SYNTHESE 29-09.pub - Chambre Régionale d`Agriculture des Pays

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SYNTHESE 29-09.pub - Chambre Régionale d`Agriculture des Pays
Les enjeux pour l’agriculture et l’agroalimentaire
Organisation économique des filières animales ligériennes
Organisation économique des
filières animales ligériennes
Les enjeux pour l’agriculture et l’agroalimentaire
Actes de la conférence débat
Jeudi 29 octobre 2009
Pôle Economie
et Prospective
Conférence-débat du 29 octobre 2009
2
Etat des lieux et problématiques
des filières animales ligériennes
Intervention du Pôle Economie et Prospective
des Chambres d’agriculture des Pays de la Loire
3
Conférence-débat du 29 octobre 2009
La filière ovine
Filière Viande bovine
La production
Les Pays de la Loire sont la 1re
région française et une région
leader en Europe pour le niveau et
la densité de sa production de
viande bovine. Le nombre d’exploitations concernées par cette production est considérable : (plus de
23 000 détenteurs de bovins identifiés) et les systèmes pratiqués sont
très variés, offrant une gamme étendue de produits à la filière en croisant races, sexes et âges à l’abattage des animaux. La production de
viande rouge issue de ces exploitations est estimée à 228 000 tonnes
(17,4 % de la production nationale),
fournies par 625 000 bovins, abattus pour la plupart dans la région ou
à proximité.
447
208
172
383
146
210
373
178
174 27
113
261
189
271
221
207
200
135 23
1
15
142
105
189
79
149
85
105
260
160
69
82
101
17
7 8 15
18
67
94
49
108
132
39
100
53
5
39
191
292
72
337
45
54 58
198
112
122
80
60
54
397
148
135
111
103
255
41
111
48
201
160
24
5 2
4 19
18
97
61
177
103
97
81
65
108
158
71
86
195
79
95
210
133
160
149
47
7 15
162
72
3 5
93
165
130
248
101
257
160
152
240
93
76
181
1991
314
248
93
41 2
172
93
67
47 13
245
121
129
193
329
113
137
128
68
174
172
173
9
90
169
301
499
339
79
210
224 14
280
72
162
67
213
Répartition cantonale des
exploitations bovines ligériennes
8
3
46
37
223
285
210
89
246
135
278
170
46
168
44
174
94
154
334
176
47
Nombre d'exploitations
391
180
85
130
66
71
55
moins de 100
100 à 149
78
107
150 à 249
250 et plus
92
Source : Réseaux d’élevage PdL Deux-Sèvres d’après DRAF-DDAF
A cela s’ajoutent une production de veaux de boucherie fournissant 15 % de la production nationale
(27 000 tonnes de viande et 227 000 veaux) et les sorties d’animaux vivants hors région (broutards et
reproducteurs).
Les productions sont réparties sur l’ensemble du territoire. La densité d’élevages est faible dans les communes péri-urbaines et dans les secteurs propices aux céréales, mais l’orientation bovine est très dominante dans les zones humides où elle est parfois la seule activité agricole permettant une mise en valeur
des territoires.
Les opérateurs d’aval
Dans la filière viande bovine,
l’aval se structure naturellement
autour des abattoirs. La région
s’est dotée d’abattoirs industriels
gérés par des grosses entreprises depuis déjà plusieurs décennies. Ils sont aujourd’hui pilotés
par des structures devenues des
groupes importants, avec une
implantation nationale : Terrena
(Soviba le Lion-d’Angers), Socopa (Chérré, La Roche-sur-Yon,
La
Chataigneraie),
Charal
(Cholet et Sablé-sur-Sarthe). Un
autre groupe national abat beaucoup d’animaux issus de la
région, la groupe SVA (Vitré ;
35). Une société familiale s’est
tout de même fait une place localement :
la
société
Viol
(Châteaubriant).
4
Conférence-débat du 29 octobre 2009
La filière ovine
Filière Viande bovine
En aval de ces activités de gros abattages, la plupart de ces groupes continuent à développer des activités
de transformation, soit sur le site même (à Cholet, Chérré ou Châteaubriant), soit à proximité (SaintSylvain-d’Anjou près du Lion-d’Angers). Quelques autres sociétés font de la transformation, ou du conditionnement, de viande bovine, mais elles restent de taille très modeste, ou travaillent aussi d’autres viandes (souvent le porc).
D’autres acteurs opèrent en aval pour la commercialisation des viandes, en carcasse ou piécées, mais
sans s’investir dans la transformation. Dans ce secteur la société JBO, détenue conjointement par Socopa
et Terrena-viandes, donc par les principales coopératives de la région, est l’acteur majeur de l’exportation
de carcasses de jeunes bovins vers l’Italie et la Grèce, principaux acheteurs européens.
Les petites structures d’abattage qui ont réussi à se maintenir sont peu nombreuses : elles concentrent les
activités de cheville du groupe Terrena-viandes (Scabev aux Herbiers, Privileg à Laval), ou sont pilotées
par des opérateurs présents sur des marchés de niche comme celui des viandes de qualité (VLV et Bichon
à Challans) ou sur des marchés de proximité (Craon, Pré-en-pail).
La collecte des animaux
L’acheminement des animaux vers les abatteurs est traditionnellement la tâche des négociants de
bestiaux. Si la profession s’est organisée en groupements de producteurs, notamment pour grouper l’offre
et la régulariser, les négociants ont cependant conservé environ 60 % de la collecte. Sur la région, on a
comptabilisé 115 sociétés de négoce ayant déclaré plus d’un million d’euros de chiffre d’affaires en
2007/2008, et au moins autant d’affaires plus petites. La concentration qui s’opère aussi dans ce secteur
fait émerger quelques grosses sociétés de négoce, (16 font plus de 10 millions d’euros de chiffre d’affaires) dont certaines se distinguent par les alliances conclues avec d’autres opérateurs de la filière.
La part de production commercialisée par les groupements de producteurs est surtout importante en jeunes bovins (59 % en 2007). 5 groupements (ou unions de groupements) ont leur siège dans la région
(Terr’élevage à Villedieu-la-Blouaire, GEO à Pouzauges, Cavac à La Roche/Yon, CAM à Laval, Covia à
Challans). Un sixième groupement est très actif sur le nord de la région : Agrial à Caen (14).
