La Visibilité du Basket
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La Visibilité du Basket
La Visibilité du Basket-Ball en France Baratchegaray Jean-Bernard Marguignot Pierre-Alexandre MBA Management du Sport Année 20013-2014 1 Remerciements En préambule de cette thèse, nous tenions à remercier sincèrement notre tutrice de thèse Madame Audrey SORGE pour ses conseils qui nous ont orientés dans l’élaboration de notre thèse. Nous remerciements s’adressent également à l’ensemble des intervenants de la formation qui nous ont permis d’acquérir le bagage nécessaire à l’élaboration de ce projet. Nos remerciements s’adressent également à toutes les personnes qui nous ont aidés et soutenues ainsi que les personnes qui ont participé à l’élaboration de notre thèse en acceptant de répondre à nos interviews et à nos enquêtes de terrain. Enfin nous exprimons notre gratitude à Monsieur Jean-Claude SORGE qui nous a permis de vivre cette fabuleuse année de sport. Merci à tous et à toutes. Jean-Bernard Baratchegaray Pierre-Alexandre Marguignot 2 Sommaire Introduction ............................................................................................................. 4 I. Bilan actuel du basket en France .......................................................... 5 a. Le basket amateur en France ........................................................... 5 b. Le basket professionnel en France .................................................. 9 c. La réussite du basket dans le monde ............................................. 15 II. Les points faibles du basket Français ................................................. 30 a. Au niveau amateur ........................................................................ 30 b. Le manque de visibilité du basket professionnel........................... 35 c. Comparaisons avec les sports majeurs en France ......................... 43 i. Le cas du football .............................................................. 43 ii. Le cas du rugby ................................................................. 46 III. Nos axes d’amélioration...................................................................... 52 Le basket : un sport-compétition qui doit devenir un sport-spectacle ? ................ 52 Le Basket un produit marketing ? ......................................................................... 53 La Pro A en manque de partenaires du privé ? ..................................................... 54 Les « big markets », une solution pour la Pro A ? ................................................ 54 Un renouvellement des infrastructures ? ............................................................... 56 Une nouvelle pratique du basketball ? .................................................................. 58 Une superligue ? .................................................................................................... 59 Une simplification ? .............................................................................................. 60 Une modification des quotas ? .............................................................................. 60 Une meilleure gestion des jeunes ? ....................................................................... 61 Conclusion ............................................................................................................. 63 Webographie ......................................................................................................... 64 3 Introduction Le basket français est un des sports les plus pratiqué en France avec une Fédération qui compte 578.207 licenciés (statistiques FFBB). Il s’agit de la 5ème Fédération sportive en France en termes de licenciés derrière le Football, le Tennis, l’Equitation et le Judo. C’est également le sport collectif qui attire le plus les femmes avec une part de 38,3%. Cependant, malgré un nombre de licences particulièrement élevé, le Basket est loin derrière des sports tels que le Football ou le Tennis en termes de médiatisation. Il suffit en effet de constater les chiffres des principaux droits TV pour se rendre compte que le basket est un sport secondaire d’un point de vue médiatique. Un constat simple peut être établi: le Basket est suivi principalement par ses pratiquants: en effet, contrairement au football, suivi par une part importante des français (y compris ceux qui ne pratiquent pas), le Basket n’intéresse majoritairement que des personnes “liées” au sport. Ceci a été particulièrement prouvé par un sondage paru sur le site de l’Equipe avec comme intitulé de question: “Le Basket français est-il ringard ?”. Sur les 26 198 participants, une part impressionnante de 73% a répondu affirmativement, tandis que seulement 25% répondaient “Non” (3% ne s’étant pas prononcés). Pourtant, le France jouie d’une renommée mondiale dans le Basket, notamment avec le Titre de Champion d’Europe acquis en 2013. C’est également la nation la plus représentée en NBA (derrière les Etats-Unis bien sûr) avec 11 joueurs encore en activité dans la Grande Ligue. Malheureusement, les clubs professionnels Français ont encore du mal à jouer sur le devant de la scène Européenne et l’époque des titres de Champion d’Europe (Coupe d’Europe auparavant appelée “Coupe Korac”, avant sa fusion avec la “Coupe Saporta” qui donnera ensuite la Coupe ULEB de Basket-Ball) remportés par le CSP Limoges en 1982, 1983 et 2000, par Pau-Orthez en 1984 et le SLUC Nancy en 2002 semble bien loin. Malgré donc des points forts non négligeables, le Basket Français connaît une certaine difficulté à se développer et une problématique en ressort: Comment accroître la visibilité du basket en France ? Dans un premier temps, nous commencerons par dresser un état des lieux du basket en France afin de le comparer à d’autres pays tels que les États-Unis, la Chine ou bien encore l’Espagne. Nous effectuerons ensuite une analyse plus poussée sur ce qui est fait actuellement autour du basket professionnel en France et tenter de déterminer ses points forts ainsi que ses faiblesses. Enfin, dans un dernier temps, nous proposerons nos recommandations, grâce aux différentes pistes de réflexion et à l’état des lieux des axes d’amélioration, afin d’aboutir sur des solutions adaptées permettant de redynamiser le basket en France, notamment les championnats professionnels, la Pro A et la Pro B. 4 Bilan actuel du basket en France a. Le basket amateur en France Bref historique du basket-ball James Naismith est un éducateur et médecin canadien. Alors qu’il s'installe dans le Massachusetts (Etats-Unis) afin de travailler au collège de Springfield en tant que directeur des activités physiques à la Y.M.C.A. - Young Men's Christian Association. Confronté à des difficiles conditions climatiques durent les intersaisons hivernales entre les saisons de football américain et de baseball, il voulait créer un sport qui puisse être pratiqué l'hiver, soit en intérieur, et qui permettrait de limiter les risques de blessures. C’est alors que le concept du “basket-ball” lui est venu. Le nom de « Basket-ball » lui sera quelques temps plus tard suggéré par un de ses étudiants. La popularité du sport ne se fit pas attendre, et le premier match fut organisé seulement trois mois plus tard, le 11 mars 1892. Ce premier match opposant les étudiants et les professeurs du collège de Springfield devant un public d’environ 200 personnes. Grâce aux diplômés de Y.M.C.A et au Docteur Naismith, le basket s'étendit rapidement à tout l'est des Etats-Unis puis à travers le pays entier. Il atteignit la France dès l’année suivante: c’est à Paris, rue de Trévise que se déroulera en 1893, le 27 Décembre, le premier match de basket-ball en Europe. Il est alors organisé par l’Union Chrétienne des Jeunes Gens (l'équivalent français de la YMCA). Ce n’est pourtant qu’après le Seconde Guerre Mondiale, en 1920, que ce sport sera reconnu institutionnellement: la Fédération Française d’Athlétisme (FFA) mettra alors en place une “Commission du basket-ball” qui enregistrera 336 licenciés. L’année suivante, en 1921 donc, le premier championnat de France de Basket verra donc le jour: c’est l’Evreux AC qui deviendra le premier champion de France en s’imposant contre le Stade Français. Devant l’essor du basket, la FFA deviendra même la FFABB, la Fédération Française d’Athlétisme et de Basket-Ball en 1929. Trois ans plus tard, la branche basket proclamera son indépendance et deviendra officiellement la Fédération Française de Basket-Ball (FFBB) en 1932. Le championnat est cependant réservé aux hommes à cette époque, et il faudra attendre 1951 pour voir apparaître le Championnat de France Féminin. La Coupe de France Masculine apparaîtra quant à elle l’année suivante. Au niveau international, et ce en moins de 60 ans, le basket aura connu un très grand succès: à l’époque, il était déjà pratiqué dans plus de 150 pays. En 1979, la FFBB enregistre près de 280.000 licenciés. L’apparition d’un championnat plus professionnel se fera en 1986 lors de la création du Comité des Clubs de Haut Niveau (CCHN) qui dispose d’une délégation de pouvoir octroyée par la FFBB pour l’organiser. Ce n’est qu’en 1990 que la Ligue Nationale de Basket apparaîtra pour remplacer le CCHN: à l’époque, les championnats se nomment Nationale 1A et Nationale 1B: et se composent de 16 clubs chacun. La Pro A et la Pro B, noms que nous leur connaissons aujourd’hui seront renommés en 1993. 5 Le basket français est donc régit par deux instances principales (qui sont donc liées comme nous l’avons vu précédemment): la FFBB et la LNB. Dans cette partie cependant, consacrée au basket amateur, nous allons cependant nous concentrer sur la Fédération. Tout d’abord, précisons qu’il existe trois niveaux de championnats amateur en France, eux même séparés en trois sous niveaux: * Le Championnat National: - Nationale 1 (N1) - Nationale 2 (N2) - Nationale 3 (N3) * Les Championnats Régionaux: - Excellence régionale (R1) - Promotion d’honneur régionale (R2) - Honneur régionale (R3) Les Championnats Régionaux sont gérés par les Comités Départementaux: on en dénombre donc 95. * Les Championnats Départementaux: - Excellence départementale (D1) - Promotion d’honneur départementale (D2) - Honneur départementale (D3) Les Championnats Départementaux quant à eux sont administrés par les Ligues Régionales. Les missions principales de la FFBB, outre l’organisation et la régence de ces championnats, sont les suivantes: - Participer à la promotion et l’éducation par les activités physiques et sportives et en favoriser l’accès à tous. - Former des dirigeants, animateurs, formateurs et entraîneurs fédéraux, - Organiser et gérer l’arbitrage et ses formations au sein de la discipline, - Veiller au respect des règles techniques, de sécurité, d’encadrement et de déontologie du basket-ball, - Délivrer les titres fédéraux et - Organiser la surveillance médicale de leurs licenciés. Pour mener à bien ces missions, la FFBB est organisée en cinq grands pôles: Administration Générale et Finances, Haut Niveau, Formation, Marque FFBB et Territoires. Chacun de ces pôles sont placés sous la responsabilité d’un directeur. Ces derniers sont membres du Comité de Direction qui se tient toutes les semaines afin d’assurer la cohésion des actions de la Fédération. Avec ces directeurs, sont présents également le Directeur Technique Nationale (DTN) - Patrick Beesley actuellement - et ses deux Adjoints, Gilles Thomas et Alain Contensour. C’est par le biais de ce Comité Directeur que la Fédération Française de Basket-Ball a pu articuler sa stratégie autour de trois axes stratégiques. Le premier étant la performance notamment pour les Equipes de France séniors lors des compétitions européennes et internationales, l’accompagnement des jeunes joueurs vers le haut niveau. Vient ensuite la modernisation de la Fédération en elle-même afin d’améliorer son fonctionnement, sa 6 communication tant interne qu’externe, ses formations etc. Finalement, l’aménagement du territoire afin de faciliter la pratique, notamment du 3x3 qui va de pair avec l’évolution de la société ainsi que le développement des réseaux d’influence au plan international, national et ce auprès des milieux économiques. La FFBB a donc lancé des projets variés autour du basket afin d’en décliner sa pratique. Outre les licences compétitions, elle délivre en effet des licences loisirs ou vétérans pour les personnes souhaitant pratiquer le sport sans pour autant le faire de manière compétitif. La Fédération cherche également à développer la conscience associative et collective des plus jeunes avec, par exemple, le projet JAP; Je joue, j’arbitre, je participe. Cette opération proposée aux écoles de Mini Basket est destinée à promouvoir la formation globale du jeune licencié. Elle a pour but d’inciter les jeunes à être acteurs de leur club et de la vie associative tout en y prenant plaisir. Son fonctionnement est simple; lors de la 1ère année poussin, le mini basketteur/se reçoit une carte sur laquelle les compétences acquises lors de sa formation seront validées, et ce dans les trois domaines: le jeu, l’arbitrage et la participation. Cette conscience associative se décline aussi à des âges plus avancés. Il est en effet obligatoire pour les clubs d’avoir en leur sein des “Arbitres Officiels” suivant le niveau où évolue leurs équipes: ainsi, pour chaque équipe évoluant au niveau D1 (DM1 pour les hommes, DF1 pour les femmes), le club devra former un arbitre officiel. Ce moyen permet d’une part d’alimenter le vivier d’arbitres des Comités Départementaux mais également de sensibiliser les clubs et surtout les joueurs à l’arbitrage: en poussant les jeunes à arbitrer, ils seront eux-mêmes moins enclins à poser des problèmes lors de leur propres matches; le but étant ainsi de diminuer les problèmes récurrents entre les joueurs et les arbitres, notamment à plus bas niveau. La FFBB cherche donc par le biais de son sport à éduquer et former des jeunes et à également organisé des partenariats avec le système scolaire et le “basket école” ainsi que le “basket collège”: il est possible pour des classes de s’inscrire sur le site prévu à cet effet (http://www.basketecole.com/). Ils sont alors pris en charge par une section spéciale du comité départemental dont ils dépendent qui outre les cadeaux, leur fournira une formation pédagogique autour du basket. Autre projet initié par la Fédération, est le concept de Basket en Liberté: il s’agit en fait de basket avec une forme de jeu réduite: c’est à dire qu’il ne faut plus forcément être 10 pour jouer (5 contre 5); maintenant, des tournois sont organisés allant de 1 contre 1 à 5 contre 5. Le mode le plus populaire étant le 3 contre 3 que la FFBB a fait une discipline à part entière, avec l’organisation “d’open nationaux”, la création d’un classement national...On retrouve notamment une rubrique spécialement dédié à ce mode de jeu sur le site officiel (http://www.ffbb.com/3X3). Enfin, la FFBB essaye également de pousser à l’excellence individuelle avec, par exemple, l’organisation du Challenge Benjamins (et Benjamines): il s’agit d’épreuves individuelles pour les 11/12 articulé en plusieurs phases: club, département, région puis national lors des finales organisées à Paris, en même temps que la finale de la Coupe de France. Le vainqueur de ce challenge remporte ainsi un voyage aux Etats-Unis pour vivre une expérience NBA. Grâce notamment à tous ces projets, la Fédération de Basket peut compter sur son nombre important de licenciés, en hausse ces dernières années: on remarque en effet que depuis la saison 2008/2009, le nombre de licences n’a cessé de s’accroître avec parfois des augmentations significatives d’une année sur l’autre, notamment l’année dernière. En effet, alors qu’on dénombrait plus de 480.000 licences pour la saison 2012/2013, 578.207 licences 7 ont été délivrées pour la saison suivante, soit une hausse d’environ 85.000 (soit 17%). Il est également important de noter que presque 40% des licenciés sont des femmes, ce qui en fait le sport collectif avec la plus grande part de licences féminines. Le basket, au niveau amateur attire donc particulièrement. C’est un sport collectif donc forcément, créateur de lien social. Il allie les qualités physiques, techniques mais également psychologiques: le joueur ou la joueuse doit posséder ou développer ses capacités d’anticipation, d’adresse; de subtilité et de lucidité. Contrairement aux idées reçues, tous les contacts ne sont pas interdits dans le basket-ball, même si la plupart sont prohibés: certaines interventions considérées comme trop physiques peuvent ainsi être sanctionnées. C’est aussi ce qui fait la beauté de ce sport: cette capacité que doit avoir le basketteur/se de défier l’adversaire et de l’empêcher de marquer sans intervenir directement sur con corps. Le basket a donc un côté ludique et sécurisant qui aide à inspirer confiance aux parents qui cherchent une activité sportive pour leurs enfants; sans oublier le fait que ce soit un sport d’intérieur, donc accessible en toute saison. C’est également ce côté ludique qui en fait un sport d’Education Physique et Sportive enseigné à l’école: c’est un excellent outil éducatif utilisé dans la quasi-totalité des écoles du pays: tout le monde a déjà pratiqué du basket au moins une fois. Qui plus est, le contrôle des contacts physiques lui donne plus la possibilité d’en faire une activité mixte que du rugby ou même du football. Il est également important de prendre en compte l’ensemble des pratiquants de basket-ball pour vraiment appréhender le succès de ce sport au niveau amateur. En effet, avec le développement des activités sportives loisirs depuis quelques années (pour l’hygiène de vie notamment, le défoulement etc…), la pratique du basket s’est elle aussi développée: en effet, d’après une enquête de l’Insep et du Ministère des Sports (datant cependant de 2000; les chiffres ont évolués, mais les faits restent identiques), le basket-ball compterait en effet près de 1 350 000 pratiquants dont presque 800.000 de façon hebdomadaire. En considérant que parmi ces derniers il y a tous les détenteurs de licence, on peut estimer que presque 300.000 personnes jouent au basket au moins une fois par semaine sans être affiliées à un club. On ne peut cependant pas parler de 300.000 personnes sans licences, car d’autres types de licences que celles délivrées par la FFBB existent; par exemple, l’UNSS, l’Union Nationale du Sport scolaire délivre de licences et compte environ 90.000 basketteurs et basketteuses. On retrouve 8 également l’Union Française des Œuvres Laïque d’Education Physique (UFOLEP) ou tout simplement la Fédération Française Handisports (et sa Commission Handibasket). Un autre point que l’on pourrait également reprocher à l’enquête est qu’elle a été effectuée sur un échantillon âgé de 15 à 75 ans: or on sait que le basket peut se commencer très tôt. En effet, dès 4 ans les parents peuvent laisser, dans les clubs équipés pour, leurs enfants aux mains d’entraîneur pour du “baby basket” où ils commencent à apprendre de manière ludique les rudiments du jeu. Cette pratique du basket entre 4 et 15 ans se fait principalement au sein d’une association ou à l’école pour des raisons de sécurité et d’encadrement: ne pas prendre en compte cette tranche d’âge dans l’enquête pourrait apparaître comme une lacune. Le basket amateur ravit donc petits et grands, joueurs occasionnels ou invétérés car il répond justement aux attentes de publics très divers. Il enchante toutes les générations tant par sa richesse technique que par les sensations qu’il procure et l’enthousiasme général qu’il génère. Qui plus est, il constitue un excellent support éducatif pour l’enfant. On peut donc dresser un état des lieux plutôt positif pour le basket amateur en France. Qu’en est-il cependant du Basket Professionnel ? b. Le Basket professionnel en France Après nous être concentrés sur le basket amateur et sur la FFBB, nous allons maintenant pouvoir faire l’état des lieux du basket professionnel en France. Pour commencer, il faut tout d’abord parler de l’organe qui régit ce monde professionnel: la Ligue Nationale de Basket (LNB). Comme précisé ultérieurement, le CCHN (Comité des Clubs de Haut niveau) a été créé en 1987 sous l’impulsion de la FFBB. C’est en 1990 que le Comité adoptera le nom qu’on lui connaît aujourd’hui: la LNB. Le premier Président du CCHN sera également le premier président de la LNB et effectuera la transition: Jean Bayle-Lespitau aura été à la tête la ligue majeure française pendant 12 ans, de 1987 à 1999. Il aura joué un rôle prépondérant dans la professionnalisation du basket en France. en 1991, il sera également l’un des cofondateurs de l’Union des Ligues Européennes de Basketball (ULEB). La LNB sera une des trois premières ligues affiliées, en compagnie des Ligues Italiennes et Espagnoles. Depuis 2011, c’est Alain Béral qui est à la tête de la Ligue. Comme le précise ses statuts (disponibles dans les Annexes): “La LNB est une association régie par la loi du 1er juillet 1901, les textes législatifs et réglementaires applicables aux associations et ceux relatifs à l’organisation et à la promotion des activités sportives.” La LNB est donc une association sportive qui a plusieurs missions clairement définies. En premier lieu, elle est donc garante de l’organisation des différentes compétitions professionnelles masculines de Basket en France: la Pro A, la Pro B (ainsi que les “Playoffs”, les Finales, de ces compétitions), le Championnat Espoir, les Leaders Cup (Pro A et Pro B), Le Trophée du Futur, le Match des Champions et dans une certaine mesure, le All Star Game. Nous reviendrons sur chacune de ces compétitions. De plus, la Ligue adopte et fait appliquer les différentes réglementations de ses compétitions: cela prend en compte les contrats de travail, que ce soit ceux des joueurs ou des entraîneurs, le règlement médical ainsi que le cadre juridique. On peut prendre l’exemple de la clause libératoire prévoyant une indemnisation et une police d’assurance pour les joueurs (considérés comme des salariés) sélectionnés en Equipe de France pendant toute la durée des stages, préparations et compétitions internationales. 