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CONFÉRENCE DE PRESSE
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Conférence de presse de M. Daniel Turp, député de Mercier
État de la problématique de l'industrie du doublage de films
Le mercredi 6 décembre 2006
(Neuf heures trente-trois minutes)
M. Turp: Tout d'abord, je vous remercie d'être là aujourd'hui. Je voudrais vous informer que je
vais déposer dans quelques minutes, sur le parquet du salon rouge, une pétition qui a été signée par
20 498 personnes, qui est une pétition lancée à l'initiative de l'Union des artistes, qui porte sur la
question du doublage des films en français, au Québec.
L'Union des artistes et des partenaires de l'Union des artistes, depuis le début de l'année, ont
lancé une pétition qui vise à convaincre le gouvernement du Québec d'adopter une loi qui obligerait de
faire le doublage des films étrangers en langue française au Québec, par des entreprises québécoises, par
des artistes québécois. Et je soutiens cette revendication, et, en déposant la pétition ce matin à
l'Assemblée nationale, je veux dire que l'opposition officielle accompagne les gens de l'Union des
artistes qui réclament cette mesure aujourd'hui, et qui la réclament depuis plusieurs années, parce que
cette lutte que mène l'Union des artistes et plusieurs gens du milieu culturel est une lutte qui dure depuis
longtemps et qui a donné un certain nombre de résultats puisqu'il y a une certaine augmentation du
nombre de films qui sont doublés en français au Québec — et on pourra vous donner les statistiques
précises — mais il y a des délinquants parmi les distributeurs américains, et il y a aussi le phénomène
des DVD et le phénomène du téléchargement de films qui en est un qui pose le problème avec encore
plus d'acuité et de gravité parce que, lorsqu'il s'agit des versions doublées en français des films qui
circulent sur DVD ou qui pourront bientôt être téléchargés, alors là, la proportion de doublage en
français de ces films sur de tels supports est négligeable.
Alors, je voulais donc dire que j'accompagne cette démarche, qu'il est très important, à mon avis,
que la ministre de la Culture et des Communications donne suite à ces demandes, et je voulais donc faire
cette démarche, aujourd'hui, et permettre aux gens de l'Union des artistes de présenter leurs vues sur
cette question-là et d'être témoins du dépôt de la pétition à l'Assemblée, ce matin.
Alors, je vous présente le vice-président de l'Union des artistes, M. Raymond Legault, la
présidente du comité du doublage de l'Union des artistes, Hélène Mondoux, qui, certains l'ont déjà
souligné, est la voix d'Angelica Jolie...
Des voix: Angelina.
M. Turp: ...Angelina Jolie, devrais-je dire, au cinéma, lorsqu'on voit des films doublés en
français, au Québec...
Une voix: Oui.
M. Turp: ...et Anne-Marie Des Roches, qui est la directrice des relations publiques de l'UDA. Et
je leur donne la parole. Je cède la parole à M. Legault.
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M. Legault (Raymond): Mon Dieu, vous avez très bien résumé l'ensemble du dossier du
doublage au Québec. On pourrait presque fêter un anniversaire parce que, si le député mentionnait que
ça faisait longtemps que l'Union des artistes travaillait là-dessus, ça fait près d'une quarantaine d'années
qu'année après année l'Union des artistes réclame une loi sur le doublage qui ferait que la majorité ou
l'ensemble des citoyens au Québec pourraient s'entendre ou en tout cas se reconnaître quand ils
visionnent, ou quand ils écoutent un film, ou regardent un film qui passe soit sur les écrans ou à la
télévision. Personnellement, quand j'entends un mec se faire flinguer dans la tronche, j'ai de la difficulté,
à moins que ce soit un film français, à me retrouver là-dedans.
On pourrait en parler extrêmement longtemps, je voudrais qu'on parle surtout, vous parler surtout
de ce qui s'est fait dans la dernière année. Alors, on avait envoyé une lettre à tous les députés les invitant
à appuyer les demandes de l'Union des artistes. C'est M. Daniel Turp qui a accepté de prendre la pôle et
puis de prendre fait et cause pour nos revendications et, à la suite de ça, il y a eu une pétition, comme l'a
souligné M. Turp, de 20 000 noms qu'on a fait circuler, une pétition qui s'est passée entre février
jusqu'au mois de juillet, jusqu'au mois d'août cette année, donc de février 2006 à août 2006, et que
20 000 personnes ont accepté de signer, d'endosser. Ça a été possible, ça, grâce évidemment au Groupe
Astral, à SuperClub Vidéotron, à Cineac, Cinoche et DVD en français qui sont tous des gens qui
interviennent dans l'industrie du doublage et qui ont intérêt forcément, ils ont intérêt corporatif, mais je
pense qu'ils ont intérêt aussi, eux autres aussi, à ce qu'on puisse se reconnaître quand on regarde, quand
on écoute des films en français.
