10 FRANCECatholique N°3076 15 JUIN 2007
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10 FRANCECatholique N°3076 15 JUIN 2007
n°3076 15 juin 2007 2,90 € 3:HIKLMI=YUW^U[:?d@k@r@g@a; 83 ème année - Hebdomadaire M 01284 - 3076 - F: 2,90 E FRANCE FRANCE Catholique Catholique ISSN 0015-9506 FRANCE Un hebdo engagé pour l’Amour et la Vérité Comme prévu ! Boycotter les Jeux olympiques ? La tragédie des chrétiens d’Irak ■ ■ ■ ■ Henry Haas baladin de l’Evangile BRÈVES FRANCE POLITIQUE : A la veille des législatives, le président de la République avait confirmé, le 7 juin, sa volonté d’ouvrir sa majorité et de prendre en considération une dose de proportionnelle aux élections futures. En annonçant le 7 juin son intention de présenter sa propre motion au congrès du Parti socialiste de l’an prochain, Ségolène Royal a réaffirmé sa volonté de conquérir ce parti. Avec moins de 2% des voix à la présidentielle, et un nombre d’élus en baisse aux législatives, le Parti communiste qui ne sera pas remboursé de tous ses frais de campagne, est à la veille d’une crise financière. ELECTIONS : Le Conseil constitutionnel a proposé d’unifier l’horaire de fermeture des bureaux de vote en métropole pour empêcher la publication prématurée des résultats. INTEMPERIES : A son tour, le nord de la France a été touché le 8 juin par de violents orages, en particulier dans les régions de Valenciennes et de Sedan qui ont subi des dégâts très importants. En revanche, certaines communes de l’Ilede-France pourraient connaître une pénurie d’eau faute de précipitations suffisantes. FISCALITE : Le projet de loi fiscale prévoyant la défiscalisation des heures supplémentaires, une réduction d’impôts sur les intérêts des emprunts, un allégement des droits de succession, l’encadrement des "parachutes dorés" des dirigeants d’entreprises et un renforcement du bouclier fiscal, a été transmis au Conseil d’Etat le 6 juin ; il devrait coûter environ 11 milliards d’euros à l’Etat alors que les déficits budgétaire et commercial de la France se creusent de nouveau ; l’instauration d’une TVA sociale est à l’étude. ENTREPRISES : Onze entreprises avaient déposé le 6 juin auprès d’Airbus leur candidature à la reprise des usines que l’avionneur envisage de céder dans le cadre de son plan de réorganisation, "Power 8"; les centres de fabrication des divers composants des Airbus seraient ramenés de huit à quatre. Le Premier ministre a affirmé, le 8 juin, que si le projet de fusion entre GDF et Suez restait valable, d’autres options, notamment avec EDF, étaient possibles. La presse a révélé le 8 juin que la Société générale étudiait les scénarios de mariage possibles avec BNP-Paribas. TRANSPORTS : Avec le TGV- Est, la SNCF a inauguré le 10 juin un nouvel axe de 2 FRANCECatholique N°3076 15 JUIN 2007 circulation ferroviaire entre Paris, Strasbourg, la Suisse, le Luxembourg et l’Allemagne ; cette ligne qui divise par deux les temps de parcours provoque un nouvel essor et une hausse des prix de l’immobilier dans les localités desservies ; à Paris, la gare de l’Est a bénéficié d’importants aménagements. SOCIAL : Le revenu de solidarité active (RSA) proposé par Martin Hirsch pour éviter une perte de revenu à ceux qui reprennent un travail pourrait voir le jour fin 2008 ; des expérimentations seront menées dans plusieurs départements à partir du 30 juin. Nicolas Sarkozy a annoncé le 9 juin la création d’une 5e branche de la protection sociale pour les personnes dépendantes ; il envisage de créer un droit opposable pour la scolarisation des enfants handicapés. JUSTICE : Le procureur a requis le 4 juin la condamnation du groupe Total à 375 000 euros d’amende pour pollution lors du naufrage de "l’Erika" en décembre 1999 au large des côtes bretonnes. Le parquet de Paris a ouvert le 5 juin une enquête préliminaire pour "trafic d’influence" susceptible d’impliquer le président du Sénat, Christian Poncelet ; ce dernier dénonce une tentative de déstabilisation. Quatre lycéens auraient détourné 250.000 euros grâce à un stratagème réalisé sur Internet fin 2006; ils risquent 5 ans de prison. ECOLE PRIVEE : Une décision du Conseil d’Etat datée du 4 juin a annulé pour une question de pure forme une circulaire de 2005 qui imposait aux communes de contribuer aux frais de scolarité des enfants inscrits dans une école privée d’une autre commune. Près de 600 congressistes se sont réunis le 8 juin pour redéfinir la scolarité chrétienne. VIOLENCES : A la suite d’une agression dont a été victime le président du tribunal pour enfants de Metz le 5 juin, la ministre de la Justice, Rachida Dati, a débloqué 20 millions d’euros pour sécuriser les tribunaux. TELEVISION : Le CSA a révélé le 5 juin les noms de sept nouvelles chaînes de la TNT pour l’Ile-de-France, ce qui portera l’offre de télévision gratuite de 18 à 25 chaînes d’ici la fin de cette année. TENNIS : La joueuse belge Justine Hénin a remporté le 9 juin pour la quatrième fois le tournoi de Roland-Garros. Chez les hommes, victoire le 10 juin pour la troisième fois de l’Espagnol Rafaël Nadal. RUGBY : Le Stade français a remporté le 9 juin le titre de champion de France pour la treizième fois de son histoire en battant Clermont par 23 à 18. MONDE PAYS INDUSTRIALISES : Le sommet du G8 s’est ouvert le 6 juin à Heiligendamm (Allemagne) dans une ambiance tendue ; les pays membres sont cependant parvenus le 7 juin à un accord sur un objectif de réduction de 50% des gaz à effet de serre d’ici à 2050 ; par ailleurs, V. Poutine a proposé à G. Bush une solution de remplacement au projet américain de bouclier antimissiles en utilisant des installations existantes en Azerbaïdjan ; 60 milliards de dollars d’aide ont été débloqués pour l’Afrique. ROME : De retour du G8, G. Bush a rencontré le 9 juin les autorités italiennes avant de rendre visite au pape Benoît XVI au Vatican ; le Pape s’est inquiété du sort des chrétiens d’Irak. ESPACE : La navette Atlantis, lancée avec succès le 9 juin avec trois mois de retard, a emmené sept passagers chargés de poursuivre la construction de la station spatiale internationale. BANQUE EUROPEENNE : Le loyer de l’argent a atteint le 6 juin son niveau le plus haut depuis cinq ans avec le relèvement à 4% du principal taux directeur de la BCE. MEDECINE : Au congrès annuel de la Société américaine d’oncologie qui s’est tenu à Chicago, des avancées significatives ont été annoncées le 5 juin pour certains types de cancers concernant le foie et les poumons. Trois équipes américaines et japonaise ont réussi à transformer des cellules de peau de souris adultes en cellules souches ; transposée chez l’homme, cette découverte mettrait fin aux débats éthiques sur l’utilisation des embryons. ESPAGNE : L’organisation basque ETA a annoncé le 5 juin la fin du cessez-le-feu prononcé en mars 2006. ARABIE : L’Arabie saoudite investit 10 milliards de dollars dans une université de niveau international qui ouvrira d’ici deux ans. LIBAN : Le ministre de la Justice a annoncé le 9 juin la création du tribunal international chargé de juger les assassins de Rafic Hariri. BELGIQUE : A l’issue des élections législatives du 10 juin, la coalition libérale– socialiste devrait céder le pouvoir au parti chrétien–démocrate et flamand. J.L. EDITORIAL SOMMAIRE ACTUALITÉ LEGISLATIVES Comme prévu ! 5 LEGISLATIVES La semaine en dessins 6 MOYEN ORIENT Tragédie des chrétiens d’Irak 8 ASIE La question Alice Tulle Emmanuel Chaunu liturgique Philippe Brizard Le boycott chinois Yves La Marck 9 Le cardinal chinois ASIE Y. L .M. RENCONTRE 10 THEATRE Henry Haas, bouffon au service de l’Evangile Aude Lorne ESPRIT 16 MEMOIRE DES JOURS Le passé présent Robert Masson 17 Pie XII ECCLESIA Cardinal Bertone 20 LECTURES 21 B.D. Le Sacré Cœur de Jésus Père Michel Gitton L'Aventurier de Dieu, 10/36 Dominique Bar, Guy Lehideux MAGAZINE 22 HISTOIRE Remi Brague et le Moyen Age Alexandre Da Silva 25 IDEES 28 LETTRES 29 FESTIVALS 30 EXPOSITIONS Journal littéraire Gérard Leclerc Mounier et l’Afrique noire Philippe Verdin "Nuits d’été", "Chercheurs d’étoiles" Pierre François L’art Gupta Ariane Grenon 32 Opéras baroques MUSIQUE François-Xavier Lacroux 33 CINEMA 34 THEATRE 35 TELEVISION 36 TELEVISION 38 BLOC-NOTES "Faussaire", "Bande de sauvages", "Shrek le troisième", "Syndromes and a Century" M.-Ch. Renaud d’André / M.-L. Roussel "Le rêve d’un homme ridicule" Pierre François "Le mystère de la chambre jaune", "Petites confidences", "La maison du bonheur" Marie-Christine Renaud d’André Votre début de soirée M.-Ch. R. d’A. Vie associative et d’Eglise Brigitte Pondaven Couverture © Chaunu www.france-catholique.fr a question liturgique est fréquemment abordée dans ce journal, à raison de son importance dans la vie chrétienne, mais aussi des désaccords de fond qu’elle continue à provoquer depuis la fin du Concile. Cette querelle nous pose de graves difficultés, ne seraitce que celle qui concerne l’unité et l’intégrité du corps ecclésial. Si l’eucharistie est bien la source et le sommet de la vie chrétienne, si c’est elle qui construit l’Eglise, on s’interroge sur la vitalité spirituelle de fidèles qui se déchirent à propos de ce qui devrait être la cause permanente et sans cesse renouvelée de leur communion. Et lorsqu’on nous dit que la promulgation d’un motu proprio de Benoît XVI facilitant l’accès à l’ancien rite ne fera qu’accroître la division, en suscitant ici l’esprit de revanche et ailleurs l’amertume, nous craignons un nouvel emballement dans le sens d’une polémique aux effets désastreux. Et comme il est patent qu’en général l’information religieuse sur un tel sujet souffre de son ignorance et de son incompréhension, on peut s’attendre à un nouveau déluge d’absurdités et de contre-sens, lorsque la décision romaine sera promulguée. C’est pourquoi il nous faut prévenir d’urgence et par avance les effets négatifs de cette décision en revenant, à temps et à contretemps, sur le fond de la question liturgique. Et, de ce point de vue, il convient de comprendre pourquoi le Pape prête une oreille attentive à la plainte traditionaliste. Toute interprétation brutale et butée de cette ouverture est dompar Gérard LECLERC mageable à l’intelligence même du mystère liturgique. Réduire la différence des rites d’avant et d’après la Réforme à l’abrupte opposition des passéistes et des progressistes, c’est s’exposer à l’aggravation des tensions mais, surtout, à l’incompréhension radicale d’un champ de réflexion à explorer et que l’on préférera saccager plutôt que de le respecter. Certes, toutes les objections traditionalistes ne sont pas de même valeur, ou de même portée. Certaines sont injustes ou mal fondées, et correspondent à une vision incomplète, voire déséquilibrée de l’économie de la Révélation. Mais d’autres sont recevables et doivent aider à un vaste examen collectif dont tous devraient finalement profiter. Un des meilleurs analystes de la question, le Père Cassingena-Trévedy, écrit dans son dernier livre : “Si la liturgie, naguère, ne mettait pas pied à terre, faute de respect anthropologique suffisant, sa tendance contemporaine serait plutôt de ne pas s’élancer, à ne pas soulever, faute d’envergure théologique”. Voilà le mot important souligné : l’envergure théologique qui donne son véritable élan à l’envergure liturgique, à la beauté et au sens supérieur de la célébration dont l’admonestation du Sursum corda (Haut les cœurs) devrait être l’indice. C’est de ce sursaut par le haut dont nous avons impérativement besoin. C’est son désir qu’il nous faut susciter de toutes les façons, si nous voulons que le futur motu proprio réalise l’accord profond, l’unité symphonique qui rendra à la liturgie sa vocation à mettre toute l’Eglise en mouvement vers son seul Seigneur. ■ L D.R. 4 (1) François Cassingena-Trévedy, La liturgie, art et métier, préface par Mgr Robert Le Gall, Ad Solem. FRANCECatholique N°3076 15 JUIN 2007 3 ACTUALITE ELECTIONS LEGISLATIVES par Alice TULLE Comme prévu ! Tout le monde s’attendait à une victoire de la droite au premier tour des législatives. Personne n’a donc été déçu par des résultats qui feront date dans l’histoire électorale française. es prévisions banalement concrétisées, mais néanmoins des résultats historiques – selon le mot cent fois repris par les commentateurs au soir du premier tour de scrutin. Historique, le taux d’abstention : 39,5%. Historique, la victoire de la droite, celle de l’UMP (39,5 % des voix) et de ses alliés du Nouveau centre. Historique, l’effondrement du Front national qui obtient moins de 5 % des voix… Les explications de l’événement électoral sont concordantes, à quelques nuances près. Les partis de la majorité présidentielle ont bénéficié de la forte dynamique créée par l’élection de Nicolas Sarkozy : il était logique que de nombreux électeurs décident de donner au nouveau président les moyens de sa politique. Cette logique a été confortée par le fait que le Parti socialiste ne présentait pas de contre-programme de gouvernement. Puisque la gauche n’offrait aucune alternative, à quoi bon ouvrir une crise et entrer dans une nouvelle période de cohabitation ? La tentation était d’autant moins forte que le nouveau Premier ministre avait immédiatement ouvert le gouvernement à des personnalités de gauche – Bernard Kouchner notamment. Les formations les plus à droite (Front national) et les plus à gauche (Ligue Communiste D ( révolutionnaire) sont comme d’ordinaire exclues de l’Assemblée nationale faute d’alliance avec les deux principaux partis : telle est la dure conséquence du scrutin uninominal à deux tours qui a le mérite de fournir des majorités parlementaires stables mais l’inconvénient d’exclure des millions de citoyens de la représentation nationale. Le Parti communiste poursuit quant à lui son déclin, sans pour autant disparaître du paysage politique. Le Mouvement démocratique de François Bayrou subit lui aussi les conséquences du mode de scrutin, avec un résultat national (7,6 %) à peu près identique à celui obtenu par le candidat centriste à l’élection présidentielle de 2002. Preuve que le "vote Bayrou" d’avril 2007 fut tactique pour une bonne part. Le Parti socialiste subit lui aussi une défaite (24,7 %), dont le proche avenir dira si elle est ou non écrasante. Il est, de toute évidence, le premier responsable de ses malheurs. Assommés par le grave échec de Ségolène Royal, dû pour une part à des défections dans l’électorat de gauche et au sein même de l’appareil socialiste en proie à des luttes de clans étalées devant l’opinion publique, les dirigeants socialistes n’ont pas livré ba- Les dirigeants socialistes n’ont pas livré bataille, sinon pour leur propre réélection 4 FRANCECatholique N°3076 15 JUIN 2007 taille - sinon pour leur propre réélection et pour celle des députés de leur courant. Ségolène Royal a fait quant à elle campagne pour sa désignation à la tête du Parti socialiste, en prévision de l’élection présidentielle de 2012 tandis que certains amis de Dominique Strauss-Kahn, de Laurent Fabius et d’Henri Emmanuelli osaient souhaiter en privé une défaite exemplairement écrasante. Par contrecoup, le Parti socialiste est aussi le premier responsable du taux très élevé de l’abstention. Lors du référendum de 2005 et pour la présidentielle de cette année, les électeurs se sont déplacés parce qu’il y avait de véritables enjeux, clairement exprimés. En faisant une campagne législative plaintive et ACTUALITE minimaliste, la direction socialiste a privé le pays de débat, ce qui a conduit maints électeurs à considérer que la partie était jouée d’avance. Certes, au soir du 10 juin, tous les dirigeants socialistes ont plaidé pour un rééquilibrage des forces parlementaires et battu le rappel des troupes que leur défaitisme avait démobilisé. Un sursaut de l’électorat de gauche est possible, qui atténuerait quelque peu la victoire d’une droite déjà certaine de disposer d’une majorité absolue. Mais ce sursaut serait un phénomène spontané car les dirigeants socialistes ne peuvent inventer en quelques jours un projet politique crédible et agir de manière solidaire alors qu’ils reprendront, dès le 18 juin, les poignards qu’ils ont laissé au vestiaire au soir du premier tour. ■ FRANCECatholique N°3076 15 JUIN 2007 5 ACTUALITE MOYEN ORIENT La tragédie des c Le 3 juin, le père Ragheed Ganni et trois de ses sous-diacres ont été assassinés à la sortie de l’office qu’ils venaient de célébrer dans leur église du Saint-Esprit à Mossoul. es chrétiens du Proche-Orient sont traités comme bêtes qu’on mène à l’abattoir. Sans raison, on leur tombe dessus, que ce soit au Liban, en Egypte, en Turquie ou en Irak. En Irak, leur sort devient celui des martyrs. Ils ne sont pas poursuivis pour quelque désaccord politique. De toute façon, les attentats et le terrorisme ne sont pas des moyens légitimes pour défendre ses opinions. Ils sont persécutés parce qu’ils sont chrétiens. Voyez ce qui se passe à Dora, dans la banlieue sud de Bagdad : les familles chrétiennes sont continuellement provoquées. Ou elles paient l’impôt de dhimmitude - ce qui est un retour à une époque révolue, quand les chrétiens étaient simplement tolérés et seulement autorisés à célébrer leur culte par les autorités musulmanes - ou elles quittent leurs maisons et tout ce qui leur appartient. C’est ça ou la mort. A Mossoul, le prêtre assassiné devant son église avec ses trois acolytes un dimanche matin, c’est clair que c’est la foi qu’il représente qui est attaquée et le chrétien qu’on veut abattre. Or, il était rare que les extrémistes musulmans s’en prennent aux religieux et aux prêtres. C’est dire à quel degré de violence la persécution est arrivée. On ne compte plus les prêtres, les évêques qui ont été enlevés. Le recteur de Babel College, l’université L ( © ŒUVRE D’ORIENT Eglise du Saint-Esprit à Mossoul, endommagée par une explosion à la Pentecôte, et devant laquelle le Père Ganni a été assassiné le dimanche 3 juin. catholique de Bagdad, et son adjoint ont été capturés, ce qui a décidé le Patriarche à transférer l’établissement en un lieu peut-être pas beaucoup plus sûr. Avant cela, le recteur me disait qu’il avait dû disperser son université en divers points de la capitale et qu’il pensait bien que les Il était rare que les extrémistes musulmans s’en prennent aux religieux 6 FRANCECatholique N°3076 15 JUIN 2007 allers et retours entre le rectorat et ces établissements seraient dangereux. La preuve ! On vient d’apprendre qu’un prêtre chaldéen âgé de 30 ans a été enlevé avec cinq fidèles dans le nord-ouest de Bagdad. Les laïcs ont été relâchés, non pas le prêtre. A tout cela, il faut ajouter, ne l’oublions pas, les enlèvements de chrétiens simplement pour les rançonner. Ils ont la répu- ACTUALITE hrétiens d’Irak par Mgr Philippe BRIZARD, Directeur général de l’Œuvre d’Orient © ŒUVRE D’ORIENT sous le prétexte qu’il s’y trouve déjà pas mal de villages chrétiens. Un tel ghetto est inacceptable ; ce parcage serait l’antichambre de l’expulsion. Le président Bush en a probablement parlé au Pape lors de sa visite au Vatican le 9 juin : la réponse du Pape était connue d’avance. Saluons le courage des évêques chaldéens qui se réunissent en synode autour de leur patriarche, Emmanuel III Delly, à Al Qosh, ville située à une vingtaine de kilomètres de Mossoul. Cette assemblée à laquelle se rendent les évêques de la diaspora montre clairement que les chrétiens sont chez eux en Irak et qu’ils entendent y demeurer. Nous nous trouvons à un point de crise extrêmement tragique mais qui n’est pas désespéré. Le Seigneur n’abandonne jamais les siens. Les psaumes sont pleins des cris des justes dans la tourmente où l’injustice semble l’emporter. Le Seigneur a entendu le cri de ses fidèles et leur a envoyé son Fils pour les sauver. Notre époque est donc une époque de combat, actualisation du mystère du salut. Ensemble, formant le corps du Christ, nous avons la force du Christ et l’amour du Christ. Si nous connaissons l’épreuve de la croix, nous savons que nous partageons sa victoire. Nous, chrétiens, nous ne devons pas nous tromper de moyens. Pas question de répondre à la haine par la haine, au crime par le crime. Notre sens de l’homme et de la société qui découle de l’incarnation, nous interdit de faire le blocage du religieux et du politique. Un tel blocage est une atteinte à la liberté et à la dignité de l’homme. Ce n’est pas ce que Dieu veut pour l’homme. Il veut des hommes et des femmes libres, qui choisissent librement d’aimer Dieu et d’aimer les hommes avec l’amour même de Dieu. Le politique peut être le lieu de la plus grande charité, comme disait Pie XI, pour défendre les hommes et les femmes dans leurs droits les plus essentiels. Il n’y a pas Le 23 avril dans la ville chrétienne de Tellskopa (à 25 km au nord de Mossoul), un attentat suicide à la voiture piégée avait fait 10 morts et une soixantaine de blessés principalement des enfants. Une