Journal – Giornale Retina Suisse 2/2007 paraît 4 fois par an
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Retina Suisse Journal – Giornale 2/2007 paraît 4 fois par an L’association d’entraide de personnes affectées de rétinite pigmentaire (RP), de dégénérescence de la macula, du syndrome d’Usher et d’autres maladies dégénératives de la rétine Impressum Rédaction: Christina Fasser et Renata Martinoni Retina Suisse, Ausstellungsstrasse 36, 8005 Zurich tél. 044/444 10 77, fax 044/444 10 70 E-mail [email protected]; www.retina.ch Traduction en français: Chantal Seiler Mise en page et impression: Kohler SD, 8033 Zurich Enregistrement sur bande magnétique: Bibliothèque sonore romande, Lausanne Abonnement d’un an: Le prix de l’abonnement est compris dans la cotisation de membre Paraît en: Allemand, français, italien écrit et enregistré sur support de son Compte postal: CCP 80-1620-2 Merci pour toute contribution! No 104, octobre 2007 Sommaire Editorial (Ch. Fasser) ................................................ 3 Du nouveau dans la thérapeutique et la recherche Première tentative de thérapie génique sur l’être humain (Ch. Fasser) ................... ARVO – Résumé: Que se passe-t-il dans la recherche sur la RP et d’autres dystrophies héréditaires de la rétine? (E. A. Richman) .......................................... Déconnecter des gènes, introduire des gènes (B. Ritzert) ....................................... Premiers pas vers une thérapie génique de l’achromatopsie .................................... 7 13 35 38 Diagnostic Dystrophie des cônes et des bâtonnets (B. Fiebig et B. Weber) ............................... Tomographie par cohérence optique TCO (U. Kellner) ......................................... Diagnostic génétique moléculaire de la maladie de Stargardt (W. Berger) ............. Journal Retina Suisse 2/2007 39 42 46 Traitements Myrtaven – véritable remède miracle contre la DMLA ou l’héméralopie? (Ch. Fasser) ................................................. Macugen est pris en charge par les caisses maladie (Ch. Fasser) ...................... 50 52 Vivre avec… Avancer dans l’incertain (S. Hüsler) .......... Le Groupe de travail zurichois pour une construction adaptée aux handicapés de la vue (R. Amigo) .................................. 53 59 Loisirs Tir sportif pour aveugles et malvoyants, est-ce possible? (M. Lauber) ..................... Les échecs – Activité de loisirs accessible aussi aux aveugles et malvoyants ............ 63 66 Informations et tuyaux Module SPEAKOUT – Un système idéal pour marquer les objets ............................ Nouvel atelier de loisirs à Zurich .............. Dates importantes .................................. 67 68 69 Journal Retina Suisse 2/2007 Editorial Chère lectrice, cher lecteur, Ce Journal Retina est un numéro très spécial car nous y parlons d’essais cliniques sur des personnes affectées de dégénérescences héréditaires de la rétine. Il ne s’agit pas d’un seul essai mais bien de trois essais différents, et cela non pas très loin, au fin fond de l’Amérique, mais un aux Etats-Unis, un en Angleterre et un en Suisse. Oui, vous avez bien lu: les cliniques à Genève et à Lausanne ont l’intention de procéder respectivement à un essai de phase I avec une puce électronique de rétine ou, plus simplement, avec la vue artificielle. Les deux groupes de chercheurs nous ont priés de les aider à recruter des candidates et candidats adéquats. La promotion de la recherche est notre but principal mais nous voulons aussi poser des règles claires. Pour ce faire, la transparence est un impératif. Les conditions préalables usuelles doivent être réunies, à savoir les moyens doivent êtres autorisés, les procédés et les essais doivent avoir triomphé des divers obstacles des commissions d’éthique. Pendant la phase I d’un essai, les chercheurs examinent si une chose est possible, mais aussi et surtout si un processus est sûr. Dans le cas de la puce électronique de rétine, cela signifie concrètement d’exaJournal Retina Suisse 2/2007 3 miner si le procédé est faisable, si la puce peut être mise en place dans la rétine à l’endroit voulu et si elle y est fonctionnelle. Les premiers candidats ne doivent avoir rien à perdre à prendre part à cette tentative car il ne peuvent espérer avoir aucune nouvelle perception visuelle. Ce à quoi il peuvent s’attendre en revanche, c’est de participer à une expérience passionnante. Ces candidats et candidates méritent toute notre estime. Sans ces pionniers désintéressés de la première heure, il n’est pas possible de continuer à développer la puce électronique de rétine. Nous avons convenu avec les deux groupes de chercheurs de présenter en commun les deux projets dans le cadre d’une conférence, le 16 octobre 2007 à Lausanne et le 30 octobre 2007 à Olten. Les chercheurs y expliqueront aussi ce qu’ils attendent de chacun des participants à l’essai. Cette information est le premier pas de toute une série d’élucidations préalables à la sélection des candidats et candidates. Nous attendons avec grand intérêt l’écho que renverront ces deux manifestations. Vous en apprendrez plus dans le prochain numéro de notre journal. A Londres, le premier essai sur l’être humain de thérapie génique du RPE65 représente un grand pas en avant. Il va de soi qu’il faudra encore beaucoup de temps avant que les résultats soient 4 Journal Retina Suisse 2/2007 connus. Il convient néanmoins que nous nous préparions. C’est pourquoi, en collaboration avec les cliniques et les généticiens, nous recherchons activement les personnes avec des mutations du RPE65 en Suisse et tentons d’aider à ce que les connaissances sur l’application de la thérapie génique à l’œil soient développées dans un avenir pas trop lointain. Grâce à un legs, nous avons la possibilité de constituer une bourse à l’intention de chercheurs idoines pour leur permettre d’apprendre la technique de cette thérapie à Londres. L’été est en règle générale une période calme mais, parfois, des gros titres nous causent un surcroît de travail et désorientent les personnes concernées. C’est ce qui s’est passé l’été dernier à cause du Myrtaven, un extrait de myrtilles. Ce médicament n’a pas été testé avec la rigueur nécessaire comme traitement de la DMLA et l’on ne peut donc rien en dire en ce qui concerne les patients affectés de DMLA. En revanche, l’efficacité des médicaments Lucentis et Macugen, qui bloquent l’action du VEGF, a été examinée scientifiquement dans le cadre d’études cliniques durant de nombreuses années (voir article). Le referendum contre la 5ème révision de l’AI a un résultat notable mais n’atteint malheureusement pas la majorité qui a voté non. Il échoit désormais aux pouvoirs publics et aux emploJournal Retina Suisse 2/2007 5 yeurs de prouver que les mesures d’économie ne se prennent pas aux dépens des personnes handicapées mais qu’elles ont pour effet un financement à long terme et surtout qu’elles permettent, à court terme, de créer des postes de travail pour des personnes malvoyantes et aveugles. Si vous êtes présentement dans l’indécision quant au bien-fondé de prendre des dispositions pour assurer votre emploi, je ne puis que vous encourager à contacter Céline Moret ou moi-même par téléphone avant la fin de cette année. Cela vaut aussi si vous ne percevez pas encore une indemnité pour impotence mais croyez que vous devriez y avoir droit. Et voici la nouvelle magique: depuis le 17 septembre, nous avons un service de consultation à Lausanne, dont la conseillère est Céline Moret. Elle est à la disposition de nos membres francophones du lundi au jeudi de 09.00 – 11.30 heures (tél. 021 626 86 52). Grâce à la générosité de la Fondation Jules-Gonin, le service de consultation de Lausanne est hébergé dans les locaux du Service de réhabilitation pour malvoyants à l’hôpital ophtalmique de Lausanne. Nous formulons à l’intention de Céline Moret tous nos vœux de réussite dans cette nouvelle tâche qui va beaucoup exiger d’elle. Christina Fasser 6 Journal Retina Suisse 2/2007 Première tentative de thérapie génique sur l’être humain • Christina Fasser, Retina Suisse, Ausstellungsstrasse 36, CH-8005 Zurich C’est avec un intérêt passionné que nous avons toutes et tous attendu la première tentative de thérapie génique sur des personnes affectées de dégénérescences de la rétine. Début juillet, le Dr. Robin Ali, de l’UCL et Moorefields Hospital à Londres a pour la première fois fait rapport à ce sujet. Même s’il faut encore attendre quelque temps avant de connaître les résultats, l’on peut dire d’ores et déjà que les premières tentatives ont été couronnées de succès. En cette occurrence, cela signifie qu’il n’y a pas d’effets secondaires importants et que l’opération est réussie sur le plan technique. Les essais de thérapie génique sont toujours liées à un certain risque et il est donc clair que seules entrent en ligne de compte pour ces premières expériences des personnes qui ne peuvent s’attendre à bénéficier d’une guérison. De quoi s’agit-il? Ce premier essai de thérapie génique est pratiqué sur des personnes affectées d’une dégénérescence rétinienne très rare, l’amaurose congéJournal Retina Suisse 2/2007 7 nitale de Leber, dite LCA, et qui plus est d’une sous-forme de cette maladie, dans laquelle le gène RPE65 est modifié. Par suite de ce défaut, la protéine correspondante dans l’œil n’est plus produite correctement et, finalement, la fonction des cellules photosensibles (les photocepteurs) est perturbée. Cela a pour effet que les signaux lumineux provenant du monde extérieur sont de plus en plus rarement transformés en signaux utilisables par le cerveau. Dans la deuxième décennie de leur vie, les personnes atteintes de cette maladie deviennent en règle générale complètement aveugles. Etant donné qu’il n’existe pas de médicament pour ces patients, les experts espèrent qu’une thérapie génique pourra aider les malades et rendre plus facile leur vie de tous les jours. «Nous avons tout d’abord incorporé une copie intacte du gène RPE65 dans un virus qui sert de véhicule de transport, puis injecté cette préparation sous la rétine des personnes prenant part au test», a expliqué récemment le généticien Robin Ali, de l’University College London (UCL), lors d’une conférence sur le thème «Hearing and Seeing» à Paris, organisée par l’Union européenne. Jusqu’à présent, personne n’a encore tenté cette méthode. Si elle réussit vraiment, il est pensable qu’elle puisse être utilisée aussi pour d’autres maladies oculaires génétiques, plus fréquentes. 