7 erreurs à éviter durant le rut

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7 erreurs à éviter durant le rut
Chevreuil
7 erreurs à éviter durant le rut
Par Bill Vaznis
Cet automne, sur la majorité du territoire québécois, la saison de chasse au cerf de Virginie à
l’arme à feu s’étendra du 3 au 18 novembre. Comme les derniers jours de la saison ­coïncideront
avec le pic du rut, ces journées risquent d’être chargées d’action… pour ceux qui sont encore
en forêt! Voici donc sept erreurs à éviter durant cette période magique pour augmenter vos
chances de récolter un beau mâle.
30 Hiver 2012
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Bill Vaznis
K
ABOOM! L’aube venait juste de
poindre quand j’entendis mon
ami de longue date, Jon Kayser,
tirer avec ma Tikka .300 WSM
à moins de 100 mètres de moi. Je me retournai et regardai dans sa direction, songeant
qu’un mâle bien panaché aurait pu échapper
au tir de Jon et pourrait surgir dans ma
direction d’une seconde à l’autre. La forêt
était calme cependant, ce qui me laissait
croire que Jon avait probablement visé juste.
Je n’ai pas hésité plus longtemps et rebroussai chemin jusqu’au VTT, où je trouvai Jon
marchant aussi vers le Honda. Quand il me
vit, son visage s’illumina d’un large sourire.
« Bill, j’aime vraiment ta nouvelle carabine.
Y a-t-il une chance que tu me la donnes? J’ai
couché un super buck grâce à elle, près de
l’étang de castor, elle est épatante. Je venais
juste d’atteindre le bord du barrage quand j’ai
entendu un bruit de cliquetis. J’ai regardé par
dessus le bord et ce buck filait son chemin
devant moi, à vive allure. J’ai juste eu le temps
de le trouver à travers le réticule et j’ai tiré.
Nous allons cependant devoir prendre le VTT
pour contourner le ruisseau et le charger. Il est
tout simplement trop lourd pour être traîné. »
Quinze minutes plus tard, nous traversions le ruisseau et suivions les traces de
sang. Nous n’avons pas eu à aller bien loin.
Jon avait effectivement couché un buck
géant avec de longues pointes. Malheureusement, une G-1 et une G-2, sur les merrains opposés, étaient cassées, sans doute
dans un combat avec un autre grand mâle,
réduisant le score final de ce qui aurait certainement été un 160 points B&C
(photo 2).
Néanmoins, le mâle obtenait un pointage
brut d’un peu moins de 140 pouces, ce qui
était encore très respectable. Jon passa le
reste de la journée à contempler le panache
et ma carabine de même qu’à se remémorer
sa chasse avec les voisins.
Le pic du rut était tout près, alors le matin
suivant, je retournai dans le même secteur.
J’attendis que la lumière soit suffisante pour
tirer, puis je me postai à l’affût le long de la
même bordure que Jon, en espérant répéter
sa performance. Avec surprise, je vis un mâle
sortir d’un fourré quelques minutes plus tard
à l’autre bout de la digue de castor, quelque
175 verges plus loin, aux trousses d’une
biche en chaleur.
Il n’y avait pas d’arbre à proximité pour me
servir d’appui, alors je m’assis et passai mon
bras à travers la courroie de mon Remington
à pompe. Durant notre séjour, j’avais laissé
passer près d’une douzaine de jeunes bucks
jusqu’à présent et comme le temps filait, je
décidai de ne pas attendre plus longtemps.
Craignant que le buck retourne d’un bond
dans le fourré, je précipitai mon premier
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coup de feu. Résultat : complètement manqué! Mon second tir toutefois frappa directement la cage thoracique, avec un boulet
180 grains Nosler Partition. L’animal prit la
fuite sur une courte distance puis culbuta
dans une allée rocheuse. Le dix pointes était
déjà mort avant de heurter le sol. Même s’il
n’était pas aussi impressionnant que le buck
de Jon ou le 175 B&C que j’avais décroché
l’année précédente, il n’en était pas moins un
mâle mature et j’étais heureux d’apposer
mon permis sur lui.
