Monter un projet sur le champ des drogues

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Monter un projet sur le champ des drogues
MONTER
UN PROJET
SUR LE CHAMP DES
DROGUES
guide méthodologique
avril 2011
1
Vanessa Amraoui, chargée de projet – Khady Florent, coordinatrice –
Agnès Sztal, référente pédagogique – Isabelle Baldisser, attachée de direction –
Antonio Ugidos, directeur
Crips Île-de-France
33, avenue du Maine – Tour Maine-Montparnasse – BP53 — 75755 Paris cedex 15
tél. 01 56 80 33 33 – fax 01 56 80 33 00
www.lecrips-idf.net – [email protected]
EN SAVOIR PLUS
SUR LE CHAMP DES DROGUES...
LA LUTTE CONTRE LES DROGUES ET LA MÉTHODOLOGIE DE PROJET
La conduite d’action ne s’improvise pas. Tout projet doit s’inscrire dans une méthodologie précise comportant les phases suivantes : diagnostic, hiérarchisation des
priorités, définition des objectifs, programmation (actions à conduire, calendrier
à respecter, ressources humaines et financières à mobiliser, mise en œuvre
concrète) et évaluations.
La méthodologie permet d’assurer puis de justifier la pertinence du projet, en rele-
3
MONTER UN PROJET
Qu’il s’agisse de consommation ou de trafic, la question des drogues renvoie à
une réflexion sur les facteurs favorisant les passages à l’acte et sur l’ensemble
des effets des produits psychoactifs – qu’ils soient physiologiques, psychologiques
ou sociaux. La lutte contre les drogues nécessite ainsi d’adopter une approche globale de la santé, plus précisément dans le cadre d’une démarche de promotion de
la santé.
La définition retenue pour le terme « santé » est celle élaborée par l’Organisation
mondiale de la santé (OMS) en 1946 : « état de complet bien-être physique, social
et mental, dépassant l’absence de maladie et d’infirmité ».
C’est avec la Charte d’Ottawa 1, en 1986, que le concept de promotion de la santé
apparaît. « La promotion de la santé est le processus qui confère aux populations
les moyens d’assurer un plus grand contrôle sur leur propre santé, et d’améliorer celle-ci ».
La santé est perçue comme une ressource de la vie quotidienne et non comme le but
de la vie : il s’agit d’un concept positif mettant en valeur les ressources sociales
et individuelles ainsi que les capacités physiques. Ainsi donc, la promotion de
la santé ne relève pas seulement du secteur sanitaire : elle dépasse les modes de
vie sains pour viser le bien-être.
Un des axes de la promotion de la santé implique de s’appuyer sur les savoirs des
populations, leurs expériences et leurs potentialités, de les faire participer aux
actions qui les concernent et de chercher des solutions avec elles. Un autre axe
de la promotion de la santé procède de cette participation effective et concrète
de la communauté tant sur la fixation des priorités, que sur les moyens d’élaboration des actions pour atteindre un meilleur niveau de santé 2.
Cette participation est essentielle au processus de promotion de la santé. Elle
stimule l’investissement, l’autonomie et une prise de conscience des populations
sur les questions sanitaires, et favorise la mise en place d’actions répondant au
plus près de leurs besoins.
Concernant les consommations de drogues, il est nécessaire d’éclairer les populations sur les prises de risques sanitaires encourus et sur les intérêts à adopter des comportements responsables. Le caractère légal et réglementé de certaines
drogues (alcool, tabac, médicaments psychoactifs) justifie d’autant plus cette
démarche.
La prévention des conduites à risque s’inscrit donc dans une démarche de promotion de la santé : elle aide la population à exploiter ses aptitudes à garantir
une plus grande maîtrise sur sa santé et à améliorer celle-ci. Pour cela, elle
interroge les comportements de l’individu et l’aide à identifier les moyens les
plus adaptés à sa situation, tout en développant et en valorisant ses compétences
et ses ressources personnelles.
SUR LE CHAMP DES DROGUES
L A L U T T E C ONTRE LES DROGUES ET LA PROMOTION DE LA SANTÉ
1 - La première Conférence
internationale pour
la promotion de la santé,
a été réunie à Ottawa
le 2 novembre 1986, et
a émis la Charte d’Ottawa
pour l’action visant
la Santé pour tous d’ici
l’an 2000 et au-delà.
2 - Agir en promotion
de la santé signifie
s’inscrire dans deux autres
axes d’intervention :
– contribuer à créer
des milieux favorables
à la santé,
– développer l’action
des services de santé
au-delà de la délivrance
de soins médicaux, prenant
en compte l’expression
des personnes.
SUR LE CHAMP DES DROGUES
vant, dès la phase de diagnostic, les besoins, les demandes, les ressources et
les réponses présentes et mobilisables sur le territoire.
La méthodologie de projet favorise une réalisation optimale de celui-ci en questionnant l’apparition et les enjeux du contexte qui l’occasionne ; elle participe
à la mise en œuvre d’une dynamique locale et à l’amélioration des pratiques. La
méthodologie prévoit les étapes à franchir et les moyens nécessaires à la conduite
du projet. Objectiver la démarche permet de mettre en lumière les ressources locales
mais aussi de déterminer les potentiels obstacles, opérationnels, administratifs
ou financiers et d’anticiper les réponses, voire d’ajuster à temps la mise en œuvre
du projet, en fonction de l’évolution du contexte.
Chaque étape de la méthodologie de projet doit bénéficier d’une évaluation afin
d’estimer son déroulement (évaluation de processus).
L’évaluation n’est pas une opération que l’on mène à la fin d’un projet mais bien
un travail qui s’opère dès sa conception (au moment où s’effectue le diagnostic)
jusqu’à sa réalisation (évaluation de processus, de la pertinence, de la cohérence,
des résultats, de l’impact).
Il est donc nécessaire que l’évaluation soit continue à toutes les étapes de la
méthodologie de projet. Elle permet de légitimer le projet, de l’améliorer, de le
pérenniser, aussi bien dans sa conduite que dans ses résultats. (voir étape 4 « Les
MONTER UN PROJET
4
évaluations » page 16)
La lutte contre les drogues demande d’adopter une approche globale, donc d’œuvrer
en transversalité et en partenariat. Elle recouvre une grande diversité d’interventions s’intégrant aux différentes politiques publiques (éducation, action
sociale, santé, prévention de la délinquance, politique de la ville) et nécessite
ainsi la mobilisation concertée d’un ensemble d’intervenants issus des différents
dispositifs de droit commun.
