Colles et adhésifs : toujours présents

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Colles et adhésifs : toujours présents
DOSSIER COLLES & ADHESIFS
Colles et adhésifs : toujours
présents
Les colles et adhésifs restent indispensables dans les
bureaux d’aujourd’hui. Ici, le film Eco & Clear de Tesa,
un ruban adhésif transparent et écologique.
On pourrait croire qu’avec les différents logiciels existant aujourd‘hui (Power Point, Photoshop, Illustrator,
etc.) que le domaine des colles et adhésifs au sein du travail de bureau serait relégué aux oubliettes (un
peu comme pour le Minitel). Rien n’est moins vrai. Les progrès technologiques dans la fabrication et le
respect écologique n’ont que d’égal la recherche stylistique et marketing pour permettre aux colles et
rubans adhésifs de retenir leur place au sein du marché des fournitures de bureau.
A
u cours des cinquante dernières années, les techniques
de collage se sont développées. D’une part, la chimie des
polymères a permis de formuler des colles et adhésifs beaucoup
plus performants, plus durables, présentant des forces de collage plus élevées et des résultats prévisibles et fiables. D’autre
part, le collage a permis, dans certains cas, de supprimer les
assemblages mécaniques, en remplaçant la couture, le vissage,
la soudure, le sertissage, l’agrafage, etc. et ce, même dans le
cadre du travail de bureau. Malgré les avances technologiques
au niveau de la bureautique et du travail graphique, les colles
et adhésifs sont loin d’être devenus des anachronismes dans
le bureau moderne. Dans tout travail de bureau, vient un moment où colles et adhésifs sont des éléments indispensables au
bon fonctionnement. De la note de service à afficher au colis
à envoyer à un client, les colles et adhésifs gardent toute leur
importance dans le milieu du travail.
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Une courte histoire des colles et adhésifs
Depuis plus de 80 000 ans, l’être humain utilise des colles et
adhésifs. Les premiers signes de cette activité sont retrouvés
dans des fouilles datant de l’âge de pierre dans la région de la
Mer Morte où colles et adhésifs étaient utilisés pour la décoration ou pour sceller des contenants. Dès l’Égypte ancienne,
les ébénistes fixaient les pièces de bois avec des colles fabriquées à base de déchets de boucherie bouillis (sabots, cornes,
os, peaux, tendons, etc.). Au XVIème siècle, l’Espagne importe
le caoutchouc en Europe, une révolution. Il était déjà utilisé
depuis longtemps comme colle par les Aztèques. Beaucoup
plus tard (1876), William E. Le Page a découvert la méthode
pour fabriquer de la colle à partir de poissons. L’invention du
premier adhésif Scotch par R.G.Drew se produit en en 1925.
Dans les années 20, la mode est aux voitures bicolores. Pour
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délimiter les couleurs, les carrossiers utilisent de vieux journaux
collés ensemble ce qui arrache souvent la peinture. R.G.Drew
cherche alors une solution et développe le premier ruban
de masquage. Ce ruban adhésif large n’était collant que sur
les deux côtés. Constatant qu’il n’y avait pas de colle en son
centre, les ouvriers le baptisèrent « Scotch Tape » pensant qu’il
s’agissait d’une économie de colle (« scotch tape » se traduit
par « ruban écossais », les écossais étant réputés pour être très
économes). Plus récemment nous pouvons citer l’invention de
la colle en bâton dans les années soixante et celle de la note
auto adhésive dans les années quatre-vingt. Depuis, le domaine
des colles et adhésifs connait une période tout aussi excitante
et innovante.
Débuts difficiles pour le « Post-it »
Il est intéressant de noter qu’un élément emblématique
des fournitures de bureau aujourd’hui a connu des débuts
difficiles. Dès 1970 un produit adhésif qui se colle et se
décolle de nombreuses fois sans laisser de traces est créé, il
faudra attendre 1980 pour en voir la commercialisation. Par
contre ce lancement des notes « Post-it » est un échec. Ce
ne sera que suite à une distribution gratuite d’échantillons à
Wall Street et à la City à Londres en 1981 (la même année
est déposée le nom de « Post-it ») que l’essor de ce produit
se réalisera pour atteindre le même niveau d’antonomase
(où une marque devient un nom commun désignant le type
de produit qu’il représente).
peuvent passer complètement à un environnement informatique, la note manuscrite reste donc un outil dont peu de gens
peuvent se passer (même si ce type de notes existe en version
électronique, voir encadré). Donc la note manuscrite permet
d’organiser physiquement son environnement. Le fait d’avoir
une note physique, matérialisée permet un meilleur repérage
dans le temps et dans l’espace.
