Étude de cas : « La guerre d`Algérie

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Étude de cas : « La guerre d`Algérie
Étude de cas : « La guerre d’Algérie (1954-1962) » [MB v2.6]
Sommaire
1. Un système colonial en échec ..........................................................................................................1
1.1 Une colonie à part......................................................................................................................1
1.2 Une société inégalitaire..............................................................................................................1
1.3 La montée de la violence...........................................................................................................1
2. Trois guerres en une .........................................................................................................................2
2.1 Une guerre franco-algérienne....................................................................................................2
2.2 Une guerre civile algéro-algérienne...........................................................................................2
2.3 Une guerre franco-française.......................................................................................................2
3. Une douloureuse indépendance .......................................................................................................3
3.1 Les accords d'Évian. .................................................................................................................3
3.2 Massacres et exil........................................................................................................................3
Conclusion : .........................................................................................................................................3
Documents............................................................................................................................................4
1. Un système colonial en échec
1.1 Une colonie à part
•
Annexée à la France à partir de 1830, l'Algérie est considérée comme partie intégrante du
territoire national. Divisée en trois départements, son administration dépend du ministère de
l'Intérieur et non de celui des Colonies.
•
C'est également la seule colonie française de peuplement : en 1954, à côté des neuf millions
d'Arabes et de Kabyles très majoritairement musulmans, vivent un million de colons
européens.
1.2 Une société inégalitaire
•
Les « pieds-noirs » (colons européens) ont longtemps été les seuls à bénéficier de la
citoyenneté française. Les Juifs l'ont obtenu en 1870, et les Musulmans seulement en 1944.
Mais le droit de vote est exercé de manière inégalitaire.
•
En vertu du statut de 1947, les pieds-noirs élisent autant de députés que les musulmans,
pourtant beaucoup plus nombreux. Et les élections sont largement truquées en faveur des
musulmans favorables à la France.
1.3 La montée de la violence
•
1
Une manifestation nationaliste est violemment réprimée le 8 mai 1945 à Sétif et Guelma
dans le Constantinois, où la répression fait plusieurs milliers de victimes 1. Le 1er novembre
1954, un nouveau mouvement, le FLN (« Front de Libération Nationale »), qui se
revendique nationaliste, islamiste et socialiste, déclenche une vague d'attentats : c'est la «
Toussaint rouge » qui marque le début de la guerre d'Algérie.
Attention ! l'Algérie actuelle (le FLN y est toujours au pouvoir) prétend qu'il y a eu 45 000 morts (cf.
http://www.elmouradia.dz/francais/algerie/histoire/algeriefr.htm) ; les recherches historiques sérieuses donnent des
chiffres très inférieurs.
•
En 1956, les effectifs militaires sont doublés : 400 000 militaires bouclent et quadrillent le
territoire (en particulier Alger), mêlant opérations militaires, actions d'assistance sociale et
actions psychologiques pour gagner la population à la cause de l'Algérie française.
2. Trois guerres en une
2.1 Une guerre franco-algérienne
•
Paris se contente d'abord de donner des moyens supplémentaires à la police pour maintenir
l'ordre, puis décide en 1955 de faire appel au contingent. En effet, les fellaghas (guérilleros)
algériens mènent la vie dure aux troupes françaises. Plus d’un million de soldats (en partie
des jeunes du contingent, le service militaire fut prolongé de 18 à 27 mois) procèdent à un
quadrillage du territoire algérien et à sa « pacification ».
•
Les parachutistes du général Massu purgent la Casbah d’Alger des « terroristes » FLN en
1957 avec des méthodes peu conformes aux droits de l’Homme (mais fidèles aux directives
de Paris). Tortures et exécutions sommaires (dites « corvées de bois ») sont multipliées à
mesure que les civils européens subissent attentats aveugles et assassinats de la part du FLN.
•
Des barrages sont édifiés avec succès sur les frontières marocaine et tunisienne de 1958 à
1960. Si la guerre est « gagnée » militairement par l'armée française, elle est perdue
politiquement par la France car la population musulmane se rallie en partie au FLN (ou elle
demeure neutre ce qui de facto, profite aux insurgés) et l’opinion mondiale soutient les
Algériens, en particulier à l'assemblée générale de l'ONU 2. Il ne faut pas oublier le rôle de
l'URSS et des nouveaux pays indépendants du Tiers-Monde, opposés à la présence française
en Algérie.
2.2 Une guerre civile algéro-algérienne
•
Tous les Algériens ne soutiennent pas le FLN. Certains se rangent du côté de la France,
allant parfois comme les « Harkis » jusqu'à combattre à ses côtés contre les insurgés.
•
D'autres militent au MNA (Mouvement National Algérien), parti nationaliste rival, auquel le
FLN livre une guerre féroce en Algérie et en métropole.
•
La très grande majorité des victimes de la guerre sont d'ailleurs des Arabes et des Kabyles
musulmans victimes du FLN (en général égorgés : « le sourire du fellagha »).