femme chrétienne, sur le pas de sa porte avait été tuée. Des immeubles, dont la maison des religieuses, un jardin d'enfants et une école primaire, entre autres choses, avaient été détruits. de démocratie s’il n’existe pas au moins la liberté de penser et de croire ce que l’on veut. Il n’y a pas de civilisation s’il n’est pas établi un rapport clair entre la foi et la raison. Par quelle aberration tant les Occidentaux malades de laïcité antichrétienne que les musulmans, même modérés, n’ont-ils rien compris au message pontifical sur le rapport de la foi et de la raison ? On voit où ça mène. Combattons donc avec nos frères d’Irak, avec les mêmes armes : celles du Christ pour notre rédemption. ■ Saluons le courage des évêques chaldéens qui se réunissent en synode FRANCECatholique N°3076 15 JUIN 2007 7 ( tation d’être riches, ce qui reste à voir. Les rançons financent les actions terroristes. Si la rançon n’est pas versée, le corps est renvoyé, le plus souvent mutilé. Tel fut le sort de Paulos Amer Iskandar, prêtre orthodoxe de 40 ans, père de quatre enfants, et dont le corps décapité fut jeté dans une rue de Mossoul, en octobre dernier, trois jours après son enlèvement. Que peut faire le juste devant tant de barbarie ? La déstructuration de l’Etat semble interminable. Qui exerce le pouvoir ? Qui assure la sécurité ? Sûrement pas les Américains qui se terrent dans leurs casernes. Quant aux Anglais à Bassorrah, selon leur habitude, ils ont laissé faire... de sorte que nous sommes sans aucune nouvelle des chrétiens qui se trouvent dans cette région. Les chrétiens de toutes dénominations - mais la majorité d’entre eux est chaldéenne en communion avec Rome - ont reflué les uns au Kurdistan irakien vis-àvis duquel la Turquie n’a pas que de bonnes intentions. Pourtant, faute de mieux, certains se sont réfugiés en Turquie. Le plus grand nombre est allé en Jordanie et en Syrie dans un premier temps. Les plus fortunés ont réussi à reprendre pied, mais ils sont rares. Beaucoup nourrissent l’espoir d’émigrer plus tard en Europe, en Amérique ou en Australie. Certains s’enfuient de Syrie et cherchent à atteindre par des moyens de fortune le Liban ou l’Egypte. On estime qu’en deux ans, la moitié des chrétiens ont fui l’Irak, soit 500.000 sur un total de 2 millions d’Irakiens qui ont quitté leur pays. On parle d’un million deux cent mille réfugiés irakiens pour la seule Syrie. L’attitude des patriarches et des évêques est claire : les chrétiens d’Irak sont chez eux en Irak. Ils en constituent même la population originelle. Ils sont partie prenante de la civilisation et une composante de la mosaïque que constitue l’Irak. Comme toujours, d’excellents esprits imaginent qu’on pourrait regrouper les chrétiens dans la région de Ninive ACTUALITE ASIE par Yves LA MARCK Le boycott chinois Le Soudan n’est pas le seul reproche que l’on peut adresser aux dirigeants chinois. Les Jeux Olympiques de 2008 devraient être l’occasion d’un débat de fond en Chine. e que Pékin fait hors de ses frontières ne laisse pas d’inquiéter : un nouveau pillage de l’Afrique qui lui fait fermer les yeux sur des régimes peu recommandables, le Soudan n’étant que l’exemple le plus emblématique, le soutien à la Corée du Nord, au Myanmar (ex-Birmanie), ses interférences au Cambodge… Vu des Etats-Unis, la Chine inquiète aussi pour son expansionnisme commercial et financier, quoique membre de l’OMC depuis 2002. Mais on en viendrait à oublier trop facilement la nature communiste du régime. On estime généralement que la superstructure politique du parti est comme une sorte d’accident de l’Histoire qui n’a que peu d’importance par rapport à la liberté économique qui préside au développement accéléré de la Chine. La voie capitaliste se suffirait à ellemême. Or, un spécialiste de longue date de la Chine, James Mann, vient de publier un nouveau livre sous le titre révélateur : L’illusion chinoise (The China Fantasy) et sous-titré : Comment nos dirigeants évacuent la répression chinoise. Il n’est pas encore disponible en français et, sauf miracle, il ne le sera sans doute pas avant longtemps, comme d’habitude. On n’aime pas déranger dans le débat franco-chinois. L’auteur C ( en effet ne croit pas que la démocratisation soit l’hypothèse la plus vraisemblable de l’évolution future de ce pays, ni qu’elle soit la suite obligée du libéralisme économique. Le parti va certes poursuivre sa mue. Le XVIIe Congrès est prévu pour octobre 2007. Ce sera le dernier avant les Jeux Olympiques. Il doit donc être l’occasion de poser les vraies questions. En réalité, il s’agira de ravaler la façade, de présenter une image avenante du pouvoir, un communisme chinois à visage humain. La place sera faite à la cinquième génération de dirigeants communistes, recrutés pour la plupart parmi les fils de cadres communistes, appelés "le parti des princes". Le Parti ira-t-il plus loin que des concessions superficielles ? Il fera peut-être une partie des gestes demandés sur le Darfour ou les négociations commerciales. Mais il est douteux qu’il évolue sur les deux questions de légitimité qui pourtant bloquent son acceptation populaire : à savoir Taïwan et le Tibet. La Chine de 2008 aurait vraiment changé si le président du Kuomintang et le Dalaï Lama étaient invités à l’inauguration des Jeux, avec les conditions qui s’y attachent. Alors le monde saurait que la Chine a pleinement intégré la communauté internationale, mais surtout qu’elle est en paix avec ellemême, ce qui est le fondement indispensable de toute paix avec les autres. On peut y ajouter la réconciliation avec le Japon et le rapprochement des deux Corées, mais ceci ne dépend pas que de Pékin. En revanche, tenons Pékin pour responsable de ce qui le concerne exclusivement, du respect du droit international, des traités, de l’intégrité territoriale, de l’unité de la Chine et de ses propres engagements. Deux questions sont cruciales à cet égard : la première est celle du statut de Hong Kong cédé en 1997 par la Grande On en viendrait à oublier trop facilement la nature communiste du régime 8 FRANCECatholique N°3076 15 JUIN 2007 Bretagne sous condition du maintien d’un régime particulier. La promesse d’élections libres n’a pas été tenue. La seconde est celle de la liberté religieuse avec, à la clé, la normalisation des relations avec le Saint-Siège (voir article ci-contre). Laisser croire que le Darfour serait la seule cause digne de boycotter les jeux olympiques de l’été 2008 est une insulte à tous les Chinois de l’intérieur et de la diaspora qui continuent d’être divisés et séparés par les actions d’un régime diviseur et corrupteur. Le parti unique n’est pas un gage d’unité entre Chinois. Les différences politiques et sociales vont au contraire en s’accentuant. Le régime veut saisir ce moment de fierté patriotique pour faire taire les contestations. L’effet ne sera que temporaire. Les tensions ressurgiraient ensuite avec plus de force si les vraies questions n’étaient pas traitées au fond. ■ ACTUALITE ASIE par Y. L. M. Le cardinal chinois oseph Zen Zekiun, promu cardinal par le pape Benoit XVI en février 2006, est le sixième cardinal chinois de l’Histoire et le seul aujourd’hui âgé de moins de 80 ans. Il vient d’atteindre ses 75 ans. Il a des convictions bien arrêtées sur le dialogue entre le Saint-Siège et la Chine. Né à Shanghaï, il a été le premier prêtre chinois de l’extérieur (Hong Kong) à en- La première erreur est, selon lui, d’avoir voulu traiter avec l’Association Patriotique qui encadre cette Eglise et qui ne pense bien entendu qu’à se faire reconnaître. Rome a ainsi encouragé la réconciliation avec l’Eglise souterraine (40% des dix à quinze millions de nité ainsi que des fidèles de l’Eglise officielle. La seconde est d’avoir laissé le gouvernement instrumentaliser l’Association pour finalement couler les deux Eglises. seigner dans les séminaires de l’Eglise de l’intérieur. Il a donc joué un grand rôle pour la reconnaissance de l’Eglise officielle dont 90% des évêques sont aujourd’hui reconnus par Rome. Cette Eglise est authentique et loyale envers le Pape. Mais une fois ceci admis, il est plus fort pour dévider l’écheveau des erreurs commises dans le dialogue. fidèles environ). Mais ceci n’a fait que conforter les responsables de l’Association qui en ont profité pour choisir des évêques à leur dévotion. Trois consécrations non reconnues par Rome ont ainsi eu lieu en 2006. Les "souterrains" sont vite repartis dans la clandesti- Le soutien apporté par les communistes à l’Eglise patriotique avait déjà réussi à décrédibiliser celle-ci aux yeux de Rome. Le Vatican ayant compris à la longue qu’il s’agissait en réalité de vrais catholiques, le gouvernement adopte désormais de nouvelles J tactiques auxquelles le cardinal Zen n’est pas persuadé que Rome se donne les moyens de riposter. Il prône une attitude nettement moins conciliante. Selon lui, Rome ne doit plus encourager l’Eglise clandestine à se rapprocher de l’Eglise officielle, ce qui fournit une prise aux communistes. Il doit se dégager des querelles intestines pour ne plus traiter directement qu’avec l’Etat chinois sur un plan diplomatique. Le gouvernement ne pourra plus ainsi se défiler derrière l’Association patriotique dont la légitimité sera donc ipso facto sapée. Les consécrations non régulières semblent d’ailleurs avoir été une initiative des dirigeants de l’Association imposée à la hiérarchie et aux plus hautes autorités du parti et du gouvernement. Le cardinal de Hong-Kong a prodigué ses sages conseils lors des réunions tenues à Rome au début de cette année. Il ne doute pas que Benoît XVI se montre demain plus fin que les hiérarques chinois. Mais ceci signifie, il ne le cache pas, que les progrès seront d’autant plus lents. Il appelle à une longue patience. ■ Dorian Malovic, Mgr Zen, un homme en colère. Entretiens avec le cardinal de Hong Kong, Bayard, 2007. 18 € Du même auteur, Le pape jaune, Mgr Jin Luxian, soldat de Dieu en Chine communiste, Perrin, 2006 (l’évêque de Shanghaï, tête de l’Eglise officielle). La première erreur est d’avoir voulu traiter avec l’Association patriotique ( Un entretien avec le cardinal Zen, archevêque de Hong-Kong, permet de mieux comprendre la situation de l’Eglise en Chine et les relations avec le Vatican. FRANCECatholique N°3076 15 JUIN 2007 9 RENCONTRE HENRY au se Bouffon Propos recueillis par Aude LORNE Henry Haas ? Un personnage ! Sur scène d’abord. En tant que directeur de l’Ichthus Théâtre, il a donné à ce jour avec sa partenaire Lucette Henin plus de 9000 représentations devant des jeunes, collégiens et lycéens de France et de Belgique. Il incarne à sa façon les multiples visages des acteurs de l’Evangile, de l’Eglise, de notre société, dans des dialogues élaborés sous sa plume acerbe. Chanteur d’opéra ! Belge ! Agrégé en philosophie et lettres, diplômé en histoire et en musicologie… il prépare actuellement un livre sur la religion musulmane en Europe. Ce père de trois enfants enracine sa foi dans la spiritualité de saint François d’Assise. Car Henry est chrétien avant tout. Avec une seule idée : l’annonce de l’Evangile dans un style résolument moderne. 10 FRANCECatholique N°3076 15 JUIN 2007 ■ Comment vous est venue votre vocation théâtrale et missionnaire ? Au sortir de l’adolescence, venant d’un milieu non catholique, j’ai rencontré le Seigneur. Comme je suis très entier, j’avais pensé lui consacrer mon existence dans le cadre de la vie monastique. J’avais choisi le Carmel. Mais très vite le Seigneur m’a fait comprendre qu’il m’attendait plutôt en mission. J’étais prêt à partir en Afrique, mais Dieu m’a dit avec beaucoup d’humour : "En Afrique, il y a déjà beaucoup de problèmes et si tu y vas cela en fera un de plus !" J’ai donc attendu. J’ai suivi une formation bicéphale en milieu universitaire (philosophie et lettres) et au conservatoire (art lyrique et art dramatique). J’ai ensuite commencé ma vie professionnelle comme chanteur et metteur en scène d’opéra à travers l’Europe. Voulant aller toujours plus loin dans la recherche de l’Evangile, j’ai enseigné pendant quatre ans l’art oratoire dans une faculté de théologie. En 1983, j’ai créé l’Ichthus Théâtre, synthèse entre ma volonté de dire Dieu, mon sens pédagogique et ma formation théâtrale. Ainsi se réalise ma vocation religieuse et d’homme de théâtre. ■ Vous vous qualifiez volontiers de bouffon. Que voulezvous dire par ce terme ? Le bouffon est un personnage qui existe dans toutes les civilisations, sous différents noms. A la cour, il était le seul personnage qui pouvait se permettre de dire au roi qu’il se fourvoyait complètement. Il est donc une sorte de miroir, c’est ce qui manque véritablement à nos élus d’aujourd’hui. Quand un général romain revenait de guerre après une série de victoires, il paradait et le serviteur qui portait la couronne de lauriers au-dessus de la tête du vainqueur murmurait à son oreille : "Souviens-toi que tu es mortel !" Le bouffon est celui qui nous ramène à notre HAAS rvice de vraie valeur, à notre véritable humanité. Les médailles, les diplômes, les glorioles et les honneurs sont des signes extérieurs. Le propre de l’humain est son intériorité, le rôle du bouffon est de l’aider à la découvrir. Sous la forme d’un miroir, avec facétie, dans un discours vrai mais parfois surprenant, il est un véritable éducateur. N’oubliez pas Molière : "Comedia castigat ridendo mores" (la comédie corrige les mœurs en riant). ■ N’avez-vous pas peur de choquer en endossant le personnage d’un bouffon pour annoncer le Christ ? Evidemment cela dérange ! N’oubliez pas St Paul : "Dieu a confondu nos sagesses". Les juifs de l’époque attendaient un sauveur à cheval, dirigeant une armée, portant une couronne et des sabres pour les libérer des Romains. Celui qui est venu était monté sur un âne, le manteau était rouge -celui du fou-, la couronne d’épines et le sang qui va couler est son propre sang. Les amis du Christ sont des pêcheurs, les gens les plus communs. Jésus lui-même l’Evangile “La comédie corrige les mœurs en riant” va accepter une crucifixion dans la nudité totale. Ce qui apparaît comme folie de la Croix devient véritablement la sagesse de Dieu. Il y a un renversement des polarités. Le bouffon est celui qui renverse l’ordre des valeurs et qui remet l’homme à sa vraie place. C’est à cela que je m’emploie dans mes pièces. Le christianisme médiéval avait bien compris l’utilité de ce personnage qui pouvait se permettre de parler en toute liberté. Aujourd’hui nous fuyons ce bouffon qui ose dénoncer ce qui dans nos sociétés va à l’encontre de l’Evangile mais il nous poursuit, nous rattrape car il a rendez-vous avec nous, dans nos consciences. Notre époque favorise une agression et un viol perpétuel de la conscience humaine. Regardez la publicité ! Le message du bouffon est aussi : "Quand tu n’es plus ce que tu parais alors tu es toi". C’est Gethsémani ! Dans l’Evangile de Luc, lorsque Jésus entre en agonie, un ange (le souffle de Dieu) vient l’aider et Jésus transpire des gouttes de sang. C’est une lutte totale de la vacuité, c’est la kénose. FRANCECatholique N°3076 15 JUIN 2007 11 RENCONTRE De même pour l’homme, lorsqu’il se vide de la gloire, du renom, de l’argent, il peut se retrouver face à lui-même. ■ Le bouffon n’est pas qu’un critique, c’est aussi quelqu’un qui fait rire… L’humour de Dieu est déconcertant Absolument ! On rit beaucoup avec l’Ichthus Théâtre, même si certains rient moins que d’autres… On ne rit pas souvent au parlement chinois, on ne rit pas beaucoup au pays des Soviets, on ne rit pas dans les pays totalitaires, ni devant les fascistes. Malheureusement l’Eglise a trop souvent perdu ce rire. Si nous prenions le temps d’étudier avec quel humour celle du Moyen Age célébrait le Mardi Gras, nous en resterions pantois ! Nous sommes des chrétiens de la Croix et non ceux du tombeau vide. L’humour de Dieu est déconcertant : Jésus est dans un tombeau et il en sort. C’est une provocation envers la mort. C’est là le rire le plus absolu. Un chrétien est un homme qui rit. Le bouffon nous rappelle que le rire est le langage des hommes. J’ai étudié l’humour dans l’islam, dans les communautés africaines et à tra- Un nouveau manifeste Catholique ridiculisé, insulté, brocardé, Catholique méprisé, chahuté, blessé, Catholique longeant les murs la tête basse, Catholique peureux, Catholique honteux… Ces temps sont révolus et ne reviendront plus ! Le catholique du XXIe siècle bondit de joie, crie d’enthousiasme, chante sa foi, partage ses rêves et ses espérances, annonce Jésus-Christ fils de Dieu ressuscité. Fidèle à Dieu et à l’Église, il lance sur le monde une overdose d’amour! Catholique : la force et la foi de dire ses convictions afin d’aimer l’autre au travers des différences… que du bonheur ! C’est ce message de paix et de vérité que nous envoient un évêque et un poète, tous deux philosophes. Mgr André-Mutien Léonard, né en 1940, licencié en théologie, docteur et maître agrégé en philosophie, membre de la Commission théologique internationale depuis 1987, est évêque de Namur (Belgique) depuis 1991. Comme prêtre, il a vécu la majeure partie de son ministère auprès des jeunes. Dans sa vie d’évêque, il attache une importance capitale à la rencontre personnelle avec tous ses diocésains. En février 1999, il a prêché la retraite de Carême au Vatican, pour le pape et la Curie romaine. Aux éditions du Jubilé, 320 pages, 16 e 12 FRANCECatholique N°3076 15 JUIN 2007 vers le monde et j’ai relevé un point commun : le rire est la désacralisation de nos formes et la mise en évidence de ce qu’il y a de plus beau, l’être humain. ■ Vos jeunes spectateurs rient en particulier dès que vous abordez certaines questions délicates telles que la sexualité. Pourquoi rit-on à ce moment-là ? Parfois parce que c’est drôle mais aussi parce que cela dérange. Une pièce fonctionne sur le mode "tensiondétente". Vous avez toujours une seconde tragique, une seconde comique. C’est le vaet-vient de la vie, le rire est comme le balancier de la conscience humaine. Il y a pourtant des sujets particuliers qui font rire sans que leur contenu ne soit spécifiquement drôle. C’est le cas de la sexualité. Pourquoi riton du sexe ? Parce que le rire vient conjurer les peurs. N’oubliez pas que le sexe c’est la vie et la mort. L’humain fonctionne sur trois axes : la sexualité, la territorialité et la domination. Dès que le sexe entre en ligne de compte, il fait peur et est victime de tabou. Voyez le mot "spermatozoïde" : c’est un terme scientifique, il signifie semence, il n’y a pas de quoi rire. Quand vous le prononcez devant un enfant de douze ans, il se contorsionne sur son siège. Si vous lui parlez du nez ou de l’oreille, il ne rira pas. C’est donc qu’il y a une peur, un tabou. Dans son éducation on ne lui a pas parlé de la sexualité comme d’un phénomène tout à fait normal. Comme il y a une peur, il y a souvent déviance. Comme il y a déviance, il y a tabou. Quand il y a occultation, il y a tabou. Parlons de la sexualité de manière ouverte en lui rendant ses lettres de noblesse : je suis né sexué, la sexualité est du grand art et malheureusement je crois que dans ce domaine peu de gens sont artistes. "Aime et fais ce que tu veux" disait saint Augustin. Le sexe appartient à l’amour, il exprime le don d’une personne à une autre et la sexualité ne peut jamais être réduite à un acte technique. Il serait grand temps que les médias le comprennent. ■ Vos spectacles se terminent par un échange avec les jeunes qui peuvent vous poser des questions. Comment arrivez-vous à les provoquer ? J’utilise la technique de Bertold Brecht à laquelle j’ai été formé. Ce qu’il a fait pour la pensée marxiste, je l’ai adapté à la réflexion catholique et chrétienne. C’est un théâtre d’interpellation, de distanciation. Je préviens les spectateurs dès le départ : vous allez voir une série de situations et je vous demande simplement d’ingérer la chose afin qu’elle vous amène à une réflexion. Le théâtre brechtien peut modifier le système de pensée et le comportement de l’individu. La représentation terminée, je reviens vers le public afin de réaliser la synthèse des thèmes abordés : "On a parlé des parents, de la violence, de l’amour, de la drogue, du racisme et de Dieu surtout. Et bien, par rapport à ce que vous vivez, par rapport aux situations théâtrales que vous avez vues, si vous avez des questions à poser, allez-y." Un public de 70 à 80 élèves génère facilement 30 à 40 questions. Celles-ci peuvent être orales ou écrites de manière anonyme. ■ Quel type de questions vous posent-ils ? Les questions sont les plus diverses, les plus disparates. Cela va de la petite fille de 7 ans qui est malheureuse parce qu’elle a perdu son chien à l’enfant de 12 ans qui ne comprend pas pourquoi son père l’a abandonné ou l’adolescent de 16 ans qui plonge dans la drogue. Bien sûr, nous