FACTEUR D`IMPACT ET BIBLIOMÉTRIE

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FACTEUR D`IMPACT ET BIBLIOMÉTRIE
FACTEUR D'IMPACT ET
BIBLIOMÉTRIE
1
Introduction
Il existe deux types de méthodes pour évaluer l'information scientifique : une méthode qualitative
par les pairs (le peer reviewing) qui se fait a priori ; une méthode quantitative bibliométrique qui se
fait, elle, a postériori. Nous reviendrons ici sur la méthode quantitative car elle prend un sens
particulier dans le contexte actuel.
Fondé dans les années 1960 par Eugène Garfield, l'Institute for Scientific Information (ISI)
développe la base de données bibliographiques Science citation index (SCI), visant à mettre en
place des indicateurs mesurant la « consommation » des résultats scientifiques. Le Science citation
index est une base multidisciplinaire qui contient 13 millions de références et 150 millions de
citations enregistrées, depuis 1964, par 4500 périodiques scientifiques et techniques couvrant toutes
les disciplines.
9750 titres sont revendiqués sur la plate-forme propriétaire de l'ISI, Web Of Science (WoS).
6650 titres en sciences technologie médecine (base science citation index)
1950 titres en sciences sociales (base social science citation index)
1150 titres en sciences humaines (base arts and humanities citation index)
Parallèlement, les Journal Citation Reports (JCR), développés également par l'ISI proposent des
indicateurs destinés à évaluer la « consommation » d'articles et de périodiques par les scientifiques.
Il consiste en un tableau statistique annuel qui paraît au printemps de l'année « n+1 » Le JCR
comporte six sections et contient les informations suivantes :
Le nombre total d'articles publiés durant l'année dans un périodique donné.
Le nombre total de fois où le périodique a été cité par d'autres périodiques, durant une année
donnée.
Le nombre moyen de fois où les articles d'un périodique, publiés durant les deux
précédentes années, sont cités en une année donnée (facteur d'impact).
Le nombre moyen de citations d'articles d'un périodique, l'année même de leur publication
(immediacy index).
Un périodique est cité n fois en une année donnée. Ces citations sont triées par année de
publication, pour ensuite déterminer la médiane. On détermine ainsi si les citations qui se
rapportent à un périodique sont en moyenne plutôt récente ou non (Cited Half-Life).
Pour un périodique donné, on analyse les références qui y sont citées. De même que pour le
Cited Half-Life, ces citations sont triées par année de publication, puis on détermine la
médiane. On analyse ainsi si le périodique cite en moyenne des articles récents ou non.
2
Le facteur d'impact (impact factor, IF)
Il est le plus connu et le plus utilisé des indicateurs. Il représente, pour une année donnée, le rapport
entre le nombre de citations sur le nombre d'articles publiés par un journal, sur une période de
référence de deux ans. Il mesure donc la fréquence moyenne avec laquelle l'ensemble des articles de
ce journal est cité pendant une durée définie. Plus la notoriété d'un périodique est élevée, plus il est
utilisé par les chercheurs qui le citent dans leurs articles, plus son facteur d'impact est élevé.
Par exemple, l'Impact Factor (IF) de Science (21,911), en 1995, a été calculé de la manière
suivante :
citations en 1995 d'articles publiés en 1993 : 24 979 ; 1994 = 20 684 ; total = 45 663
nombres d'articles publiés en 1993 = 1030 ; 1994 = 2 084
IF = nombre de citations/nombre articles 45 663/2 084 = 21,911
Le facteur d'impact ne révèle pas la qualité d'un périodique, il sert avant tout à juger de sa visibilité.
Le calcul sur deux ans n'est peut-être pas le plus spécifiquement adapté à toutes les spécialités.
Certaines peuvent mieux supporter cinq ans de délai notamment parce que la nature des articles
publiés possède un caractère plus pérenne et plus fondamental, appréciable et donc « citable » sur
une plus longue durée.
Pour rendre pertinent le facteur d'impact, il faudrait envisager un certain nombre de facteurs de
pondération prenant en compte :
la périodicité plus ou moins grande : 2 ou 52 numéros
le nombre d'articles par numéro
les éventuels changements de titre en cours d'année
les « jeunes » périodiques
le nombre de textes type « review »
la langue, l'alphabet utilisé
les autocitations
les spécificités des sciences humaines et sociales, c'est-à-dire la primauté des monographies,
pérennité des contenus, en France, l'importance de la langue française.
