Concurrences - Microeconomix
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Concurrences Revue des droits de la concurrence Competition Law Journal Remèdes et contrôle des concentrations Conférence 20 avril 2012 Colloque l Concurrences N° 3-2012 www.concurrences.com Gildas de Muizon [email protected] l Économiste et Directeur associé, Microeconomix Justin Menezes [email protected] l Directeur, CompetitionRx Emmanuel Frot [email protected] l Économètre senior, Microeconomix Matthew Gaved [email protected] l Associé fondateur, CompetitionRx @ Colloque @ The papers of this conference appear in the online version of the Journal www.concurrences.com Vendredi 20 avril 2012 8h30-13h00 (GMT+0100) Paris, France Remèdes et contrôle des concentrations : Efficacité, suivi et respect des engagements Concurrences Revue des droits de la concurrence Session 1 Évolutions récentes en matière de remèdes Modérateur l Thomas Hoehn Director, IP Research Centre, Imperial College, London et fondateur de CompetitionRx Les lignes directrices américaines en matière de remèdes Programme Howard Shelanski l Professeur de droit, Georgetown University Quelles évolutions depuis l’étude des mesures correctives de 2005 ? Sophie Moonen l Chef d’unité f.f., C5, DG COMP Les remèdes en Europe : Une analyse statistique sur la période 2005-2011 Emmanuel Frot Justin Menezes l Economètre senior, Microeconomix l Directeur, CompetitionRx Session 2 Suivi et respect des engagements Modérateur l François Lévêque Professeur d’économie à Mines ParisTech, associé fondateur de Microeconomix Respect des engagements : Un casse-tête pour les entreprises ? Pascal Wilhelm l Avocat, associé - managing partner de Wilhelm & associés Bonnes pratiques dans le suivi des engagements Matthew Gaved l Fondateur de CompetitionRx Le respect des engagements : Activité récente de l’Autorité de la concurrence Fabien Zivy Concurrences N° 3-2012 I Colloque l Chef du service juridique de l’Autorité de la concurrence 1 Remèdes et contrôle des concentrations Remèdes et contrôle des concentrations @ Colloque Gildas de Muizon [email protected] Économiste et Directeur associé, Microeconomix Justin Menezes [email protected] Directeur, CompetitionRx Propos Introductifs Gildas de Muizon Économiste et Directeur associé, Microeconomix Emmanuel Frot [email protected] Économètre senior, Microeconomix Matthew Gaved [email protected] Associé fondateur, CompetitionRx 1. Quoi de neuf depuis l’étude sur les remèdes publiée par la Commission européenne en octobre 2005 ? Rappelons que cette étude a montré que les engagements comportementaux étaient fréquemment utilisés malgré les réserves formulées à leur égard, notamment en termes d’efficacité. Elle mettait également en évidence que l’efficacité ex post des remèdes s’avérait médiocre, voire mauvaise. Le choix critiquable et le suivi approximatif des mandataires est une des raisons pointées par l’étude à l’origine de cette situation. 2. Sans aucun doute d’importants progrès ont été réalisés au cours des sept dernières années. Selon de nombreux praticiens, les cessions d’actifs sont de mieux en mieux effectuées ; les mandataires se sont professionnalisés et sont mieux sélectionnés ; enfin, les remèdes sont mis en œuvre plus rapidement et plus efficacement. Ces tendances sont-elles confirmées par les statistiques ? Abstract The question of remedies, their design, their effectiveness, their implementation and their monitoring is a challenging issue for both the competition authorities and merging companies. The articles in this issue transcribe some interventions made at the recent conference organized by CompetitionRx and Microeconomix La question des remèdes, de leur conception, de leur efficacité, de leur mise en œuvre et de leur contrôle est un enjeu-clé tant du côté des autorités de concurrence que du côté des entreprises qui les proposent. Les articles de ce dossier transcrivent certaines interventions de la conférence récemment organisée par les cabinets CompetitionRx et Microeconomix 3. On observe également plus d’innovations en matière de remèdes. Lorsque les spécificités du cas l’exigent, les autorités de concurrence (et notamment l’autorité française) n’hésitent pas à sortir des sentiers battus et à participer à la conception de remèdes originaux. Mais le recours à des remèdes innovants et inédits n’augmente-il pas l’incertitude sur l’efficacité et les difficultés de suivi d’exécution ? 4. En outre, dans certains cas, les remèdes peuvent être très nombreux, plus complexes et courir sur une plus longue période. L’incertitude sur leur efficacité à résoudre correctement les problèmes de concurrence identifiés s’accroît alors. L’allongement de la durée de vie des remèdes augmente le risque qu’en raison de changements observés sur les marchés, les remèdes initiaux ne soient plus appropriés ni utiles. Doit-on alors forcer les entreprises à respecter des engagements qui ne sont plus efficaces ? 5. Enfin, les remèdes sont parfois seulement partiellement mis en œuvre par les entreprises. Une fois l’autorisation de fusion obtenue, certaines peuvent croire que l’Autorité de la concurrence se montrera conciliante ou que le risque de sanction pécuniaire est inférieur aux coûts de respect total des engagements. Comment améliorer la compliance dans ce domaine ? 6. Les cabinets CompetitionRx et Microeconomix ont uni leurs forces pour organiser cette matinée de débat et réunir, parmi les meilleurs praticiens du droit de la concurrence et personnalités du monde académique, des intervenants de hautniveau. La question des remèdes suscite un grand intérêt. Nous avons tous en tête la décision prise par l’Autorité de la concurrence en septembre dernier. Au‑delà de son caractère spectaculaire, elle invite à la réflexion. Elle n’est que la pointe visible de l’iceberg, la conception des remèdes, leur mise en œuvre, leur suivi et leur efficacité constituant autant d’enjeux-clés des opérations de concentration soulevant des préoccupations de concurrence. La question des remèdes ne se limite en outre pas au seul contrôle des concentrations : en témoignent les nombreuses procédures contentieuses se concluant par la négociation d’engagements ainsi que la piste de réflexion ouverte par l’Autorité de la concurrence sur la question des injonctions structurelles. Concurrences N° 3-2012 I Colloque 2 Remèdes et contrôle des concentrations Ce document est protégé au titre du droit d'auteur par les conventions internationales en vigueur et le Code de la propriété intellectuelle du 1er juillet 1992. Toute utilisation non autorisée constitue une contrefaçon, délit pénalement sanctionné jusqu'à 3 ans d'emprisonnement et 300 000 € d'amende (art. L. 335-2 CPI). L’utilisation personnelle est strictement autorisée dans les limites de l’article L. 122 5 CPI et des mesures techniques de protection pouvant accompagner ce document. This document is protected by copyright laws and international copyright treaties. Non-authorised use of this document constitutes a violation of the publisher's rights and may be punished by up to 3 years imprisonment and up to a € 300 000 fine (Art. L. 335-2 Code de la Propriété Intellectuelle). Personal use of this document is authorised within the limits of Art. L 122-5 Code de la Propriété Intellectuelle and DRM protection. Conférence 20 avril 2012 1 Voir également la contribution de P. Wilhelm, “Le respect des engagements : le point de vue des entreprises dans le contrôle des concentrations”, Concurrences n° 1-2012, Tendances, p. 10. Concurrences N° 3-2012 I Colloque Ce document est protégé au titre du droit d'auteur par les conventions internationales en vigueur et le Code de la propriété intellectuelle du 1er juillet 1992. Toute utilisation non autorisée constitue une contrefaçon, délit pénalement sanctionné jusqu'à 3 ans d'emprisonnement et 300 000 € d'amende (art. L. 335-2 CPI). L’utilisation personnelle est strictement autorisée dans les limites de l’article L. 122 5 CPI et des mesures techniques de protection pouvant accompagner ce document. This document is protected by copyright laws and international copyright treaties. Non-authorised use of this document constitutes a violation of the publisher's rights and may be punished by up to 3 years imprisonment and up to a € 300 000 fine (Art. L. 335-2 Code de la Propriété Intellectuelle). Personal use of this document is authorised within the limits of Art. L 122-5 Code de la Propriété Intellectuelle and DRM protection. 