10 FRANCECatholique N°3076 15 JUIN 2007

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10 FRANCECatholique N°3076 15 JUIN 2007
n°3076
15 juin 2007
2,90 €
3:HIKLMI=YUW^U[:?d@k@r@g@a;
83 ème année - Hebdomadaire
M 01284 - 3076 - F: 2,90 E
FRANCE
FRANCE
Catholique
Catholique
ISSN 0015-9506
FRANCE
Un hebdo
engagé
pour l’Amour
et la Vérité
Comme
prévu !
Boycotter
les
Jeux olympiques ?
La tragédie
des
chrétiens d’Irak
■
■
■
■
Henry Haas
baladin de l’Evangile
BRÈVES
FRANCE
POLITIQUE : A la veille des législatives,
le président de la République avait
confirmé, le 7 juin, sa volonté d’ouvrir sa
majorité et de prendre en considération
une dose de proportionnelle aux élections futures.
En annonçant le 7 juin son intention de
présenter sa propre motion au congrès
du Parti socialiste de l’an prochain, Ségolène Royal a réaffirmé sa volonté de
conquérir ce parti.
Avec moins de 2% des voix à la présidentielle, et un nombre d’élus en baisse
aux législatives, le Parti communiste qui
ne sera pas remboursé de tous ses frais
de campagne, est à la veille d’une crise
financière.
ELECTIONS : Le Conseil constitutionnel a
proposé d’unifier l’horaire de fermeture
des bureaux de vote en métropole pour
empêcher la publication prématurée des
résultats.
INTEMPERIES : A son tour, le nord de la
France a été touché le 8 juin par de violents orages, en particulier dans les régions de Valenciennes et de Sedan qui
ont subi des dégâts très importants. En
revanche, certaines communes de l’Ilede-France pourraient connaître une
pénurie d’eau faute de précipitations
suffisantes.
FISCALITE : Le projet de loi fiscale prévoyant la défiscalisation des heures supplémentaires, une réduction d’impôts sur
les intérêts des emprunts, un allégement
des droits de succession, l’encadrement
des "parachutes dorés" des dirigeants
d’entreprises et un renforcement du
bouclier fiscal, a été transmis au Conseil
d’Etat le 6 juin ; il devrait coûter environ
11 milliards d’euros à l’Etat alors que les
déficits budgétaire et commercial de la
France se creusent de nouveau ; l’instauration d’une TVA sociale est à l’étude.
ENTREPRISES : Onze entreprises avaient
déposé le 6 juin auprès d’Airbus leur
candidature à la reprise des usines que
l’avionneur envisage de céder dans le
cadre de son plan de réorganisation,
"Power 8"; les centres de fabrication des
divers composants des Airbus seraient
ramenés de huit à quatre.
Le Premier ministre a affirmé, le 8 juin,
que si le projet de fusion entre GDF et
Suez restait valable, d’autres options,
notamment avec EDF, étaient possibles.
La presse a révélé le 8 juin que la Société
générale étudiait les scénarios de mariage possibles avec BNP-Paribas.
TRANSPORTS : Avec le TGV- Est, la SNCF
a inauguré le 10 juin un nouvel axe de
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circulation ferroviaire entre Paris, Strasbourg, la Suisse, le Luxembourg et l’Allemagne ; cette ligne qui divise par deux
les temps de parcours provoque un nouvel essor et une hausse des prix de l’immobilier dans les localités desservies ; à
Paris, la gare de l’Est a bénéficié d’importants aménagements.
SOCIAL : Le revenu de solidarité active
(RSA) proposé par Martin Hirsch pour
éviter une perte de revenu à ceux qui reprennent un travail pourrait voir le jour
fin 2008 ; des expérimentations seront
menées dans plusieurs départements à
partir du 30 juin.
Nicolas Sarkozy a annoncé le 9 juin la
création d’une 5e branche de la protection sociale pour les personnes dépendantes ; il envisage de créer un droit
opposable pour la scolarisation des
enfants handicapés.
JUSTICE : Le procureur a requis le 4 juin
la condamnation du groupe Total à
375 000 euros d’amende pour pollution
lors du naufrage de "l’Erika" en décembre
1999 au large des côtes bretonnes.
Le parquet de Paris a ouvert le 5 juin une
enquête préliminaire pour "trafic d’influence" susceptible d’impliquer le président du Sénat, Christian Poncelet ; ce
dernier dénonce une tentative de déstabilisation.
Quatre lycéens auraient détourné
250.000 euros grâce à un stratagème
réalisé sur Internet fin 2006; ils risquent
5 ans de prison.
ECOLE PRIVEE : Une décision du Conseil
d’Etat datée du 4 juin a annulé pour une
question de pure forme une circulaire de
2005 qui imposait aux communes de
contribuer aux frais de scolarité des enfants inscrits dans une école privée
d’une autre commune.
Près de 600 congressistes se sont réunis
le 8 juin pour redéfinir la scolarité chrétienne.
VIOLENCES : A la suite d’une agression
dont a été victime le président du tribunal pour enfants de Metz le 5 juin, la
ministre de la Justice, Rachida Dati, a
débloqué 20 millions d’euros pour sécuriser les tribunaux.
TELEVISION : Le CSA a révélé le 5 juin
les noms de sept nouvelles chaînes de la
TNT pour l’Ile-de-France, ce qui portera
l’offre de télévision gratuite de 18 à 25
chaînes d’ici la fin de cette année.
TENNIS : La joueuse belge Justine Hénin
a remporté le 9 juin pour la quatrième
fois le tournoi de Roland-Garros. Chez
les hommes, victoire le 10 juin pour la
troisième fois de l’Espagnol Rafaël Nadal.
RUGBY : Le Stade français a remporté le
9 juin le titre de champion de France
pour la treizième fois de son histoire en
battant Clermont par 23 à 18.
MONDE
PAYS INDUSTRIALISES : Le sommet du
G8 s’est ouvert le 6 juin à Heiligendamm
(Allemagne) dans une ambiance tendue ; les pays membres sont cependant
parvenus le 7 juin à un accord sur un
objectif de réduction de 50% des gaz à
effet de serre d’ici à 2050 ; par ailleurs,
V. Poutine a proposé à G. Bush une solution de remplacement au projet américain de bouclier antimissiles en utilisant
des installations existantes en Azerbaïdjan ; 60 milliards de dollars d’aide ont
été débloqués pour l’Afrique.
ROME : De retour du G8, G. Bush a rencontré le 9 juin les autorités italiennes
avant de rendre visite au pape Benoît
XVI au Vatican ; le Pape s’est inquiété du
sort des chrétiens d’Irak.
ESPACE : La navette Atlantis, lancée
avec succès le 9 juin avec trois mois de
retard, a emmené sept passagers chargés de poursuivre la construction de la
station spatiale internationale.
BANQUE EUROPEENNE : Le loyer de l’argent a atteint le 6 juin son niveau le
plus haut depuis cinq ans avec le relèvement à 4% du principal taux directeur
de la BCE.
MEDECINE : Au congrès annuel de la Société américaine d’oncologie qui s’est
tenu à Chicago, des avancées significatives ont été annoncées le 5 juin pour
certains types de cancers concernant le
foie et les poumons.
Trois équipes américaines et japonaise
ont réussi à transformer des cellules de
peau de souris adultes en cellules
souches ; transposée chez l’homme,
cette découverte mettrait fin aux débats
éthiques sur l’utilisation des embryons.
ESPAGNE : L’organisation basque ETA a
annoncé le 5 juin la fin du cessez-le-feu
prononcé en mars 2006.
ARABIE : L’Arabie saoudite investit 10
milliards de dollars dans une université
de niveau international qui ouvrira d’ici
deux ans.
LIBAN : Le ministre de la Justice a annoncé le 9 juin la création du tribunal
international chargé de juger les assassins de Rafic Hariri.
BELGIQUE : A l’issue des élections législatives du 10 juin, la coalition libérale–
socialiste devrait céder le pouvoir au
parti chrétien–démocrate et flamand.
J.L.
EDITORIAL
SOMMAIRE
ACTUALITÉ
LEGISLATIVES
Comme prévu !
5
LEGISLATIVES
La semaine en dessins
6
MOYEN ORIENT Tragédie des chrétiens d’Irak
8
ASIE
La question
Alice Tulle
Emmanuel Chaunu
liturgique
Philippe Brizard
Le boycott chinois
Yves La Marck
9
Le cardinal chinois
ASIE
Y. L .M.
RENCONTRE
10
THEATRE
Henry Haas, bouffon au service de l’Evangile
Aude Lorne
ESPRIT
16 MEMOIRE DES JOURS
Le passé présent
Robert Masson
17
Pie XII
ECCLESIA
Cardinal Bertone
20
LECTURES
21
B.D.
Le Sacré Cœur de Jésus
Père Michel Gitton
L'Aventurier de Dieu, 10/36
Dominique Bar, Guy Lehideux
MAGAZINE
22 HISTOIRE
Remi Brague et le Moyen Age
Alexandre Da Silva
25
IDEES
28
LETTRES
29
FESTIVALS
30
EXPOSITIONS
Journal littéraire
Gérard Leclerc
Mounier et l’Afrique noire
Philippe Verdin
"Nuits d’été", "Chercheurs d’étoiles"
Pierre François
L’art Gupta
Ariane Grenon
32
Opéras baroques
MUSIQUE
François-Xavier Lacroux
33
CINEMA
34
THEATRE
35
TELEVISION
36
TELEVISION
38
BLOC-NOTES
"Faussaire", "Bande de sauvages",
"Shrek le troisième", "Syndromes and a Century"
M.-Ch. Renaud d’André / M.-L. Roussel
"Le rêve d’un homme ridicule"
Pierre François
"Le mystère de la chambre jaune",
"Petites confidences", "La maison du bonheur"
Marie-Christine Renaud d’André
Votre début de soirée
M.-Ch. R. d’A.
Vie associative et d’Eglise
Brigitte Pondaven
Couverture © Chaunu
www.france-catholique.fr
a question liturgique est fréquemment abordée dans ce journal,
à raison de son importance dans la vie chrétienne, mais aussi des
désaccords de fond qu’elle continue à provoquer depuis la fin du
Concile. Cette querelle nous pose de graves difficultés, ne seraitce que celle qui concerne l’unité et l’intégrité du corps ecclésial.
Si l’eucharistie est bien la source et le sommet de la vie chrétienne, si c’est elle qui construit l’Eglise, on s’interroge sur la vitalité spirituelle de fidèles qui se déchirent à propos de ce qui devrait être
la cause permanente et sans cesse renouvelée de leur communion. Et lorsqu’on nous dit que la promulgation d’un motu proprio de Benoît XVI facilitant l’accès à l’ancien rite ne fera qu’accroître la division, en suscitant ici
l’esprit de revanche et ailleurs l’amertume, nous craignons un nouvel emballement dans le sens d’une polémique aux effets désastreux. Et comme il
est patent qu’en général l’information religieuse sur un tel sujet souffre de
son ignorance et de son incompréhension, on
peut s’attendre à un nouveau déluge d’absurdités et de contre-sens, lorsque la décision romaine sera promulguée.
C’est pourquoi il nous faut prévenir d’urgence et par avance les effets négatifs de cette
décision en revenant, à temps et à contretemps, sur le fond de la question liturgique. Et,
de ce point de vue, il convient de comprendre
pourquoi le Pape prête une oreille attentive à la
plainte traditionaliste. Toute interprétation
brutale et butée de cette ouverture est dompar Gérard LECLERC
mageable à l’intelligence même du mystère liturgique. Réduire la différence des rites d’avant
et d’après la Réforme à l’abrupte opposition des passéistes et des progressistes, c’est s’exposer à l’aggravation des tensions mais, surtout, à l’incompréhension radicale d’un champ de réflexion à explorer et que l’on préférera saccager plutôt que de le respecter. Certes, toutes les objections traditionalistes ne sont pas de même valeur, ou de même portée. Certaines sont
injustes ou mal fondées, et correspondent à une vision incomplète, voire
déséquilibrée de l’économie de la Révélation. Mais d’autres sont recevables
et doivent aider à un vaste examen collectif dont tous devraient finalement
profiter.
Un des meilleurs analystes de la question, le Père Cassingena-Trévedy,
écrit dans son dernier livre : “Si la liturgie, naguère, ne mettait pas pied à
terre, faute de respect anthropologique suffisant, sa tendance contemporaine serait plutôt de ne pas s’élancer, à ne pas soulever, faute d’envergure
théologique”. Voilà le mot important souligné : l’envergure théologique qui
donne son véritable élan à l’envergure liturgique, à la beauté et au sens
supérieur de la célébration dont l’admonestation du Sursum corda (Haut les
cœurs) devrait être l’indice. C’est de ce sursaut par le haut dont nous avons
impérativement besoin. C’est son désir qu’il nous faut susciter de toutes les
façons, si nous voulons que le futur motu proprio réalise l’accord profond,
l’unité symphonique qui rendra à la liturgie sa vocation à mettre toute
l’Eglise en mouvement vers son seul Seigneur. ■
L
D.R.
4
(1) François Cassingena-Trévedy, La liturgie, art et métier,
préface par Mgr Robert Le Gall, Ad Solem.
FRANCECatholique N°3076 15 JUIN 2007
3
ACTUALITE
ELECTIONS LEGISLATIVES
par Alice TULLE
Comme prévu !
Tout le monde s’attendait à une victoire de la droite au premier
tour des législatives. Personne n’a donc été déçu par des
résultats qui feront date dans l’histoire électorale française.
es prévisions banalement concrétisées,
mais néanmoins des
résultats historiques –
selon le mot cent fois
repris par les commentateurs au
soir du premier tour de scrutin.
Historique, le taux d’abstention :
39,5%. Historique, la victoire de
la droite, celle de l’UMP (39,5 %
des voix) et de ses alliés du Nouveau centre. Historique, l’effondrement du Front national qui
obtient moins de 5 % des voix…
Les explications de l’événement électoral sont concordantes, à quelques nuances près.
Les partis de la majorité présidentielle ont bénéficié de la
forte dynamique créée par
l’élection de Nicolas Sarkozy : il
était logique que de nombreux
électeurs décident de donner au
nouveau président les moyens
de sa politique.
Cette logique a été confortée par le fait que le Parti socialiste ne présentait pas de
contre-programme de gouvernement. Puisque la gauche n’offrait aucune alternative, à quoi
bon ouvrir une crise et entrer
dans une nouvelle période de
cohabitation ? La tentation était
d’autant moins forte que le
nouveau Premier ministre avait
immédiatement ouvert le gouvernement à des personnalités
de gauche – Bernard Kouchner
notamment.
Les formations les plus à
droite (Front national) et les plus
à gauche (Ligue Communiste
D
(
révolutionnaire) sont comme
d’ordinaire exclues de l’Assemblée nationale faute d’alliance avec les deux principaux
partis : telle est la dure conséquence du scrutin uninominal
à deux tours qui a le mérite de
fournir des majorités parlementaires stables mais l’inconvénient d’exclure des millions de
citoyens de la représentation
nationale. Le Parti communiste
poursuit quant à lui son déclin,
sans pour autant disparaître du
paysage politique.
Le Mouvement démocratique de François Bayrou subit
lui aussi les conséquences du
mode de scrutin, avec un résultat national (7,6 %) à peu près
identique à celui obtenu par le
candidat centriste à l’élection
présidentielle de 2002. Preuve
que le "vote Bayrou" d’avril 2007
fut tactique pour une bonne
part.
Le Parti socialiste subit lui
aussi une défaite (24,7 %), dont
le proche avenir dira si elle est
ou non écrasante. Il est, de toute
évidence, le premier responsable
de ses malheurs. Assommés par
le grave échec de Ségolène
Royal, dû pour une part à des
défections dans l’électorat de
gauche et au sein même de l’appareil socialiste en proie à des
luttes de clans étalées devant
l’opinion publique, les dirigeants
socialistes n’ont pas livré ba-
Les dirigeants socialistes n’ont pas livré
bataille, sinon pour leur propre réélection
4 FRANCECatholique N°3076 15 JUIN 2007
taille - sinon pour leur propre
réélection et pour celle des
députés de leur courant.
Ségolène Royal a fait quant
à elle campagne pour sa désignation à la tête du Parti socialiste, en prévision de l’élection
présidentielle de 2012 tandis
que certains amis de Dominique
Strauss-Kahn, de Laurent Fabius
et d’Henri Emmanuelli osaient
souhaiter en privé une défaite
exemplairement écrasante.
Par contrecoup, le Parti socialiste est aussi le premier responsable du taux très élevé de
l’abstention. Lors du référendum
de 2005 et pour la présidentielle
de cette année, les électeurs se
sont déplacés parce qu’il y avait
de véritables enjeux, clairement
exprimés. En faisant une campagne législative plaintive et
ACTUALITE
minimaliste, la direction socialiste a privé le pays de débat, ce
qui a conduit maints électeurs
à considérer que la partie était
jouée d’avance.
Certes, au soir du 10 juin,
tous les dirigeants socialistes
ont plaidé pour un rééquilibrage
des forces parlementaires et
battu le rappel des troupes que
leur défaitisme avait démobilisé.
Un sursaut de l’électorat de
gauche est possible, qui atténuerait quelque peu la victoire
d’une droite déjà certaine de disposer d’une majorité absolue.
Mais ce sursaut serait un phénomène spontané car les dirigeants
socialistes ne peuvent inventer
en quelques jours un projet politique crédible et agir de manière
solidaire alors qu’ils reprendront,
dès le 18 juin, les poignards
qu’ils ont laissé au vestiaire au
soir du premier tour. ■
FRANCECatholique N°3076 15 JUIN 2007
5
ACTUALITE
MOYEN ORIENT
La tragédie des c
Le 3 juin, le père Ragheed
Ganni et trois de ses
sous-diacres ont été
assassinés à la sortie de
l’office qu’ils venaient de
célébrer dans leur église
du Saint-Esprit à Mossoul.
es chrétiens du Proche-Orient
sont traités comme bêtes qu’on
mène à l’abattoir. Sans raison, on
leur tombe dessus, que ce soit au
Liban, en Egypte, en Turquie ou
en Irak. En Irak, leur sort devient celui des
martyrs. Ils ne sont pas poursuivis pour
quelque désaccord politique. De toute
façon, les attentats et le terrorisme ne
sont pas des moyens légitimes pour défendre ses opinions. Ils sont persécutés
parce qu’ils sont chrétiens. Voyez ce qui
se passe à Dora, dans la banlieue sud de
Bagdad : les familles chrétiennes sont
continuellement provoquées. Ou elles
paient l’impôt de dhimmitude - ce qui est
un retour à une époque révolue, quand
les chrétiens étaient simplement tolérés
et seulement autorisés à célébrer leur culte
par les autorités musulmanes - ou elles
quittent leurs maisons et tout ce qui leur
appartient. C’est ça ou la mort.
A Mossoul, le prêtre assassiné devant
son église avec ses trois acolytes un
dimanche matin, c’est clair que c’est la
foi qu’il représente qui est attaquée et le
chrétien qu’on veut abattre. Or, il était
rare que les extrémistes musulmans s’en
prennent aux religieux et aux prêtres. C’est
dire à quel degré de violence la persécution est arrivée. On ne compte plus les
prêtres, les évêques qui ont été enlevés. Le
recteur de Babel College, l’université
L
(
© ŒUVRE D’ORIENT
Eglise du Saint-Esprit à Mossoul,
endommagée par une explosion à la
Pentecôte, et devant laquelle le Père
Ganni a été assassiné le dimanche 3 juin.
catholique de Bagdad, et son adjoint ont
été capturés, ce qui a décidé le Patriarche
à transférer l’établissement en un lieu
peut-être pas beaucoup plus sûr. Avant
cela, le recteur me disait qu’il avait dû
disperser son université en divers points
de la capitale et qu’il pensait bien que les
Il était rare que les extrémistes
musulmans s’en prennent aux religieux
6 FRANCECatholique N°3076 15 JUIN 2007
allers et retours entre le rectorat et ces
établissements seraient dangereux. La
preuve !
On vient d’apprendre qu’un prêtre
chaldéen âgé de 30 ans a été enlevé avec
cinq fidèles dans le nord-ouest de Bagdad.
Les laïcs ont été relâchés, non pas le prêtre.
A tout cela, il faut ajouter, ne l’oublions
pas, les enlèvements de chrétiens simplement pour les rançonner. Ils ont la répu-
ACTUALITE
hrétiens d’Irak
par Mgr Philippe BRIZARD, Directeur général de l’Œuvre d’Orient
© ŒUVRE D’ORIENT
sous le prétexte qu’il s’y trouve déjà pas
mal de villages chrétiens. Un tel ghetto est
inacceptable ; ce parcage serait l’antichambre de l’expulsion. Le président Bush
en a probablement parlé au Pape lors de
sa visite au Vatican le 9 juin : la réponse
du Pape était connue d’avance.
Saluons le courage des évêques chaldéens qui se réunissent en synode autour
de leur patriarche, Emmanuel III Delly, à
Al Qosh, ville située à une
vingtaine de kilomètres de
Mossoul. Cette assemblée à
laquelle se rendent les
évêques de la diaspora
montre clairement que les
chrétiens sont chez eux en
Irak et qu’ils entendent y
demeurer.
Nous nous trouvons à un
point de crise extrêmement
tragique mais qui n’est pas
désespéré. Le Seigneur
n’abandonne jamais les
siens. Les psaumes sont
pleins des cris des justes dans
la tourmente où l’injustice
semble l’emporter. Le Seigneur a entendu le cri de ses
fidèles et leur a envoyé son
Fils pour les sauver. Notre
époque est donc une époque
de combat, actualisation du mystère du
salut. Ensemble, formant le corps du
Christ, nous avons la force du Christ et
l’amour du Christ. Si nous connaissons
l’épreuve de la croix, nous savons que nous
partageons sa victoire. Nous, chrétiens,
nous ne devons pas nous tromper de
moyens. Pas question de répondre à la
haine par la haine, au crime par le crime.
Notre sens de l’homme et de la société
qui découle de l’incarnation, nous interdit de faire le blocage du religieux et du
politique. Un tel blocage est une atteinte
à la liberté et à la dignité de l’homme. Ce
n’est pas ce que Dieu veut pour l’homme.
Il veut des hommes et des femmes libres,
qui choisissent librement d’aimer Dieu et
d’aimer les hommes avec l’amour même
de Dieu.
Le politique peut être le lieu de la plus
grande charité, comme disait Pie XI, pour
défendre les hommes et les femmes dans
leurs droits les plus essentiels. Il n’y a pas
Le 23 avril dans
la ville chrétienne
de Tellskopa
(à 25 km au nord
de Mossoul), un
attentat suicide
à la voiture piégée
avait fait 10 morts
et une soixantaine
de blessés
principalement
des enfants. Une
femme chrétienne,
sur le pas de sa
porte avait été tuée.