rappelons aux jeunes qu’il y a les parents, les professeurs, les psychologues et les médecins pour apporter réponse à leurs questions et à leurs angoisses. Notre éclairage à nous est avant tout spirituel, c’est si rare à notre époque. Au travers de nos différents ouvrages : “Au secours, où est ton Dieu ?, " Dieu est fou… d’amour pour toi", "Le Jésusctionnaire", nous nous efforçons d’apporter une aide efficace aux adolescents. Nous recevons 10 lettres par semaine et chacune reçoit une réponse personnalisée. Nous avons concentré différents thèmes dans notre dernier ouvrage "Répondre sans tabou". Dans ce livre, le lecteur trouvera réponse à 160 questions récurrentes parmi les sujets les plus divers. ■ L’Ichthus Théâtre rencontre des jeunes depuis plus de 20 ans maintenant. Au fil du temps, avez-vous constaté une évolution dans les questions posées ? Bien évidemment. Les jeunes sont toujours les mêmes mais au vu des moyens de communication et surtout avec le développement d’Internet, ils osent aborder certains thèmes que nous n’aurions pu imaginer il y a une dizaine d’années. C’est pourquoi, en tant que responsable de l’Ichthus Théâtre, je dois toujours être à la pointe des connaissances afin d’être en mesure de proposer les réponses les plus adéquates. Des problèmes de drogue se rencontrent parfois chez des jeunes de 13 ans, la violence se vit dans les cours des écoles primaires, les insultes fusent et trop souvent les enfants reproduisent à l’école un climat détestable vécu au quotidien. Quelle que soit la question du jeune, quel que soit l’âge de l’adolescent, nous nous efforçons de répondre avec vérité et surtout avec amour car c’est toujours l’Evangile et sa bonne nouvelle qui doivent transparaître dans nos propos. C’est à dessein qu’avec M gr Léonard nous avons publié "Catholique… que du bonheur !", voulant montrer par là que c’est dans la joie et la paix qu’un chrétien doit vivre. ■ Vous dites annoncer l’Evangile mais vos pièces sont très ancrées dans l’actualité… FRANCECatholique N°3076 15 JUIN 2007 13 RENCONTRE Absolument. Voyez les titres : "Télévangile", " Il y a 2000 ans qu’on en parle" ou "Tenue d’Adam". Pour nous, l’Evangile s’enracine dans le quotidien, dans le vécu des gens. Ce n’est pas seulement un événement historique il y a 2000 ans, mais une réalité pour les temps d’aujourd’hui. Méfions-nous des mots en – isme comme communisme, marxisme voire même catholicisme ou protestantisme. Etre chrétien c’est rencontrer une personne : Jésus-Christ. Jésus Christ c’est Dieu qui s’est incarné dans un temps donné mais dont l’incarnation est omniprésente. L’Evangile, les paraboles, les miracles sont absolument contemporains. Aujourd’hui plus que jamais nous avons besoin de Dieu, du Sauveur. Jésus nous donne une clef pour toute l’existence : "Aime Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit et aime ton prochain comme toi-même". Ainsi doit-on incarner le message de l’Evangile dans notre vie quotidienne. Ce que disent souvent les jeunes - et c’est pour cela qu’ils adhèrent à notre démarche - : "Vous nous avez parlé de Dieu en nous parlant de nos vies". Trop souvent l’Eglise a été en décalage avec le quotidien des gens. A l’Ichthus, et à l’image de Jésus, nous essayons d’abord de toucher une personne, un jeune, un adolescent. Tout comme le Christ parlait à Zachée, Pierre et la Samaritaine au cœur de leurs vies, nous rencontrons les jeunes au beau milieu de leurs existences. Nous enracinons notre démarche dans la force du Saint Esprit. ■ En annonçant l’Evangile dans les écoles catholiques, ne vous adressez-vous pas à un public de convaincus ? En France, les portes de l’enseignement public nous sont fermées parce que l’on ne peut pas y parler de Dieu. Les signes extérieurs religieux ne sont pas acceptés, alors vous pensez bien que l’on ne peut pas supprimer des heures de cours pour annoncer l’Evangile. Vous pourriez penser alors qu’en me produisant dans des milieux essentiellement catholiques, je ne m’adresse qu’à des chrétiens. C’est totalement faux ! S’il y a encore 3 à 4 % de chrétiens dans 14 FRANCECatholique N°3076 15 JUIN 2007 l’enseignement catholique on peut s’estimer heureux ! Beaucoup d’écoles, collèges et lycées catholiques n’annoncent plus Jésus-Christ, ce qui est très grave. Le fondateur des frères de Ploërmel répétait souvent : j’ai fait de mes élèves des savants alors que j’aurais dû en faire des saints. Le propre d’une école chrétienne devrait être de ne perdre aucun de ses enfants, de n’éliminer personne. On ne doit pas inscrire son enfant dans un établissement catholique parce que c’est payant, parce que l’on y réalise de bonnes moyennes, parce que l’on n’y dit pas trop de gros mots et parce qu’il n’y a pas trop d’étrangers. On devrait faire ce choix parce que l’école chrétienne offre d’abord une annonce de l’Evangile, un témoignage de la foi en proposant aux jeunes une vie sacramentelle enracinée dans le message de l’Eglise. ■ Vous parcourez la France et la Belgique. Voyez-vous une différence entre les deux systèmes d’éducation religieuse ? S’il y a encore 3 à 4% de chrétiens dans l’enseignement catholique, on peut s’estimer heureux Force est de constater qu’il y a des différences. Par exemple, en Belgique, dans les écoles publiques, il y a des cours de religion obligatoires, deux heures par semaine de la 6e à la terminale. Vous avez le choix : religion catholique, protestante, musulmane, juive ou pensée laïque. On ne vous demande pas d’être croyant, on vous propose de ne pas rester ignorant. En France, tant dans l’école publique que dans l’école catholique, l’enseignement de la religion est réduit à la portion congrue et nous nous trouvons de plus en plus au cœur d’un désert spirituel. Il y a un véritable travail d’évangélisation, un travail apostolique. Ichthus s’inscrit complètement dans cette démarche et ne fonctionne pas en électron libre, il puise sa force dans l’Eglise. ■ Vous faites parfois allusion au Coran. Original pour un chrétien, non ? Un chrétien peut puiser dans tout ce qui est spirituel. Il n’y a pas de frontières dans la foi. C’est l’esprit d’ouverture. Le chrétien que je suis s’a- dresse à des groupes qui peuvent se composer à 25 % d’élèves musulmans, parfois plus. Il est important de le savoir. A l’image de saint François qui a rencontré le sultan dans l’amour et dans la paix, je me dois en tant que chrétien de partager avec l’autre au travers de nos différences. Ma connaissance du Coran et de la vie du prophète me permet un véritable dialogue avec les musulmans. Si nous abordions les autres en connaissant leur foi et leur culture, cela nous éviterait souvent bien des désagréments. N’oublions jamais que l’intolérance est fille de l’ignorance. ■ Pour vous, qu’est-ce qu’un jeune bien formé, aujourd’hui ? Un jeune bien formé est déjà un jeune qui ne serait pas déformé. Je pense que la société d’aujourd’hui déforme, en exaltant de fausses valeurs, comme le mercantilisme, la gloriole, le matérialisme. La vraie éducation c’est aimer. Les adolescents d’aujourd’hui sont victimes de la maladie des adultes. Parents peu attentifs se débattant au cœur de problèmes trop lourds pour eux, familles déchirées, dettes, excès de travail sont bien souvent des éléments qui perturbent et détruisent l’éducation. La famille doit rester le centre par excellence où l’enfant peut puiser les éléments propres à son épa- Un jeune bien formé est déjà un jeune qui ne serait pas déformé nouissement. L’amour reste le maître mot. Valoriser, positiver, encourager, voilà les attitudes qui peuvent contribuer à la réussite d’une adolescence heureuse. C’est le message de l’Eglise, trop peu relayé par les médias. C’est avec force que les papes ont mis en évidence la famille, c’est cela aussi que nous voulons encourager au travers de notre démarche. Indirectement, en m’adressant a des adolescents, c’est aux parents que je parle comme le confirme un de mes ouvrages "Au nom des pères, des mères et des enfants". ■ Ichthus Théâtre 16 pièces de théâtre dont 12 en cours, environ 420 représentations dans 80 établissements scolaires chaque année, des livres, avec en particulier: "Répondre sans tabou", coll. Guide Totus, Editions du Jubilé, 14 € "La non-violence", coll. Guide Totus, Editions du Jubilé, 11 € "Régimes de Vie", coll. Guide Totus, Editions du Jubilé, 13 € "Au nom des pères, des mères et des enfants", coll. Guide Totus, Editions du Jubilé, 14 € "L’Evêque et le fou", éditions du Jubilé, avec Mgr Léonard. Un site internet (présentation des pièces, tournées…) www.ichthus-theatre.com une adresse postale où contacter l’auteur: Henry Haas Bd Wahis, 32 bte 20 B 1030 Bruxelles, Belgique FRANCECatholique N°3076 15 JUIN 2007 15 ESPRIT En mémoire des jours Le passé présent Par Robert Masson vec ces élections, présidentielle puis législatives, il s’est produit quelque chose qui n’est pas seulement de l’ordre d’une passation de pouvoir, ni même d’un seul changement de génération. Cela ressemble à un réveil d’opinion, dans un pays qui finissait par douter de lui-même, dans un monde où l’avenir se dérobe. Alors qu’il n’est plus question que de mondialisation et de délocalisation, avec toutes les conséquences que l’on sait pour notre propre devenir, le sursaut des idéaux, au premier comme au second tour de la présidentielle, fut le signal d’une reprise en main de notre destin. Avec des taux de participation inégalés à ce jour, le corps électoral a montré sa détermination, et sa volonté de ne plus subir. On ne peut que s’en réjouir. On a eu l’impression de vivre un de ces moments qui comptent dans la vie des peuples. Bien avant la proclamation des résultats, on disait que la France était d’une A 16 FRANCECatholique N°3076 voix assez unanime, pour l’essentiel. Les uns et les autres reprenaient notamment, dans des termes approchants, ce qui ressemblait à une célébration de l’idée nationale. Ce qui s’est passé depuis n’a fait que confirmer ce sentiment d’identité nationale, qui dispose désormais, dans les instances établies, d’une place apparente. Le passé fut appelé en une sorte de retour sur image, pour évoquer des heures glorieuses propres à éclairer notre présent. Ce fut cette commémoration des 35 assassinés du Bois de Boulogne, assassinat imputable en partie à la trahison d’un Français, infiltré par l’ennemi, pour lui communiquer des informations. On trouve réunis, dans ce drame du Bois de Boulogne, le meilleur et le pire. Ainsi va l’Histoire, qui n’est pas seulement faite d’héroïsme. La lettre de Guy Moquet, militant communiste fusillé par une armée allemande alors au plus haut de sa puissance, s’inscrit quant à elle dans un registre indiscutable de vraie grandeur. Il n’était que de voir l’émotion des visages, à l’évocation d’une des dernières lettres de ce garçon, assassiné à 17 ans. Les enfants de France pourront méditer ce document, à la rentrée, quand lecture leur sera faite, à tous, de ce moment de notre Histoire que leurs professeurs sauront leur expliquer. 15 JUIN 2007 Aux premières heures d’un nouveau mandat présidentiel, il était bon de revenir au souffle d’une Histoire, qui est le contraire même de l’abandon. Des enfants de France apprendront à nouveau de qui ils sont les fils et les filles, à l’exemple de l’un d’entre eux, qui ne dépasserait jamais leur âge. Le passé, fût-il de gloire, ne dispense pas de regarder en face les réalités d’aujourd’hui. Celles précisément qui sont à la source de nos doutes et de nos angoisses. De quel droit la France peut-elle encore peser sur le cours d’une Histoire mondiale qui n’obéit plus aux normes d’hier ? Dans les larmes, la France et l’Allemagne ont retrouvé les chemins d’un avenir commun et forcément pacifié. Il reste à l’élargir aux dimensions d’un continent, où d’autres nous ont rejoints ou aspirent à le faire, pour prendre place à la table commune. C’est le grand défi d’une Europe qui tarde à prendre forme comme tout l’y appelle pourtant. Il s’en faut que le débat électoral ait éclairé les choses. Les ajouts que l’on voudrait espérer proches ne sont pas pour demain. Ce n’est pourtant pas le rétrécissement à nos frontières d’hier qui peut nous préparer dans des termes à la mesure du réel. Les soucis de l’immédiat se font présents, et l’on comprend la hâte de nos nouveaux dirigeants devant l’urgence des dossiers en cours. L’état de grâce, qui fait toujours suite aux périodes de renouvellement, ne va pas durer au-delà de ces trêves que les citoyens accordent généralement à leurs dirigeants, quand ils viennent de leur donner mandat. Pour tenir leurs promesses, tout d’abord. Elles n’ont pas manqué, dans les propos d’avant scrutin. Il n’est pas sûr qu’elles puissent être tenues dans les ténèbres. On ne peut pas pour autant désespérer. D’une manière ou d’une autre, il faudra bien faire les efforts que d’autres ont faits, ou s’apprêtent à faire. Le choix européen se montre un peu plus favorable, mais l’énergie semble impatiente de s’employer, dans le contexte d’un élan qu’il s’agit d’inscrire dans la durée. Ce qui n’est pas le plus facile. La démocratie est tout de même gagnante. Une ardente aspiration au changement s’est élevée dans ce pays, et elle fut largement observée par les voisins, et bien au-delà. Les législatives ont confirmé les résultats de la présidentielle. Le pari reste engagé, et il nous concerne tous, majorité et opposition. Il se passe décidément des choses, en France. A nous de n’en rien perdre. Pour qu’en effet, ce passé ne reste pas seulement présent, mais qu’il devienne ferment d’un nouvel âge. ■ PIE XII "Documents et témoignages ont amplement prouvé l’inconsistance totale de la légende noire sur le pape Pie XII", a affirmé le cardinal Tarcisio Bertone, secrétaire d’Etat, lors de la présentation, à Rome, le mardi 5 juin 2007 du livre d’Andrea Tornielli Pie XII, Eugenio Pacelli. Un homme sur le trône de Pierre. Grâce à la traduction réalisée par l’agence Zenit, nous reproduisons le début de cette conférence. ZF07060514 1. Une légende "noire" La figure d’Eugenio Pacelli, le pape Pie XII, est désormais depuis des décennies, au centre de polémiques très enflammées. Le pontife romain qui a guidé l’Eglise pendant les années terribles de la seconde guerre mondiale et ensuite de la Guerre froide est victime d’une légende noire qui a fini par s’affirmer au point de rendre très difficile de l’égratigner, même si les documents et les témoignages ont amplement prouvé son inconsistance totale. L’une des déplaisantes conséquences pour ainsi dire "secondaires" de cette légende qui dépeint faussement le pape Pacelli comme indulgent pour le nazisme et insensible au sort des victimes de la persécution – est d’avoir fait complètement oublier l’extraordinaire magistère de ce pape qui a été le précurseur du concile Vatican II. Comme il est arrivé aux deux autres papes du même nom - le bienheureux Pie IX, dont on ne parle que pour les thèmes liés à la politique du Risorgimento, et saint Pie X, souvent uniquement évoqué pour sa vaillante bataille contre le modernisme – pour Pacelli aussi, on risque de réduire tout son pontificat à la question de ses "silences" prétendus. 2. L’activité pastorale de Pie XII Je suis donc ici ce soir pour offrir un bref témoignage à un homme d’Eglise qui, en raison de sa sainteté personnelle, resplendit comme un témoin lumineux du sacerdoce catholique et du souverain pontificat. Non que je n’aie déjà lu beaucoup d’essais intéressants sur la figure et l’œuvre du pape Pie XII, depuis les très connus Actes et Documents du Saint Siège, jusqu’aux biographies de Nazareno Padellaro, Sœur Marchione, du Père Pierre Blet... Pour ne pas parler des Discours de guerre du pape Pacelli, qui, si vous le voulez, sont disponibles en format électronique, et que je trouve absolument intéressants aujourd’hui encore, pour la doctrine, l’inspiration pastorale, la finesse du langage littéraire, pour la force humaine et civique. En somme, j’en savais déjà pas mal à propos du Pastor Angelicus et du Defensor Civitatis. Il faut cependant être reconnaissant à M. Andrea Tornielli qui, dans cette biographie corpulente et documentée, puisant à de nombreux inédits, nous restitue la grandeur et l’entièreté de la figure de Pie XII, nous fait approfondir son humanité, nous fait redécouvrir son magistère. Il nous rappelle, par exemple, son encyclique sur la liturgie, sa réforme des rites de la Semaine sainte, le grand travail prépa- ratoire qui débouchera sur la réforme liturgique conciliaire. Pie XII ouvre l’application de la méthode historicocritique pour l’Ecriture Sainte, et dans l’encyclique "Divino afflante Spiritu", il établit les normes doctrinales pour l’étude de l’Ecriture Sainte, en mettant en relief son importance et son rôle dans la vie chrétienne. C’est encore le pape Pacelli qui, dans l’encyclique Humani generis, a pris en considération, avec prudence cependant, la théorie de l’évolution. Pie XII donne aussi une impulsion notable à l’activité missionnaire par les encycliques Evangelii Praecones (1951) et Fidei donum (1957, dont c’est le 50e anniversaire), mettant en relief le devoir de l’Eglise d’annoncer l’Evangile aux peuples, comme le concile Vatican II le fera amplement. Le Pape refuse de faire coïncider le christianisme avec la culture occidentale, comme avec un système politique déterminé. Et ceci : Pie XII est aujourd’hui encore le pape FRANCECatholique N° 3076 15 JUIN 2007 17 qui a donné le plus de place aux femmes dans ses canonisations et béatifications : 54,4% des canonisations et 62,5% des béatifications. Du reste, ce pontife avait parlé à plusieurs reprises des droits des femmes, en affirmant par exemple, dans son message radio au congrès du CIF de Lorette en octobre 1957, que la femme est appelée à exercer "une action décisive" aussi dans le domaine politique et juridique. 3. Accusations injustifiées Ce sont seulement des exemples qui montrent ce qu’il reste à redécouvrir, dans le magistère du Serviteur de Dieu Eugenio Pacelli. J’ai été frappé par de nombreuses allusions du livre de Tornielli d’où émergent la lucidité et la sagesse du futur pontife, pendant les années où il était nonce apostolique tout d’abord à Munich, en Bavière, et ensuite à Berlin, ainsi que de nombreux traits de son humanité. Grâce à la correspondance inédite de Frère Francesco, nous apprenons certains jugements sur le mouvement nationalsocialiste naissant, et le grand et grave drame intérieur vécu par le Pontife au temps de la guerre, à propos de l’attitude à adopter face à la persécution nazie. Pie XII en parle à plusieurs reprises, au cours de ses messages radio – et c’est donc tout à fait déplacé de l’accuser de "silences" – mais il choisit un profil prudent. Pour ce qui est des "silences", je signale volontiers un article bien documenté du prof. Gian Maria Vian, publié en 2004, dans la revue Archivum historiae pontificiae, sous le titre : "Le silence de Pie XII : aux origines de la légende noire". Il dit entre autres que le premier à s’interroger sur "les silences de Pie XII" a été Emmanuel Mounier, en 1939, à peine quelques semaines après son élection comme souverain pontife, et en relation avec l’agression italienne en Albanie. Sur ces questions s’est greffée une dure polémique, de matrice soviétique et communiste, reprise, comme nous le verrons, par des personnalités de l’Eglise orthodoxe russe. Rolf Hochhuth, auteur du drame Le Vicaire, la pièce de théâtre qui a contribué à déchaîner la légende noire contre Pie XII, a défini ces jours-ci, dans une interview, le pape Pacelli comme un "lâche démoniaque", tandis que des historiens fauteurs de la pensée unique anti-Pie XII en arrivent même à appeler "brigadiste pacellien" ceux qui ne pensent pas comme eux, et qui 18 FRANCECatholique N°3076 15 JUIN 2007 osent manifester un point de vue différent du leur sur ces événements. On ne peut donc pas ne pas dénoncer ce massacre du bon sens et de la raison souvent perpétré sur les pages des journaux. 