La Visibilité du Basket

Transcription

La Visibilité du Basket
La Visibilité du Basket-Ball
en France
Baratchegaray Jean-Bernard
Marguignot Pierre-Alexandre
MBA Management du Sport
Année 20013-2014
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Remerciements
En préambule de cette thèse, nous tenions à remercier sincèrement notre tutrice de thèse
Madame Audrey SORGE pour ses conseils qui nous ont orientés dans l’élaboration de notre
thèse.
Nous remerciements s’adressent également à l’ensemble des intervenants de la formation qui
nous ont permis d’acquérir le bagage nécessaire à l’élaboration de ce projet.
Nos remerciements s’adressent également à toutes les personnes qui nous ont aidés et
soutenues ainsi que les personnes qui ont participé à l’élaboration de notre thèse en acceptant
de répondre à nos interviews et à nos enquêtes de terrain.
Enfin nous exprimons notre gratitude à Monsieur Jean-Claude SORGE qui nous a permis de
vivre cette fabuleuse année de sport.
Merci à tous et à toutes.
Jean-Bernard Baratchegaray
Pierre-Alexandre Marguignot
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Sommaire
Introduction ............................................................................................................. 4
I.
Bilan actuel du basket en France .......................................................... 5
a. Le basket amateur en France ........................................................... 5
b. Le basket professionnel en France .................................................. 9
c. La réussite du basket dans le monde ............................................. 15
II.
Les points faibles du basket Français ................................................. 30
a. Au niveau amateur ........................................................................ 30
b. Le manque de visibilité du basket professionnel........................... 35
c. Comparaisons avec les sports majeurs en France ......................... 43
i. Le cas du football .............................................................. 43
ii. Le cas du rugby ................................................................. 46
III.
Nos axes d’amélioration...................................................................... 52
Le basket : un sport-compétition qui doit devenir un sport-spectacle ? ................ 52
Le Basket un produit marketing ? ......................................................................... 53
La Pro A en manque de partenaires du privé ? ..................................................... 54
Les « big markets », une solution pour la Pro A ? ................................................ 54
Un renouvellement des infrastructures ? ............................................................... 56
Une nouvelle pratique du basketball ? .................................................................. 58
Une superligue ? .................................................................................................... 59
Une simplification ? .............................................................................................. 60
Une modification des quotas ? .............................................................................. 60
Une meilleure gestion des jeunes ? ....................................................................... 61
Conclusion ............................................................................................................. 63
Webographie ......................................................................................................... 64
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Introduction
Le basket français est un des sports les plus pratiqué en France avec une Fédération
qui compte 578.207 licenciés (statistiques FFBB). Il s’agit de la 5ème Fédération sportive en
France en termes de licenciés derrière le Football, le Tennis, l’Equitation et le Judo. C’est
également le sport collectif qui attire le plus les femmes avec une part de 38,3%.
Cependant, malgré un nombre de licences particulièrement élevé, le Basket est loin derrière
des sports tels que le Football ou le Tennis en termes de médiatisation. Il suffit en effet de
constater les chiffres des principaux droits TV pour se rendre compte que le basket est un
sport secondaire d’un point de vue médiatique.
Un constat simple peut être établi: le Basket est suivi principalement par ses pratiquants: en
effet, contrairement au football, suivi par une part importante des français (y compris ceux qui
ne pratiquent pas), le Basket n’intéresse majoritairement que des personnes “liées” au sport.
Ceci a été particulièrement prouvé par un sondage paru sur le site de l’Equipe avec comme
intitulé de question: “Le Basket français est-il ringard ?”. Sur les 26 198 participants, une part
impressionnante de 73% a répondu affirmativement, tandis que seulement 25% répondaient
“Non” (3% ne s’étant pas prononcés).
Pourtant, le France jouie d’une renommée mondiale dans le Basket, notamment avec le Titre
de Champion d’Europe acquis en 2013. C’est également la nation la plus représentée en NBA
(derrière les Etats-Unis bien sûr) avec 11 joueurs encore en activité dans la Grande Ligue.
Malheureusement, les clubs professionnels Français ont encore du mal à jouer sur le devant de
la scène Européenne et l’époque des titres de Champion d’Europe (Coupe d’Europe
auparavant appelée “Coupe Korac”, avant sa fusion avec la “Coupe Saporta” qui donnera
ensuite la Coupe ULEB de Basket-Ball) remportés par le CSP Limoges en 1982, 1983 et
2000, par Pau-Orthez en 1984 et le SLUC Nancy en 2002 semble bien loin.
Malgré donc des points forts non négligeables, le Basket Français connaît une certaine
difficulté à se développer et une problématique en ressort:
Comment accroître la visibilité du basket en France ?
Dans un premier temps, nous commencerons par dresser un état des lieux du basket en France
afin de le comparer à d’autres pays tels que les États-Unis, la Chine ou bien encore l’Espagne.
Nous effectuerons ensuite une analyse plus poussée sur ce qui est fait actuellement autour du
basket professionnel en France et tenter de déterminer ses points forts ainsi que ses faiblesses.
Enfin, dans un dernier temps, nous proposerons nos recommandations, grâce aux différentes
pistes de réflexion et à l’état des lieux des axes d’amélioration, afin d’aboutir sur des solutions
adaptées permettant de redynamiser le basket en France, notamment les championnats
professionnels, la Pro A et la Pro B.
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Bilan actuel du basket en France
a. Le basket amateur en France
Bref historique du basket-ball
James Naismith est un éducateur et médecin canadien. Alors qu’il s'installe dans le
Massachusetts (Etats-Unis) afin de travailler au collège de Springfield en tant que directeur
des activités physiques à la Y.M.C.A. - Young Men's Christian Association. Confronté à des
difficiles conditions climatiques durent les intersaisons hivernales entre les saisons de football
américain et de baseball, il voulait créer un sport qui puisse être pratiqué l'hiver, soit en
intérieur, et qui permettrait de limiter les risques de blessures. C’est alors que le concept du
“basket-ball” lui est venu. Le nom de « Basket-ball » lui sera quelques temps plus tard
suggéré par un de ses étudiants.
La popularité du sport ne se fit pas attendre, et le premier match fut organisé seulement trois
mois plus tard, le 11 mars 1892. Ce premier match opposant les étudiants et les professeurs du
collège de Springfield devant un public d’environ 200 personnes.
Grâce aux diplômés de Y.M.C.A et au Docteur Naismith, le basket s'étendit rapidement à tout
l'est des Etats-Unis puis à travers le pays entier.
Il atteignit la France dès l’année suivante: c’est à Paris, rue de Trévise que se déroulera en
1893, le 27 Décembre, le premier match de basket-ball en Europe. Il est alors organisé par
l’Union Chrétienne des Jeunes Gens (l'équivalent français de la YMCA). Ce n’est pourtant
qu’après le Seconde Guerre Mondiale, en 1920, que ce sport sera reconnu
institutionnellement: la Fédération Française d’Athlétisme (FFA) mettra alors en place une
“Commission du basket-ball” qui enregistrera 336 licenciés.
L’année suivante, en 1921 donc, le premier championnat de France de Basket verra donc le
jour: c’est l’Evreux AC qui deviendra le premier champion de France en s’imposant contre le
Stade Français. Devant l’essor du basket, la FFA deviendra même la FFABB, la Fédération
Française d’Athlétisme et de Basket-Ball en 1929.
Trois ans plus tard, la branche basket proclamera son indépendance et deviendra
officiellement la Fédération Française de Basket-Ball (FFBB) en 1932. Le championnat est
cependant réservé aux hommes à cette époque, et il faudra attendre 1951 pour voir apparaître
le Championnat de France Féminin. La Coupe de France Masculine apparaîtra quant à elle
l’année suivante.
Au niveau international, et ce en moins de 60 ans, le basket aura connu un très grand succès: à
l’époque, il était déjà pratiqué dans plus de 150 pays.
En 1979, la FFBB enregistre près de 280.000 licenciés.
L’apparition d’un championnat plus professionnel se fera en 1986 lors de la création du
Comité des Clubs de Haut Niveau (CCHN) qui dispose d’une délégation de pouvoir octroyée
par la FFBB pour l’organiser. Ce n’est qu’en 1990 que la Ligue Nationale de Basket
apparaîtra pour remplacer le CCHN: à l’époque, les championnats se nomment Nationale 1A
et Nationale 1B: et se composent de 16 clubs chacun. La Pro A et la Pro B, noms que nous
leur connaissons aujourd’hui seront renommés en 1993.
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Le basket français est donc régit par deux instances principales (qui sont donc liées
comme nous l’avons vu précédemment): la FFBB et la LNB. Dans cette partie cependant,
consacrée au basket amateur, nous allons cependant nous concentrer sur la Fédération.
Tout d’abord, précisons qu’il existe trois niveaux de championnats amateur en France, eux
même séparés en trois sous niveaux:
* Le Championnat National:
- Nationale 1 (N1)
- Nationale 2 (N2)
- Nationale 3 (N3)
* Les Championnats Régionaux:
- Excellence régionale (R1)
- Promotion d’honneur régionale (R2)
- Honneur régionale (R3)
Les Championnats Régionaux sont gérés par les Comités Départementaux: on en dénombre
donc 95.
* Les Championnats Départementaux:
- Excellence départementale (D1)
- Promotion d’honneur départementale (D2)
- Honneur départementale (D3)
Les Championnats Départementaux quant à eux sont administrés par les Ligues Régionales.
Les missions principales de la FFBB, outre l’organisation et la régence de ces championnats,
sont les suivantes:
- Participer à la promotion et l’éducation par les activités physiques et sportives et en
favoriser l’accès à tous.
- Former des dirigeants, animateurs, formateurs et entraîneurs fédéraux,
- Organiser et gérer l’arbitrage et ses formations au sein de la discipline,
- Veiller au respect des règles techniques, de sécurité, d’encadrement et de déontologie
du basket-ball,
- Délivrer les titres fédéraux et
- Organiser la surveillance médicale de leurs licenciés.
Pour mener à bien ces missions, la FFBB est organisée en cinq grands pôles: Administration
Générale et Finances, Haut Niveau, Formation, Marque FFBB et Territoires.
Chacun de ces pôles sont placés sous la responsabilité d’un directeur. Ces derniers sont
membres du Comité de Direction qui se tient toutes les semaines afin d’assurer la cohésion
des actions de la Fédération. Avec ces directeurs, sont présents également le Directeur
Technique Nationale (DTN) - Patrick Beesley actuellement - et ses deux Adjoints, Gilles
Thomas et Alain Contensour.
C’est par le biais de ce Comité Directeur que la Fédération Française de Basket-Ball a pu
articuler sa stratégie autour de trois axes stratégiques. Le premier étant la performance
notamment pour les Equipes de France séniors lors des compétitions européennes et
internationales, l’accompagnement des jeunes joueurs vers le haut niveau. Vient ensuite la
modernisation de la Fédération en elle-même afin d’améliorer son fonctionnement, sa
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communication tant interne qu’externe, ses formations etc. Finalement, l’aménagement du
territoire afin de faciliter la pratique, notamment du 3x3 qui va de pair avec l’évolution de la
société ainsi que le développement des réseaux d’influence au plan international, national et
ce auprès des milieux économiques.
La FFBB a donc lancé des projets variés autour du basket afin d’en décliner sa pratique. Outre
les licences compétitions, elle délivre en effet des licences loisirs ou vétérans pour les
personnes souhaitant pratiquer le sport sans pour autant le faire de manière compétitif.
La Fédération cherche également à développer la conscience associative et collective des plus
jeunes avec, par exemple, le projet JAP; Je joue, j’arbitre, je participe. Cette opération
proposée aux écoles de Mini Basket est destinée à promouvoir la formation globale du jeune
licencié. Elle a pour but d’inciter les jeunes à être acteurs de leur club et de la vie associative
tout en y prenant plaisir. Son fonctionnement est simple; lors de la 1ère année poussin, le mini
basketteur/se reçoit une carte sur laquelle les compétences acquises lors de sa formation
seront validées, et ce dans les trois domaines: le jeu, l’arbitrage et la participation.
Cette conscience associative se décline aussi à des âges plus avancés. Il est en effet
obligatoire pour les clubs d’avoir en leur sein des “Arbitres Officiels” suivant le niveau où
évolue leurs équipes: ainsi, pour chaque équipe évoluant au niveau D1 (DM1 pour les
hommes, DF1 pour les femmes), le club devra former un arbitre officiel. Ce moyen permet
d’une part d’alimenter le vivier d’arbitres des Comités Départementaux mais également de
sensibiliser les clubs et surtout les joueurs à l’arbitrage: en poussant les jeunes à arbitrer, ils
seront eux-mêmes moins enclins à poser des problèmes lors de leur propres matches; le but
étant ainsi de diminuer les problèmes récurrents entre les joueurs et les arbitres, notamment à
plus bas niveau.
La FFBB cherche donc par le biais de son sport à éduquer et former des jeunes et à également
organisé des partenariats avec le système scolaire et le “basket école” ainsi que le “basket
collège”: il est possible pour des classes de s’inscrire sur le site prévu à cet effet
(http://www.basketecole.com/). Ils sont alors pris en charge par une section spéciale du
comité départemental dont ils dépendent qui outre les cadeaux, leur fournira une formation
pédagogique autour du basket.
Autre projet initié par la Fédération, est le concept de Basket en Liberté: il s’agit en fait de
basket avec une forme de jeu réduite: c’est à dire qu’il ne faut plus forcément être 10 pour
jouer (5 contre 5); maintenant, des tournois sont organisés allant de 1 contre 1 à 5 contre 5. Le
mode le plus populaire étant le 3 contre 3 que la FFBB a fait une discipline à part entière,
avec l’organisation “d’open nationaux”, la création d’un classement national...On retrouve
notamment une rubrique spécialement dédié à ce mode de jeu sur le site officiel
(http://www.ffbb.com/3X3).
Enfin, la FFBB essaye également de pousser à l’excellence individuelle avec, par exemple,
l’organisation du Challenge Benjamins (et Benjamines): il s’agit d’épreuves individuelles
pour les 11/12 articulé en plusieurs phases: club, département, région puis national lors des
finales organisées à Paris, en même temps que la finale de la Coupe de France. Le vainqueur
de ce challenge remporte ainsi un voyage aux Etats-Unis pour vivre une expérience NBA.
Grâce notamment à tous ces projets, la Fédération de Basket peut compter sur son nombre
important de licenciés, en hausse ces dernières années: on remarque en effet que depuis la
saison 2008/2009, le nombre de licences n’a cessé de s’accroître avec parfois des
augmentations significatives d’une année sur l’autre, notamment l’année dernière. En effet,
alors qu’on dénombrait plus de 480.000 licences pour la saison 2012/2013, 578.207 licences
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ont été délivrées pour la saison suivante, soit une hausse d’environ 85.000 (soit 17%). Il est
également important de noter que presque 40% des licenciés sont des femmes, ce qui en fait le
sport collectif avec la plus grande part de licences féminines.
Le basket, au niveau amateur attire donc particulièrement. C’est un sport collectif
donc forcément, créateur de lien social. Il allie les qualités physiques, techniques mais
également psychologiques: le joueur ou la joueuse doit posséder ou développer ses capacités
d’anticipation, d’adresse; de subtilité et de lucidité.
Contrairement aux idées reçues, tous les contacts ne sont pas interdits dans le basket-ball,
même si la plupart sont prohibés: certaines interventions considérées comme trop physiques
peuvent ainsi être sanctionnées. C’est aussi ce qui fait la beauté de ce sport: cette capacité que
doit avoir le basketteur/se de défier l’adversaire et de l’empêcher de marquer sans intervenir
directement sur con corps.
Le basket a donc un côté ludique et sécurisant qui aide à inspirer confiance aux parents qui
cherchent une activité sportive pour leurs enfants; sans oublier le fait que ce soit un sport
d’intérieur, donc accessible en toute saison.
C’est également ce côté ludique qui en fait un sport d’Education Physique et Sportive
enseigné à l’école: c’est un excellent outil éducatif utilisé dans la quasi-totalité des écoles du
pays: tout le monde a déjà pratiqué du basket au moins une fois. Qui plus est, le contrôle des
contacts physiques lui donne plus la possibilité d’en faire une activité mixte que du rugby ou
même du football.
Il est également important de prendre en compte l’ensemble des pratiquants de basket-ball
pour vraiment appréhender le succès de ce sport au niveau amateur. En effet, avec le
développement des activités sportives loisirs depuis quelques années (pour l’hygiène de vie
notamment, le défoulement etc…), la pratique du basket s’est elle aussi développée: en effet,
d’après une enquête de l’Insep et du Ministère des Sports (datant cependant de 2000; les
chiffres ont évolués, mais les faits restent identiques), le basket-ball compterait en effet près
de 1 350 000 pratiquants dont presque 800.000 de façon hebdomadaire. En considérant que
parmi ces derniers il y a tous les détenteurs de licence, on peut estimer que presque 300.000
personnes jouent au basket au moins une fois par semaine sans être affiliées à un club. On ne
peut cependant pas parler de 300.000 personnes sans licences, car d’autres types de licences
que celles délivrées par la FFBB existent; par exemple, l’UNSS, l’Union Nationale du Sport
scolaire délivre de licences et compte environ 90.000 basketteurs et basketteuses. On retrouve
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également l’Union Française des Œuvres Laïque d’Education Physique (UFOLEP) ou tout
simplement la Fédération Française Handisports (et sa Commission Handibasket).
Un autre point que l’on pourrait également reprocher à l’enquête est qu’elle a été effectuée sur
un échantillon âgé de 15 à 75 ans: or on sait que le basket peut se commencer très tôt. En
effet, dès 4 ans les parents peuvent laisser, dans les clubs équipés pour, leurs enfants aux
mains d’entraîneur pour du “baby basket” où ils commencent à apprendre de manière ludique
les rudiments du jeu. Cette pratique du basket entre 4 et 15 ans se fait principalement au sein
d’une association ou à l’école pour des raisons de sécurité et d’encadrement: ne pas prendre
en compte cette tranche d’âge dans l’enquête pourrait apparaître comme une lacune.
Le basket amateur ravit donc petits et grands, joueurs occasionnels ou invétérés car il
répond justement aux attentes de publics très divers. Il enchante toutes les générations tant par
sa richesse technique que par les sensations qu’il procure et l’enthousiasme général qu’il
génère. Qui plus est, il constitue un excellent support éducatif pour l’enfant.
On peut donc dresser un état des lieux plutôt positif pour le basket amateur en France. Qu’en
est-il cependant du Basket Professionnel ?
b. Le Basket professionnel en France
Après nous être concentrés sur le basket amateur et sur la FFBB, nous allons maintenant
pouvoir faire l’état des lieux du basket professionnel en France.
Pour commencer, il faut tout d’abord parler de l’organe qui régit ce monde
professionnel: la Ligue Nationale de Basket (LNB). Comme précisé ultérieurement, le CCHN
(Comité des Clubs de Haut niveau) a été créé en 1987 sous l’impulsion de la FFBB. C’est en
1990 que le Comité adoptera le nom qu’on lui connaît aujourd’hui: la LNB. Le premier
Président du CCHN sera également le premier président de la LNB et effectuera la transition:
Jean Bayle-Lespitau aura été à la tête la ligue majeure française pendant 12 ans, de 1987 à
1999. Il aura joué un rôle prépondérant dans la professionnalisation du basket en France. en
1991, il sera également l’un des cofondateurs de l’Union des Ligues Européennes de Basketball (ULEB). La LNB sera une des trois premières ligues affiliées, en compagnie des Ligues
Italiennes et Espagnoles. Depuis 2011, c’est Alain Béral qui est à la tête de la Ligue.
Comme le précise ses statuts (disponibles dans les Annexes): “La LNB est une
association régie par la loi du 1er juillet 1901, les textes législatifs et réglementaires
applicables aux associations et ceux relatifs à l’organisation et à la promotion des activités
sportives.” La LNB est donc une association sportive qui a plusieurs missions clairement
définies. En premier lieu, elle est donc garante de l’organisation des différentes compétitions
professionnelles masculines de Basket en France: la Pro A, la Pro B (ainsi que les “Playoffs”,
les Finales, de ces compétitions), le Championnat Espoir, les Leaders Cup (Pro A et Pro B),
Le Trophée du Futur, le Match des Champions et dans une certaine mesure, le All Star Game.
Nous reviendrons sur chacune de ces compétitions.
De plus, la Ligue adopte et fait appliquer les différentes réglementations de ses
compétitions: cela prend en compte les contrats de travail, que ce soit ceux des joueurs ou des
entraîneurs, le règlement médical ainsi que le cadre juridique. On peut prendre l’exemple de
la clause libératoire prévoyant une indemnisation et une police d’assurance pour les joueurs
(considérés comme des salariés) sélectionnés en Equipe de France pendant toute la durée des
stages, préparations et compétitions internationales.