Avec la numérisation, ça devient un problème qui est de plus criant, avec la possibilité de
téléchargement, ça devient encore plus important d'avoir des lois parce qu'on s'est battu pendant des
années. Notre président, Pierre Curzi, est allé à Los Angeles, à Hollywood, ce n'est pas qu'il n'aime pas
ça aller à Los Angeles ou à Hollywood, pour aller convaincre les «major» de faire les doublages ici
mais, à toutes les fois, c'est à recommencer. À chaque année, il faut inventer des nouvelles façons de
convaincre les «major» américains de faire leur doublage ici puis de considérer le Québec comme une
entité culturelle différente de celle de la France ou celle d'autres pays francophones.
Ce qui a changé dans le portrait, je pense, dans toute notre revendication d'une loi, c'est
beaucoup ce qui s'est fait à l'UNESCO, c'est-à-dire l'expression des diversités culturelles c'est-à-dire la
diversité des expressions culturelles différentes. Le fait que ce dossier-là ait avancé à l'UNESCO nous
permet de faire cette revendication-là, de demander qu'il y ait une loi qui touche spécifiquement le
doublage en disant que le doublage, ça fait aussi partie de la diversité des expressions culturelles parce
que ça permet à un peuple à une nation, c'est largement utilisé ces temps-ci, de se reconnaître dans ce
qu'elle regarde, dans les spectacles... pas dans les spectacles, mais dans les films, la télévision qu'elle
regarde. Alors, c'est à peu près ce que j'ai à vous dire, je ne pense pas que je puisse rajouter beaucoup
d'autres choses là-dessus, à moins que vous ayez des questions.
M. Turp: Peut-être que la présidente du comité du doublage a-t-elle quelque chose à ajouter?
Mme Mondoux (Hélène): La responsable du comité du doublage est ravie parce qu'on a entamé
une bataille à l'UDA depuis particulièrement 10 ans sur la campagne On veut s'entendre, parce qu'avant
on demandait la réciprocité à la France, donc, que la France ouvre son marché, ce qu'ils nous ont refusé
en nous disant: Faites votre loi à vous et débrouillez-vous. Et on s'est dit: Bien, finalement, pourquoi
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pas?
Et l'UDA a eu le coup de génie de partir la campagne On veut s'entendre. Et nous, depuis 10 ans
que cette campagne-là à peu près maintenant est activée, on se rend compte que, oui, les gens la voient
la différence, parce qu'il y a une différence entre un doublage français et un doublage québécois, et les
gens la réclament. Parce qu'ici, en plus, c'est qu'on a une industrie extrêmement rigoureuse et très
spécialisée et très compétente avec beaucoup de talent, et on y arrive, et je suis même sûre qu'on a même
un peu changé la façon dont les doublages font un peu du français, font leur doublage en français, parce
qu'on est arrivés, nous, avec une rigueur en plus d'un doublage avec une bonne qualité de français, mais
avec aussi une rigueur technique qui fait que la France a embarqué. Parce qu'on voyait souvent, à une
certaine époque, des doublages, les lèvres ne suivaient pas et... Mais maintenant, on a harmonisé cette
façon de faire là, et on en est là aujourd'hui avec 20 000 noms qui nous soutiennent et qui demandent à
la ministre que tout ce qui est doublé...
M. Legault (Raymond): On aurait pu dire...
M. Turp: Juste en terminant, deux données quand même assez intéressantes: en 2001, puis je
suis certain que ce serait aussi, sinon plus, fort aujourd'hui, il y avait 77 % des Québécois qui
appuyaient, il y avait un sondage Léger Marketing, 77 % des Québécois appuyaient l'idée d'adopter une
loi visant à faire le doublage au Québec,.
