État des lieux des connaissances sur les membranes de
Transcription
État des lieux des connaissances sur les membranes de
____________________________________________________________ SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE EN BIOLOGIE ET BIOTECHNOLOGIE __________________________________________________________ Mars 2013 État des lieux des connaissances sur les membranes de nanofiltration dans le cadre de l’élimination des pesticides Corentin CAILLET MASTER 2 BIOLOGIE GESTION, UNIVERSITE DE RENNES 1, UFR SCIENCES DE LA VIE ET DE L’ENVIRONNEMENT Tutrice : Lydie PAUGAM Maître de conférences Université de Rennes 1, Campus Scientifique de Beaulieu Équipe CIP – CASE 1011 263 Av. du Général Leclerc CS 74205 – 35042 RENNES CEDEX 0 Je tiens tout d’abord à remercier Lydie PAUGAM pour m’avoir suivi et conseillé tout au long de cette étude et sans qui ce travail n’aurait pas pu aboutir. Je tiens également à remercier Maxime PONTIÉ ainsi que Murielle RABILLER-BAUDRY pour m’avoir mis en relation avec Lydie. 1 État des lieux des connaissances sur les membranes de nanofiltration dans le cadre de l’élimination des pesticides C. CAILLET Depuis plusieurs années, les micropolluants (et notamment les pesticides) représentent une catégorie de molécules qui a attiré l’attention de tous les acteurs impliqués de près ou de loin dans le traitement de l’eau. La méconnaissance de leurs effets sur la santé humaine et de ceux déjà pointés du doigt ont rendu les autorités sanitaires de plus en plus exigeantes. Présents dans les eaux de surface, voire parfois dans les eaux souterraines, ces composés pour la plupart issus de l’agriculture, sont très difficiles à éliminer. Leur traitement implique un grand nombre de facteurs (propriétés de la membrane, propriétés des espèces en solution, type d’eau d’alimentation) qui rend difficile la compréhension des interactions. Le premier objectif de cette étude consiste à présenter ce qui caractérise l’efficacité d’une membrane de nanofiltration. Dans une seconde partie, il s’agit d’exposer les différents problèmes auxquels les chercheurs sont confrontés afin d’identifier les limites des traitements actuels. Ces limites permettront enfin d’introduire les solutions misent en œuvre pour pallier à ces problèmes. © Corentin CAILLET. Tout droit réservé. Table des matières INTRODUCTION ......................................................................................................................3 I. Facteurs d’efficacité d’une membrane ................................................................................4 A. Caractéristiques de la membrane..................................................................................4 1. Paramètres stériques .................................................................................................4 2. Performance en terme de dessalement de la membrane ...........................................5 3. Matériau membranaire ..............................................................................................5 4. Charge de la membrane ............................................................................................5 B. Caractéristiques des pesticides et interactions avec la membrane ...............................5 1. Paramètres de Poids (MWCO) et de taille................................................................5 2. Hydrophobicité .........................................................................................................6 3. La polarité .................................................................................................................6 C. II. Caractéristiques de l’eau d’alimentation ......................................................................7 1. Le pH ........................................................................................................................7 2. La Concentration du soluté .......................................................................................7 3. L’environnement ionique .........................................................................................7 4. Présence de Matière Organique ................................................................................8 Problèmes rencontrés et mesures pour y remédier .............................................................8 A. Le colmatage ................................................................................................................8 B. Faible séparation des composants ................................................................................9 C. Le rétentat .....................................................................................................................9 2 D. Durée de vie des membranes ......................................................................................10 E. Rejet insuffisant..........................................................................................................10 F. Modélisation ..................................................................................................................11 III. Conclusion .....................................................................................................................11 BIBLIOGRAPHIE ....................................................................................................................13 «Le tuteur chercheur a pour rôle de conseiller l'étudiant, l'orienter dans ses recherches bibliographiques, l'aider à comprendre les articles, en faire une synthèse de manière logique et rigoureuse. Il ne peut vérifier toutes les citations et interprétations de l'étudiant. Il ne peut donc s'engager vis à vis d'éventuelles erreurs » INTRODUCTION Depuis le début des années soixante, l’utilisation des pesticides s’est présentée comme une solution intéressante à de nombreux problèmes. Mauvaises herbes, insectes et maladies génétiques sont autant de problèmes liés aux cultures, auxquels les pesticides tentent d’apporter une réponse. Cependant, l’utilisation de ces composants s’est rapidement généralisée aussi bien dans des secteurs agricoles que non agricoles. Cette sur-utilisation s’est traduite par l’apparition de ces composés ou de leur(s) résidu(s) dans les eaux de surface, voire parfois, dans les eaux souterraines. La détection fréquente dans ces eaux d’un grand nombre de pesticides, même à très faible concentration, inquiète énormément le grand public, les autorités sanitaires ainsi que tous les acteurs impliqués de près ou de loin dans la production d’eau potable (Martins et al. 1999, Loos et al. 2009). Il est établi qu’une exposition aux pesticides pouvait avoir des effets négatifs sur la santé, variant selon l’environnement et l’individu en question. Les pesticides pourraient avoir un impact sur le système