L’effet psychologique des notes auto adhésives
Le ruban Scotch Magic 900 sur un dévidoir recyclé.
Un effort de 3M pour le développement durable.
Le marché des colles et adhésifs continue à progresser sous l’effet
d’innovations et de nouveaux produits. Si, de nos jours, de plus
en plus de documents au sein de l’entreprise se présentent sous
forme électronique (documents Word, PowerPoint, etc.), il reste
toujours un besoin de colles et adhésifs, pour l’assemblage de
documents, pour l’affichage de document, voire même pour
réparer des documents endommagés. Dans le cas des notes auto
adhésives (type « Post-it »), le marché continue à progresser, car
la note est un outil d’organisation indispensable. Peu de gens
L’utilisation de notes auto adhésives permet une meilleure
organisation dans le temps et dans l’espace. Non seulement la
note qui est collée à l’écran d’ordinateur sert de pense bête,
mais sert aussi au niveau de l’organisation du temps de travail.
Le simple fait d’enlever une note auto adhésive, une fois la
tâche inscrite faite, est un geste fort dans l’organisation des
tâches. Ce geste est partie intégrante de la gestion du temps
de travail et permet, en un coup d’œil, de voir ce qui reste à
accomplir. Le fait que ce type de notes fait directement appel
à notre perception des dimensions (le temps et l’espace), rend
l’organisation plus simple et efficace.
Petite distinction
Nous pouvons faire une distinction entre les colles et les
adhésifs selon la façon dont il contourne la difficulté de
la rugosité pour fixer des objets ensembles. Une colle est
liquide et donc mouille l’ensemble de la surface à coller, y
compris les surfaces rugueuses. Par contre, un adhésif est
un solide mou : au contact de la surface rugueuse, il se
déforme spontanément, sous l’effet des forces de surface,
et épouse la surface rugueuse.
Le Boitier Z-Notes Post-it fait en papier recyclé. Ce type de notes
auto adhésives permet une meilleure organisation dans le temps
et dans l’espace.
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En effet, au cours des dernières années, le domaine des colles
et adhésifs ne cesse de progresser d’innovations écologiques en
innovations de stylistiques et de marketing. Aujourd’hui, dans
un marché de plus en plus compétitif, c’est le style et l’écologie
qui, avec la qualité des produits, donnent de réels moyens de
différentiation.
Certes, quelques grandes marques
semblent inamovibles (« scotch »
pour le ruban adhésif, « patafix »
pour la pâte à coller ou « Post-it »
pour les pense-bêtes). Mais le fait
que des marques rentrent dans le
langage commun reste une « gloire
passée », ou des « lauriers » sur
lesquels s’asseoir. Sans R.G.Drew,
le ruban adhésif n’aurait pas pris
une marque comme nom commun
(le « scotch »)… mais comme pour
les « kleenex », ou les « sopalins »,
tout ceci ne pourrait que relever
de l’anecdote historique si les
leaders du marché ne continuent
leurs innovations pour pérenniser
ces antonomases.
Le Patafix d’UHU, un exemple
d’antonomase, là où une marque
devient un nom commun désignant le
type de produit qu’il représente.
L’écologie, incontournable moteur de croissance
Les fabricants se préoccupent de plus en plus du développement
durable dans leurs efforts de recherche et de développement.
En effet, dans un monde de plus en plus conscient des problématiques liées au développement durable, les
fabricants ne peuvent laisser de côté la donne
écologique lors de la mise en marche de
nouveaux produits ou de la modernisation de
produits existants. Ceci implique non seulement
des efforts au niveau des processus de fabrication, mais aussi au niveau des emballages. Nous
trouvons de plus en plus d’emballages produits
à base de matériaux recyclés, qui peuvent en
outre devenir un argument de vente et donner
naissance à des campagnes de marketing axées
sur des valeurs écologiques.
Mais la valeur « développement durable » d’un
produit ne se mesure pas seulement par ses
composantes ou son emballage. Toute la vie du
produit doit entrer dans ce calcul écologique.