Le pic du rut est le moment auquel la plupart d’entre nous rêvent toute l’année. C’est à
ce moment que nous pouvons espérer voir un
buck au panache démesuré poursuivre une
femelle en plein pâturage aux premières lueurs
du jour, dans la plus complète insouciance, ou
encore traverser un champ effrontément en
pleine heure du midi, complètement inconscient de la possibilité de danger. En effet, les
mâles dont nous ignorions complètement
l’existence surgissent tout à coup de nulle part,
gravant des images dans notre cerveau pour
toujours. Cela devrait être un moment facile
pour coucher un chevreuil bien panaché et le
meilleur moment pour « taguer » le buck d’une
vie, mais ce n’est pas toujours aussi facile.
Les raisons sont nombreuses, mais essentiellement, les mâles en rut ne sont plus aussi
2
prévisibles qu’ils l’étaient en début de saison
et en période de prérut. En effet, ils ne font
pas ce qu’ils ont fait et ils ne se comportent
pas comme nous nous attendons qu’ils se
comportent. Et par conséquent, nous commettons de graves erreurs en les pourchassant, que ce soit à l’arme à feu ou à l’arc/
arbalète. Voici sept erreurs que les chasseurs
de bucks devraient éviter cet automne au
cours de la saison de reproduction.
1re erreur : ne pas reconnaître
le début du rut…
Comme les jours raccourcissent, les mâles
passent de plus en plus d’heures à la lumière du
jour à la recherche d’une biche en œstrus.
Bientôt, la plupart des femelles seront en chaleur et les mâles courront comme des fous ici
et là, dans l’effort d’établir une connexion.
Pour localiser l’une de ces femelles réceptives, les mâles rôderont à bon vent le long
des secteurs d’alimentation utilisés par des
groupes de femelles et de faons, comme les
champs de céréales coupées ou les vergers
abandonnés. Ils investigueront les sentiers
qui mènent à des zones de repos qu’ils flaireront également à fond. Une fois qu’ils
auront détecté une biche en chaleur, ils resteront avec elle pendant 24 à 36 heures et
l’accoupleront finalement avant de repartir
en cavale pour trouver une autre femelle sur
le point d’être en œstrus.
Qu’est-ce que tout cela signifie? Si vous
voulez voir des bucks au cours de la saison de
reproduction, cela signifie que vous ne devez
plus employer les techniques que vous utilisiez en début de saison et durant le prérut.
Par exemple, l’une des meilleures tactiques
durant le prérut est de se percher dans un
arbre de manière à pouvoir épier un grattage
primaire situé le long d’une ligne de frotta-
ges frais. Mais si les mâles surveillent les aires
d’alimentation des biches, les aires de repos
et les sentiers reliant les deux pour trouver
une femelle en chaleur, alors pourquoi
retourneraient-ils à l’un de leurs grattages?
Eh bien, à part quelques exceptions, ils le
font rarement!
Puisque les mâles demeurent avec les
femelles pendant une certaine période, couchant là où elles couchent, mangeant là où
elles mangent, il n’est pas utile de s’embusquer en périphérie de l’une de leurs zones de
repos favorites utilisées en début de saison
parce qu’ils ne s’y reposeront fort probablement pas tant que le rut sera en cours. De
même qu’il n’est pas plus efficace de s’installer sur un sentier marqué de plusieurs frottages, qui relie leur garde-manger et leur
dortoir. Pourquoi? Parce qu’ils ne sont tout
simplement pas là!
Vous saurez que le rut est bel et bien
enclenché lorsque le buck que vous traquez
depuis septembre semble s’être volatilisé. Ce
sera à ce moment que vous remarquerez que
ses grattages et ses lignes de frottage ne sont
plus rafraîchis et que vous ne voyez plus
aucune de ses pistes, facilement reconnaissables par leur largeur. En fait, vous ne verrez
plus le moindre signe de sa présence dans les
environs et vous commencerez à soupçonner
qu’il a été récolté par un autre chasseur ou
braconné ou même frappé par un véhicule.
Où est-il? Il est en quête de femelles! Et cela
signifie que vous devez changer de tactique
et commencer à « penser » comme un buck
en rut si vous espérez l’apercevoir.
