux collections de design graphique et expose la situation française. - Edition 2006 : « L’histoire du graphisme en France » texte de Michel Wlassikoff, auteur du monumental ouvrage de référence sur le sujet . Wlassikoff recontextualise le graphisme dans le XX° siècle. - Edition 2005 : « Profession graphiste ». Petit guide informatif sur la profession à l’usage des graphistes. - Edition 2004 : « L’histoire une perspective d’avenir », texte de Roxane Jubert. L’auteur montre le paradoxe suivant : une pratique importante du graphisme ainsi qu’une place au sein de nos sociétés et une absence d’histoire du graphisme. - Les cahiers du musée national d’art moderne, n° 89, « Design graphique », Sous la direction de Jean-Pierre Criqui. Octobre 2004. - « Emergence : panorama de la jeune scène graphique française à travers une sélection de trente un graphistes représentatifs », 2000, Hors série Etapes graphiques , éd Pyramid. - « Emergence 2 : la jeune création graphique française au fil du temps », 2004, éd Pyramid ; les mêmes auteurs revus quatre ans après. - « Emergence 3, Nouvelle vague, graphisme et design contemporains », 2004, éd Pyramid. Ce numéro présente un panorama de 25 créateurs européens, graphistes, illustrateurs, designers, sélectionnés par un jury de professionnels. - « Emergence 6, la jeune création graphique hollandaise ». 2008, éd Pyramid. - Étapes. Fondamentale, cette revue publie des enquêtes annuelles sur les nouvelles promotions, sur la conception du métier de graphiste, sur les nouvelles tendances, des thématiques nationales, des enquêtes sur les différents secteurs des métiers. Voir notamment : Juin 2004 : Ré-émergence : le regard de sept graphistes sur le numéro 2 d’Emergence Mars 2005 : « Dessus et coutumes du textile » (l’illustration textile) Mars 2006 : « Le choix de l’indépendance » 58 Juillet 2006 : « Le spectre de la monotâche » Février 2006 : « Collectifs : groupes à géométrie variable » Octobre 2006 : « Le design approché par la science humaine : le cas de l’agence In process » Février 2007 : « Petit panorama de l’illustration jeunesse » Mars 2007 : « Le graphiste catalyseur : les graphistes sont-ils co-auteurs du texte visuel dans lequel une culture s’exprime ? » Avril 2007 : « Tour de France : portraits de douze jeunes créateurs français » Mai 2007 : « Dossier sur le design, le packaging » Juillet 2007 : « Qu’est-ce-que le graphisme ? « Réponses de Philippe Cazal (artiste), Bernard Darras, Mme Depondt (chargée des partenariats à la direction des parcs et jardins de la Ville de Paris) Août 2007 : « Psychopathologie de la vie quotidienne dans le monde des arts graphiques : grandeurs et misères des graphistes français » Octobre 2007 : « Diplômes 2007 » Octobre 2008 : « Diplômes 2008 » Février 2009 : « Regard sur l’Europe : 8 studios » Principaux articles : - « Le métier de graphiste. Chercher l’adéquation du sens et de la forme », Intramuros, n° 48, 1993 - Catherine de Smet, « Penser le graphisme », Art Press, n° 271, décembre 2001. - Eva Bensard, « Le graphiste maquettiste, Journal des arts, n° 193, mai 2004. Cet article démontre le rôle crucial du graphiste dans l’élaboration d’un produit éditorial. Le graphiste maquettiste est un maillon essentiel de la chaîne éditoriale et sa tâche varie selon les maisons d’édition, les groupes de presse et les magazines. - André Delepierre, « Marchés publics de création graphique », Étapes, février 2007. Il s’agit d’un court article sur l’article 49 du code des marchés publics qui légalise la maquette gratuite 59 ANNEXES 60 FORMATIONS SU SECTEUR PUBLIC Ce tableau a été réalisé d'après plusieurs sources : Site Onisep et brochure Onisep Graphisme & design, Site de l'Etudiant, listes des établissements du site du CNAP, liste fournie par DEPS MCC, liste fournie sur le site de la DAP, sites des organismes de formation SECTEUR Public nom école tutelle nom diplôme formation conditions d'accès formation privé Public Prix indicatif Public Gratuit Public Gratuit Public Gratuit Public Gratuit Public Gratuit Formation Bac + 2 - BTS (NIVEAU III) École Estienne ESAIG (Paris) MEN École Estienne ESAIG (Paris) MEN Lycée Eugénie Cotton (93) MEN Lycée Eugénie Cotton (93) MEN Ecole sup arts appliqués Duperré (ESAAD) (Paris) Ensaama Olivier de Serres ( École Nationale sup arts appliqués et des métiers d'art) - (Paris) Ensaama Olivier de Serres (Paris) MCC MEN MEN Lycée d'arts appliqués A. Renoir (Paris) MEN Lycée Jacques Prévert (Boulogne Billancourt) MEN Lycée Jean Pierre Vernant (Sèvres) MEN BTS communication visuelle option graphisme édition publicité BTS communication visuelle option multimédia BTS communication visuelle option graphisme édition publicité BTS communication visuelle option multimédia BTS communication visuelle option graphisme édition publicité BTS communication visuelle option graphisme édition publicité Bac STI Arts appliqués, Bac + manaa ou BT Bac - Bac STI Arts appliqués (BTS ou DMA puis DSAA) et de trois niveaux pour les autres baccalauréats (manaa puis BTS ou DMA puis DSAA). Année prépa pour les non titulaire du STI Public Gratuit BTS communication visuelle option multimédia Bac - Bac STI Arts appliqués (BTS ou DMA puis DSAA) et de trois niveaux pour les autres baccalauréats (manaa puis BTS ou DMA puis DSAA). Année prépa pour les non titulaire du STI Public Gratuit BTS communication visuelle option graphisme édition publicité Bac, Bac STI + dossier + 1 année mise à niveau arts appliqués Public Gratuit BTS communication visuelle option multimédia BTS communication visuelle option graphisme édition publicité Bac STI, manaa ou BT dessinateur arts appliqués + entretien Public Gratuit Public Gratuit 61 Bac STI Arts appliqués, Bac + manaa ou BT Bac STI, Bac + manaa ou BT dessinateur maquettiste + dossier tests Bac STI, Bac + manaa ou BT dessinateur maquettiste + dossier tests Bac STI Arts appliqués, BT + dossier + test Bac STI, Bac + manaa ou BT dessinateur arts appliqués Lycée de l'image et du son (LISA) (Angoulême) MCC En région BTS communication Bac STI spé. arts appliqués, autre Bac visuelle option avec manaa en arts appliqués + dossier graphismeédition publicité Public Gratuit BTS communication visuelle option graphismeédition publicité Bac STI spé. arts appliqués, Bac pro communication graphique, Bac + manaa + dossier Public Gratuit BTS communication visuelle option multimédia Bac STI spé. arts appliqués, Bac pro communication graphique, Bac + manaa + dossier Public Gratuit MEN BTS communication visuelle option graphismeédition publicité Bac STI spé. arts appliqués ou manaa en arts appliqués + dossier Public Gratuit Lycée Charles-de-Gaulle (Chaumont 52) MEN BTS communication visuelle option graphisme édition publicité Bac STI spé. arts appliqués, manaa pour les autres bacs + dossier Public Gratuit Lycée Charles-de-Gaulle (Chaumont 52) MEN Bac STI spé. arts appliqués, manaa pour les autres bacs + dossier Public Gratuit Lycée Léonard-de-Vinci (Villefontaine - Grenoble) MEN BTS communication visuelle option multimédia BTS communication visuelle option multimédia BTS communication visuelle option graphismeédition publicité Bac STI spé. arts appliqués, manaa pour les autres bacs + dossier Public Gratuit Public Gratuit BTS communication visuelle option multimédia BTS communication visuelle option graphisme édition publicité Bac technologique STI arts appliqués Public Gratuit Public Gratuit MEN BTS communication visuelle option graphismeédition publicité Bac STI spé. arts appliqués, autre Bac et manaa + dossier + entretien. Public Gratuit MEN BTS communication visuelle option graphisme édition publicité Bac STI spé. arts appliqués, BT dessinateur en arts appliqués + dossier Public Gratuit Lycée de la communication (Metz) MEN BTS communication visuelle option graphisme édition publicité Bac STI arts appliqués ou classe de manaa ou BT arts appliqués+ sélection sur dossier scolaire Public Gratuit Lycée de la communication (Metz) MEN BTS communication visuelle option multimédia Bac STI arts appliqués ou classe de manaa ou BT arts appliqués + sélection sur dossier scolaire Public Gratuit Lycée Jean Monnet (Montpellier) MEN BTS communication visuelle option multimédia Bac STI arts appliqués, manaa pour les autres bacs + dossier Public Gratuit Centre de formation d'appliquésrentis académique (CFA) (Besançon) Centre de formation d'appliquésrentis académique (CFA) (Besançon) Lycée Pasteur (Besançon) MEN MEN Lycée Le Corbusier (Illkirch) MEN Lycée Le Corbusier (Illkirch) MEN Lycée Raymond-Loewy La souterraine - (Limoges) Lycée La MartinièreDiderot (Lyon) Lycée St Exupéry (Marseille) MEN 62 Bac technologique STI arts appliqués Bac STI spé. arts appliqués, manaa pour les autres bacs + dossier Lycée Léonard-de-Vinci (Montaigu Nantes) MEN Lycée Léonard-de-Vinci (Montaigu Nantes) MEN Lycée de la communication Alain-Colas (Nevers) MEN Ecole supérieure des arts appliqués et du textile (ESAAT) (Roubaix) MEN Ecole supérieure des arts appliqués et du textile (ESAAT) (Roubaix) MEN Lycée polyvalent Jeanne d'Arc (Rouen) MEN Lycée des Arènes (Toulouse) MEN BTS communication visuelle option graphisme édition publicité Bac STI spé. arts appliqués, manaa pour les autres bacs + dossier BTS communication visuelle option multimédia BTS communication visuelle option graphismeédition publicité Bac STI spé. arts appliqués, manaa pour les autres bacs + dossier BTS communication visuelle option graphismeédition publicité Bac STI spé. arts appliqués, BT dessinateur en arts appliqués, manaa pour les autres bacs BTS communication visuelle option multimédia BTS communication visuelle option graphisme édition publicité Bac STI spé. arts appliqués, BT dessinateur en arts appliqués, 1 manaa pour les autres bacs Bac STI, spé. arts appliqués, manaa pour les autres bacs + dossier BTS communication visuelle option multimédia Bac STI spé. arts appliqués, manaa pour les autres bacs, BT dessinateur maquettiste + dossier Bac STI spé. arts appliqués ou manaa pour les autres bacs + dossier Public Gratuit Public Gratuit Public Gratuit Public Gratuit Public Gratuit Public Gratuit Public Gratuit Public Gratuit Public Gratuit Public Gratuit Public Gratuit Public Gratuit Formation Bac + 2 - DMA - Diplôme des métiers d'art (NIVEAU III) DMA arts graphiques, option illustration École Estienne ESAIG MEN DMA arts graphiques, option typographie École Estienne ESAIG MEN dossier personnel (20 travaux originaux et diversifiés carnets d'études entretien Débouchés: spécialiste polyvalent pouvant intervenir sur tous les secteurs dossier personnel (20 travaux originaux et diversifiés + carnets d'études entretien Débouchés: emploi de concepteurs-réalisateurs sur toute la chaîne graphique + métier exercé au sein d'une agence ou en indépendant Licence Pro - cycle court en 3 ans MEN Licence pro. infographiste Webdesigner Bac + 2 + dossier et entretien IUT Bobigny - PARIS XIII UFR sciences et techniques (Cergy-Pontoise) Licence pro. infographiste multimédia Bac + 2 + dossier, test, entretien MEN IUT Saint Dié (Nancy) MEN Licence pro design graphique L2 scientifique, MCC, lettres, sciences du langage, LEA, diplômés des beauxarts, BTS, DUT + dossier 63 UFR d'arts et sciences humaines. Univ. Tours en partenariat avec école Brassart IUT - Univ Pierre Mendès France GRENOBLE 2 MEN Licence professionnelle communication visuelle conception graphique et multimédia: existe depuis septembre 2006 associant un établissement Public et une école privée DEUG BTS communication visuelleDUT service des réseaux et des communications DUT information et communication cette license pro se propose de former des futurs graphistes oeuvrant sur des produits imprimés et interactifs Licence pro communication visuelle Bac + 2 ou 5 ans d'expérience professionnelle en info-com : débouchés: assistant web designer+ consultant image+ assistant projet multimédia+ créatif junior+ concepteur -rédacteur MEN Licence pro. Webdesign IUT Mulhouse (CFAU) IUT Chalon sur Saône (univerité - Dijon) Rennes 2 Université (Rennes) Lycée polyvalent Charles de Gaulle (Chaumont) IUT Poitiers MEN Licence pro. conception et création multimédia MEN MEN MEN MEN L2 scientifique, DUT SRC, réseaux et télécommunications, informatique, TC, GEA, GLT, BTS du domaine de l'informatique et du multimédia + dossier L2 sciences et technologies, BTS IRIS, informatique de gestion, infographie, audiovisuel, DUT informatique, réseaux et télécommunications, information, communication, dossier Public Gratuit Public Gratuit Public Gratuit Public Gratuit Public Gratuit Licence pro métiers de l'édition spécialité conception graphique multimédia Bac + 2 Licence pro. Métiers de l'édition option graphisme et édition L2 d'arts, langues, lettres et sciences humaines, DUT, BTS dans les domaines des arts graphiques, de la communication, de l'informatique + dossier, tests, entretien Public Gratuit Licence pro communication création et intégration numérique L2 de communication, arts, spectacle, lettres, DUT information, communication, SRC, BTS en audiovisuel, communication ou équivalent + dossier Public Gratuit DNAT option design graphique - cycle court en 3 ans Diplôme national d'art et technique à finalité professionnelle (il existe 3 specialités : design d'espace design graphique design de produit (NB: nous n'avons traité que la spécialité Design graphique Ecole de l'image ecole supérieure d'art d'Epinal MCC Institut d'arts visuels et de design d'Orléans (IAV) MCC Institut régional d'arts visuels de la Martinique. Fort de France (IRAVM) MCC DNAT design graphique, mention image et narration Concours d'entrée DNAT design graphique Bac ou dérogation spéciale sur dossier) + concours DNAT option design graphique. Bac + concours, dossier de travaux personnels. 64 Public 180€ à 310€ Public 470€ Public 175 € frais inscription Ecole régionale des beaux arts de Valence MCC DNAT option design graphique. Concours d'entrée Ecole nationale des beauxarts de Lyon (ENBA) MCC DNAT options communication visuelle ERBA. Ecole des beauxarts de Caen MCC DNAT design graphique Public 275 € Bac + concours, dossier de travaux personnels. Public 300 € Bac + concours, dossier de travaux personnels. Public 250 € an DNAP ( bac + 3) Diplôme national des arts plastiques à caractère généraliste (il existe 3 specialités: art communication design ( NB: nous avons traité la spécialité Design option graphique et communication ) Ecole sup BA Angers MCC Eesi Angoulême MCC erba.Besancon MCC Ecole des beaux arts de Bordeaux ERBA. Ecole des beauxarts de Caen Ecole supérieure d'arts de Cambrai École supérieure des arts et de la communication de Pau - Esac MCC MCC MCC MCC DNAP Communication DNAP Communication DNAP Communication visuelle DNAP design graphique DNAP option communication Design graphique, multimédia DNAP Design graphique et multimédia bac, concours, dossier Bac + concours, dossier de travaux personnels, entretien. Bac ou équivalent + concours Bac ou équivalent + concours Bac + concours, dossier de travaux personnels. Concours d'entrée Public Public MCC DNAP mention communication concours Ecole sup d'art Le Havre MCC DNAP communication concours DNAP communication Bac ou équivalent + concours + dossier DNAP option communication design graphique Concours d'entrée ESA - École supérieure d'art de Lorient MCC Ecole sup d'art de Metz MCC Le Quai école sup d'arts de Mulhouse MCC ENSA Nancy MCC DNAP Communication Concours d'entrée MCC DNAP option unique art, communication, design Concours d'entrée ERBA Nantes Concours d'entrée 190€ à 513€ Frais 540 € 246 à 505 € frais Public Public 250 € an Public 415€ à 645€ Public 400 à 550 € Public 220€ Bac + concours d'entrée Le Port, école sup des Bx Arts de la Réunion 65 Public Public Public Public n.c 180 à 720 € 310 € à 550 Public 134 € an Public 342 € an Public DSAA (Diplôme supérieur d'arts appliqués ) DIPLOME D'ETAT - BAC + 4 - NIVEAU II École Estienne ESAIG MEN DSAA ATC option création typographique École Estienne ESAIG MEN ENSAAMA Olivier de Serres MEN Lycée des Arènes Toulouse MEN Lycée la Martinière Terreaux LYON MEN École professionnelle supérieure d'arts graphiques et d'architecture de la ville de Paris (EPSAA) ENSAD Ecole Nationale Supérieur des Arts Décoratifs MCC ENSBA Beaux Arts de Paris MCC UFR d'arts plastiques et sciences de l'art (Paris I) MEN Paris VIII Saint-Denis MEN Bac + 2 (titulaire BTS communication visuelle - BTS expression visuelle BTS industrie graphique - DUT info com ) + durée études: 2 ans+ débouchés: poste de assistant directeur de créateur ou chef de projet ou assistant directeur de communication Public sur dossier de travaux personnels + entretien jury + réalisations calligraphiques, typographiques très pertinentes + grande motivation + débouchés: créateur indépendant agences de com, pub, dessin bureau de création Public DSAA Créateur concepteur option communication visuelle BTS AA ou bac + 2 DSAA Créateur conception option communication visuelle DSAA Créateur concepteur option communication visuelle BTS AA ou bac + 2 Diplôme de concepteur en Communication visuelle (RNCP au niveau II) niveau Bac : atelier préparatoire. Niveau BTS communication visuelle pour année post préparatoire. Public Public BTS design d'espace ou communication ou design de produit + dossier et entretien Diplômes d'État - BAC + 5 - NIVEAU I Diplôme d'état de sur concours+ Bac non obligatoire en l'ENSAD de 1ère année, 2ème année : Bac + 1 "concepteur créateur en présélection sur dossier + entretien, arts décoratifs" avec 3ème année : Bac + 2 présélection sur spécification Design dossier + entretien. graphique multimédia etc Public Public et municipale DSAA ATC (arts et techniques de la com) (diplôme sup) Public DNSAP - Diplôme national supérieur d'arts plastiques accès 