Comment apprendre l`Islam
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Comment apprendre l`Islam
APPRENDRE L'ISLAM UN PROGRAMME POUR LA NOUVELLE GÉNÉRATION BEN HALIMA ABDERRAOUF LE FIGUIER Copyright Le Figuier ISBN 2-912213-08-8 2 PLAN INTRODUCTION I L'ARABE 1) 2) 3) 4) 5) 6) 7) Importance de la langue arabe Méthode pour apprendre l'arabe Apprendre à lire Parler arabe Lire des livres et écrire Grammaire et conjugaison Sans les voyelles II LE CORAN 1) 2) 3) 4) 5) Nécessité du Coran La révision L'apprentissage Le partage du temps Le tajwid III LA BIOGRAPHIE DU PROPHÈTE (S) 1) 2) 3) 4) Comment lire la sira? Que comprendre de la sira? Les erreurs à éviter Conclusion IV L'EXPLICATION DU CORAN 1) Les mots et les expressions 2) Le sens et le contexte 3) Le profit du tafsir V LE FIQH 1) Le Fiqh en troisième position 2) Se positionner par rapport aux divergences 3) Lire intégralement le Fiqh VI LA VIE DES PIEUX 1) 2) 3) 4) Importance de la vie des pieux Les quatre califes Les savants et les rois Comment lire? VI AUTRES SCIENCES RELIGIEUSES ET SCIENCES ANNEXES 1) 2) 3) 4) 5) 6) Le Hadith Ousoul l-Fiqh (les fondements du fiqh) Ousoul Al-Hadith (les fondements du Hadith) Âaqida (le dogme ou la croyance) Éducation spirituelle et morale L'histoire 3 7) Les sciences naturelles 8) Les sciences humaines 9) La Bible CONCLUSION 4 INTRODUCTION Le strict minimum qu'un musulman doit connaître de sa religion est la manière d'accomplir les obligations et éviter les interdits. Mais il est très important d'aller au-delà de ce stade primaire pour se rapprocher davantage d'Allah, pour savoir réagir à toutes les circonstances de la vie et pour voir clair à travers chaque évènement et l'analyser correctement. Malheureusement, nous ne disposons pas en France d'une structure pouvant répondre à la soif de savoir de la nouvelle génération. L'Institut Européen des Sciences Humaines à ChâteauChinon et l'Institut des Études Islamiques de Paris sont deux excellentes initiatives qu'il faut encourager, mais ils sont loin de pouvoir satisfaire la demande sans cesse croissante. On se trouve parfois face à des propositions trop variées pour apprendre l'Islam, chaque voie aboutissant à une idéologie et une conception particulière de l'Islam. C'est pour apporter une solution à ces deux problèmes (absence de structure et proposition partisanes) que ce livre vous propose une méthode pour apprendre l'Islam de façon pure et solide. Cette méthode présente les caractérisques suivantes: 1) L'Islam doit être appris dans ses sources: Coran, Sounna, modèle des "sahabas" (compagnons du Prophète) et des principaux "tèbi'in" (génération suivant les sahabas). Avec cette base, nous pouvons juger, prendre ou laisser, les paroles de tous ceux qui sont venus par la suite. On ne peut apprendre sérieusement l'Islam en se donnant pour base principale les affirmations de tel ou tel savant, surtout s'il est encore en vie. Je ne cherche point à dévaloriser les savants, mais dans notre monde foisonnant de divergences, il est essentiel de se rattacher aux sources. 2) L'étudiant est aussi autonome que possible. Ceux qui peuvent s'inscrire dans des écoles et suivre des années d'études, ou bien être pris en charge pour une longue durée par des personnes compétentes dans leur quartier, qu'ils en profitent car ce n'est pas donné à tout le monde. Ce livre s'adresse à ceux qui ne peuvent s'inscrire dans une école islamique et qui en même temps veulent développer leur science d'Allah. Cette méthode exige le minimum de soutien par un professeur et un maximum de bonne volonté pour se prendre en main et progresser en profitant autant que possible de ses disponibilités. 