immunitaire, le développement de cancers infantiles, la leucémie, les lymphomes, et divers impacts sur le cerveau, les os et la reproduction humaine (McKinlay et al., 2008, de Jaeger et al., 2012) . Au vu de ces risques potentiels sur la santé humaine, et par mesure de précaution, les autorités ont mis en place une réglementation très stricte, notamment au sein de l’Union Européenne (Karabelas et al., 2009). La directive 98/83/CE impose donc une concentration de chaque pesticide présent inférieure à 0,10 µg.L-1 et une concentration totale en pesticide inférieure à 0,50 µg.L-1. Un focus sur la France nous permet d’identifier les pesticides (ou résidus) que l’on retrouve régulièrement dans nos sols (tableau 1). Ces éléments peuvent cependant être très différents d’un pays à l’autre en fonction de la réglementation et des pesticides utilisés (et donc indirectement, du type d’agriculture et des industries en présence). Les procédés membranaires de type Osmose Inverse et Nanofiltration se sont développés dans le but de répondre aux limites que posaient les traitements de pesticides de l’époque. En effet, les procédés alors en place étaient basés sur des actions de coagulation-floculation, sédimentation, double filtration média et ne permettaient pas d’éliminer les résidus de pesticides (Jiang, Adams, 2006, Ormad et al., 2008). D’autres traitements un peu plus élaborés à base d’oxydation (avec H2O2 ou encore O3) ou de charbon actif granulaire avaient alors été développés. Ils étaient considérés comme efficaces mais faisaient alors apparaître des problèmes tels que la saturation du charbon actif ou encore la synthèse de dérivés 3 toxiques (Lai et al., 1995, Reynolds et al., 1989). Par la suite, l’effort de recherche a été tourné vers l’osmose inverse et la nanofiltration. Ces procédés se sont alors montrés efficaces pour éliminer certains pesticides, notamment pour des eaux de surface ou souterraines (Plakas, Karabelas, 2012). Tableau 1 : Pesticides les plus quantifiés dans les eaux souterraines en France métropolitaine en 2010 (Agence de l’eau – BRGM, banque de données ADES, 2011 – Réseau RCS RCO) Molécule Atrazine Déséthyl Atrazine Déisopropyl-déséthylAtrazine Simazine Déséthyl-terbumeton Atrazine Déisopropyl 2-hydroxyatrazine Terbuthylazine déséthyl Bentazone 2,6-dichlorobenzamide Hydroxyterbuthylazine Oxadixyl Diuron Métolachlore Terbuthylazine Pourcentage d'analyse quantifiée par substance 42,5% 23% 18,5% 7% 6,5% 6,5% 6% 5,5% 5% 4,5% 4% 3,5% 3% 2,5% 2% La Nanofiltration est un procédé qui se situe entre l’Ultrafiltration et l’Osmose Inverse (Ji et al., 2012) et combine également les avantages suivants : fort rejet de sels (en particulier divalents) et faible consommation d’énergie (Hilal et al., 2004). Il existe un exemple particulièrement remarquable de mise en place d’un dispositif de nanofiltration à l’échelle industrielle : il s’agit de l’usine de Méry-sur-Oise, située en France à Paris. L’usine est capable de produire 140 000 m3 d’eau par jour d’une très bonne qualité, avec un faible rejet de matière organique (Ventresque et al., 2000, Cyna et al., 2002). Ce sont donc des indicateurs de performance très satisfaisants qui témoignent de la réussite de ce modèle à grande échelle. Malgré tout, certains pesticides persistent dans les sols et dans les eaux. Face au danger qu’ils représentent pour la santé, de nombreux produits ont été retirés du marché depuis parfois plusieurs décennies, mais sont toujours présents dans nos sols : ceci s’explique en partie par la très faible dégradation de ces composés dans le temps (par exemple : le chlordécone dans les DOMTOM), mais également par leur sur-utilisation ainsi que les stocks de certaines exploitations agricoles. L’objet de cette étude a donc pour but de fournir un état des lieux de ce qui existe aujourd’hui en termes de traitements de pesticides grâce à la nanofiltration. Nous présenterons donc, dans un premier temps, les éléments qui caractérisent l’efficacité d’une membrane de nanofiltration à travers les dernières études. Cet état des lieux et cette compréhension de fonctionnement permettra alors de déterminer les freins et les verrous qui persistent, afin d’identifier les potentielles pistes d’évolution et de recherche à emprunter. I. Facteurs d’efficacité membrane d’une A. Caractéristiques de la membrane Le type de membrane joue un rôle essentiel dans l’élimination des pesticides. Il faut donc considérer différents aspects de celle-ci afin de prévoir le rejet et d’anticiper les interactions avec le soluté. 1. Paramètres stériques Le paramètre MWCO (« Molecular Weight Cut Off ») est un indicateur qui découle entre autre de la taille des pores et de la porosité (seuil de coupure). Il correspond au poids 4 pour lequel la membrane peut retenir 90% des molécules. Il est souvent considéré comme le paramètre le plus important dans le rejet des pesticides notamment pour les molécules dont le poids est compris entre 200 Da et 400 Da (Zhang et al., 2004). Cependant, des études prennent également en compte d’autres facteurs tels que la taille nominale des pores de la membrane ainsi que sa porosité (PSD) pour prédire le rejet de composés organiques (Košutić, Kunst, 2002). La taille des pores de la membrane jouerait alors un rôle crucial dans l’élimination des pesticides (Van der Bruggen et al., 1998). 2. Performance en terme de dessalement de la membrane Certaines études présentent une corrélation entre le rejet de sel et le rejet de pesticides (Kiso et al., 2000), mais l’importance de cet indicateur est à modérer avec les propriétés du pesticide étudié (hydrophobicité, charge). 3. Matériau membranaire La qualité même de la membrane va jouer un rôle important dans les interactions physico-chimiques qu’elle aura avec les composés de l’eau d’alimentation. Beaucoup d’études confirment alors que les membranes en polyamide présentent un meilleur rejet de composés organiques (dont des pesticides) que les membranes en acétate de cellulose (Causserand et al., 2005, Chian et al., 1975). 4. Charge de la membrane La plupart des membranes commercialisées composite à couches minces (pour la plupart en polyamide) sont caractérisées par une charge négative à leur surface, quand elles sont classiquement utilisées dans leur gamme de pH. Il en résulte donc un meilleur rendement de rejet des pesticides eux-mêmes chargés négativement (Berg et al., 1997). Tous ces paramètres à eux-seuls, et donc propres à la membrane, ne suffisent pas à expliquer la rétention des pesticides. Il faut également tenir compte des particularités de chaque composant que l’on souhaite éliminer, et cela dans différentes conditions. B. Caractéristiques des pesticides et interactions avec la membrane Si les caractéristiques de la membrane jouent un rôle fondamental dans l’élimination des pesticides, il est tout à fait pertinent de prendre également en compte les caractéristiques des molécules présentes en solution. 