Ramones : 18 nouvelles punk et noires

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Ramones : 18 nouvelles punk et noires
Ramones : 18 nouvelles punk et noires
GENCOD : 9782283024904
PASSAGE CHOISI
Extrait de l'avant-propos de Michka Assayas
«Aussi spontané que le trou de son pantalon», disait la légende d'une petite photo noir et
blanc parue dans Rock & Folk. C'était en 1976. Quatre abrutis habillés pareil devant un
grillage : vieille coupe Beatles, Perfecto, T-shirt blanc minable, jeans troués aux genoux,
baskets élimées. Philippe Garnier dénonçait l'arnaque : les Ramones étaient des branleurs,
des tocards, un cartoon sur pattes, un boys band avant la lettre, un pois chiche à la place du
cerveau. Bon, c'était vrai. Mais, désolé, Philippe, c'est eux qui avaient raison.
En 1976, la «pop music», c'était du sérieux. Du lourd. Led Zeppelin venait de sortir un double
album indigeste, Mike Oldfield une «suite» orchestrale de quarante minutes. John
McLaughlin, un virtuose génial de la guitare, intimidait toute une génération. Et voilà que
débarquent quatre crétins fiers de l'être avec leurs gueules d'idiots et leurs chansons débiles
de dessin animé. Ils criaient à l'unisson «Hey Ho, Let's Go !» ou «Gabba Gabba Hey !». À
côté, Patti Smith, c'était Roland Barthes.
Les Ramones, c'était un plaisir coupable. Sauf qu'à la différence de Slade ou de Gary Glitter,
les Ramones étaient cool. Pourquoi ? New York, la rue, la marginalité, le minimalisme, le noir
et blanc, tout ça... Lou Reed et le Velvet Underground étaient passés par là. Étrangement,
ces branleurs et ces ratés faisaient rêver.
La première fois que j'ai vu Hendrix à la télé, j'étais plié de rire : un mec qui jouait de la
guitare avec les dents, c'est quoi, ce cirque ? La première fois que j'ai écouté le premier
album des Ramones, pareil. Quatorze fois la même chanson d'une minute quarante-cinq, le
même accompagnement accéléré et bourdonnant, la même voix de Donald, c'était du
foutage de gueule. «Blitzkrieg Bop», on aurait dit une nouvelle marque de chewing-gum.
Les Ramones ont fait tomber les murs : du solennel, du «crédible», de l'«authentique». Avec
leur insolence, leur je-m'en-foutisme, leur nihilisme, ils ont ramené le rock en enfance. Ils ont
fait hurler les grands : ceux qui vénéraient les grands génies de la musique, comme Santana
et Pink Floyd, bien sûr; ceux qui ne juraient que par les Stones, parce que ça, c'était du rock,
du vrai ; ceux qui lisaient John Lennon et Lou Reed dans le texte, qui voyaient dans le rock
l'expression de «la révolte contre la société». Tous, ils ont dit : «Vade rétro !»
Qui étaient les Ramones ? Jeff, dit Joey, un asocial passé par l'hôpital psychiatrique,
squattait une galerie d'art gérée par sa mère ; Doug, dit Dee Dee, le plus dangereux de la
bande, un fils de militaire à qui son enfance en Allemagne de l'Ouest avait tapé sur la tête,
collectionnait les poignards et avait fait de la taule ; Johnny, un dur qui travaillait sur des
chantiers, fan d'Iggy Pop, reniflait de la colle et des produits solvants ; et enfin il y avait
Tommy, le survivant, le batteur pro grâce à qui l'édifice a pu tenir en place. Sans ces
quatre-là, pas de Sex Pistols, pas de Clash, pas de punk rock.
REVUE DE PRESSE
Libération du 24 mars 2011
Un hommage, 18 nouvelles-déclarations d'amour : avec Ramones, si on plonge dans le noir,
c'est pour rallumer une flamme plutôt qu'interroger quoi que ce soit. Raccord avec le sujet de
cet ouvrage collectif, le légendaire groupe de braillards punks new yorkais...
La suite s'organise autour de la discographie de Joey et consorts, dans une ambiance Pieds
Nickelés du meilleur effet.
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