368 - Union Cyclotouriste de Touraine

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368 - Union Cyclotouriste de Touraine
N° 368 Juin 2013
SOMMAIRE
L’actualité Premières photos de Vaison-la-Romaine (F. Tartarin)
4
Pourquoi il faut être à Candes le 23 juin
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Un 100 km pour costauds (Jean Galmard)
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Quatre coups de cœur aux 100 km (Guy Dedonsac)
13
200 cyclos à la Gloriette
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Pré-accueil, an 3
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Le récit Hendaye-Lisbonne, une « première » (Jean-Pierre Mary)
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En confidence Voici pourquoi je diagonalise (Gérard Gauthier)
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Rétroviseur Dans la roue des diagonalistes (F. Paulmier, J.-P. Mary)
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Souvenirs d’un tour de France des amis (F. Tartarin)
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En route
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On dit que...
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En roue libre Le dessin de FLC
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Ce temps où les cyclos détestaient le tramway
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Nos prochains rendez-vous
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Couverture : L’UCT dans le Ventoux, 14 mai 2013. (Photo UCT)
4e de couverture : En avril, vers Cheillé. (Photo UCT)
Fabrication : Joël Lamy. Coordination : François Tartarin.
2
ÉDITORIAL
Le bon sens
par Daniel Schoos, président
A
vril 2011, l’idée d’accueillir un congrès fédéral à Tours
fait son chemin. Depuis, deux années se sont écoulées
allant de l’enthousiasme à monter le dossier de candidature à
la satisfaction du travail récompensé pour connaître le désenchantement né de maladresses, d’incompréhensions. Conséquence : la dissolution du Comité d’organisation 2014 était
votée par onze voix et une abstention. Sans la médiation du
président de la Ligue de l’Orléanais, le dialogue avec la Fédération française
de cyclotourisme n’aurait pas pu être rétabli. Dès lors que le président de la
FFCT acceptait de discuter, nous ne pouvions pas refuser l’entretien, nous
qui réclamions des explications.
A nos interrogations, des réponses constructives ont été apportées par le
président fédéral. Entre persister dans la négation au risque d’écorner l’image de l’UCT et du cyclotourisme en Indre-et-Loire ou adopter la « positive
attitude » en relançant le Comité d’organisation, nous avons choisi. Une
sortie de crise qui n’allait pas sans états d’âme et soubresauts puisque quatre
membres sur douze décidaient de se retirer et de voir venir. Le seul regret dans cette affaire : que la solidarité tourangelle n’ait pas prévalu dans la
tourmente.
Le moment est venu de tourner la page. Nous sommes à J moins 15 mois de
l’échéance. Le comité d’organisation 2014 version 2 se doit de retrousser
les manches et de foncer. Comme dans toute entreprise, l’argent est le nerf
de la guerre. Les collectivités publiques ont été sollicitées mais il ne faut pas
s’attendre à des miracles par ces temps de vaches maigres. Il nous faut rechercher des fonds, démarcher, négocier les prix. En première ligne, la commission « recherche de partenaires privés » dont le travail requiert de la
main-d’œuvre. Alors, si vous avez la fibre commerciale, n’hésitez pas à la
rejoindre. Toutes les suggestions sont bonnes à prendre. Toutes formes de
collaboration sont les bienvenues.
Nous avons failli rester au milieu du gué, le bon sens a fait que nous en
somme sortis. Reste maintenant à confirmer que les Tourangeaux savent
relever les défis. ■
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L’ACTUALITÉ
Premières photos de
Vaison-la-Romaine
Cinquante-cinq Tourangeaux ont goûté l’accueil de la Provence en
mai. Au menu : Ventoux, côtes-du-rhône et parapluies.
C
’est à un exercice délicat que les hautes sphères des voyages et de la presse
ucétistes, associées dans un funeste projet, m’ont invité à procéder : raconter
un peu le séjour de Vaison-la-Romaine, sans déflorer le sujet, puisqu’il sera développé dans un autre numéro de Cyclotouraine, grâce à des plumes qu’il ne m’appartient pas de révéler ici, d’ores et déjà réquisitionnées par Christian Raineau. Motus
et bouche cousue, donc. (Mais n’oubliez pas, Marie-Astrid, Claudine et Jacques,
que l’on compte sur vous…)
Afin de ne couper à personne l’herbe sous le pied, je ne dirai donc rien ici du Moulin de César, le village-vacances qui a accueilli un groupe de cinquante et un participants du 13 au 18 mai, auquel se sont ajoutés deux couples ayant choisi Vaison la
même semaine. Je n’écrirai rien de la belle organisation de Christian, rien des
chambrées, rien des cinq groupes qui se constituèrent dans ces journées : les groupes 1, 2, 3, 6 et « Daniel »… D’autres diront peut-être à quoi tint ce subtil ordonnancement. Rien de quelques apéritifs ou haltes réparatrices au café ou au restaurant. Rien de la météo.
D’ailleurs, de toute cette semaine, je n’ai rien vu, puisque je l’ai passée l’œil rivé à
l’appareil-photo et l’index sur le déclic.
Avant qu’un de mes petits camarades s’empare de ces images et de celles des autres
photographes pour en faire un montage, en vue d’une prochaine soirée, je me bornerai à vous raconter ce qu’au retour j’ai trouvé dans l’appareil. Ni plus ni moins.
Comme ça, je ne piétinerai pas les plates-bandes des futurs auteurs dont j’ai décidé
de taire le nom, et ainsi Marie-Astrid, Claudine et Jacques auront coudées et plume
franches.
Alternance au Ventoux
Mes premières photos présentent un rassemblement de cyclos, soleil dans les yeux à
la porte de l’accueil du Moulin de César. Groupés. On les retrouve en ordre (très)
dispersé sur les pentes du mont Ventoux, dans les photos suivantes. L’ordre des
photos permet de se faire une idée de l’énergie avec laquelle ils ont abordé les premières pentes. On n’y verra pas Antonin Ballay, parti tout seul devant, mais on
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L’ACTUALITÉ
A la conquête
du Ventoux :
Françoise
Rieant, JeanPierre Marsal,
Patrick Marchin et Christian Raineau.
distingue ensuite André Poyer, puis Francis Paulmier, Jean-Claude Bellamy et d’autres, et tous ces jeunes gens font leur apparition bien avant le groupe 1. Comment
expliquer une telle inversion de la hiérarchie?
Dans le groupe 2, beaucoup en ont déduit que les temps avaient changé, qu’il y
avait place à l’UCT pour l’alternance et que le groupe 2 prenait le pouvoir.
La version du groupe 1 diffère. On y prétend qu’avant de se rendre à Malaucène
pour s’attaquer aux 21 kilomètres de l’ascension, on procéda à un détour par SaintMarcellin et Entrechaux. C’est peut-être la vérité, même si le groupe 1 n’a jamais
produit le nom d’un témoin de ce supposé détour.
Racontons la chose comme si ce détour avait réellement existé... Après JeanClaude, donc, l’appareil a enregistré le passage - que dis-je, le « surgissement »! de Bernard Haie, souriant, décontracté, geste amical en direction du photographe,
suivi par Patrick Marchin et Jean-Pierre Marsal, puis Jean-Paul Gatinois, précédant
Pierre Coulon et Françoise Rieant. D’autres Ucétistes défilent encore et arborent
sourire ou rictus, selon le degré de plaisir qu’ils prennent à cet exercice, à moins
qu’ils ne soient gênés par le soleil, généreux ce matin-là.
J’abrège, des photos de cyclistes sur la montée du Ventoux, j’en ai retrouvé des
quantités, parfois même avec des cyclotouristes inconnus, photographiés avec le
zoom (je sais, zoomer, c’est tricher un peu), ce qui donne à penser que la plaine est
toute proche, juste en dessous de leur roue arrière. On y voit Françoise et MarieAstrid dépasser crânement la borne annonçant le sommet à 5 kilomètres, puis toujours inséparables au-dessus du Mont-Serein, quand une courbe à droite découvre
un dernier mur et le sommet du mont, coiffé de la tour de la station ►
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L’ACTUALITÉ
► hertzienne. Je l’ai partout sur les ultimes photos, cette tour blanche et rouge,
couronnant les derniers efforts des camarades. On en voit qui souffrent dans les
derniers hectomètres de l’ascension, tandis que d’autres redescendent sur Malaucène. A cette heure-là, il était encore impossible de passer par le versant de Bédoin, la
route ayant été prêtée à un seul automobiliste, Sébastien Loeb, qui s’essayait en
altitude au volant d’une Peugeot 208 qui m’a paru améliorée par rapport à une 208
ordinaire.
Au sommet, quelques photos de cyclos ayant enfilé les coupe-vent précèdent une
série d’images de l’auto solitaire (plus de 200 kilomètres/heure entre le Chalet Reynard et le sommet, nous a-t-on dit).
Ensuite, aucun de mes documents n’évoque la dégustation à Vacqueyras, aucun non
plus la halte dans le village perché de Séguret. On passe directement aux images de
la réparation de Joël Lamy, victime d’un double éclatement dans le dernier franchissement de ravine, au terme de la descente en forêt, entre Séguret et Vaison.
Emmitouflés comme en novembre
Le deuxième jour, le soleil fait place à un ciel couvert dès les premières photos dans
les ruelles de Caromb. On trouve ensuite un « mitraillage » en règle lors d’une halte
en bord de route, là où P’tit Louis Morineau nous quitte et rebrousse chemin. Quelques minutes plus tard, dans une descente qu’il négocie seul, une chute va lui occasionner de nombreuses contusions (et la fêlure d’une côte, comme nous l’apprendrons au retour en Touraine).
Les Ucétistes portent tous le coupe-vent du club. Beaucoup d’entre eux ont passé
les jambières. Quelques kilomètres plus loin, le groupe 2 entreprend de remonter les
gorges de la Nesque. Sur cette route qui devient aérienne, accrochée à la falaise,
qu’elle perce parfois pour se frayer un chemin, on peut voir Michel Viaud en pleine
bagarre avec le coupe-vent qu’il tente d’enfiler… en plein vent. Il fait un bout de
route avec Jean-Pierre Marsal, puis on assiste à une pause d’Ucétistes au belvédère
de Castellaras. On dirait qu’ils ne sont pas fâchés d’en finir avec le canyon de la
Nesque, emmitouflés comme pour une sortie de novembre.
Quelques images encore et c’est Montbrun, accroché au versant nord du Ventoux,
BPF de la Drôme que nous sommes quelques-uns à pointer à l’office de tourisme.
Au bas de la descente qui conduit à Montbrun, les Ucétistes défilent les uns après
les autres, le geste triomphal (Robert Montot), le passage discret (Patrick Marchin
ou Marie-Astrid Paysan), en groupe discipliné mais pas très féministe (c’est Françoise Rieant qui mène, et dans sa roue on trouve Jean-Pierre Marsal et Francis Paulmier). Quelques photos des ruelles aussi, et quatre élégants personnages posant sourire aux lèvres sous un ciel gris : Jean-Claude Bellamy, André Poyer, Francis Paulmier et Antonin Ballay. En vrac encore, dans les images prises dans la deuxième
partie de l’après-midi : Brantes et la stèle de Charles Antonin, notre petit groupe
dans la vallée du Toulourenc, puis le passage espacé de chacun au col de
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L’ACTUALITÉ
Montbrun, site BPF de la Drôme.
Au belvédère de Castellaras.
Veaux, pour une photo avantageuse au passage d’une ligne ornée des lettres MG
(meilleur grimpeur).
