Adieu à la nicotine

Transcription

Adieu à la nicotine
Le tabac
Une histoire entre louanges et
condamnations page 7
Risques
Les produits dangereux que
cache la cigarette page 17
www.beobachter.ch
1er Octobre 2010
Santé
En collaboration avec
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Adieu à la nicotine
Comment gagner contre la dépendance
Arrêter de fumer
20 | 2010
La fumée bleue d’autrefois...
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CONTENU
e n’est pas sain, ça coûte cher et en
plus ça pue! Et depuis le 1er mai,
c’est interdit dans les lieux publics
fermés. Fumer est de plus en plus décrié
et ne comporte bientôt plus que des désavantages. Malgré cela, plus de 1,5 million
de Suisses fument. Plus de la moitié
d’entre eux aimeraient vraiment arrêter.
Mais comment?
5Magazine
Toute l’actualité autour de la
cigarette et de son interdiction.
7Histoire culturelle
La consommation de nicotine était
autrefois sévèrement punie, mais
distinguait aussi la bonne société et
a aidé à supporter les deux guerres.
image de couverture: universal/kobal collection, historical picture archive/corbis/rdb, NatUlrich/Fotolia.de
«Le savoir c’est le pouvoir», a décrété un
jour le philosophe anglais Francis Bacon
(1561–1626). Ce qui était vrai au siècle des
lumières est aussi vrai dans le combat
contre la dépendance. Les fumeurs savent
bien sûr que la consommation de tabac
est nocive et qu’ils sont «accros». Mais ce
n’est pas encore suffisant pour vaincre le
besoin de nicotine.
Dans ce magazine, vous en apprenez plus
sur la fumée. Par exemple, quels produits
toxiques se cachent dans les cigarettes et
comment ils agissent sur votre santé (page
17). Une illustration en couleur vous
montre comment la fumée rend dépendant et pourquoi cela vaut toujours la
peine d’arrêter (page 20). Et quelques
pages plus loin, un article vous fait la liste
des méthodes et des moyens pour arrêter
de fumer (page 27).
Testez-vous! (page 14) et découvrez quel
genre de fumeur vous êtes. Cela vous aidera à comprendre les situations où malgré toute la bonne volonté on faiblit face à
l’envie de tabac; et vous dresse la liste des
mesures à prendre.
Et courage! Arrêter de fumer est peut être
difficile, mais beaucoup y sont arrivés.
Comme le groupe The Young Gods, qui se
distingue dans un monde de la musique
où le tabac est roi (interview page 10).
Et si vous n’y arrivez pas, rabattez-vous sur
la cigarette électrique (page 23). Nocive,
elle l’est. Mais au moins elle ne met en
danger personne d’autre que vous.
Andrea Freiermuth
10Interview
Le groupe de rock The Young Gods
a tenté d’arrêter de fumer. Mission
réussie pour deux de ses membres.
14Testez-vous!
Quel genre de fumeur êtes-vous?
La réponse vous aide à déterminer
la stratégie la plus adéquate pour
arrêter de fumer.
17Jouer avec le feu
Chaque cigarette est un cocktail
explosif de poisons divers et
d’autres substances nocives.
Les images de cette
édition
1946, la cigarette ne quitte jamais les
lèvres d’Humphrey Bogart, alias le
détective Philip Mar­lowe; sauf peutêtre quand il boit une gorgée de
Whisky. Pour les stars du grand
écran, la cigarette était un accessoire
plein de style. Comme pour Scarlett
Johansson dans le film «The Black
Dahlia» en 2006 (image). Puis, on a
imposé la cruciale limite d’âge aux
films où l’on fume. Du coup, certains
se sont plaint d’une limitation de
leur liberté artistique. Mais la liberté
d’antan était déjà une illusion:
près de 200 stars hollywoodiennes
avaient un contrat lucratif avec une
marque de cigarette. En espèrant
que ces (trop) belles photos vous
amènent tout de même à réfléchir.
20Ainsi va la dépendance
Ce que la nicotine fait au corps et
comment le corps de l’ex-fumeur se
régénère à toute vitesse.
23Vapeur contre fumée
La cigarette électrique ne fume
pas, elle dégage de la vapeur d’eau.
Nous l’avons essayé pour vous.
24Adieu bistrot enfumé
Santiago Rodriguez a travaillé des
années dans des bistrots enfumés.
Et il aime la nouvelle interdiction.
27Comment arrêter?
Comment devenir un non-fumeur?
Le succès des méthodes proposées
est garanti.
30Les
informations
sup­­­­­plémentaires
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Arrêter de fumer
20 | 2010
NEWS
Actuel
BONS MOTS
Jamais à court d’excuses
PHotos: Givaga/Fotolia.com, sandra Schuh/Fotolia.com, Corbis/RDB
Il y a assez de raisons pour qu’un fumeur
n’arrête pas de fumer. Voici les excuses les
plus courantes, et leur argument contraire.
w «Fumer m’aide à me concentrer»: C’est
l’inverse qui est vrai. Comme le montre une
étude britannique, les gros fumeurs sont plus
souvent victimes de trou de mémoire que les
non-fumeurs. Plus le nombre de cigarettes est
grand, plus les résultats sont mauvais.
w «Je m’arrête quand je veux!»: Ça sonne bien.
Mais en Allemagne chaque troisième mère fume au début de sa
grossesse et nuit à son propre
bébé. S’il n’est pas possible
de s’arrêter dans ce cas, alors
on se demande quand ce
­sera possible?
w «C’est trop tard de toute façon!»: S’arrêter
vaut toujours la peine. Le corps conserve toujours la capacité de se régénérer même après
des années de fumée. Même le risque de cancer diminue dès qu’on cesse de fumer pour
s’approcher de celui d’un non-fumeur.
w «Fumer rend svelte»: Qui s’arrête de fumer
compense souvent son envie de cigarettes par
des sucreries et autres nourritures. Non seulement le corps doit s’adapter au manque de tabac, mais aussi au changement de régime. Qui surveille bien son
alimentation pendant cette
période­ de transition et fait du
sport tout en prenant ses produits
à la nicotine en cas de coup dur,
celui-là ne prendra pas de poids.
PSYCHOLOGIE
SANTE
Les mégots rebutent
même les fumeurs
Le cancer du poumon
toujours plus féminin
L’image d’une cigarette
­a llumée provoque chez la
plupart de fumeurs l’envie
immédiate de s’en allumer
une aussi. Les images
­excitent le centre du désir
dans le cerveau. Mais l’image
de mégots éteints semble
avoir l’effet contraire dans la
même région du cerveau.
C’est ce qu’ont découvert des
chercheurs de l’Université
J­ ulius-Maximilians à
­Würzburg en Allemagne. Ils
ont montré des images de
­cigarettes allumées puis
écrasées, à une vingtaine de
fumeurs. Les chercheurs
allemands voulaient savoir si
ces images sont suceptibles
d’aider les fumeurs à mieux
maîtriser les situations
­critiques, où l’appel du tabac
se fait trop fort.
Le cancer du poumon touche
toujours plus de femmes. En
2009, selon la compagnie
d’assurance allemande KKH
Allianz, 17% plus de patients
qu’en 2006 sont entrés en clinique à cause d’un cancer du
poumon. Chez les femmes,
l’augmentation est de 28%.
­Elle n’est que de 9% chez
l’homme. Mais toujours plus
du double d’hommes sont at­
teints du cancer du poumon.
GOÛT
Quand la
­langue flanche
Déjà après quelques années de
cigarettes, les fines structures
de la langue contenant les cellules du goût, se transforment.
La sensibilité du goût diminue.
Des chercheurs grecs ont découverts comment cela fonctionne: chez 80% des jeunes fumeurs, la pointe et le dernier
tiers de la langue dans le fond
de la gorge sont clairement
moins sensibles que chez les
non-fumeurs. Les papilles gustatives, qui contiennent les nodules du goût et donc les cellules des sens, sont aplaties et
leur surface plus épaisse.
Même les canaux sanguins
menant aux papilles sont visiblement obstrués. Les chercheurs n’ont pas spécifiés si les
transformations reviennent en
arrière d’elles-même quand on
si l’on arrête de fumer.
DROGUE TRÈS DOUCE
VITE DIT
Test du QI
«Fumer est une terrible impolitesse et un
impertinent manque de courtoisie.
Les fumeurs empestent
l’atmosphère tout autour d’eux
et étouffent chaque homme
digne d’honneur qui ne désire
pas fumer et ne peut ainsi se
défendre.»
Johann Wolfgang von Goethe
(1749–1832)
Pourquoi les fumeurs
sont plus bêtes
Les jeunes qui fument au
moins 20 cigarettes par jour
ont obtenu de plus mauvais
résultats que tous les non-fumeurs. Mais à l’Université de
Tel-Aviv les chercheurs ont
conclu que l’automatisme
consistant à prendre une cigarette est plus profondément enraciné chez les gens
moins intelligents. Pas que la
fumée rend idiot.
Un petit shoot
de sucre?
L’Organisation mondiale de la
santé (OMS) veut interdire les
cigarettes-bonbons. D’après
une étude, les cigarettes en
chocolat ou celles en chewinggum sont des drogues douces.
Sur 25 887 fumeurs américains, 22% consommaient ces
sucreries. Chez les ­non-fu­
meurs, ils n’étaient que 14%.
En Suisse, les cigarettes en
chewing-gum et en chocolat
sont (encore) en vente libre.
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Arrêter de fumer
20 | 2010
Herbe du diable ou
cadeau des dieux
Histoire culturelle Selon l’époque le tabac a été l’herbe du diable ou la plante des
­dieux. Il fut à la fois la drogue des pauvres et celle des nobles. Autrefois, symbole de la
­liberté, le tabac est aujourd’hui surtout soupçonné d’être une simple drogue. Tatjana Stocker
Il a toujours été dangereux de fumer:
quand Rodrigo de Jerez, un compagnon
de Christophe Colomb, revint d’Amérique
pouffant de la fumée par bouche et narines, il fut jeté en prison séance tenante.
L’inquisition voit en lui un envoyé du
diable!
Les Espagnols ont été vraiment étonnés de
découvrir les Amérindiens les accueillant
«portant des braises brûlantes entre les
mains. Faisant brûler des herbes fortement odorantes». Mais fumer n’était pas la
seule façon qu’avaient les indiens
d’absorber la nicotine. Ils buvaient du jus
de tabac ou s’en injectaient avec des
clystères.
Au début, en Europe, le tabac était considéré comme l’œuvre coupable du diable,
que l’église combattait avec force. Le Pape
Urbain VIII a mis la fumée au ban en 1642,
tandis que pour James 1er, roi d’Angleterre
et d’Écosse, le tabac était le plus grand des
pêchés. «Cela endommage le cerveau et
les poumons, mène à la lassitude et au
gaspillage», écrivait-il lui-même en 1603
dans un pamphlet particulièrement véhément. Étonnamment, tous les grands défauts de la fumée y sont explicitement
mentionnés. Même les dangers de la fumée passive sont commentés pour la­
­première fois.