3) L'apprentissage doit être constructif. Il faut prendre en premier lieu ce qui est compréhensible tel quel et n'a pas besoin de commentaire ni de précision. Cette première connaissance en permet une seconde qui dépend de la première. Toutes deux ouvrent l'accès à une troisième, etc... Clarifions ces propos: - Les deux bases préalables aux sciences religieuses et qui ne sont pas sujettes à divergence sont l'arabe et l'apprentissage du Coran par coeur. Ces deux matières ne permettent pas à elles seules 5 de comprendre l'Islam, mais sont des outils importants, voire indispensables. Leur apprentissage doit être fait de manière continue et indépendante des matières citées ci-après. - La chose accessible immédiatement sans connaissance préalable est la biographie du Prophète, prière et paix sur lui, à savoir la Sira. En lisant la sira du début à la fin, on voit se profiler le tableau de l'Islam entier. On voit le début, les étapes et l'aboutissement parfait. - Avec ce tableau en tête, nous pouvons mettre à sa place l'explication du Coran, car le Coran suit les vingt-trois années de la mission du Prophète. Là, le Coran nous éclaire sur la foi. Le Coran, avec son commentaire par le Prophète et les compagnons, nous enseigne ce que nous devons savoir d'Allah, des anges, des Messagers, des Livres, de la vie après la mort, et du destin. Dans une moindre mesure, le Coran nous éclaire sur la jurisprudence. - Nous sommes maintenant prêts à aborder la jurisprudence. Il faut alors étudier la totalité des enseignements de l'Islam dans tous les domaines avec les références de chaque affirmation dans les sources premières. Arrivés à ce stade, nous avons les pieds bien sur terre pour réagir devant toute circonstance, preuve à l'appui. - Il reste une finition: lire la vie des pieux, celle des sahabas par excellence, puis des grands hommes de l'Islam, ce qui approfondira les connaissances acquises par un exemple pratique et prodiguera une motivation intense. - Maintenant, nous disposons du nécessaire pour diriger notre vie en connaissance de cause et pour se défendre contre toute idée intruse. Nous pouvons continuer l'apprentissage en vue notamment de nous spécialiser dans un domaine. 6 I L'ARABE 1) Importance de la langue arabe L'Islam est révélé en arabe, et sans la connaissance de l'arabe, on ne peut l'apprendre que par le truchement de la traduction qui déforme toujours l'original, d'autant plus que le français et l'arabe sont très différents. Traduire de l'arabe en français est comme tracer un cercle avec une règle. On a beau être habile, on n'obtiendra jamais un cercle. Apprendre à travers la traduction, c'est comme regarder le monde à travers des verres teintés. En lisant un texte traduit, on est forcé de le comprendre de la manière dont le traducteur l'a compris, de la manière dont il a voulu le présenter et de la manière dont il a pu le présenter. Apprendre l'Islam en français est valable pour une première approche, mais pour s'approfondir, l'arabe est indispensable. L'arabe nous permet de mieux comprendre le Coran que nous lisons dans notre prière, les hadiths que nous entendons, les invocations que nous prononçons dans la prière et dans la journée, les sermons et les leçons que nous entendons à la mosquée, les discussions entre pratiquants. Ceci nous permet déjà d'avancer à un rythme supérieur dans l'Islam. A posteriori, l'arabe nous donnera accès à un nombre quasi-illimité de livres sur l'Islam, dont notamment les livres fondamentaux dont la plupart ne sont pas traduits. Par ailleurs, le plus vite est le mieux. Il vaut mieux apprendre enfant qu'adolescent(e), adolescent(e) que jeune homme ou femme, célibataire que marié(e), marié(e) que parent et adulte que vieux. Au passage de chaque étape à l'autre, nous avons moins de temps, moins de capacités intellectuelles et nous prenons du retard sur les évènements de notre vie qui n'attendent pas. Chaque année perdue est un retard qui ne sera jamais rattrapé! - La méthode que je propose dans ce livre est la suivante: Apprendre à lire (déchiffrer). Parler. Lire et comprendre des textes et écrire. La grammaire et la conjugaison. Le vocabulaire. Placer les voyelles et lire sans voyelles. Cette méthode donne le maximum d'autonomie à l'élève et requiert le minimum de soutien d'un professeur. Elle exige un effort important de l'élève et a pour objectif de gérer le plus efficacement possible cet effort. 