Le soleil est revenu, mais les nuages bas plombent l’arrière-plan. Les images montrent des cyclos vêtus comme en hiver (Antonin, Francis….), d’autres en tenue d’été, bras et jambes nus (André Poyer et Annette Baud). Le groupe 2 (douze personnes sans le paparazzi) pose au col de Veaux. Des images d’apéritif (on y retrouve
P’tit Louis remis sur pieds par les urgences de l’hôpital de Carpentras) et du speech
de Christian au moment du dîner concluent la journée.
Une randonneuse Singer au musée
Le lendemain est pour la plupart une journée sans vélo, pluie oblige (elle n’oblige
pas tout le monde, il y aura des courageux !). On distingue sous les parapluies de
paisibles cyclotouristes, mais aussi de redoutables avaleurs de kilomètres à l’instar
d’un Daniel Leproult troquant le guidon pour le manche de pébroque. Les photos
illustrent une découverte paisible de Pernes et de ses fontaines, son église, sa halle
couverte du XVIIe siècle, et j’en passe. Quelques photos détaillent les crépis colorés des murs. On se retrouve ensuite dans la brasserie qui nous accueille, pour un
moment de ferveur, lorsque la présentatrice météo du 13 heures laisse entrevoir une
accalmie pour le lendemain sur le sud-est du pays. Des bras se lèvent à cette annonce, un peu comme on leva les bras en juillet 1998 pour dire sa joie à la victoire des
Bleus au Mondial.
Les photos donnent ensuite rendez-vous à Fontaine-de-Vaucluse, objet d’une escapade d’un couple d’heures. Images d’eau et de visiteurs ucétistes. Des pompiers
s’entraînent dans les eaux agitées de la Sorgue. Puis chacun est invité à s’immerger
de nouveau dans le monde du vélo, avec la visite du musée du cycle de Pernes-lesFontaines. J’y ai photographié une randonneuse 650 Alex Singer de 1952, offerte au
musée par Madeleine Balligand, cyclotouriste d’Ile-de-France avec qui Jeannine et
Claude Taligault, Nicole et Jean-Pierre Marchais, et d’autres Ucétistes, ont ►
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L’ACTUALITÉ
► partagé kilomètres et moments conviviaux, à Pâques-en-Provence et dans bien
d’autres rassemblements.
Des photos de bar achèvent cette journée. Patrick y emplit des verres de bière. Principe de la soirée : chacun verse son écot, afin de financer une prochaine action, lors
d’une sortie du club, en mémoire de Pierrot Petit, qui occupa tant de place dans nos
sorties et séjours. Sur les photos, les Ucétistes sont en grande conversation, verre à
la main. Une affiche touristique vante les vertus du séjour à Bandol. Bien entendu,
Nicole et Gilbert Pavard posent tout sourire devant cette belle image ancienne.
Crevaison d’esthète
Vous souvenez-vous que le concours photo de l’UCT a pour thème cette année « La
vigne et le cyclotourisme »? Merci à Jean-Pierre Marsal pour sa crevaison dès les
premiers kilomètres du vendredi, où l’on reprend la route sous un ciel dégagé.
Jean-Pierre a l’élégance de crever à hauteur d’une vigne qui fournit le décor d’une
première rafale de photos. Puis c’est Venasque, son église, son monument aux
morts, sa vue sur le Ventoux englouti par les nuages. L’objectif du matin est Roussillon et ses falaises ocres, dont on se rapproche sous un ciel tellement menaçant
que chacun sait le sort qui l’attend. Il faut enfiler l’imper à trois ou quatre kilomètres de Roussillon, ce que montrent trois photos. La suite offre une vue plongeante
sur la tablée du groupe 1, retrouvé dans le premier café-restaurant du village, alors
qu’il se met à tomber des cordes. Les photos de cette halte montrent la tablée du
groupe 2, dans une autre salle, à l’étage, avec un peu de buée sur l’objectif ! On
voit aussi les falaises rouges, un alignement de vélos imperturbables
Au col de Veaux, entre Brantes et Vaison-la-Romaine.
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L’ACTUALITÉ
sous le déluge. D’autres images rappellent le
souvenir de la halte à Gordes (les convertis
aux vertus du BPF apprécient !). Christian y
enfile son imper qu’il gardait depuis longtemps au sec dans l’espoir d’une pluie passagère. Espoir déçu... Images de la place détrempée, offerte aux regards de Tourangeaux
dégoulinants. La pluie a presque cessé quand
En visite à Pernes-les-Fontaines nous quittons le village. Cela permet de mettre
la bien nommée.
en mémoire des images du village sous un ciel
d’encre, puis quelques photos très grises de
l’abbaye de Sénanque. C’est un fort bel endroit, qu’en esthète Marie-Astrid choisit
pour crever. Tout va bien. C’est une roue arrière à réparer, mais les mécanos ne
manquent pas (Francis, Christian, Jean-Claude et André). Et s’il pleut, c’est doucement.
La série de photos se conclut, comme le séjour, avec un dernier laïus de Christian et
quelques cadeaux. On vérifie ainsi que Daniel - le Daniel de ces dames - fut à
l’honneur, ainsi que Marie-Astrid, Françoise et André. Et bien sûr Christian, salué
par un texte amical lu par Jean-Jacques Kersalé.
Jean-Jacques fournit ainsi en images le mot de la fin. J’y ajouterai cet autre, dépourvu d’images, que l’on doit à Cédric Lamy. Imperturbable sous l’averse qui nous
transperçait, il a discrètement remarqué : « On ne peut tout de même pas rouler en
Bretagne et s’étonner d’avoir de la pluie... »
François TARTARIN
Des photos du séjour de Vaison sont visibles sur le site de l’UCT : http://uct37.free.fr/
Les participants : Roger Aguado, Paul Auffroy, Annette Baud, Antonin Ballay, Jeannine et
Jean-Claude Bellamy, Huguette et Gilbert Chesnier, Marie Chvédoff, Pierre Coulon, Nicole et
Michel Cullerier, Bernard Gachot, Nicole et Jean-Paul Gatinois, Bernadette et Gérard Gauthier,
Michèle et Loïck Guérinel, Bernard Haie, Gisèle
et Jean-Jacques Kersalé, Joël Lamy, Cédric
Lamy, Michèle Le Calvez, Marie-Christine et
Daniel Leproult, Patrick Marchin, Jean-Pierre
Marsal, Claudine et Jacques Mary, Robert Montot, Josiane et Francis Paulmier, Nicole et Gilbert Pavard, Marie-Astrid Paysan, André Poyer,
Michel Puisset, Christian Raineau, Jeannette et
Daniel Rat, Françoise Rieant, Michel Rivière,
Pierrette et Guy Robin, Jean-Charles Sculfort,
Marie-Françoise et François Tartarin, Madeleine
et Michel Viaud.
Séjournaient à Vaison, la même semaine : Gisèle et Michel Brard, Yvette et Louis Morineau. ■
A l’abri à Gordes,
pour regarder tomber des cordes.
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L’ACTUALITÉ
Pourquoi il faut être
à Candes le 23 juin
Le meeting de Candes, né il y a 82 ans, reste indispensable au cyclotourisme. Monument à préserver !
L
a première édition du meeting de Candes-Saint-Martin (on disait encore
« Candes », à l’époque) remonte aux 20 et 21 juin 1931. Son 80e anniversaire
a été célébré il y a deux ans. On s’y retrouvera le samedi 22 et le dimanche 23 juin.
Sur le site de la Pelouse, au panorama, les Ucétistes se retrouveront donc dès le
samedi après-midi. Le schéma est classique : apéritif en commun, dîner, feu de
camp et fraises « à la façon de Tétina ». Sur le dernier point, la recette peut sembler
énigmatique à quelques Ucétistes. Réponse sur place : on ne se lasse pas d’en raconter l’histoire lors du Meeting, elle fait partie de la légende de Candes.
Quant au feu de camp, compromis par un vent violent ces dernières années, il continue de compter ses fervents défenseurs.
La vérité est que tous les Ucétistes ne se rendent pas à Candes. Il convient d’expliquer à ceux qui ont rejoint le club ces dernières années que ce rendez-vous mérite
d’être défendu comme un élément marquant du patrimoine cyclotouriste. Il fait partie de notre histoire, des générations d’Ucétistes s’y transmettent le flambeau depuis
des décennies, dans une sortie de « défense et illustration » du cyclotourisme. C’est
aussi une histoire d’amitié entre les cyclos de l’UCT et ceux des autres clubs qui
viennent nous rendre visite ce jour-là.
Certains ne peuvent se libérer le samedi. Il leur reste à vivre le plus important : le
rassemblement du dimanche matin. Le Meeting, c’est ce moment, en matinée, où
les cyclos de Tours et d’ailleurs convergent vers le site du panorama, se retrouvent
au-dessus du confluent de la Loire et de la Vienne, parlent du braquet qu’ils viennent d’utiliser pour monter ou refont le monde. Tout cela avant les allocutions du
président de l’UCT et du maire de Candes ou de son représentant, puisque traditionnellement la mairie marque son attachement à ce rendez-vous de l’amitié. Et puis si
l’on a le temps, on continue de partager ce début d’été en pique-niquant sur place.
Les amis cyclos moins disponibles rentrent à la maison. Mais eux aussi ont apporté
leur pierre à l’édifice.
Le meeting de Candes, ça n’est pas une histoire de vieux cyclos à culottes de golf!
C’est un moyen inégalé de maintenir le lien entre les cyclotouristes aujourd’hui. On
rentre toujours de Candes avec le sentiment d’avoir vécu un moment précieux, de
10
L’ACTUALITÉ
ceux qu’on garde en mémoire, parce qu’on a connu
quelques heures de belles
valeurs partagées.
Quand on organise ensemble
Tours-Amboise-MontlouisTours, quand on séjourne
ensemble à Moliets, à Semur
ou à Vaison, on mesure que
l’UC Touraine nous rassemble pour autre chose que les
seules sorties à vélo et qu’elle nous fait dans ces occasions le beau cadeau de l’amitié et de la solidarité. Candes est un rendez-vous unique, un moyen sans égal de
nous rappeler que nous ne
sommes pas seuls, que nous
« jouons collectif », en défendant à notre tour les valeurs léguées par nos aînés
de l’UCT, avec l’espoir que
nous saurons à notre tour
transmettre le témoin. Il
importe que d’autres continuent de pratiquer le cycloLe Meeting, c’est tout près!
tourisme au sein d’une UCT
vivante, attachée à nos valeurs de solidarité et d’amitié.
Voilà pourquoi il importe d’être à Candes, le 22 juin si on le peut, et le 23.
F.T.
UN OU DEUX RAIDS DE L’AMITIE ? Jean-Pierre Mary avait annoncé la couleur à
l’occasion de l’assemblée générale, en décembre dernier : il voulait relancer les
raids de l’Amitié, organisation de l’UCT calquée sur le principe de la flèche Vélocio.
Pour résumer, il s’agit d’une randonnée de 24 heures non stop, avec une distance
minimum de 350 km à parcourir, sur l’itinéraire de son choix. Le raid peut être accompli seul ou en équipe (jusqu’à cinq).
Le plaidoyer de Jean-Pierre a porté ses fruits. Une ou deux équipes participeront au
raid de l’Amitié, avec Candes-Saint-Martin pour objectif, à l’occasion du Meeting.
Les départs devraient avoir lieu le samedi vers 10 h, et l’arrivée 24 heures plus tard,
le 23 juin, au panorama de Candes. ■
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L’ACTUALITÉ
Un 100 km
pour costauds
Le brevet du 24 mars a conduit les participants au nord
du département, non sans emprunter quelques bosses...
