Grippe aviaire et risques professionnels

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Dossier - Grippe aviaire et risques professionnels - www.inrs.fr
Ce dossier ne traite pas des activités d’élevage dépendant du régime agricole et des personnels de santé en
milieu hospitalier ou en pratique libérale prenant en charge des patients atteints de grippe aviaire. Un
dossier spécifique est consacré au risque de pandémie grippale, résultant de l'adaptation du virus aviaire à
l'espèce humaine.
Ce qu’il faut retenir
De quoi parle-t-on ?
Risques pour les travailleurs exposés à des oiseaux
Démarche de prévention en cas d’exposition potentielle
Evaluation des risques
Suppression / réduction des risques
Information et sensibilisation du personnel
Formation
Conduite à tenir en présence d’oiseaux malades ou morts
Prévention dans le cas d’un foyer d’influenza aviaire en élevage
Contexte réglementaire
Ce qu’il faut retenir
Depuis 2005, le virus H5N1 touche de façon épisodique l’Europe. Il touche essentiellement les oiseaux
sauvages (cygnes, canards…). Début 2007, des foyers ont été constatés dans les élevages de volailles en
Hongrie, en Angleterre et dans les environs de Moscou : la contamination par le biais des échanges
commerciaux est mise en cause.
Ce virus, responsable de l’influenza aviaire chez les oiseaux, peut être à l’origine de cas de grippe aviaire
chez l’homme. Des cas sont régulièrement notifiés à l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Les
experts craignent une adaptation du virus H5N1 à l’homme qui rende possible la transmission interhumaine. Cette adaptation pourrait être à l’origine d’une pandémie grippale (épidémie de grippe à l’échelle
mondiale, traitée dans un dossier spécifique).
Les dispositions à prendre
grippale ». Le risque de
professionnelle en contact
travailleurs en contact avec
face à un foyer d’influenza aviaire figurent dans le plan national « Pandémie
grippe aviaire concerne en premier lieu les personnes qui ont une activité
étroit avec des volailles ou leurs produits (œufs, plumes…), ainsi que les
des oiseaux ou leurs fientes.
Ce dossier fait donc le point sur les risques professionnels et les mesures de prévention à mettre en place
dans les entreprises. Leur portée ne se limite pas à la prévention d’un risque d’exposition potentielle au
virus influenza aviaire : ces mesures sont valables pour tout risque potentiel d’infection transmise par les
oiseaux. Quelle que soit la situation, la logique de prévention consiste à rompre la chaîne de transmission
en agissant à un ou plusieurs niveaux : source de l’infection, mode de transmission, salarié potentiellement
exposé. Dans ce dossier, la distinction est faite entre les situations d’exposition potentielle et d’exposition
avérée (suspicion ou foyer d’influenza aviaire).
Pour vous aider, l’INRS vous propose également des liens directs vers des documents aujourd’hui
disponibles et des sites officiels permettant de se tenir informé.
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Influenza aviaire : principaux documents officiels téléchargeables
« Prévenir les risques liés à l’influenza aviaire »
http://www.grippeaviaire.gouv.fr/IMG/pdf/Comment_prevenir_les_risques_lies_a_l_influenza_aviaire.pdf
Organisation de la veille, anticipation face à un risque d'apparition de foyer d'influenza aviaire et
mesures de prévention à mettre en place notamment en cas de foyer avéré.
« Grippe aviaire ou influenza aviaire »
http://www.agriculture.gouv.fr/spip/IMG/pdf/fiche_grippe_aviaire_18_07_06.pdf
Fiche pratique reprenant de façon succincte une information générale sur la maladie chez l’animal et
chez l’homme et les principales mesures de prévention.
« Influenza aviaire. Guide des mesures de protections individuelles dans la filière avicole en cas de
suspicion ou de foyer avéré »
http://www.risquesprofessionnels.ameli.fr/media/GRIPPEAVIAIRE.pdf
Document de la CRAM de Bretagne explicitant les équipements de protection individuelle à utiliser,
ainsi que les procédures d’habillage et de déshabillage à respecter en cas de suspiscion ou de foyer en
milieu avicole.
« Grippe aviaire et oiseaux des villes et des campagnes. Face à la grippe aviaire, quelle attitude avoir
vis à vis des oiseaux sauvages ? »
http://www.grippeaviaire.gouv.fr/IMG/pdf/SIA.pdf
Document grand public d’information générale sur le comportement à avoir avec des oiseaux sauvages
et la conduite à tenir en cas de découverte d’un oiseau mort.