N.B. : Un autre groupement de producteurs de bovins est de la région, le CEVAP, mais sa reconnaissance
se limite au secteur des veaux de boucherie.
Les restructurations
La restructuration du secteur s’est brutalement accélérée en 2007 avec la reprise de Charal par la société
Bigard, puis en 2008 par le rapprochement du nouveau groupe Bigard avec la coopérative Socopa. Ce
nouvel ensemble, baptisé Socopa viandes et basé à Quimperlé (29) pèse très lourd au niveau national
avec 50 % des abattages de bovins. En aval, il occupe une place de leader indiscutable sur plusieurs
produits (élaborés frais et cuits, viandes marinées, brochettes) et détient plusieurs des plus grandes marques (Bigard, Charal, ValtéroL). En Pays de Loire, il est aussi le plus gros opérateur en viande bovine,
malgré la présence des deux autres groupes désormais d’envergure nationale (Terrena viandes et SVA).
L’aval de la production reste marqué par les investissements que réalisent les plus gros abatteurs pour
transformer le maximum des carcasses en morceaux directement utilisables par le consommateur (UVCI).
En amont, les rapprochements sont nombreux et prennent des formes diverses. L’évolution de Ter’élevage
en est une bonne illustration. C’est le rapprochement sous une direction unique de plusieurs coopératives
et groupements de producteurs opérant sur plusieurs régions (Pays de la Loire, Bretagne, Normandie et
Poitou-Charente) et associant même la production ovine. Dans cette union des groupements conservent
leur identité (Gerap), d’autres fusionnent, comme par exemple Arco et Gibev, devenus Arco en mai 2009.
Cet ensemble est en mesure d’établir des liens privilégiés avec Soviba, JBO et Scabev, via le groupe Terrena viandes.
Plus récemment, la fusion entre Agrial et Union Set a fait d’Agrial un groupement couvrant 3 régions également.
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Conférence-débat du 29 octobre 2009
La filière ovine
Filière Viande bovine
Les enjeux
Parallèlement à ces restructurations, le secteur est marqué par des évolutions tendancielles lourdes et
qui peuvent parfois paraître paradoxales :
• La consommation de viande bovine en France comme en Europe baisse régulièrement et cette
baisse tend à s’accélérer encore en période de crise.
• La préparation des viandes à la vente s’opère de plus en plus sur sites dédiés, loin des lieux de distribution. Cette évolution va de pair avec le déclin des métiers de boucherie.
• L’évolution du cheptel tend au maintien du troupeau allaitant de races spécialisées et à la baisse du
troupeau laitier (gains de productivité), amenant sur le marché une part croissante de viandes dites
nobles, insuffisamment valorisées par les nouveaux modes de commercialisation.
La constitution récente du groupe Socopa viandes, devenu quasiment incontournable au sein de la
filière, laisse encore des questions sans réponse :
• La capacité de négociation avec la grande distribution.
• Le juste retour d’une part du résultat jusqu’aux producteurs.
• La transparence des pratiques et des prix.
La politique d’investissements qui sera décidée sera aussi surveillée par les partisans des filières de
qualité certes, mais plus généralement par les autres acteurs de la filière bovine, qui pourraient craindre
que les choix se portent carrément sur d’autres filières.
Si les restructurations sont rapides dans l’industrie des viandes, elles sont plus lentes dans les élevages
et surtout dans les outils de collecte des animaux auprès des exploitants. Le contraste est saisissant
entre la diversité des produits issus des élevages, l’empirisme parfois des méthodes de ramassage des
animaux et la standardisation des outils d’abattage.
Le fonctionnement en interprofession risque de devenir de plus en plus difficile : face aux grands groupes maîtrisant l’ensemble de la chaîne des abattages et pratiquement tous les contacts avec la grande
distribution, éleveurs et groupements risquent de perdre en influence.
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Conférence-débat du 29 octobre 2009
La filière ovine
Filière Viande ovine
La production
Les 127 000 brebis des Pays de la Loire en font une petite région de production ovine, qui ne détient que
2 % du potentiel national. Les effectifs de brebis baissent à nouveau (- 2 % en 2008) et le nombre d’élevages plus encore car beaucoup de petits éleveurs disparaissent. Pour autant, les quelques centaines
d’éleveurs restants sont de plus en plus professionnels, et conduisent des troupeaux de plus en plus
grands. Malgré la faible densité globale, et quelques concentrations d’élevages plus importantes sur
certains cantons, la production est assez bien répartie sur le territoire.
Les outils de la filière
Depuis la fermeture de l’abattoir de Chemillé, il ne reste
que deux outils d’abattage
sur le territoire régional :
Challans et Craon. Beaucoup
d’animaux de la région se
font abattre maintenant à
Vitré (35) au nord ou à Melle
(79) au sud. Les éleveurs
professionnels sont pratiquement tous orientés vers des
productions de qualité destinées aux marchés locaux
pour au moins une partie de
leur production. Le maintien
des outils actuels leur est nécessaire.
Les structures de collecte accompagnent ces évolutions en se rapprochant aussi les unes des autres,
au-delà même de l’échelon régional. Ainsi la coopérative Ter’élevage rassemble désormais les productions ovines de Terrena et Agrial, VSO (Vendée sèvres ovins), issu du regroupement de Cavac et Géo
en ovins, exerce une grande partie de son activité en Poitou-Charentes, et Ovi-Ouest est un groupement
breton très présent en Mayenne.
Les enjeux
L’avenir de la production ovine semble aujourd’hui mieux assuré grâce au bilan de santé de la Pac qui
va permettre de mieux soutenir les éleveurs. On n’en attend pas une spectaculaire relance de la production régionale, mais la fin de son déclin et pourquoi pas une petite reprise. Cette reprise serait le meilleur
gage de maintien des outils existants.
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Conférence-débat du 29 octobre 2009
La filière ovine
Filière Lait de vache
La production
Avec 3,5 milliards de litres de
lait de vache produits en 2008,
la région des Pays de la Loire
fournit près de 15 % du quota
national. La Mayenne est le 1er
département avec 30 % de la
production, suivi de la LoireAtlantique avec 23 %. La collecte régionale de lait est tout de
même assez dispersée sur l’ensemble de territoire auprès de
10 800 exploitations, dont le
nombre se réduit sensiblement
chaque année, et dont la taille
moyenne dépasse maintenant
largement les 300 000 litres de
production annuelle.