9 Comme tout association, la LNB se doit d’avoir en place une l’Assemblée Générale. Elle se réunit au moins une fois par an afin de définir différents points majeurs de l’organisation: elle, entre autres, définit la forme des compétitions en accord avec la FFBB, vote le budget, adopte le règlement intérieur de la LNB etc... Chaque membre se devra d’être licencié à la FFBB. Elle est composée: * d’un représentant de chaque club de Pro A ainsi que de Pro B, * quatre représentants du Comité Directeur de la FFBB, * dix personnes qualifiées: 7 sont élues par les groupements sportifs de Pro A et Pro B tandis que 3 sont désignées par la FFBB. Aucune ne peut cependant avoir des fonctions de direction au sein d’un de ces groupements sportifs ni être membre du Comité Directeur de la FFBB, * un représentant des joueurs, * un représentant des médecins désigné par la Commission médicale de la LNB, * un représentant des entraîneurs et * un représentant des arbitres, désigné par L’union des arbitres de Basketball. Chaque membre de l’AG dispose d’une voix, sauf deux cas exceptionnels: chaque club de Pro A dispose en effet de deux voix chacun, tout comme les quatre représentants du Comité Directeur de la FFBB. Au niveau de son fonctionnement interne, la LNB est administrée par un Comité directeur de dix-sept membres, présidé par le Président. Ce dernier étant lui-même élu parmi les dix-sept membres ainsi que quatre vice-présidents. Tandis qu’un d’entre eux sera chargé des Finances, un autre sera désigné Secrétaire Général. Ce comité directeur est donc composé de: * cinq représentants des clubs de Pro A élus par l’Assemblée Générale, * deux représentants des clubs de Pro B élus par l’Assemblée Générale, * trois représentants du Comité Directeur de la FFBB, * quatre personnes siégeant à l’Assemblée Générale de la LNB et élues par cette dernière, dont une parmi les trois désignées par le Comité directeur de la FFBB, * le Président de l’organisation la plus représentative des dirigeants de groupements sportifs membres de la LNB, * un représentant des joueurs professionnels et * un représentant des entraîneurs. Ce Comité Directeur a comme rôle, notamment, de suivre l’exécution du budget adopté par l’AG et les décisions de cette dernière, de veiller au respect de l’application des règlements, de constituer des Commissions spécialisées et d’en désigner les membres. On dénombre 8 Commissions au sein de la LNB: 1. La Direction Nationale du Conseil et du Contrôle de Gestion (DNCCG) Elle même composée de trois commissions différentes qui ont des rôles bien définis: le Conseil supérieur de Gestion (CSG), la Commission du Contrôle de Gestion des Clubs Professionnels (CCG) et la Commission de Qualification (CQ). Le CSG est garant des procédures. Il a accès à tous les dossiers examinés par la CCG et est le seul habilité à prononcer des sanctions, sauf lorsqu’il s’agit de sanctions financières automatiques prévues dans les règlements. C’est également le CSG qui statut sur les rétrogradations ou refus d’accession (uniquement lorsqu’il s’agit de raisons financières). Le Président de le DNCCG est également celui du Conseil Supérieur de Gestion. 10 La CCG contrôle le respect des obligations relatives à la comptabilité des clubs professionnels et à la production des documents prévus par les règlements. C’est aussi elle qui examine les situations financières des clubs et qui assure la publicité de leurs comptes et bilans. La CCG est également chargée de fournir le bilan et le compte de résultat du basket professionnel français. Elle est composée de trois membres issus de deux cabinets d’expertise comptable différents indépendants. La CQ quant à elle permet au championnat d’avoir des équipes: elle est en effet en charge de l’homologation de tous les contrats des joueurs et entraîneurs. Tant que les contrats ne sont pas validés par la CQ, le joueur/entraîneur ne pourra pas prendre part à un match professionnel. Elle est composée de quatre membres: un membre de la CCG, un de la Commission juridique et discipline ainsi qu’un expert en droit social et un administrateur de la Ligue Nationale de Basket. 2. La Commission Juridique et de Discipline Cette commission se prononce sur tous les manquements à la morale sportive ou tous actes pouvant porter atteinte à l’image du basketball, de ses institutions ou de ses membres, et ce venant de toute personne physique ou morale relevant de l’autorité de la LNB mais également sur les violations des réglementations LNB et tous actes susceptibles d’altérer la régularité des compétitions ou l’intégrité de ses participants dont pourraient s’être rendus coupables les clubs. Les actes relevant d’un comportement antisportifs et contraires à la discipline du jeu (et ce qu’ils soient perpétrés sur ou autour de l’air de jeu) perpétrés par des joueurs, entraîneurs, dirigeants ou même spectateurs sont également jugés par cette Commission. Elle est composée de neuf membres, choisis en raison de leurs compétences dans le domaine juridique ainsi que dans celui de l’éthique sportive. Ils ne doivent cependant n’avoir aucun lien, direct ou indirect avec l’une des instances de la FFBB ou de la LNB ou bien avec un club ou une personne relevant de l’autorité de la LNB. 3. La Commission Médicale Elle établit le règlement médical et veille à son application par tous les clubs professionnels français. 4. La Commission de la Pro B Elle gère les différentes affaires strictement relatives à la Pro B. 5. La Commission Marketing Elle veille au suivi des réglementations marketing (chartes graphiques, maillots, panneaux LEDS sur les matchs télévisés…). Des réunions avec les différents responsables Marketing des clubs sont organisées afin de permettre la mise en place d’actions communes. Elle est composée de cinq membres dont des responsables Marketing de clubs. Le président actuel n’est autre que Richard Dacoury, ancienne gloire du CSP Limoges (3 titres européens, 8 titres de Champion de France et 7 Coupes de France) et joueur international français. 11 6. La Commission Sportive Elle gère tous les aspects strictement sportifs: elle élabore le calendrier des rencontres officielles, elle établit les différents règlements sportifs des différentes compétitions organisées par la LNB: Championnats de France de Pro A et Pro B ainsi que les phases finales (Playoffs), la Leaders Cup, le championnat Espoir ainsi que le Trophée du Futur, et s’assure de l’application de ces derniers. Elle est également force de proposition pour ce qui concerne l’évolution des formats des compétitions. 7. La Commission paritaire d’interprétation et de négotiation Elle est compétente pour l’interprétation des dispositions de la Convention Collective. Elle a également comme rôle de négocier chaque année “l’Accord de salaire”, tous les trois ans la question de l’égalité professionnelle et celle de l’emploi des salariés âgés et également, au minimum tous les trois ans, la question des classifications. Elle est également en charge de la négociation des questions relatives à la formation professionnelle, à la prévoyance et à l’homologation des contrats de travail afin d’apporter les aménagements nécessaires à la bonne exécution de la Convention Collective. Elle est composée de représentants des différentes organisations (employeurs, joueurs et entraîneurs) qui en sont signataires ou qui y ont par la suite adhéré en totalité et sans réserve. 8. La Commission Label C’est la dernière en date à avoir été créée. Elle a pour rôle de délivrer le Label Club, définit comme suit par le texte officiel: “Est défini comme Label Club le titre attribué par la Commission de Label Club à un club évoluant dans les championnats organisés par la LNB, démontrant un niveau suffisant de structuration en fonction de critères définis et hiérarchisés dans ledit cahier des charges. Ce dispositif a pour objectif la mise en place d’un cadre collectif permettant d’accompagner les clubs dans leur démarche de développement. Ce cahier des charges se devra également d’être un «guide de bonnes pratiques», avec un caractère, nécessairement évolutif, et devra devenir un véritable «outil d’aide à la structuration».” Elle est composée: * d’une personne qualifiée de l’A.G de la LNB, * des présidents (ou représentants) de la LNB, l’Union des Clubs Professionnels de Basket (UCPB), la FFBB, la Direction Nationale du Conseil et du Contrôle de Gestion (DNCCG), * d’un représentant du Ministère des Sports * de trois experts issus des parties identifiées dans le Label soit Droit et Economie, Marketing et Communication ainsi que Equipements et Arénas. Après avoir analysé comment et par qui était géré le basket professionnel en France, nous pouvons maintenant nous rapprocher du vif du sujet: les compétitions et le jeu en lui-même. Comme nous l’avons déjà rappelé, la LNB organise divers évènements tout au long d’une saison, à commencer par la saison elle-même: la Pro A et la Pro B. Jusqu’alors composée de 16 équipes, la Pro A gagnera cette année 2 clubs supplémentaires via l’attribution des “invitations” (occasionnellement appelées “wildcards”). 12 La Pro A, contrairement au championnat nord-américain (la NBA), est une ligue ouverte: c’est à dire que les équipes la composant ne sont pas tout le temps les même et varient d’une saison sur l’autre. Une saison régulière est composée de 34 matchs. Toutes les équipes se rencontreront deux fois; un match aller et un match retour, une fois à domicile et l’autre à l’extérieur. Contrairement au foot, aucuns points ne sont attribués suivant le résultat: seules les victoires / défaites sont comptabilisées, et un ratio sous la forme d’un pourcentage de victoire est calculé afin d’établir le classement. En cas d’égalité entre deux équipes, ce sont les résultats (ou un seul si le match retour n’a pas encore été joué) des matchs opposant ces deux équipes qui sont pris en compte. A la fin de la saison régulière, les huit premières équipes du classement accèdent aux phases finales: les Playoffs. La 1ère équipe rencontrera en quarts de finale l’équipe classée numéro 8, la 2ème et la 7ème s’affronteront, la 3ème et la 6ème et ainsi de suite. A noter que l’avantage du terrain sera toujours pour le club qui aura bénéficié du meilleur classement entre les deux équipes pendant la saison régulière. Les quarts se jouent en 2 matchs gagnés (elles ne peuvent donc se jouer qu’en 3 matchs maximum: Aller/Retour et si besoin Belle). On retrouvera d’un côté du tableau les équipes 1 vs 8 et 4 vs 5 et de l’autre côté donc 2 vs 7 et 3 vs 6. Les deux premières équipes ne peuvent donc se rencontrer qu’en finale. Pour les demi-finales et les finales, le format est au meilleur des cinq manches en 2-2-1: c’est à dire que les deux premiers matchs se feront chez l’équipe la mieux classée en saison régulière tandis que les deux autres se feront chez la moins bien classée. Le 5ème match éventuel revenant au mieux classé. Le vainqueur final étant sacré Champion de France. Cette année, c’est le Limoges CSP qui a ainsi pu gagner son 10ème titre de Champion de France (7ème depuis la création du CCHN en 1987) aux dépends de Strasbourg IG. Pour les équipes de bas de tableau, cependant, les deux dernières équipes sont reléguées en Pro B pour la saison suivante. Cette année, ce sont les clubs de Roanne et d’Antibes qui sont descendus et qui connaîtront donc le 2ème niveau du championnat professionnel français pour la saison 2014-2015. Outre les Playoffs, qui ont lieu en fin de saison, une autre série de matchs à élimination directe est organisée durant l’année: la Disneyland Paris Leaders Cup LNB (anciennement la Semaine des As). A la mi- saison, soit entre la fin des matchs aller et le début des matchs retour, aux alentours de Février, un tournoi est organisé entre les huit premières équipes au classement à ce moment-là. Alors qu’auparavant, le tournoi était organisé chaque année dans une ville différente, la formule a changé pour la saison 2012/2013: les équipes se rencontrent dans un lieu fixe et neutre, la Disney Event Arena. Localisée dans le Parc d’attraction de Disneyland Paris, cette Arena éphémère peut accueillir environ 5000 personnes. Les quarts de finales, dont les affiches sont tirées aléatoirement par le parrain de l’édition, ont lieu le vendredi après-midi, les demi-finales le samedi et enfin, la Finale, le dimanche soir. Nouveauté pour la saison prochaine; un match en plus sera joué. En effet, avec la création de la Leaders Cup Pro B, la finale de celle-ci aura lieu en lever de rideau de la finale de Pro A le dimanche. La formule de la compétition est cependant très différente et quelque peu complexe. En effet, les matchs des poules régionales ne compteront plus pour le classement final mais pour cette Leaders Cup Pro B. Les deux premiers des quatre poules seront ainsi qualifiés. Les équipes s’affronteront ensuite en Janvier pour des matchs aller/retour. Le deux finalistes s’affronteront ensuite, comme dit précédemment avant la finale de la Leaders Cup Pro A à Disneyland Paris fin février. 13 Le vainqueur de cette Leaders Cup, et à condition qu’il ne termine pas dans les neuf premiers de Pro B, ni dans la zone de relégation à la fin de saison, gagnera sa place pour les Playoffs, à la place du neuvième de la saison régulière. Pour la saison régulière de Pro B justement, le fonctionnement est en partie différent: on comptait en effet jusque-là deux équipes de plus: 18 (contre 16 en Pro A l’an dernier). Cette année, ce sera l’inverse et nous aurons 16 équipes de Pro B. Outre les matchs aller/retour classiques comme nous l’avons vu pour la Pro A, la Pro B organise également des Poules Géographiques: quatre différentes zones sont donc définies dans lesquelles les équipes se rencontreront deux fois de plus (lors de matchs aller/retour également). Matchs qui seront donc qualificatifs pour les phases finales de la Leaders Cup Pro B. A l’issue de cette saison régulière et comme pour la Pro A, ont lieu les playoffs avec cependant une légère différence: le 1er au classement est exempté de Playoffs, sacré Champion de France de Pro B et accédera directement à la Pro A la saison suivante (comme ce fut le cas pour Boulogne-sur-Mer cette année). Les Playoffs d’Accession opposent donc les équipes classées de la 2ème à la 9ème place sur la formule des matches aller/retour avec une belle éventuelle, y compris pour la finale. Le gagnant sera donc la deuxième équipe à accéder à la Pro A l’année d’après (Bourg-enBresse cette année). Une fois encore, les deux dernières équipes (Orchies et Saint-Vallier) seront reléguées au niveau inférieur: la Nationale 1, tandis que les deux premières équipes de ce niveau intégreront les professionnels. Il s’agit d’un changement très important pour les 4 équipes: en effet, le statut de l’équipe va changer, le Nationale 1 étant encore considérée comme “amateur” tandis que la Pro B est le championnat professionnel. Les répercussions, que ce soit lors de la montée ou de la descente sont énormes pour un club, surtout au niveau financier. Le troisième et dernier championnat organisé par la LNB est le Championnat Espoir. Tous les clubs de division PRO A et quelques clubs de division PRO B en possèdent un. Le championnat espoir est composé des centres de formation des équipes évoluant en Pro A. Le calendrier et les affiches sont les mêmes que ceux de l’élite: les centres de formation s’affrontent juste avant le match des professionnels. Par exemple, avant le match de Pro A opposant Limoges à Strasbourg, leurs équipes espoirs s’affronteront à Limoges (puis le match retour aura lieu lors de l’affiche Strasbourg - Limoges). A la fin de la saison, le premier du classement est Champion Espoirs. Est ensuite organisé le Trophée du Futur: créé sur le même principe que la Leaders Cup, il oppose les huit premières équipes (ou les sept premières + le club organisateur) pour un tournoi à élimination direct dont le tirage au sort est effectué lors de la dernière journée de Pro A. Pour ce tirage au sort, on retrouve deux chapeaux: le premier regroupant les quatre premières équipes (1 à 4) tandis que l’autre regroupe les équipes classées de la 5ème à la 8ème place. De plus, et ce depuis cette année a lieu le Camp LNB. Tenu à l’INSEP, ce camp a pour but de mettre en avant les jeunes joueurs des différents centres de formation de Pro A et Pro B ainsi que de Nationale 1. Les différents recruteurs et scouts peuvent ainsi voir l’étendue des talents des prospects pour les années à venir. La LNB organise également, et ce depuis 2005, un “Match des Champions”. Ce match opposant le champion de France au vainqueur de la coupe de France a lieu en début de saison 14 dans un lieu neutre choisi par la Ligue. Pendant quatre ans cependant, il s’agissait du premier match de saison régulière et était donc programmé pour la première journée du Championnat Pro A. Cette année, il aura lieu au Kindarena de Rouen le 23 Septembre, soit avant le début de l’exercice 2014/2015. Il opposera Limoges (Champion de France) à Nanterre (Coupe de France) avec comme enjeu le premier titre de la saison. De plus, depuis l’an dernier, la LNB associe une star française de Basketball à ce match: c’est en effet Tony Parker qui avait parrainé l’édition de 2013, tandis que cette année, c’est Nicolas Batum qui avec le club dont il est actionnaire, Caen, affrontera l’équipe hôte, Rouen. Enfin, la Ligue Nationale de Basket co-organise avec Nike (depuis 2002) le All Star Game (ASG) Français, littéralement, “le match des étoiles”. Largement inspiré du All Star Game NBA, cette journée dédiée au basket ravi tous ses spectateurs. Datant de l’année 1987, les premiers All Star Game reprenait complètement la formule américaine et opposait deux sélections de joueurs opposant à l’Ouest et à L’Est du pays. C’est en 1992 que la LNB passera à la formule actuelle, soit les joueurs français contre les joueurs étrangers du championnat. C’est en 2002 que Nike arrive dans l’organisation du ASG. Organisé depuis au Palais Omnisport de Paris Bercy (POPB) le dimanche entre Noël et le Jour de l’An, il est devenu un des évènements majeurs du basket français. Pour preuve, la quasi-totalité des ASG depuis 2002 se sont déroulés à guichets fermés. Outre le match en lui-même, de nombreuses animations et concours sont organisés afin de reproduire fidèlement le show à l’américaine. On a donc, bien entouré par des pompom girls, des mascottes de franchise NBA ou autre, un concours de dunk, un concours de trois points ainsi qu’une concours de meneurs. Quatre joueurs de Pro A (et quelques fois de Pro B) sont sélectionnés pour participer à chaque épreuve. Le clou du spectacle pour l’édition précédente aura été pour le moins surprenant: en effet, à l’image des matchs de saison régulière en NBA, un “tir à 100.000”, soit un tir du milieu de terrain a été tenté...et réussi par un jeu homme choisi aléatoirement dans le public ! Pour la première fois de l’histoire, en France, un tel shoot a été réussi, ce qui en a surpris plus d’un, y compris chez les joueurs, qui se sont précipités sur l’heureux gagnant. c. La réussite du Basket dans le monde Pour essayer de comprendre ce qui explique le manque de médiatisation du basket français et le manque de spectateurs pour ce sport pourtant si pratiqué, il est intéressant de voir ce qui marche ailleurs et pourquoi cela fonctionne. Le basket-ball est un sport très pratiqué sur les 4 coins de la planète. Si évidemment certains pays ne sont pas friands de basket, d’autres sont complètement fanatiques de ce sport. C’est le cas en Asie, où le Basket-Ball est un sport majeur notamment aux Philippines et en Chine. Si les Philippines ne possèdent pas un championnat ni une équipe nationale de premier plan, le nombre de fans de basket est très important au point où la compagnie Nike a créé des modèles exclusifs au continent asiatique mettant en avant la ferveur des Philippins pour la NBA en général et Kobe Bryant en particulier. 