7 erreurs à éviter durant le rut
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7 erreurs à éviter durant le rut
Chevreuil 7 erreurs à éviter durant le rut Par Bill Vaznis Cet automne, sur la majorité du territoire québécois, la saison de chasse au cerf de Virginie à l’arme à feu s’étendra du 3 au 18 novembre. Comme les derniers jours de la saison coïncideront avec le pic du rut, ces journées risquent d’être chargées d’action… pour ceux qui sont encore en forêt! Voici donc sept erreurs à éviter durant cette période magique pour augmenter vos chances de récolter un beau mâle. 30 Hiver 2012 www.aventure-chasse-peche.com Bill Vaznis K ABOOM! L’aube venait juste de poindre quand j’entendis mon ami de longue date, Jon Kayser, tirer avec ma Tikka .300 WSM à moins de 100 mètres de moi. Je me retournai et regardai dans sa direction, songeant qu’un mâle bien panaché aurait pu échapper au tir de Jon et pourrait surgir dans ma direction d’une seconde à l’autre. La forêt était calme cependant, ce qui me laissait croire que Jon avait probablement visé juste. Je n’ai pas hésité plus longtemps et rebroussai chemin jusqu’au VTT, où je trouvai Jon marchant aussi vers le Honda. Quand il me vit, son visage s’illumina d’un large sourire. « Bill, j’aime vraiment ta nouvelle carabine. Y a-t-il une chance que tu me la donnes? J’ai couché un super buck grâce à elle, près de l’étang de castor, elle est épatante. Je venais juste d’atteindre le bord du barrage quand j’ai entendu un bruit de cliquetis. J’ai regardé par dessus le bord et ce buck filait son chemin devant moi, à vive allure. J’ai juste eu le temps de le trouver à travers le réticule et j’ai tiré. Nous allons cependant devoir prendre le VTT pour contourner le ruisseau et le charger. Il est tout simplement trop lourd pour être traîné. » Quinze minutes plus tard, nous traversions le ruisseau et suivions les traces de sang. Nous n’avons pas eu à aller bien loin. Jon avait effectivement couché un buck géant avec de longues pointes. Malheureusement, une G-1 et une G-2, sur les merrains opposés, étaient cassées, sans doute dans un combat avec un autre grand mâle, réduisant le score final de ce qui aurait certainement été un 160 points B&C (photo 2). Néanmoins, le mâle obtenait un pointage brut d’un peu moins de 140 pouces, ce qui était encore très respectable. Jon passa le reste de la journée à contempler le panache et ma carabine de même qu’à se remémorer sa chasse avec les voisins. Le pic du rut était tout près, alors le matin suivant, je retournai dans le même secteur. J’attendis que la lumière soit suffisante pour tirer, puis je me postai à l’affût le long de la même bordure que Jon, en espérant répéter sa performance. Avec surprise, je vis un mâle sortir d’un fourré quelques minutes plus tard à l’autre bout de la digue de castor, quelque 175 verges plus loin, aux trousses d’une biche en chaleur. Il n’y avait pas d’arbre à proximité pour me servir d’appui, alors je m’assis et passai mon bras à travers la courroie de mon Remington à pompe. Durant notre séjour, j’avais laissé passer près d’une douzaine de jeunes bucks jusqu’à présent et comme le temps filait, je décidai de ne pas attendre plus longtemps. Craignant que le buck retourne d’un bond dans le fourré, je précipitai mon premier www.aventure-chasse-peche.com Hiver 2012 31 coup de feu. Résultat : complètement manqué! Mon second tir toutefois frappa directement la cage thoracique, avec un boulet 180 grains Nosler Partition. L’animal prit la fuite sur une courte distance puis culbuta dans une allée rocheuse. Le dix pointes était déjà mort avant de heurter le sol. Même s’il n’était pas aussi impressionnant que le buck de Jon ou le 175 B&C que j’avais décroché l’année précédente, il n’en était pas moins un mâle mature et j’étais heureux d’apposer mon permis sur lui. Le pic du rut est le moment auquel la plupart d’entre nous rêvent toute l’année. C’est à ce moment que nous pouvons espérer voir un buck au panache démesuré poursuivre une femelle en plein pâturage aux premières lueurs du jour, dans la plus complète insouciance, ou encore traverser un champ effrontément