Des immeubles,
dont la maison
des religieuses, un
jardin d'enfants et
une école primaire,
entre autres choses,
avaient été détruits.
de démocratie s’il n’existe pas au moins
la liberté de penser et de croire ce que
l’on veut. Il n’y a pas de civilisation s’il
n’est pas établi un rapport clair entre la
foi et la raison. Par quelle aberration tant
les Occidentaux malades de laïcité antichrétienne que les musulmans, même
modérés, n’ont-ils rien compris au
message pontifical sur le rapport de la foi
et de la raison ? On voit où ça mène.
Combattons donc avec nos frères d’Irak,
avec les mêmes armes : celles du Christ
pour notre rédemption. ■
Saluons le courage des évêques
chaldéens qui se réunissent en synode
FRANCECatholique N°3076 15 JUIN 2007
7
(
tation d’être riches, ce qui reste à voir. Les
rançons financent les actions terroristes.
Si la rançon n’est pas versée, le corps est
renvoyé, le plus souvent mutilé. Tel fut le
sort de Paulos Amer Iskandar, prêtre orthodoxe de 40 ans, père de quatre enfants,
et dont le corps décapité fut jeté dans
une rue de Mossoul, en octobre dernier,
trois jours après son enlèvement.
Que peut faire le juste devant tant de
barbarie ? La déstructuration de l’Etat
semble interminable. Qui exerce le
pouvoir ? Qui assure la sécurité ? Sûrement pas les Américains qui se terrent
dans leurs casernes. Quant aux Anglais à
Bassorrah, selon leur habitude, ils ont
laissé faire... de sorte que nous sommes
sans aucune nouvelle des chrétiens qui
se trouvent dans cette région.
Les chrétiens de toutes dénominations
- mais la majorité d’entre eux est chaldéenne en communion avec Rome - ont
reflué les uns au Kurdistan irakien vis-àvis duquel la Turquie n’a pas que de bonnes
intentions. Pourtant, faute de mieux,
certains se sont réfugiés en Turquie. Le
plus grand nombre est allé en Jordanie et
en Syrie dans un premier temps. Les plus
fortunés ont réussi à reprendre pied, mais
ils sont rares. Beaucoup nourrissent
l’espoir d’émigrer plus tard en Europe, en
Amérique ou en Australie. Certains s’enfuient de Syrie et cherchent à atteindre par
des moyens de fortune le Liban ou l’Egypte.
On estime qu’en deux ans, la moitié des
chrétiens ont fui l’Irak, soit 500.000 sur un
total de 2 millions d’Irakiens qui ont quitté
leur pays. On parle d’un million deux cent
mille réfugiés irakiens pour la seule Syrie.
L’attitude des patriarches et des
évêques est claire : les chrétiens d’Irak
sont chez eux en Irak. Ils en constituent
même la population originelle. Ils sont
partie prenante de la civilisation et une
composante de la mosaïque que constitue l’Irak. Comme toujours, d’excellents
esprits imaginent qu’on pourrait regrouper les chrétiens dans la région de Ninive
ACTUALITE
ASIE
par Yves LA MARCK
Le boycott chinois
Le Soudan n’est pas le seul reproche que l’on peut adresser
aux dirigeants chinois. Les Jeux Olympiques de 2008 devraient
être l’occasion d’un débat de fond en Chine.
e que Pékin fait hors
de ses frontières ne
laisse pas d’inquiéter :
un nouveau pillage de
l’Afrique qui lui fait
fermer les yeux sur des régimes
peu recommandables, le
Soudan n’étant que l’exemple
le plus emblématique, le soutien
à la Corée du Nord, au Myanmar
(ex-Birmanie), ses interférences au Cambodge… Vu des
Etats-Unis, la Chine inquiète
aussi pour son expansionnisme
commercial et financier,
quoique membre de l’OMC
depuis 2002.
Mais on en viendrait à oublier trop facilement la nature
communiste du régime. On
estime généralement que la
superstructure politique du
parti est comme une sorte d’accident de l’Histoire qui n’a que
peu d’importance par rapport à
la liberté économique qui
préside au développement
accéléré de la Chine. La voie
capitaliste se suffirait à ellemême. Or, un spécialiste de
longue date de la Chine, James
Mann, vient de publier un
nouveau livre sous le titre révélateur : L’illusion chinoise (The
China Fantasy) et sous-titré :
Comment nos dirigeants
évacuent la répression chinoise.
Il n’est pas encore disponible en
français et, sauf miracle, il ne le
sera sans doute pas avant longtemps, comme d’habitude. On
n’aime pas déranger dans le
débat franco-chinois. L’auteur
C
(
en effet ne croit pas que la
démocratisation soit l’hypothèse la plus vraisemblable de
l’évolution future de ce pays, ni
qu’elle soit la suite obligée du
libéralisme économique.
Le parti va certes poursuivre
sa mue. Le XVIIe Congrès est
prévu pour octobre 2007. Ce
sera le dernier avant les Jeux
Olympiques. Il doit donc être
l’occasion de poser les vraies
questions. En réalité, il s’agira de
ravaler la façade, de présenter
une image avenante du pouvoir,
un communisme chinois à
visage humain. La place sera
faite à la cinquième génération
de dirigeants communistes,
recrutés pour la plupart parmi
les fils de cadres communistes,
appelés "le parti des princes".
Le Parti ira-t-il plus loin que
des concessions superficielles ?
Il fera peut-être une partie des
gestes demandés sur le Darfour
ou les négociations commerciales. Mais il est douteux qu’il
évolue sur les deux questions
de légitimité qui pourtant
bloquent son acceptation populaire : à savoir Taïwan et le Tibet.
La Chine de 2008 aurait vraiment changé si le président du
Kuomintang et le Dalaï Lama
étaient invités à l’inauguration
des Jeux, avec les conditions qui
s’y attachent. Alors le monde
saurait que la Chine a pleinement intégré la communauté
internationale, mais surtout
qu’elle est en paix avec ellemême, ce qui est le fondement
indispensable de toute paix
avec les autres. On peut y ajouter la réconciliation avec le
Japon et le rapprochement des
deux Corées, mais ceci ne
dépend pas que de Pékin.
En revanche, tenons Pékin
pour responsable de ce qui le
concerne exclusivement, du
respect du droit international,
des traités, de l’intégrité territoriale, de l’unité de la Chine et
de ses propres engagements.
Deux questions sont cruciales
à cet égard : la première est
celle du statut de Hong Kong
cédé en 1997 par la Grande
On en viendrait à oublier trop facilement
la nature communiste du régime
8 FRANCECatholique N°3076 15 JUIN 2007
Bretagne sous condition du
maintien d’un régime particulier. La promesse d’élections
libres n’a pas été tenue. La
seconde est celle de la liberté
religieuse avec, à la clé, la
normalisation des relations avec
le Saint-Siège (voir article ci-contre).
Laisser croire que le Darfour
serait la seule cause digne de
boycotter les jeux olympiques
de l’été 2008 est une insulte à
tous les Chinois de l’intérieur et
de la diaspora qui continuent
d’être divisés et séparés par les
actions d’un régime diviseur et
corrupteur.
Le parti unique n’est pas un
gage d’unité entre Chinois. Les
différences politiques et sociales
vont au contraire en s’accentuant. Le régime veut saisir ce
moment de fierté patriotique
pour faire taire les contestations. L’effet ne sera que temporaire. Les tensions ressurgiraient
ensuite avec plus de force si les
vraies questions n’étaient pas
traitées au fond. ■
ACTUALITE
ASIE
par Y. L. M.
Le cardinal chinois
oseph Zen Zekiun, promu
cardinal par le pape Benoit XVI en février 2006,
est le sixième cardinal
chinois de l’Histoire et le
seul aujourd’hui âgé de moins
de 80 ans. Il vient d’atteindre
ses 75 ans. Il a des convictions
bien arrêtées sur le dialogue
entre le Saint-Siège et la Chine.
Né à Shanghaï, il a été le
premier prêtre chinois de l’extérieur (Hong Kong) à en-
La première erreur est,
selon lui, d’avoir voulu traiter
avec l’Association Patriotique
qui encadre cette Eglise et qui
ne pense bien entendu qu’à se
faire reconnaître. Rome a ainsi
encouragé la réconciliation
avec l’Eglise souterraine (40%
des dix à quinze millions de
nité ainsi que des fidèles de
l’Eglise officielle.
La seconde est d’avoir laissé
le gouvernement instrumentaliser l’Association pour finalement couler les deux Eglises.
seigner dans les séminaires de
l’Eglise de l’intérieur. Il a donc
joué un grand rôle pour la
reconnaissance de l’Eglise officielle dont 90% des évêques
sont aujourd’hui reconnus par
Rome. Cette Eglise est authentique et loyale envers le Pape.
Mais une fois ceci admis, il est
plus fort pour dévider l’écheveau des erreurs commises
dans le dialogue.
fidèles environ). Mais ceci n’a
fait que conforter les responsables de l’Association qui
en ont profité pour choisir des
évêques à leur dévotion. Trois
consécrations non reconnues
par Rome ont ainsi eu lieu en
2006. Les "souterrains" sont
vite repartis dans la clandesti-
Le soutien apporté par les
communistes à l’Eglise patriotique avait déjà réussi à décrédibiliser celle-ci aux yeux de
Rome. Le Vatican ayant
compris à la longue qu’il s’agissait en réalité de vrais catholiques, le gouvernement
adopte désormais de nouvelles
J
tactiques auxquelles le cardinal Zen n’est pas persuadé que
Rome se donne les moyens de
riposter.
Il prône une attitude nettement moins conciliante. Selon
lui, Rome ne doit plus encourager l’Eglise clandestine à se
rapprocher de l’Eglise officielle,
ce qui fournit une prise aux
communistes. Il doit se dégager des querelles intestines
pour ne plus traiter directement qu’avec l’Etat chinois sur
un plan diplomatique. Le gouvernement ne pourra plus ainsi
se défiler derrière l’Association
patriotique dont la légitimité
sera donc ipso facto sapée. Les
consécrations non régulières
semblent d’ailleurs avoir été
une initiative des dirigeants de
l’Association imposée à la hiérarchie et aux plus hautes
autorités du parti et du gouvernement.
Le cardinal de Hong-Kong
a prodigué ses sages conseils
lors des réunions tenues à
Rome au début de cette année.
Il ne doute pas que Benoît XVI
se montre demain plus fin que
les hiérarques chinois. Mais
ceci signifie, il ne le cache pas,
que les progrès seront d’autant
plus lents. Il appelle à une
longue patience. ■
Dorian Malovic, Mgr Zen, un
homme en colère. Entretiens
avec le cardinal de Hong Kong,
Bayard, 2007. 18 €
Du même auteur, Le pape jaune,
Mgr Jin Luxian, soldat de Dieu
en Chine communiste, Perrin,
2006 (l’évêque de Shanghaï,
tête de l’Eglise officielle).
La première erreur est d’avoir voulu
traiter avec l’Association patriotique
(
Un entretien avec le cardinal Zen, archevêque de Hong-Kong,
permet de mieux comprendre la situation de l’Eglise en Chine
et les relations avec le Vatican.
FRANCECatholique N°3076 15 JUIN 2007
9
RENCONTRE
HENRY
au se
Bouffon
Propos recueillis par Aude LORNE
Henry Haas ? Un personnage !
Sur scène d’abord. En tant que directeur
de l’Ichthus Théâtre, il a donné à ce jour
avec sa partenaire Lucette Henin plus de
9000 représentations devant des jeunes,
collégiens et lycéens de France et de
Belgique. Il incarne à sa façon les
multiples
visages des
acteurs de
l’Evangile, de
l’Eglise, de notre
société, dans
des dialogues
élaborés sous sa
plume acerbe.
Chanteur
d’opéra ! Belge !
Agrégé en
philosophie et
lettres, diplômé
en histoire et en musicologie… il
prépare actuellement un livre sur la
religion musulmane en Europe. Ce père
de trois enfants enracine sa foi dans la
spiritualité de saint François d’Assise.
Car Henry est chrétien avant tout. Avec
une seule idée : l’annonce de l’Evangile
dans un style résolument moderne.
10 FRANCECatholique N°3076 15 JUIN 2007
■ Comment vous est venue votre vocation théâtrale et
missionnaire ?
Au sortir de l’adolescence, venant d’un milieu
non catholique, j’ai rencontré le Seigneur. Comme
je suis très entier, j’avais pensé lui consacrer mon
existence dans le cadre de la vie monastique.
J’avais choisi le Carmel. Mais très vite le Seigneur
m’a fait comprendre qu’il m’attendait plutôt en
mission. J’étais prêt à partir en Afrique, mais Dieu
m’a dit avec beaucoup d’humour : "En Afrique, il y
a déjà beaucoup de problèmes et si tu y vas cela
en fera un de plus !"
J’ai donc attendu. J’ai suivi une formation
bicéphale en milieu universitaire (philosophie et
lettres) et au conservatoire (art lyrique et art dramatique). J’ai ensuite commencé ma vie professionnelle comme chanteur et metteur en scène
d’opéra à travers l’Europe.
Voulant aller toujours plus loin dans la recherche de l’Evangile, j’ai enseigné pendant quatre
ans l’art oratoire dans une faculté de théologie.
En 1983, j’ai créé l’Ichthus Théâtre, synthèse
entre ma volonté de dire Dieu, mon sens pédagogique et ma formation théâtrale. Ainsi se réalise
ma vocation religieuse et d’homme de théâtre.
■ Vous vous qualifiez volontiers de bouffon. Que voulezvous dire par ce terme ?
Le bouffon est un personnage qui existe dans
toutes les civilisations, sous différents noms. A la
cour, il était le seul personnage qui pouvait se permettre de dire au roi qu’il se fourvoyait complètement. Il est donc une sorte de miroir, c’est ce qui
manque véritablement à nos élus d’aujourd’hui.
Quand un général romain revenait de guerre
après une série de victoires, il paradait et le serviteur qui portait la couronne de lauriers au-dessus
de la tête du vainqueur murmurait à son oreille :
"Souviens-toi que tu es mortel !"
Le bouffon est celui qui nous ramène à notre
HAAS
rvice de
vraie valeur, à notre véritable humanité. Les médailles, les diplômes, les glorioles et les honneurs
sont des signes extérieurs. Le propre de l’humain
est son intériorité, le rôle du bouffon est de l’aider
à la découvrir. Sous la forme d’un miroir, avec facétie, dans un discours vrai mais parfois surprenant, il est un véritable éducateur. N’oubliez pas
Molière : "Comedia castigat ridendo mores" (la
comédie corrige les mœurs en riant).
■ N’avez-vous pas peur de choquer en endossant le
personnage d’un bouffon pour annoncer le Christ ?
Evidemment cela dérange ! N’oubliez pas
St Paul : "Dieu a confondu nos sagesses".
Les juifs de l’époque attendaient un sauveur à cheval, dirigeant une armée, portant une couronne et des sabres pour les
libérer des Romains. Celui qui est venu
était monté sur un âne, le manteau était
rouge -celui du fou-, la couronne d’épines et
le sang qui va couler est son propre sang.
Les amis du Christ sont des pêcheurs, les
gens les plus communs. Jésus lui-même
l’Evangile
“La comédie
corrige
les mœurs
en riant”
va accepter une crucifixion dans la nudité totale.
Ce qui apparaît comme folie de la Croix devient
véritablement la sagesse de Dieu. Il y a un renversement des polarités. Le bouffon est celui qui renverse l’ordre des valeurs et qui remet l’homme à sa
vraie place. C’est à cela que je m’emploie dans
mes pièces.
Le christianisme médiéval avait bien compris
l’utilité de ce personnage qui pouvait se permettre
de parler en toute liberté. Aujourd’hui nous fuyons
ce bouffon qui ose dénoncer ce qui dans nos
sociétés va à l’encontre de l’Evangile mais il nous
poursuit, nous rattrape car il a rendez-vous avec
nous, dans nos consciences. Notre époque favorise
une agression et un viol perpétuel de la
conscience humaine. Regardez la publicité !
Le message du bouffon est aussi : "Quand tu
n’es plus ce que tu parais alors tu es toi". C’est
Gethsémani ! Dans l’Evangile de Luc, lorsque
Jésus entre en agonie, un ange (le souffle
de Dieu) vient l’aider et Jésus transpire
des gouttes de sang. C’est une lutte
totale de la vacuité, c’est la kénose.
FRANCECatholique N°3076 15 JUIN 2007
11
RENCONTRE
De même pour l’homme, lorsqu’il se vide de la
gloire, du renom, de l’argent, il peut se retrouver
face à lui-même.
■ Le bouffon n’est pas qu’un critique, c’est aussi quelqu’un qui fait rire…
L’humour
de Dieu
est
déconcertant
Absolument ! On rit beaucoup avec l’Ichthus
Théâtre, même si certains
rient moins que d’autres… On
ne rit pas souvent au parlement chinois, on ne rit pas
beaucoup au pays des Soviets,
on ne rit pas dans les pays
totalitaires, ni devant les fascistes. Malheureusement
l’Eglise a trop souvent perdu
ce rire. Si nous prenions le
temps d’étudier avec quel
humour celle du Moyen Age
célébrait le Mardi Gras, nous
en resterions pantois !
Nous sommes des chrétiens de la Croix et non ceux
du tombeau vide. L’humour de
Dieu est déconcertant : Jésus
est dans un tombeau et il en
sort. C’est une provocation
envers la mort. C’est là le rire
le plus absolu.
Un chrétien est un homme
qui rit. Le bouffon nous rappelle que le rire est le
langage des hommes. J’ai étudié l’humour dans
l’islam, dans les communautés africaines et à tra-
Un nouveau manifeste
Catholique ridiculisé, insulté, brocardé, Catholique
méprisé, chahuté, blessé, Catholique longeant les murs
la tête basse, Catholique peureux, Catholique honteux…
Ces temps sont révolus et ne reviendront plus ! Le
catholique du XXIe siècle bondit de joie, crie
d’enthousiasme, chante sa foi, partage ses rêves et ses
espérances, annonce Jésus-Christ fils de Dieu ressuscité.
Fidèle à Dieu et à l’Église, il lance sur le monde une
overdose d’amour! Catholique : la force et la foi de dire
ses convictions afin d’aimer l’autre au travers des
différences… que du bonheur !
C’est ce message de paix et de vérité que nous envoient un évêque et un poète,
tous deux philosophes.
Mgr André-Mutien Léonard, né en 1940, licencié en théologie, docteur et maître
agrégé en philosophie, membre de la Commission théologique internationale
depuis 1987, est évêque de Namur (Belgique) depuis 1991. Comme prêtre, il a
vécu la majeure partie de son ministère auprès des jeunes. Dans sa vie d’évêque, il
attache une importance capitale à la rencontre personnelle avec tous ses
diocésains. En février 1999, il a prêché la retraite de Carême au Vatican, pour le
pape et la Curie romaine.
Aux éditions du Jubilé, 320 pages, 16
e
12
FRANCECatholique N°3076 15 JUIN 2007
vers le monde et j’ai relevé un point commun : le
rire est la désacralisation de nos formes et la mise
en évidence de ce qu’il y a de plus beau, l’être
humain.
■ Vos jeunes spectateurs rient en particulier dès que
vous abordez certaines questions délicates telles que
la sexualité. Pourquoi rit-on à ce moment-là ?
Parfois parce que c’est drôle
mais aussi parce que cela
dérange. Une pièce fonctionne sur le mode "tensiondétente". Vous avez toujours
une seconde tragique, une
seconde comique. C’est le vaet-vient de la vie, le rire est
comme le balancier de la
conscience humaine.
Il y a pourtant des sujets
particuliers qui font rire sans
que leur contenu ne soit spécifiquement drôle. C’est le cas
de la sexualité. Pourquoi riton du sexe ? Parce que le rire
vient conjurer les peurs.
N’oubliez pas que le sexe c’est
la vie et la mort.
L’humain fonctionne sur
trois axes : la sexualité, la territorialité et la domination.
Dès que le sexe entre en ligne de compte, il fait
peur et est victime de tabou. Voyez le mot "spermatozoïde" : c’est un terme scientifique, il signifie
semence, il n’y a pas de quoi rire. Quand vous le
prononcez devant un enfant de douze ans, il se
contorsionne sur son siège. Si vous lui parlez du
nez ou de l’oreille, il ne rira pas. C’est donc qu’il y
a une peur, un tabou. Dans son éducation on ne lui
a pas parlé de la sexualité comme d’un phénomène tout à fait normal. Comme il y a une peur, il
y a souvent déviance. Comme il y a déviance, il y a
tabou. Quand il y a occultation, il y a tabou.
Parlons de la sexualité de manière ouverte en lui
rendant ses lettres de noblesse : je suis né sexué, la
sexualité est du grand art et malheureusement je
crois que dans ce domaine peu de gens sont artistes.
"Aime et fais ce que tu veux" disait saint
Augustin. Le sexe appartient à l’amour, il exprime le don d’une personne à une autre et la
sexualité ne peut jamais être réduite à un acte
technique. Il serait grand temps que les médias
le comprennent.
■ Vos spectacles se terminent par un échange avec les
jeunes qui peuvent vous poser des questions.
Comment arrivez-vous à les provoquer ?
J’utilise la technique de Bertold Brecht à
laquelle j’ai été formé. Ce qu’il a fait pour la pensée marxiste, je l’ai adapté à la réflexion catholique et chrétienne. C’est un théâtre d’interpellation, de distanciation. Je préviens les spectateurs
dès le départ : vous allez voir une série de situations et je vous demande simplement d’ingérer la
chose afin qu’elle vous amène à une réflexion. Le
théâtre brechtien peut modifier le système de
pensée et le comportement de l’individu.
La représentation terminée, je reviens vers le
public afin de réaliser la synthèse des thèmes
abordés : "On a parlé des parents, de la violence,
de l’amour, de la drogue, du racisme et de Dieu
surtout. Et bien, par rapport à ce que vous vivez,
par rapport aux situations théâtrales que vous
avez vues, si vous avez des questions à poser,
allez-y."
Un public de 70 à 80 élèves génère facilement
30 à 40 questions. Celles-ci peuvent être orales ou
écrites de manière anonyme.
■ Quel type de questions vous posent-ils ?
Les questions sont les plus diverses, les plus
disparates. Cela va de la petite fille de 7 ans qui
est malheureuse parce qu’elle a perdu son chien à
l’enfant de 12 ans qui ne comprend pas pourquoi
son père l’a abandonné ou l’adolescent de 16 ans
qui plonge dans la drogue.