L
e temps de la saison hivernale n'ayant pas été propice aux entraînements, le
parcours de ce brevet, très bosselé, n'était donc favorable qu'aux gros mollets », soutient Jean Galmard, son organisateur. Mais comme il reste permis de participer à un brevet de 100 km à une allure raisonnable (une allure de cyclotouriste…), on est tenté d’ajouter qu’un brevet de 100 kilomètres est aussi fait pour ceux
qui ne se sont guère entraînés et qui n’ont pas de « gros mollets ».
« Comme si cela ne suffisait pas, poursuit Jean, un temps gris et brumeux, accompagné d'un vent fort de nord-est, digne d'un mois d'hiver, n'a pas aidé les plus faibles et les solitaires sur l'aller. Le magnifique cadre du lieu de contrôle a vu arriver
des participants bien frigorifiés qui n'ont pu se restaurer qu'au village suivant de
manière à ne pas subir une digestion difficile après la super-montée du château de
Lavardin qui devrait rester inscrite dans les mémoires.
Quelques flèches avaient disparu à cause d'une petite averse locale sur SaintAntoine-du-Rocher.
Pour l'anecdote, sachez qu'un participant ucétiste n'a pas trouvé son vélo dans sa
voiture au moment de partir avec les copains; il l'avait tout simplement oublié et
celui-ci l'attendait patiemment sur le trottoir de sa rue! »
En chiffres :
▪ 144 participants contre 184 l'an dernier ;
▪ 35 Ucétistes pour 46 en 2012 ;
▪ 13 clubs du département représentés ;
▪ 11 non-licenciés ;
▪ 1 couple de la Haute-Garonne ;
▪ 1 licencié du Loir-et-Cher (Faverolles) ;
▪ 1 licencié du Loiret (Saint-Jean-de-Braye) ;
▪ 1 licencié dans les Pyrénées-Atlantiques ;
▪ 2 licenciés Ufolep ;
▪ 1 couple à tandem.
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►
L’ACTUALITÉ
► 4 coups de cœur aux 100 km
Histoire d’un brevet qui ressemblait bougrement à un audax.
I
ls nous sont indispensables, ces rendez-vous
de début de saison
concoctés depuis des années par Jean Galmard.
On sait qu’il y en a pour
tous les goûts. Ce 50 ou
ce 100 sont pour certains
l’occasion de remonter
sur le vélo après des semaines voire des mois de
diète. Ils réapprivoisent
leur monture, redécouvrent cuisses douloureuses et fessiers endoloris.
D’autres déjà rodés surJean-Marc, Marie-Monique et Antonin,
volent le bitume. On peut
le trio de ravitailleurs de Saint-Arnoult.
en retenir aussi l’image
de ces pelotons de début de saison, chétifs ou étoffés selon les kilomètres, formés
par affinités ou par hasard ou par les deux à la fois. C’est mon premier coup de
cœur du brevet de 100 du 24 mars : j’ai eu le plaisir de rouler dans un de ces groupes où l’on est tellement bien ensemble qu’on y reste, un groupe où les Ucétistes
côtoyaient une belle délégation de Luynois, qui résista aux bosses et aux faux-plats
qu’on trouvait après Les Hermites, quand la route remontait droit vers le nord-est,
face au vent qui nous renvoyait à nos plus beaux souvenirs d’hiver. On était bien
ensemble, on le resta jusqu’à Lavardin, avant de prendre le temps d’échanger ses
impressions au ravito de Saint-Arnoult.
Les ravitos sont mon deuxième coup de cœur : celui de la Maison des Sports
(Jeannine Bellamy, Dominique Galmard et Pierre Rieant), où il faisait bon plaisanter, du café matinal jusqu’au verre de l’arrivée; celui de Saint-Arnoult où le trio de
ravitailleurs (Marie-Monique Bergeron, Antonin Ballay et Jean-Marc Bezert) bravait le froid avec une humeur égale, une belle humeur. On était tenté de dire merci
pour les pruneaux, le pain d’épices, les rillettes, l’orangeade ou le verre de touraine
(parlons plutôt des derniers verres de plastique de nos stocks, avant le passage aux
récipients durables). Mais je leur suis plus reconnaissant pour leur accueil sympathique que pour la charcuterie ! La tâche est d’autant plus méritoire que, pendant
que bossent les ravitailleurs, les ami(e)s s’en paient une bonne tranche sur le vélo.
Merci et chapeau bas !
►
13
L’ACTUALITÉ
► Tout près de là officiait un autre sujet méritant applaudissements : Jean-Pierre
Mary avait répondu à la demande de Jean Galmard, qui souhaitait un contrôle à
Lavardin, point le plus septentrional du brevet, hélas peu propice à l’installation
d’un ravito. Donc, Jean-Pierre accepta de transporter son van vendômois (1) au pied
de la bosse de Lavardin, déployant auvent et table de camping, équipements indispensables à l’installation d’un tampon encreur et d’un cachet plus original que nos
habituelles mentions « UC Touraine » : une belle tête de cheval qui s’accordait
bien au caractère altier de notre chevauchée.
Jean-Pierre a fait lui aussi le sacrifice d’une journée de vélo. Par-dessus le marché,
il aura sans doute souffert de nous voir passer si nombreux devant le parvis de l’église de Lavardin au portail grand ouvert ce matin-là. Peu d’entre nous auront pris
le temps de découvrir les fresques qui ornent le chœur de l’église XVIe... « Il faudra revenir », dit-on dans ces cas-là. Confortable façon de se dédouaner quand on
comprend qu’on a filé, alors qu’il aurait fallu s’arrêter dix minutes de plus. Le fidèle Daniel Dupin, venu de sa Sarthe en voisin, échangeait quelques mots avec de
vieilles connaissances ucétistes, d’autres qu’il connaissait moins, et faisait provision
de photos.
Les trois chaperons jaunes de Lavardin
Carte tamponnée, c’est vrai, il fallait réfréner son impatience d’attaquer la très belle
bosse de Lavardin. Belle peut vouloir dire pentue, avec un nombre respectable
d’hectomètres. La vérité est qu’il s’agit aussi d’une pente magnifique, qui s’élève
d’abord au-dessus de la vallée puis conduit au pied des murailles ruinées du château, forteresse magnifique continuant de faire le guet au-dessus du Loir.
Inutile de préciser qu’il y eut trente-six façons et trente-six allures pour franchir la
difficulté, que j’ai abordée loin derrière, en compagnie de l’ami Thierry Depond,
aux côtés duquel j’avais passé dans le vent une bonne partie des 50 premiers kilomètres.
La bosse montée, je revois un peu devant nous trois chaperons jaunes, trois nanas
de l’UCT, arrêtées sur la route comme si elles abandonnaient soudain l’espoir de
réaliser ce matin-là une perf’ d’enfer. Abrégeons : Marie-Astrid Paysan, Françoise
Rieant et Valérie Huchedé s’arrêtaient tout bonnement pour attendre les copains
qui, pendant la première moitié de la matinée, avaient conduit notre peloton face au
vent. Et Françoise, Marie-Astrid et Valérie décidaient là, en haut de Lavardin,
qu’on ne laisse pas derrière ceux qui ont ainsi roulé pour le groupe (même s’ils
l’ont fait par plaisir plutôt que par sens du sacrifice !).
Parce qu’il donne lieu à de jolis gestes comme celui-là - le quatrième coup de cœur
de cette matinée - on aime le cyclotourisme.
Guy DEDONSAC
(1) Peut-on écrire « son vandômois »?
14
L’ACTUALITÉ
200 cyclos à
la Gloriette
L
a journée départementale de
cyclotourisme, organisée cette
année par l’UC Touraine (après
Monnaie en 2012), a rassemblé
200 participants le 21 avril dernier,
dont 160 sur les parcours traditionnels du dimanche matin (quatre
itinéraires de 46, 68, 80 et 92 km).
Ce qui était moins traditionnel,
Les explications de Christian Raineau
au départ de la Cyclo-Découverte.
c’était le lieu du rendez-vous : la
Maison de la Gloriette. Le lieu a
séduit. On y reviendra sans doute.
Les autres participants à cette journée se sont retrouvés le matin dans une balade
familiale paisible, sur les chemins de la Loire à vélo, où se sont ajoutés à l’effectif
rassemblé l’après-midi dans une Cyclo-Découverte concoctée par Christian Raineau
jusqu’au château du Vau, à Ballan-Miré. Un groupe d’une trentaine de cyclos, accueilli sympathiquement, y découvrit la façon dont la ferme du Vau prépare foies
gras et confits. Le « topo » était assorti d’une dégustation qu’on apprécia.
Si l’on excepte une fréquentation sans doute freinée par les congés scolaires, la
journée, assortie d’un temps ensoleillé, peut être considérée comme une réussite.
Elle le doit en particulier à Christian Raineau, qui n’a pas compté sa peine pour
l’organiser dans tous ses détails. ■
Pré-accueil, an 3
D
epuis la mi-avril, l’UCT « pré-accueille » des
nouveaux venus qu’elle prépare à la randonnée
à vélo au fil de huit à dix sorties touristiques, sur de
petites distances. Cette initiation, organisée pour la
troisième année consécutive et conduite par Claude
Daugeron, peut déboucher sur des adhésions nouvelles à l’UCT.
Dans l’Ile de la Métairie, à
La Ville-aux-Dames.
Claude reçoit le concours de plusieurs Ucétistes afin
d’encadrer le groupe, qui peut former un cortège de
20 à 25 personnes. Les sorties de pré-accueil ont hélas rencontré elles aussi une
météo défavorable, qui a compromis quelques rendez-vous du samedi après-midi. ■
15
LE RÉCIT
Hendaye - Lisbonne
une “première”
En mai-juin 2012, J.-P. Mary a testé les Eurodiagonales.
Il est le premier Ucétiste à avoir tenté l’aventure.
L
e règlement des Eurodiagonales impose au
participant environ 175
kilomètres
quotidiennement, cela étant basé sur un
itinéraire assez direct. Il
reste donc une large latitude
pour peaufiner son parcours
en fonction de ses goûts.
À plusieurs reprises, j’ai eu
la chance de traverser l’Espagne en vélo, moto et voiture. Je connais la monotonie de la traversée des plateaux agricoles de la péninÀ Hendaye, la rue de l’hôtel Santiago,
sule ibérique. Afin de l’évilà où tout commence !
ter et par goût pour les parcours vallonnés, mon itinéraire ira au maximum de sierra en sierra. La distance globale s’en trouve augmentée d’une bonne centaine de kilomètres et le dénivelé atteint 15.000 mètres.
Les étapes ont été définies par avance et les hôtels réservés par internet. Le parcours
est ainsi découpé en six étapes de 200 à 230 kilomètres. Le retour de Lisbonne est
prévu en avion. Dans mes bagages, je traîne une housse souple que j’ai confectionnée (800 grammes).
Il faut vivre avec son temps. Au temps jadis, quand j’étais adolescent, je partais
sans insouciance pour l’angoisse de mes parents qui n’avaient de nouvelles qu’à
mon retour. Aujourd’hui, il y a le portable, et même mieux, le smartphone avec
lequel je peux alimenter chaque jour mon site internet avec quelques photographies
et commentaires qui permettent à famille et amis de suivre mon voyage.
De même, je suis un fervent utilisateur de GPS. Mon tracé est mémorisé à l’avance,
16
LE RÉCIT
je n’ai plus qu’à suivre les indications de la machine. Cela permet d’utiliser, sans
grande difficulté d’orientation, des routes bien plus petites et de traverser les villes
sans insouciance en passant le plus souvent par le centre afin de mieux les apprécier. Néanmoins, j’ai aussi dans mes bagages des photocopies de ma route. La
technique c’est beau, uniquement quand ça marche.