De quoi parle-t-on ?
Les principales notions à connaître pour appréhender ce dossier sont abordées ci-dessous : vocabulaire et
rappels sur la maladie animale, chiffres disponibles, liens utiles pour en savoir plus.
Définitions
Influenza aviaire : désigne la maladie provoquée par des virus grippaux de type A (virus influenza)
chez les oiseaux
Epizootie : épidémie chez les animaux
Grippe aviaire : désigne la maladie chez les humains contaminés par un virus aviaire
Pandémie grippale : épidémie mondiale de grippe chez l’homme résultant de l'adaptation du virus
aviaire à l'espèce humaine
Grippe saisonnière : épidémie de grippe « commune » survenant chaque hiver
Rappels sur la maladie animale
La grippe chez les oiseaux (y compris les volailles), ou influenza aviaire, est un phénomène connu de
longue date. Les virus influenza aviaires circulent au sein des populations d’oiseaux sauvages, en
particulier les oiseaux aquatiques qui constituent le réservoir naturel de ces virus.
Le plus souvent, il s’agit de virus faiblement pathogènes : dans la faune sauvage, beaucoup
d’oiseaux sont porteurs de virus sans être malades. Cependant, certaines souches peuvent être
hautement pathogènes pour les oiseaux : elles entraînent des formes sévères à mortalité
importante et brutale. Par exemple, dans les élevages industriels de volailles, la mortalité peut
atteindre 100 % en 48 à 72 heures.
Une vingtaine d’épizooties à virus hautement pathogènes ont été recensées dans le monde depuis
1959. L'épizootie qui sévit depuis 2003, originaire du sud-est asiatique, est due à un virus H5N1.
Chez les volailles, les dindes sont l’espèce la plus sensible, avant les poulets.
Le virus se transmet essentiellement par voie respiratoire ou digestive. La transmission peut se faire :
au niveau respiratoire, par la toux et les éternuements des oiseaux malades, ou par des
poussières contaminées par les fientes.
au niveau digestif, via un milieu souillé par des fientes contaminées. Ces fientes peuvent, en
eau froide, rester infectieuses pendant plusieurs mois.
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Quelques chiffres de santé publique
Lorsque la souche de virus aviaire est hautement pathogène pour les oiseaux, il y a un plus grand
risque de transmission à l’homme. Avant l’actuelle épizootie, 3 épisodes localisés de transmission à
l’homme d’un virus aviaire hautement pathogène ont été décrits.
Episodes de transmission à l’homme d’un virus aviaire hautement pathogène
décrits avant l’actuelle épizootie
Date
Lieu
Sous-type
Nombre de cas
humains*
Transmission
interhumaine
rapportée*
1997
Février 2003
Printemps 2003
Hong Kong
Hong Kong
Pays-Bas
H5N1
H5N1
H7N7
18 cas dont 6 décès
2 cas dont 1 décès
89 cas dont 1 décès
oui
non
oui
* données OMS
Depuis fin 2003, le virus est « installé » en Asie. Il est passé sur le continent africain et fait des
incursions en Europe. Les foyers se multiplient.
Entre décembre 2003 et le 27 mars 2007, 282 enfants et adultes ont été contaminés par le virus
H5N1 en Asie, au Moyen-Orient et en Afrique. 169 sont décédés. Les victimes de grippe aviaire
actuellement recensées sont très souvent des personnes vivant au contact rapproché de
volailles élevées autour de la maison. Plusieurs cas sont liés à la préparation de volailles pour la
consommation (saignée, plumage, éviscération).Ces chiffres peuvent paraître inquiétants, mais si l'on
se réfère au nombre de personnes potentiellement exposées, notamment dans le Sud-Est asiatique,
on peut néanmoins dire que, pour l'instant, le virus H5N1 se transmet difficilement à l'homme. Ce
bilan est régulièrement actualisé. Consultez le Bulletin hebdomadaire international (BHI) sur le site de
l’Institut de veille sanitaire (InVS), incluant une carte mondiale des foyers d’épizootie.
http://www.invs.sante.fr/international/index.htm
Des cartes sur l’évolution de l’épizootie sont également disponibles sur le site de l’Organisation
mondiale de la santé (OMS).
http://gamapserver.who.int/mapLibrary/app/searchResults.aspx (uniquement en anglais)
Risques pour les travailleurs exposés à des oiseaux
De façon générale, tous les salariés en contact avec les oiseaux, leurs fientes et leurs plumes ou oeufs
souillés par des fientes, peuvent être exposés au virus influenza aviaire, dès lors qu’un foyer apparaît. Il
est donc nécessaire d’être vigilant, dès maintenant, et d’évaluer les risques propres à l’entreprise en
fonction de son activité et/ou implantation géographique.