1ère année sur dossier scolaire et artistique + épreuve + entretien avec jury Public Master pro. multimédia interactif métiers des arts et de la culture, arts et technologie de l'image, information communication + dossier, entretien Public Master Pro création et édition numérique Licence sciences et technologies, sciences de l'information et de la communication, arts, sciences humaines et sociales + dossier, entretien Public 66 Paris VIII Saint-Denis Ecole supérieure des beaux arts d'Angers Ecole Européenne sup de l'image (EESI) Angoulèmes Poitiers Ecole régionale des beaux arts de Besançon MEN Admission M1 : - Licence arts, sciences, informatique, diplôme d'école d'art + dossier, entretien Admission 2 dossier, entretien DNSEP (Diplôme national d'expression plastique) 5 ans option art Concours d'entrée MCC communication arts numériques option Concours d'entrée MCC communication MCC Ecole des beaux arts de Bordeaux ERBA. Ecole des beauxarts de Caen MCC Ecole supérieure d'arts de Cambrai MCC Ecole supérieure d'Arts du Havre MCC Beaux arts de Metz MCC Le Quai école sup d'arts de Mulhouse MCC ensa - Ecole nationale supérieure d'arts de Nancy MCC Ecole régionnale des beaux arts de Nantes Institut d'arts vsuels. Orléans Master pro. arts et technologies de l'image virtuelle MCC option communication Concours d'entrée option design graphique Concours d'entrée option communication option communication Bac + concours, dossier de travaux personnels. Concours d'entrée communication visuelle Concours d'entrée + Bac ou éuivalent option communication Concours d'entrée option design graphique Concours d'entrée option communication Bac ou équivalent + concours d'entrée Art - Communication Design (sans option) option communication Bac + concours d'entrée Bac + concours d'entrée Bac + concours d'entrée Esac - École supérieure des arts et de la communication de Pau MCC Design graphique et multimédia École des Beaux-Arts de Rennes Mention design graphique Bac ou équivalent + dossier + concours MCC Ecole régionale des beaux arts de Saint Etienne option communication visuelle, hypermédia, design Concours d'entrée MCC Arts décoratifs de Strasbourg MCC communication option graphisme Concours d'entrée Ecole supérieure des beaux arts de Toulouse option art, design, communication Concours d'entrée MCC 67 Public Public 177 à 481 € Public n.c 232 à 477 € n.c Public 250€ frais 220 € à 450 € Public Frais 160 € 310 € à 550 € Public 134€ Public 342€ Public Public 400 à 550 € Public 400 à 550 € Public 380 € frais inscription Public 393 € Public 347 € Public 167 € FORMATIONS DU SECTEUR PRIVÉ Ce tableau a été réalisé à partir de plusieurs sources : Site Onisep et brochure Onisep Graphisme & design, Site de l'Etudiant, listes des établissements disponible sur le site du CNAP, liste fournie par DEPS MCC, liste fournie sur le site de la DAP, sites des organismes de formation. Formation Bac + 2 - BTS et certificats professionnels - (NIVEAU III) nom école tutelle nom diplôme - formation conditions d'accès formation privé public Prix indicatif Privé HC 6000 € par an Privé reconnu 6000 € par an Privé reconnu 6000 € par an Académie Grandes Terres (Paris) Certificat de formation professionnelle en graphisme publicitaire niveau Bac formation en 2 ans BTS communication visuelle option graphisme editon publicité Bac STI, Bac + manaa ou BT Autograf (Paris) BTS communication visuelle, option multimedia Bac STI, Bac + manaa ou BT BTS communication visuelle option graphisme édition publicité niveau Bac, dossier + entretien ; un an de mise à niveau pour Bac hors STI Privé HC 4700 € par an BTS communication visuelle option multimedia niveau Bac, dossier + entretien (un an de mise à niveau pour Bac hors STI) Privé HC 4700 € par an CFA privé nc CFA privé nc Autograf (Paris) CEFP (centre européen de formation professionnelle) (Paris) CEFP (centre européen de formation professionnelle) (Paris) CFA métiers de la communication visuelle et du multimédia (Bagnolet) CFA métiers de la communication visuelle et du multimédia (Bagnolet) CIFACOM (93) (Montreuil) CIFACOM (93) (Montreuil) École de Condé (Paris) COPAG (Paris) MEN MEN BTS communication visuelle option graphisme édition publicité Bac techno STI arts app, Bac pro artisanat et métiers d'art option com graphique ou manaa Test positionnement (QCM, rédaction) BTS communication visuelle, option multimedia Bac techno STI arts app, Bac pro artisanat et métiers d'art option com graphique ou manaa Test positionnement (QCM, rédaction) BTS communication visuelle option graphisme editon publicité Bac STI, Bac et manaa ou BT + dossier + tests Privé HC 4600 € par an BTS communication visuelle, option multimedia Bac STI, Bac + manaa ou BT + dossier + tests Privé HC 4600 € par an BTS communication visuelle option graphisme editon publicité BTS communication visuelle option graphisme editon publicité Bac STI, Bac + manaa ou BT Privé HC 6600 € par an Privé HC 5 900 à 6 350 € par an 68 Bac + examen d'entrée COPAG (Paris) EPMC La Ruche (Paris) EPMC La Ruche (Paris) Plus Values - site Paris Est (93) Plus Values - site Paris Est (93) BTS communication visuelle, option multimedia Bac + examen d'entrée BTS communication visuelle option graphisme editon publicité Bac STI, Bac pro communication graphique, manaa ou BT + dossier scolaire + dossier travaux personnels BTS communication visuelle option multimédia Bac STI, Bac pro communication graphique, manaa ou BT + dossier scolaire + dossier travaux personnels BTS communication visuelle option multimédia Bac STI, manaa ou BT tests écrits d'admission BTS communication visuelle option graphisme editon publicité Bac STI, manaa ou BT tests écrits d'admission Privé HC 5 900 à 6 350 € par an Privé HC 6030 € par an Privé HC 6030 € par an Privé HC 4 700 € par an Privé HC 4 700 € par an Privé HC 4790 € par an Privé HC 4790 € par an Privé HC 6000 € par an Privé HC 6000 € par an En region