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Karine Vanthuyne LA PRÉSENCE D’UN PASSÉ DE VIOLENCES MÉMOIRES ET IDENTITÉS AUTOCHTONES DANS LE GUATEMALA DE L’APRÈS-GÉNOCIDE LA PRÉSENCE D’UN PASSÉ DE VIOLENCES Mémoires et identités autochtones dans le Guatemala de l’après-génocide Karine Vanthuyne LA PRÉSENCE D’UN PASSÉ DE VIOLENCES Mémoires et identités autochtones dans le Guatemala de l’après-génocide Les Presses de l’Université Laval reçoivent chaque année du Conseil des Arts du Canada et de la Société de développement des entreprises culturelles du Québec une aide financière pour l’ensemble de leur programme de publication. Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada pour nos activités d’édition. Maquette de couverture : Laurie Patry Mise en pages : In Situ © Presses de l’Université Laval. Tous droits réservés. Dépôt légal 4e trimestre 2014 ISBN 978-2-7637-2232-0 PDF 9782763722337 Les Presses de l’Université Laval www.pulaval.com Toute reproduction ou diffusion en tout ou en partie de ce livre par quelque moyen que ce soit est interdite sans l'autorisation écrite des Presses de l'Université Laval. Table des matières Remerciements................................................................ XI Sigles ............................................................................ XIII Lexique........................................................................... XVII Introduction.................................................................... 1 Une double-ethnographie........................................................ 5 Plan du livre............................................................................ 9 Anonymisation et biographies................................................. 10 CHAPITRE UN Histoire et expériences de la violence................................. 13 1.1. La Conquête et le gouvernement colonial (1524-1821)... 14 1.2. Des Réformes des Bourbon à la Révolution libérale (1714-1944)...................................................................... 18 1.3. Le Printemps démocratique (1944-1954)......................... 24 1.4. De la Libération à la contre-révolution (1954-1982)........ 27 1.5.Actes de génocide (1982-1983)........................................ 33 1.6. Guerre des fusils et des haricots et exil (1982-1986)........ 38 CHAPITRE DEUX Se souvenir d’une histoire de violence au quotidien............ 47 2.1. La mémoire des lieux........................................................ 50 2.1.1. Une beauté qui fait mal.......................................... 50 2.1.2. Les cicatrices du paysage......................................... 56 VIII LA PRÉSENCE D’UN PASSÉ DE VIOLENCES 2.2. La mémoire incarnée........................................................ 61 2.2.1. Les accompagnateurs internationaux : des voleurs de sang ?.................................................................. 63 2.2.2. Où se sont cachés les guérilleros ?........................... 64 2.2.3. Les anthropologues légistes : des commerçants d’ossements ?........................................................... 65 2.2.4. Les accompagnateurs internationaux : des prospecteurs miniers ?....................................... 66 2.2.5. Une écologie de la peur.......................................... 67 2.3. La mémoire narrative........................................................ 73 2.3.1. De la mémoire à l’oubli du conflit armé interne..... 74 2.3.2. Le susto et la pathologisation du non-dit............... 80 2.3.3. De l’oubli à la gestion de l’indicible........................ 82 CHAPITRE TROIS Gouverner le passé de la guerre......................................... 87 3.1. Ré-articulation des mouvements sociaux.......................... 89 3.2. Le processus de paix......................................................... 97 3.3. La mise en échec des Accords de paix.............................. 103 3.4. Pauvreté, violence organisée et ajustements structurels..... 110 3.5. La justice transitionnelle : une solution ?........................... 113 CHAPITRE QUATRE Re-politiser les mémoires des survivants........................... 115 4.1. Multiplication des ONG et nouvelles formes de gouvernementalité............................................................ 121 4.2. Re-politiser les mémoires, produire de nouveaux sujets politiques.......................................................................... 123 4.2.1. Le CALDH........................................................... 