Et juste en termes comparatifs, là, puis ce débat est beaucoup lié à ce qui s'est passé en France,
en France, là, 100 % des films doublés le sont faits en France par des Français, il y a un décret qui date
de 1945 là-dessus. Et en Espagne, il y a quelques années, on a fait la même chose. Alors, le geste que
pourrait poser le gouvernement et la ministre de la Culture serait un geste, là, composé d'autres, et qui
accepte ça et qui se pose mieux encore aujourd'hui dans le contexte de la diversité et des expressions
culturelles auquel réfère d'ailleurs la pétition que je vais déposer tout à l'heure.
M. Chartrand (Yves): Est-ce qu'on peut quantifier ça en termes de ce que ça vaut comme
marché, là? Qu'on parle de 77 %, 78 %, mais 100 % du doublage, c'est quoi en...
Une voix: En termes d'argent?
M. Chartrand (Yves): Oui.
Mme Des Roches (Anne-Marie): En termes d'argent, je ne sais pas. En ce moment...
M. Chartrand (Yves): ...cette industrie-là?
Une voix: Ça fait travailler combien de personnes?
Mme Des Roches (Anne-Marie): à peu près 800 personnes, O.K.
Journaliste: Au Québec?
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Mme Des Roches (Anne-Marie): Au Québec. Donc, ça comprend bien sûr les techniciens, les
producteurs...
Mme Mondoux (Hélène): Les adaptateurs.
Mme Des Roches (Anne-Marie): Les adaptateurs, les comédiens et...
Mme Mondoux (Hélène): Les directeurs de plateau.
Mme Des Roches (Anne-Marie): C'est ça. Donc, c'est 800 personnes dont 500 qui travaillent de
façon assez régulière là-dedans. On parle de 300 artistes. Donc, sur le plan...
M. Chartrand (Yves): Vous ne pouvez pas dire combien vaut cette industrie-là, là?
Mme Mondoux (Hélène): Mais en ce moment je crois que c'est au niveau des... Industrie,
19 millions. Il me semble que c'étaient nos derniers chiffres.
Mme Des Roches (Anne-Marie): Ça, c'est possible...
Des voix: ...
Mme Mondoux (Hélène): 19 millions.
Mme Des Roches (Anne-Marie): 19 millions.
M. Chartrand (Yves): ...traduit des films de l'anglais ou de l'espagnol au français ou au
québécois, là?
M. Turp: Moi, c'est les chiffres que j'ai vus dans toutes les lectures que j'ai faites. C'est une
industrie qui vaut à peu près 20 millions, 800 personnes. Et l'obligation du doublage, là, en français, de
tous les films de langue étrangère, ça veut dire du développement, ça veut dire plus de personnes qui
vont travailler, plus d'entreprises qui vont pouvoir faire travailler des artistes, et bien sûr ça va aller audelà des 20 millions.
M. Plouffe (Robert): M. Turp, M. Legault nous a dit, M. Turp, que ça fait 40 ans qu'il le
réclame. Vous avez passé par le pouvoir en 40 ans, là. Comment ça que le PQ ne l'a pas sortie, cette loilà? Pourquoi arriver, aujourd'hui, en disant: Ça nous en prend une? Pourquoi ne pas l'avoir fait, M.
Turp?
M. Turp: Bien, écoutez, il y a eu, vous le savez, dans le passé beaucoup de négociation avec les
Français, il y a eu des accords même avec les Français, des ministres français. Puis les artistes français,
ils ont empêché leurs ministres de faire ce qu'ils voulaient. Ça, c'est du côté des Français. Avec les
«majors», il y a eu des négociations, il y a des eu des «gentlemen's agreements», il y a eu l'utilisation
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d'accords, tu sais, l'accord Bacon-Valenti, Lemieux-Valenti, pour les amener à faire plus de doublage, ce
qu'ils ont fait.
Et là justement c'est le temps d'agir par une loi parce que ça a donné certains résultats mais pas
tous les résultats souhaités par le milieu. Les artistes décident, eux, de continuer d'exiger une loi. Moi,
j'interpelle le gouvernement qui devrait tenir compte de cette volonté du milieu artistique et, lui aussi,
avoir la volonté politique d'adopter une loi parce que c'est la solution. Puis, même si ça fait 40 ans qu'on
le réclame, je pense qu'il est temps d'agir maintenant.
M. Nadeau (Rémi): Mais, pour une compagnie, ça coûte combien faire traduire... Parce qu'ils
sont obligés de le faire traduire en français, là, de France, là, je comprends, et vous voulez qu'en plus ils
fassent traduire leurs films aussi en québécois pour le Québec. Donc, qu'est-ce que ça coûte pour lui, ce
deuxième doublage là?