Les outils de transformation du lait
Les laiteries citées sont les sites
de première transformation ou
de conditionnement du lait entier en provenance des fermes,
et employant plus de 20 salariés. La région compte ainsi 30
laiteries particulièrement bien
réparties sur le territoire. La plupart de ces laiteries sont désormais des usines rattachées à de
grands groupes de l’industrie
laitière. Leurs transformations
sont orientées vers un produit
ou un nombre limité de produits,
s’insérant dans la stratégie d’ensemble du groupe.
Sur les 11 plus grands groupes
nationaux, 8 sont présents sur
les Pays de la Loire. On y trouve
d’abord Lactalis, un groupe
familial basé à Laval avec 7
sites.
Le n° 2 national est une coopérative, Sodiaal, présente sur la région avec 3 sites, et le n° 3, Bongrain est
une société cotée présente avec 4 sites.
Ces industriels, ainsi que le groupe Bel qui les suit dans la liste, sont des groupes ayant connu un fort
développement international, exploitant des savoir-faire reconnus par des marques de notoriété
mondiale.
Les autres acteurs présents sont de taille plus modeste et leurs activités se cantonnent à quelques
régions françaises : Novandie, Laïta, Eurial. Quelques laiteries sont restées d’implantation uniquement
locale, en adoptant des stratégies particulières comme la laiterie de Saint-Père (dans le cadre du groupe
Intermarché), la laiterie de Montaigu (beurre AOC) ou les laiteries Vaubernier et Montsûrs.
8
Conférence-débat du 29 octobre 2009
La filière ovine
Filière Lait de vache
Les structures de collecte du lait
Toutes les fermes laitières sont collectées par une structure qui assure un paiement minimum sur la base
des accords négociés en interprofession. Pourtant les structures de collecte sont très différentes les unes
des autres en termes de statut, de taille, de stratégie, d’organisation, de fonctionnement, et de résultat
économique tirée de la transformation ou de la commercialisation d’un litre de lait.
Historiquement, chaque laiterie gère son réseau de collecte pour s’assurer un approvisionnement régulier.
Les rapprochements de laiteries ont conduit à un regroupement des réseaux de collecte, jusqu’à aboutir à
une gestion centralisée de cette collecte et des relations avec les producteurs pour une région, comme
dans le groupe Lactalis. Dans le secteur coopératif, il y a eu des évolutions séparées de l’organisation matérielle et du cadre sociétaire. Ainsi Colaréna, Terrena et Agrial sont devenues structures de collecte pour
Eurial, Laïta ou Sofivo. A l’inverse, le groupe Glac gère un réseau de collecte à la fois pour ses coopératives et la laiterie de Montaigu.
Enfin, quelques structures de collecte ne sont pas directement liées à une laiterie. La coopérative d’Herbauges et Biolait (lait biologique uniquement) sont dans ce cas, de même que quelques GIE. Ils renégocient régulièrement la fourniture de lait à des grands groupes pour une période donnée.
Les restructurations
L’industrie laitière est engagée dans un mouvement de concentration des acteurs et de modernisation des
outils de transformation. L’objectif de beaucoup de laiteries est depuis plusieurs années maintenant d’améliorer la valorisation du litre de lait par la fabrication de produits répondant à la demande des consommateurs d’aujourd’hui, en tirant le meilleur parti possible de l’ensemble des composants du lait. Pour leur approvisionnement, elles cherchent à réduire les coûts de collecte tout en améliorant la qualité du lait produit
dans les fermes.
La plus récente restructuration touchant l’outil industriel est la fermeture du site de Derval par le groupe
Bongrain en 2009, lequel a abandonné le conditionnement de lait frais. Cette restructuration industrielle a
entraîné un transfert du réseau de collecte vers le groupe Coralis (35). Négocié entre les 2 industriels, ce
transfert s’est ensuite imposé aux producteurs. La fermeture d’une laiterie insérée dans le réseau de
collecte d’un groupe n’aurait pas eu les mêmes conséquences pour les producteurs.
Les autres types de restructuration sont des rapprochements de groupes. Quand Lactalis a repris Célia, ou
s’est rapproché de Nestlé (mise en commun d’outils dans les produits frais), les producteurs ont été intégrés au réseau de collecte de Lactalis. Inversement, quand Terrena, Even et Coopagri ont fusionné leurs
outils industriels dans Laïta, chaque coopérative a conservé la gestion de son réseau de collecte. D’autres
rapprochements sont annoncés à ce jour. Celui de Sodiaal avec Entremont est d’abord industriel, mais les
réseaux de collecte de Sodiaal pourraient être amenés à se réorganiser. Celui d’Agrial avec Elle et Vire ne
concerne que les réseaux de collecte puisque ces coopératives n’ont pas d’outil industriel.
Les enjeux
Les changements imposés par le bilan de santé, et la crise que traverse la filière en 2009 semblent rendre
nécessaire une évolution des relations commerciales entre les acteurs. Les volumes à produire imposés
par les pouvoirs publics seront peut-être à négocier demain entre producteurs, industriels etL structures
de collecte, dans un cadre qui reste à établir.
La très forte volatilité des prix sur les produits laitiers vendus par les laiteries, se répercute d’abord sur
leurs marges, puis sur les paiements aux producteurs. La réintroduction d’instruments de régulation nouveaux est souhaitée par les producteurs pour défendre leur revenu, mais aussi par les structures de
collecte et de transformation qui souhaiteraient pouvoir investir avec plus de visibilité.
Pour répondre aux évolutions de la demande des consommateurs, de nouveaux investissements pour l’industrie du lait, mais aussi pour l’innovation et la commercialisation vont vite apparaître nécessaires. L’information, la participation et même l’intéressement des producteurs à ces initiatives, semblent de plus en plus
nécessaire.
L’élevage bovin en général, et particulièrement la production laitière, jouent un rôle essentiel dans la
région pour l’occupation de l’ensemble des territoires et le maintien des populations rurales. Une restructuration du secteur qui ignorerait ces réalités géographiques détruirait des équilibres territoriaux essentiels
pour la région.