Bien sûr, nous rappelons aux jeunes qu’il y a
les parents, les professeurs, les psychologues et les
médecins pour apporter réponse à leurs questions
et à leurs angoisses. Notre éclairage à nous est
avant tout spirituel, c’est si rare à notre époque.
Au travers de nos différents ouvrages : “Au
secours, où est ton Dieu ?, " Dieu est fou… d’amour
pour toi", "Le Jésusctionnaire", nous nous efforçons d’apporter une aide efficace aux adolescents.
Nous recevons 10 lettres par semaine et chacune
reçoit une réponse personnalisée. Nous avons
concentré différents thèmes dans notre dernier
ouvrage "Répondre sans tabou". Dans ce livre, le
lecteur trouvera réponse à 160 questions récurrentes parmi les sujets les plus divers.
■ L’Ichthus Théâtre rencontre des jeunes depuis plus de
20 ans maintenant. Au fil du temps, avez-vous constaté une évolution dans les questions posées ?
Bien évidemment. Les jeunes sont toujours les
mêmes mais au vu des moyens de communication
et surtout avec le développement d’Internet, ils
osent aborder certains thèmes que nous n’aurions
pu imaginer il y a une dizaine d’années.
C’est pourquoi, en tant que responsable de
l’Ichthus Théâtre, je dois toujours être à la pointe
des connaissances afin d’être en mesure de proposer les réponses les plus adéquates.
Des problèmes de drogue se rencontrent parfois chez des jeunes de 13 ans, la violence se vit
dans les cours des écoles primaires, les insultes
fusent et trop souvent les enfants reproduisent à
l’école un climat détestable vécu au quotidien.
Quelle que soit la question du jeune, quel que
soit l’âge de l’adolescent, nous nous efforçons de
répondre avec vérité et surtout avec amour car
c’est toujours l’Evangile et sa bonne nouvelle qui
doivent transparaître dans nos propos. C’est à dessein qu’avec M gr Léonard nous avons publié
"Catholique… que du bonheur !", voulant montrer
par là que c’est dans la joie et la paix qu’un chrétien doit vivre.
■ Vous dites annoncer l’Evangile mais vos pièces sont
très ancrées dans l’actualité…
FRANCECatholique N°3076 15 JUIN 2007
13
RENCONTRE
Absolument. Voyez les titres : "Télévangile", " Il
y a 2000 ans qu’on en parle" ou "Tenue d’Adam".
Pour nous, l’Evangile s’enracine dans le quotidien,
dans le vécu des gens. Ce n’est pas seulement un
événement historique il y a 2000 ans, mais une
réalité pour les temps d’aujourd’hui.
Méfions-nous des mots en – isme comme
communisme, marxisme voire même catholicisme
ou protestantisme. Etre chrétien c’est rencontrer
une personne : Jésus-Christ. Jésus Christ c’est Dieu
qui s’est incarné dans un temps donné mais dont
l’incarnation est omniprésente.
L’Evangile, les paraboles,
les miracles sont absolument
contemporains. Aujourd’hui
plus que jamais nous avons
besoin de Dieu, du Sauveur.
Jésus nous donne une clef
pour toute l’existence : "Aime
Dieu de tout ton cœur, de
toute ton âme, de tout ton
esprit et aime ton prochain
comme toi-même". Ainsi
doit-on incarner le message
de l’Evangile dans notre vie
quotidienne.
Ce que disent souvent les
jeunes - et c’est pour cela
qu’ils adhèrent à notre
démarche - : "Vous nous avez
parlé de Dieu en nous parlant de nos vies". Trop souvent l’Eglise a été en décalage avec le quotidien des
gens. A l’Ichthus, et à l’image
de Jésus, nous essayons d’abord de toucher une personne, un jeune, un adolescent.
Tout comme le Christ parlait
à Zachée, Pierre et la
Samaritaine au cœur de leurs vies, nous rencontrons les jeunes au beau milieu de leurs existences.
Nous enracinons notre démarche dans la force du
Saint Esprit.
■ En annonçant l’Evangile dans les écoles catholiques,
ne vous adressez-vous pas à un public de
convaincus ?
En France, les portes de l’enseignement public
nous sont fermées parce que l’on ne peut pas y
parler de Dieu. Les signes extérieurs religieux ne
sont pas acceptés, alors vous pensez bien que l’on
ne peut pas supprimer des heures de cours pour
annoncer l’Evangile.
Vous pourriez penser alors qu’en me produisant
dans des milieux essentiellement catholiques, je ne
m’adresse qu’à des chrétiens. C’est totalement
faux ! S’il y a encore 3 à 4 % de chrétiens dans
14 FRANCECatholique N°3076 15 JUIN 2007
l’enseignement catholique on peut s’estimer heureux ! Beaucoup d’écoles, collèges et lycées catholiques n’annoncent plus Jésus-Christ, ce qui est
très grave. Le fondateur des frères de Ploërmel
répétait souvent : j’ai fait de mes élèves des savants
alors que j’aurais dû en faire des saints.
Le propre d’une école chrétienne devrait être
de ne perdre aucun de ses enfants, de n’éliminer
personne.
On ne doit pas inscrire son enfant dans un établissement catholique parce que c’est payant,
parce que l’on y réalise de bonnes moyennes, parce
que l’on n’y dit pas trop de
gros mots et parce qu’il
n’y a pas trop d’étrangers.
On devrait faire ce choix
parce que l’école chrétienne offre d’abord une
annonce de l’Evangile, un
témoignage de la foi en
proposant aux jeunes une
vie sacramentelle enracinée dans le message
de l’Eglise.
■ Vous parcourez la France
et la Belgique. Voyez-vous
une différence entre les
deux systèmes d’éducation religieuse ?
S’il y a
encore
3 à 4% de
chrétiens
dans
l’enseignement
catholique,
on peut
s’estimer
heureux
Force est de constater
qu’il y a des différences.
Par exemple, en Belgique,
dans les écoles publiques,
il y a des cours de religion
obligatoires, deux heures
par semaine de la 6e à la
terminale. Vous avez le
choix : religion catholique, protestante, musulmane, juive ou pensée laïque. On ne vous demande
pas d’être croyant, on vous propose de ne pas rester ignorant.
En France, tant dans l’école publique que dans
l’école catholique, l’enseignement de la religion est
réduit à la portion congrue et nous nous trouvons
de plus en plus au cœur d’un désert spirituel.
Il y a un véritable travail d’évangélisation, un
travail apostolique. Ichthus s’inscrit complètement
dans cette démarche et ne fonctionne pas en
électron libre, il puise sa force dans l’Eglise.
■ Vous faites parfois allusion au Coran. Original pour un
chrétien, non ?
Un chrétien peut puiser dans tout ce qui est
spirituel. Il n’y a pas de frontières dans la foi. C’est
l’esprit d’ouverture. Le chrétien que je suis s’a-
dresse à des groupes qui peuvent se composer à
25 % d’élèves musulmans, parfois plus. Il est
important de le savoir.
A l’image de saint François qui a rencontré le
sultan dans l’amour et dans la paix, je me dois en
tant que chrétien de partager avec l’autre au travers de nos différences. Ma connaissance du Coran
et de la vie du prophète me permet un véritable
dialogue avec les musulmans. Si nous abordions
les autres en connaissant leur foi et leur culture,
cela nous éviterait souvent bien des désagréments.
N’oublions jamais que l’intolérance est fille de l’ignorance.
■ Pour vous, qu’est-ce qu’un jeune bien formé, aujourd’hui ?
Un jeune bien formé est déjà un jeune qui ne
serait pas déformé. Je pense que la société d’aujourd’hui déforme, en exaltant de fausses valeurs,
comme le mercantilisme, la gloriole, le matérialisme.
La vraie éducation c’est aimer. Les adolescents
d’aujourd’hui sont victimes de la maladie des adultes. Parents peu attentifs se débattant au cœur de
problèmes trop lourds pour eux, familles déchirées,
dettes, excès de travail sont bien souvent des éléments qui perturbent et détruisent l’éducation. La
famille doit rester le centre par excellence où l’enfant peut puiser les éléments propres à son épa-
Un jeune
bien formé
est déjà un
jeune qui ne
serait pas
déformé
nouissement. L’amour reste le maître mot.
Valoriser, positiver, encourager, voilà les attitudes
qui peuvent contribuer à la réussite d’une adolescence heureuse. C’est le message de l’Eglise, trop
peu relayé par les médias. C’est avec force que les
papes ont mis en évidence la famille, c’est cela
aussi que nous voulons encourager au travers de
notre démarche.
Indirectement, en m’adressant a des adolescents, c’est aux parents que je parle comme le
confirme un de mes ouvrages "Au nom des pères,
des mères et des enfants". ■
Ichthus Théâtre
16 pièces de théâtre dont 12 en cours, environ 420 représentations
dans 80 établissements scolaires chaque année, des livres, avec en
particulier:
"Répondre sans tabou", coll. Guide Totus, Editions du Jubilé, 14 €
"La non-violence", coll. Guide Totus, Editions du Jubilé, 11 €
"Régimes de Vie", coll. Guide Totus, Editions du Jubilé, 13 €
"Au nom des pères, des mères et des enfants",
coll. Guide Totus, Editions du Jubilé, 14 €
"L’Evêque et le fou", éditions du Jubilé, avec Mgr Léonard.
Un site internet (présentation des pièces, tournées…)
www.ichthus-theatre.com
une adresse postale où contacter l’auteur:
Henry Haas Bd Wahis, 32 bte 20
B 1030 Bruxelles, Belgique
FRANCECatholique N°3076 15 JUIN 2007
15
ESPRIT
En
mémoire des jours
Le passé présent
Par
Robert Masson
vec ces élections,
présidentielle puis
législatives, il s’est
produit quelque chose qui
n’est pas seulement de
l’ordre d’une passation de
pouvoir, ni même d’un seul
changement de génération.
Cela ressemble à un réveil d’opinion, dans un pays
qui finissait par douter de
lui-même, dans un monde
où l’avenir se dérobe.
Alors qu’il n’est plus
question que de mondialisation et de délocalisation,
avec toutes les conséquences que l’on sait pour
notre propre devenir, le
sursaut des idéaux, au premier comme au second
tour de la présidentielle,
fut le signal d’une reprise
en main de notre destin.
Avec des taux de participation inégalés à ce jour, le
corps électoral a montré sa
détermination, et sa volonté de ne plus subir. On
ne peut que s’en réjouir. On
a eu l’impression de vivre
un de ces moments qui
comptent dans la vie des
peuples.
Bien avant la proclamation des résultats, on disait
que la France était d’une
A
16 FRANCECatholique N°3076
voix assez unanime, pour
l’essentiel. Les uns et les
autres reprenaient notamment, dans des termes approchants, ce qui ressemblait à une célébration de
l’idée nationale. Ce qui
s’est passé depuis n’a fait
que confirmer ce sentiment
d’identité nationale, qui
dispose désormais, dans les
instances établies, d’une
place apparente.
Le passé fut appelé en
une sorte de retour sur
image, pour évoquer des
heures glorieuses propres à
éclairer notre présent. Ce
fut cette commémoration
des 35 assassinés du Bois
de Boulogne, assassinat
imputable en partie à la
trahison d’un Français, infiltré par l’ennemi, pour lui
communiquer des informations. On trouve réunis,
dans ce drame du Bois de
Boulogne, le meilleur et le
pire.
Ainsi va l’Histoire, qui
n’est pas seulement faite
d’héroïsme. La lettre de
Guy Moquet, militant
communiste fusillé par une
armée allemande alors au
plus haut de sa puissance,
s’inscrit quant à elle dans
un registre indiscutable de
vraie grandeur. Il n’était
que de voir l’émotion des
visages, à l’évocation d’une
des dernières lettres de ce
garçon, assassiné à 17 ans.
Les enfants de France
pourront méditer ce document, à la rentrée, quand
lecture leur sera faite, à
tous, de ce moment de
notre Histoire que leurs
professeurs sauront leur
expliquer.
15 JUIN 2007
Aux premières heures
d’un nouveau mandat présidentiel, il était bon de
revenir au souffle d’une
Histoire, qui est le contraire
même de l’abandon. Des
enfants de France apprendront à nouveau de qui ils
sont les fils et les filles, à
l’exemple de l’un d’entre
eux, qui ne dépasserait
jamais leur âge.
Le passé, fût-il de gloire,
ne dispense pas de regarder en face les réalités
d’aujourd’hui. Celles précisément qui sont à la source
de nos doutes et de nos
angoisses. De quel droit la
France peut-elle encore
peser sur le cours d’une
Histoire mondiale qui n’obéit plus aux normes
d’hier ?
Dans les larmes, la
France et l’Allemagne ont
retrouvé les chemins d’un
avenir commun et forcément pacifié. Il reste à l’élargir aux dimensions d’un
continent, où d’autres nous
ont rejoints ou aspirent à
le faire, pour prendre place
à la table commune. C’est
le grand défi d’une Europe
qui tarde à prendre forme
comme tout l’y appelle
pourtant.
Il s’en faut que le débat
électoral ait éclairé les
choses. Les ajouts que l’on
voudrait espérer proches
ne sont pas pour demain.
Ce n’est pourtant pas le rétrécissement à nos frontières d’hier qui peut nous
préparer dans des termes à
la mesure du réel. Les soucis de l’immédiat se font
présents, et l’on comprend
la hâte de nos nouveaux
dirigeants devant l’urgence
des dossiers en cours.
L’état de grâce, qui fait
toujours suite aux périodes
de renouvellement, ne va
pas durer au-delà de ces
trêves que les citoyens
accordent généralement à
leurs dirigeants, quand ils
viennent de leur donner
mandat. Pour tenir leurs
promesses, tout d’abord.
Elles n’ont pas manqué,
dans les propos d’avant
scrutin. Il n’est pas sûr
qu’elles puissent être
tenues dans les ténèbres.
On ne peut pas pour autant désespérer. D’une
manière ou d’une autre, il
faudra bien faire les efforts
que d’autres ont faits, ou
s’apprêtent à faire.
Le choix européen se
montre un peu plus favorable, mais l’énergie
semble impatiente de
s’employer, dans le contexte d’un élan qu’il s’agit
d’inscrire dans la durée. Ce
qui n’est pas le plus facile.
La démocratie est tout de
même gagnante.
Une ardente aspiration
au changement s’est élevée
dans ce pays, et elle fut
largement observée par les
voisins, et bien au-delà. Les
législatives ont confirmé
les résultats de la présidentielle. Le pari reste engagé,
et il nous concerne tous,
majorité et opposition.
Il se passe décidément
des choses, en France. A
nous de n’en rien perdre.
Pour qu’en effet, ce passé
ne reste pas seulement
présent, mais qu’il devienne ferment d’un nouvel
âge. ■
PIE XII
"Documents et témoignages ont amplement prouvé l’inconsistance totale de
la légende noire sur le pape Pie XII", a
affirmé le cardinal Tarcisio Bertone,
secrétaire d’Etat, lors de la présentation, à Rome, le mardi 5 juin 2007 du
livre d’Andrea Tornielli Pie XII, Eugenio
Pacelli. Un homme sur le trône de
Pierre. Grâce à la traduction réalisée
par l’agence Zenit, nous reproduisons
le début de cette conférence.
ZF07060514
1. Une légende "noire"
La figure d’Eugenio Pacelli, le pape
Pie XII, est désormais depuis des décennies, au centre de polémiques très enflammées. Le pontife romain qui a
guidé l’Eglise pendant les années terribles de la seconde guerre mondiale et
ensuite de la Guerre froide est victime
d’une légende noire qui a fini par s’affirmer au point de rendre très difficile
de l’égratigner, même si les documents
et les témoignages ont amplement
prouvé son inconsistance totale. L’une
des déplaisantes conséquences pour
ainsi dire "secondaires" de cette
légende qui dépeint faussement le pape
Pacelli comme indulgent pour le
nazisme et insensible au sort des
victimes de la persécution – est d’avoir
fait complètement oublier l’extraordinaire magistère de ce pape qui a été
le précurseur du concile Vatican II.
Comme il est arrivé aux deux autres
papes du même nom - le bienheureux
Pie IX, dont on ne parle que pour les
thèmes liés à la politique du Risorgimento, et saint Pie X, souvent uniquement évoqué pour sa vaillante bataille contre le modernisme – pour Pacelli aussi, on risque de réduire tout son
pontificat à la question de ses "silences"
prétendus.
2. L’activité pastorale de Pie XII
Je suis donc ici ce soir pour offrir un
bref témoignage à un homme d’Eglise
qui, en raison de sa sainteté personnelle, resplendit comme un témoin
lumineux du sacerdoce catholique et
du souverain pontificat. Non que je
n’aie déjà lu beaucoup d’essais
intéressants sur la figure et l’œuvre du
pape Pie XII, depuis les très connus
Actes et Documents du Saint Siège,
jusqu’aux biographies de Nazareno
Padellaro, Sœur Marchione, du Père
Pierre Blet... Pour ne pas parler des
Discours de guerre du pape Pacelli,
qui, si vous le voulez, sont disponibles
en format électronique, et que je trouve
absolument intéressants aujourd’hui encore, pour la doctrine, l’inspiration
pastorale, la finesse du langage littéraire, pour la force humaine et
civique. En somme, j’en savais déjà pas
mal à propos du Pastor Angelicus et du
Defensor Civitatis. Il faut cependant être
reconnaissant à M. Andrea Tornielli
qui, dans cette biographie corpulente et
documentée, puisant à de nombreux
inédits, nous restitue la grandeur et
l’entièreté de la figure de Pie XII, nous
fait approfondir son humanité, nous fait
redécouvrir son magistère. Il nous rappelle, par exemple, son encyclique sur
la liturgie, sa réforme des rites de la
Semaine sainte, le grand travail prépa-
ratoire qui débouchera sur la réforme liturgique conciliaire. Pie XII ouvre
l’application de la méthode historicocritique pour l’Ecriture Sainte, et dans
l’encyclique "Divino afflante Spiritu", il
établit les normes doctrinales pour
l’étude de l’Ecriture Sainte, en mettant
en relief son importance et son rôle
dans la vie chrétienne. C’est encore le
pape Pacelli qui, dans l’encyclique
Humani generis, a pris en considération, avec prudence cependant, la
théorie de l’évolution. Pie XII donne
aussi une impulsion notable à l’activité
missionnaire par les encycliques Evangelii Praecones (1951) et Fidei donum
(1957, dont c’est le 50e anniversaire),
mettant en relief le devoir de l’Eglise
d’annoncer l’Evangile aux peuples,
comme le concile Vatican II le fera
amplement. Le Pape refuse de faire
coïncider le christianisme avec la
culture occidentale, comme avec un
système politique déterminé. Et ceci :
Pie XII est aujourd’hui encore le pape
FRANCECatholique N° 3076 15 JUIN 2007 17
qui a donné le plus de place aux
femmes dans ses canonisations et
béatifications : 54,4% des canonisations et 62,5% des béatifications.
Du reste, ce pontife avait parlé à
plusieurs reprises des droits des
femmes, en affirmant par exemple,
dans son message radio au congrès du
CIF de Lorette en octobre 1957, que la
femme est appelée à exercer "une
action décisive" aussi dans le domaine
politique et juridique.
3. Accusations injustifiées
Ce sont seulement des exemples qui
montrent ce qu’il reste à redécouvrir,
dans le magistère du Serviteur de Dieu
Eugenio Pacelli. J’ai été frappé par de
nombreuses allusions du livre de Tornielli d’où émergent la lucidité et la
sagesse du futur pontife, pendant les
années où il était nonce apostolique
tout d’abord à Munich, en Bavière, et
ensuite à Berlin, ainsi que de nombreux
traits de son humanité. Grâce à la
correspondance inédite de Frère
Francesco, nous apprenons certains
jugements sur le mouvement nationalsocialiste naissant, et le grand et grave
drame intérieur vécu par le Pontife au
temps de la guerre, à propos de
l’attitude à adopter face à la
persécution nazie.
Pie XII en parle à plusieurs reprises,
au cours de ses messages radio – et
c’est donc tout à fait déplacé de
l’accuser de "silences" – mais il choisit
un profil prudent. Pour ce qui est des
"silences", je signale volontiers un
article bien documenté du prof. Gian
Maria Vian, publié en 2004, dans la
revue Archivum historiae pontificiae,
sous le titre : "Le silence de Pie XII : aux
origines de la légende noire". Il dit
entre autres que le premier à
s’interroger sur "les silences de Pie XII"
a été Emmanuel Mounier, en 1939, à
peine quelques semaines après son
élection comme souverain pontife, et
en relation avec l’agression italienne en
Albanie. Sur ces questions s’est greffée
une dure polémique, de matrice soviétique et communiste, reprise,
comme nous le verrons, par des
personnalités de l’Eglise orthodoxe
russe.
Rolf Hochhuth, auteur du drame Le
Vicaire, la pièce de théâtre qui a contribué à déchaîner la légende noire
contre Pie XII, a défini ces jours-ci,
dans une interview, le pape Pacelli
comme un "lâche démoniaque", tandis
que des historiens fauteurs de la pensée
unique anti-Pie XII en arrivent même à
appeler "brigadiste pacellien" ceux qui
ne pensent pas comme eux, et qui
18 FRANCECatholique N°3076 15 JUIN 2007
osent manifester un point de vue
différent du leur sur ces événements.
On ne peut donc pas ne pas dénoncer
ce massacre du bon sens et de la raison
souvent perpétré sur les pages des
journaux.
4. Une date historique bien précise
Il me semble utile de souligner
combien l’œuvre de Tornielli ramène à
la lumière des œuvres déjà connues
des historiens sérieux. C’est l’un des
mérites que je considère comme
fondamentaux de ce volume dont nous
parlons aujourd’hui, en tenant compte
de l’époque très triste à laquelle a vécu
le pape Pacelli, dont la voix, dans le
tourbillon du second conflit mondial et
de l’opposition des blocs qui a suivi,
n’a pas joui de la faveur des pouvoirs
constitués ou des pouvoirs de fait.
Combien de fois "l’électricité manquait"
à Radio Vatican pour faire entendre la
voix du pontife ; combien de fois, "le
papier manquait" pour reproduire ses
pensées et ses enseignements qui
dérangeaient ; combien de fois, un
incident faisait "perdre" les exemplaires
de L’Osservatore Romano rapportant
des interventions, des éclaircissements,
des mises au point, des notes politiques… Aujourd’hui cependant, grâce
aux moyens modernes, ces sources sont
amplement reproduites et disponibles.