8 Journal Retina Suisse 2/2007 «A travers un labyrinthe» Les chercheurs britanniques sont fiers de faire œuvre de pionniers dans ce secteur et ils sont confiants. Depuis 15 ans, il procèdent aux préliminaires de cette étude à laquelle doivent prendre part, au total, 12 patients sélectionnés. Par ailleurs, il ressort d’expériences pratiquées sur des chiens aveugles souffrant du même défaut génétique que la thérapie est sûre et, jusqu’à présent, couronnée de succès. Après l’intervention, les chiens pouvaient voir mieux et étaient capables de trouver leur chemin dans un petit labyrinthe. Avant le traitement, ils n’étaient plus capables de s’orienter et, lors du test du labyrinthe, ils se cognaient partout dans le laboratoire. Cette spectaculaire opération, qui a duré trois heures environ, a été réalisée par une équipe de chirurgiens chevronnés du Moorfields Eye Hospital à Londres. Mais comment fait-on pour introduire de tels gènes précisément là où l’on veut qu’ils soient placés? «Au moyen de virus spéciaux», répond Robin Ali. Il explique qu’ils ont utilisé pour ce faire un simple truc de la nature: normalement, les virus s’emparent de cellules dans le corps humain afin d’y incorporer leurs propres gènes de manière ciblée et contraindre ainsi les cellules à produire des virus en plus grand nombre. L’idée est donc de rendre inoffenJournal Retina Suisse 2/2007 9 sifs des virus dits adéno-associés et de les charger d’une nouvelle cargaison, une version fonctionnelle du gène RPE65 p. ex. Ensuite, ces virus font en quelque sorte office de taxis pour introduire le gène dans l’organisme. De cette manière, le défaut génétique peut être corrigé au moyen d’une opération unique, de sorte que les cellules de photocepteurs puissent à nouveau percevoir de la lumière. «Pas de grand risque» Robin Ali s’attend toutefois à ce qu’il faille attendre plusieurs mois avant que l’effet décrit soit perceptible par les personnes ayant pris part à l’essai. Néanmoins: «C’est la seule possibilité d’aider les patients», affirme Christian Grimm, spécialiste de biologie moléculaire à l’hôpital universitaire de Zurich, qui étudie le mode de fonctionnement du gène RPE65. En raison de l’obstacle que constitue la barrière hématorétinienne, il est extrêmement difficile d’introduire dans l’œil des substances sous forme pharmaceutique à l’endroit précis où l’on veut qu’elles agissent. Cette nouvelle méthode présente par ailleurs l’avantage de comporter moins de risques que d’autres thérapies géniques, comme celle utilisée pour le traitement du déficit immunitaire dit «granulomatose septique» par exemple, qui a causé en Allemagne le décès d’un patient pre- 10 Journal Retina Suisse 2/2007 nant part à une étude. Car l’œil, d’une part, est un système fermé en soi et, d’autre part, au pire des cas il n’est pas nécessaire à la survie. Les spécialistes dans les hôpitaux surveillent à présent d’un regard perçant le déroulement des tests en Grande-Bretagne et attendent les premiers résultats des essais cliniques. Trois patients ont d’ores et déjà été traités. En plus des essais déjà effectués en Grande-Bretagne, deux autres séries d’essais sont prévues aux Etats-Unis. Et que se passe-t-il en Suisse? Dès qu’un traitement sera disponible, Retina Suisse va s’efforcer d’obtenir qu’il soit accessible aussi à des patients et patientes vivant en Suisse. Pour cela, il est nécessaire de procéder à des tâches préliminaires. D’abord, il faut trouver les personnes qui peuvent profiter d’un tel traitement. La LCA est une forme très rare de dégénérescence de la rétine. Plus rares encore sont les personnes ayant des mutations dans le gène RPE65. Il est donc essentiel de recenser toutes les personnes affectées de LCA causée par une mutation dans le gène RPE65 qui vivent en Suisse. Pour ce faire, une élucidation faite dans un institut de génétique humaine est nécessaire (cf. article séparé). De plus, nous souhaitons contribuer à ce que la capacité à pratiquer cette thérapie novatrice soit développée chez les chercheurs Journal Retina Suisse 2/2007 11 et les ophtalmologistes. Le premier pas dans ce sens est une bourse d’un montant de CHF 10'000 allouée à un jeune ophtalmologiste à Lausanne qui va faire un stage de recherche dans l’équipe du Dr. Robin Ali à Londres afin d’acquérir la formation idoine. Le fait que ce boursier a reçu de l’argent du Fonds national suisse pour couvrir les frais d’une partie de son séjour à Londres prouve que notre souhait est d’ailleurs partagé par la communauté des chercheurs suisse. De plus, Retina Suisse va promouvoir la génotypisation de personnes ayant une mutation du RPE65 au moyen d’une contribution financière non négligeable à la recherche. 12 Journal Retina Suisse 2/2007 Que se passe-t-il dans la recherche sur la RP et d’autres dystrophies héréditaires de la rétine? Vous trouverez la réponse dans les exposés du congrès annuel 2007 de l’ARVO qui s’est tenu du 6 au 10 mai à Fort Lauderdale, en Floride. Le thème directeur du congrès était «L’œil vieillissant». Le rapport ci-après a été rédigé par le Dr. Richman à la demande de Christina Fasser, présidente de Retina International. Il informe sur des projets de recherche ayant trait à la rétinite pigmentaire, au syndrome de Usher et d’autres dystrophies héréditaires de la rétine, qui ont été présentés dans le cadre de symposiums, ateliers, articles et sessions de posters. Voici donc des résumés de rapports sur des études cliniques, des études génétiques, la recherche sur les cellules souches, la vue artificielle et d’autres thèmes traités au congrès. 1. Etudes cliniques Neurotech commence des études de phase II / III pour le traitement de la RP au moyen de transplantations ECT Journal Retina Suisse 2/2007 13 Le traitement dit Encapsulated Cell Therapy (ECT) consiste à mettre en place dans l’œil une petite capsule contenant des cellules rétiniennes qui libère une protéine dénommée «ciliary neurotrophic factor» (CNTP) (n.d.t.: neurotrophic = qui alimente les cellules nerveuses). L’espoir à la base de cette idée est que cette protéine «sauve» les photocepteurs et freine la dégradation de la vue de patients atteints de rétinite pigmentaire, du syndrome de Usher de type II et III ainsi que de choroïdérémie. L’admission de patients dans ces études de phase II/III a commencé. Les objectifs sont d’examiner l’efficacité et la sûreté de l’ECT, d’observer les effets secondaires et d’acquérir des informations qui permettent de pratiquer cette thérapie avec sûreté. Neurotech Pharmaceuticals réalise ces études dans 14 endroits aux Etats-Unis. [W. Tao, Neurotech USA, Inc, 6 Blackstone Valley Place, Building 5, Suite 500, Lincoln Rhode, Island 02865, USA, [email protected]] Etude clinique prévue pour une thérapie génique de la maladie de Stargardt Des chercheurs de la société Oxford BioMedica et de la Columbia University sont en train d’initier une étude clinique d’une thérapie génique de la maladie de Stargardt. Cette thérapie porte le nom de StarGen. La maladie de Stargardt est 14 Journal Retina Suisse 2/2007 causée par une mutation dans le gène ABCA4 qui code pour une protéine jouant un rôle dans la fonction normale des photocepteurs. La thérapie consiste à introduire dans les photocepteurs un gène ABCA4 normal, au moyen d’un système de transport par un lentivirus vecteur de transport élaboré par la Oxford Biomedica et breveté. Des résultats positifs avec StarGen ont d’ores et déjà été obtenus dans un modèle d’animal ayant la maladie de Stargardt. [J.Kong, S.R. Kim, K.Binley, K.Doi, S.Naylor, J.R. Sparrow, P.Gouras, R.Allikmets – Ophthalmology, Columbia University, New York, NY; [email protected]] Des études de phase II montrent des bienfaits thérapeutiques pour des patients RP suite à la transplantation de cellules rétiniennes en évolution Des chercheurs rapportent que l’implantation sous la fovéa de six patients affectés de RP et de deux patients affectés de DMLA d’une couche de cellules de rétine et de cellules d’EPR (épithélium pigmentaire rétinien) en évolution a amélioré l’acuité visuelle de trois des patients RP et de deux des patients avec DMLA. Un patient RP, qui avait reçu une transplantation de ces cellules deux ans auparavant, avait retrouvé une acuité visuelles de 10%, contre les 2,5% qui lui restaient Journal Retina Suisse 2/2007 15 avant l’opération. Les chercheurs continuent à expérimenter ce mode de transplantation rétinienne dans leur centre de recherche à Louisville, Kentucky. [N.D. Radtke, M.J. Seiler, H.M. Petry, D.Pidwell, R.B. Aramant – Retina Vitreous Resource Center, Louisville, KY; N.D.; [email protected]] Etudes de thérapie génique de la LCA prévues Des scientifiques cliniciens de la University of Pennsylvania projettent de mener au Children’s Hospital of Philadelphia une étude clinique de thérapie génique de l’amaurose congénitale de Leber (LCA). Le traitement, grâce auquel il a d’ores et déjà été possible de restaurer une vision fonctionnelle de 50 chiens, doit maintenant être testé sur des enfants et des adultes avec une variante du gène RPE65. Cette thérapie génique vise les cellules de l’épithélium pigmentaire rétinien et le vecteur utilisé pour le transport est un virus adéno-associé (AAV). Les chercheurs ont rapporté au congrès de à l’ARVO 2007 qu’ils avaient réussi à optimiser le système de transport. [A). J. Bennett other LCA trials (planed or already in progress), Ophthalmology, Scheie Eye Institute, Philadelphia, PA; [email protected]. upenn.edu B) W. Hauswirth, Dept of Ophthalmology, Univ 16 Journal Retina Suisse 2/2007 of Florida Coll of Medicine, Box 100284; JHMHC, Gainesville, FL, 32610-0284, USA, hauswirth@ eye.ufl.edu C) Alan Robin, Ophthalmology & Intl Health, Johns Hopkins Univ, 6115 Falls Road, Suite 333, Baltimore, MD, 21209-2226, USA; arobin@ glaucomaexpert.com] Entre-temps, un autre groupe de chercheurs au University College London (UCL), sous la direction du Prof. Robin Ali, a commencé des essais sur l’être humain. (cf. article séparé dans le présent numéro du Journal Retina). 