4. Une date historique bien précise Il me semble utile de souligner combien l’œuvre de Tornielli ramène à la lumière des œuvres déjà connues des historiens sérieux. C’est l’un des mérites que je considère comme fondamentaux de ce volume dont nous parlons aujourd’hui, en tenant compte de l’époque très triste à laquelle a vécu le pape Pacelli, dont la voix, dans le tourbillon du second conflit mondial et de l’opposition des blocs qui a suivi, n’a pas joui de la faveur des pouvoirs constitués ou des pouvoirs de fait. Combien de fois "l’électricité manquait" à Radio Vatican pour faire entendre la voix du pontife ; combien de fois, "le papier manquait" pour reproduire ses pensées et ses enseignements qui dérangeaient ; combien de fois, un incident faisait "perdre" les exemplaires de L’Osservatore Romano rapportant des interventions, des éclaircissements, des mises au point, des notes politiques… Aujourd’hui cependant, grâce aux moyens modernes, ces sources sont amplement reproduites et disponibles. M. Tornielli les a cherchées et les a trouvées comme en témoigne le grand corpus de notes qui complètent la publication actuelle. Je voudrais attirer l’attention sur une date importante. La figure et l’œuvre de Pie XII, louée et remerciée avant, durant et immédiatement après le second conflit mondial, commence à être observée d’un autre œil à une époque historique bien précise, qui va d’août 1946 à octobre 1948. Le désir du peuple d’Israël martyrisé d’avoir sa propre terre, un refuge sûr, après les "persécutions d’un antisémitisme fanatique, qui s’est déchaîné contre le peuple juif" (allocution du 3 août 1946), était compréhensible, mais ils étaient également compréhensibles les droits de ceux qui vivaient déjà en Palestine et qui attendaient eux aussi respect, attention, justice, et protection. Les journaux de l’époque relatent amplement l’état de tension qui se manifestait dans la région mais, puisqu’ils n’ont pas voulu entrer dans les raisonnements et les propositions de Pie XII, ils ont commencé à prendre position, les uns d’un côté, les autres de l’autre, en idéologisant ainsi une réflexion qui se développait de façon articulée et attentive aux critères de justice, d’équité, de respect, de légalité. Pie XII n’a pas seulement été le pape de la seconde guerre mondiale, mais un pasteur qui, du 2 mars 1939 au 9 octobre 1958, a eu devant lui un monde dupé par des passions violentes et irrationnelles. C’est alors qu’a commencé à prendre corps une incompréhensible accusation contre le Pape de ne pas être intervenu comme il l’aurait dû en faveur des juifs persécutés. A ce propos, il me paraît important de reconnaître cependant que qui est exempt de fins idéologiques et aime la vérité, est bien disposé pour comprendre plus à fond, en toute sincérité, un pontificat long, fructueux, et, à mon avis, héroïque. Un exemple en est le récent changement d’attitude, y compris au grand sanctuaire de la mémoire qu’est le Yad Vashem à Jérusalem, pour reconsidérer la figure et l’œuvre du pape Pacelli, non d’un point de vue polémique, mais sous un angle objectivement historique. Il est hautement souhaitable que cette bonne volonté manifestée publiquement puisse avoir une suite adéquate. 5. Le devoir de la charité envers tous Le 2 juin 1943, à l’occasion de la fête de Saint Eugène, Pie XII a exposé publiquement les raisons de son attitude. Avant tout, le pape Pacelli parle de nouveau des Juifs: "Que les chefs des peuples n’oublient pas que celui qui (pour utiliser le langage de la Sainte Ecriture) porte l’épée ne peut disposer de la vie et de la mort des hommes que selon la loi de Dieu, dont vient tout pouvoir". "Et ne vous attendez pas, continue Pie XII, à ce que nous exposions ici en détail tout ce que nous avons tenté ou réussi à accomplir pour adoucir leurs souffrances, améliorer leur situation morale et juridique, protéger leurs droits religieux imprescriptibles, subvenir à leurs besoins et nécessités. Chaque parole prononcée par nous dans ce dessein aux autorités compétentes et chaque intervention publique, devaient être soigneusement pesées et mesurées par nous, dans l’intérêt même de ceux qui souffraient, pour ne pas rendre leur situation, même sans le vouloir, plus grave et plus insupportable. Hélas, les améliorations visibles obtenues ne correspondent pas à la sollicitude maternelle de l’Eglise en faveur des groupes particuliers, sujets aux sorts les plus terribles … et le vicaire, tout en demandant compassion pour eux, et un retour aux normes les plus élémentaires du droit et de l’humanité, s’est parfois trouvé devant des portes que personnes ne voulait ouvrir ". (à suivre) LASSALIENS À l’issue de leur 44 e Chapitre, à Rome, les Frères des Écoles Chrétiennes ont réélu, pour un nouveau mandat de sept ans, Frère Álvaro Rodríguez, Supérieur général des Lasalliens. Fondés en 1680 par saint JeanBaptiste de La Salle, les Lasalliens animent, dans 82 pays des cinq continents, plus d’un millier d’œuvres éducatives, scolaires et universitaires, au service d’enfants, de jeunes et d’adultes en formation. Leurs priorités sont : - droits de l’enfant, et respect de la vie des débuts à la fin ; - droits à l’éducation pour tout enfant ballotté par les flux migratoires ; - initiatives face aux souffrances familiales ; - engagements dans la réflexion urgente des questions de bioéthique ; - réponses aux questions de sens et annonce de la Parole de Jésus pour que "tous aient la vie, et la vie en abondance". Première congrégation enseignante, les Lasalliens accueillent en France 106.000 élèves et étudiants dans 150 établissements, avec 10.000 enseignants et cadres d’éducation, et 3.000 personnels administratifs et de service. Au niveau mondial, dans 82 pays des cinq continents, 5.300 Frères et 80.000 laïcs et religieux sont engagés sur différents terrains de promotion de la justice et de transformation sociale notamment dans des pays qui élaborent difficilement des conduites démocratiques -, rejoignant 1.300.000 élèves et étudiants, et leurs familles, dans plus d’un millier de centres éducatifs lasalliens. ST-JEAN DE DIEU Frère Alain-Samuel Jeancler a été élu Supérieur provincial de France de l’Ordre Hospitalier de Saint Jean de Dieu, lors du chapitre qui s’est déroulé à Dinan du 26 mai au 1er juin 2007. La congrégation dont le charisme est d’abord de soigner les pauvres, a été érigée en 1572 et est arrivée en France en 1601. MGR LUSTIGER Tous les académiciens étaient là, soudain la porte s’est ouverte. Une chaise roulante est entrée dans la salle historique : Mgr Jean-Marie Lustiger s’est retrouvé alors au milieu de tous les membres de l’Académie Française, il est venu là, souffrant d’une maladie très grave, il est venu pour dire A Dieu, en deux mots ; le moment fut très fort, les propos du Cardinal ont marqué chacun pour toujours ; c’était à l’occasion de l’élection de Max Gallo au fauteuil de Jean-François Revel, qu’ils le voyaient pour la dernière fois. Le Cardinal a annoncé qu’il partait vers l’éternité : “au ciel les premiers sont les derniers, donc je pense que je serai là-bas le premier à m’occuper, à prier, à avoir tous les soins possibles et tous mes voeux vis-à-vis de l’Académie”. L’homme de Dieu a marqué tous les cœurs à jamais. De nombreux académiciens ont témoigné d’un moment unique et d’une intense émotion, telle que rarement l’Académie n’a pu en vivre une semblable. Tous ont eu la voix coupée après les propos de l’Archevêque. Sur RTL , Jean-Marie Rouart, très ému à décrit la scène avec un respect profond : Mgr Lustiger "avait pris certainement beaucoup sur lui-même, mais on sentait une ferveur [...] les paroles que l’on prononce dans ces moments, devant des amis que l’on ne reverra plus, elles ont un poids [...]. Cela serre le cœur, je ne vous le cache pas, mais je pense que cette scène était un moment de communion". Le Cardinal avait annoncé au mois d’avril qu’il avait été admis à la Maison médicale Jeanne-Garnier, l’établissement parisien de soins palliatifs. Agé de 80 ans, l’archevêque émérite de Paris avait écrit en octobre dernier une lettre au clergé parisien pour annoncer que les médecins lui avaient diagnostiqué fin septembre une "grave maladie qui nécessite un traitement lourd". J’ai connu durant cinq ans le Séminaire de Paris, j’ai connu par grâce Mgr Lustiger, et c’est avec une émotion immense que je m’unis en prière avec cet homme qui m’a intensément appris l’amour de Dieu. Benjamin Pyrz, www.radinrue.com AFGHANISTAN L'une des grandes figures du journalisme afghan a été assassinée dans la nuit du 5 au 6 juin 2007 à Jabalussaraj, dans la province de Parwan (au Nord de Kaboul). Directrice de radio Sada-eSulh (Voix de la Paix) depuis sa création en 2001, Zakia Zaki était également directrice d'une école. Zakia Zaki, 40 ans, mère de famille, et membre de l'Assemblée constituante en 2003, avait reçu des menaces de mort de la part de chefs de guerre locaux, le JaZakia Zaki miat-i-Islami (Rassemblement Islamique) lui avait interdit d'interviewer des femmes. Elle avait été formée par l'ONG Aina, grâce à laquelle 1000 Afghans, femmes et hommes, ont appris le métier de journaliste (presse, radio, photographie, vidéo) et ont pu faire vivre un certain nombre de médias libres. Elle faisait partie de la première promotion de femmes journalistes formées après la chute des taliban, en 2001. © AINA On trouve donc déjà exposée ici, au milieu de l’année 1943, la raison de la prudence avec laquelle Pacelli a agi pour ce qui concerne des dénonciations publiques : "Dans l’intérêt des personnes souffrantes elles-mêmes, pour ne pas rendre leur situation plus grave". Des paroles qu’il me semble entendre en écho dans le bref discours prononcé par Paul VI le 12 septembre 1964, aux catacombes de SainteDomitille. A cette occasion, le pape Montini a dit : "Le Saint-Siège s’abstient de hausser plus fréquemment et avec plus de véhémence la voix légitime de la protestation et de la déploration, non parce qu’il ignore ou néglige la réalité de la chose, mais en raison d’une pensée empreinte de patience chrétienne, et pour ne pas provoquer des maux plus graves". Dans la deuxième moitié des années soixante, Paul VI se référait aux pays d’au-delà du Rideau de fer, gouvernés par le communisme totalitaire. Lui, qui avait été un étroit collaborateur du cardinal Pacelli, et ensuite du pape Pie XII, indique ainsi les mêmes motivations. Les papes ne parlent pas en pensant à se construire une image favorable pour la postérité, mais ils savent que de chacune de leur parole peut dépendre le sort de millions de chrétiens, ils ont à cœur le sort des hommes et des femmes en chair et en os, pas l’applaudissement des historiens. Du reste, Robert Kempner, un magistrat juif du ministère public au procès de Nuremberg, a écrit en janvier 1964, après la sortie du Vicaire de Hochhuth : "Toute prise de position propagandiste de l’Eglise contre le gouvernement de Hitler aurait été non seulement un suicide prémédité… mais aurait accéléré l’assassinat d’un bien plus grand nombre de juifs et de prêtres". Aina FRANCECatholique N° 3076 15 JUIN 2007 19 LECTURES FÊTE DU SACRÉ CŒUR Année C Le Sacré Cœur de Jésus une valeur sûre par le Père Michel GITTON ette semaine a eu lieu la fête du Sacré Cœur, à laquelle tout le monde n’a pu assister, mais qu’il ne faut pas laisser passer sans en avoir dit un mot, et, si possible, en avoir retiré la sève. Le Sacré Cœur semble peut-être lié pour nous à une certaine imagerie XIXe siècle, avec un petit relent de nationalisme ("sauvez, sauvez la France au nom du Sacré-Cœur"), qui ne nous le rend peut-être pas forcément sympathique à tous. Mais d’abord le XIXe siècle n’a pas fait que des mauvaises choses : le renouveau catholique incontestable qui a soulevé la France en ces années-là n’était pas sans valeur, nous lui devons (entre autres) le Curé d’Ars et sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, ce n’est pas si mal ! Même l’art religieux de ce siècle, si souvent attaqué sous le nom d’art "sulpicien", n’a pas fait que des œuvres mièvres et interchangeables, le Musée d’Orsay nous a rendu heureusement une autre image de ce siècle. De plus, l’attention au Cœur de Jésus n’a pas attendu le XIXe siècle pour entrer dans la prière et la réflexion des catholiques. La scène du cœur ouvert par la lance, source du don de l’Esprit (saint Jean chap. 19) a nourri la méditation des chrétiens depuis les premiers temps de l’Eglise. Les mystiques du Moyen Age y étaient déjà fort sensibles (Gertrude C la Grande, Bonaventure et combien d’autres). Les grands spirituels du XVIIe siècle lui ont fait une place sous un vocable ou sous un autre (qu’on pense à saint Jean Eudes, l’Apôtre de la Normandie), et c’est en ce siècle que la grande confidente du Sacré Cœur, sainte Marguerite-Marie, commence à développer un culte, qui va s’amplifier au XVIIIe, pour remédier au dessèchement de la piété des catholiques due en partie à l’influence du jansénisme. Grâce à la Compagnie de Jésus, qui y voit un moyen de ranimer la ferveur dans les masses en voie de déchristianisation, le culte du Sacré Cœur de Jésus se voit doter d’une messe et d’un office, qui sont à l’origine de notre fête actuelle. Il est clair que dans la seconde moitié du dernier siècle, le Sacré Cœur a connu une certaine éclipse, due sans doute à sa coloration quelque peu revancharde, mais on a vu aussi se lever de nouvelles approches de son culte, à partir des deux centres où il était encore très vivant : Paray-le-Monial et Montmartre. Le sanctuaire de Paray-le-Monial, grâce notamment à la présence de l’Emmanuel, a développé une vision chaleureuse du Cœur de Jésus insistant sur sa proximité aimante, sa miséricorde, sa capacité de guérison, etc. Dans les mêmes années, Mgr Maxime Charles à Montmartre renouvelait en profondeur la compréhension du Cœur de Christ, à partir des auteurs de l’Ecole française de spiritualité : le cœur n’est pas seulement un symbole de l’amour, mais une manière de désigner "l’intérieur" de Jésus ; s’y pencher avec saint Jean, c’est entrer dans le secret de son humanité déifiée où tout est grâce, et de plus ce cœur débordant de l’Esprit Saint nous communique tout ce qui fait sa vie, nous conformant peu à peu à lui... Ce qui est étonnant, c’est la capacité qu’a le thème du Sacré Cœur de cristalliser dans le christianisme le meilleur de sa sève intérieure. Là où beaucoup ne veulent s’intéresser au Christ qu’à travers son enseignement, son influence morale dans l’histoire, les amoureux du Cœur de Jésus, eux, savent que c’est lui, en tant que personne, qui est intéressant, qu’on n’a pas à le laisser derrière soi, sous prétexte qu’on aurait compris son message et qu’il faudrait maintenant l’appliquer. Ce Cœur ouvert, comme l’ont bien vu les mystiques de tous les temps, est la Source cachée, la fente du rocher où vient s’abriter la colombe, le lieu secret où Dieu donne rendez-vous à l’homme pour le combler de ses biens. Cœur Sacré de Jésus, j’ai confiance en Vous ! Cœur Sacré de Jésus que votre règne arrive ! ■ Livres Anciens & Modernes - Gravures L IBRAIRIE L E M EUR Achat – Vente – Expertise 12, place du Théâtre – 21000 Dijon Tél. 03.80.67.13.03 – Fax 03.80.63.75.13 Leti : La vie du pape Sixte cinquième in 4°, basane époque, 330 pp. (Paris, Prault, 1731), prix = 220 euros, franco de port. Catalogue sur demande (se recommander de France Catholique) 20 FRANCECatholique N°3076 15 JUIN 2007 L'Aventurier de Dieu Werenfried van Straaten par Dominique Bar, Guy Lehideux, d'après l'œuvre originale de Jean-Yves Clouzet et Pierdec. FRANCE CATHOLIQUE 10/36 © Editions du Triomphe, 7, rue Bayen, 75017 Paris à suivre... HISTOIRE HISTOIRE DES IDEES RELIGIEUSES A quoi bon le Beaucoup de mythes sont répandus à propos du dialogue entre les trois monothéismes dans le passé. Rémi Brague les passe au crible d’un véritable savoir scientifique. e recueil d’études n’est pas un réservoir d’arguments destinés à confondre l’adversaire. Si les chrétiens se servent du Moyen Age pour établir les erreurs et la malignité des musulmans – et réciproquement – les protagonistes manqueront à la fois les enjeux du passé et les débats qui tentent de s’établir actuellement. Notre histoire n’est pas notre code, surtout lorsqu’elle est méconnue et mal interprétée. Mais il faut savoir en tourner les pages avec quelque distance et même humour. Cela n’empêche pas l’amitié que l’on peut éprouver pour ces immenses penseurs que furent Thomas d’Aquin, Avicenne, Maïmonide - pour citer les plus connus – et n’interdit pas de se plonger avec bonheur dans les époques qu’ils ont vécues. Pour se convaincre de l’humour de Rémi Brague, il suffit de commencer son livre par le dernier texte qui s’y trouve publié : la question est de savoir si Averroès est un "gentil" au sens contemporain du terme : le type sympa, le bon musulman des colloques branchés, chantre de la tolérance… Question actuelle, car le vieil Averroès est en train de devenir furieusement à la mode dans nos lycées. Un arrêté du 5 juillet 2001 a inscrit un ouvrage d’Ibn C ( Rochd, tel est son véritable nom, sur la liste des ouvrages pouvant être présentés à l’oral de philosophie du baccalauréat. Rémi Brague, qui a expliqué cet auteur à bien des étudiants, en éprouve "une joie avec mélange". La joie d’assister à la promotion tardive d’un auteur familier est assombrie par cette projection sur le Moyen Age de "la version académique du béni oui-oui". Pour des motifs techniques, le texte de référence est Le Traité décisif, qui compte pour 1/100 dans l’œuvre du savantissime commentateur d’Aristote, et qui n’a pas eu l’importance ni l’influence qu’on lui prête aujourd’hui. Le Traité est une consultation juridique (fatwa) sur la correspondance entre questionnement philosophique et religion. Or correspondance ne signifie pas harmonie et Averroès, grand cadi de Cordoue au service des Almohades, s’affirme comme "un dur", un "intellectuel organique" qui défend l’islam et préconise la liquidation des hérétiques. Cette mise au point ne permet pas de conclure qu’il n’y a jamais eu rien de bon à attendre des Arabes ! Tous les Arabes n’étaient d’ailleurs pas musulmans, les chrétiens n’étaient pas tendres non plus à l’égard des Arabes et des juifs - et la vie quotidienne sur le pourtour de la Méditerranée médiévale n’évoque en rien les villages du "Club Med" sur lesquels Rémi Brague plaisante plusieurs fois. Les mots doivent tous être redéfinis, avant que les auteurs et les œuvres ne soient situés dans une période soigneusement démythifiée. C’est à ces conditions que le Moyen Age peut être le moyen de comprendre ce qu’il en est de l’Europe. Prudence dans l’emploi des mots : la philosophie occidentale n’a pas le même sens que la falsafa orientale. La première Les Croisades n’ont éveillé dans le monde musulman qu’un écho faible 22 FRANCECatholique N°3076 15 JUIN 2007 est institutionnalisée : c’est une matière universitaire enseignée par des pédagogues rétribués à des étudiants qui utilisent des manuels. La seconde reste, en terre d’islam comme dans les communautés juives, une affaire privée pratiquée par d’incontestables génies qui n’ont pas d’influence sur la pensée de leur époque. Les conséquences sont considérables car les théologiens chrétiens ont tous une formation philosophique, alors que la plupart des rabbins et des imams médiévaux en sont dépourvus – ce qui ne les empêche pas d’exceller dans leur mission religieuse. Prudence dans les identifications : Rémi Brague n’hésite pas à remettre en question un thème fort répandu : "Parler de l’héritage chrétien me gêne. Et encore plus de la civilisation chrétienne. Celle-ci a été fondée par des gens qui se souciaient de la civilisation chrétienne comme d’une guigne. Ce qui les intéressait, c’était le Christ, et les retentissements de sa venue sur l’ensemble de l’existence humaine. Les chrétiens croient au Christ, non au christianisme lui-même ; ils sont chrétiens, non pas christianistes." Par ailleurs, on hésitera à parler de philosophes musulmans puisqu’ils n’étaient pas regardés comme tels par leurs commentateurs et contradicteurs chrétiens. D’ailleurs, les plus grands philosophes vivant en terre d’Islam – Farabi (mort en 950), Avicenne (mort en 1037), Averroès (mort en 1196) – tiennent tous le païen Aristote pour maître d’incontestable vérité. Prudence quant aux faits historiques : "les Croisades, à partir de 1096, n’ont éveillé dans le monde musulman qu’un écho faible et tardif". Le plus grand penseur de l’islam médiéval, Ghazali, n’évoque nulle part cet événement dont il fut pourtant le contemporain. On prendra garde de ne pas oublier que la géopolitique médiévale connaît des divisions ignorées dans l’enseignement moderne HISTOIRE Moyen Age ? (Rome et Byzance…), que des philosophes que nous croyons constamment présents dans la tradition européenne sont ignorés au Moyen Age (presque tout Platon), que l’Islam englobe le monde arabe et, entre autres, le monde persan qui vit naître Avicenne. Une fois ces précisions données, il est permis d’examiner la question des relations intellectuelles entre juifs, chrétiens et musulmans au long de la période médiévale. On connaît la légende noire du Moyen Age (obscurantisme, fanatisme, guerres incessantes et proscriptions) et la légende dorée qui célèbre l’esprit de Cordoue : tolérance et dialogues de haute tenue entre intellectuels de premier plan sur la base d’une pensée grecque aimablement transmise par les arabo-musulmans. Ces relations existent mais leur histoire complexe peut être successivement examinée avec Rémi Brague sous l’angle de la dette, du dialogue et de l’exclusion. Les dettes sont croisées. Elles se constituent à travers un long mouvement de transfert d’œuvres majeures par voie de traduction. Avant le Moyen Age, de Cicéron (mort