Ce sont surtout les autorités en Orient qui
ont combattu avec force cette attaque de
l’Occident. En 1634, le Tsar de Russie dé-
clare une interdiction totale de la fumée.
Les fumeurs sont fouettés, le nez et les
lèvres coupées, avant d’être envoyés en
exil. Le commerce du tabac est même passible de la peine de mort. À la même
­époque, le Shah de Perse, Safi 1er, fit verser
du plomb fondu dans la gorge des ­fumeurs.
En Turquie, des centaines de cafés et de
tabacs furent dévastés et des centaines de
fumeurs empalés ou guillotinés. Mais
toutes­ ces mesures spectaculaires et
­cruelles n’ont pu empêcher le tabac de
s’étendre. De la fin du XVIème siècle au
début du XVIIème, la fumée du tabac conquiert jusqu’au dernier recoin du globe.
Mais toutes les cultures ne tenaient pas
le tabac pour une plante du diable. Les
Mayas le vénèrent comme une plante des
dieux et les Indiens péruviens le plantent
déjà trois siècles avant J-C. Ils l’utilisent
pour des fumigations rituelles. Et encore
aujourd’hui, le tabac est pour les Indiens
nord-américains un précieux cadeau de
­bienvenue.
Son nom botanique, Nicotania tabacum,
lui vient de Jean Nicot (1530-1604), ambassadeur français à la Cour portugaise
qui introduit la plante en France. Le composant chimique le plus important fut
également nommé d’après l’ambassadeur
Nicot: la nicotine.
En Suisse, le tabac est consommé depuis la
deuxième moitié du XVIIème siècle. La fa-
çon de le consommer dépend beaucoup
de l’échelle sociale. Les pauvres le mâchent,
les soldats, les étudiants et les basses classes
tirent sur une pipe, tandis que les nobles de
la bonne société Rococo reniflent leur tabatière. Napoléon s’envoyait pas moins de
80 livres de tabac dans les narines par an.
La consommation de tabac en Europe
était essentiellement masculine. La bourgeoisie montante du XIXème siècle fit de
la consommation de tabac un droit exclusivement masculin. Seule une femme
­voulant choquer osait briser le tabou. Des
femmes qui fument, comme la danseuse
Lola Montez ou l’écrivaine George Sand,
signalaient par-là leur position hors de la
société. À la maison aussi, là où évolue la
maîtresse de maison, la zone est clairement non-fumeur. Dans la chambre de ces
messieurs et dans la bibliothèque, où les
hommes étaient entre eux, le nuage de
­fumée est de rigueur.
Le tabac devient quotidien lorsque débarque la plus grande nouveauté sur le
­marché: la cigarette. Elle était pratique et
de consommation immédiate. De Russie,
la mode des cigarettes orientales gagne les
milieux nobles. Une fourre en papier de
soie et des boîtes travaillées en font un
produit de luxe à l’Ouest. Mais la période
dorée de la cigarette démarre vraiment
avec les guerres mondiales. «Avec la guerre, le statut de la cigarette change», écrit le
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Arrêter de fumer
20 | 2010
chercheur Hasso Spode dans un texte sur
l’Histoire du tabagisme en Europe. Un peu
du luxe des boudoirs s’est fourvoyé dans
les tranchées de la ­première guerre mondiale. La petite tige incandescente aide à
supporter l’enfer, à tenir.
Après 1945, l’Europe a faim de nicotine:
Le tabac blond, introduit après la guerre,
est un succès. La bout clair de «l’Amé­
ricaine» est réputé plus sain que les cigarettes d’ici. Elle laisse sur place pipes et
cigares. Depuis lors, en Europe, 9/10 du
tabac est consommé sous forme de
cigarettes.
Les tranchées des deux guerres mondiales
marquent aussi la naissance du mythe de
la cigarette. Comme symbole d’une communauté secrète et fidèle, qui trouve dans
la fumée réconfort et soutien. Depuis lors,
il n’y a plus un seul feu de camp autour
duquel on ne fume pas. Pensez au cowboy
Malboro! Sur le grand écran des durs comme Humphrey Bogart ou Clint Eastwood
s’en allument une quand il s’agit de rassembler leurs forces, de calmer leurs nerfs
ou de trouver le courage d’affronter un
grand danger. Dans les situations plus
romantiques, la cigarette «après», qui se
fume au lit, devient même du meilleur
goût.
Dans la seconde moitié du XXème siècle,
toujours plus de femmes et de jeunes
­empoignent la petite baguette embrasée,
la publicité de la très prospère industrie du
tabac les y incitent. Elle suggère que celui
qui fume est «cool», moderne et surtout
indépendant. Que l’émancipation des
femmes se double d’un nombre toujours
croissant de fumeuses est à peine étonnant. La cigarette devient le symbole de
toutes les émancipations et fait bientôt
partie de la culture comme de la philosophie ­politique.
Depuis lors, le Zeitgeist a de nouveau viré
de bord. Le savoir scientifique de plus en
plus détaillé sur les dangers du tabac a
réussi à ébranler la norme sociale par rapport à la fumée. Le «Terry Report» américain de 1964, sur l’augmentation du risque
de cancer du poumon, provoqua une prise
de conscience qui mena à un recul de la
consommation de tabac en Europe, au
moins dans les couches les plus éduquées
de la population. Que la conscience de la
santé se soit ­développée est visible par le
fait que les héros fumeurs ont presque
­totalement disparu du grand écran
aujourd’hui. Qui peut de nos jours
s’imaginer un héros ­ fumeur à la chaîne?
Tout nous indique que la culture de la
­fumée est aujourd’hui en perte de vitesse
dans les pays industrialisés, voire tabou.
Dans les pays en voie de développement
les choses se passent autrement. La
­consommation de tabac n’a pas fini
d’augmenter.
Aux États-Unis, précurseurs en matière de
campagne anti tabac, le combat est
Si l’importance du
tabac dans l’Histoire
et la culture est sans
conteste, sa consommation a de tout
temps été contestée.
­ oursuivi sans concession depuis 40 ans.
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Les interdiction de fumer sont d plus en
plus nombreux dans les lieux publics. Et
les enfants apprennent dès leur plus jeune
âge que la cigarette est mauvaise pour la
santé et que cela retarde leur croissance.
Le changement de valeurs laisse des
t­ races dans la société. Le tabac, autrefois
synonyme de plaisir, est aujourd’hui
­associé à un produit dangereux. Fumer
évoque les couches défavorisées de la
­société et le manque d’éducation, et les fumeurs sont stigmatisés comme étant des
malades de la dépendance.
Le tabac est un sujet toujours plus important dans les politiques de la santé partout
autour du globe. Pratiquement, trois
quarts des États européens ont décrété
l’interdiction totale ou partielle de la
­fumée et tous interdisent la publicité pour
le tabac. 28 des 40 pays en ont même
­interdit la vente aux mineurs.
Chez nous aussi, les mesures de prévention sont de plus en plus nombreuses.
9 000 morts et 11 milliards de francs de
coûts sociaux par an sont des arguments
forts en faveur de la lutte contre le tabac.
En 2001 déjà, le Conseil fédéral décida
une campagne ­ nationale contre le tabac
(BRAVO), qui englobe campagnes
d’information, règlementation du marché
et publicité, protection des non-fumeurs
et des ­ mineurs, ainsi que campagnes en
faveur de l’abstinence. Depuis 2003, les
programmes sont financés à travers le
Fond de prévention contre la tabagie qui
col­lecte 2,6 centimes par paquet de cigarette. La loi sur la protection contre la
fumée passive est entré en vigueur en mai
2010. Le Conseil fédéral défend la loi en
arguant que «la fumée passive met la santé en danger. Elle provoque cancer du
poumon, maladies cardiaques, asthmes
et infections des voies respiratoires.»
Depuis lors, ­toutes les piè­ces fermées, qui
sont utilisées par plusieurs personnes
comme lieu de ­ travail, sont libres de fumée. Tout comme les lieux fermés d’un
accès publique.
En Suisse, la publicité pour le tabac et
l’alcool est interdit à la télévision et dix
cantons ont aussi interdit la publicité par
voie d’affiches.
Des images choquantes d’abcès de cancer et de gencives pourrissantes, comme il
est obligatoire de faire figurer sur les paquets de cigarettes depuis 2010, peuvent
convaincre certains fumeurs d’arrêter.
Pour les experts c’est prouvé. Une étude
internationale qui a questionné 15 000 fumeurs quatre ans durant a démontré que
les photos dégoûtent effectivement les fumeurs. Les pays qui ont appliqué cette loi
ont vu leur taux de fumeurs baisser. Les
images d’abcès sont particulièrement
­efficaces.
Si l’importance du tabac dans l’Histoire
culturelle est sans conteste, sa consom­
mation a de tout temps été contestée.
Hoffmann von Fallersleben résume
l’ambiguïté: «Le tabac est d’importance
pour l’histoire universelle. Chacun doit lui
reconnaître cela, qu’il soit bon pour la
santé ou au contraire mauvais, qu’on en
soit adepte ou ennemi.» L’histoire du tabac montre que son statut varie et que sa
consommation change sans cesse. Pipe,
tabatière et cigare ont marqué leur époque, comme la cigarette représente le
XXème siècle.
Au XXIème, sa cote est en chute libre.
Peut-être que le siècle des chewing-gums
à la nicotine est venu? Ou l’ère de la cigarette électrique, garantie sans fumée et
sans émission nocive.
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10
Arrêter de fumer
20 | 2010
Cigarettes et rock’n’roll
Arrêter de fumer dans le monde du rock n’est pas une mince affaire. The Young Gods est
sans doute le groupe de rock suisse le plus connu du monde. Les musiciens
ont tenté l’expérience. Deux des quatre musiciens romands sont aujourd’hui
non-fumeurs; envers et contre tous. Interview: Alain Croubalian
Scène de concert de rock,
fin du XXème siècle
Une scène normale dans les années 80: au
milieu des volutes de fumée que pouffe toute une salle en attente, on distingue à peine
la scène de fortune. La ventilation du bâtiment industriel squatté pour l’occasion est
en panne, le light-show consiste en trois
projecteurs blancs posés à même le sol. La
tête tourne dans la chaleur et la foule toute
sapée de noir a les yeux qui piquent à cause
de la fumée. Les gens attendent, fébriles, le
début du rituel. L’émotion est à son comble
quand vrombissent les premières basses. Le
groupe commence dans une explosion de
lumière. Batterie, sampler et voix fondent
sur les oreilles des spectateurs pris de court,
maisravis de l’assaut surprise. Le public entre lentement en transe. Plus tard, en
rentrant à la maison, les oreilles résonnent
des coups de boutoir de la sono, et les habits
finissent la nuit sur le balcon: ils sentent la
fumée, comme les cheveux et le reste.
