ESPAGNE – Scénario macroéconomique 2016

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ESPAGNE – Scénario macroéconomique 2016
Apériodique – n°16/126 – 29 avril 2016
ESPAGNE – Scénario macroéconomique 2016-2017
Une croissance résiliente, mais jusqu’à quand ?
 En dépit du blocage politique du pays
depuis les élections de décembre 2015, la
croissance espagnole résiste au premier
trimestre 2016.
 Nous maintenons notre prévision d’un
ralentissement graduel de l’activité à +2,7%
en 2016 et +2,2% en 2017, après le pic de
+3,2% en 2015.
 La croissance continuera de s’appuyer sur
une demande intérieure dynamique, en
particulier grâce aux créations d’emplois et
au maintien de prix bas de l’énergie au
premier semestre qui favorisent les gains de
pouvoir d’achat des ménages espagnols.
 Si l’impact de ces éléments sur la
croissance s’estompera graduellement, la
politique monétaire accommodante de la
BCE devrait contribuer à soutenir l’activité
ces deux prochaines années.
 Les exportations espagnoles devraient être
moins dynamiques en raison d’une baisse
de la demande des pays émergents et de
gains de compétitivité moindres, du fait de
l’arrêt de la modération salariale et la fin de
la dépréciation de l’euro fin 2015. La bonne
tenue de la demande européenne devrait
permettre de limiter l’impact négatif des
exportations nettes sur la croissance.
 Notre scénario s’appuie sur un déblocage
de la situation politique au second
semestre, mais le risque politique reste
latent et pourrait peser sur nos prévisions,
d’autant que le gouvernement a largement
manqué sa cible budgétaire en 2015.
pp a/a
Contributions à la croissance - a/a
4
2
0
-2
-4
-6
1 2 3 4 1 2 3 4 1 2 3 4 1 2 3 4 1 2 3 4 1 2 3 4
2012
2013
2014
2015
Conso privée
Investissement
Exports nets
Source : Eurostat, Crédit Agricole S.A.
2016p 2017p
Conso publique
Var. stocks
PIB
p : prévision
La croissance trimestrielle est restée
stable à 0,8% au second semestre 2015
Avec 3,2% en 2015, l’Espagne a connu une
croissance annuelle record depuis 2007,
largement portée par le rebond de la demande
intérieure, dont la contribution à la croissance s’est
élevée à +3,6 points en 2015. Représentant
2,2 points de PIB, la dépense de consommation
finale a été le principal facteur de rebond de la
demande intérieure. Tirée par la consommation
privée, elle a également été soutenue par la
hausse marquée de la consommation publique,
dont la croissance est positive pour la première
fois depuis 2010. Se creusant à -0,4 point de PIB
en 2015, la contribution à la croissance des
exportations nettes a atteint un plus bas depuis
2007. La forte augmentation, de 7,5%, des
importations, induite par la reprise intérieure, n’a
été compensée qu’en partie par la hausse de la
demande extérieure.
En variation sur un an, la croissance espagnole a
continué d’accélérer, atteignant 3,5% au T4 2015,
après 3,4% au T3 et 2,7% au T1 2015.
Études Économiques Groupe
http://etudes-economiques.credit-agricole.com
ESPAGNE :
Une croissance résiliente, mais jusqu’à quand ?
Léopold JOUVEN
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Toutefois, le profil sur l’année 2015 fait ressortir
une stabilisation de la croissance trimestrielle à
0,8% au T4 2015 comme au T3, en ralentissement
par rapport au premier semestre. La croissance au
T4 2015 a été soutenue par la bonne tenue de
l’investissement en fin d’année 2015 (+1,1% au
T4 par rapport au T3) et par une consommation
publique toujours en hausse (+0,4%). Ce, en dépit
du moindre dynamisme de sa principale
composante, la consommation privée, qui
enregistre une croissance trimestrielle plus faible,
à 0,7% au T4 2015 après 1,1% au T3.