7. Les articles qui suivent transcrivent les présentations de quatre intervenants1. Justin Menezes (directeur chez CompetitionRx) et Emmanuel Frot (économètre de Microeconomix) présentent les résultats d’une analyse statistique comparée des remèdes pris au niveau français et européen. Matthew Gaved (associé fondateur de CompetitionRx) récapitule les principales bonnes pratiques à adopter lors de la conception des remèdes. Enfin, Fabien Zivy (Chef du service juridique de l’Autorité de la concurrence) expose les enjeux et enseignements de l’activité récente de l’Autorité de la concurrence en matière de suivi et de contrôle des engagements. n 3 Remèdes et contrôle des concentrations Remèdes et contrôle des concentrations Les remèdes en France et en Europe: Une analyse statistique sur la periode 2000-2010 Justin Menezes* Directeur, CompetitionRx Emmanuel Frot* Économètre senior, Microeconomix I. Introduction de marchés concernés, etc. Ces informations serviraient non seulement les entreprises envisageant une opération de concentration, mais aussi les praticiens du droit de la concurrence. Elle permettrait de confronter différentes opérations de concentration et les remèdes retenus par les autorités de concurrence, ainsi que de croiser les caractéristiques des marchés concernés pour anticiper les problèmes de concurrence potentiels et, le cas échéant, les remèdes appropriés. Elle ouvrirait aussi la voie à une analyse comparée des autorités de concurrence en termes de remèdes, pour nourrir le débat sur des convergences de pratique. 1. Cet article propose une analyse comparée des remèdes présents dans les opérations de concentration notifiées à la Commission européenne et à l’Autorité de la concurrence française. Il exploite une nouvelle base de données, intitulée CRxInsight, recensant, pour chaque décision de concentration émanant des principales autorités de concurrence, les caractéristiques des engagements proposés par les entreprises. La motivation de ce travail est double. Tout d’abord, et de manière générale, les remèdes constituent un champ d’études relativement récent et peu exploré, malgré l’importance qu’ils revêtent dans de nombreux cas de concentration. Ce constat a mené à la création d’une base de données afin de faciliter ce travail de recherche. La présentation de ces données et des premières tendances qu’elles mettent en évidence constitue notre seconde motivation. III. CRxInsight, un outil d’analyse 4. De telles études requièrent la centralisation des informations caractérisant les remèdes afin d’en permettre un accès aisé. Les remèdes en concurrence doivent non seulement être accessibles et faciles à rechercher, ils doivent être analysés, analysables, et présenter leurs caractéristiques de manière constante, régulière et claire, de manière à offrir à la fois la matière d’une analyse au cas par cas, et l’outil de cette analyse. Nous avons effectué ce travail de collecte, qui a abouti à la création d’une base de données intitulée CRxInsight. Le principe en est simple : l’extraction de toutes les informations susceptibles de renseigner les professionnels du droit et de l’économie de la concurrence, pour chaque décision rendue par l’Autorité de la concurrence, la Commission européenne et les autres autorités nationales de la concurrence à travers le monde. Les informations contenues dans cet outil d’analyse sont ensuite intégrées à un moteur de recherche conçu spécialement pour les professionnels de la concurrence et des fusions, à la recherche de solutions à des problèmes complexes. La construction de la base de données n’est pas achevée, mais son état actuel permet déjà d’effectuer de premières analyses, centrées dans cet article sur la Commission européenne et la France durant la période 2000-2010. II. Les remèdes : Une information sous-exploitée 2. Les remèdes accompagnant une décision de concentration représentent une information riche, multidimensionnelle, souvent délicate à appréhender. Cette complexité explique la difficulté pour les chercheurs et les praticiens de la concurrence d’étudier les remèdes dans leur ensemble et de réaliser des études comparatives des pratiques non seulement entre autorités de concurrence mais aussi en leur sein au fil du temps. À cette complexité s’ajoute la dispersion de l’information parmi les textes des très nombreuses décisions de concentration. Cet éparpillement implique que même une simple recherche des remèdes par secteur ou type de concurrence devient rapidement une gageure. 3. Une étude systématique des remèdes, malgré ces difficultés, garde cependant tout son intérêt. Les remèdes en concurrence représentent en effet un enjeu considérable, derrière lequel la solidité d’opérations complexes se dessine. La viabilité de nouvelles entités repose souvent sur la phase critique de leur conception, de leur délimitation, y compris à travers les remèdes et les engagements en concurrence. Leur étude permettrait de mieux appréhender les types de remèdes imposés dans différent cas, selon le type de concurrence, le secteur d’activité, les parts de marché des parties, le nombre * IV. Évolution des remèdes devant la Commission européenne 5. Une première question sur l’évolution des remèdes porte sur le taux d’intervention de la Commission, c’est-à-dire le nombre de décisions comportant des remèdes, ramené au nombre total de notifications. Un taux d’intervention Les auteurs tiennent à remercier Gildas de Muizon et Knut Fournier pour leur aide précieuse apportée à la rédaction de cet article. Concurrences N° 3-2012 I Colloque 4 Remèdes et contrôle des concentrations Ce document est protégé au titre du droit d'auteur par les conventions internationales en vigueur et le Code de la propriété intellectuelle du 1er juillet 1992. Toute utilisation non autorisée constitue une contrefaçon, délit pénalement sanctionné jusqu'à 3 ans d'emprisonnement et 300 000 € d'amende (art. L. 335-2 CPI). L’utilisation personnelle est strictement autorisée dans les limites de l’article L. 122 5 CPI et des mesures techniques de protection pouvant accompagner ce document. This document is protected by copyright laws and international copyright treaties. Non-authorised use of this document constitutes a violation of the publisher's rights and may be punished by up to 3 years imprisonment and up to a € 300 000 fine (Art. L. 335-2 Code de la Propriété Intellectuelle). Personal use of this document is authorised within the limits of Art. L 122-5 Code de la Propriété Intellectuelle and DRM protection. Conférence 20 avril 2012 Figure 3 : Proportion moyenne de remèdes comportementaux, au sein de chaque décision (Commission européenne) Figure 1 : Taux d’intervention (Commission européenne) 1 .5 .12 .8 .4 .1 .3 .04 2000 2002 2004 2006 Phases 1 et 2, axe de gauche 2008 .4 .06 .2 .2 .6 .08 .1 2010 2000 2002 2004 2006 2008 2010 Phase 1, axe de gauche Phase 2, axe de droite 6. La stabilité de taux d’intervention peut cependant masquer un interventionnisme plus marqué si la Commission ne requiert pas de remèdes dans plus de décisions, mais plus de remèdes dans les décisions où elle intervient. Cette possibilité est démentie par la figure 2 qui représente le nombre de moyen de remèdes par décision. Aussi bien en phase 1 qu’en phase 2, le nombre de remèdes est relativement stable. Il est aussi intéressant de noter que les décisions ne comportent pas nécessairement plus de remèdes que celles de phase 1. 8. La durée des remèdes comportementaux est un sujet au cœur des interrogations sur la surveillance des remèdes et les difficultés de leur mise en œuvre. Malheureusement les données dont nous disposons sur cette variable sont incomplètes. Seuls 31 remèdes comportent une durée explicite, ce qui rend toute analyse relativement hasardeuse. Cependant, lorsque ces données sont disponibles, elles indiquent une faible tendance à la baisse. Ce pourrait être un signe que la Commission européenne est plus inquiète de sa capacité à surveiller le respect d’engagements de longue durée. Figure 2 : Nombre moyen de remèdes par décision (Commission européenne) Figure 4 : Durée des remèdes comportementaux (Commission européenne) 10 9 8 8 6 7 4 6 2 2000 2002 2004 Phase 1 2006 2008 2010 5 Phase 2 2000 Concurrences N° 3-2012 I Colloque 5 2002 2004 Remèdes et contrôle des concentrations 2006 2008 2010 Ce document est protégé au titre du droit d'auteur par les conventions internationales en vigueur et le Code de la propriété intellectuelle du 1er juillet 1992. Toute utilisation non autorisée constitue une contrefaçon, délit pénalement sanctionné jusqu'à 3 ans d'emprisonnement et 300 000 € d'amende (art. L. 335-2 CPI). L’utilisation personnelle est strictement autorisée dans les limites de l’article L. 122 5 CPI et des mesures techniques de protection pouvant accompagner ce document. This document is protected by copyright laws and international copyright treaties. Non-authorised use of this document constitutes a violation of the publisher's rights and may be punished by up to 3 years imprisonment and up to a € 300 000 fine (Art. L. 335-2 Code de la Propriété Intellectuelle). Personal use of this document is authorised within the limits of Art. L 122-5 Code de la Propriété Intellectuelle and DRM protection. 