2e erreur : négliger
les femelles…
Si vous êtes un chasseur de buck, alors vous
commencez habituellement la saison en
Tableau 1 : Période de chasse sportive au cerf de Virginie 2012
Engin : armes à feu, arbalète et arc
Période de chasse 2012
Cerf avec ou
sans bois
1er septembre au 24 décembre 2012
Île au Ruau (située dans la zone 27 ouest)
29 septembre au 2 novembre 2012
1
3 novembre au 9 novembre 2012
Cerf avec bois
(7 cm ou plus)
2 Est, 2 Ouest, 3 Est, 3 Ouest, 4, 6 Nord, 6 Sud,
8 Sud, 10 Est, 10 Ouest, 11 Est, 11 Ouest,
12, 13 Sud-Ouest, 15 Ouest
3 novembre au 18 novembre 2012
5 Est, 5 Ouest, 9 Est, 9 Ouest
3 novembre au 16 novembre 2012
20 (sauf partie ouest de la zone 20)
1er août au 31 août 2012
Bill Vaznis
Zones
20 (sauf partie ouest de la zone 20)
Voici un mâle récolté juste avant le pic du rut par
mon ami de longue date, Jon Kayser. Le rut est le
moment où les bucks sont les plus insouciants, mais
en même temps, ils ne sont plus aussi prévisibles
qu’en début de saison et en période de prérut.
32 Hiver 2012
Pour la réglementation complète et pour connaître les autres périodes de chasse au cerf de Virginie (avec les autres types d’engin), veuillez consulter la
réglementation officielle.
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cmi
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Hiver 2012 33
évitant les concentrations de femelles et vous
chassez plutôt les repaires obscurs ayant la
faveur des mâles. Mais une fois le rut enclenché, il est temps d’abandonner les vieux
repaires et de rechercher les fourrés et les aires
d’alimentation prisés par les femelles. Après
tout, n’est-ce pas ce que les mâles font?
Une option est la méthode spot-and-stalk, qui
pourrait se traduire par « scruter et avancer ».
J’aime commencer la journée dès les premières
lueurs en ratissant les champs de foin coupé et
de luzerne, les vieux vergers et les autres zones
d’alimentation connues pour être utilisées par
les femelles et les faons, tout en demeurant à
bonne distance. Vous y trouverez quelques
bucks se tenant à ​​des endroits surélevés et à la
recherche de femelles s’alimentant ainsi que
d’autres reniflant leur passage en bordure du
champ dans l’espoir de croiser un « parfum de
chaleur ». Portez attention aussi aux « éclairs de
blanc » dans l’obscurité un peu avant l’aube.
Selon sa phase d’œstrus, une biche tente souvent d’échapper à un buck trop amoureux, vous
laissant apercevoir son ventre et sa queue blanche rebondissant alors qu’elle prend ses jambes
à son cou pour se cacher. Même si les mâles ont
l’œil sur les femelles, procédez lentement tout
en gardant le vent en votre faveur.
Vous pouvez également choisir de chasser
à l’affût sur le périmètre d’un site d’alimentation, pour surprendre des mâles errant à
proximité sous le couvert adjacent. Puisque
les femelles s’attardent souvent dans les aires
d’alimentation, n’ayez pas peur d’en faire le
tour plusieurs fois de suite. Il n’est pas rare
de surprendre un intrus bien après le lever
du soleil.
Une autre option est de s’embusquer près
du point de sortie d’un sentier. C’est là
qu’un mirador bien placé peut vous donner
l’avantage. Recherchez une ligne de frottages
qui croise le sentier perpendiculairement et
positionnez votre mirador en conséquence.
Assurez-vous cependant d’être sur votre
mirador une demi-heure avant les premières
lueurs. Effrayer une femelle en arrivant à
votre mirador pourrait réduire vos chances
de voir un buck mature. Rappelez-vous : il
suivra son parfum et si elle déguerpit dans
une autre direction, il déguerpira lui aussi.
Si vous trouvez plusieurs voies de sortie de
biches, ce qui est fréquent lorsque vous chassez
sur les sites d’alimentation importants, alors
un peu de prospection peut s’avérer nécessaire.
Les bucks en rut vérifient souvent l’odeur de
toutes les voies de sortie en les croisant à une
certaine distance de l’aire d’alimentation. Les
sentiers qu’ils utilisent peuvent être très discrets, mais en général, ils sont parsemés de
frottages ou encore un grattage ou deux vous
indiquent la jonction de la voie empruntée par
le mâle et des sentiers de femelles. C’est un
autre excellent endroit pour fixer un mirador
ou vous pouvez aussi choisir de chasser à cette
Sylvain Auger
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Lorsqu’on est en quête d’un mâle, on accorde généralement peu d’attention aux femelles. Mais en
période de rut, c’est une grave erreur…
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jonction, à l’affût au sol, toujours à bon vent.