15 KOBE 9 PHILIPPINES Ce modèle a été en rupture de stock quelques heures après sa sortie et a été une réussite commerciale pour Nike, pour le joueur Kobe Bryant et bien évidemment pour la promotion du basket américain en Asie. Plus intéressant encore, la marque américaine a récidivé récemment en sortant une KOBE 9 aux couleurs de la Chine, qui fût également un succès commercial. On peut ainsi voir à travers ces produits basket que ce sport a une place majeure dans ces deux pays. Cela est d’autant plus important notamment dans le cas de la Chine qui est un pays de près de 1,4 milliards d’habitants avec beaucoup de ces jeunes qui sont influencés par le basket américain et qui se mettent à pratiquer ce sport. KOBE 9 CHINA Si l’exemple Philippin est un cas un peu particulier d’un pays fan de basket mais avec un niveau national faible, dans cette revue du basket mondial nous allons nous concentrer sur quelques pays qui ont à la fois beaucoup de pratiquants mais également un championnat de premier plan. 16 De ce fait nous allons nous intéresser au championnat Chinois pour l’Asie, au championnat Espagnol pour l’Europe et enfin nous terminerons cette analyse avec le championnat majeur qui est un réel succès médiatique économique et sportif : la NBA aux Etats-Unis. Le Championnat Chinois La Chinese Basketball Association (en chinois : 中国男子篮球职业联赛 translittération : Zhōngguó Nánzǐ Lánqiú Zhíyè Liánsài), reconnue par le sigle CBA, est le meilleur championnat de basket-ball en Chine. La Chinese Basketball Association regroupe les 17 meilleures équipes chinoises. Chaque équipe s'affronte en matchs aller-retour et les huit premières équipes se qualifient pour les play-offs. Les quarts de finale et les demi-finales se jouent au meilleur des cinq matchs et la finale se joue au meilleur des sept matchs. La ligue chinoise a été créée en 1995. Il faut savoir que d'autres ligues de basket-ball existent en Chine, dont la National Basketball League (NBL), qui est considérée le deuxième niveau du basket-ball dans le pays, la Chinese University Basketball Association (CUBA) et la Chinese High School Basketball League (CHBL). Il y a également eu le temps d’une saison la Chinese New Basketball Alliance (CNBA), durant la saison 96-97 mais qui ne connut pas un grand succès. La CBA est un championnat de bon niveau qui a permis de fournir la NBA en joueurs Chinois de qualité : Yao Ming, Wang Zhizhi, Yi Jianlian, Mengke Bateer et Sun Yue, ont ainsi joué en NBA. Par ailleurs, un joueur comme Yao Ming a marqué l’histoire du basket aux Etats-Unis mais également et surtout en Chine où chacun de ses matchs était suivi par des millions de chinois. 17 Yao Ming est donc devenu une véritable icône dans son pays, où sa réussite en Amérique du Nord fait figure d'exemple. C’est la raison pour laquelle, la République populaire de Chine l'a d'ailleurs décoré du titre de « travailleur modèle » (laomo) le 1er mai 2005. C'est d'ailleurs cette popularité dans son pays d'origine qui lui assure la participation au NBA All-Star Game, les joueurs étant sélectionnés par les supporters via un vote mondial. Par ce biais, et pour les 6 fois où il fut sélectionné pour participer au All Star Game, Yao fut plébiscité par plus de 2 millions de fans. Ainsi à travers ce joueur, le basket a pu se médiatiser en Chine et la NBA notamment ce qui par ricochet a accru la pratique du basket et améliorer le niveau du basket dans le pays. De ce fait, la sélection de basket chinoise a pris de plus en plus d’importance sur la scène internationale. La CBA a ainsi su profité de cette effervescence pour médiatiser son propre championnat, augmenter ses revenus et attirer des joueurs médiatisés. Des joueurs All-Stars NBA ont ainsi évolué en CBA comme Stephon Marbury, Steve Francis, Kenyon Martin, Tracy McGrady, Gilbert Arenas ou plus récemment Metta World Peace qui a fait le « buzz » en annonçant qu’il pourrait changer de nom pour s’appeler Panda Friend selon le site China Daily. Celui qui s'appelait encore Ron Artest jusqu'en juin 2011 a signé un an au Blue Sichuan Whales. Pour signer en Chine, le club lui a fait signer un contrat qui lui rapportera 1,4 millions de dollars. A titre de comparaison le budget des clubs de Pro A et Pro B s’élèvent à environ 3 millions d’euros. Le contraste est impressionnant. Ce budget nettement plus conséquent, les clubs de la CBA le doivent évidemment au suivi du basket dans ce pays mais également donnée intéressante au sponsoring et au naming des équipes du championnat. Effectivement, le nom complet de chaque équipe est constitué des trois parties, dans l'ordre: - Une désignation géographique (sauf dans le cas des Bayi Rockets, Bayi signifiant "1er août", représentant la date anniversaire de la fondation de l'Armée populaire de libération, l'équipe ayant été formée par des anciens membres de cette organisation). - un nom de sponsor d'une entreprise ; ce sponsor pouvant changer d'une année sur l'autre ou même en cours de saison. - un surnom, comme le nom d'un animal. Celui-ci change rarement ; l'équipe de Shandong ayant changé son surnom de "Flaming Bulls" en "Lions". Par exemple, l’un des clubs les plus titrés le Guangdong Hongyuan Southern Tiger est sponsorisé par la société Shanghai Hongyuan Lighting & Electric Equipment Co., Ltd l’un des plus gros industriels Chinois sur le marché des luminaires et de l’électrique. Les chiffres dans cette partie du monde sont assez compliqués à obtenir mais nul doutes que la part du budget du club est en grande partie le résultat de ce sponsoring. En effet, le gymnase dans lequel joue l’équipe est de 4000 places soit équivalent aux grandes salles françaises : l’Astroballe, la salle de l’ASVEL a une capacité de 5559 places en comparaison. Dans la même optique le championnat a également été « namé » mais les médias et le public continuant d’appeler le championnat CBA ce naming fut arrêté en 2004. Autre point important mais aussi divergent par rapport au championnat Français, c’est la continuité. En effet, au même titre que la NBA, la CBA est une ligue fermée. C’est un point important car comme le dit le professeur Wladimir Andreff, en ligue fermée, les acteurs jouent pour 18 gagner et ne jouent plus pour perdre. Autrement dit le spectacle y sera au rendez-vous ce qui est un point majeur pour attirer du public. En effet, le All Star Game Français, antre du spectacle pour le championnat de France attire toujours du monde au palais omnisport de Paris Bercy (16 000 places) en pleine périodes de fêtes. Cette notion de spectacle est donc primordiale. Deuxième point de cette continuité c’est la constance des champions en titre : par exemple, le Guangdong Hongyuan Southern Tiger a gagné le titre 8 fois depuis 1995 et le Bayi Rockets 8 fois également. Cela permet d’accroître la compréhension et donc la visibilité du championnat. Pour résumer l’essor du basket Chinois a été permis grâce à l’exode de basketteurs Chinois dans le meilleur Championnat du monde, à savoir la NBA. Ces joueurs ont ensuite été médiatisés sur la scène internationale et le parti communiste a utilisé leur image pour promouvoir le dynamisme et le rayonnement de la Chine au niveau national. Ainsi les bonnes performances à l’international de ces meilleurs éléments a permis à la Chine de développer son basket tout d’abord au niveau des résultats puis médiatiquement et enfin économiquement qui a permis de booster ce « cercle vertueux » avec aujourd’hui des joueurs majeurs américains encore dans la force de l’âge comme Ron Artest alias Metta World Peace. Autre point majeur de leur championnat c’est la continuité des équipes au sein de la ligue qui permet le développement du spectacle notion centrale dans ce sport et permet de faciliter la compréhension du Chinois lambda. A titre de comparaison, à l’instar de la Chine, La France possède des ambassadeurs comme Tony Parker, Nicolas Batum ou Boris Diaw, et a de bons résultats au niveau de l’équipe nationale grâce en grande partie à ses joueurs NBA. Cependant la médiatisation n’est pas au rendez-vous-même si les bon résultats aux championnats d’Europe ont permis de booster le nombre de licences. En effet, le système étant plus démocratique en France, l’Etat ne pousse pas le basket comme a pu faire le régime Chinois et a dû partager le budget pour le développement du sport entre les différentes disciplines. Autre point, le manque de visibilité qu’a le Français moyen sur la Pro A : même parmi les pratiquants de basket très peu connaissent le champion en titre ou tout du moins les trois meilleures équipes du championnat. Après avoir analysé les raisons du bon développement du championnat Chinois et après avoir constaté que le modèle chinois sera difficilement transposable tel quel au championnat français, rapprochons-nous d’un championnat au régime politique plus proche du notre. Le Championnat Espagnol La Liga ACB qui s’appelle désormais Liga Endesa depuis 2011 est l’une des principales ligues de basket-ball d’Europe. On a avec ce championnat l’une des plus grandes réussites en termes de promotion du basket-ball : visibilité, compétitivité et promotion du basket auprès de la population et des jeunes. 19 En effet, le basket-ball est un sport majeur en Espagne aussi bien en termes de pratique mais aussi en termes de visibilité médiatique sur les grandes chaînes, dans les journaux avec des clubs qui trustent les premières places au niveau national mais également au niveau européen. Pour en revenir à cette ligue d’élite, ou Liga ACB pour Asociación de Clubs de Baloncesto, elle a été rebaptisée Liga Endesa en 2011 à la suite d'un partenariat avec une entreprise spécialisée dans la production et la distribution d'énergie. La société Endesa est le principal producteur et distributeur d'électricité en Espagne et en Amérique latine, et son chiffre d’affaires est de 18 milliards d’euros. De par la compétitivité de ses clubs, la Liga ACB a ainsi pu attirer l’attentions de sponsors fortunés prêt à investir d’importantes sommes d’argent : Endensa a ainsi sponsorisé la liga ACB et pu « namer » la ligue espagnole pour la somme de 30,5 millions d’euros sur quatre ans (plus deux saisons en option). Il est intéressant de noter que seul le plus haut échelon du Championnat d'Espagne de basketball, n'est pas administré par la fédération espagnole. En termes de compétitivité, c'est l'une des meilleures ligues d'Europe si ce n’est tout simplement la meilleure. Effectivement, elle regroupe des clubs qui figurent parmi les meilleurs de l'Euroligue comme le FC Barcelona, le Real Madrid, Caja Laboral Vitoria, Power Electronics Valencia, Unicaja Málaga et la Joventut de Badalona. Pourtant, ces grosses écuries ne sont pas à l'abri de défaites face aux autres équipes, le championnat étant plutôt homogène. Ce qui a permis à la Liga ACB de se développer a été de pouvoir construire à partir de bases saines : en effet, l’une des conditions d’accessibilité à la Liga Endensa est l'obligation pour le club d'évoluer dans une salle de plus de 5 000 places. Beaucoup de clubs ont d’ailleurs des gymnases ayant une capacité d’accueil beaucoup plus importante. Salle Capacité Ville Palacio Vistalegre 15 000 Madrid Pavelló Olímpic de Badalona 12 500 Badalona Martin Carpena 10 500 Malaga Fernando Buesa Arena 15 504 Gasteiz Fuente San Luis 9 000 Valence Palau Blaugrana 8 500 Barcelone Palacio Municipal de Deportes de Granada 7 250 Grenade Palacio de Deportes de Sevilla 7 926 Séville Palacio de Deportes 7 454 Murcie Polideportivo Pisuerga 6 300 Valladolid Ainsi, pour la saison 2013-2014, la Liga Endesa était composée des dix-huit clubs déjà présents lors de la saison précédente. En effet, les clubs de Lagun Agro GBC et Bàsquet Manresa, respectivement dix-septième et dix-huitième lors de la saison précédente, conservent leur place, car les clubs de Ford Burgos et CB Lucentum Alicante, champion de la LEB Oro ne répondaient pas aux conditions exigées par la ligue espagnole. On peut donc dire que c'est la ligue européenne qui possède les meilleures structures : des salles dont la capacité moyenne dépasse les 7 500 places ainsi qu'une excellente couverture médiatique. 20 Cette couverture médiatique a été possible pour plusieurs raisons : Tout d’abord de très bonnes performances des joueurs espagnols au niveau international. Effectivement, depuis une vingtaine d’années l’équipe nationale réalise de très bonnes performances. Mais c’est depuis les années 2000 que l’équipe d’Espagne a pu être considérée comme l’une des meilleures équipes du monde si ce n’est la deuxième meilleure équipe derrière la Dream Team américaine. En effet, l’Espagne a été sacrée championne du monde en 2006, médaillée d’argent aux jeux olympiques de 2008 et 2011 et enfin championne d’Europe en 2009 et 2011. Elle a aussi perdu contre la France en 2013 qui a été une performance avec un réel impact médiatique des deux côtés des Pyrénées. A l’équipe de France de continuer à enchaîner les bonnes prestations lors des championnats du monde qui aura lieu en septembre en Espagne. L’Espagne est donc devenue une place majeure du basket international qu’elle a pu obtenir à la suite de très bons résultats. Ces performances réalisées au cour du temps avec un même noyau dur de joueurs a permis aux Espagnols de s’intéresser à leur équipe et à faciliter à la perception des résultats de leur équipe nationale. En effet, d’après notre étude, pouvoir s’appuyer sur des joueurs symboliques, performants et que les personnes pourront suivre au cours du temps et ainsi rentrer dans le quotidien de ces personnes permet d’accroître la visibilité du basket. Effectivement, pour des jeunes que nous avons pu interroger l’un des problèmes de la Pro A est qu’ils ne connaissaient pas les joueurs. A travers l’équipe nationale, c’est une possibilité pour le spectateur de se familiariser avec les meilleurs joueurs nationaux même si la plupart d’entre eux jouent dans le championnat américain. Cette compréhension du basket espagnol a été d’autant plus facilitée que comme en Chine nous retrouvons régulièrement les mêmes équipes titrés à la fin de la saison régulière. Depuis les débuts de la Liga ACB en 1983-1984, seuls six clubs ont réussi à remporter le titre : 21 Le FC Barcelone qui remporte le titre à quinze reprises, le Real Madrid possesseur de neuf titres, le Tau Vitoria avec trois titres, et la Joventut de Badalone avec deux titres. Deux clubs remportent le titre une fois ce sont Bàsquet Manresa et Unicaja Málaga. Même l’accession au club des finalistes est très compliquée puisque seulement quatre autres clubs ont réussi à se qualifier pour la finale : CBD Bilbao, Caja San Fernando, Estudiantes Madrid et Pamesa Valencia. Nous retrouvons donc régulièrement les mêmes clubs ce qui permet de se familiariser avec les équipes et de vraiment supporter une équipe sur le long terme. D’un point de vue économique et comme pour toutes entreprises l’objectif d’un club n’est pas de réaliser simplement une vente de maillot ou de faire venir le spectateur une fois au stade mais de le fidéliser sur le long terme et de le faire passer de spectateur à « fan ». Dans le cadre du championnat espagnol il est intéressant de noter que les clubs sont généralement des clubs omnisports ce qui peut permettre à ces derniers de profiter des mêmes infrastructures d’entrainement ou autre que leurs homologues de sport plus fortunés. Il est ainsi logique de retrouver parmi les meilleures équipes du championnat, les équipes de basket du Real Madrid mais aussi et surtout du FC Barcelone. Ces conditions ont donc été idéales au développement économique et sportif de la Liga ACB attirant ainsi les lumières et la médiatisation sur le championnat. Les clubs de la Liga ayant donc des structures saines et de très bons résultats à l’échelle européenne, c’est un championnat qui a su attirer l’attention des médias nationaux mais également européens. En effet, le championnat espagnol est l’un des championnats les plus suivis en Europe et que des groupes comme le groupe Canal en France rachète les droits TV de la Liga ACB. Nous retrouvons donc dans ce championnat la situation où de gros investissements ont permis d’obtenir d’excellents résultats et ainsi d’attirer l’attention du public et des médias, d’autant plus importante que nous avons dans ce championnat une certaine continuité avec les équipes qui luttent pour le titre et le reste du championnat. D’un point de vue spectacle, cela facilite à la compréhension du championnat, à « raconter des histoires » aussi pour les médias comme lors des classicos Barcelone-Real Madrid, et donc d’élever le niveau de jeu de certaines équipes qui ont donc les ressources financières pour lutter avec les meilleurs équipes européennes. Ces ressources financières étant également accrues par une part importante laissé au sponsoring au point où le nom de certaines équipes pouvait être modifié comme le cas du Tau Vitoria qui a eu diverses appellations comme le Tau Ceramica ou le FC Barcelone qui s’est appelé le Axa Barcelone du nom de la compagnie d’assurance. Pendant 4 années d 2004 à 2008, Axa fut le sponsor de Barcelone. Si le partenariat s’est terminé, les objectifs pour la marque en termes de notoriété furent atteints : « AXA, sponsor principal de la section basket, après avoir atteint les objectifs de notoriété que l'entreprise s'était fixés lors de la signature de l'accord, a décidé de ne pas renouveler son contrat avec le 22 Barça. A partir de maintenant, le groupe AXA va orienter sa stratégie de sponsoring vers d'autres champs d'action, en mettant la priorité sur les actions liées à la responsabilité sociale corporative, centrées sur la prévention et la sécurité routière, le développement durable et la promotion de la culture. » Ainsi, le basket-ball peut être un sport suffisamment médiatique pour se développer et devenir un réel spectacle et un des sports majeurs en termes de diffusion mais également en termes de notoriétés pour ses sponsors. Comme preuve de son développement et de viabilité de son modèle économique, le FC Barcelone a affronté lors de matchs amicaux plusieurs équipes de la ligue américaine et a réussi à en battre trois : les Philadelphia 76ers d'Allen Iverson en 2006, les Los Angeles Lakers de Kobe Bryant double champions NBA en titre au cours du NBA Europe Live Tour le 7 octobre 2010 au Palau Sant Jordi (c'est la première fois qu'une équipe européenne battait l'équipe championne en titre de la NBA) et les Dallas Mavericks de Dirk Nowitzki, champions NBA 2011, le 9 octobre 2012 au Palau Sant Jordi à l'occasion encore une fois du NBA Europe Live Tour. La médiatisation des cadors européens sur la scène internationale était tellement importante que la NBA qui d’habitude s’intéresse essentiellement à son propre championnat a reconnu le niveau de l’équipe Espagnole et a été forcée de reconnaître que le niveau du basket européen avait progressé. Pour conclure sur le championnat espagnol : Nous avons un championnat qui s’est construit sur des bases solides avec des critères d’accessibilités exigeant mais nécessaire à un développement vers le haut. Pour réussir à respecter ces critères, une majorité de ces clubs sont des clubs omnisports comme le FC Barcelone ou le Real Madrid pour citer les plus connus et ont eu recours à des sponsors importants. La continuité dans ce championnat a permis d’en faciliter l’appropriation par les supporters, d’en fidéliser une partie qui sont devenus des fans des meilleures équipes. Cette fidélisation de la « clientèle » a permis de développer le merchandising et la vente de produits dérivés et par conséquent de créer les conditions pour avoir un basket médiatique et de haut niveau, à la fois dans son pays l’Espagne mais aussi à l’étranger. En effet, la liga ACB est également diffusée dans d’autres pays comme la France, alors que dans un même temps, la Pro A souffre d’un manque de visibilité et de reconnaissance médiatique. Après avoir analysé les causes du bon développement du basket-ball en Asie et en Europe, dans des pays où ce sport a connu une exposition médiatique importante, intéressons-nous à la ligue qui en termes d’impact médiatique reste une référence et où se pratique l’un des meilleurs baskets au monde : le championnat Américain et la NBA. 23 Le Championnat Américain : La NBA La NBA ou National Basketball Association est la principale ligue de basket-ball nordaméricaine. Nous pouvons également affirmer sans prendre de risques que cette ligue est la principale ligue de basket-ball du monde. En effet, à l’exception de quelques joueurs européens de talent que nous retrouverons dans ce championnat les meilleurs du monde. Nous retrouvons les meilleurs joueurs Américains évidemment tels que Lebron James, Kobe Bryant ou Kevin Durant, mais aussi les meilleurs joueurs étrangers tels que Tony Parker pour la France, les frères Gasol pour l’Espagne, pour n’en citer que quelques un. La NBA fut tout d’abord créée en 1946 sous le nom de BAA (Basketball Association of America). C’est en 1949, à la suite de la fusion avec la NBL (National Basketball League), que la ligue obtient son appellation définitive avec laquelle la ligue devint célèbre à travers le monde. Ce championnat diffère du championnat français dans le fait que nous sommes ici dans le cas d’une ligue fermée à l’inverse de notre championnat. La NBA comprend 30 franchises, réparties en deux Conférences : La Conférence Est et la Conférence Ouest. Chacune de ces conférences se décomposent en trois Divisions. Au terme d'une saison régulière comprenant 82 matchs, les 16 équipes qualifiées s'affrontent en séries éliminatoires également appelées playoffs. Les Finales confrontent la meilleure équipe de la Conférence Est contre la meilleure équipe de la Conférence Ouest. L'équipe qui parvient la première à remporter quatre matchs est nommée championne NBA et officieusement considérée comme championne du monde comme nous pouvons le lire dans les médias américains mais aussi étrangers. En effet, la NBA est considérée actuellement comme la plus prestigieuse ligue de basket au monde en termes de niveau de jeu, de spectacle, d'affluences et d'audiences. Il était donc inévitable de terminer cette revue du basket-ball dans le monde avec la ligue de basket faisant référence dans le milieu. C’est d’ailleurs l’une des seules compétitions de basket-ball qui utilise la silhouette d’un de ses joueurs pour la présentée. En effet, la NBA est tellement médiatisée que ses joueurs sont élevés au rang de star mondiale et tout le monde connaît ou au moins déjà vue la silhouette de Jerry West grand meneur des Lakers de Los Angeles dans les années 1960 effigie du logo de la ligue nord-américaine. Cette analyse du championnat américain est d’autant plus intéressante qu’à l’origine la NBA a dû faire face à la concurrence de nombreuses autres ligues mais au cours du temps elle a toujours su faire face et surmonter ces obstacles. 