AFIP (Lyon) AFIP (Lyon) Aries (Lyon) Aries (Lyon) Arts appliqués Bellecour (Lyon) CCOM Ecole en com, graphisme et multimédia (Roubaix) Centre de formation Celony (Aix en Provence) Créasud (Bordeaux) CCI Arts appliqués Bellecour (Lyon) BTS communication visuelle, option graphisme, édition, publicité OUVERTURE PREVUE POUR SEPTEMBRE 2009 BTS communication visuelle, option multimedia OUVERTURE PREVUE POUR SEPTEMBRE 2009 BTS communication visuelle, option multimedia Bac STI spé arts appliqués, BT dessinateur maquettiste ou manaa pour les autres bacs + dossier artistique, dossier scolaire, entretien BTS communication visuelle, option graphisme, édition, publicité Bac STI spé arts appliqués, BT dessinateur maquettiste ou manaa pour les autres bacs + dossier artistique, dossier scolaire, entretien BTS communication visuelle, option graphisme, édition, publicité Bac + manaa ou Bac arts appliqués + dossier + entretien Privé HC 5900 € par an BTS communication visuelle, option multimedia Bac + manaa ou Bac arts appliqués + dossier + entretien Privé HC 5900 € par an Titre certifié graphisteinfographiste certifié par le RNCP niveau III Bac STI ou autre Bac + dossier artistique + tests (formation en 3 ans) Consulaire 4500 € par an BTS communication visuelle option multimédia Bac + dossier et entretien Privé HC 3600 € par an BTS communication visuelle, option graphisme, édition, publicité Bac + manaa ou Bac arts appliqués + dossier et entretien Privé HC 4620 € par an 69 EAA - école d'arts appliqués (Poitiers) EAA - école supérieure d'arts appliqués (Troyes) Ecole de Condé (Lyon) Ecole de Condé (Lyon) Ecole de Condé arts appliqués (Nancy) CFA de la bourse du travail, antenne rue Duverger (Marseille) ECRAN, Groupe campus de Bissy écoles (Mérignac) ECRAN, Groupe campus de Bissy écoles (Mérignac) MEN Certificat en communication visuelle Bac STI ou autre Bac + concours (formation en 3 ans) BTS communication visuelle, option graphisme, édition, publicité Privé 4750 € par an Bac STI arts appliqués, BT dessinateur maquettiste ou une manaa + dossier artistique, dossier scolaire, entretien Privé HC nc BTS communication visuelle, option graphisme, édition, publicité Bac STI arts appliqués, BT dessinateur maquettiste ou une manaa + dossier artistique, dossier scolaire, entretien Privé HC 6000 € par an BTS communication visuelle, option multimedia Bac STI arts appliqués, BT dessinateur maquettiste ou une manaa + dossier artistique, dossier scolaire, entretien Privé HC 6000 € par an BTS communication visuelle, option multimedia Niveau Bac STI spé arts appliqués, BT dessinateur en arts appliqués, autres Bacs avec manaa + dossier + entretien Privé HC 5500 € par an BTS communication visuelle, option graphisme, édition, publicité Bac pro communication visuelle Privé SC nc BTS communication visuelle, option graphisme, édition, publicité Bac STI spé arts appliqués,Bac pro communication graphique, BT dessin manaa + dossier, travaux personnels, entretien Privé HC 5200 € par an BTS communication visuelle, option multimedia Bac STI spé arts appliqués,Bac pro communication graphique, BT dessin manaa + dossier, travaux personnels, entretien Bac technique STI (arts app), Bac général entretien + concours; non Bacheliers: entretien + concours Privé HC 5200 € par an Privé HC 4100 € par an à 4300 par an BTS communication visuelle EEGP (Angers) Efficom Nord, Groupe Sciences-U (Lille) Efficom Nord, Groupe Sciences-U (Lille) Esma Ecole supérieure des métiers artistiques (Montpellier) Esma Ecole supérieure des métiers artistiques (Toulouse) Esma Ecole supérieure des métiers artistiques (Toulouse) BTS communication visuelle, option graphisme, édition, publicité Bac L spé arts plastiques, STI spé arts appliqués, préparation à l'entrée aux écoles d'art + dossier, épreuve graphique, tests de MCC artistique, entretien Privé HC 3500 € par an BTS communication visuelle, option multimedia Bac L spé arts plastiques, STI spé arts appliqués, préparation à l'entrée aux écoles d'art + dossier, épreuve graphique, tests de MCC artistique, entretien Privé HC 4000 € par an BTS communication visuelle, option multimedia Bac STI spé arts appliqués, manaa pour les autres bacs + dossier Privé HC 4450 € par an BTS communication visuelle, option graphisme, édition, publicité Bac STI spé arts appliqués, manaa pour les autres bacs + dossier Privé HC 4450 € par an BTS communication visuelle, option multimedia Bac STI spé arts appliqués, manaa pour les autres bacs + dossier Privé HC 4450 € par an 70 Ecole des techniques de l'image de communication - ETIC (Blois) BTS communication visuelle, option graphisme, édition, publicité Bac STI, manaa + concours Ecole Faugier Hays (Grenoble) BTS communication visuelle, option graphisme, édition, publicité Ecole Faugier (Grenoble) Institut de formation fleuriste, décorateur, étalagiste, commerce IFFDEC - (Rennes) ILEC (Nice) ILEC (Nice) Lycée l'Initiative (Paris) MEN ISM (Laval) ISM (Laval) Privé HC 4500 € par an Bac STI spé arts appliqués, manaa pour les autres bacs + dossier Privé HC 4050 € par an BTS communication visuelle, option multimedia Bac STI spé arts appliqués, manaa pour les autres bacs + dossier Privé HC 4050 € par an BTS communication visuelle, option graphisme, édition, publicité Bac STI spé arts appliqués, L option arts plastiques, classe préparatoire en arts appliqués + dossier + entretien Privé HC 5750 € par an BTS communication visuelle, option graphisme, édition, publicité Bac STI spé arts appliqués de préférence, manaa, BT + dossier, tests, entretien Privé HC 4800 € par an BTS communication visuelle option multimédia Bac STI spé arts appliqués de préférence, manaa, BT + dossier, tests, entretien Privé HC 4800 € par an BTS communication visuelle option multimédia Bac STI spé arts appliqués de préférence, manaa, BT + dossier, tests, entretien Privé SC n.c. BTS communication visuelle, option graphisme, édition, publicité