Situations à risque
Les virus de la grippe aviaire se transmettent des oiseaux à l’homme en suivant une chaîne
de transmission, notion importante qui sert à la fois à l’évaluation des risques et à la mise en place
des mesures de prévention.
Cette chaîne est constituée de cinq maillons : une source d’infection (ou réservoir), les portes de
sortie ou les modes d’accès au réservoir, la transmission, les portes d’entrée et l’hôte potentiel.
Dans le cas de la grippe aviaire, ces maillons sont récapitulés dans le tableau suivant.
Chaîne de transmission de l’influenza aviaire à l’homme
Réservoir
Oiseaux (vivants ou morts)
Plumes et œufs souillés par les fientes
Environnement souillé par les fientes (eau, locaux, outils…)
Portes de sortie
Fientes
Sécrétions respiratoires
Transmission
Par l’air : inhalation de poussières contaminées par les secrétions
respiratoires ou les fientes
Par projection dans les yeux de poussières contaminées
Par contact : mains contaminées portées aux yeux et au nez
Portes d’entrée
Voies respiratoires
Muqueuses oculaires et nasales
Hôte potentiel
En milieu professionnel, l’homme à son poste de travail
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L'Agence française de sécurité sanitaire des aliments (AFSSA) souligne qu'il n'y a pas de transmission
par voie digestive, donc pas de risque lié à la consommation de viande de volaille et d'œufs.
L’eau a également été évoquée comme vecteur de transmission. Compte-tenu des rapports de
l’AFSSA (eau potable, février 2006) et de l’Agence française de sécurité sanitaire de l’environnement
et du travail (AFSSET, eaux usées, février 2007), les travailleurs du traitement et de la distribution
des eaux n’ont pas à craindre une transmission de la grippe aviaire du fait de leur métier.
La voie de transmission préférentielle de la grippe aviaire comme celle de la grippe saisonnière
est la voie respiratoire. On ne peut pas cependant négliger la contamination par voie
oculaire, qui a été mise en cause dans d’autres cas d’infection par des virus influenza aviaire
hautement pathogènes pour les oiseaux.
La transmission par les mains contaminées doit également être prise en compte,
notamment lors de contacts avec des éléments contaminés (poussières, fientes…). En effet, les mains
peuvent être portées aux muqueuses du visage ou aux yeux lors de gestes instinctifs (se frotter les
yeux, se ronger les ongles…).
De façon générale, en dehors des élevages, sont notamment concernés tous les salariés travaillant
dans les secteurs suivants :
Activités directes autour des oiseaux (qu’ils soient vivants ou morts) ou autour de leurs
produits et sous -produits (œufs, plumes, fientes…) : abattage de volailles, transport,
conditionnement des œufs, valorisation des plumes ou des fientes, parcs zoologiques,
animaleries d’oiseaux de compagnie, laboratoires vétérinaires…
Elimination des oiseaux malades ou morts : euthanasie des volailles sur décision des
services vétérinaires, équarrissage.
Activités concernées indirectement par la présence d’oiseaux et leurs fientes, en
particulier sur des sites géographiques peuplés d’oiseaux : décharges à ciel ouvert, proximité de
plans d’eau, toitures des bâtiments, espaces verts…
Certaines zones géographiques peuvent être plus à risque que d’autres. Il existe une échelle
de risque épizootique comprenant 6 niveaux (négligeable 1, négligeable 2, faible, modéré, élevé et
très élevé). Elle est utilisée pour la mise en place de mesures de surveillance et de protection des
élevages en fonction de la circulation du virus H5N1 chez les oiseaux sauvages. Pour les personnes
intervenant dans ces zones, le niveau de risque évolue parallèlement à ce classement.
Maladie chez l’homme
Les symptômes de la grippe aviaire ressemblent à ceux d’une grippe saisonnière : fièvre élevée,
maux de tête, courbatures. Mais contrairement à la grippe saisonnière, ils sont souvent accompagnés
de signes gastro-intestinaux (diarrhées, vomissements et douleurs abdominales).