24 A l’origine, la Basketball Association of America (BAA) est fondée le 6 juin 1946 à l'hôtel Commodore, à New York par les propriétaires des arènes de sport du Nord-Est et du Middle West des États-Unis. Maurice Podoloff est nommé président. Il faut savoir que la BAA n'est pas la première ligue de basket-ball créée aux États-Unis. En effet, il existe déjà la American Basketball League (ABL) ainsi que la National Basketball League (NBL). Cependant et c’est ce qui va faire la différence par rapport à ses concurrentes, la BAA est la première ligue à faire jouer ses équipes dans de grandes salles situées dans des villes importantes. Durant les premières années, la qualité du jeu de la BAA est équivalente à celles des autres ligues, ou du club indépendant des Harlem Globetrotters. Par exemple, les Bullets de Baltimore, finaliste de l'ABL en 1947, sont inclus dans la BAA et gagnent le titre en 1948. En 1949, ce sont les champions NBL de 1948, les Lakers de Minneapolis qui s'imposent en BAA. L'histoire retiendra que le premier match disputé en BAA, qui est donc l’ancêtre de la NBA telle que nous la connaissons aujourd’hui, oppose le 1er novembre 1946 les Huskies de Toronto aux Knickerbockers de New York, franchise communément appelée New York Knicks et donc toujours présente en 2014. C’est en 1949 et plus précisément le 3 août 1949, que la BAA accepte de fusionner avec l’une de ses concurrentes la NBL, et ainsi devenir la ligue la plus importante de basket-ball du moment aux Etats-Unis. Elle devient donc la National Basketball Association (NBA). La saison 1949-1950 peut donc être considérée comme la première saison de l'histoire de la NBA telle que nous la connaissons. A ce moment-là, la NBA regroupe 17 franchises situées dans une série de villes, petites ou grandes, certaines jouant dans de grandes salles, et d'autres dans des gymnases. Nous sommes encore loin des localisations des franchises actuelles placées dans de grandes villes ou « grands marchés » comme disent les Américains. En 1950, la NBA décide de réduire le nombre d'équipes, le ramenant à 11. Poursuivant sur cette même logique d’élitisation de la ligue, la NBA atteint en 1955 le nombre record et historique de seulement 8 franchises. Ces huit franchises sont toujours membres de la NBA en 2014 (les Knickerbockers, les Celtics, les Warriors, les Lakers, les Royals/Kings, les Hawks et les Nationals/76ers). Ainsi, pendant que la NBA restreint le nombre de ses franchises, celles qui survivent et qui sont à l’origine installées dans de petites villes ou « small market » s'installent dans de plus grandes métropoles. C’est la raison pour laquelle, les Hawks quittent Tri Cities (aujourd'hui appelé Quad Cities) et s'installent à Milwaukee, puis à Saint Louis pour être actuellement installée à Atlanta, ville siège du géant Coca-Cola et antre des Jeux Olympiques de 1996. En parallèle, les Royals vont de Rochester à Cincinnati et les Pistons de Fort Wayne à Détroit. 25 Le premier logo de la NBA Fait très important comme nous avons pu le voir pour les autres championnats de basket : la continuité. Les Lakers qui étaient à l’époque basé à Minneapolis, sont la première franchise à construire une dynastie. Emmenés par leur pivot George Mikan, l’une des premières stars du championnat, les Lakers remportent cinq titres de champions en six ans (1949, 1950, 1952, 1953 et 1954). GEORGE MIKAN Au jour d’aujourd’hui, les Lakers de Los Angeles et non plus de Minneapolis restent l’une des principales équipes de la NBA et connu dans le monde entier grâce aux légendes du basket qui y ont joué. Ainsi, l’un des premiers constats du succès de la NBA fut de faciliter la lisibilité du championnat grâce à des franchises saines évoluant dans des grandes villes assurant ainsi le positionnement de la NBA sur des « Big Markets » et qui ont ainsi pu établir une distinction entre les équipes dominantes de la ligue et les autres. Voilà déjà deux points majeurs du succès de la NBA : des finances solides ainsi qu’une compréhension simplifiée du spectateur lambda. Un autre point principal du succès de la NBA c’est sa notion du spectacle et du show, et cela depuis ses débuts. 26 En effet, pour encourager à shooter et dynamiser le jeu, la règle des 24 secondes est instaurée en 1954. Ainsi, si une équipe ne tente pas de tir alors qu'elle a le ballon en main depuis 24 secondes, le jeu est arrêté et la balle rendue à l'adversaire. En effet, cela fait suite à un match NBA conclut par le score de 19-18 entre les Fort Wayne Pistons et les Lakers de George Mikan. Les Pistons n’avaient trouvé que cette solution pour réussir à neutraliser l’impact de Mikan en confisquant le ballon durant une grosse partie du match. On peut aussi constater cette notion de spectacle, à travers la scénarisation de la ligue. En effet, la NBA est reine pour mettre en avant ses joueurs et les élever au rang de star, et même d’idole pour les meilleurs. En effet, Michael Jordan est connu sur la planète entière, idolâtré par tous les fans de basket-ball et est même aujourd’hui une marque à succès de Nike. En parallèle dans les années 60, les franchises continuent de se déplacer vers des villes plus grandes et donc des marchés plus lucratifs en termes de possibilités de merchandising. Ainsi, les Lakers quittent Minneapolis et s'installent à Los Angeles, les Warriors de Philadelphie déménagent à San Francisco et les Nationals de Syracuse à Philadelphie. De plus, de nouvelles équipes sont intégrées. En 1967, la NBA doit faire face à un nouveau concurrent : la ABA (American Basketball Association). Les deux ligues se déclarent la guerre des talents. La NBA récupère le meilleur joueur universitaire de sa génération, Kareem Abdul-Jabbar (connu alors sous le nom de Lew Alcindor), qui, avec Oscar Robertson, emmènera les Bucks de Milwaukee au titre dès sa deuxième saison, et qui plus tard remportera cinq titres avec les Lakers de Los Angeles. Mais d’un autre côté, l’ABA arrive à attirer dans ses filets le meilleur marqueur de la NBA, Rick Barry. Cette dernière arrive également à attirer d’autres stars, tel que Julius Erving. Elle y arrive en partie grâce au fait que les équipes ont le droit d'engager des undergraduates (étudiants de premier cycle). La NBA a depuis revu son règlement et les équipes peuvent également sélectionner des joueurs n’ayant jamais mis les pieds à l’université. La NBA arrive malgré tout grâce à sa stratégie de conquête des « big markets » à se développer. Après la saison 1975-1976, les deux ligues se mettent d'accord : l'ABA disparait, mais quatre de ses franchises sont incluses dans le championnat NBA : les Nets de New York, les Nuggets de Denver, les Pacers de l'Indiana et les Spurs de San Antonio. La NBA compte alors 22 franchises. Les années 1990 peuvent être considérées pour la NBA comme l’ouverture de la NBA à l’international et la sacralisation de ses joueurs majeurs. En effet, c’est lors des JO de 1992, que la fameuse Dream Team des JO 1992, incluant les meilleurs joueurs NBA de l’époque tels que Michael Jordan, Larry Bird, Magic Johnson, Charles Barkley et beaucoup d'autres 27 affronte et écrase l’ensemble de ses adversaires démontrant ainsi par l’exemple la supériorité des joueurs évoluant en NBA. Même si la ligue nord-américaine avait déjà acquis sa réputation, nous retrouvons aussi une autre étape que nous avons mise en avant pour les autres championnats, à savoir de bons résultats de son équipe nationale. En « interne », la NBA connait sa première expansion à l'étranger en 1995, et plus précisément au Canada, avec la création des franchises des Raptors de Toronto et des Grizzlies de Vancouver. Durant la saison 2001, les Grizzlies déménagent à Memphis, les Raptors devenant la seule équipe de la ligue à être située en dehors du territoire des ÉtatsUnis. Aujourd’hui avec la création de la franchise des Bobcats de Charlotte, la NBA possède en son sein 30 équipes permettant ainsi l’accumulation des matchs et donc la hausse du chiffre d’affaires de la ligue et de ses franchises (droits TV, Billetteries, Merchandising…). La NBA est également un modèle en termes de communication et promotion de son sport. En effet, la ligue possède un site internet, NBA.com qui fait partie des sites les plus visités au monde. C'est notamment grâce à ce portail que les fans du monde entier peuvent, depuis 2003, voter pour élire les joueurs participants à l’All-Star Game et ainsi rendre cet évènement, summum du show à l’américaine encore plus interactif et accessible aux internautes du monde entier. Ce site est décliné en plusieurs langues avec des portails par pays, axés essentiellement sur les joueurs nationaux et leur actualité, s'adaptant ainsi à l'arrivée massive des joueurs internationaux en NBA. La NBA possède aussi depuis 1999, la chaîne NBA TV. Elle consacre ses programmes au basket-ball et diffuse des rencontres de la NBA en direct, des grandes rencontres du passé, des informations quotidiennes sur le basket-ball, la vie des équipes NBA tout au long de la saison, des reportages sur les joueurs, leurs vies hors des parquets, des talk-shows. Les programmes sont produits par NBA Entertainment. Elle diffuse ses programmes dans près de 40 pays. 28 Et pour finir concernant sa couverture médiatique, la NBA et la société de radio par satellite Sirius ont signé un accord de partenariat en 2005 pour créer NBA Radio. Cette station diffuse, 24 heures sur 24, près de 1000 matches en direct chaque année, des magazines, des grandes rencontres du passé. Ainsi ce championnat est la référence dans le monde du basket-ball en termes de couverture médiatique. Pour conclure sur le championnat américain, on peut dire qu’en exploitant son championnat et ses équipes comme des produits destinés à faire du spectacle, la NBA a réussi à faire de son championnat un business rentable, suivi sur la planète entière et extrêmement compétitif. C’est cette notion très axée sur le business qui est à noter par rapport aux autres championnats que nous avons étudiés. Nous retrouvons évidemment comme base pour le développement du championnat : -Des clubs avec une structure solide -une continuité dans les résultats pour faciliter la compréhension du championnat (les bons, les mauvais…) -une équipe nationale de haut niveau ce qui attise l’intérêt du spectateur. Enfin ce qui fait sa force : -la créativité et l’ingéniosité pour développer le spectacle lors d’un match (règle des 24 secondes, ligne des 3 points, All Star Game…) -La mise en scène avec des duels de légendes et la création d’idoles (Jordan, Bird, Magic Johnson…) -La notion centrale du business et la recherche de « big market » qui lui a permis de faire face à la concurrence et de se développer pour en être là où elle en est aujourd’hui. La NBA est devenue l’une des plus grandes ligues professionnelle tous sports confondus au monde et une référence en termes de visibilité, ce qui manque cruellement au championnat français. 29 Les points faibles du basket Français Après avoir présenté le Basket Français aussi bien chez les amateurs que chez les professionnels, ainsi qu’étudié le fonctionnement de championnats de pays où le basket est un sport médiatique, nous allons nous intéresser dans cette partie à ce qui ne va pas dans le basket-ball Français ou tout simplement ce qui semble être un frein à son essor dans notre pays. Dans un premier temps, nous intéresserons au fonctionnement du basket à partir de la base c’est-à-dire le basket amateur puis nous analyserons le manque de visibilité du basket-ball professionnel en France. Enfin nous terminerons cette partie par une analyse des clés de la réussite de deux autres sports très populaire en France : le Football et le Rugby. a. Au niveau amateur D’après un proverbe Mongol; “pour bâtir haut, il faut creuser profond”. Afin de pouvoir monter haut, il faut donc tout d’abord s’assurer que les bases, les fondations sont solides. Nous pouvons parfaitement l’appliquer à notre problème ici: les difficultés du basket professionnel Français. C’est pourquoi nous allons tenter de voir si les difficultés du basket professionnel ne seraient pas en partie liées à celles du basket amateur, ou vice versa. Nous avons dans un premier temps dressé un portrait plutôt flatteur du basket amateur en France. Malheureusement, tout n’est pas parfait et il reste encore beaucoup à faire pour développer le basket à ce niveau. Pourtant, la réussite du basket professionnel passe par une certaine réussite du basket amateur. On retrouve par ailleurs des similitudes entre les difficultés au niveau amateur ainsi qu’au niveau professionnel. Une de ces difficultés réside dans le manque d’infrastructures. Au niveau amateur, on remarque en effet que dans plusieurs régions de France, notamment dans celles qui ont un nombre important de licenciés tels que la Ligue des Pays de la Loire ou bien Rhône-Alpes, la pratique du basket est loin d’être évidente. Les infrastructures se vont vieillissantes, quand elles existent, et les clubs ont de plus en plus de mal à trouver un gymnase digne de ce nom pour permettre à leurs adhérents de pratiquer leur sport. Il faut également ajouter à cela que le basket n’est pas le seul sport à se jouer dans un gymnase, or les villes et communes ne sont pas en mesure d’attribuer une salle par activité; les créneaux doivent être partagés entre les différents clubs, sports et parfois même avec les écoles ou collèges avoisinants. Les clubs se voient parfois obligés de refuser des inscriptions ou de les mettre sur une liste d’attente. La solution pour eux pourrait être de créer des équipes en plus: mais où s'entraîneraient-elles et sur quels créneaux ? Nous sommes donc dans un cercle vicieux; le basket veut continuer de se développer, attire des pratiquants mais ne peut pas tous les satisfaire. Ceci peut paradoxalement engendrer un désintéressement, que ce soit chez les plus jeunes ou les plus anciens qui souhaitent continuer à pratiquer leur passion. Or ce désintéressement peut être préjudiciable pour le basket professionnel et entraîner, en plus du désintéressement de la pratique, celui du sport en luimême. Qui plus est, de nombreuses activités vont leur apparition et viennent concurrencer le basket en sport d’intérieur: en effet, avec l’essor que connaît le futsal ou bien le badminton, ce sont autant de sports avec qui partager les créneaux mais aussi les pratiquants. De plus, outre les sports qui concurrencent directement le basket en utilisant les mêmes infrastructures, d’autres activités émergent et peuvent être considérés comme concurrents, 30 plus ou moins indirects, du basket et notamment le “Football à 5”, souvent appelé “Urban Football”. Ce type de football se joue à 5 contre 5 sur un terrain grand comme un terrain de tennis, souvent à l’intérieur. Apparu dans l’hexagone en 2005 suivant le modèle britannique, cette activité a connu un essor fulgurant dans les années suivantes: en 2010, on dénombrait déjà plus de 70 centres (pour plus de 260 terrains) en France et plus et atteignait les deux millions de pratiquants. Le fonctionnement est simple: les pratiquants réservent un ou plusieurs terrains pour une certaine durée et y accèdent librement pendant ce créneau. Dans certains centres, les terrains sont même équipés de caméras filmant les matchs: les joueurs peuvent donc regarder leurs exploits en aval sur You Tube. Très présents en Ile-de-France, ces centres permettent à de nombreuses personnes, d’univers très différents de pratiquer leur sport sans certains de ses désavantages: il ne faut plus 22 joueurs, 10 suffisent. De plus la plupart des centres étant en intérieur et couvert, les conditions climatiques ne sont plus un problème. Ces centres urban ne sont qui plus est pas implantés au hasard; en Ile-de-France par exemple, un centre a ouvert à Nanterre Préfecture, non loin de la Défense, afin d’attirer les salariés des sièges des entreprises internationales non loin. Dans cette mesure, il devient maintenant presque plus facile de faire du foot que du basket alors que cela aurait semblé impossible il y a quelques années. Le basket doit donc faire face à cette hausse de la concurrence. Tandis que ces nouveaux sports apparaissent avec des nouvelles infrastructures, on remarque donc que cette insuffisance résulte d’une absence de politique nationale de renouvellement des équipements sportifs, face au vieillissement de la plupart. Comme l’expliquait JeanChristophe Buiron, un président de club: "A l'échelle nationale, il y a un gros vide en termes d'infrastructures pour les professionnels. C'est évident que si la démarche n'est pas faite avec les clubs pros, elle ne peut logiquement pas l'être non plus avec les clubs amateurs." En effet la France a accumulé un très gros retard au niveau national ainsi qu’européen quant aux infrastructures: tandis que l’ACB, la Ligue Espagnole compte 15 salles de 5000 places ou plus, la France n’en a que 7. Contrairement à nous, les autres ligues majeures imposent aux clubs une certaine capacité pour leurs salles: en effet, à partir de la saison dernière, tout club de 1ère Division, aussi bien en Italie qu’en Espagne, devait se doter d’une salle de plus de 5000 places. La Pro A est très loin de ce chiffre quand on voit, par exemple, la capacité de 1594 places de la salle de la JSF Nanterre. Lors de l’attribution de l’organisation des Mondiaux de Basket qui auront lieu cette année, la France avait dû retirer sa candidature du à ce manque d’infrastructures car elle ne pouvait répondre au cahier des charges fixé par la FIBA. A l’époque de la création des infrastructures actuelles, l’objectif prioritaire était de construire à moindre coût, au détriment des aménagements, tant pour les supporters que pour les VIP ou bien les médias pour d’éventuelles retransmissions TV. Les besoins et les normes ont changés et évolués, mais pas les structures. Pour en revenir aux clubs amateurs, la situation économique actuelle n’est pas non plus en leur faveur. En effet, avec la baisse des subventions publiques, qui sont en très grande partie la base de revenus d’un club, le développement des partenariats privés est devenu le nerf de la guerre. Or, les entreprises sont de plus en plus sollicitées et il devient donc de plus en plus difficile d’attirer des partenaires à ce niveau-là: les entreprises, mis à part les petites entreprises locales, ne sont pas spécialement intéressées par ces partenariats avec des clubs de petite ou moyenne taille. Les revenus sont donc revus à la baisse pour la plupart des clubs, tandis que les dépenses se maintiennent. Par exemple pour un club ayant une équipe en Nationale 2 (soit le 4ème niveau à l’échelle nationale), certains joueurs sont rémunérés. Cela implique de payer des joueurs (et un ou des entraîneurs suivant leurs qualifications) tout en 31 offrant la possibilité aux équipes de plus bas niveau d’exister et de bénéficier d’entraînements et d’enseignements de qualité. Problème qui deviendra récurent et beaucoup plus important au fur et à mesure que des équipes progressent dans les championnats et gravissent des échelons. Il est donc de plus en plus difficile pour un club amateur de se professionnaliser. Attention cependant, quand on parle de professionnalisation dans ce cas-là, cela ne veut pas forcément dire développer une équipe professionnelle et jouer en Pro A ou en Pro B. Par professionnels du sport, nous entendrons tous ceux qui maîtrisent des compétences, spécialisées dans la production et la gestion de la performance sportive dans le cadre institutionnalisé qu’est le club. Il convient ensuite de distinguer ceux qui sont rangés dans la catégorie strictement sportive (sportifs bien entendu mais aussi entraîneurs, préparateurs physiques, staff médical, directeurs sportifs, directeurs techniques, agents, etc....) et ceux qui appartiennent à des catégories plus “administratives”, comme ceux qui relèvent des fonctions supports d'une organisation: l’administration, le marketing, la trésorerie et la finance, la communication interne et externe. Il n’y a en effet pas que les sportifs professionnels qui permettent à une équipe / club d’aller loin. De nombreux acteurs interviennent et leur management est trop souvent