Au Pays basque avec les coureurs
Il est 7 h 30 quand je quitte l’hôtel Santiago où je viens de passer un jour de repos
après la diagonale Dunkerque-Hendaye. La route suit la vallée de la Bidassoa. Elle
a bien changé, cette route, depuis mon passage en 1988 alors que j’allais en Andalousie ! Il faut jongler avec les tronçons interdits aux deux-roues. A partir de Santesteban, je quitte la grande route, en direction des premiers cols de la journée :
puerto de Usatéguieta (695 m) puis Alto Uitzi (799 m). A Lekunberri, il me semble
régner une certaine ferveur. C’est le dimanche de Pentecôte. A la sortie du village,
la Guardia civil régule la circulation. On me laisse passer mais pas les voitures. Un
hélicoptère survole la zone. Mais que se passe-t-il ?
Alors que je commence une nouvelle ascension, des motards me font signe de ralentir (je dois être entre 8 et 10 km/h) et de me tenir à droite. Sur le bord de la route,
des voitures avec leurs occupants semblent attendre. À Baraibar, je comprends
tout : une course cycliste arrive à contre-sens. À mon tour, je deviens spectateur.
Alors que la traversée du village est sinueuse, il faut les voir, ces kamikazes du vélo, prendre tous les risques pour gagner quelques précieuses secondes sur leurs
poursuivants ! On sent la légèreté de leur monture et le sifflement de leurs roues
dans l’air.
Après un bon quart d’heure, je reprends mon chemin d’abord à pied, puis à vélo.
Plus j’avance dans l’ascension du col, plus je vois des spectateurs installés à l’ombre bienfaitrice des sapins. De temps à autre, je croise des éclopés de la course.
Pour eux, les carottes sont cuites, ils ressemblent plus à des cyclotouristes qu’à des
coureurs.
Au sommet, j’ai de la peine à me frayer un chemin, les spectateurs regardant la
course à contre-sens sont au milieu de la chaussée et ne me voient pas arriver. Ça
ressemble à la foule que l’on voit au sommet d’un col lors du Tour de France. Avec
un petit plus : en effet il y a une seconde organisation, un « ultra-trail ». Chaque
course a un ravitaillement et des couloirs de passage au sommet. Je regarde ces traileurs, moi qui, il y a deux ans, je suis venu dans cette région faire un « ultra ». Avec
tout ce chaos, je loupe ma route et arrive directement au sanctuaire de San Migel de
Aralar. Demi-tour, mais où est ma route ? Je la vois, elle est neutralisée pour la
course cycliste ! Je demande aux organisateurs si je peux la prendre. Non seulement
ils m’y autorisent, car les derniers cyclistes sont passés, mais ils me proposent de
me ravitailler à leur stand. Quelle aubaine ! Il y a du salé, du sucré, de l’eau, des
boissons énergétiques. En dix minutes, j’ingurgite tout ce que je peux. ►
17
LE RÉCIT
► La descente sur Uharte-Arakil est incroyable. La pente est telle que, même les
freins bloqués, j’ai peur que mon vélo s’emballe. La route est en ciment. J’arrive à
Etxarri, où je fais mon contrôle photo quotidien.
Dans la vallée, le vent est de face et le soleil commence à bien chauffer. Quelques
kilomètres plus loin, la route devient plus petite et ombragée. Une nouvelle ascension me conduira au puerto de Lizarraga (1.090 m). Au sommet, une zone pastorale
des plus reposantes pour les yeux et l’organisme. Après un peu de repos, descente
rapide sur Estrella. Il me reste une petite ascension avant l’étape du jour. Me revoici
à près de 1.000 m d’altitude du côté de Lapoblacion. Il est temps que l’arrivée approche, je suis bien moins « saignant » qu’en début de journée. Quelques kilomètres
de descente et je pénètre dans la ville fortifiée de Laguardia, entourée de ses vignobles qui semblent faire la renommée de cette région. Dans le village, c’est la fête de
la Pentecôte. Fanfare dans les rues, badauds, amateurs de bodega déambulent en
tous sens. Après une douche, je m’empresse de me mélanger à eux, donnant un aspect festif à cette Eurodiagonale.
Le premier col et la Sierra de la Demanda
Il est après 8 h quand je reprends la route. En Espagne, les habitudes de vie sont
décalées d’une bonne heure, les hôtels ne préparent le petit déjeuner qu’après 8 h.
Le vent qui me pousse au travers des vignobles est assez frais. Bobadilla marque
l’entrée dans des gorges sublimes du Najerilla, affluent de l’Ebre. La route monte
tout doucement ainsi que le soleil dans le ciel. A Anguiano, il fait déjà très chaud.
Je fais le plein d’eau dans le cimetière du village.
Un peu plus loin, je bifurque sur la gauche vers Viniegra de Abajo. Tandis que la
chaussée mal revêtue se rétrécit, la pente devient par moments importante. Au fur et
à mesure que le paysage se dégage, l’ombre se fait rare. Je roule tantôt à gauche ou
à droite pour profiter de la moindre zone ombragée. Bien qu’il me semble ne pas
être loin du sommet, je dois mettre pied à terre. J’ai perdu mon souffle et les prémices d’une fringale pointent leur nez. Je vide mes bidons d’eau, mange un peu de
sucré et repars. Vers le sommet, la route s’élargit. C’est fait, j’y suis au sommet de
ce premier col, le puerto de Montenegro (1.700 m). Le paysage est sublime, au loin
je vois la face nord encore enneigée de la Sierra de la Demanda.
Après quelques kilomètres de descente, j’atteins Montenegro de Cameros, lieu du
contrôle photo du jour. Le village est coincé entre deux montagnes. A cette heure,
13 h 30, il semble être endormi. Je le traverse, ne trouvant ni magasin, ni buvette
ou bar. Il doit s’agir d’un petit village de bergers.
À sa sortie, la route en travaux remonte de plus belle. Tout à gauche, comme disent
les cyclistes. Les panneaux indiquent une pente à 10 %. Après 3 kilomètres en plein
soleil, une route moins raide et plus ombragée me conduit au puerto de Santa Ines
(1.763 m). Les grosses difficultés de la journée sont maintenant derrière moi. Après
être descendu sur Vinuesa, je suis sur un plateau qui me conduit à Abejar puis à El
18
LE RÉCIT
Burgo de Osma, une très belle ville fortifiée au bord du Duero qui deviendra Douro
au Portugal. Le couvent de San Esteban de Gormaz, reconverti en hôtel, sera mon
logis du soir. Comme il n’est pas trop tard, j’ai tout le temps de parcourir ce village
où l’on trouve de nombreux troglodytes et d’admirer l’église romaine de San Miguel, du XIe siècle. Quand je rentre à l’hôtel vers 21 h, la salle de restaurant est
pleine. Je pense qu’il s’agit là d’un groupe de touristes…
Journée au sommet dans la Sierra de Guadarrama
Bien décidé à ne pas partir trop tard pour bénéficier d’un peu de fraicheur, je me
lève pour aller au petit déjeuner un peu avant l’heure, espérant bénéficier de la complicité d’un serveur bien aimable. Quand j’arrive dans la salle de restaurant, les touristes d’hier se sont transformés en cyclistes pressés d’avoir leur petit déjeuner
avant d’en découdre avec les routes et chemins locaux. C’est finalement avec plus
d’une heure de retard sur mon plan de route que je pars ce matin !
Le début du parcours est assez plat et emprunte une nationale en très bon état et
assez peu fréquentée. Je suis sur un plateau à environ 900 m d’altitude. Le vent est
légèrement de face. Après une quarantaine de kilomètres, je fais une pause alimentaire pour prévenir une éventuelle fringale avant l’ascension du puerto de Navafria
(1.773 m). La montée de ce col de première catégorie sur la Vuelta est assez facile
(10 kilomètres à 5 % de moyenne). La chaleur m’oblige à faire quelques arrêts
fuente (fontaine). Au sommet, je plonge sur Lozoya, point du contrôle quotidien. Il
est 15 h et il me reste une grosse ascension. Alors, je décide d’aller au restaurant
pour manger une double part de tortilla espagnole. Après un arrêt de 30 minutes, je
prends la route d’un des plus célèbres cols espagnols : le puerto de Navacerrada
(1.860 m). Ce col est l’un des plus hauts d’Espagne, c’est un peu leur Tourmalet.
Au sommet, il y a une station de ski qui fait le bonheur des Madrilènes.
L’ascension à partir de Rascafria (1.200 m) est longue - 17 kilomètres - mais sans
grande difficulté. En fait, à partir du puerto de Cotos (1.830 m) la route est une route des crêtes dans les sapins. Vers 17 h, le point culminant de cette EuroDiagonale
est atteint. Ensuite c’est la plongée sur Guadarrama puis San Lorenzo de El Escorial, où ont été érigés au XVIe siècle un monastère et un palais, ancienne résidence
du roi d’Espagne.
Par la suite, c’est par une route relativement vallonnée que j’atteins le point de chute du soir à Cebreros, vers 21 h 30. Nous ne sommes que trois ce soir dans ce grand
hôtel. Le tenancier me demande si je fais le chemin de Saint-Jacques de Compostelle, Cebreros se situant sur l’itinéraire des pèlerins partant de Valencia.
Jour de soif dans la Sierra de Gredos
L’étape du jour est en théorie courte (200 kilomètres). Là encore, pas de service de
petit déjeuner avant 7 h 45. Il est un peu plus de 8 h quand j’enfourche mon vélo et
il fait déjà chaud. La route monte dès les premiers hectomètres puis longe à ►
19
LE RÉCIT
► distance le lac de retenue du barrage d’El Burguillo. Par la suite, une route pittoresque comme l’on voit dans nos Causses me conduit jusqu’au pied du Parador de
Gredos à 1.500 m d’altitude, premier parador espagnol mais aussi lieu où les phalangistes espagnols (fascistes) ont préparé la guerre civile d’Espagne en 1935.
Par la suite, la route est descendante jusqu’à El Barco de Avila, lieu du contrôle du
jour, mais le vent freine mon avancée.
Jusqu’à Bejar, la route reste presque plate.
Vent de face. Je meurs de soif sous un ciel orageux. Du côté de Miranda del Castanar, une station-service me permet de me restaurer et de me rafraîchir. Un autre
cycliste, tout aussi assoiffé que moi, me rassure sur la réelle difficulté du chemin
qui me reste pour la journée. En effet, la route ne cesse de monter-descendre, 3 kilomètres dans un sens, 3 dans l’autre.
Vers 19 h, le soleil est un peu moins ardent et la route devient ombragée. J’atteins
Vegas de Coria vers 20 h. Ce soir, je loge à l’hôtel Los Angeles de Vegas ! Ce n’est
plus une Eurodiagonale mais une Mondodiagonale. L’accueil est charmant et on me
propose de me préparer dès le soir mon petit déjeuner dans une thermos pour pouvoir partir à l’heure qui me conviendra.
Au Portugal avec un pousse-café
Grâce à la gentillesse de mes hôtes, je peux quitter mon hôtel dès 7 h. Le parcours
commence par l’ascension du Portilla Alta (560 m) au milieu des sapins. A partir de
Torrecilla, le paysage change. Le relief est moins accentué, plus aride. Les terres
sont couvertes d’oliviers, peu propices aux zones ombragées. A Valverde del Freno,
lieu de contrôle, il fait déjà très chaud. Je trouve une fois de plus des boissons fraîches dans une station-service.
Vers 12 h 30, j’atteins la zone frontière et, comme par magie, je remonte dans le
temps, mon GPS et mon smartphone perdent une heure.