Ces symptômes surviennent après une incubation allant de 2 à 7 jours.
Dans les cas graves de grippe aviaire due au virus H5N1, il existe souvent des complications sous
forme d'infection pulmoniare (pneumopathie virale non sensible aux antibiotiques), cause d'une
mortalité élevée.
Les doses infectieuses pour l’homme ne sont pas connues mais l’exposition prolongée et
rapprochée à des oiseaux ou volailles est mise en avant comme le principal facteur de
risque. Ce risque est majoré en cas de confinement dans un espace restreint (intervention en
élevage, fréquentation des marchés, visite de volières…) ou en cas de mode de vie très proche des
volailles, comme c’est parfois le cas en zone rurale du Sud-Est asiatique.
A ce jour, il n'existe pas de transmission interhumaine prouvée, depuis le début de ce troisième
épisode épizootique commencé fin 2003. Au 31 mars 2007, aucun cas de maladie n’a été rapporté
chez les soignants (médecins, infirmières…) ayant pris en charge des malades atteints de grippe
aviaire.
Des cas groupés (encore appelés « clusters ») ont été rapportés dans des familles, mais il est difficile
de faire la part des choses entre véritable transmission inter-humaine (lors de soins à un malade) et
exposition identique des membres de la famille à des volailles malades.
Démarche de prévention en cas d’exposition potentielle
Il s’agit dans ce paragraphe de faire le point sur la prévention du risque « grippe aviaire » suite à une
exposition potentielle. La prévention des risques liés à un foyer d’influenza aviaire est traitée plus loin (il
ne s’agit plus alors de situations d'exposition potentielle, mais de travail au contact d’oiseaux morts ou
malades).
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L’exposition potentielle concerne toute entreprise directement ou indirectement concernée par la présence
d’oiseaux ou de leurs fientes, notamment :
commerce d’oiseaux d’ornement,
entreprise installée dans des zones géographiques peuplées d’oiseaux : fleuve, bord de mer, en
campagne à proximité d’une basse-cour ou d’un élevage…
entretien de bâtiments (sur des toitures, des charpentes ou des façades),
installation d’antennes…
Les mesures de prévention de la grippe aviaire à mettre en place dans l’entreprise s’appuient sur les
principes habituels d’une démarche de prévention globale. Elles doivent être adaptées à l’activité
professionnelle considérée ou à la situation géographique.
A noter que leur portée ne se limite pas à la prévention d’un risque potentiel d’exposition au virus
influenza aviaire : ces mesures sont valables pour tout risque potentiel d’infection transmise par
les oiseaux.
Evaluation des risques
Dans le cas des activités professionnelles exposant au risque de grippe aviaire, la démarche
d’évaluation des risques est facilitée par les notions développées plus haut concernant la chaîne de
transmission. Elle nécessite une bonne analyse de l’ensemble des tâches effectuées.
La première étape de l’évaluation est celle de l’identification des dangers. Il s’agit
d’identifier le réservoir, premier maillon de la chaîne de transmission : tout oiseau ou volaille
(vivant ou mort), ainsi que tout environnement souillé ou contaminé par les fientes (eau, locaux,
outils…).
La connaissance de l'activité est indispensable pour analyser les conditions d’exposition au risque de
grippe aviaire.
Comment analyser les conditions d’exposition au risque de grippe aviaire ?
Identifier les tâches, procédés ou équipements susceptibles de générer une exposition
du travailleur avec un oiseau ou son environnement
Dans le cas de la grippe aviaire, il faut qu'il y ait contact entre le travailleur et des oiseaux, leurs
produits (œufs, plumes, fientes) ou un environnement souillé par des oiseaux. Par exemple, dans
une entreprise de couverture, seuls ceux qui vont sur les toitures peuvent être exposés, alors que
le personnel administratif ne l’est pas. Dans une entreprise important des plumes et duvets, seuls
les postes avant le lavage peuvent être considérés « à risques ».
Considérer la nature ou la modalité de l’exposition
L’exposition au virus influenza aviaire peut avoir lieu par voie aérienne ou par contact avec les
muqueuses (projections de poussières ou de gouttelettes dans les yeux, mains contaminées
portées aux yeux ou au nez…).