considéré comme secondaire; or il est essentiel afin de s’inscrire dans un contexte de haute performance. On le voit par exemple avec l’attribution des invitations de la LNB, qui ne se contentent pas seulement des résultats sportifs, mais qui analyse tout le projet à moyen et long terme autour de ceux-ci. Ces invitations ont d’ailleurs été la cible de beaucoup de critiques parmi les fans de basket en France. Ils ne se sont cependant pas intéressés aux différentes raisons qui ont valu aux deux clubs de bénéficier de ces wildcards: c’est à dire leur projet. Certes leurs résultats sportifs (du moins pour Rouen) n’ont pas été excellent cette saison là, mais la LNB a su voir le potentiel du club. Par exemple, rien qu’avec sa salle, la Kindarena, récemment construite (inauguration en 2012) qui peut accueillir de 4500 à 6000 personnes. Outre la nouveauté des locaux, on y retrouve également des espaces dédiés aux VIP, des salons de réception, une salle de musculation etc…: tout ce qui manque cruellement dans les différentes salles de Pro A actuellement. Les clubs souhaitant se professionnaliser, ont donc comme objectif premier la performance sportive. Ils cherchent à modifier leur structure organisationnelle ou économique pour que tout puisse converger à la réussite sportive. Les institutions du sport se professionnalisent, afin de pouvoir offrir le meilleur cadre possible à l'épanouissement sportif. Or, cela passe par le recrutement de personnes pouvant aider et compléter le travail de l’entraîneur: assistant technique, préparateur physique parfois préparateur mental, kinésithérapeute et/ou un ostéopathe etc., ce qui commence vite à peser sur les finances du club. Il est cependant essentiel, de nos jours, d’avoir de telles équipes pour espérer avoir une répercussion sur les résultats sportifs. Comme l’a écrit Béatrice Barbusse dans Le management des professionnels du sport: le cas d’un club de handball (2006): “[...] autour de ces sportifs qui produisent de la performance, le cercle des acteurs intervenant auprès d'eux s'est également élargi en raison des exigences de la compétition. On trouve ainsi des entraîneurs (généraux ou spécifiques), des directeurs sportifs, des médecins, des kinés parfois des ostéopathes, des préparateurs physiques, des préparateurs mentaux, des psychologues et bien sûr des agents. Plus le sport ou l'athlète est professionnalisé et plus son entourage est fourni. » Pour prendre un exemple concret, on peut parler du BC Orchies qui était, pour la saison 2007/2008 en Nationale 3. Le club s'est doté d'une structure sportive ambitieuse avec: un entraîneur et un assistant, un kinésithérapeute, un préparateur physique, un caméraman, un statisticien ainsi qu’un assistant logistique. Le club avait également sous contrat l'ensemble des dix joueurs composant son effectif ; transformant ainsi ses joueurs de haut niveau en 32 joueurs professionnels. A la fin de la saison, Orchies finit 1er de sa poule et remporte le titre de Champion de France de Nationale 3. Deux ans plus tard, le club finit 1er de sa poule en NM2 et atteindra finalement la Pro B pour la saison 2013/2014. Il devient donc très difficile pour les clubs amateurs de devenir compétitifs à partir d’un certain niveau: plus celui-ci augmente, plus il exige d’argent et de facteurs extra-sportifs que les clubs et les équipes peinent à obtenir. Pourtant, le basket amateur est la clé de voûte du basket professionnel: c’est le vivier qui fournit ce dernier en joueurs et talents. Or cette difficulté à se professionnaliser et à pouvoir offrir aux joueurs un cadre toujours plus adapté au sport de haut niveau peut décourager certains jeunes joueurs à fort potentiel qui n’ont pas acquis la maturité suffisante. Dans le meilleur de cas, ces derniers décident de gagner des institutions comme l’INSEP ou les centres de formation des clubs professionnels, mais la concurrence y est beaucoup plus relevée et les conditions au sport professionnel sont très contraignantes. Certains choisiront également de gagner le niveau intermédiaire; c’est à dire un des échelons de la Nationale, qui ne faut cependant pas sous-estimer: les contraintes sont, dans certains clubs, aussi présentes que dans les clubs professionnels, tout comme certains avantages comme la rémunération. On parle dans ce cas-là “d’amateurisme marron”. Cet amateurisme, c'est le système de rémunération, hors de portée de l'Etat. “L'amateurisme « marron » est une forme inavouée de professionnalisme qui se caractérise par le versement aux sportifs experts de sommes d'argent hors de tout contrôle juridique et institutionnel.” Stummp et Gasparin dans Les conditions sociales d'émergence du volley-ball professionnel. De l'espace nation au club local, 2003) C'est ce qui se passe dans la majorité des clubs de NM2, NF1 et dans la très grande majorité des cas en NM3 et NF2. Ce phénomène n'est pas nouveau et existait au sommet de la hiérarchie sportive bien avant la professionnalisation; et qui a descendu petit à petit les échelons pour descendre jusque dans les niveaux régionaux. Un marché officieux qui peut permettre aux joueurs issus des structures professionnelles de se voir verser des allocations telles que le chômage ainsi que des versements non déclarés par le club amateur qui les « emploie ». Ce phénomène accroît fortement l'activité économique associative et se voit verser aux titres de remboursement de frais de déplacement. Le problème réside dans les abus et notamment par la présence d'américains, qui peuvent être rémunérés jusqu'à 4.000€ de manière totalement frauduleuse afin de faire profiter l’équipe et le club de leur talent. Cette première étape vers la professionnalisation peut certes être une marche en avant pour le club dans sa dimension sportive mais amène de nombreux bouleversements organisationnels: il implique notamment une rationalisation des finances du club. Nous retrouvons donc le même constat qu’auparavant: si le club choisit d’investir dans joueur étranger, il devra se priver d'un encadrement technique autour des joueurs et aura plus de difficultés à assurer le fonctionnement des autres secteurs du club: des sacrifices risquent donc d’être faits au détriment des équipes plus jeunes ou de plus bas niveau. Il bloque également la professionnalisation générale du club en empêchant, par exemple, la rémunération de l'aspect secrétariat, comptabilité et tous autres domaines administratifs. De plus, le fait que des clubs de Nationale cherchent à récupérer des joueurs étrangers bloquent nos jeunes joueurs français qui ont un potentiel tout aussi important, mais qui sont moins reconnus. L’accès à ces clubs n’est donc pas si aisé que ça et dans de nombreux des cas, ils choisiront d’arrêter tout simplement le basket et de se tourner vers une pratique plus loisir de ce sport. Qui plus est, dû à la forte compétitivité des nouveaux joueurs et de la volonté des 33 clubs d’augmenter leurs résultats sportifs par leur arrivée, l’intensité des entraînements et des matchs est décuplée: il devient difficile de concilier la pratique sportive, qui accapare beaucoup de temps aux études, surtout lorsque cette pratique n’est pas rémunérée. Il faut donc choisir entre la pratique intensive qui ne rapporte cependant rien, ou les études, au détriment du basket, comme nous a expliqué Earvin Perroni lors d’une interview (disponible en annexe), jeune basketteur français qui sera dans une université américaine l’an prochain: “La voie française, à partir d’un certain niveau, t’empêche de joindre études et basket” On remarque ainsi que les jeunes athlètes sont dès le plus jeune âge poussés vers ce basket américains; non seulement par la réputation de ce dernier mais également par le manque d’organisation du côté français. Ces jeunes joueurs sont ainsi malgré eux de plus en plus conditionnés à n’aspirer qu’au basket universitaire (NCAA) afin d’être le plus près possible de la NBA; car ce sont en effet ces jeunes joueurs qui sont le plus souvent datés (sélectionnés) par les franchises NBA dans les premières places. Ces dernières faisant beaucoup plus confiance à la formation de leur pays plutôt qu’aux formations européennes. Le basket universitaire américain est d’ailleurs extrêmement développé; et est souvent plus suivi aux Etats-Unis que le basket professionnel, comme le montre un sondage de ESPN de Mai 2014 (le total des votes étant de 15 286). La question était la suivante: “Qu’est-ce que vous préférez regarder ? NBA ou NCAA”. Au niveau des Etats-Unis, 67% ont voté pour la NCAA contre 33% pour la NBA. Même au niveau international on retrouve presque la même proportion avec 61% pour la NCAA contre 39%. On peut donc remarquer l’immense popularité dont joui le basket universitaire américain dans le pays mais également au niveau international. Malgré les différents avantages du basket en France, et du basket amateur, ce dernier connaît quelques difficultés à se professionnaliser, ce qui peut s’avérer, dans une certaine mesure, un problème pour le basket professionnel. Les deux ont en effet besoin l’un de l’autre pour se développer car nous le savons, il faut une base pour avoir une élite; cependant une fois que nous avons l’élite, il faut développer la base, c’est une sorte de cercle vicieux car plus l’élite est forte, plus elle attire à la base et pousse au développement. Plus on aura de capacité d’accueil pour le sport professionnel et le haut niveau, plus les clubs amateurs pourront être mobilisés pour les soutenir, ce qui donnera envie aux gens de pratiquer et de consommer le basket. 34 b. La visibilité du basket-ball professionnel Français « Si j’étais président de la ligue, je ne sais pas comment je ferais», disait Tony Parker concernant la difficile promotion du Championnat de France de Pro A, la première division masculine, dont les meilleures rencontres seront diffusées par le groupe Canal En effet, aucun match de Pro A, le championnat d’élite du basket-ball français n’est diffusé en clair. Autrement dit, il faut s’abonner à une chaîne payante pour pouvoir suivre du basket français. C’est un défi d’autant plus relevé que la Pro A doit faire face à la concurrence de la NBA diffusée par Bein sport depuis 2012. Ainsi, le fan de basket-ball doit s’abonner à Canal+ chaîne réputé pour le football, le rugby et le cinéma mais qui ne se sert au final de la pro A que pour tenter de résister aux assauts de la chaîne qatarie dans l’univers du sport qui a récupéré la ligue de basket la plus médiatisée au monde. Ce choix devient d’autant plus cornélien que pour suivre le championnat considéré comme le plus fort et le plus intéressant au monde il devra s’abonner à une autre chaîne qui proposera plus de match de basket que le groupe Canal. Autrement dit, avec Bein Sport, le fan consommera plus de basket et de meilleure qualité. Pire pour notre basket national, le 1er novembre 2012, Be in Sport conclut donc à la surprise générale un accord avec la Ligue américaine de basket (NBA) pour s’offrir les droits de sa retransmission télé. Cependant, dans ce jeu de négociations, la chaîne qatarie qui a récupéré sur son passage football, rugby et handball n’a pas tenté d’obtenir la diffusion de la Pro A. Pour Fabrice Auclert, journaliste sportif rédacteur en chef de Basket USA, ce manque de médiatisation de la part des médias pour le basket français est la conséquence d’un calcul entre l’offre et la demande : « Le foot et le rugby passionnent et ça devient un cercle vicieux dans l’agenda télévisuel. Pour inverser la tendance, il faudrait prendre des risques et imposer du basket en prime time sur de grandes chaînes. Mais ce serait se couper de l’audience et donc de revenus. » Le basket français semble donc être victime de la dure loi du marché, et c’est sans doute ce qu’il manque à notre championnat : se considérer plus comme un produit marketing, un spectacle, plutôt que tout simplement comme l’échelon le plus élevé d’un sport pratiqué par des millions de personnes. C’est d’ailleurs dans cette optique que la LNB a été créée afin de gérer les deux ligues professionnelles. Seulement là où nous avons 13 salariés à temps plein qui vont s’occuper de la gestion de deux ligues professionnelles, nous avons une cinquantaine de salariés qui s’occupent exclusivement de la ligue Endensa de l’autre côté des Pyrénées. Voici une analyse de la médiatisation de l’élite du basket français. On peut diviser la médiatisation du basket-ball dans les médias français en trois grandes périodes. La première débute en 1987, et correspond à la date de création de la LNB, avec une période où l’on rêve de grandeurs pour le basket français. 35 Cependant ces rêves seront vite étouffés en 1994 par une « ghettoïsation » télévisuelle progressive ; quant au retour du basket sur France Télévisions et à l’arrivée sur Pathé Sport en 1999, ils pourraient bien constituer, avec quelques années de recul, les « derniers soubresauts » précédant la mort clinique du basket télévisé qi survit malgré tout aujourd’hui grâce au groupe Canal. En 1970, nous sommes toujours avant la première grande époque mentionnée précédemment mais c’est une date importante à retenir car on voit l’apparition du premier périodique basket avec L’Equipe Basket Magazine. En 1974 ce dernier est rejoint par Basket Hebdo et Basket Hebdomadaire puis la lettre Micro Basket en 1976. En 1982, alors que L’Equipe Basket Magazine, Basket Hebdo, Basket Hebdomadaire et Micro Basket ont déjà cessé de paraitre, Maxi Basket est créé. Etant peu exposé médiatiquement, la Fédération Française de Basket-Ball (FFBB) n’hésite pas à payer la télévision en 1985 pour que son Tournoi de Noël soit diffusé à la télévision. Nous voici donc en 1987, date de création de la LNB mais aussi du premier contrat de droits TV du basket-ball avec la télévision public. Il prévoit une quinzaine de rencontres de championnat par saison en direct sur Antenne 2 l’ancêtre de France 2. A ce moment-là, le basket-ball est vu comme le sport des jeunes du prochain millénaire. En 1988, on a même droit sur TF1 à la retransmission du Final Four du championnat de basketball universitaire américain National Collegiate Athletic Association, plus connu sous le nom de NCAA. Le match Limoges-Badalone diffusé également en 88 est suivi par 2 millions de téléspectateurs malgré une diffusion tardive (après minuit). VICTOIRE DE LIMOGES La venue de Michael Jordan à Paris en 1990 montrera aux médias, la popularité du basket américain. Souhaitant surfer sur cette vague, trois nouveaux magazines sont édités l’année suivante : Mondial Basket, 5 Majeur et Basket. En 1990 le basket sur la chaîne publique fait toujours de l’audience et réunit 1,5 à 2 millions de téléspectateurs pour 20% de parts de marché. En plus de ces belles audiences, finit en apothéose avec la finale du championnat d’Europe de 1993 qui voit les français de Limoges s’imposer face aux italiens de Trévise devant 4,95 millions de téléspectateurs pour 29,3% de part de marché en première partie de soirée sur le réseau France Télévisions. Bien que programmé à la hâte la veille, le score obtenu par cette rencontre fut remarquable. Cependant, à partir de 1994, nous rentrons dans la période que nous qualifierons de « ghettoïsation télévisuelle » pour notre championnat. 36 A cette date le basket quitte progressivement les chaînes gratuites pour être dispatché d’une chaine payante à une autre : Canal+, Canal Vert, TV Sport, Eurosport, Pathé Sport... Le 1er Octobre 2000, l’équipe de France s’incline face aux Etats-Unis 85-75 en finale des jeux olympiques de Sidney. Le match a ainsi été suivi par 400 000 personnes qui s’étaient levées pour voir le match à quatre heures du matin. Lors de l’année suivante, les quatre retransmissions de matchs de la saison 2001-2002 de Pro A programmée sur le réseau hertzien enregistrent une faible audience moyenne de moins 600 000 personnes c’est-à-dire l’équivalent de 7,3% de part d’audiences ou le 1/3 des résultats obtenus dans les années 90 lors de l’apogée d basket en France. A la suite de ce marasme, le groupe France Télévisions se retire des diffuseurs de Pro A en 2002. Avec l’arrêt des diffusions de France Télévision ce sont 685 000 euros de droits TV qui ne vont plus dans les caisses de la LNB. Pathé Sport rebaptisé Sport+ propose alors 520 000 euros pour les deux saisons suivantes. Le contrat précédent totalisait 1,68 millions d’euros. C’est donc un gros pas en arrière pour la LNB, qui faute d’offres concurrente fut contrainte d’accepter, malgré que l’offre de la chaîne sportive de Canal+ divisa par cinq les droits du championnat de France. Le groupe Canal propose ainsi 25 rencontres de championnat mais sur une chaine accessible pour seulement 2,8 millions de foyers abonnés au câble ou au satellite. Le basket français passe par la même occasion en dessous du seuil acceptable de visibilité télévisuelle pour attirer les sponsors de premier rang. En parallèle, Tony Parker qui peut être considéré comme le plus grand joueur Français de tous les temps, arrive dans le plus célèbre des championnats de basket, la NBA en 2001. Deux ans plus tard, il gagne son premier titre NBA avec son équipe des San Antonio Spurs. Lorsqu’il explose à la face du monde, les médias français le propulsent nouvelle icône du sport français. Tout le monde gagne ou pense avoir quelque chose à gagner dans l’engouement médiatique autour de ce joueur considéré par une étude réalisée par l’Equipe à cette époque comme jeune, disponible, plutôt mignon, sain et cool puisqu’il joue au basket». 37 A la suite de son sacre NBA, cette dernière prend de l’ampleur dans le quotidien sportif de référence L’Equipe. La machine médiatique est alors lancée puisque des journaux tels que Le Monde mais aussi France soir, Le Figaro, le JDD, mais aussi VSD, Paris Match, France Inter, RTL et France Info abordent un sport auparavant anecdotique. Dans la foulée, Tony Parker ou « Tipi » se lance même en radio sur RMC pour une heure hebdomadaire avec l’émission portant son nom : le Tony Parker show. Avec Tony Parker, les médias sportifs et grands publics s’intéressent désormais au basket-ball. Malheureusement, cela n’a pas forcément d’impact sur le basket français puisque la Pro A revenue sur France Télévision à travers sa finale opposant Strasbourg à Nancy en 2005 un dimanche après-midi, peine à atteindre les 400 000 spectateurs d’audience. C’est la dernière fois que du basket français est proposé sur une chaine gratuite. Même Tony Parker se retire des médias français puisque le Tony Parker show s’arrête en Avril 2007 après trois saisons pleines. Le relais sur RMC sera pris uniquement le week-end par une chronique hebdomadaire de moins d’une heure du nom de RDV Basket. Comme nous l’avons constaté le basket français se porte mal mais pas seulement. En effet, même le basket de Tony Parker c’est-à-dire la NBA connaît quelques difficultés en France. En Décembre 2008, la chaine NBA TV qui prenait le créneau nocturne de Sport+ en fin de soirée pour diffuser des matchs NBA s’arrête car le groupe qui diffusait la chaine n’a pas souhaité continuer à payer pour conserver les droits de diffusion du championnat américain. La déclaration officielle de NBA TV tant que pour eux, ce produit d’appel « ne constitue pas un vecteur d’abonnement suffisamment fort ». C’est l’argument principal avancé par ceux qui pensent que ce sport n’est plus qu’un sport de niche incapable de réunir une audience suffisamment large pour le réseau hertzien. Malgré tout, nous retrouverons bien une trace de basket sur le réseau hertzien en 2009 avec la finale de championnat d’Europe remportée par l’équipe de France féminine mais cela reste anecdotique. Cependant nous rentrons dans une nouvelle ère. En effet, avec l’arrivée dans le panorama des chaines diffusées en France de Bein Sport, le basket américain sera nettement plus diffusé puisque lors de la saison de NBA un match de basket sera retransmis tous les soirs, et il y a également des résumés quotidiens et une émission hebdomadaire consacrés à la grande ligue américaine. JACQUES MONCLAR CONSULTANT BEIN SPORT 38 En parallèle, la pro A a une carte à jouer. En effet, la victoire de la France aux championnats d’Europe en 2013, a été très suivie sur France 4 et extrêmement relayé sur les réseaux sociaux. Autrement dit, l’équipe nationale de basket a attiré l’attention du grand public. Le match a permis à la chaine de survoler les autres chaines de la TNT dans la course aux audiences. La victoire des Bleus, 75 à 72 a permis à France 4 de réunir 1,3 million de téléspectateurs, soit 5,6% de parts d'audience, et 2 millions d'amateurs de basket ont suivi la prolongation. Dans le même temps, Twitter a pris feu avec pas moins de 70 500 tweets échangés durant le match, jusqu'à la dernière seconde de jeu. Aujourd’hui Internet a pris une dimension importante et il est également important de prendre en compte de noter l’influence croissante du basket 2.0 En effet, avec le marché de la presse en déclin depuis l’éclosion d’Internet et une télévision publique qui n’est pas intéressé par le basket-ball, le web semble être le relais médiatique de premier choix pour toucher un large public rapidement à un moindre coût. Un rapide tour sur la toile suffit à constater l’effervescence des discussions et commentaires sur les sites web, blogs et forums consacrés à ce sport. C’est sans aucun doute de ce côté-là qu’il va y avoir une carte à jouer dans les prochaines années pour toucher un public jeune et habitué d’Internet. Reste à savoir comment mettre en place un modèle rentable permettant un bon retour sur investissement. En attendant, pour essayer de faire parler du basket français, la fédération de basket utilise une politique de communication évènementielle. En effet, elle cible des évènements au cours de l’année comme le All-star game LNB, la Semaine des As ou encore la finale du championnat de Pro A afin d’avoir une fenêtre médiatique sur les grands médias nationaux et les télévisions qui ne viennent pas forcément au quotidien dans les gymnases de basket. On peut dorénavant cibler les principaux freins à la médiatisation de ce sport si pratiqué. Tout d’abord, le manque de culture basket qui règne en général en France comparé aux autres pays pratiquants de basket comme les Etats-Unis où le sport en général et le basket en particulier est une tradition et qui fait du tort à la discipline en France. PLAYGROUND AMERICAIN Par exemple, pour illustrer ce constat, en Mai 2010 s’est déroulé à Paris le Final Four de l’Euroligue, c’est-à-dire la phase finale de la Ligue des Champions du basket-ball, un des plus gros évènements mondiaux au niveau de ce sport que même les américains suivent (de loin). La presse française a ignoré l’évènement, préférant parler de la finale de la coupe francobritannique opposant Biarritz à Toulouse en rugby. 