La nouvelle nouvelle
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La nouvelle nouvelle
2 22 Gervais Djimeli Lekpa Peurs et pleurs Recueil de sept nouvelles Éditions EDILIVRE APARIS 93200 Saint-Denis – 2012 2 3 www.edilivre.com Edilivre Éditions APARIS 175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50 – mail : [email protected] Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction, intégrale ou partielle réservés pour tous pays. ISBN : 978-2-332-46301-2 Dépôt légal : mars 2012 © Edilivre Éditions APARIS, 2012 42 Sommaire Nouvelle 1 – La nouvelle nouvelle........................ 13 Nouvelle 2 – Beloved ............................................ 51 Nouvelle 3 – À moins un…................................... 97 Nouvelle 4 – À l’ère du cellulaire ......................... 127 Nouvelle 6 – La main du crime ............................. 167 Nouvelle 7 – L’Afrique qui perd L’Afrique qui gagne .............................................. 183 2 5 62 À mon feu père, Dr Jean Bernard LEKPA (El más dificil es empiezar1) À Corine Kamga (Et si on créait un journal : Univers 2000 ?), Qui m’ont ouvert la Porte… Aux larmes de ma mère, Régine et de l’Afrique, Berceau de l’humanité, continent mère. Au courage de mes frères et de mes sœurs : Diane, Fernando, Judith, KLAF, Roussel TM, Ramon. Force à tous. DLG Le Septième AS 1 Adage en Espagnol, signifie : Le plus difficile c’est de commencer. 2 7 82 « Tout ce qui se conçoit bien s’énonce clairement Et les mots pour le dire arrivent aisément. » BOILEAU L’Art poétique « Un homme ne vaut rien. Rien ne vaut un homme Rester en vie, le p’tit Africain a cette envie Mauvaise situation, arrestations, barrages de police, le temps est gris Les ghets deviennent des camps de milice et puis (si notre âme est maudite) tant pis » MC SOLAAR & BLACK JACK Si je meurs ce soir « Ces nouvelles faites de jeux sonores sont telles un vase où sont recueillies les larmes d’une Afrique sans fric dont il est grand temps de sonner le cri d’alarme. » DLG 2 9 2 10 Toute ressemblance avec des personnages ayant existé, existant ou des situations ayant eu lieu ne serait que pure coïncidence. 2 11 2 12 Nouvelle 1 La nouvelle nouvelle « Mes paragraphes font un carnaval. Mes phrases chantent. Mes mots dansent. » 2 13 2 14 A Stéphanie, merci ! Il est un écrivain ! Il est fou, cet écrivain ! J’ai essayé en vain ! J’ai essayé de le lui dire en vain ! Là, devant mon regard, est-ce que vous suivez mon regard, un ravin ! Trop tard ! J’ai réagi si tard. Il vient de pousser la nouvelle, l’originelle, la traditionnelle, la belle, dans ce ravin. Ce nouvelliste de vingt lunes seulement aura de mes nouvelles ! De ce ravin, elle, la nouvelle, s’est relevée et n’est plus la même. De ce ravin, elle, une nouvelle nouvelle, pas belle du tout à première vue, la nouvelle nouvelle – j’espère que vous différenciez le qualifié du qualificatif – si nouvellement arrivée, aux dernières nouvelles, elle prend de l’ampleur et déjà, je crains le malheur de ses effets dévastateurs. Cette nouvelle nouvelle n’en est pas une, mais son auteur insiste et persiste de la prendre pour telle. Quelle nouvelle avez-vous déjà lu, pareille à celle de notre nouveau nouvelliste ? Suivez ma vision ! Une littérature qu’on lit de moins en moins. Une musique qu’on écoute de plus en plus. Que fait-il ? Véritable Prométhée qui vole le feu aux dieux pour l’offrir aux hommes, notre nouveau nouvelliste vole le rythme qui illumine la 2 15 musique aux musiciens pour l’offrir à… la littérature. Il a volé ! Il mérite d’être châtié ! Notre littéraire, notre littérateur, notre innovateur c’est le Novateur, le chantre d’une prose qui se chante. Les effets salvateurs ne tardent alors pas à s’annoncer ! Vite, il faut vite Renoncer à son châtiment, vite ! Le fruit de son mixage, du mariage de l’art littéraire à l’art musical que les artistes appellent un remix, se lit comme la musique s’écoute et par conséquent se lit de plus en plus. Ouf ! La littérature reprend vite vie et reprend son audience d’antan : les lecteurs jeunes de sept à soixante-dix-sept ans. Quel est donc son nectar ? Demandez-le-lui ! Il vous le dira. Il vous dira : « Je défends les bonnes causes avec une prose colorée de vers qui m’est propre, le verbe presque jamais au plus-que-parfait et la verve plus que parfaite. Mes paragraphes font un carnaval. Mes phrases chantent. Mes mots dansent. Mes mots sont liquides. Mes messages sont limpides. La littérature c’est ma nature. J’emprunte au cinéma les paroles fortes pour faire de ma littérature une littérature forte. » Hum ! Ce novateur s’amuse à parler le langage des muses ! Je me sens plein de frissons dans le corps, comme si j’écoutais du Bob Marley ! Je me fais muet et le laisse s’amuser… Enfin, il est parti ! Si je l’attrapais, il aurait eu de mes nouvelles ! Je peux parler, enfin ! Je m’appelle le Septième As, S-e-p-t-i-è-m-e-A-s, épelle-je. Je suis, hier comme aujourd’hui et aujourd’hui davantage qu’hier, avec lui. Il aime trop m’embêter. Bientôt, j’aurais Sa peau, s’Il continue à me tirer le chapeau. Mon problème c’est d’avoir trop de connaissances de bibliothèque et du Net dans la tête. Un jeune qui a pour refuge le Net et la bibliothèque qui périt, c’est 2 16 comme un vieillard qui dépérit. Je m’entête à diffuser mes connaissances à ceux qui me font la requête. La meilleure voie pour pouvoir leur en pourvoir, c’est de faire de ces infos qui mime la vie, des refrains en rime. Je me perds dans les nuées pour vous gratifier de repères : mes Pensées Rimées Sensées. J’essaie de faire de certaines de mes intrigues des essais. J’essaye de vous offrir une fortune. J’essaie de vous offrir un bréviaire, dans ce style commun au Cinquième As, MC Solaar, mon miroir. Le Septième As, moi, je vous aime bien mais, mes frères, je me préfère. J’ai du chemin à faire en compagnie de mon pote Ménélik. Nous devons discuter des idées, en grandes personnes, histoire de nous lester de bonne nourriture, celle de l’esprit. Mais avant de vous laisser – je m’excuse de vous délester –, écoutez ce qui suit et vous serez ravi ou deviendrez un jour, pourquoi pas, génie. Je l’ai lu, il m’a plut. Je vous le lis, et s’il vous contrarie, tant pis. Les petites personnes parlent des autres ! Les personnes moyennes commentent les événements ! Mais les grandes personnes, les grands hommes, les Grands, j’espère que vous en faite partie ou que vous aspirez à l’être, doivent discuter des idées. Lui, Il s’amène ! Pauvre de moi ! Je me sauve ! À la prochaine ! DANS LA NUIT DU 14 AU 15 AVRIL 2003 2 17 2 18 Nouvelle 2 Condamnés au condom « Auparavant, la belle Eve avait honte d’être vue, nue, naturelle ; maintenant, nos nouvelles Eve ont honte d’être vues, vêtues, artificielles. » 2 19 2 20