Mme Mondoux (Hélène): Un doublage moyen va coûter moins cher au Québec et va se situer
autour de 60 000 $ à 80 000 $. Et souvent il va être amorti par les crédits d'impôt et la déréglementation
des visas, qui existe depuis Mme Lemieux. Et, nous, ce qu'on se rend compte, c'est qu'en vidéo ou en
club vidéo, à la location des DVD, le distributeur va faire de trois fois à cinq fois les revenus qu'il aura
fait en représentation des salles. Donc, cette version-là va être amortie par les profits qu'il y aura après
par la présentation des DVD.
Mme Des Roches (Anne-Marie): C'est important de regarder pas juste les coûts parce que c'est
l'économie numéro un, hein, des États-Unis, hein, le divertissement et c'est des milliards de dollars qu'ils
ont. Ils mettent... le 60 000 $, c'est 10 à 20 fois moins que ce qu'ils mettent dans le marketing d'un film
ici, au Québec.
M. Nadeau (Rémi): C'est le producteur ou le distributeur qui décide s'il va doubler deux fois ou
une fois.
Mme Des Roches (Anne-Marie): C'est le distributeur mais les «majors» sont et producteurs et
distributeurs. Ils ont une pérennité dans l'entente Valenti-Bacon, Valenti-Lemieux qui fait que les six
«majors» initiales, les compagnies initiales, avaient le droit, elles, de continuer à distribuer leurs films si
c'étaient eux autres qui les produisaient, etc. Il y avait quand même quelque...
M. Nadeau (Rémi): Il y a quand même les trois quarts qui acceptent déjà, sans qu'il y ait une
loi, là, qui acceptent déjà de le faire, là, si je comprends bien, donc est-ce que c'est un joueur ou deux qui
sont plus récalcitrants et pour des raisons précises? Ou si ça dépend de la production...
Mme Mondoux (Hélène): Bien, en fait, tout la précarité est là, c'est que, oui, on a 78 % depuis
deux ans parce qu'on a instauré les prix citron puis on égratigne les images corporatives des compagnies
lors de ces événements-là et, habituellement les compagnies reviennent. Mais là, en fait, c'est que... puis,
là, cette année, on est rendu à 72 % et ce qui explique ça, cette année, c'est beaucoup la fusion de
Paramount Dreamworks, Paramount a acheté Dreamworks et ils ont aussi acheté la culture d'entreprise
de Dreamworks de ne pas faire doubler de films au Québec. Alors, on est passé de 2005 à 90 % de films
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doublés au Québec par Paramount et on est rendu à 54 % en 2006.
Mme Des Roches (Anne-Marie): Mais, outre cela, parce qu'il y a le cinéma en salle et ce qui
est important, puis c'est peut-être ça une des raisons pour lesquelles les gens n'ont pas agi il y a 40 ans
puis il y a 20, là, c'est tout le développement du numérique: le DVD, le téléchargement, tout ça qui s'en
vient. Et les DVD et les cassettes qui étaient avant des marchés ancillaires, qui étaient des marchés
secondaires pour les gens, maintenant c'est des marchés primaires. Et, là, ça se développe et, là, les
«majors» n'ont pris aucun engagement par rapport à ça. Les DVD sortent directement en DVD ici
doublés en France sans passer par les salles. Donc, les seuls engagements qu'on peut... les gentlemen's
agreements qu'on peut aller chercher c'est des gentlemen's agreements sur la salle. Ils ne veulent rien
nous donner en termes de DVD, téléchargement ou tout autre offre. Et on regarde dans l'offre des DVD
depuis quelques années, c'est des chiffres qui sont immenses mais c'est 7 % seulement des DVD
disponibles, en circulation au Québec, qui sont doublés ici. Donc, c'est 0,7 % de l'offre. On parle de
l'offre francophone chez les DVD, là c'est 0,7 %, c'est 1 %. Il y a 45 000 films DVD sans version
française au Québec mais il y en a 459 qui sont doublés au Québec et puis c'est 6 000 qui sont doublés...