2. La vue artificielle Résolution étendue chez des patients avec une prothèse de rétine dite «Second Sight» Des chercheurs ont prié des patients aveugles, dans la rétine desquels une prothèse second sight avait été mise en place, de localiser dans l’espace des éclairs qu’ils percevaient (phosphènes), éclairs déclenchés par la stimulation de certaines électrodes dans la rétine. Ils ont pu ainsi démontrer que la localisation des éclairs correspondait à la position des électrodes dans la rétine. Par ailleurs, ces chercheurs affirment dans leur rapport qu’il existe une liaison entre la prestation visuelle et le nombre d’électrodes actives dans la prothèse rétinienne. La capacité à déclencher des motifs lumineux dans l’espace pourrait Journal Retina Suisse 2/2007 17 aider des patients à reconnaître des informations visuelles dans leur environnement. [A) M.J. McMahon et al. Second Sight Medical Prod Inc,12744 San Fernando Rd Bldg 3, Sylmar, C, 91342, USA B) Retina Institute, Doheny Eye Institute, 1355 San Pablo Street, DVRC 119, Los Angeles, CA, 90033,USA, [email protected]] La stimulation du nerf optique par AV-DONE fait apparaître des phosphènes à des patients RP Des électrodes causant uniquement davantage de perception lumineuse, mises en place dans les nerfs optiques de deux patients RP, ont généré des phosphènes que ces patients ont décrits comme étant soit ronds soit ovales et d’une taille variant de la tête d’une allumette à un ballon de football. Cette approche, dénommée AV-DONE (artificial vision by direct optical nerve electrode), consistant à générer une vision artificielle au moyen d’électrodes placées directement sur le nerf optique, est en ce moment examinée dans le but d’une large application. [H.Sakaguchi, E.Yonezawa, H.Kanda, M.Ozawa, M.Kamei, T.Fujikado, O.Ustariz-Gonzalez, A.SolisVivanco, H.Quiroz-Mercado, Y.Tano, Ophthalmology, Osaka Univ Medical School, 2-2 Yamadaoka Room E7, Suita, Osaka,565-0871, Japan, [email protected]] 18 Journal Retina Suisse 2/2007 Comment des patients RP réagissent à une ligne de microphotodiodes de la Retina Implant GmbH Les résultats de l’implantation d’un autre implant sous-rétinien – une ligne de microphotodiodes (microphotodiodes array, MPDA) – de la société Retina Implant GmbH ont également été présentés au congrès 2007 de l’ARVO. En dépit du fait qu’un des huit patients ayant pris part à l’expérience, aveugle depuis déjà 30 ans, n’a pas réagi aux stimuli de l’implant, quelques-uns des patients ont pu, lors des tests, percevoir de la clarté et distinguer des lignes horizontales de lignes verticales et aussi indiquer la direction de points mouvants. De plus, les chercheurs font état d’un rapport proportionnel entre la clarté et la taille des perceptions lumineuses et le voltage des électrodes. [F.E. Zrenner, Ophthalmology, Center for Ophthalmology, University of Tuebingen, [email protected]] Il ressort d’un examen de l’état émotionnel des participants à l’étude MPDA que les patients ont bien supporté le stress et que leur équilibre émotionnel s’est peut-être même amélioré pendant leur participation à l’étude. [T.Peters, S.Klingberg, H.Oelman, C.Kuttenkeuler, R.Wilke, T.Zabel, E.Zrenner, B.Wilhelm, STZ Auto- Journal Retina Suisse 2/2007 19 nomes Nervensystem und Sicherheitsstudien, Heubergstr. 37, D-72131 Ofterdingen, [email protected]] 3. Etudes génétiques Des «micro-arrays SNP» identifient des nouvelles mutations chez des patients affectés d’ACL et de RP juvénile A ce jour, des mutations liées à l’ACL et à la RP juvénile autosomiques récessives ont été trouvées dans 11 gènes. Les chercheurs font état de leurs réussites dans l’utilisation d’arrays SNP (polymorphisme d’un nucléotide simple) dans le cadre de l’établissement d’une carte des monozygotes afin d’identifier des mutations dans des gènes connus et de nouvelles variantes de gènes à l’origine de maladies. [A.I. Den Hollander, I.Lopez, S.Yzer, K.W. Littink, M.A. Musarella, G.A. Fishman, I.H. Maumenee, K.Rohrschneider, F.P. M. Cremers, R.K. Koenekoop – McGill Ocular Genetics Ctr/Pediatric Ophthalmology, McGill Univ Health Centre, c/o 2300 Tupper, Montreal, PQ,H3H 1P3,Canada, [email protected]] Nouveaux «micro-arrays» pour ADRP et XLRP Des chercheurs rapportent que deux micro-arrays de génotypes, l’un pour la RP autosomique do- 20 Journal Retina Suisse 2/2007 minante (ADRP) et l’autre pour la RP X-chromosomique (XLRP), dans lesquels sont consignées toutes les mutations connues liées à ces formes, ont pu être correctement établis et testés quant à leur validité. Ils prétendent qu’il s’agit-là de la première puce électronique au contenu exhaustif concernant l’ADRP et la XLRP. Des examens de grande envergure ont facilité l’établissement du diagnostic, ont permis de découvrir de nouvelles variantes de gènes et simplifient la recherche de patients adéquats pour une étude clinique ou des thérapies futures. [J.Zernant, H.Roomere, I.Lopez, C.Ayuso, S.Banfi, F.P. M. Cremers, R.K. Koenekoop, R. Allikmets – Ophthalmology, Columbia University, 630 West 168th Street EIA #715, New York, NY, 10032,USA, [email protected]] Nouveau modèle de souris pour la perte de fonction des cônes En étudiant diverses familles de souris, des chercheurs ont découvert récemment un type présentant une perte fonctionnelle avancée des cônes. Cette mutation est dénommée perte de fonction des cônes 7 (cpfl7). En l’occurrence, le 7 se rapporte au fait que c’est la 7ème mutation trouvée qui est liée à une dysfonction des cônes chez la souris. Les chercheurs ont examiné les caractéristiques anatomiques, génétiques et fonctionnelles Journal Retina Suisse 2/2007 21 de la rétine de cette souris. L’analyse génétique montre une mutation autosomique récessive sur le 19ème chromosome. Ils projettent d’utiliser ce modèle de souris pour étudier la perte de fonction des cônes. [N.L. Hawes, B.S. Harris, R.E. Hurd, P.Ward Bailey, J.Wang, M.T. Davisson, S.Nusinowitz, J.Heckenlively, B. Chang – Jackson Laboratory, 600 Main Street, Bar Harbor, ME, 04609, USA, [email protected]] Restauration de la fonction rétinienne au moyen de la thérapie génique dans une souris servant de modèle pour l’achromatopsie chez l’être humain Des chercheurs rapportent la restauration de la vue fonctionnelle chez des souris au moyen de la mutation d’un gène (Gnat 2) qui code normalement pour une protéine alpha-transducine, responsable de la santé et de la survie des cônes. Ces souris servent de modèle pour l’étude d’un trouble visuel, l’achromatopsie, chez l’être humain (les personnes affectées d’achromatopsie ne perçoivent pas les couleurs et ont une capacité visuelle centrale réduite). Les chercheurs ont injecté ce gène sous la rétine des souris. Deux mois plus tard, ils ont examiné l’activité électrique de la rétine et ont constaté que la plupart des souris avaient réagit positivement à la thérapie génique. 22 Journal Retina Suisse 2/2007 [W.Deng, J.J. Alexander, S.H. Min, Q.Li, J.Pang, J.Li, B.Chang, J.Lem, W.W. Hauswirth – Dept of Ophthalmology, Univ of Florida Coll of Medicine, Box 100284 JHMHC, Gainesville, FL, 32610-0284, USA, [email protected]] La thérapie génique est inefficace pour stopper la dégénérescence des photocepteurs des souris RDS La souris RDS (RDS = retinal degeneration slow) sert de modèle pour la RP récessive. Il manque à cette souris un gène sain pour produire la périphérine, nécessaire à la formation des petits disques dans les segments extérieurs des cônes et des bâtonnets. Des chercheurs rapportent leur tentative de préserver les photocepteurs par le transfert du gène contenant du CNTF (ciliary neurotrophic factor). En utilisant un virus adénoassocié ils ont injecté du CNTF dans le corps vitré d’un seul œil de plusieurs souris RDS et, quatre mois plus tard, ils ont commencé à comparer les caractéristiques électriques et l’aspect de la rétine dans l’œil traité et dans l’œil non traité. Ils sont ce faisant arrivés à la conclusion que le CNTF introduit dans le corps vitré au moyen de la thérapie génique ne protège pas contre la dégéné rescence des photocepteurs. [R.E. MacLaren, P.K. Buch, A.Georgiadis, M. Tschernutter, R.A. Pearson, A.J. Smith, R.R. Ali – Div of Molecular Therapy, Institute of OphthalJournal Retina Suisse 2/2007 23 mology/UCL, 11-43 Bath Street,London, England, EC1V 9EL,UK, [email protected]] Des chercheurs espèrent pouvoir prévoir la gravité et la progressivité de l’ADRP sur la base de la mutation dans la rhodopsine Des mutations dans le gène de la rhodopsine sont responsables de 40% des cas de RP autosomique dominante (ADRP). Des chercheurs tentent de trouver une relation entre la gravité et la rapidité d’évolution de l’ADRP et la mutation correspondante qui touche dans chaque cas une région décrite de la protéine rhodopsine. Dans le cadre de leur étude, qui comprenait quatre familles avec diverses mutations dans le gène de la rhodopsine, ils ont réussi à démontrer que les mutations R135L et R135W avaient causé une forme diffuse et sévère de la maladie. La mutation R135W était cause d’une RP plus sévère et plus rapidement évolutive. La mutation P180A était liée à un phénotype (les particularités et caractéristiques observables d’une forme de maladie) à l’évolution moins lourde, avec variabilité régionale. La mutation G188R causait une forme diffuse avec évolution modérée. Il est possible que la caractérisation des effets des diverses mutations dans la rhodopsine permette de mieux comprendre la RP et livre des informations précieuses pour les médecins et les patients afin de prévoir l’évolution de la maladie. 