7. Une autre évolution notable concerne la proportion de remèdes comportementaux au sein de chaque décision. Les remèdes peuvent être de deux natures : structurels ou comportementaux. Les autorités de concurrence tendent à préférer les remèdes structurels qui ne requièrent pas de surveillance active, parfois pendant de longues années. La figure 3 révèle que cette préférence n’a cependant pas empêché une inflation du nombre de remèdes comportementaux entre 2000 et 2005, année durant laquelle une concentration entraînant des remèdes comportaient autant de remèdes structurels que comportementaux. Cette tendance s’est brutalement inversée en 2007 avec un retour marqué à une proportion plus faible de remèdes comportementaux. croissant pourrait être interprété comme un interventionnisme renforcé de la Commission. La figure 1 montre que ce n’est pas le cas. Le taux d’intervention, toutes phases comprises, est relativement stable entre 2000 et 2010. Environ 7 % des notifications aboutissent à des décisions accompagnées de remèdes. La distinction entre décisions de phases 1 et 2 révèle au contraire quelques évolutions. En premier lieu, le taux d’intervention en phase 1 fut en légère hausse durant la dernière décennie, passant de 3,7 % en 2001 à 5,5 % en 2010. Cette évolution s’est accompagnée d’une tendance inverse en phase 2 : le taux d’intervention était supérieur à 70 % en 2002-2003 mais n’était plus que de 33 % en 2010. Il semble donc que la Commission européenne soit plus encline que par le passé à inclure des remèdes en phase 1. Cette évolution peut aussi être le fait des entreprises qui ont appris à travailler avec la Commission et proposent plus facilement des remèdes en phase 1 qu’elles ne le faisaient dix ans auparavant. tient à la pratique : une habitude de la Commission, une répétition d’un modèle rodé et, nécessairement, un effet d’imitation de la part des entreprises qui se basent sur les affaires similaires lorsqu’elles proposent et négocient des engagements. Proportion de remèdes comportementaux Figure 6 : Proportion de remèdes comportementaux par décision et par secteur (Commission européenne) .4 l s g tu ac ta iti e en tiv od rin uf an nm pr ac g ac M ro k vi in or ld w ui al ci -B g rin M tu an En so d an ac th al 8 6 Proportion de remèdes comportementaux .5 4 2 tu uf ac an M an uf ac M uf ac En vi ro rin nm e g - C nta l l tu rin othi tu n g rin -W g g -B H W oo um ui ld hole d an in sa g he M al O pro le a th th du an nuf er a S cts d so ctu erv ri i c M ial ng ces an -P w o u M fac rk a ape an t r c uf urin tiv iti M a e an ctu g P s r uf ac ing rint tu - T ng M rin ex an g ti uf ac M - To les a tu b rin Fi nuf ac In n c a g fo - I an ctu o rm nd cia rin at us l io g n, tri Ser al C v om m ice ac s m hi un ne O ica ry th er tion R se an eta rv il d ic es Me ac dia tiv iti T e M ra s an n uf Ag spo ac ric rt tu ul rin tu g r -F E e M Ma oo ne rg an n d uf ufa Bas & y ac D c tu tur ic In rin rin in g dus k g - P C tri ha he es rm mi ac cal eu s tic al s 0 an uf he Figure 7 : Proportion moyenne de remèdes comportementaux, par type de concurrence et par décision (Commission européenne) 10 M an 13.La répartition du type de remèdes suit, à la Commission européenne, une logique déterminée par le type de concurrence. Si le problème soulevé est de nature vertical, la solution adoptée par la Commission a deux fois plus de chances d’être comportementale. À l’inverse, les cessions et autres remèdes structuraux sont préconisés pour résoudre les problèmes horizontaux de concurrence 5. Figure 5 : Nombre moyen de remèdes par décision et par secteur (Commission européenne) Nombre de remèdes M H um an 11.La figure 5 indique que le nombre moyen de remèdes par décision varie considérablement d’un secteur d’activité à un autre. Ainsi, les concentrations dans les industries pharmaceutiques, chimiques, de base et agro-alimentaires comportent deux fois plus de remèdes que celles dans les secteurs du textile ou de l’environnement. tu 0 u - C cts M an rin lot h g uf ac - T ing e tu rin xtil es O th O gth er W M oo se er an rv Se d uf ic rv ac e i c s tu ac es rin ti g - P W vitie ha ho s rm les a a M Ba ceu le s M an t an uf ic I ica ls uf ac nd u ac tu tu rin stri es rin g g - C Pap he er M m an ic F A uf ac ina gri als n c tu rin cia ultu In l g r fo - F Ser e rm oo vic at io Ma M d & es n, n C ufa anu D om c rin f a t k c M m uri an un ng turi n uf ic at - To g ac io tu b n rin an acc g o d -I M nd ed M us ia an tri R uf al ac m eta a il tu rin chin g e - P ry rin tn g En e Tr rgy an sp or t .2 uf 10.L’affaire GE/Instrumentarium4 en 2003 pourrait apparaître comme un contre exemple de ces éléments récents, avec des engagements comportementaux d’une durée illimitée. Toutefois le texte de la décision suggère que cette durée exceptionnelle est justifiée par une fusion précédente et par une conception de l’impact des fusions sur le marché concerné qui ne se limite pas à l’affaire en cours mais s’intéresse également aux opérations récentes. .6 12.De même, la proportion de remèdes comportementaux, présentée figure 6, est très différente selon les secteurs. Certains secteurs sont caractérisés par une absence totale de remèdes comportementaux, tandis que dans d’autres les remèdes se partagent exactement entre les remèdes structurels et comportementaux. Ces différences suggèrent que certains secteurs se prêtent mieux aux remèdes comportementaux ou que la difficulté de recourir à des remèdes structurels dans certains secteurs y impose l’utilisation plus fréquente de remèdes comportementaux. Une autre explication possible .3 .2 .1 0 Horizontal Mixed Vertical 14.En conclusion, cette analyse a montré une certaine stabilité dans la pratique des engagements au sein de la Commission européenne, avec un taux d’intervention et un nombre de remèdes par décision relativement constants ces dix dernières années. L’analyse sectorielle ébauchée ici 5 Cette préférence est par ailleurs confirmée par la communication de la Commission sur les remèdes, paragraphe 69 : “des types de mesures correctives à caractère non structurel tels qu’un engagement de la part des parties à ne pas adopter certains comportements commerciaux (groupage des produits, par exemple), ne feront généralement pas disparaître les problèmes de concurrence résultant de chevauchements comportementaux”. 2 Commission européenne, Intel/Mcafee, affaire n° M.5984 , 2011. 3 Commission européenne, CISCO/Tandberg, affaire n° M.5669, 2010. 4 Commission européenne, GE/Instrumentarium, affaire n° M.3083, 2003. Concurrences N° 3-2012 I Colloque .4 6 Remèdes et contrôle des concentrations Ce document est protégé au titre du droit d'auteur par les conventions internationales en vigueur et le Code de la propriété intellectuelle du 1er juillet 1992. Toute utilisation non autorisée constitue une contrefaçon, délit pénalement sanctionné jusqu'à 3 ans d'emprisonnement et 300 000 € d'amende (art. L. 335-2 CPI). L’utilisation personnelle est strictement autorisée dans les limites de l’article L. 122 5 CPI et des mesures techniques de protection pouvant accompagner ce document. This document is protected by copyright laws and international copyright treaties. Non-authorised use of this document constitutes a violation of the publisher's rights and may be punished by up to 3 years imprisonment and up to a € 300 000 fine (Art. L. 335-2 Code de la Propriété Intellectuelle). Personal use of this document is authorised within the limits of Art. L 122-5 Code de la Propriété Intellectuelle and DRM protection. 9. D’autres éléments viennent corroborer cette interprétation. Des affaires récentes comme Intel/Mcafee2, en 2011, laissent penser que la Commission considère désormais une période de trois à cinq ans comme une référence, à tout le moins dans le secteur des nouvelles technologies, où la dynamique des marchés et de l’innovation doit être prise en compte. Quelques mois plus tôt, la Commission avait déjà clairement défini la fourchette de 3 à 5 ans comme un standard dans le secteur des nouvelles technologies, dans l’affaire CISCO/Tandberg3, en laissant aux parties la possibilité de réduire la durée des engagements sous réserve d’une interopérabilité technique. 17.Enfin, le nombre moyen de remèdes par décision est, depuis 2005, légèrement plus élevé en France qu’en Europe. Il est aussi en hausse constante depuis 2004. Si cette tendance peut s’interpréter comme un interventionnisme croissant en France, la différence de nature des concentrations d’une année sur l’autre peut aussi l’expliquer. V. Évolution des remèdes devant l’Autorité de la concurrence Figure 10 : Nombre moyen de remèdes par décision, en Europe et en France 15.La base de données permet de réaliser facilement des analyses comparées entre autorités de concurrence. Cellesci permettent de mieux cerner les différences de pratiques entre pays. La figure 8 compare les taux d’intervention au sein de la Commission européenne et de l’Autorité de la concurrence. Il apparaît que ce taux est, comme en Europe, relativement stable en France. Il est légèrement inférieur à celui de la Commission européenne, ce qui peut s’expliquer par l’ampleur des opérations de concentration notifiées, a priori plus vaste en Europe. 