M. Turp: S'il y en a qui veulent ces statistiques-là de la Régie du cinéma que j'ai trouvées... Et
c'est ça qui à mon avis justifie d'agir par une loi maintenant. Non seulement il faut mettre fin à
l'incertitude qui fait qu'il n'y a pas de développement possible de l'industrie où le développement est lié
aux décisions des majors puis aux fusions possibles qui ont lieu, mais c'est tout le phénomène des DVD,
du téléchargement qui fait que, là, s'il y a une loi puis une obligation, alors là on ne pourra pas se défiler,
on ne pourra plus se défiler puis on va permettre à cette industrie de se développer, à des artistes de
continuer d'en faire leur vie.
Pour plusieurs artistes, c'est aussi une façon d'ajouter aux revenus qu'ils font de ce qu'ils font
comme métier au théâtre, au cinéma, là. Ça, ça compte aussi, et je crois que ça s'inscrit très, très bien
dans le débat sur la diversité des expressions culturelles, que c'est presque un test, là, pour la diversité
des expressions culturelles, adopter une politique culturelle de cette nature-là comme le permet la
convention qui a été adoptée à l'UNESCO, le 20 octobre 2005.
M. Nadeau (Rémi): Si DreamWorks est un mauvais joueur, pouvez-vous juste nous donner un
exemple de compagnie qui fait doubler régulièrement au Québec?
Mme Des Roches (Anne-Marie): Buena Vista, Walt Disney.
Mme Mondoux (Hélène): Warner qu'on est allés chercher en 1998, qui, eux, partaient, avaient
annoncé officiellement qu'ils s'en allaient, qu'ils ne feraient plus doubler de films au Québec, et, après
une intervention de Pierre Curzi, lors de la campagne On veut s'entendre, puis une manifestation qu'on
avait faite devant un cinéma où un de leurs films était présenté, Warner est revenu et est fidèle depuis ce
temps-là.
M. Turp: Et DreamWorks, juste pour vous donner un exemple, là, de l'incertitude,
DreamWorks, en 2002, double un film sur six qu'il distribue; 2003, zéro sur quatre; 2004, zéro sur huit;
2005, 40 %, deux sur cinq; 2006, zéro. C'est le plus délinquant, là. Mais regardez qu'est-ce qui se passe
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d'année en année.
M. Chartrand (Yves): DreamWorks, c'est Spielberg, ça?
M. Turp: C'est M. Spielberg.
Mme Mondoux (Hélène): Et là Paramount sort un film bientôt, Dreamgirls avec Beyoncé
Knowles. Ça, c'est un gros, gros film, gros porteur, et c'est DreamWorks en fait qui est le vrai studio,
mais c'est distribué par Paramount, et ce ne sera pas doublé au Québec.
M. Duchesne (Pierre): Leur explication, c'est quoi? Ces compagnies-là qui ne font pas doubler
ici, est-ce qu'ils vous donnent des explications? Est-ce qu'il y a des justifications de leur part?
Mme Des Roches (Anne-Marie): Ça coûte cher.
Une voix: Pourquoi faire deux? «French is French».
M. Turp: Là, la réponse à ça: «French in Québec is different than French in France». Puis ça,
c'est la diversité culturelle, sans parler des coûts assez marginaux d'une traduction mais qui, pour des
artistes, pour le milieu culturel, sont...
Mme Mondoux (Hélène): Pour le public québécois a un impact.
M. Turp: Et, pour le public qui aime s'entendre, comme vous le disiez en 2001, ça compte, là.
M. Deltell (Gérard): Où situez-vous le plus grand danger, si je peux m'exprimer ainsi: du côté
des Français qui sont extrêmement protecteurs puis qui imposent, d'une certaine façon, leurs propres
voix ou encore des Américains qui disent: Bien, «French is French»?
Mme Des Roches (Anne-Marie): Les Américains, je dirais. Les Français sont protégés par le
décret seulement pour les films en salle, la distribution en salle. Et, pour ce qui est du reste, donc c'est le
marché qui va prévaloir. Dans un univers où c'est le marché qui prévaut, le Québec, avec ses 7 millions
de francophones, désolée, on ne passe pas. Et le choix des Américains, c'est les Américains, c'est les
«majors» qui vont décider où est-ce qu'ils peuvent, tu sais, ravoir plus d'argent pour leurs
investissements.