24 Journal Retina Suisse 2/2007 [D.Man, K.T. Gallaher, N.Yanamala, N.Waseem, B.J. Jennings, E.Reese, K.Gerwert, S.S. Bhattacharya, A.Iannaccone, J.Klein-Seetharaman – Molecular Genetics, UCL Institute of Ophthalmology, 11-43 Bath Street, London, England, EC1V 9EL, UK, [email protected]] Des chercheurs ont aussi pu démontrer que, dans différents êtres humains, la même mutation n’entraîne pas toujours le même phénotype d’une maladie Il s’avérerait donc que, en plus du gène commun, il y aurait d’autres gènes qui modifient de surcroît l’expression du gène. [D.J. Sidjanin, K.Schneck, E.Reese, A.Iannaccone – Ophthalmology/Hamilton Eye Institute, UTHSC, 930 Madison Ave Suite # 731, Memphis, TN, 38163, USA, [email protected]] Troubles de l’olfaction chez quelques patients LCA Des mutations dans le gène CEP90 sont fréquentes chez des patients affectés de l’amaurose congénitale de Leber (LCA). Suite à la constatation qu’un modèle de souris avec un défaut génétique analogue avait un odorat déficitaire, les chercheurs décidèrent d’examiner la perception olfactive de patients LCA avec une mutation CEP290 ainsi que de porteurs de ce défaut génétique. Furent examinés quatre patients et deux Journal Retina Suisse 2/2007 25 porteurs, qui tous niaient avoir un problème d’odorat. Les tests prouvèrent néanmoins que les quatre patients présentaient une anomalie notable du sens de l’olfaction. L’un des deux porteurs examinés avait un odorat fortement diminué et l’autre un déficit insignifiant. Le disfonctionnement est vraisemblablement lié à des gènes responsables des cils olfactifs, encore que pas tous les patients RP avec une «ciliopathie» sont affectés de troubles de l’olfaction. Les chercheurs suggèrent par conséquent que des tests de l’odorat soient pratiqués afin de détecter de manière simple un sous-groupe de patients présentant ce déficit spécifique. [R.K. Koenekoop, R.Hannant, H.Khanna, D.P. McEwen, P.Jenkins, C.Brown, A.I. den Hollander, F.P. M. Cremers, J.Martens, A.Swaroop – Ophthalmology/Neurology-Neurosurgery, McGill University-Children's Hospital, Montreal, PQ, Canada, [email protected]] Etudes du génotype-phénotype de patients LCA en Italie Des chercheurs ayant procédé à une analyse exhaustive de mutations génétiques ainsi qu’à une corrélation génotype-phénotype chez des patients italiens, ont décelé des mutations génétiques dans 28% des 95 patients examinés. Les mutations les plus fréquemment détectées se 26 Journal Retina Suisse 2/2007 trouvaient dans les gènes RPE65, GUCY2D et CRB1. L’image OCT (tomographie par cohérence optique) de presque tous les patients avec une mutation dans le RPE65 montrait une épaisseur normale de la macula, tandis que celle des patients avec une mutation dans le CRB1 montrait une macula d’épaisseur réduite ainsi qu’une couche de rétine d’aspect plus grossier. La fluorescence du fond de l’œil, visible chez presque un tiers des patients RPE65 et GUCY2D, ne put être constatée chez les patients CRB1. Les chercheurs projettent de procéder à des études additionnelles pour étudier en profondeur une relation possible entre la constatation d’autofluorescence et le résultat de l’OCT. [F.Testa, S.Rossi, P.E. Bianchi, E.Fazzi, M.Fossarello, C.Ziviello, A.Auricchio, E.Rinaldi, F.Simonelli, S.Banfi – Telethon Institute of Genetics and Medicine (TIGEM), Via Pietro Castellino 111, 80131 Napoli, Italy, [email protected]] 4. Recherche sur les cellules souches Il est possible d’obtenir que des cellules souches embryonnaires humaines (hESC) se développent en cellules d’EPR ou en cellules rétiniennes afin d’être greffées ultérieurement. Il est possible de faire en sorte que des cellules humaines devant encore se développer en un Journal Retina Suisse 2/2007 27 autre type de cellule se développent en cellules d’épithélium pigmentaire rétinien ou en précurseurs de cellules de rétine. C’est ce qu’affirment des chercheurs qui tentent de trouver des possibilités de produire des cellules pour procéder à leur transplantation dans la rétine de personnes affectées de dégénérescences rétiniennes. En laboratoire, ils placent les coupelles de cultures de cellules dans divers milieux environnants et examinent l’influence de ces environnements sur les hESC. Ils rapportent que les cellules ont pris les caractéristiques biologiques d’EPR et de cellules rétiniennes immatures. [J.Gong, O.Sagiv, H.Cai, S.H. Tsang, L.V. Del Priore – Ophthalmology, Columbia University, 635 W 165th Street Box 92, New York, NY, 10032, USA, [email protected]] Un autre groupe de chercheurs rapporte des observations similaires après avoir exposé en laboratoire des cultures de cellules à des précurseurs de cellules de rétine. Les cellules présentaient ensuite les caractéristiques de gangliocytes rétiniens et de cellules bipolaires. Le type de cellules put être confirmé lors de la recherche de la propre expression de protéine pour ce type de cellules. [K.Dutt, R.Kumar, Y.Cao. Pathology, Morehouse School of Medicine, Atlanta, GA. [email protected]] 28 Journal Retina Suisse 2/2007 5. Autres thèmes Les globules rouges de patients affectés d’une dystrophie de la rétine ont une teneur en DHA plus faible L’acide docosahéxaénoïque (DHA) est un acide gras présent normalement dans les parois de toutes les cellules corporelles. Il est présent en quantité particulièrement importante dans la rétine. En examinant la teneur en DHA dans le sang afin de déterminer la teneur en DHA dans la rétine, des chercheurs ont constaté un taux de DHA plus faible dans le sang de patients RP. Les patients affectés de RP X-chromosomique ou de RP autosomique récessive présentaient le taux le plus faible en DHA (33% de moins que la teneur normale). Une teneur plus faible en DHA a aussi été constatée chez des patients affectés de la maladie de Stargardt (une forme juvénile de dégénérescence de la macula) ainsi que dans l’amaurose congénitale de Leber (14%), la choroïdérémie (20%), la rétinoschisie (26%) et la dystrophie des cônes et des bâtonnets (20%). L’ingestion d’un complément alimentaire contenant du DHA pour augmenter le taux de DHA dans le sang dans le cadre d’un traitement de la RP est en cours d’étude. [D.R. Hoffman, D.K. H. Wheaton, D.G. Birch, Retina Foundation of the Southwest, 4112 Green- Journal Retina Suisse 2/2007 29 briar Drive, University Park, TX, 75225, USA, [email protected]] Modèle de souris additionnel pour le syndrome de Usher Des nouveaux modèles de souris pour la recherche sur le syndrome de Usher ont été créés. L’un de ceux-ci est un modèle pour le syndrome de Usher de type IIa. L’autre est un modèle pour le syndrome de Usher de type Ic; cette souris a la même délétion d’ADN que celle trouvée chez les patients. Ces deux modèles de souris ont un handicap auditif et visuel et peuvent être utilisés pour la recherche de traitements possibles. [J.J. Lentz, W.C. Gordon, H.Farris, S.Sampath, P.D. Deininger, N.G. Bazan, B.J. Keats – Ophthal & Neuroscience, LSU Health Sciences Center, 2020 Gravier St Suite D, New Orleans, LA, 70112-2234, USA, [email protected]] Des patients RP font état de bienfaits de la médecine complémentaire et de la médecine alternative Des personnes atteintes de RP affirment fréquemment que leur capacité visuelle est influencée par le stress. Il ressort des réponses à un sondage qui ont été publiées sur Internet que des méthodes complémentaires et alternatives peuvent diminuer le stress. Les personnes interrogées déclarent ingérer des compléments alimen- 30 Journal Retina Suisse 2/2007 taires, tels notamment la lutéine, les myrtilles, la vitamine A palmitate ou le DHA, et pratiquer le yoga, la méditation, la thérapie spirituelle-corporelle, des massages, la thérapie par le mouvement, la thérapie d’énergie, l’acupuncture ou l’aromathérapie. Les chercheurs arrivent à la conclusion que les informations sur une amélioration de la vue que les patients attribuent à ces formes de traitement ainsi que sur l’amélioration de leur bien-être physique et émotionnel devraient être examinées en profondeur pour pouvoir être corroborées. [A.K. Kiser, L.Yang, G.Dagnelie – Lions Vision Center, Johns Hopkins Univ, 550 N Broadway 6th Floor, Baltimore, MD, 21205-2020, USA, [email protected]] Autofluorescence du fond de l’œil pour déterminer la fonction visuelle des patients RP Des chercheurs ont examiné sur 186 patients RP la relation entre le Vcc (visus cum correctione) et l’intensité de l’autofluorescence du fond de l’œil (FAF) dans la macula. Ils ont découvert en l’occurrence une relation significative qui montrerait que le FAF est vraisemblablement un moyen auxiliaire utile pour la mesure de la fonction de la macula de patients RP. [A.Hagiwara, K.Ogata, K.Okada, S.Mizunoya, T.Sugawara, S.Yamamoto – Department of Oph- Journal Retina Suisse 2/2007 31 thalmology, Chiba Univ Grad Sch of Med, 1-8-1 Inohana, Chuo-ku, Chiba, Chiba, 260-8670, Japan, [email protected]] RP en Irlande du Nord L’Irlande du Nord a une population de quelque 1'710’000 habitants, dont 475 ont la RP (21% la forme autosomique dominante, 20% la forme autosomique récessive, 12% la forme X-chromosomique, 47% sans anamnèse familiale). L’analyse des génotypes a montré une implication du gène RHO, USH et RPGR. Les chercheurs ne voient aucune différence entre l’Irlande du Nord et d’autres régions pour ce qui est du contexte épidémiologique de la RP. Ils suggèrent d’établir une banque de données de la RP en Irlande du Nord. [J.J. O'Neill, G.J. McKay, D.A. Simpson, G.Silvestri – Dept of Ophthalmology, Queens University Belfast, Grosvenor Rd, Belfast, Northern Ireland, BT12 6BA, UK, [email protected]] Banque de données paneuropéenne pour la saisie des données cliniques et génétiques sur la DMLA Une banque de données a été créée à l’intention des cliniciens et chercheurs européens afin qu’ils disposent facilement et commodément de données cliniques et génétiques de patients DMLA et puissent les analyser. Cette banque de données est un projet d’EVI-GENORET, un consortium de 32 Journal Retina Suisse 2/2007 partenaires des secteurs de l’industrie et de la science, formé en vue du développement d’une banque de données paneuropéenne comportant des données sur le génotype, le phénotype, l’évolution et la fonction de la rétine saine et de la rétine malade. Le design et le système de consultation de la banque de données la rendent facilement accessible. Il ne faut ni matériel ni logiciel spécial. Les cliniciens remplissent un formulaire de rapport électronique standardisé, qu’ils peuvent utiliser pour la gestion d’autres données cliniques. Pour toute information additionnelle, voir: Cordis’ FP6 program (EC-FP6-512036). [C.Bellmann, H.P. N. Scholl, R.Wilke, A.Webster, U.Chakravarthy, F.G. Holz, O.Poch, J.Cunha-Vaz, J.A. Sahel, E.Zrenner – Ophthalmology, Center for Ophthalmology, University of Tuebingen, [email protected]] Diagnostic par imagerie dans l’œil L’ARVO a réalisé cette année trois projets qui font partie d’un programme destiné à des membres de l’ARVO ayant des intérêts scientifiques dans plusieurs disciplines. L’un de ces «groupes interdisciplinaires», dirigé par le Dr. Wolfgang Drexler, de la School of Optometry and Vision Sciences à l’université de Cardiff, au Pays de Galles, travaille au diagnostic par imagerie dans l’œil. Ce groupe élabore une imagerie tridimen- Journal Retina Suisse 2/2007 33 sionnelle sous-cellulaire (au niveau des organelles de cellules), moléculaire et fonctionnelle à des fins biomédicales. Un des conférenciers était le Dr. Austin Roorda de l’University of California, Berkeley, qui démontra avec quelle capacité d’adaptation il est possible, au moyen de l’optique, d’avoir accès à l’œil vivant avec le microscope et comment on peut se servir de l’optique pour examiner les cellules de la rétine et de l’épithélium pigmentaire rétinien. La technologie offre de nouvelles possibilités pour l’observation de la pathologie de l’œil et les effets de diverses