Avec l’une ou l’autre de ces options, un bêlement de biche en chaleur suivi de quelques
grunts de buck peut contribuer à faire tourner
la chance en votre faveur.
Une autre option, surtout après le passage
d’un front froid, est de chasser sur les aires de
repos préférées des femelles et des faons. Les
bucks serpenteront ces repaires toute la journée à la recherche d’une biche en chaleur, ce
qui en fait une technique simple, à condition
que vous puissiez vous y faufiler et en sortir
sans déranger les cerfs sans bois s’y trouvant.
Il n’y a pas de meilleur aimant pour les grands
mâles pendant le pic du rut qu’une zone de
repos remplie de femelles réceptives!
Si vous essayez l’une de ces stratégies au
cours du prérut, vous ne verrez que de jeunes
mâles. Mais pendant le pic du rut, chasser
sur les sites d’alimentation et de repos des
femelles est une tactique mortelle.
3e erreur : ne pas avoir
d’appeau avec soi
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Distribution proexcellence
Caroline Bolduc
Comme le rut s’intensifie, les bucks ne
répondent plus au rattling aussi promptement qu’ils le faisaient durant le prérut. Le
grunt non plus n’a plus autant d’effet. Mais
souffler un langoureux bleat de femelle aux
oreilles d’un buck en rut peut très bien lui
faire baisser la tête et l’amener à foncer dans
votre direction en tout hâte!
Il existe plusieurs stratégies d’appels qui
sont plus efficaces lorsque le rut est à son
apogée, dont le buck growling, le buck clicking et même le snort-wheeze. Je vous invite
à consulter le site Internet vidéo d’Aventure
Chasse et Pêche : vous pourrez y entendre
ces différents sons émis par les chevreuils
(www.aventure-chasse-peche-video.com,
section Magazine en cours).
Mes favoris toutefois consistent à répéter
deux fois le même call avec un tube-grunt
combiné à une autre vocalise de chevreuil.
Par exemple, après avoir reproduit un bêlement de biche en chaleur, enchaînez avec
une série de grunts de jeune buck consécutifs
durant cinq secondes. Cette ruse, nous l’espérons, convaincra un mâle en rut qu’une
femelle en chaleur est à proximité et qu’un
jeune mâle lui tient compagnie. Un mâle
plus âgé et plus mature sentira certainement
la nécessité d’investiguer.
Si vous voyez une femelle mature avec un
mâle à ses trousses passant leur chemin devant
vous, juste hors de portée, exécutez un bêlement de faon égaré pour interpeller l’instinct
maternel de cette femelle, suivi d’un bleat de
femelle en chaleur et d’un grunt. Cette stratégie reproduit les moments où une biche abandonne son faon pour être accouplée par son
prétendant. Le plus beau buck que j’ai jamais
appelé a été dupé par cette stratégie il y a de
cela plusieurs saisons. Le buck, un 190 B&C
En période de rut, ma stratégie d’appel favorite consiste à reproduire le bêlement d’une biche en
­chaleur suivi d’une série de grunts de jeune mâle consécutifs durant cinq secondes. Cette ruse convainc
parfois un mâle mature qu’une femelle en chaleur est à proximité et qu’un jeune mâle lui tient
­compagnie. Provocation assurée.
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avec de longues longues pointes, se trouvait au
milieu d’un champ ouvert, sur les talons d’une
femelle en œstrus. Je piquai l’intérêt de la
biche avec le bêlement d’un faon qui, à lui
seul, aurait pu suffire pour l’attirer à ma portée. Au lieu de cela, j’ai couvert mon pari et
j’ai rapidement enchaîné avec un bêlement de
femelle en chaleur puis un grunt. Comme par
magie, la biche s’est rapprochée pour investiguer avec ce mâle géant reniflant tout près
derrière. Malheureusement, elle a capté mon
vent à 40 verges et s’est enfuie en entraînant le
190 B&C avec elle.
4e erreur : ne pas chasser
au milieu de la journée
Bill Vaznis
Lorsque le rut est en marche, le meilleur
moment pour être en forêt est chaque
moment où vous pouvez sortir! La chasse
peut être passionnante aux premières lueurs
du jour, sur le coup de midi et juste avant le
crépuscule – et toutes les heures entre ces
moments! Si vous passez droit par exemple
ou que votre alarme vous tire du lit une
heure trop tard, ne vous rendormez pas en
pensant que la journée est ruinée. Vous ne
savez jamais quand un buck monstre apparaîtra sous vos yeux. En effet, même si vous
avez seulement une heure ou deux libres,
même si c’est au milieu de la journée, prenez
tous les moyens pour aller chasser.
