Interview de Christian Richard - Fédération Française du Sport Adapté

Transcription

Interview de Christian Richard - Fédération Française du Sport Adapté
Interview de Christian Richard
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Comment es-tu venu au Sport Adapté ?
J’ai toujours été intéressé par les personnes en situation d’handicap. Comme l’a dit un philosophe « L’acceptation de
la différence doit devenir un réflexe ». L’une de mes cousines est handicapée (moteur et mentale), ce qui je pense à
contribuer à mon orientation professionnelle. Les métiers de mes parents m’ont également orienté vers des
professions d’aide aux personnes en situation d’handicap. Ma mère était éducatrice spécialisée et mon père,
infirmier psychiatrique. J’ai exercé pendant 13 ans le métier d’infirmier psychiatrique. En 1994, j’ai changé de
secteur, en intégrant une DDJS (Direction Départementale de la Jeunesse et Sport) en tant que Conseiller
d’Animation Sportive (C.A.S.).
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Quels sports as-tu pratiqué ?
Je suis un passionné de montagne et de sensations fortes. J’ai connu le haut niveau en Alpinisme, j’ai participé aux
Championnats de France de moto vitesse en sports mécaniques. J’ai également fait de l’athlétisme au niveau
régional.
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Quelle fonction occupes-tu au sein de la FFSA ?
En 2007, une offre de CTN (Cadre Technique National) me fut proposée à la FFSA. C’est un métier passionnant et
exigeant. Le mode de management me correspond en tout point, la conduite de projet me plaît énormément, être
au cœur du sport est formidable. Promouvoir le Sport Adapté est également au centre de mes convictions
personnelles.
J’ai deux missions nationales, le développement du sport handicap psychique et du sport jeune. Je suis également en
tant que CTN, chargé du développement du Sport Adapté dans deux régions : la Basse-Normandie et la HauteNormandie. La ligue de Basse-Normandie comptait en 2007, seulement un club pour 3 départements, c’était la
région la plus démunie en offre sportive adaptée. Il y avait donc tout à faire dans cette région. Grâce à mes
collègues, nous avons réussi à développer le Sport Adapté de manière exponentielle. Désormais, nous avons 3
Comités Départementaux, et une Ligue avec plus de 1000 licenciés.
Je suis également responsable du Sport Nature (Escalade et Alpinisme), et membre de la commission Sport et Santé
Mentale.
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Peux-tu nous parler du « sport et santé mentale » ?
Les élus ont décidé de créer une commission nationale Sport et Santé Mentale, présidée par Catherine BellamyFayollet. Nous nous sommes également associés à Sport-En-Tête, association œuvrant pour le sport en milieu
psychiatrique. Nous organisons des journées (multisports) CREPS FFSA – Sport-En-Tête ; nous invitons les secteurs
psychiatriques à participer aux journées ; on fait appel aux GEM (Groupements d’Entraide Mutuel). Actuellement,
nous travaillons avec le milieu carcéral, afin de proposer aux personnes emprisonnées en situation d’handicap
psychique de faire du sport. Le nombre de personnes handicapées en détention avoisine 19 800 personnes, soit 30%
des incarcérés.
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Comment le ski adapté est-il devenu discipline de haut-niveau ?
Je suis super content ! Les deux disciplines (Alpin et Nordique) ont été reconnu sport de haut niveau, une grande
avancée. Pour arriver à cette reconnaissance, le chemin fut long et difficile. Plusieurs acteurs ont participé à la
concrétisation de ce projet. Tout d’abord, la commission ski a accompli un travail énorme depuis trois ans.
L’organisation des Championnats du Monde de Ski, à Lans en Vercors en 2011, a contribué à la réussite de cette
reconnaissance. Depuis plusieurs années, les bons résultats des skieurs français représentent la base de ce succès,
sans ces bonnes performances au niveau international, la reconnaissance de ces disciplines n’aurait pas pu se
concrétiser. Le staff (Michel, Fred, Maud, Stéphane, Thierry, Francis etc…) a contribué activement à cette réussite.
Il ne faut pas omettre le soutien des collectivités, comme la commune de Lans en Vercors, qui met à disposition son
domaine skiable pour notre Équipe de France. Ce fut un énorme travail commun entre les entraîneurs, les cadres
techniques, les sportifs qui ont amené le Ski à être reconnu comme discipline de haut niveau.
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Peux-tu nous raconter le dernier Championnats du Monde de Ski en Turquie ?
Cette compétition a été une réussite dans l’ensemble. En termes de résultats, nous établissons un nouveau record
en totalisant 7 médailles. Le ski nordique remporta plus de médailles que le ski alpin, mais à noter l’absence de notre
meilleur skieur pour cause de blessure. Les femmes se sont illustrées en décrochant 5 médailles sur 7, dont 4 par
Nadia Cochet, skieuse nordique participant à ses premiers Championnats du Monde.
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Comment vois-tu évoluer le ski adapté pour les prochaines années ?
Nous visons les trois premiers rangs mondiaux (en terme de médailles), nous étions 3ème la saison dernière,
désormais nous sommes 4ème. Au niveau international, les skieurs ayant le droit de participer aux compétitions
internationales doivent être dotés d’un Quotient Intellectuel inférieur à 75, excluant ainsi l’ensemble des skieurs en
situation d’handicap psychique possédant généralement un QI supérieur. Cette restriction ne permet donc pas aux
skieurs les plus doués comme Loic Margue, Champion de France de Ski (Super G) âgé de 14 ans de participer aux
épreuves internationales. Il possède un QI de 80, l’empêchant ainsi de participer aux épreuves majeures de sa
discipline. La fédération a décidé de ne pas appliquer cette limite de QI, dans le but d’éviter l’exclusion de sportifs.
J’espère fortement que les instances internationales modifient leurs règlements, ce qui permettrait à l’ensemble des
skieurs en situation d’handicap psychique de participer aux compétitions internationales.
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Quels sont les futurs projets dans la région de Haute-Normandie dont tu es en charge ?
Concernant la Haute-Normandie, nous sommes en instance de créer une ETR (Équipe Technique Régionale) qui sert
à dynamiser le développement d’une ligue. Nous avons également l’intention de créer un PER (Pôle Entraînement
Régional) qui permettra d’accueillir les sportifs prometteurs (pouvant prétendre à l’Équipe de France) dans les sept
disciplines de Haut-Niveau.
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Aimerais-tu rajouter quelque chose ?
J’aimerai remercier l’élue qui m’a mis le pied à l’étrier sur le secteur Normandie en 2007 à mon arrivée, Nicole
Lebodo, qui a beaucoup fait pour le développement de la Basse Normandie. Je tiens aussi à mettre en avant, les
travaux de Bernard Bitot (président de la ligue de Basse-Normandie), de Laurent Mony, Philippe Renelleau,
Pasacal Biville et Brigitte Ledruf, qui sans eux rien ne serait possible.