thérapies. Ce résumé de l’ARVO 2007 a été rédigé par Elaine A. Richman, Ph.D., Richman Associates, LLC, Baltimore, MD, USA 34 Journal Retina Suisse 2/2007 Déconnecter des gènes – Introduire des gènes. L’interférence ARN contre des maladies de la rétine • Barbara Ritzert, biologiste diplômée, PROSCIENCE Communications, Allemagne L’interférence ARN est une possibilité de réprimer de manière ciblée l’activité de gènes. Un groupe de chercheurs dirigé par le Dr. Marius Ader et le Dr. Naomi Chadderton du Trinity-College à Dublin utilise cette méthode dans le cadre d’une expérience pour bloquer un gène codant la rhodopsine muté dont la mutation est une cause de la rétinite pigmentaire. Simultanément, un gène intact, protégé contre l’interférence et qui, partant, assure la production de la rhodopsine, est introduit dans les cellules. Les chercheurs ont présenté leurs résultats dans le cadre du 3ème colloque international de la recherche Pro-Retina à Potsdam. Depuis plusieurs années, des savants sont capables de bloquer de manière ciblée l’activité de gènes au moyen d’un procédé dit «interférence ARN». Comme de nombreuses stratégies mises en œuvre par des spécialistes en biologie moléJournal Retina Suisse 2/2007 35 culaire, ce procédé est emprunté à la nature: L’interférence ARN est une stratégie de défense de toutes les cellules contre des virus. Le principe: Les chercheurs introduisent de petites molécules d’ARN (siARN) dans les cellules, dont la séquence nucléotide est complémentaire à celle de la molécule messagère (mARN) qui doit être désactivée. Les siARNs se lient à des protéines spéciales en un complexe qui découpe dans la cellule tous les mARN «assortis». De cette façon, l’expression de l’information génétique dans la protéine correspondante est bloquée. Les spécialistes estiment que, chez 30 pour-cent des patients affectés de rétinite pigmentaire, la cause est une mutation dominante. Toutefois, l’énorme hétérogénéité des mutations – plus de 150 mutations dans le gène de la rhodopsine et plus de 50 mutations dans le gène de la périphérine – complique la mise en œuvre de l’interférence ARN. Théoriquement, il faudrait développer un siARN pour le blocage de chacune des mutations. Une pour toutes Il y a un moyen de contourner ce problème. C’est le concept élaboré par le groupe de recherche dirigé par le Dr. Jane Farrar et le Prof. Peter Humphries au Trinity-College à Dublin: ces chercheurs ont sélectionné pour les siARN une séquence cible qui est présente dans toutes les molécules 36 Journal Retina Suisse 2/2007 messagères du gène de la rhodopsine. «Il s’ensuit que tous les mARN de ce gène sont bloqués, qu’ils soient mutés ou pas et quelle que soit la mutation», explique le Dr. Marius Ader qui a présenté les résultats de la recherche à Potsdam. Ainsi, il est possible de pallier à l’hétérogénéité des mutations. Pour que les cellules produisent néanmoins de la rhodopsine normale, les chercheurs ont simultanément introduit un gène normal. Le caractère basique de celui-ci a été légèrement modifié dans la zone de l’intersection de l’interférence, sans que cela ait des conséquences sur la protéine rhodopsine. Résultat: le mARN correspondant est protégé contre l’interférence et livre de la rhodopsine fonctionnelle. Comme l’a rapporté Marius Ader, cette technique a permis au groupe de chercheurs de bloquer de manière ciblée, dans la culture de cellules de tissu rétinien explanté, aussi bien le gène de la rhodopsine que celui de la périphérine. Simultanément, le gène normal modifié qui avait aussi été introduit a été transcrit en protéine. Naomi Chadderton, membre du groupe de recherche de Dublin, a perfectionné cette méthode. La chercheuse utilise des virus dits adéno-associés (AAV) pour introduire les molécules siARN dans des cellules rétiniennes. Dans la culture de cellules aussi bien que dans des souris ayant une mutation du gène de la rhodopsine, Chadderton transfère les Journal Retina Suisse 2/2007 37 transbordeurs de gène par injection sous-rétinienne. Par cette méthode, les scientifiques ont aussi réussi à déconnecter les gènes mutés tandis que le gène normal a été exprimé. Premiers pas vers une thérapie génique de l’achromatopsie Grâce à une thérapie génique, des chercheurs américains ont réussi à traiter l’achromatopsie – de fait, dans un premier temps, seulement sur des souris. Au moyen d’un virus, ils ont introduit dans les cônes de la rétine un gène qui, dans l’achromatopsie, est défectueux. La méthode d’introduction doit encore être adaptée pour pouvoir être mise en pratique sur l’être humain, écrivent les chercheurs. Toutefois, en principe, le traitement de l’achromatopsie et d’autres maladies oculaires liées aux cônes de la rétine au moyen d’une thérapie génique est possible. L’absence totale de la perception des couleurs – l’achromatopsie – est une maladie génétique rare. Les personnes qui en sont affectées ne perçoivent aucune couleur mais uniquement des nuances de gris. En outre, leur acuité visuelle est fortement réduite. (Extrait de: DPA) 38 Journal Retina Suisse 2/2007 A la recherche des causes génétiques de la dystrophie des cônes et des bâtonnets • Dr. Britta Fiebig et Prof. Bernhard Weber, Institut de génétique humaine, D-Regensburg La dystrophie des cônes et des bâtonnets (DCB) est une maladie rétinienne d’origine génétique causée par des mutations dans des gènes, diverses et en grande partie encore inconnues aujourd’hui. Dans une famille concernée, il est souvent possible, en procédant à une analyse de grande envergure de l’arbre généalogique, de faire la distinction entre une forme de transmission héréditaire autosomique récessive et autosomique dominante. L’on suppose que des gènes différents sont à l’origine de l’une et l’autre forme d’hérédité. Un moyen de «découvrir» les gènes responsables de la DCB – inconnus jusqu’à présent – consiste à examiner des familles dans lesquelles plusieurs membres sont atteints de la maladie. Dans ce but, le Professeur Weber, de l’Institut de génétique humaine de l’université de Regensburg, a initié dès 2004 un projet de recherche dans le cadre duquel des familles intéressées dont des membres sont affectés de DCB sont ap- Journal Retina Suisse 2/2007 39 pelées à mettre à disposition des échantillons de sang. Jusqu’à présent, 21 familles ont pris part à cette étude à long terme. Au total, nous avons reçu des échantillons sanguins de 52 personnes malades et de 45 personnes saines membres de ces familles. Dans cinq familles, la cause génétique a pu être élucidée, à savoir que des mutations ont été décelées dans le gène ABCA4. Lorsque la cause génétique de la DCB dans une famille n’est pas claire, il est judicieux d’examiner cette famille sous l’aspect des gènes déjà connus. Il ressort de travaux récents que le gène ABCA4, dans lequel on a trouvé initialement des mutations responsables de la maladie de Stargardt de forme autosomique récessive, joue aussi un rôle important dans la forme héréditaire autosomique récessive de la DCB. Dans un premier temps, dans 13 de 15 familles ayant une forme de transmission héréditaire supposée récessive, on a donc examiné la maladie selon une méthode indirecte, dite analyse par couplage. Dans six familles, il a ainsi été possible d’exclure le locus du gène ABCA4, tandis que les résultats n’étaient pas informatifs dans trois des familles examinées. Dans quatre familles, cette méthode a permis de conclure que le gène ABCA4 était la cause de la maladie. Sur la base de ces résultats, on a procédé dans 14 familles au total à une analyse directe du gène ABCA4. Pour ce faire, on a utilisé 40 Journal Retina Suisse 2/2007 une puce à ADN de la société Asper qui examine des mutations décrites dans la littérature. Par ce moyen, les deux mutations responsables de la maladie ont été trouvées dans deux familles. Dans trois autres familles, une seule mutation a été décelée. Supposant que dans ces trois familles il y avait vraisemblablement des mutations inconnues auparavant et donc non décelables au moyen de l’analyse Asper, on a procédé ensuite à l’examen exhaustif par séquencement des segments du gène ABCA4 codant pour une protéine (exons). Comme on s’y attendait, on a ainsi trouvé trois nouvelles mutations, non décrites jusque là, dans le gène ABCA4. D’autres locus de gènes de la DCB autosomique récessive sont connus (notamment CORD8, CORD9), mais les gènes responsables n’ont toutefois pas encore été identifiés. Les familles dans lesquelles le gène ABCA4 en tant que cause de la maladie a été exclu vont à présent être examinées l’une après l’autre dans cette région génétique. Pour six familles ayant une forme de transmission héréditaire autosomique dominante, on a commencé à examiner deux autres facteurs génétiques, le gène RIMS1 et le gène GUCY2D. Dans la plus nombreuse des familles ayant participé à l’étude (onze membres au total), on a demandé en plus une analyse par couplage de tout le génome. Toutes les familles dans lesquelles la cause génétique de la maladie Journal Retina Suisse 2/2007 41 a pu être élucidée dans le cadre de l’étude ont été informées par nos soins. En l’occurrence, il convient de prendre en considération le fait qu’il s’agit dans un premier temps des résultats d’une recherche qui doivent impérativement être confirmés, indépendamment, par un laboratoire de diagnostic en génétique humaine avant de pouvoir être communiqués aux patients intéressés. Extrait de Retina aktuell n° 105 (2007) Tomographie par cohérence optique (OCT) • Prof. Dr. Ulrich Kellner, Europaplatz 3 (ICE-Bahnhof), D-53721Siegburg La tomographie par cohérence optique (OCT) est le complément des autres méthodes d’examen de la structure de la rétine, à savoir l’ophtalmoscopie, la mesure de l’autofluorescence et l’angiographie. Tandis que ces trois dernières méthodes sont efficaces pour déceler des modifications visibles sur la rétine, elles ne permettent que difficilement de déceler des modifications – surtout si elles sont de petites dimensions – à l’intérieur 42 Journal Retina Suisse 2/2007 de la structure de la rétine. L’OCT offre une façon différente de voir la rétine. Pour l’examen au moyen de l’OCT, il convient de dilater fortement la pupille. Il est important que le patient garde les yeux absolument immobiles afin d’éviter des erreurs pendant la mesure. Au moyen d’un laser, chacune des couches de la rétine est palpée une après l’autre et l’intensité de la lumière laser reflétée est mesurée. Une carte des structures des couches de rétine superposées