Parallèlement, l’économie espagnole a bénéficié
d’une décélération de ses exportations de biens et
services inférieure à celle de ses importations,
permettant d’afficher une contribution positive à la
croissance du PIB des exportations nettes de
0,2 point au dernier trimestre 2015, un plus haut
depuis 2013. Celle-ci a néanmoins été compensée
par une contribution négative équivalente des
variations de stocks.
Créations d’emplois, assouplissement
monétaire et pétrole bon marché sont à
l’origine de la reprise en 2014-2015
La croissance de la consommation privée est
redevenue positive début 2014 et n’a eu de cesse
d’accélérer jusqu’à mi-2015. Le revenu disponible
brut (RDB) des ménages est fortement reparti à la
hausse, suite à l’accélération en 2015 de la reprise
observée sur le marché du travail l’année
précédente. Après avoir enregistré environ
3,7 millions de destructions nettes d’emplois de
2008 à 2013, dont la moitié dans le secteur
construction-immobilier et le tiers dans l’industrie,
la tendance s’est inversée avec près de 700 000
créations
nettes
d’emplois
depuis
2014,
principalement dans les secteurs des services nonfinanciers et non-immobiliers.
du contexte déflationniste (cf. infra), dû dans un
premier temps au maintien de la modération
salariale, et renforcé par la chute des cours du
pétrole ensuite. Les ménages espagnols ont
également bénéficié, dès 2015, de mesures de
baisse de l’impôt sur le revenu, initialement
prévues en 2016 par le gouvernement sortant.
Apportant une plus grande flexibilité salariale et
interne aux entreprises, les réformes du marché du
travail entre 2010 et 2012 ont facilité les créations
d’emplois lors de la reprise de l’activité à partir de
2014, tout en maintenant la modération salariale.
Elles ont donc permis à l’emploi de bénéficier plus
largement du redémarrage cyclique amorcé en
2014. Ainsi, après avoir cumulé une baisse de
17% entre 2008 et 2013 et quasiment stagné en
2014, la masse salariale a crû de 4% en 2015.
Ayant augmenté plus vite que l’emploi salarié tout
au long de l’année, 2015 aura été la première
année de hausse continue des salaires en
situation de création d’emplois depuis 2008.
La hausse des coûts salariaux dans le secteur
privé en début d’année 2015 a cependant été
compensée par une forte accélération de la
productivité en fin d’année, permettant ainsi aux
entreprises espagnoles de maintenir un taux de
marge autour de 45% depuis 2014, et de
conserver un rythme soutenu d’investissement en
fin d’année. L’assouplissement quantitatif de la
BCE a également bénéficié au secteur privé
espagnol via des taux d’intérêt historiquement bas
et au secteur exportateur via la dépréciation du
taux de change qui, cumulé à l’ajustement des
coûts salariaux, lui permet de gagner des parts de
marché à l’exportation et ainsi de profiter de la
demande des pays émergents et de la reprise
européenne.
% a/a
Ménages: consommation et emploi % a/a
600
4
300
2
0
0
Entreprises : coûts, productivité et
investissement dans l'économie
6
3
0
-3
-300
-2
-600
-4
-900
-6
123412341234123412341234
2010
2011
2012
2013
2014
2015
Créations annuelles d'emplois (milliers)
Revenu disponible brut réel* (éch. dte)
Consommation réelle* (éch. dte)
Source : INE, Crédit Agricole S.A.
*annualisé
Les gains de pouvoir d’achat liés à la hausse du
revenu disponible brut ont été importants, du fait
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-6
-9
1 2 3 4 1 2 3 4 1 2 3 4 1 2 3 4 1 2 3 4 1 2 3 4
2010
2011
2012
2013
2014
2015
Coût salarial unitaire
Coût salarial par tête
Productivité par tête
FBCF réelle totale
Source : Eurostat, Crédit Agricole S.A.