Beobachter: Regrettez-vous le temps des
salles de concert remplies à ras bord de
fumée de cigarette?
Franz Treichler: Bizarrement, la fumée
dans une salle de rock ne m’a jamais vraiment dérangé. Cela a toujours fait partie
du décor. Comme le bar et le dj qui passe
de la musique après le concert. Même si je
n’ai moi-même jamais vraiment fumé et
que je suis chanteur. Au fond, c’est moi qui
devrait vraiment souffrir en premier lieu
de la fumée dans les salles de concert.
Bernard Trontin: Le batteur, lui aussi
souffre. C’est quand même surtout lui qui
fait un effort physique important. Mais
moi, ça ne m’a jamais gêné non plus. J’ai
toujours été habitué à cet environnement.
Depuis petit – mon père jouait de
l’accordéon – les bar-tabacs en France
sont synonymes de salles pleines de fumeurs et de fumée.
Biographie
The Young Gods, formé en 1985 par le
guitariste fribourgeois d’origine brésilienne
Franz Treichler, est le premier groupe au
monde a avoir trouvé une utilité véritablement musicale au sampler. Le groupe a ainsi
acquis une reconnaissance internationale et
de nombreux artistes les citent comme référence: Mike Patton de Faith No More, Sonic
Youth, The Chemical Brothers, David Bowie,
Ministry, KMFDM et même The Edge de U2.
Leur nom vient d’une chanson du groupe
new-yorkais The Swans, dont le batteur Roli
Mosimann, Zurichois d’origine, est devenu
leur producteur artistique. Après 15 albums
en 15 ans, un nouveau disque verra le jour le
1er novembre 2010. Enregistré entre Genève,
Fribourg, la Pologne et Bruxelles, il mêlera
leurs expériences électroniques, électriques
et acoustiques et s’intitulera «Everybody
knows» (tout le monde le sait).
«Nach dem
Rauchstopp fühlte
ich mich freier,
ich kam auch
­wieder leichter
die Treppen
hoch»: Dodo Hug
Bernard Trontin et Franz Treichler sont
(pour l’instant) les seuls deux membres
du groupe suisse the Young Gods qui ont
réussi à s’arrêter de fumer; et à tenir.
PHoto: Young Gods
«Bizarrement, la fumée dans une salle de rock
ne m’a jamais vraiment dérangé. Cela a toujours
fait partie du décor.» Franz Treichler, chanteur des Young Gods
Dans un récent concert à Lausanne le
guitariste américain Frank Black (The
Pixies) se plaignait du fait qu’il voyait le
public trop bien, trop clairement depuis
l’interdiction de fumer dans les salles de
concerts. Il a supplié les gens de fumer...
en vain. C’est interdit!
FZ: C’est vrai que l’ambiance dans un night
club n’est plus la même sans les cigarettes.
L’image est forte, depuis le temps qu’elle
dure. Au cinéma ou à la télévision, imaginez un club de rock (ou de jazz, ou de tango) à l’ancienne: tout le monde fume,
l’image est forcément enfumée.
Et il s’est aussi plaint qu’un public chantant
et dansant, au lieu de sentir la fumée comme avant, sentait aujourd’hui… la transpiration.
BT : Ha ! ha ! ha ! C’est vrai qu’une salle est
parfois comme une casserole sous pression. Ça bouge, ça chauffe et ça transpire!
On va bientôt regretter la terrible odeur
des clopes.
Pour créer, il faut prendre ses libertés. Les
musiciens, comme la plupart des artistes,
sont épris de liberté. Êtes-vous malgré
tout «pour» l’interdiction de fumer dans
les lieux publics?
Arrêter de fumer
FZ: J’ai effectivement voté pour
l’interdiction de fumer. Mais je le regrette.
C’est l’anthropologue Jeremy Narby qui
m’a convaincu. Non avons conçu en­
semble­ un spectacle musical il y a quelques années autour de son livre «Le serpent cosmique», quelquepart entre concert de rock et conférence d’anthropologie.
Jeremy Narby s’est intéressé à la culture
des Indiens de l’Amazone. Il y a découvert
des interprétations du monde qui ouvrent
de nouvelles perspectives. Notre civilisation n’a pas toutes les réponses aux mystères
de cette planète et on peut apprendre
beaucoup en s’intéressant à la sagesse des
autres peuples.
Mais surtout, dans ce livre, il fait la liste
de tous les produits toxiques contenus
dans les cigarettes et qu’on absorbe en
fumant. Dans le tabac, mais surtout dans
les adjuvants et même le papier. C’est effrayant de constater combien de produits
chimiques on nous force à avaler et qui
nous rendent d’abord accro, puis à terme
malade.
«Au milieu de la nuit, je me suis réveillé et je
n’arrivais plus à respirer. J’ai cru que j’allais
mourir. Dès le lendemain je n’ai plus touché à
une seule cigarette.» Bernard Trontin, batteur des Young Gods.
Alors trouvez-vous que cette loi est
­nécessaire aujourd’hui?
tout. Vraiment, aujourd’hui, je dois avouer
que je voterais contre l’interdiction.
FZ: Elle fait bien sûr sens, logiquement et
médicalement, comme économiquement.
Mais je dois avouer que je voterais
aujourd’hui contre...
L’autre problème de cette interdiction de
fumer dans les lieux nocturnes, est que la
plupart des bars sont désertés. Tout le
monde va fumer dehors au lieu de
s’accrocher à un coin du comptoir avec sa
bière. Du coup, les salles de concerts sont
pour la plupart en déficit, car le public ne
consomme plus assez de boissons.
Comment cela ?
FZ: Je trouve qu’il y a trop d’interdictions.
L’homme a non seulement besoin d’air et
d‘eau pour vivre, mais aussi de liberté. On
devrait pouvoir choisir ce qu’on a le droit
de faire et ne pas faire. L’homme est un
­êt­re assez intelligent pour cela et je veux
continuer à lui faire confiance, malgré
FZ: Oui on a vu ce phénomène se répéter
dans toutes les salles de concert autour de
la planète. Les organisateurs de soirées, les
tourneurs et les clubs s’en plaignent assez
souvent!
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20 | 2010
BT: Oui c’est malheureux, mais les habitudes doivent apparemment encore
changer. Les bars sont vides et devant la
porte il y a un amas de gens en petite
chemise qui s’en grillent une petite avant
de revenir à l’intérieur voir le concert.
La solution n’est pas encore trouvée.
Et The Young Gods fument-ils?
BT: On a essayé d’arrêter. Mais tous n’ont
pas réussi à tenir. Deux sur quatre, c’est
déjà pas mal!
Comment avez-vous arrêté?
BT: J’ai toujours eu un mode de consommation des cigarettes très particulier. Chaque année, je fumais pendant un mois.
Tout un mois, un paquet de cigarettes par
jour. Puis j’arrêtais le reste de l’année. Le
système marchait assez bien. C’était en
somme mes vacances de non-fumeur.
Puis est venu l’enregistrement du nouvel
album. Notre producteur Roli Mosimann
fume comme un pompier. Alors après
chaque prise, quand on sortait discuter, il
allumait une cigarette. Et moi aussi du
coup. C’était un bon moyen de lutter contre le stress. Mais je fumais plus que
d’habitude. Mais comme ce n’était qu’une
fois par an, je me suis dit que ce n’est pas
grave. Mais tout d’un coup, au milieu de la
nuit, je me suis réveillé le souffle coupé. Je
n’arrivais plus à respirer. J’ai cru que j’allais
mourir! Dès le lendemain, je n’ai plus
­touché à une seule cigarette.
Z: Pour l’enregistrement du nouvel alF
bum, on s’est aussi retrouvé perdu au milieu de la campagne polonaise pendant
quelques semaines à des centaines de kilomètres de la prochaine ville intéressante.
Et c’est vrai que Roli Mosimann fume vraiment beaucoup. Du coup, lorsqu’on discutait, il fumait des cigarettes et moi aussi.
J’ai toujours fumé de temps en temps. Mais
là cela a été trop loin. Je me sentais trop
mal. J’ai définitivement arrêté les cigarettes après l’épisode polonais.
BT: d’autres membres du groupe ont
d’abord arrêté, mais ils ont recommencé
depuis. La vie de musicien est faite de
beaucoup de stress. Mais la discipline de
vie personnelle reste une règle d’or qu’il
vaut mieux ne pas oublier, sous peine de
ne pouvoir faire ce métier très longtemps!
Scène de concert de rock,
début du XXIème siècle.
La salle a été construite expressément pour
les concerts bruyants. Les matériaux de récupération ont été peints de couleurs vives
pour que l’ensemble ait l’air un peu joyeux.
C’est le Centre de rock officiel construit par
la Ville, typique des années 90. Tout est
construit à bon escient, mais le style est un
peu... administratif. Le concert annoncé à
20.30 commence à la seconde près. Le light
show est presque télévisuel. L’absence de fumée donne au groupe un côté surréaliste.
On distingue chaque détail du visage du
chanteur sur laquelle perle la sueur. Par
chance, la ­musique transporte le public. La
musique, pas la fumée!
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pour vous porter secours.
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Arrêter de fumer
Quel type de fumeur êtes-vous?
La cigarette remplit de nombreuses fonctions. Si vous n’êtes pas au clair sur les conditions
dans lesquelles vous fumez,testez-vous! L’analyse des résultats vous permettra d’agir
de ­façon plus consciente – et de prendre des mesures concrètes pour arrêter de fumer.
TESTEZ-VOUS!
Répondez aux questions suivantes,
en cochant la case correspondant à la réponse adéquate.
jamais
parfois
réguliè­
rement
souvent
toujours
A Les cigarettes m’aident à rester concentré, éveillé et surtout
performant.
1
2
3
4
5
B C’est un sentiment agréable de tenir une cigarette entre mes
doigts.
1
2
3
4
5
C Fumer des cigarettes est synonyme pour moi de détente et
d’agrément.
1
2
3
4
5
D Je m’allume une cigarette lorsque je m’énerve à propos de quel- 1
que chose.
2
3
4
5
E Je supporte mal lorsque je tombe en panne de cigarettes.
1
2
3
4
5
F Parfois, je ne remarque même pas que je fume. Cela se fait
presque automatiquement.
1
2
3
4
5
G Je fume pour me mettre dans l’ambiance et pour me reposer.
1
2
3
4
5
H Même allumer la cigarette fait partie du plaisir.
1
2
3
4
5
I J’aime simplement fumer.