En reprenant l’exemple de l’entreprise de couverture, le nettoyage au jet d’eau à haute pression
ou le grattage des fientes majore le risque d’exposition par une mise en suspension dans l’air de
gouttelettes ou de poussières potentiellement contaminées.
Apprécier la durée et la fréquence de l’exposition
La durée et la fréquence de l’exposition majorent l’importance du risque. A ce jour, tous les cas
de grippe aviaire sont reliés à un contact étroit et prolongé avec des volailles.
Cette démarche d’évaluation des risques aboutit au repérage des situations d’exposition
potentielle : postes et/ou gestes professionnels ou étapes des procédés mis en œuvre. Cette notion
d’exposition potentielle est par la suite systématiquement prise en compte dans la démarche de
prévention.
Les résultats de cette évaluation doivent être retranscrits dans le document unique, accompagnés
d’un plan d’actions de prévention adapté.
Suppression / réduction des risques
Comme pour tout agent biologique, on réduit ou limite les conditions d’exposition au virus
influenza aviaire en intervenant sur les procédés, méthodes ou postes de travail. Il s’agit de rompre
la chaîne de transmission en cassant un ou plusieurs maillons.
Il existe trois types de mesures :
agir sur la source de l’infection, le réservoir,
agir sur le mode de transmission,
agir au niveau du salarié potentiellement exposé (procédures de travail et hygiène
individuelle).
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Ces mesures sont à envisager et à adapter selon les secteurs professionnels, en donnant la priorité à
celles qui portent sur l’origine des risques, donc sur le réservoir. Le deuxième niveau d’action porte
sur les modes de transmission potentielle du virus influenza aviaire. Enfin, quand ces mesures ne
suffisent pas ou ne peuvent pas être mises en place rapidement, il est nécessaire d’agir sur les
portes d’entrée, donc directement au niveau du salarié potentiellement exposé.
Exemples de mesures de suppression ou de réduction des expositions potentielles au virus
d’influenza aviaire
Agir sur le
réservoir
potentiel
Empêcher les oiseaux de se poser et de nicher sur ou à proximité des lieux
de travail, et notamment dans les combles et les charpentes
Nettoyer régulièrement les lieux souillés par des fientes (appuis de fenêtre,
stores, cours…)
Respecter l’interdiction de nourrir les oiseaux sauvages
Limiter l’accès des oiseaux à toute source de nourriture (silos à grains,
déchets organiques…)
Empêcher le contact des oiseaux sauvages avec des oiseaux tenus en
captivité (élevages, parcs zoologiques, animaleries…)
Respecter les interdictions d’importation ou les obligations de mise en
quarantaine
Agir sur les
modes de
transmission
Réfléchir à l’organisation du travail : identifier les travailleurs exposés et en
limiter le nombre, identifier les tâches les plus exposantes en se posant la
question de leur pertinence, de manière à :
Limiter dans la mesure du possible les contacts directs ou prolongés avec
les oiseaux
Limiter l’empoussièrement (pas de balayage ou de grattage à sec des
fientes)
Limiter la mise en suspension de gouttelettes et les projections (réduire
l’utilisation de jets d’eau à haute pression)
Agir au niveau
du salarié
potentiellement
exposé
Fournir les équipements de protection individuelle adaptés au contexte
professionnel (par exemple, gants pour le ramassage d’oiseaux morts,
protection respiratoire pour l'utilisation de jets d'eau à haute pression)
Mettre à disposition des moyens de lavage des mains et du visage
Faire connaître les mesures d’hygiène individuelle
Les équipements de protection individuelle doivent être adaptés aux personnes, aux risques encourus
et aux tâches à effectuer (simple contact avec un oiseau ou quelques fientes, exposition à des
poussières ou des gouttelettes contaminées, projections…).
Ainsi, pour le ramassage d’un oiseau mort, seul le port de gants est nécessaire.
En revanche, pour une opération de nettoyage ou l’entretien d’un bâtiment souillé par des fientes, il
faut envisager :
le port de protection individuelle : vêtement de protection à usage unique, gants de protection
étanches et résistants, lunettes de protection, protection respiratoire (au minimum masque
jetable de type FFP2),
des procédures après intervention (retrait de la tenue de protection, lavage des mains…).
Pour plus de détails sur les mesures d’hygiène et les équipements de protection individuelle,
consultez :
notre dossier Web « Zoonoses en milieu professionnel »
les bandes dessinées « Pourquoi porter des gants et comment ôter des gants souillés ? » (ED
883) et « Pourquoi et comment se laver les mains » (ED 869)
Information et sensibilisation du personnel
Tout employeur est tenu d’informer ses salariés sur les risques professionnels et leur prévention, et
de les former à la sécurité (Code du travail).
