Discours Laurent Fabius lancement French May 2014

Transcription

Discours Laurent Fabius lancement French May 2014
14 Mars 2014
Lancement du French May 2014 à Paris
Retrouvez le discours prononcé par Laurent Fabius à l’occasion du lancement du French May 2014, le 12
mars 2014 à Paris.
"Mesdames, Messieurs,
Je me souviens que j’ai eu le plaisir d’inaugurer l’an dernier, à Hong Kong, l’édition 2013 du festival culturel
« Le French May », avec une superbe exposition consacrée à Jean Cocteau. Plus de vingt ans après sa
création, le French May occupe aujourd’hui une place vraiment importante sur la scène culturelle d’Asie.
J’ai souhaité vous réunir aujourd’hui et je vous remercie d’être là afin de présenter cette manifestation chez
nous, en France, car elle est, dans ses objectifs comme dans ses méthodes, emblématique de notre action
au service du rayonnement de la culture française dans le monde.
Années après années, le French May est devenu une plateforme majeure pour la diffusion de la création
française, en même temps qu’un lieu de créations et d’échanges entre la France, Hong Kong et Macao.
L’édition 2014 du French May, la 22ème, se tiendra dans un contexte tout à fait particulier puisque nous
célébrons cette année le cinquantième anniversaire des relations diplomatiques entre la France et la
Chine. M. Piton est là. Il est l’un des grands architectes des manifestations organisées à l’occasion de ce
cinquantième anniversaire.
Dans ce contexte, qui va être illustré dans quelques jours par la visite du président chinois à Lyon et à
Paris, nous avons voulu que ce French May ait une ampleur particulière.
Le général de Gaulle qui a initié les relations diplomatiques entre nos deux pays avait voulu que la culture
occupe une place majeure dans nos relations. Et, comme l’avait souhaité le général de Gaulle, la culture a
occupé d’emblée une place majeure dans ces relations. 50 ans après, avec le festival Croisements de
Chine continentale et avec le French May à Hong Kong et à Macao, nous nous inscrivons dans cet
héritage.
En 2014, « le French May » a pour thème les relations croisées et les influences - anciennes, profondes et
multiples - entre les deux cultures, chinoise et française, entre nos artistes, nos penseurs, nos
universitaires, nos chercheurs et écrivains. La programmation 2014 va constituer un miroir de ces
influences croisées. Elle vous sera présentée dans quelques instants et nous en verrons quelques
illustrations avec les artistes présents aujourd’hui, ce dont je les remercie vivement.
Le French May, présente plus d’une centaine d’événements pendant les mois de mai et juin. Si on veut
absolument classer ces événements, et sans nécessairement avoir fait Science Po, il y a deux ou trois
caractéristiques.
L’excellence, je pense que cela caractérise très bien ce que nous avons voulu faire. Devenu une
véritable « Institution locale » le festival s’attache à présenter l’excellence française sous toutes ses formes
et invite, chaque année, des artistes de renommée mondiale. Certains d’entre eux sont à mes côtés
aujourd’hui :
Jean-Michel Othoniel - très connu - dont les sculptures orneront cet automne les Jardins de VersaillesOlivia
Putman, dont le French May présentera une grande exposition rétrospective en associant sa mère Andrée
disparue l’an dernier,Philippe Muyl, réalisateur et producteur pionnier de la coproduction franco-chinoise.
Je crois que Mme Verdier qui devait être parmi nous est souffrante. Nous lui souhaitons un prompt
rétablissement.
La diversité. Le French May attache une importance particulière à refléter la richesse de notre
patrimoine. Il inclura l’exceptionnelle exposition de douze chefs d’oeuvres de la peinture de nos Musées
nationaux à Pékin et Macao et mettra en avant la création contemporaine française. La programmation
2014 associe l’opéra (Faust de Gounod) et le hip-hop (les champions du monde de hip hop Pokemon
Crew), le design (exposition Andrée Putman) et la mode (exposition La Petite robe noire et ses
accessoires), le cinéma (programme croisé de films franco-chinois) et l’art contemporain (Aurel, Othoniel),
sans oublier la gastronomie et l’art de vivre à la française (avec Le French Gourmay).
Le sens. Plus qu’une simple compilation de manifestations culturelles, le French May présente les
grandes influences qui ont marqué l’histoire de la création artistique. En 2013, le festival a montré le
renouveau et la modernité des années 1920. Cette année, dans le contexte commémoratif que j’ai rappelé,
le French May explorera l’influence réciproque des cultures française et chinoise. C’est dans cet esprit que
seront notamment présentés :
l’exposition « Paris. Chines Paintings » présentant l’influence de l’art français sur les artistes chinois qui,
comme Zao Wou Ki, sont venus à la rencontre des grands peintres occidentaux au début du XXème siècle
;l’oeuvre singulière de Fabienne Verdier, qui a renouvelé son vocabulaire pictural en y intégrant les codes
et techniques de l’art chinois de la calligraphie ;l’histoire de Marco Polo parti découvrir l’Orient, illustrée par
le Ballet de l’Opéra de Nice sur une musique de Francis Poulenc ;la rencontre insolite entre le théâtre de
Molière et l’opéra cantonais dans la pièce « Le Miroir ».
Par la qualité et la richesse de sa programmation, le French May rencontre un large public, ce qui en fait un
relais d’influence et de rayonnement majeur. Je veux aussi souligner son mode d’organisation et de
fonctionnement, qui en fait un modèle tout à fait intéressant.
