Die Hansefahrt. Octobre 2014 (Y. Cesbron)
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Die Hansefahrt. Octobre 2014 (Y. Cesbron)
Die Hansefahrt , octobre 2014. Ce titre de l’aller s’est transformé pour moi au retour en « SpeicherReise ». Speicher en allemand signifie « grenier » notamment pour les greniers à sel de Lübeck, ce sel contenu dans le sous-sol de Lüneburg et amené par bateau jusqu’à Lübeck. Mais Speicher veut dire aussi en informatique « la Mémoire ». Pendant neuf jours nous avons découvert, photographié, noté tout ce que nous visitions dans cette région inconnue : Osnabrück, Jork, Lüneburg, Lübeck et Brême. Pendant ce temps, en parallèle, je relisais « Pelures d’oignon », ce livre où Günter Grass essaie de faire remonter ses souvenirs, de sa jeunesse et de son âge adulte à travers le nazisme, la fin de la guerre et la suite. Oui notre mémoire est sélective et capricieuse, tantôt serviable tantôt rétive. Chaque jour nous apportait des connaissances nouvelles, avec des personnes rencontrées à chaque halte. Je prenais des notes, photographiais mais sans faire l’effort de retenir, d’autant que mes moments de lecture me déconnectaient du présent. Lors du voyage de retour j’ai choisi d’écrire ce dont je me souvenais sans l’aide des notes prises ni des photos, ni avec l’aide des autres voyageurs. La première difficulté fut de mettre dans l’ordre chronologique deux journées : lundi ou mardi pour la lande de Jork et Steinkirche d’une part et pour Lüneburg d’autre part. Je recherchais dans chacune de ces journées ce qui pouvait m’aider et j’ai retrouvé grâce à ce circuit du sel qui allait de Lüneburg à Lübeck en 4 semaines pour une vingtaine de kilomètres. Donc Lüneburg était la deuxième journée, c’est-à-dire le mardi. J’ai oublié le repas pris à la Schiffgesellschaft de Lübeck tout comme j’avais eu un trou noir qui correspondait au repas au Rampendahl d’Osnabrück. A croire que les moments de repas furent pour moi des moments de manque d’attention, l’activité se bornant à satisfaire mon estomac (bonnes soupes bien riches, porc fondant, chou rouge caramélisé ….) Mes autres oublis : les prénoms des guides qui nous ont expliqué l’histoire de la Hanse, la naissance de Eric Maria Remarque (A l’ouest rien de nouveau) à Osnabrück, la statue de Heinrich Heine devant le Rathaus d’Hambourg, les concerts d’orgue à Hambourg (église décorée des produits des récoltes) et à Jork où une jeune musicienne nous a comblés sous le ciel étoilé des voutes de la petite église luthérienne. J’ai aussi oublié le livre de chants religieux traduit en français, anglais, polonais, tchèque pour au moins un des chants. La grue ancienne à Lüneburg qui servait à remplir les bateaux du sel trouvé jusqu’à 5000 m sous terre dans la nappe phréatique qui avait été découverte grâce à un sanglier fureteur revenu les poils pleins de sel. Le mécanisme intérieur de la grue comportait un grand danger pour ceux qui la faisaient fonctionner à cause des deux grandes roues qui ne devaient pas s’emballer en sens inverse. 1 Et le suicide d’Heinrich Himmler le 23 mai 1945 à Lüneburg Et en plus de tout ça j’avais complètement gommé la journée passée dans le parc de Marl à l’occasion de la fête nationale de la Réunification le 3 octobre de chaque année. C’est là que j’ai retrouvé les Creillois qui nous avaient précédés ainsi que le maire de Creil, devant une troupe de musiciens hongrois. Mon oubli de dernière minute fut celui de notre appareil photo chez nos amis Annette et Johannes. Il me faudra attendre pour mettre en images ce que je vais pouvoir écrire. Alors qu’ai-je noté de mémoire ? Départ gare du Nord par le train qui nous mène à Essen, nos amis nous attendent. Les autres Creillois sont arrivés avant nous par le minibus de la ville. Vendredi 3 