1. Paramètres de Poids (MWCO) et de taille Comme dit précédemment, le poids et la taille semblent représenter le paramètre principal d’élimination des pesticides (Boussahel et al., 2002, Sanches et al., 2012). Il a cependant été constaté que la rétention n’a été que faiblement améliorée en prenant en compte la taille de la molécule. En revanche, si l’on considère le poids moléculaire, on constate une amélioration beaucoup plus importante (Van der Bruggen et al., 1999, Jung et al., 2005). Ceci tendrait donc à dire que le poids moléculaire en fonction de la rétention est un bien meilleur indicateur. Cependant ce facteur ne prend pas du tout en compte la géométrie de la molécule dans l’espace. Des études ont donc été réalisées en prenant en compte la longueur et la largeur de la molécule (Chen et al., 2004). Chen et al. ont montré que le rejet de pesticides aromatiques est plus facilement corrélable avec la longueur de la molécule plutôt qu’avec sa largeur. D’autres chercheurs ont également travaillé sur le sujet en faisant apparaître un nouvel outil qu’est la taille moyenne moléculaire (MMS) (Kiso et al., 2001 a). Ils ont alors montré que pour une 5 membrane dont la taille de pore est adaptée à la rétention de molécules supérieures à 500 Da, la MMS était le meilleur indicateur. En revanche, pour des membranes dont la taille de pore est adaptée à des molécules inférieures à 250 Da, c’est la largeur moléculaire (MWd) qui est le meilleur indicateur, et c’est justement dans cette gamme que sont répertoriés la majorité des pesticides. Malgré tout, d’autres études nous expliquent que les prévisions de transport du soluté ne doivent pas être uniquement fondées sur des effets d’encombrement stériques, mais doivent être liés à d’autres facteurs traduisant une affinité MembraneSoluté (Verliefde et al., 2009). 2. Hydrophobicité Il est aujourd’hui admis par de nombreux chercheurs que l’adsorption joue un rôle clé dans le rejet des pesticides, notamment grâce aux interactions hydrophobes (Kiso et al., 2001 b, Sanches et al., 2012, Kiso et al., 2002). En plus de ces interactions hydrophobes, certains montrent même que l’adsorption peut également se faire grâce à des liaisons hydrogènes entre les molécules organiques et les groupes hydrophiles de la membrane (Nghiem et al., 2005). Ces interactions peuvent, selon les auteurs, agir en complément ou séparément des interactions hydrophobes, mais il est souvent difficile de distinguer les deux effets. Ils considèrent cependant que pour les pesticides, l’hydrophobie reste l’élément déterminant. Mais afin de ne pas surestimer l’adsorption, des chercheurs proposent d’évaluer le rejet avec des membranes saturées en composé ciblé (Kimura et al. 2003). La mesure de l’hydrophobie se fait généralement en calculant le coefficient de partage octanol/eau (log Kow) et la nature hydrophobe de la membrane est habituellement caractérisée par la valeur de son angle de contact. Des recherches ont montré une corrélation assez bonne entre l’adsorption et la valeur du log Kow des pesticides testés (Kiso et al., 2001 b). Ils ont également montré que les pesticides aromatiques possédaient une meilleure capacité d’adsorption que les pesticides nonaromatiques. Kimura et al. ont de plus précisé que les composés hydrophobes électriquement neutres étaient mieux adsorbés que les composés hydrophobes chargés (Kimura et al., 2003). Enfin, une étude a montré que la rétention était meilleure avec un seul pesticide en solution plutôt qu’avec deux de ses homologues. Les auteurs indiquent qu’il existe une compétition entre ces différentes molécules pour les multiples sites d’adsorption de la membrane (Plakas, Karabelas, 2008). Il y aurait donc un effet restrictif des pores ou les plus grosses molécules seraient adsorbées, influençant positivement la rétention des molécules plus petites. 3. La polarité Il existe de nombreuses interactions électrostatiques entre les solutés et la membrane qui jouent un rôle capital dans l’exclusion de ces composés. C’est notamment le cas pour certains herbicides triazines (Siyanitsa et al., 2008). Ces interactions sont extrêmement difficiles à comprendre au niveau des mécanismes d’action. Certains chercheurs nous montrent que la compréhension de ces interactions n’est aucunement aidée par la polarité des molécules en solution, mais que cette polarité facilite au contraire le passage de ces molécules à travers la membrane (Van der Bruggen et al., 1999). Ces mêmes auteurs ont d’ailleurs expliqué la rétention de quatre pesticides (diuron, isoproturon, atrazine et simazine) en combinant l’exclusion par la taille et la polarité. Ces quatre molécules sont globalement de la même taille mais le diuron et l’isoproturon ont un moment dipolaire bien supérieur aux deux autres composés, qui favorise donc leur passage à travers la 6 membrane (Van der Bruggen et al., 1998). Globalement, il est dit que l’effet polaire du soluté est important quand la taille des pores de la membrane est en moyenne supérieure à celle des composés à retenir (Van der Bruggen et al., 2001). C. Caractéristiques de l’eau d’alimentation Les interactions membranes-solutés sont bien évidemment fonctions de la membrane et du soluté, mais également d’autres facteurs l’environnant non négligeables qui peuvent influencer de façon très variée le soluté et/ou la membrane. On retrouve parmi ces facteurs le pH, la concentration du soluté, les ions présents en solution ainsi que les matières organiques. 1. Le pH Le pH joue bien évidemment un rôle crucial sur la forme sous laquelle les espèces seront présentes en solution. Neutre, ionique positive, ionique négative, zwitterionnique, sont autant de formes possibles qui peuvent agir sur le soluté comme sur les groupements fonctionnels de la membrane, et qui complexifient davantage la compréhension des interactions. Ainsi, de nombreuses études montrent que le potentiel zêta de la membrane diminue quand le pH augmente, ce qui s’explique par la déprotonation des groupements fonctionnels de la membrane (Childress, Elimelech, 1996). La taille des pores de la membrane peut donc varier, dans une moindre mesure, en fonction de la forme sous laquelle sont présents les groupements fonctionnels (Freger et al., 2000). Par exemple, une étude a montré que l’atrazine et la terbuthylazine présentent des valeurs de rejet plus importantes à des pH supérieurs à 7 alors qu’ils sont plutôt constants entre 3 et 7 (Berg et al., 1997). Nous avons vu précédemment que la polarité des molécules ne facilitait pas l’adsorption de celles-ci sur la membrane. Cette idée peut également se retrouver avec les ions H+ quand le pH est très bas (Zhang et al., 2004). Un focus sur l’atrazine a permis de mettre en avant l’amélioration de son rejet avec une augmentation du pH mais diminuait malheureusement la performance du flux des membranes sauf pour la NF-90 (Ahmad et al., 2008 a). 