123 4.2.2.L’ECAP.................................................................. 128 4.3. Transformer les survivants des massacres en victimes politiques.......................................................................... 130 4.3.1. Mobiliser des sujets de droit................................... 130 4.3.2. Libérer la parole de sujets psychosociaux................ 134 TABLE DES MATIÈRES IX 4.4. Transformer les survivants des massacres en Mayas.......... 142 4.4.1. D’une stratégie légale à une intervention de décolonisation épistémologique et politique........... 142 4.4.2. Entre dialoguer avec la culture de l’Autre et chercher à la restaurer......................................... 151 4.5. Transformer les survivants des massacres en citoyens....... 156 4.5.1. De la ré-articulation d’un mouvement social à la consolidation de l’État............................................ 156 4.5.2. Cheminer pour la justice, s’assumer comme citoyen.................................................................... 164 4.6. De la psychologisation du sociopolitique à la socio-politisation du psychologique.................................. 169 CHAPITRE CINQ Devenir une victime......................................................... 173 5.1. De l’obscurité épistémologique aux premiers témoignages...................................................................... 175 5.2. De la vérité à la transformation des survivants en victimes........................................................................ 180 5.3. Se souvenir de la guerre, devenir une victime.................... 183 5.4. Une économie morale et politique de la victimisation...... 195 5.5. Renégocier un vivre ensemble au quotidien...................... 206 5.6. D’une violence à l’autre..................................................... 209 CHAPITRE SIX Devenir un Maya............................................................. 221 6.1. D’Indio à Maya................................................................. 222 6.2. Les politiques de l’identité dans le Guatemala postgénocide..................................................................... 226 6.3. Somos Mateanos-Chuj..................................................... 228 6.4. Entre la costumbre et la cosmovision maya...................... 230 6.5. Somos indígenas............................................................... 241 6.6. Une flexibilité identitaire socioracialement limitée........... 245 6.7. La mayanisation à l’épreuve de violences historiques........ 254 X LA PRÉSENCE D’UN PASSÉ DE VIOLENCES CHAPITRE SEPT Devenir citoyen ?.............................................................. 259 7.1. Ethnographie d’un conflit local........................................ 261 7.2. Les effets contradictoires de la décentralisation................ 271 7.3. Désirer un rapport clientéliste.......................................... 275 7.4. Citoyens du monde ou latitudes de citoyenneté ?.............. 287 Conclusion...................................................................... 293 Annexes........................................................................... 301 Annexe I. Cartes...................................................................... 301 Annexe II. Biographie des principaux acteurs cités.................. 304 Bibliographie................................................................... 309 Remerciements A ux habitants de Yulaurel et de Guaisná qui m’ont si généreusement reçue dans leur village, et qui ont partagé leurs souvenirs, leurs espoirs, leurs réflexions et leurs doutes avec moi, j’adresse mes remerciements les plus sincères. J’exprime également ma gratitude aux acteurs terrain qui ont activement participé à mes recherches, dont Per Anderson, Karen Hamilton, Pierre Mehax et Étienne Roy-Grégoire. Un immense merci à Didier Fassin, le directeur de thèse doctorale dont découle ce livre, alors directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS), directeur de l’Institut de recherche interdisciplinaire sur les enjeux sociaux (IRIS) et aujourd’hui James D. Wolfensohn Professor au Princeton Institute of Advanced Studies. Je lui sais gré de m’avoir encouragée à sortir des sentiers battus, et d’avoir accepté de continuer à diriger de près mon travail, malgré la distance. Je remercie les autres membres de l’IRIS pour leurs réflexions et leurs encouragements, dont plus particulièrement Maria Pia di Bella, Estelle Carde, Estelle