L'indice d'immédiateté (immediacy index)
Il représente le rapport entre le nombre de citations se rapportant à des articles publiés pendant la
dernière année de référence et le nombre d'articles de cette même année. Par exemple, l'indice
d'immédiateté de Science (4,738) est calculé comme suit :
-citations, en 1995, d'articles publiés en 1995 = 4 913
-nombre d'articles publiés, en 1995 = 1037
L'indice d'immédiateté est donc égal au rapport nombre de citations/nombre d'articles (4913/1037)=
4,738
Seule les très grandes revues généralistes ont un facteur d'immédiateté supérieur à 2.
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La demi-vie des citations (« cited half-life »)
Il s'agit d'une mesure de longévité des citations d'un périodique, définie comme le temps au bout
duquel celles-ci tombent en deçà du seuil de 50% de leur nombre total. La demi-vie des articles
dépend de leur nature : en fonction du temps, le taux de citation suit une courbe en cloche ( qui
passe par un maximum entre 2 et 3 ans) ; les articles atypiques ne commencent à être cités que
beaucoup plus tard.
Le facteur d'impact en question
Les indices fournis par le JCR doivent être envisagés sous l'angle de la complémentarité
pour pouvoir obtenir une évaluation globale des performances d'un périodique. Il ne faut pas se
restreindre à la simple observation du facteur d'impact car son mode de calcul tend à privilégier les
périodiques les plus connus ou généralistes. De plus, le facteur d'impact se rapporte à un périodique
et non à un article. Il est d'abord un indice de visibilité d'une revue. Il faut rappeler ici que les
articles d'une revue à fort facteur d'impact ne sont pas tous cités de manière identique. En général,
seul un petit nombre d'entre-eux est vraiment cité, il n'y a donc pas vraiment de corrélation entre la
fréquence de citation d'un article et le facteur d'impact du périodique dans lequel il est publié.
Le facteur d'impact n'est qu'un élément d'appréciation parmi d'autres et qu'il doit être
envisagé en prenant en compte les inégalités qui existent entre disciplines et sous-disciplines. Les
revues généralistes privilégient les articles qui rapportent des découvertes importantes, qui sont
susceptibles d'intéresser plusieurs communautés disciplinaires et donc d'être davantage cités. Ces
articles sont loin de constituer l'essentiel de la littérature scientifique. Les analyses les plus pointus
permettent de vérifier ou d'infirmer le bien-fondé des percées conceptuelles et des découvertes les
plus générales.
Les facteurs d'impact de périodiques de disciplines différentes ne sont pas comparables.
Ainsi, les sciences de la vie ont un statut à part dans le classement des revues par facteur d'impact.
12 des 15 journaux à facteur d'impact supérieur à 10 concernent cette discipline. De plus,
l'importance du facteur d'impact met en place un système quantitatif qui souvent régit en amont la
soumission d'articles.
Le mode de calcul des indices du JCR est critiquable. La qualité du journal citant n'est pas
prise en compte (toutes les citations ont la même valeur) ; les pratiques de citation, pourtant
différente selon le domaine ou la politique éditoriale d'un journal, ne sont pas pondérées.
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Conclusion
Si les données du Journal Citation Report ne constituent pas des indicateurs fiables de la production
scientifique, il faut savoir qu'elles existent et que ces indices peuvent avoir en France une nouvelle
importance dans le contexte post-LRU. Comme l'ont bien souligné Vinay et Baverel1, « il faut les
critiquer, en même temps qu'on les considère ; il faut surtout rejeter la tentation qu'ils véhiculent
d'un automatisme de l'évaluation. Les développements récents du mouvement pour l'accès libre, en
mettant en place un accès sans barrière aux articles de recherche a eu des retombées importantes en
terme de lectorat et de citation. Ainsi des titres de périodiques récents (créés dans les années 2000)
ont acquis en peu de temps un facteur d'impact significatif comme PloS Biology avec 14,672 en
2005 pour un journal de moins de deux années d'existence ou de nombreux titres de BiomedCentral.
Ce document a été réalisé à l'aide des outils pédagogiques mis en ligne par l'URFIST de Lyon et en
prenant appui sur la bibliographie suivante.
BIBLIOGRAPHIE :
-Garfield, E. & Sher, I.H. « New factors in the evaluation of scientific literature through citation
indexing », American Documentation, 14(3), 195-201
-Pinhas, Nicole & Kordon, Claude. "Du bon usage du facteur d'impact (le Réseau DIC-DOC)".
Inserm Actualités, Septembre 1997.
-Vinay P, Baverel G. « Au fur et à mesure : à propos de l'évaluation numérisée de la production
scientifique. » Médecine/Sciences, 1994, 10, pp. 701-703
1 Vinay P, Baverel G. « Au fur et à mesure : à propos de l'évaluation numérisée de la production scientifique. »
Médecine/Sciences, 1994, 10, pp. 701-703
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