12 10 8 6 4 2 Figure 8 : Taux d’intervention, Europe et France 2000 2002 2004 EC 2006 2008 2010 France .15 18.Si les nombres de remèdes par décision sont semblables au sein des deux autorités de concurrence, leurs natures diffèrent, comme le montre la figure 11. L’Autorité de la concurrence a ainsi tendance à avoir recours en moyenne, dans chaque décision, à 70 % de remèdes comportementaux, là où la Commission n’en utilise que 30 %. Cette importante différence s’observe chaque année sauf en 2009. L’Autorité de la concurrence a donc tendance à accompagner les remèdes structurels de nombreux remèdes comportementaux, ce que la Commission fait moins, et beaucoup moins depuis 2007. .1 .05 0 2000 2002 2004 EC 2006 2008 2010 France Figure 11 : Proportion moyenne de remèdes comportementaux, au sein de chaque décision, en Europe et France 16.La figure 9 montre par ailleurs que, chaque année, le nombre d’engagements en France est plus faible qu’en Europe, conséquence directe du nombre plus faible de concentrations notifiées. La seule exception a eu lieu en 2006, la fusion Canal Plus/TPS, avec plus de cinquante engagements, gonflant le nombre de remèdes en France. 1 .8 .6 Figure 9 : Nombre de remèdes en Europe et en France .4 150 .2 0 100 2000 2002 2004 EC 2006 2008 2010 France 50 19.Cette observation se retrouve si l’on considère les types de concurrences, comme sur la figure 12. L’Autorité de la concurrence, comme la Commission européenne, a plus recours aux remèdes structurels dans les cas de fusion horizontale que verticale. Cependant, dans tous les cas, ces remèdes structurels s’accompagnent de plus de remèdes 0 2000 2002 2004 EC 2006 2008 2010 France Concurrences N° 3-2012 I Colloque 7 Remèdes et contrôle des concentrations Ce document est protégé au titre du droit d'auteur par les conventions internationales en vigueur et le Code de la propriété intellectuelle du 1er juillet 1992. Toute utilisation non autorisée constitue une contrefaçon, délit pénalement sanctionné jusqu'à 3 ans d'emprisonnement et 300 000 € d'amende (art. L. 335-2 CPI). L’utilisation personnelle est strictement autorisée dans les limites de l’article L. 122 5 CPI et des mesures techniques de protection pouvant accompagner ce document. This document is protected by copyright laws and international copyright treaties. Non-authorised use of this document constitutes a violation of the publisher's rights and may be punished by up to 3 years imprisonment and up to a € 300 000 fine (Art. L. 335-2 Code de la Propriété Intellectuelle). Personal use of this document is authorised within the limits of Art. L 122-5 Code de la Propriété Intellectuelle and DRM protection. montre que la pratique de la Commission dépend fortement du secteur concerné. Si cette observation n’est pas surprenante, elle n’en révèle pas moins l’intérêt de mener une analyse de fond qui consisterait à comprendre ces différences de pratique entre secteurs et à les relier à des concepts juridiques et économiques. 21.Cette analyse des pratiques de deux autorités de concurrence en termes de remèdes est préliminaire. Elle s’est contentée d’examiner quelques tendances et de distinguer le recours à différents types de remèdes et selon les secteurs d’activité concernés. Elle n’a pas, en particulier, étudié plus en détail l’impact des parts de marché des parties, du nombre de marchés, de la taille des entreprises, des barrières à l’entrée, etc., caractéristiques qui pourtant sont cruciales dans le choix du type et du nombres de remèdes. Cependant, malgré ces limites, elle a pu dégager quelques résultats intéressants. L’analyse comparée de la Commission européenne et de l’Autorité de la concurrence a révélé certaines différences de pratiques, en particulier dans le recours aux remèdes comportementaux. Proportion de remèdes comportementaux Figure 12 : Proportion moyenne de remèdes comportementaux, par type de concurrence et par décision, Europe et France .8 .6 .4 .2 0 Horizontal Mixed EC 22.Ces premiers résultats demandent à être affinés, examinés, expliqués, et leurs causes doivent être identifiées. Ils ouvrent la voie à un champ de recherche largement inexploré mais rendu possible par la base de données présentée dans cet article et dont les implications pour les praticiens du droit de la concurrence, les entreprises et les autorités de concurrence sont concrètes. n Vertical France 20.L’analyse sectorielle révèle de nouveau le biais en faveur des remèdes comportementaux en France. Nous avons déjà souligné que la proportion de ces remèdes par décision et par secteur était très différente selon les secteurs dans les décisions de la Commission. C’est beaucoup moins le cas en France où, comme l’indique la figure 13, la proportion de remèdes comportementaux est relativement élevée dans tous les secteurs. Le recours plus fréquent à ce type d’engagements en France qu’en Europe est donc marqué dans tous les secteurs. .8 .6 .4 .2 0 M an um H 1 he al th an C an Ma d s uf nu oc En ons ac fa ia v tr tu ct l w iro uc rin ur o nm tio g ing rk e n M - B - ac nt an u A tiv al u ild ut it M fac ing om ies an tu p o u rin ro tive M fac g - du an tu C ct uf rin lo s th ac g tu - T ing rin ex O O g - tile th th er W s e M o r se an rv Ser od uf ic ac es vice tu s ac rin ti g - P W vitie s ha h rm ole s a M Ma Ba ce ale an n s u uf ufa ic I tic ac c nd als tu tur us rin in t g g - ries -C P he ap M m e an Ag ic r Fi uf a n ac an ric ls ul tu tu rin cial In re fo S g rm - F erv at ic oo io Ma e n, M d& s C nuf a om ac nu Dri m tur fac nk M un in t an ic g - urin uf at ac io To g b n tu an ac rin d co g M -I ed nd ia u s M an tria R e l uf ac ma tail ch tu rin in e g - P ry rin tn g En e Tr rgy an sp or t Proportion de remèdes comportementaux Figure 13 : Proportion de remèdes comportementaux par décision et par secteur, Europe et France EC France Concurrences N° 3-2012 I Colloque 8 Remèdes et contrôle des concentrations Ce document est protégé au titre du droit d'auteur par les conventions internationales en vigueur et le Code de la propriété intellectuelle du 1er juillet 1992. Toute utilisation non autorisée constitue une contrefaçon, délit pénalement sanctionné jusqu'à 3 ans d'emprisonnement et 300 000 € d'amende (art. L. 335-2 CPI). L’utilisation personnelle est strictement autorisée dans les limites de l’article L. 122 5 CPI et des mesures techniques de protection pouvant accompagner ce document. This document is protected by copyright laws and international copyright treaties. Non-authorised use of this document constitutes a violation of the publisher's rights and may be punished by up to 3 years imprisonment and up to a € 300 000 fine (Art. L. 335-2 Code de la Propriété Intellectuelle). Personal use of this document is authorised within the limits of Art. L 122-5 Code de la Propriété Intellectuelle and DRM protection. VI. Conclusion comportementaux qu’en Europe. Cette préférence relative pour les remèdes comportementaux en France peut rendre le suivi des engagements plus complexes qu’en Europe. Remèdes et contrôle des concentrations Bonnes pratiques dans le suivi des engagements Matthew Gaved* Associé fondateur de CompetitionRx La négociation des engagements dans le contrôle des concentrations constitue une phase délicate pendant laquelle la mise en œuvre des remèdes n’est pas suffisamment prise en compte. Cet article, tiré des expériences d’un mandataire de surveillance, tente de récapituler les risques d’une rédaction des engagements en dehors de toute considération de conformité ; il fournit également quelques clés pour minimiser les risques financiers pour l’entreprise et déconseille de mettre en œuvre une stratégie fondée sur l’asymétrie d’information avec l’autorité de concurrence. En France, le rôle du mandataire a été récemment mis particulièrement en avant à la suite de l’affaire TPS-Canal+/ CanalSatellite, dans laquelle le respect des engagements est au cœur des problèmes juridiques soulevés7. 4. Les mandataires, encore peu nombreux en France, se professionnalisent enfin. Outre leur rôle d’acteur indépendant dans la surveillance et la mise en œuvre des remèdes, ils prennent la parole pour partager leur expertise et participer aux réflexions sur les moyens d’améliorer le suivi et le respect des engagements8. 