60ème anniversaire du Foyer Notre-Dame des Sans-Abri

Transcription

60ème anniversaire du Foyer Notre-Dame des Sans-Abri
Discours de Monsieur Gérard COLLOMB
Sénateur-Maire de Lyon
A l’occasion du 60ème anniversaire du Foyer Notre-Dame des Sans-Abri
Hôtel de Ville de Lyon
Jeudi 29 avril 2010
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Monsieur le Ministre de l’Espace Rural et de l’Aménagement du Territoire
Urbain
Votre Eminence,
Monsieur le Président du Conseil Régional
M. le Président du Foyer Notre-Dame des Sans-Abri,
Mesdames et Messieurs les Elus,
Mesdames et Messieurs,
Le 24 mai 1950, trois professeurs de l’enseignement public créent l’association
« Foyer des Sans-Abri ».
Gabriel Rosset, Georges Belleville et Henri Tournissou partagent la même foi et la
même ambition : devenir des serviteurs des sans-abri, et implanter à Lyon un foyer
pour accueillir, héberger, soigner ceux qui n’ont rien.
Ces trois hommes de convictions vivent à l’époque en communauté dans un petit
appartement sur les pentes de la Croix-Rousse.
Ils sont animés par une force intérieure exceptionnelle.
Ils sont aussi porteurs d’une grande exigence et d’une détermination peu commune.
Quelques mois après la naissance de l’association, le 23 décembre 1950, s’ouvre
rue Dumoulin – aujourd’hui rue du Père Chevrier –, le premier asile de nuit du
Foyer qui accueille ce soir là 11 personnes.
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Depuis, le Foyer n’a jamais cessé d’accueillir, de réconforter, de secourir tous les
blessés de la vie quelles que soient leur origine ou leur religion.
Naturellement, dans la continuité des pères fondateurs, le Foyer des Sans-Abri a
toujours conservé depuis 60 ans son ancrage spirituel.
On dit que c’est fin décembre 1950 ou début janvier 1951, qu’un jeune étudiant,
venu vivre au foyer au milieu des sans-abri pour mieux les aider, murmura un soir :
« Notre-Dame des Sans-Abri priez pour nous ».
C’est à partir de ce jour là que le Foyer des Sans-Abri devint le Foyer Notre-Dame
des Sans-Abri.
Je le disais, Gabriel Rosset et ses amis sont, dès la genèse, porteurs d’une grande
exigence et d’une grande ambition pour le foyer.
Mais peuvent-ils imaginer alors que le formidable mouvement de solidarité qu’ils
viennent de lancer, ne s’arrêtera plus ?
Peuvent-ils penser en accueillant à Noël 1950 les 11 premiers passagers, comme ils
les appellent d’emblée, que 60 ans plus tard, FNDSA soit en capacité d’accueillir
jusqu’à 750 personnes en même temps comme ce fut le cas au cœur de l’hiver 2010
?
On peut d’une certaine façon le regretter car cela nous rappelle que notre pays
débarrassé depuis longtemps des stigmates de la guerre, ayant assuré sa
reconstruction puis son développement économique, s’étant doté d’un système de
protection sociale performant, n’a pu cependant annihiler l’exclusion et éradiquer la
misère.
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L’action de FNDSA a été, et sera donc indispensable pour répondre à l’appel des
sans voix, des sans logis, des sans droit.
Si FNDSA a démontré durant ses 60 ans d’existence toute son efficacité et toute
son importance dans la vie sociale lyonnaise, c’est d’abord parce que l’association
a su toujours s’adapter aux besoins nouveaux générés par les évolutions de la
société.
L’histoire du développement de l’association en atteste.
En 1950, le premier centre d’accueil de la rue Dumoulin est réservé aux hommes.
Mais dès 1954, suivant les conseils de l’Abbé Pierre qui recommande de prendre en
compte les familles, FNDSA ouvre le Foyer Notre-Dame de Vie pour femmes et
enfants dans le 4ème arrondissement puis aménage la 1ère cité pour famille à la
Mulatière avant de fonder, en 1958, un hôtel familial rue Dumoulin.
Le foyer bâtisseur prend alors son envol.
FNDSA a toujours su allier efficacité et compétence en s’adaptant à de nouveaux
publics, en tenant compte des mutations des conceptions de l’accueil, en s’appuyant
sur les évolutions législatives, en saisissant toutes les opportunités publiques et
privées de financement, en s’inscrivant dans un processus de coopération avec
l’Etat et les Collectivités Locales.
Dans les années 70, le Foyer crée une Société Anonyme HLM pour obtenir des
financements au titre de ce que l’on appelait à l’époque « le programme pour la
résorption de l’insalubre ».
L’association met, par ailleurs, à contribution architectes et entrepreneurs, obtient
des concours bénévoles, s’attache des compétences désintéressées.