2) Apprendre à lire Les méthodes usuelles consistent à apprendre la totalité des lettres puis à apprendre à lire, ou bien à lire et écrire les lettres les unes après les autres. Ces méthodes sont souvent rébarbatives et découragent l'élève, ou bien sont lentes et l'élève met des semaines pour apprendre à lire. 7 La méthode que je propose consiste à apprendre à lire lisant, ou plutôt en décodant des mots. L'avantage est que l'élève met tout de suite à lire de vrais mots et s'en trouve encouragé motivé. En y consacrant une journée pleine, l'élève pourra lire, du moins déchiffrer le Coran avant la tombée de la nuit. en se et ou L'élève prendra la feuille jointe à ce livre et la gardera sur lui partout où il se rendra. Dès qu'il a un moment de libre, il s'y met. La première colonne de droite donne la prononciation phonétique approximative des consonnes arabes. Pour les sons n'existant pas en français, j'ai mis des mots connus pour s'en rappeler. L'élève aura besoin qu'un arabophone les lui lise au moins une fois pour reconnaître les sons. Ensuite les lettres s'écrivent différemment selon qu'elles soient placées au début, au milieu ou à la fin du mot: c'est le raccord à la lettre précédente et suivante qui varie. La deuxième colonne à partir de la droite présente l'écriture en début de mot, la troisième au milieu et la quatrième à la fin. À gauche, en haut, il y a les trois voyelles qui sont placées au-dessus ou endessous des consonnes. Notons que la voyelle "a" se prononce "a" ou "è" selon la consonne, et plus souvent "è" que "a". On dira par exemple "bè" comme belle et jamais "ba" comme balle, on dira "ra" comme rame et jamais rè comme règle. Puis l'élève devra décoder la série de mots à gauche en haut. Ce sont tous des mots de trois lettres, et il devra rechercher la première lettre dans la seconde colonne, la deuxième dans la troisième et la dernière dans la quatrième. L'élève recommencera la première ligne jusqu'à ce qu'il puisse la lire sans regarder les colonnes, c'est-à-dire jusqu'à ce qu'il retienne les lettres. Ensuite seulement il passera à la seconde ligne. Il répètera la seconde ligne jusqu'à retenir toutes les lettres nouvelles, puis il répètera les deux premières lignes ensemble, et ainsi de suite jusqu'à la fin de la série. L'élève aura alors retenu toutes les lettres de l'alphabet. Ensuite il lui restera quelques règles de lecture qu'il pourra essayer de comprendre seul, mais il sera préférable qu'il se les fasse expliquer. Après quoi, l'élève devra s'entraîner en lisant le Coran jusqu'à ce que sa lecture devienne rapide. L'élève pourra commencer par les sourates qu'il connait déjà, ce qui lui permettra d'améliorer sa prononciation de ces sourates. Ensuite il lui faudra accorder tous les jours une demi-heure pour le Coran, ce qui sera bénéfique pour sa lecture et pour sa foi (le chapitre II explique comment gérer cette demi-heure). Le Coran contient des règles spécifiques d'écriture, et il faudra prendre un Coran assez simple à lire (Hafs et non Warch). Selon le temps et l'effort que l'élève consacrera, il apprendra en un jour, une semaine, un mois ou un an. L'élève n'a presque pas besoin de professeur, ce qui est un grand avantage car on n'a généralement pas l'occasion de prendre des cours réguliers. Il aura besoin du professeur pour: - lui indiquer la prononciation des lettres arabes au début. - lui corriger chaque ligne après l'avoir apprise. - lui expliquer les règles une par une. - lui expliquer les règles spécifiques au Coran. 8 4) Parler arabe Parler, il n'y a pas plus facile ni plus efficace pour apprendre une langue. Dans tout cours de langue, on exige des élèves qu'ils ne parlent que la langue étudiée. Parler permet de travailler constamment le vocabulaire qu'on a et permet à chaque fois d'acquérir des mots nouveaux, tout en apprenant les règles de la langue et en se faisant corriger toutes les erreurs. C'est facile, c'est amusant et l'interlocuteur est content de nous enseigner. On doit essayer de parler avec toute personne que nous rencontrons qui parle l'arabe, même imparfait, ainsi qu'avec les autres élèves en langue arabe. On ne doit pas rejeter le dialecte maghrébin, car le dialecte présente un double avantage. D'une part, il nous permet de discuter avec les gens du pays qui auraient beaucoup de mal à comprendre l'arabe littéral. D'autre part, il nous facilite l'accès à l'arabe littéral, car il suffit le plus souvent de l'adapter un peu pour retrouver le littéral. L'élève doit profiter de tout arabophone qu'il