M. Turp: Et je pense qu'il ne faut pas juste raisonner en termes de danger, là. Il faut raisonner en
termes de volonté politique, il faut raisonner en termes des gouvernements qui, en plusieurs années, se
sont battus pour la diversité des expressions culturelles. Alors là, il faut démontrer que c'était une
bataille qui doit avoir des conséquences, puis ça devrait vouloir dire adopter une loi puis qui mette en
avant la culture nationale des Québécois à travers la langue qu'ils parlent puis qu'ils veulent faire
entendre aux citoyens du Québec dans les salles puis dans leurs salons.
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M. Deltell (Gérard): Excusez mon ignorance, mais est-ce qu'il existe un film, si on va dans un
club vidéo, je ne sais pas quoi, où il y a version québécoise et une version française, et donc les gens
peuvent choisir entre les deux? Vous auriez un argument de force, là, en disant: Regarde, c'est 10 fois
plus, ou 100 fois plus, ou je ne sais pas quoi, là. Ça n'existe pas, ça?
Mme Mondoux (Hélène): Non. Souvent, ce qui arrive, c'est qu'on aura fait la version d'un film
ici, mais, en DVD, on retrouvera la version qui aura été faite en France, on ne retrouvera même pas
notre version à nous.
M. Legault (Raymond): Mais il y a des films dont la version québécoise apparaît, là. C'est
doublé ici, doublé au Québec, il y a des films où ça apparaît. Maintenant, est-ce qu'on a fait des chiffres
à partir de ça, à savoir est-ce que le taux... Il n'y a pas vraiment de choix parce qu'il pourrait arriver que,
sur DVD, apparaisse la version France, la version Québec, mais là c'est difficile, comment arriver à
choisir. S'il y avait le DVD français puis le DVD québécois, là on pourrait faire le rapport, mais ça
n'existe pas. Mais il y a des DVD qui sont identifiés Québec. Est-ce que ça a participé à une meilleure
location du film? Je ne peux pas dire, on n'a pas de chiffres là-dessus.
Mme Mondoux (Hélène): Mais c'est une vitrine pour le doublage, en tout cas. Je pense que ça a
aidé à changer aussi les mentalités par rapport au doublage québécois.
M. Plouffe (Robert): Est-ce qu'avec une loi, un «major», le délinquant pourrait dire: Passezvous-en de toute façon, moi, c'est ça ou rien?
Mme Des Roches (Anne-Marie): On va l'entendre, c'est possible qu'on l'entende. Je ne sais pas
si ça va tenir très, très longtemps.
Mme Mondoux (Hélène): Mais, quand Mme Bacon avait instauré les 45 jours, Paramount avait
dit: On ne viendra plus doubler au Québec, et ils ne sont pas venus pendant un mois. Ils ont quand même
besoin... C'est un marché domestique, c'est un petit marché, mais c'est quand même... Le box-office
francophone rapporte beaucoup plus d'argent que le box-office anglophone, habituellement.
Une voix: ...
M. Turp: Et en même temps, moi, je vous dirais, quelque part, aussi, il faut que les «majors»
américains respectent la diversité des expressions culturelles, et notre langue, puis les gens qui sont ici.
Puis je crois qu'ils vont comprendre aussi qu'il y a un marché puis qu'ils ne déserteront pas ce marché
mais qu'au contraire ils vont être appréciés des citoyens puis des artistes du Québec, comme le sont les
distributeurs qui font appel, là, maintenant, aux Québécois pour faire leurs doublages. Puis il y en a,
mais il faut que ce soit pour les tous les films, et les films en DVD, puis éventuellement ceux qui seront
téléchargés. Je pense que c'est une question de respect de la diversité culturelle.
M. Delisle (Norman): M. Legault, votre prise de position, ce matin, survient au moment où il y
a un sondage, à l'UDA, qui dit que ... justement pas faire de politique. Comment est-ce que je dois
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interpréter tout ça.
M. Legault (Raymond): Pardon? Le sondage dit qu'on ne veut pas faire de politique?
M. Delisle (Norman): Bien, enfin, c'est...
M. Legault (Raymond): Je pense que ce que le sondage dit, c'est que l'Union des artistes doit
défendre les droits, et ça, je pense que l'ensemble des membres est d'accord avec ça. Moi, je ne fais pas
de politique. Si, ce matin, je viens demander au gouvernement... je veux dire, d'exiger ou de demander
au gouvernement ce qu'on demande depuis 40 ans, c'est-à-dire une loi sur le doublage, pour moi, est-ce
que ça, c'est de la politique? Quand je parle de la diversité des expressions culturelles, je pense que,
depuis 1999, on a fait des pèlerinages à travers le monde pour défendre ce concept-là, je pense que ça va
dans même ligne. Est-ce que, là, politique, pour moi... Forcément, on demande qu'il y ait des politiques
qui nous permettent la diversité des expressions culturelles. Et je pense que le sondage là-dessus disait
qu'à partir du moment où l'union défend les intérêts de ses propres membres... Je pense que ça va dans
cette veine-là, là.