en – 44) à Boèce (mort en + 524) on traduit des Grecs en latin, en syriaque et en araméen. Il y a ensuite, au début du Moyen Age (de 800 à 950), les nombreuses traductions du grec vers l’arabe : les ouvrages scientifiques d’Aristote, certaines de ses œuvres philosophiques, les textes de Galien et d’Euclide, mais ni Homère, ni les auteurs tragiques, ni les historiens grecs. Ce ne sont pas des musulmans qui assurent les traductions mais des chrétiens d’Orient qui parlent arabe dans la vie courante, mais dont la liturgie est en grec. Rémi Brague évoque aussi une "hypothèse fascinante" selon laquelle la politique de traduction serait un héritage des zoroastriens qui pensaient que la vérité religieuse était inscrite dans plusieurs livres qu’il fallait rassembler en un D.R. par Alexandre DA SILVA Jardins de l’alcazar de Cordoue tout : les Persans devenus musulmans auraient repris l’idée contenue dans leur première religion nationale… Il reste que la renaissance aristotélicienne a bel et bien commencé en Andalousie arabomusulmane au onzième-douzième siècle grâce à des philosophes qui sont disciples du Stagire. En Occident, des chrétiens traduisent des œuvres d’Avicenne, des juifs traduisent Averroès, Ibn Bâjja, Avicenne. Le premier aristotélicien juif est avicennien mais Maïmonide place Farabi plus haut que le Persan. On ne saurait donc parler d’échanges concertés entre trois puissances religieuses mais de transferts de savoir qui ne doivent rien au "dialogue interreligieux" ; la dette est celle de tous les grands penseurs des trois monothéismes à l’égard d’Aristote. Mais Rémi Brague souligne l’importance des influences mutuelles. Farabi fut l’élève d’un chrétien ; Jean Damascène a joué un rôle majeur dans la formation de l’apologétique islamique ; il est possible que Jean Scot Erigène ait influencé la Kabbale de Gérone ; la pensée juive a subi l’influence "massive" des philosophes musulmans. Enfin, nul n’ignore l’influence juive et musulmane sur les philosophes et théologiens chrétiens à partir du douzième siècle : Thomas d’Aquin a forgé sa pensée dans la lutte contre Averroès et Duns Scot a trouvé chez Avicenne son point de départ. Les influences ne s’exercent pas de la même manière dans l’Occident chrétien et dans l’Orient musulman. L’Islam, explique Rémi Brague, est une culture de la digestion : dans ce processus d’appropriation d’une pensée extérieure (Aristote surtout) "l’objet est si profondément intériorisé qu’il perd sont indépendance", FRANCECatholique N°3076 15 JUIN 2007 23 HISTOIRE ( exemples peuvent être donnés (en Andalousie, à Bagdad au neuvième et dixième siècles) mais on ne saurait parler d’un dialogue entre les principaux penseurs pour des raisons simplement biographiques : "Thomas d’Aquin est né vingtsept ans après la mort d’Averroès, et vingt-et-un ans après celle de Maïmonide", rappelle Rémi Brague après avoir noté que "le Nord chrétien emprunte beaucoup au Sud musulman, mais celui-ci ne connaît à peu près rien du Nord, auquel il ne s’intéresse d’ailleurs D.R. si bien qu’il n’y a plus de différence entre l’objet et le sujet. En d’autres termes, "un loup consiste au fond en moutons digérés et devenus du loup". La digestion culturelle se fait par la méthode de la paraphrase (le texte est réécrit, la présentation est plus systématique, les exemples sont modernisés) comme le fait Avicenne qui transforme l’aristotélisme en avicennisme… Cette digestion est, si l’on peut dire, lourde de sens : "La méthode islamique d’appropriation, écrit Rémi Brague, ne peut se déployer qu’au prix de la dénégation de l’origine : la culture islamique se veut un commencement absolu, et refoule la conscience de devoir quelque chose à la situation antérieure, qu’elle caractérise comme l’époque de l’ignorance (jâhiliyya)". Tel est le Coran, saint livre qui remplace, après totale incorporation, l’Ancien et le Nouveau Testament dont il est "comme une paraphrase". Les philosophes et théologiens chrétiens ont au contraire une culture de l’inclusion. Disciple d’Albert le Grand, Thomas d’Aquin s’approprie l’œuvre d’Aristote par la méthode du commentaire qui n’efface pas plus l’œuvre du Stagire que le christianisme ne fait disparaître le judaïsme. Le Nouveau Testament est un commentaire de l’Ancien, une interprétation selon la Passion et la Résurrection du Christ. D’une manière générale, la culture de l’inclusion, conservatrice des textes anciens, porte à une analyse critique par la voie du commentaire et c’est en cela qu’elle est fondamentalement une culture de progrès – alors que la prise de distance à l’égard du texte digéré est difficile en terre d’Islam, voire impossible lorsqu’il s’agit du Coran puisque s’y trouve inscrite la parole divine. On aurait tort, cependant, de séparer radicalement les deux modes d’appropriation : Albert le Grand (mort en 1280) procède à une paraphrase d’Aristote et Averroès utilise quant à lui les deux méthodes. Le dialogue est limité ou contraint. Certes, Abélard écrit (vers 1136-1140) son Dialogue entre un philosophe (musulman, mais présenté comme une sorte de "laïque"), un juif et un chrétien, certes Ibn Sab’în de Murcie répond (avec hauteur) aux questions que lui pose l’empereur Frédéric II (entre 1237 et 1242). D’autres guère. Les seuls exemples médiévaux d’influences réciproques sont à l’intérieur du Nord chrétien, entre Latins et Byzantins. Et ils sont tardifs. C’est seulement au quinzième siècle que les Byzantins se mettent à traduire Augustin, Boèce, Thomas d’Aquin". En Orient, l’arabe, langue commune, permet des échanges directs mais aussi la surveillance des minorités religieuses par le pouvoir politique ; en Occident, les Arabes ne peuvent disputer directement avec les chrétiens mais l’écriture est plus libre : les juifs écrivent en hébreu une histoire antichrétienne du Christ et bien d’autres textes polémiques, au risque d’être dénoncés par des transfuges… Ce dialogue, lorsqu’il a lieu, n’évoque en rien la controverse élégante entre des humanistes épris de tolérance – deux mots anachroniques. Les philosophes musulmans justifient la guerre, la soumission à la Loi religieuse, l’extermination des hérétiques – sans faire une théorie de la guerre islamiste et sans perdre de vue l’idéal de sagesse. Les penseurs chrétiens ne sont pas non plus des agneaux. Dans l’ordre religieux, la question des origines est source d’un conflit insoluble, au sujet duquel il n’y a pas de discussion possible : pour les chrétiens, l’islam n’aurait jamais dû exister ; pour les musul- Penser l’Europe d’aujourd’hui comme lieu privilégié de dialogue 24 FRANCECatholique N°3076 15 JUIN 2007 mans, le christianisme et le judaïsme sont des religions dépassées, donc méprisables. Comme les chrétiens savent qu’ils ne connaissent pas l’islam, comme les musulmans croient qu’ils connaissent le christianisme, le débat est difficile à établir. Rémi Brague ajoute d’ailleurs sa part d’explosif en évoquant l’hypothèse "extrêmement plausible" de Christoph Luxenberg selon laquelle le Coran serait en partie un recueil de textes bibliques traduits du syriaque. Enfin, les grandes disputes publiques étaient rares entre chrétiens et musulmans et celles qui eurent lieu entre juifs et chrétiens furent imposées par les rois catholiques espagnols et se déroulèrent dans un climat de plus en plus tendu – jusqu'à l’expulsion de 1492. Les ségrégations et les exclusions sont réciproques. Cordoue la tolérante a exilé Maïmonide et Averroès, et l’Andalousie musulmane soumettait juifs et chrétiens à la condition humiliante de la dhimma : ils paient un impôt particulier, portent des vêtements spécifiques (bleus pour les chrétiens, jaunes pour les juifs), montent sur des ânes car les chevaux leur sont interdits. Imitant la loi islamique, les chrétiens imposent aux juifs le porter la rouelle de couleur jaune, les princes chrétiens du Moyen Age expulsent musulmans et juifs (Espagne, Portugal) tandis que le royaume de France expulse ses juifs avant d’accueillir ceux qui ont été chassés des pays ibériques. Cette histoire compliquée et briseuse de rêves – le rêve de Cordoue et du dialogue interreligieux, le rêve de la Méditerranée – ne nous empêche pas de penser l’Europe d’aujourd’hui comme lieu privilégié de dialogue entre les religions et les cultures. L’avantage de l’Europe tenant à son "identité excentrique" : ce qui la définit intrinsèquement lui vient de l’extérieur. Mais Rémi Brague a raison de dire que "le dialogue des civilisations [...] ne relève pas du passé, mais de l’avenir. Il n’est pas un fait de la mémoire, mais de la volonté. Nous n’avons pas de modèles. Le constater pourrait nous permettre de voir en face les problèmes actuels, là où ils sont. Cela serait déjà un premier pas pour tenter de les résoudre". A quoi bon le Moyen Age ? A cela, précisément. Encore et toujours, l’Europe a besoin de savants. ■ Rémi Brague, Au moyen du Moyen Age, Les Editions de la Transparence, 2006, 316 pages. 22 €. IDEES LE JOURNAL DE GERARD LECLERC Alexandre le Grand, Nicolas Sarkozy, Jacques Vergès... Impression particulièrement forte avec le livre de Benoît XVI, je l’ai déjà dit. Mais comment ne pas revenir sur le sujet absolument central et la mission singulière d’un pape théologien ? D’une certaine façon, à l’Eglise, on ne devrait demander que cela : sans cesse dire et redire qui est cet homme que l’on appelle le Christ et dont elle tire toute sa légitimité. Elle peut nous prêcher la morale, intervenir sur les sujets d’actualité, mettre au point sa pastorale, s’inquiéter de stratégie apostolique, tout cela est bien, et même très bien. Mais si, parallèlement, la foi s’effrite, les évangiles deviennent des fables, la figure du Sauveur s’avère hautement problématique, il n’y a plus rien que le vide. Ce parfum d’un vase vide dont parlait cet étrange bonhomme de Renan qui croyait avoir trouvé le fin mot de l’histoire mais qui n’avait fabriqué qu’un roman plausible pour esthètes sceptiques. L’éclatement culturel actuel produit le n’importe quoi, qui permet à n’importe qui de donner sa version des faits. Paradoxalement, l’appropriation scientifique de la Bible facilite les interprétations fantaisistes, les rebondissements rocambolesques et les fausses pistes. Seule une sérieuse ascèse spirituelle et intellectuelle permet à qui se met en quête de vérité de revenir aux questions de fond. Je suis persuadé que Benoît XVI apporte le plus signalé service à ces personnes qui refusent tout dilettantisme et tout divertissement, au sens pascalien, pour se concentrer sur le témoignage singulier des Ecritures. Je suis frappé par les itinéraires de fuite qui, se réclamant des mêmes prétentions scientifiques, conduisent à errer sans fin, ou à s’obnubiler sur des sujets qui n’apportent rien et ne conduisent sûrement pas à s’orienter dans le mystère. J’en veux pour preuve cette affaire sans cesse ressassée des frères et des sœurs de Jésus, qui semble à certains l’énigme la plus passionnante des Evangiles. Les arguments sont toujours les mêmes. Et l’on en revient toujours à l’examen de la discussion de saint Jérôme à propos des objections déjà formulées en son temps. Je ne saurais évidemment récuser le droit de poursuivre indéfiniment sur ce terrain bien que, pour moi, l’intérêt soit très étroit. A moins d’avoir la prétention, par là, de dynamiter la tradition chrétienne et d’ouvrir un autre chapitre de l’histoire des doctrines. Mais il y a beaucoup mieux à faire, et Benoît XVI nous engage à nous y mettre sérieusement. Il ne récuse rien de l’érudition et de la science. Bien au contraire, il en fait le meilleur usage et domine largement sa matière. C’est toujours pour en revenir à une exégèse traditionnelle rajeunie, ou à une exégèse moderne densifiée par la tradition. L’herméneutique des Pères de l’Eglise, loin d’être dévalorisée par l’éclairage scientifique s’en trouve comme stimulée et revivifiée. 22 MAI Comment être indifférent au spectacle actuel de la politique avec ce nouveau président superactif, ces multiples chantiers de réformes, son étatmajor ministériel et, déjà, les premiers voyages à l’étranger, les initiatives diplomatiques ? On peut se dire que cela est précaire, fragile : le dynamisme des premiers jours va bientôt se heurter aux obstacles des intérêts et des oppositions qui, tôt ou tard, se réveilleront. On a tout de même un phénomène intéressant, et l’adhésion massive de l’opinion témoigne que quelque chose a bougé. Peut-être de façon plus déterminante qu’avec Giscard, en 1974, ou Mitterrand, en 1981. L’interrogation sous-jacente consiste à se demander si tout cela a globalement un sens, s’il y a une réelle pensée qui anime l’ensemble. Sans vouloir se référer à des exemples trop forts - De Gaulle a dit que derrière les victoires d’Alexandre, il y avait Aristote - il est permis d’y réfléchir. Après une certaine L’adhésion massive de l’opinion témoigne que quelque chose a bougé ( 20 MAI FRANCECatholique N°3076 15 JUIN 2007 25 IDEES ( d’Alexandre et ce qui s’y trouve à la fois de serein et de passionné, d’auguste et de terrible, pour discerner la source de l’autorité qui maintint en ordre, treize années durant, au milieu d’épreuves indicibles, des lieutenants jaloux et des soldats turbulents, et fit accepter l’hellénisme à tout un monde farouche et corrompu.” Et c’est quand même Aristote qui se profile ! Voilà ! On me dira que c’est un peu audacieux de se lancer dans ce genre de considérations alors que le commentaire du quotidien nous incline au prosaïsme, aux combinaisons partisanes, au jeu d’échecs ou de billard, avec des calculs trois coups d’avances. Mais de Gaulle ne contredit pas ce genre de nécessité prosaïque ou de modalité basse. L’art d’exécution les requiert. Pourvu que cela, ait, en définitive, du sens et serve le bien public, le vrai sentiment européen et mondial auquel s’ordonne la passion nationale. 24 MAI Jacques Vergès laisse difficilement insensible. Le film documentaire que Barbet Schroeder a intitulé L’avocat de la Terreur, et qui le concerne tout entier, ne peut que relancer la discussion sur un homme particulièrement énigmatique et souvent déroutant. Ma route a croisé un jour celle de Jacques Vergès, au début du premier septennat de François Mitterrand et je n’ai jamais oublié notre entretien, dans son bureau que je serais aujourd’hui dans l’incapacité de situer dans Paris. J’avais été sensible à l’esthétique du cadre et à l’étonnante intelligence de l’homme. Son souci était de contester la politique de la Justice menée par le Président, qui était alors célébrée dans le sillage de l’action du garde des Sceaux Robert Badinter. Vergès ne par- Le commentaire du quotidien nous incline au prosaïsme 26 FRANCECatholique N°3076 15 JUIN 2007 © BARBET SCHROEDER atonie de style rad-soc, il n’y aurait tout de même pas qu’une agitation de joggeurs et l’accélération du rythme général ! Il faut attendre pour que tout se dessine sérieusement, que les lignes s’affirment, que cette effervescence livre son intention directrice. Je reviens un peu en arrière à propos de la formule sur Alexandre et Aristote. Pour retrouver la citation exacte (elle est finalement dans Vers l’Armée de métier), j’avais d’abord repris Le Fil de l’Epée. Mais le moment passé avec ce court essai, vif, brillant m’a impressionné et renvoyé à la nostalgie de la belle culture classique de l’auteur. C’est l’esprit militaire qui est en cause, mais comment ne pas voir qu’il est proche de l’esprit politique dans l’art de la décision, du caractère, et de relations entre l’action et la doctrine. C’est pourquoi je ne m’éloigne pas de l’actualité. Qu’un chef d’Etat fasse preuve de détermination ou que, dès le départ, il s’affirme par un style d’énergie, ce n’est pas forcément à mettre au crédit du spectacle, de la communication moderne, ou, pire, du langage people. Sans doute, ce style flatte-t-il ce genre de tendances. L’important est de savoir s’il les dépasse et les surdétermine. Il y a les discours - et ceux écrits par Henri Guaino pendant la campagne m’ont beaucoup intéressé - mais il y a l’action. Et l’action est toute dans l’art d’exécution qui peut passer par la promptitude, la surprise et la manœuvre de débordement. Et les principes ? De Gaulle cite Bugeaud : “A la guerre, il y a des principes, il y en a peu.” Faut-il en dire autant pour l’art de diriger l’Etat ? Sans doute que oui, parce que le pragmatisme pur se perd en prudence trop prudente et le machiavélisme, au pire sens du terme, en perte de conscience de soi. Aussi, parce qu’une trop grande théorisation fait fi des circonstances et des occasions. De Gaulle a des pages magnifiques là-dessus où il traverse l’histoire militaire à grand pas et multiplie les formules ciselées. Du coup, je retrouve Alexandre au travers de Barrès : “Il suffit à Barrès de contempler les effigies tageait nullement ce sentiment, et pour m’avertir de la rouerie du pouvoir, m’exposait l’affaire d’une dame japonaise dont il défendait les intérêts. J’ai tout oublié aujourd’hui, sauf qu’après compte-rendu de ma visite à mon directeur de rédaction, celui-ci, par peur de tomber dans un traquenard, décida qu’on ne relaierait pas la polémique du trop célèbre avocat. L’homme ne m’était nullement étranger. J’avais le souvenir précis de ses engagements pendant la guerre d’Algérie, et sa réapparition après son étrange retrait de la scène française durant les années 70 ne m’avait pas échappée. La façon dont il redevint avocat de premier plan, avec des causes fracassantes, suscitait en moi un malaise d’autant plus profond que Vergès se chargeait de suggérer, derrière cela, un nietzschéisme de très mauvais aloi. Sa philosophie d’extrêmegauche, de type marxiste, avait-elle cédé le pas à un esthétisme de la transgression ? Sa défense dite de rupture lors du procès Barbie, ne pouvait me convaincre, d’autant que j’avais été très impressionné par le témoignage de mon ami André Frossard à Lyon avec son explicitation de la notion de crime contre l’humaJacques Vergès nité. Aujourd’hui, la complexité du personnage me rend plus nuancé à son égard, sans qu’aient disparu les réflexes de suspicion quant à beaucoup de ses complaisances. Bien sûr, un avocat doit être capable, selon une célèbre formule, “de les défendre tous”, y compris les pires criminels. J’ajoute que j’ai toujours trouvé limite la façon dont certains - avocats ou non - épousaient des combats d’une extrême violence impliquant le terrorisme aveugle, sans qu’ils semblent trop s’en émouvoir. Jacques Vergès a eu le terrible courage de tout assumer, y compris les dimensions les plus ténébreuses de ses descentes aux abîmes. Pour le lui imputer IDEES à crime, il faut soi-même n’avoir jamais pactisé avec aucune transgression. 26 MAI Avec Pierre-André Taguieff, j’ai un désaccord profond qui ne date pas d’hier. Les positions qu’il défend, depuis la fin des années 80 dans le domaine de la bioéthique ont toujours provoqué de ma part un dissentiment qui s’est ranimé à la lecture de son dernier essai (La bioéthique, ou le juste milieu. sous-titré Une quête de sens à l’âge du nihilisme technicien, Fayard). Comme l’indique ce sous-titre, Taguieff se définit contre le nihilisme et n’entend pas se laisser aller à la fascination scientiste. Mais son projet de juste milieu ne me convainc pas, pas plus que sa distinction entre eugénisme totalitaire et eugénisme libéral, individualiste ou domestique. Jean-Claude Guillebaud me rappelle qu’il avait exprimé son désaccord avec le même sur ce sujet dans son livre paru en 2001, Le principe d’humanité (au Seuil). Il y avait en effet résumé la substance d’un débat qui avait opposé Taguieff à Jacques Testard. Cela m’a permis de relire certains chapitres de Guillebaud, en les resituant dans l’ensemble d’une œuvre dont on ne dira jamais assez combien elle est éclairante dans les défis d’aujourd’hui. Parmi les auteurs cités - toujours à propos de l’eugénisme - j’ai retrouvé avec intérêt le nom de François Dagognet, connu pour ses positions très favorables aux avancées interventionnistes et sélectives dans ces matières... Or, j’ai fait sa connaissance - Oh surprise ! - chez les petits gris, car il entretenait des relations très cordiales avec le Père MarieDominique Philippe, ce qui ne me scandalise absolument pas. Les vertus d’accueil du fondateur étaient telles qu’il ouvrait sa porte à tous, y compris à ceux dont il était intellectuellement éloigné. Ces rapports cordiaux étaient sans équivoques quant aux désaccords de fond. Nul doute que s’il avait connu Taguieff, le Père Marie-Do ne se soit conduit de la même façon. Le désaccord demeure et il s’approfondit même. Pierre-André Taguieff achève son dernier essai par des prolongements du côté de l’écologie, en dépassant la catégorie d’humain par celle de vivant, en alléguant Schopenhauer : “notre vrai moi ne réside pas dans notre seule personne, dans le phénomène que nous sommes, mais bien en tout ce qui vit”. Eugen Drewermann s’est enfoncé dans le même vitalisme, et ceux qui veulent nous persuader de notre extrême proximité avec les gorilles, au nom de notre faible différence génétique, ne me rassurent pas. “Il y a une manière non anthropocentrique de fonder le respect de la vie et de la nature”. Sans doute, mais si la différence anthropologique s’y perd, est-ce un gain ? C’est pourquoi je suis farouchement du côté de Guillebaud pour la défense du principe d’humanité. 