1
2
3
4
5
J Je m’allume une cigarette quand je suis énervé et quand je ne
me sens pas très bien.
1
2
3
4
5
K Je remarque tout d’un coup, lorsque je ne fume pas.
1
2
3
4
5
L Il me semble que j’allume une nouvelle cigarette, alors que la
précédente n’est même pas encore totalement consumée.
1
2
3
4
5
M Je fume pour me remettre en train lorsque je ne suis pas en
forme.
1
2
3
4
5
N Regarder les volutes de fumée s’envoler artistiquement
me procure vraiment de la joie.
1
2
3
4
5
O Quand je me sens bien et détendu, il faut que j’ai une cigarette
à la main.
1
2
3
4
5
P Je fume lorsque je veux me libérer de quelque chose qui
m’oppresse.
1
2
3
4
5
Q Un désir irrépressible me gagne lorsque je n’ai pas pu fumer de 1
cigarettes depuis un moment.
2
3
4
5
R Parfois, je constate avec étonnement, qu’il y a une cigarette
plantée entre mes lèvres.
2
3
4
5
1
15
20 | 2010
RESULTATS
Reportez vos points dans la liste ci-dessous et additionnez-les. La catégorie où vous aurez récolté le plus de points, vous indiquera vos motivations.
Lisez aussi les explications pour les groupes suivants. La plupart des fumeurs cumulent plusieurs motivations.
Type stimulation: «Fumer me
donne l’élan nécessaire»
Question A:
Question G:
Question M:
Total:
Points
Points
Points
Points
La cigarette est pour vous un dopage. La fumée vous donne l’impression
d’avoir plus d’élan et de puissance
d’action. Cela vaudrait la peine
d’imaginer qu’est-ce qui pourrait
vous mettre dans le même état
d’esprit, sans être aussi nuisible.
Type occupation: «J’ai besoin
de m’occuper les mains»
Question B:
Question H:
Question N:
Total:
Points
Points
Points
Points
Vous fumez surtout parce que vous
vous êtes habitués à toujours avoir
quelque chose entre les mains. Mais
il y a toute une série d’autres
«jouets» sans feu, tout aussi aptes à
vous occuper les mains.
Type plaisir: «Fumer est
­simplement un plaisir»
Question C:
Question I:
Question O:
Total:
Points
Points
Points
Points
Chez vous, le plaisir est au premier
plan: la cigarette contribue à votre
plaisir physique, après le repas ou en
d’autres situations épicuriennes. Mais
si vous êtes honnête, ce plaisir est de
courte durée. Il y a sûrement d’autres
choses qui vous procurent autant de
bien être et de détente.
Pression au travail, bouchon de la circulation ou problèmes de famille: à
l’occasion, les sentiments désagréables, les états de tension et la nervosité se laissent adoucir en fumant une
cigarette. Mais de nouveau: l’effet
n’est ni vraiment durable, ni particulièrement sain. Essayez d’autres
méthodes de relaxation pour maîtriser les situations de pression et le
stress. Vous verrez comme c’est
­ef­ficace.
d’autant plus pénible. Mais celui qui
réussi tout de même à se débar­
rasser de la cigarette, sera d’autant
plus fier!
Type dépendant: «Je n’arrive
Si fumer est pour vous juste une habitude parmi d’autres, vous devriez
pouvoir vous arrêter relativement facilement. Mais vous aussi devrez
faire attention:
Faites une pause de reflexion avant
d’empoigner la prochaine cigarette.
Et posez-vous la question: pourquoi
est-ce que je veux fumer cette cigarette juste maintenant, à cet instant?
pas à m’en débarrasser»
Question E:
Question K:
Question Q:
Total:
Points
Points
Points
Points
Type calmant: «La cigarette
me soutient dans toutes les
­situations de la vie»
Question D:
Question J:
Question P:
Total:
Points
Points
Points
Points
Les fumeurs ne sont pas seulement
dépendant physiquement de la cigarette, mais aussi psychiquement. Ils
font souvent provision de secours de
cigarettes. Un jour sans nicotine leur
semble impossible. Pour la plupart, le
chemin de fumeur à non-fumeur sera
Type habitude: «Je fume de
façon automatique»
Question F:
Question L:
Question R:
Total:
Questions compilées par Susanne
Wagner, d’après un test de la Ligue
contre le cancer, Zurich.
Reprendre son souffle
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PHoto: Bob landry/time life pictures/Getty Images
Hum garette
Arrêter de fumer
20 | 2010
Fumer, c’est jouer avec le feu
SOUFFRIR Plus de 9000 personnes meurent en Suisse chaque année à cause de la fumée.
Les fumeurs inhalent un mélange hautement empoisonné – et se rendent vulnérables aux
maladies. Pourquoi consomment-ils des produits aussi dangereux? Susanne Wagner
Prendre une cigarette c’est mettre en
route un processus néfaste: le poumon
n’aspire pas que de l’air, mais aussi de la
fumée de cigarette avec tous ses composants, aussi nocifs soient-ils. Que la fumée
soit mauvaise pour le corps humain est
connu. Mais au fond, que se passe-t-il
dans ce corps? Par l’échauffement du tabac à près de 900° celsius celui-ci produit
de la fumée qui contient de minuscules
particules de goudron et de nicotine ainsi
que des gaz comme le monoxyde de
carbone, le ­ formol et l’ammoniaque. Les
poumons absorbent très bien ces particules, car ils offrent une grande surface
d’absorption. Étalé à plat, un poumon
couvre 70 à 80 mètres carrés, soit
l’équivalent d’un demi-terrain de tennis.
Le goudron passe directement dans le
sang par les alvéoles pulmonaires. De 7 à
10 secondes après la bouffée de fumée, la
nicotine atteint le cerveau. Contrairement
à d’autres poisons, la nicotine peut em­
prunter l’artère qui mène à la tête. Elle envahit le cerveau et le fumeur a un «flash»
de nicotine qui donne une impression de
bien être. La nicotine excite, mais est aussi
tranquillisante et refoule des sentiments
comme la peur, l’insécurité et le stress.
­Déjà après la première bouffée les bat­
tements du cœur s’accélèrent. La tension
artérielle grimpe, veines et artères se contractent, surtout autour du cœur, et tout
d’un coup la température des pieds et des
mains descendent car la pres­sion ­sanguine
tombe. Du coup, le circuit sanguin souscutané est moins irrigué.
«La nicotine est le composant le plus dangereux de la cigarette, car il rend
­dépendant», dit Otto Brändli, spécialiste
des poumons et président de la Fondation
pulmonaire suisse. La nicotine est même
dangereuse en petite quantité. Car elle
peut tout de même causer une dépendance de longue durée. Son potentiel de
dépendance est, selon les autorités américaines de la santé, aussi puissant que
l’héroïne.
dangereuses. En Suisse –comme aux USA
et beaucoup de pays européens– on n’a
plus le droit de vendre sous l’étiquette
«light» ou «mild». Selon Otto Brändli, ces
cigarettes sont aussi nocives que les autres:
«Mais comme elles contiennent moins de
nicotine. Elles poussent donc à fumer plus
de cigarettes et à inhaler avec plus de vigueur, ce qui conduit à une plus forte
dépendance!»
Ce dès lors n’est pas étonnant que de
contient d’autres produits et gaz nocifs. On
en connaît certains par l’industrie: le benzol est un produit anti-explosion qu’on
ajoute à l’essence, on trouve de l’am­
moniaque dans les produits de nettoyage,
le formol est utilisé dans le travail du bois
et la préservation des corps morts. La plupart des 4800 substances que contient la
fumée de cigarette apparaissent lorsqu’on
brûle le tabac. 200 de ces substances sont
no­cives et 40 d’entre elles provoquent le
cancer.
Une cigarette est composée de 45 à 55% de
tabac pur. L’industrie enrichit ses produits
avec pas moins de 600 adjuvants. Ils enlèvent au tabac son amertume et améliorent
son goût. Mais le Centre pour la recherche
contre le cancer à Heidelberg ajoute: «Les
adjuvants augmentent également le potentiel addictif et peuvent se transformer
en produits nocifs et cancérigènes quand
ils se consument. Commencer à fumer
­devient un jeu d’enfant, surtout pour les
jeunes. Le goût mentholé aide notamment
les jeunes à commencer à fumer, puisque
son effet est anesthésiant et rafraîchissant.
nombreux ex-fumeurs redeviennent des
fumeurs après une seule cigarette. Ou
Des 4800 substances
qu’on trouve dans la
fumée.­ 200 ne sont
que du poison et 40
sont cancérigènes.
pour les débutants, qu’après seulement
quelques cigarettes le corps réclame déjà
sa dose de nicotine. Ce n’est pas non plus
étonnant que les fumeurs ne pensent pas
d’eux-mêmes à arrêter. Ils affirment pren­
dre du «plaisir» à fumer. Les «accros» à la
nicotine veulent chaque fois à nouveau
ressentir l’effet de la nicotine sur le centre
du plaisir dans le cerveau.
Les cigarettes contenant relativement peu
de nicotine et de goudron sont tout aussi
A part la nicotine, la fumée de cigarette
17
18
Arrêter de fumer
Et parce que la menthe augmente la fréquence et la capacité de la respiration, on
inhale plus profondément en absorbant
plus de nicotine.
Les produits les plus nocifs ­contenus
dans la fumée du tabac.
w
La nicotine est un des plus puissant poison­
végétal. Elle se trouve dans la racine de la
plante de tabac (nicotia tabacum) et monte dans les feuilles lorsque la plante mûri.
La dose mortelle pour un non-fumeur est
de 40 à 60 milligrammes (mg). Chez un
nourrisson moins de 10 mg suffisent. Ce
qui est moins que la nicotine contenue
dans un mégot.
Une cigarette contient de 8 à 20 mg de nicotine, dont 10% est absorbé lorsqu’on
­fume. Les données figurant sur le paquet
d’emballage sont mesurées par machine
dans un nuage de fumée. La quantité de
nicotine absorbée par le corps pendant
une journée, dépend de plusieurs facteurs:
le genre de tabac, la quantité de nicotine
qu’il contient, le nombre de cigarettes fumées, avec ou sans filtre. Capacité pulmonaire et profondeur de la respiration
ont également leur rôle à jouer.
Le goudron se fixe dans les voies respiratoires et les poumons, puis passe dans le
sang. Il colle les cils vibratiles des voies
­respiratoires. Ainsi le corps a plus de peine
à évacuer les produits nocifs. Le danger de
cancer vient surtout de la présence de
goudron.
Le monoxyde de carbone (CO2) et le
formol­ sont très nocifs et provoquent un
manque d’oxygène dans le sang, donc aussi dans tous les autres organes et tissus. Ils
occupent dans le sang les places ­réservées
à l’oxygène. Ainsi les parois intérieures des
canaux artériaux doivent-elles fabriquer
plus de cellules de transports, ce qui mène
à un épaississement des parois des vaisseaux et provoque ce qu’on appelle
l’artériosclérose.