en pleine heure du midi, complètement inconscient de la possibilité de danger. En effet, les mâles dont nous ignorions complètement l’existence surgissent tout à coup de nulle part, gravant des images dans notre cerveau pour toujours. Cela devrait être un moment facile pour coucher un chevreuil bien panaché et le meilleur moment pour « taguer » le buck d’une vie, mais ce n’est pas toujours aussi facile. Les raisons sont nombreuses, mais essentiellement, les mâles en rut ne sont plus aussi 2 prévisibles qu’ils l’étaient en début de saison et en période de prérut. En effet, ils ne font pas ce qu’ils ont fait et ils ne se comportent pas comme nous nous attendons qu’ils se comportent. Et par conséquent, nous commettons de graves erreurs en les pourchassant, que ce soit à l’arme à feu ou à l’arc/ arbalète. Voici sept erreurs que les chasseurs de bucks devraient éviter cet automne au cours de la saison de reproduction. 1re erreur : ne pas reconnaître le début du rut… Comme les jours raccourcissent, les mâles passent de plus en plus d’heures à la lumière du jour à la recherche d’une biche en œstrus. Bientôt, la plupart des femelles seront en chaleur et les mâles courront comme des fous ici et là, dans l’effort d’établir une connexion. Pour localiser l’une de ces femelles réceptives, les mâles rôderont à bon vent le long des secteurs d’alimentation utilisés par des groupes de femelles et de faons, comme les champs de céréales coupées ou les vergers abandonnés. Ils investigueront les sentiers qui mènent à des zones de repos qu’ils flaireront également à fond. Une fois qu’ils auront détecté une biche en chaleur, ils resteront avec elle pendant 24 à 36 heures et l’accoupleront finalement avant de repartir en cavale pour trouver une autre femelle sur le point d’être en œstrus. Qu’est-ce que tout cela signifie? Si vous voulez voir des bucks au cours de la saison de reproduction, cela signifie que vous ne devez plus employer les techniques que vous utilisiez en début de saison et durant le prérut. Par exemple, l’une des meilleures tactiques durant le prérut est de se percher dans un arbre de manière à pouvoir épier un grattage primaire situé le long d’une ligne de frotta- ges frais. Mais si les mâles surveillent les aires d’alimentation des biches, les aires de repos et les sentiers reliant les deux pour trouver une femelle en chaleur, alors pourquoi retourneraient-ils à l’un de leurs grattages? Eh bien, à part quelques exceptions, ils le font rarement! Puisque les mâles demeurent avec les femelles pendant une certaine période, couchant là où elles couchent, mangeant là où elles mangent, il n’est pas utile de s’embusquer en périphérie de l’une de leurs zones de repos favorites utilisées en début de saison parce qu’ils ne s’y reposeront fort probablement pas tant que le rut sera en cours. De même qu’il n’est pas plus efficace de s’installer sur un sentier marqué de plusieurs frottages, qui relie leur garde-manger et leur dortoir. Pourquoi? Parce qu’ils ne sont tout simplement pas là! Vous saurez que le rut est bel et bien enclenché lorsque le buck que vous traquez depuis septembre semble s’être volatilisé. Ce sera à ce moment que vous remarquerez que ses grattages et ses lignes de frottage ne sont plus rafraîchis et que vous ne voyez plus aucune de ses pistes, facilement reconnaissables par leur largeur. En fait, vous ne verrez plus le moindre signe de sa présence dans les environs et vous commencerez à soupçonner qu’il a été récolté par un autre chasseur ou braconné ou même frappé par un véhicule. Où est-il? Il est en quête de femelles! Et cela signifie que vous devez changer de tactique et commencer à « penser » comme un buck en rut si vous espérez l’apercevoir. 