2. La Concentration du soluté Des chercheurs ont montré que la concentration du soluté n’a pas d’impact significatif sur le rejet, notamment pour les herbicides comme l’atrazine par exemple (Ahmad et al., 2008 b), mais le faible nombre d’études ne permet pas d’avoir un avis tranché sur la question. 3. L’environnement ionique Des études ont montré que certains éléments (notamment les sels dissous) pouvaient influencer la rétention des pesticides de façon plus ou moins importante. En effet, ces molécules vont, à forte concentration, avoir tendance à diminuer les interactions ioniques entre les pesticides et la membrane, et donc améliorer leur rejet (Yoon et al., 1998). En 2002, une étude a montré que la présence de cations divalents (CaCl2 et CaSo4) dans l’eau d’alimentation améliorait légèrement le rejet de pesticides de 5 à 10% en fonction de la membrane (Boussahel et al., 2002). Ces résultats sont en partie en accord avec une étude plus récente qui précise que ces ions calcium peuvent effectivement avoir un effet positif sur le rejet de pesticides, mais également un effet négatif dans certains cas, en fonction du type de la membrane (Plakas, Karabelas, 2008). Cependant, les auteurs ont avancé que l’effet de la force ionique sur la rétention des herbicides (due aux ions monovalents) semble être un facteur plutôt mineur qui n’explique pas à lui seul la rétention des composés organiques. 7 4. Présence de Matière Organique La grande majorité des chercheurs s’accordent à dire que la présence de matière organique naturelle (NOM) influence fortement la rétention des pesticides (Devitt et al., 1998). Mais les caractéristiques même de ces bactéries, champignons et autres micro-organismes, peuvent être très différentes d’un milieu à l’autre. Ce facteur est donc d’une importance considérable puisque ces substances sont présentes dans quasiment tous les types d’eaux. Il existe également des groupes très hétérogènes de molécules comme les glucides, les alcools, les acides humiques, les acides aminés, les acides carboxyliques, les lignines et les pigments, qui peuvent être présents en solution. La méconnaissance des interactions et des mécanismes de ces éléments avec la membrane mais également entre eux, ne permet pas de faire des comparaisons expérimentales. Mais la littérature semble indiquer qu’il peut y avoir des impacts positifs (Zhang et al., 2004) et négatifs. On va ainsi retrouver des pesticides qui peuvent alors être présents sous forme libre ou bien sous forme dissoute et liée à des substances humiques (SH) (Wershaw, 1991). Les travaux de Plakas et Karabelas (Plakas, Karabelas, 2009) ont notamment permis d’avancer dans la compréhension des interactions matière organique-pesticides. La nanofiltration de plusieurs triazines avec des NOM semblerait faciliter la formation de complexes qui permettraient alors un meilleur rejet, notamment grâce aux groupements sulfhydryle (-SH). Le calcium également semblerait faciliter les interactions SH-triazines. II. Problèmes rencontrés et mesures pour y remédier A. Le colmatage La littérature s’accorde à dire que le colmatage représente l’un des problèmes principaux auquel sont confrontés les chercheurs (Van der Bruggen et al., 2008) puisqu’il influence les performances de rejet de la membrane de façon plus ou moins significative. Les causes et les conséquences sont nombreuses, il convient donc d’analyser dans le détail ce qu’il en est réellement. Le colmatage est bien évidemment fonction du type de membrane utilisée, de la nature de l’eau d’alimentation (flux, pH, microorganismes, micropolluants…etc), et donc des interactions qui existent entre tous ces éléments. Il peut alors soit améliorer le rejet, soit le diminuer (Ng, Elimelech, 2004, Xu et al., 2006). Une étude particulière a mis en évidence que le dépôt de substances humiques diminuait dans un premier temps le rejet de certains herbicides, puis l’améliorait (Plakas et al., 2006). D’autres en revanche ont montré que l’acide humique empêchait le DDT de passer à travers la membrane par adsorption et que la matière inorganique (NaCl, CaCl2, CaSO4) pouvait améliorer le rejet du composé en réduisant la taille des pores de cette membrane (Pang et al., 2010). D’autres chercheurs ont également rapporté que le colmatage réduisait la taille des pores de la membrane, augmentant l’encombrement stérique et donc le rejet des composés organiques de plus faible poids moléculaire (Agenson, Urase, 2007). Les membranes en polyamide ayant un MWCO inférieur à la masse moléculaire du soluté, fournissent un rejet quasiment total des composés hydrophiles non ioniques (Agenson, Urase, 2007, Xu et al., 2006). La difficulté majeure des procédés membranaires réside dans le fait que les mécanismes associés aux interactions ne sont pas encore complètement compris (Bellona et al., 2010). Il est avancé que les principaux mécanismes de colmatage des composés organiques sont l’adsorption soit sur la membrane, soit à l’intérieur des pores, associés ou non à un phénomène de polarisation de concentration (Plakas et al., 2006, Van der Bruggen et al., 2002). Inévitablement, un phénomène de polarisation de concentration associé à un 8 blocage des pores conduit à une diminution du flux (Bellona et al., 2004). La diminution du flux est donc une conséquence du phénomène de colmatage. Des chercheurs ont conclu que la membrane devait avoir une faible fraction volumique de petits pores dans sa couche supérieure afin de minimiser le colmatage. Pour les composants organiques chargés, une membrane avec une importante surface de charge et un fort caractère hydrophile sont favorables (Boussu et al., 2008). Certaines études proposent de mettre en place des dispositifs de prétraitement afin de pallier aux problèmes de colmatage, comme par exemple une membrane d’ultrafiltration (Sanches et al., 2012). Dans la littérature, on peut trouver un état de l’art complet des différents types de prétraitement (Tannien et al., 2005). L’un des plus récents propose un prétraitement électrochimique pour éliminer les pesticides organophosphorés (Alonso Salles et al., 2010). D’une autre façon, la modification des membranes est potentiellement l’une des solutions les plus durables. L’idée est d’insérer des groupements hydrophiles sur un polymère afin de rendre le matériau encore plus hydrophile (Al-Amoudi, Lovitt, 2007). Certaines membranes de nanofiltration utilisent comme support des membranes de Polysulfone ou Polyéthersulfone pour leur stabilité chimique, thermique et mécanique. En revanche, leur forte hydrophobicité favorise le phénomène