M. Tornielli les a cherchées et les a
trouvées comme en témoigne le grand
corpus de notes qui complètent la publication actuelle. Je voudrais attirer
l’attention sur une date importante. La
figure et l’œuvre de Pie XII, louée et
remerciée avant, durant et immédiatement après le second conflit mondial,
commence à être observée d’un autre
œil à une époque historique bien
précise, qui va d’août 1946 à octobre
1948. Le désir du peuple d’Israël martyrisé d’avoir sa propre terre, un refuge
sûr, après les "persécutions d’un antisémitisme fanatique, qui s’est déchaîné
contre le peuple juif" (allocution du 3
août 1946), était compréhensible, mais
ils étaient également compréhensibles
les droits de ceux qui vivaient déjà en
Palestine et qui attendaient eux aussi
respect, attention, justice, et protection.
Les journaux de l’époque relatent
amplement l’état de tension qui se
manifestait dans la région mais, puisqu’ils n’ont pas voulu entrer dans les
raisonnements et les propositions de
Pie XII, ils ont commencé à prendre
position, les uns d’un côté, les autres
de l’autre, en idéologisant ainsi une réflexion qui se développait de façon articulée et attentive aux critères de
justice, d’équité, de respect, de légalité.
Pie XII n’a pas seulement été le pape de
la seconde guerre mondiale, mais un
pasteur qui, du 2 mars 1939 au 9 octobre 1958, a eu devant lui un monde
dupé par des passions violentes et
irrationnelles. C’est alors qu’a commencé à prendre corps une incompréhensible accusation contre le Pape
de ne pas être intervenu comme il
l’aurait dû en faveur des juifs persécutés. A ce propos, il me paraît important de reconnaître cependant que
qui est exempt de fins idéologiques et
aime la vérité, est bien disposé pour
comprendre plus à fond, en toute
sincérité, un pontificat long, fructueux,
et, à mon avis, héroïque. Un exemple
en est le récent changement d’attitude,
y compris au grand sanctuaire de la
mémoire qu’est le Yad Vashem à Jérusalem, pour reconsidérer la figure et
l’œuvre du pape Pacelli, non d’un
point de vue polémique, mais sous un
angle objectivement historique. Il est
hautement souhaitable que cette bonne
volonté manifestée publiquement
puisse avoir une suite adéquate.
5. Le devoir de la charité envers tous
Le 2 juin 1943, à l’occasion de la
fête de Saint Eugène, Pie XII a exposé
publiquement les raisons de son attitude. Avant tout, le pape Pacelli parle
de nouveau des Juifs: "Que les chefs
des peuples n’oublient pas que celui
qui (pour utiliser le langage de la Sainte
Ecriture) porte l’épée ne peut disposer
de la vie et de la mort des hommes que
selon la loi de Dieu, dont vient tout
pouvoir". "Et ne vous attendez pas,
continue Pie XII, à ce que nous exposions ici en détail tout ce que nous
avons tenté ou réussi à accomplir pour
adoucir leurs souffrances, améliorer
leur situation morale et juridique,
protéger leurs droits religieux imprescriptibles, subvenir à leurs besoins
et nécessités. Chaque parole prononcée
par nous dans ce dessein aux autorités
compétentes et chaque intervention
publique, devaient être soigneusement
pesées et mesurées par nous, dans
l’intérêt même de ceux qui souffraient,
pour ne pas rendre leur situation,
même sans le vouloir, plus grave et
plus insupportable. Hélas, les améliorations visibles obtenues ne correspondent pas à la sollicitude maternelle
de l’Eglise en faveur des groupes
particuliers, sujets aux sorts les plus
terribles … et le vicaire, tout en demandant compassion pour eux, et un retour
aux normes les plus élémentaires du
droit et de l’humanité, s’est parfois trouvé devant des portes que personnes ne
voulait ouvrir ".
(à suivre)
LASSALIENS
À l’issue de leur 44 e Chapitre, à
Rome, les Frères des Écoles Chrétiennes
ont réélu, pour un nouveau mandat de
sept ans, Frère Álvaro Rodríguez, Supérieur général des Lasalliens.
Fondés en 1680 par saint JeanBaptiste de La Salle, les Lasalliens
animent, dans 82 pays des cinq continents, plus d’un millier d’œuvres éducatives, scolaires et universitaires, au
service d’enfants, de jeunes et d’adultes
en formation.
Leurs priorités sont :
- droits de l’enfant, et respect de la vie
des débuts à la fin ;
- droits à l’éducation pour tout enfant
ballotté par les flux migratoires ;
- initiatives face aux souffrances familiales ;
- engagements dans la réflexion urgente
des questions de bioéthique ;
- réponses aux questions de sens et
annonce de la Parole de Jésus pour que
"tous aient la vie, et la vie en abondance".
Première congrégation enseignante,
les Lasalliens accueillent en France
106.000 élèves et étudiants dans 150
établissements, avec 10.000 enseignants et cadres d’éducation, et 3.000
personnels administratifs et de service.
Au niveau mondial, dans 82 pays
des cinq continents, 5.300 Frères et
80.000 laïcs et religieux sont engagés
sur différents terrains de promotion de
la justice et de transformation sociale notamment dans des pays qui élaborent
difficilement des conduites démocratiques -, rejoignant 1.300.000 élèves et
étudiants, et leurs familles, dans plus
d’un millier de centres éducatifs
lasalliens.
ST-JEAN DE DIEU
Frère Alain-Samuel Jeancler a été
élu Supérieur provincial de France de
l’Ordre Hospitalier de Saint Jean de
Dieu, lors du chapitre qui s’est déroulé
à Dinan du 26 mai au 1er juin 2007. La
congrégation dont le charisme est
d’abord de soigner les pauvres, a été
érigée en 1572 et est arrivée en France
en 1601.
MGR LUSTIGER
Tous les académiciens étaient là,
soudain la porte s’est ouverte. Une
chaise roulante est entrée dans la salle
historique : Mgr Jean-Marie Lustiger
s’est retrouvé alors au milieu de tous les
membres de l’Académie Française, il
est venu là, souffrant d’une maladie très
grave, il est venu pour dire A Dieu, en
deux mots ; le moment fut très fort, les
propos du Cardinal ont marqué chacun
pour toujours ; c’était à l’occasion de
l’élection de Max Gallo au fauteuil de
Jean-François Revel, qu’ils le voyaient
pour la dernière fois.
Le Cardinal a annoncé qu’il partait
vers l’éternité : “au ciel les premiers
sont les derniers, donc je pense que je
serai là-bas le premier à m’occuper, à
prier, à avoir tous les soins possibles et
tous mes voeux vis-à-vis de l’Académie”. L’homme de Dieu a marqué tous
les cœurs à jamais. De nombreux académiciens ont témoigné d’un moment
unique et d’une intense émotion, telle
que rarement l’Académie n’a pu en
vivre une semblable. Tous ont eu la
voix coupée après les propos de l’Archevêque.
Sur RTL , Jean-Marie Rouart, très
ému à décrit la scène avec un respect
profond : Mgr Lustiger "avait pris certainement beaucoup sur lui-même,
mais on sentait une ferveur [...] les paroles que l’on prononce dans ces moments, devant des amis que l’on ne
reverra plus, elles ont un poids [...]. Cela serre le cœur, je ne vous le cache
pas, mais je pense que cette scène était
un moment de communion".
Le Cardinal avait annoncé au mois
d’avril qu’il avait été admis à la Maison
médicale Jeanne-Garnier, l’établissement parisien de soins palliatifs. Agé
de 80 ans, l’archevêque émérite de Paris avait écrit en octobre dernier une
lettre au clergé parisien pour annoncer
que les médecins lui avaient diagnostiqué fin septembre une "grave maladie
qui nécessite un traitement lourd".
J’ai connu durant cinq ans le Séminaire de Paris, j’ai connu par grâce Mgr
Lustiger, et c’est avec une émotion
immense que je m’unis en prière avec
cet homme qui m’a intensément appris
l’amour de Dieu.
Benjamin Pyrz, www.radinrue.com
AFGHANISTAN
L'une des grandes figures du journalisme afghan a été assassinée dans la
nuit du 5 au 6 juin 2007 à Jabalussaraj,
dans la province de Parwan (au Nord
de Kaboul). Directrice de radio Sada-eSulh (Voix de la Paix) depuis sa création en 2001, Zakia
Zaki était également directrice
d'une école.
Zakia Zaki, 40
ans, mère de famille, et membre de
l'Assemblée constituante en 2003,
avait reçu des menaces de mort de la
part de chefs de
guerre locaux, le JaZakia Zaki
miat-i-Islami (Rassemblement Islamique) lui avait interdit
d'interviewer des femmes.
Elle avait été formée par l'ONG
Aina, grâce à laquelle 1000 Afghans,
femmes et hommes, ont appris le métier de journaliste (presse, radio, photographie, vidéo) et ont pu faire vivre
un certain nombre de médias libres.
Elle faisait partie de la première promotion de femmes journalistes formées
après la chute des taliban, en 2001.
© AINA
On trouve donc déjà exposée ici, au
milieu de l’année 1943, la raison de la
prudence avec laquelle Pacelli a agi
pour ce qui concerne des dénonciations publiques : "Dans l’intérêt des
personnes souffrantes elles-mêmes,
pour ne pas rendre leur situation plus
grave". Des paroles qu’il me semble
entendre en écho dans le bref discours
prononcé par Paul VI le 12 septembre
1964, aux catacombes de SainteDomitille. A cette occasion, le pape
Montini a dit : "Le Saint-Siège s’abstient
de hausser plus fréquemment et avec
plus de véhémence la voix légitime de
la protestation et de la déploration, non
parce qu’il ignore ou néglige la réalité
de la chose, mais en raison d’une
pensée empreinte de patience
chrétienne, et pour ne pas provoquer
des maux plus graves".
Dans la deuxième moitié des
années soixante, Paul VI se référait aux
pays d’au-delà du Rideau de fer,
gouvernés par le communisme totalitaire. Lui, qui avait été un étroit
collaborateur du cardinal Pacelli, et
ensuite du pape Pie XII, indique ainsi
les mêmes motivations. Les papes ne
parlent pas en pensant à se construire
une image favorable pour la postérité,
mais ils savent que de chacune de leur
parole peut dépendre le sort de millions
de chrétiens, ils ont à cœur le sort des
hommes et des femmes en chair et en
os, pas l’applaudissement des historiens. Du reste, Robert Kempner, un
magistrat juif du ministère public au
procès de Nuremberg, a écrit en janvier
1964, après la sortie du Vicaire de
Hochhuth : "Toute prise de position
propagandiste de l’Eglise contre le gouvernement de Hitler aurait été non seulement un suicide prémédité… mais
aurait accéléré l’assassinat d’un bien
plus grand nombre de juifs et de
prêtres".
Aina
FRANCECatholique N° 3076 15 JUIN 2007 19
LECTURES
FÊTE DU SACRÉ CŒUR
Année C
Le Sacré Cœur de Jésus
une valeur sûre
par le Père Michel GITTON
ette semaine a eu lieu la fête du
Sacré Cœur, à laquelle tout le
monde n’a pu assister, mais
qu’il ne faut pas laisser passer sans
en avoir dit un mot, et, si possible, en
avoir retiré la sève.
Le Sacré Cœur semble peut-être
lié pour nous à une certaine imagerie
XIXe siècle, avec un petit relent de
nationalisme ("sauvez, sauvez la
France au nom du Sacré-Cœur"), qui
ne nous le rend peut-être pas forcément sympathique à tous. Mais d’abord le XIXe siècle n’a pas fait que
des mauvaises choses : le renouveau
catholique incontestable qui a soulevé la France en ces années-là n’était pas sans valeur, nous lui devons
(entre autres) le Curé d’Ars et sainte
Thérèse de l’Enfant Jésus, ce n’est pas
si mal ! Même l’art religieux de ce
siècle, si souvent attaqué sous le nom
d’art "sulpicien", n’a pas fait que des
œuvres mièvres et interchangeables,
le Musée d’Orsay nous a rendu heureusement une autre image de ce
siècle.
De plus, l’attention au Cœur de
Jésus n’a pas attendu le XIXe siècle
pour entrer dans la prière et la
réflexion des catholiques. La scène
du cœur ouvert par la lance, source
du don de l’Esprit (saint Jean chap.
19) a nourri la méditation des chrétiens depuis les premiers temps de
l’Eglise. Les mystiques du Moyen Age
y étaient déjà fort sensibles (Gertrude
C
la Grande, Bonaventure et combien
d’autres). Les grands spirituels du
XVIIe siècle lui ont fait une place sous
un vocable ou sous un autre (qu’on
pense à saint Jean Eudes, l’Apôtre de
la Normandie), et c’est en ce siècle
que la grande confidente du Sacré
Cœur, sainte Marguerite-Marie, commence à développer un culte, qui va
s’amplifier au XVIIIe, pour remédier
au dessèchement de la piété des
catholiques due en partie à l’influence du jansénisme. Grâce à la
Compagnie de Jésus, qui y voit un
moyen de ranimer la ferveur dans les
masses en voie de déchristianisation,
le culte du Sacré Cœur de Jésus se
voit doter d’une messe et d’un office,
qui sont à l’origine de notre fête
actuelle.
Il est clair que dans la seconde
moitié du dernier siècle, le Sacré
Cœur a connu une certaine éclipse,
due sans doute à sa coloration
quelque peu revancharde, mais on a
vu aussi se lever de nouvelles approches de son culte, à partir des deux
centres où il était encore très vivant :
Paray-le-Monial et Montmartre. Le
sanctuaire de Paray-le-Monial, grâce
notamment à la présence de
l’Emmanuel, a développé une vision
chaleureuse du Cœur de Jésus insistant sur sa proximité aimante, sa miséricorde, sa capacité de guérison,
etc. Dans les mêmes années, Mgr
Maxime Charles à Montmartre
renouvelait en profondeur la compréhension du Cœur de Christ, à partir des auteurs de l’Ecole française de
spiritualité : le cœur n’est pas seulement un symbole de l’amour, mais
une manière de désigner "l’intérieur"
de Jésus ; s’y pencher avec saint
Jean, c’est entrer dans le secret de
son humanité déifiée où tout est
grâce, et de plus ce cœur débordant
de l’Esprit Saint nous communique
tout ce qui fait sa vie, nous conformant peu à peu à lui...
Ce qui est étonnant, c’est la capacité qu’a le thème du Sacré Cœur de
cristalliser dans le christianisme le
meilleur de sa sève intérieure. Là où
beaucoup ne veulent s’intéresser au
Christ qu’à travers son enseignement,
son influence morale dans l’histoire,
les amoureux du Cœur de Jésus, eux,
savent que c’est lui, en tant que personne, qui est intéressant, qu’on n’a
pas à le laisser derrière soi, sous prétexte qu’on aurait compris son message et qu’il faudrait maintenant l’appliquer. Ce Cœur ouvert, comme
l’ont bien vu les mystiques de tous
les temps, est la Source cachée, la
fente du rocher où vient s’abriter la
colombe, le lieu secret où Dieu
donne rendez-vous à l’homme pour
le combler de ses biens.
Cœur Sacré de Jésus, j’ai confiance
en Vous !
Cœur Sacré de Jésus que votre
règne arrive ! ■
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Achat – Vente – Expertise
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Tél. 03.80.67.13.03 – Fax 03.80.63.75.13
Leti : La vie du pape Sixte cinquième in 4°, basane époque,
330 pp. (Paris, Prault, 1731), prix = 220 euros, franco de port.
Catalogue sur demande
(se recommander de France Catholique)
20 FRANCECatholique N°3076 15 JUIN 2007
L'Aventurier de Dieu
Werenfried van Straaten
par
Dominique Bar,
Guy Lehideux,
d'après l'œuvre originale
de Jean-Yves Clouzet et Pierdec.
FRANCE CATHOLIQUE
10/36
© Editions du Triomphe, 7, rue Bayen, 75017 Paris
à suivre...
HISTOIRE
HISTOIRE DES IDEES RELIGIEUSES
A quoi bon le
Beaucoup de mythes sont
répandus à propos du
dialogue entre les trois
monothéismes dans le
passé. Rémi Brague les
passe au crible d’un
véritable savoir
scientifique.
e recueil d’études n’est pas un
réservoir d’arguments destinés
à confondre l’adversaire. Si les
chrétiens se servent du Moyen
Age pour établir les erreurs et
la malignité des musulmans – et réciproquement – les protagonistes manqueront
à la fois les enjeux du passé et les débats
qui tentent de s’établir actuellement.
Notre histoire n’est pas notre code, surtout lorsqu’elle est méconnue et mal
interprétée. Mais il faut savoir en tourner
les pages avec quelque distance et même
humour.
Cela n’empêche pas l’amitié que l’on
peut éprouver pour ces immenses penseurs que furent Thomas d’Aquin, Avicenne, Maïmonide - pour citer les plus
connus – et n’interdit pas de se plonger
avec bonheur dans les époques qu’ils ont
vécues. Pour se convaincre de l’humour
de Rémi Brague, il suffit de commencer
son livre par le dernier texte qui s’y trouve publié : la question est de savoir si
Averroès est un "gentil" au sens contemporain du terme : le type sympa, le bon
musulman des colloques branchés, chantre de la tolérance…
Question actuelle, car le vieil Averroès est en train de devenir furieusement
à la mode dans nos lycées. Un arrêté du
5 juillet 2001 a inscrit un ouvrage d’Ibn
C
(
Rochd, tel est son véritable nom, sur la
liste des ouvrages pouvant être présentés
à l’oral de philosophie du baccalauréat.
Rémi Brague, qui a expliqué cet auteur à
bien des étudiants, en éprouve "une joie
avec mélange". La joie d’assister à la promotion tardive d’un auteur familier est
assombrie par cette projection sur le
Moyen Age de "la version académique du
béni oui-oui".
Pour des motifs techniques, le texte
de référence est Le Traité décisif, qui
compte pour 1/100 dans l’œuvre du savantissime commentateur d’Aristote, et
qui n’a pas eu l’importance ni l’influence
qu’on lui prête aujourd’hui. Le Traité est
une consultation juridique (fatwa) sur la
correspondance entre questionnement
philosophique et religion. Or correspondance ne signifie pas harmonie et Averroès, grand cadi de Cordoue au service
des Almohades, s’affirme comme "un
dur", un "intellectuel organique" qui défend l’islam et préconise la liquidation
des hérétiques.
Cette mise au point ne permet pas de
conclure qu’il n’y a jamais eu rien de bon
à attendre des Arabes ! Tous les Arabes
n’étaient d’ailleurs pas musulmans, les
chrétiens n’étaient pas tendres non plus
à l’égard des Arabes et des juifs - et la
vie quotidienne sur le pourtour de la Méditerranée médiévale n’évoque en rien les
villages du "Club Med" sur lesquels Rémi
Brague plaisante plusieurs fois. Les mots
doivent tous être redéfinis, avant que les
auteurs et les œuvres ne soient situés
dans une période soigneusement démythifiée. C’est à ces conditions que le
Moyen Age peut être le moyen de comprendre ce qu’il en est de l’Europe.
Prudence dans l’emploi des mots : la
philosophie occidentale n’a pas le même
sens que la falsafa orientale. La première
Les Croisades n’ont éveillé dans le
monde musulman qu’un écho faible
22 FRANCECatholique N°3076 15 JUIN 2007
est institutionnalisée : c’est une matière
universitaire enseignée par des pédagogues rétribués à des étudiants qui utilisent des manuels. La seconde reste, en
terre d’islam comme dans les communautés juives, une affaire privée pratiquée par d’incontestables génies qui
n’ont pas d’influence sur la pensée de
leur époque. Les conséquences sont
considérables car les théologiens chrétiens ont tous une formation philosophique, alors que la plupart des rabbins
et des imams médiévaux en sont dépourvus – ce qui ne les empêche pas d’exceller dans leur mission religieuse.
Prudence dans les identifications :
Rémi Brague n’hésite pas à remettre en
question un thème fort répandu : "Parler
de l’héritage chrétien me gêne. Et encore
plus de la civilisation chrétienne. Celle-ci
a été fondée par des gens qui se souciaient de la civilisation chrétienne
comme d’une guigne. Ce qui les intéressait, c’était le Christ, et les retentissements de sa venue sur l’ensemble de
l’existence humaine. Les chrétiens
croient au Christ, non au christianisme
lui-même ; ils sont chrétiens, non pas
christianistes." Par ailleurs, on hésitera à
parler de philosophes musulmans puisqu’ils n’étaient pas regardés comme tels
par leurs commentateurs et contradicteurs chrétiens. D’ailleurs, les plus grands
philosophes vivant en terre d’Islam –
Farabi (mort en 950), Avicenne (mort en
1037), Averroès (mort en 1196) – tiennent tous le païen Aristote pour maître
d’incontestable vérité.
Prudence quant aux faits historiques : "les Croisades, à partir de 1096,
n’ont éveillé dans le monde musulman
qu’un écho faible et tardif". Le plus grand
penseur de l’islam médiéval, Ghazali, n’évoque nulle part cet événement dont il
fut pourtant le contemporain. On prendra garde de ne pas oublier que la géopolitique médiévale connaît des divisions
ignorées dans l’enseignement moderne
HISTOIRE
Moyen Age ?
(Rome et Byzance…), que des philosophes que nous croyons constamment
présents dans la tradition européenne
sont ignorés au Moyen Age (presque tout
Platon), que l’Islam englobe le monde
arabe et, entre autres, le monde persan
qui vit naître Avicenne.
Une fois ces précisions données, il est
permis d’examiner la question des relations intellectuelles entre juifs, chrétiens
et musulmans au long de la période médiévale. On connaît la légende noire du
Moyen Age (obscurantisme, fanatisme,
guerres incessantes et proscriptions) et la
légende dorée qui célèbre l’esprit de
Cordoue : tolérance et dialogues de
haute tenue entre intellectuels de premier plan sur la base d’une pensée
grecque aimablement transmise par les
arabo-musulmans.
Ces relations existent mais leur histoire complexe peut être successivement
examinée avec Rémi Brague sous l’angle
de la dette, du dialogue et de l’exclusion.
Les dettes sont croisées. Elles se
constituent à travers un long mouvement de transfert d’œuvres majeures par
voie de traduction. Avant le Moyen Age,
de Cicéron (mort en – 44) à Boèce (mort
en + 524) on traduit des Grecs en latin,
en syriaque et en araméen.
Il y a ensuite, au début du Moyen
Age (de 800 à 950), les nombreuses traductions du grec vers l’arabe : les ouvrages scientifiques d’Aristote, certaines de
ses œuvres philosophiques, les textes de
Galien et d’Euclide, mais ni Homère, ni
les auteurs tragiques, ni les historiens
grecs. Ce ne sont pas des musulmans qui
assurent les traductions mais des chrétiens d’Orient qui parlent arabe dans la
vie courante, mais dont la liturgie est en
grec. Rémi Brague évoque aussi une
"hypothèse fascinante" selon laquelle la
politique de traduction serait un héritage
des zoroastriens qui pensaient que la
vérité religieuse était inscrite dans plusieurs livres qu’il fallait rassembler en un
D.R.
par Alexandre DA SILVA
Jardins de l’alcazar de Cordoue
tout : les Persans devenus musulmans
auraient repris l’idée contenue dans leur
première religion nationale… Il reste que
la renaissance aristotélicienne a bel et
bien commencé en Andalousie arabomusulmane au onzième-douzième siècle
grâce à des philosophes qui sont disciples du Stagire.
