Paris veut réveiller ses nuits

Dossier: CULTURE
Source: LES ECHOS
Date de parution: 16.11.2009
Lundi 16 Novembre 2009
Les stratéf!ies
Paris veut réveiller ses nuits
La Mairie de Paris et les professionnels lancent un passeport pour la nuit avec site Internet et
cartographie des lieux festifs, afin de dynamiser les soirées dans la capitale.
Les nuits pansIennes
sont-elles
moins festives
que les soirées
londoniennes,
barcelonaises
ou
berlinoises?
Il semble
que la
métropole française ait été en léger
recul ces dernières
années.« La
capitale est généralement ressentie
comme trop tournée vers le passé,
trop adepte du "revival" », note une
enquête menée par le bureau des
temps
de
la
direction
du
développement
économique et de
l'emploi de la Mairie de Paris. «La
nuit parisienne est devenue chère,
beaucoup plus qu'à Barcelone par
exemple. Elle est très segmentée,
l'accès à l'information sur l'offre
nocturne n'est pas toujours aisé »,
observe encore cette étude, qui
souligne pourtant la nécessité de
« maîtriser les codes de la nuit pour
pouvoir y participer ». Mais les
choses sont en train de changer:
«Paris by Night» se réveille sous
l'influence conjuguée de nouveaux
concepts de clubbing et d'une volonté
affirmée de la municipalité
de
braquer
les projecteurs
sur ses
« dance floors ».
Les enjeux ne sont pas minces: de 28
à 30 millions de touristes visitent
encore Paris chaque année, même si
la fréquentation touristique en Ile-deFrance a reculé de 7 % depuis
janvier, selon le comité régional du
tourisme. Un record mondial. Pour
les persuader que ses nuits sont
encore plus belles que ses jours, la
Ville lumière s'est rapprochée de la
Chambre
syndicale
des cabarets
artistiques et discothèques (CSCAD),
qui rassemble 365 lieux, afin de
concocter une forme de passeport
pour la nuit, qui se veut un véritable
sésame pour les noctambules.
Une charte déontologique
Cet outil d'information et d'aide à la
décision consiste en un plan-guide et
un site Internet. Le premier, réalisé
en anglais et en français, cartographie
les quartiers et les lieux artistiques,
musicaux, festifs; il apporte aussi
des informations sur les transports
nocturnes, les codes de la nuit. les
services
publics,
les
numéros
d'urgence,
ainsi
qu'un
agenda
hebdomadaire intemporel recensant
les soirées récurrentes.
Tiré à
100.000 exemplaires,
il
est
disponible dans les points d'accueil
de l'office du tourisme de Paris, les
gares, les auberges de jeunesse, les
espaces de concerts ... Quant au site
Internet Parisnightlife.fr, qui sera mis
en ligne mercredi, il donne accès au
programme
actualisé de la nuit
musicale et festive, assorti d'un
moteur de recherche multicritères
(heures, arrondissements, types de
musique et de public ...) et d'un plan
interactif.
Les
clubs
mentionnés
sont
sélectionnés par la profession et sont
tous
signataires
d'une
charte
déontologique. ~~Nous avons misé
sur l'exigence pour être compétitifs
par rapport aux autres capitales
européennes »,
précise
Bruno
Blanckaert, président de la CSCAD.
Chaque lieu se présente sous forme
d'une fiche sur laquelle il mentionne
ses signes particuliers. Et pour les
fêtards nomades, une interface avec
géolocalisation est proposée sur les
téléphones
mobiles.
«Nous
souhaitons ainsi valoriser la richesse
et la diversité des nuits parisiennes,
qui souffrent d'un manque chronique
de visibilité, et proposer des supports
bilingues de promotion à destination
des touristes. Bien sûr, cela profitera
aussi aux Parisiens », observe JeanBernard Bras, adjoint au maire de
Paris.
Une
clarification
d'autant
plus
nécessaire qu'une autre étude. confiée
à l'Atelier
parIsien d'urbanisme.
montre que « les pratiques de la nuit
sont très segmentées en fonction des
milieux sociaux, des âges, des sexes,
voire des orientations sexuelles. C'est
ce que les sociologues désignent par
le terme de "tribu ". Les boîtes de
nuit ne sont pas accessibles à tous. Il
apparaît rapidement un système de
microségrégation
générant
des
frontières nocturnes ».