Plus j’avance vers l’ouest, plus le paysage est aride. Le vent est plutôt favorable. Un
peu après Penamacor, en pleine campagne, je repère un restaurant. Je décide de voir
si je peux y manger une tortilla « vite fait bien fait ».
Le tenancier parle français : « Ici, pas de tortilla mais un vrai plat composé d’os, de
viande et de légumes. » Cinq minutes plus tard, me voici à table avec un plat de
pieds de cochon accompagné de légumes et de pommes de terre, le tout arrosé
d’une bière.
J’ai un doute sur la façon dont je digérerai tout cela sur mon vélo par une chaleur
caniculaire. Bien que je ne prenne pas de café, le patron m’offre un pousse-café
certainement bien alcoolisé compte tenu de la sensation de brûlure à l’estomac qu’il
me provoque. Ainsi blindé, je reprends mon chemin vers Castello Branco. Quand
j’y arrive, une fois de plus, je suis desséché. Réhydratation forcée avec un litre de
lait et une bouteille d’Ice Tea.
La ville est en travaux, je traverse les routes barrées à pied. Mais comment en
20
LE RÉCIT
sortir ? Il semble que toutes les routes de la périphérie soient interdites aux deuxroues. Je regarde tantôt mon GPS, tantôt ma carte. Je suis pourtant sur la bonne
route. Instant de panique : rebrousser chemin et contourner la ville ?
Je regarde de plus près mon GPS, en grossissant le fond de carte, je vois un chemin
qui longe la route interdite et qui suit une ligne de chemin de fer. Je tente le coup. Je
traverse une zone industrielle puis trouve la petite route salvatrice. Le revêtement
est mauvais voire, par moments, inexistant. Qu’importe, j’avance dans la bonne
direction.
Après 15 kilomètres d’incertitude, je retrouve mon chemin. Le stress est levé. La
journée s’avance, la température commence à fléchir. Les villages prennent les couleurs de l’Alentejo : blanc, jaune et vert. Cela me rappelle des vacances à Evora,
située non loin d’ici.
Il est près de 20 h (heure portugaise) quand j’arrive à Alpalhao, lieu de mon étape.
Je suis accueilli par un couple belgo-portugais parfaitement bilingue. L’établissement, sorte de chambre d’hôtes à la ferme, est superbe. Après une bonne douche,
me voici attablé avec eux. J’apprends qu’il a fait ce jour 45°... Quelle étape ! Je n’ai
jamais eu aussi chaud sur un vélo.
Lisboa grâce à 250 g de confiture
Je me sens comme un prince, mes hôtes m’ont préparé un petit déjeuner pour dix
personnes, rien ne manque. 7 h 45, c’est parti pour l’ultime étape, en théorie une
des plus faciles car peu vallonnée. Il fait déjà plus de 20°. Le paysage est typique de
l’Alentejo, des petits champs, bordés de murs en pierre à l’état de ruines, des moutons, des oliviers et des chênes-lièges.
Après un trajet de plus de 2.300 km, on s’aperçoit que l’organisme n’a plus aucune
réserve. La fringale
peut arriver à tout
moment. Difficile de
trouver une épicerie
dans ces petits villages où tout est calfeutré pour lutter contre
la chaleur. ►
Dans les
rues de la capitale
portugaise.
21
LE RÉCIT
► Un litre de lait et une banane feront l’affaire. A Mora, lieu de la photo du jour, je
suis HS. Les jambes sont molles, l’estomac refuse de travailler. Quand je me mets
en danseuse, j’entends les clapotis de mon liquide stomacal. Puis ce sont les nausées et les vomissements.
Rien ne passe. Moi qui voulais savourer cette dernière étape (…) ! Qu’importe !
J’avance, certes à 16 km/h, mais j’avance. (…) Je ne profite ni du paysage ni du
vent qui me pousse. J’ai déjà connu des situations similaires, il faut juste attendre
sans trop forcer. A Coruche, après avoir laissé mon estomac tranquille pendant un
couple d’heures, je retente le coup avec un mélange qui m’a déjà tiré d’affaire : un
litre de lait, du quatre-quarts et 250 g de confiture.
Il me reste 70 kilomètres. (…) A l’approche de Lisbonne, la circulation se densifie.
Je traverse le Tage à Villa Franca de Xira. Je passe le pont à pied. J’essaie de profiter du moment. Je vais mieux. Il ne me reste plus que 35 kilomètres de ville. Il est
plus de 19 h, la circulation est tolérable. Il est 21 h quand j’arrive devant mon hôtel,
guidé par mon ami le GPS. C’est la fin. La fin du voyage, bien sûr ! Mais aussi la
fin d’une petite tranche de vie. Je mesure à peine la chance que j’ai. Malgré les moments difficiles, ces raids où se
côtoient sport, endurance et
tourisme ne sont que du bonheur…
Jean-Pierre MARY
Les six étapes :
27 mai : Hendaye - Lagardia, 222
km, dén. 3.400 m ;
28 mai: Lagardia - San Esteban de
Gormaz, 186 km, 2.300 m ;
29 mai : San Esteban - Cebreros,
215 km, 2.860 m ;
30 mai : Cebreros - Vegas da Coria, 210 km, 2.650 m ;
31 mai : Vegas de Coria - Alpalho,
224 km, 2.500 m ;
1er juin : Alpalho - Lisboa, 221 km,
1.250 m. ■
Au cœur de Lisbonne.
22
EN CONFIDENCE
“Voici pourquoi je diagonalise... »
G. Gauthier, en passionné, a bouclé l’an dernier le cycle complet
des neuf diagonales. Avec humour, il raconte son enthousiasme.
P
our qui ne pratique pas ce genre de randonnée, l’exercice peut sembler vain. Je
comprends qu’on puisse s’interroger sur l’intérêt qu’un cycliste peut avoir à se
tanner le cuir plusieurs jours durant, pendant quinze heures d’affilée, par tous les
temps, sur des routes parfois douteuses, dans des contrées pas toujours pittoresques.
Je conçois également que le néophyte puisse trouver à la fois ridicule la visite nocturne des commissariats et puérile la quête au tampon tout au long de la route.
Enfin, j’admets que l’intérêt sportif et touristique de ces périples puisse paraître
limité. Une préparation sérieuse de l’itinéraire et une bonne gestion d’un capital
physique ordinaire suffisent pour relever le défi sportif. Quant au plaisir de la découverte, s’il existe bien, je ne suis pas certain que la diagonale soit toujours le terrain idéal pour qui veut voir les trésors du patrimoine français.
Je peux en témoigner, traverser à vélo en un même jour la Beauce, puis la Brie et le
sud Champagne vous persuade que la France n’est peut-être pas le pays idyllique
qu’on croit.
Pour ma part, ce pédalage obsessionnel trouve sa justification dans le bien-être qu’il
me procure. Interrogé un jour par un ami cyclo sur les motivations qui me poussaient à entreprendre une nouvelle traversée de la France, j’ai répondu sans forfanterie aucune : « Si je diagonalise, c’est pour me reposer ! ». Et croyez-le si vous
voulez, j’étais sincère.
Notre vie trépidante nous laisse rarement le temps nécessaire à la réflexion et à l’introspection. Les objectifs immédiats qu’on nous impose nous gangrènent l’esprit.
A contrario, l’effort physique modéré mais continu du pédalage ininterrompu, les
longues heures de selle, le rythme lent du défilement du paysage, la perception différente de l’écoulement du temps contribuent à nous plonger dans un état de décontraction qui va croissant au fil des jours. Au plan physique, j’ai même constaté
que le cœur battait plus lentement aux derniers jours d’une diagonale.
Paradoxalement, cet engourdissement physique permet de libérer l’esprit. Durant
ces longues heures en selle, surtout lors de périples en solitaire, j’ai eu parfois l’impression d’avoir voyagé très loin, à des années-lumière du parcours surligné sur la
carte.
Dans ce voyage, le plus beau parcours n’est pas écrit sur la feuille de route… J’en
conclus qu’il me faut continuer !
À suivre…
Gérard GAUTHIER
23
DANS LE RÉTROVISEUR
Dans la roue
des diagonalistes (2)
Retour sur l’année 2012 (voir aussi le n° 367), grâce
aux récits de Francis Paulmier et Jean-Pierre Mary.
D
es Diagonales, encore ! Cyclotouraine achève avec ce numéro la publication
des extraits des récits d’Ucétistes ayant réussi leur traversée du pays en 2012.
Pourquoi ces récits abondent-ils ? Cela tient à un point du règlement des diagonales.
Il ne suffit pas d’atteindre son but dans le délai imparti. Au carnet de route, il faut
joindre un compte-rendu. Certains s’en acquittent en quinze lignes. Pour notre plaisir, les amis ucétistes sont plus diserts.
Strasbourg - Perpignan
(Jean-Claude Grenier - Francis Paulmier, 26-29 juin, 988 km)
« Nous avions depuis quelques mois décidé de faire ensemble une diagonale, raconte Francis Paulmier. Nous choisissons Strasbourg - Perpignan, qui est une des
plus courtes (78 heures). C’est la première pour Jean-Claude, il a très envie de tenter l’aventure, mais forcément il appréhende. (…) Pour notre entraînement, nous
avons fait ensemble, entre autres, le brevet des 300 km sans problème. De plus,
deux semaines avant notre départ, nous refaisons ce même brevet (un jour de mauvais temps... ça, ce n’était pas prévu !), dans les conditions d’une diagonale. C'est-àdire avec sacoche chargée, une feuille de route pour respecter les horaires de passage, la moyenne, les temps de repos. (…)
Le départ de Strasbourg est prévu le mardi 26 juin à 5 h. A la sortie de l’hôtel, nous
avons la bonne surprise de trouver Jocelyne, la sariste bien connue de Strasbourg.
Elle nous accompagne au commissariat et nous offre des viennoiseries. Elle nous
dirigera ensuite jusqu'à la sortie de la ville. »
Ce premier jour ne laisse pas que des souvenirs souriants : « Nous sommes surpris
par une belle côte de 8 à 10 kilomètres. Le Jura est là (il est vrai que deux chevrons
figurent sur la carte). Les côtes se succèdent, avec une pluie qui fouette et qui devient de plus en plus virulente. La situation est pénible. Nous arrivons à Frasme à
20 h 30, trempés jusqu’aux os. (…)
Le lendemain, nous partons à 4 h sur une route très roulante. Nous prenons rapidement une bonne demi-heure d’avance sur l’horaire prévu, le vent est favorable. J’avais prévu un contrôle à Pérouges. Mais en arrivant sur les lieux, nous
24
DANS LE RÉTROVISEUR
nous apercevons que Pérouges est sur les hauts de Meximieux. Nous devons donc
nous faire une bonne côte de 2 kilomètres dont on aurait pu se passer (…). En fait,
Pérouges est un BPF. Moi qui m’oppose toujours à ce que les copains pointent des
BPF en faisant une diagonale, c’est paradoxal ! (…)
Contourner Lyon s’avère difficile avec la circulation. A Vienne, nous faisons une
erreur de navigation. Nous allons ainsi perdre beaucoup de temps pour retrouver
notre itinéraire. Nous terminons cette étape à bonne allure avec le vent dans le dos
pour arriver à Tournon vers 20 h 30. »
Boissons et friandises
« Le jeudi, nous partons également à 4 h. C’est la journée la plus longue, 300 kilomètres sont prévus au programme. Nous allons rouler le long du Rhône sur la N 86
durant de nombreux kilomètres. Il y a relativement peu de circulation.
Comme pour Lyon, la situation devient laborieuse à l’approche de Montpellier.