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Comme tout association, la LNB se doit d’avoir en place une l’Assemblée Générale.
Elle se réunit au moins une fois par an afin de définir différents points majeurs de
l’organisation: elle, entre autres, définit la forme des compétitions en accord avec la FFBB,
vote le budget, adopte le règlement intérieur de la LNB etc... Chaque membre se devra d’être
licencié à la FFBB. Elle est composée:
* d’un représentant de chaque club de Pro A ainsi que de Pro B,
* quatre représentants du Comité Directeur de la FFBB,
* dix personnes qualifiées: 7 sont élues par les groupements sportifs de Pro A et Pro B tandis
que 3 sont désignées par la FFBB. Aucune ne peut cependant avoir des fonctions de direction
au sein d’un de ces groupements sportifs ni être membre du Comité Directeur de la FFBB,
* un représentant des joueurs,
* un représentant des médecins désigné par la Commission médicale de la LNB,
* un représentant des entraîneurs et
* un représentant des arbitres, désigné par L’union des arbitres de Basketball.
Chaque membre de l’AG dispose d’une voix, sauf deux cas exceptionnels: chaque club de Pro
A dispose en effet de deux voix chacun, tout comme les quatre représentants du Comité
Directeur de la FFBB.
Au niveau de son fonctionnement interne, la LNB est administrée par un Comité
directeur de dix-sept membres, présidé par le Président. Ce dernier étant lui-même élu parmi
les dix-sept membres ainsi que quatre vice-présidents. Tandis qu’un d’entre eux sera chargé
des Finances, un autre sera désigné Secrétaire Général. Ce comité directeur est donc composé
de:
* cinq représentants des clubs de Pro A élus par l’Assemblée Générale,
* deux représentants des clubs de Pro B élus par l’Assemblée Générale,
* trois représentants du Comité Directeur de la FFBB,
* quatre personnes siégeant à l’Assemblée Générale de la LNB et élues par cette dernière,
dont une parmi les trois désignées par le Comité directeur de la FFBB,
* le Président de l’organisation la plus représentative des dirigeants de groupements sportifs
membres de la LNB,
* un représentant des joueurs professionnels et
* un représentant des entraîneurs.
Ce Comité Directeur a comme rôle, notamment, de suivre l’exécution du budget adopté par
l’AG et les décisions de cette dernière, de veiller au respect de l’application des règlements,
de constituer des Commissions spécialisées et d’en désigner les membres.
On dénombre 8 Commissions au sein de la LNB:
1. La Direction Nationale du Conseil et du Contrôle de Gestion (DNCCG)
Elle même composée de trois commissions différentes qui ont des rôles bien définis: le
Conseil supérieur de Gestion (CSG), la Commission du Contrôle de Gestion des Clubs
Professionnels (CCG) et la Commission de Qualification (CQ).
Le CSG est garant des procédures. Il a accès à tous les dossiers examinés par la CCG
et est le seul habilité à prononcer des sanctions, sauf lorsqu’il s’agit de sanctions financières
automatiques prévues dans les règlements. C’est également le CSG qui statut sur les
rétrogradations ou refus d’accession (uniquement lorsqu’il s’agit de raisons financières). Le
Président de le DNCCG est également celui du Conseil Supérieur de Gestion.
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La CCG contrôle le respect des obligations relatives à la comptabilité des clubs
professionnels et à la production des documents prévus par les règlements. C’est aussi elle qui
examine les situations financières des clubs et qui assure la publicité de leurs comptes et
bilans. La CCG est également chargée de fournir le bilan et le compte de résultat du basket
professionnel français. Elle est composée de trois membres issus de deux cabinets d’expertise
comptable différents indépendants.
La CQ quant à elle permet au championnat d’avoir des équipes: elle est en effet en charge
de l’homologation de tous les contrats des joueurs et entraîneurs. Tant que les contrats ne sont
pas validés par la CQ, le joueur/entraîneur ne pourra pas prendre part à un match
professionnel. Elle est composée de quatre membres: un membre de la CCG, un de la
Commission juridique et discipline ainsi qu’un expert en droit social et un administrateur de
la Ligue Nationale de Basket.
2. La Commission Juridique et de Discipline
Cette commission se prononce sur tous les manquements à la morale sportive ou tous actes
pouvant porter atteinte à l’image du basketball, de ses institutions ou de ses membres, et ce
venant de toute personne physique ou morale relevant de l’autorité de la LNB mais également
sur les violations des réglementations LNB et tous actes susceptibles d’altérer la régularité des
compétitions ou l’intégrité de ses participants dont pourraient s’être rendus coupables les
clubs.
Les actes relevant d’un comportement antisportifs et contraires à la discipline du jeu (et ce
qu’ils soient perpétrés sur ou autour de l’air de jeu) perpétrés par des joueurs, entraîneurs,
dirigeants ou même spectateurs sont également jugés par cette Commission.
Elle est composée de neuf membres, choisis en raison de leurs compétences dans le
domaine juridique ainsi que dans celui de l’éthique sportive. Ils ne doivent cependant n’avoir
aucun lien, direct ou indirect avec l’une des instances de la FFBB ou de la LNB ou bien avec
un club ou une personne relevant de l’autorité de la LNB.
3. La Commission Médicale
Elle établit le règlement médical et veille à son application par tous les clubs professionnels
français.
4. La Commission de la Pro B
Elle gère les différentes affaires strictement relatives à la Pro B.
5. La Commission Marketing
Elle veille au suivi des réglementations marketing (chartes graphiques, maillots, panneaux
LEDS sur les matchs télévisés…). Des réunions avec les différents responsables Marketing
des clubs sont organisées afin de permettre la mise en place d’actions communes.
Elle est composée de cinq membres dont des responsables Marketing de clubs. Le président
actuel n’est autre que Richard Dacoury, ancienne gloire du CSP Limoges (3 titres européens,
8 titres de Champion de France et 7 Coupes de France) et joueur international français.
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6. La Commission Sportive
Elle gère tous les aspects strictement sportifs: elle élabore le calendrier des rencontres
officielles, elle établit les différents règlements sportifs des différentes compétitions
organisées par la LNB: Championnats de France de Pro A et Pro B ainsi que les phases finales
(Playoffs), la Leaders Cup, le championnat Espoir ainsi que le Trophée du Futur, et s’assure
de l’application de ces derniers. Elle est également force de proposition pour ce qui concerne
l’évolution des formats des compétitions.
7. La Commission paritaire d’interprétation et de négotiation
Elle est compétente pour l’interprétation des dispositions de la Convention Collective. Elle a
également comme rôle de négocier chaque année “l’Accord de salaire”, tous les trois ans la
question de l’égalité professionnelle et celle de l’emploi des salariés âgés et également, au
minimum tous les trois ans, la question des classifications.
Elle est également en charge de la négociation des questions relatives à la formation
professionnelle, à la prévoyance et à l’homologation des contrats de travail afin d’apporter les
aménagements nécessaires à la bonne exécution de la Convention Collective.
Elle est composée de représentants des différentes organisations (employeurs, joueurs et
entraîneurs) qui en sont signataires ou qui y ont par la suite adhéré en totalité et sans réserve.
8. La Commission Label
C’est la dernière en date à avoir été créée. Elle a pour rôle de délivrer le Label Club, définit
comme suit par le texte officiel:
“Est défini comme Label Club le titre attribué par la Commission de Label Club à un club
évoluant dans les championnats organisés par la LNB, démontrant un niveau suffisant de
structuration en fonction de critères définis et hiérarchisés dans ledit cahier des charges. Ce
dispositif a pour objectif la mise en place d’un cadre collectif permettant d’accompagner les
clubs dans leur démarche de développement. Ce cahier des charges se devra également d’être
un «guide de bonnes pratiques», avec un caractère, nécessairement évolutif, et devra devenir
un véritable «outil d’aide à la structuration».”
Elle est composée:
* d’une personne qualifiée de l’A.G de la LNB,
* des présidents (ou représentants) de la LNB, l’Union des Clubs Professionnels de Basket
(UCPB), la FFBB, la Direction Nationale du Conseil et du Contrôle de Gestion (DNCCG),
* d’un représentant du Ministère des Sports
* de trois experts issus des parties identifiées dans le Label soit Droit et Economie, Marketing
et Communication ainsi que Equipements et Arénas.
Après avoir analysé comment et par qui était géré le basket professionnel en France, nous
pouvons maintenant nous rapprocher du vif du sujet: les compétitions et le jeu en lui-même.
Comme nous l’avons déjà rappelé, la LNB organise divers évènements tout au long d’une
saison, à commencer par la saison elle-même: la Pro A et la Pro B.
Jusqu’alors composée de 16 équipes, la Pro A gagnera cette année 2 clubs
supplémentaires via l’attribution des “invitations” (occasionnellement appelées “wildcards”).
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La Pro A, contrairement au championnat nord-américain (la NBA), est une ligue ouverte:
c’est à dire que les équipes la composant ne sont pas tout le temps les même et varient d’une
saison sur l’autre.
Une saison régulière est composée de 34 matchs. Toutes les équipes se rencontreront deux
fois; un match aller et un match retour, une fois à domicile et l’autre à l’extérieur.
Contrairement au foot, aucuns points ne sont attribués suivant le résultat: seules les victoires /
défaites sont comptabilisées, et un ratio sous la forme d’un pourcentage de victoire est calculé
afin d’établir le classement. En cas d’égalité entre deux équipes, ce sont les résultats (ou un
seul si le match retour n’a pas encore été joué) des matchs opposant ces deux équipes qui sont
pris en compte.
A la fin de la saison régulière, les huit premières équipes du classement accèdent aux
phases finales: les Playoffs. La 1ère équipe rencontrera en quarts de finale l’équipe classée
numéro 8, la 2ème et la 7ème s’affronteront, la 3ème et la 6ème et ainsi de suite.
A noter que l’avantage du terrain sera toujours pour le club qui aura bénéficié du meilleur
classement entre les deux équipes pendant la saison régulière. Les quarts se jouent en 2
matchs gagnés (elles ne peuvent donc se jouer qu’en 3 matchs maximum: Aller/Retour et si
besoin Belle). On retrouvera d’un côté du tableau les équipes 1 vs 8 et 4 vs 5 et de l’autre côté
donc 2 vs 7 et 3 vs 6. Les deux premières équipes ne peuvent donc se rencontrer qu’en finale.
Pour les demi-finales et les finales, le format est au meilleur des cinq manches en 2-2-1: c’est
à dire que les deux premiers matchs se feront chez l’équipe la mieux classée en saison
régulière tandis que les deux autres se feront chez la moins bien classée. Le 5ème match
éventuel revenant au mieux classé.
Le vainqueur final étant sacré Champion de France. Cette année, c’est le Limoges CSP qui a
ainsi pu gagner son 10ème titre de Champion de France (7ème depuis la création du CCHN
en 1987) aux dépends de Strasbourg IG.
Pour les équipes de bas de tableau, cependant, les deux dernières équipes sont reléguées en
Pro B pour la saison suivante. Cette année, ce sont les clubs de Roanne et d’Antibes qui sont
descendus et qui connaîtront donc le 2ème niveau du championnat professionnel français pour
la saison 2014-2015.
Outre les Playoffs, qui ont lieu en fin de saison, une autre série de matchs à élimination
directe est organisée durant l’année: la Disneyland Paris Leaders Cup LNB (anciennement la
Semaine des As). A la mi- saison, soit entre la fin des matchs aller et le début des matchs
retour, aux alentours de Février, un tournoi est organisé entre les huit premières équipes au
classement à ce moment-là. Alors qu’auparavant, le tournoi était organisé chaque année dans
une ville différente, la formule a changé pour la saison 2012/2013: les équipes se rencontrent
dans un lieu fixe et neutre, la Disney Event Arena. Localisée dans le Parc d’attraction de
Disneyland Paris, cette Arena éphémère peut accueillir environ 5000 personnes. Les quarts de
finales, dont les affiches sont tirées aléatoirement par le parrain de l’édition, ont lieu le
vendredi après-midi, les demi-finales le samedi et enfin, la Finale, le dimanche soir.
Nouveauté pour la saison prochaine; un match en plus sera joué. En effet, avec la création de
la Leaders Cup Pro B, la finale de celle-ci aura lieu en lever de rideau de la finale de Pro A le
dimanche. La formule de la compétition est cependant très différente et quelque peu
complexe.
En effet, les matchs des poules régionales ne compteront plus pour le classement final mais
pour cette Leaders Cup Pro B. Les deux premiers des quatre poules seront ainsi qualifiés. Les
équipes s’affronteront ensuite en Janvier pour des matchs aller/retour. Le deux finalistes
s’affronteront ensuite, comme dit précédemment avant la finale de la Leaders Cup Pro A à
Disneyland Paris fin février.
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Le vainqueur de cette Leaders Cup, et à condition qu’il ne termine pas dans les neuf premiers
de Pro B, ni dans la zone de relégation à la fin de saison, gagnera sa place pour les Playoffs, à
la place du neuvième de la saison régulière.
Pour la saison régulière de Pro B justement, le fonctionnement est en partie différent: on
comptait en effet jusque-là deux équipes de plus: 18 (contre 16 en Pro A l’an dernier). Cette
année, ce sera l’inverse et nous aurons 16 équipes de Pro B. Outre les matchs aller/retour
classiques comme nous l’avons vu pour la Pro A, la Pro B organise également des Poules
Géographiques: quatre différentes zones sont donc définies dans lesquelles les équipes se
rencontreront deux fois de plus (lors de matchs aller/retour également). Matchs qui seront
donc qualificatifs pour les phases finales de la Leaders Cup Pro B.
A l’issue de cette saison régulière et comme pour la Pro A, ont lieu les playoffs avec
cependant une légère différence: le 1er au classement est exempté de Playoffs, sacré
Champion de France de Pro B et accédera directement à la Pro A la saison suivante (comme
ce fut le cas pour Boulogne-sur-Mer cette année). Les Playoffs d’Accession opposent donc les
équipes classées de la 2ème à la 9ème place sur la formule des matches aller/retour avec une
belle éventuelle, y compris pour la finale.
Le gagnant sera donc la deuxième équipe à accéder à la Pro A l’année d’après (Bourg-enBresse cette année).
Une fois encore, les deux dernières équipes (Orchies et Saint-Vallier) seront reléguées au
niveau inférieur: la Nationale 1, tandis que les deux premières équipes de ce niveau
intégreront les professionnels. Il s’agit d’un changement très important pour les 4 équipes: en
effet, le statut de l’équipe va changer, le Nationale 1 étant encore considérée comme
“amateur” tandis que la Pro B est le championnat professionnel. Les répercussions, que ce soit
lors de la montée ou de la descente sont énormes pour un club, surtout au niveau financier.
Le troisième et dernier championnat organisé par la LNB est le Championnat Espoir.
Tous les clubs de division PRO A et quelques clubs de division PRO B en possèdent un.
Le championnat espoir est composé des centres de formation des équipes évoluant en Pro A.
Le calendrier et les affiches sont les mêmes que ceux de l’élite: les centres de formation
s’affrontent juste avant le match des professionnels. Par exemple, avant le match de Pro A
opposant Limoges à Strasbourg, leurs équipes espoirs s’affronteront à Limoges (puis le match
retour aura lieu lors de l’affiche Strasbourg - Limoges).
A la fin de la saison, le premier du classement est Champion Espoirs. Est ensuite organisé le
Trophée du Futur: créé sur le même principe que la Leaders Cup, il oppose les huit premières
équipes (ou les sept premières + le club organisateur) pour un tournoi à élimination direct
dont le tirage au sort est effectué lors de la dernière journée de Pro A. Pour ce tirage au sort,
on retrouve deux chapeaux: le premier regroupant les quatre premières équipes (1 à 4) tandis
que l’autre regroupe les équipes classées de la 5ème à la 8ème place.
De plus, et ce depuis cette année a lieu le Camp LNB. Tenu à l’INSEP, ce camp a pour but de
mettre en avant les jeunes joueurs des différents centres de formation de Pro A et Pro B ainsi
que de Nationale 1. Les différents recruteurs et scouts peuvent ainsi voir l’étendue des talents
des prospects pour les années à venir.
La LNB organise également, et ce depuis 2005, un “Match des Champions”. Ce match
opposant le champion de France au vainqueur de la coupe de France a lieu en début de saison
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dans un lieu neutre choisi par la Ligue. Pendant quatre ans cependant, il s’agissait du premier
match de saison régulière et était donc programmé pour la première journée du Championnat
Pro A. Cette année, il aura lieu au Kindarena de Rouen le 23 Septembre, soit avant le début de
l’exercice 2014/2015. Il opposera Limoges (Champion de France) à Nanterre (Coupe de
France) avec comme enjeu le premier titre de la saison. De plus, depuis l’an dernier, la LNB
associe une star française de Basketball à ce match: c’est en effet Tony Parker qui avait
parrainé l’édition de 2013, tandis que cette année, c’est Nicolas Batum qui avec le club dont il
est actionnaire, Caen, affrontera l’équipe hôte, Rouen.
Enfin, la Ligue Nationale de Basket co-organise avec Nike (depuis 2002) le All Star Game
(ASG) Français, littéralement, “le match des étoiles”. Largement inspiré du All Star Game
NBA, cette journée dédiée au basket ravi tous ses spectateurs. Datant de l’année 1987, les
premiers All Star Game reprenait complètement la formule américaine et opposait deux
sélections de joueurs opposant à l’Ouest et à L’Est du pays. C’est en 1992 que la LNB passera
à la formule actuelle, soit les joueurs français contre les joueurs étrangers du championnat.
C’est en 2002 que Nike arrive dans l’organisation du ASG. Organisé depuis au Palais
Omnisport de Paris Bercy (POPB) le dimanche entre Noël et le Jour de l’An, il est devenu un
des évènements majeurs du basket français. Pour preuve, la quasi-totalité des ASG depuis
2002 se sont déroulés à guichets fermés.
Outre le match en lui-même, de nombreuses animations et concours sont organisés afin de
reproduire fidèlement le show à l’américaine. On a donc, bien entouré par des pompom girls,
des mascottes de franchise NBA ou autre, un concours de dunk, un concours de trois points
ainsi qu’une concours de meneurs. Quatre joueurs de Pro A (et quelques fois de Pro B) sont
sélectionnés pour participer à chaque épreuve. Le clou du spectacle pour l’édition précédente
aura été pour le moins surprenant: en effet, à l’image des matchs de saison régulière en NBA,
un “tir à 100.000”, soit un tir du milieu de terrain a été tenté...et réussi par un jeu homme
choisi aléatoirement dans le public ! Pour la première fois de l’histoire, en France, un tel shoot
a été réussi, ce qui en a surpris plus d’un, y compris chez les joueurs, qui se sont précipités sur
l’heureux gagnant.
c. La réussite du Basket dans le monde
Pour essayer de comprendre ce qui explique le manque de médiatisation du basket français et
le manque de spectateurs pour ce sport pourtant si pratiqué, il est intéressant de voir ce qui
marche ailleurs et pourquoi cela fonctionne.
Le basket-ball est un sport très pratiqué sur les 4 coins de la planète. Si évidemment certains
pays ne sont pas friands de basket, d’autres sont complètement fanatiques de ce sport. C’est le
cas en Asie, où le Basket-Ball est un sport majeur notamment aux Philippines et en Chine.
Si les Philippines ne possèdent pas un championnat ni une équipe nationale de premier plan,
le nombre de fans de basket est très important au point où la compagnie Nike a créé des
modèles exclusifs au continent asiatique mettant en avant la ferveur des Philippins pour la
NBA en général et Kobe Bryant en particulier.
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KOBE 9 PHILIPPINES
Ce modèle a été en rupture de stock quelques heures après sa sortie et a été une réussite
commerciale pour Nike, pour le joueur Kobe Bryant et bien évidemment pour la promotion du
basket américain en Asie.
Plus intéressant encore, la marque américaine a récidivé récemment en sortant une KOBE 9
aux couleurs de la Chine, qui fût également un succès commercial. On peut ainsi voir à
travers ces produits basket que ce sport a une place majeure dans ces deux pays. Cela est
d’autant plus important notamment dans le cas de la Chine qui est un pays de près de 1,4
milliards d’habitants avec beaucoup de ces jeunes qui sont influencés par le basket américain
et qui se mettent à pratiquer ce sport.
KOBE 9 CHINA
Si l’exemple Philippin est un cas un peu particulier d’un pays fan de basket mais avec un
niveau national faible, dans cette revue du basket mondial nous allons nous concentrer sur
quelques pays qui ont à la fois beaucoup de pratiquants mais également un championnat de
premier plan.