Les bucks se couchent habituellement dans
la matinée, souvent avant les premières
lueurs, mais les mâles en rut ne se couchent
généralement pas avant la mi-journée, et
même alors ils ne restent pas longtemps
couchés, à moins qu’ils ne patientent près
d’une biche sur le point d’être en œstrus.
Quelque part entre dix heures et quatorze
heures, ces mâles solitaires sentent l’urgence
de se reproduire et se lèvent tout à coup pour
repartir à ​​la recherche d’une femelle en chaleur. Ils repartent en croisade pour examiner
les aires d’alimentation des biches, leurs
sentiers et leurs zones de repos sans relâche,
oubliant le vent et s’exposant aux chasseurs
durant les heures légales de chasse.
Il y a une autre raison pourquoi les bucks se
déplacent en mi-journée. En fin de matinée,
plusieurs chasseurs sentent l’envie de manger
un repas chaud, de comparer leurs observations avec les autres chasseurs, puis de faire une
sieste. Ainsi, ils retournent au camp et, ce faisant, ils lèvent les bucks au repos dans leurs
repaires diurnes. Les mâles en rut ne couchent
pas dans les quartiers habituels que vous
connaissez. En effet, il n’est pas rare de trouver
un buck couché sur une colline surplombant
une crête de bois franc peuplée de hêtres ou le
long de la lisière d’une ligne électrique, en
attente qu’une femelle en chaleur passe. Vous
ne savez jamais quand un buck trophée va
Durant le rut, les mâles utilisent parfois des secteurs marginaux, où il n’y a habituellement pas de
chevreuil, pour isoler une biche sur le point d’être en œstrus : îlot de conifères au beau milieu d’un
champ, portion boisée entre les autoroutes, lisère de forêt tout près d’une maison de campagne ou d’un
bâtiment agricole, etc. Alors qu’on ne mettrait jamais les pieds dans ces secteurs en temps normal, en
période de rut, il faut penser autrement.
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sauter en face de vous et disparaîtra en vous
saluant de la queue. Et un buck en mouvement
pendant les heures légales est plus susceptible
d’être vu et abattu par un chasseur patient qui
demeure en forêt toute la journée.
Bien sûr, cela signifie que vous devez être
prêt à tirer à tout moment. Il y a plusieurs
saisons, j’avais passé la matinée à l’affût le
long d’un ravin escarpé. À midi, fatigué et
affamé, j’ai décidé de marcher directement
vers mon 4x4 d’un pas franc. En fait, j’avais
abandonné pour la journée. J’ai fait l’erreur
d’entrer dans une clairière sans d’abord vérifier si un chevreuil s’y trouvait. Quand j’ai
levé les yeux, j’ai vu non pas un ou deux,
mais trois bucks me regardant à moins de 40
verges. Ils avaient marché le long de ce champ
à la recherche de femelles en chaleur, au beau
milieu de la journée, et m’ont évidemment
vu avant que je ne les voie. Ils se sont enfuis,
indemnes, avant que je puisse exécuter un tir,
me rappelant cruellement qu’il faut être prêt
psychologiquement pour une rencontre à
tout moment pendant le rut.
5e erreur : attendre pour
avoir une meilleure « shot »
Lorsque le rut est en cours, il n’est pas rare
d’apercevoir un buck que vous n’avez jamais
vu auparavant sur vos caméras. Admettons
que vous avez une opportunité de le prendre. Ce n’est pas la situation idéale, car il ne
vous offre pas l’angle parfait de côté. Alors,
vous hésitez et pensez qu’il serait peut-être
plus sage de patienter pour avoir une
meilleure occasion de tir. Après tout, vous
venez de découvrir où il se tient et, plus
important encore, le sentier qu’il utilise pour
se déplacer incognito! Pourrez-vous aligner
votre croix dessus demain?
Malheureusement, il est peu probable que
ce mâle soit dans les environs le lendemain,
ou tout autre jour dans un proche avenir.
Cela aurait pu être une bonne stratégie en
début de saison ou durant le prérut, mais les
mâles en rut apparaissent rarement au même
endroit deux fois. Vous avez une opportunité de tir, alors prenez-la! Tirez!