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Conférence-débat du 29 octobre 2009
Filière Lait de chèvre
La filière ovine
La production
La production de lait de chèvres connaît depuis quelques années un certain développement sur la région.
Avec désormais 97 000 chèvres, (+ 7 % en 2008) la région détient 11,6 % du cheptel national. La collecte
laitière régionale atteint quant à elle 16,4 % de la collecte nationale avec 72,8 millions de litres, ramassés
auprès de 355 élevages sur l’ensemble de la région. D’autres éleveurs ne sont pas engagés dans les filières organisées, mais transforment et vendent eux-mêmes une production fermière sur les marchés locaux.
Le développement de la collecte se fait grâce à une demande en progression et suite aux difficultés à
maintenir la production dans les bassins traditionnels (Centre et Poitou-Charentes).
Les outils de la filière
Paradoxalement, il y a très
peu d’outils de transformation du lait de chèvre sur la
région. Les 3 laiteries qui s’y
impliquent ne traitent que 16
millions de litres. La Fromagerie Tessier (du groupe
Bongrain à Cornillé les Caves, 49) est la plus importante avec seulement 10 millions de litres. Les coopératives vendéennes (USVAL et
ULVV), n’en transforment
que 3 millions chacune. Les
réseaux de collecte, gérés
par Lactalis, par le Glac, par
Ucal et Colarena pour Eurial,
et même par Agrial au nord,
alimentent des usines des
régions limitrophes, voire
plus lointaines.
Il ne semble pas que soit
envisagé, au plan régional,
un investissement d’envergure qui modifierait la situation
Les enjeux
Le parallèle entre la filière lait de vache et la filière lait de chèvre est souvent fait à tort car les situations
sont très différentes. Après plusieurs années de développement, des risques de surplus de production
pourraient apparaître suite à un tassement de la demande. Ils pourraient fragiliser davantage les nouveaux
arrivants dispersés loin des laiteries qui travaillent leurs produits. Enfin la filière lait de chèvre, vu sa taille
modeste, pourrait être rapidement déstabilisée par l’arrivée soudaine de nouveaux concurrents, qu’ils
soient européens (Espagne, Pays-Bas surtout) ou de pays tiers.
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Conférence-débat du 29 octobre 2009
Pôle Economie
et Prospective
Filière Viande porcine
La filière ovine
La production
Avec 256 000 tonnes de viande porcine produites en 2008, la région
Pays de la Loire est la 2e région productrice de porc derrière la Bretagne. On y compte environ 2 250
exploitations.
La Mayenne assure 28 % de la production, la Sarthe 21 % et les trois
autres départements 17 % chacun.
La filière porcine a connu de nombreuses restructurations dans la
période récente qui ont concerné
principalement l’amont de la production.
Pour les groupements de producteurs l’objectif était de massifier
l’offre de porcs, de rationnaliser leur
fonctionnement en faisant des économies d’échelle, et de rééquilibrer
le pouvoir entre les producteurs et
l’aval afin de procurer une meilleure
rémunération aux éleveurs.
Aujourd’hui la très grande majorité des éleveurs sont adhérents d’un groupement de producteurs et plus de
90 % de la production sont organisés.
Sept groupements, dont six ont leur siège en Bretagne, ont une activité dans la région Pays de la Loire :
Cooperl-Arcatlantique (22), Capig (35), Pigalys (29), Union Prestor-Cecab (29), Porc-Armor (35), Syproporc
(35) et Maine-Porc (72).
Les outils d’abattage-découpe
Les groupements de producteurs
ont
investi
dans
l’activité
d’abattage-découpe.
Cooperlarcatlantique possède les abattoirs de Montfort (35), Lamballe
(22) et St-Maixent (79) ; Cecab
contrôle l’abattoir Europig. D’autres groupements sont très liés à
certains abattoirs : par exemple,
Porc Armor avec les abattoirs
Abera et Bernard.
Les outils d’abattage de la région
sont implantés dans la Mayenne
et la Sarthe. Socopa Bigard à
Evron et Charal Bigard à Sablé
traitent de gros volumes avec un
approvisionnement grand ouest
tandis que les autres abattoirs,
Mayenne viande et Chérancé,
sont de taille plus modeste.
Ils s’approvisionnent plus localement et sont positionnés sur des créneaux de qualité. Les porcs de la région
sont aussi abattus dans des outils implantés à la périphérie de la région (voir carte).
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Conférence-débat du 29 octobre 2009
La filière ovine
Filière Viande porcine
Les outils de préparation industrielle à base de viande
Les outils de préparation industrielle à base de viande, qui utilisent
de la viande de porc et d’autres
viandes, sont présents dans les 5
départements de la région avec
une présence plus forte en Vendée
et en Sarthe.
Mis à part la coopérative Cecab,
qui a racheté la société Aubret, il
s’agit majoritairement d’industriels
privés (Fleury-Michon, LhuissierBordeau-Chesnel par exemple) qui
ne sont pas impliqués dans la production ni l’abattage. Ils n’utilisent
pas obligatoirement des porcs de la
région et peuvent recourir à des
pièces d’importation à des prix
compétitifs.
Les restructurations
Le marché du porc est un marché globalisé où les producteurs français sont en concurrence avec des producteurs hollandais, espagnols, allemands. Face à ces concurrents, le secteur de l’abattage français manque de
rentabilité. La modernisation visant à accroître la compétitivité des outils et à abaisser les coûts de production
devrait se poursuivre.
Dans la plupart des cas, aucun lien n’existe entre l’abattage et la transformation.
Aujourd’hui, 75 % des porcs produits sont destinés à la transformation, secteur très atomisé où demeure une
proportion importante de petites et moyennes entreprises. Leur pouvoir de négociation face à la grande distribution, très concentrée, est d’autant plus faible que les marques de distributeurs représentent les 2/3 des volumes traités par les salaisonniers.
Les enjeux
Pour le maillon production, le principal enjeu des restructurations est de conserver les débouchés de la production ligérienne et de lui assurer la meilleure rémunération possible.
Pour le secteur abattage-découpe il s’agit de gagner en compétitivité par la poursuite de la modernisation des
outils mais aussi d’investir dans la transformation afin de capter la valeur ajoutée et de sécuriser ses débouchés. Aujourd’hui 40 % des salaisons françaises sont détenues par des capitaux étrangers. La libéralisation
des marchés engagée à l’OMC, fait peser le risque de voir l’importation de pièces remplacer l’approvisionnement local et ainsi entraîner l’affaiblissement des maillons production et abattage-découpe de la région. Ce risque sera d’autant plus grand si un nombre croissant de grandes marques viennent à être contrôlées par des
entreprises étrangères.