d’Halluin, Carolina Kobelinsky, Frédéric Le Marcis, Katia Lurbe di Puerto, Paula Vasquez et Silvia de Zordo. Ma gratitude va aussi à tous les autres chercheurs qui ont accepté de discuter de mes travaux et ainsi permis d’affiner mes réflexions, dont Laetitia Atlani-Duault, Alain Breton, Marc Drouin, Ricardo Falla, Allan Feldman, Cristiana Giordano, Yvon Le Bot, Sandrine Lefranc, Cynthia Milton, Ronald Niezen, Ruth Piedrasanta, Nubia Rodrigues et Jacques Sémelin. Un très grand merci à Cécile Rousseau, et aux autres membres de l’Équipe de recherche et d’intervention transculturelle du Centre XI XII LA PRÉSENCE D’UN PASSÉ DE VIOLENCES universitaire de santé McGill, où j’ai été accueillie à Montréal une fois mes recherches de terrain complétées au Guatemala, dont Lynne des Rosiers, Anousheh Machouf, Nicolas Moreau et Pauline Ngirumpatse. Je remercie aussi mes nouveaux collègues du département de sociologie et d’anthropologie de l’Université d’Ottawa, dont Natacha Gagné, Ari Gandsman, Mireille McLaughlin et Vincent Mirza : nos échanges et votre soutien m’ont permis de réviser mon manuscrit dans les meilleures conditions qui soient. Pour une correction des plus minutieuses et la traduction de la majorité des citations de l’anglais au français, j’exprime toute ma reconnaissance à Marthe Catry-Verron. Un très grand merci également à Yanic Viau pour les traductions des citations de l’espagnol au français et à Gilles Rivet pour des traductions de l’anglais au français. Pour le soutien financier qu’ils ont apporté à mes activités scientifiques, je remercie le Fonds québécois pour la recherche sur la société et la culture, le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada, l’Agence universitaire de la Francophonie, la formation doctorale d’anthropologie sociale et ethnologie de l’EHESS, l’Institut national de la santé et de la recherche médicale, la Maison des sciences de l’homme Paris Nord, ainsi que l’Université d’Ottawa. Je remercie le directeur des Presses de l’Université Laval, Denis Dion, pour son appui administratif, ainsi que les deux lecteurs anonymes de mon manuscrit, pour des suggestions et commentaires des plus pertinents. Aux nombreux membres de ma famille qui m’ont épaulée durant mes recherches et l’écriture de cet ouvrage, dont plus particulièrement mes parents, Marie-Paule et Jozef, j’exprime ici ma plus profonde reconnaissance. Merci à Aurélia et à Arthur pour leur joie de vivre contagieuse. Enfin, mes remerciements les plus grands vont à Wren Nasr. Je lui suis on ne peut plus reconnaissante pour son soutien indéfectible, son esprit critique et sa disponibilité constante à me prêter main-forte. Sigles AC Action catholique ACNUR/HCR Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés Association pour la justice et la réconciliation AJR ALEAC-RD Accord de libre-échange entre l’Amérique Centrale, les États-Unis et la République dominicaine ASC Assemblée de la société civile BID Banque interaméricaine de développement BM Banque mondiale CACIF Comité coordonnateur des associations agricoles, commerciales, industrielles et financières CAFCA Centre d’analyse légiste et des sciences appliquées CAIG Coordination pour l’accompagnement international au Guatemala Centre d’action légale pour la défense des droits humains Comité d’appui à la reconstruction de Petanac CALDH CARP CASA CCPP CEAR CECI CEDFOG Centre interaméricain pour les arts, la durabilité et l’action Commissions permanentes Commission nationale pour les rapatriés, réfugiés et déplacés Centre canadien d’étude et de coopération internationale Centre d’études et de documentation de la frontière occidentale du Guatemala XIII XIV CEDIG CEDIM CEH CEIBA LA PRÉSENCE D’UN PASSÉ DE VIOLENCES Centre pour le développement intégral du Guatemala Centre de documentation et d’investigation maya CHOLWUJ – CHOLNA’OJ Commission pour l’éclaircissement historique CERJ Association pour la promotion et le développement de la communauté Conseil des communautés ethniques, Runuel Junam CGTG Centrale générale des travailleurs du Guatemala CIA Central Intelligence Agency CIDH Commission interaméricaine des droits humains CII Coordination interinstitutionnelle CNL Terre et Liberté COMAR Commission mexicaine d’aide aux réfugiés COMG Conseil des organisations mayas du Guatemala CONAP Conseil national des aires protégées CONAVIGUA Coordination nationale des veuves du Guatemala CONFECOOP COPREDEH Confédération guatémaltèque des fédérations coopératives Commission