Le poids de la réglementation
Pour la municipalité. la nuit doit
constituer un élément central .de la
vitalité parisienne,
participant
au
rayonnement
international
de la
capitale,
alimentant
la création
culturelle et favorisant une certaine
sociabilité, même si c'est une élite
qui crée la tendance. Le site et le
guide
viennent
donc
compléter
d'autres actions menées par la Ville,
comme l'incitation à la création de
chambres d'hôtes pour un tourisme
plus interactif, le développement des
transports nocturnes avec les bus
Noctiliens
et l'allongement
des
horaires du métro en fin de semaine
ou la multiplication d'événements à
large audience comme· la Nuit des
musées, la Nuit blanche ...
Ces actions sont de nature à satisfaire
les professionnels du tourisme et de
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la fête. Ceux-ci ne manquent pas,
toutefois, de souligner que cette
dynamique
se
heurte
aux
réglementations
de toutes natures
concernant les lieux nocturnes, dont
la gestion s'est considérablement
alourdie dans le cadre de la lutte
contre le bruit ou le tabagisme ... Le
débat est en plein regain. Certains,
dont l'association Technopol, ont
lancé,
sur
le
site
Internet
Quandlanuitmeurtensilence.com,
une
pétition ouverte jusqu'à fin décembre,
qu'ils comptent ensuite envoyer aux
ministères de la Culture et de
l'Intérieur, au préfet de police, à la
région et à la Mairie de Paris. Le
réveil des nuits parisiennes ne fait
que commencer.
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MARTINE
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Les Guetta, une griffe à part entière
Titi. Cathy et David Guetta ont
depuis
longtemps
un sens du
marketing affûté. En juillet, ils ont
réuni pour la soirée Unighted les plus'
célèbres DI du moment au Stade de
France, un lieu jusque-là fermé à la
musique électronique.
La simple
évocation du nom de ce couple
mythique
a suffi à attirer 50
performers et 40.000 clubbers.
Cathy est une icône glamour de la
fête. A telle enseigne qu'au printemps
prochain sera lancée la marque de
prêt-à-porter, d'accessoires, de bijoux
et de téléphones portables Tweety by
Cathy Guetta, en collaboration avec
la société américaine de distribution
Warner
Bros, dont le pétillant
personnage Tweety, ou, en version
française, Titi - celui qui cherche
éternellement à échapper à Gros
Minet - évolue dans un univers
amusant et coloré. La collection au
style urbain et «street wear» est
destinée aux jeunes fashionistas. Elle
proposera des silhouettes composées
de tenues de fitness, de roller, de
tennis et de plage. Outre une série de
casquettes et de sacs en taille XXL,
l'accessoire tendance par excellence
sera le casque de scooter.
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Cette aSSOCiatIOnà des marques ou
des produits n'est pas un coup d'essai.
L'an dernier, le couple était devenu
l'ambassadeur de la nouvelle Seat
Ibiza et, en 2004, Cathy avait déjà
commercialisé ses parfums, déjà sous
la marque Ibiza ...
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Le Ritz Bar s'enflamme le jeudi soir
DI médiatiques.
Les soirées DJ's
Selectors du Ritz Bar bousculent la
tradition feutrée des bars mythiques
du luxueux établissement parisien.'
Le palace a en effet ouvert cet été un
espace jardin où, chaque jeudi, des
DI très médiatiques se succédaient
pour un set exclusif: de Frédéric
Beigbeder à Emma de Caunes en
passant par Helena Noguerra ou
Ariel Wizman.
Objectif
avoué
de
la
direction:
donner à l'hôtel de la place Vendôme
un côté plus branché pour r'ajeunir la
clientèle, notamment internationale.