Contribuant à hauteur de 1,3 point à la croissance
en 2015, l’investissement a été l’autre pilier de la
croissance espagnole. Il a été principalement tiré
par la dépense en machines-équipements
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Une croissance résiliente, mais jusqu’à quand ?
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(0,7 point) et en construction hors-logement
(0,4 point). En effet, l’investissement des ménages
n’a que très peu rebondi en 2015 : leur taux
d’épargne étant resté stable autour de 9,5% du
RDB
depuis
2013,
ils
favorisent
ainsi
consommation et désendettement. Néanmoins, on
observe en 2015 une première hausse depuis
2007 de l’investissement en construction, laissant
augurer une reprise de l’activité dans le secteur en
2016.
C’est donc principalement le dynamisme affiché du
secteur des services non-financiers et du secteur
public, dont les salariés ont bénéficié du versement
anticipé d’une prime, qui ont tiré la reprise de la
consommation et de l’emploi, tandis que les
secteurs les plus touchés par la crise, comme la
construction et l’industrie, semblent être encore en
phase d’ajustement. De ce point de vue, la
situation du secteur exportateur, qui enregistre
toujours des coûts salariaux unitaires (CSU) en
baisse, est assez hétérogène : la baisse des CSU
étant dominée par la baisse des coûts salariaux
par tête dans l’industrie, tandis qu’elle est dominée
par la hausse de la productivité dans le secteur
commercial et touristique.
Une décélération graduelle de l’activité
en 2016
Nous anticipons un ralentissement de la
consommation privée en raison de la remontée de
l’inflation, en lien avec la reprise à la hausse des
cours du pétrole. Très dépendant des importations
d’hydrocarbures, le prix de l’énergie est l’unique
composante tirant l’inflation en territoire négatif
depuis fin 2014 (-1% en février 2016), tandis que
l’inflation sous-jacente est positive (+0,8% en
février 2016) et en hausse continue depuis un an.
pp a/a
3
Inflation annuelle
2
1
0
-1
-2
2013
2014
2015
2016
IPCH - énergie
IPCH - hors-énergie
IPCH - % a/a
Sous-jacent - % a/a
Source : Eurostat, Crédit Agricole S.A.
Les premières données « dures » disponibles sur
les deux premiers mois de l’année 2016 indiquent
un prolongement de la tendance observée en fin
d’année dernière, avec un ralentissement contenu
N°16/126 – 29 avril 2016
de la croissance trimestrielle à 0,7% au premier
trimestre de 2016. Au vu de l’acquis de croissance
négatif pour le T1 de la production industrielle en
février, le ralentissement s’accentuerait dans le
secteur industriel, après une très forte accélération
au cours de l’année dernière. La bonne tenue des
ventes au détail (acquis de croissance de +0,5%
sur le T1) indique que les services devraient
continuer à tirer la croissance en début d’année
2016, toujours soutenue par les gains de pouvoir
d’achat des salariés espagnols.
% t/t
Indicateurs d'activité et d'emploi
1,8
1,2
0,6
0,0
-0,6
-1,2
-1,8
1 2 3 4 1 2 3 4 1 2 3 4 1 2 3 4
2013
2014
PIB en volume
Ventes au détail
Source : INE, Crédit Agricole S.A.
2015
2016*
Production industrielle
Emploi
*acquis / prévision PIB
En effet, la hausse de 0,5% par rapport au
trimestre précédent du nombre de travailleurs
affiliés à la Sécurité sociale au T1 2016 montre
que les créations d’emplois se sont poursuivies et
pourraient même légèrement s’accélérer dans le
secteur manufacturier au deuxième trimestre,
d’après la hausse des composantes emplois des
indicateurs avancés que sont les enquêtes auprès
des directeurs d’achat (PMI) et de confiance
économique (ESI).
PMI (>50=
ESI (100=
Enquêtes PMI et ESI
expansion)
lg terme)
60
120
58
116
56
112
54
108
52
104
50
100
48
96
46
92
44
88
42
84
40
80
2012
2013
2014
2015
2016
PMI composite
Economic sentiment index
Source : Markit, CE, Crédit Agricole S.A.