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Maison pour familles nombreuses, foyer de travailleurs immigrants, foyer pour
célibataires, accueil de familles de malades hospitalisés, maison d’accueil pour les
personnes âgées, ouverture d’un CHRS pour jeunes, les constructions et initiatives
se multiplient pour répondre aux besoins de différentes populations.
Parallèlement, FNDSA accompagne ce développement quantitatif et cet
accroissement de l’offre d’hébergement par une réflexion et une action visant à
assurer une meilleure offre qualitative pour mieux accueillir et héberger.
C’est ainsi que FNDSA invente, en 1994, les cabines individuelles pour assurer un
peu d’intimité aux passagers.
Une œuvre d’une telle ampleur, réalisée sur une période aussi longue, est
naturellement le fruit d’une alchimie subtile entre bénévolat et professionnalisme,
engagement total et compétences partagées.
Les 11 présidents successifs de FNDSA ont su conserver, au fil des décennies, le
message et la philosophie de Gabriel Rosset tout en professionnalisant l’association
pour lui permettre d’allier générosité et efficacité.
Les 1300 bénévoles comme les professionnels qui travaillent au sein du foyer ont
en commun le respect absolu des passagers. Ils savent faire preuve de fermeté
lorsque c’est nécessaire et imposer des règles de vie à ceux qui sont marqués par la
violence de la rue, les ravages de l’alcool, le manque d’estime de soi, le
découragement.
Cette éthique de la responsabilisation constitue une marque de fabrique de FNDSA
sur laquelle je souhaitais insister car elle renvoie à une conception exigeante et
généreuse de la dignité humaine.
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Nous l’avons vu, la pérennité et l’efficacité de FNDSA tiennent à l’action
d’hommes exceptionnels. Je pense aux anciens présidents ici présents et notamment
Denys Trossat, Bruno de Boissieu et Yves Perret que j’ai eu le plaisir de côtoyer
depuis mon élection à la Mairie de Lyon.
Je me suis efforcé de les aider, de les accompagner dans leurs initiatives, comme je
continuerai à le faire dans l’avenir.
Je tiens à saluer Alain Mérieux, Premier Président des « Amis de FNDSA », réseau
informel de capitaines d’industrie et de membres de professions libérales qui
contribue puissamment à faire connaître les activités du foyer et à aider à la
concrétisation de nouveaux projets.
Monsieur le Président Viannay, dans quelques minutes, je vais avoir l’honneur de
vous remettre la médaille de la Ville de Lyon décernée au Foyer Notre-Dame des
Sans-Abri.
Je voudrais m’arrêter quelques instants sur votre parcours qui me paraît assez
emblématique et représentatif de ceux qui vous ont précédé.
Ingénieur chimiste, vous avez effectué toutes votre carrière au sein du groupe
Rhône-Poulenc.
Vous avez, durant votre carrière professionnelle, fait preuve à la fois d’une grande
fidélité à Lyon que vous n’avez jamais quitté et d’une grande faculté d’adaptation
et de mobilité interne au sein de votre groupe où vous avez exercé 12 métiers
différents !
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Vous avez ensuite apporté votre expérience à l’Ecole Supérieure Chimie Physique
Electronique de Lyon.
Membre de la Fondation de France de 1998 à 2007 en charge d’instruire les
dossiers environnementaux, vous avez par ailleurs entamé en 2008 votre 5e mandat
d’adjoint au Maire de Faramans dans l’Ain. Vous êtes enfin membre du CA du
CCAS de la Ville de Lyon.
Homme d’action, vous avez cependant l’habitude de dire que vous n’avez jamais
provoqué le mouvement pour accéder à vos différentes responsabilités et que l’on
est plutôt toujours venu vous chercher. Mais visiblement lorsque l’on vous cherche
on vous trouve !
Vous apportez depuis 2007 à la tête de FNDSA cette riche expérience
professionnelle et personnelle si nécessaire pour aller de l’avant.
Vous êtes le continuateur de l’œuvre de Gabriel Rosset, auquel la Ville de Lyon
rendra hommage en donnant son nom à une rue de notre nouveau quartier de
Confluence.
Je conclurai en citant l’un de vos prédécesseurs Jean Breugnot : « Combien de
serviteurs ont accueilli chaque soir, lavé, soigné, vêtu et entouré tous ces passagers
que la vie et la rue avaient détruits ? C’est grâce à la foi de ces serviteurs là que le
foyer existe et perdurera même si chacun de ces héros de l’ombre n’a jamais reçu
la moindre médaille ».
C’est en pensant à tous ces héros de l’ombre, Monsieur le Président, que je vous
remets la médaille de la Ville de Lyon décernée au Foyer Notre-Dame des SansAbri.
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