Dans le cas de la grippe aviaire et d’une exposition potentielle au virus, l’entreprise doit prévoir au
moins les actions suivantes :
Diffusion d’une information générale à tous les salariés (série de documents « grand
public » accessibles)
Affichage de certaines consignes (à élaborer à partir des documents officiels disponibles)
Information spécifique des travailleurs exposés à des oiseaux et à leurs produits du fait
de leur activité
Rappel des risques
Principales mesures de prévention par le salarié en cas d’activité en contact avec des
oiseaux ou leurs produits
Consignes de ramassage pour les oiseaux morts
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L'information donnée au personnel doit être adaptée à la réalité de l’entreprise, aux conditions de
travail, aux différents postes de travail concernés par un tel risque.
La communication au sein de l’entreprise pourra s’inspirer de deux documents officiels destinés au
grand public :
affichette « Des gestes simples pour limiter les risques de contamination », réalisée par le
ministère chargé de la Santé et l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé
(INPES)
fiche d’information du ministère chargé de l’Agriculture « Que faire lors de la découverte d’un
oiseau mort ? »
Formation
Cette formation concerne plus particulièrement les travailleurs exposés à des oiseaux et à leurs
produits du fait de leur activité. Elle doit aborder :
l’adaptation des procédures de travail à une situation à risque,
la procédure de ramassage des oiseaux morts,
l’utilisation d’équipements de protection individuelle (en particulier leur mise en place et leur
retrait),
le respect des mesures d’hygiène.
Conduite à tenir en présence d’oiseaux malades ou morts
De manière générale, la consigne est de ne pas toucher les oiseaux malades ou morts, en
l’absence de nécessité professionnelle.
S’il s’agit d’un cygne, d’un canard ou d’une mortalité groupée (au moins cinq oiseaux), contacter :
en ville, la voirie municipale,
en zone rurale, la voirie municipale, la fédération départementale des chasseurs, les services
départementaux de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) ou la Direction
départementale des services vétérinaires (DDSV).
En dehors de ces cas, pour ramasser et éliminer un cadavre isolé, il est nécessaire de :
se munir de gants étanches et résistants pour ramasser le cadavre,
mettre le cadavre dans un sac poubelle résistant,
mettre le sac fermé dans un deuxième sac poubelle éliminé avec les ordures ménagères,
retirer ses gants, les laver pour une prochaine utilisation ou les jeter s’ils sont à usage
unique (en les mettant avec les ordures ménagères),
se laver les mains à l’eau et au savon.
Pour en savoir plus, consultez les « Conseils aux gestionnaires de parcs et jardins ouverts au
public », document établi par le ministère chargé de l’Environnement et disponible sur le site
interministériel sur la grippe aviaire.
Prévention dans le cas d’un foyer d’influenza aviaire
Face à une mortalité anormale dans une population d’oiseaux sauvages (cygnes, canards…) ou dans un
élevage, les services vétérinaires déclenchent la mise en place de certaines mesures destinées à
circonscrire puis éradiquer un éventuel foyer d’influenza aviaire.
Ce plan est mis en œuvre par la Direction départementale des services vétérinaires (DDVS) sous l’autorité
du préfet du département concerné.
Les mesures de prévention proposées ci-dessous ne concernent que les travailleurs impliqués par la mise
en œuvre de ce plan, en contact direct avec les oiseaux ou les volailles ou intervenant dans des locaux
contaminés : équipes d’euthanasie et de ramassage, personnels d’équarrissage, équipes de nettoyage et de
désinfection.
Evaluation des risques
Il s’agit ici de situations de travail au contact rapproché ou prolongé avec des oiseaux ou volailles
pour lesquels il existe une présomption ou une certitude d’infection à virus H5N1.
Pour les opérations liées au ramassage et à l’euthanasie des volailles infectées, à leur transport et au
nettoyage et la désinfection des locaux d’élevage contaminés, l’évaluation du risque prendra en
considération différents paramètres :
la durée de l’intervention,
le site d’intervention (milieu ouvert ou fermé, confinement ou pas…),
la taille du foyer et le nombre d’oiseaux à traiter,
la charge physique prévisible, en fonction de la procédure employée,
la possibilité d’euthanasie préalable des volailles.