Enfin, les restructurations dans le secteur de la transformation sont nécessaires pour peser de façon plus importante dans les négociations commerciales avec les distributeurs.
S’ils sont indispensables, les mouvements de concentration n’en ont pas moins des inconvénients pour les
éleveurs. Ils se traduisent par un éloignement des centres de décision, à la fois géographique (déplacement
vers la Bretagne) et structurel (alourdissement des structures administratives au détriment de la proximité des
éleveurs).
Dans ce contexte, l’interprofession doit jouer tout son rôle de mise en relation des différents maillons de la
filière afin de renforcer celle-ci face à la concurrence internationale.
12
Conférence-débat du 29 octobre 2009
La filière ovine
Filière Viande de Volaille
La production
Les Pays de la Loire sont la 2e
région avicole derrière la Bretagne.
Environ 5 000 exploitations avicoles ont produit 470 000 t de viande
de volaille en 2008. La densité d’élevage est plus forte dans l’ouest
de la Sarthe et dans le nord de la
Vendée que dans les autres zones
de la région. La Vendée réalise
plus de 40 % de la production ligérienne. C’est le 1er département
producteur de canard et de cailles.
La Sarthe représente 20 % de la
production régionale avec une
orientation marquée vers les volailles sous Label Rouge.
Les opérateurs d’aval
Dans la filière viande de volaille, les
groupements de producteurs et les
industries d’aval sont liés et la transformation est adossée à l’activité
d’abattage.
La région des Pays de la Loire bénéficie de la présence de groupes volaillers de première importance qu’ils
soient privés (LDC, 1er groupe
national, Doux, Arrivé récemment
repris par LDC) ou coopératifs
(Gastronome, Agrial et Euralis).
Le paysage avicole ligérien comporte
aussi un grand nombre d’outils
d’abattage transformation de taille
plus modeste notamment en Vendée.
Il existe également en périphérie de
la région des établissements importants traitant de la volaille ligérienne :
Gastronome à Nueil-les-Aubiers dans
les Deux-Sèvres, LDC à Savigny-surBraye et Droué dans le Loir-et-Cher
ainsi qu’à La Chapelle-d’Andaine
dans l’Orne.
Les restructurations
De nombreuses restructurations ont eu lieu depuis 2000. Elles se sont traduites par des rachats d’établissements et des fermetures de sites notamment en Bretagne. Les mouvements les plus récents, qui intéressent les acteurs ligériens, sont la reprise de la branche volaille d’Unicopa par Terrena et la reprise du
groupe Arrivé par LDC.
Dans le premier cas, la restructuration a été motivée par des difficultés économiques et a entraîné la fermeture de sites. Dans le deuxième cas, il s’agit de la transmission d’une entreprise familiale qui montrait
des besoins d’augmentation de capital pour poursuivre la recherche et la création de produits innovants.
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Conférence-débat du 29 octobre 2009
Filière Viande de Volaille
La filière ovine
Les enjeux
Le marché européen de la volaille est un marché très concurrentiel : les partenaires européens de la France ont
développé leur production et font moins appel à la volaille française, les opérateurs des pays tiers notamment
du Brésil et de la Thaïlande exercent une concurrence de plus en plus marquée sur le territoire européen.
La consommation de volaille a tendance à stagner et se porte de plus en plus sur les produits élaborés,
segment plus vulnérable aux importations et ne valorisant pas un mode de production ou une origine spécifique.
La grande distribution est un acteur puissant de la filière. La concentration des entreprises de transformation de
la volaille et la détention de marques de grande notoriété par les groupes volaillers sont un atout dans les négociations commerciales avec la distribution.
Pour les entreprises de transformation les restructurations doivent permettre de peser suffisamment sur le marché européen, d’être présent dans la course à l’innovation et d’être en position de faire face à la concurrence.
Pour les producteurs avicoles, l’enjeu est de pouvoir continuer à approvisionner les entreprises ligériennes et
d’être capable de développer la production dans une stratégie de reconquête des parts de marchés érodées
depuis 10 ans. Les producteurs doivent aussi garder une place dans la prise de décision afin que la question du
partage de la valeur ajoutée soit équitablement traitée. La région des Pays de la Loire est une région de tradition et de savoir faire avicole, tant au niveau de la production que de la transformation, qu’il convient de conserver comme élément important de la dynamique des territoires.
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Conférence-débat du 29 octobre 2009
La filière ovine
Filière Viande de Lapin
La production
La production ligérienne de lapins est située principalement au sud de la Loire dans les départements de la
Vendée, du Maine-et-Loire et de la Loire-Atlantique. Quatre groupements de producteurs ont une activité
en Pays de la Loire : la Coopérative des producteurs de lapins du bocage (CPLB) en Vendée, la Coopérative interdépartementale des aviculteurs du bocage (CIAB) en Vendée, le groupement de producteurs de
lapins de la CAVAC en Vendée et Terrena production lapin dans le Maine-et-Loire. D’autres groupements
ayant leur siège en Poitou-Charentes, Bretagne et Normandie, ont une activité dans les Pays de la Loire.
Les opérateurs d’aval
Les outils d’abattage sont situés
dans le bassin de production
Sud Loire. L’abattoir le plus important les Loeul et Piriot dans
les Deux–Sèvres.
Des abattages de lapins ligériens
sont aussi effectués dans le Morbihan et dans l’Orne.
Peu de restructurations ont lieu
dans ce secteur.
Les enjeux
La filière lapin est confrontée à un marché difficile avec une demande en baisse structurelle. La viande de
lapin reste une viande assez onéreuse pour une viande blanche ; elle manque le plus souvent de visibilité
dans les linéaires des magasins. Mais la principale raison de la désaffection des consommateurs est
l’image ambiguë du lapin, considéré comme un animal de compagnie.
L’enjeu pour la filière est de pouvoir maintenir l’existence d’une niche rémunératrice. L’interprofession a,
particulièrement dans cette filière, un rôle primordial à jouer dans la communication, pour faire échec aux
associations les plus extrémistes de défense des animaux qui militent pour le retrait de la viande de lapin
des linéaires des GMS.