2e erreur : négliger les femelles… Si vous êtes un chasseur de buck, alors vous commencez habituellement la saison en Tableau 1 : Période de chasse sportive au cerf de Virginie 2012 Engin : armes à feu, arbalète et arc Période de chasse 2012 Cerf avec ou sans bois 1er septembre au 24 décembre 2012 Île au Ruau (située dans la zone 27 ouest) 29 septembre au 2 novembre 2012 1 3 novembre au 9 novembre 2012 Cerf avec bois (7 cm ou plus) 2 Est, 2 Ouest, 3 Est, 3 Ouest, 4, 6 Nord, 6 Sud, 8 Sud, 10 Est, 10 Ouest, 11 Est, 11 Ouest, 12, 13 Sud-Ouest, 15 Ouest 3 novembre au 18 novembre 2012 5 Est, 5 Ouest, 9 Est, 9 Ouest 3 novembre au 16 novembre 2012 20 (sauf partie ouest de la zone 20) 1er août au 31 août 2012 Bill Vaznis Zones 20 (sauf partie ouest de la zone 20) Voici un mâle récolté juste avant le pic du rut par mon ami de longue date, Jon Kayser. Le rut est le moment où les bucks sont les plus insouciants, mais en même temps, ils ne sont plus aussi prévisibles qu’en début de saison et en période de prérut. 32 Hiver 2012 Pour la réglementation complète et pour connaître les autres périodes de chasse au cerf de Virginie (avec les autres types d’engin), veuillez consulter la réglementation officielle. www.aventure-chasse-peche.com Pub 1 page cmi www.aventure-chasse-peche.com Hiver 2012 33 évitant les concentrations de femelles et vous chassez plutôt les repaires obscurs ayant la faveur des mâles. Mais une fois le rut enclenché, il est temps d’abandonner les vieux repaires et de rechercher les fourrés et les aires d’alimentation prisés par les femelles. Après tout, n’est-ce pas ce que les mâles font? Une option est la méthode spot-and-stalk, qui pourrait se traduire par « scruter et avancer ». J’aime commencer la journée dès les premières lueurs en ratissant les champs de foin coupé et de luzerne, les vieux vergers et les autres zones d’alimentation connues pour être utilisées par les femelles et les faons, tout en demeurant à bonne distance. Vous y trouverez quelques bucks se tenant à des endroits surélevés et à la recherche de femelles s’alimentant ainsi que d’autres reniflant leur passage en bordure du champ dans l’espoir de croiser un « parfum de chaleur ». Portez attention aussi aux « éclairs de blanc » dans l’obscurité un peu avant l’aube. Selon sa phase d’œstrus, une biche tente souvent d’échapper à un buck trop amoureux, vous laissant apercevoir son ventre et sa queue blanche rebondissant alors qu’elle prend ses jambes à son cou pour se cacher. Même si les mâles ont l’œil sur les femelles, procédez lentement tout en gardant le vent en votre faveur. Vous pouvez également choisir de chasser à l’affût sur le périmètre d’un site d’alimentation, pour surprendre des mâles errant à proximité sous le couvert adjacent. Puisque les femelles s’attardent souvent dans les aires d’alimentation, n’ayez pas peur d’en faire le tour plusieurs fois de suite. Il n’est pas rare de surprendre un intrus bien après le lever du soleil. Une autre option est de s’embusquer près du point de sortie d’un sentier. C’est là qu’un mirador bien placé peut vous donner l’avantage. Recherchez une ligne de frottages qui croise le sentier perpendiculairement et positionnez votre mirador en conséquence. Assurez-vous cependant d’être sur votre mirador une demi-heure avant les premières lueurs. Effrayer une femelle en arrivant à votre mirador pourrait réduire vos chances de voir un buck mature. Rappelez-vous : il suivra son parfum et si elle déguerpit dans une autre direction, il déguerpira lui aussi. Si vous trouvez plusieurs voies de sortie de biches, ce qui est fréquent lorsque vous chassez sur les sites d’alimentation importants, alors un peu de prospection peut s’avérer nécessaire. Les bucks en rut vérifient souvent l’odeur de toutes les voies de sortie en les croisant à une certaine distance de l’aire d’alimentation. Les sentiers qu’ils utilisent peuvent être très discrets, mais en général, ils sont parsemés de frottages ou encore un grattage ou deux vous indiquent la jonction de la voie empruntée par le mâle et des sentiers de femelles. C’est un autre excellent endroit pour fixer un mirador ou vous pouvez aussi choisir de chasser à cette Sylvain Auger Pub 1/3 page GG télécom Lorsqu’on est en quête d’un mâle, on accorde généralement peu d’attention aux femelles. Mais en période de rut, c’est une grave erreur… 34 Hiver 2012 www.aventure-chasse-peche.com jonction, à l’affût au sol, toujours à bon vent. Avec l’une ou l’autre de ces options, un bêlement de biche en chaleur suivi de quelques grunts