Bac STI; Bac pro communication graphique; BT arts appliqués; diplôme équivalent; dossier + entretien éventuel Privé SC n.c. BTS communication visuelle option multimédia Bac STI spé arts appliqués de préférence, manaa, BT + dossier, tests, entretien Bac STI; Bac pro communication graphique; BT arts appliqués; diplôme équivalent; dossier + entretien éventuel Privé SC n.c. Privé SC 1500 € par an Privé SC 1500 € par an Privé HC 4200 € par an Privé HC 4125 € par an Privé HC 6600 € par an Privé HC 2250 € par an Privé HC 3960 € par an Institut Saint-Vincentde-Paul (ISV) (Loos) MEN BTS communication visuelle, option graphisme, édition, publicité Institut Saint-Vincentde-Paul (ISV) (Loos) MEN BTS communication visuelle, option multimedia Bac + dossier + entretien éventuel BTS communication visuelle, option graphisme, édition, publicité Bac STI spé arts appliqués ou manaa pour les autres Bacs, tests, entretien, book IPESAA (Montpellier) BTS Communication Visuelle option graphisme-éditionpublicité Bac + manaa LIMA (Bordeaux) BTS Communication Visuelle option graphisme-éditionpublicité Bac + manaa BTS communication visuelle, option graphisme, édition, publicité Bac STI spé arts appliqués, BT dessinateur maquettiste ou niveau Bac et mise à niveau en arts appliqués + dossier + entretien BTS communication visuelle, option graphisme, édition, publicité Bac + dossier, tests, entretien Institut de développement et d'enseignement méditerranéen (Le Soler) Ecole Kienz (Marcq-en-Bareuil) Cours Renaissance (Toulon) 71 BTS communication visuelle, option graphisme, édition, publicité Bac STI spé arts appliqués, L option arts plastiques, classe préparatoire en arts appliqués + dossier + entretien BTS communication visuelle option multimédia Bac STI spé arts appliqués ou autres Bacs et manaa + dossier + entretien L'Institut supérieur des arts appliqués (LISAA) (Strasbourg) BTS communication visuelle, option graphisme, édition, publicité Bac STI spé arts appliqués ou Bac et manaa + dossier scolaire, dossier artistique, entretien Studio M (Lyon) BTS communication visuelle, option graphisme, édition, publicité Studio M (Lyon) Lisaa (Rennes) Privé HC 5990 € par an Privé SC 1360 € par an Privé HC 5850 € par an Bac arts appliqués ou manaa ou BT dessin ou Bac pro dessin ou Bac + dossier dessin Privé HC 4650 € par an Certificat supérieur professionnel Concepteur réalisateur infoggraphie et multimédia (CRIM) Bac arts appliqués ou manaa ou BT dessin ou Bac pro dessin ou Bac + dossier dessin. Durée formation : 2 ans - formation plus technique que le BTS Privé HC 4700 € par an Studio M (Marseille) BTS communication visuelle, option graphisme, édition, publicité Bac arts appliqués ou manaa ou BT dessin ou Bac pro dessin ou Bac + dossier dessin Privé HC 4650 € par an Studio M (Marseille) Certificat supérieur professionnel Concepteur réamisateur infoggraphie et multimédia (CRIM) Bac arts appliqués ou manaa ou BT dessin ou Bac pro dessin ou Bac + dossier dessin durée formation : 2 ans formation plus technique que le BTS Privé HC 4700 € par an BTS communication visuelle, option graphisme, édition, publicité Bac arts appliqués ou manaa u BT dessin ou Bac pro dessin ou Bac + dossier dessin Privé HC 4650 € par an Certificat supérieur professionnel Concepteur réalisateur infoggraphie et multimédia (CRIM) Bac arts appliqués ou manaa ou BT dessin ou Bac pro dessin ou Bac + dossier dessin. Durée formation : 2 ans formation plus technique que le BTS Privé HC 4700 € par an BTS communication visuelle, option graphisme, édition, publicité Bac arts appliqués ou manaa u BT dessin ou Bac pro dessin ou Bac + dossier dessin Privé HC 4650 € par an BTS communication visuelle option multimédia Bac arts appliqués ou manaa u BT dessin ou Bac pro dessin ou Bac + dossier dessin Privé HC 5250 € par an Certificat supérieur professionnel Concepteur réamisateur infoggraphie et multimédia (CRIM) Bac arts appliqués ou manaa ou BT dessin ou Bac pro dessin ou Bac + dossier dessin (durée formation : 2 ans - formation plus technique que le BTS) Privé HC 4700 € par an BTS communication visuelle, option graphisme, édition, publicité Bac STI spé arts appliqués, manaa pour les autres bacs + dossier Privé SC 607 € par an BTS communication visuelle option multimédia Bac STI spé arts appliqués, manaa pour les autres bacs + dossier Privé SC 607 € par an Lycée de la communication SaintGéraud (Aurillac) MEN Studio M (Montpellier) Studio M (Montpellier) Studio M (Touiouse) Studio M (Touiouse) Studio M (Touiouse) Lycée Le Paraclet (Quimper) MEN Lycée Le Paraclet (Quimper) MEN 72 Ecole Presqu'île (Lyon) Privé HC 5650 € par an BTS communication visuelle, option graphisme, édition, publicité Niveau Bac, 18 ans minimum, manaa + dossier travaux personnels, examen Privé HC 5200 € par an Lycée Saint-Joseph-lesMaristes (Marseille) MEN BTS communication visuelle, option graphisme, édition, publicité Bac STI spé arts appliqués, manaa pour les autres bacs Privé SC 1500 € par an Lycée des métiers St Vincent de Paul (Soissons) MEN BTS communication visuelle, option graphisme, édition, publicité Bac STI arts appliqués, Bacs autres séries manaa + dossier Privé SC 755 € par an CCI Niveau Bac STI spé arts appliqués, un an de mise à niveau pour les autres bacs + dossier artistique, entretien BTS communication visuelle, option graphisme, édition, publicité Bac sti dossier, Bac + manaa dossier consulaire 1230 € par an CCI Pro Artigraph (Nice) BTS communication visuelle, option graphisme, édition, publicité BTS communication visuelle option multimédia Bac sti dossier, Bac + manaa dossier consulaire 1230 € par an Institut Univeria (Grenoble) BTS communication visuelle option multimédia Bac ou équivalent + dossier Privé HC 4690 € par an Wesford (Grenoble) BTS communication visuelle, option graphisme, édition, publicité Bac STI spé arts appliqués, autres bacs (manaa) + dossier Privé HC 4200 € par an