5. Mon intervention synthétise les grands enseignements que je tire de mon expérience couvrant des types d’engagements très variés, conçus et mis en œuvre dans des secteurs très différents, et répondant à des préoccupations concurrentielles spécifiques. I. Introduction 1. Mon intervention traite des bonnes pratiques à adopter dans la conception, la négociation et le suivi des engagements pris par les entreprises afin d’obtenir l’autorisation de leurs opérations de concentration. II. Bien anticiper les détails pratiques de mise en œuvre est souvent plus important que de gagner sur des points juridiques 2. En tant que cabinet de mandataires professionnels, chargés de surveiller la mise en œuvre des engagements structurels et comportementaux, nous avons acquis une vaste expérience, ayant été impliqués dans plus de vingt cinq affaires devant la Commission européenne au cours des dix dernières années tant pour de grandes entreprises françaises (par exemple Air Liquide, Pernod Ricard et Rexel) que pour de grandes multinationales (par exemple BASF, British Airways, Dexia, Syngenta, General Electric et CISCO). 6. Le premier conseil pratique est qu’il est préférable d’aborder le plus en amont possible les détails pratiques de la mise en œuvre des engagements et ne pas se contenter de négocier avec l’autorité de concurrence la nature générale des engagements présentés. L’entreprise et ses conseils ont tout intérêt à anticiper les questions techniques soulevées par la mise en œuvre des engagements au moment même où ils sont négociés avec l’autorité de concurrence. 3. Le rôle du mandataire est évidemment central dans le suivi et le respect des engagements. A l’origine, il a été dit que le mandataire était les yeux et les oreilles de l’autorité de concurrence, mais en pratique son rôle s’étend bien au-delà de la stricte surveillance de la mise en œuvre des engagements et bien souvent le mandataire joue un rôle central dans la résolution des difficultés et des problèmes qui surgissent au cours de sa mission6. Il bénéficie d’informations de première main sur les conditions de l’opération, agit en toute indépendance vis-à-vis de la nouvelle entité et a le devoir, en vertu du mandat qui définit son rôle, de rapporter à l’autorité de concurrence tout manquement aux engagements. * 7. En effet, des points qui paraissent mineurs et insignifiants au moment de la conception des engagements peuvent se révéler déterminants au moment de leur mise en œuvre une fois l’autorisation obtenue. Et cela peut avoir un impact totalement inattendu et considérable sur l’efficacité et les coûts de leur mise en œuvre, donc sur la valeur de l’entreprise et de l’opération qu’elle réalise. 7 Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes, C-2006-34, Canal+, TPS/CanalSatellite, Affaire n° ECOC0600258Y, 30 août 2006. ’auteur tient à remercier Gildas de Muizon et Knut Fournier pour leur aide précieuse L apportée à la rédaction de cet article. 6 J. S. Brueckner et T. Hoehn, “Monitoring Compliance with Merger Remedies – The Role of the Monitoring Trustee”, Competition Law International (septembre 2010), 75. Concurrences N° 3-2012 I Colloque 8 9 Voir par exemple, P. de Bonnières, “Mandataire dans le respect des engagements”, Concurrences n° 1-2012, Le respect des engagements pris devant les autorités de concurrence, pp. 18 et s. Remèdes et contrôle des concentrations Ce document est protégé au titre du droit d'auteur par les conventions internationales en vigueur et le Code de la propriété intellectuelle du 1er juillet 1992. Toute utilisation non autorisée constitue une contrefaçon, délit pénalement sanctionné jusqu'à 3 ans d'emprisonnement et 300 000 € d'amende (art. L. 335-2 CPI). L’utilisation personnelle est strictement autorisée dans les limites de l’article L. 122 5 CPI et des mesures techniques de protection pouvant accompagner ce document. This document is protected by copyright laws and international copyright treaties. Non-authorised use of this document constitutes a violation of the publisher's rights and may be punished by up to 3 years imprisonment and up to a € 300 000 fine (Art. L. 335-2 Code de la Propriété Intellectuelle). Personal use of this document is authorised within the limits of Art. L 122-5 Code de la Propriété Intellectuelle and DRM protection. Conférence 20 avril 2012 12.Le deuxième conseil pratique est qu’il vaut mieux ne pas jouer au chat et à la souris avec l’autorité de concurrence pendant la négociation des engagements. En anglais : “to game on the commitments”. 13.L’entreprise peut en effet être tentée de profiter des informations dont elle dispose, sans les partager avec l’autorité de concurrence, en croyant naïvement qu’une telle stratégie lui donnera un avantage une fois les engagements acceptés. Bien évidemment l’entreprise a tout intérêt à proposer des engagements qu’elle juge les moins contraignants pour elle tout en répondant aux préoccupations de concurrence de l’autorité. Mais c’est un très mauvais calcul que de proposer des engagements dont on anticipe qu’ils ne pourront être correctement mis en œuvre et de parier ainsi sur l’asymétrie d’information à laquelle fait face l’autorité de concurrence. Une telle stratégie peut se révéler extrêmement préjudiciable à l’entreprise a posteriori lorsque l’autorité de concurrence se rendra compte qu’elle a été dupée. Parallèlement, si l’entreprise souhaite, c’est compréhensible, conserver un pouvoir de négociation en ne jouant pas immédiatement toutes ses cartes dès le début de la négociation, elle doit garder à l’esprit qu’à la fin de la phase de négociation, il est dans son intérêt que tous les éléments pertinents liés à l’opération soient révélés à l’autorité. 9. Ainsi la première bonne pratique que je recommanderais consiste à aborder la question de la mise en œuvre des engagements en même temps que leur conception. En pratique, il est important d’élaborer un programme de mise en œuvre, sous la forme d’un plan stratégique très précis sur la manière dont les engagements seront mis en œuvre, sur les difficultés qu’il est possible d’anticiper et les moyens de les surmonter. Ce plan doit être conçu comme un outil de minimisation du risque que la mise en œuvre des engagements se traduise par des coûts importants pour la nouvelle entité. Le parallèle entre des engagements pris devant une autorité de concurrence et les contrats que les entreprises concluent tous les jours dans leur activité professionnelle est évident : on ne négocie pas un contrat en faisant abstraction de son exécution. On ne négocie pas des engagements sans avoir réfléchi à leur mise en œuvre car la nouvelle entité s’engage sur des actions contraignantes pour le futur et elle ne peut se prévaloir a posteriori de l’impossibilité de les mettre en œuvre9. 14.L’entreprise a ainsi intérêt à révéler toutes les informations pertinentes relatives à la mise en œuvre effective des engagements et aux difficultés qu’elle anticipe, quand bien même elle ne le ferait pas immédiatement. Cela concerne souvent certains éléments factuels dont l’autorité de concurrence n’aurait pas connaissance, mais également les sources d’incertitude identifiées par l’entreprise. Il faut ainsi distinguer les faits et les situations bien compris par l’entreprise mais pas par l’autorité et ceux qu’il est impossible de connaitre à l’avance et qui sont sources d’incertitude. 10.En outre, il faut aborder ces questions avec l’autorité de concurrence au moment des premières discussions sur les engagements. La négociation ne doit pas uniquement porter sur la nature des engagements remédiant aux effets anticoncurrentiels identifiés, mais également sur les détails pratiques et concrets de leur mise en œuvre. Le plus important n’est pas de remporter une victoire de principe ou d’honneur, mais de conclure un accord avec l’autorité de concurrence, couvrant également la stratégie pratique de mise en œuvre des engagements. Bien souvent l’entreprise qui a l’impression de s’en être bien sortie et d’avoir limité l’ampleur de ses engagements s’expose à d’importants risques de pertes de valeur si les détails pratiques de la mise en œuvre des engagements négociés n’ont pas été abordés avec l’autorité de concurrence. 15.Cela ne signifie pas qu’il soit forcément dans l’intérêt de l’entreprise de tout révéler à l’autorité de concurrence. Mais il est fondamental de bien réfléchir aux conséquences lors de l’élaboration d’une stratégie sur l’étendue des informations révélées à l’autorité de concurrence et le moment où elle est opérée. Du point de vue du mandataire, il vaut toujours mieux partager en amont les informations déterminantes sur la mise en œuvre des engagements plutôt que de parier sur un hypothétique bénéfice qu’on espère retirer a posteriori d’informations dont l’autorité de concurrence n’avait pas connaissance. Le plus efficace est d’aborder tous les points déterminants avec l’autorité de concurrence au moment des discussions sur la nature des engagements, et non une fois l’autorisation obtenue, lors de leur mise en œuvre. 