2.3 Une guerre franco-française
2
•
L'opinion publique métropolitaine, très « Algérie française » en 1954, est d'abord assez
indifférente à un conflit lointain. Mais, elle devient moins favorable à mesure que le coût
augmente, que les jeunes Français du contingent (service national) sont envoyés combattre
en Algérie et que la presse révèle des exactions dont se rendent coupables certains
militaires ;
•
Certains Français, en particulier des membres du Parti communiste, désertent, sabotent
l'effort de guerre ou participent même à l'espionnage et à la logistique du FLN (les
« porteurs de valises ») ;
•
L'opposition d'une partie des « pieds-noirs » et de militaires professionnels à la politique
algérienne menée par Paris aboutit à la création de l'OAS (Organisation armée secrète) qui
recourt au terrorisme jusque sur le sol métropolitain, y compris contre les autorités
La France doit faire usage de son droit de veto au Conseil de sécurité de l'ONU.
françaises (ex. : l'attentat du Petit-Clamart en août 1962 contre le président Charles de
Gaulle) .
3. Une douloureuse indépendance
3.1 Les accords d'Évian.
•
L'agitation des partisans de l'Algérie française, dans un climat proche de la guerre civile,
entraîne le retour au pouvoir du général de Gaulle en mai 1958. Celui-ci finit par penser que
la décolonisation est inévitable : en septembre 1959, il reconnaît aux Algériens le droit à
l'autodétermination.
•
Les accords signés à Évian entre le gouvernement français et le FLN (qui s'est proclamé
Gouvernement provisoire de la République algérienne ou GPRA) le 18 mars 1962, ratifiés
par référendum en France (90 % de oui) et en Algérie, conduisent à la proclamation de
l'indépendance de l'Algérie le 5 juillet 1962.
3.2 Massacres et exil
•
Le même jour à Oran, des dizaines de « pieds-noirs » sont massacrés par le FLN alors que,
dans toute l'Algérie, s'engage une campagne d'élimination des « harkis ». Pris de panique,
Juifs et « pieds-noirs » quittent l'Algérie dans la précipitation (« la valise ou le cercueil »).
•
Les « harkis » sont abandonnés sur ordre de Paris : seules 43 000 personnes parviennent à
fuir l'Algérie (majoritairement grâce aux officiers français désobéissants aux ordres) et sont
installées en France dans des camps !
(Source : Histoire T. L/ES, Hatier, Paris 2004)
Conclusion :
Cinquante ans après la signature des accords d'Evian, la guerre d'Algérie n'en finit pas de déchirer
l'opinion publique française. La reconnaissance du sacrifice des « harkis » en faveur de la France est
tardive alors qu'en Algérie, 84 % des Algériens les considèrent toujours comme des traîtres
impardonnables. Les autorités du FLN, toujours au pouvoir depuis 1962 ont régulièrement exigé de
la France une « repentance » non seulement pour la guerre mais même pour toute la période
coloniale.
Documents
Document 1 : Manifeste du peuple algérien adressé aux autorités françaises par Ferhat Abbas (18991985), 10 février 1943.
« Politiquement et moralement, cette colonisation ne peut avoir d'autre concept que celui de deux
sociétés étrangères l'une à l'autre. Son refus systématique ou déguisé de donner accès, dans la cité
française, aux Algériens musulmans a découragé tous les partisans de la politique d'assimilation
étendue aux autochtones. [. . .] Le Président Roosevelt, dans sa déclaration faite au nom des Alliés,
a donné l'assurance que, dans l'organisation du monde nouveau, les droits de tous les peuples,
grands et petits, seraient respectés. Fort de cette déclaration, le peuple algérien demande dès
aujourd'hui [...] la condamnation et l'abolition de la colonisation ; l'application pour tous.les pays,
petits ou grands, du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes ; la dotation de l'Algérie d'une
Constitution propre garantissant la liberté et l'égalité absolue de tous ses habitants, sans distinction
de race ni de religion [...] ; la participation immédiate et effective des Musulmans algériens au
gouvernement de leur pays. »
Document 2 : La proclamation du FLN, le 1er novembre 1954
Document 3 : Répression d'une émeute par l'armée française à Alger en 1956
Copyright/source : P. Boulat/Cosmos
Document 4 : une combattante du FLN menaçant de son fusil un civil métropolitain dans un village
isolé
Copyright/source : Tallandier
Document 5 : Un village algérien rasé par l'armée française au sud de la Kabylie en octobre 1960.
Copyright/source : M. Garanger
Document 6 : carte de l'Algérie en 1960
Document 7 : l'interprétation du conflit par l’État-major français en octobre 1955
« Les difficultés que la France connaît en Afrique française du Nord sont dues à une explosion de
nationalisme provoquée par des Puissances étrangères qui veulent éliminer la France moins par
idéalisme que dans un but égoïste. Cet appui étranger a permis la constitution de commandos
rebelles qui ont pour mission de rallier à leur cause, parla terreur, la population jusque-là favorable
à la France. Les buts poursuivis par les « nationalistes » sont dans la plupart des cas de servir leurs
intérêts personnels ou d'assouvir leurs vengeances particulières ou, plus simplement encore, de
chasser les Français de race et de religion différentes des leurs ; ces doctrines raciales périmées,
encore vivaces en terre musulmane, constitueraient, si elles étaient appliquées, un recul de la
civilisation que nous avons apportée. L'intérêt des puissances étrangères, qui encouragent la
rébellion par la propagande ou par l'envoi d'armement ou de cadres, est encore plus évident. Elles
visent à se substituer à la France, sinon d'une façon visible, du moins sur le plan économique, de
façon à nous réduire au rang de puissance mineure, pour leur plus grand profit. »
Extrait de : « Afrique française du Nord, notice à l'usage des jeunes Français de la métropole appelés à servir en Afrique
du Nord » ; état-major de l'armée, 3e bureau, octobre 1955.