rencontre. Il doit tout de suite engager la discussion en arabe, faire connaissance, poser des questions, parler de divers sujets... Il doit se sentir face à un puits de science dans lequel il n'a qu'à puiser. En effet, l'élève ne doit pas attendre qu'un professeur dans une classe lui enseigne chaque jour deux ou trois mots nouveaux. Cette méthode est très lourde, très lente et il est rare que de tels cours durent longtemps. De plus, même si l'élève suit des cours organisés, s'il ne fait pas l'effort de parler arabe dans sa vie, il avancera très lentement. Je me souviens d'un jeune d'origine arabe qui m'a dit: "J'ai passé trois ans à écouter les leçons dans la mosquée uniquement en arabe en refusant la traduction et, à la fin, j'ai compris l'arabe". Trois ans pour apprendre l'arabe, et maintenant il va commencer à profiter des leçons dans la mosquée?! Je me souviens toujours de mon apprentissage de l'ourdou (indo-pakistanais) à l'âge de 25 ans. J'ai décidé d'apprendre cette langue dans un intérêt religieux. En voyage au Pakistan, durant une escale d'une heure, je me suis assis avec un chiite et il m'a appris à lire et écrire leur langue (l'alphabet est proche de l'arabe). J'ai alors pu lire et noter ce que je voulais. Ensuite mes séances de cours se déroulaient pendant les repas. Au lieu de m'asseoir avec les arabes, je m'asseyais avec les gens du pays et j'apprenais du début à la fin du repas. Je répétais chaque mot que j'apprenais et j'en faisais des phrases dans tous les sens. Mes interlocuteurs étaient ravis de me voir apprendre et m'ajoutaient d'autres mots. Vingt jours après mon arrivée, j'ai pu prononcer mon premier discours en ourdou! Au bout de quatre mois, je pouvais comprendre leurs discours sans traduction, et je pouvais traduire d'arabe en ourdou! Ceci n'est pas pour me vanter, mais pour montrer à quel point on apprend vite tout simplement en discutant avec les gens, sans libérer pour cela du temps et sans professeur. Malheureusement, la plupart des jeunes arabes pratiquants qui veulent apprendre l'Islam, ont beaucoup de mal à dépasser leur "nafs" (envie, habitude et facilité) et se laissent aller à parler français. En se laissant aller à la facilité de parler français, la personne 9 gaspille 85% de ses capacités d'apprendre l'arabe. J'ai eu des élèves qui souhaitaient que je leur apprenne l'arabe mais qui refusaient de faire l'effort de parler arabe hors du cours. Il fallait alors que je fasse le travail à leur place, leur chercher les mots qu'ils devaient apprendre, leur faire composer des phrases et traduire etc... Ce qui n'était pas raisonnable. Je n'ai pas assez de mots pour encourager les jeunes, ou les moins jeunes, à parler l'arabe avec leurs parents, les personnes âgées dans la mosquée, leurs camarades et tout leur entourage. Facile et agréable, cette méthode est la plus efficace. Cet effort peut être conduit en même temps que l'élève apprend à lire. Si vous êtes plusieurs à vouloir apprendre ensemble, faites l'effort de parler arabe entre vous, n'hésitez pas à demander quand vous butez sur un mot et ne laissez pas Satan gâcher votre vie par la facilité et la timidité. 5) Lire des livres et écrire Tout en faisant l'effort de parler arabe, l'élève va commencer à lire des livres et à écrire. Il existe dans les librairies islamiques des livres pour enfants sur la religion. L'écriture est complète et claire et le vocabulaire est simple. Les sujets seront soit connus de l'élève, ce qui lui facilitera la compréhension, soit inconnus, et il en profitera en même temps. Certains livres portent sur la vie des prophètes, du Prophète, prière et paix sur lui, et des compagnons. D'autres enseignent la prière, la foi, les piliers, les comportements du musulman. D'autres encore expliquent simplement les petites sourates. Ces livres sont plus intéressants que ceux qui racontent des fables enfantines car les élèves plus âgés seraient rapidement ennuyés. L'élève doit d'abord choisir dans une librairie islamique les livres les plus faciles et dont il comprend 80% du vocabulaire. En lisant, il devra souligner au crayon noir chaque mot ou expression qu'il ne comprendra pas. Ensuite, dès qu'il rencontrera un arabophone, il