Afin de s’assurer de l’opportunité du projet et de mobiliser au mieux les partenaires, les orientations du projet doivent être en cohérence avec celles des politiques sectorielles que ce soit en termes de valeurs, de demandes ou de pertinences (lutter contre les consommations de drogues sur l’espace public, le trafic
de rue, la délinquance et les nuisances associées à l’usage de drogues, sont autant
de missions des services répressifs de la police et de la justice à titre
d’exemples).
OBJET DU LIVRET, CHOIX DES ACTEURS DE LA POLITIQUE
DE LA VILLE ET D E LA PRÉVENTION DE LA DÉLINQUANCE
Ce livret, destiné plus particulièrement aux acteurs de la politique de la ville
et de la prévention de la délinquance, a pour objet de présenter les différentes
étapes d’une démarche de projet en matière de prévention et de lutte contre les
drogues, illustrées par des exemples concrets. La démarche du Crips Île-de-France,
de renforcer son appui méthodologique auprès de ces acteurs, résulte de la transversalité de leurs missions, relatives notamment aux domaines de la santé et de
la citoyenneté au sein desquels les questions de prévention et de lutte contre
les drogues se posent.
Ce guide ne présente pas les caractéristiques des consommations des drogues en
France et en Île-de-France, celles-ci étant en constante évolution. Ces données
peuvent à tout moment être obtenues auprès d’un certain nombre de structures
recueillant des données actualisées à la fois quantitatives et qualitatives sur
le champ des drogues : l’Inpes, l’OFDT, l’ORS, le Crips Île-de-France.
DONNÉES DE BASE SUR LE CHAMP DES DROGUES
Définition d’une drogue
Une drogue est un produit psychoactif naturel ou synthétique, utilisé par une personne en vue de modifier son état de conscience ou d’améliorer ses performances,
ayant un potentiel d’usage nocif, d’abus ou de dépendance et dont l’usage peut
être légal ou non 3.
Alcool, tabac, cannabis, médicaments psychotropes, héroïne, cocaïne, etc., sont
autant de drogues qui répondent à cette définition.
La consommation d’une drogue est « la rencontre entre un individu, un produit et
un environnement socioculturel »4. Ainsi, les effets de sa consommation varient selon
des facteurs individuels (facteurs biologiques et physiques de l’usager, sa personnalité, ses motivations à consommer), le produit (la nature de la ou des substances absorbées, les quantités, la fréquence, la durée et le mode d’administration) et sont modulés par des aspects contextuels (le moment de la consommation,
la perception du produit, la présence ou l’absence de personnes lors de la consommation, la sociabilité de la personne...).
Les différents types d’usages
Distinguer les différents types d’usages des drogues permet une réponse plus adaptée face à un consommateur.
L’usage simple est une consommation de substances psychoactives qui, a priori, n’entraîne ni complications pour la santé, ni troubles du comportement ayant des conséquences nocives pour soi ou pour autrui. Il en est ainsi chez les personnes qui
resteront à une consommation modérée (qu’elle soit unique ou occasionnelle) n’induisant pas de risques (pas de grossesse, pas de conduite de véhicule ou de
machines...)5.
L’usage nocif, ou abus, est caractérisé par une consommation induisant des dommages dans les domaines somatiques, psychoaffectifs ou sociaux, pour le sujet luimême, mais aussi pour son environnement. L’usage nocif est une consommation qui,
même sans dépendance, provoque des dommages physiques, affectifs, psychologiques
ou sociaux pour le consommateur, ses proches ou son environnement plus large.
La dépendance est la situation dans laquelle se trouve la personne qui ne peut
plus se passer du produit, sans ressentir un manque d’ordre physique et/ou psychique. La dépendance à un produit est affirmée si trois ou plus des critères suivants sont présents 6 :
a. Tolérance manifestée par le besoin d’accroître les doses consommées pour obtenir une intoxication ou un effet désiré ou par une diminution des effets à dose
consommée constante.
b. Symptômes de sevrage à la suite d’une période d’abstinence, évités ou améliorés par une nouvelle prise de la substance.
c. Prise de la substance en plus grande quantité ou pendant plus longtemps que
prévu.
d. Un désir persistant ou des efforts infructueux pour diminuer ou contrôler la
consommation.
e. Beaucoup de temps passé à utiliser ou à se procurer la substance.
f. Abandonner ou réduire ses activités sociales, professionnelles ou de loisir à
cause de l’usage de la substance.
g. Continuer à consommer malgré la connaissance des risques pour la santé.
Les facteurs de risques
Les processus d’entrée et de maintien dans la consommation de substances psychoactives résultent toujours d’interactions entre plusieurs déterminants et facteurs de risques ou dits de vulnérabilité. Il s’agit de facteurs susceptibles de
favoriser l’installation de la dépendance.
La période de l’adolescence est un facteur de vulnérabilité vis-à-vis des consommations de drogues, puisqu’il s’agit d’une période de transition de la dépendance
aux parents vers l’autonomie, de quête d’identité, de recherche d’affirmation de
soi, de recherche de ses limites, de découvertes et d’expérimentation.
La grande disponibilité d’un produit, un contexte familial peu étayant, une situation scolaire en échec, la bonne image d’un produit ou encore l’influence des pairs
sont également des facteurs de risques.
3 - Drogues et dépendance,
le livre d’information,
Inpes, 2006.
4 - La dynamique entre
ces trois préposés
est un concept élaboré
à l’origine par
le psychiatre américain
Norman Zinberg et reprise
par le psychiatre Claude
Olievenstein (principe
communément appelé
« triangle multifactoriel
d’Olievenstein »).
5 - Dans ces situations,
la consommation de drogues
(quelqu’en soit la quantité
ou la fréquence), comporte
un risque et constitue
par conséquent un « usage
nocif » :
– la conduite d’un
véhicule (automobile, deux
roues, machine, etc.),
– une grossesse,
– l’association avec
certains médicaments.
Ces risques existent dès
la première consommation.
6 - Critères du Diagnostic
and Statistical Manual
(DSM) IV : outil de
classification qui
représente le résultat
actuel des efforts
poursuivis depuis
une trentaine d’années
aux États-Unis, pour
définir plus précisément
les troubles mentaux.
ÉTAPE 1. DU DIAGNOSTIC
AU CHOIX DE LA PRIORITÉ
La décision de mener un projet sur le champ des drogues peut avoir trois origines :
– l’observation d’une situation qui pose problème sur un territoire (il peut également s’agir d’une situation à maintenir, ou bien d’une compétence à développer).
Exemple 1 7 : l’augmentation de la consommation d’alcool chez les jeunes sur l’espace public
de la commune des Olitesses.