L’acétaldehyde et l’ammoniaque provo­
quent la toux. Le benzol, les sels de
cadium, de nickel et d’arsenic sont cancérigènes. Pour l’acrolein et le formol le
doute subsiste. Les sels de plomb peuvent
abîmer le fœtus.
Les adjuvants du tabac comme le sucre, la
menthe, le réglisse, la vanille ou les clous
de girofle sont mélangés au tabac pour
améliorer son goût et adoucir l’amertume
de la cigarette.
w
Ainsi, la fumée abîme le corps.
Déjà les plus petites quantités de tabac
sont cancérigènes. Le Centre allemand
d’information sur le cancer affirme qu’il
n’y a aucune quantité de tabac qui ne soit
pas nocive. Il abîme, outre les poumons,
veines et artères, cœur et cerveau, à peu
près tous les organes du corps humain.
Plus de 90% des cancers du poumon, de la
cavité buccale, du larynx et des bronches
sont dûs au tabac. En Suisse, pas moins de
9000 personnes meurent chaque année
des suites de la consommation du tabac.
Selon l’Office fédéral de la Santé publique,
41% de ces cas mortels concernent­ les accidents cardiaques, 27% le cancer des poumons, 18% les maladies des voies respiratoires et 14% sont victimes d’autres types
de cancer.
Il y a chaque année dans le monde environ
5 millions de victimes du tabac. L’Organi­
sation mondiale de la santé (OMS) part du
principe que dans 10 ans ce chiffre aura
doublé. Selon l’OMS, fumer est une maladie; et la cigarette est le seul bien de consommation dont l’utilisation adéquate tue
ceux qui s’en servent.
Qui fume, augmente les risques
d’attraper de telles maladies.
w
Maladies cardiaques: la fumée de cigarette est un plus important facteur de risque
de l’épaississement des artères (artériosclérose), du rétrécissement des artères
cardiaques­ (angina pectoris), de l’infarctus
du myocarde, de l’attaque cérébrale, des
fuites de sang dans les veines (thrombose)
et des faiblesses cardiaques.
Selon la Fondation suisse pour le cœur, sur
5 victimes d’un arrêt cardiaque avant l’âge
de 45 ans, 4 le sont à cause du tabac.
Mauvais pour la santé, malgré le doux bruit de l‘eau
De nombreux jeunes apprécient la Sisha, la pipe à eau du Moyen-Orient. Mais ce rituel arabisant devenu
très «cool», n’est pas meilleur pour la santé que les cigarettes, au contraire.
La pipe à eau s’est établie partout en
Europe ces der­nières années. Ce rituel
exotique venu du désert conserve une
image très positive auprès des jeunes contrairement aux cigarettes. Qu’il s’en
échappe de doux arômes de pomme,
de menthe ou d’orange, et on oublie les
dangers liés au tabac, même aromatisé.
Une sisha, ou plus simplement une
pipe­ à eau, est faite d’un réservoir en
verre rempli d’eau, d’un réceptacle à
­tabac, d’une colonne à fumée avec une
soupape et d’un tuyau muni d’une embouchure. En aspirant par le tuyau on
peut y tirer la fumée de la pipe. Mais les
risques pour la santé sont pareils que
pour la fumée de cigarette, puisque des
substances toutes aussi nocives y sont
contenues. La même proportion de
­nicotine est responsable du potentiel
addictif. L’eau ne filtre rien, comme on
pourrait le croire au premier abord,
mais fait office de refroidisseur. Ce qui
permet simplement au fumeur de
l’inhaler plus profondément.
le tabac libère en se consumant une
grande quantité de monoxyde de carbone qui est absorbée en même temps
que la fumée du tabac. Cela provoque
un manque d’oxygène dans le sang, ce
qui charge sensiblement le système
sanguin et le coeur qui doit alors battre
plus vite pour compenser ce manque.
Selon les professionnels d’Addiction
qui peut durer jusqu’à une bonne
heure, surcharge également le corps:
fumer plus longtemps est synonyme de
plus de fumée, et donc d’encore plus de
­produits nocifs, qui sont inhalés plus
profondément que dans le cas d’une
fumée de cigarette traditionnelle.
Info Suisse, les taux en goudron, en arsenic, en chrome, en cobalt, en plomb
et en nickel sont même sensiblement
plus élevés dans la fumée de pipe à eau
que dans celle des cigarettes. Le charbon de bois qu’on allume pour chauffer
La longueur du rituel de la Shisha,
19
20 | 2010
En laguage médical, la trop connue «toux
du fumeur» s’appelle COPD (de l’anglais
chronic obstrusive pulmonary disease –
maladie chronique obstruant les poumons). On entend par là une maladie des
voies respiratoires qui dure longtemps,
comme les bronchites chroniques ou
l’emphysème pulmonaire. Ils ont des
symptômes communs: difficulté à respirer, fortes toux avec crachats, essoufflement et infections pulmonaires à répétition. Ce sont surtout les stades plus évolués
de la maladie qui peuvent être mortels. Le
plus grand nombre de décès du COPD
sont à mettre sur le compte du tabac (80 à
90%). Le risque de COPD est d’ailleurs six
fois plus élevé chez un fumeur.
w
Fumer a aussi des effets sur...
Dents, gencives et cavité buccale: la fumée du tabac active la destruction de la
mâchoire. Elle augmente le risque
d’inflammation et double le risque que les
dents tombent. Une étude des recrues militaires par la Société des dentistes suisses
montre que les fumeurs ont nettement
plus de caries.
L’impuissance: les fumeurs ont beaucoup
plus de problèmes d’érection. Une étude
de l’Université de la Nouvelle-Orléans
prouve que les hommes fumant plus de 20
cigarettes par jour, courent 60% plus de
risques d’être impuissant.
La fécondité: la fumée a un effet négatif
sur l’organe reproducteur. La fertilité des
femmes est différée de deux mois, et on
peut raisonnablement penser que les nouveau-nés ont moins de chance de survie.
Les femmes qui ont fumé pendant leur
grossesse ont plus de fausse-couche. Et fumer pendant la grossesse favorise la mort
subite de l’enfant.
Les performances: diminuent dans leur
ensemble, car le CO2 empêche le sang de
transporter l’oxygène par le sang.
La jambe du fumeur: est une des suites
du manque d’irrigation sanguine. Comme
le tissu est moins bien approvisionné, il
meurt. On doit alors amputer l’orteil, le
pied ou la jambe du fumeur atteint. n
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La­­­ cause: fumer rétrécit les canaux san­
guins, ce qui augmente la pression artérielle, puis le travail du cœur. Les facteurs
de risque augmentent si on ajoute au bilan
un manque d’exercice, le stress, le surpoids­
ou une pression artérielle élevée.
Quand les femmes fument, et prennent en
même temps la pilule, le risque de thrombose, d’attaque cérébrale et d’infarctus
augmente encore plus.
Cancer: les fumeurs et les fumeuses ont
dix fois plus de chance d’être victimes du
cancer. Les combinaisons toxiques dans la
fumée des cigarettes est la cause la plus
importante de cancer du poumon et favorise celui du larynx, de l’œsophage, de
l’estomac, de la vésicule biliaire, des reins
et de l’utérus.
Maladies pulmonaires: la fumée est le
principal responsable des maladies des
voies respiratoires. Les voies respiratoires
sont irritées, ce qui conduit de plus en plus
à la toux, aux crachats et aux refroidissements. Une petite toux, peut se terminer
avec des conséquences tragiques.
20 | 2010
Estomac: les fumeurs ont moins
faim et ils mangent moins. Résultat:
l’hormone rénale (katécholamine)
induit un métabolisme plus élevé.
la fréquence respiratoire.
Poumon: les hormones augmentent
peut accélérer ou ralentir le cœur.
Fumer modérément augmente un peu
la fréquence cardiaque et la pression
artérielle.
Cœur: selon la dose, la nicotine
cerveau en quelques secondes par la
salive et les vaisseaux sanguins de la
cavité buccale. L’effet ultra-rapide
renforce la dépendance. Signe de
l’effet de dépendance, les récepteurs
à nicotine sont justement plus
nombreux dans le cerveau d’un fumeur. Privés de nicotine, les fumeurs
sont souvent énervés et ont du mal à
se concentrer. Attaques de panique et
troubles du sommeil sont plus communs chez les fumeurs. L’adrénaline,
une hormone de stress, est libérée en
même temps que la dopamine.
Cerveau: la nicotine atteint le
La nicotine rend dépendant, car elle libère une neurotransmetteur (illustration de droite).
Mais elle est aussi un poison. 40 à 60 milligrammes sont mortels pour un non-fumeur.
Paralysie de la respiration et effondrement de la circulation s’en suivent.
Ainsi fonctionne la nicotine
Substance
grise
Amygdala
Nucleus
accumbens
partie importante du système de récompense
Diencéphale
signal de la d
opamine
callosum
corpus
lobes frontaux
La nicotine active le système de récompense dans le cerveau et mène ainsi à la dépendance. Après quelques jours
déjà, le fumeur qui arrête réduit son risque d’infarctus. Texte: Stefan Stöcklin et infographie: Daniel Röttele
Pourquoi fumer rend dépendant ...
arrêter de fumer
20
shopping
jeux vidéos
sexe
drogues
sport
jeux
produits qui procurent du bien-être. Mais l’extase sexuelle, sportive, le shopping ou le jeu ont le même
effet. Ces activités peuvent être pratiquées avec plaisir. Ce qui active le système de récompense du
cerveau et assure une dose de dopamine, comme de fumer. Un pas important vers la dépendance.
La dépendance a beaucoup de causes: le cerveau humain est une proie facile pour les
Après 2 à 9
mois: la
respiration
s’améliore, le corps retrouve les performances,
la qualité du sperme devient
meilleure. Et la libido de la
femme aussi par la même
occasion.
1 an
Après 20
minutes:
pouls et
pression artérielle se
normalisent. Les mains
et les pieds sont mieux
irrigués par le sang.
1h
Après un an: le
risque d’infarctus
est déjà deux fois
plus petit que
chez un fumeur.
La peau typique du
fumeur (ridée et
sèche) disparaît.
Après 120
minutes:
la quantité de
nicotine dans le
sang a déjà diminué de moitié.
Après 5 ans: le
risque de cancer
du poumon tombe
de moitié, et de
façon significative
pour d’autres types de
cancer (bouche, trachée,
œsophage, vessie, reins et
vésicule biliaire).
Après 8 heures:
la quantité de
monoxyde de
carbone dans le sang
diminue et le taux
d’oxygène redevient
normal.
Après 48 heures:
les sens du goût et
de l’odorat
s’améliorent.