de colmatage. Un état de l’art nous précise les différentes modifications chimiques réalisées en vue d’améliorer l’hydrophobicité de ces membranes (Van der Bruggen, 2009). Il est donc possible de modifier une membrane d’ultrafiltration par greffage afin d’obtenir une membrane de nanofiltration hydrophile (Akbari et al., 2006, Berstein et al., 2013). Une autre solution consiste en une irradiation par faisceau d’ions d’une membrane de nanofiltration en vue d’obtenir une membrane plus résistante au colmatage (Chennamsetty et al., 2006). Cependant, la stabilité de ces membranes n’est pas encore très bien connue. Ces dernières années, les polymères zwitterioniques ont présenté des propriétés anti-colmatages et de biocompatibilité très intéressantes (Xuan, Liu, 2009, Shih, Chang, 2010). Par conséquent, beaucoup de travaux fournissent des méthodes de préparation pour introduire des espèces zwitterioniques dans des membranes de nanofiltration dans le but d’améliorer les propriétés citées ci-dessus (Ji et al., 2012). B. Faible séparation des composants Des modèles de nanofiltration en cascade ont récemment été développés dans différents domaines. Les résultats montrent des séparations intéressantes avec des membranes plus sélectives à l’égard des différents composés organiques (Siew et al., 2013, Caus et al., 2008). C’est le cas par exemple d’une étude qui a montré un rejet presque complet de pesticides grâce à un système de cascade en trois étapes avec un faible rejet de sel (Caus et al., 2009). Cependant, ces procédés n’ont pas énormément attiré l’attention des chercheurs. C. Le rétentat Une étude aux Pays-Bas a montré que l’élimination du rétentat est un réel problème (Nederlof et al., 2005). Il faut cependant faire la distinction entre les eaux de surface et les eaux souterraines. La nanofiltration est souvent utilisée pour les eaux souterraines soit parce que l’eau est déjà de bonne qualité et ne nécessite pas d’importants traitements, soit parce que le rétentat concerne une grande fraction de déchets coûteux qui sont techniquement difficiles à éliminer. Pour les eaux de surface, la nanofiltration est une option intéressante lorsque le rétentat peut être déchargé. Il faut néanmoins pouvoir garder un nombre de paramètres limité sous contrôle comme les teneurs en sulfates, phosphates, chlorures, fer, antitartres (Van 9 der Bruggen et al., 2008). A noter que relarguer de façon concentrée des micropolluants dans le rétentat est également considéré comme un risque (Nghiem, Schäfer, 2006). D. Durée de vie des membranes La durée de vie d’une membrane dépend en grande partie de sa fréquence de nettoyage. Bien qu’étape indispensable, les agents nettoyant utilisés pour les membranes contribuent largement à leur dégradation (Van der Bruggen et al., 2008). Plusieurs solutions ont été proposées (Gwon et al., 2003, Chen et al., 2003). Schäfer et al. précisent que le nettoyage alcalin est indispensable à l’élimination des composés organiques (ou des colloïdes inorganiques liés à ces derniers) adsorbés à la surface de la membrane ou à l’intérieur des pores (Schäfer et al., 2005). Le nettoyage alcalin, comme le nettoyage acide, nécessite généralement un pH inférieur au domaine de résistance chimique de la membrane, d’où l’importance de ne pas laisser un temps de contact trop important. Il n’existe à l’heure actuelle aucune solution qui permette d’empêcher la détérioration de la membrane. En revanche, une utilisation stratégique de produits nettoyant bien spécifiques devrait permettre de minimiser les dégâts. L’autopsie de la membrane peut également aider à la sélection de ces produits. E. Rejet insuffisant L’une des tendances actuelle dans le traitement de l’eau consiste à éliminer totalement les potentiels agents polluants. Les techniques d’analyses de plus en plus perfectionnées permettent aujourd’hui de les détecter, même en très faible quantité (de l’ordre du ng.L-1). Une étude de 2007 a tenté d’établir une liste des substances prioritaires à traiter pour la production d’eau potable, en se basant sur les concentrations maximales observées dans les eaux de surface, de la toxicité et des volumes de productions (Verliefe et al., 2007). En fonction des types de membranes, les micropolluants ne présentent pas les mêmes caractéristiques physico-chimiques et peuvent donc interagir différemment. Une évaluation qualitative des rejets a été obtenue par différentes combinaisons composé/membrane (figure 1, Bellona et al., 2004). Dans le même esprit de classification, une équipe a établi une méthode semiquantitative pour estimer le rejet de composés organiques en solution aqueuse grâce à la nanofiltration (Van der Bruggen et al., 2006). Dans ces deux dernières études, les principaux paramètres utilisés sont les suivants : MW, MWCO, pKa, log Kow. Une fois encore, la compréhension des mécanismes en jeu est fondamentale pour élaborer de parfaites classifications. Récemment, un grand nombre d’études ont été dédiées à la synthèse de membrane en nanocomposite, contenant particulièrement de la montmorillonite (MMT) (Li, Kim, 2008, Hasani-Sadrabadi et al., 2008, Hasani-Sadrabadi et al., 2010 b, Gosalawit et al., 2008, Hasani-Sadrabadi et al., 2010 a, Bebin et al., 2009, Jaafar et al., 2009, Hasani-Sadrabadi et al., 2009). Les résultats d’une étude de ce type (Ghaemi et al., 2011) évoquent les éléments suivants : - - amélioration de l’hydrophobicité de la membrane amélioration des propriétés mécaniques et meilleure stabilité thermique amélioration du flux d’eau pure et du rejet taille des pores plus petite 10 Composé organique MW < MWCO pH < pKa Log Kow > 2 MW > MWCO pH > pKa Log Kow < 2 pH < pKa Fraction dissocié Log Kow > < 50% MWd < taille des pores Rejet initial (adsorption) diminue légèrement. Composés modérément rejetés mais dépendent de la diffusion et du partage MWd > taille des pores > 50% Faible charge à la surface de la membrane MWd < taille des pores Composés faiblement rejeté Forte charge à la surface de la membrane Composés modéréme nt rejeté Rejet initial diminue (adsorption). Composés faiblement rejetés mais dépendent de la diffusion et du partage Log Kow < Considérant le poids moléculaire Considérant le poids moléculaire MWd > taille des pores pH > pKa Rejet modéré, interactions électrostatiques moyennes MWd > taille des pores Faible rejet à rejet modéré Fort rejet dû aux fortes interactions électrostatiques MWd < taille des pores Rejet modéré à fort rejet Fort rejet dû à l’encombrement stérique et à la répulsion électrostatique Rejet modéré à fort rejet mais dépend de la diffusion et du partage Figure 1 : Diagramme de rejet de micropolluants organiques en fonction de la nature du soluté et des propriétés de la membrane (Bellona et al., 2004). F. Modélisation La performance d’une membrane de nanofiltration