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De ce fait nous allons nous intéresser au championnat Chinois pour l’Asie, au championnat
Espagnol pour l’Europe et enfin nous terminerons cette analyse avec le championnat majeur
qui est un réel succès médiatique économique et sportif : la NBA aux Etats-Unis.
Le Championnat Chinois
La Chinese Basketball Association (en chinois : 中国男子篮球职业联赛 translittération :
Zhōngguó Nánzǐ Lánqiú Zhíyè Liánsài), reconnue par le sigle CBA, est le meilleur
championnat de basket-ball en Chine.
La Chinese Basketball Association regroupe les 17 meilleures équipes chinoises. Chaque
équipe s'affronte en matchs aller-retour et les huit premières équipes se qualifient pour les
play-offs. Les quarts de finale et les demi-finales se jouent au meilleur des cinq matchs et la
finale se joue au meilleur des sept matchs.
La ligue chinoise a été créée en 1995. Il faut savoir que d'autres ligues de basket-ball existent
en Chine, dont la National Basketball League (NBL), qui est considérée le deuxième niveau
du basket-ball dans le pays, la Chinese University Basketball Association (CUBA) et la
Chinese High School Basketball League (CHBL).
Il y a également eu le temps d’une saison la Chinese New Basketball Alliance (CNBA),
durant la saison 96-97 mais qui ne connut pas un grand succès.
La CBA est un championnat de bon niveau qui a permis de fournir la NBA en joueurs Chinois
de qualité : Yao Ming, Wang Zhizhi, Yi Jianlian, Mengke Bateer et Sun Yue, ont ainsi joué en
NBA.
Par ailleurs, un joueur comme Yao Ming a marqué l’histoire du basket aux Etats-Unis mais
également et surtout en Chine où chacun de ses matchs était suivi par des millions de chinois.
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Yao Ming est donc devenu une véritable icône dans son pays, où sa réussite en Amérique du
Nord fait figure d'exemple. C’est la raison pour laquelle, la République populaire de Chine l'a
d'ailleurs décoré du titre de « travailleur modèle » (laomo) le 1er mai 2005.
C'est d'ailleurs cette popularité dans son pays d'origine qui lui assure la participation au NBA
All-Star Game, les joueurs étant sélectionnés par les supporters via un vote mondial. Par ce
biais, et pour les 6 fois où il fut sélectionné pour participer au All Star Game, Yao fut
plébiscité par plus de 2 millions de fans.
Ainsi à travers ce joueur, le basket a pu se médiatiser en Chine et la NBA notamment ce qui
par ricochet a accru la pratique du basket et améliorer le niveau du basket dans le pays. De ce
fait, la sélection de basket chinoise a pris de plus en plus d’importance sur la scène
internationale. La CBA a ainsi su profité de cette effervescence pour médiatiser son propre
championnat, augmenter ses revenus et attirer des joueurs médiatisés.
Des joueurs All-Stars NBA ont ainsi évolué en CBA comme Stephon Marbury, Steve Francis,
Kenyon Martin, Tracy McGrady, Gilbert Arenas ou plus récemment Metta World Peace qui a
fait le « buzz » en annonçant qu’il pourrait changer de nom pour s’appeler Panda Friend selon
le site China Daily. Celui qui s'appelait encore Ron Artest jusqu'en juin 2011 a signé un an au
Blue Sichuan Whales. Pour signer en Chine, le club lui a fait signer un contrat qui lui
rapportera 1,4 millions de dollars.
A titre de comparaison le budget des clubs de Pro A et Pro B s’élèvent à environ 3 millions
d’euros. Le contraste est impressionnant.
Ce budget nettement plus conséquent, les clubs de la CBA le doivent évidemment au suivi du
basket dans ce pays mais également donnée intéressante au sponsoring et au naming des
équipes du championnat.
Effectivement, le nom complet de chaque équipe est constitué des trois parties, dans l'ordre:
- Une désignation géographique (sauf dans le cas des Bayi Rockets, Bayi signifiant "1er
août", représentant la date anniversaire de la fondation de l'Armée populaire de
libération, l'équipe ayant été formée par des anciens membres de cette organisation).
-
un nom de sponsor d'une entreprise ; ce sponsor pouvant changer d'une année sur
l'autre ou même en cours de saison.
-
un surnom, comme le nom d'un animal. Celui-ci change rarement ; l'équipe de
Shandong ayant changé son surnom de "Flaming Bulls" en "Lions".
Par exemple, l’un des clubs les plus titrés le Guangdong Hongyuan Southern Tiger est
sponsorisé par la société Shanghai Hongyuan Lighting & Electric Equipment Co., Ltd l’un
des plus gros industriels Chinois sur le marché des luminaires et de l’électrique.
Les chiffres dans cette partie du monde sont assez compliqués à obtenir mais nul doutes que
la part du budget du club est en grande partie le résultat de ce sponsoring. En effet, le
gymnase dans lequel joue l’équipe est de 4000 places soit équivalent aux grandes salles
françaises : l’Astroballe, la salle de l’ASVEL a une capacité de 5559 places en comparaison.
Dans la même optique le championnat a également été « namé » mais les médias et le public
continuant d’appeler le championnat CBA ce naming fut arrêté en 2004.
Autre point important mais aussi divergent par rapport au championnat Français, c’est la
continuité.
En effet, au même titre que la NBA, la CBA est une ligue fermée. C’est un point important
car comme le dit le professeur Wladimir Andreff, en ligue fermée, les acteurs jouent pour
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gagner et ne jouent plus pour perdre. Autrement dit le spectacle y sera au rendez-vous ce qui
est un point majeur pour attirer du public.
En effet, le All Star Game Français, antre du spectacle pour le championnat de France attire
toujours du monde au palais omnisport de Paris Bercy (16 000 places) en pleine périodes de
fêtes.
Cette notion de spectacle est donc primordiale. Deuxième point de cette continuité c’est la
constance des champions en titre : par exemple, le Guangdong Hongyuan Southern Tiger a
gagné le titre 8 fois depuis 1995 et le Bayi Rockets 8 fois également.
Cela permet d’accroître la compréhension et donc la visibilité du championnat.
Pour résumer l’essor du basket Chinois a été permis grâce à l’exode de basketteurs Chinois
dans le meilleur Championnat du monde, à savoir la NBA. Ces joueurs ont ensuite été
médiatisés sur la scène internationale et le parti communiste a utilisé leur image pour
promouvoir le dynamisme et le rayonnement de la Chine au niveau national.
Ainsi les bonnes performances à l’international de ces meilleurs éléments a permis à la Chine
de développer son basket tout d’abord au niveau des résultats puis médiatiquement et enfin
économiquement qui a permis de booster ce « cercle vertueux » avec aujourd’hui des joueurs
majeurs américains encore dans la force de l’âge comme Ron Artest alias Metta World Peace.
Autre point majeur de leur championnat c’est la continuité des équipes au sein de la ligue qui
permet le développement du spectacle notion centrale dans ce sport et permet de faciliter la
compréhension du Chinois lambda.
A titre de comparaison, à l’instar de la Chine, La France possède des ambassadeurs comme
Tony Parker, Nicolas Batum ou Boris Diaw, et a de bons résultats au niveau de l’équipe
nationale grâce en grande partie à ses joueurs NBA.
Cependant la médiatisation n’est pas au rendez-vous-même si les bon résultats aux
championnats d’Europe ont permis de booster le nombre de licences. En effet, le système
étant plus démocratique en France, l’Etat ne pousse pas le basket comme a pu faire le régime
Chinois et a dû partager le budget pour le développement du sport entre les différentes
disciplines. Autre point, le manque de visibilité qu’a le Français moyen sur la Pro A : même
parmi les pratiquants de basket très peu connaissent le champion en titre ou tout du moins les
trois meilleures équipes du championnat.
Après avoir analysé les raisons du bon développement du championnat Chinois et après avoir
constaté que le modèle chinois sera difficilement transposable tel quel au championnat
français, rapprochons-nous d’un championnat au régime politique plus proche du notre.
Le Championnat Espagnol
La Liga ACB qui s’appelle désormais Liga Endesa depuis 2011 est l’une des principales
ligues de basket-ball d’Europe. On a avec ce championnat l’une des plus grandes réussites en
termes de promotion du basket-ball : visibilité, compétitivité et promotion du basket auprès de
la population et des jeunes.
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En effet, le basket-ball est un sport majeur en Espagne aussi bien en termes de pratique mais
aussi en termes de visibilité médiatique sur les grandes chaînes, dans les journaux avec des
clubs qui trustent les premières places au niveau national mais également au niveau européen.
Pour en revenir à cette ligue d’élite, ou Liga ACB pour Asociación de Clubs de Baloncesto,
elle a été rebaptisée Liga Endesa en 2011 à la suite d'un partenariat avec une entreprise
spécialisée dans la production et la distribution d'énergie. La société Endesa est le principal
producteur et distributeur d'électricité en Espagne et en Amérique latine, et son chiffre
d’affaires est de 18 milliards d’euros.
De par la compétitivité de ses clubs, la Liga ACB a ainsi pu attirer l’attentions de sponsors
fortunés prêt à investir d’importantes sommes d’argent : Endensa a ainsi sponsorisé la liga
ACB et pu « namer » la ligue espagnole pour la somme de 30,5 millions d’euros sur quatre
ans (plus deux saisons en option).
Il est intéressant de noter que seul le plus haut échelon du Championnat d'Espagne de basketball, n'est pas administré par la fédération espagnole.
En termes de compétitivité, c'est l'une des meilleures ligues d'Europe si ce n’est tout
simplement la meilleure. Effectivement, elle regroupe des clubs qui figurent parmi les
meilleurs de l'Euroligue comme le FC Barcelona, le Real Madrid, Caja Laboral Vitoria,
Power Electronics Valencia, Unicaja Málaga et la Joventut de Badalona.
Pourtant, ces grosses écuries ne sont pas à l'abri de défaites face aux autres équipes, le
championnat étant plutôt homogène.
Ce qui a permis à la Liga ACB de se développer a été de pouvoir construire à partir de bases
saines : en effet, l’une des conditions d’accessibilité à la Liga Endensa est l'obligation pour le
club d'évoluer dans une salle de plus de 5 000 places. Beaucoup de clubs ont d’ailleurs des
gymnases ayant une capacité d’accueil beaucoup plus importante.
Salle
Capacité Ville
Palacio Vistalegre
15 000
Madrid
Pavelló Olímpic de Badalona
12 500
Badalona
Martin Carpena
10 500
Malaga
Fernando Buesa Arena
15 504
Gasteiz
Fuente San Luis
9 000
Valence
Palau Blaugrana
8 500
Barcelone
Palacio Municipal de Deportes de Granada 7 250
Grenade
Palacio de Deportes de Sevilla
7 926
Séville
Palacio de Deportes
7 454
Murcie
Polideportivo Pisuerga
6 300
Valladolid
Ainsi, pour la saison 2013-2014, la Liga Endesa était composée des dix-huit clubs déjà
présents lors de la saison précédente.
En effet, les clubs de Lagun Agro GBC et Bàsquet Manresa, respectivement dix-septième et
dix-huitième lors de la saison précédente, conservent leur place, car les clubs de Ford Burgos
et CB Lucentum Alicante, champion de la LEB Oro ne répondaient pas aux conditions
exigées par la ligue espagnole.
On peut donc dire que c'est la ligue européenne qui possède les meilleures structures : des
salles dont la capacité moyenne dépasse les 7 500 places ainsi qu'une excellente couverture
médiatique.
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Cette couverture médiatique a été possible pour plusieurs raisons :
Tout d’abord de très bonnes performances des joueurs espagnols au niveau international.
Effectivement, depuis une vingtaine d’années l’équipe nationale réalise de très bonnes
performances.
Mais c’est depuis les années 2000 que l’équipe d’Espagne a pu être considérée comme l’une
des meilleures équipes du monde si ce n’est la deuxième meilleure équipe derrière la Dream
Team américaine.
En effet, l’Espagne a été sacrée championne du monde en 2006, médaillée d’argent aux jeux
olympiques de 2008 et 2011 et enfin championne d’Europe en 2009 et 2011.
Elle a aussi perdu contre la France en 2013 qui a été une performance avec un réel impact
médiatique des deux côtés des Pyrénées. A l’équipe de France de continuer à enchaîner les
bonnes prestations lors des championnats du monde qui aura lieu en septembre en Espagne.
L’Espagne est donc devenue une place majeure du basket international qu’elle a pu obtenir à
la suite de très bons résultats. Ces performances réalisées au cour du temps avec un même
noyau dur de joueurs a permis aux Espagnols de s’intéresser à leur équipe et à faciliter à la
perception des résultats de leur équipe nationale.
En effet, d’après notre étude, pouvoir s’appuyer sur des joueurs symboliques, performants et
que les personnes pourront suivre au cours du temps et ainsi rentrer dans le quotidien de ces
personnes permet d’accroître la visibilité du basket.
Effectivement, pour des jeunes que nous avons pu interroger l’un des problèmes de la Pro A
est qu’ils ne connaissaient pas les joueurs. A travers l’équipe nationale, c’est une possibilité
pour le spectateur de se familiariser avec les meilleurs joueurs nationaux même si la plupart
d’entre eux jouent dans le championnat américain.
Cette compréhension du basket espagnol a été d’autant plus facilitée que comme en Chine
nous retrouvons régulièrement les mêmes équipes titrés à la fin de la saison régulière.
Depuis les débuts de la Liga ACB en 1983-1984, seuls six clubs ont réussi à remporter le titre
:
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Le FC Barcelone qui remporte le titre à quinze reprises, le Real Madrid possesseur de neuf
titres, le Tau Vitoria avec trois titres, et la Joventut de Badalone avec deux titres. Deux clubs
remportent le titre une fois ce sont Bàsquet Manresa et Unicaja Málaga.
Même l’accession au club des finalistes est très compliquée puisque seulement quatre autres
clubs ont réussi à se qualifier pour la finale : CBD Bilbao, Caja San Fernando, Estudiantes
Madrid et Pamesa Valencia.
Nous retrouvons donc régulièrement les mêmes clubs ce qui permet de se familiariser avec les
équipes et de vraiment supporter une équipe sur le long terme.
D’un point de vue économique et comme pour toutes entreprises l’objectif d’un club n’est
pas de réaliser simplement une vente de maillot ou de faire venir le spectateur une fois au
stade mais de le fidéliser sur le long terme et de le faire passer de spectateur à « fan ».
Dans le cadre du championnat espagnol il est intéressant de noter que les clubs sont
généralement des clubs omnisports ce qui peut permettre à ces derniers de profiter des mêmes
infrastructures d’entrainement ou autre que leurs homologues de sport plus fortunés.
Il est ainsi logique de retrouver parmi les meilleures équipes du championnat, les équipes de
basket du Real Madrid mais aussi et surtout du FC Barcelone.
Ces conditions ont donc été idéales au développement économique et sportif de la Liga ACB
attirant ainsi les lumières et la médiatisation sur le championnat.
Les clubs de la Liga ayant donc des structures saines et de très bons résultats à l’échelle
européenne, c’est un championnat qui a su attirer l’attention des médias nationaux mais
également européens. En effet, le championnat espagnol est l’un des championnats les plus
suivis en Europe et que des groupes comme le groupe Canal en France rachète les droits TV
de la Liga ACB.
Nous retrouvons donc dans ce championnat la situation où de gros investissements ont permis
d’obtenir d’excellents résultats et ainsi d’attirer l’attention du public et des médias, d’autant
plus importante que nous avons dans ce championnat une certaine continuité avec les équipes
qui luttent pour le titre et le reste du championnat.
D’un point de vue spectacle, cela facilite à la compréhension du championnat, à « raconter
des histoires » aussi pour les médias comme lors des classicos Barcelone-Real Madrid, et
donc d’élever le niveau de jeu de certaines équipes qui ont donc les ressources financières
pour lutter avec les meilleurs équipes européennes. Ces ressources financières étant également
accrues par une part importante laissé au sponsoring au point où le nom de certaines équipes
pouvait être modifié comme le cas du Tau Vitoria qui a eu diverses appellations comme le
Tau Ceramica ou le FC Barcelone qui s’est appelé le Axa Barcelone du nom de la compagnie
d’assurance.
Pendant 4 années d 2004 à 2008, Axa fut le sponsor de Barcelone. Si le partenariat s’est
terminé, les objectifs pour la marque en termes de notoriété furent atteints : « AXA, sponsor
principal de la section basket, après avoir atteint les objectifs de notoriété que l'entreprise
s'était fixés lors de la signature de l'accord, a décidé de ne pas renouveler son contrat avec le
22
Barça. A partir de maintenant, le groupe AXA va orienter sa stratégie de sponsoring vers
d'autres champs d'action, en mettant la priorité sur les actions liées à la responsabilité sociale
corporative, centrées sur la prévention et la sécurité routière, le développement durable et la
promotion de la culture. »
Ainsi, le basket-ball peut être un sport suffisamment médiatique pour se développer et devenir
un réel spectacle et un des sports majeurs en termes de diffusion mais également en termes de
notoriétés pour ses sponsors.
Comme preuve de son développement et de viabilité de son modèle économique, le FC
Barcelone a affronté lors de matchs amicaux plusieurs équipes de la ligue américaine et a
réussi à en battre trois : les Philadelphia 76ers d'Allen Iverson en 2006, les Los Angeles
Lakers de Kobe Bryant double champions NBA en titre au cours du NBA Europe Live Tour
le 7 octobre 2010 au Palau Sant Jordi (c'est la première fois qu'une équipe européenne battait
l'équipe championne en titre de la NBA) et les Dallas Mavericks de Dirk Nowitzki,
champions NBA 2011, le 9 octobre 2012 au Palau Sant Jordi à l'occasion encore une fois du
NBA Europe Live Tour.
La médiatisation des cadors européens sur la scène internationale était tellement importante
que la NBA qui d’habitude s’intéresse essentiellement à son propre championnat a reconnu le
niveau de l’équipe Espagnole et a été forcée de reconnaître que le niveau du basket européen
avait progressé.
Pour conclure sur le championnat espagnol :
Nous avons un championnat qui s’est construit sur des bases solides avec des critères
d’accessibilités exigeant mais nécessaire à un développement vers le haut. Pour réussir à
respecter ces critères, une majorité de ces clubs sont des clubs omnisports comme le FC
Barcelone ou le Real Madrid pour citer les plus connus et ont eu recours à des sponsors
importants.
La continuité dans ce championnat a permis d’en faciliter l’appropriation par les supporters,
d’en fidéliser une partie qui sont devenus des fans des meilleures équipes.
Cette fidélisation de la « clientèle » a permis de développer le merchandising et la vente de
produits dérivés et par conséquent de créer les conditions pour avoir un basket médiatique et
de haut niveau, à la fois dans son pays l’Espagne mais aussi à l’étranger.
En effet, la liga ACB est également diffusée dans d’autres pays comme la France, alors que
dans un même temps, la Pro A souffre d’un manque de visibilité et de reconnaissance
médiatique.
Après avoir analysé les causes du bon développement du basket-ball en Asie et en Europe,
dans des pays où ce sport a connu une exposition médiatique importante, intéressons-nous à la
ligue qui en termes d’impact médiatique reste une référence et où se pratique l’un des
meilleurs baskets au monde : le championnat Américain et la NBA.
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Le Championnat Américain : La NBA
La NBA ou National Basketball Association est la principale ligue de basket-ball nordaméricaine.
Nous pouvons également affirmer sans prendre de risques que cette ligue est la principale
ligue de basket-ball du monde. En effet, à l’exception de quelques joueurs européens de talent
que nous retrouverons dans ce championnat les meilleurs du monde.
Nous retrouvons les meilleurs joueurs Américains évidemment tels que Lebron James, Kobe
Bryant ou Kevin Durant, mais aussi les meilleurs joueurs étrangers tels que Tony Parker pour
la France, les frères Gasol pour l’Espagne, pour n’en citer que quelques un.
La NBA fut tout d’abord créée en 1946 sous le nom de BAA (Basketball Association of
America).
C’est en 1949, à la suite de la fusion avec la NBL (National Basketball League), que la ligue
obtient son appellation définitive avec laquelle la ligue devint célèbre à travers le monde.
Ce championnat diffère du championnat français dans le fait que nous sommes ici dans le cas
d’une ligue fermée à l’inverse de notre championnat.
La NBA comprend 30 franchises, réparties en deux Conférences : La Conférence Est et la
Conférence Ouest.
Chacune de ces conférences se décomposent en trois Divisions. Au terme d'une saison
régulière comprenant 82 matchs, les 16 équipes qualifiées s'affrontent en séries éliminatoires
également appelées playoffs.