Je l’ai constaté l’an dernier, l’une de ses forces est son ancrage local. Je pense que si le French May a tant
de succès, c’est parce qu’il sait être à l’écoute des attentes du public, qu’il sait s’adapter en permanence,
qu’il a su du même coup s’inscrire durablement dans le paysage culturel de Hongkong et Macao. Il va à la
rencontre de la scène culturelle locale, il travaille avec ses institutions et c’est ainsi que le French May a
bâti son succès : orchestres et opéras, musées et lieux de création artistique, galeries et salles de cinéma,
de Hongkong et Macao participent de cette « dynamique française ». C’est aussi en s’adaptant aux
pratiques locales et en amenant l’art vers le spectateur : ce qui signifie - je les ai parcourus - des centres
commerciaux des espaces publics, des transports publics, mais aussi - ça je n’y suis pas allé - les champs
de course, que le French May s’est emparé du territoire pour faire de la culture française une sorte de
paysage permanent de mai à juin.
D’autre part et c’est quelque chose qui évidemment nous va droit au coeur, le Festival est presque
entièrement autofinancé. Son coût est couvert quasi exclusivement par les mécènes et les institutions
partenaires de Hongkong et Macao. Le financement public français représente moins de 1 % du budget.
Pour obtenir ce résultat, le French May a dû se doter d’outils très particuliers - un Conseil d’administration
composé de personnalités locales - et mène une politique active de communication et de levée de fonds.
Deux à trois millions d’euros sont ainsi apportés chaque année par les sponsors et partenaires, dont je
veux saluer le soutien tout à fait exceptionnel pour celles et ceux qui sont ici, je veux vraiment les
remercier, qu’il s’agisse des entreprises françaises présentes à Hong Kong ou des entreprises et mécènes
hongkongais. Près de 80 % des fonds levés sont aujourd’hui hongkongais, chiffre qui témoigne lui aussi de
la forte implantation et de la reconnaissance dont bénéficie le French May.
Le French May est porteur de retombées économiques pour la France. Hong Kong est évidemment un
partenaire très important pour notre économie et nos entreprises. Une communauté d’un peu moins de
20.000 Français y vit. C’est la deuxième d’Asie. Mais ce qui n’est pas assez connu, c’est que notre
commerce avec Hong Kong dégage le deuxième excédent commercial au monde pour la France. Et je n’ai
pas besoin d’insister sur le fait que nous en avons bien besoin. Le nombre d’entreprises françaises - elles
sont près de 1000 aujourd’hui - connaît une forte croissance.
Plus de 230.000 touristes hongkongais se sont rendus en France l’année dernière. Notre pays serait leur
destination totalement favorite en Europe s’il n’y avait pas la Grande-Bretagne mais elle est là. Nous
sommes seconds, mais quand on est second, il faut souhaiter être premier ; des dispositions sont prises
qui s’appliquent aussi à Hong-Kong pour délivrer les visas en 48 heures. Les études montrent que les
motivations principales de ces voyages sont l’attrait pour la gastronomie française et notamment pour le
vin. Et, d’une façon générale, cela signifie que la création, en lien avec Ubifrance, du volet « French
Gourmay », destiné à promouvoir la gastronomie française, est très importante.
Chaque année, le French May met une région en avant : c’était Bordeaux en 2012 à l’époque où le ministre
des affaires étrangères était probablement Alain Juppé, la région Bourgogne en 2013. Cette année ce sont
Lyon et la région Rhône-Alpes qui sont à l’honneur. Je tiens à rappeler, si Dieu nous prête vie, que l’année
prochaine, la Normandie sera certainement candidate. Par un programme d’invitation d’artistes et de chefs
et la mise en valeur du dynamisme de la région, le French May agit pour l’attractivité touristique de notre
pays et offre une vitrine pour l’excellence et la promotion de nos savoir-faire gastronomiques,
technologiques et industriels, en alliant ce qui fait au fond la réalité de ce ministère, c’est-à-dire la
diplomatie culturelle, la diplomatie économique, la diplomatie des territoires et la diplomatie en général.
Mesdames, Messieurs,
Le French May et les manifestations organisées partout autour du globe par le réseau culturel du ministère
des affaires étrangères, l’un des plus importants au monde, et par l’Institut français, contribuent à tout cela.
Je veux terminer en remerciant tous ceux dont le travail permet de faire partager la culture française avec
le reste du monde. L’organisation du French May doit énormément, depuis sa première édition en 1993, à
la mobilisation des équipes du consulat, de l’Alliance française et de l’Association culturelle France-HongKong. C’est dans cet esprit que je vais immédiatement laisser la parole au consul général de France à
Hong-Kong, M. Arnaud Barthélémy, puis aux artistes présents.
Le French May sera, j’en suis sûr, un très grand succès. J’y vois, et c’est une des raisons pour laquelle j’y
suis très attaché, un atout et une preuve supplémentaire de l’amitié étroite entre la Chine et la France. Je
ne vais pas vous faire de longs topos sur la proximité et la différence entre nos cultures, mais je constate,
pour y travailler quotidiennement, que la France et la Chine ne cessent de se rapprocher. Le président de
la République française était en visite d’État l’an dernier, accueilli magnifiquement par son homologue. Le
président Xi Jinping sera ici à la fin du mois ; d’abord à Lyon, ensuite à Paris. Nous faisons tous en sorte
que ce soit un succès. Au-delà de nos principaux responsables, ce sont deux peuples qui s’apprécient et
qui veulent travailler de plus en plus ensemble et la culture est le véhicule de ce travail commun.
Excellent French May 2014 !"
Discours de Laurent Fabius du 12 mars 2014