lui demandera l'explication des expressions inconnues et les notera en marge en français. Une fois le livre terminé, l'élève le relira une ou deux fois jusqu'à assimiler les mots nouveaux. Ensuite il prendra un second livre de même niveau ou légèrement plus difficile. De livre en livre, l'élève progresse rapidement. Au bout d'un certain moment, le dictionnaire arabe/français devient nécessaire. Il es inutile d'acheter un petit dictionnaire car les mots en arabe ont souvent plusieurs significations différentes et les petits dictionnaires ne les contiennent pas tous. Le dictionnaire idéal à ma connaissance est celui de Abdel-Nour. Il ne coûte pas trop cher et c'est un investissement rentable in cha Allah. Mais tous les mots ne seront pas trouvés dans le dictionnaire, car il y a des verbes conjugués ou des pluriels dont l'élève ne saura pas trouver la racine. Il aura toujours besoin de rencontrer un arabophone pour expliquer les mots restants. Encore une fois, il ne tient qu'à l'élève de garder son livre avec lui, de lire chaque fois qu'il a l'occasion et de questionner 10 chaque fois qu'il trouve un arabophone. Pratiquer cette méthode en groupe est plus motivant. On pourra même se constituer une petite bibliothèque de livres faciles en arabe dont les mots difficiles seront sous-titrés en français, ce qui facilitera la voie à ceux qui viennent par la suite. Ensuite, écrire. L'élève devra écrire les sourates qu'il connait, les hadiths, et les invocations. Il devra alors se faire corriger son travail par un arabophone qui a un certain niveau d'études. Ceci permettra à l'élève d'approfondir ses connaissances en lecture et écriture. À défaut d'un professeur, l'élève pourra toujours se corriger lui-même avec le Coran et les livres de hadith ou d'invocation. Ce sera toujours bénéfique mais pas aussi profitable qu'avec un professeur. Encore une fois, il ne tient qu'à l'élève d'écrire, de se corriger ou de se faire corriger, de recopier au propre et d'écrire les règles dans un endroit séparé. Quand l'élève aura avancé dans l'écriture de phrases apprises par coeur, il se lancera dans la rédaction de phrases et de textes simples en se faisant corriger au fur et à mesure par un arabisant. 6) Grammaire et conjugaison Ici, le professeur ou le livre est indispensable. Si l'élève veut utiliser un livre, il est vivement conseillé de ne pas utiliser un livre destiné aux universités françaises. En effet, les universités françaises étudient l'arabe en français. Toute la grammaire est traduite en français et présentée de manière compliquée. Il vaut mieux prendre un livre d'école primaire ou secondaire d'un pays arabe. Avec le livre, l'élève apprendra petit à petit les règles de grammaire et de conjugaison. Il devra faire les exercices d'assimilation proposés. Il devra aussi essayer de se rendre compte des règles apprises quand il lira le Coran. Si l'élève dispose d'un professeur, ce sera mieux, mais il devra toujours fournir un grand effort personnel pour profiter au mieux des cours du professeur. 7) Sans voyelles En apprenant la grammaire et en évoluant dans le vocabulaire grâce à la lecture et aux dialogues, l'élève saura de plus en plus placer les voyelles et lire sans voyelles. Il devra alors lire des livres simples sans voyelles et les placer lui-même sur les mots pour se faire corriger par la suite. Il passera ensuite à des livres de niveau plus soutenu, jusqu'à ce qu'il puisse entamer les livres essentiels pour apprendre l'Islam. Cela est le but de l'apprentissage de l'arabe: pouvoir lire et comprendre n'importe quel livre. 11 II LE CORAN 1) Nécessité du Coran Apprendre le Coran par coeur est la deuxième base qui facilite l'apprentissage de l'Islam. N'hésitons pas à apprendre le Coran par coeur même si nous ne comprenons rien, car le jour où nous apprendrons l'arabe et l'explication du Coran, le Coran que nous avons appris sera d'une grande utilité et il deviendra vivant et opérationnel. Ceci sans parler du bénéfice spirituel d'apprendre, de lire et de connaître le Coran; comme l'a dit le Prophète, la personne sans Coran est comme une maison en ruine. Il faut commencer à apprendre le Coran aussi tôt que possible pour pouvoir aller aussi loin que nous pouvons dans sa connaissance. Le bon pratiquant ne doit pas se contenter de quelques sourates ou quelques hizbs (1 "hizb" = 1/60 du Coran), mais il doit continuellement avancer dans son apprentissage du Coran. 