Les Finales confrontent la meilleure équipe de la Conférence Est contre la meilleure équipe de
la Conférence Ouest. L'équipe qui parvient la première à remporter quatre matchs est nommée
championne NBA et officieusement considérée comme championne du monde comme nous
pouvons le lire dans les médias américains mais aussi étrangers.
En effet, la NBA est considérée actuellement comme la plus prestigieuse ligue de basket au
monde en termes de niveau de jeu, de spectacle, d'affluences et d'audiences.
Il était donc inévitable de terminer cette revue du basket-ball dans le monde avec la ligue de
basket faisant référence dans le milieu.
C’est d’ailleurs l’une des seules compétitions de basket-ball qui utilise la silhouette d’un de
ses joueurs pour la présentée. En effet, la NBA est tellement médiatisée que ses joueurs sont
élevés au rang de star mondiale et tout le monde connaît ou au moins déjà vue la silhouette de
Jerry West grand meneur des Lakers de Los Angeles dans les années 1960 effigie du logo de
la ligue nord-américaine.
Cette analyse du championnat américain est d’autant plus intéressante qu’à l’origine la NBA a
dû faire face à la concurrence de nombreuses autres ligues mais au cours du temps elle a
toujours su faire face et surmonter ces obstacles.
24
A l’origine, la Basketball Association of America (BAA) est fondée le 6 juin 1946 à l'hôtel
Commodore, à New York par les propriétaires des arènes de sport du Nord-Est et du Middle
West des États-Unis. Maurice Podoloff est nommé président.
Il faut savoir que la BAA n'est pas la première ligue de basket-ball créée aux États-Unis. En
effet, il existe déjà la American Basketball League (ABL) ainsi que la National Basketball
League (NBL).
Cependant et c’est ce qui va faire la différence par rapport à ses concurrentes, la BAA est la
première ligue à faire jouer ses équipes dans de grandes salles situées dans des villes
importantes.
Durant les premières années, la qualité du jeu de la BAA est équivalente à celles des autres
ligues, ou du club indépendant des Harlem Globetrotters. Par exemple, les Bullets de
Baltimore, finaliste de l'ABL en 1947, sont inclus dans la BAA et gagnent le titre en 1948. En
1949, ce sont les champions NBL de 1948, les Lakers de Minneapolis qui s'imposent en BAA.
L'histoire retiendra que le premier match disputé en BAA, qui est donc l’ancêtre de la NBA
telle que nous la connaissons aujourd’hui, oppose le 1er novembre 1946 les Huskies de
Toronto aux Knickerbockers de New York, franchise communément appelée New York
Knicks et donc toujours présente en 2014.
C’est en 1949 et plus précisément le 3 août 1949, que la BAA accepte de fusionner avec l’une
de ses concurrentes la NBL, et ainsi devenir la ligue la plus importante de basket-ball du
moment aux Etats-Unis.
Elle devient donc la National Basketball Association (NBA). La saison 1949-1950 peut donc
être considérée comme la première saison de l'histoire de la NBA telle que nous la
connaissons.
A ce moment-là, la NBA regroupe 17 franchises situées dans une série de villes, petites ou
grandes, certaines jouant dans de grandes salles, et d'autres dans des gymnases. Nous sommes
encore loin des localisations des franchises actuelles placées dans de grandes villes ou
« grands marchés » comme disent les Américains.
En 1950, la NBA décide de réduire le nombre d'équipes, le ramenant à 11. Poursuivant sur
cette même logique d’élitisation de la ligue, la NBA atteint en 1955 le nombre record et
historique de seulement 8 franchises.
Ces huit franchises sont toujours membres de la NBA en 2014 (les Knickerbockers, les
Celtics, les Warriors, les Lakers, les Royals/Kings, les Hawks et les Nationals/76ers).
Ainsi, pendant que la NBA restreint le nombre de ses franchises, celles qui survivent et qui
sont à l’origine installées dans de petites villes ou « small market » s'installent dans de plus
grandes métropoles. C’est la raison pour laquelle, les Hawks quittent Tri Cities (aujourd'hui
appelé Quad Cities) et s'installent à Milwaukee, puis à Saint Louis pour être actuellement
installée à Atlanta, ville siège du géant Coca-Cola et antre des Jeux Olympiques de 1996. En
parallèle, les Royals vont de Rochester à Cincinnati et les Pistons de Fort Wayne à Détroit.
25
Le premier logo de la NBA
Fait très important comme nous avons pu le voir pour les autres championnats de basket : la
continuité.
Les Lakers qui étaient à l’époque basé à Minneapolis, sont la première franchise à construire
une dynastie.
Emmenés par leur pivot George Mikan, l’une des premières stars du championnat, les Lakers
remportent cinq titres de champions en six ans (1949, 1950, 1952, 1953 et 1954).
GEORGE MIKAN
Au jour d’aujourd’hui, les Lakers de Los Angeles et non plus de Minneapolis restent l’une des
principales équipes de la NBA et connu dans le monde entier grâce aux légendes du basket
qui y ont joué.
Ainsi, l’un des premiers constats du succès de la NBA fut de faciliter la lisibilité du
championnat grâce à des franchises saines évoluant dans des grandes villes assurant ainsi le
positionnement de la NBA sur des « Big Markets » et qui ont ainsi pu établir une distinction
entre les équipes dominantes de la ligue et les autres.
Voilà déjà deux points majeurs du succès de la NBA : des finances solides ainsi qu’une
compréhension simplifiée du spectateur lambda.
Un autre point principal du succès de la NBA c’est sa notion du spectacle et du show, et cela
depuis ses débuts.
26
En effet, pour encourager à shooter et dynamiser le jeu, la règle des 24 secondes est instaurée
en 1954. Ainsi, si une équipe ne tente pas de tir alors qu'elle a le ballon en main depuis 24
secondes, le jeu est arrêté et la balle rendue à l'adversaire. En effet, cela fait suite à un match
NBA conclut par le score de 19-18 entre les Fort Wayne Pistons et les Lakers de George
Mikan. Les Pistons n’avaient trouvé que cette solution pour réussir à neutraliser l’impact de
Mikan en confisquant le ballon durant une grosse partie du match.
On peut aussi constater cette notion de spectacle, à travers la scénarisation de la ligue. En
effet, la NBA est reine pour mettre en avant ses joueurs et les élever au rang de star, et même
d’idole pour les meilleurs. En effet, Michael Jordan est connu sur la planète entière, idolâtré
par tous les fans de basket-ball et est même aujourd’hui une marque à succès de Nike.
En parallèle dans les années 60, les franchises continuent de se déplacer vers des villes plus
grandes et donc des marchés plus lucratifs en termes de possibilités de merchandising.
Ainsi, les Lakers quittent Minneapolis et s'installent à Los Angeles, les Warriors de
Philadelphie déménagent à San Francisco et les Nationals de Syracuse à Philadelphie. De
plus, de nouvelles équipes sont intégrées.
En 1967, la NBA doit faire face à un nouveau concurrent : la ABA (American Basketball
Association). Les deux ligues se déclarent la guerre des talents.
La NBA récupère le meilleur joueur universitaire de sa génération, Kareem Abdul-Jabbar
(connu alors sous le nom de Lew Alcindor), qui, avec Oscar Robertson, emmènera les Bucks
de Milwaukee au titre dès sa deuxième saison, et qui plus tard remportera cinq titres avec les
Lakers de Los Angeles.
Mais d’un autre côté, l’ABA arrive à attirer dans ses filets le meilleur marqueur de la NBA,
Rick Barry. Cette dernière arrive également à attirer d’autres stars, tel que Julius Erving.
Elle y arrive en partie grâce au fait que les équipes ont le droit d'engager des undergraduates
(étudiants de premier cycle). La NBA a depuis revu son règlement et les équipes peuvent
également sélectionner des joueurs n’ayant jamais mis les pieds à l’université.
La NBA arrive malgré tout grâce à sa stratégie de conquête des « big markets » à se
développer. Après la saison 1975-1976, les deux ligues se mettent d'accord : l'ABA disparait,
mais quatre de ses franchises sont incluses dans le championnat NBA : les Nets de New York,
les Nuggets de Denver, les Pacers de l'Indiana et les Spurs de San Antonio. La NBA compte
alors 22 franchises.
Les années 1990 peuvent être considérées pour la NBA comme l’ouverture de la NBA à
l’international et la sacralisation de ses joueurs majeurs. En effet, c’est lors des JO de 1992,
que la fameuse Dream Team des JO 1992, incluant les meilleurs joueurs NBA de l’époque
tels que Michael Jordan, Larry Bird, Magic Johnson, Charles Barkley et beaucoup d'autres
27
affronte et écrase l’ensemble de ses adversaires démontrant ainsi par l’exemple la supériorité
des joueurs évoluant en NBA.
Même si la ligue nord-américaine avait déjà acquis sa réputation, nous retrouvons aussi une
autre étape que nous avons mise en avant pour les autres championnats, à savoir de bons
résultats de son équipe nationale.
En « interne », la NBA connait sa première expansion à l'étranger en 1995, et plus
précisément au Canada, avec la création des franchises des Raptors de Toronto et des
Grizzlies de Vancouver. Durant la saison 2001, les Grizzlies déménagent à Memphis, les
Raptors devenant la seule équipe de la ligue à être située en dehors du territoire des ÉtatsUnis.
Aujourd’hui avec la création de la franchise des Bobcats de Charlotte, la NBA possède en son
sein 30 équipes permettant ainsi l’accumulation des matchs et donc la hausse du chiffre
d’affaires de la ligue et de ses franchises (droits TV, Billetteries, Merchandising…).
La NBA est également un modèle en termes de communication et promotion de son sport.
En effet, la ligue possède un site internet, NBA.com qui fait partie des sites les plus visités au
monde. C'est notamment grâce à ce portail que les fans du monde entier peuvent, depuis 2003,
voter pour élire les joueurs participants à l’All-Star Game et ainsi rendre cet évènement,
summum du show à l’américaine encore plus interactif et accessible aux internautes du monde
entier.
Ce site est décliné en plusieurs langues avec des portails par pays, axés essentiellement sur les
joueurs nationaux et leur actualité, s'adaptant ainsi à l'arrivée massive des joueurs
internationaux en NBA.
La NBA possède aussi depuis 1999, la chaîne NBA TV. Elle consacre ses programmes au
basket-ball et diffuse des rencontres de la NBA en direct, des grandes rencontres du passé, des
informations quotidiennes sur le basket-ball, la vie des équipes NBA tout au long de la saison,
des reportages sur les joueurs, leurs vies hors des parquets, des talk-shows. Les programmes
sont produits par NBA Entertainment. Elle diffuse ses programmes dans près de 40 pays.
28
Et pour finir concernant sa couverture médiatique, la NBA et la société de radio par satellite
Sirius ont signé un accord de partenariat en 2005 pour créer NBA Radio. Cette station diffuse,
24 heures sur 24, près de 1000 matches en direct chaque année, des magazines, des grandes
rencontres du passé.
Ainsi ce championnat est la référence dans le monde du basket-ball en termes de couverture
médiatique.
Pour conclure sur le championnat américain, on peut dire qu’en exploitant son championnat et
ses équipes comme des produits destinés à faire du spectacle, la NBA a réussi à faire de son
championnat un business rentable, suivi sur la planète entière et extrêmement compétitif.
C’est cette notion très axée sur le business qui est à noter par rapport aux autres championnats
que nous avons étudiés.
Nous retrouvons évidemment comme base pour le développement du championnat :
-Des clubs avec une structure solide
-une continuité dans les résultats pour faciliter la compréhension du championnat (les bons,
les mauvais…)
-une équipe nationale de haut niveau ce qui attise l’intérêt du spectateur.
Enfin ce qui fait sa force :
-la créativité et l’ingéniosité pour développer le spectacle lors d’un match (règle des 24
secondes, ligne des 3 points, All Star Game…)
-La mise en scène avec des duels de légendes et la création d’idoles (Jordan, Bird, Magic
Johnson…)
-La notion centrale du business et la recherche de « big market » qui lui a permis de faire face
à la concurrence et de se développer pour en être là où elle en est aujourd’hui.
La NBA est devenue l’une des plus grandes ligues professionnelle tous sports confondus au
monde et une référence en termes de visibilité, ce qui manque cruellement au championnat
français.
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Les points faibles du basket Français
Après avoir présenté le Basket Français aussi bien chez les amateurs que chez les
professionnels, ainsi qu’étudié le fonctionnement de championnats de pays où le basket est un
sport médiatique, nous allons nous intéresser dans cette partie à ce qui ne va pas dans le
basket-ball Français ou tout simplement ce qui semble être un frein à son essor dans notre
pays.
Dans un premier temps, nous intéresserons au fonctionnement du basket à partir de la base
c’est-à-dire le basket amateur puis nous analyserons le manque de visibilité du basket-ball
professionnel en France. Enfin nous terminerons cette partie par une analyse des clés de la
réussite de deux autres sports très populaire en France : le Football et le Rugby.
a. Au niveau amateur
D’après un proverbe Mongol; “pour bâtir haut, il faut creuser profond”. Afin de
pouvoir monter haut, il faut donc tout d’abord s’assurer que les bases, les fondations sont
solides. Nous pouvons parfaitement l’appliquer à notre problème ici: les difficultés du basket
professionnel Français. C’est pourquoi nous allons tenter de voir si les difficultés du basket
professionnel ne seraient pas en partie liées à celles du basket amateur, ou vice versa.
Nous avons dans un premier temps dressé un portrait plutôt flatteur du basket amateur en
France. Malheureusement, tout n’est pas parfait et il reste encore beaucoup à faire pour
développer le basket à ce niveau. Pourtant, la réussite du basket professionnel passe par une
certaine réussite du basket amateur. On retrouve par ailleurs des similitudes entre les
difficultés au niveau amateur ainsi qu’au niveau professionnel.
Une de ces difficultés réside dans le manque d’infrastructures. Au niveau amateur, on
remarque en effet que dans plusieurs régions de France, notamment dans celles qui ont un
nombre important de licenciés tels que la Ligue des Pays de la Loire ou bien Rhône-Alpes, la
pratique du basket est loin d’être évidente. Les infrastructures se vont vieillissantes, quand
elles existent, et les clubs ont de plus en plus de mal à trouver un gymnase digne de ce nom
pour permettre à leurs adhérents de pratiquer leur sport. Il faut également ajouter à cela que le
basket n’est pas le seul sport à se jouer dans un gymnase, or les villes et communes ne sont
pas en mesure d’attribuer une salle par activité; les créneaux doivent être partagés entre les
différents clubs, sports et parfois même avec les écoles ou collèges avoisinants. Les clubs se
voient parfois obligés de refuser des inscriptions ou de les mettre sur une liste d’attente. La
solution pour eux pourrait être de créer des équipes en plus: mais où s'entraîneraient-elles et
sur quels créneaux ?
Nous sommes donc dans un cercle vicieux; le basket veut continuer de se développer, attire
des pratiquants mais ne peut pas tous les satisfaire. Ceci peut paradoxalement engendrer un
désintéressement, que ce soit chez les plus jeunes ou les plus anciens qui souhaitent continuer
à pratiquer leur passion. Or ce désintéressement peut être préjudiciable pour le basket
professionnel et entraîner, en plus du désintéressement de la pratique, celui du sport en luimême.
Qui plus est, de nombreuses activités vont leur apparition et viennent concurrencer le basket
en sport d’intérieur: en effet, avec l’essor que connaît le futsal ou bien le badminton, ce sont
autant de sports avec qui partager les créneaux mais aussi les pratiquants.
De plus, outre les sports qui concurrencent directement le basket en utilisant les mêmes
infrastructures, d’autres activités émergent et peuvent être considérés comme concurrents,
30
plus ou moins indirects, du basket et notamment le “Football à 5”, souvent appelé “Urban
Football”. Ce type de football se joue à 5 contre 5 sur un terrain grand comme un terrain de
tennis, souvent à l’intérieur. Apparu dans l’hexagone en 2005 suivant le modèle britannique,
cette activité a connu un essor fulgurant dans les années suivantes: en 2010, on dénombrait
déjà plus de 70 centres (pour plus de 260 terrains) en France et plus et atteignait les deux
millions de pratiquants. Le fonctionnement est simple: les pratiquants réservent un ou
plusieurs terrains pour une certaine durée et y accèdent librement pendant ce créneau. Dans
certains centres, les terrains sont même équipés de caméras filmant les matchs: les joueurs
peuvent donc regarder leurs exploits en aval sur You Tube. Très présents en Ile-de-France,
ces centres permettent à de nombreuses personnes, d’univers très différents de pratiquer leur
sport sans certains de ses désavantages: il ne faut plus 22 joueurs, 10 suffisent. De plus la
plupart des centres étant en intérieur et couvert, les conditions climatiques ne sont plus un
problème.
Ces centres urban ne sont qui plus est pas implantés au hasard; en Ile-de-France par exemple,
un centre a ouvert à Nanterre Préfecture, non loin de la Défense, afin d’attirer les salariés des
sièges des entreprises internationales non loin.
Dans cette mesure, il devient maintenant presque plus facile de faire du foot que du basket
alors que cela aurait semblé impossible il y a quelques années. Le basket doit donc faire face à
cette hausse de la concurrence.
Tandis que ces nouveaux sports apparaissent avec des nouvelles infrastructures, on remarque
donc que cette insuffisance résulte d’une absence de politique nationale de renouvellement
des équipements sportifs, face au vieillissement de la plupart. Comme l’expliquait JeanChristophe Buiron, un président de club: "A l'échelle nationale, il y a un gros vide en termes
d'infrastructures pour les professionnels. C'est évident que si la démarche n'est pas faite avec
les clubs pros, elle ne peut logiquement pas l'être non plus avec les clubs amateurs."
En effet la France a accumulé un très gros retard au niveau national ainsi qu’européen quant
aux infrastructures: tandis que l’ACB, la Ligue Espagnole compte 15 salles de 5000 places ou
plus, la France n’en a que 7. Contrairement à nous, les autres ligues majeures imposent aux
clubs une certaine capacité pour leurs salles: en effet, à partir de la saison dernière, tout club
de 1ère Division, aussi bien en Italie qu’en Espagne, devait se doter d’une salle de plus de
5000 places. La Pro A est très loin de ce chiffre quand on voit, par exemple, la capacité de
1594 places de la salle de la JSF Nanterre.
Lors de l’attribution de l’organisation des Mondiaux de Basket qui auront lieu cette année, la
France avait dû retirer sa candidature du à ce manque d’infrastructures car elle ne pouvait
répondre au cahier des charges fixé par la FIBA. A l’époque de la création des infrastructures
actuelles, l’objectif prioritaire était de construire à moindre coût, au détriment des
aménagements, tant pour les supporters que pour les VIP ou bien les médias pour
d’éventuelles retransmissions TV. Les besoins et les normes ont changés et évolués, mais pas
les structures.
Pour en revenir aux clubs amateurs, la situation économique actuelle n’est pas non plus en
leur faveur. En effet, avec la baisse des subventions publiques, qui sont en très grande partie
la base de revenus d’un club, le développement des partenariats privés est devenu le nerf de la
guerre. Or, les entreprises sont de plus en plus sollicitées et il devient donc de plus en plus
difficile d’attirer des partenaires à ce niveau-là: les entreprises, mis à part les petites
entreprises locales, ne sont pas spécialement intéressées par ces partenariats avec des clubs de
petite ou moyenne taille. Les revenus sont donc revus à la baisse pour la plupart des clubs,
tandis que les dépenses se maintiennent. Par exemple pour un club ayant une équipe en
Nationale 2 (soit le 4ème niveau à l’échelle nationale), certains joueurs sont rémunérés. Cela
implique de payer des joueurs (et un ou des entraîneurs suivant leurs qualifications) tout en
31
offrant la possibilité aux équipes de plus bas niveau d’exister et de bénéficier d’entraînements
et d’enseignements de qualité. Problème qui deviendra récurent et beaucoup plus important au
fur et à mesure que des équipes progressent dans les championnats et gravissent des échelons.