Confortées par la stabilisation de leurs carnets de
commande, les entreprises espagnoles n’anticipent
pas de baisse marquée de leur activité et semblent
maintenir leurs projets d’embauches, mais leur
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ESPAGNE :
Une croissance résiliente, mais jusqu’à quand ?
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investissement devrait ralentir avec la stabilisation
au T1 2016 de leur taux d’utilisation des capacités
productives en-deçà de son pic de mi-2015.
Du côté du secteur externe, le moindre dynamisme
des échanges espagnols observé en fin d’année
devraient se maintenir en raison d’une demande
moins vigoureuse tant en provenance des
économies émergentes que du secteur privé
domestique. Cependant, l’indicateur IEP des
nouvelles commandes industrielles montre que la
demande en provenance de l’Union européenne,
qui représente environ deux tiers des exportations
de biens espagnoles, reste robuste et devrait
permettre de compenser en partie la baisse de la
demande des pays émergents, dans un contexte
de stabilisation du taux de change effectif réel
depuis le second semestre 2015, après avoir
reculé de 8% entre décembre 2013 et mars 2015.
Par ailleurs, la bonne tenue des principaux
indicateurs du tourisme international nous suggère
que la croissance des exportations de services
devrait légèrement reculer mais se maintenir à un
rythme toujours soutenu, après avoir fortement
accéléré fin 2015. Plus généralement, la
contribution à la croissance des exportations
nettes de biens et services devrait ainsi rester
légèrement négative tout au long de 2016, mais
nous nous attendons à ce qu’elles pèsent moins
sur la croissance espagnole qu’en 2015, en raison
du ralentissement de la demande intérieure.
>50 =
Exportations et
commandes manufacturières expansion
% a/a
60
12
55
7
2
50
-3
-8
45
1
2
3
4
1
2
3
4
1
2
3
4
1
2013
2014
2015
2016
Services
Biens
Source : INE, Markit,
Exports de B&S en volume
Crédit Agricole S.A.
IEP - commandes étrangères
PMI manuf - commandes export (éch. dte)
Mais de nombreuses incertitudes font
peser un risque sur la croissance
Podemos (gauche radicale) de soutenir l’alliance
entre le Parti socialiste (PSOE, centre-gauche) et le
nouveau Parti de centre-droit Ciudadanos, le roi a dû
renoncer à nommer un nouveau Premier ministre et
a été amené à prononcer la dissolution du Congrès.
De nouvelles élections se tiendront donc le 26 juin.
S’il semble acquis, au vu des derniers sondages,
que la composition du Congrès n’en restera pas
moins fragmentée, nous considérons que ces
élections devraient toutefois déboucher sur la
formation d’un gouvernement, même minoritaire.
Tout d’abord, parce que les sondages ont montré
une hausse de l’opinion positive envers les partis
qui tentaient de négocier, ce qui limite, à nos yeux,
le gain politique lié à des stratégies de
négociations dures de Podemos ou attentistes du
Parti populaire (PP). Enfin, les équilibres politiques
de décembre 2015 pourraient être tout de même
modifiés à la marge autour des trois principales
lignes de fracture :
 droite / gauche = 51% / 49% (déc. 2015) ;
 partis traditionnels / nouveaux / régionalistes
= 62% / 31% / 7% (décembre 2015) ;
 unionisme / droit à l’auto-détermination
= 72% / 28% (décembre 2015).
Grâce à la très bonne dynamique de Podemos
dans la dernière semaine des élections du
20 décembre, la gauche (PSOE, Podemos, IU et
les partis régionaux ERC et EH Bildu) s’est
retrouvée majoritaire de manière inattendue.
L’opposition du PSOE face aux autres formations
de gauche sur la question régionaliste a cependant
rendu impossible la formation d’un gouvernement.