Bien sûr, nous voulons tous un angle parfaitement de côté ou un quart-arrière pour
avoir la meilleure chance d’atteindre la
région coeur-poumons, mais cette zone
vitale peut également être atteinte en
envoyant un boulet de bonne construction
à travers le sternum du mâle ou en travers de
l’épaule, entre son cou et sa patte avant, si
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vous chassez du haut d’un mirador. Un tir
au cou et à la colonne vertébrale sont deux
autres options qui font tomber un buck dans
ses pistes. L’important est que vous devez
profiter de la première occasion que vous
avez de tuer ce buck... sans hésiter... même
s’il ne vous offre pas votre angle préféré.
Mirez... et tirez!
J’ai appris cette leçon à la dure alors que je
chassais au Nouveau-Brunswick il y a plusieurs années. J’étais à l’affût dans un bûcher
au milieu de la journée lorsque j’ai repéré un
immense cerf de Virginie s’amenant dans ma
direction dans une crête de bois franc. Le
couvert était dense, mais je pouvais voir une
ouverture, un ancien chemin de débardage,
20 verges devant le buck rôdeur. J’ai rapidement placé le réticule de ma .30-06 dans
cette ouverture. Lorsque le mâle a bondi
dans le vieux sentier, ma croix arriva carrément sur son cou et si j’avais pressé la détente
à cet instant précis, je suis sûr que le buck de
275 livres se serait effondré sur le champ. Au
lieu de cela cependant, j’ai descendu la croix
vers le bas pour une « meilleure shot » cœurpoumons et, ce faisant, j’ai perdu de vue le
réticule, étant trop concentré sur la cible. J’ai
appuyé sur la gâchette, croyant que le mâle
se trouvait dans la trajectoire de la balle, mais
le boulet n’a fait qu’effleurer son poitrail. Il
s’est enfui avec quelques poils en moins et
m’a laissé une cicatrice encore douloureuse
quand je repense à la scène. Je pouvais faire
un tir mortel, mais à la dernière seconde j’ai
changé d’avis. Aujourd’hui, je n’attends pas
un « meilleur » angle, je prends la première
opportunité mortelle qui se présente.
6e erreur : rester perché
sur votre mirador
Dans le même ordre d’idées, il n’est pas rare
pour un mâle en rut de passer tout juste à
l’extérieur de votre champ de tir. Vous
essayez de lui lancer quelques appels, mais il
est « en mission » et n’est nullement intéressé
par vos vocalises.
Encore une fois, vous pourriez choisir de
déplacer votre mirador pour vous reprendre
le demain, mais là encore, il ne sera pas là
demain! Descendez de votre mirador, versez
de l’eau sur le sol et utilisez de la boue pour
camoufler votre visage, votre cou et vos
mains, et après avoir vérifié le vent, partez
derrière lui. Vous n’avez rien à perdre. Gar-
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édition du sommet
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dez à l’esprit que, jusqu’à l’introduction des
miradors portatifs, les chasseurs ayant le plus
de succès étaient ceux qui pouvaient pénétrer et épier les boisés des chevreuils dans la
plus complète discrétion.
Traquer un mâle peut être une expérience
exaltante. Les journées venteuses sont les
meilleures à cet égard, car le vent peut masquer votre progression et garde votre odeur
humaine loin de lui. Vous devez toutefois
vous déplacer rapidement. Ce n’est pas le
temps de marcher à pas de loup alors qu’un
mâle en rut à la recherche d’une femelle en
chaleur couvre rapidement du terrain. Il sera
vite hors d’atteinte si vous ne parvenez pas à
suivre son rythme.
Il y a plusieurs années, j’avais repéré un
buck parcourant le contour d’un dortoir en
mi-journée. Il était hors de portée de mon
arc, ne me donnant d’autre choix que de
partir à sa suite si je voulais une chance de
tir. Le vent étouffait mes pas et bientôt je fus
juste à sa hauteur. En fait, j’étais à moins de
15 verges de ce huit pointes, mais le couvert
était si épais que je ne pouvais pas faire un
tir convenable. Très vite, il m’a distancé et a
disparu. Une semaine plus tard, pendant la
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polaris
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Hiver 2012 39
saison à l’arme à feu, je surpris encore une
fois ce mâle à rôder et je partis à nouveau à
ses trousses. Cette fois cependant, je trimballais un fusil doté d’un télescope... et il ne
m’a pas échappé.