Il est donc de plus en plus difficile pour un club amateur de se professionnaliser. Attention
cependant, quand on parle de professionnalisation dans ce cas-là, cela ne veut pas forcément
dire développer une équipe professionnelle et jouer en Pro A ou en Pro B. Par professionnels
du sport, nous entendrons tous ceux qui maîtrisent des compétences, spécialisées dans la
production et la gestion de la performance sportive dans le cadre institutionnalisé qu’est le
club. Il convient ensuite de distinguer ceux qui sont rangés dans la catégorie strictement
sportive (sportifs bien entendu mais aussi entraîneurs, préparateurs physiques, staff
médical, directeurs sportifs, directeurs techniques, agents, etc....) et ceux qui appartiennent à
des catégories plus “administratives”, comme ceux qui relèvent des fonctions supports d'une
organisation: l’administration, le marketing, la trésorerie et la finance, la communication
interne et externe. Il n’y a en effet pas que les sportifs professionnels qui permettent à une
équipe / club d’aller loin. De nombreux acteurs interviennent et leur management est trop
souvent considéré comme secondaire; or il est essentiel afin de s’inscrire dans un contexte de
haute performance. On le voit par exemple avec l’attribution des invitations de la LNB, qui ne
se contentent pas seulement des résultats sportifs, mais qui analyse tout le projet à moyen et
long terme autour de ceux-ci. Ces invitations ont d’ailleurs été la cible de beaucoup de
critiques parmi les fans de basket en France. Ils ne se sont cependant pas intéressés aux
différentes raisons qui ont valu aux deux clubs de bénéficier de ces wildcards: c’est à dire leur
projet. Certes leurs résultats sportifs (du moins pour Rouen) n’ont pas été excellent cette
saison là, mais la LNB a su voir le potentiel du club. Par exemple, rien qu’avec sa salle, la
Kindarena, récemment construite (inauguration en 2012) qui peut accueillir de 4500 à 6000
personnes. Outre la nouveauté des locaux, on y retrouve également des espaces dédiés aux
VIP, des salons de réception, une salle de musculation etc…: tout ce qui manque cruellement
dans les différentes salles de Pro A actuellement.
Les clubs souhaitant se professionnaliser, ont donc comme objectif premier la performance
sportive. Ils cherchent à modifier leur structure organisationnelle ou économique pour que
tout puisse converger à la réussite sportive. Les institutions du sport se professionnalisent, afin
de pouvoir offrir le meilleur cadre possible à l'épanouissement sportif. Or, cela passe par le
recrutement de personnes pouvant aider et compléter le travail de l’entraîneur: assistant
technique, préparateur physique parfois préparateur mental, kinésithérapeute et/ou un
ostéopathe etc., ce qui commence vite à peser sur les finances du club. Il est cependant
essentiel, de nos jours, d’avoir de telles équipes pour espérer avoir une répercussion sur les
résultats sportifs. Comme l’a écrit Béatrice Barbusse dans Le management des professionnels
du sport: le cas d’un club de handball (2006):
“[...] autour de ces sportifs qui produisent de la performance, le cercle des acteurs
intervenant auprès d'eux s'est également élargi en raison des exigences de la compétition. On
trouve ainsi des entraîneurs (généraux ou spécifiques), des directeurs sportifs, des médecins,
des kinés parfois des ostéopathes, des préparateurs physiques, des préparateurs mentaux, des
psychologues et bien sûr des agents. Plus le sport ou l'athlète est professionnalisé et plus son
entourage est fourni. »
Pour prendre un exemple concret, on peut parler du BC Orchies qui était, pour la saison
2007/2008 en Nationale 3. Le club s'est doté d'une structure sportive ambitieuse avec: un
entraîneur et un assistant, un kinésithérapeute, un préparateur physique, un caméraman, un
statisticien ainsi qu’un assistant logistique. Le club avait également sous contrat l'ensemble
des dix joueurs composant son effectif ; transformant ainsi ses joueurs de haut niveau en
32
joueurs professionnels. A la fin de la saison, Orchies finit 1er de sa poule et remporte le titre
de Champion de France de Nationale 3. Deux ans plus tard, le club finit 1er de sa poule en
NM2 et atteindra finalement la Pro B pour la saison 2013/2014.
Il devient donc très difficile pour les clubs amateurs de devenir compétitifs à partir d’un
certain niveau: plus celui-ci augmente, plus il exige d’argent et de facteurs extra-sportifs que
les clubs et les équipes peinent à obtenir. Pourtant, le basket amateur est la clé de voûte du
basket professionnel: c’est le vivier qui fournit ce dernier en joueurs et talents. Or cette
difficulté à se professionnaliser et à pouvoir offrir aux joueurs un cadre toujours plus adapté
au sport de haut niveau peut décourager certains jeunes joueurs à fort potentiel qui n’ont pas
acquis la maturité suffisante. Dans le meilleur de cas, ces derniers décident de gagner des
institutions comme l’INSEP ou les centres de formation des clubs professionnels, mais la
concurrence y est beaucoup plus relevée et les conditions au sport professionnel sont très
contraignantes. Certains choisiront également de gagner le niveau intermédiaire; c’est à dire
un des échelons de la Nationale, qui ne faut cependant pas sous-estimer: les contraintes sont,
dans certains clubs, aussi présentes que dans les clubs professionnels, tout comme certains
avantages comme la rémunération. On parle dans ce cas-là “d’amateurisme marron”. Cet
amateurisme, c'est le système de rémunération, hors de portée de l'Etat.
“L'amateurisme « marron » est une forme inavouée de professionnalisme qui se caractérise
par le versement aux sportifs experts de sommes d'argent hors de tout contrôle juridique et
institutionnel.”
Stummp et Gasparin dans Les conditions sociales d'émergence du volley-ball professionnel.
De l'espace nation au club local, 2003)
C'est ce qui se passe dans la majorité des clubs de NM2, NF1 et dans la très grande majorité
des cas en NM3 et NF2.
Ce phénomène n'est pas nouveau et existait au sommet de la hiérarchie sportive bien avant la
professionnalisation; et qui a descendu petit à petit les échelons pour descendre jusque dans
les niveaux régionaux. Un marché officieux qui peut permettre aux joueurs issus des
structures professionnelles de se voir verser des allocations telles que le chômage ainsi que
des versements non déclarés par le club amateur qui les « emploie ». Ce phénomène accroît
fortement l'activité économique associative et se voit verser aux titres de remboursement de
frais de déplacement.
Le problème réside dans les abus et notamment par la présence d'américains, qui peuvent être
rémunérés jusqu'à 4.000€ de manière totalement frauduleuse afin de faire profiter l’équipe et
le club de leur talent. Cette première étape vers la professionnalisation peut certes être une
marche en avant pour le club dans sa dimension sportive mais amène de nombreux
bouleversements organisationnels: il implique notamment une rationalisation des finances du
club. Nous retrouvons donc le même constat qu’auparavant: si le club choisit d’investir dans
joueur étranger, il devra se priver d'un encadrement technique autour des joueurs et aura plus
de difficultés à assurer le fonctionnement des autres secteurs du club: des sacrifices risquent
donc d’être faits au détriment des équipes plus jeunes ou de plus bas niveau. Il bloque
également la professionnalisation générale du club en empêchant, par exemple, la
rémunération de l'aspect secrétariat, comptabilité et tous autres domaines administratifs. De
plus, le fait que des clubs de Nationale cherchent à récupérer des joueurs étrangers bloquent
nos jeunes joueurs français qui ont un potentiel tout aussi important, mais qui sont moins
reconnus. L’accès à ces clubs n’est donc pas si aisé que ça et dans de nombreux des cas, ils
choisiront d’arrêter tout simplement le basket et de se tourner vers une pratique plus loisir de
ce sport. Qui plus est, dû à la forte compétitivité des nouveaux joueurs et de la volonté des
33
clubs d’augmenter leurs résultats sportifs par leur arrivée, l’intensité des entraînements et des
matchs est décuplée: il devient difficile de concilier la pratique sportive, qui accapare
beaucoup de temps aux études, surtout lorsque cette pratique n’est pas rémunérée. Il faut donc
choisir entre la pratique intensive qui ne rapporte cependant rien, ou les études, au détriment
du basket, comme nous a expliqué Earvin Perroni lors d’une interview (disponible en annexe),
jeune basketteur français qui sera dans une université américaine l’an prochain:
“La voie française, à partir d’un certain niveau, t’empêche de joindre études et basket”
On remarque ainsi que les jeunes athlètes sont dès le plus jeune âge poussés vers ce basket
américains; non seulement par la réputation de ce dernier mais également par le manque
d’organisation du côté français. Ces jeunes joueurs sont ainsi malgré eux de plus en plus
conditionnés à n’aspirer qu’au basket universitaire (NCAA) afin d’être le plus près possible
de la NBA; car ce sont en effet ces jeunes joueurs qui sont le plus souvent datés (sélectionnés)
par les franchises NBA dans les premières places. Ces dernières faisant beaucoup plus
confiance à la formation de leur pays plutôt qu’aux formations européennes. Le basket
universitaire américain est d’ailleurs extrêmement développé; et est souvent plus suivi aux
Etats-Unis que le basket professionnel, comme le montre un sondage de ESPN de Mai 2014
(le total des votes étant de 15 286). La question était la suivante: “Qu’est-ce que vous préférez
regarder ? NBA ou NCAA”. Au niveau des Etats-Unis, 67% ont voté pour la NCAA contre
33% pour la NBA. Même au niveau international on retrouve presque la même proportion
avec 61% pour la NCAA contre 39%. On peut donc remarquer l’immense popularité dont joui
le basket universitaire américain dans le pays mais également au niveau international.
Malgré les différents avantages du basket en France, et du basket amateur, ce dernier
connaît quelques difficultés à se professionnaliser, ce qui peut s’avérer, dans une certaine
mesure, un problème pour le basket professionnel. Les deux ont en effet besoin l’un de l’autre
pour se développer car nous le savons, il faut une base pour avoir une élite; cependant une
fois que nous avons l’élite, il faut développer la base, c’est une sorte de cercle vicieux car plus
l’élite est forte, plus elle attire à la base et pousse au développement. Plus on aura de capacité
d’accueil pour le sport professionnel et le haut niveau, plus les clubs amateurs pourront être
mobilisés pour les soutenir, ce qui donnera envie aux gens de pratiquer et de consommer le
basket.
34
b. La visibilité du basket-ball professionnel Français
« Si j’étais président de la ligue, je ne sais pas comment je ferais», disait Tony Parker
concernant la difficile promotion du Championnat de France de Pro A, la première division
masculine, dont les meilleures rencontres seront diffusées par le groupe Canal
En effet, aucun match de Pro A, le championnat d’élite du basket-ball français n’est diffusé en
clair. Autrement dit, il faut s’abonner à une chaîne payante pour pouvoir suivre du basket
français.
C’est un défi d’autant plus relevé que la Pro A doit faire face à la concurrence de la NBA
diffusée par Bein sport depuis 2012.
Ainsi, le fan de basket-ball doit s’abonner à Canal+ chaîne réputé pour le football, le rugby et
le cinéma mais qui ne se sert au final de la pro A que pour tenter de résister aux assauts de la
chaîne qatarie dans l’univers du sport qui a récupéré la ligue de basket la plus médiatisée au
monde.
Ce choix devient d’autant plus cornélien que pour suivre le championnat considéré comme le
plus fort et le plus intéressant au monde il devra s’abonner à une autre chaîne qui proposera
plus de match de basket que le groupe Canal.
Autrement dit, avec Bein Sport, le fan consommera plus de basket et de meilleure qualité.
Pire pour notre basket national, le 1er novembre 2012, Be in Sport conclut donc à la surprise
générale un accord avec la Ligue américaine de basket (NBA) pour s’offrir les droits de sa
retransmission télé. Cependant, dans ce jeu de négociations, la chaîne qatarie qui a récupéré
sur son passage football, rugby et handball n’a pas tenté d’obtenir la diffusion de la Pro A.
Pour Fabrice Auclert, journaliste sportif rédacteur en chef de Basket USA, ce manque de
médiatisation de la part des médias pour le basket français est la conséquence d’un calcul
entre l’offre et la demande : « Le foot et le rugby passionnent et ça devient un cercle vicieux
dans l’agenda télévisuel. Pour inverser la tendance, il faudrait prendre des risques et imposer
du basket en prime time sur de grandes chaînes. Mais ce serait se couper de l’audience et donc
de revenus. »
Le basket français semble donc être victime de la dure loi du marché, et c’est sans doute ce
qu’il manque à notre championnat : se considérer plus comme un produit marketing, un
spectacle, plutôt que tout simplement comme l’échelon le plus élevé d’un sport pratiqué par
des millions de personnes.
C’est d’ailleurs dans cette optique que la LNB a été créée afin de gérer les deux ligues
professionnelles.
Seulement là où nous avons 13 salariés à temps plein qui vont s’occuper de la gestion de deux
ligues professionnelles, nous avons une cinquantaine de salariés qui s’occupent exclusivement
de la ligue Endensa de l’autre côté des Pyrénées.
Voici une analyse de la médiatisation de l’élite du basket français.
On peut diviser la médiatisation du basket-ball dans les médias français en trois grandes
périodes.
La première débute en 1987, et correspond à la date de création de la LNB, avec une période
où l’on rêve de grandeurs pour le basket français.
35
Cependant ces rêves seront vite étouffés en 1994 par une « ghettoïsation » télévisuelle
progressive ; quant au retour du basket sur France Télévisions et à l’arrivée sur Pathé Sport en
1999, ils pourraient bien constituer, avec quelques années de recul, les « derniers soubresauts
» précédant la mort clinique du basket télévisé qi survit malgré tout aujourd’hui grâce au
groupe Canal.
En 1970, nous sommes toujours avant la première grande époque mentionnée précédemment
mais c’est une date importante à retenir car on voit l’apparition du premier périodique basket
avec L’Equipe Basket Magazine.
En 1974 ce dernier est rejoint par Basket Hebdo et Basket Hebdomadaire puis la lettre Micro
Basket en 1976.
En 1982, alors que L’Equipe Basket Magazine, Basket Hebdo, Basket Hebdomadaire et
Micro Basket ont déjà cessé de paraitre, Maxi Basket est créé.
Etant peu exposé médiatiquement, la Fédération Française de Basket-Ball (FFBB) n’hésite
pas à payer la télévision en 1985 pour que son Tournoi de Noël soit diffusé à la télévision.
Nous voici donc en 1987, date de création de la LNB mais aussi du premier contrat de droits
TV du basket-ball avec la télévision public. Il prévoit une quinzaine de rencontres de
championnat par saison en direct sur Antenne 2 l’ancêtre de France 2.
A ce moment-là, le basket-ball est vu comme le sport des jeunes du prochain millénaire. En
1988, on a même droit sur TF1 à la retransmission du Final Four du championnat de basketball universitaire américain National Collegiate Athletic Association, plus connu sous le nom
de NCAA. Le match Limoges-Badalone diffusé également en 88 est suivi par 2 millions de
téléspectateurs malgré une diffusion tardive (après minuit).
VICTOIRE DE LIMOGES
La venue de Michael Jordan à Paris en 1990 montrera aux médias, la popularité du basket
américain. Souhaitant surfer sur cette vague, trois nouveaux magazines sont édités l’année
suivante : Mondial Basket, 5 Majeur et Basket. En 1990 le basket sur la chaîne publique fait
toujours de l’audience et réunit 1,5 à 2 millions de téléspectateurs pour 20% de parts de
marché. En plus de ces belles audiences, finit en apothéose avec la finale du championnat
d’Europe de 1993 qui voit les français de Limoges s’imposer face aux italiens de Trévise
devant 4,95 millions de téléspectateurs pour 29,3% de part de marché en première partie de
soirée sur le réseau France Télévisions. Bien que programmé à la hâte la veille, le score
obtenu par cette rencontre fut remarquable.
Cependant, à partir de 1994, nous rentrons dans la période que nous qualifierons de «
ghettoïsation télévisuelle » pour notre championnat.
36
A cette date le basket quitte progressivement les chaînes gratuites pour être dispatché d’une
chaine payante à une autre : Canal+, Canal Vert, TV Sport, Eurosport, Pathé Sport...
Le 1er Octobre 2000, l’équipe de France s’incline face aux Etats-Unis 85-75 en finale des
jeux olympiques de Sidney. Le match a ainsi été suivi par 400 000 personnes qui s’étaient
levées pour voir le match à quatre heures du matin.
Lors de l’année suivante, les quatre retransmissions de matchs de la saison 2001-2002 de Pro
A programmée sur le réseau hertzien enregistrent une faible audience moyenne de moins 600
000 personnes c’est-à-dire l’équivalent de 7,3% de part d’audiences ou le 1/3 des résultats
obtenus dans les années 90 lors de l’apogée d basket en France.
A la suite de ce marasme, le groupe France Télévisions se retire des diffuseurs de Pro A en
2002. Avec l’arrêt des diffusions de France Télévision ce sont 685 000 euros de droits TV qui
ne vont plus dans les caisses de la LNB.
Pathé Sport rebaptisé Sport+ propose alors 520 000 euros pour les deux saisons suivantes.
Le contrat précédent totalisait 1,68 millions d’euros. C’est donc un gros pas en arrière pour la
LNB, qui faute d’offres concurrente fut contrainte d’accepter, malgré que l’offre de la chaîne
sportive de Canal+ divisa par cinq les droits du championnat de France.
Le groupe Canal propose ainsi 25 rencontres de championnat mais sur une chaine accessible
pour seulement 2,8 millions de foyers abonnés au câble ou au satellite.
Le basket français passe par la même occasion en dessous du seuil acceptable de visibilité
télévisuelle pour attirer les sponsors de premier rang.
En parallèle, Tony Parker qui peut être considéré comme le plus grand joueur Français de tous
les temps, arrive dans le plus célèbre des championnats de basket, la NBA en 2001. Deux ans
plus tard, il gagne son premier titre NBA avec son équipe des San Antonio Spurs. Lorsqu’il
explose à la face du monde, les médias français le propulsent nouvelle icône du sport français.
Tout le monde gagne ou pense avoir quelque chose à gagner dans l’engouement médiatique
autour de ce joueur considéré par une étude réalisée par l’Equipe à cette époque comme jeune,
disponible, plutôt mignon, sain et cool puisqu’il joue au basket».
37
A la suite de son sacre NBA, cette dernière prend de l’ampleur dans le quotidien sportif de
référence L’Equipe. La machine médiatique est alors lancée puisque des journaux tels que Le
Monde mais aussi France soir, Le Figaro, le JDD, mais aussi VSD, Paris Match, France Inter,
RTL et France Info abordent un sport auparavant anecdotique.
Dans la foulée, Tony Parker ou « Tipi » se lance même en radio sur RMC pour une heure
hebdomadaire avec l’émission portant son nom : le Tony Parker show. Avec Tony Parker, les
médias sportifs et grands publics s’intéressent désormais au basket-ball. Malheureusement,
cela n’a pas forcément d’impact sur le basket français puisque la Pro A revenue sur France
Télévision à travers sa finale opposant Strasbourg à Nancy en 2005 un dimanche après-midi,
peine à atteindre les 400 000 spectateurs d’audience. C’est la dernière fois que du basket
français est proposé sur une chaine gratuite.
Même Tony Parker se retire des médias français puisque le Tony Parker show s’arrête en
Avril 2007 après trois saisons pleines. Le relais sur RMC sera pris uniquement le week-end
par une chronique hebdomadaire de moins d’une heure du nom de RDV Basket.
Comme nous l’avons constaté le basket français se porte mal mais pas seulement. En effet,
même le basket de Tony Parker c’est-à-dire la NBA connaît quelques difficultés en France.
En Décembre 2008, la chaine NBA TV qui prenait le créneau nocturne de Sport+ en fin de
soirée pour diffuser des matchs NBA s’arrête car le groupe qui diffusait la chaine n’a pas
souhaité continuer à payer pour conserver les droits de diffusion du championnat américain.
La déclaration officielle de NBA TV tant que pour eux, ce produit d’appel « ne constitue pas
un vecteur d’abonnement suffisamment fort ». C’est l’argument principal avancé par ceux qui
pensent que ce sport n’est plus qu’un sport de niche incapable de réunir une audience
suffisamment large pour le réseau hertzien.
Malgré tout, nous retrouverons bien une trace de basket sur le réseau hertzien en 2009 avec la
finale de championnat d’Europe remportée par l’équipe de France féminine mais cela reste
anecdotique.
Cependant nous rentrons dans une nouvelle ère. En effet, avec l’arrivée dans le panorama des
chaines diffusées en France de Bein Sport, le basket américain sera nettement plus diffusé
puisque lors de la saison de NBA un match de basket sera retransmis tous les soirs, et il y a
également des résumés quotidiens et une émission hebdomadaire consacrés à la grande ligue
américaine.
JACQUES MONCLAR CONSULTANT BEIN SPORT
38
En parallèle, la pro A a une carte à jouer. En effet, la victoire de la France aux championnats
d’Europe en 2013, a été très suivie sur France 4 et extrêmement relayé sur les réseaux
sociaux. Autrement dit, l’équipe nationale de basket a attiré l’attention du grand public. Le
match a permis à la chaine de survoler les autres chaines de la TNT dans la course aux
audiences. La victoire des Bleus, 75 à 72 a permis à France 4 de réunir 1,3 million de
téléspectateurs, soit 5,6% de parts d'audience, et 2 millions d'amateurs de basket ont suivi la
prolongation.