La remontée de Ciudadanos, qui a montré sa
volonté de collaborer avec les partis traditionnels,
dans une certaine mesure, et la résilience du PP
dans les sondages pourraient ainsi permettre à ces
deux partis d’être en position de former un
gouvernement de droite, quand bien même elle ne
puisse plus compter sur l’appui de la droite
catalane en raison de son virage indépendantiste.
20-déc
Projection de sièges
Moy. Avril
350
300
71
64
200
90
89
150
40
47
123
127
250
100
En raison d’un paysage politique fragmenté,
le prochain gouvernement restera fragile…
L’incertitude politique qui dure depuis les élections
générales du 20 décembre 2015 (cf. Europe L'actualité de la semaine) semble ne pas avoir
entravé en ce début d’année la reprise de l’économie
espagnole. Suite au récent refus des militants de
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50
0
déc.-15 janv.-16 févr.-16 mars-16 avr.-16 mai-16
PP
Ciudadanos
PSOE
Podemos et IU-UP
Indépendantisme catalan
Autres régionalistes
Source : El Mundo, Crédit Agricole S.A.
4
ESPAGNE :
Une croissance résiliente, mais jusqu’à quand ?
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Si le projet sécessionniste catalan a bel et bien été
relancé avec la mise en place de la feuille de route
de la majorité d’union indépendantiste en ce début
d’année, une déclaration unilatérale nous semble
toujours très peu probable à moyen terme (cf.
Espagne : L'indépendance catalane est encore
loin), d’après les dernières déclarations du
président de la Généralité et du fait de l’opposition
du PSOE et de la droite. Au vu des dernières
négociations au niveau national, seule une percée
significative, et inattendue, des partis de la gauche
radicale, Podemos et Union Populaire, pousserait
le PSOE à reconsidérer sa position. La formation
d’un gouvernement dirigé par le PP au cours de
l’été apparaît ainsi comme le résultat le plus
probable mais il est encore difficile de dire s’il sera
majoritaire et qui en sera le président.
… et sera sous la pression de Bruxelles pour
relancer l’effort budgétaire structurel.
Dans tous les cas, le nouvel exécutif aura peu de
marges de manœuvre budgétaire. Le déficit public
n’a en effet été réduit « que » de 0,8 point en 2015
et a atteint 5,1% du PIB, alors que la cible était de
4,2% dans le Programme de stabilité et de
croissance 2015 (PSC) et avait été reprise dans le
Projet de loi de finance 2016 (PLF). Comme l’avait
exprimé la Commission européenne (CE) dans ses
prévisions d’hiver, le gouvernement sortant s’est
largement reposé sur le cycle pour réduire le
déficit, interrompant son effort d’augmentation de
l’excédent structurel primaire, qui se stabiliserait
autour de 0,3% du PIB en 2016, contre 1,7% en
2014.
% PIB
Finances publiques
1
-1
+0,3
+0,3
+1,7
+1,5
+0,2
-0,4
Alors que l’Etat central et les collectivités locales
ont dépassé leurs objectifs en enregistrant un
excédent primaire, l’aggravation du déficit de la
Sécurité sociale à 1,3% du PIB, contre une cible
de 0,6%, est donc l’un des principaux facteurs de
déviation du déficit en 2015. L’autre facteur a été
l’incapacité des Communautés autonomes (CCAA)
à réduire leurs dépenses. Le déficit régional s’est
ainsi stabilisé à 1,7% du PIB en 2015, tandis qu’un
objectif de réduction d’un point avait été assigné
aux CCAA.
% PIB
1
Solde public par administration
+0,4
+0,6
+0,6
-1
-2,6
-3,7
-4,8
-2,2
-0,7
-3
-1,7
-1,7
-5
-1,6
-1,3
-1,0
-7
-9
0,0
-1,1
-0,7
-3,6
-5,1
-5,9
-6,9
2013
2014
2015
2016*
Central - primaire
Central - intérêts
Régions - primaire
Régions - intérêts
Coll. Locales
Sécu. Sociale
Solde budgétaire
Source : IGAE, Crédit Agricole S.A.