– des frottages qui ne sont pas frais, direzvous, mais des frottages altérés faits l’année
précédente. En effet, le seul temps où vous
surprendrez un mâle se cachant dans l’un de
ces secteurs marginaux, c’est lorsqu’il sera en
compagnie d’une femelle en chaleur.
Dans les zones où l’agriculture domine le
paysage, un mâle en rut peut également
pousser une femelle en chaleur dans un petit
bosquet d’arbres le long d’un ruisseau ou
dans l’herbe haute qui pousse autour d’équipements agricoles abandonnés. Les mâles
sont également connus pour pousser une
biche sur le point d’être en œstrus le long
d’une clôture, loin de la zone d’alimentation, où le couvert est clairsemé, ou dans une
lisière entre deux ou plusieurs champs, ou à
proximité d’une maison, d’un camp ou
d’une grange... des endroits où vous ne vous
attendez pas à trouver un cerf.
De même, les portions boisées entre les
autoroutes, les petites parcelles de forêt au
milieu de nulle part, une île au large et un
monticule à l’intérieur d’un marais peuvent
également servir de refuge à un mâle et une
biche pendant le pic du rut, parce que les
humains ne les dérangeront généralement
pas là. Et plus important encore, ce sont des
endroits que d’autres mâles ne sont pas susceptibles d’investiguer dans l’espoir de participer aux activités d’accouplement.
Dans les secteurs boisés, il y a davantage
de places où un mâle en rut peut se retrancher avec une biche en chaleur. Néanmoins,
au fil des ans, j’ai déjà trouvé un couple de
cerfs au repos dans d’étranges endroits,
comme en bordure d’un bûché, dans un
épais bosquet poussant sur la berge d’une
rivière et, aussi incroyable que ça puisse
sembler, j’en ai même surpris couchés dans
un fossé le long d’un chemin de débardage.
Tous ces endroits marginaux sont exactement ceux où un chasseur néophyte tombe
par hasard sur un superbe buck en compagnie d’une femelle et récolte ainsi son premier buck! Je crois que ces mâles matures ont
appris à la dure, à l’école du rut, à se retirer
là où l’on ne trouve généralement pas de
chevreuils. Un chasseur de chevreuil expérimenté évitera ces « zones mortes » parce qu’il
sait que les cerfs n’utilisent pas ces zones,
mais un nouveau venu n’est pas handicapé
par ce qu’on appelle la connaissance et il y
chassera! Si vous ne voyez pas de mâles en
rut, alors pensez comme un mâle en rut et
cherchez un peu d’intimité pendant la saison
des amours.
Rappelez-vous : un couple de cerfs de
Virginie ne restera pas là longtemps, deux ou
peut-être trois jours au mieux, avant que la
biche soit accouplée et que le buck reparte
patrouiller pour dénicher d’autres femelles.
La recette ici est de se faufiler à bon vent et
de vérifier ces repères secrets en mi-journée,
ou d’y avoir un mirador en place avant le
rut. D’une façon ou d’une autre, ne perdez
pas votre temps à chasser là tant que vous n’y
voyez pas un buck accompagnant une femelle
en milieu de journée.
Ça y est! Si vous pouvez éviter ces sept
erreurs pendant le rut cet automne, vos
chances de récolter un mâle mature monteront en flèche. Je vous le garantis!
L’auteur, Bill Vaznis, a signé et collaboré à près de 1200 articles et chroniques portant sur le chevreuil
qui ont été publiés dans de réputés magazines américains, dont Deer & Deer Hunting, Whitetail
Hunting Strategies et Bowhunter World. Il est également l’auteur de trois livres portant sur la chasse
au chevreuil. Il réside tout près du Québec, dans le nord de l’État de New York.
Pour entendre les différents sons de chevreuils
mentionnés par l’auteur, visitez le www.aventure-chasse-peche-video.com à la section Magazine en cours.
7e erreur : éviter les
secteurs « marginaux » où
il n’y a habituellement pas
de chevreuils
Bill Vaznis
Quand un mâle mature est aux crochets
d’une biche sur le point d’être en œstrus, il
la pousse souvent dans un secteur isolé où
les autres mâles ne pourront pas la trouver,
comme un monticule herbeux surplombant
un pâturage ou un îlot de conifères au beau
milieu d’un champ agricole. Ces endroits
sont généralement dépourvus de signes frais
et, par conséquent, reçoivent très peu de
pression de chasse.
Si vous regardez de près cependant, vous
pouvez y trouver une collection de frottages
40 Hiver 2012
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