octobre,MARL, nous allons à cette fête dont j’ai parlé avant et nous longeons les différents stands, d’alimentation, de réalisations artistiques, de motos, de partis politiques : CDU, Verts, SPD, die LINKE. Au stand du comité de jumelage nous retrouvons d’autres participants dont notre ami Bernd qui ne pourra malheureusement pas faire partie du voyage. Le soir un repas sous tente est organisé par les pompiers, l’allemand, l’anglais, le français se mélangent et font un ronron général agréable. Samedi 4 : Osnabrück, nous arrivons par un soleil d’automne éclatant. Que la place du Rathaus est belle ! Nous découvrons que cette ville est jumelée avec notre ville natale : Angers. Dans la grande salle dite « Salle de la Paix » une guide un peu comédienne nous explique la concrétisation du traité de Westphalie, obtenu au bout de cinq ans de négociations ! Pour plus de détails consulter Wikipédia ! La guide nous montre les belles maisons aux frontons richement décorés et parfois humoristiquement comme cette scène où un cochon debout contemple le couteau qui va sans doute permettre sa transformation en quelque chose de consommable ! Les maisons sont en pierre en raison des incendies qui avaient dévasté la ville y compris les maisons où était travaillé le lin. La cathédrale avec une petite tour et une plus grosse nous a été aussi expliquée historiquement et elle était bordée d’une place où les sculpteurs sur pierre réalisaient leurs œuvres devant les passants (je pensais alors à la période où Günter Grass travaillait chez un fabriquant de pierres tombales dans la région de Düsseldorf). Le soir arrivée à notre hôtel « Zur grünen Eiche » = au chêne vert. Dimanche 5 : Hambourg, ce port du nord me faisait rêver ou plutôt m’intriguait. C’est de là qu’en 1846 était partie une femme d’une cinquantaine d’années (Ida Pfeiffer ?), seule, pour faire le tour du monde. En fait je me suis sentie écrasée, toute petite au milieu de ces énormes bâtiments, docks ou bien immeubles de commerce ou d’habitation que nous avons côtoyés au cours de notre promenade en bateau touristique de la compagnie Ehlers. En retrait du port, des quartiers riches au milieu de parcs devenus publics, des lacs, mais aussi des quartiers plus simples où les bars à filles côtoient les clochards mais aussi une grande image du pape auprès d’un centre religieux. 2 Dans le restaurant, dégustation de trois poissons mais aussi de « Kümmel » ce schnaps à base de fenouil. Marche à pied le long des quais, la criée transformée en halle, les vieux remparts au long du port où je trouve une carte postale pour notre professeur d’allemand à Creil. Le port en fait est très loin de la mer, 60 kms ? Mais les vagues sont assez marquées nous donnant l’illusion qu’elle est plus proche. Lundi 6 : Heide signifie à la fois la lande et la bruyère. Dans le car j’attendais de traverser l’Elbe, ce fleuve qui vient de loin, passant par Prague notamment. Mais nous sommes restés à l’ouest et il me faudra attendre pour le franchir. Cependant nous avons une explication sur les digues qui sont élevées au bord du fleuve qui va se jeter dans l’Elbe. Ce territoire a été protégé des crues par les Hollandais qui ont creusé des canaux éloignés chacun de 16 m, tapissant cette terre pour la rendre cultivable de façon sûre. Les deux villes que nous visitons sont Steinkirche avec son moine sculpté devant l’église luthérienne, et Jork dont dépend la ferme productrice de pommes « Herzapfelhof ». Dans ces deux villes les guides, homme et femme, portent le costume traditionnel. Mardi 7 : Lüneburg. Nous sommes encore à l’ouest de l’Elbe, une dame, petite, souriante, aux yeux clairs impressionnants, nous accueille et nous guide : la maison « enceinte » construite avec du gypse qui travaille, le carillon de cloches en porcelaine