est ensuite dressée d’après les propriétés de la lumière reflétée. Cette image en coupe peut être présentée en niveaux de gris. Toutefois, en règle générale, on opte pour une représentation en fausse couleur dans laquelle dominent le vert, le rouge et le jaune. On y voit, en-dessous, la couche de l’épithélium pigmentaire (le plus souvent avec une coloration rouge-jaune plus intense) et, au-dessus, les diverses couches de la rétine (le plus souvent en vert). L’OCT normale présente une dépression dans la zone de la plus grande acuité visuelle (fovéa). Une image OCT permet, d’une part, d’évaluer l’épaisseur de la rétine: une rétine mince indique une dégradation dégénérative, comme la dégénérescence de la macula ou une maladie héréditaire de la rétine. Un épaississement de la rétine peut être causée par une accumulation de liquides dans la rétine, comme dans un œdème maculaire diabétique ou un œdème Journal Retina Suisse 2/2007 43 maculaire cystoïde après une opération de la cataracte ou en cas de rétinite pigmentaire. D’autre part, une image OCT donne une représentation des modifications structurales qui surviennent à l’intérieur de la rétine: un foramen (trou) maculaire peut être représenté par une absence de structures rétiniennes dans la zone de la fovéa, un œdème maculaire cystoïde est reconnaissable à des espaces sombres, vides à l’intérieur de la rétine, de même qu’une accumulation de liquide sous la rétine comme dans la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA) de forme humide. Le principal avantage de l’OCT est qu’elle permet de déceler des modifications même minimes. Pour cette raison, et aussi du fait qu’elle ne nécessite pas l’utilisation de colorant, elle est plus efficace que l’angiographie à la fluorescéine pour déceler précocement ces modifications structurales et observer leur évolution. Cela vaut en particulier pour les patients allergiques à la fluorescéine. L’OCT représente aussi des modifications survenues en-dessous de la rétine. Comptent au nombre de ces modifications des accumulations de liquide (comme dans la rétinite séreuse centrale), une néovascularisation choroïdienne (dans la DMLA) ou encore une myopie sévère. Il est toutefois important de savoir que l’OCT ne permet pas de déterminer avec certitude si l’on 44 Journal Retina Suisse 2/2007 est en présence d’une néovascularisation choroïdienne (NVC). Si l’on soupçonne une NVC, il est judicieux de procéder à une combinaison d’angiographie à la fluorescéine et d’une OCT lors de l’examen initial – l’angiographie pour établir un diagnostic sûr et l’OCT pour les contrôles d’évolution ultérieurs. L’OCT donne aussi une image de modifications à la surface de la rétine. Un foramen maculaire naissant, qui est souvent causé par une rayure du corps vitré, est difficilement décelable à l’ophtalmoscopie et ne peut être représenté nettement que sur l’image OCT. L’OCT est un appareil à usages multiples qui offre des vues nouvelles dans la rétine et qui a élargi d’une part notre compréhension des maladies rétiniennes et d’autre part les possibilités de diagnostic précoce et de contrôle de l’évolution. Ces possibilités vont encore s’améliorer car, dès la fin de 2006, de nouveaux appareils seront disponibles qui mesureront beaucoup plus vite et, partant, offriront plus de détails, et qui permettront même de réaliser des images 3D de la structure de la macula. Il faut donc s’attendre à ce que l’utilisation de l’OCT ne se limitera pas au diagnostic et à l’étude de la dégénérescence maculaire liée à l’âge mais qu’elle prendra aussi de plus en plus d’importance dans le diagnostic et l’étude des maladies rétiniennes héréditaires. Extrait de Retina aktuell n° 103 (2007) Journal Retina Suisse 2/2007 45 Diagnostic génétique moléculaire de la maladie de Stargardt • Wolfgang Berger, chaire de génétique moléculaire médicale et de diagnostic génétique, Institut de médecine génétique, université de Zurich La maladie de Stargardt est le nom donné au fundus flavimaculatus. Cette maladie tient son nom du médecin Karl Stargardt, de la clinique ophtalmologique de Marburg, qui a observé cette forme de dégénérescence de la macula et l’a décrite pour la première fois en 1909. La fréquence de cette maladie est de 1:10’000 et se manifeste dans la 1ère ou la 2ème décennie de la vie. Les principaux symptômes sont une perte subite de visus (perte de l’acuité visuelle) qui peut continuer à évoluer, une sensibilité accrue à l’éblouissement et un trouble de la perception des couleurs. Du fait que cette maladie se déclare chez des personnes jeunes, on la nomme aussi dystrophie maculaire juvénile. La transmission de la dystrophie maculaire de Stargardt est autosomique récessive et est causée par des mutations dans le gène ABCA4 (ATP-binding cassette, subfamily A, member 4) sur le bras court du chromosome 1 (1p22) (Allikmets et al., 1997). Ce gène code pour une protéine qui appartient à la super- 46 Journal Retina Suisse 2/2007 famille ‘ATP-Binding-Cassette-Transporter’ et joue un rôle important dans le transport de la membrane des cônes et des bâtonnets lié à l’ATP. Le gène ABCA4 est particulièrement grand. Il se compose de 50 exons et code pour une protéine qui contient 2279 acides aminés. Des mutations dans le gène ABCA4 ne sont pas responsables uniquement de la maladie de Stargardt, dans laquelle le centre de la rétine est principalement dégradé, mais elles causent aussi la rétinite pigmentaire (RP) ainsi que la dystrophie des bâtonnets ou celle des cônes et des bâtonnets (Cremers et al., 1998; Martinez-Mir et al., 1998; Maugeri et al., 2000; Briggs et al., 2001; Klevering et al., 2004a). En l’occurrence, les caractéristiques cliniques peuvent varier considérablement, même au sein d’une même famille (Rozet et al., 1999). Jusqu’à présent, il n’existe pas de thérapie contre la maladie de Stargardt ni contre aucune des autres maladies causées par des mutations dans le gène ABCA4. Par ailleurs, en vertu de considérations d’ordre théorique, l’ingestion de vitamine A par les patients et patientes avec des mutations dans ABCA4 est contre-indiquée. Il ressort des examens qui ont été faits jusqu’à présent que, chez quelque 80% environ de tous les patients et patientes affectés de la maladie de Stargardt, il est possible de prouver au moins une mutation pathogène. Pour environ la moitié Journal Retina Suisse 2/2007 47 de ceux-ci, les mutations peuvent être identifiées sur les deux allèles. En raison de la grande taille du gène et de la multitude de mutations qui ont été trouvées à ce jour, une recherche méthodique particulièrement efficiente et fiable des mutations est nécessaire. Pour ce faire, un ’microarray’ (puce à ADN) a été établi, à l’aide duquel il est possible, dans le premier pas du screening des mutations, d’examiner relativement rapidement toutes les mutations connues (Jaakson et al., 2003; Klevering et al., 2004b). Toutefois, seules celles des mutations qui ont déjà été décrites comme associées à des maladies peuvent être avérées par ce procédé. La version actuellement disponible du microarray ABCA4 recense 496 mutations et a un taux de détection de 75% environ. Diagnostic génétique moléculaire Dans notre laboratoire, le diagnostic est établi en deux temps. D’abord, à l’aide du microarray, on recherche des mutations connues. Si deux mutations sont identifiées, on fait une vérification en procédant à un reséquencement des segments de gène correspondants. Si une seule mutation, voire aucune mutation n’est identifiée au moyen du microarray, on procède à une amplification par PCR de tous les 50 exons du gène ABCA4 et des épissures complémentaires, puis au séquence- 48 Journal Retina Suisse 2/2007 ment direct de tous les amplicons. Les données sur les séquences ainsi trouvées sont alors comparées avec l’inscription dans la banque de données référentielle (NCBI/ENSEMBL). L’élucidation génétique moléculaire de la maladie de Stargardt est une analyse que les caisses maladie doivent rembourser dans le cadre de l’assurance maladie obligatoire (cf. liste fédérale des analyses, pos. n° 8810.31). Les coûts de cet examen peuvent atteindre CHF 2´500. Pour toute information additionnelle sur la maladie de Stargardt, veuillez vous mettre en rapport avec votre ophtalmologiste et entretenez-vous avec lui de la marche à suivre (note de la rédaction). Journal Retina Suisse 2/2007 49 Myrtaven – véritable remède miracle contre la DMLA ou contre l’héméralopie? • Christina Fasser, Retina Suisse, Ausstellungsstrasse 36, CH-8005 Zurich En plein cœur de l’été, l’hebdomadaire en langue allemande «Schweizer Familie» a publié un article intitulé «Le miracle de la myrtille contre la dégradation de la macula liée à l’âge». Un tel titre éveille immédiatement la curiosité. En tant que personne affectée de RP, je sais que, il y a plus de trente ans déjà, on vantait les mérites de la myrtille noire (en latin myrtillus vaccinium) pour traiter l’héméralopie. Plusieurs petites études furent d’ailleurs menées dans ce contexte et toutes aboutirent, malheureusement, à la même conclusion: Les groupes testés avec un placebo présentaient les mêmes résultats que ceux qui avaient ingéré de l’extrait de myrtilles noires. Jusqu’à présent, je n’avais encore rien lu dans ce contexte concernant la DMLA (dégénérescence maculaire liée à l’âge) mais, bien sûr, cela ne veut rien dire. Je me mis donc sur-le-champ à faire des recherches. Des études récentes confirmèrent ce que je savais de l’héméralopie, en revanche mes recher- 50 Journal Retina Suisse 2/2007 ches en relation avec la DMLA furent couronnées d’un maigre succès. Il existe bien quelques références à des essais de culture de cellules en laboratoire et à quelques rares expériences avec des rats, selon lesquelles le principe actif de la myrtille noire pourrait aider les cellules à combattre l’oxydation causée par le stress. Néanmoins, pas une seule étude clinique n’avait examiné l’effet de ce principe actif contre la DMLA ou même contre la DMLA de forme humide. L’efficacité d’antioxydants à divers stades de la DMLA de forme sèche a été démontrée dans le cadre d’une première étude clinique (étude AREDS). Les études les plus récentes, qui ont duré plusieurs années, ont prouvé l’efficacité des médicaments Lucentis et Macugen qui sont homologués en Suisse pour le traitement de la DMLA de forme humide et pris en charge par les caisses maladie. Les personnes qui notent des symptômes d’une DMLA qui s’aggrave devrait consulter d’urgence leur ophtalmologiste. Ces