C'est dans une ambiance électro chic
que les « happy few»
sirotent
désormais leur cocktail, aux côtés de
quelques people. Avec les premiers
frimas,
la fête se poursuit
à
l'intérieur, les mêmes têtes d'affiche
opérant aux platines, auxquelles se
sont jointes des personnalités du
monde de la mode. Seul l'écrin
change: un décor de velours rouge,
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des fauteuils
victorienne
marbre rose
ombragée en
inspirés de l'Angleterre
et une cheminée de
remplacent la terrasse
teck et les transats.
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Les stratégies
Le « dance floor » du VIP crée l'événement
C'est l'actualité qui guide la programmation
Room Theater, rue de Riv~li.
Les nostalgiques de la grande époque
des soirées chez Régine, chez Castel,
au Palace, aux Bains ou à l'Ely sée
Matignon peuvent être rassurés. Si
les adresses les plus hype ont changé,
d'autres lieux assurent la relève, en
misant
principalement
sur
l'évènementiel. L'un des spécialistes
du genre, c'est Jean-Roch, silhouette
athlétique,
sourire
« ultrabright »,
bronzage intemporel. Son VIP Room
Theater de la rue de Rivoli se veut un
lieu d'expression artistique grâce à
l'implication de grands noms de l'art,
du design, de la mode dans sa
décoration, mais aussi au travers d'un
espace de «happenings » accueillant
jusqu'à
2.000
personnes
et
susceptible d'être privatisé. Il s'étend
sur trois étages, avec, outre la boîte
de nuit, un concept store, un nouveau
restaurant-bar de jour et bientôt un
lounge pour le dîner.
«Au VIP, je traite une actualité
people, comme un journaliste. Qui
les clubbers ont-ils envie de voir ou
d'entendre? Cela dicte mes choix:
d'une fête à l'occasion de l'exposition
David la Chapelle au showcase de
Black Eyed Peas, d'un concert
caritatif de Julien Clerc à la première
du film "Mesrine"
ou à une soirée
spéciale pour l'élection de Barack
Obama », précise cet autodidacte
des soirées organisées par Jean-Roch au VIP
toulonnais, qui s'est aSSOCIe avec
succès à son frère Dominique il y a
une vingtaine d'années. Un tandem
dont la réputation n'est plus à faire
dans le monde de la nuit, depuis
l'ouverture de leur premier club, sur
le port de Saint-Tropez, suivi de
prestations dans tous les hauts lieux
du genre - Courchevel,
Megève,
Miami ou New York - avant
d'investir Paris, avec une première
version du VIP sur les ChampsElysées, déjà très médiatique, de Karl
Lagerfeld y fêtant sa collection à Luc
Besson y célébrant son dernier film.
Attirer toutes les« tribus»
Rien de tel pour assurer la notoriété
et le glamour du lieu: Jean-Roch
reprend donc rue de, Rivoli ces
recettes éprouvées qui ont également
fait le bonheur de clubs éphéffières à
Cannes ou à Saint-Tropez. Et ce
d'autant plus facilement que les
nombreux espaces lounge du VIP
Room Theater permettent de mixer
événements
intimistes et «live»
exclusifs. Les partenariats tissés avec
des
clubs
étrangers
facilitent
l'organisation de soirées de prestige.
«Le VIP se veut une machine à
rêve », poursuit le maître des lieux
qui a également
dessiné
une
collection de gadgets à la marque du
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club, et lancé cet été un double CD
collector pour faire revivre vingt ans
de nuits tropéziennes. «Plus vous
surprenez, plus vous attirez ». Ce
business man veut séduire bien audelà des people. «Le club n'est pas
un lieu fermé. Il est très mélangé en
fonction des événements, car il n'y a
pas
de
droit
d'entrée
et
la
consommation est à 20 euros. Nous
avons des habitués
maIS aussI
beaucoup de clients de passage,
notamment internationaux, ainsi que
des touristes de luxe. » Le jeudi, à
partir de 19 heures, les « after work »
séduisent les jeunes. Et pour être
certain d'attirer «toutes les tribus »,
Jean-Roch dit s'être entouré d'un
personnel qui en constitue quasiment
un «échantillon représentatif»:
du
bobo au gay, en passant par la jeune
fille à papa ... De quoi être au
carrefour de toutes les tendances.
M.R.
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ex. (source OJD 2005)
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