Exemple 2 : l’augmentation et la banalisation de la consommation de cannabis chez les jeunes
de la commune de Tréflux.
– les résultats d’un diagnostic de territoire mettant en lumière une situation sur
laquelle il est pertinent de se centrer.
Le diagnostic de territoire réalisé dans le cadre d’un dispositif Cucs, CLSPD ou
ASV, peut interroger un certain nombre de thèmes : le logement, l’emploi, la sécurité, la santé ou encore la question des drogues.
– une commande institutionnelle ou la réponse à un appel d’offre institutionnel.
6
7 - Tous les exemples
figurant dans ce livret
sont à titre indicatif.
La méthodologie de projet
permet d’élaborer
et mettre en place
des projets adaptés à une
situation, un territoire,
une population... ; aussi
les exemples cités ici
ne sont pas transposables
à d’autres situations,
territoires, populations...
8 - Il existe plusieurs
terminologies pour définir
un type d’objectifs.
9 - En termes
de ressources, il s’agit
à la fois de déterminer
les ressources officielles
(structures, dispositifs,
acteurs compétents)
ainsi que les réponses
« spontanées » auxquelles
les populations peuvent
avoir recours face
à un problème.
10 - Constituent des
déterminants de la santé :
l’éducation, la culture,
les choix individuels,
les styles de vie, l’offre
de soin, l’environnement,
la biologie, les facteurs
génétiques et héréditaires.
1. LE DIAGNOSTIC : L’ANALYSE DE LA SITUATION
OU L’ÉVALUATION INITIALE 8
Appréhender le phénomène des drogues dans le cadre d’un diagnostic consiste à identifier, sur un territoire donné, les problèmes, les besoins et les ressources 9
sur ce champ au regard des déterminants de la santé 10. Le diagnostic doit pouvoir
mettre en exergue des éléments d’information sur la base d’une diversité et globalité de données et mesurer l’écart (ou la proximité) entre le ressenti (hypothèses de départ) et la réalité (résultats du diagnostic).
Pour ce faire, il est nécessaire de définir des indicateurs qualitatifs et quantitatifs (données mesurables et objectivables permettant de comprendre et d’analyser une situation) qui interrogent l’ensemble des éléments (les déterminants du
phénomène) qui font que la question des drogues se pose (sur un territoire, à un
moment donné...). (voir Annexe 1 page 18)
Il s’agit notamment d’interroger :
– l’ensemble des manifestations liées aux drogues (territoriales, sociales, sanitaires, économiques...),
– les possibilités de la structure porteuse de projet pour agir sur la problématique,
– les populations Il s’agit d’identifier de manière générale leur mode de vie,
leurs ressources, leurs difficultés, leur implication dans le territoire et de relever plus spécifiquement sur le champ des drogues : leurs représentations, leurs
opinions, leurs facteurs de vulnérabilité et leurs pratiques (consommation ou
absence de consommation, ressources utilisées par les usagers...).
– le profil des usagers de drogues (âge, sexe, produits concernés, types d’usages,
lieux de consommations, prises de risques, accès aux traitements, trajectoires
socio-judiciaires, contextes de consommations...),
– les témoignages et les réactions des usagers face aux institutions,
– les dispositifs existants sur le territoire (structures spécialisées sur le champ
des drogues et autres structures œuvrant aussi bien en termes de prévention que
de prise en charge ou d’application de la loi. Exemple : Csapa, Caarud, hôpitaux,
centres de santé, centres sociaux, clubs de prévention, Paej...) et autres dispositifs identifiés et utilisés par les populations (structures spécialisées sur
la thématique des drogues ou non),
– les constats liés aux consommations de drogues enregistrés par les services de
santé (types d’observations, réponses apportées, impacts sur les populations),
– les faits de délinquance liés au trafic et/ou l’usage de drogues (recueil des
données des services de sécurité, les bouteilles vides ramassées par les services
de nettoyage, les dégradations et les nuisances sonores révélées par les habitants,
les interpellations de la police pour ivresses sur la voie publique...),
– les dispositions législatives (l’application de la loi sur le territoire et les
mesures législatives locales telles que des décrets municipaux interdisant la vente
d’alcool à partir d’un certain horaire),
– les projets actuels (population, objectifs, partenaires) et les projets antérieurs (population, objectifs, partenaires, évaluation).
Les données quantitatives
– rapports épidémiologiques,
– indicateurs de l’accès aux soins : nombre total de patients, nombre de patients
en traitement de substitution par la méthadone, le Subutex...
– indicateurs de la morbidité : sida, hépatites, autres pathologies,
– indicateurs de la réduction des risques : vente de seringues, nombre de Distribox
distribués,
– recensement de la police : nombre d’overdoses, interpellations, saisies.
Le diagnostic permet, grâce à cette vision globale, de mettre en lumière des orientations et de définir ce sur quoi le groupe de pilotage souhaite agir. La conduite
d’un diagnostic en partenariat favorise, par une prise en compte des opinions de
chacun, la rédaction d’un diagnostic partagé. C’est une condition essentielle pour
que les actions menées soient acceptées par le plus grand nombre d’acteurs (professionnels et publics concernés).
Une attention particulière doit être apportée à la rédaction des résultats du diagnostic en vue notamment de l’élaboration de la fiche projet (voir étape 3
« L’organisation » page 13). D’une manière générale, il est utile de rédiger une
synthèse des éléments recueillis ou non, à l’issue de chaque étape de la conduite
de projet.
7
MONTER UN PROJET
Les données qualitatives
– ce que l’on peut observer (impacts du phénomène des drogues sur la vie locale),
– rencontres auprès de professionnels, bénévoles et élus ayant une bonne connaissance du public et/ou des problèmes rencontrés sur le territoire (spécialistes de
la santé, du champ des drogues, des questions de sécurité, acteurs de terrain,
adultes-relais, acteurs associatifs, « leaders » de groupes informels...) : identifier les ressentis, les priorités accordées sur le champ des drogues, les pratiques professionnelles, les évaluations des actions menées, les questionnements
suscités...
– investigation auprès de la population (habitants d’un quartier, bénéficiaires
de services spécifiques, commerçants) : identifier les opinions, les freins, le
niveau de sensibilité sur la question des drogues, les réponses auxquelles les populations ont recours face à un problème...
– recensement documentaire : rapports d’évaluation, études qualitatives traitant
du phénomène des drogues ou d’autres phénomènes tels que la sécurité, les suicides chez les jeunes, la délinquance...
– rencontres auprès d’usagers de drogues,
– études des actions locales menées sur le phénomène des drogues (identification
des porteurs de projets et prise en compte de l’évaluation des actions).