Dans le même temps, Twitter a pris feu avec pas moins de 70 500 tweets échangés durant le
match, jusqu'à la dernière seconde de jeu. Aujourd’hui Internet a pris une dimension
importante et il est également important de prendre en compte de noter l’influence croissante
du basket 2.0
En effet, avec le marché de la presse en déclin depuis l’éclosion d’Internet et une télévision
publique qui n’est pas intéressé par le basket-ball, le web semble être le relais médiatique de
premier choix pour toucher un large public rapidement à un moindre coût. Un rapide tour sur
la toile suffit à constater l’effervescence des discussions et commentaires sur les sites web,
blogs et forums consacrés à ce sport. C’est sans aucun doute de ce côté-là qu’il va y avoir une
carte à jouer dans les prochaines années pour toucher un public jeune et habitué d’Internet.
Reste à savoir comment mettre en place un modèle rentable permettant un bon retour sur
investissement.
En attendant, pour essayer de faire parler du basket français, la fédération de basket utilise une
politique de communication évènementielle.
En effet, elle cible des évènements au cours de l’année comme le All-star game LNB, la
Semaine des As ou encore la finale du championnat de Pro A afin d’avoir une fenêtre
médiatique sur les grands médias nationaux et les télévisions qui ne viennent pas forcément
au quotidien dans les gymnases de basket.
On peut dorénavant cibler les principaux freins à la médiatisation de ce sport si pratiqué.
Tout d’abord, le manque de culture basket qui règne en général en France comparé aux autres
pays pratiquants de basket comme les Etats-Unis où le sport en général et le basket en
particulier est une tradition et qui fait du tort à la discipline en France.
PLAYGROUND AMERICAIN
Par exemple, pour illustrer ce constat, en Mai 2010 s’est déroulé à Paris le Final Four de
l’Euroligue, c’est-à-dire la phase finale de la Ligue des Champions du basket-ball, un des plus
gros évènements mondiaux au niveau de ce sport que même les américains suivent (de loin).
La presse française a ignoré l’évènement, préférant parler de la finale de la coupe francobritannique opposant Biarritz à Toulouse en rugby.
39
On pourrait donc dire que le basket n’a jamais vraiment été un sport majeur sur la capitale.
Malheureusement, ceux qui font l’information nationale sont les journalistes parisiens alors
que le basket-ball est très bien traité dans la presse quotidienne régionale qui est les bastions
du basket-ball français.
Mais ce manque de médiatisation n’est pas que la faute des autres. Effectivement, le basketball n’arrange pas les choses de son côté. De la NBA à la LNB en passant par les
championnats FIBA ou Euroligue, les règles, les durées des quarts-temps ou encore les
terrains de jeu diffèrent. Or nous avons vu lors de l’analyse des championnats connaissant le
succès à l’étranger était la lisibilité et la facilité de compréhension du championnat par le
spectateur lambda.
De plus, une part du public ne se reconnait pas dans un basket que certains qualifient de sport
de Blacks. Associé à la culture hip-hop américaine et à tout le bling-bling mis en avant par les
médias certains français ne se retrouvent et ne s’identifient pas dans ces valeurs qui, a
contrario, connaissent une adhésion logiquement plus importante chez les basketteurs de rue
fréquentant les playgrounds.
Paradoxalement, le basket est l’une des seules si ce n’est la seule discipline à connaitre des
dissensions internes de ce niveau. Entre le basket-ball américain, le basket européen, le basket
français, le basket sur les playground ou dans les clubs, différentes cultures se sont créées
autour du basket-ball et elles ne sont pas forcément compatibles les unes avec les autres. En
effet, la culture du basket est très différente entre un joueur américain et un joueur serbe, entre
un pratiquant de playground et un licencié de club.
HIP HOP ET BASKET-BALL
Ces problèmes de connections se retrouvent d’ailleurs au sein même des sphères de décisions
du basket-ball français : il existe ainsi de dissensions entre basket pro et basket amateur,
univers parisien de la LNB et vision plus locale avec lequel les clubs pros envisagent les
problèmes.
Par ailleurs, l’éventail de public du basket est très large et il est très compliqué d’intéresser
un mini-poussin et un sénior de 55 ans à un même contenu et de ce fait, le public ne se
mobilise pas.
C’est un problème majeur car c’est l’une des principales raisons de l’échec du basket sur les
chaines hertziennes : l’incapacité de cette discipline à rassembler un public assez important
pour séduire ces médias de masse. Au jour d’aujourd’hui avec une concurrence féroce entre
les chaines, un programme avec une audience jugée non satisfaisante n’a plus sa place, que
soit sur une chaine publique ou du câble.
Si certains parlent du basket-ball comme un sport de niche, c’est parce qu’il peut toujours
constituer un produit d’appel ciblé pour certaines chaines thématiques mais, à l’heure actuelle,
il n’a pas une audience assez large pour intéresser TF1 ou France 2 intéressées par les masses.
40
Un autre facteur qui peut jouer contre la médiatisation du basket : l’âge de son public. Le
basket est un sport qui se concentre plutôt sur les adolescents et les jeunes adultes, et ces
derniers regarderaient moins la télévision et seraient moins casanier que les adultes et les
retraités plus consommateurs de télévision, et donc créateurs d’audience (la ménagère de
moins de 50 ans).
Un autre frein à la médiatisation du basket français c’est la vision du basket français qui n’est
perçue que sous l’angle du sport-compétition. En France, le traitement du basket-ball dans les
médias se fait selon deux axes : français et américain, compétition et loisir. Si l’angle sportcompétition a toujours existé en France, c’est l’arrivée du basket américain avec la NBA qui a
apporté l’angle sport-loisir. Généralement, dans le traitement médiatique des sports, les
aspects de compétition et de loisir sont distingués. La NBA a réussi à faire coexister les deux
simultanément, rendant le basket français obsolète et beaucoup moins intéressant.
FINALE NBA
Le basket américain a en effet réussi à amplifier sa dimension spectaculaire par le biais d’un
nombre important de caméras, de la recherche d’angles originaux, de l’utilisation stratégique
des ralentis pour sublimer l’exploit athlétique ou encore de la dramatisation de la mise en
scène : rivalité entre les Lakers de Magic Johnson et les Celtics de Larry Bird, Michael Jordan
contre les Bad Boys de Detroit ...
MICHAEL JORDAN EN PRMOTION A PARIS
41
Cette théâtralisation de la NBA a facilité sa médiatisation en tant que spectacle car même le
grand public étranger aux notions basket-ball peut apprécier le divertissement apporté par la
NBA et son côté « Entertainment » qui fait cruellement défaut à notre championnat trop axé
sur le sport et pas assez sur le spectacle restreignant son lot de spectateurs.
On peut par exemple noter que si le basket français peut avoir du mal à remplir des salles, lors
du All Star Game le Palais Omnisport de Paris Bercy affiche complet soit 16000 personnes
prêtes à voir un « show » de basket-ball. Le basket sous l’angle d’un show réussi peut donc
fonctionner en France.
Un de leviers de la ligue nord-américaine pour montrer son dynamisme et son attractivité est
aussi la mise en valeur de ses salles combles et survoltées. Ainsi, nous pouvons citer le
Directeur marketing du club de basket de Malaga en Espagne: « pour attirer la télévision, il
n’y a pas de miracle, il faut une grande salle, belle et pleine […], quand tu as ça, la télé vient
automatiquement, car le spectacle est beau ».
Au jour d’aujourd’hui, la Pro A n’a pas ce type de structures, ni ce type d’affluences bondées
constamment (excepté lors du All Star Game à Paris).
ALL STAR GAME 2013
Enfin, le basket français est aussi boudé par le public à cause de son déficit d’image par
rapport à la NBA et son manque de moyens vis-à-vis de cette dernière. Il n’y a pas si
longtemps, certaines équipes de Pro A n’avaient pas encore le chargé de communication
devenu indispensable dans notre société d’image. Plus globalement, le haut niveau qui sortait
tout juste du fonctionnement associatif n’était pas encore très familier avec ces notions de
communication et de marketing, mais tout cela commence à réellement se professionnaliser
désormais.
42
c. Comparaisons avec les sports majeurs en France
Comparé à bons nombres de pays, que ce soit au niveau européen ou international, la France
n’apparaît pas comme un pays particulièrement sportif. Certains se sont réfugiés derrière cette
excuse quant à la faiblesse de la médiatisation du basket. Cependant, des sports ont
parfaitement bien réussis dans ces domaines, comme le football et le rugby par exemple. Nous
allons donc tenter de voir d’où vient leur réussite et de les comparer au basket, en
commençant par le football.
i. Le cas du foot
Le foot, et ce depuis de nombreuses années est le sport numéro 1 en France. La
Fédération a enregistré pour la saison 2012/2013 licenciés pour la saison 2012-2013 ; soit au
total, plus que les licences cumulées des deux autres plus grandes fédérations françaises que
sont le tennis et l’équitation.
En France, plus de 50% des français (34 millions) déclarent pratiquer une activité physique et
sportive régulière (par régulière on entend au moins une fois par semaine). Pourtant, tout sport
confondu, seulement 27% des français détiennent une licence sportive. Donc, si un français
licencié sur six est licencié du football (12% des licences sportives), on estime également à
plus de 5 millions de pratiquants loisir non licenciés.
Un autre chiffre impressionnant qui montre la puissance du foot en France: sur les quelques
36 000 communes françaises, 34 267 comptent au moins un licencié, soit une présence du
football sur 93% du territoire ! Qui plus est, on compte 17 328 clubs en France, soit presque
un club pour deux communes.
Le football est un de ces sports en constant renouvellement : pour la saison 2011-2012 par
exemple, 33% des pratiquants sont de nouveaux licenciés. Ce chiffre, qui est plus important
que le taux de licenciés qui ne se sont pas réinscrits pour cette saison (30%), permet ainsi
d’assurer la pérennité des clubs et des équipes et d’augmenter le nombre de licenciés.
On remarque donc l’omniprésence du football en France à ce niveau-là, c’est à dire le niveau
amateur.
Le football a également l’avantage de se décliner en de nombreuses autres disciplines
associées: le futsal, qui dépend de la FFBB, le Beach soccer, l’Urban Football dont on a parlé
dans une partie précédente etc...Tout ceci fait que la multiplication des offres attire toujours
plus d’amateurs et permet à tous de trouver leur compte. Cela permet également d’adapter la
pratique aux différentes conditions, que ce soit climatique ou en terme d’espace ou
d’infrastructure.
Le foot a par ailleurs un avantage au niveau des infrastructures par rapport au basket: en effet,
avec l’organisation de l’euro 2016, certaines équipes françaises voient leurs stades se rénover
(voire se construire par exemple pour l’Olympique Lyonnais). Pour cette occasion, des fonds
ont donc été libérés afin de respecter le cahier des charges de la FIFA quant à l’organisation
de l’Euro. Malgré l’immense coût de rénovation (on estime à 8 milliards le coût par stade), la
France devrait être en mesure d’accueillir dans de particulièrement bonnes conditions cette
manifestation européenne. Même si les sommes sont pour le moins colossales, il faut voir ces
rénovations comme un investissement à long terme. D’une part, l’organisation d’une
compétition européenne est souvent bénéfique pour le pays organisateur, surtout si la
compétition se passe bien. Si en plus l’équipe hôte a des bons résultats sportifs, sa notoriété
fait un bond en avant au niveau international par le biais des trafics humains, de capitaux et de
43
ressources générés par cet évènement. On se souvient par exemple de France 98 et de
l’engouement national engendré.
Des efforts ont donc été faits pour permettre au pays d’organiser la compétition, efforts que
l’on peine à retrouver au niveau du basket.
Pourtant, les affluences du basket professionnel en France sont loin d'être ridicules, en faisant
le sport n°1 en salle en France: la Pro A a en effet un taux remplissage moyen de 83% (un peu
moins cependant pour la Pro B qui tourne à 64%). La Ligue 1 quant à elle a vu pour la saison
2013/2014 une moyenne de taux de remplissage à environ 70%.
Il est cependant très difficile de comparer les affluences des deux sports: les conditions de
chacun étant très différentes: tandis qu’on l’on joue dans des enceintes de 30.000 places d’un
côté, nous avons une moyenne de 4.500 places de l’autre. Outre les affluences, il est vrai que
la comparaison est également compliquée au niveau économique: les deux sports n’évoluent
pas du tout dans la même sphère. En moyenne, un club de Ligue & possède un budget 14 fois
plus important que celui d’un club de Pro A. On remarque également qu’alors que la majeure
partie de ce budget vient des droits télévisuels pour la Ligue 1 (droits télé que nous
aborderons plus tard), le basketball est beaucoup plus dépendant des subventions des
collectivités.
Avec des budgets aussi différents, on peut aisément expliquer les différences de salaires entre
les joueurs, comme le démontre le graphique suivant:
La LFP (Ligue de Football Professionnel), sous l’autorité de son président Frédéric Thiriez, et
à l’image de ce qui se fait dans le basket, gère ces clubs français (et le club monégasque) à
statut professionnel; c’est à dire les 20 clubs de Ligue 1 et les 20 de Ligue 2. Directement sous
l’autorité de la FFF (Fédération Française de Football), la LFP gère également la Coupe de la
Ligue ainsi que, depuis 2005, les équipes de France de jeune (sauf l’équipe A) ainsi que toutes
les équipes féminines (y compris les équipes séniors).
44
La gérance de ces ligues et clubs professionnels se fait notamment grâce aux sommes
astronomiques qu’engendre la négociation des droits télés. En effet, négociés dans l’année, les
droits pour la période 2016/2020 pour lesquels Canal+ et BeIN Sports se battaient ont atteint
le montant record de 748,5 millions d’euros par an (contre 600 millions actuellement), bien
loin des montants du basket. 540 Millions pour Canal+ et 186,5 millions pour BeIN Sports.
Dans cette bataille, c’est d’ailleurs le groupe français Canal + qui fait figure de grand
vainqueur en décrochant les trois meilleures affiches avec le lot 1 et 2. Ces lots sont composés
de: pour le lot 1, deux affiches en direct ainsi que des magazines pour le samedi soir (0h00) et
le dimanche soir (19h30-20h30): pour le lot 2, un autre match en direct avec en prime le
magazine bilan du dimanche soir (22h45-0h00).
La chaîne qatari ,BeIn Sports, remporte quant à elle les autres lots 3, 4, 5 et 6 comprenant,
entre autres 7 matchs en direct, 3 matchs en différés, 12 co-diffusions ainsi que le multiplex
des journées 19, 37 et 38.
A noter qu’actuellement, et ce jusqu'à la fin de la saison 2015-2016, la LFP reçoit, en plus des
millions d'annuels de la part de Canal + et BeIn Sports pour la Ligue 1, des droits de la part
d’Eurosport et pour la L2, Orange, YouTube, Dailymotion et L'Equipe.fr pour les droits
«nomades» et ceux des vidéo à la demande.
Actuellement, Canal+ détient également les droits télé de la diffusion de la Pro A et ce
jusqu’en 2017. Durant la saison 2013/2014, les matchs étaient donc diffusés le lundi soir à
20h30 sur Sport + (la plupart du temps), après la diffusion de l’hebdomadaire dédié au basket,
Lundi Basket, et le mardi soir à 20h45 sur Canal+ Sport. Il faut donc payer deux abonnements
différent pour pouvoir regarder les deux matchs en direct, ce qui est un frein pour les fans de
45
basketball souhaitant regarder le sport à la télé. De plus, le fait que les matchs soient le lundi
et le mardi est également mal perçu par les amateurs de basket (on a en effet pu entendre dans
plusieurs salles de France, et ce lors du passage du président de la LNB “Le basket, c’est le
samedi”). En effet, la LNB a grandement besoin de ces revenus télévisuels afin d’assurer la
pérennité de son championnat. Or, le fait que Canal+ soit un de seuls groupes à se mettre sur
le marché leur donne beaucoup plus de pouvoir que la Ligue; c’est la loi de l’offre et de la
demande. La Ligue ayant besoin de cette manne aura tendance à accepter plus de choses que
si d’autres possibilités existaient: c’est ainsi que les matchs ne sont plus diffusés le week-end
(car réservé dorénavant au foot) et qu’ils ne sont diffusés que sur les chaînes “bis” du groupe.
On voit donc à quel point il est difficile pour le basket de s’imposer dans le paysage
audiovisuel: pour les diffuseurs, le plus important, c’est l’audience; ils ne s’intéressent donc
qu’aux valeurs sures et dont ils ont la garantie d’une certaine réussite. Ils ne font pas
confiance au basket pour le laisser apparaître à des heures de “prime time”, car il n’attire,
d’après eux, pas assez de téléspectateurs, en se basant sur les audiences des années
précédentes. Cependant, si ils ne laissent pas une chance au basket de prouver sa notoriété, ce
dernier aura forcément du mal à se développer, surtout à ce niveau-là: pas ou peu de
retransmissions donc forcément moins d’engouement, qui signifie baisse de l’intérêt que
pourrait avoir les diffuseurs: le basket est donc dans un cercle vicieux duquel il lui sera très
difficile de s’extirper.
De plus, alors que de nombreux investissement étrangers commencent à se développer dans le
foot (on pense évidemment au PSG mais également à Lens ou à Monaco), le basket de
bénéficie pas de cet intérêt; car il est considéré comme inintéressant (à l’heure actuelle) et
surtout pas du tout assez lucratif. Les investisseurs ne voient pas encore ce qu’ils pourraient
gagner à racheter une équipe de basket.
Le foot français a su profiter de son heure de gloire au niveau international (Coupe du monde
98, Euro 2000). Car malgré les faibles résultats et les différentes polémiques entourant
l’équipe de France de Football, le sport continue d’avoir réel engouement malgré tout. Ce qui,
d’après nous, manque au basket: c’est à dire qu’il n’y a que les basketteurs qui ont cet
engouement, le basket ne rassemble pas les foules comme une coupe du monde ou une ligue
des champions: le basket français ne fait pas assez vibrer. Sa faiblesse au niveau européen en
est une cause.
Pourtant, à l’instar du foot, le basket français a son icône - Tony Parker vs Zidane - et une
équipe masculine nationale qui réussit plutôt bien: le parfait exemple est la récente victoire du
trophée de Champion d’Europe. On peut en conclure que le basket n’est, pour le moment, pas
assez fédérateur, notamment lors des compétitions internationales.
ii.
Le cas du rugby
Comme nous venons de le voir pour le cas du football, sport et business sont aujourd’hui
régulièrement associés, surtout pour les sports très médiatisés.
Le football génère des sommes astronomiques, mais le rugby n’est pas en reste non plus. En
effet, en début de cette année 2014, la Ligue Nationale de Rugby ou LNR a annoncé que
Canal+ avait obtenu les droits de diffusion du Top 14 pour les cinq prochaines saisons pour
un montant global de 355 millions d'euros.
46
Autrement dit, les droits TV pour le Top 14 se répartissent de la façon suivante :
- Saison 2014/2015 : 70 millions d’euros
- Saison 2015/2016 : 70 millions d’euros
- Saison 2016/2017 : 71 millions d’euros
- Saison 2017/2018 : 72 millions d’euros
- Saison 2018/2019 : 72 millions d’euros
La LNR déclare ainsi : «Ce nouveau partenariat, qui constitue l'accord le plus important
conclu pour une compétition de clubs dans l'univers du rugby mondial, permettra à la LNR et
au Top 14 de poursuivre le développement de leur exposition et de conforter le statut du Top
14 de championnat le plus attractif au monde».
Le rugby à XV est un sport très populaire et très pratiqué en France puisque nous pouvons
comptabiliser dans notre pays 457 000 joueurs licenciés dans des clubs de rugby. Il est quand
même intéressant de noter que ce sport pratiqué par moins de personnes en France que le
basket (plus de 500 000 licenciés) possède une exposition médiatique plus importante et des
médias importants tels que Canal+ et Bein Sport se livrent à des batailles judiciaires pour en
récupérer les droits TV.
Comme expliqué précédemment, c’est la Ligue nationale de rugby ou LNR qui gère le secteur
professionnel du rugby à XV, par délégation du ministère des sports et de la Fédération
française de rugby.
Cette dernière organise, gère et réglemente les compétitions nationales professionnelles, tant
sur le plan sportif que sur le plan financier (championnats de France Top 14 et Pro D2). Par
ailleurs, elle assure la promotion et le développement du secteur professionnel des clubs de
rugby français et le représente dans la gestion des coupes d'Europe. Enfin comme nous
venons de l’évoquer, la LNR négocie et commercialise les droits de télévision et de
partenariat du Top 14 et de la Pro D2.
47
Ce qui est intéressant de noter c’est que le rugby est un sport qui n’est pas pratiqué en France
avec la même intensité.
En effet, le pratiquant de rugby et le spectateur de rugby est surtout situé dans le Sud-Ouest de
la France et en Occitanie et cette région de la France est par ailleurs surnommé l’Ovalie.