de buck peut contribuer à faire tourner la chance en votre faveur. Une autre option, surtout après le passage d’un front froid, est de chasser sur les aires de repos préférées des femelles et des faons. Les bucks serpenteront ces repaires toute la journée à la recherche d’une biche en chaleur, ce qui en fait une technique simple, à condition que vous puissiez vous y faufiler et en sortir sans déranger les cerfs sans bois s’y trouvant. Il n’y a pas de meilleur aimant pour les grands mâles pendant le pic du rut qu’une zone de repos remplie de femelles réceptives! Si vous essayez l’une de ces stratégies au cours du prérut, vous ne verrez que de jeunes mâles. Mais pendant le pic du rut, chasser sur les sites d’alimentation et de repos des femelles est une tactique mortelle. 3e erreur : ne pas avoir d’appeau avec soi Pub 1/3 page Distribution proexcellence Caroline Bolduc Comme le rut s’intensifie, les bucks ne répondent plus au rattling aussi promptement qu’ils le faisaient durant le prérut. Le grunt non plus n’a plus autant d’effet. Mais souffler un langoureux bleat de femelle aux oreilles d’un buck en rut peut très bien lui faire baisser la tête et l’amener à foncer dans votre direction en tout hâte! Il existe plusieurs stratégies d’appels qui sont plus efficaces lorsque le rut est à son apogée, dont le buck growling, le buck clicking et même le snort-wheeze. Je vous invite à consulter le site Internet vidéo d’Aventure Chasse et Pêche : vous pourrez y entendre ces différents sons émis par les chevreuils (www.aventure-chasse-peche-video.com, section Magazine en cours). Mes favoris toutefois consistent à répéter deux fois le même call avec un tube-grunt combiné à une autre vocalise de chevreuil. Par exemple, après avoir reproduit un bêlement de biche en chaleur, enchaînez avec une série de grunts de jeune buck consécutifs durant cinq secondes. Cette ruse, nous l’espérons, convaincra un mâle en rut qu’une femelle en chaleur est à proximité et qu’un jeune mâle lui tient compagnie. Un mâle plus âgé et plus mature sentira certainement la nécessité d’investiguer. Si vous voyez une femelle mature avec un mâle à ses trousses passant leur chemin devant vous, juste hors de portée, exécutez un bêlement de faon égaré pour interpeller l’instinct maternel de cette femelle, suivi d’un bleat de femelle en chaleur et d’un grunt. Cette stratégie reproduit les moments où une biche abandonne son faon pour être accouplée par son prétendant. Le plus beau buck que j’ai jamais appelé a été dupé par cette stratégie il y a de cela plusieurs saisons. Le buck, un 190 B&C En période de rut, ma stratégie d’appel favorite consiste à reproduire le bêlement d’une biche en chaleur suivi d’une série de grunts de jeune mâle consécutifs durant cinq secondes. Cette ruse convainc parfois un mâle mature qu’une femelle en chaleur est à proximité et qu’un jeune mâle lui tient compagnie. Provocation assurée. www.aventure-chasse-peche.com Hiver 2012 35 avec de longues longues pointes, se trouvait au milieu d’un champ ouvert, sur les talons d’une femelle en œstrus. Je piquai l’intérêt de la biche avec le bêlement d’un faon qui, à lui seul, aurait pu suffire pour l’attirer à ma portée. Au lieu de cela, j’ai couvert mon pari et j’ai rapidement enchaîné avec un bêlement de femelle en chaleur puis un grunt. Comme par magie, la biche s’est rapprochée pour investiguer avec ce mâle géant reniflant tout près derrière. Malheureusement, elle a capté mon vent à 40 verges et s’est enfuie en entraînant le 190 B&C avec elle. 4e erreur : ne pas chasser au milieu de la journée Bill Vaznis Lorsque le rut est en marche, le meilleur moment pour être en forêt est chaque moment où vous pouvez sortir! La chasse peut être passionnante aux premières lueurs du jour, sur le coup de midi et juste avant le crépuscule – et toutes les heures entre ces moments! Si vous passez droit par exemple ou que votre alarme vous tire du lit une heure trop tard, ne vous rendormez pas en pensant que la journée est ruinée. Vous ne savez jamais quand un buck monstre apparaîtra sous vos yeux. En effet, même si vous avez seulement une heure ou