Après 5 à 15
ans: le risque
d’infarctus et
d’attaque
cérébrale est
au même niveau que
celle d’un non-fumeur.
Après 24
heures:
le risque
d’infarctus
diminue.
SOURCES: nEw SCiEntiSt; MODÈlE 3D: RUSSi & MORElli
Après 2 à 4
jours: on ne
décèle plus les
produits qui
éliminent la
nicotine dans
le corps.
... et pourquoi cela vaut la peine d’arrêter
La nicotine apporte détente et
bonne humeur grâce à l’hormone.
La nicotine est un excitant,
libérateur de la peur et multiplicateur
du plaisir.
La nicotine améliore la capacité
d’attention et les performances.
Nicotine: le côté séduisant
Vaisseaux sanguins: l’hormone
libérée par la nicotine rétrécit les
vaisseaux sanguins situés près de
la peau et gênent la circulation.
Le risque d’hémorragie augmente.
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Arrêter de fumer
20 | 2010
Il n’y a pas de fumée sans feu
ALTERNATIVE Comment ingurgiter sa nicotine quotidienne,
malgré l’interdiction de fumer?
Avec un humidificateur à la place
de la traditionnelle cigarette qui
brûle. L’histoire d’un essai.
Peter Johannes Meier
L’homme s’agrippe à son verre de bière. Il
fixe le liquide jaune, dans son for intérieur
il tremble. Bientôt il va exploser: «Nous
avons voté contre. Et maintenant vous venez avec votre truc de merde !» Le cri lui
sort de la gorge. Puis il saute de son siège,
me dévisage –je reconnais un regard de
haine– et quitte le bistrot. Dehors, il fume
une cigarette.
Ce fut, jusqu’à présent, la réaction la plus
désagréable à ma cigarette électrique. Et
c’est justement un fumeur qui se trouve
incommodé par la vapeur d’eau de mon
appareil. Le pauvre! Il a dû intensément se
préparer à cette interdiction, et a sûrement
fait des exercices de contrôle de soi.
Depuis l’interdiction de fumer, «l’électro»
est ma fidèle compagne de sortie.
Contrairement à la cigarette tradition­nelle,
l’«e-cigarette» ne brûle pas de tabac, mais
elle produit de la vapeur d’eau.
Une batterie rechargeable, un vaporisateur et une embouchure remplaçable, qui
contient un réservoir emplit de nicotine
liquide, la cigarette électrique a simplement l’air d’une cigarette classique, avec
filtre: une pièce de choix pour les dandys
en tous genres. Mais c’est à l’intérieur que
réside l’intérêt pour le fumeur. Qui tire sur
une «électro» produit un vide dans le vaporisateur. Signal pour la batterie de
chauffer et pulvériser un peu de liquide.
Ainsi le fumeur avale de la vapeur d’eau
aromatisée et riche en nicotine. Au bout
de la cigarette, la petite lampe s’allume et
donne l’impression que le fumeur tire
vraiment sur sa cigarette.
La cigarette électrique ne brûle rien,
donc elle ne produit aucun produit toxique. Le fumeur obtient sa nicotine, et
l’irritation de la gorge qui va avec, sans
que personne n’ait été importuné. L’odeur
ne se sent qu’à proximité, et est très volatile. Seules quelques particules de nicotine
sont échangées, portées par l’haleine du
fumeur. Et à part dans un cas de bouche à
bouche d’urgence, aucune tierce personne ne devrait souffrir de la cigarette électrique. C’est tout ce que l’on en sait, les
études étant encore rares. Mais la cigarette
électrique est définitivement une alternative moins nocive que le tabac. Et comme
elle ne produit pas de fumée, elle respecte
la loi anti fumée. Mais celui qui croit qu’il
La cigarette électrique est sans aucun
doute une alternative
moins mauvaise que
le tabac véritable.
peut de ce fait tranquillement pouffer son
petit nuage en lisant son journal devant un
espresso, sous-estime la puissance de la
fumée.
Lieu du crime: Sihlcity. Un café dans le
centre commercial zurichois. Après quelques inhalations de vapeur d’eau, le garçon se tient debout devant moi. «Il est interdit de fumer ici !» Je lui explique le truc
de la vapeur d’eau. «Ça ne m’intéresse pas.
D’autres clients vont croire que vous fumez et je ne veux pas de ça !» expédie le
garçon de café. Interdiction de fumer ou
pas. Le maître de maison peut aussi interdire ce qui est permis!
Dans les bars, les choses se passent autrement. Là, la proportion de fumeurs est de
toute façon plus élevée. Mais ici non plus,
la vapeur ne reste pas un plaisir privé.
Chaque fois, je me suis fait approcher.­
La vapeur, la diabolique petite
lueur rouge: clients et
employés voulaient
tout de suite
savoir de quoi il s’agit exactement, comment ça fonctionne, combien ça coûte et
où on pouvait le commander; à peu près
dans cet ordre. Un fumeur qui essaye une
«électro» est presque toujours convaincu.
Mais il faut la commander à l’étranger. La
nicotine liquide n’a pas été admise en
Suisse par les autorités sanitaires. Car
aucune étude sérieuse n’a encore été financée sur ce produit. En Allemagne, tout
est disponible sur internet et l’importation
à des fins privées n’est pas interdite. Les
auto­rités douanières remarquent d’ailleurs
une augmentation remarquable des
commandes depuis l’introduction de
l’inter­diction de fumer.
Mais à quoi sert de faire de la vapeur?
Le résultat après deux semaines sans cigarette traditionelle? Une amélioration sensible de la respiration, un baiser de nonfumeuse, des habits qui sentent au pire la
transpiration et sans trous brûlés, un goût
retrouvé et un meilleur odorat.
Et 80% moins de frais, puisqu’on ne paye
pas l’impôt sur le tabac. À quoi faut-il renoncer pour cela? Au goudron (cancérigène), au plomb (poison), au formol
(cancérigène), à leau de javel (poison), à
l’arsenic (mort aux rats) et quelques autres
fumées maléfiques.
La mauvaise nouvelle? On reste «accro» à
la nicotine. Et fumer électriquement n’em­
pêche même pas de continuer à fumer du
vrai tabac. Car aussi proche de l’original
que soit la cigarette électrique, cela reste
tout de même un peu comme griller des
saucisses sur un grill électrique. n
Plus d’informations sous:
www. ecigarette-public.superforum.fr
Une petite lampe LED luit au
bout de la cigarette électrique
comme si elle se consumait. Mais
«l’électro» ne produit que de la
vapeur d’eau 100% innoffensive.
23
24
Arrêter de fumer
«Nous n’avons pas seulement plus
d’air, mais aussi plus de clients»
FUMEE PASSIVE Le garçon de café Santiago Rodriguez servait avant dans la fumée.
Il savait que cela n’était rien pour sa santé, mais il était tout de même contre l’interdiction.
Aujourd’hui, il ne voudrait plus revenir en arrière. Texte: Andrea Freiermuth et photo: Sally Montana
Plafond bas, petites fenêtres, des murs
recouverts de bois bien pâtiné. Et répartis
entre deux pièces étroites, de belles tables
en bois. La Bodega Espanola, sise au cœur
du Niederdorf de Zurich, a quelque chose
d’un antre avec son ambiance chaude et
confortable. Notamment grâce au poêle
de fonte et à la vitrine qui présente des
plats alléchants. Mais le bar à tapas du rezde-chaussée de la Bodega était, jusqu’à il y
a quelques mois, surtout renommé pour
être un trou à fumée; et donc une zone à
risque pour les gens soucieux de leur
santé. Les soirées de grande affluence, la
fumée était épais comme du brouillard.
Un tel bistrot sans fumée? Même le garçon
Santiago Rodriguez n’y croyait pas. «À part
les quelques cigarettes que j’ai essayé, je
suis totalement non-fumeur. Mais j’ai travaillé toute ma vie dans la fumée. Cela faisait partie du métier. Bien sûr, tous avaient
peur que les clients ne viennent plus.» Il a
d’abord compris la loi non pas comme une
protection mais comme une interdiction
de plus, explique l’Espagnol avec force
gestes. Aujourd’hui, le cinquantenaire a
révisé son jugement. «Je ne voudrais plus
revenir en arrière. Je n’aurais jamais pensé
que cela fasse une si grande différence.
L’air est bien meilleur et le soir je suis
moins fatigué.»
Rodriguez le serveur se sent aujourd’hui
en meilleure forme, parce qu’il ne fume
plus huit heures par jour passivement. Son
sentiment est confirmé par les études
scientifiques. L’Office fédéral de la Santé
publique (OFSP) a montré dans un résumé de plusieurs études que la santé des
employés dans les zones de travail non-fumeur s’est amélioré en peu de temps. À
Helena, dans l’état du Montana aux EtatsUnis, le nombre d’arrêts cardiaques rapporté à l’Hôpital diminua dans un premier
temps, pour remonter quand l’interdiction
de fumer fut levée par décision judiciaire.
En Norvège et en Écosse, les cas de problèmes respiratoires diminuèrent chez les
propriétaires de bar et leurs employés. Et
en Irlande, on a pu prouver l’augmentation
de la capacité pulmonaire de l’ensemble
population, après l’introduction de places
de travail sans fumée.
Ça n’est pas par hasard. On a pu déceler
dans la fumée du tabac pas moins de 4000
produits, dont au moins 40 se sont révélés
cancérigènes. La fumée absorbée passivement est très similaire dans sa composi­
tion à la fumée respirée activement. Les
substances nocives et cancérigènes sont
même plus élevées dans la fumée absorbée passivement. Le filtre de la cigarette
faisant la différence.
Ainsi les fumeurs mettent non seulement
les non-fumeurs en danger, mais aussi les
autres fumeurs. C’est peut-être pour cela
que 40% des fumeurs en Suisse sont pour
l’interdiction totale de fumée dans les
­restaurants, bars et cafés. Ce chiffre
éton­nement élevé est tiré du «Tabakmonitoring», une étude qu’effectue l’Université
de Zurich chaque année depuis 2001.
Encore plus étonnant sont les chiffres
actuels des cantons du Tessin et des
Grisons, où l’interdiction est effective
depuis 2007 et 2008. Pas moins de 77% des
fumeurs ­approuvent l’interdiction.
Comme le montre le Tabakmonitoring, la
plus grande partie de la population suisse
connait les dangers de la fumée passive.
Rodriguez, le serveur de la «Bodega», sait
lui aussi que la fumée passive peut
occasion­ner le cancer et affaiblir le cœur.
Mais il n’a jamais voulu lui-même
s’informer sur le sujet: «Ceux qui étudient
peuvent s’y pencher», ajoute-t-il pour se
défendre. On évite tous de penser au problème, et on se rappelle plus volontiers les
gens qui ont fumé toute leur vie et sont
malgré tout restés en bonne santé.