de Meissen, les décors de porte en « Tau »= forme de corde, les médaillons inclinés moins agressifs, les maisons des palefreniers, l’église SaintNicolaî avec ses hauts piliers en brique, son plafond imitant des étoiles de pierre, ses tableaux où le fond représente la ville de Lüneburg, ses statues d’Eve, d’Adam mais aussi du diable tout noir. Deux vitraux remarquables par la représentation de taches de sang au-dessus de pierres ou de murs en désordre : les vitraux de Schreiter. Là il pleut averse, nous rentrons à l’intérieur de la vieille grue, puis nous nous réfugions dans une pizzéria. Là, bizarre, des médaillons du chemin de croix du Christ encadrent une réserve de bouteilles de vin. D’où viennent des médaillons ? Un cadeau nous répond le serveur. Retour à l’hôtel, comme il pleut certains décident d’arrêter là leur visite. Les autres acceptent de continuer pour aller voir le « Heidegarten » c’est-à-dire le jardin de bruyères. Magnifique ! Les photos vont pouvoir montrer toutes les variétés de couleur des bruyères. Le soleil est réapparu, nous sommes tous ravis. Et maintenant allons voir les moutons ! Mais là il n’y a que trois moutons rouges indiquant la place où doivent être ces animaux. A part l’étable (ou la moutonnerie ? comment dit-on pour les moutons ?) et l’odeur pas de trace d’ovins. Nous remontons dans le bus et là exclamation générale « Les voilà ! ». De loin un troupeau, nous les avons vus ! Mercredi 8 : Lübeck. Cette fois-ci nous passons au-dessus de l’Elbe. 3 Cette ville restera pour moi la ville de Thomas Mann et de Günter Grass. Mais c’est aussi celle des docks à sel, de la tour à briques noires vernies qui penche, de la Marienkirche cette immense église qui fut détruite en grande partie par les Anglais en 1942 et magnifiquement reconstruite avec des voûtes en étoiles, de jolies peintures de fleurs le long des colonnades. Des photos montrent l’horreur des destructions, les cloches ont été laissées à terre en souvenir de cette période. La place du marché, l’intérieur de l’Hôtel de Ville avec les arcades en brique noire vernie, les ouvriers qui disposent les petits pavés sur les trottoirs. La maison de la famille Mann et à l’office du tourisme deux statuettes de G Grass. Jeudi 9 : Brême. Je ne me souvenais plus du conte des frères Grimm « les animaux musiciens de Brême », nous allons les voir en statue près du Rathaus : l’âne qui porte le chien qui porte le chat qui lui-même porte le coq. Des petits livres illustrés nous racontent l’histoire mais il faudrait lire le conte écrit par ces deux collectionneurs de contes allemands. En attendant certains se contentent de faire un vœu en empoignant les deux pattes de l’âne. Roland, le neveu de Charlemagne, avec sa fidèle épée Durandal, est là. Mais que fait-il loin de Ronceveaux ? Peu importe : les ménagères qui venaient acheter du tissu au marché pouvaient grâce aux genoux de Roland vérifier si la mesure était bonne. Sur les photos nous pourrons voir les deux pointes sortant de ses genoux, distantes de 56 cms. Repas dans la cave du Rathaus, visite des petites rues anciennes, parfois très étroites, carillon sonnant midi, puis retour au bus le long de la Weser. Le soir à Marl dîner d’adieu dans la Maison de la Paix (ancienne chapelle près d’un cimetière où maintenant sont dressées quatre guillotines qui font une grande impression quand comme nous nous arrivons à la nuit tombée !) Repas amical avec quelques mots du maire de Marl et distribution d’un petit poème sur l’amitié et l’immortalité par une accueillante de cette ville amie. Vendredi 10 : Photo de groupe, auf Wiedersehen, nous confions notre destin au chauffeur de bus de Creil qui nous ramène sains et saufs devant la mairie. Tout était très bien, merci aux organisateurs et aux co-voyageurs ! Yvette. 4