27 MAI L’état de santé du cardinal Lustiger s’est aggravé ces dernières semaines et tous ses amis en ont le cœur serré. Je n’ai jamais voulu confier à ces pages, qui relèvent d’une réflexion personnelle - ce qui s’apparente trop à la confidence. Sinon, j’aurais souvent dit combien l’attachement que j’ai à l’égard de cet homme, que j’admire et vénère, est profond et indéfectible. J’aimerais que la Providence le garde parmi nous encore longtemps, car son témoignage est un des plus forts de ce temps. J’ai eu l’occasion, à diverses reprises, d’expliquer que dans les années 80, il y avait eu une conjonc- tion exceptionnelle, celle du pape polonais et de l’archevêque de Paris, et que cela avait été une grâce sans prix pour le journaliste que j’étais, chargé au surplus de l’information religieuse. Je n’avais pas eu la chance de connaître le jeune aumônier de la Sorbonne il s’en est fallu de peu d’ailleurs. Mais j’ai trop d’amis qui furent proches de lui alors pour ne pas savoir quelle stature il avait déjà et comment il put aider de jeunes intellectuels à s’émanciper des courants qui traversaient le Quartier latin, pour prendre leur liberté et s’intéresser à autre chose qu’au marxisme et à l’existentialisme athée. Jean-Luc Marion m’a confié que c’est l’abbé Lustiger qui, le premier, lui avait parlé de Balthasar, dont il avait pressenti la force prophétique. C’est pourquoi d’ailleurs, je n’ai pas été étonné, par le magistral exposé liminaire que le Cardinal avait prononcé lors du colloque de l’Unesco à l’occasion du centenaire de la naissance de l’auteur de La dramatique divine. Entre Lustiger et Balthasar, la parenté est étonnante : acuité intellectuelle exceptionnelle, large information, qui puise à tous les registres de la culture et, parallèlement - et dialectiquement devrais-je dire -, une profondeur spirituelle, où ils respirent l’un et l’autre, qui nous fait accéder à une théologie complètement traditionnelle et toujours nouvelle. Ce n’est pas un hasard si, lors de ma première rencontre personnelle avec l’archevêque de Paris, ce nom de Balthasar fut prononcé. Celuici venait de traduire en allemand, Les sermons d’un curé de Paris. Ceux qu’avait prononcés l’ancien curé de SainteJeanne de Chantal, à la porte de SaintCloud... Lorsque j’avais rendu visite, avec mon ami Philippe Delaroche, au grand théologien suisse, dans sa belle ville de Bâle, il ne nous avait pas caché qu’il considérait notre archevêque comme un successeur possible de Jean-Paul II. (à suivre) Retrouvez de larges extraits du Journal de Gérard Leclerc sur le site internet www.france-catholique.fr FRANCECatholique N°3076 15 JUIN 2007 27 LETTRES EMMANUEL MOUNIER La route noire du philosophe par Philippe VERDIN Réédition inattendue des carnets africains d’Emmanuel Mounier : nostalgie des occasions, jamais vraiment saisies, d’un dialogue intellectuel franco-africain. es Presses de la Renaissance n’ont pas fini de nous étonner. Cette maison d’édition religieuse, qui se spécialise dans le témoignage et le récit de voyage, vient de lancer une collection de poche qui pourrait devenir une anthologie de textes précieux à prix abordables : Maurice Zundel, Jean Vannier, Jean Guitton, Emmanuel Mounier… Entreprise courageuse, car ces ouvrages bon marché ne sont guère rentables pour les éditeurs. Les fragiles collections "Foi vivante" du Cerf et "Livre de vie" du Seuil en témoignent. L’Eveil de l’Afrique noire d’Emmanuel Mounier parut en 1948. Le philosophe du personnalisme chrétien venait de parcourir pendant deux mois l’Afrique Occidentale Française, c’est-à-dire le Sénégal, l’actuel Mali, la Côte d’Ivoire le Bénin et la Guinée. Il s’agissait d’explorer les potentialités humaines, culturelles et intellectuelles de ces pays promis à l’indépendance. Le souci d’Emmanuel Mounier n’était pas le tourisme. Si un paysage ou une ville le marque, c’est qu’ils reflètent l’âme d’un peuple, qu’ils traduisent les aspirations et les handicaps d’un continent. Mounier montre une étonnante perspicacité. En 1947, Michel Leiris étudiait la société africaine traditionnelle, Théodore Monod recueillait les trésors de la mémoire noire à l’Institut Français de l’Afrique Noire. A Paris, Jean-Paul Sartre allait préfacer un recueil de poèmes de L 28 FRANCECatholique N°3076 15 JUIN 2007 Alioune Diop, 1913-1980, éditeur humaniste, apôtre de la négritude Senghor. André Breton avait exalté la beauté mystérieuse des masques et des totems. Mais à part André Gide au Congo et au Tchad en 1928, aucun penseur européen ne s’était encore risqué à l’immersion dans la chaleur du continent pour dialoguer avec les Africains euxmêmes. Ses conclusions sont pessimistes. Mounier note l’immense retard économique et structurel de l’Afrique. Il analyse la colonisation des esprits et la fascination aliénante pour la grande ville. La superstition et la langueur sont de sérieux handicaps pour le développement. Il se montre sévère envers l’islam de l’Afrique noire, qu’il connaît mal dans sa diversité et son originalité. Il est vrai que ses amis sénégalais Léopold Sédar Senghor et Alioune Diop sont catholiques. Après sa mort, sa revue Esprit donnera la parole en 1961 à Cheikh Amidou Kane, l’un des grands romanciers de l’Afrique noire, pour évoquer les relations ambi- guës de l’homme africain musulman avec l’occidental pétri de culture chrétienne. Mais Mounier reconnaît également que quelques semaines ne sont pas suffisantes pour connaître les secrets d’un continent et d’une galaxie de peuples : "l’Afrique nous oblige, comme le fou, comme le génie, comme l’étranger, à sortir de nos manières de penser, de sentir, d’agir. Il faut d’abord la saisir comme une unité spirituelle avant de vouloir la conduire à l’école. (…) Le Noir compense les insuffisances que nous avons relevées par une mémoire brillante, de la virtuosité verbale, un sens poétique et souvent une capacité d’abstraction remarquable." Pour Mounier, le trésor de l’Afrique ne se trouve pas dans ses ressources naturelles ou dans son climat déroutant. Il repose dans ces jeunes hommes qu’il rencontre sur sa route africaine, qui l’accueillent, qui le guident, qui palabrent avec lui jusqu’à l’aube. Le meilleur cadeau que la France offrit à ses colonies sénégalaises et béninoises, c’est l’émancipation d’une jeune élite intellectuelle vive et généreuse. "Un ami noir me conduit chez quelques camarades. Ça existe, en Afrique, six intellectuels noirs, qui cohabitent en camarades, parlent un français impeccable, pétillant, nuancé, et sont cependant voués à l’avenir de leurs pays, joyeusement, sans airs farouches, sans haine, résolus comme un jeune garçon qui part le matin pour une longue promenade." Cet ami noir, c’est Alioune Diop, éditeur de revue, apôtre de la négritude, qui aura une immense influence, - à qui Mounier adresse, en troisième partie du livre, sa "Lettre à un ami africain", qui est la synthèse de toutes ses observations. ■ Emmanuel Mounier, L'Éveil de l'Afrique noire préface : Jean-Paul Sagadou, Collection : Petite Renaissance, 224 pages, 8,50 € FESTIVALS "NUITS D’ÉTÉ", "CHERCHEURS D’ÉTOILES"... Originaux par Pierre FRANÇOIS et de qualité Du plus classique au plus inattendu, du plus perdu au plus renommé, les festivals poussent en été comme champignons en automne. Sélection. Une atmosphère féérique de la nuit e français est une langue vivante. Parfois selon des modalités inattendues. Le slam par exemple, traduction de notre chelem formé au XVIIe siècle par altération de l’anglais… slam, déjà, en est une. Ici, pas de bridge, de whist, de boston, de rugby ou de tennis. Non, on est au royaume de la poésie. Une poésie qui n’a le droit de se nommer "slam" que si elle n’est ni accompagnée musicalement, ni mise en scène, mais mise en compétition devant un public qui la note. On est dans une idée très voisine des ligues d’improvisation théâtrale. Cette poésie n’hésite pas à puiser "Jeux de mots laids", un spectacle des Scènes d'été du 13 dans l’anglais ou le verlan, à s’inspirer du rythme du rap ou au contraire à lisser les transitions sonores pour donner une impression de houle phonique. Elle ne s’interdit rien, et c’est en cela qu’on peut la classer dans la partie la plus vivante de notre langue. Pour ceux D.R. qui seraient curieux de faire connaissance avec cette forme inhabituelle de littérature, il y aurait un tournoi national suivi d’une coupe du monde à Bobigny du 26 au 30 juin. (1) Plus traditionnelles sont les nuits d’été de l’Hôtel Gouthière (2) : deux troupes investissent la cour d’un hôtel particulier parisien pour y donner Le songe d’une nuit d’été de Shakespeare et À quoi rêvent les jeunes filles de Musset. Dans le cas du songe, c’est l’atmosphère féérique de la nuit qui est le point commun entre la pièce et le lieu. Dans celui d’À quoi rêvent les jeunes filles, c’est l’époque de l’action qui correspond à celle de la construction de l’hôtel. Avant, jusqu’au 30 juin, c’est le conservatoire L Hector Berlioz qui aura exploité l’acoustique exceptionnelle de cette cour intérieure pour y donner Didon et Énée ainsi qu’Opéra panique. Enfin, à mi-chemin entre les deux, on trouve Les scènes d’été du 13 (3). "Rendez vous incontournable de la jeune création à Paris" selon ses concepteurs, on y trouvera tant Le tour du monde en 80 jours qui vient de se donner une saison entière au Lucernaire qu’une lecture de [email protected], en passant par des textes d’auteurs aussi variés que Heiner Muller ou Harold Pinter, Wajdi Mouawad ou Boby Lapointe… Enfin, Paris n’est pas la France, et il convient de signaler ce petit festival qui offrira théâtre, cinéma, musique, poésie, danse du 28 juin au 1er juillet. Ce festival rural du Lot se donne à Montgesty et Thédirac, dans le Causse du Quercy. Il se veut à la fois tremplin pour des troupes professionnelles et moment de convivialité et de gratuité à l’intention de ceux qui vont rarement au spectacle. On est dans le monde du militantisme culturel, qui veut offrir le trésor de l’art à tous. Chercheurs d’étoiles (4), tel est son nom, ouvre son dossier de presse sur cette citation d’Oscar Wilde : "Nous vivons tous les pieds dans la boue, mais certains regardent les étoiles". Tout un programme… On y trouve aussi bien du théâtre à l’antique qu’un match d’improvisation, du rock qu’une variation sur le lac des cygnes, un chœur de lecteurs qu’une exposition de Raku… Ainsi va ce festival, qui offre une programmation variée et de qualité, avec en prime beaucoup de feu sacré. ■ (1) Rens. : 01.42.06.92.08, [email protected], www.ffdsp.com, www.myspace.com/grandslamnational2007. (2) Nuits d’été de l’hôtel Gouthière, 6, rue Pierre Bullet, 75010 Paris. Musset (19h), Shakespeare (21h45). Tél. 0870.440.274. www.compagnietal.fr. (3) Les scènes d’été du 13, sixième festival jeunes compagnies. Du 12 juin au 1er juillet. Théâtre 13, 103 a, bd Auguste Blanqui, 75013 Paris. Représentations payantes (15 €/11 €) le mardi, mercredi, vendredi et samedi ; gratuites le jeudi et dimanche. Tél. 01.45.88.62.22. (4) Le Festival Chercheurs d’étoiles, du 28 juin au 1er juillet, est à Montgesty, 46340 Parrot-Rampoux, Tél. 05.65.41.54.03 / [email protected] FRANCECatholique N°3076 15 JUIN 2007 29 EXPOSITIONS par Ariane GRENON Gupta, apogée de la civilisatio Les Galeries Nationales du Grand Palais proposent une exposition sur un art élégant et varié "L'Age d'or de l'Inde classique - l'Empire des Gupta" jusqu'au 25 juin. a dynastie Gupta a régné sur tout le Nord de l'Inde depuis le IIIe siècle jusqu'à la fin du VIe siècle. Les souverains, pratiquant la tolérance et un pouvoir éclairé, ont favorisé l'apparition et le développement d'un art extraordinairement raffiné et la diversité de ses modes d'expression. Ces sculptures de l'empire Gupta, présentées ici en grand nombre, représentent un véritable âge d'or de l'Inde classique. Un apogée de la civilisation indienne, avec la Tête de Buddha Ve siècle, grès de Chunâr 15x8x13 cm pensée religieuse, les sciences, la littérature et le théâtre. Les canons esthétiques et les modèles imagés de Gupta influenceront pendant des siècles les voisins, jusqu'à l'Asie Centrale ou du Sud et même l'art du Népal. Avec une centaine de sculptures de pierre ou de bronze et un très bel ensemble de terres cuites, cette exposition présente l'origine et le rayonnement d'une éblouissante civilisation qui appartient à l'universel. Le parcours est chronologique et commence par les racines cosmogoniques, du premier jusqu'au troisième siècle dans l'art solide des Kushâna mais qui éclate vers la fin du IIIe siècle. Une dynastie nouvelle fera rayonner l'art Gupta originel dans les grandes villes de Mathurâ et de Sârnâth. Dès le Ve siècle on taille dans le grès rose d'ineffables visages de Bouddhas ornés de parures raffinées. Ces Bouddhas affichent la sérénité, la tête droite, les paupières baissées, les lèvres bien ourlées, étirées en un imperceptible sourire et les cheveux enroulés en bouclettes plaqués sur le crâne que surmonte un chignon rond ; les oreilles semblent allongées par le poids de lourds anneaux. On voit aussi de grands bouddhas accroupis, la main gauche reposant au creux de la main droite et les jambes si adroitement entrelacées que l'on voit les deux plantes de pied, de face. Cette statuaire impose une impression de séré- Le bodhisattva Avalokiteshvara Fin du Ve siècle, grès beige 98x39x14 cm Carte L'Empire des Gupta © JASMINE D. SALACHAS / RMN SÂRNÂTH (VÂRÂNASÎ), UTTAR PRADESH INDIAN MUSEUM, KOLKATA © ADITYA ARYA L Un apogée de la civilisation indienne, avec la pensée religieuse, les sciences, la littérature et le théâtre SÂR N ARC ÂTH (V Â H © AD AEOLO RÂNAS GIC Î), ITYA ARY AL MU UTTAR P A SEU M, S RADESH ÂRN ÂTH L'art GRAND PALAIS GOSNA WELL, MATHURÂ, UTTAR PRADESH GOVERNMENT MUSEUM, MATHURÂ © ADITYA ARYA EXPOSITIONS Shiva Ardhanârîshvara Ve siècle, grès rose. 33x16x16 cm Ganesha Ve - VIe siècle, schiste. 87x44x25 cm SÂRNÂTH (VÂRÂNASÎ), UTTAR PRADESH INDIAN MUSEUM, KOLKATA - © ADITYA ARYA nité, de puissance spirituelle et de majesté intérieure. Une grandeur qui joint la spiritualité jaïne et brahmanique au bouddhisme et marque cet art Gupta, prolongé par l'évocation du décor architectural : ces œuvres d'art sacré étaient disposées dans les sanctuaires hindous ou les monastères bouddhiques. Le bel ensemble de figurines en terre cuite - reliefs ou ronde-bosses - qui étaient souvent placées dans les temples s'organise en plaques décoratives, coupes, jarres ou jouets... Il comprend des effigies de grande taille et des reliefs imagés où le moulage et le modelage se combinent pour former des éléments réalistes, chevelures, parures, habillement... Un ensemble charmant qui narre la vie quotidienne. Les plus grandes pièces participent pleinement de l'art Gupta. La statuaire de métal - cuivre, laiton ou fer essentiellement Bouddha - Ve siècle, grès de Chunâr est datée du V e 131x52x26,5 cm et VIe siècle. Elle comporte une grande diversité de styles et de techniques et l'inspiration bouddhique y triomphe. L'évolution de l'esthétique Gupta est marquée ensuite par les particularismes régionaux aux Ve et VIe siècles. Sûrya, le dieu soleil, est introduit en Inde au début de l'ère chrétienne : il porte une longue tunique et un pantalon plissé. Un linteau de grès beige affiche un décor de divinités astronomiques, plus ou moins bénéfiques selon les planètes... On voit aussi Ganesha, le dieu à tête d'éléphant et Vyâla, un animal fabuleux qui tient du lion, du griffon et du cheval. SHÂMALÂJÎ, GUJARÂT MUSEUM AND PICTURE GALLERY, VADODARA © ADITYA ARYA e n indienne Ces œuvres d'art sacré étaient disposées dans les sanctuaires hindous ou les monastères bouddhiques Une longue série de bouddhas clôture l'exposition. L’Eveillé s'inscrit dans un nimbe ovale, flanqué de deux petites figurines ; ou bien vêtu d'un manteau diaphane aux plis latéraux, avec une auréole sculptée ou un vêtement monastique. Et toujours ce visage dont l'expression souriante est énigmatique. Mais aussi les dieux de l'Hindouisme, Shiva le dieu bénéfique, Vishnu, le dieu salvateur. Les derniers éclats de cette somptueuse civilisation se sont éteints vers le VIe siècle sous les coups des Huns Hephtalites, nomades surgis des plaines d'Asie Centrale... ■ "L'Age d'or de l'Inde classique - l'Empire des Gupta", jusqu'au 25 juin, aux Galeries nationales du Grand Palais, 3, av. du Général Eisenhower, 75008 Paris, (entrée : place Clemenceau), tél. 01.44.13.17.17. www.rmn.fr FRANCECatholique N°3076 15 JUIN 2007 31 MUSIQUE COMPOSITEURS MECONNUS Opéras baroques par François-Xavier LACROUX A la découverte de raretés qui n’ont rien de classique ni dans leur sujet, ni dans le traitement : la recherche en musique ancienne engendre de très beaux fruits ! L’ORMINDO Francesco Cavalli Les Paladins Jérôme Correas Panclassics 10196 – 2 CD L’interprétation est d’une grande qualité. Avec des chanteurs comme Sandrine Piau, Howard Crook, Jean-François Lombard, Dominique Visse… on n’en attendait pas moins. L’ensemble "Les Paladins" assume avec beaucoup de conviction son rôle, sans jamais trop en faire. Et comme l’équilibre acoustique est impeccable, le travail de l’orchestre est non seulement comme un soutien des chanteurs, mais aussi comme un vrai complément. Ce disque est un événement qu’il ne faudrait pas manquer. NOUVEAUTÉ P our les 10 ans de l’ensemble "Les Paladins", l’excellent Jérôme Correas nous fait partager un opéra de Cavalli. Ce mélodrame, dans la Venise de la première partie du XVIIe siècle, n’est qu’un prétexte pour dérouler les fastes de la Sérénissime : vicissitudes de deux couples d’amants à travers péripéties, déguisements et mort fictive engendrant l’agnition, temps théâtral incontournable. Le décor nous mène de Venise, place StMarc, à Fez, pendant exotique d’Afrique du Nord. Ce n’est pas par son originalité dramatique que l’Ormindo suscite la curiosité, même si la description réaliste des lieux est un enchantement. On y retrouve la trame montéverdienne : les effets dramatiques reposent sur la force d’expression de la voix, dans des arias nombreux et déployés. La nouveauté réside plutôt dans la multiplication de récitatifs, parfois entrecoupés de refrains. Ces récitatifs annoncent le futur de l’opéra, tant chez les Italiens que chez Mozart par exemple. Le genre français s’en distinguera. Par conséquent les ensembles choraux sont rares. L’autre nouveauté se trouve dans l’utilisation d’un orchestre réduit aux cordes. Seule la basse-continue est renforcée (2 violes de gambe, un violone, harpe, théorbe et guitare, 2 clavecins et 1 orgue). NOUVEAUTÉ H LA SORTIE D’EGYPTE JEPHTÉ LA DESTRUCTION DE JÉRICHO Henri-Joseph Rigel Les Chantres du Centre de Musique Baroque de Versailles - Orchestre des Folies Françoises – Olivier Schneebeli K 617-198-HM 90-1 CD enri-Joseph Rigel est aujourd’hui un inconnu. La période 17601790 retient principalement Mondonville, Philidor, Gossec parmi les compositeurs français en vogue. Les sujets de Rigel nous montrent pourtant une véritable inspiration et une vraie originalité dans la facture de ceux-ci. La musique est somptueuse, parfois pompeuse, mais c’est l’époque qui le veut : trompettes dans le lointain, grands effectifs à double chœur, figurations orchestrales préludant le romantisme et cantiques mettant en valeur les effets vocaux féminins. Arrivé d’Outre-Rhin à Paris en 1767, Rigel avait acquis une grande réputation. Il développa l’art de la symphonie et des concertos, très inspiré par Haydn et Mozart, avant de s’exercer au hiérodrame, genre censé renouveler les grands motets en latin. Le hiérodrame traite, en français, des sujets empruntés à l’Ancien Testament, prétexte à un langage musical plus moderne qui prélude à la tragédie lyrique du XIXe siècle. Le travail du Centre de Musique Baroque de Versailles est, depuis de nom- 32 FRANCECatholique N°3076 15 JUIN 2007 breuses années, remarquable dans sa promotion de la musique française. L’enregistrement réalisé ici, qui mêle de talentueux interprètes, l’a été en public. La prise de son est toutefois bonne et l’interprétation ne souffre pas de reproche. L’ensemble est très intéressant et le texte ainsi mis en musique, même s’il n’est pas traité de façon spirituelle, pourra être édifiant globalement. AMINTA Antonio Mazzoni Real Compania Opera de Camara Juan Bautista Otero K 617 – 201/2 – HM76x2 – 2 CD NOUVEAUTÉ F arinelli, le castrat, commande au Bolognais Mazzoni (1717-1785), Aminta, le Roi Pasteur, suite aux succès répétés que le compositeur a connus à Lisbonne. Celui-ci crée ainsi un Opera Seria en 3 actes, relativement bref. Aminta, rôle titre, était interprété par l’étrange commanditaire, en voix de soprano, bien qu’il s’agisse d’un personnage masculin. Le travestissement des personnages est récurrent dans l’opéra, sinon la confusion des genres. Alexandre le Grand, symbolisant le pouvoir absolu, tire de façon brutale de leur songe idyllique et pur, d’un lieu où tout n’est que beauté, sorte de Liban biblique, un berger et une nymphe, Aminta et Elisa. Aminta est l’héritier du trône. Mise en scène d’une dialectique permanente : comment assumer le pouvoir sans perdre son idéal de vérité ? La mise en musique mêle arias soutenus par un orchestre à grand effectif à des récitatifs à basse-continue. Rien n’est dit deux fois de la même manière, même si les arias da capo sont encore monnaie courante (reprise de l’air en fin de phrase). Les interprètes se sortent bien du défi de cette musique qui ne soulève pas toujours l’enthousiasme. Pour les amateurs d’opéra classique, ce sera un enregistrement à écouter, comme un précurseur… ■ CINEMA Bande de sauvages FAUSSAIRE Quatre amis, tous motards il y a une vingtaine d'années, ont besoin de prendre un peu de recul par rapport à leur existence et décident de prendre la route pour une dernière virée. Leur périple se révèle riche en péripéties et en rencontres insolites. La situation se corse lorsque leur chemin croise celui d'une véritable bande de motards... Cette comédie sans prétention, qui ne manque ni de saveur ni de piquant, a rencontré un succès inattendu aux États-Unis. Si Walt Becker joue sur le registre de la comédie, il n'hésite pas à teinter son récit d'une douce mélancolie. Le film s'inspire de ces motards qui furent marqués par le film « Easy Rider » et qui aiment, de temps en temps, se replonger dans une ambiance proche de celle du film. On passe un agréable moment à suivre les mésaventures de ce sympathique quatuor. Cette escapade permettra à nos quatre amis de faire le point de manière salutaire sur leurs problèmes personnels. M.