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Conférence-débat du 29 octobre 2009
Table ronde :
Comment l’organisation économique peut-elle
relever les enjeux actuels des filières animales ligériennes ?
Serge PAPIN (Système U)
Gilles HUTTEPAIN (LDC)
Francis AMBROISE (Soviba)
Jean-Marie GABILLAUD (Coop de France Ouest)
Jacques LEMAITRE (CRP)
Marie-Thérèse BONNEAU (FNPL)
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Conférence-débat du 29 octobre 2009
La filière ovine
Débat
Comment l’organisation économique des filières animales
ligériennes peut-elle relever les enjeux actuels ?
Cette analyse a été réalisée en abordant successivement 3 thèmes :
1. La maîtrise des prix agricoles et la répartition de la valeur ajoutée,
2. La mise en marché des produits agricoles et plus particulièrement la contractualisation, quelles
en sont les perspectives ?
3. Et enfin, le rôle/la place des interprofessions.
La présente synthèse rassemble les idées fortes énoncées sur chacun de ces thèmes.
L’organisation économique des filières ligériennes et les problématiques de
l’évolution des prix à la production et de la répartition de la valeur ajoutée
L’organisation économique ne pourra bien sûr pas se substituer intégralement aux outils communautaires de régulation des marchés. Il faut à la fois conserver des mesures de régulation du marché européen et faire en sorte que le consommateur français attache plus d’importance à l’origine
des produits (identification d’origine) pour pallier en particulier à l’abaissement de la protection aux
frontières.
La notion de taille critique est un concept très relatif, selon qu’on l’analyse au plan national ou international. Plus que la taille critique, ce qui compte c’est d’abord la lisibilité du projet de l’entreprise
pour les producteurs et pour les consommateurs. Elle tient d’une part à la pertinence du produit à
répondre à la demande du consommateur, d’autre part à la nature de la relation avec la distribution.
Même si l’évocation de « partenariat avec la distribution » peut être provocatrice puisque le rapport
de force dans ce partenariat est inégal, il est indispensable. Il est néanmoins reproché au modèle de
distribution actuel de capter trop largement les gains de compétitivité réalisés par la production agricole, et de fait, une part de la valeur ajoutée. Le calcul du prix de revient des produits agricoles est
un outil de travail indispensable pour les producteurs, mais sa publication peut être un handicap
dans les négociations avec la grande distribution.
Les restructurations actuelles conduisent à la constitution de leaders. Leur rôle est d’amener de la
visibilité sur le marché mais également de donner un tempo à la filière. Le fruit des évolutions récentes n’est pas encore visible notamment en viande bovine : capacité de négociation avec la grande
distributionL
Les investissements nécessaires à la valorisation des produits (transformation) rendent la poursuite
des restructurations inéluctable. Pour que les retombées soient efficientes sur le prix à la production,
il faut que les restructurations de l’amont soient accompagnées d’un mouvement similaire à l’aval et
réciproquement : cas des filières viandes porcine et bovine. S’agissant de l’amont, un des enjeux est
de pouvoir sécuriser juridiquement l’organisation des producteurs, donner les moyens de s’organiser
non pas seulement verticalement face à leur entreprise mais aussi de façon plus territoriale.
Les restructurations ne s’accompagnent pas systématiquement d’une massification mais doivent
s’appuyer sur un projet, une stratégie de valorisation censée être partagée au sein de la filière. La
restructuration doit aussi passer par la réorganisation d’outils plus modestes. Dans ce sens la filialisation des activités peut constituer une solution. Conjointement aux restructurations, une forme de
concurrence stimulante doit demeurer entre les acteurs.
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Conférence-débat du 29 octobre 2009
La filière ovine
Débat
L’évolution de la mise en marché des produits agricoles : la contractualisation
Le principe de la contractualisation en volaille de chair qui est pratiquée depuis plus de
50 ans est de discuter du niveau de la marge que pourra réaliser l’éleveur.
S’agissant des projets de contractualisation dans les autres filières, il faut leur donner une définition
précise en lien avec la nature du produit et le fonctionnement de la filière. Tout est de savoir ce que
l’on contractualise. Partant du fait que la contractualisation est d’autant plus réalisable que l’on
connaît la valorisation finale du produit auprès du consommateur, elle est « relativement » simple à
mettre en œuvre en volaille de chair valorisée en carcasses, plus complexe en animaux de boucherie valorisés en pièces et encore plus en porc où seulement 25 % du produit est valorisé en frais.
Le principe de prix plancher (filet de sécurité) qui pourrait être introduit dans un contrat est à double
tranchant car ce prix plancher pourrait devenir le prix de marché. Plutôt préférer une réflexion sur les
règles de fixation de prix qui devront être inscrites dans le contrat (au même titre que le volume, la
durée, la qualitéL).
La contractualisation est une assurance. Une assurance de pouvoir écouler la production (ou une
partie) à un certain niveau de prix. C’est aussi une prise de risque qui doit être partagée par
l’ensemble des maillons jusqu’à la distribution.
En production laitière, l’enjeu d’une contractualisation réussie à l’orée de la suppression des quotas
laitiers est entre autres de pouvoir conserver un rapport de force équilibré avec les laiteries mais
également d’avoir une visibilité sur le prix pour la majeure partie des volumes produits.
Le rôle et la place des interprofessions face à ces évolutions de l’organisation
économique
Les interprofessions constituent un outil indispensable à faire évoluer pour répondre plus largement
aux attentes des filières. Elles devront être juridiquement compatibles avec les droits de la concurrence européen et français afin de ne pas être remises en cause dans leurs nouvelles missions. Il
convient aussi d’associer dans les interprofessions les différents Ministères concernés par la
consommation de produits alimentaires mais aussi le consommateur.
En volaille de chair, les discussions visant à mettre en place l’interprofession durent depuis
7 ans. Elle est nécessaire mais elle ne règlera pas tout. Les objectifs qui lui sont assignés : défendre
les intérêts français, intégrer l’aménagement du territoire, approfondir l’élaboration des produitsL Il
faudra veiller à ne pas créer des outils pour se faire battre (publication des coûts par exemple). Un
autre sujet fondamental pour la filière, l’identification d’origine en France pour toute viande crue et
pour toute viande cuite.