De la matière première à l’énergie dépensée
dans la création d’un produit, des différents
moyens de transport utilisés (tant pour faire
parvenir les matières premières à l’usine de
fabrication que pour amener le produit fini
au point de vente), et le volet social au travers
des différents processus, le tout amène à une
valeur de développement durable pour un
produit.
Les différents types de colles et adhésifs
On classe les adhésifs selon le type de solvant qu’ils utilisent,
selon leur composition chimique, et selon les matériaux qu’ils
sont appelés à relier.
Les adhésifs destinés à du bois, du carton, du papier, par exemple, sont relativement épais et peu fluides. Le solvant utilisé est
généralement de l’eau. Une fois en place et sec, ils ne peuvent
être ôtés que par action mécanique (gratter ou poncer).
Les adhésifs destinés à des matières plastiques varient énormément en fonction des matières à assembler : le solvant de
l’adhésif est choisi, selon le cas, pour ne pas altérer le plastique,
ou au contraire pour le dissoudre localement de manière à
souder les pièces.
Les types se déclinent selon leur composition :
 Végétale (fécules, amidons, cellulose, gommes naturelles,
etc.)
Les amidons et les dextrines sont issus du maïs, du froment,
des patates et du riz. Ils sont surtout utilisés dans le collage des
textiles, des papiers, cartons et revêtements muraux. Les adhésifs de cellulose sont utilisés pour coller le plomb, l’étoffe et le
papier. Les gommes humidifiées permettent une adhésion de
produits, comme par exemple les timbres et les enveloppes.
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 Animale (gélatines, albumines, caséine)
Parmi les adhésifs organiques issus des protéines animales, on
trouve les colles fabriquées par le collagène, constituant des tissus
conjonctifs et des os des mammifères, des poissons, la colle de
l’albumine sanguine, utilisée dans l’industrie du contreplaqué,
et la colle fabriquée par la caséine, protéine du lait, employée
dans le collage du bois et dans la peinture.
 Minérale (silicates)
Ces adhésifs sont utilisés dans l’industrie du carton.
 Synthétiques (acrylique, formol, polyester, etc.)
Les adhésifs synthétiques ont un domaine d’utilisations plus
étendu que les adhésifs naturels. La plupart des adhésifs synthétiques forment des polymères, des chaînes et des réseaux
solides qui collent durablement les surfaces. On les utilise plus
au niveau industriel.
Nous voyons donc que la majorité des colles et adhésifs utilisée dans les bureaux ou à la maison est à base végétale (avec
l’exception de la glue qui contient du cyanoacrylate, une résine
acrylique qui polymérise rapidement).
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Toute grande marque a aujourd’hui une gamme écologique.
Dans le cadre de ce qui nous intéresse (colles et adhésifs au
niveau des fournitures de bureau), la majorité des produits
est fabriquée à partir de bases animales ou végétales (voir
encadré), donc peut déjà être considérée comme étant
écologique. Là où le développement durable prend toute
son importance est le mode d’emballage des produits.
En effet, c’est en remplaçant un distributeur plastique
non biodégradable par un distributeur biodégradable
(pour les rubans adhésifs par exemple) que se fera
l’effort écologique. Ici toute la mesure de ce qui est
en périphérie des colles et adhésifs eux-mêmes rentre
en ligne de compte.
Le design, moyen de différentiation
L’innovation dans le design de nouveaux produits (tant au niveau esthétique qu’écologique) est aussi un moyen utilisé par
les industriels pour différencier leurs produits et assurer leurs
parts de marché. Par exemple, un distributeur de marque-pages doublé d’un marqueur est une innovation qui assure non
seulement une part de marché, mais permet d’en conquérir de
nouvelles. Des distributeurs de notes autocollantes associés à
des porte-crayons permettent une diversification de l’offre.
Comme tous les fabricants, Tesa propose
toute une gamme de produits éco-responsables.
Outre ces innovations, que l’on pourrait qualifier d’ergonomiques et commodes, certaines innovations demeureront principalement dans le domaine du design (tout en y associant un
avantage écologique comme nous l’avons vu précédemment).
Les dévidoirs de rubans adhésifs se déclinent en autant de
formes et de couleurs qu’il y a de types de bureaux.