peut être modélisée de deux façons différentes : prédiction du flux et/ou du rejet. Différents modèles ont alors été proposés dont l’un qui prend en compte la polarisation de concentration (Cornelissen et al., 2005). Plus spécifiquement aux membranes de nanofiltration, il faudrait pouvoir modéliser l’influence de la membrane colmatée sur le flux (Van der Bruggen et al., 2008), puisqu’à ce jour, très peu de travaux présentent des résultats exploitables. De nouveaux outils modélisateurs sont donc nécessaires pour concevoir des procédés membranaires dans le but d’optimiser les installations existantes ou bien pour de nouvelles applications industrielles. Il est cependant difficile d’élaborer un modèle universel puisque chaque modèle se base sur un calcul empirique de rejet et de flux d’un système unique. III. Conclusion La pluralité des interactions physicochimiques qui existe entre toutes les molécules présentes dans l’eau d’alimentation et à la surface de la membrane, rend extrêmement difficile la compréhension des mécanismes d’action des pesticides. Ces mécanismes sont organisés comme une grande toile d’araignée où 11 chaque paramètre est susceptible de faire varier le paramètre voisin, et où le moindre changement peut avoir un effet non négligeable sur l’efficacité de la membrane. Certains chercheurs affirment que chaque type d’eau d’alimentation nécessite une membrane spécifique afin d’avoir un rejet optimal (Boussu et al., 2008). Chaque installation serait donc pensée de façon empirique en fonction des caractéristiques des espèces présentes dans la solution d’alimentation. Il est donc difficile de créer des modèles uniques permettant de prévoir les performances de ces membranes. Cependant, les pistes d’amélioration sont nombreuses et présentent parfois des résultats très encourageants. Dopage membranaire, combinaison de membranes sont des exemples qui incarnent bien la tendance de ces dernières années à poursuivre l’effort de recherche. 12 BIBLIOGRAPHIE Agenson, Urase, 2007 : K.O. Agenson, T. Urase, Change in membrane performance due to organic fouling in nanofiltration (NF)/reverse osmosis (RO) applications, Separation and Purification Technology , 2007, 55, p. 147-156. Ahmad et al., 2008 a : A.L. Ahmad, L.S. Tan, S.R.A. Shukor, The role of pH in nanofiltration of atrazine and dimethoate from aqueous solution, Journal of Hazardous Materials, 2008, 154, p. 633638. Ahmad et al., 2008 b : A.L. Ahmad, L.S. Tan, S.R.A. Shukor, Dimethoate and atrazine retention from aqueous solution by nanofiltration membranes, Journal of Hazardous Materials, 2008, 151, p. 7177. Akbari et al., 2006 : A. Akbari, S. Desclaux, J.C. Rouch, P. Aptel, J.C. Remigny, New UV photografted nanofiltration membranes for the treatment of colored textile dye effluents, Journal of Membrane Science, 2006, 286, p. 342-350. Al-Amoudi, Lovitt, 2007 : A. Al-Amoudi, R.W. Lovitt, Fouling stretegies and the cleaning system of NF membranes and factors affecting cleaning efficiency, Journal of Membrane Science, 2007, 303, p. 6-28. Alonso Salles et al., 2010 : N. Alonso Salles, F. Fourcade, F. Geneste, D. Floner, A. Amrane, Relevance of an electrochemical process prior to a biological treatment for the removal of an organophosphorous pesticide, phosmet, Journal of Hazardous Materials, 2010, 181, p. 617-623. Bebin et al., 2009 : P. Bebin, M. Caravanier, H. Galiano, Nafion®/clay-SO3H membrane for proton exchange membrane fuel cell application, Journal of Membrane Science, 2006, 278, p. 35-42. Bellona et al., 2004 : C. Bellona, J.E. Drewes, P. Xu, G. Amy, Factors affecting the rejection of organic solutes during NF-RO treatment - a literature review, Water Ressource, 2004, 38, p. 2795-2809. Bellona et al., 2010 : C. Bellona, M. Marts, J.E. Drewes, The effect of organic membrane fouling on the properties and rejection characteristics of nanofiltration membranes, Separation and Purification Technology, 2010, 74, p.44-54. Berg et al., 1997 : P. Berg, G. Hagmeyer, R. Gimbel, Removal of pesticides and other micropollutants by nanofiltration, Desalination, 1997, 113, p. 205-208. Berstein et al., 2012 : R. Berstein, E. Antón, M. Ulbricht, Tuning the nanofiltration performance of thin film strong polyelectrolyte hydrogel composite membranes by photo-grafting conditions, Journal of Membrane Science, 2013, 427, p. 129-138. Boussahel et al., 2002 : R. Boussahel, A. Montiel, M. Baudu, Effects of organic and inorganic matter on pesticide rejection by nanofiltration, Desalination, 2002, 145, p. 109-114. 13 Boussu et al., 2008 : K. Boussu, C. Vandecasteele, B. Van der Bruggen, Relation between membrane characteristics and performance in nanofiltration, Journal of Membrane Science, 2008, 310, p. 5165. Caus et al., 2008 : A. Caus, L. Braeken, K. Boussu, B. Van der Bruggen, The use of integrated countercurrent nanofiltration cascades for advanced separations, Journal of Chemical Technology and Biotechnology, 2009, 84, p. 391-398. Caus et al., 2009 : A. Caus, S. Vanderhaegen, L. Braeken, B. Van der Bruggen, Integrate nanofiltration cascades with low salt rejection for complete removal of pesticides in drinking water production, Desalination, 2009, 241, p. 111-117. Causserand et al., 2005 : C. Causserand, P. Aimar, J.P. Cravendi, E. Singlande, Dichloroaniline retention by nanofiltration membranes, Water Research, 2005, 39, p. 1594-1600. Chen et al., 2003 : J.P. Chen, S.L. Kim, Y.P. Ting, Optimization of membrane physical and chemical cleaning by a statistically designed approach, Journal of Membrane Science, 2003, 219, p. 27-45. Chen et al., 2004 : S.S. Chen, J.S. Taylor, L.A. Mulford, C.D. Norris, Influences of molecular weight, molecular size, flux, and recovery for aromatic pesticide removal by nanofiltration membranes, Desalination, 2004, 160, p. 103-111. Chennamsetty et al., 2006 : R. Chennamsetty, I. Escobar, X.L. Xu, Characterization of commercial water treatment membranes modified via ion beam irradiation, Desalination, 2006, 188, p. 203212. Chian et al., 1975 : E.S.K. Chian, W.N. Bruce, H.H.P. Fang, Removal of pesticides by reverse osmosis, Environmental and Science Technology, 1975, 9, p. 52-59. Childress, Elimelech, 1996 : A.E. Childress, M. Elimelech, Effect of solution chemistry on the surface charge of polymeric reverse osmosis and nanofiltration membranes, Journal of Membrane Science, 1996, 119, p. 253-268. Cornelissen et al., 2005 : E.R. Cornelissen, J. Verdouw, A.J. Gijsbertsen-Abrahamse, J.A.M.H. Hofman, A nanofiltration retention model for trace contaminants in drinking water sources, Desalination, 2005, 178, p. 179-192. Cyna et al., 2002 : B. Cyna, G. Chagneau, G. Bablon, N. Tanghe, Two years of Nanofiltration at the Mery-sur-Oise plant, France, Desalination, 2002, 147, p. 69-75. Devitt et al., 1998 : E.C. Devitt, F. Ducellier, P. Cöté, M.R. Wiesner, Effects of natural organic matter and the raw water matrix on the rejection of atrazine by pressure-driven membranes, Water Research, 1998, 32, p. 2563-2568. Freger et al., 2000 : V. Freger, T.C. Arnot, J.A. Howell, Separation of concentrated organic/inorganic salt mixtures by nanofiltration, Journal of Membrane Science, 2000, 178, p. 185-193. Ghaemi et al., 2011 : N. Ghaemi, S.S. Madaeni, A. Alizadeh, H. Rajabi, P. Daraei, Preparation, characterization and performance of polytethersuflone/organically modified montmorillonite 14 nanocomposite membranes in removal of pesticides, Journal of Membrane Science, 2011, 382, p. 135-147. Gosalawit et al., 2008 : R. Gosalawit, S. Chirachanchai, S. Shishatskiy, S.P. Nunes, Sulfonated montmorillonite/ sulfonated poly(ether ether ketone) (SMMT/SPEEK) nanocomposite membrane for direct methanol fuel cells (DMFCs), Journal of Membrane Science, 2008, 323, p. 337-346. Gwon et al., 2003 : E.M. Gwon, M.J. Yu, H.K. Oh, Y.H. Ylee, Fouling characteristics of NF and RO operated for removal of dissolved matter from groundwater, Water Ressource, 2003, 37, p. 29892997. Hasani-Sadrabadi et al., 2008 : M.M. Hasani-Sadrabadi, S. Hojjati Emami, H. Moaddel, Preparation and characterization of nanocomposite membranes made of poly(2,6-dimethyl-1,4-phenylene oxide) and montmorillonite for direct methanol fuel cells, Journal of Power Sources, 2008, 183, p. 551-556. Hasani-Sadrabadi et al., 2009 : M.M. Hasani-Sadrabadi, E. Dashtimoghadam, F.S. Majedi, K. Ksabiri, Nafion®/bio-functionalized montmorillonite nanohybrids as novel polyelectrolyte membranes for direct methanol fuel cells, Journal of Power Sources, 2009, 190, p. 318-321. Hasani-Sadrabadi et al., 2010 a : M.M. Hasani-Sadrabadi, E. Dashtimoghadam, K. Sarikhani, F.S. Majedi, G. Khanbabaei, Electrochemical investigation of sulfonated poly(ether ether ketone)/clay nanocomposite membranes for moderate temperature fuel cell applications, Journal of Power Sources, 2010, 195, p. 2450-2456. Hasani-Sadrabadi et al., 2010 b : M.M. Hasani-Sadrabadi, E. Dashtimoghadam, S.R. Ghaffarian, M.H. Hasani Sadrabadi, M. Heidari, H. Moaddel, Novel high-performance nanocomposite proton exchange membranes based on poly (ether sulfone), Renewable Energy, 2010, 35, p. 226-231. Hilal et al., 2004 : N. Hilal, H. Al-Zoubi, N.A. Darwish, A.W. Mohammad, M. Abu Arabi, A comprehensive review of nanofiltration membranes: treatment, pretreatment, modeling, and atomic force microscopy, Desalination, 2004, 170, p. 281-308. Jaafar et al., 2009 : J. Jaafar, A.F. Ismail, T. Matsuura, Preparation and barrier properties of SPEEK/Cloisite15A®/TAP nanocomposite membrane for DMFC application, Journal of Membrane Science, 2009, 345, p. 119-127. de Jaeger et al., 2012 : C. de Jaeger, E. Voronska, N. Fraoucene, P. Cherin, Exposition chronique aux pesticides, santé et longévité. Rôle de notre alimentation, Médecine & Longévité, 2012, 4, p. 75-92. Ji et al., 2012 : Yan-Li Ji, Quan-Fu An, Wan-Dans un, Kueir-Rarn Lee, Huan-Lin Chen, Cong-Jie Gao, Novel Composite nanofiltration membranes containing zwitterions with high permeate flux and improved anti-fouling performance, Journal of Membrane Science, 2012, 390-391, p. 243-253. Jiang, Adams, 2006 : H. Jiang, C. Adams, Treatability of chloro-s-triazines by conventional drinking water treatment technologies, Water Research, 2006, 40, p. 1657-1667. 15 Jung et al., 2005 : Y-J. Jung, Y. Kiso, R.A.A.b. Othman , A.Ikeda, K. Nishimura, K-S. Min , A. Kumano, A. Ariji, Rejection properties of aromatic pesticides with a hollow-fiber NF membrane, Desalination, 2005, 180, p. 63-71. Karabelas et al. (2009) : A.J. Karabelas, K.V. Plakas, E.S. Solomou, V. Drossou, D.A. Sarigiannis, Impact of European legislation on marketed pesticides — a view from the standpoint of health impact assessment studies, Environment International, 2009, 35, p. 1096–1107. Kimura et al. 2003 : K. Kimura, G. Amy, J. Drewes, Y. Watanabe, Adsorption of hydrophobic compounds onto NF/RO membranes: an artifact leading to overestimation of rejection, Journal of Membrane Science, 2003, 221, p. 89-101. Kiso et al., 2000 : Y. Kiso, Y. Nishimura, T. Kitao, K. Nishimura, Rejection properties of nonphenylic pesticides with nanofiltration membranes, Journal of Membrane Science, 2000, 171, p. 229-237. Kiso et al., 2001 a : Y. Kiso, T. Kon, T. Kitao, K. Nishimura, Rejection properties of alkyl phthalates with nanofiltration membranes, Journal of Membrane Science, 2001, 182, p. 205-214. Kiso et al., 2001 b : Y. Kiso, Y. Sugiura, T. Kitao, K. Nishimura, Effects of hydrophobicity and molecular size on rejection of aromatic pesticides with nanofiltration membranes, Journal of Membrane Science, 2001, 192, p. 1-10. Kiso et al., 2002 : Y. Kiso, A. Mizuno, R.A.A.b. Othman, Y-J. Jungb, A. Kumanoc, A. Arijic, Rejection properties of pesticides with a hollow fiber NF membrane (HNF-1), Desalination, 2002, 143, p. 147157. Košutić, Kunst, 2002 : K. Košutić, B. Kunst, Removal of organics from aqueous solutions by commercial RO and NF membranes of characterized porosities, Desalination, 2002, 142, p. 47-56. Lai et al., 1995 : M.-S. Lai, J.N. Jensen, A.S. Weber, Oxidation of simazine: ozone, ultraviolet, and combined ozone/ultraviolet oxidation, Water Environment Research, 1995, 67, p. 340-346. Li, Kim, 2008 : H. Li, H. Kim, Thermal degradation and kinetic analysis of PVDF/modified MMT nanocomposite membranes, Desalination, 2008, 234, p. 9-15. Loos et al. 2009 : R. Loos, B.M. Gawlik, G.Locoro, E. Rimaviciute, S. Contini, G. Bidoglio, EU-wide survey of polar organic persistent in European river waters, Environmental Pollution, 2009, 157, p. 561-568. Martins et al. 1999 : J.D. Martins, R.J. Gilliom, T.L. Schertz, Summary and Evaluation of Pesticides in Field Blanks Collected for the National Water-Quality Assessment Program 1992-1995, National Water-Quality Assessment Program, Open-File Report 98-412, 1999, USGS, U.S. Department of the Interior, Indianapolis, IN. McKinlay et al., 2008 : R. McKinlay, J.A. Plant, J.N.B. Bell, N. Voulvoulis, Endocrine disrupting pesticides: implications for risk assessment, Environment International, 2008, 34, p. 168-183. Nederlof et al., 2005 : M.M. Nederlof, J.A.M. Van Paassen, R. Jong, Nanofiltration concentrate disposal: experiences in the Netherlands, Desalination, 2005, 178, p. 303-312. 