deux libres, même si c’est au milieu de la journée, prenez tous les moyens pour aller chasser. Les bucks se couchent habituellement dans la matinée, souvent avant les premières lueurs, mais les mâles en rut ne se couchent généralement pas avant la mi-journée, et même alors ils ne restent pas longtemps couchés, à moins qu’ils ne patientent près d’une biche sur le point d’être en œstrus. Quelque part entre dix heures et quatorze heures, ces mâles solitaires sentent l’urgence de se reproduire et se lèvent tout à coup pour repartir à la recherche d’une femelle en chaleur. Ils repartent en croisade pour examiner les aires d’alimentation des biches, leurs sentiers et leurs zones de repos sans relâche, oubliant le vent et s’exposant aux chasseurs durant les heures légales de chasse. Il y a une autre raison pourquoi les bucks se déplacent en mi-journée. En fin de matinée, plusieurs chasseurs sentent l’envie de manger un repas chaud, de comparer leurs observations avec les autres chasseurs, puis de faire une sieste. Ainsi, ils retournent au camp et, ce faisant, ils lèvent les bucks au repos dans leurs repaires diurnes. Les mâles en rut ne couchent pas dans les quartiers habituels que vous connaissez. En effet, il n’est pas rare de trouver un buck couché sur une colline surplombant une crête de bois franc peuplée de hêtres ou le long de la lisière d’une ligne électrique, en attente qu’une femelle en chaleur passe. Vous ne savez jamais quand un buck trophée va Durant le rut, les mâles utilisent parfois des secteurs marginaux, où il n’y a habituellement pas de chevreuil, pour isoler une biche sur le point d’être en œstrus : îlot de conifères au beau milieu d’un champ, portion boisée entre les autoroutes, lisère de forêt tout près d’une maison de campagne ou d’un bâtiment agricole, etc. Alors qu’on ne mettrait jamais les pieds dans ces secteurs en temps normal, en période de rut, il faut penser autrement. 36 Hiver 2012 www.aventure-chasse-peche.com sauter en face de vous et disparaîtra en vous saluant de la queue. Et un buck en mouvement pendant les heures légales est plus susceptible d’être vu et abattu par un chasseur patient qui demeure en forêt toute la journée. Bien sûr, cela signifie que vous devez être prêt à tirer à tout moment. Il y a plusieurs saisons, j’avais passé la matinée à l’affût le long d’un ravin escarpé. À midi, fatigué et affamé, j’ai décidé de marcher directement vers mon 4x4 d’un pas franc. En fait, j’avais abandonné pour la journée. J’ai fait l’erreur d’entrer dans une clairière sans d’abord vérifier si un chevreuil s’y trouvait. Quand j’ai levé les yeux, j’ai vu non pas un ou deux, mais trois bucks me regardant à moins de 40 verges. Ils avaient marché le long de ce champ à la recherche de femelles en chaleur, au beau milieu de la journée, et m’ont évidemment vu avant que je ne les voie. Ils se sont enfuis, indemnes, avant que je puisse exécuter un tir, me rappelant cruellement qu’il faut être prêt psychologiquement pour une rencontre à tout moment pendant le rut. 5e erreur : attendre pour avoir une meilleure « shot » Lorsque le rut est en cours, il n’est pas rare d’apercevoir un buck que vous n’avez jamais vu auparavant sur vos caméras. Admettons que vous avez une opportunité de le prendre. Ce n’est pas la situation idéale, car il ne vous offre pas l’angle parfait de côté. Alors, vous hésitez et pensez qu’il serait peut-être plus sage de patienter pour avoir une meilleure occasion de tir. Après tout, vous venez de découvrir où il se tient et, plus important encore, le sentier qu’il utilise pour se déplacer incognito! Pourrez-vous aligner votre croix dessus demain? Malheureusement, il est peu probable que ce mâle soit dans les environs le lendemain, ou tout autre jour dans un proche avenir. Cela aurait pu être une bonne stratégie en début de saison ou durant le prérut, mais les mâles en rut apparaissent rarement au même endroit deux fois. Vous avez une opportunité de tir, alors prenez-la! Tirez! Bien sûr, nous voulons tous un angle parfaitement de côté ou un quart-arrière pour avoir la meilleure chance d’atteindre la région coeur-poumons, mais