Mais les chiffres rassemblés par l’OFSP
sont pourtant effrayants: la fumée passive
provoque une augmentation des allergies
de 100%, la probabilité de cancer des poumons de 24%, le risque d’une attaque cérébrale de 80% et celle d’un arrêt cardiaque de 25%. Et se sont là, uniquement les
dangers qui menacent les adultes.
Les enfants sont encore plus exposés, mais
de différentes manières. Leurs organes ne
25
20 | 2010
«J’ai travaillé toute ma
vie dans la fumée. Elle
faisait simplement partie
du métier.»
Santiago Rodriguez
Serveur, Bodega Española, Zurich
c’est le mari qui fume, avant et après la
grossesse.
«Heureusement, mes enfants ont grandi
sans fumée» ajoute Rodriguez le serveur.
Sa femme ne supporte absolument pas la
fumée. «C’est pour ça qu’elle ne venait
presque jamais à la Bodega.»
Avant l’interdiction de fumer, les clients
n’étaient en contact avec la fumée que
contre leur gré. Dans les restaurants, les
cafés et les bars, trois personnes sur quatre
disaient être exposés à la fumée des autres.
Dans le Tabakmonitoring de l’Université
de Zurich de 2009: c’est un sur cinq
pendant plusieurs heures par semaine. Ce
sont surtout les jeunes et les adolescents
qui passaient beaucoup de temps dans la
fumée. Cela était fonction des habitudes
des différentes classes d’âge, mais aussi du
fait que les 20-24 ans représentent la plus
grande proportion des fumeurs.
sont pas encore totalement développés et
sont donc plus sensibles aux produits toxiques. De plus, les enfants absorbent plus
de produits par les voies respiratoires parce qu’il respirent – et expirent - deux à trois
fois plus souvent qu’un adulte. Comme fumeurs passifs ils présentent souvent une
diminution de la capacité pulmonaire qui
persiste ensuite à l’âge adulte. Les enfants
qui sont régulièrement exposés à la fumée,
souffrent plus souvent de problèmes des
voies respiratoires, bronchites, inflam­
mations pulmonaires et toux. Et ils ont
40% plus de risques d’attraper une otite.
Pour les fœtus, les risques sont encore
plus grands. Les produits toxiques absorbés par la mère sont directement transmis
au fœtus via le cordon ombilical. On augmente ainsi le risque de naissance en
sous-poids, de naissance prématurée et
même de mort intra-utérine. La fumée
passive augmente le risque de mort subite:
de 200% quand la mère fume, et de 140% si
Les nouveaux chiffres ne seront disponibles que mi 2011. Il sera alors intéressant
de comparer les chiffres avant et après
l’interdiction de fumer. Rodriguez a d’ores
et déjà changé d’opinion: «Je suis à 200%
pour l’interdiction. Tout comme le reste
des employés, y compris le chef. Pourquoi
se plaindrait-on? On a non seulement un
meilleur air, mais aussi plus de clients!» Il
n’y a plus que le poêle qui ait le droit de
fumer à la «Bodega». Et seulement si les
clients ont froid.
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Arrêter de fumer
20 | 2010
De nombreux points de fuite
ARRÊTER Se débarrasser de l’addiction à la nicotine n’est pas chose facile. Mais il existe
bon nombre de méthodes éprouvées, prometteuses, et quelques conseils pratiques qui
­aident vraiment à arrêter de fumer. Walter Aeschimann
La meilleure formule est signée Mark
Twain: «Arrêter de fumer est un jeu
d’enfant. Je l’ai déjà fait au moins une centaine de fois.» L’auteur américain oppose
l’ironie à l’addiction. Le ton dans les
forums internet est aujourd’hui beaucoup
plus sérieux. Ruedi: «Salut Elsa. Tiens
bon­­!» Elise: «J’ai tenu bon et la phase de
manque externe est passée… hallelujah.»
Rolf: «J’ai arrêté il y a deux semaines.
Maintenant je tombe dans des états de panique.» Laura: «Je fume depuis 25 ans. J’ai
déjà essayé d’arrêter X-fois. Mais je n’ai
jamais tenu.» Fabiana: «On essaye d’arrêter
ensemble?» Dagobert: «À un certain moment il faut se dire: dès maintenant je ne
fume plus de cigarettes. Plus UNE SEULE
cigarette!»
Vu le haut degré d’accoutumance, fumer
peut être vu comme une maladie. Environ
chaque deux heures, la personne accro
aura envie d’une nouvelle cigarette. Parmi
les 1,5 million de fumeurs en Suisse, plus
de la moitié ont comme projet d’arrêter. En
2004 il y en avait 42%, en 2008 48% et en
2009 51%. Et une étude de l’Université de
Zurich montre aussi que le taux de fumeurs parmi les 14-65 ans est passé de
33% en 2001 à 27% en 2009.
Les voies vers l’abstinence sont au moins
aussi diverses que les motifs et les habitudes des fumeurs. De nombreuses offres
et publicités promettent que c’est un jeu
d’enfant d’arrêter de fumer à tout jamais.
Mais entre la décision d’arrêter et la victoire définitive sur le tabac, il y a souvent
un long et pénible chemin. Jochen Mut-
schler, médecin-chef à la clinique psychiatrique universitaire à Zurich, confirme.
Seul deux fumeurs sur cent peuvent, par la
seule force de leur volonté, arrêter pour au
moins un an cette habitude qui coûte à la
fois argent et santé. Ceux qui y arrivent
grâce à l’hypnose ou l’acupuncture sont
encore plus rares. Les études qui mesurent
le succès des stratégies anti fumée sont
souvent sponsorisées par l’industrie pharmaceutique et testent surtout le succès de
campagnes qui impliquent des médicaments ou des thérapies, de groupe ou indi-
Entre la décision
d’arrêter de fumer et
la victoire définitive
sur le tabac, il y a
un long et souvent
­pénible chemin.
viduelles. Dans quelle mesure les fumeurs
peuvent effectivement arrêter de fumer
tout seul a été trop peu observé. Mais que
cela n’empêche personne d’arrêter par
lui-même.
Arrêter de fumer réussit le mieux lorsqu’on
est motivé et décidé. La motivation doit
découler du fait qu’une vie sans fumée ne
présente que des avantages et est un gain
conséquent. On a besoin pour cela d’une
stratégie claire avec des règles menant à
l’arrêt de fumer; et un scénario de secours
lorsqu’on est victime d’une rechute (voir
page suivante: «Pour que ça marche».)
Plus ceux qui veulent arrêter sont informés, plus leur chance est grande. Il faut
toujours analyser correctement le schéma
de son comportement, se renseigner sur la
fumée et ses effets, et savoir ce qui se passe
exactement dans une situation de manque.
Bien que la dépendance puisse être combattue seule, il est sans conteste que l’aide
professionnelle est déterminante sur le
chemin de l’abstinence. La plupart des bureaux de conseils contre le tabagisme aident à reconnaître les schémas de comportement et soutiennent la décision
d’arrêter à l’aide de médicaments. De
nombreuses études soulignent que les
thérapies individuelles aident aussi à stopper de fumer. Il semble en tous cas très
efficace de confesser à un groupe son désir
d’arrêter. Par exemple, depuis cet été, la
clinique psychiatrique de l’Université de
Zurich propose une thérapie basée sur ce
principe. «La dynamique de groupe aide.
Les participants se soutiennent mutuel­
lement et se motivent les uns les autres»,
explique Jochen Mutschler qui dirige ce
programme.
Garder son poids idéal est un des buts mis
en avant. Car beaucoup de personnes
n’osent arrêter de fumer par peur de
prendre trop de poids. Grossir est un des
effets secondaires de l’arrêt de fumer. La
nicotine que contient la cigarette est une
substance qui provoque une dépendance
psychique et physique. Si l’on diminue la
27
28
Arrêter de fumer
consommation de tabac, des effets secondaires se font sentir. Le symptôme le plus
courant est l’irritabilité, la colère, l’abat­
tement, la peur, la nervosité et le manque
de sommeil, et comme récompense de
toutes ces souffrances, le droit de trop
manger.
L’effet de manque est un piège dans le
processus d’arrêter de fumer et est res­
ponsable de la plupart des rechutes. Les
produits remplaçant la nicotine peuvent
aider à combattre les symptômes de la
dépendance. «On absorbe alors de la nicotine, mais sans tous les produits annexes
et dangereux comme le goudron ou le
monoxyde de carbone», explique Adolphe
Mutschler.
Une équipe internationale a passé au crible les études sur les produits remplaçant la
nicotine. La moitié de ces travaux –qui se
basent sur les données de 350 000 fumeurs
à travers le monde– concernent les gommes à mâcher, une trentaine de patchs de
nicotine. Le reste concerne des inhalateurs, des tablettes de nicotine ou des
sprays nasals. Les chercheurs ont constaté
que l’abstinence tabagique est 74% plus
élevée chez les personnes ayant absorbé
des produits contenant de la nicotine que
chez ceux qui ont été traité avec de
simples placebos.
Un test permet d’établir la dépendance.
Ainsi, on peut choisir le médicament adéquat et établir la dose de nicotine. La
méthode tient compte de la personnalité
du patient et de son degré de dépendance.
D’autres maladies jouent aussi leur rôle.
Les moyens suivants peuvent aider:
La gomme à mâcher a l’avantage de pouvoir être administrée avec souplesse, de
voir les symptômes d’énervement, de faim
et les sautes d’humeur disparaître rapidement et d’agir à peine quelques minutes
après la prise. C’est aussi un des moyens
les plus efficaces pour contrôler la prise de
poids après l’arrêt du tabac. Un des effets
secondaires peut par exemple être une irritation de la bouche. Le hoquet, les aigreurs d’estomac, la salivation excessive ou
des troubles gastriques sont d’autres effets
secondaires souvent observés.
Les gommes à mâcher sont à consommer
sur le mode «utiliser puis ranger». Il faut la
mâcher quelquefois puis «laisser reposer»
la gomme pendant quelques instants dans
le creux de la joue.
Pour que ça marche:
Règles pour arrêter de fumer
Il ne faut pas confondre les
méthodes scientifiques éprouvées (les conseils profes­
sionnels, les produits de
remplacement, les médicaments) avec les «bons tuyaux»
qui aident à tenir le coup.
Les médecins parlent alors de
«coping skills» (l’art de s’en
sortir). Pour que toutes les
conditions de réussite soient
réunies, il faut d’abord une
méthode réputée efficace, puis
une forte motivation. Les bons
tuyaux ne sont utiles qu’à ces
seules conditions.
À chacun de déterminer la
combinaison qui lui convient.
Les «bons tuyaux» pour arrêter de fumer:
1.Définissez la date d’arrêt et tenez-vous y!