39 On pourrait donc dire que le basket n’a jamais vraiment été un sport majeur sur la capitale. Malheureusement, ceux qui font l’information nationale sont les journalistes parisiens alors que le basket-ball est très bien traité dans la presse quotidienne régionale qui est les bastions du basket-ball français. Mais ce manque de médiatisation n’est pas que la faute des autres. Effectivement, le basketball n’arrange pas les choses de son côté. De la NBA à la LNB en passant par les championnats FIBA ou Euroligue, les règles, les durées des quarts-temps ou encore les terrains de jeu diffèrent. Or nous avons vu lors de l’analyse des championnats connaissant le succès à l’étranger était la lisibilité et la facilité de compréhension du championnat par le spectateur lambda. De plus, une part du public ne se reconnait pas dans un basket que certains qualifient de sport de Blacks. Associé à la culture hip-hop américaine et à tout le bling-bling mis en avant par les médias certains français ne se retrouvent et ne s’identifient pas dans ces valeurs qui, a contrario, connaissent une adhésion logiquement plus importante chez les basketteurs de rue fréquentant les playgrounds. Paradoxalement, le basket est l’une des seules si ce n’est la seule discipline à connaitre des dissensions internes de ce niveau. Entre le basket-ball américain, le basket européen, le basket français, le basket sur les playground ou dans les clubs, différentes cultures se sont créées autour du basket-ball et elles ne sont pas forcément compatibles les unes avec les autres. En effet, la culture du basket est très différente entre un joueur américain et un joueur serbe, entre un pratiquant de playground et un licencié de club. HIP HOP ET BASKET-BALL Ces problèmes de connections se retrouvent d’ailleurs au sein même des sphères de décisions du basket-ball français : il existe ainsi de dissensions entre basket pro et basket amateur, univers parisien de la LNB et vision plus locale avec lequel les clubs pros envisagent les problèmes. Par ailleurs, l’éventail de public du basket est très large et il est très compliqué d’intéresser un mini-poussin et un sénior de 55 ans à un même contenu et de ce fait, le public ne se mobilise pas. C’est un problème majeur car c’est l’une des principales raisons de l’échec du basket sur les chaines hertziennes : l’incapacité de cette discipline à rassembler un public assez important pour séduire ces médias de masse. Au jour d’aujourd’hui avec une concurrence féroce entre les chaines, un programme avec une audience jugée non satisfaisante n’a plus sa place, que soit sur une chaine publique ou du câble. Si certains parlent du basket-ball comme un sport de niche, c’est parce qu’il peut toujours constituer un produit d’appel ciblé pour certaines chaines thématiques mais, à l’heure actuelle, il n’a pas une audience assez large pour intéresser TF1 ou France 2 intéressées par les masses. 40 Un autre facteur qui peut jouer contre la médiatisation du basket : l’âge de son public. Le basket est un sport qui se concentre plutôt sur les adolescents et les jeunes adultes, et ces derniers regarderaient moins la télévision et seraient moins casanier que les adultes et les retraités plus consommateurs de télévision, et donc créateurs d’audience (la ménagère de moins de 50 ans). Un autre frein à la médiatisation du basket français c’est la vision du basket français qui n’est perçue que sous l’angle du sport-compétition. En France, le traitement du basket-ball dans les médias se fait selon deux axes : français et américain, compétition et loisir. Si l’angle sportcompétition a toujours existé en France, c’est l’arrivée du basket américain avec la NBA qui a apporté l’angle sport-loisir. Généralement, dans le traitement médiatique des sports, les aspects de compétition et de loisir sont distingués. La NBA a réussi à faire coexister les deux simultanément, rendant le basket français obsolète et beaucoup moins intéressant. FINALE NBA Le basket américain a en effet réussi à amplifier sa dimension spectaculaire par le biais d’un nombre important de caméras, de la recherche d’angles originaux, de l’utilisation stratégique des ralentis pour sublimer l’exploit athlétique ou encore de la dramatisation de la mise en scène : rivalité entre les Lakers de Magic Johnson et les Celtics de Larry Bird, Michael Jordan contre les Bad Boys de Detroit ... MICHAEL JORDAN EN PRMOTION A PARIS 41 Cette théâtralisation de la NBA a facilité sa médiatisation en tant que spectacle car même le grand public étranger aux notions basket-ball peut apprécier le divertissement apporté par la NBA et son côté « Entertainment » qui fait cruellement défaut à notre championnat trop axé sur le sport et pas assez sur le spectacle restreignant son lot de spectateurs. On peut par exemple noter que si le basket français peut avoir du mal à remplir des salles, lors du All Star Game le Palais Omnisport de Paris Bercy affiche complet soit 16000 personnes prêtes à voir un « show » de basket-ball. Le basket sous l’angle d’un show réussi peut donc fonctionner en France. Un de leviers de la ligue nord-américaine pour montrer son dynamisme et son attractivité est aussi la mise en valeur de ses salles combles et survoltées. Ainsi, nous pouvons citer le Directeur marketing du club de basket de Malaga en Espagne: « pour attirer la télévision, il n’y a pas de miracle, il faut une grande salle, belle et pleine […], quand tu as ça, la télé vient automatiquement, car le spectacle est beau ». Au jour d’aujourd’hui, la Pro A n’a pas ce type de structures, ni ce type d’affluences bondées constamment (excepté lors du All Star Game à Paris). ALL STAR GAME 2013 Enfin, le basket français est aussi boudé par le public à cause de son déficit d’image par rapport à la NBA et son manque de moyens vis-à-vis de cette dernière. Il n’y a pas si longtemps, certaines équipes de Pro A n’avaient pas encore le chargé de communication devenu indispensable dans notre société d’image. Plus globalement, le haut niveau qui sortait tout juste du fonctionnement associatif n’était pas encore très familier avec ces notions de communication et de marketing, mais tout cela commence à réellement se professionnaliser désormais. 42 c. Comparaisons avec les sports majeurs en France Comparé à bons nombres de pays, que ce soit au niveau européen ou international, la France n’apparaît pas comme un pays particulièrement sportif. Certains se sont réfugiés derrière cette excuse quant à la faiblesse de la médiatisation du basket. Cependant, des sports ont parfaitement bien réussis dans ces domaines, comme le football et le rugby par exemple. Nous allons donc tenter de voir d’où vient leur réussite et de les comparer au basket, en commençant par le football. i. Le cas du foot Le foot, et ce depuis de nombreuses années est le sport numéro 1 en France. La Fédération a enregistré pour la saison 2012/2013 licenciés pour la saison 2012-2013 ; soit au total, plus que les licences cumulées des deux autres plus grandes fédérations françaises que sont le tennis et l’équitation. En France, plus de 50% des français (34 millions) déclarent pratiquer une activité physique et sportive régulière (par régulière on entend au moins une fois par semaine). Pourtant, tout sport confondu, seulement 27% des français détiennent une licence sportive. Donc, si un français licencié sur six est licencié du football (12% des licences sportives), on estime également à plus de 5 millions de pratiquants loisir non licenciés. Un autre chiffre impressionnant qui montre la puissance du foot en France: sur les quelques 36 000 communes françaises, 34 267 comptent au moins un licencié, soit une présence du football sur 93% du territoire ! Qui plus est, on compte 17 328 clubs en France, soit presque un club pour deux communes. Le football est un de ces sports en constant renouvellement : pour la saison 2011-2012 par exemple, 33% des pratiquants sont de nouveaux licenciés. Ce chiffre, qui est plus important que le taux de licenciés qui ne se sont pas réinscrits pour cette saison (30%), permet ainsi d’assurer la pérennité des clubs et des équipes et d’augmenter le nombre de licenciés. On remarque donc l’omniprésence du football en France à ce niveau-là, c’est à dire le niveau amateur. Le football a également l’avantage de se décliner en de nombreuses autres disciplines associées: le futsal, qui dépend de la FFBB, le Beach soccer, l’Urban Football dont on a parlé dans une partie précédente etc...Tout ceci fait que la multiplication des offres attire toujours plus d’amateurs et permet à tous de trouver leur compte. Cela permet également d’adapter la pratique aux différentes conditions, que ce soit climatique ou en terme d’espace ou d’infrastructure. Le foot a par ailleurs un avantage au niveau des infrastructures par rapport au basket: en effet, avec l’organisation de l’euro 2016, certaines équipes françaises voient leurs stades se rénover (voire se construire par exemple pour l’Olympique Lyonnais). Pour cette occasion, des fonds ont donc été libérés afin de respecter le cahier des charges de la FIFA quant à l’organisation de l’Euro. Malgré l’immense coût de rénovation (on estime à 8 milliards le coût par stade), la France devrait être en mesure d’accueillir dans de particulièrement bonnes conditions cette manifestation européenne. Même si les sommes sont pour le moins colossales, il faut voir ces rénovations comme un investissement à long terme. D’une part, l’organisation d’une compétition européenne est souvent bénéfique pour le pays organisateur, surtout si la compétition se passe bien. Si en plus l’équipe hôte a des bons résultats sportifs, sa notoriété fait un bond en avant au niveau international par le biais des trafics humains, de capitaux et de 43 ressources générés par cet évènement. On se souvient par exemple de France 98 et de l’engouement national engendré. Des efforts ont donc été faits pour permettre au pays d’organiser la compétition, efforts que l’on peine à retrouver au niveau du basket. Pourtant, les affluences du basket professionnel en France sont loin d'être ridicules, en faisant le sport n°1 en salle en France: la Pro A a en effet un taux remplissage moyen de 83% (un peu moins cependant pour la Pro B qui tourne à 64%). La Ligue 1 quant à elle a vu pour la saison 2013/2014 une moyenne de taux de remplissage à environ 70%. Il est cependant très difficile de comparer les affluences des deux sports: les conditions de chacun étant très différentes: tandis qu’on l’on joue dans des enceintes de 30.000 places d’un côté, nous avons une moyenne de 4.500 places de l’autre. Outre les affluences, il est vrai que la comparaison est également compliquée au niveau économique: les deux sports n’évoluent pas du tout dans la même sphère. En moyenne, un club de Ligue & possède un budget 14 fois plus important que celui d’un club de Pro A. On remarque également qu’alors que la majeure partie de ce budget vient des droits télévisuels pour la Ligue 1 (droits télé que nous aborderons plus tard), le basketball est beaucoup plus dépendant des subventions des collectivités. Avec des budgets aussi différents, on peut aisément expliquer les différences de salaires entre les joueurs, comme le démontre le graphique suivant: La LFP (Ligue de Football Professionnel), sous l’autorité de son président Frédéric Thiriez, et à l’image de ce qui se fait dans le basket, gère ces clubs français (et le club monégasque) à statut professionnel; c’est à dire les 20 clubs de Ligue 1 et les 20 de Ligue 2. Directement sous l’autorité de la FFF (Fédération Française de Football), la LFP gère également la Coupe de la Ligue ainsi que, depuis 2005, les équipes de France de jeune (sauf l’équipe A) ainsi que toutes les équipes féminines (y compris les équipes séniors). 44 La gérance de ces ligues et clubs professionnels se fait notamment grâce aux sommes astronomiques qu’engendre la négociation des droits télés. En effet, négociés dans l’année, les droits pour la période 2016/2020 pour lesquels Canal+ et BeIN Sports se battaient ont atteint le montant record de 748,5 millions d’euros par an (contre 600 millions actuellement), bien loin des montants du basket. 540 Millions pour Canal+ et 186,5 millions pour BeIN Sports. Dans cette bataille, c’est d’ailleurs le groupe français Canal + qui fait figure de grand vainqueur en décrochant les trois meilleures affiches avec le lot 1 et 2. Ces lots sont composés de: pour le lot 1, deux affiches en direct ainsi que des magazines pour le samedi soir (0h00) et le dimanche soir (19h30-20h30): pour le lot 2, un autre match en direct avec en prime le magazine bilan du dimanche soir (22h45-0h00). La chaîne qatari ,BeIn Sports, remporte quant à elle les autres lots 3, 4, 5 et 6 comprenant, entre autres 7 matchs en direct, 3 matchs en différés, 12 co-diffusions ainsi que le multiplex des journées 19, 37 et 38. A noter qu’actuellement, et ce jusqu'à la fin de la saison 2015-2016, la LFP reçoit, en plus des millions d'annuels de la part de Canal + et BeIn Sports pour la Ligue 1, des droits de la part d’Eurosport et pour la L2, Orange, YouTube, Dailymotion et L'Equipe.fr pour les droits «nomades» et ceux des vidéo à la demande. Actuellement, Canal+ détient également les droits télé de la diffusion de la Pro A et ce jusqu’en 2017. Durant la saison 2013/2014, les matchs étaient donc diffusés le lundi soir à 20h30 sur Sport + (la plupart du temps), après la diffusion de l’hebdomadaire dédié au basket, Lundi Basket, et le mardi soir à 20h45 sur Canal+ Sport. Il faut donc payer deux abonnements différent pour pouvoir regarder les deux matchs en direct, ce qui est un frein pour les fans de 45 basketball souhaitant regarder le sport à la télé. De plus, le fait que les matchs soient le lundi et le mardi est également mal perçu par les amateurs de basket (on a en effet pu entendre dans plusieurs salles de France, et ce lors du passage du président de la LNB “Le basket, c’est le samedi”). En effet, la LNB a grandement besoin de ces revenus télévisuels afin d’assurer la pérennité de son championnat. Or, le fait que Canal+ soit un de seuls groupes à se mettre sur le marché leur donne beaucoup plus de pouvoir que la Ligue; c’est la loi de l’offre et de la demande. La Ligue ayant besoin de cette manne aura tendance à accepter plus de choses que si d’autres possibilités existaient: c’est ainsi que les matchs ne sont plus diffusés le week-end (car réservé dorénavant au foot) et qu’ils ne sont diffusés que sur les chaînes “bis” du groupe. On voit donc à quel point il est difficile pour le basket de s’imposer dans le paysage audiovisuel: pour les diffuseurs, le plus important, c’est l’audience; ils ne s’intéressent donc qu’aux valeurs sures et dont ils ont la garantie d’une certaine réussite. Ils ne font pas confiance au basket pour le laisser apparaître à des heures de “prime time”, car il n’attire, d’après eux, pas assez de téléspectateurs, en se basant sur les audiences des années précédentes. Cependant, si ils ne laissent pas une chance au basket de prouver sa notoriété, ce dernier aura forcément du mal à se développer, surtout à ce niveau-là: pas ou peu de retransmissions donc forcément moins d’engouement, qui signifie baisse de l’intérêt que pourrait avoir les diffuseurs: le basket est donc dans un cercle vicieux duquel il lui sera très difficile de s’extirper. De plus, alors que de nombreux investissement étrangers commencent à se développer dans le foot (on pense évidemment au PSG mais également à Lens ou à Monaco), le basket de bénéficie pas de cet intérêt; car il est considéré comme inintéressant (à l’heure actuelle) et surtout pas du tout assez lucratif. Les investisseurs ne voient pas encore ce qu’ils pourraient gagner à racheter une équipe de basket. Le foot français a su profiter de son heure de gloire au niveau international (Coupe du monde 98, Euro 2000). Car malgré les faibles résultats et les différentes polémiques entourant l’équipe de France de Football, le sport continue d’avoir réel engouement malgré tout. Ce qui, d’après nous, manque au basket: c’est à dire qu’il n’y a que les basketteurs qui ont cet engouement, le basket ne rassemble pas les foules comme une coupe du monde ou une ligue des champions: le basket français ne fait pas assez vibrer. Sa faiblesse au niveau européen en est une cause. Pourtant, à l’instar du foot, le basket français a son icône - Tony Parker vs Zidane - et une équipe masculine nationale qui réussit plutôt bien: le parfait exemple est la récente victoire du trophée de Champion d’Europe. On peut en conclure que le basket n’est, pour le moment, pas assez fédérateur, notamment lors des compétitions internationales. ii. Le cas du rugby Comme nous venons de le voir pour le cas du football, sport et business sont aujourd’hui régulièrement associés, surtout pour les sports très médiatisés. Le football génère des sommes astronomiques, mais le rugby n’est pas en reste non plus. En effet, en début de cette année 2014, la Ligue Nationale de Rugby ou LNR a annoncé que Canal+ avait obtenu les droits de diffusion du Top 14 pour les cinq prochaines saisons pour un montant global de 355 millions d'euros. 46 Autrement dit, les droits TV pour le Top 14 se répartissent de la façon suivante : - Saison 2014/2015 : 70 millions d’euros - Saison 2015/2016 : 70 millions d’euros - Saison 2016/2017 : 71 millions d’euros - Saison 2017/2018 : 72 millions d’euros - Saison 2018/2019 : 72 millions d’euros La LNR déclare ainsi : «Ce nouveau partenariat, qui constitue l'accord le plus important conclu pour une compétition de clubs dans l'univers du rugby mondial, permettra à la LNR et au Top 14 de poursuivre le développement de leur exposition et de conforter le statut du Top 14 de championnat le plus attractif au monde». Le rugby à XV est un sport très populaire et très pratiqué en France puisque nous pouvons comptabiliser dans notre pays 457 000 joueurs licenciés dans des clubs de rugby. Il est quand même intéressant de noter que ce sport pratiqué par moins de personnes en France que le basket (plus de 500 000 licenciés) possède une exposition médiatique plus importante et des médias importants tels que Canal+ et Bein Sport se livrent à des batailles judiciaires pour en récupérer les droits TV. Comme expliqué précédemment, c’est la Ligue nationale de rugby ou LNR qui gère le secteur professionnel du rugby à XV, par délégation du ministère des sports et de la Fédération française de rugby. Cette dernière organise, gère et réglemente les compétitions nationales professionnelles, tant sur le plan sportif que sur le plan financier (championnats de France Top 14 et Pro D2). Par ailleurs, elle assure la promotion et le développement du secteur professionnel des clubs de rugby français et le représente dans la gestion des coupes d'Europe. Enfin comme nous venons de l’évoquer, la LNR négocie et commercialise les droits de télévision et de partenariat du Top 14 et de la Pro D2. 