L’interprofession viande bovine doit être prioritairement centrée sur la valeur ajoutée à capter. Elle
doit constituer une force de lobbying qui ne laissera pas le terrain libre aux détracteurs de la production bovine (communication). Elle doit aussi se positionner sur la préférence nationale, le poids des
importations qui dérèglent le marché.
Le rôle de l’interprofession laitière vise à défendre le modèle français et à être capable de se mettre
d’accord sur la valorisation du produit (captation de la valeur ajoutée). Ce rôle précis repose sur la
fourniture d’indicateurs de tendance sur les différents marchés. L’interprofession travaille également
sur l’identification du produit (logo « Eleveurs laitiers de France »), et doit constituer un lieu de
concertation pour éviter des démarches de communication concurrentes entre les entreprises au
niveau national. Elle doit enfin être renforcée juridiquement pour assumer pleinement ses missions
dans le cadre de la mise en place de la contractualisation.
En viande porcine, l’interprofession est d’autant plus importante que la filière est atomisée. Associé
à l’interprofession, le consommateur doit être en mesure de donner l’impulsion à la filière en matière
de produits proposés et d’innovation afin que les producteurs et l’agroalimentaire répondent au
mieux à la demande.
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Conférence-débat du 29 octobre 2009
Avenir des filières animales dans
un contexte de libéralisation
et de dérégulation des marchés
Intervention d’Yves TREGARO – France Agri Mer
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Conférence-débat du 29 octobre 2009
Avenir
La filière ovine
Les outils agro-alimentaires en France et en Europe
En France, des outils moins concentrés qu'en Europe du Nord
Dans le secteur porcin, tout comme dans le secteur laitier, les 3 premiers groupes français représentent 50 % de l'activité nationale, alors que ce taux dépasse généralement 70 % dans le Nord
de l'Europe. Cette concentration plus importante en Europe du Nord renforce le pouvoir de négociation des transformateurs face à la grande distribution. Par ailleurs, il y existe une meilleure
cohésion stratégique entre les différents acteurs de la filière (producteurs, transformateurs, distributeurs, exportateurs, banques, pouvoirs publics).
La France 3ème pays producteur européen
au même niveau que l’Allemagne
Nordmilch-Humana-Muller
ParmalatA
Arla Foods – Dairy Crest-Unilever
Leche PascualAl
Lactalis-Sodiaal-Bongrain
Milcobel
Glanbia-Kerry-Dairygold
Friesland-Campina
Arla Foods
Tine
Part des 2/3 acteurs dans les principaux pays acteurs
du marché européen des produits laitiers
Batallé/Juià-Valls Companys-Jorge
Tonnies-Vion-Westfleisch
Cooperl-Bigard/Socopa-Gad/Europig
Covavee-Westvlees-Goossen
HK Scan
Vion-Compaxo-Hickmann
Danish Crown-Tican
Part des 2/3 principaux groupes dans les principaux
pays acteurs du marché européen du porc
La France 2ème pays producteur européen,
deux grands groupes parmi les leaders européens
Source : FranceAgriMer d’après compilation diverses sources (IFIP, AD, Ubifrance,
presse française et étran gère)
Source : ordmilch d’après diverses sources (Rabobank Procukt Zuivel,…)
Parallèlement, on observe également des différences d’organisation au niveau de la production
agricole : la France se caractérise par des élevages de dimension économique familiale, visant
une marge unitaire forte, alors que les pays du Nord de l'UE ont une stratégie de production de
forts volumes, avec une marge unitaire plus faible.
Ces différences sont notamment à l’origine d’un positionnement différent vis-à-vis de la politique
agricole commune.
En Europe, implantation croissante de groupes étrangers
(brésiliens et américains notamment)
On citera par exemple l’implantation de Marfrig et de JBS, deux groupes de transformation brésiliens multi-espèces, respectivement au Royaume Uni et en Italie, ou de Smithfield Foods (leader
américain dans le secteur du porc) en France (jambon d’Aoste).
L’objectif de ces implantations étrangères en Europe est de mieux connaître la demande des
consommateurs du pays d’implantation, afin de mieux assurer l’écoulement de la production du
pays d’origine, et la maîtrise des contingents d’importation dans un contexte de libéralisation des
échanges.
En France, un certain nombre de groupes agroalimentaires du secteur laitier et de la volaille sont
également implantés à l'étranger (exemple de Lactalis, Danone, DouxL).
Il y a par contre peu d’alliances avec des outils étrangers dans le secteur de la viande bovine.
L'Approvisionnement
Les IAA sont à la recherche de matières premières compétitives de toutes provenances.
Les industries françaises importent de plus en plus de produits provenant d'autres pays européens (lait d'Allemagne, porcs d'Espagne, vaches de réforme d'Irlande et d’Allemagne) ou de
pays tiers (volailles du Brésil et de Thaïlande), en particulier pour la fabrication de produits transformés. Le faible investissement des outils d’abattages dans le secteur de la seconde transformation (cas du secteur porcin notamment) accroît ce risque d’importation ; les entreprises de charcuterie salaison par exemple, n’entretiennent pas de lien fort avec la production locale.
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Conférence-débat du 29 octobre 2009
Avenir
La politique agricole commune a permis de maintenir des prix européens à la
production supérieurs aux cours mondiaux
Cette situation peut être illustrée par le différentiel de prix observé entre le prix du porc européen et le
prix du porc américain (voir graphique ci-dessous). Avec néanmoins des disparités de prix qui peuvent être importantes entre pays européens, du fait de la stratégie des entreprises et des conditions
de production (coût social et environnemental).
L’exemple du lait en fournit une illustration, avec un prix qui s’est mieux maintenu en France que chez
nos voisins européens, en raison d’un mode de calcul du prix qui lisse les fluctuations. La conséquence négative peut en être un écart de prix qui nous est défavorable à certaines périodes, ce qui est
le cas actuellement avec des produits allemands plus compétitifs qui pénètrent de façon croissante
notre marché.