Nous sommes obligés d’emprunter quelques 4 voies. (…) Nous retrouvons avec
soulagement les plus petites routes en direction de Béziers. Le chant des cigales
nous accompagne une partie de la journée. Nous avançons lentement, la fatigue
nous oblige à nous arrêter souvent. Les derniers kilomètres paraissent très longs. La
gérante de l’hôtel nous demande d’arriver avant 22 heures. Finalement, nous sommes à Béziers à 21 h 30 après avoir passé plusieurs coups de téléphone pour trouver
l’hébergement, qui se situe en centre-ville. Nous sommes très bien accueillis par
une charmante personne qui nous offre à boire et quelques friandises. Comme nous
lui indiquons que nous partirons demain à 4 h, elle prévoit avec le gardien un petit
déjeuner. »
Un dernier départ à 4 h, du vent favorable, Francis et Jean-Claude achèvent sans
encombre leur première diagonale en duo : « Nous avons réussi cette diagonale
sans rencontrer de gros problèmes, nous sommes très contents. Je savais que JeanClaude pouvait réaliser ce défi. Ce genre de périple entre copains crée des liens
forts. Nous garderons un bon souvenir de cette aventure. »
Reste à franchir la dernière étape, et non la moindre : le retour en train. « Le train
en partance de Narbonne a 40 minutes de retard. De ce fait, nous ratons la correspondance à Bordeaux pour Tours. La SNCF nous dirige vers un autre train dont le
terminus est Poitiers. Ensuite c’est un car qui doit nous ramener à Tours, avec les
vélos démontés dans la soute. Cette solution ne nous satisfait pas vraiment. C’est
Roland et Martine Rival qui auront la gentillesse de venir nous chercher à Poitiers.
Pour l’anecdote, nous arrivons à la maison à 0 h 30 au lieu de 21 h 30. »
Strasbourg - Hendaye
(Francis Paulmier, 23-27 juillet, 1.156 km)
« C’est la deuxième diagonale que je tente seul, mais l’angoisse me tenaille un ►
25
DANS LE RÉTROVISEUR
► peu. D’abord pour des raisons de sécurité, car rouler seul la nuit, le matin, n’est
pas toujours rassurant, Un vent fort de face devient vite une galère, la navigation en
solitaire demande plus de concentration. (…) » Le train est à Strasbourg à 13 h.
Direction le commissariat. « Après le coup de tampon habituel, sans plus attendre,
je prends la route à 13 h 15 (au lieu de 14 h, heure initiale prévue). Je devrais donc
arriver à Hendaye vendredi avant 16 h 15.
Dans la ville, le vent souffle assez fort. J’ai beaucoup de chance car il m’est complètement favorable. Je roule assez vite, 26 à 28 à l’heure, sans fatiguer, dans cette
plaine d’Alsace toute plate. (…) J’arrive à 20 heures à Brebotte où j’ai réservé
chambre et table d’hôtes. La propriétaire a l’habitude de recevoir des cyclotouristes.
J’ai parcouru 150 kilomètres.
Mardi, je pars à 3 h 45 ; 304 kilomètres sont prévus sur ma feuille de route. » Avant
Montceau-les-Mines, « mauvaise surprise » : « Le gravillonnage de la route est en
cours. Le goudron colle aux pneus, les graviers sont projetés par les voitures et les
camions ; un supplice qui va durer une bonne quinzaine de kilomètres. Je m’étonne
de ne pas avoir subi de crevaisons. (…)
Le mercredi, je décide de partir encore un peu plus tôt, car c’est une journée avec
un gros dénivelé et une forte chaleur est annoncée. A 3 h 20, je suis en selle. A partir de Moulins, de bonnes côtes se succèdent. A la sortie de Montluçon, j’ai l’impression que la route monte toujours et que les descentes n’existent pas…
(…) En milieu d’après-midi, c’est la canicule, je m’arrête souvent pour m’approvisionner en eau, boire et reboire. Le profil de la route est infernal, ça monte, ça descend, ça n’arrête pas. Les 30 derniers kilomètres sont très durs, avec d’horribles
bosses qui se succèdent. C’est vraiment interminable. J’arrive tout de même à 20
heures à Saint-Hilaire-Bonneval, mon lieu d’hébergement (…). Je dîne avec un
groupe de 8 vacanciers belges à cette table d’hôtes. Ma femme me prévient par téléphone que la météo annonce pour demain une grosse chaleur, avec de violents orages le soir sur le sud-ouest.
Jeudi matin, je pars également très tôt (3 h 20). Par manque d’attention, après avoir
parcouru quelques kilomètres, je me trompe de route. Dans la nuit noire, je doute de
ma direction, mais je me rassure rapidement en constatant que je suis bien en direction de Saint-Yrieix-la-Perche. Je me suis tout de même rallongé d’une dizaine de
kilomètres. (…) Mais je vais être vite freiné par la chaleur qui devient de plus en
plus écrasante, de plus, le dénivelé s’accentue. Je découvre alors les paysages superbes des vignobles du Langonnais qui s’étendent à perte de vue. Il n’en reste pas
moins que cette région belle et vallonnée rend le pédalage difficile. J’en bave… »
Arrêt à Langon. « Il me reste environ 60 kilomètres. Le relief de la route s’est adouci. La chaleur est insupportable et les lignes droites sont interminables à travers la
forêt landaise. Après un dernier arrêt, j’arrive à Sabres à 19 h 45 avec au compteur
292 kilomètres. (…)
26
DANS LE RÉTROVISEUR
Dans la nuit, je suis réveillé par un violent orage. Il est seulement 23 h 30, je suis
inquiet et je somnole une partie de cette courte nuit. A 2 heures, l’orage gronde et il
pleut très fort. A 3 heures, le déluge persiste. Je ne peux tout de même pas partir
avec un temps pareil. Seulement 140 kilomètres me séparent d’Hendaye. J’avais
prévu de partir à 4 h, je peux me permettre d’attendre un peu. (…) Soudain à 3 h 45,
je n’entends plus la pluie, l’orage s’est éloigné. Je sors, le temps est très calme, je
décide donc de partir. La chaussée est détrempée, je ne rencontre aucune voiture sur
cette route rectiligne des Landes.
Après une vingtaine de kilomètres, quelques éclairs apparaissent au loin dans le ciel
sombre. Rapidement, il pleut assez fort, l’orage se rapproche. Je gamberge pas mal,
je me demande ce que je fais là, je pourrais en plus crever, car ça arrive souvent
quant il pleut. Je ne vois rien pour m’abriter, J’ai l’impression d’être seul au monde
tant les voitures se font rares. Je suis l’unique individu un peu fou, dehors au milieu
de ces étendues de forêts de pins qui n’en finissent pas.
Et puis soudainement la pluie s’arrête ; ouf ! J’ai roulé seulement une dizaine de
kilomètres dans ces mauvaises conditions. Le jour se lève, ça va beaucoup mieux, le
moral est revenu. J’atteins Dax rapidement, il fait très beau. (…)
J’ai tout mon temps. Depuis déjà trois jours, les fêtes de Bayonne battent leur plein.
Des milliers de gens vêtus de blanc et de rouge déambulent dans les rues, c’est impressionnant. Après avoir expédié ma carte postale pour mon dernier contrôle, je
pars en direction de Biarritz. Je longe la mer tranquillement, j’aime bien terminer
une diagonale sans me presser, ni me stresser. (…) Après être allé prendre une douche à l’hôtel Santiago où la plupart des diagonalistes ont l’habitude de se rendre, je
prends le train pour Tours. »
Brest - Perpignan
(J.-P. Mary, 11-14 septembre)
« Après un bon petit déjeuner dans ma chambre, il est 4 h lorsque le réceptionniste
de l’hôtel de police appose « Marianne » sur mon carnet de route. Grâce aux repérages de la veille, la sortie de Brest est facile et rapide, de plus mon GPS fonctionne
parfaitement. Cependant, ce dernier n’indique pas les boîtes aux lettres qui sont
quelquefois difficiles à trouver de nuit, comme ce fut le cas, pour moi, au Faou.
Après deux tours de la place du village, c’est un livreur, lui aussi déjà au travail,
qui m’indique la Poste sur la route de Crozon. L’air est humide avec quelques nappes de brouillard, mais il ne pleut pas. La route pour rejoindre Gourin, lieu du premier contrôle, passant par Pleyben, Châteauneuf-du-Faou et Spézet est vallonnée.
J’y franchis même un petit col (col de Toullaëron, 266 m). Au Faouët, je fais une
petite halte et en profite pour admirer les halles du XVIe siècle qui siègent sur la
place centrale.
(…) Une dizaine de kilomètres avant Plouay, je rencontre Emile Leroux, le « sariste » local, qui m’avait fait part de son intention de m’accompagner lors de la ►
27
DANS LE RÉTROVISEUR
► concentration de l’Amicale des diagonalistes quelques semaines plus tôt. À
Plouay, il m’offre un café accompagné d’un morceau de far breton et de crêpes préparées par sa femme. Qu’elle en soit remerciée ! »
Contournement de Vannes, traversée de la Brière, « désespérément plate ». « Le
vent me pousse. Au pont de Saint-Nazaire, j’ai une heure d’avance sur mes prévisions et j’arrive donc en plein trafic à l’heure de la sortie des bureaux. Grâce au
GPS, une fois de plus, je trouve mon chemin sans encombre. » Première nuit à Machecoul, atteint un peu avant 20 h.
Le lendemain, GPS aidant, La Roche-sur-Yon est traversé sans peine, un peu avant
7 h. Puis c’est l’entrée dans le Marais Poitevin et Saintes. « Tout juste le temps de
photographier l’arc de triomphe (arc de Germanicus datant de plus de 2.000 ans).
La route est maintenant moins monotone, le paysage ondule, les vignes font leur
apparition. Les domaines viticoles vantent leur production : Cognac, pineau d’Aunis… Là encore ce sera pour une autre fois. A Montendre, j’ai une pensée pour le
cannibale du bitume : Patrick Plaine qui compte ses diagonales par douzaines. J’avais côtoyé ce cycliste atypique, passionné, il y a déjà plus de vingt ans. L’âge venant, il doit être un peu moins actif ! » (Ndlr : lignes écrites avant la mort de P.
Plaine sur la route, tout près de là, au mois de novembre).
« Il est un peu plus de 19 h lorsque j’atteins
l’Etap-Hôtel de Libourne. Le soleil a disparu,
il fait un vent qui amène de l’air froid. (…) À
quelle heure partir ? A 3 ou à 4 h ? Partir plus
tôt a l’avantage de permettre de terminer plus
tôt l’étape, mais oblige en cette mi-septembre à
faire plus de quatre heures de nuit. Je suis Percheron, je choisis une solution normande avec
un départ à 3 h 30. Le sort en a voulu autrement. À 2 h, une sonnerie dans le couloir se
Paysage du Gers.
met à retentir et à persister. Impossible de dormir, réveillé pour réveillé, je me lève et c’est vers 3 h que je quitte l’hôtel. (…)
À La Réole, une pluie fine, froide, continue et persistante me rattrape. Je bâche. J’ai
beau avoir expérimenté bien des types d’imperméable, dans tous les cas on ressent
vite une humidité soit par la sudation ou par la pénétration de la pluie. C’est pourquoi, quand j’enfile ce genre de vêtement, j’enlève le maximum de couches du dessous afin de garder des vêtements au sec pour la suite. Avec la pluie arrive la brume. Le tout, combiné avec la nuit et mes lunettes de vue, fait que je n’y vois rien
dessous afin de garder des vêtements au sec pour la suite. Avec la pluie arrive la
brume. Le tout, combiné avec la nuit et mes lunettes de vue, fait que je n’y vois rien
malgré mon super éclairage Sondelux. Au lever du jour, je suis transi.