47 Ce qui est intéressant de noter c’est que le rugby est un sport qui n’est pas pratiqué en France avec la même intensité. En effet, le pratiquant de rugby et le spectateur de rugby est surtout situé dans le Sud-Ouest de la France et en Occitanie et cette région de la France est par ailleurs surnommé l’Ovalie. En 2012-2013, seuls quatre clubs non-occitans jouent en Top 14 : Stade français, Racing métro 92, Grenoble, Perpignan, Biarritz, et Bayonne. Concernant la couverture médiatique du rugby en France, c’est la chaine publique France Télévision qui retransmet tous les matchs du Tournoi des 6 nations ainsi que des matchs internationaux du XV de France. Canal+ diffuse donc les matchs du Top 14, du Tri-nations et du Super 14. La couverture des matchs de la coupe d'Europe est largement assurée par France télévisions et le groupe Canal+. TF1 a diffusé la plupart des rencontres de la coupe du monde 2007 et de la coupe du monde 2011. La chaîne a également acquis les droits de retransmission de la coupe du monde 2015. Ainsi la médiatisation du rugby est très importante alors que le sport n’est pas plus pratiqué que le Basket et concerne essentiellement une seule région certes étendue l’Ovalie. CARTE DE L’OVALIE (Zone délimitée en rouge) 48 Le but des clubs du Top 14 est de gagner le Bouclier de Brennus qui revient en fin de saison au champion de France. Dans une seconde mesure, l’objectif des clubs français est de terminer dans les 7 premiers afin d’être qualifiés pour une coupe d’Europe. Les clubs du Top 14 réussissent plutôt bien au niveau européen puisqu’ils l'ont remportée six fois depuis sa création en 1995-96 : le Stade toulousain en 1996, 2003, 2005, 2010, le CA Brive en 1997 et le RC Toulon en 2013. Ainsi ce niveau d’élite du championnat français de rugby peut expliquer comme nous avons déjà pu le constater pour les ligues étrangères pourquoi le Rugby sport pratiqué essentiellement dans le sud remporte un si grand succès. Si les audiences du rugby n'atteignent pas celles du football sport n°1 incontesté en France, il n'en demeure pas moins que les audiences restent très intéressantes pour les responsables des chaînes de télévision. De nombreux éléments illustrent la médiatisation croissante de ce sport à la télévision. Tout d’abord les exploits des Bleus lors des différentes coupes du monde notamment contre les All-Blacks, la réputation du jeu à la française synonyme de jeu spectaculaire donne une image très positive de ce sport et incite le spectateur lambda à regarder ce spectacle. FRANCE-NOUVELLE-ZELANDE 1999 Le rugby tient ainsi une place à part dans le monde audiovisuel français. Le rugby semble être le seul concurrent sérieux à la domination du football sur les chaines de télévision tout au long de l’année. Si le tour de France en cyclisme ou Roland-Garros en Tennis peuvent ponctuellement offrir un autre sport aux téléspectateurs, il n’ y a que le Top 14 qui semble être en mesure de compenser sur la durée la prédominance de la Ligue 1. On peut penser que l'ensemble des médias ont besoin d'avoir un « autre feuilleton » à proposer aux spectateurs que le football. De par sa couverture médiatique importante et les valeurs transmises par le rugby, ce sport possède un capital sympathie immense notamment en comparaison avec le football à l’instar du basket et est donc source de recettes publicitaires importantes pour les diffuseurs. Suivant cette logique, la Pro A pourrait être comparé pour ses valeurs au rugby. Malheureusement le niveau entre les deux compétitions n’est pas du même acabit. Ainsi les valeurs positives du rugby à savoir la combativité, la persévérance, la solidarité, la convivialité et l’élégance (sport de voyous pratiqué par des gentlemen) font de ce sport un des sports le mieux perçu par les français. 49 La couverture médiatique d’un sport est un critère de communication essentiel et très observé par les publicitaires lors de l’achat d’espaces de publicité. En effet, les diffuseurs font des choix de programmation audiovisuelle en fonction de son audience. La couverture médiatique est ce qui permet à un club ou à un évènement de devenir une marque intéressante pour des annonceurs. Il faut savoir que les chaines télévisées majorent les tarifs des annonces publicitaires dans les périodes de forte audience. C’est la raison pour laquelle, le spot publicitaire lors d’un super bowl aux Etats-Unis coûte extrêmement cher. Avec son succès croissant, le rugby a donc permis aux chaines de télévision d’engranger d’importants revenu, avec la majoration du tarif des spots publicitaires diffusés avant, pendant ou après les matchs de rugby. Une médiatisation bénéfique au rugby français En contrepartie, cela a permis au Top 14 de recevoir d’importantes sommes en droits TV entièrement répartis entre toutes les équipes du championnat. Ce capital sympathie du rugby lui permet également d’attirer les sponsors et les mécènes principales sources de revenu du Top 14. D’après une étude réalisée par un cabinet d’audit à la demande de la LNR, la plus grosse partie des ressources des clubs de rugby professionnels est issue du sponsoring. En effet, 40% des ressources financières d’un club de rugby du Top 14 proviennent du sponsoring avec des pointes à 56% pour certains clubs. Les trois formes d’actions commerciales que revêt le sponsoring sont : La vente d’espaces sur les tenues des joueurs, La commercialisation des espaces publicitaires autour du terrain dans le stade Les hospitalités et tout ce qui touche au développement de la relation client et des services dans le sport par les entreprises. Les sponsors sont d’autant plus intéressés par le rugby que ce sport très médiatisé à des droits d’entrées bien moins importants que le football. Les marques exploitent aussi la démocratisation du rugby en faveur des femmes et donc de la féminisation du public qui vient assister à un match de rugby. Ainsi, en 2006, dans le but de séduire la fameuse ménagère de moins de 50 ans, Skip a notamment signé un contrat d'image avec une joueuse de rugby qui venait compléter l'accord déjà signé avec l’ancien capitaine de l'équipe de France, Fabien Pelous, et avait diffuser un manuel de connaissance du rugby destiné aux femmes. SKIP UTILISANT L’IMAGE DE FABIEN PELOUS 50 Enfin, le mécénat, qui se diffère du sponsoring par la motivation d’investissement économiquement non rationnelle des intervenants, a aussi une place majeure dans ce sport. Pour finir, il ne faut pas négliger l’affluence en forte hausse dans les stades de rugby. La promotion du rugby par les médias et les mécènes permet d’attirer toujours plus de spectateurs dans les tribunes, ce qui permet au rugby d’accroître ses revenus les jours de match (billetteries, produits dérivés…) apportant ainsi au rugby un soutien financier essentiel mais surtout un public nombreux, permettant au rugby de remplir des stades comme le Stade de France (80 000 places) et sans qui le sport professionnel de haut niveau ne pourrait pas exister. 51 Nos axes d’amélioration Après avoir fait l’Etat des lieux du basket en France, que ce soit au niveau amateur puis professionnel et avoir soulevé ce que nous voyons comme des lacunes quant à ce même sport dans l’hexagone, nous avons mis au point plusieurs axes d’améliorations. Ces axes d’améliorations sont, d’après nous, possibles et/ou envisageables et pourraient s’avérer être mis en place d’ici quelques années. Pour améliorer la visibilité du basket en France, il faut augmenter les moyens dont disposent les clubs. L’époque où seul l’esprit sportif et la compétition suffisait pour intéresser le spectateur est révolu. Effectivement, pour intéresser le Grand Public non initié ou pas encore fan de basketball, notre sport doit démocratiser sa pratique. Le basket : un sport-compétition qui doit devenir un sport-spectacle ? Dans L’avènement du sport business et ses dérives, Delphine Putanier explique que « la télévision étant en compétition économique permanente, le souci majeur des chaînes est de gagner des parts de marché. […] Le problème est que ce public ne contient qu’une infime minorité de connaisseurs (environ 5% en ce qui concerne l’athlétisme), d’où sa désignation par le terme « grand public », par opposition au public spécialisé. […] Ainsi, le grand public n’a-t-il qu’une vague idée, voir aucune idée du tout, de ce que représente la réalisation d’une performance de niveau mondial. […] Puisque les retransmissions sportives se destinent au grand public, seul le spectacle doit être garanti. […] En multipliant le nombre de personnes touchées par l’évènement sportif, les médias imposent l’impératif du spectacle, car il leur est nécessaire de fidéliser le grand public ». HARLEM GLOBE TROTTER (Symbole du show à l’américaine) 52 Le point central, l’axe de travail majeur sur lequel le basket français doit s’activer principalement c’est donc sur le spectacle qu’il propose. En effet, il doit proposer non plus une compétition, mais un spectacle de qualité c’est-à-dire de haut niveau et donc augmenter ses revenus pour le faire. Actuellement, c’est un cercle vicieux : le basket français n’étant pas médiatique par rapport à ses concurrents européens, il ne peut attirer les joueurs de premier rang et par conséquent il ne peut pas attirer le grand public à la recherche de divertissement qui préfèrera regarder du football ou du rugby à la place. Pour entrer dans ce cercle vertueux de croissance économique qui lui permettra de passer un cap ou de réduire le « gap » avec ces concurrents, et entrer dans un schéma de compétitivité qui attirera le spectateur, le basket français doit à l’image d’une entreprise faire de gros investissements au démarrage. Le Basket un produit marketing ? Pour réaliser ces investissements la LNB doit continuer sur la voie qu’elle est en train de prendre et ne pas avoir peur de dénaturer l’esprit du sport de Pierre de Coubertin à l’instar de ce qu’a pu faire la NBA par le passé et considérer le basket comme un produit marketing à part entière. Pour se faire le basket se doit de devenir attractif pour le grand public et comme nous venons de l’expliquer le public est à la recherche de qualité et pour cela la Pro A a besoin d’argent. La première solution à court terme serait de faire appel à des partenaires venant du privé et de surfer sur l’image des joueurs français majeurs. En effet, une entreprise qui cherche à faire du sponsoring est à la recherche de valeurs positives à associer à sa marque. Nous avons la chance d’être la nation de basket championne d’Europe en titre. La LNB doit surfer sur cette tendance comme a pu le faire le football qui a réellement connu son explosion médiatique après la victoire de l’équipe de France de Football en 1998. De plus nous avons le meilleur joueur français de tous les temps qui est encore en activité et qui est dirigeant de l’un des clubs de Pro A. Il faudrait donc surfer sur l’image des joueurs possédant une certaine valeur médiatique pour attirer des sponsors. TONY PARKER Champion d’Europe 2013 53 En parallèle et toujours pour attirer des sponsors il faudrait augmenter la communication autour du championnat, mettre en avant que la Pro A fait éclore de nombreux talents en montrant par exemple le nombre de français qui évoluent en NBA aujourd’hui faisant de la France la nation la plus représentée après les Etats-Unis. Une autre idée serait de faire une série de documentaire à l’image de ce que propose la FFBB actuellement en amont du championnat du monde et qui permettait de suivre l’équipe de France dans les coulisses lors des matchs de préparation. La clé ici est de communiquer sur la qualité des joueurs et les qualités du championnat français pour attirer les entreprises privées. Et pour se faire il faudrait rendre le championnat plus « sexy » mais aussi proposer des offres attirantes pour le partenaire privé. La Pro A en manque de partenaires du privé ? Une idée très utilisé dans les championnats que nous avons étudiés était le naming. Le naming consiste à faire apposer le nom de l’entreprise qui paye pour le naming sur une enceinte sportive, un club ou même sur l’intitulé de la ProA elle-même. Ce système a permis au championnat chinois de se développer au point de pouvoir attirer des joueurs de bon niveau NBA comme Ron Artest pour citer le dernier joueur à avoir signé en Chine mais aussi au championnat espagnol qui a namé sa ligue professionnelle pour un montant équivalent à celui des droits TV de la Pro A. Le naming pourrait donc être une solution intéressante. Mais pour cela le produit marketing doit s’améliorer, il faut développer le spectacle lors des rencontres en multipliant les évènements avant pendant et après les matchs de basket à l’image de ce que la LNB fait pour le All Star Game et ce que la NBA fait pour chacun de ses match. En termes de produit attrayant, la NBA est ce qui se fait de mieux dans le monde. Copier certaines idées de spectacle ne serait donc pas une mauvaise idée. La preuve en est par exemple pour le tir du milieu du terrain réussi lors du All Star Game Français. Ce tir fut réussi pour la première fois depuis la création de cet évènement et les images furent diffuser dans les médias permettant de voir le chèque de 100 000 euros siglé du swoosh de Nike. Les « big markets », une solution pour la Pro A ? Toujours dans l’idée de rendre notre produit plus attrayant il faut augmenter la visibilité du basket aussi bien dans les médis mais également dans les stades. Comme nous avons vu précédemment l’amélioration des infrastructures est nécessaire. Nous avons ainsi vu que pour accéder à l’élite du basket espagnol il fallait des stades de 5000 places minimum. Aux Etats-Unis, même en basket universitaire comme nous l’a fait remarquer Earvin Perroni jeune espoir du Paris-Levallois (cf interview en annexe) qui est parti suivre un cursus à l’université de Jacksonville, la taille des enceintes de basket était impressionnante et l’engouement dans ces enceintes extraordinaires. Mais pour cela il faut pouvoir avoir un bassin de population important. Pour cela, il faudrait suivre l’exemple de la NBA et essayer de déplacer le basket vers les big market ou grandes villes comme Paris, Lille, Marseille. C’est l’un des défauts du championnat où les grandes villes ne sont pas toutes représentées et où le basket est tiré par des locomotives incarnées par des villes de taille intermédiaire (Nancy, Chalon…). Par l’intermédiaire des wild-card la LNB pourrait essayer de diriger le basket vers les bassins à forte population. 54 De plus il faudrait essayer de trouver une certaine stabilité au niveau des équipes en effet, le niveau du championnat est très homogène. Tout le monde peut battre tout le monde et dans les faits cela se traduit par des équipes championnes différentes chaque année. En termes de compréhension pour le grand public cela ne lui permet pas d’assimiler quelles sont les bonnes équipes et de s’intéresser à ces dernières comme c’est le cas dans les autres championnats à succès médiatique. Ainsi, le niveau de la ligue est tiré vers le bas au lieu de favoriser l’essor de quelques équipes qui pourront redorer le blason du basket français et attirer les regards du public de masse comme ce fut le cas avec Limoges dans les années 90. LIMOGES Championne d’Europe 1993 Dans un premier temps une possibilité serait de faire fusionner des équipes afin de créer une locomotive pour le championnat. Il faudrait par exemple un grand club parisien à l’instar du Paris-Saint Germain qui pourrait dominer le championnat et aller lutter avec les grosses équipes du continent. Dans cet exemple l’année où le Paris Basket Racing et Levallois fusionnent, le club était devenu l’un des clubs avec le plus gros budget de Pro A. Malheureusement la gestion de l’équipe ne fut pas des meilleurs. Mais dans l’idée c’est ce qu’il faut faire, réaliser des fusions afin de créer un club avec des structures solides. Une autre possibilité serait de prendre exemple sur ce qui se fait en Espagne avec succès. Les Espagnols ont l’habitude de créer de véritables pôles sportifs en faisant ainsi des pôles d’excellence du sport. La synergie ainsi crée permet ainsi au club de profiter des externalités positives des autres sports et également pour des sports de « second rang » comme le basket de profiter des rendements de sports mieux côté médiatiquement parlant c’est-à-dire le football. Le meilleur exemple étant le FC Barcelone qui possède des équipes de football, de handball mais aussi de basket-ball de très haut niveau. Il semblerait que le Paris-Saint-Germain soit en train de faire la même chose puisque les Qataries ont développé le football masculin évidemment mais aussi le football féminin et le handball. Ce serait ainsi une excellente opportunité pour la Pro A de profiter de l’arrivé d’un mécène de premier ordre qui serait prêt à investir de façon à jouer directement les premiers rôles sur la scène européenne. En effet, à l’échelle du handball, le Qatar a investi d’importantes sommes d’argent recrutant ainsi les meilleurs joueurs français et étrangers. 55 TONY PARKER en visite au Parc des Princes Outre le Paris-Saint-Germain, cette synergie pourrait être très intéressante pour notre championnat et on pourrait développer ce genre de clubs dans des villes évidemment comme Paris présente dans tous les sports, Lyon (pourquoi pas un rapprochement Asvel-Olympique Lyonnais ?), Marseille (et retrouver ainsi le derby du football dans le basket) Lille et d’autres villes de premier rang en termes de bassin de population. Ces clubs aux structures financières solides pourraient ainsi profiter des wild-card pour se hisser rapidement en Pro A. Ainsi avec des clubs de basket aux structures solides tiré soit par des clubs omnisport, soit par des partenaires privés de premier ordre (sponsoring, mécène) et situés dans des grandes villes avec un potentiel consommateurs important, le basket deviendrait un produit marketing viable pour les audiences télévisuelles et rentable pour les annonceurs. De cette façon le basket-ball français pourrait accéder à une médiatisation équivalente à ce qu’a pu connaître au préalable le Top 14 avec le succès qu’il a aujourd’hui. Un renouvellement des infrastructures ? Suite aux différents problèmes aperçus, un nous semble primordial à remédier: le problème des infrastructures. Nous en avons déjà parlé précédemment, mais la France manque cruellement d’infrastructures sportives capable d’accueillir des évènements internationaux et même à plus petit échelle, un grand nombre de licenciés (notamment pour les sports de salle comme le basket). Pourtant, on sait à quel point peut-être bénéfique l’organisation d’une compétition internationale telle que les Championnats du Monde ou même l’Euro de Basket. Ce dernier a encore une chance de voir des matchs se passer en France: malgré le retrait du dossier suite au non-respect du cahier des charges de la FIBA, et suite au retrait de l’organisation de l’évènement à l’Ukraine en raison de troubles politiques, la France s’est portée candidate pour co-organiser l’évènement. Cela peut sembler être un bon début dans la volonté de la France à se faire connaître et reconnaître en tant qu’organisateurs d’évènements internationaux. Cependant, cette co-organisation peut également porter préjudice: elle ne fait en effet que soulever le fait qu’un pays (en l'occurrence la France) n’est pas capable d’organiser seule une manifestation d’une telle ampleur. Et pourtant ce n’est “qu’un” Euro, qu’en serait-il pour un Mondial ? 56 Les infrastructures sportives doivent donc être revues en France, et ce quel que soit le niveau de compétition, mais notamment au niveau professionnel. Les salles actuelles sont souvent petites, vétustes et non propices à la consommation actuelle du sport: c’est à dire les salons VIP, les espaces de réception, les aménagements électroniques (que ce soit pour d’éventuels matchs télévisés mais également au niveau d’internet et d’une connexion wifi convenable etc…) Prenons un exemple concret: de par son titre de Champion de France, le Limoges CSP est qualifié pour l’Euroligue l’an prochain. Qualifié oui, mais quant à savoir si ils pourront y jouer c’est une autre histoire. En effet, la salle, mythique certes, de Beaublanc, est très loin des standards du cahier des charges de l’Euroligue: à titre d'exemple, les deux équipes doivent pouvoir bénéficier d'un vestiaire de minimum 63 m ² (dont 27m² pour les espaces sanitaires), avec une télévision équipée d'un lecteur DVD, un bac à glace, deux toilettes individuelles ou bien encore des douches dont la tête mesure au minimum (et précisément) 2,15 m. Pour information, actuellement, les équipes visiteuses s'installent dans un espace de… 12 m ². Qui plus est, outre l’espace pour les équipes, il faut également un vestiaire pour les arbitres d'une superficie de 27 m ², un autre pour les officiels de la table de marque et encore un autre pour les délégués de l'Euroligue. Des salles pour les contrôles antidopage et médicale sont également demandées. La ligue européenne est également très stricte au niveau de l'installation du public: elle interdit par exemple la présence de spectateurs à moins de deux mètres des bancs de touche. Le CSP devra également disposer d'une tribune de presse d'au moins 50 places ainsi qu'une salle de conférence de presse de 50 m ². Malgré tous les efforts du staff limougeaud, il paraît très compliqué d’atteindre les requis demandés. Comme l’explique Julies Desvilles, la responsable communication du club: « pour nous, le plus dur, c'est le problème de superficie. Il va falloir voir le seuil de tolérance de l'Euroligue mais on va vraiment tout mettre en œuvre pour s'adapter au maximum. » Limoges est ici cité en exemple, mais cela vaudrait pour une grande partie des clubs français. Les clubs français sont tellement peu habitués, ou du moins plus habitués, à jouer sur le devant de la scène européenne, qu’ils ne sont tout simplement pas prêts pour cet exercice. Les salles ont été construites antérieurement à ces obligations et n’ont pas été renouvelées depuis. Certes la rénovation ou la construction a un coût, cependant il faut considérer ceci comme un investissement sur du long terme. Un équipement sportif met du temps à se rentabiliser, mais si il est bien fait et si le projet qui l’accompagne est structuré et ambitieux, les retombées ne tardent jamais. Avec des infrastructures plus neuves, les prestations liées peuvent être revues à la hausse, notamment au niveau des prestations VIP, qui permettent d’attirer plus d’entreprises privés et donc de potentiels partenaires, et donc d’éventuels revenus. Il paraîtrait cependant être une erreur de construire des équipements sportifs dédiés à un seul et même sport: cela ne ferait que restreindre son activité possible (et donc ses revenus) car quel que soit le sport, il est impossible d’utiliser l’équipement en question tout au long de l’année. C’est en ça que, d’après nous, le Kindarena aurait dû être mieux pensé: en effet, certes il s’agit d’une salle nouvelle génération, plus moderne cependant, les possibilités omnisports n’ont pas été utilisées jusqu’au bout: par exemple, le plateau central est trop petit, de quelques mètres, pour accueillir une patinoire aux dimensions internationales: or l’équipe professionnelle de hockey de Rouen, le Rouen Hockey Elite 76 est actuellement une des équipes les plus titrées de la Ligue Magnus (Ligue Professionnelle de Hockey en France) et est habitué à jouer les premières places au niveau européen ces dernières années. C’est également la 1ère équipe de hockey française à remporter la Coupe Continentale (Coupe européenne de hockey) en 2012. Une utilisation beaucoup plus réfléchie devrait donc étudiée lors de la conception de ces équipements afin de le rentabiliser au maximum: plus l’infrastructure permet d’organiser des manifestations différentes plus son amortissement pourra être réalisé rapidement. 