En Occident, des chrétiens traduisent
des œuvres d’Avicenne, des juifs traduisent Averroès, Ibn Bâjja, Avicenne. Le
premier aristotélicien juif est avicennien
mais Maïmonide place Farabi plus haut
que le Persan.
On ne saurait donc parler d’échanges
concertés entre trois puissances religieuses mais de transferts de savoir qui
ne doivent rien au "dialogue interreligieux" ; la dette est celle de tous les
grands penseurs des trois monothéismes
à l’égard d’Aristote. Mais Rémi Brague
souligne l’importance des influences
mutuelles. Farabi fut l’élève d’un chrétien ; Jean Damascène a joué un rôle
majeur dans la formation de l’apologétique islamique ; il est possible que Jean
Scot Erigène ait influencé la Kabbale de
Gérone ; la pensée juive a subi l’influence
"massive" des philosophes musulmans.
Enfin, nul n’ignore l’influence juive et
musulmane sur les philosophes et théologiens chrétiens à partir du douzième
siècle : Thomas d’Aquin a forgé sa pensée
dans la lutte contre Averroès et Duns
Scot a trouvé chez Avicenne son point de
départ.
Les influences ne s’exercent pas de la
même manière dans l’Occident chrétien
et dans l’Orient musulman. L’Islam, explique Rémi Brague, est une culture de la
digestion : dans ce processus d’appropriation d’une pensée extérieure (Aristote
surtout) "l’objet est si profondément
intériorisé qu’il perd sont indépendance",
FRANCECatholique N°3076 15 JUIN 2007
23
HISTOIRE
(
exemples peuvent être donnés (en Andalousie, à Bagdad au neuvième et dixième
siècles) mais on ne saurait parler d’un
dialogue entre les principaux penseurs
pour des raisons simplement biographiques : "Thomas d’Aquin est né vingtsept ans après la mort d’Averroès, et
vingt-et-un ans après celle de Maïmonide", rappelle Rémi Brague après
avoir noté que "le Nord chrétien emprunte beaucoup au Sud musulman, mais
celui-ci ne connaît à peu près rien du
Nord, auquel il ne s’intéresse d’ailleurs
D.R.
si bien qu’il n’y a plus de différence entre
l’objet et le sujet. En d’autres termes, "un
loup consiste au fond en moutons digérés et devenus du loup". La digestion culturelle se fait par la méthode de la paraphrase (le texte est réécrit, la présentation est plus systématique, les exemples
sont modernisés) comme le fait Avicenne
qui transforme l’aristotélisme en avicennisme… Cette digestion est, si l’on peut
dire, lourde de sens : "La méthode islamique d’appropriation, écrit Rémi
Brague, ne peut se déployer qu’au prix de
la dénégation de l’origine : la culture
islamique se veut un commencement
absolu, et refoule la conscience de devoir
quelque chose à la situation antérieure,
qu’elle caractérise comme l’époque de l’ignorance (jâhiliyya)". Tel est le Coran,
saint livre qui remplace, après totale
incorporation, l’Ancien et le Nouveau
Testament dont il est "comme une paraphrase".
Les philosophes et théologiens chrétiens ont au contraire une culture de l’inclusion. Disciple d’Albert le Grand, Thomas d’Aquin s’approprie l’œuvre d’Aristote par la méthode du commentaire qui
n’efface pas plus l’œuvre du Stagire que
le christianisme ne fait disparaître le judaïsme. Le Nouveau Testament est un
commentaire de l’Ancien, une interprétation selon la Passion et la Résurrection
du Christ. D’une manière générale, la culture de l’inclusion, conservatrice des textes anciens, porte à une analyse critique
par la voie du commentaire et c’est en
cela qu’elle est fondamentalement une
culture de progrès – alors que la prise de
distance à l’égard du texte digéré est difficile en terre d’Islam, voire impossible
lorsqu’il s’agit du Coran puisque s’y trouve inscrite la parole divine. On aurait
tort, cependant, de séparer radicalement
les deux modes d’appropriation : Albert
le Grand (mort en 1280) procède à une
paraphrase d’Aristote et Averroès utilise
quant à lui les deux méthodes.
Le dialogue est limité ou contraint.
Certes, Abélard écrit (vers 1136-1140)
son Dialogue entre un philosophe (musulman, mais présenté comme une sorte de
"laïque"), un juif et un chrétien, certes Ibn
Sab’în de Murcie répond (avec hauteur)
aux questions que lui pose l’empereur
Frédéric II (entre 1237 et 1242). D’autres
guère. Les seuls exemples médiévaux
d’influences réciproques sont à l’intérieur
du Nord chrétien, entre Latins et Byzantins. Et ils sont tardifs. C’est seulement au quinzième siècle que les Byzantins se mettent à traduire Augustin,
Boèce, Thomas d’Aquin". En Orient, l’arabe, langue commune, permet des échanges directs mais aussi la surveillance des
minorités religieuses par le pouvoir politique ; en Occident, les Arabes ne peuvent disputer directement avec les chrétiens mais l’écriture est plus libre : les
juifs écrivent en hébreu une histoire
antichrétienne du Christ et bien d’autres
textes polémiques, au risque d’être dénoncés par des transfuges…
Ce dialogue, lorsqu’il a lieu, n’évoque
en rien la controverse élégante entre des
humanistes épris de tolérance – deux
mots anachroniques. Les philosophes
musulmans justifient la guerre, la soumission à la Loi religieuse, l’extermination des hérétiques – sans faire une
théorie de la guerre islamiste et sans
perdre de vue l’idéal de sagesse. Les penseurs chrétiens ne sont pas non plus des
agneaux.
Dans l’ordre religieux, la question des
origines est source d’un conflit insoluble,
au sujet duquel il n’y a pas de discussion
possible : pour les chrétiens, l’islam n’aurait jamais dû exister ; pour les musul-
Penser l’Europe d’aujourd’hui
comme lieu privilégié de dialogue
24 FRANCECatholique N°3076 15 JUIN 2007
mans, le christianisme et le judaïsme
sont des religions dépassées, donc méprisables. Comme les chrétiens savent qu’ils
ne connaissent pas l’islam, comme les
musulmans croient qu’ils connaissent le
christianisme, le débat est difficile à établir. Rémi Brague ajoute d’ailleurs sa part
d’explosif en évoquant l’hypothèse
"extrêmement plausible" de Christoph
Luxenberg selon laquelle le Coran serait
en partie un recueil de textes bibliques
traduits du syriaque.
Enfin, les grandes disputes publiques
étaient rares entre chrétiens et musulmans et celles qui eurent lieu entre juifs
et chrétiens furent imposées par les rois
catholiques espagnols et se déroulèrent
dans un climat de plus en plus tendu –
jusqu'à l’expulsion de 1492.
Les ségrégations et les exclusions
sont réciproques. Cordoue la tolérante a
exilé Maïmonide et Averroès, et l’Andalousie musulmane soumettait juifs et
chrétiens à la condition humiliante de la
dhimma : ils paient un impôt particulier,
portent des vêtements spécifiques (bleus
pour les chrétiens, jaunes pour les juifs),
montent sur des ânes car les chevaux
leur sont interdits. Imitant la loi islamique, les chrétiens imposent aux juifs le
porter la rouelle de couleur jaune, les
princes chrétiens du Moyen Age expulsent musulmans et juifs (Espagne, Portugal) tandis que le royaume de France
expulse ses juifs avant d’accueillir ceux
qui ont été chassés des pays ibériques.
Cette histoire compliquée et briseuse
de rêves – le rêve de Cordoue et du dialogue interreligieux, le rêve de la Méditerranée – ne nous empêche pas de penser l’Europe d’aujourd’hui comme lieu
privilégié de dialogue entre les religions
et les cultures. L’avantage de l’Europe
tenant à son "identité excentrique" : ce
qui la définit intrinsèquement lui vient
de l’extérieur. Mais Rémi Brague a raison
de dire que "le dialogue des civilisations
[...] ne relève pas du passé, mais de l’avenir. Il n’est pas un fait de la mémoire,
mais de la volonté. Nous n’avons pas de
modèles. Le constater pourrait nous permettre de voir en face les problèmes
actuels, là où ils sont. Cela serait déjà un
premier pas pour tenter de les résoudre".
A quoi bon le Moyen Age ? A cela, précisément. Encore et toujours, l’Europe a
besoin de savants. ■
Rémi Brague, Au moyen du Moyen
Age, Les Editions de la Transparence,
2006, 316 pages. 22 €.
IDEES
LE JOURNAL DE GERARD LECLERC
Alexandre le Grand,
Nicolas Sarkozy,
Jacques Vergès...
Impression particulièrement forte
avec le livre de Benoît XVI, je l’ai déjà
dit. Mais comment ne pas revenir sur
le sujet absolument central et la mission singulière d’un pape théologien ?
D’une certaine façon, à l’Eglise, on ne
devrait demander que
cela : sans cesse dire et
redire qui est cet homme
que l’on appelle le Christ
et dont elle tire toute sa
légitimité. Elle peut
nous prêcher la morale,
intervenir sur les sujets
d’actualité, mettre au
point sa pastorale, s’inquiéter de stratégie
apostolique, tout cela
est bien, et même très
bien. Mais si, parallèlement, la foi s’effrite, les
évangiles deviennent
des fables, la figure du
Sauveur s’avère hautement problématique, il
n’y a plus rien que le
vide. Ce parfum d’un
vase vide dont parlait cet étrange bonhomme de Renan qui croyait avoir
trouvé le fin mot de l’histoire mais qui
n’avait fabriqué qu’un roman plausible
pour esthètes sceptiques.
L’éclatement culturel actuel produit
le n’importe quoi, qui permet à n’importe qui de donner sa version des
faits. Paradoxalement, l’appropriation
scientifique de la Bible facilite les interprétations fantaisistes, les rebondissements rocambolesques et les fausses
pistes. Seule une sérieuse ascèse spirituelle et intellectuelle permet à qui se
met en quête de vérité de revenir aux
questions de fond. Je suis persuadé que
Benoît XVI apporte le plus signalé service à ces personnes qui refusent tout
dilettantisme et tout divertissement,
au sens pascalien, pour se concentrer
sur le témoignage singulier des
Ecritures.
Je suis frappé par les itinéraires de
fuite qui, se réclamant des mêmes prétentions scientifiques, conduisent à errer sans
fin, ou à s’obnubiler sur des sujets qui n’apportent rien et
ne conduisent
sûrement pas à
s’orienter dans le
mystère. J’en
veux pour preuve
cette affaire sans
cesse ressassée
des frères et des
sœurs de Jésus,
qui semble à certains l’énigme la
plus passionnante des Evangiles. Les arguments sont toujours les mêmes. Et l’on
en revient toujours à l’examen de la
discussion de saint Jérôme à propos
des objections déjà formulées en son
temps. Je ne saurais évidemment récuser le droit de poursuivre indéfiniment
sur ce terrain bien que, pour moi, l’intérêt soit très étroit. A moins d’avoir la
prétention, par là, de dynamiter la tradition chrétienne et d’ouvrir un autre
chapitre de l’histoire des doctrines.
Mais il y a beaucoup mieux à faire,
et Benoît XVI nous engage à nous y
mettre sérieusement. Il ne récuse rien
de l’érudition et de la science. Bien au
contraire, il en fait le meilleur usage et
domine largement sa matière. C’est
toujours pour en revenir à une exégèse
traditionnelle rajeunie, ou à une exégèse moderne densifiée par la tradition. L’herméneutique des Pères de
l’Eglise, loin d’être dévalorisée par l’éclairage scientifique s’en trouve
comme stimulée et revivifiée.
22 MAI
Comment être indifférent au spectacle actuel de la politique avec ce
nouveau président superactif, ces multiples chantiers de réformes, son étatmajor ministériel et, déjà, les premiers
voyages à l’étranger, les initiatives diplomatiques ? On peut se dire que cela
est précaire, fragile : le dynamisme des
premiers jours va bientôt se heurter
aux obstacles des intérêts et des oppositions qui, tôt ou tard, se réveilleront.
On a tout de même un phénomène
intéressant, et l’adhésion massive de
l’opinion témoigne que quelque chose
a bougé. Peut-être de façon plus
déterminante qu’avec Giscard, en
1974, ou Mitterrand, en 1981.
L’interrogation sous-jacente consiste à
se demander si tout cela a globalement
un sens, s’il y a une réelle pensée qui
anime l’ensemble. Sans vouloir se référer à des exemples trop forts - De
Gaulle a dit que derrière les victoires
d’Alexandre, il y avait Aristote - il est
permis d’y réfléchir. Après une certaine
L’adhésion massive de l’opinion
témoigne que quelque chose a bougé
(
20 MAI
FRANCECatholique N°3076 15 JUIN 2007
25
IDEES
(
d’Alexandre et ce qui s’y trouve à la
fois de serein et de passionné, d’auguste et de terrible, pour discerner la source de l’autorité qui maintint en ordre,
treize années durant, au milieu d’épreuves indicibles, des lieutenants
jaloux et des soldats turbulents, et fit
accepter l’hellénisme à tout un monde
farouche et corrompu.” Et c’est quand
même Aristote qui se profile !
Voilà ! On me dira que c’est un peu
audacieux de se lancer dans ce genre
de considérations alors que le commentaire du quotidien nous incline au
prosaïsme, aux combinaisons partisanes, au jeu d’échecs ou de billard, avec
des calculs trois coups d’avances. Mais
de Gaulle ne contredit pas ce genre de
nécessité prosaïque ou de modalité
basse. L’art d’exécution les requiert.
Pourvu que cela, ait, en définitive, du
sens et serve le bien public, le vrai sentiment européen et mondial auquel
s’ordonne la passion nationale.
24 MAI
Jacques Vergès laisse difficilement
insensible. Le film documentaire que
Barbet Schroeder a intitulé L’avocat de
la Terreur, et qui le
concerne tout entier, ne
peut que relancer la discussion sur un homme
particulièrement énigmatique et souvent
déroutant. Ma route a
croisé un jour celle de
Jacques Vergès, au début
du premier septennat de
François Mitterrand et je
n’ai jamais oublié notre
entretien, dans son bureau que je serais aujourd’hui dans l’incapacité de situer dans Paris.
J’avais été sensible à
l’esthétique du cadre et
à l’étonnante intelligence de l’homme.
Son souci était de contester la politique de la Justice menée par le
Président, qui était alors célébrée dans
le sillage de l’action du garde des
Sceaux Robert Badinter. Vergès ne par-
Le commentaire du quotidien
nous incline au prosaïsme
26 FRANCECatholique N°3076 15 JUIN 2007
© BARBET SCHROEDER
atonie de style rad-soc, il n’y aurait
tout de même pas qu’une agitation de
joggeurs et l’accélération du rythme
général ! Il faut attendre pour que tout
se dessine sérieusement, que les lignes
s’affirment, que cette effervescence
livre son intention directrice.
Je reviens un peu en arrière à propos de la formule sur Alexandre et
Aristote. Pour retrouver la citation
exacte (elle est finalement dans Vers
l’Armée de métier), j’avais d’abord
repris Le Fil de l’Epée. Mais le moment
passé avec ce court essai, vif, brillant
m’a impressionné et renvoyé à la nostalgie de la belle culture classique de
l’auteur. C’est l’esprit militaire qui est
en cause, mais comment ne pas voir
qu’il est proche de l’esprit politique
dans l’art de la décision, du caractère,
et de relations entre l’action et la doctrine. C’est pourquoi je ne m’éloigne
pas de l’actualité. Qu’un chef d’Etat
fasse preuve de détermination ou que,
dès le départ, il s’affirme par un style
d’énergie, ce n’est pas forcément à
mettre au crédit du spectacle, de la
communication moderne, ou, pire, du
langage people. Sans doute, ce style
flatte-t-il ce genre de tendances.
L’important est de savoir s’il les dépasse et les surdétermine.
Il y a les discours - et ceux écrits
par Henri Guaino pendant la campagne
m’ont beaucoup intéressé - mais il y a
l’action. Et l’action est toute dans l’art
d’exécution qui peut passer par la
promptitude, la surprise et la manœuvre de débordement. Et les principes ? De Gaulle cite Bugeaud : “A la
guerre, il y a des principes, il y en a
peu.” Faut-il en dire autant pour l’art
de diriger l’Etat ? Sans doute que oui,
parce que le pragmatisme pur se perd
en prudence trop prudente et le machiavélisme, au pire sens du terme, en
perte de conscience de soi. Aussi, parce
qu’une trop grande théorisation fait fi
des circonstances et des occasions. De
Gaulle a des pages magnifiques là-dessus où il traverse l’histoire militaire à
grand pas et multiplie les formules
ciselées. Du coup, je retrouve
Alexandre au travers de Barrès : “Il suffit à Barrès de contempler les effigies
tageait nullement ce sentiment, et
pour m’avertir de la rouerie du pouvoir,
m’exposait l’affaire d’une dame japonaise dont il défendait les intérêts. J’ai
tout oublié aujourd’hui, sauf qu’après
compte-rendu de ma visite à mon
directeur de rédaction, celui-ci, par
peur de tomber dans un traquenard,
décida qu’on ne relaierait pas la polémique du trop célèbre avocat.
L’homme ne m’était nullement
étranger. J’avais le souvenir précis de
ses engagements pendant la guerre
d’Algérie, et sa réapparition après son
étrange retrait de la scène française
durant les années 70 ne m’avait pas
échappée. La façon dont il redevint
avocat de premier plan, avec des causes fracassantes, suscitait en moi un
malaise d’autant plus profond que
Vergès se chargeait de suggérer, derrière cela, un nietzschéisme de très mauvais aloi. Sa philosophie d’extrêmegauche, de type marxiste, avait-elle
cédé le pas à un esthétisme de la
transgression ? Sa défense dite de rupture lors du procès Barbie, ne pouvait
me convaincre, d’autant que j’avais été
très impressionné par le témoignage de
mon ami André Frossard à Lyon avec
son explicitation de la notion de crime
contre l’humaJacques Vergès
nité.
Aujourd’hui, la
complexité du
personnage me
rend plus nuancé
à son égard, sans
qu’aient disparu
les réflexes de
suspicion quant à
beaucoup de ses
complaisances.
Bien sûr, un avocat doit être capable, selon une
célèbre formule,
“de les défendre
tous”, y compris
les pires criminels. J’ajoute que j’ai
toujours trouvé limite la façon dont
certains - avocats ou non - épousaient
des combats d’une extrême violence
impliquant le terrorisme aveugle, sans
qu’ils semblent trop s’en émouvoir.
Jacques Vergès a eu le terrible courage
de tout assumer, y compris les dimensions les plus ténébreuses de ses descentes aux abîmes. Pour le lui imputer
IDEES
à crime, il faut soi-même n’avoir
jamais pactisé avec aucune transgression.
26 MAI
Avec Pierre-André Taguieff, j’ai un
désaccord profond qui ne date pas
d’hier. Les positions qu’il défend,
depuis la fin des années 80 dans le
domaine de la bioéthique ont toujours
provoqué de ma part un dissentiment
qui s’est ranimé à la lecture de son
dernier essai (La bioéthique, ou le juste
milieu. sous-titré Une
quête de sens à l’âge
du nihilisme technicien, Fayard). Comme
l’indique ce sous-titre,
Taguieff se définit
contre le nihilisme et
n’entend pas se laisser
aller à la fascination
scientiste. Mais son
projet de juste milieu
ne me convainc pas,
pas plus que sa distinction entre eugénisme totalitaire et
eugénisme libéral,
individualiste ou domestique. Jean-Claude Guillebaud me
rappelle qu’il avait exprimé son désaccord avec le même sur ce sujet dans
son livre paru en 2001, Le principe
d’humanité (au Seuil). Il y avait en
effet résumé la substance d’un débat
qui avait opposé Taguieff à Jacques
Testard.
Cela m’a permis de relire certains
chapitres de Guillebaud, en les resituant dans l’ensemble d’une œuvre
dont on ne dira jamais assez combien
elle est éclairante dans les défis d’aujourd’hui. Parmi les auteurs cités - toujours à propos de l’eugénisme - j’ai
retrouvé avec intérêt le nom de François Dagognet, connu pour ses positions très favorables aux avancées
interventionnistes et sélectives dans
ces matières... Or, j’ai fait sa connaissance - Oh surprise ! - chez les petits
gris, car il entretenait des relations très
cordiales avec le Père MarieDominique Philippe, ce qui ne me
scandalise absolument pas. Les vertus
d’accueil du fondateur étaient telles
qu’il ouvrait sa porte à tous, y compris
à ceux dont il était intellectuellement
éloigné. Ces rapports cordiaux étaient
sans équivoques quant aux désaccords
de fond.
Nul doute que s’il avait connu Taguieff, le Père Marie-Do ne se soit
conduit de la même façon. Le désaccord demeure et il s’approfondit même.
Pierre-André Taguieff achève son dernier essai par des prolongements du
côté de l’écologie, en dépassant la
catégorie d’humain par celle de vivant,
en alléguant Schopenhauer : “notre
vrai moi ne réside pas
dans notre seule personne, dans le phénomène que nous
sommes, mais bien en
tout ce qui vit”.
Eugen Drewermann
s’est enfoncé dans le
même vitalisme, et
ceux qui veulent nous
persuader de notre
extrême proximité
avec les gorilles, au
nom de notre faible
différence génétique,
ne me rassurent pas.
“Il y a une manière
non anthropocentrique de fonder le
respect de la vie et de la nature”. Sans
doute, mais si la différence anthropologique s’y perd, est-ce un gain ?
C’est pourquoi je suis farouchement du
côté de Guillebaud pour la défense du
principe d’humanité.
27 MAI
L’état de santé du cardinal Lustiger
s’est aggravé ces dernières semaines et
tous ses amis en ont le cœur serré. Je
n’ai jamais voulu confier à ces pages,
qui relèvent d’une réflexion personnelle - ce qui s’apparente trop à la
confidence. Sinon, j’aurais souvent dit
combien l’attachement que j’ai à l’égard de cet homme, que j’admire et
vénère, est profond et indéfectible.
J’aimerais que la Providence le garde
parmi nous encore longtemps, car son
témoignage est un des plus forts de ce
temps. J’ai eu l’occasion, à diverses
reprises, d’expliquer que dans les
années 80, il y avait eu une conjonc-
tion exceptionnelle, celle du pape
polonais et de l’archevêque de Paris, et
que cela avait été une grâce sans prix
pour le journaliste que j’étais, chargé
au surplus de l’information religieuse.