SUR LE CHAMP DES DROGUES
Les réponses relevant de ces indicateurs peuvent être qualitatives et quantitatives.
2. LE CHOIX DE LA PRIORITÉ :
LA CONFRONTATION DES POINTS DE VUE
En fonction des réponses aux indicateurs du diagnostic, la priorité est choisie
au regard :
du ou des problèmes
– perçu-s comme grave-s par les professionnels et le public,
– et/ou touchant une part importante de la population,
– dont les réponses relèvent de la compétence du porteur de projet et/ou de celle
de partenaires (les identifier).
SUR LE CHAMP DES DROGUES
des besoins / demandes
– des professionnels de la santé et du champ des drogues,
– et/ou des acteurs de terrain,
– et/ou des populations,
– et/ou des usagers de drogues,
– et/ou communs aux différents publics « interrogés ».
MONTER UN PROJET
8
des ressources (elles permettent d’obtenir les conditions favorables pour tenter
de résoudre un problème et répondre aux besoins définis ci-dessus).
Elles peuvent être :
– humaines : structures spécialisées (telles que les CSST, CCAA, Caarud, Codes,
le Crips, acteurs associatifs et institutionnels du champ de la santé, du social,
du sport, de l’éducation, de la sécurité, de la prévention de la délinquance...)
mais aussi les stratégies personnelles employées par les populations face au-x problème-s rencontré-s,
– relatives aux expériences passées (« bonnes » pratiques, méthodologie de projet
à reprendre), aux projets existants, et à toute réponse du public lorsqu’il est
confronté au(x) problème(s) retenu(s) ci-dessus,
– financières (crédits de la politique de la ville, de la prévention de la délinquance, de la santé publique, de l’assurance maladie...).
La priorité doit :
– se rapporter à un problème,
– répondre à un besoin,
– pouvoir être « traitée » grâce aux ressources existantes.
Exemple 1 / alcool : les difficultés rencontrées par les jeunes pour refuser de consommer
de l’alcool face aux sollicitations qui leur sont faites (problème). Développer les compétences psychosociales des jeunes favoriserait les consommations responsables d’alcool et réduirait ainsi les prises de risques (besoin). Plusieurs acteurs locaux (ressources) sont en mesure
de dispenser des séances d’information et de prévention sur le thème de l’alcool.
Exemple 2 / cannabis : la tendance chez les jeunes à banaliser les dangers de la conduite
de véhicule sous l’influence du cannabis (problème). Renforcer l’information et la réflexion
des jeunes sur l’image du cannabis, les enjeux de consommation et les risques sanitaires
et sociaux (besoin). Plusieurs acteurs locaux (ressources) sont en mesure de dispenser des
séances d’information et de prévention sur le thème du cannabis.
ÉTAPE 2. LES OBJECTIFS
La définition d’objectifs au regard du diagnostic et de la priorité émergeante permet de définir un projet répondant aux besoins et aux problèmes identifiés en amont,
et dont la mise en œuvre est cohérente avec les ressources existantes.
Les objectifs (auxquels le projet devra répondre) doivent être en cohérence avec
les résultats du diagnostic mais également avec les différentes orientations (politiques, sociales, sanitaires, citoyennes...) et les valeurs de promotion de la
santé. Ils doivent être formulés en identifiant les indicateurs qui permettront
leur évaluation.
Les objectifs se définissent par étapes.
Exemple 1 / alcool : Réduire les consommations à risque d’alcool chez les jeunes (objectif
final), en réponse aux problèmes identifiés suivants : l’augmentation de l’alcoolisation des
jeunes sur l’espace public et en milieu scolaire, les accidents de la route et les comas
éthyliques relevés par les établissements hospitaliers, le nombre croissant d’interpellations de jeunes en état alcoolique pour dégradations, ou encore les nuisances dénoncées par
les riverains.
Exemple 2 / cannabis : Réduire les consommations de cannabis chez les jeunes (objectif final)
en réponse aux problèmes identifiés suivants : l’augmentation du nombre de jeunes interpellés par la police en possession de cannabis, le trafic de cannabis dénoncé par les riverains, le constat fait par les infirmières scolaires sur la banalisation du produit chez
les jeunes...
9
MONTER UN PROJET
Le but final (ou objectif final ou finalité)11 définit un idéal à atteindre en réponse
au-x problème-s identifié-s. Les projets qui en découlent peuvent suivre plusieurs
orientations (santé, politique, prévention de la délinquance...). Un projet unique
ne peut répondre à ce but final. C’est la conduite sur le long terme d’un ensemble
de projets complémentaires qui peut permettre d’atteindre cet idéal.
SUR LE CHAMP DES DROGUES
1 . L E B U T FINAL
Ces exemples illustrent bien la nécessité d’envisager le but final d’un projet en
cohérence avec les différentes politiques publiques (sanitaires, sociales, judiciaires...).
2 . L ’ O B J E CTIF GÉNÉRAL
L’objectif général (ou objectif principal) est l’objectif du projet. Il précise
l’axe par lequel le projet peut contribuer à atteindre le but final (axe santé,
prévention, prise en charge, politique, prévention de la délinquance...). Il précise le résultat que le projet vise à atteindre.
L’objectif général doit être concret et être rédigé le plus clairement possible
pour faciliter l’évaluation du projet. Il doit être limité dans le temps (délai/datebutoir) et disposer d’éléments de contextualisation (quel-s résultat-s à atteindre ?
pour qui ? quand ? où ? avec quoi ?...).
Sa définition comporte ainsi ces trois dimensions :
– celle du professionnel en termes d’analyse des besoins et du résultat à
atteindre,
– celle de l’institution en termes d’offre possible,
– celle du territoire et du public en termes de demande.
11 - Il existe plusieurs
terminologies pour définir
un type d’objectifs.
Indépendamment de
l’expression choisie,
il s’agit dans le cadre
d’une méthodologie
de projet, de définir
les objectifs par étapes,
en partant de l’objectif
le plus général
au plus particulier.
L’objectif général doit donc être SMART :
–
–
–
–
–
spécifique,
mesurable,
acceptable,
réaliste,
fixé dans le temps.
Il doit être indiqué de manière précise dans la fiche projet et être formulé par
un verbe d’intention dynamique à l’infinitif.
L’orientation d’un projet sur la question des drogues est d’autant plus pertinente
qu’il permet de renforcer et de développer les compétences psychosociales d’une
population, afin de lui permettre d’adopter des comportements responsables.