Privé HC cursus complet: 20550 € Privé HC 6000 € par an Privé HC cursus complet : 19000 € Privé HC 4500 € par an Lycée Tourrache (Toulon) Lycée Tourrache (Toulon) Communication visuelle NIVEAU Bac + 3 SECTEUR PRIVE ACADÉMIE CHARPENTIER (Paris) Certificat de communication visuelle niveau bac + manaa ; durée formation: 3 ans diplôme concepteur en comm visuelle niveau Bac + dossier personnel : la classe prépa n'est pas obligatoire; le cursus se déroule sur 3 ou 4 ans, la 4ème année étant une spécialisation en animation ou storyboard une demande d'homologation en niveau II est en cours ATEP (Paris) EEGP école européenne de Graphisme publicitaire (Angers) Edexcel (Europe + Ministère anglais) Axe sud Ecole sup d'arts graphiques et de com visuelle (Toulouse) formation "concepteur designer graphique" de niveau II homologuée RNCP niveau bac et manaa dossier personnel HND (Higher National Diploma in Graphic Design) formation européenne niveau Bac + dossie (diplôme basé sur un référentiel anglais certains cours sont dispensés en anglais. La poursuite d'études dans le monde anglo-saxon est possible puisque aussi bien en GB qu'aux USA le HND correspond à un niveau BTS DUT. Enseignement basé sur des modules 73 certificat CVM (communication visuelle multimédia) certificat de spécialisation Sur dossier + épreuve titulaire Bac Design graphique et motion design Bac + 2 Cycle supérieur aux métiers de la communication visuelle Privé HC cursus complet: 23100 € consulaire 3 000€ 17 ans minimum, niveau terminale, plus entretien et dossier, puis Lab 1 Lab 2 Lab 3 Privé HC cursus complet: 21450 € Cycle supérieur aux métiers de la communication visuelle 17 ans minimum, niveau terminale, plus entretien et dossier, puis Lab 1 Lab 2 Lab 3 Privé HC cursus complet: 21450 € Certificat supérieur de Formation professionnelle Graphisme publicitaire pas d'enseignement général; 3 ans d'étude; certificat qui donne un niveau Bac +3; (commission OPQF); demande d'homologation en cours auprès Min du travail suite refus MCC Privé HC 6250 € par an MJM graphic Design (Rennes) Certificat en graphisme édition et presse niveau Bac + dossier + entretien Privé HC 4840 € par an MJM graphic Design (Rennes) Certificat en graphisme multimédia niveau Bac + dossier + entretien Privé HC 4840 € par an MJM graphic Design (Strasbourg) Certificat supérieur de Formation professionnelle Graphisme publicitaire niveau Bac + dossier + entretien Privé HC 4840 € par an MJM Graphic design (Nice) Certificat supérieur de Formation professionnelle Graphisme publicitaire niveau Bac + dossier+entretien Privé HC 4840 € par an 3ème cycle Infographiste publicité multimédia BTS ou niveau BTS; formation en alternance Privé HC 5650 € par an privé HC 5650 € par an 5980 € par an 6500 € par an Privé reconnu 22 800 € cursus complet Créapole ESDI (Paris) Ecole de l'Image Les Gobelins (Paris) École IntuitLab (Aix en Provence) École IntuitLab (Paris) MJM graphic Design (Paris) Ecole Presqu'île (Lyon) CCIP Communication visuelle Niveau Bac + 4 (Secteur Privé) diplôme de concepteur designer graphique (homologué RNCP- niveau II) niveau Bac + manaa + dossier personnel Diplôme dessinateur concepteur option infographie multimédia (homologué RNCP niveau II) Bac + dossier artistique + entretien Durée formation 4 ans ECV (Aix en Provence) Certificat supérieur de communication visuelle Bac + 4 Niveau Bac 17 ans minimum 1 an atelier préparatoire puis ECV 1 ECV 2 ECV 3 Privée ECV (Bordeaux) Certificat supérieur de communication visuelle Bac + 4 Niveau Bac 17 ans minimum 1 an atelier préparatoire puis ECV 1 ECV 2 ECV 3 Privée Axe sud Ecole sup d'arts graphiques et de com visuelle (Toulouse) École Émile Cohl (Lyon) 74 4 900 610 € à6 par an 4 900 à 610 € an 6 par ECV (Nantes) Certificat supérieur de communication visuelle Bac + 4 Niveau Bac 17 ans minimum 1 an atelier préparatoire puis ECV 1 ECV 2 ECV 3 Privée 4 900 à 610 € an 6 par ECV (Paris) Certificat supérieur de communication visuelle Bac+ 4 Niveau Bac 17 ans minimum 1 an atelier préparatoire puis ECV 1 ECV 2 ECV 3 Privée 4 900 à 610 € an 6 par Graphiste concepteur - DA sur concours et niveau Bac + 1 année prépa obligatoire + dossier personnel ; formation sur 4 ans Privé HC 9120 € par an ESAG Penninghen (Paris) MEN ESAT COM (école sup des arts et techniques) (Paris) ESAT COM (école sup des arts et techniques) (Paris) École IntuitLab (Paris) Isart digital (Paris) Isart digital (Paris) Lisaa (Paris) École d'Art Maryse Éloy (Paris) SupCréa (Grenoble) MCC Spécialisation professionnelle Communication visuelle Bac ou niveau Bac + dossier artistique personnel Privé HC 6360 € par an Spécialisation professionnelle designer graphique Multimédia Bac ou niveau Bac + dossier artistique personnel Privé HC 6360 € par an Formation de concepteur communication visuelle Bac +3 en communication visuelle, design graphique ou équivalent + dossier Privé HC 7150 € par an Diplôme Game Designer (homologué RNCP niveau II) Niveau Bac ou Bac + dossier + entretien + concours (Durée formation 2 ans) Privé HC cursus complet: 11800 € Diplôme infographiste multimédia 3D Niveau Bac ou Bac + dossier + entretien + concours (Durée formation 3 ans) Privé HC cursus complet: 17400 € Titre de concepteur design graphique (cf répertoire des certifications prof; inscrit au JO février 2008) homologué niveau II Bac STI arts appliqués + entretien ou Bac + manaa Privé reconnu MCC 7120 € par an Diplôme de concepteur en communication visuelle homologué par l'état Bac ou équivalent + dossier personnel Privé reconnu cursus complet : 26495 € Diplôme de design graphique Bac STI AA ou manaa + test + dossier personnel Privé HC 4600 € par an Privé cursus complet: 34350 € Privé reconnu 5000 € par an Formation Niveau Bac + 5 (Secteur Privé) ACADÉMIE CHARPENTIER (Paris) Autograf (Paris) Arts appliqués Bellecour (Lyon) Créapole ESDI (Paris) communication visuelle : magistere diplôme de l'école en 4 