A Durance, la pluie cesse. Pour sécher et me réchauffer, je me mets en chemise car
finalement le fond de l’air n’est pas si froid. A Condom, je ressens un gros petit
28
DANS LE RÉTROVISEUR
creux à l’estomac. J’achète une tortilla sous
vide et la mange froide avec un litre de jus
de fruit et non un litre d’armagnac local !
Voilà 1.000 kilocalories avalées en moins de
dix minutes. Ça tombe bien, car je suis maintenant dans les collines du Gers, et pour les
franchir il faut du carburant. C’est un département particulièrement difficile à traverser
au même titre que l’Aveyron. Ce n‘est pas
de la haute montagne, ce n’est pas de la
Au col de Jau.
montagne à vaches, non c’est pire ! Et au
troisième jour d’une diagonale, il y a un peu moins de ressort dans les jambes. (…)
Un peu avant 14 h, j’arrive dans la jolie ville d’Auch, chère au mousquetaire du roi
Louis XIV d’Artagnan, bâtie au-dessus du Gers. Pour me délasser, je traverse à pied
le centre-ville, au travers de vieilles ruelles. (…)
Samatan, Rieumes, Saint-Sulpice-sur-Lèze défilent sur mon road-book. Le plus dur
de la journée est maintenant derrière. Fini le Gers et bonjour la verte Ariège et ses
montagnes. C’est mon graal sur cette diagonale. La route de Saint-Ybars est tranquille. Un peu avant Ecosse, en haut d’une côte, Bernard Lescudé est là avec son
accent chantant. Après la traditionnelle photo, il m’accompagne jusqu’à mon hôtel
à Pamiers avant de prendre congé. (…)
En élaborant mon parcours j’avais lu qu’un cyclo farfelu était passé par le col d’Envalira avant de rejoindre Perpignan. La route du Puymorens n’est pas celle que j’apprécie le plus dans la région. Après une lecture plus approfondie de la carte et quelques calculs de distances, j’ai jeté mon dévolu sur le col de Pailhères. (…)
Lorsque j’arrive à Ax-les-Thermes, il fait jour. Toujours pareil : une baguette, un
chocolat au lait et un grand crème, et comme c’est la dernière étape, deux pains aux
raisins en sus. Avec un tel petit déjeuner, je devrais éviter la fringale. Il me faut
bien 40 minutes pour ingurgiter tout cela. La digestion se fera lors des 19 kilomètres d’ascension du col de Pailhères, assez facile dans sa première partie mais relativement pentu sur la fin. Il fait beau et frais. A proximité du sommet, un vent violent
et froid vous glace les os. (…)
Descente sur Rouze, lieu de mon dernier pointage. Le temps se réchauffe et le vent
se renforce. Après les petites ascensions des cols des Moulis et du Garavel, me voilà aux pieds du col de Jau distant de 9 km. L’escalade est en sous-bois, donc pas ou
peu de vent et de l’ombre. Je jubile. Je suis un gros veinard d’être là en pleine nature à l’écoute de mon corps, de mon vélo. Dommage, c’est bientôt la fin de cette
aventure ! Au sommet, il me reste 80 kilomètres à parcourir dont plus de la moitié
en descente. (…) A 17 h 30, dernier contrôle au commissariat. C’était une belle
journée dans la montagne et une diagonale relativement facile faite à deux avec
mon ami flamand Wandedos. » ■
29
DANS LE RÉTROVISEUR
Souvenirs d’un tour
de France des amis
On ne s’ennuie pas dans le Tour de l’US Métro, même en solo.
Toujours quelqu’un à rencontrer, même quand ça n’est pas prévu !
U
n an après, que reste-t-il de mon Tour de France ? L’envie de recommencer.
Le cyclotourisme m’a offert il y a quelques mois une aventure hors du commun, l’opportunité d’une rotation (sens des aiguilles d’une montre) de près d’un
mois autour du pays. Autant dire que dans l’affaire, le premier des mérites revient à
Marie-Françoise, mon épouse, très au fait de ce qui m’arrive dès que le mot bicyclette est prononcé. Je mesure ce que me voir ainsi partir, du 29 mai au 26 juin,
représentait pour elle. Je n’ai pas de mots assez forts pour l’en remercier.
Ce fut un Tour de France de vingt-neuf jours, celui de l’US Métro dans sa formule
randonneur, un peu plus de 4.800 kilomètres dans sa version officielle, près de
5.000 dans mon cas avec quelques détours. Encore ai-je supprimé 200 à 300 kilomètres de suppléments touristiques que je prévoyais de m’offrir ici et là, histoire de
découvrir un site et de compléter ma collection de BPF.
A ces détours, j’ai vite renoncé. Ils allongeaient des étapes qui firent en moyenne
170 kilomètres. J’aurais eu souvent l’impression de voler des pointages, en ne prenant pas le temps de goûter les lieux en touriste. Très vite donc, j’ai renvoyé le rendez-vous avec ces sites (cap GrisNez, Haut-Koenigsbourg, Saut-duDoubs ou Saintes-Maries-de-laMer*) à d’autres pérégrinations de
cyclotouriste.
Du cyclotourisme, ce tour de France?
Cela peut être contesté. Ça le sera
par tous ceux qui préfèrent dans nos
activités le tourisme, la balade, au
seul cyclisme. D’autres, dont je fais
partie, ont connu d’abord du vélo son
côté sportif. Ils se sont assagis, ont
découvert avec lui et avec nos clubs
A Peira-Cava (Alpes-Maritimes), rencontre d’autres façons de rouler. Dans ce
avec une autre forme de transhumance.
mois de juin 2012, j’ai certes roulé
30
DANS LE RÉTROVISEUR
beaucoup, et poussé bien peu les
portes des églises pour apprécier
vitraux, croisées d’ogives ou chapiteaux. Je me suis immergé dans des
paysages nouveaux, ai pris le temps
de photographier, et me suis livré au
hasard des rencontres, souriantes le
plus souvent, curieuses parfois de
mon périple, toujours enrichissantes.
La richesse de notre cyclotourisme
est aussi - est d’abord, selon moi une richesse humaine. Ce Tour de
France, qui fut « solo » parce que
Avec Pierre Deux
d’habituels compagnons de route
devant « sa » passerelle, à Plancoët.
n’ont pu s’engager cette année-là
dans l’aventure, fut un tour de France convivial. Il fut ponctué de contacts quotidiens avec hôteliers, commerçants, passants. Et de retrouvailles.
À commencer dans l’étape de Plancoët, chez mes amis Pierre et Suzanne Deux. J’ai
fait leur connaissance il y a une douzaine d’années grâce aux rencontres des Amis
du Randonneur. J’avais rarement vu un couple de tandémistes pédaler aussi bien,
avec un art consommé du passage en danseuse. Pierre et Suzanne, c’est un tandem
que j’ai vu franchir les bosses à la même vitesse que les randonneurs solo. Avec
eux, le courant a passé tout de suite, comme il avait passé bien avant avec d’autres,
ainsi avec Claude et Jeannine Taligault.
Pierre, au quatrième jour de ce que j’appelais alors ma « tentative de faire le Tour
de France », est venu à ma rencontre sur la route. Nous avons passé la soirée ensemble dans leur maison de granit de Plancoët, Pierre et Suzanne me faisant partager leur passion pour le travail des bâtisseurs de ces belles demeures bretonnes du
XVIIe ou du XVIIIe siècles… et pour leurs successeurs. Tout à côté, Pierre a bâti
lui aussi, dirigeant il y a quelques années, avec son entreprise, la construction d’une
fine passerelle, par laquelle commencera le lendemain ma cinquième étape. Dans le
ch’Nord entre Estaires et Carvin, j’ai eu la chance d’être accompagné par Jean Duhayon, Ti’ Jean ed’Servins, Ami du Randonneur lui aussi. Comme Pierre, Jean a
déjà accompli le « Tour » de l’US Métro. Cette rencontre-là fut aussi chaleureuse.
Le lendemain, j’avais rendez-vous avec un ancien Tourangeau bien connu de
l’UCT, dont il a été membre, Joël Greffier. Avec son ami Jean-Claude Mortier (je
les ai retrouvés ensemble, il y a quatre ans, dans un tour de Corse de la FFCT), ils
ont ce jour-là pris le train à Reims pour me rejoindre, et m’ont attendu à 80 kilomètres du Chesne (Ardennes), où je faisais étape. En leur compagnie, j’ai ►
31
DANS LE RÉTROVISEUR
► découvert les routes éprouvantes de l’Avesnois. Avec
leurs compagnes Jocelyne et
Nadège
(également rencontrées en Corse), venues à
notre rencontre en voiture, nous
avons dîné ensemble avant
qu’ils ne reprennent la route de
Reims.
Ces rencontres avaient été planifiées. Daniel Schoos, lui, prit
des risques en me guettant sur
le bord de la route le 11 juin,
30 kilomètres avant Morteau
Au col du Galibier le 14 juin,
où je faisais étape, non loin de
les névés occupent les lieux.
la Suisse où il séjournait quelques jours chez sa fille. Il m’attendait là à l’heure mentionnée sur la feuille de route que j’avais préparée trois mois
plus tôt, et qu’exceptionnellement ce jour-là je respectais quasiment, à une demiheure près ! Nous avons ainsi roulé de concert pendant près de deux heures.
Il y eut deux autres gîtes programmés, donnant lieu à chaque fois à de joyeuses retrouvailles. Le 19 juin, j’étais accueilli par mon vieil ami Rolf Möser et son épouse
Muffel dans leur location de vacances à Portiragnes, près de Béziers. Je dois à Rolf
(vététiste connu de quelques Ucétistes pour quitter de temps à autre la région de
Mayence afin de participer à Tours-Amboise-Tours) la découverte de parcours plaisants le long du canal du Midi. L’an passé, le canal était encore pourvu de ses alignements de platanes, soumis à un abattage programmé.
Dans ces brèves heures partagées avec mes amis allemands, nous avons retrouvé
nos plaisanteries et nos rites. J’ai été accueilli « à l’allemande » à mon arrivée à
Portiragnes, échangeant aussitôt mon vélo contre un verre de bière normal (50 centilitres).
Deux jours après, en Ariège, notre fils Charles et son amie Virginie m’attendaient
dans leur maison proche de Saint-Girons, rencontre familiale qui m’amena à quitter
l’itinéraire « officiel » après Massat pour goûter en fin d’étape, en supplément, le
col de la Crouzette.
Il y eut des rencontres avec des cyclistes : la kyrielle de Hollandais grimpant avec
moi Télégraphe puis Galibier (ils me dépassaient souvent, mais comme ils s’arrêtaient beaucoup aux terrasses des cafés, on se revoyait) ; les autres « tour de France », les Nordistes Marie-Christine Richard et Jean-Marc Topart, croisés sous la
pluie vers Etretat; puis Jean-Claude Bénazet, un Charentais trimbalant sa tente de
32
DANS LE RÉTROVISEUR
camping, rencontré au col du Galibier. J’ai une tendresse particulière pour la patronne de l’hôtel des Deux Cols, à Sainte-Marie-de-Campan, qui connaît ses classiques. L’endroit est un repaire de cyclistes lorgnant vers le Tourmalet, et aussi de
randonneurs comme ceux engagés dans Hendaye - Cerbère. La patronne connaît
cette grande « classique » cyclotouriste : « 710 kilomètres, 18 cols ! », dit-elle aussitôt. Il y a des soirs, comme celui de Sainte-Marie, où le cyclo se sait en terre amie!