cette zone vitale peut également être atteinte en envoyant un boulet de bonne construction à travers le sternum du mâle ou en travers de l’épaule, entre son cou et sa patte avant, si Pub 1 page naturmania www.aventure-chasse-peche.com Hiver 2012 37 vous chassez du haut d’un mirador. Un tir au cou et à la colonne vertébrale sont deux autres options qui font tomber un buck dans ses pistes. L’important est que vous devez profiter de la première occasion que vous avez de tuer ce buck... sans hésiter... même s’il ne vous offre pas votre angle préféré. Mirez... et tirez! J’ai appris cette leçon à la dure alors que je chassais au Nouveau-Brunswick il y a plusieurs années. J’étais à l’affût dans un bûcher au milieu de la journée lorsque j’ai repéré un immense cerf de Virginie s’amenant dans ma direction dans une crête de bois franc. Le couvert était dense, mais je pouvais voir une ouverture, un ancien chemin de débardage, 20 verges devant le buck rôdeur. J’ai rapidement placé le réticule de ma .30-06 dans cette ouverture. Lorsque le mâle a bondi dans le vieux sentier, ma croix arriva carrément sur son cou et si j’avais pressé la détente à cet instant précis, je suis sûr que le buck de 275 livres se serait effondré sur le champ. Au lieu de cela cependant, j’ai descendu la croix vers le bas pour une « meilleure shot » cœurpoumons et, ce faisant, j’ai perdu de vue le réticule, étant trop concentré sur la cible. J’ai appuyé sur la gâchette, croyant que le mâle se trouvait dans la trajectoire de la balle, mais le boulet n’a fait qu’effleurer son poitrail. Il s’est enfui avec quelques poils en moins et m’a laissé une cicatrice encore douloureuse quand je repense à la scène. Je pouvais faire un tir mortel, mais à la dernière seconde j’ai changé d’avis. Aujourd’hui, je n’attends pas un « meilleur » angle, je prends la première opportunité mortelle qui se présente. 6e erreur : rester perché sur votre mirador Dans le même ordre d’idées, il n’est pas rare pour un mâle en rut de passer tout juste à l’extérieur de votre champ de tir. Vous essayez de lui lancer quelques appels, mais il est « en mission » et n’est nullement intéressé par vos vocalises. Encore une fois, vous pourriez choisir de déplacer votre mirador pour vous reprendre le demain, mais là encore, il ne sera pas là demain! Descendez de votre mirador, versez de l’eau sur le sol et utilisez de la boue pour camoufler votre visage, votre cou et vos mains, et après avoir vérifié le vent, partez derrière lui. Vous n’avez rien à perdre. Gar- Pub 1/2 page édition du sommet 38 Hiver 2012 www.aventure-chasse-peche.com dez à l’esprit que, jusqu’à l’introduction des miradors portatifs, les chasseurs ayant le plus de succès étaient ceux qui pouvaient pénétrer et épier les boisés des chevreuils dans la plus complète discrétion. Traquer un mâle peut être une expérience exaltante. Les journées venteuses sont les meilleures à cet égard, car le vent peut masquer votre progression et garde votre odeur humaine loin de lui. Vous devez toutefois vous déplacer rapidement. Ce n’est pas le temps de marcher à pas de loup alors qu’un mâle en rut à la recherche d’une femelle en chaleur couvre rapidement du terrain. Il sera vite hors d’atteinte si vous ne parvenez pas à suivre son rythme. Il y a plusieurs années, j’avais repéré un buck parcourant le contour d’un dortoir en mi-journée. Il était hors de portée de mon arc, ne me donnant d’autre choix que de partir à sa suite si je voulais une chance de tir. Le vent étouffait mes pas et bientôt je fus juste à sa hauteur. En fait, j’étais à moins de 15 verges de ce huit pointes, mais le couvert était si épais que je ne pouvais pas faire un tir convenable. Très vite, il m’a distancé et a disparu. Une semaine plus tard, pendant la Pub 1 page polaris www.aventure-chasse-peche.com Hiver 2012 39 saison à l’arme à feu, je surpris encore une fois ce mâle à rôder et je partis à nouveau à ses trousses. Cette fois cependant, je trimballais un fusil doté d’un télescope... et il ne m’a pas échappé. – des frottages qui ne sont pas frais, direzvous, mais des frottages altérés faits l’année précédente. En