M. Turp: Ici, là, je vous rappelle, ce n'est pas enjeu partisan, là. On a tous voté ensemble à
l'unanimité, là, pour approuver la convention sur la diversité des expressions culturelles, on a eu un
mandat d'initiative, on a eu une recommandation d'initiative. Moi, ma démarche n'est pas partisane non
plus. C'est d'appuyer l'UDA dans une démarche qui demande du gouvernement du Québec actuel, là,
d'aller au bout de la logique de la diversité des expressions culturelles en adoptant une loi comme celle
que l'UDA...
M. Plouffe (Robert): C'est toujours un peu partisan, ce qu'il fait...
M. Turp: En tout cas, dans le domaine de la culture, on a des intérêts communs, on a une nation,
là, qui s'appuie sur un projet culturel, et, dans son projet culturel, il devrait y avoir quelque chose comme
une loi qui amène un cinéma où on s'entend, hein? Alors, moi, je dois vous laisser parce que j'ai une
pétition à déposer à l'Assemblée.
Mme Rich (Kristy): Rapidement, dans la langue de Shakespeare, si ça ne vous dérange pas?
Why it is so important that these films be doubled here, in Québec?
M. Turp: Because, in the name of cultural diversity there, I think Quebeckers, french speaking
Quebeckers should be able to listen to films doubled in the language they appreciate, they like and in a
french that they identify within, the french of Quebeckers. And we have great and numerous artists that
can do that in Québec, that have been doing that for several years. And the idea now is that, you know,
all films are dubbed in French by Québec artists here.
Mme Rich (Kristy): Why a law? I mean, already it seems like three-quarters of the films are
already being done. I mean do you really play the market that way?
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Mme Des Roches (Anne-Marie): And that the only... that's theatrical only. The development of
the industry will be towards DVDs, Internet and all kind of digital technologies. And there is no
commitment from the majors regarding these ways of distributing audiovisual content.
M. Turp: And that's what we said earlier, there is delinquence, hein? DreamWorks and
Paramount that is now, you know, ate up, eaten up, DreamWorks are not as committed as others to
dubbing in French and by Québec artists. So I think there's a clear message that has to be made by the
Government on this issue.
Mme Des Roches (Anne-Marie): The levels you are talking about are because we are fighting
day-in, day-out to keep... You know, we have the lemon prize, we have, you know, a press release, we
have the pressure all the time. And it's because of our pressure that we keep getting that and we keep
threatening the majors to table at that. But that's all and that's all they'll understand. And we're tired of it.
I think, we don't deserve to be fighting like that all the time.
Mme Plante (Caroline): What do you respond to people who say: French is French. How do
you respond to them?
Mme Des Roches (Anne-Marie): It's not.
M. Turp: That's right, it's not. Like English is not English, I guess. Americans and English don't
speak the same language with the same accent. It's the same thing in French. M. Legault gave you a very
good example at the very beginning of his press conference and how people talk a language differently.
And it's an issue of identity of cultural expressions and of diversity. And I think we can offer something
to the world as well in terms of our identity and trough what we want the Government of Québec to do
now. Merci beaucoup.
M. Dougherty (Kevin): ...another point of view. The Simpsons, I watch The Simpsons with my
kids and it's dubbed in québécois and it's great, you know, like local references, local accents. Why do
they understand and DreamWorks don't? I mean...
Mme Des Roches (Anne-Marie): Well, I mean, all the dubbing in French is not always in pure
québécois all the time. Some is much more international. It works for The Simpsons, it works every
where in the world for The Simpsons because it's dubbed in French, it's dubbed in Mexico and it's not the
same dubbing in Spain. And that's a work that is very, very good and cater to the specificity. But that's
what we're talking about. Dubbing can be that, can be much more neutral as well. But the cultural
references remain.
M. Turp: Thank you. And I love the sense of both in French and in English.
(Fin à 10 heures)

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