-L. R. Comédie de mœurs américaine (2007) de Walt Becker, avec Tim Allen (Doug Madsen), John Travolta (Woody Stevens), Martin Lawrence (Bobby Davis), William H. Macy (1h40). (Grands adolescents). Sortie le 13 juin 2007. Shrek le troisième À la mort du roi, Shrek, qui a épousé la princesse Fiona, ne se sent pas prêt à lui succéder. Ce troisième volet des aventures de Shrek tient toutes ses promesses. Le récit, avec son lot de rebondissements et de trouvailles, est habilement construit et les gags abondent, pour le plus grand bonheur du spectateur. Quant à la technique, elle est impeccable. Ce divertissement familial est plein de bons sentiments. M.-L. R. Film d’animation américain (2007) (en 3D) de Chris Miller, avec les voix de Myke Myers/Alain Chabat (Shrek), Eddie Murphy/Med Hondo (L’Âne), Antonio Banderas (1h 33). (Tous) Sortie le 13 juin 2007. par Marie-Christine RENAUD d’ANDRÉ Les vertus de l’amitié La mise en scène de Lasse Hallström séduit, notamment grâce à un travail judicieux sur les éclairages. L a vie offre parfois de telles extravagances qu'elles dépassent souvent la fiction et que le cinéma n'a pas besoin d'aller chercher bien loin son inspiration. Il n'est pas utile d'être muni d'une caméra pour être un excellent metteur en scène, comme le prouve cet écrivain, auteur d'une incroyable escroquerie. En 1971, Clifford Irving, un écrivain en mal de reconnaissance, met au point un étonnant canular. Il parvient à vendre à une grande maison d'édition un ouvrage qu'il présente comme la biographie d'Howard Hughes, le milliardaire excentrique qui vit reclus chez lui. Celui-ci n’ayant pas parlé à la presse depuis quinze ans, Irving pense qu’il ne va pas rompre son silence pour révéler la vérité. Son livre suscite une grande curiosité tant la personnalité du milliardaire fascine. Mais celui-ci va finir par sortir de sa réserve pour dénoncer la supercherie. Ce nouveau long-métrage de Lasse Hallström, cinéaste américain d'origine suédoise, constitue une très bonne surprise. S'inspirant de faits authentiques (Clifford Irving a raconté toute l'affaire dans un livre intitulé «The Hoax»), le réalisateur dépeint avec brio et ingéniosité les différentes étapes de cette étonnante escroquerie. ( Richard Gere, dans un rôle à la mesure de son talent, offre une composition magistrale Le spectateur est sans cesse amené à se demander ce qui relève du réel ou de la supercherie. Qui plus est, le récit, très habilement agencé, comprend un pan politique intéressant (le lien avec Nixon et le scandale du Watergate), même s'il se révèle un peu confus. Le récit offre une réflexion pertinente sur la recherche du sensationnalisme et les compromissions éthiques qu'elle implique. ■ Faussaire. Comédie dramatique américaine (2005) de Lasse Hallström, d’après le livre de Clifford Irving, avec Richard Gere (Clifford Irving), Alfred Molina (Dick Suskind), Marcia Gay Harden (Edith Irving), Hope Davis (Andrea Tate), Julie Delpy (Nina Van Pallandt), Stanley Tucci (Shelton Fisher) (1h55). (Grands adolescents). Sortie le 13 juin 2007. Syndromes and a Century Dans un hôpital de la campagne thaïlandaise, un jeune médecin déclare sa flamme à l'une de ses collègues lors d'un entretien d'embauche… Apichatpong Weerasethakul signe une œuvre aussi déroutante qu'envoûtante. Le spectateur peut se laisser séduire par son rythme langoureux, son cadre insolite, la grâce de certaines séquences, la beauté d'un plan. Mais si la magie n'opère pas, l'ennui n'est jamais très loin. Le cinéaste porte un regard plein de tendresse sur ses personnages, sur ses bonheurs et ses aspirations, comme sur leurs mélancolies et leurs amertumes. Marie-Lorraine ROUSSEL Comédie dramatique franco-austro-thaïlandaise (2006) de Apichatpong Weerasethakul, avec Nantarat Sawaddikul (le docteur Toey), Jaruchai Iamaram (le docteur Nohng), Nu Nimsomboon (Toa), Sophon Pukanok (Noom, l'expert en orchidées), Jenjira Pongpas (Pa Jane) (1h45). (Grands adolescents). Sortie le 13 juin 2007. FRANCECatholique N°3076 15 JUIN 2007 33 THEATRE Qui est ridicule ? par Pierre FRANÇOIS "Le rêve d’un homme ridicule" n’est-il pas celui de tout un chacun à un âge de sa vie, avant de se simplifier ? La pièce est en tous cas très réussie. L E RÊVE D’UN HOMME RIDICULE"(1) est la mise en scène d’un récit de Dostoïevski. En entrant dans la salle de spectacle, on découvre, sur l’immense scène nue du théâtre de l’Aquarium, un petit podium d’environ cinq mètres de large pour trois de profondeur. Tout cet ensemble est noir, hormis un écran de projection, loin, au fond. Sur l’estrade, un ensemble de pédales musicales et un haut parleur intriguent. Pas autant d’ailleurs qu’une espèce de trépied pour micro, à jardin, sans micro ni fixation pour en mettre un. On commence à se demander où on est tombé… Soudain surgit un homme volubile qui parle sans doute russe et, tandis qu’il fait montre de gesticulations volubiles, un guitariste branche son instrument. C’est fini, on va voir le troisième navet de la semaine, soupire-t-on. En fait, pas du tout ! Après deux minutes d’angoisse slavophone, on passe au français pour découvrir que "Le rêve d’un homme ridicule" est l’histoire d’un être qui a découvert la vérité sur tout, et qui éprouve en prime la conscience de son caractère ridicule. Non seulement on entend le récitant-interprète se dire ridicule, mais on le sent tel. Quoi qu’il en soit, il est tellement convaincu de ce qu’il avance, et c’est un poids si écrasant pour lui qu’il décide d’en finir, mais s’endort. " Faire rire finement sur des sujets comme le suicide ou le péché originel Dommage "La mouette" (1) d'Anton Tchekov est un classique, Anne Bourgeois une metteur en scène qui réussit en général son travail. Mais la pièce qui se donne au théâtre 14 est étrange. Il y a des moments de grâce, certains personnages sont fort bien interprétés (Nina, Trigorine, Sorine…) mais globalement l’ennui du spectateur n’est interrompu que par des cris ou des pleurs, parfois par un interlude musical. Dommage. ■ (1) "La mouette", (texte français de Génia Cannac et Georges Perros), avec Anne Bourgeois, Laurence Fabre... Mardi, mercredi, vendredi et samedi (20h30), jeudi (19h), matinée samedi (16h) au théâtre 14 Jean-Marie Serreau, 20, avenue Marc-Sangnier, 75014 Paris. Places à 22 €, 15 € et 10 €. Tél. 01.45.45.49.77. 34 FRANCECatholique N°3076 15 JUIN 2007 © FRANCK BE YONCLE "LE RÊVE D'UN HOMME RIDICULE" Pas question ici de révéler la teneur de son rêve mais plutôt d’insister sur la capacité de l’auteur et de l’acteur à faire rire finement sur des sujets comme le suicide ou le péché originel. Même un spectateur de onze ans a trouvé la prestation "géniale" (sans doute l’accompagnement musical contemporain était-il pour quelque chose dans cette appréciation). La fable de Dostoïevski est rendue vivante par le comédien, on attend le prochain trait d’esprit, on le suit dans les arcanes d’un récit qui ne serait pas renié par l’univers du fantastique, on goûte la façon dont sont démontés l’esprit humain et ses raisonnements… ridicules. "Moi, pour aimer, je veux de la douleur" nous ramène à la notion si valorisée de "passion amoureuse". "Ils se mirent à prier leurs propres idées, leurs propres désirs" est une analyse qui va encore plus loin que la dénonciation des "stars" et "idoles". Et cette logique "du tout ou rien" dans laquelle les personnes de son rêve se meuvent, recourant au crime pour avoir tout puis au suicide une fois que l’ennui leur a donné le goût du rien, ne nous est-elle pas connue ? Mais l’auteur conclut en nous donnant quelques clefs : "la connaissance des lois du bonheur est supérieure au bonheur, voilà ce qu’il faut combattre" nous explique-t-il à son réveil. La langue est claire, poétique et son caractère parfois elliptique est un des ressorts comiques de l’ensemble. On peut dire Dostoïevski prophétique ou mystique, en l’occurrence il est surtout vivant à travers une dénonciation humoristique de nos travers les plus enfouis. On touche là l’âme même du théâtre, et il faut saluer le talent du traducteur et du comédien qui ont su adapter ce récit. Le dialogue entre le comédien et le musicien est également bien dosé. Par contre, on a parfois du mal à faire le lien entre la projection vidéo et ce qui se passe sur scène. Pour le bonheur de tous, cette pièce, qui est jusqu’au 1er juillet au théâtre de l’Aquarium tournera ensuite du 3 au 13 juillet avec le CCAS. ■ (1) "Le rêve d’un homme ridicule", avec Régis Royer et Dayan Korolic. Du mardi au samedi (20h30), dimanche (16h) jusqu'au 1er juillet au théâtre de l’Aquarium, Cartoucherie de Vincennes, route du champ de manœuvre, 75012 Paris. Places à 20/14/10 €. Tél. : 01.43.74.99.61. TÉLÉVISION Petites confidences (à ma psy) Les cinéastes aiment bien les films d’acteurs, dans lesquels deux monstres sacrés s’affrontent. Les spectateurs aussi, qui prennent beaucoup de plaisir à regarder deux stars dans des contre-emplois. Et si, en prime, les deux stars en question sont aussi belles que talentueuses, le plaisir est encore plus vif. À New York, alors qu'elle tente de surmonter un divorce douloureux, la belle Rafi s'éprend de David, un peintre beaucoup plus jeune qu'elle. Elle a 37 ans et il n’en a que 23. Elle demande conseil à sa psychologue, le docteur Lisa Metzger. Celle-ci lui suggère immédiatement de profiter des instants de bonheur que cette relation peut lui apporter. Mais, au fil des confidences de Rafi, Lisa découvre que la jeune femme lui parle de son fils. Elle doit alors subir des confidences plus qu’intimes de sa patiente... Ben Younger a réalisé une réjouissante comédie dans laquelle il explore très habilement tout le potentiel comique du quiproquo de départ. Certaines situations sont d'une drôlerie irrésistible. On retrouve, par moments l'atmosphère des films de Woody Allen, avec ses dialogues savoureux et ses paysages newyorkais (de nombreuses scènes ont été tournées dans les rues de New York). Meryl Streep prouve une nouvelle fois qu'elle est tout aussi épatante dans le registre de la comédie que dans celui du drame. Quant à Uma Thurman, elle est toujours aussi belle. La morale est sauve, malgré quelques dialogues assez crus, mais, le plus souvent, fort drôles. Comédie américaine (2005) de Ben Younger, avec Meryl Streep (Dr. Lisa Metzger), Uma Thurman (Rafi), Bryan Greenberg (David), Jon Abrahams (Morris), Annie Parisse (Katherine), Aubrey Dollar (Michelle), Ato Essandoh (Damien) (1h45). Diffusion le samedi 16 juin, sur Canal +, à 20h50. de l'intérieur et que nul ne sait comment l'assassin est entré et sorti. Avec la complicité de son frère Denis Podalydès, toujours excellent, le cinéaste a écrit et réalisé cette fantaisie policière qui respecte toutes les conventions d'un genre que l'on croyait oublié. Dans un style proche de la BD, il a transformé son jeune héros en une sorte de Tintin (pantalon de golf inclus) fouineur, qui sait se servir du «bon côté de la uand on a des rêves d'enfant, il ne faut jamais hésiter à les réaliser. C'est ce qu'a fait, avec beaucoup de bonheur, Bruno Podalydès, grand amateur de feuilletons policiers, qu'ils soient signés Gaston Leroux ou Maurice Leblanc, en portant à l'écran cette version très personnelle des aventures de Rouletabille, journaliste malin et persévérant. Au début du XXe siècle, une étrange affaire défraye la chronique. Un mystérieux agresseur a attaqué Mathilde, la fille du célèbre professeur Stangerson, en tirant deux coups de revolver, ratant sa victime, et s'est enfui, laissant sur le mur la trace d'une main ensanglantée. Le problème, c'est que la chambre était fermée Q raison». C'est souvent très drôle (ce qui n'était pas le cas de Gaston Leroux), parfois un peu laborieux, mais toujours distrayant. Les comédiens font des numéros sensationnels, en particulier Sabine Azéma dans un rôle quasiment muet, qu'elle joue d’ailleurs à la manière des films muets, tandis que Claude Rich est royal en juge d'instruction imbu de sa personne. ■ Le mystère de la chambre jaune. Policier français (2003) de Bruno Podalydès, d'après Gaston Leroux, avec Denis Podalydès (Rouletabille), Jean-Noël Brouté (Sainclair), Claude Rich (le juge de Marquet), Sabine Azéma (Mathilde Stangerson), Michael Lonsdale (le professeur Stangerson), Pierre Arditi (Larsan), Olivier Gourmet (1h58). Diffusion le mardi 19 juin, sur France 3, à 20h50. TELEVISION Dimanche 17 juin Lundi 18 juin Mardi 19 juin TF1 TF1 TF1 TF1 20.50 Les enfants de la télé «Le 18.50 Élections législatives «2e 20.50 Grey’s anatomy : «Sexe, concurrence et charité», «L’empoisonneuse», «Tous sur le pont» GA. Série avec Ellen Pompeo, Patrick Dempsey 2. ឭឭឭ Excellent. 23.20 Vis ma vie. Magazine présenté par Flavie Flament, avec Denis Brogniart. France 2 20.50 Ça se discute jour après jour «Je veux dormir !». Magazine présenté par Jean-Luc Delarue. 23.15 Taking lives, destins violés A/Ø. Policier (2004) de D. J. Caruso, avec Angelina Jolie, Ethan Hawke, Olivier Martinez (1h39) 3. ឭឭឰ Un excellent suspense, mais c’est violent et érotique. France 3 20.50 Le mystère de la chambre jaune J. Policier (2003) de Bruno Podalydès, d’après Gaston Leroux, avec Denis Podalydès, Jean-Noël Brouté, Claude Rich (1h58). (Voir notre analyse page 35) 23.25 Ce soir ou jamais. Magazine. Arte Tous fichés ! 20.40 Total contrôle GA. ឭឭ Intéressant. 21.35 Resistants.com GA. ឭ Des réactions saines émanant de groupes peu crédibles. 22.05 Big Brother city GA. ឭ Inquiétant. 36 FRANCECatholique N°3076 15 JUIN 2007 DR DR DR meilleur». Divertissement présenté tour». Soirée spéciale. par Arthur et Karen Minier, avec 21.40 New York section crimiMonica Bellucci, Patrick Bruel, nelle. Série avec V. D’Onofrio 3. Arielle Dombasle, Alain Chabat, France 2 Lara Fabian, Pierre Arditi, Jean Reno, Clémentine Émissions religieuses : Célarié, Michèle Bernier, etc. 20.50 Femmes de loi «Cantine 08h30 Émissions religieuses : «Voix boud23.10 New York, unité spémortelle» GA. Téléfilm avec ciale. Série avec Chris Meloni dhistes», «Islam», «Judaïca», «Source de vie», Natacha Amal, Ingrid Chauvin. «Présence protestante» - 10h30 Le jour du 3. ឭ Pas mal, mais sans plus. Seigneur «La passion de Dona Lucy» - 11h00 22.40 Best of VIP. Magazine France 2 Messe, en direct de l’église Saint-Germain- présenté par B. Castaldi. 20.50 Les années bonheur. l’Auxerrois, à Fontenay-sous-Bois (94). 00.25 Vol de nuit. Magazine Divertissement présenté par présenté par P. Poivre d’Arvor, e Patrick Sébastien, avec Michel 19.30 Législatives 2007 «2 tour». avec Marc Lévy, Maxime Chattam, Delpech, The Equals, Pierre Soirée spéciale. Yann Queffélec, Catherine Vassiliu, Barry Ryan, Sylvie Vartan, 22.40 Faites entrer l’accusé Rambert, Jean-Marc Parisis, Alix Michal, Lââm, etc. «Michel Pinneteau, corps sans de Saint-André. 23.15 On n’est pas couché. tête de l’Esteron». Magazine 3. France 2 Magazine présenté par Laurent France 3 Ruquier. 20.50 FBI, portés disparus : «Ja20.45 Législatives 2007 : «Édimais sans toi», «John Michaels». France 3 tions spéciales en régions», «ÉdiSérie avec Anthony LaPaglia 2. tion nationale». Soirée spéciale. 20.50 SOS 18 : «Faibles femmes», 22.35 Mots croisés. Magazine. «L’amoureuse» GA. Téléfilm avec 01.10 La vieille fille GA. Drame 00.50 Musiques au cœur Patrick Raynal, France Zobda. ឭ en NB (1939) de Edmund «Disque, disque, rage : Les festiPas mal, mais sans plus. Goulding, avec Bette Davis (1h35). vals». Magazine. 23.15 Les petits virtuoses du ឭឭ Un mélo poignant. France 3 bout du monde. Documentaire. Arte 00.10 La case de l’oncle Doc 20.55 Les vacances en chanEn remontant le Mississippi «L’été, le Tour». Documentaire. sons. Divertissement présenté par Christophe Hondelatte, avec Arte Christian Clavier, Philippe Lavil, 20.00 Metropolis. Pierre Perret, Franck Dubosc, etc. 23.25 Kiss of life GA. Comédie dramatique (2003) de E. Young, avec Ingeborga Dapkunaite, Peter Mullan (1h23). ឭឰ Cette intrusion dans le fantastique n’est pas 20.45 Mississippi burning GA. vraiment réussie et est confuse. Drame (1989) de Alan Parker, avec Arte Gene Hackman, Willem Dafoe (2h06). ឭឭឰ Une dénonciation 20.40 Le dernier témoin (5 et 20.45 L’aventure humaine «Le vigoureuse du racisme. Mais c’est 6/26) : «Deux mondes opposés», fabuleux destin des inventions : assez violent. «L’esprit du mal se réveille». Série (3) Le premier sous-marin» J. ឭឭ 22.55 Ol’ Man River «Le fleuve avec Ulrich Mühe (1h30). Intéressant. Mississippi». Documentaire. 22.15 Arte sciences «La vie rêvée 21.40 360° - Géo «Razzia dans la des rats». Documentaire. M6 forêt amazonienne». 23.10 Grand format «Vivre vite» J. 20.50 Sister Act GA . Comédie Musica ឭឭ Un témoignage très person(1992) de Emile Ardolino, avec 22.35 Desert blues «Un voyage nel et très émouvant. Whoopi Goldberg (1h36). ឭឭឰ musical au cœur du Mali». M6 Dynamique, mais gros. Documentaire. 23.00 Deux heures moins le 20.50 Recherche appartement 23.35 Isabel Bayrakdarian «A quart avant Jésus-Christ A . ou maison. Divertissement. long journey home». Comédie (1982) de et avec Jean 00.15 Carrie 2 «La haine» Ø. Documentaire. Yanne, et avec Coluche (1h33). Fantastique (2000) de Katt Shea, M6 ឭឰ Loufoque et gros. avec Emily Bergl (1h40) 3. La trilogie du samedi 00.45 Enfants de salaud A/Ø. ឭឰឰ Pas mal fait, mais affreux. 20.50 Smallville. Série avec Tom Comédie (1996) de T. Marshall, Canal + Welling. avec Anémone, Jean Yanne 20.50 La maison du bonheur J. 22.30 Tru calling «Comptes à (1h40). ឭឭឰ Amusant, mais Comédie (2006) de et avec Dany rebours». Série avec E. Dushku 2. amoral et érotique. Boon, et avec M. Laroque (1h40). Canal + Canal + (Voir notre analyse page 35) 20.50 Petites confidences (à 20.50 La fureur dans le sang. 22.30 Lundi investigation «Jeanma psy) GA. Comédie (2006) de Série avec R. Green (1h26) 3. Paul II : Contre-enquête sur l’atBen Younger, avec Uma Thurman, tentat» GA. ឭឰ Rien de bien KTO Meryl Streep, Bryan Greenberg nouveau et incomplet. 10.00 Messe présidée par Benoît (1h45). (Voir notre analyse page KTO XVI, en direct d'Assise. 35) 20.50 La foi prise au mot 20.50 Après le miracle. Que se KTO «L'homme et la bête», avec Patrice de passe-t-il à Formose, depuis la Plunkett et Jean-Marie Meyer. vague de conversion des années 50. 20.50 VIP. Magazine. 21.45 Ludwig van Beethoven 21.45 Un jour, une foi «La vie des 21.45 Un jour, une foi «Chemins de «Missa Solemnis». diocèses». vie». Tf1 - C Dofi-michel Samedi 16 juin 22.45 Local hero GA. Comédie (1982) de Bill Forsyth, avec Burt Lancaster (1h50). ឭឭ Sympathique, drôle et bien fait. M6 20.50 NCIS «Enquêtes spéciales : “Beauté volée“, “La théorie du complot“, “Cellule rouge“». Série avec Mark Harmon 2. 