effet, le seul temps où vous surprendrez un mâle se cachant dans l’un de ces secteurs marginaux, c’est lorsqu’il sera en compagnie d’une femelle en chaleur. Dans les zones où l’agriculture domine le paysage, un mâle en rut peut également pousser une femelle en chaleur dans un petit bosquet d’arbres le long d’un ruisseau ou dans l’herbe haute qui pousse autour d’équipements agricoles abandonnés. Les mâles sont également connus pour pousser une biche sur le point d’être en œstrus le long d’une clôture, loin de la zone d’alimentation, où le couvert est clairsemé, ou dans une lisière entre deux ou plusieurs champs, ou à proximité d’une maison, d’un camp ou d’une grange... des endroits où vous ne vous attendez pas à trouver un cerf. De même, les portions boisées entre les autoroutes, les petites parcelles de forêt au milieu de nulle part, une île au large et un monticule à l’intérieur d’un marais peuvent également servir de refuge à un mâle et une biche pendant le pic du rut, parce que les humains ne les dérangeront généralement pas là. Et plus important encore, ce sont des endroits que d’autres mâles ne sont pas susceptibles d’investiguer dans l’espoir de participer aux activités d’accouplement. Dans les secteurs boisés, il y a davantage de places où un mâle en rut peut se retrancher avec une biche en chaleur. Néanmoins, au fil des ans, j’ai déjà trouvé un couple de cerfs au repos dans d’étranges endroits, comme en bordure d’un bûché, dans un épais bosquet poussant sur la berge d’une rivière et, aussi incroyable que ça puisse sembler, j’en ai même surpris couchés dans un fossé le long d’un chemin de débardage. Tous ces endroits marginaux sont exactement ceux où un chasseur néophyte tombe par hasard sur un superbe buck en compagnie d’une femelle et récolte ainsi son premier buck! Je crois que ces mâles matures ont appris à la dure, à l’école du rut, à se retirer là où l’on ne trouve généralement pas de chevreuils. Un chasseur de chevreuil expérimenté évitera ces « zones mortes » parce qu’il sait que les cerfs n’utilisent pas ces zones, mais un nouveau venu n’est pas handicapé par ce qu’on appelle la connaissance et il y chassera! Si vous ne voyez pas de mâles en rut, alors pensez comme un mâle en rut et cherchez un peu d’intimité pendant la saison des amours. Rappelez-vous : un couple de cerfs de Virginie ne restera pas là longtemps, deux ou peut-être trois jours au mieux, avant que la biche soit accouplée et que le buck reparte patrouiller pour dénicher d’autres femelles. La recette ici est de se faufiler à bon vent et de vérifier ces repères secrets en mi-journée, ou d’y avoir un mirador en place avant le rut. D’une façon ou d’une autre, ne perdez pas votre temps à chasser là tant que vous n’y voyez pas un buck accompagnant une femelle en milieu de journée. Ça y est! Si vous pouvez éviter ces sept erreurs pendant le rut cet automne, vos chances de récolter un mâle mature monteront en flèche. Je vous le garantis! L’auteur, Bill Vaznis, a signé et collaboré à près de 1200 articles et chroniques portant sur le chevreuil qui ont été publiés dans de réputés magazines américains, dont Deer & Deer Hunting, Whitetail Hunting Strategies et Bowhunter World. Il est également l’auteur de trois livres portant sur la chasse au chevreuil. Il réside tout près du Québec, dans le nord de l’État de New York. Pour entendre les différents sons de chevreuils mentionnés par l’auteur, visitez le www.aventure-chasse-peche-video.com à la section Magazine en cours. 7e erreur : éviter les secteurs « marginaux » où il n’y a habituellement pas de chevreuils Bill Vaznis Quand un mâle mature est aux crochets d’une biche sur le point d’être en œstrus, il la pousse souvent dans un secteur isolé où les autres mâles ne pourront pas la trouver, comme un monticule herbeux surplombant un pâturage ou un îlot de conifères au beau milieu d’un champ agricole. Ces endroits sont généralement dépourvus de signes frais et, par conséquent, reçoivent très peu de pression de chasse. Si vous regardez de près cependant, vous pouvez y trouver une collection de frottages 40 Hiver 2012 www.aventure-chasse-peche.com