Piste 3 - Tour de Babel et utopies architecturales Objectifs: Activités

Piste 3 - Tour de Babel et utopies architecturales
Doc 1-Etienne-Louis Boullée, « Tour de Babel- Fanal tronconique », entre 1781et 1793,
encre, lavis gris-brunfoncé, BNF
Doc 2-La tour de Babel à Paris, vers 1900 Revue futurible 04/2001 et J-J Glassner, La Tour
de Babylone, Paris, 2003, p 218
Objectifs:
- montrer comment à partir du XVIIIe siècle, le contenu religieux et moral du thème s’efface,
témoignant d’un nouvel état d’esprit, d’un nouveau regard.
- montrer comment la tour de Babel nourrit des utopies architecturales (docs 1 et 2).
- montrer comment la représentation de la tour de Babel se transforme
Activités
Documents 1 et 2
a Décrivez le monument de Boullée (doc 1) : forme, couleur, matériau, lumière, paysage, etc.
b Qu’est ce qui l’apparente à la Tour de Babel ?
c Décrivez la forme de la tour destinée au bois de Boulogne et son décor (doc 2). Comparez
avec les autres représentations et avec la Tour Eiffel.
d Dans quelle mesure peut-on parler, à propos de ces deux documents, de fictions ou
d’utopies architecturales ?
Eléments d’analyse
Doc 1-Une utopie des Lumières
Ce dessin à la plume appartient à un ensemble graphique de projets urbains et de monuments
pour la ville accompagné d’un manuscrit intitulé « Essai sur l’art », réalisé par Boullée (17281799) entre 1781 et 1793. Boullée imagine ici une haute tour, grande masse tronconique
sombre posée sur une base carrée. Elle ressemble à un phare mais n’en est probablement pas
un, car implantée au milieu des terres, se détachant sur un fond clair, elle ne dispose semble-til d’aucun système d’éclairage. Il s’agirait d’une évocation de la tour de Babel. Une frise
elliptique composée de personnages se tenant la main court autour de la tour. Leur petite taille
permet de mesurer son aspect colossal.
L’œuvre frappe par son style monumental et par la simplicité et l’épurement des formes ainsi
que par la « rigueur absolue » du dessin souligné par les contrastes d’ombres et de lumière.
Cette architecture parfaitement géométrique est, de par les effets de lumière calculés, « un
tableau d’architecture ». Imprégné par la philosophie des Lumières, souvent qualifié
« d’architecte philosophe », Boullée imagine des monuments qui sont de véritables « fictions
architecturales », idéales et poétiques. Il fait partie des architectes visionnaires de la fin du
XVIIIe siècle et son œuvre graphique s’inscrit dans les utopies des Lumières. L’intérêt qu’il
porte à la tour est d’abord architectural et l’image perd son contenu religieux. Au contraire, on
peut considérer que les personnages symbolisant une humanité unie montrent le chemin de la
connaissance, renversant la représentation négative traditionnelle de la tour de Babel, donnant
ainsi au mythe, une interprétation humaniste beaucoup plus positive.
Doc 2-Une Utopie urbaine
-La tour de Babel à Paris, vers 1900, Revue futurible 04/2001
L’architecte Dominique Minaca réalisa vers 1900 ce projet de Tour de Babel pour une riche
héritière « hantée par l’idée de progrès et possédée par le démon de la construction »
(Glassner). Le monument devait être construit dans le Bois de Boulogne. Couvrant une
superficie de 32 000 m2 de plan carré, la tour comprenait sept étages en retrait les uns par
rapport aux autres et une hauteur de 140 m.
Le projet architectural qui ne vit jamais le jour s’inscrit parfaitement du point de vue formel
dans le style éclectique qui domine alors. Très lourdement ornée d’arcatures aveugles
empruntées à l’art médiéval et sommé d’un clocher à bulbe de type oriental l’édifice était loin
de la moderne tour Eiffel. Conservateur dans son architecture, le projet était novateur dans ses
intentions. La tour se voulait un lieu de rencontres et d’échanges destiné aux industriels,
fabricants et ingénieurs du monde entier, où toutes les langues seraient parlées. Des jardins
suspendus étaient prévus ainsi que des restaurants, des supermarchés et des cinémas. Pour la
commanditaire et l’architecte, la tour avait pour fonction « de socialiser, d’humaniser la ville
de Paris qui était considérée par certains comme une Babel, une ville cosmopolite composée
de gens qui ne se comprennent pas» (Glassner). C’est en effet à cette époque que naissent les
métropoles, grandes villes concentrant pouvoirs politiques, économiques et populations
nouvelles attirées par des activités nombreuses. Creuset des transformations sociales, la
métropole est perçue par les contemporains comme « fascinante et redoutable ». C’est dans le
cadre de ces transformations urbaines majeures que de nouveaux projets et des utopies
urbaines fleurissent. Ce projet renverse l’image négative de la tour de Babel.
Documents ressources
Doc 1-Etienne-Louis Boullée, « Tour de Babel- Fanal tronconique », entre 1781et 1793,
encre, lavis gris-brunfoncé, BNF
Doc 2-La tour de Babel à Paris, vers 1900 Revue futurible 04/2001