Je n’avais pas eu la chance de connaître le jeune aumônier de la Sorbonne il s’en est fallu de peu d’ailleurs. Mais
j’ai trop d’amis qui furent proches de
lui alors pour ne pas savoir quelle stature il avait déjà et comment il put
aider de jeunes intellectuels à s’émanciper des courants qui traversaient le
Quartier latin, pour prendre leur liberté
et s’intéresser à autre chose qu’au
marxisme et à l’existentialisme athée.
Jean-Luc Marion m’a confié que
c’est l’abbé Lustiger qui, le premier, lui
avait parlé de Balthasar, dont il avait
pressenti la force prophétique. C’est
pourquoi d’ailleurs, je n’ai pas été
étonné, par le magistral exposé liminaire que le Cardinal avait prononcé
lors du colloque de l’Unesco à l’occasion du centenaire de la naissance de
l’auteur de La dramatique divine. Entre
Lustiger et Balthasar, la parenté est
étonnante : acuité intellectuelle
exceptionnelle, large information, qui
puise à tous les registres de la culture
et, parallèlement - et dialectiquement
devrais-je dire -, une profondeur spirituelle, où ils respirent l’un et l’autre,
qui nous fait accéder à une théologie
complètement traditionnelle et toujours nouvelle. Ce n’est pas un hasard
si, lors de ma première rencontre personnelle avec l’archevêque de Paris, ce
nom de Balthasar fut prononcé. Celuici venait de traduire en allemand, Les
sermons d’un curé de Paris. Ceux qu’avait prononcés l’ancien curé de SainteJeanne de Chantal, à la porte de SaintCloud... Lorsque j’avais rendu visite,
avec mon ami Philippe Delaroche, au
grand théologien suisse, dans sa belle
ville de Bâle, il ne nous avait pas caché
qu’il considérait notre archevêque
comme un successeur possible de
Jean-Paul II.
(à suivre)
Retrouvez de larges extraits du Journal
de Gérard Leclerc sur le site internet
www.france-catholique.fr
FRANCECatholique N°3076 15 JUIN 2007
27
LETTRES
EMMANUEL MOUNIER
La
route noire
du philosophe
par Philippe VERDIN
Réédition inattendue
des carnets africains
d’Emmanuel Mounier :
nostalgie des occasions,
jamais vraiment saisies,
d’un dialogue intellectuel
franco-africain.
es Presses de la Renaissance
n’ont pas fini de nous étonner.
Cette maison d’édition religieuse,
qui se spécialise dans le témoignage et le récit de voyage, vient
de lancer une collection de poche qui
pourrait devenir une anthologie de textes
précieux à prix abordables : Maurice
Zundel, Jean Vannier, Jean Guitton,
Emmanuel Mounier… Entreprise courageuse, car ces ouvrages bon marché ne
sont guère rentables pour les éditeurs.
Les fragiles collections "Foi vivante" du
Cerf et "Livre de vie" du Seuil en témoignent.
L’Eveil de l’Afrique noire d’Emmanuel
Mounier parut en 1948. Le philosophe du
personnalisme chrétien venait de parcourir pendant deux mois l’Afrique Occidentale Française, c’est-à-dire le Sénégal,
l’actuel Mali, la Côte d’Ivoire le Bénin et
la Guinée. Il s’agissait d’explorer les
potentialités humaines, culturelles et
intellectuelles de ces pays promis à
l’indépendance. Le souci d’Emmanuel
Mounier n’était pas le tourisme. Si un
paysage ou une ville le marque, c’est
qu’ils reflètent l’âme d’un peuple, qu’ils
traduisent les aspirations et les handicaps d’un continent.
Mounier montre une étonnante perspicacité. En 1947, Michel Leiris étudiait
la société africaine traditionnelle, Théodore Monod recueillait les trésors de la
mémoire noire à l’Institut Français de
l’Afrique Noire. A Paris, Jean-Paul Sartre
allait préfacer un recueil de poèmes de
L
28 FRANCECatholique N°3076 15 JUIN 2007
Alioune Diop,
1913-1980,
éditeur humaniste,
apôtre de la négritude
Senghor. André Breton avait exalté la
beauté mystérieuse des masques et des
totems. Mais à part André Gide au Congo
et au Tchad en 1928, aucun penseur
européen ne s’était encore risqué à l’immersion dans la chaleur du continent
pour dialoguer avec les Africains euxmêmes. Ses conclusions sont pessimistes.
Mounier note l’immense retard économique et structurel de l’Afrique. Il analyse la colonisation des esprits et la fascination aliénante pour la grande ville. La
superstition et la langueur sont de
sérieux handicaps pour le développement.
Il se montre sévère envers l’islam de
l’Afrique noire, qu’il connaît mal dans sa
diversité et son originalité. Il est vrai que
ses amis sénégalais Léopold Sédar Senghor et Alioune Diop sont catholiques.
Après sa mort, sa revue Esprit donnera la
parole en 1961 à Cheikh Amidou Kane,
l’un des grands romanciers de l’Afrique
noire, pour évoquer les relations ambi-
guës de l’homme africain musulman
avec l’occidental pétri de culture
chrétienne.
Mais Mounier reconnaît également
que quelques semaines ne sont pas
suffisantes pour connaître les secrets
d’un continent et d’une galaxie de
peuples : "l’Afrique nous oblige,
comme le fou, comme le génie,
comme l’étranger, à sortir de nos
manières de penser, de sentir, d’agir. Il
faut d’abord la saisir comme une
unité spirituelle avant de vouloir la
conduire à l’école. (…) Le Noir
compense les insuffisances que nous
avons relevées par une mémoire
brillante, de la virtuosité verbale, un
sens poétique et souvent une capacité d’abstraction remarquable."
Pour Mounier, le trésor de l’Afrique
ne se trouve pas dans ses ressources
naturelles ou dans son climat déroutant. Il repose dans ces jeunes
hommes qu’il rencontre sur sa route
africaine, qui l’accueillent, qui le guident,
qui palabrent avec lui jusqu’à l’aube. Le
meilleur cadeau que la France offrit à ses
colonies sénégalaises et béninoises, c’est
l’émancipation d’une jeune élite intellectuelle vive et généreuse. "Un ami noir me
conduit chez quelques camarades. Ça
existe, en Afrique, six intellectuels noirs,
qui cohabitent en camarades, parlent un
français impeccable, pétillant, nuancé, et
sont cependant voués à l’avenir de leurs
pays, joyeusement, sans airs farouches,
sans haine, résolus comme un jeune garçon qui part le matin pour une longue
promenade." Cet ami noir, c’est Alioune
Diop, éditeur de revue, apôtre de la négritude, qui aura une immense influence,
- à qui Mounier adresse, en troisième
partie du livre, sa "Lettre à un ami africain", qui est la synthèse de toutes ses
observations. ■
Emmanuel Mounier, L'Éveil de l'Afrique noire
préface : Jean-Paul Sagadou, Collection :
Petite Renaissance, 224 pages, 8,50 €
FESTIVALS
"NUITS D’ÉTÉ", "CHERCHEURS D’ÉTOILES"...
Originaux
par Pierre FRANÇOIS
et de qualité
Du plus classique au plus
inattendu, du plus perdu au plus
renommé, les festivals poussent
en été comme champignons
en automne. Sélection.
Une
atmosphère
féérique
de la nuit
e français est une langue vivante. Parfois
selon des modalités inattendues. Le slam
par exemple, traduction de notre chelem
formé au XVIIe siècle par altération de l’anglais… slam, déjà, en est une. Ici, pas de
bridge, de whist, de boston, de rugby ou de tennis.
Non, on est au royaume de la poésie. Une poésie
qui n’a le droit de se nommer "slam" que si elle
n’est ni accompagnée musicalement, ni mise en
scène, mais mise en compétition devant un public
qui la note. On est dans une idée très voisine des
ligues d’improvisation théâtrale.
Cette poésie n’hésite pas à puiser "Jeux de mots laids",
un spectacle des Scènes d'été du 13
dans l’anglais ou le verlan, à s’inspirer du rythme du rap ou au
contraire à lisser les transitions sonores pour donner une impression
de houle phonique. Elle ne s’interdit rien, et c’est en cela qu’on peut
la classer dans la partie la plus
vivante de notre langue. Pour ceux
D.R.
qui seraient curieux de faire connaissance avec
cette forme inhabituelle de littérature, il y aurait
un tournoi national suivi d’une coupe du monde à
Bobigny du 26 au 30 juin. (1)
Plus traditionnelles sont les nuits d’été de
l’Hôtel Gouthière (2) : deux troupes investissent la
cour d’un hôtel particulier parisien pour y donner
Le songe d’une nuit d’été de
Shakespeare et À quoi rêvent les
jeunes filles de Musset. Dans le cas
du songe, c’est l’atmosphère féérique de la nuit qui est le point
commun entre la pièce et le lieu.
Dans celui d’À quoi rêvent les jeunes filles, c’est l’époque de l’action
qui correspond à celle de la construction de l’hôtel. Avant, jusqu’au
30 juin, c’est le conservatoire
L
Hector Berlioz qui aura exploité l’acoustique
exceptionnelle de cette cour intérieure pour y
donner Didon et Énée ainsi qu’Opéra panique.
Enfin, à mi-chemin entre les deux, on trouve
Les scènes d’été du 13 (3). "Rendez vous incontournable de la jeune création à Paris" selon ses
concepteurs, on y trouvera tant Le tour du monde
en 80 jours qui vient de se donner une saison
entière au Lucernaire qu’une lecture de [email protected], en passant par des textes d’auteurs aussi variés que Heiner Muller ou
Harold Pinter, Wajdi Mouawad ou Boby
Lapointe…
Enfin, Paris n’est pas la France, et il convient
de signaler ce petit festival qui offrira théâtre,
cinéma, musique, poésie, danse du 28 juin au 1er
juillet. Ce festival rural du Lot se donne à Montgesty et Thédirac, dans le Causse du Quercy. Il se
veut à la fois tremplin pour des troupes professionnelles et moment de convivialité et de gratuité à l’intention de ceux qui vont rarement au
spectacle. On est dans le monde du militantisme culturel, qui veut offrir le trésor de l’art à
tous. Chercheurs d’étoiles (4), tel est son nom,
ouvre son dossier de presse sur cette citation
d’Oscar Wilde : "Nous vivons tous les pieds dans
la boue, mais certains regardent les étoiles".
Tout un programme… On y trouve aussi bien du
théâtre à l’antique qu’un match d’improvisation, du rock qu’une variation sur le lac des
cygnes, un chœur de lecteurs qu’une exposition de Raku… Ainsi va ce festival, qui
offre une programmation variée et de qualité, avec en prime beaucoup de feu sacré. ■
(1) Rens. : 01.42.06.92.08, [email protected],
www.ffdsp.com, www.myspace.com/grandslamnational2007.
(2) Nuits d’été de l’hôtel Gouthière, 6, rue Pierre
Bullet, 75010 Paris. Musset (19h), Shakespeare
(21h45). Tél. 0870.440.274. www.compagnietal.fr.
(3) Les scènes d’été du 13, sixième festival jeunes
compagnies. Du 12 juin au 1er juillet. Théâtre 13,
103 a, bd Auguste Blanqui, 75013 Paris. Représentations payantes (15 €/11 €) le mardi, mercredi, vendredi et samedi ; gratuites le jeudi et dimanche. Tél. 01.45.88.62.22.
(4) Le Festival Chercheurs d’étoiles, du 28 juin au
1er juillet, est à Montgesty, 46340 Parrot-Rampoux,
Tél. 05.65.41.54.03 / [email protected]
FRANCECatholique N°3076 15 JUIN 2007
29
EXPOSITIONS
par Ariane GRENON
Gupta, apogée
de la civilisatio
Les Galeries Nationales du
Grand Palais proposent une
exposition sur un art élégant
et varié "L'Age d'or de l'Inde
classique - l'Empire des Gupta"
jusqu'au 25 juin.
a dynastie Gupta a régné sur tout le Nord
de l'Inde depuis le IIIe siècle jusqu'à la fin
du VIe siècle. Les souverains, pratiquant la
tolérance et un pouvoir éclairé, ont favorisé l'apparition et le développement d'un art extraordinairement raffiné et la diversité de
ses modes d'expression.
Ces sculptures de l'empire Gupta, présentées ici
en grand nombre, représentent un véritable âge
d'or de l'Inde classique.
Un apogée de la civilisation indienne, avec la
Tête de Buddha
Ve siècle,
grès de Chunâr
15x8x13 cm
pensée religieuse, les sciences, la littérature et le
théâtre. Les canons esthétiques et les modèles imagés de Gupta influenceront pendant des siècles les
voisins, jusqu'à l'Asie Centrale ou du Sud et même
l'art du Népal.
Avec une centaine de sculptures de pierre ou
de bronze et un très bel ensemble de terres cuites,
cette exposition présente l'origine et le rayonnement d'une éblouissante civilisation qui appartient
à l'universel.
Le parcours est chronologique et commence
par les racines cosmogoniques, du premier jusqu'au troisième siècle dans l'art solide des
Kushâna mais qui éclate vers la fin du IIIe siècle.
Une dynastie nouvelle fera rayonner l'art Gupta originel dans les grandes villes de Mathurâ et
de Sârnâth. Dès le Ve siècle on taille dans le grès
rose d'ineffables visages de Bouddhas ornés de
parures raffinées.
Ces Bouddhas affichent la sérénité, la tête
droite, les paupières baissées, les lèvres bien ourlées, étirées en un imperceptible sourire et les
cheveux enroulés en bouclettes plaqués sur le
crâne que surmonte un chignon rond ; les oreilles
semblent allongées par le poids de lourds anneaux.
On voit aussi de grands bouddhas accroupis, la
main gauche reposant au creux de la main droite
et les jambes si adroitement entrelacées que l'on
voit les deux plantes de pied, de face.
Cette statuaire impose une impression de séré-
Le bodhisattva
Avalokiteshvara
Fin du Ve siècle,
grès beige
98x39x14 cm
Carte
L'Empire
des Gupta
© JASMINE D. SALACHAS / RMN
SÂRNÂTH (VÂRÂNASÎ), UTTAR PRADESH
INDIAN MUSEUM, KOLKATA
© ADITYA ARYA
L
Un apogée
de la
civilisation
indienne,
avec la pensée
religieuse,
les sciences,
la littérature
et le théâtre
SÂR
N
ARC ÂTH (V
Â
H
© AD AEOLO RÂNAS
GIC
Î),
ITYA
ARY AL MU UTTAR
P
A
SEU
M, S RADESH
ÂRN
ÂTH
L'art
GRAND PALAIS
GOSNA WELL, MATHURÂ, UTTAR PRADESH
GOVERNMENT MUSEUM, MATHURÂ
© ADITYA ARYA
EXPOSITIONS
Shiva Ardhanârîshvara
Ve siècle, grès rose.
33x16x16 cm
Ganesha
Ve - VIe siècle, schiste.
87x44x25 cm
SÂRNÂTH (VÂRÂNASÎ), UTTAR PRADESH
INDIAN MUSEUM, KOLKATA - © ADITYA ARYA
nité, de puissance spirituelle et de majesté intérieure. Une grandeur qui joint la spiritualité jaïne
et brahmanique au bouddhisme et marque cet art
Gupta, prolongé par l'évocation du décor architectural : ces œuvres d'art sacré étaient disposées
dans les sanctuaires hindous ou les monastères
bouddhiques.
Le bel ensemble de
figurines en terre
cuite - reliefs ou
ronde-bosses - qui
étaient souvent
placées dans les
temples s'organise
en plaques décoratives, coupes, jarres ou
jouets... Il comprend des
effigies de grande taille
et des reliefs imagés où
le moulage et le modelage se combinent pour
former des éléments
réalistes, chevelures,
parures, habillement...
Un ensemble charmant
qui narre la vie quotidienne. Les plus grandes
pièces participent pleinement de l'art Gupta.
La statuaire de
métal - cuivre,
laiton ou fer essentiellement Bouddha - Ve siècle, grès de Chunâr
est datée du V e
131x52x26,5 cm
et VIe siècle. Elle
comporte une grande diversité de styles et de
techniques et l'inspiration bouddhique y triomphe.
L'évolution de l'esthétique Gupta est marquée
ensuite par les particularismes régionaux aux Ve et
VIe siècles.
Sûrya, le dieu soleil, est introduit en Inde au
début de l'ère chrétienne : il porte une longue
tunique et un pantalon plissé. Un linteau de grès
beige affiche un décor de divinités astronomiques,
plus ou moins bénéfiques selon les planètes... On
voit aussi Ganesha, le dieu à tête d'éléphant et
Vyâla, un animal fabuleux qui tient du lion, du
griffon et du cheval.
SHÂMALÂJÎ, GUJARÂT
MUSEUM AND PICTURE
GALLERY, VADODARA
© ADITYA ARYA
e
n indienne
Ces œuvres
d'art sacré
étaient
disposées
dans les
sanctuaires
hindous
ou les
monastères
bouddhiques
Une longue série de bouddhas clôture l'exposition. L’Eveillé s'inscrit dans un nimbe ovale, flanqué de deux petites figurines ; ou bien vêtu d'un
manteau diaphane aux plis latéraux, avec une
auréole sculptée ou un vêtement monastique. Et
toujours ce visage dont l'expression souriante est
énigmatique.
Mais aussi les dieux de l'Hindouisme, Shiva le
dieu bénéfique, Vishnu, le dieu salvateur.
Les derniers éclats de cette somptueuse civilisation se sont éteints vers le VIe siècle sous les
coups des Huns Hephtalites, nomades surgis des
plaines d'Asie Centrale... ■
"L'Age d'or de l'Inde classique - l'Empire
des Gupta", jusqu'au 25 juin, aux Galeries
nationales du Grand Palais, 3, av. du
Général Eisenhower, 75008 Paris, (entrée :
place Clemenceau), tél. 01.44.13.17.17.
www.rmn.fr
FRANCECatholique N°3076 15 JUIN 2007
31
MUSIQUE
COMPOSITEURS MECONNUS
Opéras baroques
par François-Xavier LACROUX
A la découverte de raretés
qui n’ont rien de classique
ni dans leur sujet,
ni dans le traitement :
la recherche en musique
ancienne engendre de
très beaux fruits !
L’ORMINDO
Francesco Cavalli
Les Paladins
Jérôme Correas
Panclassics
10196 – 2 CD
L’interprétation est d’une grande
qualité. Avec des chanteurs comme Sandrine Piau, Howard Crook, Jean-François
Lombard, Dominique Visse… on n’en
attendait pas moins. L’ensemble "Les
Paladins" assume avec beaucoup de
conviction son rôle, sans jamais trop en
faire. Et comme l’équilibre acoustique est
impeccable, le travail de l’orchestre est
non seulement comme un soutien des
chanteurs, mais aussi comme un vrai
complément. Ce disque est un événement qu’il ne faudrait pas manquer.
NOUVEAUTÉ
P
our les 10 ans de l’ensemble "Les
Paladins", l’excellent Jérôme Correas nous fait partager un opéra de
Cavalli. Ce mélodrame, dans la Venise de
la première partie du XVIIe siècle, n’est
qu’un prétexte pour dérouler les fastes
de la Sérénissime : vicissitudes de deux
couples d’amants à travers péripéties,
déguisements et mort fictive engendrant
l’agnition, temps théâtral incontournable.
Le décor nous mène de Venise, place StMarc, à Fez, pendant exotique d’Afrique
du Nord. Ce n’est pas par son originalité
dramatique que l’Ormindo suscite la
curiosité, même si la description réaliste
des lieux est un enchantement. On y retrouve la trame montéverdienne : les
effets dramatiques reposent sur la force
d’expression de la voix, dans des arias
nombreux et déployés. La nouveauté
réside plutôt dans la multiplication de
récitatifs, parfois entrecoupés de refrains.
Ces récitatifs annoncent le futur de
l’opéra, tant chez les Italiens que chez
Mozart par exemple. Le genre français
s’en distinguera. Par conséquent les ensembles choraux sont rares. L’autre nouveauté se trouve dans l’utilisation d’un
orchestre réduit aux cordes. Seule la
basse-continue est renforcée (2 violes de
gambe, un violone, harpe, théorbe et guitare, 2 clavecins et 1 orgue).
NOUVEAUTÉ
H
LA SORTIE D’EGYPTE
JEPHTÉ
LA DESTRUCTION
DE JÉRICHO
Henri-Joseph Rigel
Les Chantres du Centre
de Musique Baroque de
Versailles - Orchestre des
Folies Françoises – Olivier
Schneebeli
K 617-198-HM 90-1 CD
enri-Joseph Rigel est aujourd’hui
un inconnu. La période 17601790 retient principalement
Mondonville, Philidor, Gossec parmi les
compositeurs français en vogue. Les
sujets de Rigel nous montrent pourtant
une véritable inspiration et une vraie originalité dans la facture de ceux-ci. La
musique est somptueuse, parfois pompeuse, mais c’est l’époque qui le veut :
trompettes dans le lointain, grands effectifs à double chœur, figurations orchestrales préludant le romantisme et cantiques mettant en valeur les effets
vocaux féminins. Arrivé d’Outre-Rhin à
Paris en 1767, Rigel avait acquis une
grande réputation. Il développa l’art de la
symphonie et des concertos, très inspiré
par Haydn et Mozart, avant de s’exercer
au hiérodrame, genre censé renouveler
les grands motets en latin. Le hiérodrame
traite, en français, des sujets empruntés
à l’Ancien Testament, prétexte à un langage musical plus moderne qui prélude à
la tragédie lyrique du XIXe siècle.
Le travail du Centre de Musique Baroque de Versailles est, depuis de nom-
32 FRANCECatholique N°3076 15 JUIN 2007
breuses années, remarquable dans sa
promotion de la musique française.
L’enregistrement réalisé ici, qui mêle de
talentueux interprètes, l’a été en public.
La prise de son est toutefois bonne et
l’interprétation ne souffre pas de reproche. L’ensemble est très intéressant et le
texte ainsi mis en musique, même s’il
n’est pas traité de façon spirituelle, pourra être édifiant globalement.
AMINTA
Antonio Mazzoni
Real Compania Opera
de Camara
Juan Bautista Otero
K 617 – 201/2 –
HM76x2 – 2 CD
NOUVEAUTÉ
F
arinelli, le castrat, commande au
Bolognais Mazzoni (1717-1785),
Aminta, le Roi Pasteur, suite aux succès répétés que le compositeur a connus à
Lisbonne. Celui-ci crée ainsi un Opera
Seria en 3 actes, relativement bref.