SUR LE CHAMP DES DROGUES
Exemple 1
déclarant
Exemple 2
le nombre
MONTER UN PROJET
10
12 - La transmission de
savoir peut toutefois être
réduite ou évitée, quand
le niveau de connaissance
de la population est
élevé. C’est au regard
du diagnostic qu’il est
possible de déterminer
l’utilité ou pas,
de la transmission de
connaissances. Dans un
contexte de savoir élevé,
il s’agira de développer
des compétences
individuelles (valoriser
les savoir être).
/ alcool : Augmenter de 10 % en un an, le nombre d’élèves de la ville des Olitesses
être capables d’adapter leur consommation d’alcool en fonction des contextes.
/ cannabis : Réduire de 15 % en un an, chez les habitants de la commune de Treflux,
d’accidents de la route commis par un conducteur positif au cannabis.
Ecueil à éviter : un objectif général n’est pas un moyen !
Exemple : « réaliser des dépliants d’information » est un objectif opérationnel et
non un objectif général.
3. LES OBJECTIFS SPÉCIFIQUES
Les objectifs spécifiques (ou objectifs secondaires ou intermédiaires) définissent les étapes à passer pour atteindre l’objectif général. Ils précisent et
détaillent les domaines sur lesquels porteront les résultats à atteindre. Par
exemple, le développement de compétences psychosociales (objectif général) s’accompagne du développement (voire la transmission) de savoirs et de savoir-faire 12.
Cela peut-être :
– installer un langage commun en matière de drogues entre les acteurs,
– renforcer la connaissance des jeunes sur les effets et risques de drogues qu’ils
soient sanitaires, psychologiques ou sociaux en fonction des contextes (en ne mésestimant pas les effets ressentis comme désirables),
– renforcer la capacité des jeunes à identifier les comportements à risque liés
à la conduite de véhicule sous l’emprise de drogues,
– proposer des outils pour évaluer une éventuelle dépendance,
– interroger les normes sociales, les représentations et les motivations à consommer,
– renforcer les connaissances sur la législation en matière de vente et de consommations de drogues,
– développer avec les jeunes la notion d’estime de soi, l’autonomie par rapport
aux pressions extérieures et mettre en évidence l’existence du phénomène de groupe
et la pression des médias,
– renforcer la capacité des jeunes à identifier les structures ressources auprès
desquelles ils peuvent s’informer, s’exprimer et être accompagnés (consultations
cannabis, numéros verts...) etc.
4. LES OBJECTIFS OPÉRATIONNELS (OU OBJECTIFS D’ACTIO N S )
C’est à cette étape que sont à définir les outils, les méthodes et les modes d’interventions adéquats qui vont permettre d’atteindre les objectifs spécifiques. Les
actions menées correspondent aux objectifs opérationnels.
Les actions les plus pertinentes peuvent répondre à plusieurs objectifs intermédiaires en même temps. Ainsi, l’élaboration d’une formation à l’attention d’un type
de public peut se rapporter à plusieurs objectifs intermédiaires.
Avec quoi ?
Quelles sont les actions les plus adaptées pour y répondre ? Dispose-t-on des ressources permettant de conduire les actions ? Quels sont les outils les plus pertinents pour conduire les actions choisies ? Quels outils permettront une participation active du public ? Les outils sont-ils évaluables ?
Avec qui ?
Quels sont les partenaires les plus pertinents pour participer aux actions ? Quels
sont les partenaires dont la participation est indispensable pour la réalisation
des actions ? Quels sont les partenaires qui pourraient trouver un intérêt à participer aux actions ? Quels sont les partenaires les plus légitimes au regard du
public pour participer aux actions ?
Exemple 1 / alcool
Objectif intermédiaire : informer et accompagner les distributeurs d’alcool sur la législation relative à la vente d’alcool aux jeunes.
Objectifs opérationnels : réaliser une brochure d’information à l’attention des distributeurs d’alcool, rappelant la loi et proposant des conseils sur les conduites à adopter face
aux jeunes.
Partenaires potentiels : les syndicats de professionnels distributeurs d’alcool, les acteurs
spécialisés sur la thématique...
ou
Objectif intermédiaire : favoriser la vente de boissons non alcoolisées lors d’évènements
organisés sur la commune.
Objectifs opérationnels : proposer des stands distributeurs de boissons non alcoolisées à
prix réduits, lors d’évènements organisés sur le territoire.
Partenaires potentiels : les services événementiels et sécurité d’une commune, les commerçants.
Exemple 2 / cannabis
Objectif intermédiaire : renforcer les niveaux d’information des élèves de 3e sur les risques
du cannabis au volant.
Objectifs opérationnels : proposer aux élèves de 3e à chaque fin de trimestre, un module de
sensibilisation de 2 heures par des acteurs spécialistes de la question des drogues ; faire
réaliser aux élèves de 3e une exposition sur les risques liés à la consommation de cannabis au volant, proposer aux élèves de 3e de participer à un débat sur les risques du cannabis au volant...
Partenaires potentiels : les professionnels spécialisés sur le champ des drogues ; les professionnels de l’enseignement, les élèves.
11
MONTER UN PROJET
Comment ?
Quelles stratégies (en cohérence avec la promotion de la santé) choisir pour
répondre aux objectifs intermédiaires ? Comment susciter chez le public une
réflexion et une prise de conscience sur (par exemple) les effets du produit, les
situations à risque, la pression de groupe, ce que dit la loi... ?. Comment rendre
le public actif et le faire exister dans le cadre de l’action ? Le public doit en
effet sentir que l’action lui est destinée de manière spécifique et qu’à travers
elle, le porteur de projet s’intéresse à lui. Comment créer un certain effet de
groupe qui permettra au public d’initier par lui-même des comportements favorables
à la santé ? Il est central que la démarche de changement vienne du groupe (ou de
la personne) et non d’un professionnel. Comment faire émerger les ressources du
public ?
Pour favoriser l’efficacité d’une action de prévention sur le champ des drogues,
celle-ci doit également conduire à une analyse des avantages et des inconvénients
à consommer ou à ne pas consommer de drogues, afin de réfléchir sur le sens des
consommations. Par cette prise de conscience, l’action doit permettre au public
de rechercher des alternatives à la consommation de drogues, pouvant procurer les
mêmes avantages que celle-ci.
SUR LE CHAMP DES DROGUES
Trois questions guident cette étape :
ou
Objectif intermédiaire : renforcer la capacité des jeunes à interroger leurs motivations à
consommer du cannabis.
Objectifs opérationnels : inviter les élèves à assister à la représentation d’une pièce de
« théâtre forum » et à participer ensuite à un débat sur les motivations à consommer ; proposer aux élèves de construire un argumentaire à destination d’autres élèves, sur les moyens
permettant de résister aux pressions extérieures.