En 2012-2013, seuls quatre clubs non-occitans jouent en Top 14 : Stade français, Racing
métro 92, Grenoble, Perpignan, Biarritz, et Bayonne.
Concernant la couverture médiatique du rugby en France, c’est la chaine publique France
Télévision qui retransmet tous les matchs du Tournoi des 6 nations ainsi que des matchs
internationaux du XV de France.
Canal+ diffuse donc les matchs du Top 14, du Tri-nations et du Super 14. La couverture des
matchs de la coupe d'Europe est largement assurée par France télévisions et le groupe Canal+.
TF1 a diffusé la plupart des rencontres de la coupe du monde 2007 et de la coupe du monde
2011. La chaîne a également acquis les droits de retransmission de la coupe du monde 2015.
Ainsi la médiatisation du rugby est très importante alors que le sport n’est pas plus pratiqué
que le Basket et concerne essentiellement une seule région certes étendue l’Ovalie.
CARTE DE L’OVALIE (Zone délimitée en rouge)
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Le but des clubs du Top 14 est de gagner le Bouclier de Brennus qui revient en fin de saison
au champion de France. Dans une seconde mesure, l’objectif des clubs français est de
terminer dans les 7 premiers afin d’être qualifiés pour une coupe d’Europe. Les clubs du Top
14 réussissent plutôt bien au niveau européen puisqu’ils l'ont remportée six fois depuis sa
création en 1995-96 : le Stade toulousain en 1996, 2003, 2005, 2010, le CA Brive en 1997 et
le RC Toulon en 2013.
Ainsi ce niveau d’élite du championnat français de rugby peut expliquer comme nous avons
déjà pu le constater pour les ligues étrangères pourquoi le Rugby sport pratiqué
essentiellement dans le sud remporte un si grand succès.
Si les audiences du rugby n'atteignent pas celles du football sport n°1 incontesté en France, il
n'en demeure pas moins que les audiences restent très intéressantes pour les responsables des
chaînes de télévision.
De nombreux éléments illustrent la médiatisation croissante de ce sport à la télévision. Tout
d’abord les exploits des Bleus lors des différentes coupes du monde notamment contre les
All-Blacks, la réputation du jeu à la française synonyme de jeu spectaculaire donne une image
très positive de ce sport et incite le spectateur lambda à regarder ce spectacle.
FRANCE-NOUVELLE-ZELANDE 1999
Le rugby tient ainsi une place à part dans le monde audiovisuel français. Le rugby semble
être le seul concurrent sérieux à la domination du football sur les chaines de télévision tout au
long de l’année. Si le tour de France en cyclisme ou Roland-Garros en Tennis peuvent
ponctuellement offrir un autre sport aux téléspectateurs, il n’ y a que le Top 14 qui semble
être en mesure de compenser sur la durée la prédominance de la Ligue 1.
On peut penser que l'ensemble des médias ont besoin d'avoir un « autre feuilleton » à proposer
aux spectateurs que le football.
De par sa couverture médiatique importante et les valeurs transmises par le rugby, ce sport
possède un capital sympathie immense notamment en comparaison avec le football à l’instar
du basket et est donc source de recettes publicitaires importantes pour les diffuseurs. Suivant
cette logique, la Pro A pourrait être comparé pour ses valeurs au rugby. Malheureusement le
niveau entre les deux compétitions n’est pas du même acabit.
Ainsi les valeurs positives du rugby à savoir la combativité, la persévérance, la solidarité, la
convivialité et l’élégance (sport de voyous pratiqué par des gentlemen) font de ce sport un des
sports le mieux perçu par les français.
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La couverture médiatique d’un sport est un critère de communication essentiel et très observé
par les publicitaires lors de l’achat d’espaces de publicité. En effet, les diffuseurs font des
choix de programmation audiovisuelle en fonction de son audience. La couverture médiatique
est ce qui permet à un club ou à un évènement de devenir une marque intéressante pour des
annonceurs.
Il faut savoir que les chaines télévisées majorent les tarifs des annonces publicitaires dans les
périodes de forte audience. C’est la raison pour laquelle, le spot publicitaire lors d’un super
bowl aux Etats-Unis coûte extrêmement cher.
Avec son succès croissant, le rugby a donc permis aux chaines de télévision d’engranger
d’importants revenu, avec la majoration du tarif des spots publicitaires diffusés avant, pendant
ou après les matchs de rugby.
Une médiatisation bénéfique au rugby français
En contrepartie, cela a permis au Top 14 de recevoir d’importantes sommes en droits TV
entièrement répartis entre toutes les équipes du championnat.
Ce capital sympathie du rugby lui permet également d’attirer les sponsors et les mécènes
principales sources de revenu du Top 14.
D’après une étude réalisée par un cabinet d’audit à la demande de la LNR, la plus grosse
partie des ressources des clubs de rugby professionnels est issue du sponsoring. En effet, 40%
des ressources financières d’un club de rugby du Top 14 proviennent du sponsoring avec des
pointes à 56% pour certains clubs.
Les trois formes d’actions commerciales que revêt le sponsoring sont :
La vente d’espaces sur les tenues des joueurs,
La commercialisation des espaces publicitaires autour du terrain dans le stade
Les hospitalités et tout ce qui touche au développement de la relation client et des services
dans le sport par les entreprises.
Les sponsors sont d’autant plus intéressés par le rugby que ce sport très médiatisé à des droits
d’entrées bien moins importants que le football.
Les marques exploitent aussi la démocratisation du rugby en faveur des femmes et donc de la
féminisation du public qui vient assister à un match de rugby.
Ainsi, en 2006, dans le but de séduire la fameuse ménagère de moins de 50 ans, Skip a
notamment signé un contrat d'image avec une joueuse de rugby qui venait compléter l'accord
déjà signé avec l’ancien capitaine de l'équipe de France, Fabien Pelous, et avait diffuser un
manuel de connaissance du rugby destiné aux femmes.
SKIP UTILISANT L’IMAGE DE FABIEN PELOUS
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Enfin, le mécénat, qui se diffère du sponsoring par la motivation d’investissement
économiquement non rationnelle des intervenants, a aussi une place majeure dans ce sport.
Pour finir, il ne faut pas négliger l’affluence en forte hausse dans les stades de rugby. La
promotion du rugby par les médias et les mécènes permet d’attirer toujours plus de
spectateurs dans les tribunes, ce qui permet au rugby d’accroître ses revenus les jours de
match (billetteries, produits dérivés…) apportant ainsi au rugby un soutien financier essentiel
mais surtout un public nombreux, permettant au rugby de remplir des stades comme le Stade
de France (80 000 places) et sans qui le sport professionnel de haut niveau ne pourrait pas
exister.
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Nos axes d’amélioration
Après avoir fait l’Etat des lieux du basket en France, que ce soit au niveau amateur
puis professionnel et avoir soulevé ce que nous voyons comme des lacunes quant à ce même
sport dans l’hexagone, nous avons mis au point plusieurs axes d’améliorations. Ces axes
d’améliorations sont, d’après nous, possibles et/ou envisageables et pourraient s’avérer être
mis en place d’ici quelques années.
Pour améliorer la visibilité du basket en France, il faut augmenter les moyens dont disposent
les clubs.
L’époque où seul l’esprit sportif et la compétition suffisait pour intéresser le spectateur est
révolu. Effectivement, pour intéresser le Grand Public non initié ou pas encore fan de basketball, notre sport doit démocratiser sa pratique.
Le basket : un sport-compétition qui doit devenir un sport-spectacle ?
Dans L’avènement du sport business et ses dérives, Delphine Putanier explique que «
la télévision étant en compétition économique permanente, le souci majeur des chaînes est de
gagner des parts de marché. […] Le problème est que ce public ne contient qu’une infime
minorité de connaisseurs (environ 5% en ce qui concerne l’athlétisme), d’où sa désignation
par le terme « grand public », par opposition au public spécialisé. […] Ainsi, le grand public
n’a-t-il qu’une vague idée, voir aucune idée du tout, de ce que représente la réalisation d’une
performance de niveau mondial. […] Puisque les retransmissions sportives se destinent au
grand public, seul le spectacle doit être garanti. […] En multipliant le nombre de personnes
touchées par l’évènement sportif, les médias imposent l’impératif du spectacle, car il leur est
nécessaire de fidéliser le grand public ».
HARLEM GLOBE TROTTER (Symbole du show à l’américaine)
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Le point central, l’axe de travail majeur sur lequel le basket français doit s’activer
principalement c’est donc sur le spectacle qu’il propose.
En effet, il doit proposer non plus une compétition, mais un spectacle de qualité c’est-à-dire
de haut niveau et donc augmenter ses revenus pour le faire.
Actuellement, c’est un cercle vicieux : le basket français n’étant pas médiatique par rapport à
ses concurrents européens, il ne peut attirer les joueurs de premier rang et par conséquent il ne
peut pas attirer le grand public à la recherche de divertissement qui préfèrera regarder du
football ou du rugby à la place.
Pour entrer dans ce cercle vertueux de croissance économique qui lui permettra de
passer un cap ou de réduire le « gap » avec ces concurrents, et entrer dans un schéma de
compétitivité qui attirera le spectateur, le basket français doit à l’image d’une entreprise faire
de gros investissements au démarrage.
Le Basket un produit marketing ?
Pour réaliser ces investissements la LNB doit continuer sur la voie qu’elle est en train
de prendre et ne pas avoir peur de dénaturer l’esprit du sport de Pierre de Coubertin à l’instar
de ce qu’a pu faire la NBA par le passé et considérer le basket comme un produit marketing à
part entière.
Pour se faire le basket se doit de devenir attractif pour le grand public et comme nous venons
de l’expliquer le public est à la recherche de qualité et pour cela la Pro A a besoin d’argent.
La première solution à court terme serait de faire appel à des partenaires venant du privé et de
surfer sur l’image des joueurs français majeurs.
En effet, une entreprise qui cherche à faire du sponsoring est à la recherche de valeurs
positives à associer à sa marque.
Nous avons la chance d’être la nation de basket championne d’Europe en titre. La LNB doit
surfer sur cette tendance comme a pu le faire le football qui a réellement connu son explosion
médiatique après la victoire de l’équipe de France de Football en 1998.
De plus nous avons le meilleur joueur français de tous les temps qui est encore en activité et
qui est dirigeant de l’un des clubs de Pro A.
Il faudrait donc surfer sur l’image des joueurs possédant une certaine valeur médiatique pour
attirer des sponsors.
TONY PARKER Champion d’Europe 2013
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En parallèle et toujours pour attirer des sponsors il faudrait augmenter la communication
autour du championnat, mettre en avant que la Pro A fait éclore de nombreux talents en
montrant par exemple le nombre de français qui évoluent en NBA aujourd’hui faisant de la
France la nation la plus représentée après les Etats-Unis. Une autre idée serait de faire une
série de documentaire à l’image de ce que propose la FFBB actuellement en amont du
championnat du monde et qui permettait de suivre l’équipe de France dans les coulisses lors
des matchs de préparation.
La clé ici est de communiquer sur la qualité des joueurs et les qualités du championnat
français pour attirer les entreprises privées. Et pour se faire il faudrait rendre le championnat
plus « sexy » mais aussi proposer des offres attirantes pour le partenaire privé.
La Pro A en manque de partenaires du privé ?
Une idée très utilisé dans les championnats que nous avons étudiés était le naming.
Le naming consiste à faire apposer le nom de l’entreprise qui paye pour le naming sur une
enceinte sportive, un club ou même sur l’intitulé de la ProA elle-même. Ce système a permis
au championnat chinois de se développer au point de pouvoir attirer des joueurs de bon niveau
NBA comme Ron Artest pour citer le dernier joueur à avoir signé en Chine mais aussi au
championnat espagnol qui a namé sa ligue professionnelle pour un montant équivalent à celui
des droits TV de la Pro A.
Le naming pourrait donc être une solution intéressante.
Mais pour cela le produit marketing doit s’améliorer, il faut développer le spectacle lors des
rencontres en multipliant les évènements avant pendant et après les matchs de basket à
l’image de ce que la LNB fait pour le All Star Game et ce que la NBA fait pour chacun de ses
match.
En termes de produit attrayant, la NBA est ce qui se fait de mieux dans le monde.
Copier certaines idées de spectacle ne serait donc pas une mauvaise idée. La preuve en est par
exemple pour le tir du milieu du terrain réussi lors du All Star Game Français. Ce tir fut réussi
pour la première fois depuis la création de cet évènement et les images furent diffuser dans les
médias permettant de voir le chèque de 100 000 euros siglé du swoosh de Nike.
Les « big markets », une solution pour la Pro A ?
Toujours dans l’idée de rendre notre produit plus attrayant il faut augmenter la
visibilité du basket aussi bien dans les médis mais également dans les stades. Comme nous
avons vu précédemment l’amélioration des infrastructures est nécessaire.
Nous avons ainsi vu que pour accéder à l’élite du basket espagnol il fallait des stades de 5000
places minimum. Aux Etats-Unis, même en basket universitaire comme nous l’a fait
remarquer Earvin Perroni jeune espoir du Paris-Levallois (cf interview en annexe) qui est
parti suivre un cursus à l’université de Jacksonville, la taille des enceintes de basket était
impressionnante et l’engouement dans ces enceintes extraordinaires.
Mais pour cela il faut pouvoir avoir un bassin de population important.
Pour cela, il faudrait suivre l’exemple de la NBA et essayer de déplacer le basket vers les big
market ou grandes villes comme Paris, Lille, Marseille. C’est l’un des défauts du championnat
où les grandes villes ne sont pas toutes représentées et où le basket est tiré par des
locomotives incarnées par des villes de taille intermédiaire (Nancy, Chalon…).
Par l’intermédiaire des wild-card la LNB pourrait essayer de diriger le basket vers les bassins
à forte population.
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De plus il faudrait essayer de trouver une certaine stabilité au niveau des équipes en effet, le
niveau du championnat est très homogène. Tout le monde peut battre tout le monde et dans les
faits cela se traduit par des équipes championnes différentes chaque année.
En termes de compréhension pour le grand public cela ne lui permet pas d’assimiler quelles
sont les bonnes équipes et de s’intéresser à ces dernières comme c’est le cas dans les autres
championnats à succès médiatique.
Ainsi, le niveau de la ligue est tiré vers le bas au lieu de favoriser l’essor de quelques équipes
qui pourront redorer le blason du basket français et attirer les regards du public de masse
comme ce fut le cas avec Limoges dans les années 90.
LIMOGES Championne d’Europe 1993
Dans un premier temps une possibilité serait de faire fusionner des équipes afin de créer une
locomotive pour le championnat. Il faudrait par exemple un grand club parisien à l’instar du
Paris-Saint Germain qui pourrait dominer le championnat et aller lutter avec les grosses
équipes du continent. Dans cet exemple l’année où le Paris Basket Racing et Levallois
fusionnent, le club était devenu l’un des clubs avec le plus gros budget de Pro A.
Malheureusement la gestion de l’équipe ne fut pas des meilleurs. Mais dans l’idée c’est ce
qu’il faut faire, réaliser des fusions afin de créer un club avec des structures solides.
Une autre possibilité serait de prendre exemple sur ce qui se fait en Espagne avec succès. Les
Espagnols ont l’habitude de créer de véritables pôles sportifs en faisant ainsi des pôles
d’excellence du sport. La synergie ainsi crée permet ainsi au club de profiter des externalités
positives des autres sports et également pour des sports de « second rang » comme le basket
de profiter des rendements de sports mieux côté médiatiquement parlant c’est-à-dire le
football.
Le meilleur exemple étant le FC Barcelone qui possède des équipes de football, de handball
mais aussi de basket-ball de très haut niveau.
Il semblerait que le Paris-Saint-Germain soit en train de faire la même chose puisque les
Qataries ont développé le football masculin évidemment mais aussi le football féminin et le
handball. Ce serait ainsi une excellente opportunité pour la Pro A de profiter de l’arrivé d’un
mécène de premier ordre qui serait prêt à investir de façon à jouer directement les premiers
rôles sur la scène européenne. En effet, à l’échelle du handball, le Qatar a investi
d’importantes sommes d’argent recrutant ainsi les meilleurs joueurs français et étrangers.
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TONY PARKER en visite au Parc des Princes
Outre le Paris-Saint-Germain, cette synergie pourrait être très intéressante pour notre
championnat et on pourrait développer ce genre de clubs dans des villes évidemment comme
Paris présente dans tous les sports, Lyon (pourquoi pas un rapprochement Asvel-Olympique
Lyonnais ?), Marseille (et retrouver ainsi le derby du football dans le basket) Lille et d’autres
villes de premier rang en termes de bassin de population. Ces clubs aux structures financières
solides pourraient ainsi profiter des wild-card pour se hisser rapidement en Pro A.
Ainsi avec des clubs de basket aux structures solides tiré soit par des clubs omnisport,
soit par des partenaires privés de premier ordre (sponsoring, mécène) et situés dans des
grandes villes avec un potentiel consommateurs important, le basket deviendrait un produit
marketing viable pour les audiences télévisuelles et rentable pour les annonceurs. De cette
façon le basket-ball français pourrait accéder à une médiatisation équivalente à ce qu’a pu
connaître au préalable le Top 14 avec le succès qu’il a aujourd’hui.
Un renouvellement des infrastructures ?
Suite aux différents problèmes aperçus, un nous semble primordial à remédier: le
problème des infrastructures. Nous en avons déjà parlé précédemment, mais la France
manque cruellement d’infrastructures sportives capable d’accueillir des évènements
internationaux et même à plus petit échelle, un grand nombre de licenciés (notamment pour
les sports de salle comme le basket).
Pourtant, on sait à quel point peut-être bénéfique l’organisation d’une compétition
internationale telle que les Championnats du Monde ou même l’Euro de Basket. Ce dernier a
encore une chance de voir des matchs se passer en France: malgré le retrait du dossier suite au
non-respect du cahier des charges de la FIBA, et suite au retrait de l’organisation de
l’évènement à l’Ukraine en raison de troubles politiques, la France s’est portée candidate pour
co-organiser l’évènement. Cela peut sembler être un bon début dans la volonté de la France à
se faire connaître et reconnaître en tant qu’organisateurs d’évènements internationaux.
Cependant, cette co-organisation peut également porter préjudice: elle ne fait en effet que
soulever le fait qu’un pays (en l'occurrence la France) n’est pas capable d’organiser seule une
manifestation d’une telle ampleur. Et pourtant ce n’est “qu’un” Euro, qu’en serait-il pour un
Mondial ?
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Les infrastructures sportives doivent donc être revues en France, et ce quel que soit le niveau
de compétition, mais notamment au niveau professionnel. Les salles actuelles sont souvent
petites, vétustes et non propices à la consommation actuelle du sport: c’est à dire les salons
VIP, les espaces de réception, les aménagements électroniques (que ce soit pour d’éventuels
matchs télévisés mais également au niveau d’internet et d’une connexion wifi convenable
etc…)
Prenons un exemple concret: de par son titre de Champion de France, le Limoges CSP est
qualifié pour l’Euroligue l’an prochain. Qualifié oui, mais quant à savoir si ils pourront y
jouer c’est une autre histoire. En effet, la salle, mythique certes, de Beaublanc, est très loin
des standards du cahier des charges de l’Euroligue: à titre d'exemple, les deux équipes doivent
pouvoir bénéficier d'un vestiaire de minimum 63 m ² (dont 27m² pour les espaces sanitaires),
avec une télévision équipée d'un lecteur DVD, un bac à glace, deux toilettes individuelles ou
bien encore des douches dont la tête mesure au minimum (et précisément) 2,15 m. Pour
information, actuellement, les équipes visiteuses s'installent dans un espace de… 12 m ². Qui
plus est, outre l’espace pour les équipes, il faut également un vestiaire pour les arbitres d'une
superficie de 27 m ², un autre pour les officiels de la table de marque et encore un autre pour
les délégués de l'Euroligue. Des salles pour les contrôles antidopage et médicale sont
également demandées. La ligue européenne est également très stricte au niveau de
l'installation du public: elle interdit par exemple la présence de spectateurs à moins de deux
mètres des bancs de touche. Le CSP devra également disposer d'une tribune de presse d'au
moins 50 places ainsi qu'une salle de conférence de presse de 50 m ². Malgré tous les efforts
du staff limougeaud, il paraît très compliqué d’atteindre les requis demandés. Comme
l’explique Julies Desvilles, la responsable communication du club: « pour nous, le plus dur,
c'est le problème de superficie. Il va falloir voir le seuil de tolérance de l'Euroligue mais on
va vraiment tout mettre en œuvre pour s'adapter au maximum. »
Limoges est ici cité en exemple, mais cela vaudrait pour une grande partie des clubs français.