ans niveau Bac + dossier personnel + année préparatoire (une demande d'homologation MEN est en cours) diplôme d'école "master création graphique" BTS DMA + présentation book Certificat d'école "Master communication visuelle" BTS ou équivalent, dossier, licence artistique privé HC cursus complet: 10000 € diplôme d'école: master concepteur créateur bac + 3 ou diplôme Créapole. Dossier et travaux personnels. Master en 2 ans Privé HC cursus complet: 13000 € 75 École IntuitLab (Paris) Supinfocom (Arles) Supinfocom (Aulnoy-lesValenciennes) CCI CCI Master Direction artistique en design et communication visuelle Bac + 4 min en design et com visuelle et ou expérience jugée équivalente + présentation d'un book Cycle préparatoire aux études supérieures de réalisation numérique suivi d'une formation Réalisateur numérique Homologué RNCP niveau I Bac + concours ou Bac + 2 (durée du cycle préparatoire 2 ans, réalisateur numérique 3 ans) Débouchées infographiste et professionnel de la réalisation numérique pour des sociétés productions ou post productions audiovisuelles Cycle préparatoire aux études supérieures de réalisation numérique suivi d'une formation Réalisateur numérique Homologué RNCP niveau I Bac + concours ou Bac + 2 (durée du cycle préparatoire 2 an, réalisateur numérique 3 ans) Débouchés infographiste et professionnel de la réalisation numérique pour des sociétés productions ou post productions audiovisuelles 76 Privé HC cursus complet: 21450 € consulaire 11 000 € : 2 ans 20 000 € : 3 ans consulaire 11 000 € : 2 ans 20 000 € : 3 ans TAUX DE RÉUSSITE POUR LES BTS COMMUNICATION VISUELLE OPTION GRAPHISME EDITION PUBLICITE (MEN) Nom établissement Public/ Privé Présents Admis Taux de réussite Lycée Thuillier / Amiens LPO St Geraud / Aurillac Lycée Image et son / Angoulême CFA /Bagnolet CFA / Besançon Lycée Pasteur / Besançon Ecole des Tech. de comm. (Blois) Ecole privée LIMA / Bordeaux Créasud / Bordeaux Lycée Charles de Gaulle / Chaumont Institut Univeria / Grenoble Ecole Westford / Grenoble Lycée Loewy / La Souterraine ISM / Laval Lycée Le Corbusier / Illkirch Efficom Nord (Lille) Institut St Vincent de Paul/ Loos Arts Appliqués Bellecour (Lyon) Ecole Presqu’île / Lyon Ecole La Martinière /Lyon Ecole de Condé (Lyon) Studio M/ Marseille Ecole Kientz / Marcq en Bareuil CFA Bourse du Travail/ Marseille Lycée St Joseph les Maristes / Marseille Lycée St Exupéry / Marseille ECRAN /Mérignac Studio M/ Marseille Lycée de la communication / Metz LPO Léonard de Vinci / Montaigu IPESAA/ Montpellier ESMA / Montpellier Cifacom/Montreuil Lycée Cotton/Montreuil Plus Values / Montreuil /site Paris est Ecole de Condé arts appliqués (Nancy) Institut Lisaa / Nantes Lycée Colas / Nevers Pro Artigraph / Nice Lycée Le Paraclet / Quimper PU PR PU PU PU PU PR HC PR PR PU PR PR PU PR HC PU PR HC PR SC PR HC PR HC PU PR HC PR HC PR HC PR PR SC PU PR HC PU PR PR PR PU PR HC PR HC PR PR SC 77 17 18 11 18 6 27 18 8 17 15 n.c. n.c. 12 44 11 11 6 6 16 15 16 7 n.c. 2 17 15 15 6 n.c. 24 7 21 24 13 n.c. 14 44 16 n.c. 19 12 10 10 10 2 26 10 2 7 15 n.c. n.c. 10 29 9 2 3 4 4 4 13 2 n.c. 0 11 12 5 0 n.c. 23 1 14 4 11 n.c. 10 29 14 n.c. 14 70,60% 55,60% 90,90% 55,60% 33,30% 96,30% 56% 25% 41% 100% n.c. n.c. 83,30% 66% 81,80% 18% 50% 67% 25% 93,30% 81% 29% n.c. 0% 64,70 80% 33,30% 0% n.c. 95,80% 14,30% 67% 16,70% 84,60% n.c. 71% 65,90% 87,50% n.c. 73,10% Ecole supérieure AAT/Roubaix Lycée Estienne / Paris Lycée Arts appliqués / Paris Autograf / Paris Lycée Duperré Esaa / Paris Copag / Paris Ecole de Condé (Paris) Lycée Renoir / Paris Efficom / Paris EPCM La Ruche / Paris CEFP /Paris Lisaa / Rennes ESAAT / Roubaix Lycée Jeanne d’Arc / Rouen Lycée Vernant / Sèvres Institut de dévelopt et d’ens. Médit./ Le Soler Lycée St Vincent de Paul Cours Renaissance / Toulon Lycée Tourrache /Toulon Lycée des Arènes / Toulouse Ecole supérieure d’arts appliqués / Troyes PU PU PU PRreconnu PU PR HC PR PU PR PR PR HC PR PU PU PU PR HC PR SC PR consulaire PR HC 15 26 23 n.c. 24 n.c. 25 16 42 14 26 23 n.c. 23 n.c. 17 15 14 20 n.c. 15 18 23 13 2 n.c. 14 15 22 5 4 n.c. 15 23 0 n.c. 14 7 93,3% 100% 100% n.c. 95,80% n.c. 68% 93,80% 33,30% 35% 10% n.c. 93% 83,30% 95,70% 38% n.c. 0% n.c. 93,30% 30,40% Les taux de réussite aux BTS (session 2007 – Publication sur le site de L’Etudiant) sont établis d’après les données fournies par le MEN, Section DEEP – mais restreint aux établissements ayant présenté plus de 5 candidats à l’examen (www.letudiant.fr/etudes/etudes---palmares/palmares-2008-des-bts.html) 78 TAUX DE RÉUSSITE POUR LES BTS COMMUNICATION VISUELLE OPTION MULTIMEDIA (MEN) Nom établissement Présents Admis Taux de réussite Celony / Aix en Provence LPO St Geraud / Aurillac CFA /Bagnolet Lycée Jacques Prévert / Boulogne Billancourt Lycée Charles de Gaulle / Chaumont Léonard de Vinci/Villefontaine - Grenoble Lycée Le Corbusier / Illkirch ISM / Laval Institut St Vincent de Paul/ Loos Arts Appliqués Bellecour (Lyon) Ecole de Condé (Lyon) ECRAN /Mérignac LPO Léonard de Vinci / Montaigu Lycée Jean Monnet/ Montpellier ESMA / Montpellier Cifacom/Montreuil Lycée Cotton/Montreuil Plus Values / Montreuil /site Paris est Lycée Estienne / Paris Lycée Arts appliqués O.de Serres / Paris Lycée technique l’Initiative / Paris CEFP /Paris Lycée Le Paraclet / Quimper Ecole supérieure AAT/Roubaix Lycée technique privé (CCI) / Toulon 17 11 12 16 19 18 14 14 8 6 19 2 n.c. 28 11 10 11 n.c. 12 13 18 PR HC 16 14 12 PR HC PR HC PR PR HC PU PU PR HC PR HC PU PR HC 4 6 2 15 15 18 11 7 3 4 12 1 n.c. 16 5 0 8 n.c. 11 12 1 n.c. 7 11 6 23,50% 54,60% 16,70% 93,80% 78,90% 100% 78,60% 50% 27,50% 67% 63% 50% n.c. 57,10% 45% 0% 72,70% n.c. 91,70% 92,30% 5,60% n.c. 43,80% 78,60% 50% Se distinguent de ce palmarès les trois écoles d’art parisiennes : Ensaama Olivier de Serres, l’École Estienne ESAIG, toutes deux sous tutelle du MEN et l’École supérieure des arts appliqués Duperré, sous tutelle du MCC. 79