médicaments contre la DMLA sont efficaces et ont été examiné d’après des critères sévères. Il serait dommage de manquer l’effet de médicaments sérieusement testés pour l’efficacité douteuse du Myrtaven. Il n’est malheureusement pas possible de réparer a posteriori les dégradations consécutives à un traitement trop tardif. Journal Retina Suisse 2/2007 51 Macugen – Pris en charge par les caisses maladie à partir du 1 er septembre 2007 • Christina Fasser, Retina Suisse, Ausstellungsstrasse 36, CH-8005 Zurich Le Macugen® (Pegaptanib Natrium), pour le traitement de DMLA humide, a été introduit au 1er septembre 2007 dans la liste des spécialités pharmaceutiques (LS). A certaines conditions, ce médicament sera aussi pris en charge dans les prestations de base des assurances. Macugen® (Pegaptanib Natrium) est pris en charge par les caisses à partir du 1er septembre 2007 avec le texte de limitation ci-après de l’OFSP (Office fédéral de la santé publique): • «Concerne les patients atteints de DMLA avec un profil de risque cardiovasculaire. Traitement de seconde intention après échec ou intolérance de Lucentis (Ranibizumab)». • «Pendant une phase d’évaluation allant jusqu’au 31 décembre 2008, Macugen ne doit être utilisé que par des ophtalmologues qualifiés dans des cliniques A, B ou C (selon la liste des centres de formation continue de la FMH), à la charge de l’assurance de base.» 52 Journal Retina Suisse 2/2007 • «Le traitement simultané des deux yeux nécessite l’autorisation du médecin conseil.» Macugen®, tout comme Lucentis, est injecté dans l’œil. Il incombe à l’ophtalmologue de décider quel produit est le plus adéquat. Avancer dans l’incertain • Stephan Hüsler, Fenkernweg 3, 6010 Kriens En novembre 2005, je décidai d’abandonner l’activité professionnelle que j’avais exercée jusque là. Cette décision était le résultat des réflexions ci-après: • Les petits îlots sur la rétine, en-dehors de la macula, étaient eux aussi dégradés. • J’avais de plus en plus de peine à lire une écriture manuscrite, ce qui m’empêchait de vérifier les signatures de clients (un moyen d’identification important dans une banque). • Il m’arrivait fréquemment de ne pas voir des clients qui attendaient d’êtres servis dans notre zone de vente. • A 45 ans, j’avais juste l’âge auquel, pour l’AI, il valait encore la peine de me recycler. Journal Retina Suisse 2/2007 53 Je demandai donc conseil auprès du Service spécialisé pour handicapés de la vue en Suisse centrale et auprès de Retina Suisse. A quoi doit-on veiller en remplissant une demande à l’AI? Quelles sont les conséquences financières? Comment se déroule un processus AI? L’on attira mon attention sur la brochure «Ratgeber Invalidität» du périodique en langue allemande «Der Beobachter», ce qui s’avéra un conseil très utile. J’y trouvai de nombreuses explications et des exemples de calcul. Cette brochure est aussi une lecture intéressante pour des personnes sans handicap. Puis, je demandai un entretien à mon supérieur hiérarchique et à mon médecin. Je remplis le formulaire de demande à l’AI, dans lequel je déclarai que j’avais besoin d’une rente, d’une consultation d’orientation professionnelle, de moyens auxiliaires et/ou d’un recyclage. Mon employeur reçut de l’AI un questionnaire, que je pus remplir avec lui. Quelques questions me furent pénibles: Combien gagne actuellement l’employé? Quel serait son salaire s’il n’était pas handicapé? Quelle est la valeur du travail fourni? Ce sont-là les questions les plus importantes du questionnaire car elles sont décisives pour les prestations futures de l’AI. Mon ophtalmologiste reçut lui aussi un questionnaire. De plus, il devait évaluer mon aptitude à travailler. C’est pourquoi je lui avait expliqué suf- 54 Journal Retina Suisse 2/2007 fisamment tôt en quoi j’avais des problèmes et les raisons pour lesquelles je ne pouvais pas continuer à exercer ma profession. Cela aussi est important pour le déroulement du processus de l’AI car les déclarations du médecin, de l’employeur et du demandeur doivent coïncider. Nouvelles perspectives Je demandai au service d’orientation professionnelle de l’Institut des assurances sociales du canton de Zurich (SVA) de pouvoir bénéficier de la consultation d’orientation et d’insertion professionnelle pour aveugles et malvoyants (BEBS). Madame Silvia Kägi m’envoya suivre une formation technique de base pour aveugles auprès du service d’aide aux malvoyants à Bâle (www.sbhbasel.ch). J’y appris à travailler efficacement avec JAWS et la ligne braille. Je suis à présent capable de rendre des documents lisibles à l’aide du scanner. J’acquis de l’assurance dans l’utilisation de Word, Excel, Outlook et Power Point. Parallèlement, je pris avec plaisir des cours d’anglais, de français et d’italien au sein de groupes par niveau. Bien entendu, j’eus aussi des cours individuels de braille. Les cours durent 12 semaines et peuvent être prolongés selon les besoins. En l’occurrence, la direction de la formation évalue aussi les chances de réinsertion dans le monde du travail. Je passai 24 semaines à Bâle. J’habitais dans le home pour aveugles à Bâle et j’y ai Journal Retina Suisse 2/2007 55 apprécié l’hébergement remarquable et les bons repas ainsi que les relations avec d’autres personnes aveugles et malvoyantes qui habitaient le home. Assis entre deux chaises Il ressortit des élucidations du BEBS que j’avais les aptitudes nécessaires à la profession d’assistant social. Partant, j’assistai à une séance d’information de l’école supérieure du travail social à Lucerne. Je m’inscrivis pour l’admission «sur dossier». Pour être admis dans une Haute école universitaire, la personne intéressée doit être titulaire d’une maturité licéale ou d’une maturité professionnelle. Je n’ai ni l’une ni l’autre. Je m’inscrivis donc auprès de la SASSA (Conférence suisse des hautes écoles de travail social) pour participer à un atelier portfolio. En huit soirées, on détermine les compétences. Qu’ai-je fait jusqu’à présent dans ma vie? Quelles aptitudes manuelles, intellectuelles, compétences et qualifications ai-je mises à profit dans ce contexte? Comment ai-je utilisé dans d’autres domaines ce que j’ai appris? Pour terminer, il faut procéder à une réflexion. Trois questions directrices doivent permettre de prouver l’aptitude à étudier. Comme résultat, je remis un dossier d’une bonne quarantaine de pages et de 20 preuves. Une commission de trois experts examina mon dossier et l’accepta. Ainsi, le premier obstacle était surmonté. 56 Journal Retina Suisse 2/2007 Parallèlement se déroula le processus d’admission à la Haute école. A Lucerne, la compétence au travail social est évaluée sur la base d’un entretien en groupe, d’un travail individuel écrit et d’un entretien individuel. L’entretien en groupe réunit 7 personnes qui doivent discuter de trois thèmes imposés. Le travail écrit consiste en une explication de texte. Durant l’entretien individuel, une chargée de cours me posa des questions sur ma personne. Ce test d’aptitude se solda malheureusement par un résultat négatif. Bien entendu, je voulus en connaître les raisons. Ce n’étaient pas mes compétences spécialisées et ma motivation qui étaient mises en cause mais ma compétence sociale était insuffisante. Cette réponse m’a plutôt assommé. Je déposai une plainte administrative. Il faut malheureusement verser un acompte de 900 francs sur les coûts de procédure. Il était possible aussi de déposer une requête d’aide juridique gratuite. Je ne souhaitais ni l’un ni l’autre et retirai donc ma plainte. J’ai maintenant fait une demande d’inscription à la Haute école de Suisse du Nord-Ouest à Olten. J’attends la réponse d’un jour à l’autre. A Olten, il n’y a ni discussion en groupe ni travail écrit. Les personnes intéressées sont conviées à un entretien individuel. Jusque là, je suis en quelque sorte assis entre deux chaises. Journal Retina Suisse 2/2007 57 Remarques finales Une demande à l’AI doit être bien réfléchie et bien préparée. Les divers entretiens que j’ai eus avec Madame Christina Fasser ainsi que la lecture du «Ratgeber Invalidität» m’ont en l’occurrence beaucoup aidé. En tant que demandeur, il est important de savoir d’avance à peu près le but que l’on veut atteindre, et ce but doit être poursuivi résolument. Ce n’est pas seulement le handicap qui est décisif. L’AI considère que la cécité n’est pas une raison suffisante pour l’octroi d’une rente. Présenter une demande à l’AI requiert du courage et il faut aussi être prêt à accepter de l’aide. Le vote en faveur de la 5ème révision de l’AI augmente la pression à se soumettre à un recyclage. C’est pourquoi il faut bien se demander au préalable où le voyage peut aboutir. La motivation personnelle et la disposition à apprendre dans le cadre d’une formation technique de base pour aveugles est certainement très utile. Je souhaite à tous ceux qui sont sur le point de prendre une décision d’avoir le courage et la persévérance nécessaires. Note de la rédaction: Entre-temps, Monsieur Hüsler a été admis à la Haute école à Olten et recherche un emploi de stagiaire avec un pensum de 70%. 