Partenaires potentiels : les professionnels spécialisés sur le champ des drogues, les professionnels de l’enseignement, les élèves...
Comme les objectifs, les actions choisies doivent être SMART :
SUR LE CHAMP DES DROGUES
–
–
–
–
–
MONTER UN PROJET
12
spécifiques (elles doivent préciser la population concernée),
mesurables (elles doivent être évaluables),
accessibles,
réalistes,
fixées dans le temps.
L’objectif général, les objectifs intermédiaires et les objectifs opérationnels
sont l’expression d’un projet orienté vers un résultat. En ce sens, ils s’expriment en termes positifs et actifs :
– verbes d’intention dynamique qui définissent le résultat à atteindre pour l’objectif général et les objectifs intermédiaires,
– verbes d’action pour les objectifs opérationnels.
Au fur et à mesure de la définition des objectifs et des actions, il est nécessaire d’évaluer :
– la cohérence des objectifs avec les résultats du diagnostic : les objectifs du
projet répondent-ils à la priorité relevée à l’issue du diagnostic la pertinence
des objectifs : les objectifs permettront-ils d’atteindre les résultats visés ?
– la rédaction des objectifs : les objectifs sont-ils évaluables ? Des indicateurs
d’évaluation peuvent-ils être dégagés de cette formulation d’objectifs ?
ÉTAPE 3. L’ORGANISATION
1 . C O N S T I TUER L’ÉQUIPE ET IMPLIQUER LES PARTENAIRES
Il est important que la démarche de projet s’effectue en partenariat avec différents acteurs : professionnels institutionnels et professionnels de terrain (en
mesure d’alimenter la réflexion sur chacune des étapes de la démarche projet).
Les principaux partenaires du champ des addictions sont :
Dès le début de la démarche de projet il est nécessaire de constituer :
Le groupe de travail
Il est constitué du ou des porteurs de projet et est chargé de l’opérationnel. Le
groupe de travail suit chacune des étapes de la méthodologie de projet et élabore
le projet (un groupe de deux à cinq personnes peut suffire).
Le comité de pilotage
C’est l’instance décisionnelle constituée de l’ensemble des décideurs chargés de
valider les orientations stratégiques et la méthodologie de travail adoptée : porteurs de projet, financeurs, responsables d’associations, acteurs institutionnels
et représentants de la population lorsque cela est possible.
Le groupe de travail élargi
Les membres du groupe de travail et du comité de pilotage participent à cette instance, ainsi que tout autre acteur pouvant enrichir la réflexion sur le projet.
Quelle que soit l’instance, le choix des partenaires membres se fait selon les
compétences, la complémentarité, les enjeux communs et l’intérêt porté au projet.
L’équipe projet peut être constituée des acteurs ayant participé au diagnostic,
et de tout acteur en mesure d’apporter une plus-value dans le montage du projet.
Le choix des partenaires s’effectue en fonction de leurs compétences et de leur
complémentarité par rapport au projet (appui méthodologique ou technique, soutien
financier, animation d’interventions...). Les partenaires peuvent appartenir à des
collectivités locales, des organismes de santé, des associations...
Au sein de l’équipe projet, chaque rôle attribué aux partenaires doit être précisé. Doivent pouvoir y être distingués d’une part, un noyau stable (moteur du
groupe = porteur de projet) et d’autre part, des acteurs dont l’implication est
plus spécifique.
13
MONTER UN PROJET
Le travail en partenariat est d’autant plus riche que l’équipe est pluridisciplinaire.
La participation des populations (les populations cibles de l’action notamment,
mais pas seulement, il peut s’agir de toute personne en lien plus ou moins direct
avec le public à atteindre), permet quant à elle, de mieux saisir les besoins des
habitants sur un territoire, leur degré d’adhésion au projet, le niveau d’adaptabilité du projet, et d’assurer une meilleure communication du projet.
SUR LE CHAMP DES DROGUES
Les dispositifs médico-sociaux : Csapa, Carrud, Consultations jeunes consommateurs,
Les dispositifs de soins : consultations spécialisées en addictologie en milieu
hospitalier, équipes Elsa, médecins tabacologues, toxicologue et alcoologues,
Les associations : Anpaa, Crips, Codes...
2. ÉLABORER UN CALENDRIER ET METTRE EN ŒUVRE LES ACTIONS
Il s’agit de répertorier les actions à mettre en œuvre et définir :
Qui fait quoi ?
Spécifier clairement les responsabilités de chacun et répartir les tâches.
Quand ?
Ordonner les activités chronologiquement. Préciser pour chaque action les dates
de début et de fin.
Comment ?
Identifier les étapes préalables à chaque activité.
Avec quelles ressources ?
Repérer les ressources de financement et engager les démarches pour en bénéficier.
SUR LE CHAMP DES DROGUES
Les principaux financeurs potentiels :
– la Mildt, auprès des préfectures,
– le (FNPEIS) auprès de la CPAM,
– l’ARS
– la Caf dans le cadre de son dispositif Reaap,
– la politique de la ville (préfectures et collectivités locales) dans le cadre
des Cucs,
– le conseil général au travers du volet « prévention sanitaire »,
– Le FIPD auprès des préfectures et dans le cadre notamment, des CLSPD,
– les collectivités locales au travers de leur service « jeunesse » ou « santé »
s’il en existe.
MONTER UN PROJET
14
3. COMMUNIQUER SUR LE PROJET
Plusieurs outils permettent de communiquer sur un projet :
– la rédaction de la fiche projet ou du dossier de demande de subventions (dossier Cosa pour la politique de la ville, et le dossier FIPD pour la prévention de
la délinquance),
– la présentation du projet sur le site internet du porteur de projet,
– la rédaction d’un communiqué de presse (voire une conférence de presse),
– l’envoi de mailings et de courriers d’invitation aux différents partenaires (institutionnels et associatifs) qui pourraient être intéressés par le projet,
– la réalisation de tracts ou d’affiches à distribuer (aux professionnels et aux
habitants),
– la rencontre de partenaires et institutionnels,
– la participation à des conférences publiques (conseils de quartiers par exemple),
– la rédaction d’articles dans le journal municipal...
Il est nécessaire dans le cadre de la rédaction de la fiche projet (et de manière
générale, durant tout le processus de montage du projet, à savoir du diagnostic
à la mise en œuvre du projet) de veiller à la cohérence entre les différentes parties : objectif en lien avec le constat, projet en lien avec les objectifs, évaluation en lien avec les objectifs et le projet etc.