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L’euthanasie des
volailles avant
l’intervention des
équipes de dépeuplement
diminue
l’empoussièrement des locaux. Inversement, lors d’interventions sur des oiseaux vivants, le risque
est majoré par l’agitation des oiseaux ou des volailles.
Selon leur activité, les personnes intervenantes sont exposées :
à des poussières contaminées par les fientes,
au contact direct avec des volailles ou des matériels contaminés,
à des griffures et des plaies lors de la manipulation des volailles,
à des charges physiques importantes majorant l’effort respiratoire (travail en milieu confiné,
port de charges, postures inconfortables…),
et dans certains cas à des produits ou procédés chimiques dangereux, lors des opérations
d’euthanasie, de nettoyage et de désinfection.
Les volailles ayant été enlevées, le risque persiste tant que les locaux et les matériels n’ont pas été
nettoyés et désinfectés.
Réduction des risques de contamination
Il n’est pas possible de rompre la chaîne de transmission à son premier niveau : le réservoir existe et
le personnel doit manipuler les oiseaux ou volailles atteints. Seules des mesures de réduction du
risque sont envisageables. Outre une organisation rigoureuse du travail, on doit agir sur le mode de
transmission et au niveau des salariés.
Les mesures de réduction d’autres risques (risques chimiques, pénibilité du travail…) ne sont pas
traitées ici.
Avant toute intervention, il est impératif d’organiser le travail :
définir qui fait quoi et comment,
disposer d’équipes préalablement formées et connaissant les procédures d’intervention,
avoir des équipements adaptés et en état de fonctionnement (protections individuelles,
installations sanitaires, vestiaires et douches),
adapter les schémas pré-établis à la réalité de la situation ou des conditions d’intervention.
Exemples de mesures de réduction des expositions au virus d’influenza aviaire
Agir sur les modes de transmission
Intervenir sur des volailles préalablement
euthanasiées dans leurs bâtiments d’élevage (si
techniquement possible)
Respecter les procédures d’intervention établies
(périmètres de sécurité et de confinement, consignes
de sortie des zones contaminées…)
Agir au niveau du salarié
Former au préalable les travailleurs susceptibles
d’intervenir sur des foyers
Faire passer une visite médicale spécifique aux
risques et conditions de travail sur un chantier de
dépeuplement (aptitude au port d’appareil de
protection respiratoire…)
Mettre à disposition des équipements de protection
individuelle spécifiques
S’assurer avant l’intervention que les procédures sont
connues et comprises (entraînement préalable)
Les équipements de protection individuelle doivent être adaptés aux risques encourus et aux tâches à
effectuer sur un chantier de dépeuplement d’un foyer. Il faut une protection respiratoire :
pour les travailleurs capturant des volailles vivantes ou ramassant des cadavres, port
d’un appareil de protection respiratoire filtrant contre les aérosols à ventilation
assistée (au minimum de classe TH2P). En effet, un appareil à ventilation assistée offre
davantage de confort qu’un appareil à ventilation libre pour ces activités à charge physique
soutenue.
pour les personnes peu exposées (en dehors des bâtiments d’élevage, sans manipulation
directe de volailles…), appareil jetable de classe FFP2 au minimum. L ’utilisation d’un appareil
muni d’une valve expiratoire est préconisée pour un port prolongé, car cette valve améliore le
confort.
La tenue d’intervention comporte également :
des vêtements de protection à usage unique contre les poussières (type 5) et portés par
dessus la tenue de travail,
des gants de protection étanches résistants. Pour des activités n’exposant pas les mains à des
agressions mécaniques, des gants de protection étanches à usage unique peuvent convenir,
dans le cas de port d’une protection respiratoire jetable FFP2, des lunettes de protection contre
les poussières (en veillant à la compatibilité des équipements),
des bottes et sur-bottes.
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Le retrait de ces équipements de protection à la sortie du bâtiment d’élevage se fait selon une
procédure qui limite le risque de contamination du travailleur par inhalation et par contact des mains
avec le visage. Cette dernière se déroule sur trois zones bien distinctes :
zone confinée (bâtiment d’élevage),
zone intermédiaire extérieure,
vestiaires.