Le prix du porc aux Etats-Unis et dans l’Union européenne
Le prix du lait dans l’Union européenne
(données annuelles brutes)
1,8
1,6
1,4
g
K
/
€1,2
1,0
0,8
France (Classe U/E)
Etats-Unis 51/52%
0,6
8 mois
Un alignement des prix payés sur la tendance
des coûts de production moyen
Sources : FranceAgriMer et USDA
Le prix allemand en tendance orienté plus
faiblement à la baisse
Source : Commission eu ropéenne
Les perspectives
Poursuite de la libéralisation des échanges internationaux
Même si les négociations en cours à l'OMC (cycle de Doha démarré en 2000) n'ont pas encore abouti
à une conclusion, les discussions agricoles sont très avancées, et les orientations qui se dessinent
sont déjà prises en compte par les entreprises agroalimentaires dans leur stratégie.
Deux axes principaux sont arrêtés :
• Abaissement de la protection aux frontières, avec une augmentation des contingents d'importations
et une réduction des droits de douane.
• Suppression des restitutions à l'exportation (envisagée dès 2013 par l'UE), qui entraînerait un recul
des exportations européennes plus ou moins marqué selon les produits (plus en volailles, moins en
porc).
La reprise de la négociation à l’OMC
De nouveaux contingents à l’importation :
Porc : + 204.000 tonnes
Volaille : + 332.000 tonnes
Bovine : + 290.000 tonnes
Une réduction des droits de douane moyen :
Porc : - 56 %
Volaille : - 59 %
Bovine : - 65 %
Estimation de l’évolution du droit de douane en équivalent
ad valorem non pondéré par les volumes
pour les viandes ovine, bovine et porcine
54 nomenclatures
29 nomenclatures
58 nomenclatures
Une suppression des restitutions
EAV Master : table des équi valents tari faires scellés dans le marbre en juillet 2005
Source : FranceAgriMer d’après Commission eu ropéenne et Eurostat
Vers une baisse du budget agricole européen à l'horizon 2014
Les décisions en matière de budget européen et d’orientations stratégiques au-delà de 2013 sont en
cours de débat et devraient être arrêtées vers le second semestre 2010.
Les Pays du Nord de l'Europe souhaitent une réduction des dépenses agricoles et proposent qu’elles
passent de 44 milliards d'euros actuellement à un montant compris entre 35 et 38 milliards à terme.
La conséquence en serait une diminution des dépenses de régulation des marchés, qui pourrait s’accompagner d’une renationalisation de certaines aides.
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Conférence-débat du 29 octobre 2009
a filière ovine
Avenir
Une tendance à la baisse de consommation des viandes dans l'UE
Cette tendance baissière s'explique par le vieillissement de la population, le changement des régimes
alimentaires et les messages délivrés par les prescripteurs de santé. Elle risque d'affecter plus fortement la
viande bovine, alors que la consommation de viande de volaille peut encore potentiellement progresser et
celle de porc rester stable.
Enjeux et Adaptations
Les enjeux par secteur
La viande porcine est destinée à 75 % à la transformation, ce qui génère une concurrence forte sur le
"minerai". La compétitivité de notre production et de nos outils de transformation (investissements lourds à
envisager pour aller plus loin dans la seconde transformation) sera déterminante pour l'avenir.
La part de la viande de volaille consommée en frais est plus importante, et c'est sur ce créneau que
l'Europe doit se battre pour maintenir ses positions, dans la mesure où l'utilisation de produits importés est
déjà très présente pour les produits transformés.
En viande bovine, se posent la question du développement des produits élaborés peu présents à ce jour
(afin de soutenir la consommation) et celle du devenir du jeune bovin en tant que produit de substitution
des vaches de réforme (dont le nombre se réduit).
La question de l'adéquation offre-demande (quantité, qualité, saisonnalité) est également cruciale, avec
des attentes fortes de la part des GMS.
Un renforcement de l’organisation des producteurs en amont est à encourager (en projet dans la nouvelle
Loi de Modernisation Agricole) pour améliorer le rapport de force vis-à-vis de l’aval et favoriser cette adéquation offre demande (production très diverse et très atomisée).
Quelques pistes de réflexion
Plusieurs axes de travail sont à mettre en œuvre pour maintenir la présence de filières animales fortes sur
le territoire européen :
Développer la valorisation de la viande fraîche
En effet, la concurrence des Pays tiers joue peu sur ce créneau : la filière volaille, notamment, souhaite
encourager cette voie et demande un meilleur contrôle des mentions relatives aux produits frais
(utilisation abusive à ce jour).
La progression des produits élaborés frais constitue également une voie d’amélioration de la valeur
ajoutée.
Un partenariat fort producteurs – industrie
Un des enjeux de la contractualisation est de renforcer les circuits courts et l’approvisionnement de
proximité,
La taxe carbone est également un des outils permettant d’aller dans ce sens.
Un partenariat fort avec la distribution
Pour une mise en valeur des produits frais,
Et une place accrue pour les circuits courts (fraîcheur, durée de vie des produits en rayonL).
Pour conclure
On retiendra que dans un contexte de plus en plus concurrentiel, les filières animales de la région des
Pays de la Loire bénéficient de la présence d’un certain nombre d’atouts à souligner : présence d’outils
agroalimentaires qui investissent et se restructurent, forte densité de production et bonne complémentarité
productions animales et productions végétales.
Néanmoins, le changement de contexte récent, et les perspectives qui se dessinent sur un plan européen
et mondial, devront là aussi, inciter les acteurs à renforcer leur partenariat au sein de filières fortes, basées
sur plus de contractualisation, d’innovation et de partage de valeur ajoutée.
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Conférence-débat du 29 octobre 2009
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Pôle Economie et Prospective
Contacts :
Pôle Economie et Prospective des Chambres d’agriculture des Pays de la Loire :
Responsable :
Pierre-Yves AMPROU Tél. 06 48 38 45 15 Mail : [email protected] (La Roche/Yon-Angers)
Chargés d’études :
Gilles LE MAIGNAN
Tél. 02 53 46 61 70 Mail : [email protected] (Nantes)
Michel BLOURDE
Tél. 02 41 96 75 05 Mail : [email protected] (Angers)
Eliane MORET
Tél. 02 43 67 37 09 Mail : [email protected] (Laval)
Pascale LABZAE
Tél. 02 43 29 24 28 Mail : [email protected] (Le Mans)
Christine GOSCIANSKI Tél. 02 41 18 60 57 Mail : [email protected] (Angers)
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