11.Enfin il convient de modérer ici l’importance d’une approche des engagements trop concentrée sur les détails. En effet, comme précisé dans la partie 4 du présent article, les détails peuvent aussi s’avérer une source de problèmes. En particulier, des engagements trop détaillés peuvent être très difficiles à mettre en œuvre. Tous les détails abordés doivent l’être en gardant à l’esprit leur application concrète dans le temps. 9 P. Wilhelm, “Le respect des engagements : Le point de vue des entreprises dans le contrôle des concentrations”, Concurrences n° 1-2012, Le respect des engagements pris devant les autorités de concurrence, p. 12. Concurrences N° 3-2012 I Colloque 10 Remèdes et contrôle des concentrations Ce document est protégé au titre du droit d'auteur par les conventions internationales en vigueur et le Code de la propriété intellectuelle du 1er juillet 1992. Toute utilisation non autorisée constitue une contrefaçon, délit pénalement sanctionné jusqu'à 3 ans d'emprisonnement et 300 000 € d'amende (art. L. 335-2 CPI). L’utilisation personnelle est strictement autorisée dans les limites de l’article L. 122 5 CPI et des mesures techniques de protection pouvant accompagner ce document. This document is protected by copyright laws and international copyright treaties. Non-authorised use of this document constitutes a violation of the publisher's rights and may be punished by up to 3 years imprisonment and up to a € 300 000 fine (Art. L. 335-2 Code de la Propriété Intellectuelle). Personal use of this document is authorised within the limits of Art. L 122-5 Code de la Propriété Intellectuelle and DRM protection. III. Les risques et problèmes liés à l’asymétrie d’information 8. Bien souvent, ce sont de petits événements inattendus et des faits mal compris ou mal anticipés au moment de la négociation des engagements avec l’autorité de concurrence qui perturbent ou empêchent leur mise en œuvre. Il n’est pas rare que des engagements qui devaient être à l’origine financièrement neutres pour la nouvelle entité deviennent une source de pertes, qui peuvent être particulièrement importantes lorsqu’il s’agit d’engagements comportementaux pris sur une longue durée. concurrentielles et la conception d’engagements répondant aux enjeux spécifiques qu’elles soulèvent12. L’innovation en matière de remède permet de se départir des précédents, mais peut également être un moyen pour l’entreprise de réduire les risques. 20.Cependant, il faut garder à l’esprit qu’un engagement innovant n’est pas nécessairement à l’abri de l’application des précédents par l’autorité. Une expertise et une analyse anticipée des précédents et des interprétations restent nécessaire, de même avec des engagements innovants. Bien qu’il puisse être tout à fait justifié de concevoir des engagements inédits13, il peut exister une certaine inertie des autorités de concurrence plus enclines à privilégier une approche qui a fait ses preuves dans le passé plutôt que de s’aventurer sur des terres inconnues14. En outre, de légitimes préoccupations tenant d’une part à l’efficacité inconnue d’un remède inédit15, d’autre part à la volonté d’offrir aux entreprises une certaine prévisibilité du droit de la concurrence (notamment par la publication de lignes directrices) expliquent que l’innovation en matière de remède n’a des chances d’aboutir que si un important travail d’analyse a été mené en amont afin de convaincre l’autorité de concurrence que les spécificités du cas exigent d’être innovantes. 16.Parier sur le manque d’informations des autorités de concurrence constitue une stratégie risquée qui a toutes les chances de se révéler catastrophique pour l’entreprise qui la met en œuvre. En effet, elle expose l’entreprise à de multiples risques, en raison principalement de trois éléments d’incertitude. 17.Premièrement, l’asymétrie d’information entre l’entreprise et l’autorité, qui peut-être n’existe pas. En pratique, la situation peut simplement émerger du fait que l’entreprise et l’autorité ont des perspectives différentes sur les mêmes faits. Alors que l’entreprise croit que l’autorité de concurrence est en situation d’asymétrie d’information, c’est elle qui subit une asymétrie inversée car elle ne connaît pas l’appréciation que porte l’autorité sur certains faits. Une telle situation émerge en particulier lorsqu’un certain nombre de faits sont demeurés tacites sans avoir été explicitement abordés pendant la négociation. Il en résulte un risque d’appréciations divergentes entre l’autorité de concurrence et l’entreprise, source d’incompréhension qu’il vaut mieux avoir éliminée en amont. 21.La troisième source d’incertitude tient à l’impossibilité évidente d’anticiper l’avenir. C’est un enjeu important de la conception des engagements (et plus largement du contrôle des concentrations) que de se livrer à un exercice prospectif permettant d’évaluer un risque vraisemblable d’effet anticoncurrentiel et de concevoir un engagement qui y remédiera vraisemblablement s’il est mis en œuvre tel qu’on l’anticipe et produit les effets souhaités. On voit bien la superposition d’incertitudes affectant l’efficacité des engagements. Dans ce contexte, la gestion optimale des risques de mise en œuvre des engagements est un enjeu d’importance. Ce point est abordé de manière plus détaillée dans la section suivante. 18.Deuxièmement, en situation d’asymétrie d’information, l’autorité de concurrence se réfèrera aux précédents. Ne pas révéler certaines informations déterminantes sur la mise en œuvre des engagements prive l’entreprise de la possibilité de faire valoir à l’autorité de concurrence la spécificité de sa situation. Or, en cas de désaccord émergeant au moment de la mise en œuvre des engagements, il sera trop tard pour faire valoir cette spécificité et l’autorité de concurrence se réfèrera sans aucun doute aux précédents qu’elle aura traités10. Il est donc fondamental d’analyser en amont les précédents que l’autorité de concurrence est susceptible d’avoir en tête, afin d’être en mesure, le cas échéant, d’apporter toutes les informations pertinentes expliquant en quoi de tels précédents ne peuvent être appliqués au cas d’espèce. V. Comment gérer les risques de mise en œuvre les engagements ? 22.Dans les affaires que nous avons traitées, on retrouve trois sources d’incertitude importantes pour la mise en œuvre des engagements. 19.C’est dans de telles situations que des engagements innovants prennent tout leur sens. Mais être innovant ne dispense pas d’être particulièrement attentifs aux interprétations de la portée et de la mise en œuvre des engagements car, en l’absence de précédent, c’est l’interprétation de l’engagement par l’autorité de concurrence qui prévaut. L’innovation en matière de remèdes est un sujet complexe11. Elle est poussée par la multiplicité des situations 23.La première source d’incertitude concerne des problèmes d’asymétrie de l’information et prends toute son importance pour un engagement de cession d’une partie de la cible. 12 Voir par exemple G. de Muizon, “Quels engagements pour remédier aux effets anticoncurrentiels d’une fusion sur un marché d’appels d’offres ?” Revue Lamy de la concurrence n° 29, oct.-déc. 2011. 10 Voir par exemple le rappel, en introduction de la Communication de la Commission sur les remèdes, de l’importance de la jurisprudence de la Cour de Justice et du Tribunal de première instance, de même que “des conclusions tirées de l’évaluation ex post systématique, par la Commission, des mesures correctives proposées par le passé”. Communication de la Commission concernant les mesures correctives recevables conformément au règlement (CE) n° 139/2004 du Conseil et au règlement (CE) n° 802/2004 de la Commission, 2008, p. 3. 13 Tels que, par exemple, le fond d’animation de la concurrence, accepté par l’Autorité de la concurrence dans le dossier Veolia Transport/Transdev. 14 On remarque que les mêmes engagements composent la majorité des solutions proposées. Voir par exemple, dans le présent dossier : E. Frot et J. Menezes, “Les remèdes en France et en Europe : une analyse statistique sur la période 2005-2010”, Concurrences n° 3-2012. 11 Voir par exemple, sur les problèmes posés par les cessions dans des secteurs innovants tels que l’information et la communication : T. Hoehn, S. Rab et G. Saggers, “Breaking up is hard to do”, National Merger Remedies in the Information Communication Industries, European Competition Law Review, No. 5 (2009), p. 255 et s. Concurrences N° 3-2012 I Colloque 15 A. Mouzon, “Le Respect des engagements ‘Un point de vue de l’Autorité de la concurrence’”, Concurrences n° 1-2012, Le respect des engagements pris devant les autorités de concurrence, 14. 