2) La révision Avant d'apprendre quoi que ce soit, il faut être sûr d'avoir bien révisé ce qu'on connait déjà, car oublier le Coran est un péché. La meilleure méthode pour réviser est de lire dans les prières. Par exemple, si je connais 20 sourates ou extraits de sourates, je dois d'abord les mettre dans l'ordre dans ma tête. Dans ma première prière de la journée (excepté le fajr et les prières durant lesquelles l'imam lit à voix haute), je lis la première et la seconde. Puis à la prière suivante, qu'elle soit obligatoire ou surorégatoire, je lis les deux suivantes, et ainsi de suite. Si j'ai fini dans la journée, je commence un autre tour. Si je n'ai pas fini, je reprends le lendemain où j'en étais. Si je me trompe dans une sourate ou dans un passage, je saute l'endroit douteux et je continue à lire, car il suffit d'un verset entier ayant un sens complet pour que la prière soit valable. Puis, dès que je peux, je regarde dans le livre pour corriger mon erreur. Si par contre je connais plusieurs hizbs, je mets tout mon Coran dans l'ordre, et j'entame ma première sourate dans ma première prière. Je la continue dans chaque prière jusqu'à ce que je la finisse, puis je passe à la suivante et ainsi de suite. L'avantage de réviser dans ses prières est double: d'abord notre Coran est sans cesse travaillé et jamais oublié. Ensuite, notre prière n'est pas routinière et on ne se borne pas à la faire avec les petites sourates uniquement. La deuxième façon de réviser est en tenant un Coran. Ceci est utile dans deux cas. Soit la révision dans les prières ne suffit pas car nous avons beaucoup de révision à faire. Par exemple, nous voulons réviser un hizb par jour et les prières de la journée n'ont pas suffi pour lire un hizb. Il vaut mieux alors prendre le temps de faire de longues prières et y lire le Coran qu'il nous reste à 12 réviser. Nous avons alors plus de récompense pour la lecture du Coran car nous sommes en prière, et nous révisons mieux car nous ne sommes pas tentés de regarder dans le livre. La deuxième raison pour laquelle nous pouvons réviser dans le livre est que nous ne connaissons pas assez bien notre Coran pour le lire dans la prière. Il faut alors ne plus apprendre de Coran nouveau et ne plus lire pour consacrer tout notre temps dédié au Coran à bien réviser jusqu'à ce que notre Coran soit opérationnel, et que nous puissions le lire sans trop de difficultés dans la prière. La troisième façon de réviser est de se faire corriger par une personne. Cette façon est très utile, même indispensable, car on commet parfois des fautes et on ne s'en aperçoit pas même lorqu'on lit dans le livre. Il y a aussi un deuxième avantage, qui est que nous sommes mieux concentrés dans notre récitation, notre esprit ne pouvant dès lors s'évader. Si nous pouvons trouver une personne disponible, il faut en profiter, à moins que nous connaissons notre Coran parfaitement et que nous préférons le réviser dans la prière. La quatrième façon de réviser est d'écrire le Coran de sa mémoire. Cette méthode prend du temps mais elle est très efficace pour bien ancrer le Coran dans sa tête. Elle est donc recommandée pour ceux qui ont du temps disponible et du mal à retenir. Enfin, certaines personnes pensent réviser leur Coran en le lisant tout simplement. C'est tout à fait faux. Lorsqu'on lit, on croit connaître mais si on récite on est coincé. Il est nécessaire de réciter, et quand on coince, il ne faut pas tout de suite regarder le livre ou se le faire dire par une personne, mais il faut prendre un peu de temps pour chercher dans sa mémoire et relire les versets précédents. 