Aminta, rôle titre, était interprété par l’étrange commanditaire, en voix de soprano,
bien qu’il s’agisse d’un personnage masculin. Le travestissement des personnages est
récurrent dans l’opéra, sinon la confusion
des genres. Alexandre le Grand, symbolisant le pouvoir absolu, tire de façon brutale de leur songe idyllique et pur, d’un lieu
où tout n’est que beauté, sorte de Liban
biblique, un berger et une nymphe, Aminta
et Elisa. Aminta est l’héritier du trône.
Mise en scène d’une dialectique permanente : comment assumer le pouvoir sans
perdre son idéal de vérité ? La mise en
musique mêle arias soutenus par un
orchestre à grand effectif à des récitatifs à
basse-continue. Rien n’est dit deux fois de
la même manière, même si les arias da
capo sont encore monnaie courante
(reprise de l’air en fin de phrase).
Les interprètes se sortent bien du défi
de cette musique qui ne soulève pas toujours l’enthousiasme. Pour les amateurs
d’opéra classique, ce sera un enregistrement à écouter, comme un précurseur… ■
CINEMA
Bande de sauvages
FAUSSAIRE
Quatre amis, tous motards il y a une vingtaine
d'années, ont besoin de prendre un peu de
recul par rapport à leur existence et décident
de prendre la route pour une dernière virée.
Leur périple se révèle riche en péripéties et
en rencontres insolites. La situation se corse
lorsque leur chemin croise celui d'une
véritable bande de motards...
Cette comédie sans prétention, qui ne
manque ni de saveur ni de piquant, a rencontré
un succès inattendu aux États-Unis. Si Walt
Becker joue sur le registre de la comédie, il
n'hésite pas à teinter son récit d'une douce
mélancolie. Le film s'inspire de ces motards qui
furent marqués par le film « Easy Rider » et qui
aiment, de temps en temps, se replonger dans
une ambiance proche de celle du film. On passe
un agréable moment à suivre les mésaventures
de ce sympathique quatuor.
Cette escapade permettra à nos quatre
amis de faire le point de manière salutaire sur
leurs problèmes personnels.
M.-L. R.
Comédie de mœurs
américaine (2007) de
Walt Becker, avec
Tim Allen (Doug
Madsen), John
Travolta (Woody
Stevens), Martin
Lawrence (Bobby
Davis), William H.
Macy (1h40).
(Grands adolescents).
Sortie le 13 juin 2007.
Shrek le troisième
À la mort du roi, Shrek, qui a épousé la princesse
Fiona, ne se sent pas prêt à lui succéder.
Ce troisième volet des aventures de
Shrek tient toutes ses promesses. Le récit, avec
son lot de rebondissements et de trouvailles, est
habilement construit et les gags abondent, pour
le plus grand bonheur du spectateur. Quant à la
technique, elle est impeccable.
Ce divertissement familial est plein de
bons sentiments.
M.-L. R.
Film d’animation
américain (2007)
(en 3D) de Chris Miller,
avec les voix de Myke
Myers/Alain Chabat
(Shrek), Eddie
Murphy/Med Hondo
(L’Âne), Antonio
Banderas (1h 33). (Tous)
Sortie le 13 juin 2007.
par Marie-Christine RENAUD d’ANDRÉ
Les vertus de l’amitié
La mise en scène de Lasse
Hallström séduit, notamment
grâce à un travail judicieux
sur les éclairages.
L
a vie offre parfois de telles extravagances qu'elles dépassent souvent la fiction et que le cinéma
n'a pas besoin d'aller chercher bien
loin son inspiration. Il n'est pas utile
d'être muni d'une caméra pour être un
excellent metteur en scène, comme le
prouve cet écrivain, auteur d'une incroyable escroquerie.
En 1971, Clifford Irving, un écrivain
en mal de reconnaissance, met au
point un étonnant canular. Il parvient
à vendre à une grande maison d'édition un ouvrage qu'il présente comme
la biographie d'Howard Hughes, le
milliardaire excentrique qui vit reclus
chez lui. Celui-ci n’ayant pas parlé à
la presse depuis quinze ans, Irving
pense qu’il ne va pas rompre son
silence pour révéler la vérité. Son livre
suscite une grande curiosité tant la
personnalité du milliardaire fascine.
Mais celui-ci va finir par sortir de sa
réserve pour dénoncer la supercherie.
Ce nouveau long-métrage de
Lasse Hallström, cinéaste américain
d'origine suédoise, constitue une très
bonne surprise. S'inspirant de faits
authentiques (Clifford Irving a raconté
toute l'affaire dans un livre intitulé
«The Hoax»), le réalisateur dépeint
avec brio et ingéniosité les différentes
étapes de cette étonnante escroquerie.
(
Richard Gere, dans un
rôle à la mesure de
son talent, offre une
composition magistrale
Le spectateur est sans cesse amené à
se demander ce qui relève du réel ou
de la supercherie. Qui plus est, le récit,
très habilement agencé, comprend un
pan politique intéressant (le lien avec
Nixon et le scandale du Watergate),
même s'il se révèle un peu confus.
Le récit offre une réflexion
pertinente sur la recherche du sensationnalisme et les compromissions
éthiques qu'elle implique. ■
Faussaire. Comédie dramatique américaine (2005) de Lasse
Hallström, d’après le livre de Clifford Irving, avec Richard Gere
(Clifford Irving), Alfred Molina (Dick Suskind), Marcia Gay
Harden (Edith Irving), Hope Davis (Andrea Tate), Julie Delpy
(Nina Van Pallandt), Stanley Tucci (Shelton Fisher) (1h55).
(Grands adolescents). Sortie le 13 juin 2007.
Syndromes and a Century
Dans un hôpital de la campagne thaïlandaise, un jeune médecin
déclare sa flamme à l'une de ses collègues lors d'un entretien
d'embauche…
Apichatpong Weerasethakul signe une œuvre aussi
déroutante qu'envoûtante. Le spectateur peut se laisser séduire
par son rythme langoureux, son cadre insolite, la grâce de
certaines séquences, la beauté d'un plan. Mais si la magie n'opère pas, l'ennui n'est jamais très loin.
Le cinéaste porte un regard plein de tendresse sur ses personnages, sur ses bonheurs et ses
aspirations, comme sur leurs mélancolies et leurs amertumes.
Marie-Lorraine ROUSSEL
Comédie dramatique franco-austro-thaïlandaise (2006) de Apichatpong Weerasethakul, avec Nantarat Sawaddikul (le docteur Toey), Jaruchai Iamaram
(le docteur Nohng), Nu Nimsomboon (Toa), Sophon Pukanok (Noom, l'expert en orchidées), Jenjira Pongpas (Pa Jane) (1h45). (Grands adolescents).
Sortie le 13 juin 2007.
FRANCECatholique N°3076 15 JUIN 2007 33
THEATRE
Qui est
ridicule ?
par Pierre FRANÇOIS
"Le rêve d’un homme ridicule"
n’est-il pas celui de tout un
chacun à un âge de sa vie,
avant de se simplifier ? La pièce
est en tous cas très réussie.
L
E RÊVE D’UN HOMME RIDICULE"(1)
est la mise
en scène d’un récit de Dostoïevski. En
entrant dans la salle de spectacle, on
découvre, sur l’immense scène nue du
théâtre de l’Aquarium, un petit podium
d’environ cinq mètres de large pour trois de profondeur. Tout cet ensemble est noir, hormis un
écran de projection, loin, au fond. Sur l’estrade, un
ensemble de pédales musicales et un haut parleur
intriguent. Pas autant d’ailleurs qu’une espèce de
trépied pour micro, à jardin, sans micro ni fixation
pour en mettre un. On commence à se demander
où on est tombé…
Soudain surgit un homme volubile qui parle
sans doute russe et, tandis qu’il fait montre de
gesticulations volubiles, un guitariste branche son
instrument. C’est fini, on va voir le troisième navet
de la semaine, soupire-t-on.
En fait, pas du tout ! Après deux minutes d’angoisse slavophone, on passe au français pour
découvrir que "Le rêve d’un homme ridicule" est
l’histoire d’un être qui a découvert la vérité sur
tout, et qui éprouve en prime la conscience de son
caractère ridicule. Non seulement on entend le
récitant-interprète se dire ridicule, mais on le sent
tel. Quoi qu’il en soit, il est tellement convaincu de
ce qu’il avance, et c’est un poids si écrasant pour
lui qu’il décide d’en finir, mais s’endort.
"
Faire rire
finement
sur des sujets
comme
le suicide
ou le péché
originel
Dommage
"La mouette" (1) d'Anton Tchekov est un classique, Anne Bourgeois une metteur en
scène qui réussit en général son travail. Mais la pièce qui se donne au théâtre 14
est étrange. Il y a des moments de grâce, certains personnages sont fort bien interprétés (Nina, Trigorine, Sorine…) mais globalement l’ennui du spectateur n’est
interrompu que par des cris ou des pleurs, parfois par un interlude musical.
Dommage. ■
(1) "La mouette", (texte français de Génia Cannac et Georges Perros), avec Anne Bourgeois,
Laurence Fabre... Mardi, mercredi, vendredi et samedi (20h30), jeudi (19h), matinée samedi
(16h) au théâtre 14 Jean-Marie Serreau, 20, avenue Marc-Sangnier, 75014 Paris. Places à
22 €, 15 € et 10 €. Tél. 01.45.45.49.77.
34 FRANCECatholique N°3076 15 JUIN 2007
© FRANCK BE
YONCLE
"LE RÊVE D'UN HOMME RIDICULE"
Pas question ici de révéler la
teneur de son rêve mais plutôt d’insister sur la
capacité de l’auteur et de l’acteur à faire rire finement sur des sujets comme le suicide ou le péché
originel. Même un spectateur de onze ans a trouvé
la prestation "géniale" (sans doute l’accompagnement musical contemporain était-il pour quelque
chose dans cette appréciation).
La fable de Dostoïevski est rendue vivante par
le comédien, on attend le prochain trait d’esprit, on
le suit dans les arcanes d’un récit qui ne serait pas
renié par l’univers du fantastique, on goûte la
façon dont sont démontés l’esprit humain et ses
raisonnements… ridicules. "Moi, pour aimer, je veux
de la douleur" nous ramène à la notion si valorisée
de "passion amoureuse". "Ils se mirent à prier leurs
propres idées, leurs propres désirs" est une analyse
qui va encore plus loin que la dénonciation des
"stars" et "idoles". Et cette logique "du tout ou
rien" dans laquelle les personnes de son rêve se
meuvent, recourant au crime pour avoir tout puis
au suicide une fois que l’ennui leur a donné le goût
du rien, ne nous est-elle pas connue ? Mais l’auteur conclut en nous donnant quelques clefs : "la
connaissance des lois du bonheur est supérieure au
bonheur, voilà ce qu’il faut combattre" nous explique-t-il à son réveil. La langue est claire, poétique et son caractère parfois elliptique est un des
ressorts comiques de l’ensemble.
On peut dire Dostoïevski prophétique ou mystique, en l’occurrence il est surtout vivant à travers
une dénonciation humoristique de nos travers les
plus enfouis. On touche là l’âme même du théâtre,
et il faut saluer le talent du traducteur et du comédien qui ont su adapter ce récit. Le dialogue
entre le comédien et le musicien est également
bien dosé. Par contre, on a parfois du mal à faire le
lien entre la projection vidéo et ce qui se passe sur
scène. Pour le bonheur de tous, cette pièce, qui est
jusqu’au 1er juillet au théâtre de l’Aquarium tournera ensuite du 3 au 13 juillet avec le CCAS. ■
(1) "Le rêve d’un homme ridicule", avec Régis
Royer et Dayan Korolic. Du mardi au samedi
(20h30), dimanche (16h) jusqu'au 1er juillet au
théâtre de l’Aquarium, Cartoucherie de Vincennes,
route du champ de manœuvre, 75012 Paris.
Places à 20/14/10 €. Tél. : 01.43.74.99.61.
TÉLÉVISION
Petites confidences
(à ma psy)
Les cinéastes aiment bien les films d’acteurs,
dans lesquels deux monstres sacrés s’affrontent. Les spectateurs aussi, qui prennent
beaucoup de plaisir à regarder deux stars
dans des contre-emplois. Et si, en prime, les
deux stars en question sont aussi belles que
talentueuses, le plaisir est encore plus vif.
À New York, alors qu'elle tente de surmonter
un divorce douloureux, la belle Rafi s'éprend de
David, un peintre beaucoup plus jeune qu'elle.
Elle a 37 ans et il n’en a que 23. Elle demande
conseil à sa psychologue, le docteur Lisa
Metzger. Celle-ci lui suggère immédiatement de
profiter des instants de bonheur que cette relation peut lui apporter. Mais, au fil des confidences de Rafi, Lisa découvre que la jeune
femme lui parle de son fils. Elle doit alors subir
des confidences plus qu’intimes de sa patiente...
Ben Younger a réalisé une réjouissante
comédie dans laquelle il explore très habilement tout le potentiel comique du quiproquo de
départ. Certaines situations sont d'une drôlerie
irrésistible. On retrouve, par moments
l'atmosphère des films de Woody Allen, avec
ses dialogues savoureux et ses paysages newyorkais (de nombreuses scènes ont été tournées dans les rues de New York). Meryl Streep
prouve une nouvelle fois qu'elle est tout aussi
épatante dans le registre de la comédie que
dans celui du drame. Quant à Uma Thurman,
elle est toujours aussi belle.
La morale est sauve, malgré quelques
dialogues assez crus, mais, le plus souvent, fort
drôles.
Comédie américaine (2005) de Ben Younger, avec Meryl Streep
(Dr. Lisa Metzger), Uma Thurman (Rafi), Bryan Greenberg
(David), Jon Abrahams (Morris), Annie Parisse (Katherine),
Aubrey Dollar (Michelle), Ato Essandoh (Damien) (1h45).
Diffusion le samedi 16 juin, sur Canal +, à 20h50.
de l'intérieur et que nul ne sait comment
l'assassin est entré et sorti.
Avec la complicité de son frère Denis Podalydès, toujours excellent, le
cinéaste a écrit et réalisé cette fantaisie
policière qui respecte toutes les conventions d'un genre que l'on croyait oublié.
Dans un style proche de la BD, il a
transformé son jeune héros en une sorte
de Tintin (pantalon de golf inclus) fouineur, qui sait se servir du «bon côté de la
uand on a des rêves d'enfant, il ne
faut jamais hésiter à les réaliser.
C'est ce qu'a fait, avec beaucoup de
bonheur, Bruno Podalydès, grand amateur de feuilletons policiers, qu'ils soient
signés Gaston Leroux ou Maurice Leblanc, en portant à l'écran cette version
très personnelle des aventures de Rouletabille, journaliste malin et persévérant.
Au début du XXe siècle, une étrange
affaire défraye la chronique. Un mystérieux agresseur a attaqué Mathilde, la
fille du célèbre professeur Stangerson, en
tirant deux coups de revolver, ratant sa
victime, et s'est enfui, laissant sur le mur
la trace d'une main ensanglantée. Le problème, c'est que la chambre était fermée
Q
raison». C'est souvent très drôle (ce qui
n'était pas le cas de Gaston Leroux), parfois un peu laborieux, mais toujours distrayant.
Les comédiens font des numéros sensationnels, en particulier Sabine Azéma
dans un rôle quasiment muet, qu'elle
joue d’ailleurs à la manière des films
muets, tandis que Claude Rich est royal
en juge d'instruction imbu de sa personne. ■
Le mystère de la chambre jaune. Policier français (2003)
de Bruno Podalydès, d'après Gaston Leroux, avec Denis Podalydès
(Rouletabille), Jean-Noël Brouté (Sainclair), Claude Rich (le juge
de Marquet), Sabine Azéma (Mathilde Stangerson), Michael
Lonsdale (le professeur Stangerson), Pierre Arditi (Larsan), Olivier
Gourmet (1h58). Diffusion le mardi 19 juin, sur France 3, à 20h50.
TELEVISION
Dimanche 17 juin
Lundi 18 juin
Mardi 19 juin
TF1
TF1
TF1
TF1
20.50 Les enfants de la télé «Le
18.50 Élections législatives «2e
20.50 Grey’s anatomy : «Sexe,
concurrence et charité»,
«L’empoisonneuse», «Tous sur le
pont» GA. Série avec Ellen
Pompeo, Patrick Dempsey 2.
ឭឭឭ Excellent.
23.20 Vis ma vie. Magazine présenté par Flavie Flament, avec
Denis Brogniart.
France 2
20.50 Ça se discute jour après
jour «Je veux dormir !». Magazine
présenté par Jean-Luc Delarue.
23.15 Taking lives, destins violés A/Ø. Policier (2004) de D. J.
Caruso, avec Angelina Jolie, Ethan
Hawke, Olivier Martinez (1h39)
3. ឭឭឰ Un excellent suspense,
mais c’est violent et érotique.
France 3
20.50 Le mystère de la chambre
jaune J. Policier (2003) de Bruno
Podalydès, d’après Gaston Leroux,
avec Denis Podalydès, Jean-Noël
Brouté, Claude Rich (1h58). (Voir
notre analyse page 35)
23.25 Ce soir ou jamais.
Magazine.
Arte
Tous fichés !
20.40 Total contrôle GA. ឭឭ
Intéressant.
21.35 Resistants.com GA. ឭ Des
réactions saines émanant de
groupes peu crédibles.
22.05 Big Brother city GA. ឭ
Inquiétant.
36 FRANCECatholique N°3076 15 JUIN 2007
DR
DR
DR
meilleur». Divertissement présenté
tour». Soirée spéciale.
par Arthur et Karen Minier, avec
21.40 New York section crimiMonica Bellucci, Patrick Bruel,
nelle. Série avec V. D’Onofrio 3.
Arielle Dombasle, Alain Chabat,
France 2
Lara Fabian, Pierre Arditi,
Jean Reno, Clémentine
Émissions religieuses :
Célarié, Michèle Bernier, etc.
20.50 Femmes de loi «Cantine
08h30 Émissions religieuses : «Voix boud23.10 New York, unité spémortelle» GA. Téléfilm avec
ciale. Série avec Chris Meloni dhistes», «Islam», «Judaïca», «Source de vie»,
Natacha Amal, Ingrid Chauvin.
«Présence protestante» - 10h30 Le jour du
3.
ឭ Pas mal, mais sans plus.
Seigneur «La passion de Dona Lucy» - 11h00 22.40 Best of VIP. Magazine
France 2
Messe, en direct de l’église Saint-Germain- présenté par B. Castaldi.
20.50 Les années bonheur.
l’Auxerrois, à Fontenay-sous-Bois (94).
00.25 Vol de nuit. Magazine
Divertissement présenté par
présenté par P. Poivre d’Arvor,
e
Patrick Sébastien, avec Michel
19.30 Législatives 2007 «2 tour».
avec Marc Lévy, Maxime Chattam,
Delpech, The Equals, Pierre
Soirée spéciale.
Yann Queffélec, Catherine
Vassiliu, Barry Ryan, Sylvie Vartan,
22.40 Faites entrer l’accusé
Rambert, Jean-Marc Parisis, Alix
Michal, Lââm, etc.
«Michel Pinneteau, corps sans
de Saint-André.
23.15 On n’est pas couché.
tête de l’Esteron». Magazine 3.
France 2
Magazine présenté par Laurent
France 3
Ruquier.
20.50 FBI, portés disparus : «Ja20.45 Législatives 2007 : «Édimais sans toi», «John Michaels».
France 3
tions spéciales en régions», «ÉdiSérie avec Anthony LaPaglia 2.
tion nationale». Soirée spéciale.
20.50 SOS 18 : «Faibles femmes»,
22.35 Mots croisés. Magazine.
«L’amoureuse» GA. Téléfilm avec
01.10 La vieille fille GA. Drame
00.50 Musiques au cœur
Patrick Raynal, France Zobda. ឭ
en NB (1939) de Edmund
«Disque, disque, rage : Les festiPas mal, mais sans plus.
Goulding, avec Bette Davis (1h35).
vals». Magazine.
23.15 Les petits virtuoses du
ឭឭ Un mélo poignant.
France 3
bout du monde. Documentaire.
Arte
00.10 La case de l’oncle Doc
20.55 Les vacances en chanEn remontant le Mississippi
«L’été, le Tour». Documentaire.
sons. Divertissement présenté par
Christophe Hondelatte, avec
Arte
Christian Clavier, Philippe Lavil,
20.00 Metropolis.
Pierre Perret, Franck Dubosc, etc.
23.25 Kiss of life GA. Comédie
dramatique (2003) de E. Young,
avec Ingeborga Dapkunaite, Peter
Mullan (1h23). ឭឰ Cette intrusion dans le fantastique n’est pas
20.45 Mississippi burning GA.
vraiment réussie et est confuse.
Drame (1989) de Alan Parker, avec
Arte
Gene Hackman, Willem Dafoe
(2h06). ឭឭឰ Une dénonciation
20.40 Le dernier témoin (5 et
20.45 L’aventure humaine «Le
vigoureuse du racisme. Mais c’est
6/26) : «Deux mondes opposés»,
fabuleux destin des inventions :
assez violent.
«L’esprit du mal se réveille». Série
(3) Le premier sous-marin» J. ឭឭ
22.55 Ol’ Man River «Le fleuve
avec Ulrich Mühe (1h30).
Intéressant.
Mississippi». Documentaire.
22.15 Arte sciences «La vie rêvée
21.40 360° - Géo «Razzia dans la
des rats». Documentaire.
M6
forêt amazonienne».
23.10 Grand format «Vivre vite» J.
20.50
Sister
Act
GA
.
Comédie
Musica
ឭឭ Un témoignage très person(1992) de Emile Ardolino, avec
22.35 Desert blues «Un voyage
nel et très émouvant.
Whoopi Goldberg (1h36). ឭឭឰ
musical au cœur du Mali».
M6
Dynamique, mais gros.
Documentaire.
23.00 Deux heures moins le
20.50 Recherche appartement
23.35 Isabel Bayrakdarian «A
quart
avant
Jésus-Christ
A
.
ou
maison. Divertissement.
long journey home».
Comédie (1982) de et avec Jean
00.15 Carrie 2 «La haine» Ø.
Documentaire.
Yanne, et avec Coluche (1h33).
Fantastique (2000) de Katt Shea,
M6
ឭឰ Loufoque et gros.
avec Emily Bergl (1h40) 3.
La trilogie du samedi
00.45 Enfants de salaud A/Ø.
ឭឰឰ Pas mal fait, mais affreux.
20.50 Smallville. Série avec Tom
Comédie (1996) de T. Marshall,
Canal +
Welling.
avec Anémone, Jean Yanne
20.50 La maison du bonheur J.
22.30 Tru calling «Comptes à
(1h40). ឭឭឰ Amusant, mais
Comédie (2006) de et avec Dany
rebours». Série avec E. Dushku 2.
amoral et érotique.