11 Remèdes et contrôle des concentrations Ce document est protégé au titre du droit d'auteur par les conventions internationales en vigueur et le Code de la propriété intellectuelle du 1er juillet 1992. Toute utilisation non autorisée constitue une contrefaçon, délit pénalement sanctionné jusqu'à 3 ans d'emprisonnement et 300 000 € d'amende (art. L. 335-2 CPI). L’utilisation personnelle est strictement autorisée dans les limites de l’article L. 122 5 CPI et des mesures techniques de protection pouvant accompagner ce document. This document is protected by copyright laws and international copyright treaties. Non-authorised use of this document constitutes a violation of the publisher's rights and may be punished by up to 3 years imprisonment and up to a € 300 000 fine (Art. L. 335-2 Code de la Propriété Intellectuelle). Personal use of this document is authorised within the limits of Art. L 122-5 Code de la Propriété Intellectuelle and DRM protection. IV. Les risques d’une stratégie exploitant l’asymétrie d’information avec les autorités de concurrence Le deuxième exemple concerne les relations avec leurs clients et fournisseurs. Ces relations commerciales avec des tiers sont fréquemment complexes21. Par exemple, dans beaucoup d’industries il existe des accords à long terme qui concernent les prix et des remises progressives en fonction des volumes achetés. Pour la partie de l’entreprise qui doit être séparée, des difficultés émergeront s’il est mis fin à ces prix avantageux. Cela peut rendre immédiatement les activités moins compétitives sur le marché et donc affecter la valeur de l’entreprise ou même être considéré comme une violation des engagements, qui exigent typiquement que la viabilité de l’entité cédée soit assurée. Il est important d’aborder ces problèmes en amont avec l’autorité de concurrence pour garantir la compréhension pratique des marchés et les conséquences concrètes de la mise en œuvre des engagements22. 24.En fait, quel que soit niveau de coopération de la part de la cible, il existe toujours des asymétries d’information susceptibles de compromettre la mise en œuvre des engagements et d’exposer la nouvelle entité à un risque de non-conformité. 26.La troisième incertitude concerne les engagements comportementaux et leur mise en œuvre dans les cas où, par exemple, interviennent des changements exogènes les rendant inapplicables ou impossibles à mettre en œuvre comme le texte des engagements le prévoyait. Difficile de ne pas penser à la fusion de TPS avec Canalsatellite. Annulée par une décision de l’Autorité de la concurrence en date du 20 septembre 201123, la décision d’autorisation sous condition comprenait des engagements destinés à remédier à la création d’un monopole sur certains marchés de la chaîne verticale de la télévision payante24. Or cinq ans plus tard, le monde a changé et il ne s’est pas passé ce qui était anticipé en 2006 : l’émergence d’une concurrence provenant des opérateurs télécoms a échouée tandis que de nouveaux acteurs qui n’étaient pas anticipés sont apparus. 25.La deuxième incertitude dans les cessions résulte de la tension entre le processus d’intégration de la cible et la nécessité simultanée de séparer progressivement de la cession de l’acquéreur. Cette période d’intégration et de séparation dure typiquement un à six mois, durant lesquels émergent des questions complexes relatives à la gestion indépendante de la partie cédée. À ce sujet on peut citer deux exemples très fréquents : La séparation de systèmes IT et de gestion de l’information : en pratique cette séparation est très complexe et prend beaucoup de temps (typiquement plusieurs mois). Or cela est rarement correctement pris en compte dans le texte des engagements qui se fonde plutôt sur l’idée fausse qu’une séparation totale des systèmes IT est possible en un clin d’œil20. En outre, la séparation des systèmes mobilise l’équipe IT qui a des priorités différentes. Elle est en effet engagée dans une tâche plus large : l’intégration de la cible. La séparation de la partie cédée semble secondaire. Dans ces situations, le rôle du mandataire est primordial. Lorsque les personnes qui ont négocié les engagements ne sont pas ceux qui les mettent en œuvre, le mandataire désigné apporte la cohésion et la continuité qui permet, par exemple à une équipe IT aux priorités multiples, de garder le cap et de réduire les risques de non-conformité dans les délais. 27.Finalement, un problème pour beaucoup d’engagements – structuraux comme comportementaux – est que les engagements comportent des éléments qui concernent des tiers qui ne sont pas parties aux engagements25. 28.Typiquement ces tiers sont des fournisseurs, des clients ou des concurrents de la nouvelle entité. Mais il peut également s’agir des acteurs susceptibles de reprendre les actifs devant être cédés. Même s’ils ont pu durant la procédure faire valoir leurs points de vue, en particulier lors des tests de marché sur les engagements, une fois l’autorisation obtenue et les engagements rendus contraignants, ils ne sont pas parties aux engagements alors que leur comportement peut très bien en affecter la mise en œuvre. 16 Pour une analyse des effets du manque d’information sur une cible lors de l’acquisition, voir : E. Croci, D. Petlezas et N. Travlos, “Asymmetric information and target firm return”, The European Journal of Finance (2011) pp. 1 à 23. 17 Voir, sur l’importance de l’intégration de l’entreprise cible et de son impact sur la valeur de l’opération : J. Birkinshaw, H. Bresman et L. Hakanson, “Managing the post-acquisition integration process: how the human integration and task integration procesesses interact to foster value creation”, Journal of Management Sudies, no. 37, Vol. 3 (2000), p. 395 et s. 21 Voir par exemple, citant les problèmes liés aux tiers soulevés par la nécessaire levée des conditions suspensives dans les cas de cession, Patrick de Bonnières, “Mandataire dans le respect des engagements”, précité. 22 Pour un exemple, rare, de prise en compte des coûts de fonctionnement et des contrats de fourniture de la partie cédée : Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes, C-2003-171, Lamberet/Chareau, Affaire n°ECOC04000353Y, 2 septembre 2003. 18 Voir, pour une analyse de l’effet d’identification sur les retours d’une acquisition : H. Loe Colman et R. Lunnan, “Organizational Identification and Serendipitous Value Creation in Post-Acquisition Integration”, Journal of Management, Vol. 37, No. 3 (mai 2011), p. 839 et s. 23 Décision n° 11-D-12 du 20 septembre 2011 relative au respect des engagements figurant dans la décision autorisant l’acquisition de TPS et CanalSatellite par Vivendi Universal et Groupe Canal Plus 19 Sauf bien entendu dans les cas où les engagements dressent une muraille de Chine entre l’acquéreur et la cible, comme ce fut le cas dans la très récente affaire Western Digital/ Hitachi, en mars 2012, au Ministère chinois des finances et du commerce. 24 Canal+, TPS / CanalSatellite, Affaire n°ECOC0600258Y, 30 août 2006, précitée note 7. 20 Par exemple, pour une omission dans le texte des engagements des systèmes informatiques et IT dans une fusions d’entreprises technologiques, avec cession d’activité : Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes, C-2004-98, GE/InVision, Affaire n° ECOC0500094Y, 2 août 2004. Concurrences N° 3-2012 I Colloque 25 À propos des négociations inattendues liées aux détenteurs d’intérêts minoritaires, voir P. de Bonnière, “Mandataire dans le respect des engagements”, précité. 12 Remèdes et contrôle des concentrations Ce document est protégé au titre du droit d'auteur par les conventions internationales en vigueur et le Code de la propriété intellectuelle du 1er juillet 1992. Toute utilisation non autorisée constitue une contrefaçon, délit pénalement sanctionné jusqu'à 3 ans d'emprisonnement et 300 000 € d'amende (art. L. 335-2 CPI). L’utilisation personnelle est strictement autorisée dans les limites de l’article L. 122 5 CPI et des mesures techniques de protection pouvant accompagner ce document. This document is protected by copyright laws and international copyright treaties. Non-authorised use of this document constitutes a violation of the publisher's rights and may be punished by up to 3 years imprisonment and up to a € 300 000 fine (Art. L. 335-2 Code de la Propriété Intellectuelle). Personal use of this document is authorised within the limits of Art. L 122-5 Code de la Propriété Intellectuelle and DRM protection. De façon classique, l’acquéreur manque d’information sur la cible16 : il ne connaît pas parfaitement son organisation interne, la qualité de ses équipes, etc. Or cela est trop rarement pris en compte au moment de la négociation des engagements et la tendance consiste à faire comme s’il était toujours possible de mettre en œuvre les engagements concernant la cible, c’est-à-dire de faire comme s’il s’agissant d’une filiale de l’acquéreur17. Ce constat est confirmé par de nombreuses études18. Il est possible de l’étendre sans difficulté aux problématiques de concurrence : dans le débat sur la divulgation d’informations à l’autorité de concurrence, au vu des bénéfices d’une intégration sur les retours de l’opération, il faut traiter la cible comme une future partie intégrante de l’entreprise19. 