16 Ng, Elimelech, 2004 : H.Y. Ng, M. Elimelech, Influence of colloidal fouling on rejection of trace organic contaminants by reverse osmosis, Journal of Membrane Science, 2004, 244, p.215-226. Nghiem et al., 2005 : L.D. Nghiem, A.I. Shäfer, Trace contaminant removal with nanofiltration, in: A.I. Schäfer, A.G. Fane, T.D. Waite (Eds.), Nanofiltration, Principles and Applications, Elsevier Advanced Technology, Oxford, UK, 2005, p. 479-520. Nghiem, Schäfer, 2006 : L.D. Nghiem, A.I. Schäfer, Critical risk points of nanofiltration and reverse osmosis processes in water recycling applications, Desalination, 2006, 187, p. 303-312. Ormad et al., 2008 : M.P. Ormad, N. Miguel, A. Claver, J.M. Matesanz, J.L. Ovelleiro, Pesticides removal in the process of drinking water production, Chemosphere, 2008, 71, p. 97-106. Pang et al., 2010 : W. Pang, N. Gao, S. Xia, Removal of DDT in drinking water using nanofiltration process, Desalination, 2010, 250, p. 553-556. Plakas et al., 2006 : K.V. Plakas, A.J. Karabelas, T. Wintgens, T. Melin, A study of selected herbicides retention by nanofiltration membranes—the role of organic fouling, Journal of Membrane Science, 2006, 284, p. 291-300. Plakas, Karabelas, 2008 : K.V. Plakas, A.J. Karabelas, Membrane retention of herbicides from single and multi-solute media: the effect of ionic environment, Journal of Membrane Science, 2008, 320, p. 325-334. Plakas, Karabelas, 2009 : K.V. Plakas, A.J. Karabelas, Triazine retention by nanofiltration in the presence of organic matter: the role of humic substance characteristics, Journal of Membrane Science, 2009, 336, p. 86-100. Plakas, Karabelas, 2012 : K.V. Plakas, A.J. Karabelas, Removal of pesticides from water by NF and RO membranes — A review, Desalination, 2012, 287, p. 255-265. Reynolds et al., 1989 : G. Reynolds, N. Graham, R. Perry, R.G. Rice, Aqueous ozonation of pesticides : a review, Ozone : Science and Engineering, 1989, 11, p. 339-382. Sanches et al., 2012 : S. Sanches, A. Penetra, A. Rodrigues, E. Ferreira, V.V. Cardoso, M.J. Benoliel, M.T. Barreto Crespo, V.J. Pereira, J.G. Crespo, Nanofiltration of hormones and pesticides in different real drinking water sources, Separation and Purification Technology, 2012, 94, p. 44-53. Schäfer et al., 2005 : A.I. Schäfer, N. Andritsos, A.J. Karabelas, E.M.V. Hoek, R. Schneider, M. Nyström, Fouling in nanofiltration, in: A.I. Schäfer, A.G. Fane, T.D. Waite (Eds.), Nanofiltration: Principles and Applications, Elsevier, Oxford, UK, 2005. Shih, Chang, 2010 : Y.J. Shih, Y. Chang, Tunable blood compatibility of polysulfobetaine from controllable molecular-weight dependence of zwitterionic nonfouling nature in aqueous solution, Langmuir, 2010, 26, p. 17286-17294. Siew et al., 2013 : E.W. Siew, A.G. Livingston, C. Ates, A. Merschaert, Molecular separation with an organic solvent nanofiltration cascade - augmenting membrane selectivity with process engineering, Chemical Engineering Science, 2013, 90, p. 299-310. 17 Siyanitsa et al., 2008 : V.V. Siyanitsa, V.M. Kochkodan, V.V Goncharuk, Nanofiltration Treatment of Aqueous Solutions to Remove Triazine Herbicides, Zhurnal Prikladnoi Khimii, 2008, 81, p. 408-411. Tannien et al., 2005 : J.Tannien, L. Kamppinen, M. Nyström, Pretreatment and hybrid processes. AI Schäfer, AG Fane, TD Waite (Eds.), Nanofiltration – Principles and Application, Elsevier, Oxford (2005). Van der Bruggen et al., 1998 : B. Van der Bruggen, J. Schaep, W. Maes, D. Wilms, C. Vandecasteele, Nanofiltration as a treatment method for the removal of pesticides from ground water, Desalination, 1998, 117, p. 139-147. Van der Bruggen et al., 1999 : B. Van der Bruggen, J. Schaep, D. Wilms, C. Vandecasteele, Influence of molecular size, polarity and charge on the retention of organic molecules by nanofiltration, Journal of Membrane Science, 1999, 156, p. 29-41. Van der Bruggen et al., 2001 : B. Van der Bruggen, K. Everaert, D. Wilms, C. Vandecasteele, Application of nanofiltration for removal of pesticides, nitrate and hardness from ground water : rejection properties and economic evaluation, Journal of Membrane Science, 2001, 193, p. 239-248. Van der Bruggen et al., 2002 : B. Van der Bruggen, L. Braeken, C. Vandecasteele, Flux decline in nanofiltration due to adsorption of organic compounds, Separation and Purification Technology, 2002, 29, p. 23-31. Van der Bruggen et al., 2003 : B. Van der Bruggen, L. Lejon, C. Vandecasteele, Reuse, treatment and discharge of the concentrate of pressure driven membrane processes, Environmental Science Technology, 2003, 37, p. 3733-3738. Van der Bruggen et al., 2006 : B. Van der Bruggen, A. Verliefde, L. Braeken, E.R. Cornelissen, K. Moons, J.C.J.Q. Verberk, J.C. Van Dijk, G. Amy, Assessment of a semi-quantitative method for estimation of the rejection of organic compounds in aqueous solution in nanofiltration, Journal of Chemical Technology and Biotechnology, 2006, 81, p. 1166-1176. Van der Bruggen et al., 2008 : B. Van der Bruggen, M. Mänttäri, M. Nyström, Drawbacks of applying nanofiltration and how to avoid them : A review, Separation and Purification Technology, 2008, 63, p. 251-263. Van der Bruggen, 2009 : B. Van der Bruggen, Modification of Polyethersulfone Nanofiltration Membranes: a Review, Journal of Applied Polymer Science, 2009, 114, p. 630-642. Ventresque et al., 2000 : C. Ventresque, V. Gisclon, G. Bablon, G. Chagneau, An outstanding feat of modern technology : the Mery-sur-Oise Nanofiltration Treatment Plant (340 000 m3/d), Desalination, 2000, 131, p. 1-16. Verliefe et al., 2007 : A. Verliefde, E. Cornelissen, G. Amy, B. Van der Bruggen, J.C. van Dijk, Priority organic micropollutants inwater sources in Flanders and theNetherlands and assessment of removal possibilities with nanofiltration, Environmental Pollution, 2007, 146, p. 281-289. 18 Verliefde et al., 2009 : A.R.D. Verliefde, E.R. Cornelissen, S.G.J. Heijman, E.M.V. Hoek, G.L. Amy, B. Van der Bruggen, J.C. van Dijk, Influence of solute–membrane affinity on rejection of uncharged organic solutes by nanofiltration membranes, Environmental and Science Technology, 2009, 43, p. 2400-2406. Wershaw, 1991 : R.L. Wershaw, The importance of humic substance–mineral particle complexes in the modelling of contaminant transport in sediment–water systems, Organic Substances and Sediments in Water: Humics and Soils, Lewis Publishers, Chelsea, Michigan, USA, 1991, p. 23-34. Xu et al., 2006 : P. Xu, J.E. Drewes, T. Kim, C. Bellona, G. Amy, Effect of membrane fouling on transport of organic contaminants in NF/RO membrane applications, Journal of Membrane Science, 2006, 279, p. 165-175. Xuan, Liu, 2009 : F.Q. Xuan, J.S. Liu, Preparation, characterization and application of zwitterionic polymers and membranes: current developments and perspective, Polymer International, 2009, 58, p. 1350-1361. Yoon et al., 1998 : S.H. Yoon, C.H. Lee, K.J. Kimand, A.G. Fane, Effect of calcium ion on the fouling of nanofilter by humic acid in drinking water production, Water Research, 1998, 32, p. 2180-2186. Zhang et al., 2004 : Y. Zhang, B. Van der Bruggen, G.X. Chen, L. Braeken, C. Vandecasteele, Removal of pesticides by nanofiltration: effect of the water matrix, Separation and Purification Technology, 2004, 38, p. 163-172. 19