Quatre jours plus tard, j’embarquais sur le bac du Verdon, pointais à 11 h à Royan
et me préparais à mes derniers kilomètres de solitaire en Vendée. Ma boucle se bouclait à Jard-sur-Mer, mon point de départ. Ce sont des kilomètres qu’on accomplit
dans une sorte d’état second, dans une bulle, insensible au vent contrariant, tellement pris par ses pensées qu’on ne prête pas attention aux clients des cafés qui se
prélassent en terrasse.
Sauf que… Coup de frein plutôt sec, devant ce bistrot de Grues, à 30 kilomètres de
Jard. Les deux bipèdes riant en terrasse sont vêtus d’un bleu familier, celui du maillot de l’UCT. Dominique Liné et Christian Raineau m’attendent là depuis trois bons
quarts d’heure (j’ai du retard, mais ils sont au courant, cela fait quelques jours qu’ils
complotent et qu’ils me préparent cette surprise, avec la complicité de MarieFrançoise). Nous serons ainsi quatre pour savourer cette arrivée, qui ressemble à un
retour de marin sur la terre ferme.
Avant cette rentrée au port, j’ai compris pourquoi plusieurs amis (dont Pierre Deux)
s’étaient lancés quelques années plus tard dans un deuxième tour de France, plus
long cette fois. Pour pointer sans doute, en prenant leur temps, tous les BPF dédaignés la première fois…
François TARTARIN
____________________
* Le BPF du Saut-du-Doubs
a été depuis remplacé par le
site d’Arc-et-Senans.
Dominique Liné et
Christian Raineau, à
l’origine d’un comité
d’accueil inattendu à
Jard-sur-Mer.
33
EN ROUTE
Nouvelles du challenge du Centre
902 participants à La Ferté-Saint-Aubin (Loiret) le 28 avril : le challenge du Centre
est parti sur les chapeaux de roue. L’UCT a été représentée par 6 membres (2 au
challenge, 4 en Jeffredo). Il y avait 59 représentants des clubs d’Indre-et-Loire. À
Graçay (Cher) le 12 mai, 7 Ucétistes cette fois (3 au challenge, 4 en Jeffredo), pour
un total de 80 cyclos de Touraine. Graçay a rassemblé 502 participants.
Randonnées :
La Riche, La Membrolle…
Habituelle participation de l’UCT aux randonnées dans le département, en particulier à La
Riche (7 avril) et à La Membrolle (5 mai).
Le maillot de l’UCT a été vu le 7 avril également
à Angers, où Joël Lamy et Jean-Marc Bezert
participaient au brevet de 200 des RC Angevins.
Enfin, l’UCT a pu se targuer d’une participation
très honorable au 100 km Audax de Chinon, le
Au “ravito” de La Membrolle.
14 avril, avec neuf participants : Jean-Luc Boulvert, Claude Daugeron, Thierry Depont, Bernard Gachot, Louisette et Pierre Latus,
Patrick Marchin, Daniel Schoos et François Tartarin. Quatre d’entre eux ont été les
plus matinaux, avec départ à 4 h pour rejoindre Chinon à vélo, et retour idem. Soit
une bonne journée de 225 km.
Des Pâques et des Flèches
À Pâques-en-Périgord, l’UCT était représentée par Louisette et Pierre Latus, Daniel Leproult, Nicole et Jean-Pierre Marchais et Jean-Pierre Marsal.
Claude Daugeron a fait état du temps médiocre qui régnait à La Farlède pour Pâques en Provence. À « Radio UCT » on parle également d’une Flèche Paris - Nice
printanière de Jean-Pierre Mary. Pascale Tessier et Jean-Pierre Mary ont enchaîné
avec une autre flèche, Paris - Cherbourg, la première à l’actif de Pascale. Deux
autres : Joël Lamy sur Nantes - Paris et avec Cédric, Paris - La Rochelle.
Les Amis du Randonneur en Sologne
Le Randonneur est une revue totalement « cyclo », avec récits de randonnées, voyages et histoires en tous genres, et plusieurs Ucétistes parmi ses abonnés. À l’Ascension, quelques-uns ont participé à la rencontre annuelle des Amis du Randonneur,
en Sologne. Si vous voulez les rejoindre, il suffit d’être abonné (20 € par an les trois
numéros; chèque à l’ordre des « Amis du Randonneur », à : Valérie Gabilly, 140,
rue Mozart, 79230 Aiffres; site : www.le-randonneur.net). ■
34
ON DIT QUE...
Nouveaux adhérents
Au 23 mai, nous comptions 157 membres actifs (à un près, le même nombre
que l’an dernier à la même date). Sur
ce nombre, on compte 150 renouvellements de licence. Les nouveaux venus :
Jacky Ternier (n° 3247) et Marc Brion
(n° 3248), tous les deux de Tours.
Nous leur souhaitons la bienvenue.
Christophe, dit Gérard, ça passe tout
seul ! ». Christophe a parcouru le dernier jour 120 km avec, sur le dos, un
jambon espagnol « patanegra » en bandoulière ! L’Eurodiagonale de Gérard et
Christophe – la deuxième du club après
le Hendaye - Lisbonne de Jean-Pierre
Mary en 2012 – a représenté 1.291 km
et une dénivelée de 13.521 m.
Magasin de porcelaine
La com’ des diagonalistes
Gérard Gauthier avait joué à l’éléphant
dans un magasin de porcelaine, lors de
notre visite de l’atelier du sculpteur à
l’abbaye de La Clarté-Dieu. Depuis,
Gérard est précautionneux. Informé par
Christian Raineau du projet de balade
du 25 avril, il a ironisé : « OK pour une
visite de musée ce jour-là. A condition
que ce soit un musée de locomotives ou
de chars d’assaut ! » A Saumur alors
avec halte au musée des Blindés ?
Christian Raineau ne recule devant rien
pour convaincre les Ucétistes de la magie des diagonales ! Le 7 mai, notre
« sariste » (pour SAR, service d’accompagnement routier de l’Amicale des
Un nouveau vélociste
Un nouveau vélociste ouvre au cœur de
Tours, rue Gambetta. A l’origine de
cette initiative, un Ucétiste : Baptiste
Pic, qui donne corps à un projet mûri
depuis longtemps. Le magasin, sous
l’enseigne « Cyclable », est tourné vers
la randonnée et vers une pratique urbaine et familiale. Bon vent à Baptiste !
Deux Eurogourmands
Le même Gérard Gauthier a accompli
au printemps une Eurodiagonale Malaga - Perpignan avec Christophe Marzais. Il y eut du froid ( - 4°), de la neige, des inondations, du vent, « mais
Près de L’Ile-Bouchard.
diagonalistes) a fait coïncider la sortie
du mardi avec le passage en Touraine
d’Alain Roy, en route pour boucler un
triangle de diagonales. Parti fin avril de
Dunkerque pour allier Menton en duo,
Alain a enchaîné en suite avec Menton Hendaye en solo, puis Hendaye Dunkerque. Il a posé pour la traditionnelle photo : avec le drapeau de la Touraine! ■
35
EN ROUE LIBRE
Dessin FLC
36
EN ROUE LIBRE
Ce temps où les cyclos
détestaient le tramway…
En 1948, Cyclotouraine dénonçait d’« infâmes boîtes à roulettes ».
C
lin d’œil de l’histoire… Voici ce qu’à propos du tramway on lisait
dans Cyclotouraine, en avril 1948 :
« La Nouvelle République nous annonce une bonne nouvelle, la fin prochaine de ces infâmes boîtes à roulettes que l’on a l’habitude d’appeler tramways. Souhaitons que cette fois ce ne soit pas un bobard ! Nous, cyclotouristes, nous les verrons disparaître avec joie. Ils nous ont un peu secoué les
tripes, car les plus mauvaises selles de vélo sont encore un fauteuil, à côté
de leurs banquettes, mais leurs rails perfides ont été pour nous un perpétuel
danger de mort. »
Dans le numéro du mois suivant, Marcel Joyeux écrivait : « Quel cyclotouriste, ayant un tant soit peu roulé, peut se vanter de n’avoir pas ramassé une
pelle dans les rails ? Pour ma part, je leur dois d’avoir craché une dent (celle
que je leur garde) sur le pont de pierre de Tours et, tout récemment, mon
ami Canivenc a brisé celles de son plateau (cela vaut mieux que les siennes)
dans les rails de Nantes, car la cité des petits beurres n’a rien à envier à la
cité des rillettes. » ■
C
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37
EN ROUE LIBRE
Nos prochains rendez-vous
Samedi 1er-dimanche 2 juin : Romans-sur-Isère, BCMF du Vercors.
Samedi 1er juin : Tours, fête du Vélo.
Dimanche 2 juin : Château-Renault, challenge des Tanneurs, route (UC
Renaudine).
Du mardi 4 au mercredi 6 juin : Angers, randonnée UCT.
Samedi 8 juin : Chinon, brevet Audax 200 km (CR Chinon).
Dimanche 9 juin : Bonneval (Eure-et-Loir), challenge du Centre.
Dimanche 16 juin : Véretz, route du Bon Vivre, route (AS Véretz).
Dimanche 16 juin : Crotelles, la Crotelloise, VTT (VTT Trophy Crotelles).
Vendredi 21 juin : La Riche, réunion des clubs, calendrier-infos (Codep).
Samedi 22-dimanche 23 juin : meeting de Candes-Saint-Martin (UCT).
Du 24 juin au 4 juillet : Tour de France US Métro par l’UCT (1re période).
Dimanche 7 juillet : La Châtre (Indre), challenge du Centre.
Samedi 21 juillet : Loches, randonnée en Pays lochois (SV Loches).
Dimanche 4 au dimanche 11 août : Nantes, semaine fédérale internationale de cyclotourisme.
Dimanche 1er septembre : Cinq-Mars-la-Pile, challenge du Centre, route.
Dimanche 8 sept. : Joué, balade des Bibs, route-VTT (ASL Michelin).
Samedi 14-dimanche 15 septembre : Tour d’Indre-et-Loire (Codep).
Dimanche 29 septembre : brevets Audax 100-200 km (UCT).
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OFFICIEL
PRÉSIDENT : Daniel Schoos.
SECRÉTAIRE : Joël Lamy.
TRÉSORIER : Jean-Pierre Le Bras.
DÉLÉGUÉ À LA SÉCURITÉ : Jean-François Moreau.
Déclarée à la préfecture d’Indre-et-Loire le 28 juin 1930 (JO du 9 juillet
1930, n° 809).
Affiliée à la Fédération française de cyclotourisme sous le n° 00085. Agrément Jeunesse et Sports du 30 juin 1966, n° 37 S 53.
Siret : 531-529-717 00013
SIÈGE : Centre municipal des sports, 1, boulevard de Lattre-de Tassigny,
37000 Tours.
PERMANENCES : Au siège (escalier de gauche, 1er étage, bureaux Sud)
les 16 et 30 janvier, 6 et 20 février et 6 et 20 mars de 17 h à 18 h 30. Les
autres mois, la réunion mensuelle tient lieu de permanence.
RÉUNION MENSUELLE : Le dernier mercredi du mois à 20 h au Centre
de vie du Sanitas.
SITE : http://uct37.free.fr/
SORTIES : mardi, jeudi, samedi et dimanche. Les horaires sont publiés sur
le site.
Tous les départs ont lieu du Centre municipal des sports.
Directeur de la publication : Daniel Schoos.
ISSN : 0983-5741
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Cyclotouraine accueille vos récits, anecdotes, coups de cœur, etc.
Textes et photos sont à adresser à F. Tartarin. (On peut remettre des textes
manuscrits). E-mail : [email protected]
Prochain numéro (sept.-oct.) : date limite d’envoi le 15 septembre.
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Destinataire
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