3) L'apprentissage La meilleure façon d'apprendre est la suivante: - Lire un verset deux ou trois fois. - Le répéter de tête deux ou trois fois. - Lire le verset suivant deux ou trois fois. - Le répéter de tête deux ou trois fois. - Répéter les deux versets ensemble une ou deux fois. - Lire le verset suivant deux ou trois fois. - Le répéter de tête deux ou trois fois. - Répéter les trois versets ensemble une ou deux fois. - et ainsi de suite. Le nombre de répétitions (deux ou trois fois, une ou deux fois) varie selon la longueur du verset à apprendre et la capacité de l'élève à retenir vite. Il existe d'autres méthodes comme répéter un paragraphe ou une sourate jusqu'à l'apprendre, mais celle-ci est la plus efficace. Quand à l'évolution dans le Coran, l'élève commencera certainement par apprendre les petites sourates. Il apprendra ensuite des versets et des sourates importantes. Ensuite il aura l'embarras du choix: continuer par le haut, par le bas, prendre des sourates 13 par-ci par-là... Tous les chemins se rejoignent, et à mon avis, il vaut mieux prendre les sourates qui captivent le plus la personne car elle sera plus motivée, et éviter de commencer par les trop longues car on est souvent découragé avant d'atteindre la fin. Il est aussi possible d'apprendre en groupe, ce qui présente l'avantage de la motivation et de la correction des fautes. Cela n'empêche pas que la personne apprenne aussi par elle-même. 4) Partage du temps L'élève doit consacrer trente à quarante minutes par jour au Coran, ce qui équivaut à une lecture normale de deux hizbs. Cette norme de deux hizbs était le minimum pour les sahabas: la majorité lisait le Coran chaque semaine, certains en moins de temps et au minimum une fois par mois. La plupart du temps, les sahabas ne lisaient pas dans un livre mais récitaient en prière la nuit ou apprenaient ensemble en répétant les versets. Ceux qui savent lire couramment devront lire deux hizbs par jour, les autres remplaceront la quantité par le temps normal correspondant, soit 30-40 minutes. Ce temps sera partagé de la manière suivante. Après avoir appris phonétiquement les quelques sourates indispensables à la prière, l'élève qui ne sait pas lire l'arabe devra apprendre à lire avant d'avancer plus loin dans l'apprentissage des sourates. Il consacrera donc toutes ses 40 minutes à apprendre à lire selon la méthode décrite au ch I. Une fois qu'il saura lire, même en déchiffrant, il partagera ce temps entre révision, apprentissage et lecture, selon la quantité de Coran apprise. Par exemple, au début, l'élève prendra trente minutes pour apprendre le Coran et dix minutes pour lire du début à la fin. Pour réviser, il relira tout le Coran qu'il connaît dans ses prières. S'il connait cinq hizbs, il révisera un demi hizb par jour, ainsi il relira son Coran tous les dix jours, ce qui est largement suffisant pour le retenir convenablement. Les prières quotidiennes suffisent normalement à lire un demi hizb, équivalent à dix minutes de lecture. Ensuite, il consacrera vingt des trente minutes restantes à apprendre et dix à lire le Coran du début à la fin. S'il connait dix hizbs, il révisera trois quarts de hizbs par jour, soit une lecture de quinze minutes. Il complètera ainsi son Coran tous les treize jours. Il consacrera ensuite quinze minutes à apprendre et dix à lire. S'il connait vingt hizbs, alors vingt minutes (un hizb) de révision, dix minutes pour apprendre et dix pour lire. Ces partages du temps sont indicatifs, et chacun adaptera selon ses besoins et ses goûts. Toutefois, une personne connaissant du Coran et l'ayant oublié, devra donner tout son temps à le réviser. Une personne qui dispose de plus de temps libre en fera l'usage qu'elle voudra. 14 5) Le tajwid Dès que l'élève aura une maîtrise minimale de la langue arabe: lecture, écriture et vocabulaire, il sera important pour lui d'apprendre le tajwid, règles spécifiques à la lecture du Coran. Là, le professeur est indispensable. Sans professeur l'élève peut déjà imiter les règles qu'il entendra dans des cassettes ou derrière des imams lisant avec les règles. En l'absence de cours organisés, l'élève devra demander des règles et des instructions chaque fois qu'il aura l'occasion de parler avec une personne connaissant le tajwid. Puis il devra s'efforcer tout seul d'appliquer ces règles du mieux qu'il pourra. Il se fera ensuite corriger par la personne qu'il rencontrera, et ainsi de suite. Ceux qui ne sont pas encore à ce stade doivent simplement avoir en tête d'apprendre le tajwid par les moyens à leur disposition. 15