Les clubs français sont tellement peu habitués, ou du moins plus habitués, à jouer sur le
devant de la scène européenne, qu’ils ne sont tout simplement pas prêts pour cet exercice. Les
salles ont été construites antérieurement à ces obligations et n’ont pas été renouvelées depuis.
Certes la rénovation ou la construction a un coût, cependant il faut considérer ceci comme un
investissement sur du long terme. Un équipement sportif met du temps à se rentabiliser, mais
si il est bien fait et si le projet qui l’accompagne est structuré et ambitieux, les retombées ne
tardent jamais. Avec des infrastructures plus neuves, les prestations liées peuvent être revues à
la hausse, notamment au niveau des prestations VIP, qui permettent d’attirer plus
d’entreprises privés et donc de potentiels partenaires, et donc d’éventuels revenus. Il paraîtrait
cependant être une erreur de construire des équipements sportifs dédiés à un seul et même
sport: cela ne ferait que restreindre son activité possible (et donc ses revenus) car quel que soit
le sport, il est impossible d’utiliser l’équipement en question tout au long de l’année. C’est en
ça que, d’après nous, le Kindarena aurait dû être mieux pensé: en effet, certes il s’agit d’une
salle nouvelle génération, plus moderne cependant, les possibilités omnisports n’ont pas été
utilisées jusqu’au bout: par exemple, le plateau central est trop petit, de quelques mètres, pour
accueillir une patinoire aux dimensions internationales: or l’équipe professionnelle de hockey
de Rouen, le Rouen Hockey Elite 76 est actuellement une des équipes les plus titrées de la
Ligue Magnus (Ligue Professionnelle de Hockey en France) et est habitué à jouer les
premières places au niveau européen ces dernières années. C’est également la 1ère équipe de
hockey française à remporter la Coupe Continentale (Coupe européenne de hockey) en 2012.
Une utilisation beaucoup plus réfléchie devrait donc étudiée lors de la conception de ces
équipements afin de le rentabiliser au maximum: plus l’infrastructure permet d’organiser des
manifestations différentes plus son amortissement pourra être réalisé rapidement.
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Ce problème d’infrastructures n’est cependant pas propre au basket professionnel: comme
nous l’avons également précisé plus tôt, les clubs amateurs ont beaucoup de difficultés à
trouver des gymnases et créneaux qu’ils doivent partager avec d’autres associations sportives,
notamment dans les zones à forte concentration comme l’Ile-de-France par exemple.
Le renouvellement du parc des infrastructures sportives, tant au niveau amateur qu’au haut
niveau devrait donc être une des priorités majeures des différentes instances concernées et
permettrait aux équipes françaises de jouer sur le devant de la scène au niveau européen mais
également à la France de devenir un organisateur incontournable de manifestations
internationales.
Une nouvelle pratique du basketball ?
Un deuxième axe d’amélioration pourrait être lié à la Fédération Française de Basket-Ball.
En effet, bien qu’elle le fasse déjà (et plutôt bien) notamment avec le championnat de 3vs3
qui est devenu une discipline à part entière en France mais aussi dans le monde, une certaine
diversification de la pratique du basket pourrait apporter un boost au sport. L’idée est
largement inspirée de ce que fait le foot avec “l’Urban foot” mais pourrait, selon nous, être
largement applicable au basket.
Nous avons en effet pensé à un projet “d’Urban Basket”. Nous avons en effet remarqué que
les terrains de basketball extérieurs en libre accès étaient particulièrement rares, notamment à
Paris; de plus, les terrains en “libre accès (par là nous entendons disponibles à tous, même les
personnes qui ne sont pas licenciées d’un club) sont extérieurs, ce qui rend la pratique outdoor
particulièrement compliquée (contrairement au foot, mettre des gants n’aide pas au basket en
hiver).
Pourquoi ne pas envisager l’organisation de centres, à l’image de ceux de foot à 5,
comprenant plusieurs terrains couverts afin de faciliter la pratique du basket ? Les terrains
pourraient donc être loués à des particuliers pour des durées limitées ou même à des clubs
locaux afin de faciliter leur accès à des terrains. On peut également envisager des
aménagements tels que des “demi-terrains”, beaucoup plus propice au 3 vs 3 ainsi que des
salles de réception pour organiser des séminaires ou bien tout simplement pour des clubs.
La gestion de ces centres pourraient revenir à la FFBB ou bien être proposée à des
autoentrepreneurs désireux de se lancer dans cette aventure: cette dernière solution permettrait
à la fédération d’économiser de l’argent tout en parrainant l’initiative: avec par exemple des
réductions pour les licenciés FFBB, l’organisation de tournois... Des entreprises telles
qu’Adidas pourraient également souhaiter faire partie du projet vu leur implication dans les
projets innovant et dans le basket en général (Adidas étant l’équipementier et partenaire
officiel de la Fédération), et permettre ainsi de profiter de leur rayonnement à l’international.
D’après nous, ce projet pourrait donner un coup de jeune et de boost à la pratique du basket
en France et permettre de développer son image dans le pays, mais également à
l’international. Il permettrait ainsi, à l’instar de l’urban football, aux citadins de pouvoir
pratiquer beaucoup plus librement ce sport, tout en proposant aux clubs une alternative aux
manques de créneaux et d’infrastructures.
Notre 3ème axe, et certainement un des plus conséquents, est lié à la LNB et à la
gestion du championnat professionnel français.
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Une superligue ?
Une restructuration pourrait ainsi être éventuellement envisagée, visant à créer une
“superligue”. Projet déjà proposé lors de la présidence de René Le Goff à la Ligue Nationale
de Basket, il semble que cette solution soit la plus à même d’aider le basket français sur le
long terme.
Un des éléments actuels pouvant conduire à cette superligue étant l’apparition cette année
(l’idée des wildcards avaient étaient certes soulevées en 2003, mais il aura fallu attendre la
saison 2014/2015 pour la voir effective et voir deux clubs de Pro B en bénéficier). Ce système
d’invitation de base sur des critères extra-sportifs et permettent ainsi de “présélectionner” les
équipes en vue de cette superligue (que nous pouvons raccourcir en “SL”). Alors certes le
choix des clubs invités (Chalons-Reims et Rouen) a fait grincer des dents plus d’un amateur
de basket français, mais c’est avant tout parce qu’en France, les gens ont peur du changement,
de la nouveauté et des évolutions. Pour la plupart des français, et ce à juste titre, la Pro A est
intense, disputée et acharnée, mais pour eux, elle ne doit pas changer, de peur de perdre ces
aspects. Cependant, et il ne faut pas se leurrer, le sport est devenu un business, et pour
marcher, il faut revoir certains principes de base. Pour être présent sur la scène européenne,
car au final, c’est elle qui rapporte le plus à un club sportif, les équipes françaises vont devoir
évoluer, et il n’y a pas d’évolution sans développement.
Le principe de la SL est simple: créer une ligue fermée, comme aux US. Les mêmes équipes
se retrouvent tous les ans, sans relégation. D’une part, cela pourrait enlever aux clubs cette
pression de la rétrogradation: en effet, la peur du mauvais résultat pousse les clubs à être plus
“frileux” sur le long terme. Cette stabilité que propose la ligue fermée permet ainsi aux clubs
de voir plus loin et d’envisager des décisions sur le long terme (au niveau par exemple de la
prolongation des contrats des joueurs, des investissements au niveau des infrastructures, mais
également au niveau des partenaires: une place assuré dans l’élite est plus facile à vendre
qu’une potentielle rétrogradation l’année suivante).
Ceci permettrait également de pérenniser les clubs et d’assurer leur stabilité sur le long terme,
les rendant également plus compétitifs au niveau sportif. Cependant, afin d’assurer un certain
niveau dans cette superligue, il faut également mettre des conditions (d’où les clubs choisis
grâce aux wildcards) qui respecteraient avant tout le cahier des charges européen: disposer
d’une salle de minimum 5000 places, avoir un budget minimum de XMillions d’euros etc…
Alors certes des “petits” clubs se verront forcément rétrogradés et le public français criera à
l’injustice. Seulement il faut qu’il réalise qu’il est grand temps de redorer le blason français au
niveau européen et que ceci passera par des mesures visant à améliorer la compétitivité de nos
équipes, comme cette superligue.
Cette SL pourrait être organisé comme les conférences américaines: Nord/Sud ou bien encore
Est/Ouest. Cette organisation n’est d’ailleurs pas nouvelle car au début de la création du All
Star Game, les sélections étaient Est et Ouest. On retrouve également ce système de
conférence actuellement en Pro B avec les poules géographiques.
La création d’une superligue pourrait donc paraître être une bonne solution pour sortir de
cet engrenage de la peur créé par les relégations, surtout dans un championnat aussi dense et
homogène que le nôtre. Il est cependant évident qu’une telle réforme rencontrerait beaucoup
de résistance et ne serait pas applicable avant plusieurs années. D’où l’utilité des wildcards
qui devraient, sur le long voire moyen terme, pouvoir préparer une telle restructuration.
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Une simplification ?
En attendant la création d’une superligue qui ne risque, malheureusement, de pas
arriver avant quelques années, d’autres points quant à l’organisation du championnat pourrait
être revu. En effet, certaines règles sont particulièrement compliquées et indigestes pour le
grand public. Pourquoi pas essayer d’en modifier certaines afin de rendre le basket plus
accessible ? Nous pensons notamment à la dernière en date: la Leaders cup Pro B.
En effet, pour rester sur cet exemple concret: les équipes de Pro B vont s’affronter, comme
l’an dernier lors de rencontres issus de poules géographiques. Ces rencontres ne compteront
cependant plus dans le classement final (et n’auront donc aucun lien avec la possibilité de
faire les playoffs ou pas). A l’issu de ces rencontres, les deux premiers des 4 différentes
poules (en se basant sur 16 équipes de Pro B donc 4 poules de 4) seront donc sélectionnés
pour les phases finales. Ces phases finales se joueront en Janvier. Cependant, seulement les
quarts et les demis seront joués. La finale quant à elle sera jouée en levée de rideau de la
finale de la Leaders Cup Pro A à la Disney Event Arena fin février. Et ce n’est pas fini: en
effet, le vainqueur de la Leaders Cup Pro B se verra offrir une place pour les playoffs
d’accession, à condition qu’ils ne soient pas dans les 9 premiers (soit dores et déjà qualifiés
pour les playoffs), ni en position de relégable à la fin de l’année.
Pour le grand public, tout ceci peut paraître être un méli-mélo et particulièrement compliqué à
comprendre.
Nous en avons en effet parlé avec des personnes de différents horizons (amateurs de basket ou
non) et il est apparu que pour la plupart des personnes interrogées (12 sur les 15), cette règle
était assez compliquée pour qu’ils n’arrivent pas à la réexpliquer eux même. Or on sait
l’importance pour une discipline du grand public pas spécialement grands amateurs,
notamment au niveau de l’affluence: dans l’idéal, le fan pur ne doit pas représenter plus de
30% du public.
Le basket intéresse. Mais seulement les amateurs de basket. Il a du mal à séduire le grand
public alors qu’il a pourtant de nombreux atouts: des actions spectaculaires, des matchs tout le
temps fournis en action (contrairement au foot ou au rugby où on peut passer 90min à
regarder un match qui se soldera par un 0-0). Cependant, le fait que les règles soient
nombreuses et peu accessibles aux non-initiés le rend peu attractif pour le grand public (quand
on voit qu’au foot, par exemple, la règle la plus compliquée est le hors-jeu, soit qu’un
attaquant ne doit pas être derrière des défenseurs, on se rend compte des différences). Or, si en
plus de ces règles, le règlement officiel lui-même et l’organisation même des compétitions
devient compliquée, il est sûr que le basket continuera à avoir des difficultés à attirer les noninitiés qui n’ont pas forcément les moyens de comprendre toutes les subtilités que nous offre
ce sport.
Une modification des quotas ?
Par quotas nous entendons la règle des JFL (Joueurs Formés Localement) et JNFL (Joueurs
Non Formés Localement). Cette règle consiste à accepter 5 joueurs (3 pour la Pro B) non
formés localement, soit étrangers, par équipe professionnelle (une équipe peut en avoir plus,
mais seulement 5, ou 3, pourront être inscrits sur la feuille de match et donc participer). La
plupart de ces JNFL sont d’ailleurs américains et très convoités par les équipes françaises car
considérés (et pas seulement en France) comme plus talentueux.
A ce sujet, on retrouve deux écoles différentes: ceux qui veulent diminuer le nombre de JNFL
et ceux qui veulent l’augmenter.
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Pour notre part, diminuer ce nombre ne semble pas du tout logique dans une optique de
professionnalisation et reconnaissance internationale du basket français. Certes, ces JNFL
prennent la place de nos joueurs français. Cependant, il n’y a pas d’états d’âme à avoir: le but
pour une équipe reste d’être compétitive et de gagner des matchs, et c’est encore plus vrai au
niveau européen. On peut d’ailleurs voir la chose dans l’autre sens: cette complexité pour un
joueur de gagner sa place dans une équipe n’est-elle pas une source de motivation pour celuici qui le pousserait à travailler plus et à être plus rigoureux ? D’après nous, la présence des
américains dans le championnat français peut tirer vers le haut ce dernier.
Il faut cependant faire la part des choses et ne pas tout révolutionner d’un coup. Une
limitation de JNFL reste logique dans un premier temps, mais elle peut cependant évoluer:
pourquoi pas, par exemple, passer à un effectif équilibré entre français et étrangers pour le
début ? Encore une fois, les fans vont monter aux créneaux, eux qui sont très attachés aux
valeurs de la formation et à la mise ne avant de nos joueurs. Cependant, quand on regarde les
championnats sportifs, que ce soit dans le basket mais également dans le foot par exemple; il
est très rare de voir une équipe avec moins de 3 ou même 4 nationalités différentes: prenons
l’exemple dans le foot de Manchester United ou du Real Madrid ou bien dans le basket ce
même Real Madrid avec, outre les espagnols, des américains, un tunisien, un grec etc...Il faut
commencer à accepter que la talent vient de partout, et que la France a besoin de talent pour
s’exporter sur la scène internationale (attention, nous ne voulons pas dire par là que la France
n’a pas de talent).
D’après nous, une ouverture de la Pro A aux joueurs étrangers paraît inévitable afin de
renforcer voir développer le niveau du championnat. Combiné avec une ligue fermée, ces
nouvelles réglementations pourraient ainsi permettre aux équipes françaises de redevenir des
pièces majeures sur l’échiquier européen.
Une meilleure gestion des jeunes ?
Pour rebondir sur la partie précédente, nous pouvons également parler de la formation des
jeunes en France. Comme vu grâce à l’interview d’Earvin Perroni, il est très difficile en
France de concilier études et sport; c’est pour cela que beaucoup de talents s’exportent,
notamment aux USA, encore une fois, où le “sport études” est plus développé.
Or nous avons vu que le championnat universitaire américain était plus apprécié que le
championnat professionnel, et pas seulement aux États-Unis, mais dans le monde en général.
Ces deux éléments devraient suffire à envisager une restructuration de la formation des jeunes
sportifs en France, et plus directement des centres de formation. Dans le système actuel, et si
on se place strictement au niveau du basket, les conditions pour les jeunes des centres de
formation sont relativement précaires. En effet, comme nous l’avons abordé lors de la
description des championnats, seuls les clubs de Pro A disposent d’équipes éligibles pour le
championnat espoir. Or, avec les formules de ligue ouvertes, ces équipes peuvent très bien
d’une année à l’autre être reléguées en Pro B. D’où le problème majeur: comment construire
une équipe qui risque de ne plus pouvoir jouer l’année d’après ?
Pour un club de Pro B qui monte en Pro A, ils sont dans l’obligation de créer une équipe: or
ils n’ont pas toujours l’effectif disponible et doivent donc recruter. Imaginons qu’ils
redescendent en Pro B l’année d’après, leur équipe vieille de...1 an, sera déjà obsolète.
L’inverse est également problématique: une équipe de Pro A qui descend en Pro B doit se
séparer de son équipe, ou si elle l’a garde, ne peut pas lui faire jouer le championnat national
(ce qui risque fort de déplaire à certains joueurs).
La solution pourrait donc être de créer un championnat espoir indépendant, à part entière,
basé sur le modèle américain, c’est à dire en partenariat avec des grandes écoles afin
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d’organiser des formations sports études plus poussées; à l’image de ce qu’on retrouve à
l’INSEP par exemple mais au niveau national.
La mise en place d’un tel championnat permettrait donc d’une part aux jeunes sportifs de
pouvoir mieux concilier carrière sportive et cursus scolaire, tout en élevant le niveau général
du sport en France en permettant aux catégories espoirs et jeunes de s’affronter régulièrement
dans des championnats à enjeux (avec par exemple un titre de Champion de France
Universitaire ou garder l’appellation Champion de France Espoirs). Cette compétition pourrait
également être un bien meilleur tremplin pour les jeunes souhaitant faire carrière
professionnelle dans le basket en organisant des partenariats avec des universités européennes
pour commencer puis pourquoi pas, dans un second temps, international. Ceci permettrait
d’une part d’exporter nos talents et notre connaissance du jeu tout en important ceux d’autres
pays.
La mise en place d’un championnat national espoir, à part entière, en partenariat avec les
universités et grandes écoles françaises pour dresser la base d’un championnat universitaire en
France. Championnat qui aurait pour buts d’exporter nos talents tout en important d’autres,
mais également de permettre aux jeunes joueurs français de ne plus avoir à choisir entre le
basket et les études au détriment de l’autre et de pouvoir concilier les deux dans une mesure
qu’il leur est beaucoup moins permis aujourd’hui.
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Conclusion
Ainsi nous avons pu faire l’état des lieux du basket-ball français.
Ce sport est un sport très pratiqué au niveau amateur. En effet, plus de 500 000 personnes sont
licenciés dans un club de basket.
Le basket doit ce franc succès dans la pratique par les valeurs positives d’esprit d’équipe, de
solidarité, de dépassement de soi pour n’en citer que quelques-unes que ce sport inspire.
Cependant, si dans la pratique le basket-ball est un sport majeur dans le monde amateur
français, c’est un sport qui a une visibilité assez faible dans les médias français à l’exception
de quelques évènements ponctuels au cours de l’année comme le All Star Game ou la Leaders
Cup.
Pourtant si le basket professionnel n’est pas suivi en France, nous avons pu constater dans
cette étude que ce sport peut connaître également un franc succès et cela sur n’importe quel
continent que ce soit l’Asie (Chine), l’Europe (Espagne), ou l’Amérique (NBA).
On remarque certains facteurs récurrents à la réussite de médiatisation du basket-ball. Dans
ces pays, le championnat possède des moyens importants issus de la sphère privée
(sponsoring, mécénat).
Il faut également de la stabilité afin de faire grossir les grosses équipes comme en Espagne
qui pourront devenir des équipes phares au niveau international et permettre au grand public
de faciliter la compréhension d’un sport qui peut paraître compliqué au premier abord
(règlement NBA, règlement Fiba…).
Enfin dernier point important mais non des moindres, le basket doit être considéré comme un
sport-spectacle et non plus un sport-compétition qui ne devrait concerner essentiellement que
le basket amateur.
Pour conclure sur ce constat, nous avons remarqué aussi que tous ces championnats ont
profité d’une exposition médiatique liée aux résultats de leurs équipes nationales respective.
Nous sommes aujourd’hui en plein dans cette fenêtre d’opportunité pour le basket français qui
est champion d’Europe en titre et qui s’apprête au moment où nous rédigeons cette étude à
disputer le championnat du monde en Espagne.
Si le résultat est dans l’ensemble positif cela permettrait de faire parler du basket-ball français
et d’attirer encore plus de licenciés à la base dans le basket amateur plus sensible au
championnat de basket français.
Mais le grand public qui représente la cible des médias n’est pas à négliger. Pour atteindre ces
personnes nous vous avons proposé un nombre assez conséquent de recommandations, en
quelques sortes des pistes à creuser pour développer le basket en France.
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Webographie
http://basketretro.com
http://communication.revues.org
http://nikeinc.com/
http://trashtalk.fr
http://www.leparisien.fr
http://www.basketsession.com
http://www.basketusa.com
http://www.huffingtonpost.fr
http://www.insidebasket.com
http://www.leparisien.fr
http://www.lequipe.fr
Mémoires de référence
ARCHAMBAULT Fabien, ARTIAGA Loïc, FREY PierreYves
L’aventure des « Grands » hommes : Etude sur l’histoire du basket-ball
Limoges, Presse Universitaires de Limoges, 2003
http://www.memoireonline.com/10/08/1594/m_obstacles-professionnalisation-club-basketball-amateur0.html
http://paulpichon.com/docs/enjeux-et-fonctionnement-LNB.pdf
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