Les besoins courants
Dans un environnement de bureau, les besoins en colles et
adhésifs restent assez classiques. Le ruban adhésif standard
de 10 ou 15 mm, transparent ou semi transparent (que l’on
peut même trouver en languettes prédécoupées) est, avec la
colle en bâtonnets, la base des besoins en colles et adhésifs.
S’y rajoutent les notes et marque-pages autocollants et les rubans adhésifs de 50 mm (et
plus) qui servent à l’emballage pour couvrir
l’ensemble des besoins courants.
Tout autre type de colle ou adhésif peut
aussi servir dans un environnement de
bureau, mais ce sera pour des besoins
ponctuels que l’on aura recours à de la
glue, de la colle à bois, de la colle en
aérosol ou à du ruban adhésif isolant.
Il est néanmoins intéressant de noter
qu’en 2003, une annonce du département de la sécurité des États-Unis
concernant une attaque biologique
imminente préconise de se munir
d’un kit de survie avec instruc-
La marque de super glue d’Henkel.
Un des produits qui, sans être des
plus utilisés dans un environnement
de bureau, demeure un outil de
collage important.
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Des rouleaux de rubans adhésifs pour les emballages de la
marque Apli. En polypropylène, et de couleur transparente
ou havane et au format 48 mm x 66 m, ces nouveaux rubans
adhésifs qui se déroulent sans bruit viennent compléter
l’offre de la marque.
Colles : détails, importants
Certains détails (que l’on retrouve généralement sur la
notice du produit) sont très importants dans l’utilisation
de la colle. Ces éléments doivent être pris en compte lors
de son choix en matière de colle.
Premièrement il y a la période entre l’ouverture du pot et
le début de prise de la colle que l’on retrouvera sous l’expression « temps ouvert ». Ensuite le « temps de gommage »
qui délimite la période pendant laquelle une colle étalée
s’épaissit et augmente son pouvoir d’adhérence (avant la
mise en contact des pièces à assembler). Le « temps de
travail » détermine la période idéale pour effectuer un
assemblage, au-delà duquel le collage pourrait être défectueux. Finalement, le « tack » ou « pégosité » qui délimite
le pouvoir d’adhérence immédiat de la colle à l’instant où
les deux pièces entrent en contact.
Ces détails permettent un meilleur choix au niveau des
colles, selon la réponse de leur propriété vis-à-vis des
besoins.
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tions formelles d’y inclure du « duct tape » (ruban adhésif
de réparation). Ce type de ruban adhésif popularisé par
la série américaine MacGyver, a entre autres été un des
éléments centraux utilisés pour sauver les astronautes de
la mission Apollon 13.
Les colles et adhésifs restent indispensables
Comme nous l’avons vu au cours de ce dossier, les colles et
adhésifs continuent à faire partie des fournitures de bureau
de base. Tant que le travail de bureau demandera la manipulation d’objets physiques, et tant que l’organisation du
travail demandera des repères physiques, colles et adhésifs
auront leur place au sein de toute organisation.
Il est inconcevable d’atteindre un niveau de dématérialisation
telle que les colles et adhésifs deviennent des anachronismes.
Tant qu’il y aura des documents à recoller, et reliures à recoller, des cartons à refermer, les colles et adhésifs garderont
leur place dans les fournitures de bureau. De plus, avant
de pouvoir complètement dématérialiser l’organisation du
travail, notes autocollantes et marque-pages autocollants
demeureront.
Grâce à des efforts soutenus au niveau de la recherche et
du développement pour proposer une offre riche de produits, l’industrie des colles et adhésifs reste une industrie
vivante. Un souci du développement durable combiné à
une nécessité de performance de leurs produits font en
sorte que le secteur des colles et adhésifs demeure tout
aussi dynamique et innovateur qu’avant.
Même les adhésifs
sont rattrapés par la
dématérialisation !
La dernière version du logiciel Windows (Windows 7)
propose quelque chose d’assez unique : une
dématérialisation d’une fourniture de bureau que nous
connaissons tous : le « Post-it ». En effet, Windows 7 offre
l’équivalent électronique de ces notes auto adhésives. Il
est maintenant possible de se laisser des « pense-bête »
directement sur le bureau de Windows 7 en utilisant des
« notes virtuelles » qui reprennent jusqu’au look des notes
physiques y compris l’utilisation de polices qui ressemble
à de l’écriture manuscrite. Même le secteur des colles et
adhésifs est touché par la dématérialisation.
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