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- ddi ctioints é Am ater n t r In odu ction Comment l’étincelle a jailli dans l’œil du clinicien Chef du service de pédiatrie à l’hôpital universitaire de Nantes et responsable de la Pouponnière La Civelière, le Dr Paul Lemoine n’avait au départ, aucune arrière-pensée concernant l’embryo-fœtopathie alcoolique. Sa découverte du syndrome d’alcoolisation fœtale, il la doit à son écoute et observation des mères et des enfants et au respect des professionnelles qui s’occupent d’eux, qui ont toujours été siens. Présent à Nantes, il a raconté ainsi son histoire, à travers une interview vidéo. En substance : le Dr Paul Lemoine, devenu sourd, ne pouvait guère, en effet, répondre aux questions des participants. “Je voulais seulement décrire ce que je voyais, alors que j’étais parfois appelé en consultation à la maternité. À cette époque, il n’existait pas de visite systématique du pédiatre et les confrères n’étaient guère emballés, car ce travail n’était pas rémunéré. J’avais l’œil attiré par certains des bébés que je voyais alors. Curieux ! Ils se ressemblaient… comme des frères, avaient un énorme retard de croissance et le même faciès ! Paroles de puéricultrices Un jour que je faisais ma visite à la pouponnière, et que je discutais avec les puéricultrices et auxiliaires de puériculture que beaucoup négligent, l’une d’entre elles s’est permise de me faire remarquer : Ces deux enfants-là ne sont pas des frères, mais ils ont tous les deux des mères très alcooliques. L’étincelle avait jailli ! Je me suis alors interrogé sur la validité du dogme d’innocuité de l’alcool qui avait cours parmi nous : Et si nous nous trompions ? J’ai repris les dossiers de ces enfants-là et entrepris de convaincre mes confrères. En 1964, j’avais réuni 20 cas, puis, en 1967, j’en avais 127. L’un de mes élèves appelait ces enfants, les petits Lemoine ! J’ai donc pu faire une communication devant la Société de pédiatrie de l’ouest. Personne ne m’a cru ! Quelques temps plus tard, un ancien ministre en visite à la pouponnière s’était arrêté devant l’un de ces couples de ‘jumeaux’. Je lui dis : En fait, ils ont tous les deux des mères très alcooliques… Il était très fâché et m’a dit : C’est to-ta-le-ment-faux ! La preuve est que Robert Debré m’a dit que l’alcool ne posait pas de problème pendant la grossesse ! Nous en étions là !…” Cette année-là, Paul Lemoine publie son travail dans L’Ouest Médical, une revue aujourd’hui disparue. Puis, en 1968, son étude princeps est acceptée et publiée dans Les Archives de Pédiatrie. Il n’en faudra pas moins attendre les années quatre-vingt dix et la publication par l’américain Schmitt de 8 cas qu’il a nommé “syndrome d’alcoolisation fœtale” pour que la découverte de Paul Lemoine soit enfin reconnue ! F.A.R. Paul Lemoine, pédiatre, médecins des hôpitaux, père de famille nombreuse, nous livre ici le fruit de quarante ans de pédiatrie. Son livre s’adresse surtout aux parents, mais il sera aussi utile aux médecins, aux infirmières, aux puéricultures, aux enseignants, etc. L’originalité de ce manuel et son idée centrale résident en cette conviction profonde : ce que les parents ont de plus précieux à transmettre à leurs enfants, c’est l’amour, la capacité d’aimer et de se donner. C’est là qu’ils trouveront leur équilibre et leur épanouissement. Cette transmission toutefois n’est pas innée. Il y faut du bon sens et surtout une bonne connaissance du développement affectif intellectuel et psychomoteur de l’enfant. C’est le sujet de ce livre qui aborde, étape par étape, les différents stades de la vie de l’enfant. Paul Lemoine explique ce que l’enfant vit et ressent, quelle est la réponse juste à donner à sa demande, quels sont les risques et les enjeux de tel ou tel cap difficile, de telle ou telle situation. Mais pour Paul Lemoine, l’éducation à l’amour, si elle se fait bien sûr au cours de l’enfance et surtout de la petite enfance, ne doit pourtant pas s’arrêter là. Jusqu’à l’adolescence et même au-delà, il faut savoir accompagner le jeune dans sa scolarité et sa vie affective. L’éducation religieuse – tout en étant traitée à part et pour elle-même – n’est pas non plus absente de ce livre. Car l’amour au sens plein se vit, pour lui, dans la foi. Sur le plan de ces convictions, le pédiatre a aussi quelques conseils de bon sens à donner. Un livre simple, clair, précis, ouvert, qui donne un éclairage nouveau à l’éducation et comble une réelle lacune. Un manuel dont on aura désormais du mal à se passer. Imprimé en France - EDIPS - Paris - Dépôt légal 4e trimestre 2005 - © décembre 1998 - DaTeBe édition. Les articles publiés dans Le Courrier des addictions le sont sous la seule responsabilité de leurs auteurs. Tous droits de traduction, d’adaptation et de reproduction par tous procédés réservés pour tous pays. 129 er er r Dosasiet DossiitéDossi Met ae rdnd ictions Syndrome d’alcoolisation fœtale : la sénateure de la Réunion en première ligne On doit à Anne-Marie Payet, d’avoir donné le départ à la fameuse course d’obstacles parlementaire pour obtenir des mesures concrètes afin d’améliorer l’information des femmes et des professionnels sur le SAF. La ligne d’arrivée s’est rapprochée mais elle n’est pas encore franchie. Tant s’en faut ! Flash-back : • Le 15 janvier 2004, Anne-Marie Payet présente un premier amendement sur l’étiquetage des bouteilles lors de la première lecture du projet de loi sur la santé publique. Accepté dans un premier temps, cet amendement est finalement refusé. • Juillet 2004 : suite à une deuxième délibération demandée par le ministre de la Santé, Philippe Douste-Blazy, trois autres amendements ont été votés portant sur la prévention, afin que l’étude du SAF figure dans la formation des médecins et que ce thème soit abordé dans les campagnes de prévention ainsi qu’au cours des journées d’information dans les collèges et les lycées. • Août 2004 : l’association du Nord-Pasde-Calais ESPER (Écoute, Santé, Parents, Enfants, Respects) composée de mamans dont les enfants ont été touchés par le SAF, Brèv Brèv e e Alcoolisation excessive : les médecins ne sont pas d’accord dépose une plainte au tribunal administratif de Lille contre leur manque d’information : le ministre se déclare finalement favorable à l’étiquetage des bouteilles. • 13 octobre 2004, réponse des bergers à la bergère : le lobby viticole, par la voix de ses députés (dont certains médecins !), fait adopter un amendement facilitant la publicité sur les boissons alcooliques. Une disposition qui remet en cause la loi Evin de janvier 1991. • 19 octobre 2004 : en “rattrapage”, le ministre de la Santé fait finalement adopter au Sénat l’amendement à la loi sur le handicap d’Anne-Marie Payet qui demande que l’on appose sur les bouteilles ces fameuses étiquettes. Une disposition appliquée depuis 1989 déjà aux États-Unis. Appliquée en avant-première… en France par Gérard Bru, un vigneron de l’Hérault (Saint-Drézery). Depuis le début du mois d’octobre de la même année, il a commercialisé 600 000 bouteilles de ses Côteaux du Languedoc, avec une étiquette : “Déconseillé aux femmes enceintes”. • Aujourd’hui, on attend toujours la publication de l’arrêté rendant obligatoire la s Brèv es èv es r B s Dans l’enquête réalisée à l’hôpital et en ville à la fin de l’année 2000 par les Directions régionales des affaires sanitaires et sociales et les Observatoires régionaux de la santé, 26 à 38 % des hommes et 6 à 10 % des femmes, qui n’ont pas de problème d’alcool d’après le médecin, sont classés “consommateurs à risque” par le test AUDIT-c (Alcohol Use Disorders Identification Test). Ce test a été mis au point par l’OMS afin de détecter les personnes dont la consommation d’alcool risque de causer des dommages de santé physique ou mentale dans le futur et celles dont la consommation est déjà responsable de problèmes. Inversement, 17 et 12 % des hommes qui ont, selon l’enquête, un problème d’alcool selon le médecin, sont classés “consommateurs sans risques” par l’algorithme décisionnel de l’AUDIT-c. Ces proportions sont de 21 et 23 % pour les femmes. Ces différences s’expliquent par la modification du seuil de risque, le nouvel algorithme proposant des normes de consommation plus sévères. Une plus grande proportion de patients est repérée “à risque” par le e 130 (D’après une communication lors du séminaire du Club-Santé, en partenariat avec Pfizer. Perugia, Italie, 14 octobre 2005). F. Arnold-Richez test tout en restant classée dans la catégorie “sans problème d’alcool” par le médecin. Même problèmes d’écarts entre l’avis des médecins et le résultat des tests issus de la déclaration des patients : le DETA (Diminuer, Entourage, Trop, Alcool), traduction du CAGE (Cut off,Annoyed, Guilty Eye Opener), qui a pour but, à travers un questionnement de la personne, de repérer les abus d’alcool et la dépendance durant la vie entière. Ainsi, 24 % des hommes à l’hôpital et 35 % en ville et, respectivement, 7 et 11 % des femmes sont classés différemment par ces tests et les médecins. Dans la majorité des cas, les patients sont jugés comme “à risques” par les tests mais “sans problème d’alcool” par les médecins ! Ce type de discordance concerne particulièrement les jeunes et les personnes qui ne sont pas en situation de précarité et qui ont des consommations d’alcool discontinues ou de niveau intermédiaire. À l’inverse, les patients repérés “sans risque” par les tests alors qu’ils ont “un problème d’alcool” selon le médecin, sont plus souvent des femmes et des personnes de 80 ans ou plus. F.A.R. Dress, Études et Résultats n° 405, juin 2005 Brèv s Brè ves Le Courrier des addictions (7), n° 4, octobre-novembre-décembre 2005 mention sur les étiquettes d’un pictogramme ou d’un avertissement écrit. Xavier Bertrand s’est engagé, le 10 novembre 2005, à le signer, dès que la Commission européenne aura donné son avis : c’est-àdire en janvier 2006. Pour Anne-Marie Payet, celui-ci ne règlera certes pas tous les problèmes, mais il sera un rappel permanent du danger : “Pour moi, c’est une question de responsabilité collective et les fabricants d’alcool, l’Éducation nationale, les caisses d’assurance maladie doivent se mobiliser de façon collégiale pour lutter contre ce fléau. Il est dangereux de faire croire aux Français que l’alcool contenu dans le vin est moins nocif que celui contenu dans le whisky !”. “Curieux” : les alcooliers regroupant plus de 150 marques sont favorables à cette mesure alors que les viticulteurs sont plus réfractaires… Affaire à suivre de très près au début de cette année.