Les didactiques du latin et du grec Nous tenons dans nos archives
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Les didactiques du latin et du grec Nous tenons dans nos archives
Les didactiques du latin et du grec Nous tenons dans nos archives une vieille grammaire du latin de 1840, une réédition savoyarde du bon abbé Lhomond, qui consacre un peu plus de 100 pages à l'art du thème et deux paragraphes à la version. En 1973, le Département de l'Instruction publique prohibait la pratique du thème latin au Certificat. En 2002, la DGEO informe les maîtres de latin que, pour le Certificat, "ne sont plus requises et ne peuvent être demandées des compétences grammaticales basées sur des traductions du français en latin ou sur des transformations." Cela s'appelle une révolution. Dans une étude de M. Daniel Martin sur l'évolution des plans d'études vaudois en un peu moins d'un siècle ("Vous avez dit 9 ans d'école ?"), on apprend que, alors que les autres disciplines ont connu une remarquable stabilité, "en 1992, les périodes d'enseignement du latin ne représentent plus que le 43 % de la situation prévalant en 1899" ... et la dernière décennie n'a pas arrangé les choses. Cela s'appelle une dégringolade. Révolutions et dégringolades requièrent de l'usager une bonne faculté d'adaptation. Il n'est pas exagéré de dire que l'essentiel de cette révolution s'est fait depuis les années 60, dans des conditions péjorées par la constante érosion de la dotation horaire du latin. Du traditionnel Debeauvais en usage à l'époque, on est passé pour un quart de siècle à la méthode inductive de Scodel avant d'adopter un Magnard remis aux goûts des derniers jours du XXe siècle. C'est presque une tradition pour le Canton de Vaud de produire et d'éditer lui-même les manuels en usage dans ses écoles. Pour le latin, avant l'existence du SPES, on ne connaissait guère que les "Textes latins faciles" (Payot 1946), anthologie recueillie par quatre maîtres qui tous ont ensuite enseigné à la Cité. Nous ne ferons pas injure à leur mémoire en disant que, si cet ouvrage a rendu d'immenses services, sa réalisation n'a sans doute pas demandé un gros investissement en énergie. Dès la création du SPES, des projets plus ambitieux aboutissent, pour le grec, à une version française de la méthode allemande "Organon" puis à son adaptation aux besoins nouveaux du grec sous EVM, et, pour le latin, aux "Exercices de syntaxe latine", au livre de vocabulaire dit le "Nouveau Déglon" et, tout récemment, à la méthodologie "Le Latin expliqué". La caractéristique commune de ces ouvrages, presque tous faits en collaboration, est qu'un maître de didactique du SPES est impliqué dans leur conception et leur réalisation. Chacun d'eux est soit une adaptation à une mode pédagogique comme la méthode inductive ou les exercices structuraux d'apprentissage, soit une innovation, se servant des données statistiques permises par l'informatique, ou développant une méthodologie originale qui mette enfin la grammaire au service de la version et non du thème. Il est remarquable que ces projets ont été conduits par des maîtres de didactique ayant exercé cette fonction pendant de nombreuses années : on ne s'improvise probablement pas didacticien et, surtout, les vraies bonnes idées en pédagogie germent des observations faites dans beaucoup de classes chez beaucoup de maîtres différents dans la réalité de l'enseignement. Pour le plus grand bien des écoliers vaudois, il faut espérer que, dans l'avenir, la conception de la recherche et le rôle qu'y joueront les formateurs des didactiques de branches ne s'égarent pas trop loin de ces chemins-là.