Boon, et avec M. Laroque (1h40).
Canal +
Canal +
(Voir notre analyse page 35)
20.50 Petites confidences (à
20.50 La fureur dans le sang.
22.30 Lundi investigation «Jeanma psy) GA. Comédie (2006) de
Série avec R. Green (1h26) 3.
Paul II : Contre-enquête sur l’atBen Younger, avec Uma Thurman,
tentat» GA. ឭឰ Rien de bien
KTO
Meryl Streep, Bryan Greenberg
nouveau et incomplet.
10.00 Messe présidée par Benoît
(1h45). (Voir notre analyse page
KTO
XVI, en direct d'Assise.
35)
20.50 La foi prise au mot
20.50 Après le miracle. Que se
KTO
«L'homme et la bête», avec Patrice de
passe-t-il à Formose, depuis la
Plunkett et Jean-Marie Meyer.
vague de conversion des années 50.
20.50 VIP. Magazine.
21.45 Ludwig van Beethoven
21.45 Un jour, une foi «La vie des
21.45 Un jour, une foi «Chemins de
«Missa Solemnis».
diocèses».
vie».
Tf1 - C Dofi-michel
Samedi 16 juin
22.45 Local hero GA. Comédie
(1982) de Bill Forsyth, avec Burt
Lancaster (1h50). ឭឭ
Sympathique, drôle et bien fait.
M6
20.50 NCIS «Enquêtes spéciales :
“Beauté volée“, “La théorie du
complot“, “Cellule rouge“». Série
avec Mark Harmon 2.
23.25 T’empêches tout le
monde de dormir «Best of».
Magazine présenté par MarcOlivier Fogiel.
Canal +
20.50 C.R.A.Z.Y. A. Comédie dramatique (2006) de Jean-Marc
Vallée, avec Michel Côté (2h07)
2. ឭឭឰឰ Intéressant et bien
fait, mais ambigu et banalisant
l’homosexualité.
KTO
20.50 Bokar Rimpotché, maître
de méditation. Rencontre avec un
maître du bouddhisme tibétain.
21.50 Un jour, une foi «Que deviennent-ils ?».
TELEVISION
Mercredi 20 juin
Jeudi 2 1 juin
Vendredi 22 juin
TF1
TF1
TF1
20.50 Mystère (1 et 2/12) A/Ø.
20.50 Commissaire Valence
«Permis de tuer» GA. Téléfilm avec
20.50 Les 10 commandements
die (2004) de Jeanne Labrune,
avec Victoria Abril, Jean-Pierre
Darroussin (1h24) 2. (Voir notre
analyse ci-contre)
France 3
20.50 Spéciale chansons «Vive la
nostalgie !». Divertissement présenté par Mireille Dumas, avec
Lio, Rose Laurens, Cookie Dingler,
Desireless, Sabrina, Gold, etc.
22.50 Ce soir ou jamais.
Magazine. (et à 23h25)
Arte
20.40 Mercredis de l’histoire «Le
génocide arménien» J. Passionnant.
21.35 Zoom Europa. Magazine.
22.20 Le dessous des cartes
«Arménie : Une saison française
en 2007». Magazine.
22.30 Vodka lemon GA. Comédie
en VO (2004) de Hiner Saleem,
avec Romen Avinian (1h26). Insolite, mais maladroit.
M6
20.50 Nouvelle star «Le rappel».
Divertissement.
23.20 Missing «Disparus sans laisser de trace». Série 2.
Canal +
20.50 Angel-A GA. Comédie en
NB (2005) de Luc Besson, avec
Jamel Debbouze (1h27). Paris est bien filmé, mais l’ensemble est un peu décevant.
KTO
20.50 Demm Demm. Des candidats
à l’émigration qui sont parvenus à
entrer en Europe témoignent.
21.45 Un jour, une foi «La famille
en questions».
Une soirée de polars
20.50 Boulevard du Palais «Un
petit coin sans histoire» GA.
Téléfilm avec Anne Richard, JeanFrançois Balmer, Philippe
Ambrosini (1h29) 2. Une
histoire sordide et assez peu palpitante.
22.30 Central nuit «Un beau flag»
GA. Téléfilm avec Michel Creton,
Lucie Jeanne (0h50) 2. Bien fait, mais une scène pénible
de viol.
23.25 Esprits libres. Magazine
présenté par Guillaume Durand.
France 3
nouveaux prêtres aujourd'hui ?".
(Rediffusion à 17h)
10h Série de 3 ou 4 portraits d'ordinants en IDF (Rediffusion à 20h)
10h45 Aujourd'hui l'Eglise "Deve-
nir prêtre : une aventure spirituelle"
14h-30 L'invité de Denise Dumolin
Le Bernard Pitaud (ancien supérieur
du Séminaire des Carmes, auteur de
Monsieur Ollier)
21h Génération "Comment déce-
ler une vocation ? Savoir se poser
les bonnes questions"
22h Ecoute dans la nuit "Prier pour
les vocations"
20.50 Thalassa «Voyages et odys-
sées». Magazine présenté par
Georges Pernoud.
23.25 Le goût des vacances.
Documentaire.
Arte
20.40 Lady Chatterley et
l’homme des bois Ø. Téléfilm de
Pascale Ferran, d’après D. H.
Lawrence, avec Marina Hands
(3h21). Une brillante
adaptation de D. H. Lawrence
(couronnée de Césars). C’est,
comme il se doit, illustré d’images
peu discrètes.
Soirée Harrison Ford
20.50 Danger Immédiat GA.
Aventures (1994) de Phillip Noyce,
avec Harrison Ford, Willem Dafoe,
Anne Archer (2h15) 2. Une excellente adaptation de Tom
Clancy, mais c’est assez violent.
23.20 Jeux de guerre GA.
Aventures (1992) de Phillip Noyce,
avec Harrison Ford, Anne Archer
(1h52) 2. Très prenant,
mais très violent aussi.
Canal +
20.50 Dexter (11 et 12). Série
avec Michael C. Hall 3.
KTO
20.50 Concert de gala à
Lucerne, avec Claudio Abbado et
Renée Fleming.
22.40 Un jour, une foi «Art et
culture».
23.05 Thierry Escaich au miroir
de J.-S. Bach.
Vendredi 22 juin
7h15 Grand Témoin, Mgr Jérôme
Beau (évêque auxiliaire de Paris)
9h Bistrot de la Vie "Qui sont les
DR
23.50 Cause toujours GA. Comé-
Radio Notre-Dame
Les 22 juin et 23 juin, deux journées sur les vocations sacerdotales
à l’occasion des ordinations à
Paris, Versailles, Evry et Saint-Denis. Avec divers témoignages de
futurs prêtres, des enseignements,
des analyses autour de la vie sacerdotale en France. Quel cheminement spirituel pour ces jeunes
hommes ? Quel accompagnement de la part de leur famille, de
l’Eglise ? Pour quelle mission ?
des vacances. Divertissement
présenté par Julien Courbet et
Églantine Éméyé.
23.20 Confessions intimes.
Magazine présenté par Isabelle
Brès.
France 2
Bernard Tapie, Clair, Stéphanie
Sokolinski. Assez prenant,
mais pas toujours vraisemblable.
22.30 Esprits criminels. Série
avec Mandy Patinkin 2.
France 2
20.50 Fête de la musique : NRJ
Music Tour. Divertissement présenté par Olivier Minne, avec
Mika, Avril Lavigne, Calogero,
Christophe Willem, Tokio Hotel,
Christophe Maé, Yannick Noah,
Shy’m, Vitaa, Kamini, la troupe du
Roi-Soleil, Laurent Voulzy, etc.
France 3
20.55 Suzie Berton A. Téléfilm
avec Line Renaud, André
Dussollier, Daniel Russo, François
Toumarkine. Un excellent
face- à- face, avec une interprétation tout en nuances. Mais
l’histoire est sordide.
23.40 Ce soir ou jamais.
Magazine présenté en direct par
Frédéric Taddeï.
Arte
20.40 La Fille du régiment. Opéra
de Gaetano Donizetti, avec les
Chœurs et l’Orchestre du Royal
Opera House, sous la direction de
Bruno Campanella, et avec
Natalie Dessay, Juan Diego Florez,
Donald Maxwell, Felicity Palmer
(2h30).
23.15 La vie en face «HautKarabakh : La paix des guerriers».
Documentaire.
M6
DR
DR
Feuilleton avec Toinette Laquière,
Arnaud Binard, Yann Sundberg.
Une histoire mystérieuse
(avec extraterrestres ?), mais
illustrée d’images érotiques.
22.40 Dr. House : «De l’autre côté»,
«A suivant…» GA. Série avec Hugh
Laurie 2. Sans doute les
meilleurs épisodes de la série, avec
une touche de spiritualité.
France 2
20.50 Clara Sheller : «À la recherche du prince charmant»,
«Intuition féminine», «État secret»
A. Téléfilm avec Frédéric
Diefenthal, Mélanie Doutey
(2h41). Clinquant (au
début) et moderne (avec banalisation de l’homosexualité), mais
assez amusant.
RADIOS
Femmes avec ou sans dessous
00.20 Les dessous ont une his-
toire. Documentaire.
01.25 Strip de velours.
Documentaire.
M6
20.50 Numb3rs : «Vivre…», «… ou
mourir». Série avec Rob Morrow,
David Krumholtz, Diane Farr,
Dylan Bruno 2.
22.30 Prison break : «La grande
évasion», «Allen». Série avec
Wentworth Miller 2.
Canal +
20.50 Fog. Horreur (2006) de
Rupert Wainwright, avec Tom
Welling, Maggie Grace (1h35) 3.
KTO
20.50 KTO magazine «Frère
Ephraïm, les Béatitudes en accusation». Après la polémique, le
témoignage de Frère Ephraïm.
21.45 Un jour, une foi «Églises du
monde».
Samedi 23 juin
7h30 "Récit d'une nuit de prière
pour les vocations", avec le père
Antoine d'Augustin (directeur au
Séminaire de Paris)
8h Parole d'Evêque, Mgr Michel
Dubost (évêque d'Evry-Corbeil-Essonnes)
8h45 Spéciales Ordinations, Mgr
André Vingt-Trois (archevêque de
Paris)
9h30 "Ordinations - messe en la
Cathédrale N.-D. de Paris"
La messe d’ordination sera diffusée en direct depuis la Cathédrale
Notre-Dame de Paris.
M.B.
sur France 2
Mercredi 20 juin, à 23h50
Cause toujours GA
Léa est déçue que son invitation à
passer un week-end chez elle à la
campagne soit refusée par ses amis.
Grâce à des comédiens inspirés (Victoria Abril et Jean-Pierre
Darroussin en tête), Jeanne
Labrune a réalisé une jolie comédie
de mœurs sur le soupçons et ses
conséquences. Par petites touches,
avec les menus événements de la
vie quotidienne, elle brosse le portrait d’un groupe d’amis. C’est un
peu superficiel, mais très bien fait.
Cette œuvre légère distille une
jolie morale de vie sur la confiance
que l’on doit accorder à l’autre.
T :
J :
GA:
A :
Ø :
:
:
Tout public
Repères
Adolescents
Grands adolescents
Adultes
Œuvre (ou scène) nocive
Elément positif
Elément négatif
FRANCECatholique N°3076 15 JUIN 2007 37
BLOC-NOTES
Paris
✔ L’Aide à l’Eglise en Détresse
(AED), fondée en 1947 par le
Père Werenfried Van Straaten,
fête ses 60 ans. À cette occasion,
une messe sera célébrée le dimanche 17 juin (18h30) en la
cathédrale Notre-Dame de Paris.
Mgr André Vingt-Trois (archevêque
de Paris), présidera la cérémonie.
✔ Peinture : Ouverture de la Pinacothèque de Paris, 28, place
de la Madeleine, avec comme
exposition inaugurale "Roy Lichtenstein : Evolution". Site :
www.pinacotheque.com.
✔ Littérature : le 19 juin (20h30),
dans le cadre du 30e festival franco-anglais de poésie, la Maison
de la Poésie propose "Sculpture
sur prose" mis en scène par
Claude Guerre. Rens. ✆ 01.44.
54.53.00, www.maisondelapœsieparis.com
Aisne
✔ La communauté de la SainteTrinité propose une session de formation du mercredi 4 (15h) au
mercredi 11 juillet (17h), "L'icône,
peinture d'une icône pendant la
journée, avec l'office liturgique",
animée par frère Ephrem (de la
Communauté) et Philippe Sers (pro-
✂
fesseur à l'Ecole Cathédrale de Paris)
(condition : avoir le sens et le goût
artistiques, ouverte aux débutants,
accepter de se plier à une discipline d'apprentissage). Inscriptions :
frère Ephrem Yon, Prieuré Saint
Pierre et Saint Paul, 02210 La
Croix sur Ourcq, ✆ 03.23.55.26.
57, [email protected]
Aude
✔ Au monastère des Dominicaines, Prouilhe, 11270 Fanjeaux, ✆ 04.68.11.22.66/ accueil
@prouilhe.net une session d'iconographie "Bible-Icône-silence"
est proposée du 8 (soir) au 13
juillet, avec Sr Marie-Thadée (op)
et Marie Aveline. Et aussi une
session-retraite "à partir des 9
manières de prier de saint Dominique", du 15 (soir) au 20
juillet (14h) avec le Frère EliePascal Epinoux (o.p. du couvent de
Toulouse) et Sr Geneviève-Emmanuel (o.p.)
Bas-Rhin
✔ Les Petites Sœurs franciscaines, 1, rue du Couvent,
67440 Thal-Marmoutier, ✆ 03.
88.03.12.03, fax 03.88.03.12.08,
proposent une journée compassion - Expression charismatique,
le 17 juin (9h-18h30) "Laisse-toi
attirer par Dieu". Et aussi, une retraite "Rencontrer Jésus", avec le
père Marcel Bourland, du 2
(18h) au 7 juillet (14h).
Calvados
✔ La communauté des Béatitudes, Le Château, 14100 Hermival-les-Vaux, ✆ 02.31.32.00.44,
organise, du 31 juillet au 4 août,
un rassemblement d’été pour tous
(y compris familles) "Dieu est
Amour, annoncez-le". 5 jours pour
se mettre sous le regard de Dieu...
à l’école de la petite Thérèse. Avec
louanges, enseignement, Eucharistie, veillée de prière... avec Mgr
Léonard (Diocèse de Namur), les
pères Silouane et Philippe (Communauté des Béatitudes), le père Ide
(Communauté de l’Emmanuel). Possibilité de participer à 1, 2, 3, 4
ou 5 jours au choix. Une session
spécifique est proposée pour les
enfants de 0 à 13 ans et pour les
adolescentes de 14 à 18 ans.
Courriel : [email protected]
Corrèze
✔ Au prieuré du Jassonneix,
19250 Meymac, ✆ 05.55.95.21.
11, fax 05.55.95.21.88, un weekend "Saint Augustin" est prévu,
avec une conférence, le 23 juin.
Et un concert dans l'église SaintAugustin. Courriel :
[email protected]
Côte-d'Or
✔ Jusqu'au 2 septembre, l’Abbaye de Fontenay, 21500 Marmagne, accueille l’exposition
"Monastères vus du ciel", en 51
clichés aériens photographiés par
Yann Arthus Bertrand entre autres
avec l'agence Altitude, permettant
au visiteur d’apprécier à quel
point ces constructions monastiques du monde entier s’intègrent
dans leur environnement. Tous les
jours, (9h-18h) et (9h-19h en
juillet et août). Rens. ✆ 03.80.92.
15.00.
Essonne
✔ 60 jardins s’ouvrent au public
durant tous les week-ends de juin,
autour du thème "au fil de l’eau".
Programme au ✆ 01.64.97.35.13
ou sur www.secretsjardins.com
Saône-et-Loire
✔ Au foyer du Sacré Cœur, 14 rue
de la Visitation, 71600 Paray-leMonial, ✆ 03.85.81.11.01, fax
03.85.81.26.83, les 30 juin et 1er
juillet, ce sera le 62e pèlerinage
international "Cor Christi" et en
même temps le 100e anniversaire
de l'intronisation du Sacré-Cœur
dans les familles, sur le thème
"Avec la puissance d'Amour du
Cœur du Christ, bâtir ensemble la
civilisation de l'Amour".
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entreprises. Si vous ne le souhaitez pas, il suffit de nous écrire ou de nous téléphoner et il en sera tenu compte immédiatement.
BLOC-NOTES
Seine-Saint-Denis
✔ Du 28 au 30 juin, le Centre
dramatique de la Courneuve
donne "Allers-Retours", de Ödön
von Horváth, en plein air dans
les quartiers de la ville. C’est la
deuxième année que ce genre de
manifestation a lieu. Rens. ✆ 01.
48.36.11.44 ou www.centredramatiquedelacourneuve.com
✔ Les 23 et 24 juin se déroulent
le festival "Jazz musette des
puces" à Saint-Ouen. Rens.
✆ 01.40.11.77.36 ou www.festivaldespuces.com
Vienne
✔ Les chemins de Musique, Abbaye Saint-Martin, 2 place Révérend Père Lambert, 86240
Ligugé, ✆ 05.49.55.89.00, fax
05.49.55.10.98, abbaye-liguge
@siloe-librairies.com organisent,
du 29 juin au 8 juillet, des journées musicales d'été qui auront
pour thème "Musique et littérature au tournant du 19e et du 20e
siècle", à l'occasion du centenaire de la mort de l'écrivain
Joris-Karl Huysmans. (Seront
évoqués les problématiques de
cette fin du 19e siècle avec les
alternatives au romantisme, l'évolution de la vie sociale et des
mentalités religieuses... Site :
www.cheminsdemusique.fr
Concerts pour associations
✔ Deux concerts : "Henry Purcell"
King Arthur, avec le chœur Musicanti, sous la direction de Peter
Hicks, avec l'orchestre de l'Académie symphonique de Paris, seront
donnés en l'église Saint-Pierre de
Neuilly, 90 av. du Roule, 92200
Neuilly, le 19 juin (20h45) au profit de "Le syndrome de Rett" (association de familles et de sympathisants
concernés par ce handicap neurologique grave) ; le 21 juin (20h45) au
profit de l'association "Magnificat
«Accueillir la vie»" (association pour
encourager l'œuvre d'accueil maternel)
(11 av. des Martyrs, 37240 Ligueil,
✆ 02.47.59.63.07). Entrée libre,
quête à l'entracte.
Retraites "Icônes"
✔ Trois retraites, pour un cheminement spirituel en peignant une
icône, se dérouleront pour débu-
tants et initiés avec Astride Hild :
du 3 (soir) au 9 juillet , à la maison du Sacré Cœur à Paray-le-Monial, "Montre-nous Ton Visage",
en peignant l’icône du Christ Pantocrator ; du 16 (soir) au 22 juillet,
à l’Abbaye d’Orval (Belgique),
"Avec Marie, notre Mère", en peignant l’icône de la Sainte Vierge
et l’Enfant ; du 19 (soir) au 25
août, à l’Abbaye de Maredsous
(Belgique), "Contemplation du
Christ Transfiguré", en peignant
l’icône du Christ Transfiguré.
Rens. ✆ 00.32 (0) 27.31. 47.36 /
[email protected] site :
http://users.pandora.be/astrid
Pèlerinage
✔ L'Association familiale Louis et
Zélie Martin propose un pèlerinage "Vers Saint-Jacques", entre
Conques et Figeac, du 29 juillet
au 4 août, avec le Père ClaudeAndré David-Fenot et des sœurs, à
un rythme adapté aux familles,
avec bivouac et messe quotidienne... et aussi enseignements,
prières, soirée d’adoration... Environ 150 € par famille. Rens. :
Anne-Sophie et Laurent Michon
72 rue de la Louvière, 78120
Rambouillet, ✆ 06.22.56.17.19 06.12.47.92.60 michon.l@ free.fr
Cécile et Bruno Desveaux
✆ 06.75.63.14.24.
Marches au désert :
Les Goums
✔ 8 jours de désert avec les
GOUMS, une expérience unique en
son genre... Les GOUMS commençent à être connus, du moins, par
ce qu'on en dit mais rien ne vaut
d'en connaître la réalité par l'expérience. Il y a bien des manières de
traverser le désert, même en 4x4,
mais avant la curiosité des paysages la vérité du désert se trouve en
soi. Nous vivons une époque où,
malgré la montée en puissance de
la science, l'individu vit de plus en
plus dans l'incertitude. Au milieu
des villes à millions d'habitants, on
ne sait plus qui l'on est... soi. On
se demande même parfois si la vie
a un Sens. Le désert "vécu à la manière GOUM" vous donne au moins
une chance de trouver un commencement de réponse à cette
question. Nos marches au long
cours, nos bivouacs à la belle étoile, nos petites équipes fraternelles
de 15 à 20, nos Eucharisties quotidiennes avec des Prêtres qui marchent avec nous, donnent à notre
expérience GOUM une captivante
originalité. Les GOUMS lancent, cet
été 2007, 20 Raids du 16 juin au 9
septembre : Préalpes de Grasse,
Les Causses (Méjean, Sauveterre,
Larzac, Quercy), Aubrac, Jura,
Bosnie, Turquie, Italie. Age des
participants : 20-35 ans. (90140 € la semaine). Informations et
calendrier : Michel de Malartic,
1800 route du colonel Bellec,
13540 Puyricard, ✆/fax 04.42.92.
27.40, [email protected], site :
www.goums.org et Jean Latil, 16
av. Alfred Capus, 13090 Aix-enProvence, ✆/fax 04.42.29.72.75.
Pour passer un communiqué,
contactez : [email protected]
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directement sur notre site internet :
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prêtre dans presbytère, aide-ménagère ou pastorale, préférence Charente-Maritime, Vendée, Deux-Sèvres,
Charente. Laisser message sur répondeur du 06.32.
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➥ Entretien et réparation d'orgues sur toute la
France, nombreuses références : Marc Hédelin.
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les Pyrénées-Orientales ➧ 12, rue de la République à Collioure ; 18 bd J.-L. Grégory à Thuir ; 14, bd Ml Joffre à Céret ; 18, bd du Grau-StAnge à Barcarès ; 12, rue de Belloch à Bourg-Madame - Dans le Bas-Rhin ➧ 46, av. de la Robertsau à Strasbourg ; 27, Grande-Rue à
Haguenau - Dans le Rhône ➧ Gare de Perrache, Vest. Niveau 1 ; Gare de la Part-Dieu, côté Villette ; 52, av. du Point-du-Jour à Lyon ; 12,
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FRANCECatholique N°3076 15 JUIN 2007
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