15
MONTER UN PROJET
La fiche projet doit présenter :
– le titre ou nom du projet,
– le porteur de projet,
– le lieu, la population visée et la date de mise en œuvre,
– ce qui légitime le projet. La rédaction de cette partie nécessite en premier
lieu, d’établir une introduction générale et de préciser le thème du projet en
répondant aux questions suivantes : sur quoi un groupe de travail décide-t-il
d’agir ? Pour quelles raisons, choisit-il d’œuvrer sur ce problème ? Pour quelles
raisons cette population est-elle mise en exergue ? En quoi la structure porteuse
de projet (et ses partenaires) semble particulièrement indiquée pour intervenir
sur ce problème ? Sur quels déterminants est-il possible d’agir ?
– l’objectif général du projet (répondant à la priorité choisie),
– les moyens à mettre en œuvre (la ou les actions permettant de répondre aux objectifs intermédiaires),
– le calendrier,
– le rôle de chacun des partenaires,
– le budget détaillé des dépenses et des ressources,
– les critères qualitatifs et quantitatifs d’évaluation du projet.
SUR LE CHAMP DES DROGUES
La fiche projet
ÉTAPE 4. LES ÉVALUATIONS
Le processus d’évaluation du projet se construit dès la phase de diagnostic. Il
existe par conséquent plusieurs niveaux d’évaluation. (voir étapes 1, 2 et 3)
SUR LE CHAMP DES DROGUES
L’évaluation du projet permet d’une part, de faire le bilan des étapes d’élaboration du projet et d’autre part, de faire le bilan des actions réalisées en fonction de leur déroulement (évaluation de processus) et des résultats obtenus (évaluation de résultats et évaluation d’impact).
Elle permet également de prendre des décisions de pérennisation du projet et éventuellement de renouveler l’expérience en l’améliorant (en fonction de nouvelles
attentes, de demandes énoncées à l’issue du projet, des différences perçues entre
ce qui était prévu et ce qui a été réalisé, des difficultés rencontrées...).
Dans le domaine de la prévention des comportements à risque (tel que le champ des
drogues), l’évaluation ne peut se baser directement sur un lien de cause à effet
car il est difficile d’attribuer un changement de comportement à un seul facteur.
Il peut néanmoins être possible de déceler des changements d’intention, de pratiques ou de représentations opérés chez les destinataires de l’action.
On peut distinguer trois types d’évaluation du projet. (voir proposition de tableaux
de bord en annexe 2 page 20)
MONTER UN PROJET
16
1. L’ÉVALUATION DU PROCESSUS
Cette évaluation porte sur la conduite de l’action :
– le projet s’est-il correctement déroulé ?
– les activités prévues ont-elles été toutes réalisées ? Si non pourquoi ?
– les ressources prévues ont-elles été toutes disponibles et utilisées ? Si non,
pourquoi ?
– le partenariat a-t-il eu lieu comme prévu ?
– quels ont été les apports du travail en partenariat ?
– quelle a été la participation du public destinataire ?
– les différents acteurs sont-ils satisfaits ?
2. L’ÉVALUATION DES RÉSULTATS
Cette évaluation porte sur les effets de l’action au regard des objectifs :
– les objectifs intermédiaires ont-ils été atteints ?
L’évaluation des résultats dépend étroitement des objectifs. Cette évaluation se
fonde en effet sur des indicateurs qui permettent de mesurer l’atteinte de chaque
objectif intermédiaire.
3 . L ’ É V A L UATION DE L’IMPACT
Cette évaluation porte sur les effets inattendus de l’action : les effets observés en dehors de ceux attendus et fixés par les objectifs. Cela peut être la mobilisation de nouveaux partenaires, le souhait du public de poursuivre une autre
action, d’en mener une autre...
SUR LE CHAMP DES DROGUES
Exemple 1 / alcool
Objectifs intermédiaires : renforcer les capacités des jeunes à identifier les conduites à
risque sous l’emprise de l’alcool et les motivations à adopter ce type de comportement.
Indicateurs de résultat : pourcentage de participants connaissant les risques liés à la consommation d’alcool (risques en fonction de la personne, du contexte, du mode de consommation...),
pourcentage de participants ayant associé la consommation d’alcool au volant aux risques
d’accidents de la route.
Exemple 2 / cannabis
Objectifs intermédiaires : développer les connaissances sur les risques du cannabis et sur
les facteurs qui conduisent à expérimenter le cannabis.
Indicateurs de résultat : pourcentage de participants pouvant citer des facteurs d’expérimentation du cannabis, pourcentage de personnes en mesure d’évaluer qu’elles ont été leurs
propres motivations à expérimenter le cannabis, pourcentage de participants connaissant les
risques liés à la consommation de cannabis (cancer, essoufflement...), pourcentage de participants ayant associé la réduction de la consommation de cannabis à la notion de bienêtre, pourcentage de participants ayant associé la consommation de cannabis à la réduction
du stress...
Tout comme le recueil de données lors du diagnostic, les évaluations (méthode qualitative et quantitative) peuvent se mener au travers des outils suivants : questionnaires, entretiens individuels, entretiens de groupe, statistiques, grilles
d’observation, journal de bord pour chaque activité...
MONTER UN PROJET
17
Les évaluations de processus, de résultat et d’impact s’effectuent au travers :
– d’une analyse quantitative (évaluation des données mesurables en nombre de personnes...),
– d’une analyse qualitative (l’évaluation sur la qualité de l’action, sa valeur
perçue par les participants, souvent retransmise sous forme de pourcentage ou de
nombre).
ANNEXE 1
SUR LE CHAMP DES DROGUES
PROPOSITION DE G RILLE D’AIDE À LA DÉFINITION
D’INDICATEURS DE L’ANALYSE DE LA SITUATION
L’analyse de la situation permet une meilleure compréhension de l’état du problème
au niveau du territoire qui vous intéresse. Pour cela, il s’agit de recueillir
des éléments informatifs et explicatifs qui vous permettront de définir l’orientation de votre projet. Ces éléments porteront sur le problème, les populations
et les ressources disponibles.
Ces quelques questions (non exhaustives) vous aideront à définir des indicateurs
pertinents et multifactoriels pour la compréhension de la situation.
Ces indicateurs définis, le recueil des informations pourra se faire par consultation de la littérature, observation, rencontres individuelles ou en groupe avec
la population, interviews des partenaires, lecture des données démographiques
(Insee, mairie...) et résultats des enquêtes épidémiologiques, enquête par questionnaire...
Ce travail de recherche donnera également la possibilité d’évaluer l’action.
Compléter cette grille vous aidera donc à identifier les éléments à rechercher pour
mener à bien votre projet.
1. Comment se manifeste le problème ?
MONTER UN PROJET
18
– Décrire les manifestations du problème observé sur votre territoire (noter les
sources d’observation).