présidentielle pour la résolution des conflits fonciers Coordination des organisations du Peuple maya du Guatemala Commission présidentielle des droits humains CPR Communautés de population en résistance CTEAR CUC Commission technique pour la réalisation de l’accord sur la réinstallation Comité de l’union paysanne DECOPAZ Développement communautaire pour la paix DEJURE Programme « Justice et réconciliation » du CALDH EAPSEC Équipe d’appui à la santé et à l’éducation communautaires Équipe d’études communautaires et d’action psychosociale CONTIERRA COPMAGUA ECAP XV SIGLES EGP Armée guérilla des pauvres ETESC FAFG Équipe technique d’éducation en santé communautaire Fondation d’anthropologie légiste du Guatemala FAMDEGUA Association des familles de détenus disparus FAR Forces armées rebelles FDNG Front démocratique Nouvelle Guatemala FIPA FMI Programme de renforcement des politiques environnementales Fonds monétaire international FMS Forum multisectoriel social FONAPAZ Fonds national pour la paix FONTIERRA Fonds foncier FRG Front républicain guatémaltèque GAM Groupe d’appui mutuel HELVETAS Association suisse pour la coopération internationale HIVOS Institut humaniste pour le développement et la réconciliation Institut national des forêts INAB MAGA MARN MINEDUC MINUGUA MLN ODHAG Ministère de l’Agriculture, de l’Élevage et de l’Alimentation Ministère de l’Environnement et des Ressources naturelles Ministère de l’Éducation Mission de vérification des Nations Unies au Guatemala Mouvement de libération national OEA Bureau des droits humains de l’archevêché du Guatemala Organisation des États américains ONG Organisation non gouvernementale ONU Organisation des Nations Unies ORPA Organisation du peuple en armes XVI LA PRÉSENCE D’UN PASSÉ DE VIOLENCES PAC Patrouille d’autodéfense civile PAQG Projet-Accompagnement Québec-Guatemala PDH Procurature des droits humains PGT Parti guatémaltèque du travail PLFM Projet linguistique Francisco Maroquín PNR Programme national de dédommagement PNUD Programme des Nations Unies pour le développement Parti patriote PP PROCAMPO SEPAZ Programme de compensation financière du gouvernement mexicain Projet interdiocésain de récupération de la mémoire historique Secrétariat de la paix SGP Système généralisé de préférences SSPT Syndrome de stress post-traumatique SWEFOR Association suédoise pour la réconciliation TRC Commission Vérité et réconciliation (Afrique du Sud) Union européenne REHMI UE UNAGRO UNESCO URNG USAID Union nationale des agriculteurs et des pêcheurs du Guatemala Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture Union révolutionnaire nationale guatémaltèque Agence américaine pour le développement international Lexique Al Norte : migrer « al Norte » signifie migrer au nord du Guatemala, au Mexique, aux États-Unis ou au Canada. Alcalde rezador/rezador : personne en charge de pratiquer ou d’encadrer les rites à exécuter pour le bien commun d’une communauté suivant la « costumbre » – soit des rites principalement associés à l’activité agricole. Alegre : joyeux. Alcaldía mixta : mairie « mixte », où, dans le contexte de la Révolution libérale de 1871, les Ladinos occupaient les postes de décision, et où les autochtones ne pouvaient accéder aux postes subalternes qu’à la condition qu’ils maîtrisent l’espagnol et délaissent leurs costumes traditionnels. Apoyantes : sont nommés « apoyantes » ceux qui acceptent de soutenir les personnes engagées à titre de « testigos » dans les poursuites juridiques coordonnées par le CALDH. Caballerías : ancienne unité de surface, une « caballería » équivaut au Guatemala à 45 hectares. Cabildo : conseil municipal. Campesino : paysan. Campos pagados : déclarations publiques payantes qui sont publiées dans des journaux ou diffusées à la radio ou à la télévision. Canches : « Blancs ». Cargo : charge. XVII XVIII LA PRÉSENCE D’UN PASSÉ DE VIOLENCES Carismático : les « charismatiques » désignent ceux qui disent mettre en pratique les dons du Saint-Esprit mais ce, tout en n’étant pas membres de dénominations pentecôtistes traditionnelles, tels que les catholiques et les orthodoxes. Casta : terme utilisé dans le Guatemala colonial pour désigner tout individu de souche non européenne ou mixte. Castellanización : dans le contexte colonial, le processus de la « castellanisation » des peuples autochtones par les colons espagnols faisait référence à leur soumission au pouvoir de ces derniers. Charla : discours. Cofradía : confrérie religieuse. Compañera : camarade. Compadre : « parrain », le « compadrazgo » étant une relation de parenté construite similaire à celle du parrainage. Congregación : centre paroissial. Costa : au Guatemala, le terme « Costa » fait référence à la Côte pacifique. Costumbre : au Guatemala, la « costumbre », fait référence à un ensemble de croyances et de pratiques religieuses syncrétiques autochtonescatholiques. Costumbrista : pratiquant de la « costumbre ». Coyote : passeur, soit une personne qui, en l’échange d’une somme généralement élevée, aide des migrants à franchir une ou plusieurs frontières illégalement. Creyente : en Amérique latine, sont généralement appelés « creyentes » ceux qui adhèrent au pentecôtisme ou à la rénovation charismatique. Criollo : terme qui désignait, à l’époque coloniale, les personnes d’origine espagnole nées sur le « nouveau » continent. El foco (théorie de) : selon cette théorie d’Ernesto « Che » Guevara, l’appel à la révolution se répandrait rapidement une fois « son feu » allumé dans un secteur isolé du Guatemala. Encomienda : système mis en œuvre par les Espagnols dans leurs colonies qui supposait le regroupement de centaines d’autochtones LEXIQUE XIX sur un territoire. Ces derniers étaient obligés de travailler sans rétribution dans des mines ou des champs. Encomiendero : homme sous les ordres duquel était placée une « encomienda ». Encuentro : rencontre. Finca : grande propriété foncière (ferme ou domaine). Finquero : propriétaire d’une « finca ». Gringo : terme qui en général désigne les personnes d’origine étrangère en Amérique latine. Dans les villages où j’ai mené mon enquête, ce terme désigne toutefois tout non autochtone (guatémaltèque ou non). Habilitación : servage pour dettes. Habilitador : personne qui était chargée de l’embauche de la maind’œuvre saisonnière pour les propriétaires des grandes plantations de la Costa. Hacienda : exploitation agricole de grande dimension. Indígena : autochtone. Indigenismo : Née au Mexique à la suite de la révolution de 1910 et diffusée en Amérique latine, la philosophie de l’ « indigénisme » répondait à une problématisation de la « question indienne » sous l’angle de l’intégration des populations autochtones à la « communauté nationale ». Cette approche se caractérisa par l’exclusion des populations autochtones de la définition des politiques les concernant. Indio : Indien. Invasores : envahisseurs. Junta directiva : équipe de direction. Juzgado : cour du village. Ladinisation : terme qui a longtemps été utilisé par les latino-américanistes pour décrire le processus d’« acculturation » des autochtones guatémaltèques face à la culture dominante ladina. Mon usage de ce terme ne renvoie toutefois pas à cette définition. Par « ladinisation », j’entends plutôt un processus d’imposition de l’ordre socioculturel dominant. Soit un système d’organisation XX LA PRÉSENCE D’UN PASSÉ DE VIOLENCES socioéconomique et politique auquel les autochtones ont certes dû s’adapter, mais ce, sans nécessairement « s’acculturer ». Ladino : terme désignant la population métisse (autochtone-espagnole) au Guatemala. Legua : ancienne unité de longueur qui varie selon le pays où elle est utilisée. Au Guatemala, une legua équivaut à 5,572 km. Libreta : petit carnet que devait posséder chaque homme adulte et où les finqueros annotaient les heures travaillées dans leurs plantations durant la Révolution libérale. Macehuales : terme qui désignait les personnes non nobles dans le Guatemala colonial. Madre Tierra : Terre Mère. Maestro : maître d’école. Maxtol : maître de chœur. Milpa : champ de maïs. Ministerio Público : au Guatemala, désigne le procureur général chargé de la poursuite des délits devant les tribunaux et les cours. Mozo : ouvrier. Padre : prêtre. Parcialidades : unités indépendantes placées sous la responsabilité d’autorités traditionnelles par le gouvernement colonial, qui correspondaient en fait aux unités sociales et territoriales préhispaniques. Patrullero : patrouilleur, soit un membre des Patrouilles d’autodéfense civiles qui furent mises sur pied par l’armée durant le conflit armé interne. Les patrouilleurs avaient pour responsabilité de former des pelotons qui patrouillaient chacun leur tour aux entrées de leurs villages par rondes de 24 heures. Peninsulares : hommes nés en Espagne qui bénéficièrent, jusqu’à l’avènement de réformes en 1810 en Espagne, de l’exclusivité des postes d’administration de la colonie espagnole dans les Amériques. Pom : encens de copal.