Procédure de retrait des équipements de protection
A la sortie de la zone confinée, retrait des sur-bottes et lavage des bottes
Passage dans le pédiluve
Dans la zone intermédiaire :
Passage à l’eau des mains gantées et de l’appareil de protection respiratoire ré-utilisable
Retrait des gants
Lavage des mains à l’eau et au savon
Retrait de l’appareil de protection respiratoire
Retrait de la combinaison jetable en la retournant
Lavage des mains et du visage à l’eau et au savon
Passage dans le pédiluve
Entrée dans le vestiaire, retrait de la tenue de travail et prise de douche
En cas de port de protection respiratoire jetable et de lunettes de protection, il faut les enlever après le retrait
de la combinaison jetable et après s’être lavé les mains.
Les protections individuelles à usage unique sont immédiatement jetées dans un sac poubelle (à
éliminer suivant la consigne établie pour le chantier).
Les protections non jetables (bottes et protections respiratoires) sont nettoyées et désinfectées avec
un produit autorisé par les services vétérinaires et compatible avec les matériaux des équipements
utilisés.
Pour approfondir, consultez les documents suivants :
« Influenza aviaire. Guide des mesures de protections individuelles dans la filière avicole en
cas de suspicion ou de foyer avéré », fiche diffusée sur le site de la CNAMTS
« Prévenir les risques liés à l’influenza aviaire » (document interministériel)
Rôle spécifique des différents acteurs
Les opérations de contrôle et de destruction d’un foyer d’influenza aviaire sont pilotées par la
direction départementale des services vétérinaires (DDVS) sous l’autorité du préfet du département
concerné. Ces activités ne s’improvisent pas. Elles doivent être largement anticipées, tant par les
employeurs des diverses entreprises intervenantes, par les services de santé au travail que par
d’éventuelles agences de travail temporaire qui souhaiteraient intervenir dans ces activités.
Employeur des personnes intervenantes
L’employeur doit avoir largement anticipé cette activité et avoir pris les mesures nécessaires :
formation des opérateurs pressentis parmi les salariés de son entreprise (procédures
d’intervention, utilisation de protections individuelles, respect des mesures d’hygiène),
demande de visite médicale du travail préalable,
achat, mise à disposition et maintenance des équipements de protection individuelle.
Après intervention sur un foyer, les salariés doivent être inscrits sur la liste des personnels
exposés à un agent biologique de groupe 3 (article R. 4426-1 du Code du travail) avec les
données relatives aux expositions, aux accidents et aux incidents.
Médecin du travail
L’avis d’aptitude doit prendre en compte les conditions de travail très spécifiques à ce type
d’activités, et notamment les aspects suivants :
charge physique pouvant être très importante, surtout si, pour des raisons techniques, les
volailles ne peuvent pas être euthanasiées au préalable (élevage de poules pondeuses par
exemple),
port d’un appareil de protection respiratoire, augmentant la charge cardiaque.
Les éléments médicaux d’aptitude au port d’un appareil de protection respiratoire font l’objet
d’un document INRS (dossier médico-technique TC 47).
Agences d’intérim
Les travailleurs intérimaires mis à disposition pour ces opérations doit avoir reçu la formation
nécessaire et avoir bénéficié d’une visite médicale avec décision d’aptitude à ce type
d'intervention.
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Contexte réglementaire
Le cadre réglementaire de la prévention des risques liés à l’exposition au virus influenza aviaire
est identique à celui de tout autre risque. La prévention des risques professionnels s’appuie sur une
démarche dont les principes généraux sont édictés par le Code du travail (article L. 4121-2).
L’évaluation des risques constitue le point de départ de la démarche de prévention qui incombe à
tout employeur dans le cadre de son obligation générale de sécurité à l’égard de son personnel.
Pour l’aider dans cette démarche, l’employeur peut notamment faire appel au Comité d'hygiène,
de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) et/ou au médecin du travail.
Les résultats de l’évaluation des risques doivent être transcrits dans le document unique (article R.
4121-1 du Code du travail). Au-delà du strict respect de l’obligation réglementaire, ce document doit
permettre à l’employeur d’élaborer un plan d’action définissant les mesures de prévention
appropriées aux risques identifiés.
Concernant le risque de grippe aviaire en milieu professionnel, il est également indispensable de prendre
en considération les dispositions spécifiques relatives aux agents biologiques, en particulier celles
spécifiques aux zoonoses.
Consultez notre dossier « Zoonoses en milieu professionnel ».
Pour en savoir plus, consultez les fiches A et B du document interministériel « Prévenir les risques liés à
l’influenza aviaire ».
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