37.C’est ainsi que l’entreprise est en mesure de minimiser le risque financier auquel elle s’expose en cas de non-conformité avec les engagements. n VI. Conclusions 30.Les problèmes que j’ai développés sont typiques dans les négociations entre les entreprises et les autorités de la concurrence. Les lignes directrices en matière de remèdes n’abordent que partiellement ces problèmes. Parce que les engagements constituent à la fois un moment crucial et relativement rare dans la vie d’une entreprise, leur négociation doit faire l’objet d’une attention particulière. Cette conclusion récapitule les solutions aux problèmes évoqués plus haut, que ces solutions soient générales ou spécifiques. 31.La première recommandation c’est que beaucoup de problèmes potentiels sont liés au pari sur les engagements. Cela peut se passer très mal pour les raisons expliquées. Des conséquences inattendues peuvent toujours émerger d’une affaire qui semble simple à la base. 32.Il convient donc de reconnaitre l’incertitude qui existe dès le début de la notification de la fusion et de négocier les principes qui doivent s’appliquer pour la mise en œuvre des engagements. Fréquemment, les engagements proposés et acceptés sont très précis et les difficultés qui émergent lors de leur mise en œuvre font penser qu’ils sont peut-être trop précis. 33.Bien sur, les détails sont toujours très importants, mais ils peuvent aussi bloquer la mise en œuvre effective des engagements. Si les détails sont trop prescriptifs et reposent sur une appréciation d’éléments qui sont en fait inconnus ex ante, alors le risque de non-conformité augmente. Cela peut également se traduire par un coût démesuré et non anticipé de mise en œuvre qui incitera l’entreprise à ne pas les mettre en œuvre. 34.Ma deuxième recommandation concerne l’importance de séparer très clairement les négociations sur la nature des engagements répondant aux préoccupations de concurrence soulevées et les questions de mise en œuvre des engagements. 35.Au vu de l’expérience de mandataire, il est évident que la planification des engagements est généralement faite trop tard. Il est préférable d’aborder très tôt les détails pratiques de la mise en œuvre des engagements en tenant compte des risques liés aux incertitudes notamment lorsque des tiers ont un impact décisif sur le processus. Concurrences N° 3-2012 I Colloque 13 Remèdes et contrôle des concentrations Ce document est protégé au titre du droit d'auteur par les conventions internationales en vigueur et le Code de la propriété intellectuelle du 1er juillet 1992. Toute utilisation non autorisée constitue une contrefaçon, délit pénalement sanctionné jusqu'à 3 ans d'emprisonnement et 300 000 € d'amende (art. L. 335-2 CPI). L’utilisation personnelle est strictement autorisée dans les limites de l’article L. 122 5 CPI et des mesures techniques de protection pouvant accompagner ce document. This document is protected by copyright laws and international copyright treaties. Non-authorised use of this document constitutes a violation of the publisher's rights and may be punished by up to 3 years imprisonment and up to a € 300 000 fine (Art. L. 335-2 Code de la Propriété Intellectuelle). Personal use of this document is authorised within the limits of Art. L 122-5 Code de la Propriété Intellectuelle and DRM protection. 36.La troisième et dernière recommandation est que l’anticipation et la gestion des risques liés à la mise en œuvre des engagements doit être explicitée dans le texte des engagements, par l’intermédiaire de dispositions claires permettant de définir la conduite à adopter lorsque les choses ne se déroulent pas comme prévu. 29.Si la mise en œuvre d’un engagement dépend fortement des actions d’un tiers, il est d’autant plus important de l’anticiper lors de la rédaction des engagements et de prévoir des solutions alternatives si le tiers ne se comporte pas comme espéré. Il s’agit de mettre par écrit le maximum d’éléments permettant d’encadre la mise en œuvre des engagements et de prévoir des réponses à la question suivante : que fait-on si les choses ne se déroulent pas comme prévu ? Concurrences Concurrences est une revue trimestrielle couvrant l’ensemble des questions de droits de l’Union européenne et interne de la concurrence. Les analyses de fond sont effectuées sous forme d’articles doctrinaux, de notes de synthèse ou de tableaux jurisprudentiels. L’actualité jurisprudentielle et législative est couverte par onze chroniques thématiques. Editorial Jacques Attali, Elie Cohen, Laurent Cohen‑Tanugi, Claus‑Dieter Ehlermann, Ian Forrester, Thierry Fossier, Eleanor Fox, Laurence Idot, Frédéric Jenny, Jean‑Pierre Jouyet, Hubert Legal, Claude Lucas de Leyssac, Mario Monti, Christine Varney, Bo Vesterdorf, Louis Vogel, Denis Waelbroeck... Interview Sir Christopher Bellamy, Dr. Ulf Böge, Nadia Calvino, Thierry Dahan, John Fingleton, Frédéric Jenny, William Kovacic, Neelie Kroes, Christine Lagarde, Doug Melamed, Mario Monti, Viviane Reding, Robert Saint‑Esteben, Sheridan Scott, Christine Varney... Tendances Jacques Barrot, Jean‑François Bellis, Murielle Chagny, Claire Chambolle, Luc Chatel, John Connor, Dominique de Gramont, Damien Géradin, Christophe Lemaire, Ioannis Lianos, Pierre Moscovici, Jorge Padilla, Emil Paulis, Joëlle Simon, Richard Whish... Doctrines Guy Canivet, Emmanuel Combe, Thierry Dahan, Luc Gyselen, Daniel Fasquelle, Barry Hawk, Laurence Idot, Frédéric Jenny, Bruno Lasserre, Anne Perrot, Nicolas Petit, Catherine Prieto, Patrick Rey, Didier Théophile, Joseph Vogel... Pratiques Tableaux jurisprudentiels : Bilan de la pratique des engagements, Droit pénal et concurrence, Legal privilege, Cartel Profiles in the EU... Horizons Allemagne, Belgique, Canada, Chine, Hong‑Kong, India, Japon, Luxembourg, Suisse, Sweden, USA... Droit et économie Emmanuel Combe, Philippe Choné, Laurent Flochel, Frédéric Jenny, François Lévêque Penelope Papandropoulos, Anne Perrot, Etienne Pfister, Francesco Rosati, David Sevy, David Spector... Chroniques EntEntEs Michel Debroux Nathalie Jalabert‑Doury Cyril Sarrazin PratiquEs unilatéralEs Frédéric Marty Anne‑Lise Sibony Anne Wachsmann PratiquEs rEstrictivEs Et concurrEncE déloyalE Muriel Chagny, Mireille Dany Jean‑Louis Fourgoux, Rodolphe Mesa Marie‑Claude Mitchell, Laurent Roberval distribution Nicolas Ereseo, Dominique Ferré Didier Ferrié concEntrations Dominique Berlin, Jean‑Mathieu Cot, Jacques Gunther David Hull, David Tayar aidEs d’état Jean‑Yves Chérot Jacques Derenne Bruno Stromsky ProcédurEs Pascal Cardonnel Alexandre Lacresse Christophe Lemaire régulations Hubert Delzangles Emmanuel Guillaume Francesco Martucci Jean‑Paul Tran Thiet sEctEur Public Bertrand du Marais Stéphane Rodrigues Jean‑Philippe Kovar JurisPrudEncEs EuroPéEnnEs Et étrangèrEs Jean‑Christophe Roda, Florian Bien Silvia Pietrini PolitiquE intErnationalE Frédérique Daudret John François Souty Stéphanie Yon Revue des revues Christelle Adjémian, Emmanuel Frot Alain Ronzano, Bastien Thomas Bibliographie Institut de recherche en droit international et européen de la Sorbonne (IREDIES) Tarifs 2012 Revue Concurrences l Review Concurrences HT o Abonnement annuel ‑ 4 n° (version papier) 1yearsubscription(4issues)(printversion) o Abonnement annuel ‑ 4 n° (version électronique + e‑archives) 1yearsubscription(4issues)(electronicversion+e-archives) o o TTC Without tax Tax included Abonnement annuel ‑ 4 n° (versions papier & électronique + e‑archives) 1yearsubscription(4issues)(print&electronicversions+e-archives) 1 numéro (version papier) 1issue(printversion) (France only) 425 € 508,30 € 465 € 474,77 € 675 € 807,30 € 140 € 142,94 € Bulletin électronique e-Competitions l e-bulletin e-Competitions o Abonnement annuel + e‑archives 1yearsubscription+e-archives 595 € 711,62 € o Abonnement annuel revue (version électronique + e‑bulletin + e‑archives) 1yearsubscriptiontothereview(onlineversion+e-bulletin+e-archives) 775 € 926,90 € o Abonnement annuel revue (versions papier & électronique + e‑bulletin + e‑archives) 1yearsubscriptiontothereview(print&electronicversions+e-bulletin+e-archives) 875 € 1046,50 € Revue Concurrences + bulletin e-Competitions l Review Concurrences + e-bulletin e-Competitions Renseignements l Subscriber details Nom-Prénom l Name-First name . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . e-mail . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 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