– Que dit la littérature sur les facteurs (sociaux, économiques, culturels, législatifs, éducatifs...) qui peuvent favoriser l’apparition de ce phénomène ? De quelle
façon ces facteurs peuvent avoir une influence sur la thématique ?
– Existe-t-il d’autres facteurs qui peuvent influencer le phénomène ? Lesquels ?
– Quels sont les besoins des professionnels (difficultés, faisabilité, obstacles...) sur la question ?
– Des actions sur cette thématique et auprès d’une population identique existentelles ? Quels en sont les objectifs et les participants (population et partenaires) ?
– Quels sont les résultats des évaluations de ces actions ? Quels enseignements
est-il possible d’en tirer ?
– Quelle est la situation épidémiologique du problème, tant au niveau du territoire qui vous intéresse qu’à plus grande échelle ? Cette situation est-elle stable,
en évolution ?
informations à rechercher
type de recueil
2. Quelles sont les informations qui peuvent éclairer la lecture du phénomène
observé ?
– Quels sont les ressentis, les opinions, les représentations des populations sur
le phénomène / thématique identifiée ?
– Quelles sont les pratiques des populations quant au phénomène ?
– Quels sont les besoins, les problèmes rencontrés par les populations ?
– Quel est le mode de vie des populations (découpage du temps / activités sur la
journée, la semaine) ?
– Qu’est-ce qui peut constituer un facteur de vulnérabilité de ces populations face
à la thématique identifiée ?
– La population a-t-elle déjà participé à une action sur ce sujet ? Quel est son vécu ?
– Qui sont les populations du territoire / quelles sont ses caractéristiques (démographie, socio-économique, histoire et géographie de la population et du territoire)... ?
type de recueil
SUR LE CHAMP DES DROGUES
informations à rechercher
MONTER UN PROJET
19
3. Qui peut agir ?
– Quelle est la légitimité de « ma » structure à intervenir (cadre, missions...) ?
– Quelle est ma légitimité à intervenir (compétences, motivations, limites...) ?
– Quels partenaires peuvent servir de relais, de ressources ou être partie prenante
du projet ?
– Quelles sont les stratégies de résolution de problème des populations ?
– Quels sont les lieux (institutionnels, associatifs, informels...) que les populations ont identifiés comme ressource face à ce problème ?
– Quels financements peuvent être obtenus sur le sujet (orientations politiques locales,
territoriales, départementales, régionales, nationales, auprès de quels financeurs) ?
informations à rechercher
type de recueil
ANNEXE 2
PROPOSITION DE T ABLEAUX DE BORD
Activités et étapes
temps
tâches administratives
déplacements
interventions
SUR LE CHAMP DES DROGUES
animations
formations
respect du calendrier
tâche 1 (contenu) et échéance
tâche 2 (contenu) et échéance
MONTER UN PROJET
20
tâche 3 (contenu) et échéance
place et rôle des partenaires
dans le projet
fonction-s et mission-s du partenaire 1
fonction-s et mission-s du partenaire 2
fonction-s et mission-s du partenaire 3
budget
nature et montant de la dépense
nature et montant de la recette
public concerné par l'action
action ou séance du (date)
action ou séance du (date)
action ou séance du (date)
Analyse du décalage
SUR LE CHAMP DES DROGUES
Réalisé-e-s
21
MONTER UN PROJET
Prévu-e-s
GLOSSAIRE DES SIGLES
SUR LE CHAMP DES DROGUES
Anpaa
ARS
ASV
Caarud
MONTER UN PROJET
22
Caf
CCAA
Cedat
CJC
Cpam
CLSPD
Codes
Cram
Crips
CSST
Cucs
Csapa
Elsa
FIPD
FNPEIS
Inpes
Mildt
OFDT
OMS
ORS
Paej
Reaap
Urcam
Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie
Agence régionale de santé
Atelier santé ville
Centre d’accueil et d’accompagnement à la réduction des risques des usagers
de drogues
Caisse d’allocations familiales
Centre de cure ambulatoire en alcoologie
Centre départemental d’aide aux toxicomanes
Consultations de jeunes consommateurs
Caisse primaire d’assurance maladie
Conseil local de sécurité et de prévention de la délinquance
Comité départemental d'éducation pour la santé
Caisse régionale d’assurance maladie
Centre régional d’information et de prévention du sida
Centre spécialisé de soins aux toxicomanes
Contrat urbain de cohésion sociale
Centre de soins d’accompagnement et de prévention en addictologie
Équipes de liaison et de soins en addictologie
Fonds interministériel de prévention de la délinquance
Fonds national de prévention, d’éducation et d’information sanitaire
Institut national de prévention et d’éducation pour la santé
Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie
Observatoire français des drogues et des toxicomanies
Organisation mondiale de la santé
Observatoire régional de santé
Point d’accueil écoute jeunes
Réseaux d’écoute, d’appui et d’accompagnement des parents
Union régionale des caisses d'assurance maladie
MONTER UN PROJET
SUR LE CHAMP DES DROGUES
EN SAVOIR PLUS SUR LE CHAMP DES DROGUES... / 3
La lutte contre les drogues et la promotion de la santé / 3
La lutte contre les drogues et la méthodologie de projet / 3
Objet du livret, choix des acteurs de la politique de la ville
et de la prévention de la délinquance / 4
Données de base sur le champ des drogues / 4
ÉTAPE 1. DU DIAGNOSTIC AU CHOIX DE LA PRIORITÉ / 6
SUR LE CHAMP DES DROGUES
1. Le diagnostic : l’analyse de la situation ou l’évaluation initiale / 6
2. Le choix de la priorité : la confrontation des points de vue / 8
ÉTAPE 2. LES OBJECTIFS / 9
1.
2.
3.
4.
Le but final / 9
L’objectif général / 9
Les objectifs spécifiques / 10
Les objectifs opérationnels (ou objectifs d’actions) / 10
MONTER UN PROJET
24
ÉTAPE 3. L’ORGANISATION / 13
1. Constituer l’équipe et impliquer les partenaires / 13
2. Élaborer un calendrier et mettre en œuvre les actions / 14
3. Communiquer sur le projet / 14
ÉTAPE 4. LES ÉVALUATIONS / 16
1. L’évaluation du processus / 16
2. L’évaluation des résultats / 16
3. L’évaluation de l’impact / 17
ANNEXE 1 / 1 8
Proposition de grille d’aide à la définition d’indicateurs de l’analyse
de la situation
ANNEXE 2 / 2 0
Proposition de tableaux de bord
GLOSSAIRE DES SIGLES / 22