2.Après cette date ne fumez plus une seule cigarette!
3.Balancez cigarettes, cendriers et briquets à la poubelle!
4.Tenez une liste des avantages et désavantages du fait d’arrêter
de fumer.
5.En cas de danger de rechute utilisez les produits de remplacement de la nicotine! Ainsi vous pourrez mieux réduire les
effets secondaires comme l’irritabilité, la nervosité, la peur, les
troubles du sommeil ou l’augmentation de l’appétit.
6.Demandez à votre entourage de ne pas fumer. Les premières
semaines, évitez absolument les endroits où l’on fume.
7.Racontez à tous vos amis que vous arrêtez de fumer!
8.Changez vos habitudes! Évitez les endroits où vous fumiez
auparavant. Par exemple, quittez la table dès la fin du repas.
9.Occupez-vous quand l’envie d’une cigarette vous prend (faire
une promenade, boire un verre d’eau, mâcher un chewing-gum).
Une envie de cigarette ne dure en moyenne que de 3 à 5
minutes.
10.Acceptez le fait que cela prend du temps pour se refaire une vie
sans cigarette, ni tabac.
29
20 | 2010
Principes pour
éviter une rechute:
1.Restez motivé. Tenez une
liste des bénéfices que
vous tirez du fait d’arrêter
de fumer.
2.Évitez de tirer sur une
cigarette. Car il est plus
facile de refuser la pre­
mière que la ­deuxième.
3.Établissez un plan de
secours au cas où vous
fumeriez une cigarette.
4.Ne retombez pas dans les
anciens schémas (je
prends toujours une
cigarette avec mon café).
5.Analysez les raisons de
cette rechute.
6.Ne considérez pas cette
rechute comme un échec,
mais comme un évènement logique et normal,
duquel vous pouvez
apprendre.
7.Demandez de l’aide à
votre entourage.
8.Ne vous faites pas de
reproches.
9.Faites une réserve de
produits de remplacement
de la nicotine pour les cas
d’urgences.
10.Pensez aux conditions qui
ont mené aux rechutes
précédentes.
Le patch est un sparadrap qui transmet
­régulièrement de la nicotine au corps sur
une longue période. C’est une méthode
très souvent utilisée pour combattre
l’accoutumance. Le patch de 24 heures
­offre une bonne protection contre les
symptômes «du lendemain». Il agit lentement, mais avec constance. L’autre
avantage­ du patch est qu’il peut être
combiné­ avec d’autres médicaments. Les
effets secondaires les plus communs sont
des rougeurs et des démangeaisons. Mais
ceux-ci disparaissent habituellement dès
le retrait du patch. L’utilisation nocturne
du patch peut déranger le sommeil. Les
personnes très sensibles peuvent se­
Quatre entreprises
pharmaceutiques
cherchent un vaccin
contre la nicotine. Il
garantit l’abstinence.
prouvent son efficacité. Mais l’effet du
produit­ n’est pas vraiment expliqué. On
pense que le Buproprion agit sur la­
­noradrénaline et la dopamine libérées
dans le cerveau. Cela empêche ces produits ­dispensateurs de bien être d’agir, réduisant le plaisir de fumer, tout en adoucissant les effets de manque et la prise de
­poids.
L’efficacité des deux produits n’est plus à
prouver, selon les experts. Mais ils peuvent
provoquer des effets secondaires comme
des troubles du sommeil, des crampes ou
des nausées. Il y a même débat sur le fait
que la Varénicline pourrait favoriser les
tendances suicidaires.
Ces produits, soumis à prescription médicale, sont à considérer si un soutien médicamenteux est nécessaire parce que les
thérapies à base de nicotine ne suffisent
pas. Au moins quatre entreprises pharmaceutiques font des recherches sur le vaccin
contre la nicotine, qui garantirait une abstinence totale. Les anti corps devraient
neutraliser la nicotine, avant qu’elle
n’atteigne le cerveau.
Les méthodes sans médicaments sont
r­ abattre sur un patch qu’on ne doit porter
que 16 heures.
Les pastilles à sucer ont les mêmes avantages que la gomme à mâcher. Normalement,­
la dose de nicotine des pastilles est moins
élevée, ce qui permet un dosage plus précis. Les pastilles peuvent aussi avoir
­mauvais goût et susciter des irritations
­buc­cales. Les bien nommés «sublingualtablets», les microtabs, agissent aussi vite
que la gomme à mâcher mais sont plus
discrets et surtout pratiques, d’une
­utilisation très facile.
La Varénicline, en vente en Suisse depuis
quelques années, est un produit qui se
comporte comme la nicotine. Elle excite
les même récepteurs cérébraux et libère
ainsi les mêmes produits dans le corps.
Ces derniers provoquent de la détente et
un sentiment de bien-être. Mais l’effet est
moins fort qu’avec la nicotine. Mais si on
inhale de la fumée pendant un traitement
à la Varénicline, la fumée ne provoque
plus le même plaisir et surtout pas de flash
de nicotine.
Le Bupropion a aussi un effet réducteur
sur l’envie de fumer. Beaucoup d’études
mal documentées. Peut-être que l’acu­
puncture donne aussi de bons résultats,
selon les cas. Un traitement laser ou la stimulation électrique ne semblent pas très
efficaces. La science n’a pas non plus
prouvé­ que l’hypnose est efficace. En tous
cas, l’hypnose pourrait renforcer la volonté d’arrêter de fumer.
Mais les données quant à ces méthodes
alternatives sont rares. C’est pourquoi le
manque de résultats chiffrés ne devrait
empêcher personne d’essayer toutes les
méthodes possibles. Ce qui est le plus ef­
ficace, reste le fait de croire en la thérapie
choisie. Cela est également vrai pour tous
les livres sur le fait d’arrêter de fumer qui
inondent le marché. Ce qui aide sans aucun doute est d’intégrer au menu un
­programme sportif léger, mais régulier.
Arrêter de fumer est un long processus. Il
faut prendre en compte les rechutes. Mais
l’abandon de la cigarette est sain et sans
danger. Les communautés sur internet le
commente chaque jour: Rolf: «Pour tous
ceux qui aimeraient arrêter de fumer, mais
se demandent s’ils y survivront: bonne
nouvelle, je vis toujours.» Diana: «Youpi! Je
perds du poids!» Suzy: «J’y suis arrivée!» n
30
Arrêter de fumer
20 | 2010
Service
Pharmacies
www.pharmasuisse.org: les pharmacies
en Suisse offrent leurs conseils pour arrêter
de fumer.
Consultation téléphonique
0848 000 181: pour première consultation,
8 centimes par minute depuis un téléphone
fixe. À ce numéro, conseils et discussions
sont proposés en français, mais aussi en allemand et en italien. Il existe aussi des numéros qui répondent en albanais (0848 183 183),
en portugais (0848 184 184), en serbo-croate
(0848 186 186), en espagnol (0848 185 185) et
en turc (0848 187 187).
Informations sur internet
www.rauchenschadet.ch et www.bravo.ch:
Le portail de prévention contre le tabac de
l’Office fédéral de la Santé publique. Avec
plein de jeux électroniques on-line. Comme
par exemple «Smoke City» ou encore plus
fort «Smoke Attack».
www.liguecancer.ch/fr/: Homepage de la
­Ligue suisse contre le cancer remplie
d’informations sur cette terrible maladie.
www.at-schweiz.ch: portail de l’Association
suisse pour la prévention du tabagisme.
Groupe de travail anti-tabac, l’association
­offre des informations actuelles et des textes
théoriques généraux intéressants autour du
problème du tabagisme.
Guide «Alim
entation»
Mieux info
rmé sur
une alimen
tation équi
librée
ents à l’arc
-en-ciel
Tests et programmes anti-tabac
www.stop-tabac.ch: site lancé par le
Département de médecine sociale et préventive de l’Université de Genève et le
Professeur Gab­riel Etter. Au menu: jeux divers
et infor­mations précises.
Fumée et jeunesse
www.doctissimo.fr: Site français fait expréssément pour les jeunes, et qui fait le point
sur les dangers du tabac pour les jeunes
­générations et les méthodes pour arrêter.
www.addiction-info.ch: Addiction Info suisse
est une fondation privée, indépendante sur
les plans politique et confessionnel, qui poursuit un but reconnu d’utilité publique: prévenir les problèmes liés à l’alcool et aux autres
drogues et les atténuer là où ils existent.
Créé en 1902, Addiction Info suisse a ses
­bureaux à Lausanne, où travaillent 45 collaboratrices et collaborateurs.
www.protection-jeunesse-be.ch: site
dépendant des Services de santé du Canton
de Berne. On peut y commander des panneaux «interdit aux moins de 18 ans» à poser
dans les bureaux de tabac.
Jusqu’à
épuisement du stock
Livre: Papa arrête de fumer. Papa dragon
­fumait encore et Braise en avait assez. «Je
pense que tu devrais arrêter de fumer, dit-elle.
Tes dents sont toutes jaunes, tu respires mal et
toute la grotte sent la fumée.» Cette histoire
amusante fera rire aux éclats aussi bien les
­parents que les enfants.
Par Jane Clark et Ben Cort, Gründ éd., 2002.
Impressum
DER SCHWEIZERISCHE BEOBACHTER
84ème année; Axel Springer Schweiz SA,
Förrlibuckstrasse 70, case postale, 8021 Zurich
Téléphone rédaction 043 444 52 52
[email protected]
Téléphone annonces 043 444 54 46
Rédaction en chef
Balz Hosang (directeur de la publication)
Andres Büchi (rédacteur en chef)
Matthias Pflume (adjoint)
Remo Leupin (projets), Toni Wirz (conseil)
Rédaction, production et graphisme
Direction: Remo Leupin
Textes: Alpha Media AG
Rédaction: Ewald Mathys, Mike Niederer
Traduction et production: Alain Croubalian
Correction: Rolf Prévôt (chef), Klaus Beger
Direction artistique: Andrea Keller-Schamaun
Iconographie: Marina Roth
Édition directeur: Roland Wahrenberger
Direction annonces: Sandra Peiti
Internet direction: Monica Muijsers
Tirage 308 527 exemplaires (RMP-certifié 2009);
960 000 lectrices et lecteurs (MACH Basic 2010-2)
La nouvelle brochure de Mepha, intitulée
«Mieux informé sur une alimentation équilibrée»,
contient toute une série de conseils utiles
pour une alimentation saine et un mode de vie
équilibré.
Cette brochure est disponible gratuitement sur
www.mepha.ch
3110
Les médicam
www.prevention.ch: le site internet du spécialiste anti-tabac le Dr. Jean-Charles Rielle.
Il explique en long et en large le scandale
dans le domaine du tabac de l’Université de
Genève (le cas Rylander).
Les médicaments à l’arc-en-ciel