*cible de solde total
-2,6
-3
-3,6
-5
-5,1
-7
-6,9
-5,9
-9
-11
avait été suspendue depuis 2012. Outre la baisse
anticipée de l’impôt sur le revenu, la contreperformance des recettes en pleine reprise
économique provient en grande partie du recul des
cotisations sociales, principalement lié aux
abattements fiscaux accordés pour les embauches
en CDI, alors que l’emploi reste toujours bien
inférieur à son niveau d’avant-crise. Par ailleurs, le
contexte déflationniste renchérit mécaniquement le
paiement des prestations sociales.
-10,4
2012
2013
2014
2015
2016
2017
Composante cyclique
Intérêts
Mesures temporaires
Solde structurel primaire
Solde budgétaire
Cible PSC 2016
Cible PLF 2016
Source : AMECO (prév. actualisées), Crédit Agricole S.A.
Au niveau agrégé, cette déviation par rapport à la
cible est due à une réduction insuffisante de la
dépense par rapport à l’objectif de baisse annuelle
de 1,5 point de PIB et, surtout, au recul des
recettes de 0,4 point de PIB, alors qu’elles avaient
été anticipées comme stables dans le PLF 2016 et
les dernières estimations de la CE. Côté dépense,
ce résultat s’explique par la reprise du versement
d’une prime aux fonctionnaires de l’Etat central qui
N°16/126 – 29 avril 2016
Ces signaux contradictoires provenant des soussecteurs de l’administration publique espagnole font
émerger quelques doutes quant à la capacité de
pilotage des finances publiques par l’Etat central au
vu du non-respect tant à la hausse qu’à la baisse des
objectifs fixés, en dépit de l’adoption en 2012 de la loi
de stabilité budgétaire (cf. Espagne : des risques
politiques contenus). A l’instar du PSC européen,
celle-ci permet à l’Etat central d’adopter des mesures
coercitives à l’encontre des régions ne respectant
pas leur objectif budgétaire, ce que la CE a
recommandé au gouvernement intérimaire. L’Etat
central n’y a eu jusqu’à présent qu’un recours très
limité.
Dans le cadre du PSC 2016, qu’il doit soumettre à
la Commission d’ici fin avril, le gouvernement a
finalement revu à la baisse son objectif de déficit
en s’alignant sur les prévisions de la Commission
et repoussant sa sortie de procédure de déficit
excessif (PDE) en 2017, avec un retour sous la
5
ESPAGNE :
Une croissance résiliente, mais jusqu’à quand ?
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barre des 3%. D’après la presse espagnole, la CE
accepterait ce report mais il est très probable
qu’elle demande un effort structurel accru pour
assurer la consolidation budgétaire. Si l’alignement
des prévisions de croissance du gouvernement sur
celles du consensus et les nouveaux objectifs
rendent plus crédible la trajectoire budgétaire,
l’exécutif continue à faire porter le gros de l’effort
budgétaire sur les régions, qui ont majoritairement
basculé dans l’opposition depuis l’année dernière.
En cas de maintien du PP au pouvoir, la tâche ne
sera donc pas simple pour le nouveau
gouvernement, qui pourrait ainsi se retrouver pris
en tenaille entre Bruxelles et les régions, en
particulier, Barcelone, la Catalogne présentant le
déficit régional le plus élevé (2,7% de son PIB). De
nouveau dégradée en début d’année, la région
reste dépendante des financements de l’Etat
central et est le principal bénéficiaire du Fonds de
financement des CCAA (FFCA). Ce qui pourrait
compliquer les relations entre la Généralité et la
capitale espagnole. L’Espagne devra donc
probablement faire évoluer son mode de
financement. Si l’incertitude politique devrait
diminuer avec la formation d’un gouvernement, elle
ne devrait pas complètement disparaître au vu des
défis qui l’attendent.
plus fortement encore les créations d’emplois et
l’investissement.