58 Journal Retina Suisse 2/2007 Le Groupe de travail zurichois pour une construction adaptée aux handicapés de la vue • Rosmarie Amigò y Viader, Westbühlstrasse 27, 8038 Zurich Lorsque Christina Fasser me demanda, il y a quelque temps de cela, si je serais intéressée à entrer dans ce groupe (en tant que personne concernée/utilisatrice d’une canne de signalement), je ne savais que peu de choses sur les buts et sur les tenants et aboutissants du ZABBS, le Groupe de travail zurichois pour une construction adaptée aux handicapés de la vue. Depuis, j’ai pris part à de nombreuses réunions et je commence lentement à m’y retrouver dans les divers liens associatifs et organismes (avec les sigles correspondants). Voici quelques données «historiques» Le ZABBS a été fondé le 28 mai 1986. La motivation initiale était le fait regrettable que les administrations de la Ville et du canton de Zurich n’avaient pas d’interlocuteurs fiables et constataient à maintes reprises que, en cas de problèmes, elles devaient se fier aux conseils de personnes concernées, pour s’entendre reprocher Journal Retina Suisse 2/2007 59 ensuite, par d’autres personnes concernées, que tout ce qui avait été fait était faux… Pour remédier à cette regrettable situation, la personne qui était alors directrice de la BKZ (Conférence des handicapés du canton de Zurich) avait suggéré une discussion à l’Hôtel de ville. Suite à cet entretien, les personnes handicapées de la vue avaient reconnu qu’il fallait agir et avaient pour ce faire fondé le ZABBS. L’idée était, en l’occurrence, d’intégrer dans la collaboration tous les spécialistes en orientation et mobilité (spécialistes O+M) et toutes les institutions pour malvoyants, soit par une coopération concrète soit du moins par l’intermédiaire du procès-verbal. L’on veilla aussi à ce que les principales formes de handicap visuel et de mobilité (utilisateurs de la canne longue, maîtres d’un chien guide d’aveugle, utilisateurs de la canne blanche) soient représentées respectivement par une personne. Ainsi, l’on pouvait assurer que désormais toutes les revendications en faveur d’une construction adaptée aux handicapés de la vue seraient présentées de manière uniforme et que les problèmes seraient résolus à pied d’œuvre de manière à satisfaire à une norme ou à un consensus. S’ajoutèrent à cela, le temps passant, les conseillers en construction de la BKZ (Conférence des handicapés du canton de Zurich) et aussi une entente préalable et une meilleure coordination des 60 Journal Retina Suisse 2/2007 processus dans les divers projets. De plus, grâce au bon travail du Centre suisse pour une construction adaptée aux handicapés de la vue, les connaissances de base dans ce domaine se sont élargies et les brochures et aide-mémoire diffusées par ce centre ont amélioré l’information des spécialistes de la construction dans les communes et le canton. Les thèmes actuels sont, entre autres, l’installation de systèmes de lignes de guidage pour aveugles, les marquages à l’emplacement des portes du tram Cobra et des nouvelles unités du S-Bahn; les marquages dans diverses gares CFF, les champs de signalement à des stations des transports publics, deux différentes marques d’entrée au stations combinées tram/bus de la VBZ (Verkehrsbetriebe der Stadt Zürich), des marquages aux dispositifs de déconcentration du trafic dans les quartiers, des dispositifs acoustiques-tactiles additionnels aux feux de signalisation, l’effort vers un éclairage urbain amélioré, le marquage contrasté des bittons et cubes en béton, etc. Concrètement, le processus est le suivant: Les demandes (pouvoirs publics, administrations, responsables des transports publics, etc.) sont adressées aux spécialistes O+M. Ensuite, avec d’autres personnes handicapées de la vue, je Journal Retina Suisse 2/2007 61 prends part à quelques visites, notamment p. ex. dans les ateliers de la VBZ où l’on peut donner son avis sur divers marquages de l’emplacement des touches des portes des nouvelles unités du tram Cobra. A la gare centrale de Zurich, diverses suggestions de modification ou d’amélioration pour monter dans les nouvelles compositions des trains de banlieue (S-Bahn) ont été testées. Lorsque nous, membres du groupe ZABBS, rencontrons dans la vie de tous les jours des nouveautés qui, à peu de frais et avec juste quelques petites modifications, simplifieraient la vie des personnes malvoyantes et aveugles, nous discutons de suggestions de solutions lors des réunions suivantes. Le ZABBS est à l’écoute en première ligne et il faut une bonne dose d’opiniâtreté et d’obstination pour taper encore et toujours sur le même clou, réitérer des entretiens avec les administrations compétentes, ne pas se laisser décourager lorsque, néanmoins, comme c’est fréquemment le cas, priorité est donnée au «design» des architectes et des planificateurs sur nos propositions. Mais, quoi qu’il en soit, l’eau qui goutte en permanence finit par creuser la pierre!! En tant que handicapée de la vue en «balade» dans la ville et le canton de Zurich, je suis à chaque fois très heureuse lorsque je découvre ici ou là des résultats pratiques des efforts du ZABBS. 62 Journal Retina Suisse 2/2007 Tir sportif pour aveugles et malvoyants, est-ce possible? • Michael Lauber, Gertrudstr. 62, 8003 Zurich Cette question, je me la suis posée aussi au début des années quatre-vingt à Berlin et me suis demandé combien de bières Kurt avait ingurgité lorsqu’il me demanda si je voulais venir tirer avec lui le mercredi soir suivant. Ce n’est que lorsque j’ai tenu dans la main le fusil à air comprimé et que, en bougeant l’arme, j’ai entendu le son monter et descendre dans l’écouteur que j’ai réalisé que je vivais une réalité. Bien entendu, il m’a fallu quelques semaines avant de pouvoir trouver de moi-même le son le plus aigu pour parvenir à tirer dans le mille, c.à.d. dans le centre – qui est blanc – de nos cibles spéciales. Malgré ma fascination, je n’allais pas au tir régulièrement car, pendant cette phase de ma vie, je m’intéressais davantage à d’autres choses. Il y a deux ans, en été, alors que je passais une agréable semaine de vacances à Saulgrub, en Haute Bavière, j’eus l’opportunité de m’essayer au tir pour aveugles et malvoyants. En dépit du fait que vingt ans avaient passé depuis mon initiation au tir, je retrouvai immédiatement mon enthousiasme. Lorsqu’on me demanda pourquoi Journal Retina Suisse 2/2007 63 il n’existait pas en Suisse de club de tir pour aveugles et si les descendants de Guillaume Tell ne savaient pas tirer, il me fallut avouer que, franchement, je n’en savais rien. «Mais vous pouvez être sûrs que nous pourrons vous donner la réponse dans quelques années», affirmai-je. Grâce aux efforts de deux tireurs chevronnés, il est enfin possible à des personnes aveugles et malvoyantes de pratiquer en Suisse le tir sportif sous la direction d’instructeurs professionnels. Depuis la mi-avril 2006, nous sommes quatre ou cinq malvoyants et aveugles à nous réunir tous les mardis soir pour l’entraînement dans la salle de tir de 10 mètres de longueur du club de tir KK74 à Urdorf. L’entraînement commence toujours par des exercices d’équilibre sur des bascules à pied. Toutefois, ceux qui s’imaginent qu’il suffit d’appuyer sur la gâchette lorsqu’on entend le son le plus aigu se trompent complètement. Pour obtenir un bon résultat de tir, il est nécessaire de se tenir immobile, dans une attitude corporelle correcte et, lorsqu’on vise le centre de la cible (le son le plus aigu), il faut tirer sur la gâchette le plus tranquillement possible, du point de pression jusqu’à ce que le coup parte. Par ailleurs, on tire sur des cibles de tir au pistolet, qui ne sont pas des disques blancs avec le centre noir mais au contraire des disques noirs avec le centre 64 Journal Retina Suisse 2/2007 blanc. Cela est nécessaire car la cible optique de Swarovski transforme le clair en sons aigus correspondants (plus on vise près du centre, plus le son est aigu). Etant donné que, au début de l’entraînement, cela ne serait pas possible en se tenant debout sans s’appuyer, on commence par tirer avec le fusil posé. Il va de soi que le plaisir d’être ensemble dans la salle de tir est un élément important de nos réunions hebdomadaires. Nous serions bien entendu très heureux si d’autres groupes de tir pour aveugles se formaient en Suisse pour pouvoir, un beau jour, disputer des tournois. Intéressés? Venez donc nous rendre visite sur notre site Internet www.blindenschiessen.ch ou appelez Michael Lauber au numéro 044 462 98 34. Journal Retina Suisse 2/2007 65 Les échecs – activité de loisirs accessible aussi aux aveugles et aux malvoyants Nous sommes une cinquantaine d’aveugles et malvoyants et, depuis déjà 48 ans, nous avons l’habitude et le plaisir de jouer aux échecs. Chaque année, pendant les trois jours du week-end de Pentecôte, nous nous réunissons pour le tournoi traditionnel, le «Championnat suisse d’échecs pour aveugles». Pourquoi? Par plaisir, et parce-ce que cela stimule nos facultés intellectuelles et notre créativité. Où cela se passe-t-il? Il y a des clubs d’échecs pour aveugles à Bâle, Zurich, Lucerne et Lausanne. Vous trouverez des informations sur notre site www.sbsb.info. Pour ce qui est des clubs d’échecs locaux pour aveugles, veuillez s’il vous plaît contacter: Zurich: Willi Bolliger, tél. 056 426 59 43 ([email protected]) Bâle: Josef Camenzind, tél. 061 831 31 53 ([email protected]) Lucerne: Werner Studer, tél. 041 260 96 60 ([email protected]) Lausanne: Jean-Michel Blatter, tél. 024 446 14 57 ([email protected]) 66 Journal Retina Suisse 2/2007 Nous espérons que vous êtes nombreux à vous intéresser aux échecsl Les débutants sont aussi les bienvenus!) Trucs et tuyaux Module Speakout – un système idéal pour marquer les objets Un nouveau module d’extension pour le Milestone 311 est à disposition: SPEAKOUT, la solution pratique pour le marquage d’objets à l’aide de la technologie RFID (Radio Frequency Identification). Ce système permet d’énoncer simplement les étiquettes électroniques. Finis les CDs marqués uniquement «Mozart: concerto pour piano»; l’information comprend en plus le nom du soliste, l’orchestre, etc. Ce système de marquage convient pour les utilisations les plus diverses – depuis l’indication, au bureau, du contenu précis d’une lettre jusqu’au marquage exact des bouteilles dans la cave à vin... Il existe plusieurs formes d’étiquettes: les rondes, avec un trou, sont prévues pour les CDs et aident à ce que chaque CD retrouve sa place dans le boîtier correspondant. Journal Retina Suisse 2/2007 67 Et la principale qualité de ce système, c’est qu’il est facile à utiliser. Il suffit de placer le module dans le Milestone 311 et de passer sur l’étiquette à marquer pour énoncer le texte de l’étiquette ou écouter le texte parlé. SPEAKOUT peut être obtenu auprès de: UCBA, Département des moyens auxiliaires, tél. 062 888 28 70, e-mail [email protected] Atelier de loisirs à Zurich L’atelier de la FSA à Zurich a ouvert ses portes. Vous obtiendrez des informations additionnelles sur le site www.sbv-fsa.ch/ateliers/zuerich/atelier/atelier_zh-d.htm ou par téléphone et e-mail auprès de l’Atelier pour aveugles et malvoyants Moosmattstrasse 30, 8953 Dietikon tél. 044 740 27 40 - fax 044 740 27 38 E-mail: [email protected] 68 Journal Retina Suisse 2/2007 Dates importantes • Octobre et novembre 2007 • 19 avril 2008 Assemblée générale ordinaire de Retina Suisse à Fribourg Manifestations DMLA dans diverses localités dans toute la Suisse (Infos détaillées sur le site www.retina.ch/Veranstaltungen) Retina Suisse L’association d’entraide de personnes affectées de rétinite pigmentaire (RP), de dégénérescence de la macula, du syndrome d’Usher et d’autres maladies dégénératives de la rétine Ausstellungsstrasse 36, CH-8005 Zurich Tél. 044 444 10 77, Fax 044 444 10 70 E-mail [email protected]; www.retina.ch Compte postal 80-1620-2