57 Ce problème d’infrastructures n’est cependant pas propre au basket professionnel: comme nous l’avons également précisé plus tôt, les clubs amateurs ont beaucoup de difficultés à trouver des gymnases et créneaux qu’ils doivent partager avec d’autres associations sportives, notamment dans les zones à forte concentration comme l’Ile-de-France par exemple. Le renouvellement du parc des infrastructures sportives, tant au niveau amateur qu’au haut niveau devrait donc être une des priorités majeures des différentes instances concernées et permettrait aux équipes françaises de jouer sur le devant de la scène au niveau européen mais également à la France de devenir un organisateur incontournable de manifestations internationales. Une nouvelle pratique du basketball ? Un deuxième axe d’amélioration pourrait être lié à la Fédération Française de Basket-Ball. En effet, bien qu’elle le fasse déjà (et plutôt bien) notamment avec le championnat de 3vs3 qui est devenu une discipline à part entière en France mais aussi dans le monde, une certaine diversification de la pratique du basket pourrait apporter un boost au sport. L’idée est largement inspirée de ce que fait le foot avec “l’Urban foot” mais pourrait, selon nous, être largement applicable au basket. Nous avons en effet pensé à un projet “d’Urban Basket”. Nous avons en effet remarqué que les terrains de basketball extérieurs en libre accès étaient particulièrement rares, notamment à Paris; de plus, les terrains en “libre accès (par là nous entendons disponibles à tous, même les personnes qui ne sont pas licenciées d’un club) sont extérieurs, ce qui rend la pratique outdoor particulièrement compliquée (contrairement au foot, mettre des gants n’aide pas au basket en hiver). Pourquoi ne pas envisager l’organisation de centres, à l’image de ceux de foot à 5, comprenant plusieurs terrains couverts afin de faciliter la pratique du basket ? Les terrains pourraient donc être loués à des particuliers pour des durées limitées ou même à des clubs locaux afin de faciliter leur accès à des terrains. On peut également envisager des aménagements tels que des “demi-terrains”, beaucoup plus propice au 3 vs 3 ainsi que des salles de réception pour organiser des séminaires ou bien tout simplement pour des clubs. La gestion de ces centres pourraient revenir à la FFBB ou bien être proposée à des autoentrepreneurs désireux de se lancer dans cette aventure: cette dernière solution permettrait à la fédération d’économiser de l’argent tout en parrainant l’initiative: avec par exemple des réductions pour les licenciés FFBB, l’organisation de tournois... Des entreprises telles qu’Adidas pourraient également souhaiter faire partie du projet vu leur implication dans les projets innovant et dans le basket en général (Adidas étant l’équipementier et partenaire officiel de la Fédération), et permettre ainsi de profiter de leur rayonnement à l’international. D’après nous, ce projet pourrait donner un coup de jeune et de boost à la pratique du basket en France et permettre de développer son image dans le pays, mais également à l’international. Il permettrait ainsi, à l’instar de l’urban football, aux citadins de pouvoir pratiquer beaucoup plus librement ce sport, tout en proposant aux clubs une alternative aux manques de créneaux et d’infrastructures. Notre 3ème axe, et certainement un des plus conséquents, est lié à la LNB et à la gestion du championnat professionnel français. 58 Une superligue ? Une restructuration pourrait ainsi être éventuellement envisagée, visant à créer une “superligue”. Projet déjà proposé lors de la présidence de René Le Goff à la Ligue Nationale de Basket, il semble que cette solution soit la plus à même d’aider le basket français sur le long terme. Un des éléments actuels pouvant conduire à cette superligue étant l’apparition cette année (l’idée des wildcards avaient étaient certes soulevées en 2003, mais il aura fallu attendre la saison 2014/2015 pour la voir effective et voir deux clubs de Pro B en bénéficier). Ce système d’invitation de base sur des critères extra-sportifs et permettent ainsi de “présélectionner” les équipes en vue de cette superligue (que nous pouvons raccourcir en “SL”). Alors certes le choix des clubs invités (Chalons-Reims et Rouen) a fait grincer des dents plus d’un amateur de basket français, mais c’est avant tout parce qu’en France, les gens ont peur du changement, de la nouveauté et des évolutions. Pour la plupart des français, et ce à juste titre, la Pro A est intense, disputée et acharnée, mais pour eux, elle ne doit pas changer, de peur de perdre ces aspects. Cependant, et il ne faut pas se leurrer, le sport est devenu un business, et pour marcher, il faut revoir certains principes de base. Pour être présent sur la scène européenne, car au final, c’est elle qui rapporte le plus à un club sportif, les équipes françaises vont devoir évoluer, et il n’y a pas d’évolution sans développement. Le principe de la SL est simple: créer une ligue fermée, comme aux US. Les mêmes équipes se retrouvent tous les ans, sans relégation. D’une part, cela pourrait enlever aux clubs cette pression de la rétrogradation: en effet, la peur du mauvais résultat pousse les clubs à être plus “frileux” sur le long terme. Cette stabilité que propose la ligue fermée permet ainsi aux clubs de voir plus loin et d’envisager des décisions sur le long terme (au niveau par exemple de la prolongation des contrats des joueurs, des investissements au niveau des infrastructures, mais également au niveau des partenaires: une place assuré dans l’élite est plus facile à vendre qu’une potentielle rétrogradation l’année suivante). Ceci permettrait également de pérenniser les clubs et d’assurer leur stabilité sur le long terme, les rendant également plus compétitifs au niveau sportif. Cependant, afin d’assurer un certain niveau dans cette superligue, il faut également mettre des conditions (d’où les clubs choisis grâce aux wildcards) qui respecteraient avant tout le cahier des charges européen: disposer d’une salle de minimum 5000 places, avoir un budget minimum de XMillions d’euros etc… Alors certes des “petits” clubs se verront forcément rétrogradés et le public français criera à l’injustice. Seulement il faut qu’il réalise qu’il est grand temps de redorer le blason français au niveau européen et que ceci passera par des mesures visant à améliorer la compétitivité de nos équipes, comme cette superligue. Cette SL pourrait être organisé comme les conférences américaines: Nord/Sud ou bien encore Est/Ouest. Cette organisation n’est d’ailleurs pas nouvelle car au début de la création du All Star Game, les sélections étaient Est et Ouest. On retrouve également ce système de conférence actuellement en Pro B avec les poules géographiques. La création d’une superligue pourrait donc paraître être une bonne solution pour sortir de cet engrenage de la peur créé par les relégations, surtout dans un championnat aussi dense et homogène que le nôtre. Il est cependant évident qu’une telle réforme rencontrerait beaucoup de résistance et ne serait pas applicable avant plusieurs années. D’où l’utilité des wildcards qui devraient, sur le long voire moyen terme, pouvoir préparer une telle restructuration. 59 Une simplification ? En attendant la création d’une superligue qui ne risque, malheureusement, de pas arriver avant quelques années, d’autres points quant à l’organisation du championnat pourrait être revu. En effet, certaines règles sont particulièrement compliquées et indigestes pour le grand public. Pourquoi pas essayer d’en modifier certaines afin de rendre le basket plus accessible ? Nous pensons notamment à la dernière en date: la Leaders cup Pro B. En effet, pour rester sur cet exemple concret: les équipes de Pro B vont s’affronter, comme l’an dernier lors de rencontres issus de poules géographiques. Ces rencontres ne compteront cependant plus dans le classement final (et n’auront donc aucun lien avec la possibilité de faire les playoffs ou pas). A l’issu de ces rencontres, les deux premiers des 4 différentes poules (en se basant sur 16 équipes de Pro B donc 4 poules de 4) seront donc sélectionnés pour les phases finales. Ces phases finales se joueront en Janvier. Cependant, seulement les quarts et les demis seront joués. La finale quant à elle sera jouée en levée de rideau de la finale de la Leaders Cup Pro A à la Disney Event Arena fin février. Et ce n’est pas fini: en effet, le vainqueur de la Leaders Cup Pro B se verra offrir une place pour les playoffs d’accession, à condition qu’ils ne soient pas dans les 9 premiers (soit dores et déjà qualifiés pour les playoffs), ni en position de relégable à la fin de l’année. Pour le grand public, tout ceci peut paraître être un méli-mélo et particulièrement compliqué à comprendre. Nous en avons en effet parlé avec des personnes de différents horizons (amateurs de basket ou non) et il est apparu que pour la plupart des personnes interrogées (12 sur les 15), cette règle était assez compliquée pour qu’ils n’arrivent pas à la réexpliquer eux même. Or on sait l’importance pour une discipline du grand public pas spécialement grands amateurs, notamment au niveau de l’affluence: dans l’idéal, le fan pur ne doit pas représenter plus de 30% du public. Le basket intéresse. Mais seulement les amateurs de basket. Il a du mal à séduire le grand public alors qu’il a pourtant de nombreux atouts: des actions spectaculaires, des matchs tout le temps fournis en action (contrairement au foot ou au rugby où on peut passer 90min à regarder un match qui se soldera par un 0-0). Cependant, le fait que les règles soient nombreuses et peu accessibles aux non-initiés le rend peu attractif pour le grand public (quand on voit qu’au foot, par exemple, la règle la plus compliquée est le hors-jeu, soit qu’un attaquant ne doit pas être derrière des défenseurs, on se rend compte des différences). Or, si en plus de ces règles, le règlement officiel lui-même et l’organisation même des compétitions devient compliquée, il est sûr que le basket continuera à avoir des difficultés à attirer les noninitiés qui n’ont pas forcément les moyens de comprendre toutes les subtilités que nous offre ce sport. Une modification des quotas ? Par quotas nous entendons la règle des JFL (Joueurs Formés Localement) et JNFL (Joueurs Non Formés Localement). Cette règle consiste à accepter 5 joueurs (3 pour la Pro B) non formés localement, soit étrangers, par équipe professionnelle (une équipe peut en avoir plus, mais seulement 5, ou 3, pourront être inscrits sur la feuille de match et donc participer). La plupart de ces JNFL sont d’ailleurs américains et très convoités par les équipes françaises car considérés (et pas seulement en France) comme plus talentueux. A ce sujet, on retrouve deux écoles différentes: ceux qui veulent diminuer le nombre de JNFL et ceux qui veulent l’augmenter. 60 Pour notre part, diminuer ce nombre ne semble pas du tout logique dans une optique de professionnalisation et reconnaissance internationale du basket français. Certes, ces JNFL prennent la place de nos joueurs français. Cependant, il n’y a pas d’états d’âme à avoir: le but pour une équipe reste d’être compétitive et de gagner des matchs, et c’est encore plus vrai au niveau européen. On peut d’ailleurs voir la chose dans l’autre sens: cette complexité pour un joueur de gagner sa place dans une équipe n’est-elle pas une source de motivation pour celuici qui le pousserait à travailler plus et à être plus rigoureux ? D’après nous, la présence des américains dans le championnat français peut tirer vers le haut ce dernier. Il faut cependant faire la part des choses et ne pas tout révolutionner d’un coup. Une limitation de JNFL reste logique dans un premier temps, mais elle peut cependant évoluer: pourquoi pas, par exemple, passer à un effectif équilibré entre français et étrangers pour le début ? Encore une fois, les fans vont monter aux créneaux, eux qui sont très attachés aux valeurs de la formation et à la mise ne avant de nos joueurs. Cependant, quand on regarde les championnats sportifs, que ce soit dans le basket mais également dans le foot par exemple; il est très rare de voir une équipe avec moins de 3 ou même 4 nationalités différentes: prenons l’exemple dans le foot de Manchester United ou du Real Madrid ou bien dans le basket ce même Real Madrid avec, outre les espagnols, des américains, un tunisien, un grec etc...Il faut commencer à accepter que la talent vient de partout, et que la France a besoin de talent pour s’exporter sur la scène internationale (attention, nous ne voulons pas dire par là que la France n’a pas de talent). D’après nous, une ouverture de la Pro A aux joueurs étrangers paraît inévitable afin de renforcer voir développer le niveau du championnat. Combiné avec une ligue fermée, ces nouvelles réglementations pourraient ainsi permettre aux équipes françaises de redevenir des pièces majeures sur l’échiquier européen. Une meilleure gestion des jeunes ? Pour rebondir sur la partie précédente, nous pouvons également parler de la formation des jeunes en France. Comme vu grâce à l’interview d’Earvin Perroni, il est très difficile en France de concilier études et sport; c’est pour cela que beaucoup de talents s’exportent, notamment aux USA, encore une fois, où le “sport études” est plus développé. Or nous avons vu que le championnat universitaire américain était plus apprécié que le championnat professionnel, et pas seulement aux États-Unis, mais dans le monde en général. Ces deux éléments devraient suffire à envisager une restructuration de la formation des jeunes sportifs en France, et plus directement des centres de formation. Dans le système actuel, et si on se place strictement au niveau du basket, les conditions pour les jeunes des centres de formation sont relativement précaires. En effet, comme nous l’avons abordé lors de la description des championnats, seuls les clubs de Pro A disposent d’équipes éligibles pour le championnat espoir. Or, avec les formules de ligue ouvertes, ces équipes peuvent très bien d’une année à l’autre être reléguées en Pro B. D’où le problème majeur: comment construire une équipe qui risque de ne plus pouvoir jouer l’année d’après ? Pour un club de Pro B qui monte en Pro A, ils sont dans l’obligation de créer une équipe: or ils n’ont pas toujours l’effectif disponible et doivent donc recruter. Imaginons qu’ils redescendent en Pro B l’année d’après, leur équipe vieille de...1 an, sera déjà obsolète. L’inverse est également problématique: une équipe de Pro A qui descend en Pro B doit se séparer de son équipe, ou si elle l’a garde, ne peut pas lui faire jouer le championnat national (ce qui risque fort de déplaire à certains joueurs). La solution pourrait donc être de créer un championnat espoir indépendant, à part entière, basé sur le modèle américain, c’est à dire en partenariat avec des grandes écoles afin 61 d’organiser des formations sports études plus poussées; à l’image de ce qu’on retrouve à l’INSEP par exemple mais au niveau national. La mise en place d’un tel championnat permettrait donc d’une part aux jeunes sportifs de pouvoir mieux concilier carrière sportive et cursus scolaire, tout en élevant le niveau général du sport en France en permettant aux catégories espoirs et jeunes de s’affronter régulièrement dans des championnats à enjeux (avec par exemple un titre de Champion de France Universitaire ou garder l’appellation Champion de France Espoirs). Cette compétition pourrait également être un bien meilleur tremplin pour les jeunes souhaitant faire carrière professionnelle dans le basket en organisant des partenariats avec des universités européennes pour commencer puis pourquoi pas, dans un second temps, international. Ceci permettrait d’une part d’exporter nos talents et notre connaissance du jeu tout en important ceux d’autres pays. La mise en place d’un championnat national espoir, à part entière, en partenariat avec les universités et grandes écoles françaises pour dresser la base d’un championnat universitaire en France. Championnat qui aurait pour buts d’exporter nos talents tout en important d’autres, mais également de permettre aux jeunes joueurs français de ne plus avoir à choisir entre le basket et les études au détriment de l’autre et de pouvoir concilier les deux dans une mesure qu’il leur est beaucoup moins permis aujourd’hui. 62 Conclusion Ainsi nous avons pu faire l’état des lieux du basket-ball français. Ce sport est un sport très pratiqué au niveau amateur. En effet, plus de 500 000 personnes sont licenciés dans un club de basket. Le basket doit ce franc succès dans la pratique par les valeurs positives d’esprit d’équipe, de solidarité, de dépassement de soi pour n’en citer que quelques-unes que ce sport inspire. Cependant, si dans la pratique le basket-ball est un sport majeur dans le monde amateur français, c’est un sport qui a une visibilité assez faible dans les médias français à l’exception de quelques évènements ponctuels au cours de l’année comme le All Star Game ou la Leaders Cup. Pourtant si le basket professionnel n’est pas suivi en France, nous avons pu constater dans cette étude que ce sport peut connaître également un franc succès et cela sur n’importe quel continent que ce soit l’Asie (Chine), l’Europe (Espagne), ou l’Amérique (NBA). On remarque certains facteurs récurrents à la réussite de médiatisation du basket-ball. Dans ces pays, le championnat possède des moyens importants issus de la sphère privée (sponsoring, mécénat). Il faut également de la stabilité afin de faire grossir les grosses équipes comme en Espagne qui pourront devenir des équipes phares au niveau international et permettre au grand public de faciliter la compréhension d’un sport qui peut paraître compliqué au premier abord (règlement NBA, règlement Fiba…). Enfin dernier point important mais non des moindres, le basket doit être considéré comme un sport-spectacle et non plus un sport-compétition qui ne devrait concerner essentiellement que le basket amateur. Pour conclure sur ce constat, nous avons remarqué aussi que tous ces championnats ont profité d’une exposition médiatique liée aux résultats de leurs équipes nationales respective. Nous sommes aujourd’hui en plein dans cette fenêtre d’opportunité pour le basket français qui est champion d’Europe en titre et qui s’apprête au moment où nous rédigeons cette étude à disputer le championnat du monde en Espagne. Si le résultat est dans l’ensemble positif cela permettrait de faire parler du basket-ball français et d’attirer encore plus de licenciés à la base dans le basket amateur plus sensible au championnat de basket français. Mais le grand public qui représente la cible des médias n’est pas à négliger. Pour atteindre ces personnes nous vous avons proposé un nombre assez conséquent de recommandations, en quelques sortes des pistes à creuser pour développer le basket en France. 63 Webographie http://basketretro.com http://communication.revues.org http://nikeinc.com/ http://trashtalk.fr http://www.leparisien.fr http://www.basketsession.com http://www.basketusa.com http://www.huffingtonpost.fr http://www.insidebasket.com http://www.leparisien.fr http://www.lequipe.fr Mémoires de référence ARCHAMBAULT Fabien, ARTIAGA Loïc, FREY PierreYves L’aventure des « Grands » hommes : Etude sur l’histoire du basket-ball Limoges, Presse Universitaires de Limoges, 2003 http://www.memoireonline.com/10/08/1594/m_obstacles-professionnalisation-club-basketball-amateur0.html http://paulpichon.com/docs/enjeux-et-fonctionnement-LNB.pdf 64