Bien que le taux de chômage espagnol ait reculé
de près de 6 points ces trois dernières années, à
20,4% en février 2016, il reste le plus élevé des
pays de la zone euro après la Grèce. Un
ralentissement de la résorption du chômage
pourrait avoir un fort impact sur la consommation,
dans un contexte de faible croissance des salaires,
mais également sur le contexte politique à moyen
terme. De plus, la moitié des créations d’emplois
depuis 2014 sont des contrats temporaires,
majoritairement dans les services, ce qui ne résout
pas les problèmes de précarité et de pauvreté
apparus pendant la crise.
milliers de Créations
personnes
1 000
annuelles d'emplois
500
0
-500
-1 000
-1 500
2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015
Une chute de confiance pourrait aggraver le
ralentissement de l’activité, dans un contexte
d’exposition accrue aux chocs externes
Les rendements des obligations espagnoles
restent relativement stables, en particulier grâce à
la politique monétaire de la BCE, mais un nouveau
blocage politique sur fond de dérive budgétaire et
de rivalité régionale pourrait provoquer de
nouvelles tensions et ainsi durablement déprimer
la confiance des agents économiques, ralentissant
Indépendants
Salarié - temporaire
Source : INE, Crédit Agricole S.A.
2014 2015 2016 2017
Emplois
De plus, quand bien même l’endettement public
semble se stabiliser autour de 100% du PIB en 2015
et le désendettement privé être toujours à l’œuvre
(baisse de 10 points environ à 176% du PIB en
2015), leur niveau toujours élevé continue à rendre
l’Espagne vulnérable aux chocs externes. 
Moyenne annuelle
(% a/a)
Espagne
Salarié - Permanent
Variation trimestrielle (% t/t)
1
2015
2
3
4
1
2016
2
3
4
1
2017
2
3
4
PIB
Consommation privée
Consommation publique
Investissement
Demande intérieure*
Exportations nettes*
Variation de stocks*
1,4 3,2
1,2 3,1
-0,0 2,7
3,5 6,4
1,3 3,6
-0,1 -0,4
0,1 -0,0
2,7 2,2
3,5 2,5
-0,0 0,2
4,7 3,3
3,0 2,2
-0,1 -0,0
-0,1 0,0
0,9 1,0 0,8 0,8 0,7 0,6 0,5 0,5 0,5 0,6 0,6 0,6
0,8 0,8 1,1 0,7 1,0 0,9 0,7 0,6 0,6 0,6 0,6 0,6
1,9 0,7 0,5 0,4 -0,5 -0,3 -0,1 0,0 0,1 0,2 0,2 0,1
1,6 2,3 1,3 1,1 1,2 1,0 0,8 0,8 0,8 0,8 0,8 0,7
1,1 1,1 1,0 0,7 0,7 0,7 0,5 0,5 0,5 0,5 0,5 0,5
-0,4 0,0 -0,3 0,2 -0,0 -0,1 -0,1 -0,1 0,0 0,0 0,1 0,1
0,2 -0,1 0,1 -0,2 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0
Taux de chômage
Inflation annuelle
Solde public (% PIB)
24,5 22,2 20,5 19,7
-0,2 -0,6 -0,6 1,1
-5,9 -5,1 -4,4 -3,4
23,1 22,5 21,7 20,9 20,5 20,2 20,0 19,8 19,6 19,4 19,2 19,0
-1,1 -0,3 -0,6 -0,5 -0,8 -1,1 -0,7 0,1 1,2 1,1 1,1 1,0
* Contribution à la croissance du PIB
Source : Crédit Agricole SA, prévisions
N°16/126 – 29 avril 2016
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ESPAGNE :
Une croissance résiliente, mais jusqu’à quand ?
Léopold JOUVEN
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Crédit Agricole S.A. — Études Économiques Groupe
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N°16/126 – 29 avril 2016
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