23.25 T’empêches tout le monde de dormir «Best of». Magazine présenté par MarcOlivier Fogiel. Canal + 20.50 C.R.A.Z.Y. A. Comédie dramatique (2006) de Jean-Marc Vallée, avec Michel Côté (2h07) 2. ឭឭឰឰ Intéressant et bien fait, mais ambigu et banalisant l’homosexualité. KTO 20.50 Bokar Rimpotché, maître de méditation. Rencontre avec un maître du bouddhisme tibétain. 21.50 Un jour, une foi «Que deviennent-ils ?». TELEVISION Mercredi 20 juin Jeudi 2 1 juin Vendredi 22 juin TF1 TF1 TF1 20.50 Mystère (1 et 2/12) A/Ø. 20.50 Commissaire Valence «Permis de tuer» GA. Téléfilm avec 20.50 Les 10 commandements die (2004) de Jeanne Labrune, avec Victoria Abril, Jean-Pierre Darroussin (1h24) 2. (Voir notre analyse ci-contre) France 3 20.50 Spéciale chansons «Vive la nostalgie !». Divertissement présenté par Mireille Dumas, avec Lio, Rose Laurens, Cookie Dingler, Desireless, Sabrina, Gold, etc. 22.50 Ce soir ou jamais. Magazine. (et à 23h25) Arte 20.40 Mercredis de l’histoire «Le génocide arménien» J. Passionnant. 21.35 Zoom Europa. Magazine. 22.20 Le dessous des cartes «Arménie : Une saison française en 2007». Magazine. 22.30 Vodka lemon GA. Comédie en VO (2004) de Hiner Saleem, avec Romen Avinian (1h26). Insolite, mais maladroit. M6 20.50 Nouvelle star «Le rappel». Divertissement. 23.20 Missing «Disparus sans laisser de trace». Série 2. Canal + 20.50 Angel-A GA. Comédie en NB (2005) de Luc Besson, avec Jamel Debbouze (1h27). Paris est bien filmé, mais l’ensemble est un peu décevant. KTO 20.50 Demm Demm. Des candidats à l’émigration qui sont parvenus à entrer en Europe témoignent. 21.45 Un jour, une foi «La famille en questions». Une soirée de polars 20.50 Boulevard du Palais «Un petit coin sans histoire» GA. Téléfilm avec Anne Richard, JeanFrançois Balmer, Philippe Ambrosini (1h29) 2. Une histoire sordide et assez peu palpitante. 22.30 Central nuit «Un beau flag» GA. Téléfilm avec Michel Creton, Lucie Jeanne (0h50) 2. Bien fait, mais une scène pénible de viol. 23.25 Esprits libres. Magazine présenté par Guillaume Durand. France 3 nouveaux prêtres aujourd'hui ?". (Rediffusion à 17h) 10h Série de 3 ou 4 portraits d'ordinants en IDF (Rediffusion à 20h) 10h45 Aujourd'hui l'Eglise "Deve- nir prêtre : une aventure spirituelle" 14h-30 L'invité de Denise Dumolin Le Bernard Pitaud (ancien supérieur du Séminaire des Carmes, auteur de Monsieur Ollier) 21h Génération "Comment déce- ler une vocation ? Savoir se poser les bonnes questions" 22h Ecoute dans la nuit "Prier pour les vocations" 20.50 Thalassa «Voyages et odys- sées». Magazine présenté par Georges Pernoud. 23.25 Le goût des vacances. Documentaire. Arte 20.40 Lady Chatterley et l’homme des bois Ø. Téléfilm de Pascale Ferran, d’après D. H. Lawrence, avec Marina Hands (3h21). Une brillante adaptation de D. H. Lawrence (couronnée de Césars). C’est, comme il se doit, illustré d’images peu discrètes. Soirée Harrison Ford 20.50 Danger Immédiat GA. Aventures (1994) de Phillip Noyce, avec Harrison Ford, Willem Dafoe, Anne Archer (2h15) 2. Une excellente adaptation de Tom Clancy, mais c’est assez violent. 23.20 Jeux de guerre GA. Aventures (1992) de Phillip Noyce, avec Harrison Ford, Anne Archer (1h52) 2. Très prenant, mais très violent aussi. Canal + 20.50 Dexter (11 et 12). Série avec Michael C. Hall 3. KTO 20.50 Concert de gala à Lucerne, avec Claudio Abbado et Renée Fleming. 22.40 Un jour, une foi «Art et culture». 23.05 Thierry Escaich au miroir de J.-S. Bach. Vendredi 22 juin 7h15 Grand Témoin, Mgr Jérôme Beau (évêque auxiliaire de Paris) 9h Bistrot de la Vie "Qui sont les DR 23.50 Cause toujours GA. Comé- Radio Notre-Dame Les 22 juin et 23 juin, deux journées sur les vocations sacerdotales à l’occasion des ordinations à Paris, Versailles, Evry et Saint-Denis. Avec divers témoignages de futurs prêtres, des enseignements, des analyses autour de la vie sacerdotale en France. Quel cheminement spirituel pour ces jeunes hommes ? Quel accompagnement de la part de leur famille, de l’Eglise ? Pour quelle mission ? des vacances. Divertissement présenté par Julien Courbet et Églantine Éméyé. 23.20 Confessions intimes. Magazine présenté par Isabelle Brès. France 2 Bernard Tapie, Clair, Stéphanie Sokolinski. Assez prenant, mais pas toujours vraisemblable. 22.30 Esprits criminels. Série avec Mandy Patinkin 2. France 2 20.50 Fête de la musique : NRJ Music Tour. Divertissement présenté par Olivier Minne, avec Mika, Avril Lavigne, Calogero, Christophe Willem, Tokio Hotel, Christophe Maé, Yannick Noah, Shy’m, Vitaa, Kamini, la troupe du Roi-Soleil, Laurent Voulzy, etc. France 3 20.55 Suzie Berton A. Téléfilm avec Line Renaud, André Dussollier, Daniel Russo, François Toumarkine. Un excellent face- à- face, avec une interprétation tout en nuances. Mais l’histoire est sordide. 23.40 Ce soir ou jamais. Magazine présenté en direct par Frédéric Taddeï. Arte 20.40 La Fille du régiment. Opéra de Gaetano Donizetti, avec les Chœurs et l’Orchestre du Royal Opera House, sous la direction de Bruno Campanella, et avec Natalie Dessay, Juan Diego Florez, Donald Maxwell, Felicity Palmer (2h30). 23.15 La vie en face «HautKarabakh : La paix des guerriers». Documentaire. M6 DR DR Feuilleton avec Toinette Laquière, Arnaud Binard, Yann Sundberg. Une histoire mystérieuse (avec extraterrestres ?), mais illustrée d’images érotiques. 22.40 Dr. House : «De l’autre côté», «A suivant…» GA. Série avec Hugh Laurie 2. Sans doute les meilleurs épisodes de la série, avec une touche de spiritualité. France 2 20.50 Clara Sheller : «À la recherche du prince charmant», «Intuition féminine», «État secret» A. Téléfilm avec Frédéric Diefenthal, Mélanie Doutey (2h41). Clinquant (au début) et moderne (avec banalisation de l’homosexualité), mais assez amusant. RADIOS Femmes avec ou sans dessous 00.20 Les dessous ont une his- toire. Documentaire. 01.25 Strip de velours. Documentaire. M6 20.50 Numb3rs : «Vivre…», «… ou mourir». Série avec Rob Morrow, David Krumholtz, Diane Farr, Dylan Bruno 2. 22.30 Prison break : «La grande évasion», «Allen». Série avec Wentworth Miller 2. Canal + 20.50 Fog. Horreur (2006) de Rupert Wainwright, avec Tom Welling, Maggie Grace (1h35) 3. KTO 20.50 KTO magazine «Frère Ephraïm, les Béatitudes en accusation». Après la polémique, le témoignage de Frère Ephraïm. 21.45 Un jour, une foi «Églises du monde». Samedi 23 juin 7h30 "Récit d'une nuit de prière pour les vocations", avec le père Antoine d'Augustin (directeur au Séminaire de Paris) 8h Parole d'Evêque, Mgr Michel Dubost (évêque d'Evry-Corbeil-Essonnes) 8h45 Spéciales Ordinations, Mgr André Vingt-Trois (archevêque de Paris) 9h30 "Ordinations - messe en la Cathédrale N.-D. de Paris" La messe d’ordination sera diffusée en direct depuis la Cathédrale Notre-Dame de Paris. M.B. sur France 2 Mercredi 20 juin, à 23h50 Cause toujours GA Léa est déçue que son invitation à passer un week-end chez elle à la campagne soit refusée par ses amis. Grâce à des comédiens inspirés (Victoria Abril et Jean-Pierre Darroussin en tête), Jeanne Labrune a réalisé une jolie comédie de mœurs sur le soupçons et ses conséquences. Par petites touches, avec les menus événements de la vie quotidienne, elle brosse le portrait d’un groupe d’amis. C’est un peu superficiel, mais très bien fait. Cette œuvre légère distille une jolie morale de vie sur la confiance que l’on doit accorder à l’autre. T : J : GA: A : Ø : : : Tout public Repères Adolescents Grands adolescents Adultes Œuvre (ou scène) nocive Elément positif Elément négatif FRANCECatholique N°3076 15 JUIN 2007 37 BLOC-NOTES Paris ✔ L’Aide à l’Eglise en Détresse (AED), fondée en 1947 par le Père Werenfried Van Straaten, fête ses 60 ans. À cette occasion, une messe sera célébrée le dimanche 17 juin (18h30) en la cathédrale Notre-Dame de Paris. Mgr André Vingt-Trois (archevêque de Paris), présidera la cérémonie. ✔ Peinture : Ouverture de la Pinacothèque de Paris, 28, place de la Madeleine, avec comme exposition inaugurale "Roy Lichtenstein : Evolution". Site : www.pinacotheque.com. ✔ Littérature : le 19 juin (20h30), dans le cadre du 30e festival franco-anglais de poésie, la Maison de la Poésie propose "Sculpture sur prose" mis en scène par Claude Guerre. Rens. ✆ 01.44. 54.53.00, www.maisondelapœsieparis.com Aisne ✔ La communauté de la SainteTrinité propose une session de formation du mercredi 4 (15h) au mercredi 11 juillet (17h), "L'icône, peinture d'une icône pendant la journée, avec l'office liturgique", animée par frère Ephrem (de la Communauté) et Philippe Sers (pro- ✂ fesseur à l'Ecole Cathédrale de Paris) (condition : avoir le sens et le goût artistiques, ouverte aux débutants, accepter de se plier à une discipline d'apprentissage). Inscriptions : frère Ephrem Yon, Prieuré Saint Pierre et Saint Paul, 02210 La Croix sur Ourcq, ✆ 03.23.55.26. 57, [email protected] Aude ✔ Au monastère des Dominicaines, Prouilhe, 11270 Fanjeaux, ✆ 04.68.11.22.66/ accueil @prouilhe.net une session d'iconographie "Bible-Icône-silence" est proposée du 8 (soir) au 13 juillet, avec Sr Marie-Thadée (op) et Marie Aveline. Et aussi une session-retraite "à partir des 9 manières de prier de saint Dominique", du 15 (soir) au 20 juillet (14h) avec le Frère EliePascal Epinoux (o.p. du couvent de Toulouse) et Sr Geneviève-Emmanuel (o.p.) Bas-Rhin ✔ Les Petites Sœurs franciscaines, 1, rue du Couvent, 67440 Thal-Marmoutier, ✆ 03. 88.03.12.03, fax 03.88.03.12.08, proposent une journée compassion - Expression charismatique, le 17 juin (9h-18h30) "Laisse-toi attirer par Dieu". Et aussi, une retraite "Rencontrer Jésus", avec le père Marcel Bourland, du 2 (18h) au 7 juillet (14h). Calvados ✔ La communauté des Béatitudes, Le Château, 14100 Hermival-les-Vaux, ✆ 02.31.32.00.44, organise, du 31 juillet au 4 août, un rassemblement d’été pour tous (y compris familles) "Dieu est Amour, annoncez-le". 5 jours pour se mettre sous le regard de Dieu... à l’école de la petite Thérèse. Avec louanges, enseignement, Eucharistie, veillée de prière... avec Mgr Léonard (Diocèse de Namur), les pères Silouane et Philippe (Communauté des Béatitudes), le père Ide (Communauté de l’Emmanuel). Possibilité de participer à 1, 2, 3, 4 ou 5 jours au choix. Une session spécifique est proposée pour les enfants de 0 à 13 ans et pour les adolescentes de 14 à 18 ans. Courriel : [email protected] Corrèze ✔ Au prieuré du Jassonneix, 19250 Meymac, ✆ 05.55.95.21. 11, fax 05.55.95.21.88, un weekend "Saint Augustin" est prévu, avec une conférence, le 23 juin. Et un concert dans l'église SaintAugustin. Courriel : [email protected] Côte-d'Or ✔ Jusqu'au 2 septembre, l’Abbaye de Fontenay, 21500 Marmagne, accueille l’exposition "Monastères vus du ciel", en 51 clichés aériens photographiés par Yann Arthus Bertrand entre autres avec l'agence Altitude, permettant au visiteur d’apprécier à quel point ces constructions monastiques du monde entier s’intègrent dans leur environnement. Tous les jours, (9h-18h) et (9h-19h en juillet et août). Rens. ✆ 03.80.92. 15.00. Essonne ✔ 60 jardins s’ouvrent au public durant tous les week-ends de juin, autour du thème "au fil de l’eau". Programme au ✆ 01.64.97.35.13 ou sur www.secretsjardins.com Saône-et-Loire ✔ Au foyer du Sacré Cœur, 14 rue de la Visitation, 71600 Paray-leMonial, ✆ 03.85.81.11.01, fax 03.85.81.26.83, les 30 juin et 1er juillet, ce sera le 62e pèlerinage international "Cor Christi" et en même temps le 100e anniversaire de l'intronisation du Sacré-Cœur dans les familles, sur le thème "Avec la puissance d'Amour du Cœur du Christ, bâtir ensemble la civilisation de l'Amour". FRANCE Catholique HEBDOMADAIRE Abonnez-vous ! t! Offrez un abonnemen Avec un premier abonnement, en cadeau, 2 CD de "Jean-Paul II dialogue avec la France" 76 € pour un an (au lieu de 110 €) A retourner, à "France Catholique", 60 rue de Fontenay, 92350 Le Plessis-Robinson ❒ Je souscris un premier abonnement à FRANCE CATHOLIQUE : 1 an = 76 € (au lieu de 110) (*)(**) et je reçois en cadeau DEUX CD "Jean-Paul II dialogue avec la France", Homélies et discours du Saint-Père ❒ J'abonne un ami, un prêtre, une communauté... 1 an = 76 € et je reçois le cadeau(**), qui m'est envoyé(****) Adresse où France Catholique doit être envoyé : ❒ Mme ❒ Mlle ❒ M. ❒ Père ❒ Sœur NOM/prénom : ........................................................................................................................................... Adresse : .................................................................................................................................................................... .............................................................................................................................................................................................. ............................................................................ ................................................................................................................. Code postal : ....................................... Ville : ............................................................................................ Je joins mon règlement par : ❒ chèque bancaire à l'ordre de FRANCE CATHOLIQUE NOUVEAU❒ carte bleue : numéro de carte : Date d'expiration : Les 3 derniers chiffres au dos de la carte (à côté de votre signature) : Votre téléphone : ............................................. Votre adresse internet : ..................................... ❒ carte bleue Signature : par téléphone, appelez le 01.46.30.37.38 ❒ Je souhaite recevoir 5 numéros de FRANCE CATHOLIQUE gratuitement et sans engagement (*****) (*) France métropolitaine et DOM uniquement - (**) Pour les personnes n’ayant jamais été abonnées. (***) Dans la limite des stocks disponibles. (****) Le préciser dans un courrier séparé. (*****) France métropolitaine uniquement. CNIL N° 678405 - Loi informatique & liberté du 6/01/78 : vous disposez d’un droit d’accès et de rectification aux informations vous concernant. Par notre intermédiaire, vous pouvez être amenés à recevoir des propositions d’autres entreprises. Si vous ne le souhaitez pas, il suffit de nous écrire ou de nous téléphoner et il en sera tenu compte immédiatement. BLOC-NOTES Seine-Saint-Denis ✔ Du 28 au 30 juin, le Centre dramatique de la Courneuve donne "Allers-Retours", de Ödön von Horváth, en plein air dans les quartiers de la ville. C’est la deuxième année que ce genre de manifestation a lieu. Rens. ✆ 01. 48.36.11.44 ou www.centredramatiquedelacourneuve.com ✔ Les 23 et 24 juin se déroulent le festival "Jazz musette des puces" à Saint-Ouen. Rens. ✆ 01.40.11.77.36 ou www.festivaldespuces.com Vienne ✔ Les chemins de Musique, Abbaye Saint-Martin, 2 place Révérend Père Lambert, 86240 Ligugé, ✆ 05.49.55.89.00, fax 05.49.55.10.98, abbaye-liguge @siloe-librairies.com organisent, du 29 juin au 8 juillet, des journées musicales d'été qui auront pour thème "Musique et littérature au tournant du 19e et du 20e siècle", à l'occasion du centenaire de la mort de l'écrivain Joris-Karl Huysmans. (Seront évoqués les problématiques de cette fin du 19e siècle avec les alternatives au romantisme, l'évolution de la vie sociale et des mentalités religieuses... Site : www.cheminsdemusique.fr Concerts pour associations ✔ Deux concerts : "Henry Purcell" King Arthur, avec le chœur Musicanti, sous la direction de Peter Hicks, avec l'orchestre de l'Académie symphonique de Paris, seront donnés en l'église Saint-Pierre de Neuilly, 90 av. du Roule, 92200 Neuilly, le 19 juin (20h45) au profit de "Le syndrome de Rett" (association de familles et de sympathisants concernés par ce handicap neurologique grave) ; le 21 juin (20h45) au profit de l'association "Magnificat «Accueillir la vie»" (association pour encourager l'œuvre d'accueil maternel) (11 av. des Martyrs, 37240 Ligueil, ✆ 02.47.59.63.07). Entrée libre, quête à l'entracte. Retraites "Icônes" ✔ Trois retraites, pour un cheminement spirituel en peignant une icône, se dérouleront pour débu- tants et initiés avec Astride Hild : du 3 (soir) au 9 juillet , à la maison du Sacré Cœur à Paray-le-Monial, "Montre-nous Ton Visage", en peignant l’icône du Christ Pantocrator ; du 16 (soir) au 22 juillet, à l’Abbaye d’Orval (Belgique), "Avec Marie, notre Mère", en peignant l’icône de la Sainte Vierge et l’Enfant ; du 19 (soir) au 25 août, à l’Abbaye de Maredsous (Belgique), "Contemplation du Christ Transfiguré", en peignant l’icône du Christ Transfiguré. Rens. ✆ 00.32 (0) 27.31. 47.36 / [email protected] site : http://users.pandora.be/astrid Pèlerinage ✔ L'Association familiale Louis et Zélie Martin propose un pèlerinage "Vers Saint-Jacques", entre Conques et Figeac, du 29 juillet au 4 août, avec le Père ClaudeAndré David-Fenot et des sœurs, à un rythme adapté aux familles, avec bivouac et messe quotidienne... et aussi enseignements, prières, soirée d’adoration... Environ 150 € par famille. Rens. : Anne-Sophie et Laurent Michon 72 rue de la Louvière, 78120 Rambouillet, ✆ 06.22.56.17.19 06.12.47.92.60 michon.l@ free.fr Cécile et Bruno Desveaux ✆ 06.75.63.14.24. Marches au désert : Les Goums ✔ 8 jours de désert avec les GOUMS, une expérience unique en son genre... Les GOUMS commençent à être connus, du moins, par ce qu'on en dit mais rien ne vaut d'en connaître la réalité par l'expérience. Il y a bien des manières de traverser le désert, même en 4x4, mais avant la curiosité des paysages la vérité du désert se trouve en soi. Nous vivons une époque où, malgré la montée en puissance de la science, l'individu vit de plus en plus dans l'incertitude. Au milieu des villes à millions d'habitants, on ne sait plus qui l'on est... soi. On se demande même parfois si la vie a un Sens. Le désert "vécu à la manière GOUM" vous donne au moins une chance de trouver un commencement de réponse à cette question. Nos marches au long cours, nos bivouacs à la belle étoile, nos petites équipes fraternelles de 15 à 20, nos Eucharisties quotidiennes avec des Prêtres qui marchent avec nous, donnent à notre expérience GOUM une captivante originalité. Les GOUMS lancent, cet été 2007, 20 Raids du 16 juin au 9 septembre : Préalpes de Grasse, Les Causses (Méjean, Sauveterre, Larzac, Quercy), Aubrac, Jura, Bosnie, Turquie, Italie. Age des participants : 20-35 ans. (90140 € la semaine). Informations et calendrier : Michel de Malartic, 1800 route du colonel Bellec, 13540 Puyricard, ✆/fax 04.42.92. 27.40, [email protected], site : www.goums.org et Jean Latil, 16 av. Alfred Capus, 13090 Aix-enProvence, ✆/fax 04.42.29.72.75. Pour passer un communiqué, contactez : [email protected] fax : 01.46.30.04.64 ou inscrivez-le directement sur notre site internet : www.france-catholique.fr ABONNEMENTS À FRANCE CATHOLIQUE France, 6 mois : 58 € / 1 an (47 numéros) : 110 € / Etranger, 1 an : 122 €. 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Laisser message sur répondeur du 06.32. 43.60.92, ou écrire au journal, réf. 0675. ➥ Entretien et réparation d'orgues sur toute la France, nombreuses références : Marc Hédelin. Tél. 01.39.55.33.29. ➥ Imprimerie INDICA - BP 113 - 92704 Colombes cedex, 27, rue des Gros-Grès / M. Bonnet, tél. 01.47.82.32.32. Courriel : [email protected]. Le spécialiste des bulletins chrétiens. FRANCE CATHOLIQUE - hebdomadaire N° Commission Paritaire de la Presse : 1011 C 85771 valable jusqu'au 31 octobre 2011 CNIL : 6778405 60, rue de Fontenay, 92350 Le Plessis-Robinson Téléphone : 08.75.69.14.92 - 01.46.30.79.06 - 01.46.30.37.38 - Fax : 01.46.30.04.64 Courriel : [email protected] - CCP La Source 43 553 55 X édité par la Société de Presse France Catholique, s.a. au capital de 377.376 euros. - 418 382 149 R.C.S. Nanterre Président : Hervé Catta - Directeur gl., dir. de la publication : Frédéric Aimard (✆ 06. 08.77.55.08) - Conseiller de la direction : Robert Masson - Editorialiste : Gérard Leclerc - Rédaction : Anne Montabone - Tugdual Derville - Ludovic Lécuru - Secrétaire de rédaction : Brigitte Pondaven - Abonnements/Comptabilité : Marie-José Carreira. Imprimé par IPPAC-Imprimerie de Champagne, ZI les Franchises, 52200 Langres Les documents envoyés spontanément ne sont pas retournés. 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Grégory à Thuir ; 14, bd Ml Joffre à Céret ; 18, bd du Grau-StAnge à Barcarès ; 12, rue de Belloch à Bourg-Madame - Dans le Bas-Rhin ➧ 46, av. de la Robertsau à Strasbourg ; 27, Grande-Rue à Haguenau - Dans le Rhône ➧ Gare de Perrache, Vest. Niveau 1 ; Gare de la Part-Dieu, côté Villette ; 52, av. du Point-du-Jour à Lyon ; 12, pl. Ch. De Gaulle à Ecully ; 2, rue Boiron à Mornant ; 82, av. Emile-Zola à Oullins – Dans la Haute-Saône ➧ 33, Grande-Rue à Vauvillers Dans la Sarthe ➧ 3, bd René-Levasseur au Mans ; place de la Lune à Parce-sur-Sarthe. Pour aider notre journal, rendez-leur une visite de courtoisie. Si vous voulez faire venir le journal chez un marchand de journaux de votre ville, contactez Eric, à Pagure-Presse : tél. 01.45.22.12.51. FRANCECatholique N°3076 15 JUIN 2007 39